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THÈSE
pour obtenir le grade de
par
Sabrina KRIEF
Le 5 septembre 2003
Titre
Directeurs de thèse
Claude Marcel HLADIK et Thierry SÉVENET
JURY
M. Bernard BODO, Président
M. Richard W. WRANGHAM, Rapporteur
M. François TILLEQUIN, Rapporteur
M. Jean BOUTIN, Rapporteur
M. Jacques GUILLOT
M. Thierry SÉVENET
M. Claude Marcel HLADIK
REMERCIEMENTS
À mes parents,
À mes grands-parents,
À mes amis,
1
REMERCIEMENTS
Toute ma gratitude pour avoir bien voulu faire part de ses observations à
propos de ce travail et de participer à ce jury.
Mes plus vifs remerciements pour avoir bien voulu examiner ce travail et
participer à ce jury.
2
REMERCIEMENTS
3
REMERCIEMENTS
Un grand merci à Lucile Allorge, Botaniste au MNHN, pour son aide dans les
identifications botaniques, et pour m’avoir fait découvrir les trésors de la Phanérogamie du
MNHN et quelques autres lieux magiques de la région parisienne avec enthousiasme.
Mes plus vifs remerciements aux membres de l’Institut de Recherche SERVIER, pour
la réalisation des essais biologiques, et notamment à Jean Boutin et Olivier Nosjean pour leur
empressement à répondre à mes questions.
4
REMERCIEMENTS
Je salue tout particulièrement l’incroyable soutien que j’ai trouvé dans les échanges
avec Mike Huffman, Professeur à Kyoto University, Japon. Son avis sur mes résultats et nos
discussions, scientifiques ou non, les corrections apportées à mon franglais, sa joie de vivre et
son humour ont vivement stimulé ma dernière année de thèse. Qu’il trouve ici l’expression de
toute ma reconnaissance et de ma sympathie.
À tous ceux qui, directement ou indirectement ont contribué à ce travail, j’adresse mes
plus sincères remerciements.
5
TABLE DES MATIÈRES
REMERCIEMENTS........ ......................................................................................................................................1
TABLE DES MATIÈRES......................................................................................................................................6
INTRODUCTION.................................................................................................................................................13
PREMIÈRE PARTIE
LA ZOOPHARMACOGNOSIE, UNE ÉTUDE MULTIDISCIPLINAIRE DES MÉTABOLITES
SECONDAIRES DES PLANTES ET DU COMPORTEMENT ET DE LA SANTÉ DES ANIMAUX-
EXEMPLE DU MODÈLE CHIMPANZÉ
6
TABLE DES MATIÈRES
7
TABLE DES MATIÈRES
8
TABLE DES MATIÈRES
DEUXIÈME PARTIE
ETUDE DU COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE DES CHIMPANZÉS
DE KANYAWRA, OUGANDA-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DE QUELQUES PLANTES
CONSOMMÉES
9
TABLE DES MATIÈRES
10
TABLE DES MATIÈRES
11
TABLE DES MATIÈRES
CONCLUSION....................................................................................................................................................313
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES..........................................................................................................325
ANNEXES............................................................................................................................................................343
12
INTRODUCTION
« Dans la touffeur des forêts primaires, le long des bancs coralliens, sous la terre et au fond
des océans, les formes vivantes, innombrables, survivent grâce à leurs armes chimiques. Un
arsenal de molécules demeure dissimulé dans notre environnement proche. Cet entrepôt
bien fourni a été lentement constitué ; plusieurs milliards d’années ont été nécessaires.
Peut-on parler de Magasin du Bon Dieu ? Il permit aux premiers hommes de se soigner. Il
reste encore à explorer. »
Pierre Potier
Dans Le Magasin du Bon Dieu, les extraordinaires richesses thérapeutiques
des plantes et des animaux (2001)
INTRODUCTION
La nature, ou comme l’appelle Pierre Potier « le Magasin du Bon Dieu », avec 250000
à 500000 espèces de plantes, ses micro-organismes et ses produits marins, est la source d’une
formidable diversité de molécules, possédant parfois des propriétés thérapeutiques, mais
servant aussi de modèles à l’imagination des chimistes, pour créer des molécules plus actives.
Seule une poignée de ces richesses a été explorée.
Dès 1978, Janzen proposait que les animaux pourraient « soulager certains de leurs
maux », en ingérant des plantes biologiquement actives. Des observations semblent
aujourd’hui en témoigner : certains animaux incorporent dans leur alimentation ou dans leur
environnement proche (construction des nids) des plantes à activité pharmacologique, qui ont
pour conséquence d’éliminer les parasites et d’améliorer leur confort. L’observation d’un
chimpanzé malade ingérant les tiges amères de Vernonia amygdalina, qui ne font pas partie
de son alimentation habituelle, et recouvrant la santé (Huffman & Seifu, 1989) ou la
consommation de terre ou de charbon de bois, de composition et de propriétés très proches
des médicaments humains, actuellement vendus en pharmacie, ont amené certains auteurs à
qualifier ces comportements d’auto-médication. Même si pour nos sociétés occidentales, le
concept de médicament se distingue de celui d’aliment, et si les connaissances sur la
perception consciente des animaux sont encore un sujet de débat, l’étude de ces
comportements, appelée « zoopharmacognosie », peut orienter, à côté des méthodes
habituelles, la collecte de plantes pour leur étude phytochimique.
14
INTRODUCTION
Dans une première partie, les bases bibliographiques, sur lesquelles s’est construit le
projet de recherche, sont exposées : à quelques exemples de l’incroyable diversité des
composés secondaires et des utilisations pharmacologiques que l’homme en a fait, succèdent
des observations pouvant permettre de supposer un rôle écologique de défense des plantes
contre les phytophages et les parasites.
Une revue de diverses utilisations par les animaux de produits qu’on pourrait qualifier
de « médicamenteux » montre que ces comportements ne sont pas l’apanage des seuls
primates. Diverses espèces - des insectes aux gorilles, en passant par les poulets- utilisent des
éléments de leur milieu, pour favoriser leur bien-être. Dans le cadre de cette étude, visant à
trouver des produits pouvant être utiles à la santé humaine, les observations étonnantes ayant
trait aux chimpanzés sont plus particulièrement intéressantes, laissant entrevoir la faisabilité
d’un tel travail.
Quelques caractéristiques de cette espèce choisie comme modèle d’étude sont ensuite
présentées, soulignant la forte proximité phylogénétique, anatomique et physiologique avec
l’espèce humaine. Des aspects de leur vie sociale, permettant de comprendre que des
comportements « d’auto-médication » peuvent éventuellement être considérés comme
culturels, mais aussi d’envisager leur apprentissage ou leur origine et leur transmission, sont
évoqués. Les affections, propres à cette espèce et nécessaires à diagnostiquer lors de la
surveillance sanitaire en milieu naturel, sont également décrites.
15
INTRODUCTION
16
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
Les plantes possèdent des métabolites dits « secondaires » par opposition aux
métabolites primaires que sont les protéines, les glucides et les lipides. Ces composés
diffèrent en fonction des espèces et, bien que leurs rôles soient encore mal connus, il est
cependant clair qu'ils interviennent dans les relations qu'entretient la plante avec les
organismes vivants qui l'entourent. Ils sont probablement des éléments essentiels de la co-
évolution des plantes avec les organismes vivants, tels que parasites, pathogènes et
prédateurs, mais aussi pollinisateurs et disséminateurs. Ces différentes relations ont donné
lieu à une extrême diversification des composés secondaires.
Il est bien sûr impensable de présenter dans le cadre de cette thèse un exposé détaillé
des différents types de substances synthétisés par les plantes. Tout au plus, les pages qui
suivent tracent un aperçu non exhaustif de différents composés rencontrés, de leur rôle
lorsqu’il est connu, de leur activité biologique et de leur utilisation.
Si leur rôle écologique reste encore à préciser, leur utilisation par l’homme dans de
nombreuses préparations thérapeutiques est très largement répandue. La pharmacognosie est
étymologiquement la connaissance (gnosis) des poisons (pharmacon) d'origine naturelle. Ces
substances toxiques possèdent, parfois à faible dose, des propriétés médicamenteuses et
peuvent être utilisées à des fins thérapeutiques. Les molécules naturelles responsables de ces
activités servent aujourd'hui de modèle à la créativité des chimistes qui tentent d'en améliorer
les activités ou d'en diminuer les effets secondaires et la toxicité. Par ailleurs, les limites entre
plantes médicinales et aliments sont parfois peu nettes, et un champ d’application nouveau,
la « nutraceutique », exploite ce fait.
La diversité des espèces utilisées et des métabolites secondaires déjà isolés laisse
présager de l'ampleur de ce qui reste à découvrir. On considère effectivement que, jusqu’à ce
jour, moins de 10 % des espèces de végétaux supérieurs qui peuplent actuellement la planète
ont été explorées pour leurs propriétés chimiques et biologiques.
On peut classer les métabolites secondaires en plusieurs grands groupes : parmi ceux-
ci, les composés phénoliques, les terpènes et stéroïdes et les composés azotés dont les
alcaloïdes. Chacune de ces classes renferme une très grande diversité de composés qui
possèdent une très large gamme d'activités en biologie humaine. Quelques exemples
représentatifs sont présentés ci-après, grâce à une revue des ouvrages de Bruneton (1993),
Tyler et al. (1981) et Guignard (1996).
17
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
Par conséquent, la définition des composés phénoliques prend en compte, à la fois des
éléments structuraux et l'origine biogénétique des composés. Ils se caractérisent par la
présence d'un noyau benzénique, portant un groupement hydroxyle libre ou engagé dans une
fonction ester, éther ou hétéroside. Le ou les noyaux aromatiques peuvent être synthétisés soit
par la voie du shikimate, soit par celle de l'acétate, ce qui permet de différencier deux classes
de composés phénoliques. Par ailleurs, la voie des polyacétates intervient chez les végétaux
supérieurs pour des composés possédant déjà un noyau aromatique obtenu par la voie des
shikimates. Les composés obtenus sont dits mixtes (flavonoïdes).
Les phénols simples sont rares dans la nature (catéchol, phloroglucinol 1...). Les
acides phénols sont des dérivés de l'acide benzoïque 2 (composés en C6-C1) tels que l'acide
gallique 3 élément constitutif des tanins hydrolysables ou de l'acide cinnamique (composés en
C6-C3) comme l'acide caféique 4 qui sont souvent estérifiés.
18
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
OH COOH COOH
HO OH
HO OH
OH
phloroglucinol 1 acide benzoïque 2 acide gallique 3
HO COOH
COOH
HO O O
OH
OH
OH
acide caféique 4 OH
OH
acide chlorogénique 5
19
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
HO O O O O O
esculoside 6 bergaptène 7
O
O
O
R = H podophyllotoxine 8 H O
S
O H 3 CO OCH 3
O
HO OH
R= HO : teniposide B 9
20
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
OH
SCoA
O OCH 3
OH
CH3O O
O O
H
OH O OH
Xanthones : bellidifoline 10
Styrylpyrones : kawaïne 12
HO O
OH O
OH
Flavonoïdes : génistéine 11
21
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
O O tBu
OH H OH
OH HO
HO O
HO O
O OH
O O
OH OH
O O
Chalcones O
Aurone : hispidol 17 ginkgolide B 18
isoliquiritigénine 16
Les flavonoïdes peuvent se lier les uns aux autres par leurs carbones 6 et 8, formant un
biflavonoïde. On attribue aux flavonoïdes des propriétés d'augmentation de la résistance
capillaire et de diminution de la perméabilité membranaire (utilisation de citroflavonoïdes
comme le diosmine ou du ginkgolide B 18 du Ginkgo biloba L. Ginkgoaceae) ainsi que des
activités anti-inflammatoires et anti-allergiques.
O H
O
O
H
O
OCH3
OCH3
22
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
Les pigments colorés dérivés du cation flavylium existent sous forme d'hétérosides,
d’anthocyanosides et de leurs génines, les anthocyanidols, tels que le pélargonidol 21 ou le
delphinidol. Ils s'accumulent dans les vacuoles des cellules les plus externes, les rendant très
visibles en raison de leur absorption dans l'UV mais leur conférant, également, un rôle d'écran
protecteur. La formation des anthocyanes est favorisée par la lumière, mais aussi stimulée lors
d'un traumatisme ou d'une infestation parasitaire.
R
O OH
+
HO O
R
O O O
OH
OH HO
calanolide A 20 pélargonidol 21
En 1962, les tanins sont définis comme des composés phénoliques hydrosolubles, de
masse moléculaire comprise entre 500 et 3000, ayant la propriété de précipiter la gélatine et
d'autres protéines et de se colorer par les sels ferriques.
Aujourd'hui, on distingue :
- les tanins hydrolysables, esters d'un sucre, qui est très généralement le glucose, et de
l'acide gallique 3 ou de l’acide ellagique 22,
- les tanins condensés ou proanthocyanidols, non hydrolysables résultant de la
polymérisation d'unités flavan-3-ols 23. Ils forment dans les vacuoles des solutions pseudo-
23
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
La disparition des tanins, lorsque les fruits ont atteint leur maturation, montre que
comme d'autres composés phénoliques, ils peuvent être ré-utilisés par la plante.
O
HO O
O
HO OH
O OH OH
O
acide ellagique 22 flavan-3-ol 23
Les applications médicales des plantes à tanins découlent de leur affinité pour les
protéines : ils ont un effet antidiarrhéique, et par voie externe, ils imperméabilisent les
couches superficielles de la peau, sont vasocontricteurs et limitent la perte en fluides. Ces
propriétés, ajoutées par ailleurs à leur effet antiseptique, en font des molécules intéressantes
pour la régénération des tissus en cas de blessure superficielle ou de brûlure, et les rendent
utilisables dans le traitement des diarrhées infectieuses. Des galles du chêne (Quercus
infectoria, Fagaceae), est d'ailleurs extrait le tanin officinal utilisé comme astringent dans les
dermatoses et les brûlures, et comme hémostatique.
24
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
O O
O
O
naphtodianthrone anthraquinone
Fig. 10 La juglone 24
O
OH O
25
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
Fig. 11 Le tétrahydrocannabinol 25
OH
Issus du couplage de 2 unités isopréniques, les monoterpènes existent dans les huiles
essentielles. Cyclisés en méthylcyclopentanes et glycosylés, ils constituent les iridoïdes. La
glycosylation les rendant solubles, on les trouve non pas dans des appareils sécréteurs mais
dans toutes les parties de la plante. Les sesquiterpènes, molécules en C15 se rencontrent aussi
dans les huiles essentielles.
26
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
Les huiles essentielles de sarriette, cannelle, thym, girofle ou lavande ont des
propriétés antiseptiques et antifongiques. On reconnaît à ces essences des activités
antibiotiques, spasmolytiques et sédatives mais aussi des propriétés irritantes dans le cas, par
exemple, d'ingestion d'huile essentielle d'eucalyptus ou de pin. Des monoterpènes dits
irréguliers comme les pyréthrines sont utilisés comme insecticides (ex : l’acide
chrysanthémique 26 du Chrysanthème, insecticide) et sont à l'origine de composés
synthétiques, les pyréthrinoïdes. Un exemple est le Decis®, utilisé en agrochimie pour la
protection des cultures. Les pyréthrines agissent par contact et sont toxiques pour les animaux
à sang froid. Ils agissent sur le système nerveux entraînant incoordination, paralysie et mort.
O
O
R2
H OH
H
R1
Les lactones sesquiterpéniques sont caractérisées par la présence d'une γ-lactone. Elles
sont majoritairement trouvées dans les Asteraceae où elles sont fréquemment localisées dans
les poils sécréteurs des feuilles, des tiges et des bractées de l'inflorescence. Elles sont souvent
responsables de phénomènes allergiques. Certaines sont antibactériennes et antifongiques et
l'artémisinine 29 isolée de l'Artemisia annua, Asteraceae, a une forte action antipaludique.
Cette armoise d'origine asiatique était traditionnellement utilisée en médecine chinoise pour
traiter les fièvres et le paludisme. Des dérivés (artéméther 30, artééther 31, artésunate 32) ont
été préparés et sont utilisés dans le traitement du paludisme.
O O O O
O O
H H
O O
O OR
Artémisinine 29 R= CH 3 : artéméther 30
R=C2H5 : artééther 31
R=COCH2CH2 CO2Na : artésunate sodique 32
27
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
Ces composés en C20 sont particulièrement abondants chez les Lamiaceae et les
Asteraceae même si certains, telles les gibberellines, à rôle d'hormone de croissance, sont
universels. Ils peuvent être acycliques ou bi- ou tri-cycliques. Les plus intéressants sur le plan
pharmacologique sont les diterpènes tricycliques à noyau taxane, issus de différentes espèces
d'ifs mais surtout de Taxus baccata L., Taxaceae. Le taxol 3 3 et son analogue
hémisynthétique, le docétaxel 34 (Taxotère ®), mis au point par P. Potier, F. Guéritte et D.
Guénard à l’ICSN, Gif-sur-Yvette, sont utilisés dans le traitement des tumeurs de l’ovaire
résistant aux autres thérapeutiques et dans celui des cancers du poumon et du sein.
Des diterpènes toxiques induisant des troubles digestifs violents ou des irritations
cutanées ou oculaires graves ont été isolés d'Euphorbiaceae et de Thymelaceae.
Fig. 14 Le taxol® et le taxotère®, diterpènes de l’if utilisés dans le traitement des tumeurs de
l’ovaire, du poumon et du sein.
AcO OH
O
Ph O
OCHN
Ph O
HO
H O
HO
Taxol 33 PhO CO H 3 COCO
A cO OH
O
But O
O OCHN
Ph O
HO
Taxotère 34 H O
HO
PhO CO H 3 COCO
28
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
Les saponosides constituent un vaste groupe d'hétérosides très fréquents chez les
végétaux. Ils se caractérisent par des effets tensio-actifs leur conférant la propriété de former
des solutions moussantes lorsqu'ils sont dissous dans l'eau. Ils peuvent être classés en deux
groupes selon la nature de leur génine qui peut être stéroïdique ou triterpénique. Les génines
stéroïdiques possèdent un squelette en C27 et six cycles. Les saponosides stéroïdiques sont
rencontrés dans de nombreuses plantes, mais ils sont aussi caractéristiques des étoiles de mer.
Certains ont servi pendant un temps à la synthèse des stéroïdes (diosgénines des Dioscorea).
Ainsi la sarsapogénine, provenant de l’hydrolyse du sarsaparilloside 35, a été utilisée comme
matière première de synthèse des stéroïdes.
Les saponosides triterpéniques ont souvent un squelette pentacyclique, oléananes ou
ursanes. Les chaînes osidiques des saponosides sont le plus souvent formées de 2 à 10 oses
banals, liés à la génine par une liaison de type ester ou éther.
Il semble que les saponosides jouent un rôle de défense du végétal contre les
pathogènes microbiens. Les interactions mises en jeu avec les stérols de la membrane ont
pour conséquence des propriétés hémolytiques et une activité spermicide de certaines
molécules. Elles sont toxiques pour les animaux à sang froid et en particulier pour les
poissons et les mollusques. Certaines drogues à saponosides sont utilisées pour leurs
propriétés antitussives (rhizome de la réglisse), mais aussi anti-œdémateuses (cotylédons de la
graine de Marronnier d'Inde) ou encore analgésiques (Platycodon grandiflorum).
H OH
O β−D-Glu
O H
β−D-Glu
α−L-Rha β−D-Glu O
H
β−D-Glu
Les glucosides cardiotoniques sont présents notamment dans les familles des
Asclepiadaceae et des Apocynaceae. Ils sont de structure homogène, comprenant une génine
stéroïdique de type cardénolide (C23) ou bufadiénolide (C24) et une partie osidique
constituée d'un ose (ouabaïne 36) et souvent d'un oligoside. L'activité cardiotonique est liée à
la génine. Elle se traduit par une augmentation de la contractilité (effet inotrope positif), une
diminution de la fréquence cardiaque (effet chronotrope négatif) et une diminution de la
vitesse de conduction à la jonction auriculoventriculaire (effet dromotrope négatif). Les
digitales (Digitalis sp. Scrophulariaceae) renferment des hétérosides de cardénolides mais
seules la digitale pourpre (Digitalis purpurea L.) et la digitale laineuse (Digitalis lanata
Ehrh.) sont utilisées pour l'extraction de la digitoxine, de la digoxine et de leurs dérivés.
29
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
O O
HO
HO
HO
OH
O
OH
H3C O
HO
HO OH
Fig. 18 La cucurbitacine B 37
OH
O
O 20
11
16
OH 24
HO
1
8 OCOCH 3
4
O
30
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
colorant (safran : Crocus sativus L. Iridaceae) mais on peut aussi noter qu'ils sont préconisés
en cas de photodermatose puisqu'ils interfèrent avec les processus de photo-oxydation.
Hautement polymérisés (500 à 5000 restes), ce sont les composants des latex. Si le
laticifère est endommagé, les particules de polyterpène s'agglomèrent et permettent de
refermer les lésions.
3- Les alcaloïdes
Ce sont des produits azotés basiques, d'origine naturelle dont l'atome d'azote est inclus
dans un système hétérocyclique et dont l'activité pharmacologique est significative. Les
pseudo-alcaloïdes ne sont pas des dérivés des acides aminés. On les nomme alors alcaloïdes
terpéniques et les proto-alcaloïdes sont des amines simples dont l'azote n'est pas inclus dans
un système hétérocyclique. Les alcaloïdes ont, de plus, la propriété de réagir avec des sels de
métaux lourds, ce qui permet leur caractérisation aisée (réactifs de Mayer, de Dragendorf, de
Wasicky, de Bouchardat).
Des structures de type alcaloïde existent chez les animaux provenant parfois de la
transformation d'alcaloïdes trouvés dans le régime alimentaire : ainsi la castoramine est issue
de la métabolisation des alcaloïdes des nénuphars consommés par le castor et les alcaloïdes
pyrrolizidiniques (ex : sénécionine 38) proviennent de plantes (Senecio) consommées par les
insectes (Tyria). D'autres semblent provenir du métabolisme de l'animal et sont excrétés par
les glandes exocrines ou encore jouent un rôle dans la communication (phéromones) (voir
aussi 1ère partie, B).
Fig. 19 La sénécionine 38
H HO
O
H
O
O O
H
Ces observations laissent supposer un rôle de défense vis-à-vis des prédateurs qui
converge dans les règnes animal et végétal. Leurs propriétés pharmacologiques concernent
des domaines variés comme le système nerveux central (morphine, strychnine...), le système
nerveux autonome (pilocarpine, atropine...), la cancérologie (vinblastine, ellipticine...), la
parasitologie (quinine)...
31
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
L'ornithine (C4) et la lysine (C5) sont des acides aminés à l'origine de nombreux
alcaloïdes. Des structures complexes sont observées lors de l'assemblage de plusieurs
molécules de l'acide aminé ou lors de l'intervention d'autres précurseurs tels l'acétate
(tropanes, élaeocarpine...), le tryptophane (élaeocarpidine), l'acide nicotinique (nicotine)...
N
N O
H CH2OH
H CH2 OH O
O
O
O
hyosciamine 39 scopolamine 40
O
H3 C O
N
H O
cocaïne 41
32
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
L'alcaloïde majoritaire des feuilles de tabac est la S(-)nicotine 42 dont les produits de
combustion sont responsables de l'induction de cancers et de graves affections cardio-
vasculaires et pulmonaires. La dose mortelle de nicotine est voisine de 60 mg pour un adulte.
La graine du palmier Areca catechu L. contient aussi des alcaloïdes dérivés de l'acide
nicotinique, telles l'arécoline 43, la guvacine et la guvacoline. Elle entre dans la composition
des chiques de bétel, qui, par l'intermédiaire des N-nitrosamines formés à partir des
alcaloïdes, induit des cancers de la bouche. La drogue est aussi utilisée en médecine
vétérinaire traditionnelle pour ses propriétés taenicides.
CO2 CH3
N
H CH
3
N
N
CH3
Nicotine Arécoline
Les phénéthylamines sont présentes dans de très nombreux végétaux, mais souvent en
trop faible quantité pour induire une toxicité. Néanmoins, même à faible concentration, elles
peuvent entraîner des épisodes migraineux suite à la consommation d'avocat, de choux, de
concombre ou encore d'épinards. Les Ephedra sp. (Ephedraceae) contiennent un alcaloïde,
proche de l'adrénaline, qui peut être facilement synthétisé : l'éphédrine 4 4 .
Sympathomimétique indirect, elle stimule l'automatisme cardiaque, accélère et amplifie les
mouvements respiratoires et possède une action bronchodilatatrice: le chlorhydrate
d'éphédrine a été utilisé dans la crise d'asthme paroxystique mais elle est maintenant plutôt
utilisée pour ses effets vasoconstricteurs, notamment par pulvérisations nasales lors de
rhinites ou de sinusites.
H OH
NHCH3
H
CH3
33
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
Les aporphinoïdes forment un très vaste groupe de plus de 500 alcaloïdes connus à ce
jour dont deux principaux sont utilisées en France: la boldine, extraite du boldo (Peumus
boldus, Monimiaceae) est utilisée pour les troubles dyspepsiques, et l'apomorphine qui dérive
de la morphine est prescrite chez les parkinsoniens.
Les morphinanes sont spécifiques des Papaver. La morphine est abondante dans
l'opium (10 à 15%) qui résulte de la collecte du latex qui s'écoule des capsules florales
incisées. La codéine 46 en représente 2,5 à 5%, et la thébaïne moins de 1 %. La morphine 47
possède des effets analgésiques, induit une dépression respiratoire et déprime le centre de la
toux. Les contre-indications et les effets secondaires (constipation, nausées, troubles
psychiques, dépendance) sont nombreux.
La colchique (Colchicum autumnale L., Liliaceae), connue des Grecs pour sa toxicité,
est utilisée dès le 5ème siècle. C'est actuellement une source industrielle de colchicine 48,
utilisée en traitement curatif de la crise aiguë de goutte. Elle possède en outre des propriétés
anti-mitotiques.
RO
H3CO H3CO HN
N O
H
H3CO O H3CO
OCH3 H3CO
H N CH3
O
HO
OCH3 OCH3
papavérine 45 R=CH 3 : codéine 46 colchicine 48
R=H : morphine 47
34
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
OH
N
N
N
H H
H3 COOC
HO
H3CO N H OCOCH3
CH 3 COOCH 3
R = CH3 vinblastine
R = CHO vincristine
N CH N CH
3
3 N CH
3 H
H
H
HN HN
HN
ergométrine 53
Ergotamines Ergotoxines
Par ailleurs, la présence d'alcaloïdes indoliques dans les feuilles des Cinchona
(Rubiaceae) laisse présager la biogenèse des alcaloïdes quinoléiques à partir du tryptophane.
C. succirubra est l'espèce officinale, originaire de l'Equateur. La quinine 54 en est extraite et
reste aujourd'hui encore le traitement de choix du paludisme dans les zones de résistance à la
chloroquine. Elle agit sur les formes endo-érythrocytaires : c'est un schizonticide.
35
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
Fig. 26 La (-)-quinine 54
H
H N
HO
H3 CO
Les bases puriques forment le squelette de base de dérivés à activité biologique telle la
caféine 55 isolée des graines des caféiers (Coffea spp., Rubiaceae), des kolatiers (Cola sp.,
Sterculiaceae), et des feuilles des théiers (Thea sinensis L, Theaceae). Stimulant du système
nerveux central et du système cardio-vasculaire, la caféine entre dans la formulation de
nombreuses spécialités. La théophylline 56 est aussi présente dans les feuilles du théier et les
graines du kolatier. C'est un bronchodilatateur indiqué dans le traitement des crises
asthmatiques.
O CH3 O H
H3C N H3C
N N
N
O N N
O
CH3 CH3
caféine 55 théophylline 56
36
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
37
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
Des phénomènes d’allélopathie (« toxicité pour les autres ») sont connus pour
différentes espèces de plantes. Ainsi les feuilles de noyer contiennent un glucoside phénolique
qui, lorsqu’elles tombent au sol, s’hydrolyse et s’oxyde en juglone 24 sous l’action de la
pluie. La juglone est une naphtoquinone, toxique pour la plupart des plantes, empêchant leur
germination, excepté quelques-unes comme le paturin qui est devenu résistant (Harborne,
1988 ; Sévenet, 1994).
On prête aux métabolites secondaires des plantes un rôle de défense contre les
prédateurs et les pathogènes. Certaines observations semblent en accord avec cette hypothèse.
Les stades juvéniles de croissance des plantes sont les formes les plus vulnérables aux
différentes attaques et sont, de plus, des étapes nécessaires à l’accession à un stade reproductif
inhérent à la transmission des gènes. Ce sont souvent ces formes immatures qui produisent
des défenses chimiques qui disparaissent ensuite. Ainsi, les plantes ou arbres immatures de la
forêt boréale produisent en hiver, les composés suivants (Bryant et al., 1992):
• Pinosylvine
• Pinosylvine méthyl ether
• Acide papyriférique
• Salicylaldéhyde
• Glucosides phénoliques
• 6-hydroxycyclohexenone
• 2,4,6-trihydorxydihydrochalcone
38
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
Dans ces forêts, les lièvres (Lepus americanus) ne mangent pas les jeunes plants de
Betula resinifera qui produisent des terpénoïdes comme l’acide papyriférique, mais ils
consomment les formes adultes qui n’en contiennent plus. Une association avec la saison a
aussi été démontrée pour ces formes qui entrent en dormance en hiver. Le castor (Castor
canadensis) évite, pour sa part, la consommation des jeunes plants Populus tremuloides qui
sont riches en métabolites secondaires. Il est aussi notable que les plantes à croissance lente et
celles à feuilles persistantes – peut-être à cause de leur plus longue exposition aux pathogènes
et aux prédateurs – possèdent aussi un plus fort taux de défenses chimiques (Bryant et al.,
1992).
Dans certains cas, des molécules toxiques, appelées phytoalexines, peuvent être
synthétisées seulement en cas d’agression microbienne. Ainsi, ce type d’attaque déclenche la
synthèse de resvératrol 57, un stilbène, par l’arachide (Arachis hypogea), ou de dianthalexine
par l’oeillet (Dianthus caryophyllus). Parfois les produits existent sous forme inactive, ils ne
deviennent toxiques que lors de l’infestation : c’est le cas des glucosides cyanogénétiques qui
libèrent de l’acide cyanhydrique toxique pour un grand nombre de champignons (Guignard,
1996).
HO
OH
HO
resvératrol 57
Ces polymères de phénols, largement distribués dans le règne végétal, mais absents
chez les animaux (Hagerman & Butler, 1991), ont pour caractéristique de se lier aux
protéines, ce qui leur confère des propriétés particulières. On distingue, du point de vue
structural, les tanins condensés (polymères de quercétol 1 4 ) et les tanins
hydrolysables (polymère d’acide gallique 3) (cf 1.1.5) ; des rôles écologiques différents sont
suggérés pour ces deux classes de composés.
39
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
Les tanins alimentaires forment avec les mucoprotéines de la cavité orale des
consommateurs, des complexes qui précipitent et sont responsables de l'astringence et de la
sensation de sécheresse ressentie dans la bouche, considérée comme désagréable et répulsive
pour les consommateurs.
Au contraire, une faible dose de tanins, comme celle présente dans le thé et le vin, est
plaisante.
Une étude, menée sur la consommation d’Acacia sp. par les vervets d’Amboseli au
Kenya, montrent que les tanins condensés des acacias consommés jouent un rôle significatif
dans la composition du régime alimentaire. La sélection des aliments est négativement
corrélée avec le contenu des arbres en tanins (Wrangham & Waterman, 1981). Il est de plus
intéressant de remarquer que certains acacias sont susceptibles de répondre à une pression
trop importante des prédateurs par une modulation de la quantité de tanins dans leurs feuilles.
Le régime alimentaire d’une autre espèce de singes, Presbytis johnii, se caractérise aussi par
une tendance à minimiser la quantité de tanins ingérés (Oates et al., 1980).
Le rôle protecteur des tanins dans les feuilles est peut-être structurel : en rendant les
feuilles plus coriaces, la formation des tanins condensés les rend moins vulnérables aux
attaques des herbivores (Haslam, 1988).
40
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
L’hypothèse la plus souvent avancée pour expliquer la toxicité des tanins se réfère à
leur capacité à se lier aux protéines, impliquant leur mauvaise digestibilité. L’adjonction de
tanins condensés ou hydrolysables à la ration de vertébrés herbivores augmente de façon
significative le taux d’azote fécal (Hagerman & Butler, 1991). La variation de ce paramètre
est généralement interprétée comme une diminution de la digestibilité des protéines
alimentaires.
Cependant d'autres études mettent en évidence que la liaison aux protéines n'est sans
doute pas la fonction unique permettant d’expliquer la défense des plantes vis-à-vis des
prédateurs.
Robbins et al. (1991) montrent que des moutons nourris avec des aliments
complémentés en tanins excrètent seulement 40% de la quantité de tanins ingérés, suggérant
donc que 60% sont absorbés et métabolisés alors que les cerfs excrètent tous les tanins
ingérés.
En fait, la structure des tanins, celle des protéines et le système digestif des
consommateurs semblent influencer considérablement l’effet des tanins sur la digestion. Pour
Zucker (1983), les tanins hydrolysables, qui présentent moins de régularité dans leur
structure, ont plutôt tendance à se lier à des protéines présentes dans le tube digestif des
herbivores, alors que les tanins condensés interagiraient avec les protéines structurales des
membranes cellulaires. Les tanins ont une affinité variable pour les protéines : ils établissent
des liens forts ave les protéines de taille importante, avec une structure ouverte et flexible et
riche en proline (Hagerman & Butler, 1991).
Certaines études remettent même en cause l’idée que les tanins hydrolysables des
plantes agissent en réduisant la digestibilité. Dans les feuilles de chêne, les tanins
hydrolysables restent très abondants et relativement constants au cours des saisons, alors que
les tanins condensés sont surtout présents en fin de saison, quand les dommages causés par les
insectes sont moins sévères. Scalbert & Haslam (1987) soulignent que la capacité de
complexer les protéines change peu au cours du temps, alors que l’attaque des insectes est
variable. Si les tanins sont impliqués dans un mécanisme de défense chimique, cette étude
suggère qu’un autre mécanisme doit être invoqué.
Bien que l'inhibition de la digestion des protéines soit encore souvent considérée
comme le mécanisme primaire de l'effet antinutritionnel des tanins (Harborne, 1988), il
semblerait aussi que la diminution de croissance observée chez les animaux nourris avec des
tanins soit liée à une inhibition de l'utilisation métabolique des acides aminés après leur
absorption (Mole et al., 1990).
41
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
Pour Zucker (1983), les tanins condensés avec leur structure régulière en hélice, ne
peuvent être distribués dans le cytoplasme de la cellule mais doivent plutôt être complexés à
des protéines de structure, n’intervenant pas dans le catabolisme, à la cellulose ou à des
substances pectiques. Ils peuvent se fixer en particulier sur la paroi végétale. Comme ces
interactions sont relativement irréversibles, les tanins condensés interviendraient dans deux
fonctions importantes :
la défense des parois et des organites cellulaires contre les attaques
microbiennes
le retard à la décomposition des feuilles qui tombent des arbres, ce qui
semble être une réponse adaptative qui permet un apport plus constant
de substrat au sol.
Haslam (1988) a proposé que les tanins pourraient être les sous-produits de la
dégradation des flavan-3-ols, et n’auraient aucune fonction particulière. Néanmoins, l’énergie
nécessaire pour la synthèse des tanins et la transmission des gènes responsables de la
biosynthèse de ces produits ne peuvent permettre de valider cette hypothèse.
42
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
A la toxicité des alcaloïdes due principalement à leur capacité d’interférer avec les
neurotransmetteurs (i.e. acétylcholine, adrénaline, sérotonine, dopamine, GABA, …)
(Hartmann, 1991), s'ajoute un goût généralement amer, qui est un argument supplémentaire
aux fonctions de défense chimique de la plante vis-à-vis des prédateurs. L’hypothèse, leur
prêtant un rôle défensif par rapport à la prédation, est renforcée par leur présence chez les
invertébrés marins, dans les exsudats de la peau des amphibiens (Daley & Spande, 1986) ou
chez les arthropodes. Si les alcaloïdes ont effectivement une fonction de défense, alors, les
organes végétaux qui ont un plus fort effet sur la valeur sélective (fitness) de la plante, comme
les fleurs et les tissus périphériques des tiges et des feuilles, devraient en contenir une plus
forte quantité : ceci est confirmé par les observations. En effet, même si les taux semblent
faibles (en général moins de 1%), il faut prendre en compte la répartition très inégale des
alcaloïdes principalement accumulés dans des parenchymes particuliers (Hartmann, 1991).
Ces différents exemples illustrent la notion de « trade-off » : les plantes ayant mis en
place un équilibre et un compromis entre les coûts investis pour se défendre contre les
prédateurs, les effets dévastateurs de ces phytophages, les investissements nécessaires à la
reproduction (attraction des pollinisateurs, des disséminateurs de graines...) et à la croissance
sont maintenues en place et survivent, transmettant les gènes leur ayant permis ce succès.
Parfois, une course évolutive s’engage entre les phytophages et les plantes qui
cherchent à s’en protéger, comme proposé dans le modèle d’Ehrlich et Raven (1964). Après
avoir réduit l’attaque des prédateurs, un métabolite chimique peut être ensuite toléré, voire
même attirer un consommateur qui, en s’y adaptant, sera à l’abri de la compétition
alimentaire. Des nouvelles molécules seront alors produites par la plante suite à des mutations
et des recombinaisons, accentuant la spécialisation de certains consommateurs et la
production de produits toxiques.
43
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
Des insectes peuvent utiliser des substances d’origine végétale comme protection par
rapport aux prédateurs : la chenille du papillon Danaus plexippus se nourrit sur une
Asclepiadaceae (Asclepias curassavica) contenant des cardénolides cardiotoxiques. Les
prédateurs de ces insectes, des oiseaux, évitent alors ceux qui se sont nourris sur cette plante.
Les papillons Danainae se nourrissent sur le Séneçon (Senecio vulgaris) qui contient
des alcaloïdes pyrrolizidiniques comme la sénécionine. Cet alcaloïde est hydrolysé chez le
papillon en rétronécine qui, en plus d’être toxique pour les prédateurs, est transformé chez le
papillon mâle, en phéromones d’accouplement attirant les femelles (Harborne, 1988 cité par
Sévenet, 1994).
Les Dendroctonus sont des coléoptères xylophages qui élaborent des phéromones à
partir de monoterpènes qui proviendraient des arbres attaqués. L’α-pinène de l’arbre attire les
femelles pionnières qui utilisent ce produit pour l’oxyder en trans-verbénol. Cette substance
agit comme phéromone d’agrégation de ces coléoptères qui envahissent alors les pins. La
conversion de l’α-pinène en trans-verbénol serait réalisée par Bacillus cereus, bactérie
présente dans l’intestin des insectes. Lorsque le pin cesse de produire l’α-pinène, la
colonisation s’achève. Un autre exemple montre que les insectes présentent parfois des
adaptations remarquables aux composés chimiques de leur hôte : certaines chenilles se
protègent des propriétés phototoxiques des furanocoumarines linéaires des plantes (ces
plantes poussent généralement au soleil) en se mettant elles-mêmes à l’ombre dans un
enroulement de feuilles pour manger, évitant d’une part les effets nocifs des métabolites et se
protégeant d’autre part, de l’attaque éventuelle de prédateurs par cet écran de feuilles toxiques
(Barbault, 1997).
Ces différents exemples montrent la multiplicité des stratégies et des interactions existant
au sein des systèmes plantes-pathogènes-prédateurs. Aux mécanismes de défense des plantes,
répondent des adaptations des insectes par exemple. Une co-évolution et une diversification
des mécanismes s’ensuivent. Une utilisation plus particulière des plantes par les animaux à
des fins thérapeutiques est suggérée et l’étude de tels comportements est appelée
« zoopharmacognosie ».
En effet, si les animaux ont acquis des comportements leur permettant d’éviter la toxicité
des plantes, on peut aussi supposer qu’ils ont développé des « stratégies » leur permettant
d’en tirer bénéfice comme dans les exemples précédents. Notre travail a pour objectif de
détecter de tels exemples dans le cas des chimpanzés, ce qui pourrait permettre de mettre en
44
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
Les méthodes traditionnelles de sélection des plantes pour leur criblage biologique sont
de trois types et présentent différentes caractéristiques qui sont soulignées ci-après.
45
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
On estime que près de 70% de la population mondiale utilise les plantes médicinales
pour se soigner et sont dépendants des pratiques de médecine traditionnelle (Farnsworth,
1990). Les coûts des médicaments de la pharmacopée occidentale sont souvent trop élevés
pour être accessibles aux pays en développement.
Par ailleurs, avec la connaissance du génome et du protéome, les cibles des essais
biologiques se multiplient, offrant la possibilité de tester, pour chaque extrait de plante, des
activités multiples sur des pathologies différentes. L'automatisation de ces essais permet de
réaliser ces tests rapidement et seul l'approvisionnement en plantes est souvent un facteur
limitant. La validation des cibles en terme de pathologie est aussi un autre obstacle.
La forêt tropicale reste le lieu qui offre le plus grand potentiel de recherche de
nouveaux produits actifs. Cependant, vu le nombre important d'espèces restant inexplorées
chimiquement et biologiquement, il apparaît nécessaire de réaliser une pré-sélection : si une
plante est utilisée par des hommes depuis des siècles pour se soigner, on peut penser que cette
utilisation est due à son efficacité. Par ailleurs, on peut utiliser les résultats des études sur
certaines familles de plantes, la chimiotaxonomie ou encore, pour des questions de rapidité,
préférer une sélection au hasard.
1- Approche chimiotaxonomique
Les connaissances actuelles sur les composés secondaires montrent que certaines
familles de plantes sont particulièrement riches en substances actives. Cette méthode de
collecte vise à sélectionner préférentiellement certaines plantes en fonction de la taxonomie,
grâce aux précieuses indications fournies par la pharmacognosie. Ainsi la découverte de
propriétés antitumorales de l’acronycine a entraîné une étude systématique des espèces
néocalédoniennes du genre Sarcomelicope. Il est difficile de juger de l'efficacité de cette
méthode : en effet, la découverte d'une molécule active dans une famille ou un genre stimule
la recherche sur les plantes proches taxonomiquement, provoquant souvent un effet « boule de
neige » dans un genre ou une famille au détriment des autres espèces. L'hypothèse de la
richesse particulière d'un genre peut être biaisée par ce type de conséquences.
46
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
2- Étude ethno-pharmacologique
Cette approche se base sur la connaissance par les populations locales de leur
environnement. Les plantes sélectionnées sont celles utilisées traditionnellement pour les
soins.
Cette méthode est complexe et fait intervenir des facteurs subjectifs. Elle nécessite en
premier lieu de gagner la confiance des tradipraticiens. L'identification des plantes doit
ensuite être réalisée et l'interprétation des usages n'est pas toujours aisée, parfois entravée par
le langage. Souvent l'organe de la plante utilisé n'est pas précisé dans les recueils
d'ethnomédecine ou encore la dose reste approximative. Parfois les recettes font intervenir
plusieurs plantes. Cette approche nécessite souvent l'intervention d'ethnologues, de botanistes
et de pharmacologues ou de médecins pour rassembler l'ensemble des informations
concernant les plantes utiles. Ces collaborations génèrent des perspectives intéressantes sur
l'étude des relations entre les populations et les plantes.
3- Échantillonnage systématique
Cette méthode a pour but de collecter l'ensemble des plantes en fleurs ou en fruits
d’une zone donnée, afin de pouvoir les identifier. Elle dépend de la saison de la récolte et du
nombre d'espèces fertiles sur le site. Elle est rapide et ne nécessite pas d'étude préliminaire
particulière. Elle n'offre pas de pré-sélection guidée par des connaissances mais un choix basé
sur la disponibilité. C’est une méthode intéressante parce qu’elle est conçue sans a priori et
que le criblage biologique sera le seul critère de sélection.
Quelle que soit la méthode choisie pour collecter les plantes potentiellement actives, il faut
souligner qu'il est impératif de conserver la richesse et la diversité de ces habitats dont
dépendent les populations locales et qui peuvent offrir de nouveaux espoirs pour la
découverte de nouveaux principes actifs. L'agriculture et la déforestation ont parfois des
effets dramatiques sur cette biodiversité et sur la richesse des habitats originels.
Dans l’étude proposée dans le cadre de cette thèse, une nouvelle méthode originale de
recherche de plantes biologiquement actives est proposée. La « zoopharmacognosie »
(connaissance de substances potentiellement médicinales utilisées par les animaux, cf II de
cette partie) est peut-être un moyen de guider la sélection des plantes.
Le paragraphe suivant présente quelques données bibliographiques sur trois plantes qui ont
été étudiées au cours de ce travail, pour leurs activités biologiques et leur consommation par
les chimpanzés.
47
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
Trois espèces parmi les nombreuses plantes consommées par les chimpanzés et
récoltées au cours des missions de terrain- Diospyros abyssinica, Uvariopsis congensis et
Trichilia rubescens - ont donné lieu à un travail phytochimique biologiquement guidé.
Quelques données bibliographiques sur ces plantes dont la phytochimie est peu connue et,
plus largement, sur les genres et les familles auxquelles elles appartiennent sont
présentées.
1- Le genre Diospyros
Parmi les 350 espèces décrites, au moins 130 ont été étudiées pour leur composition
chimique depuis l’identification des tanins de D. kaki en 1900.
48
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
Les triterpènes sont largement distribués et sont rencontrés dans 90% des Diospyros
étudiés (Mallavadhani et al., 1998).
Ils ont un squelette pentacyclique (cf supra, 2.3), le plus souvent de type :
o ursane : α amyrine 58, acide ursolique 59,
o lupane : lupéol 60, bétuline 61,
o oléanane : acide oléanolique 62,
o taraxérane : taraxérol 63,
o friedelane : friedeline.
49
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
H
R H R2
H
H
HO
HO R = C H3 lupéol R:CH 3 60
R = CH3 α a myrine 58 H
R = C H2 OH bétuline 61
H R = COOH acide ursolique 59
squelette taraxérane
squelette oléanane
H
R
H
H
R1
Fig. 30 Le ß sitostérol 64
H H
HO
De nombreux métabolites de la classe des juglones 34 ont été isolés des Diospyros.
Ces espèces sont caractérisées par leur capacité à produire des 1,4-naphtoquinones. Les
premières à avoir été isolées de D. hebecarpa sont la plumbagine 65 (qui est trouvée le plus
souvent dans les feuilles et le bois de cœur des Diospyros) et la 7-méthyljuglone 66 (isolée
surtout des écorces et du bois des différentes espèces).
50
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
O O
CH3 H3 C
OH O OH O
plumbagine 65 7-méthyljuglone 66
Fig. 32 La scopolétine 67
H3CO
HO O O
2- Le genre Uvariopsis
Uvariopsis Engl. (Engler & Diels, 1899, cité par Gereau & Kenfack, 2000) est un
genre uniquement africain composé d’arbres et d’arbustes appartenant à la famille des
Annonaceae.
Cette famille est très vaste et comprend environ 130 genres et 2300 espèces (Gleye,
1998), certaines d’importance économique. Ainsi, certains représentants des genres Annona et
Rollinia sont cultivés en Amérique tropicale pour leurs fruits et le jus d’Annona muricata est
particulièrement apprécié au Pérou et au Vénézuéla. L’ylang-ylang (Cananga odorata)
51
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
produit des fleurs parfumées, très utilisées en parfumerie. Les Annonaceae sont aussi
largement utlisées en médecine traditionnelle pour leurs propriétés thérapeutiques.
O O
OH
Type A Type B
OH OH OH OH
O O
O
O O
OH OH
Type D
Type C
OH O
O
Type E
52
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
O O CH3
CH3 O
O 1
OH
4 3 2
O
1 1 O CH3
CH3 O
O
2
O
3 4 3 2
4 OH
sous-type 2 sous-type 3
La première acétogénine isolée, l’uvaricine 68, possède une activité in vivo sur un
modèle de leucémie lymphocytaire P388 (Jolad et al., 1982). Aujourd’hui, on note que la
cytotoxicité est une propriété générale des acétogénines. Cependant les propriétés anti-
tumorales des acétogénines semblent difficilement utilisables en thérapeutique notamment à
cause de deux limites : d’une part, l’inhibition de la prolifération des cellules cancéreuses
pourraient n’être que transitoire et réversible à long terme, laissant supposer que les
acétogénines seraient plutôt des agents cytostatiques que cytotoxiques (Queiroz, 1999) et
d’autre part, leur toxicité s’exerce aussi vis-à-vis des cellules saines.
53
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
HO
O
O
H3 COCO
Fig. 36 Relation structure-activité des acétogénines des Annonaceae (après Cavé et al., 1996)
Leur mécanisme d’action reste mal connu. Une activité inhibitrice au niveau de la
chaîne respiratoire (complexe I : NADH ubiquinone oxydoréductase), entraînant une
déplétion en ATP et l’asphyxie cellulaire, a été montrée. Les cellules cancéreuses se
multipliant très vite seraient particulièrement sensibles à une telle privation en ATP (Degli
Esposti et al., 1994).
54
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
Fries (1959) classe le genre Uvariopsis dans la sous-famille des Annonoideae, tribu
des Unoneae. Uvariopsis se distingue des genres voisins des Annonaceae par des critères
botaniques, par exemple, des fleurs dimères et des pétales réduits à 4 (Leboeuf & Cavé,
1972). Actuellement, seules 14 espèces d’Uvariopsis sont décrites (Gereau & Kenfack, 2000).
Peu d’études chimiques ont été publiées sur des plantes de ce genre.
Trois autres alcaloïdes, des oxoaporphines, ont été identifiés : la liriodénine 73, ainsi
que deux dérivés méthoxylés.
Dans les différentes revues portant sur les acétogénines des Annonaceae (Ruprecht et
al., 1990 ; Cavé et al., 1996), aucune mention n’est faite de l’isolement d’acétogénines dans le
genre Uvariopsis.
O O
CH3 CH3
O N N
CH3 O CH3
OCH3
OCH3 OCH3
uvariopsine 69 8-méthoxy-uvariopsine 70
H3 CO O
CH3
N N
H3 CO CH3 O
O
OCH3
OCH3
55
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
3- Le genre Trichilia
Le genre Trichilia, qui compte environ 230 espèces identifiées, se caractérise, comme
un grand nombre de Meliaceae, principalement par la production de limonoïdes.
Fig. 38 La limonine 74
O
O
O
O
O
O O
Une revue des différents limonoïdes extraits des Meliaceae et des Cneoraceae
(Connolly, 1983) montre les différents types de structures des limonoïdes.
• Les trichilines , comme la trichiline A 75, ont été isolées de Trichilia roka.
Ce sont des tétra-nortriterpénoïdes en C26 avec un squelette carboné intact ayant des
propriétés anti-nutritionnelles.
• Par contre, dans certains cas, les cycles peuvent s’ouvrir.
o Un seul cycle peut être modifié comme dans le cas du 6β-
acétoxy-7α-obacunol isolé de T. trifolia.
o C’est aussi le cas des tétratriterpénoïdes complexes dont 2
cycles (A et B) sont modifiés. On peut citer par exemple, le prieurianine 76
isolés de T. prieuriana, ou la drégéanine 77 provenant de T. dregeana
(Mulholland & Taylor, 1980). La trichavensine est un dérivé du prieurianine
isolé de T. havanensi (Rodriguez-Hahn, 1996). Les hispidines A et B 78 et la
rohitukin 79 présentent des modifications de ces deux cycles. Les rubrines
isolées de T. rubra (Musza et al., 1995) sont aussi des A, B seco-limonoïdes.
o Trois cycles peuvent être modifiés : A, B et D comme dans le
cas des limonoïdes isolés de Trichilia elegans ssp. elegans (Garcez et al.,
1997).
56
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
OH OH
O
O O
OH OCO
AcO HO 2C
O AcO
O
AcO OH
OH O
OOC H O O
trichiline A 75 AcOH2C CO 2Me prieurianine 76
OAc
O
OCO OCO O
HO 2C
HO 2C
AcO
AcO
O
O
O OH O
O O
O O drégéanine 77 rohitukin 78
O O
OH
O
OCO
HO 2C
OH OTig
O O
O O hispidine B 79
Certains limonoïdes possédant des chaînes γ-hydroxybuténolides ont aussi été décrits
(Cortez et al., 1998).
OAc
O OAc
57
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
O O OH
HO O
HO
O O
mélianone 81 mélianodiol 82
T. trifolia contient aussi des diterpenes de type dolabellane (Ramirez et al., 2000). Ce
type de squelette est fréquemment trouvé dans les invertébrés marins (mollusques).
R = H ou Me COOR
Dans les tiges de T. claussenii, Pupo et al. (1997) n’ont pas trouvé de limonoïdes mais
ils ont pu isoler des stéroïdes de type androstane et pregnane.
Dans cette espèce, des γ-lactones ont été isolées des fruits (Pupo et al., 1998).
Lors l’étude de T. estipulata, des lignanes ont été identifiés (Cortez et al., 1998).
58
1ère PARTIE I LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES
• Propriétés insecticides
Parmi les limonoïdes au squelette intact, les trichilines ont une activité sur les larves
de Spodoptera eridania à 200 ou 300 ppm. Certains seco-limonoïdes, telle la prieurianine 76
ou la rohitukin 78 sont aussi actifs contre les insectes (Champagne et al., 1992).
• Activités antitumorales
La mélianone 81, la prieurianine 76, et l’époxyprieurianine sont actives sur la lignée
cellulaire de leucémie murine P-388 (Champagne et al., 1992).
• Activités antiparasitaires
Il semble que les activités antipaludiques des limonoïdes soient conditionnées par la
présence de sites réactifs sur le cycle A (Champagne et al., 1992).
Cette courte revue des connaissances sur ces trois espèces de plantes permet d’envisager
les différentes classes de métabolites secondaires qu’elles peuvent contenir et qui sont
potentiellement actives sur la santé des chimpanzés.
Même si la limite entre l’alimentation et les usages médicinaux est parfois peu
marquée chez l’homme, on cherchera, dans le cadre de cette étude, à évaluer et à
caractériser l’ingestion à but nutritionnel par les chimpanzés de celle pouvant éventuellement
être guidée par la recherche de métabolites secondaires susceptibles d’agir sur le bien-être
des animaux (effet vermifuge, purgatif, antibiotique ...).
59
1è PARTIE II- « AUTO-MÉDICATION » ANIMALE
Bien que leur rôle d’arme chimique contre les prédateurs soit une des hypothèses
dominantes pour expliquer leur existence, quelques exemples développés précédemment
montrent que des adaptations de la part des prédateurs existent.
Dans ce chapitre, seront envisagés quelques exemples, où les animaux semblent tirer
avantage des composés secondaires des plantes ou d’autres propriétés de leur environnement,
pour améliorer leur bien-être ou leur santé.
Plusieurs études rapportent des observations concernant des animaux frottant leur
corps avec des éléments prélevés dans leur environnement.
Au cours d’une étude menée au Costa Rica, M. Baker (1996) a observé des capucins
(Cebus capucinus) qui appliquaient sur leur fourrure des plantes appartenant à au moins
quatre genres : des fruits de Citrus (Rutaceae), des gousses de Sloanea terniflora
(Elaeocarpaceae), des feuilles et/ou des tiges de Clematis dioica L. (Ranonculaceae) et de
Piper marginatum Jacq. (Piperaceae). Les singes mordent et roulent entre leurs mains le
matériel végétal avant de le frotter sur différentes parties de leur corps. Les gousses de
Sloanea terniflora sont pubescentes, et lorsque la majorité des poils qui les couvre a été
arrachée par le frottement, les singes utilisent une nouvelle gousse. Les tiges de Clematis et
les feuilles de Piper sont déchiquetées en petits morceaux au moyen de la bouche et roulées
entre les mains puis mélangées à de la salive. La mixture obtenue est frottée vigoureusement
60
1è PARTIE II- « AUTO-MÉDICATION » ANIMALE
sur la fourrure. Les épisodes de fur rubbing ont été observés plus souvent en saison des pluies
qu’en saison sèche. Des individus seuls peuvent pratiquer le fur rubbing, mais de petits
groupes, ou la troupe entière, se livrent parfois simultanément à ce comportement.
De la même façon, les lémuriens peuvent frotter sur leur corps des insectes tels que
les mille-pattes (Birkinshaw, 1999, Simmen, comm. pers.). Ainsi, une femelle lémur brun
(Eulemur macaco) après avoir mordu un Charactopygus sp. (Spirotreptidae), s’est frotté le
ventre et la queue vigoureusement à plusieurs reprises avec le corps de l’insecte enduit de
salive.
Les ours bruns ont aussi été observés mâchant les racines de Ligisticum porteri
(Apiaceae), puis étalant leur salive mêlée aux racines sur leur fourrure (Siegstadt, données
non publiées, dans Huffman, 1997).
Un comportement de marquage ?
De tels comportements de fur rubbing pratiqués parfois en groupe chez les capucins
peuvent renforcer la communication olfactive et être utilisés pour renforcer les liens sociaux
ayant un effet proche de celui du grooming. Le fur rubbing induit une odeur reconnue comme
un marquage par le groupe. Il apparaît en effet que les odeurs jouent un rôle important dans la
sélection des items utilisés dans le fur rubbing par les capucins : des objets nouveaux,
similaires en apparence et en texture ou en odeur, ne sont pas utilisés, excepté ceux contenant
de la citronnelle ou des odeurs de matériels utilisés pour le fur rubbing (Baker, 1997).
Le mille-pattes utilisé par le lémurien dégageait une forte odeur. Lorsqu’ils sont
menacés, les mille-pattes sécrètent des substances chimiques provenant de glandes latérales :
ce sont des aldéhydes, des quinones, des phénols, du chlore ou de l’iode qui peuvent avoir des
propriétés sédatives, répulsives, irritantes ou toxiques sur les prédateurs (Birkinshaw, 1999).
Dans l’Ouest Américain, la plante avec laquelle l’ours se frotte (Ligisticum porteri) est
utilisée par les populations locales comme anesthésique local et antibactérien. Elle contient
une lactone glucosidique, un alcaloïde, des saponosides, et de l’acide férulique (Siegstadt
dans Huffman, 1997).
61
1è PARTIE II- « AUTO-MÉDICATION » ANIMALE
Les oiseaux, tels les passereaux, réutilisent leurs anciens nids. Les études de Clark &
Russel Masson (1985) montrent que l’étourneau (Sturnus vulgaris) incorpore, dans les
anciens nids, de la végétation fraîche. Les oiseaux utilisent de petites quantités de plantes pour
lesquelles ils parcourent parfois de longues distances.
camouflage du nid
Cette hypothèse a été particulièrement étudiée car, en réutilisant leurs anciens nids, les
oiseaux ont à faire face à des risques élevés de contamination par des pathogènes qui
induisent parfois une forte mortalité chez les jeunes.
L’étude de Clark & Russel Masson (1985) montre que les plantes ne sont pas choisies
au hasard : elles sont plus odorantes, contenant des concentrations plus fortes de composés
volatils que des plantes prises au hasard dans l’environnement des oiseaux. Différents
paramètres ont été choisis et étudiés afin de tester l’hypothèse d’une action chimique des
plantes utilisées.
• Une des plantes préférées par les oiseaux (Solidago rugosa, Asteraceae) contient des
sesquiterpènes 2-bornyl acétate et du farnésol qui ont la capacité de réduire la
capacité reproductrice des ectoparasites.
• La carotte sauvage (Daucus carota), qui est une des plantes souvent utilisée pour la
reconstruction des nids, réduit significativement le nombre de parasites
hématophages (Ornithonyssus sylviarum) trouvés dans les nids par comparaison avec
les nids sans nouvelle végétation. De plus, le taux d’hémoglobine des poussins élevés
62
1è PARTIE II- « AUTO-MÉDICATION » ANIMALE
dans des nids contenant de la carotte sauvage est plus fort que celui des poussins
venant des nids contrôles (Clark & Russel Masson, 1988).
Fauth et al. (1991) montrent aussi que les effets négatifs sur la couvée des parasites
hématophages peuvent être réduits par la présence de végétation fraîche, les poids moyens
des oisillons provenant de nids où la végétation fraîche a été enlevée étant inférieurs. Les
observations menées en laboratoire par Clark & Russel Masson (1988) confirment leurs
données de terrain : les plantes sélectionnées par les oiseaux peuvent retarder l’infestation des
nids par des parasites et diminuer les risques d’anémie chez les poussins.
Dans l’étude de Gwinner et al. (2000), les plantes ajoutées aux anciens nids ne
diminuent pas directement le nombre d’ectoparasites. Elles améliorent, par contre, la
condition sanitaire de la couvée, peut-être en stimulant le système immunitaire, ce qui
permet de mieux réagir face aux différentes infestations.
Il semble que la sélection soit effectuée par discrimination olfactive. En effet, Clark &
Russel Masson (1987) ont montré que malgré la petite taille de leurs bulbes olfactifs, les
passereaux sont capables de discriminer des odeurs et ils suggèrent que la sélection des
plantes ajoutées aux anciens nids est effectuée grâce aux propriétés odorantes des substances
volatiles responsables des activités.
Les observations portant sur plusieurs espèces de vertébrés permettent de suggérer que les
animaux utilisent en usage externe des éléments du milieu naturel pour améliorer leur confort
et contrer les désagréments et pathogènes provenant de leur environnement, susceptibles
d’avoir un impact sur leur fitness (valeur sélective).
Il est généralement admis que les animaux évitent de consommer des aliments à goût
amer. Le "test de préférence des deux bouteilles" montre que si la majorité des espèces évite
de consommer des solutions amères de quinine au dessus d'un certain seuil, certaines espèces
ingèrent néanmoins de petites quantités (entre 10 et 40% de leur consommation de fluide) des
solutions plus concentrées de quinine. Pourtant, certaines espèces animales semblent
consommer des substances décrites comme amères par l'Homme. Même si la plupart des
substances toxiques sont associées à une certaine amertume pour les humains, l'inverse n'est
pas nécessairement vrai : de nombreuses substances amères ne sont pas toxiques. De plus, les
composés secondaires qui peuvent présenter des effets pharmacologiques bénéfiques pour les
animaux ont souvent un goût amer. Par conséquent, des animaux malades peuvent accroître
leur fitness (valeur sélective) en consommant des substances à goût déplaisant.
Dans les expériences décrites par Vitazkova et al. (2001), des souris (Mus musculus)
sont infectées par Plasmodium berghei berghei, agent du paludisme murin. Elles manifestent
des symptômes, sans développer de fièvre, qui aboutissent à la mort en deux semaines. Deux
traitements oraux peuvent permettre la guérison : une chimiothérapie basée sur la
63
1è PARTIE II- « AUTO-MÉDICATION » ANIMALE
On peut supposer que, par un tel comportement d'échantillonnage spontané des substances
amères, un animal malade accroît ses chances d'en consommer une possédant des propriétés
bénéfiques. Par là même, les quantités de chaque substance consommée sont faibles,
permettant ainsi d'éviter le risque de mortalité par intoxication. Cette expérience ne permet
pas de conclure que des souris peuvent développer des préférences vis-à-vis de substances à
propriétés thérapeutiques, mais peut laisser entrevoir que leur comportement alimentaire a
évolué de façon à réguler leur parasitémie et à maintenir une homéostasie.
Les boiteries sont très fréquentes chez les volailles d'élevage et jusqu'à 25% des
poulets élevés industriellement souffrent de douleurs entraînant des difficultés locomotrices.
Une étude portant sur l'auto-administration d'analgésiques par des poulets d'élevage a été
menée par Danburry et al. (2000). L’anti-inflammatoire utilisé, le carprofen (Zenecarp
Injection®, C-Vet Pharmaceuticals) est un anti-inflammatoire non stéroïdien, ayant des
propriétés analgésiques qui améliore la mobilité chez les poulets d'élevage.
Au contraire, les poulets sains ont tendance à éviter la nourriture contenant l'anti-
inflammatoire, ce qui permet de suggérer une aversion pour ce type d'aliments
supplémenté en carprofen chez les animaux en bonne santé. De fortes doses d'anti-
inflammatoires non stéroïdiens produisent, chez les animaux comme chez l'homme, des effets
64
1è PARTIE II- « AUTO-MÉDICATION » ANIMALE
secondaires comme des maux d'estomac pouvant expliquer l'évitement des aliments fortement
supplémentés en carprofen par les animaux sains.
Dans la seconde expérience, la mobilité a été évaluée sur une échelle allant de 0 à 5 et
il apparaît que la consommation d'anti-inflammatoire est corrélée avec la sévérité de la
boiterie.
Ces observations tendent à montrer que les poulets sont capables d'équilibrer leur
ingestion de médicament analgésique de façon à diminuer la douleur. Par ailleurs, les effets
secondaires du produit entraînent chez les poulets une limitation de leur consommation.
Les Lépidoptères Platyprepia virginalis sont parasités par des larves de mouches,
Thelaira americana, qui se développent dans l'abdomen de leur hôte. Par définition, un
parasitoïde tue son hôte, mais certaines chenilles survivent à l'émergence de leur parasitoïde et
deviennent adultes sans perte apparente de fécondité. La survie des Lépidoptères dépend de la
plante sur laquelle ils se nourrissent. Karban & English-Loeb (1997) ont mené une expérience
afin de déterminer si l’infestation par le parasitoïde influençait le choix alimentaire de l'hôte.
Des chenilles sont placées dans des enclos possédant du lupin (Lupinus arboreus) et
de la ciguë (Conium maculatum).
Les chenilles parasitées ont tendance à se nourrir de cigüe alors que les chenilles
saines préfèrent le lupin.
Leur survie en dépend : les chenilles non parasitées ont plus de chances de survivre si
elles sont placées sur L. arboreus alors que les chenilles parasitées accroissent leur probabilité
de survie en mangeant C. maculatum. De plus, les masses des pupes parasites de chenilles
ayant mangé C. maculatum sont plus importantes. La masse est généralement corrélée à la
fécondité.
Le comportement alimentaire des insectes parasités est donc modifié par la présence
des parasites.
Des études ont montré que les parasites peuvent modifier le comportement alimentaire
des insectes de façon à augmenter leurs possibilités de transmission à un autre individu. Les
insectes, par ailleurs, répondent parfois au parasitisme en se déplaçant vers un habitat plus
chaud, favorable à l'élimination du parasite (Moore, 1997).
Dans cette étude, les insectes choisissent l'espèce de plante qui leur permet une survie plus
longue tout en étant favorable au développement du parasitoïde. Le choix de la plante hôte
serait modulé par les interactions entre l'insecte et son parasite.
65
1è PARTIE II- « AUTO-MÉDICATION » ANIMALE
Guinée). Ils sont pratiqués par plusieurs espèces et sous-espèces de grands singes. La majorité
des informations proviennent de trois sites où sont observés des chimpanzés de la sous-espèce
P. t. schweinfurthii: Gombe et Mahale en Tanzanie, et Kibale en Ouganda.
De tels comportements ont été observés pour 30 espèces de plantes dans 9 populations
de chimpanzés (P. troglodytes schweinfurthii, P. t. troglodytes, P. t. verus) ainsi que dans
deux communautés de bonobos (Pan paniscus) (Huffman, 1997, Dupain et al., 2002) et de
gorilles des plaines (Gorilla gorilla graueri) (cf. annexe 2). Pour au moins quatre espèces de
feuilles (A. mossambissencis, Trema orientalis (Ulmaceae), Ficus exasperata et Ficus mucoso
(Moraceae), il a été observé qu’elles pouvaient soit être ingurgitées entières, tôt le matin, soit
être mâchées si elles étaient consommées à d’autres périodes (Huffman, 1997).
L’absence de mastication des feuilles conduit les chercheurs à suggérer que les feuilles
doivent être consommées pour une raison autre qu’un apport calorique. Dès 1983, Wrangham
& Nishida suggèrent un potentiel effet pharmacologique de la consommation d’Aspilia.
Wrangham, en 1995, émet l’hypothèse que le comportement d’ingurgitation de feuilles
entières peut être mis en relation avec une infection parasitaire. Il montre que, dans la
communauté de Kanyawara, les segments du cestode Bertiella studeri ne sont trouvés dans les
fèces que pendant une période de sept mois, pendant laquelle l’ingestion des feuilles entières
(Aneilema aequinoctiale, Commelinaceae, Rubia cordifolia, Rubiaceae et Hyparrhenia
cymbaria, Poaceae) est plus fréquente.
Huffman émet aussi l’hypothèse d’une action potentielle des feuilles d’Aspilia sur une
autre espèce de parasite Oesophagostomum stephanostomum : en effet, il a été observé que
certains individus pratiquaient la mastication de tiges de Vernonia amygdalina le même jour
où ils ingéraient des feuilles entières. Sur une étude portant sur 254 selles, 6 de 9 selles
contenant O. stephanostomum renfermaient aussi des feuilles entières (Huffman, 1996).
66
1è PARTIE II- « AUTO-MÉDICATION » ANIMALE
Fig. 43 La thiarubrine A 83
S S
Cependant, l’isolement de ce composé dans les feuilles d’Aspilia n’a pas pu être
reproduit ultérieurement, bien que les études aient porté sur 27 échantillons de trois espèces
d’Aspilia (A. mossambicensis, A. rudis et A. africana) collectées dans plusieurs sites (à
Mahale, Gombe, en Ouganda ou au Kenya) (Page et al., 1992 , Rodriguez & Wrangham,
1993, Page et al., 1997). De plus, Page et al. (1997) soulignent que des essais biologiques ont
été pratiqués sur les feuilles de différents espèces d’Aspilia et aucune activité sur Candida
albicans n’a été notée, alors que cette souche est sensible à la thiarubrine.
Par contre, Page et al. (1992) confirment la présence de thiarubrine dans les racines
d’Aspilia. Les techniques d’analyse s’étant aujourd’hui affinées, il serait intéressant de
contrôler et de rechercher la présence de thiarubrine dans les feuilles d’Aspilia. Il n’est pas
improbable que des variations saisonnières ou intraspécifiques expliquent la non-
reproductibilité des analyses précédentes.
Par ailleurs, des tests ont été pratiqués in vitro dans le dessein de détecter une action
chimique potentielle des feuilles de Rubia cordifolia sur les parasites intestinaux de type
Strongyloides (Messner & Wrangham, 1996). Les feuilles de cette espèce sont aussi avalées
entières par les chimpanzés de Kibale, en Ouganda. Les résultats ont montré que les extraits
méthanoliques des feuilles n’avaient pas d’action sur la mobilité des parasites cultivés à partir
de selles de babouins.
Les données précédentes, ajoutées au fait que, si les feuilles ne sont pas mâchées, les
produits contenus semblent difficilement disponibles au niveau stomacal, ont conduit les
auteurs à suggérer l’hypothèse d’une action physique des feuilles.
L’examen de trois selles contenant des feuilles entières et des vers a montré que
certains vers étaient fermement attachés à la surface rugueuse des feuilles d’Aneilema
aecquinoctiale (Commelinaceae) emprisonnés entre les trichomes, des poils courts et
flexibles. La majorité des autres vers ont été trouvés à l’intérieur des feuilles pliées (Huffman,
1997). La forte corrélation entre l’expulsion des vers intestinaux, la présence de feuilles dans
les selles et l’observation de vers attachés à la surface des feuilles ont amené Huffman à
supposer une action mécanique de type « velcro » plutôt que l’action chimique initialement
évoquée.
67
1è PARTIE II- « AUTO-MÉDICATION » ANIMALE
De plus, l’irritation produite sur un estomac et un tube digestif vides par les feuilles
rugueuses induirait une augmentation de la motilité intestinale et une augmentation des
sécrétions. Ceci aurait pour conséquence une augmentation du transit digestif, avec diarrhée,
ayant pour effet une vidange intestinale et un contrôle de la charge parasitaire (Huffman,
2001).
La multiplicité des sites et des espèces de grands singes pour lesquels des comportements
d’ingurgitation de feuilles ont été observés (cf annexe 3) ainsi que les analyses coprologiques
ont permis de préciser les données concernant les éventuels comportements
d’automédication. L’action physique des feuilles avalées est retenue comme le mécanisme le
plus probable favorisant l’expulsion des parasites digestifs.
Par contre, dans le cas de la mastication des tiges amères, des observations précises
sont publiées.
Les premières observations d’un chimpanzé malade recouvrant la santé après ingestion
de tiges de Vernonia amygdalina Del., Asteraceae, ont été rapportées par Huffman et Seifu en
1989. Une femelle du groupe M de Mahale Mountains, en Tanzanie, souffrait de désordres
gastro-intestinaux, se traduisant par des difficultés à déféquer, de l’anorexie et de l’apathie.
Elle a été observée mâchant des tiges amères de V. amygdalina après avoir retiré la partie
externe de la tige pour en extraire le jus amer, rejetant ensuite les fibres restantes. Le jour de
cette consommation, son budget d’activité a montré qu’elle a passé beaucoup de temps
allongée, sans manger. Dans l’après-midi du second jour, elle avait retrouvé l’appétit, et son
état de santé semblait de nouveau satisfaisant.
Les observations ultérieures ont montré que cette plante n’est guère répandue sur le
territoire des chimpanzés de ce groupe. Son usage demande souvent un détour. Seules de
petites quantités sont ingérées (des tronçons de 5 à 120 cm, en moyenne 54,57 cm) pendant
une durée relativement courte (de 1 à 8 minutes) (Huffman, 1997). Les animaux du même
groupe ne se joignent pas à cette consommation, mais les enfants de mères malades ont été
observés goûtant les tiges épluchées par leur mère (Huffman & Seifu, 1989). Une femelle a
68
1è PARTIE II- « AUTO-MÉDICATION » ANIMALE
été observée empêchant son enfant de consommer les restes de tiges de Vernonia, laissés par
un mâle adulte (Huffman, 1997).
Malgré une disponibilité égale, régulière au long de l’année (Nishida & Uehara, 1983),
la consommation des tiges de Vernonia est rare et hautement saisonnière, les observations
ayant lieu généralement en saison des pluies. Ces observations laissent à penser qu’un facteur
autre que la disponibilité saisonnière influence l’ingestion de ces tiges amères.
Ces premières observations ont poussé Huffman et Seifu (1989), à suggérer une
utilisation non nutritionnelle de cette plante dont la consommation est rare par les chimpanzés
de ce groupe.
Ces symptômes pourraient agir comme un stimulus, poussant les animaux à des
comportements particuliers comme la consommation de tiges amères (Huffman, 1997).
Dans de nombreux groupes ethniques africains, Vernonia amygdalina est utilisée pour
traiter les fièvres paludiques, les schistosomiases, les dysenteries amibiennes et les
infestations parasitaires intestinales.
69
1è PARTIE II- « AUTO-MÉDICATION » ANIMALE
O
OCOR
OH
CH2
O
O O
O O
vernolide CH2 O OH
84 R= O
CH3 O
hydroxyvernolide 85 CH2 O
R=
CH2OH vernodaline 86
H
O O O
H
H R3
R2
H
R1 vernonioside
H
vernonioside A1 R1 = O-Glu, R2 =βOH, R3 =H 87
A2 R1 = O-Glu, R2 =αOH, R3=H 88
A3 R1 = O-Glu, R2 =O, R3 =H 89
B1 R1 = O-Glu, R2 = H2, R3 =OH 90
B2 R1 = O-Glu, R2 =αOac,H, R3 =H 91
vernoniol B1 R1 = OH, R2 =H2, R3 =OH 92
La vernodaline est très active sur les schistosomes, mais elle est aussi très toxique (2
mg en IP provoquent la mort d’une souris).
Il est intéressant de noter qu’elle est abondante dans les feuilles et l’écorce des tiges
mais qu’elle se trouve en très faible quantité dans la moelle des tiges. Ceci pourrait expliquer
la sélection des tiges par les chimpanzés, et le fait qu’ils enlèvent les feuilles et l’écorce avant
de consommer l’intérieur des tiges. Ils éviteraient ainsi la trop forte toxicité des autres parties
de la plante.
70
1è PARTIE II- « AUTO-MÉDICATION » ANIMALE
La consommation de terre est répandue chez différentes espèces animales mais aussi
chez les humains. D’après la littérature ethnographique, on reconnaît à la consommation de
terre des vertus antidiarrhéiques, des propriétés permettant d’éviter les maux d’estomac ou les
vomissements ou encore la capacité d’enlever le goût amer. Une corrélation a aussi été établie
entre la consommation de terre issue de termitière très riche en calcium par des femmes
Africaines enceintes et leur régime alimentaire fortement déficient en produits laitiers
(Aufreiter et al., 2001).
Une série d’études géochimiques et minéralogiques de la terre consommée par les
primates et le bétail a été entreprise en Afrique (Rwanda, Uganda, Tanzanie, Guinée), en Asie
(Sumatra, Bornéo, Japon) et en Amérique (Porto-Rico) par l’équipe de Mahaney associée au
Geophagy Research Project de l’Université d’York (Toronto, Ontario).
On a suggèré que la terre est consommée par les primates non humains pour ses
apports en minéraux (Oates, 1978 ; Davies & Baillie, 1988 ; Heymann & Hartmann, 1991)
Oates (1978) a analysé la composition minérale de la terre ainsi que les plantes d’eau
consommées par des colobes noirs et blancs (Colobus guereza) de Kanyawara, Kibale en
Ouganda. Il suggère que les plantes d’eau peuvent combler des déficits minéraux induits par
une consommation exclusive de plantes de zones sèches alors que la composition de la terre
laisse supposer qu’elle est ingérée pour d’autres raisons.
Par contre, les terres consommées, provenant parfois de termitières (Mahaney et al.,
1996), ont une composition minérale proche de préparations pharmaceutiques, utilisées en
médecine humaine et vétérinaire, pour traiter les diarrhées et les maux d’estomac
(Kaopectate™)(Mahaney, 1993 ; Mahaney et al., 1997).
Par ailleurs, la terre pourrait être consommée pour ses fonctions anti-acide. En effet,
le système digestif particulier de certaines espèces de primates produit par fermentation de
fortes quantités d’acides gras, ce qui induit une acidification pouvant entraîner une acidose
fatale ; la terre ingérée pourrait agir comme un tampon et réguler le pH digestif (Oates,
1978 ; Davies & Baillie, 1988 ). L’étude du parasitisme intestinal de macaques rhésus
(Macaca mulatta) vivant en liberté a montré que 89% de la population étaient infestés par un
ou plusieurs parasites, mais ne manifestaient aucun symptôme (Knezevich, 1998). Les
macaques pratiquent couramment la géophagie (76% des individus pendant l’étude) et
l’auteur suggère que ce comportement peut contrecarrer, grâce à la composition de la terre
consommée proche de celle du Kaopectate™, les potentiels effets négatifs, telles les
71
1è PARTIE II- « AUTO-MÉDICATION » ANIMALE
72
1è PARTIE II- « AUTO-MÉDICATION » ANIMALE
Enfin, le sol peut aussi être enrichi en substances bénéfiques par les insectes dont
les chimpanzés pourraient tirer bénéfice : Currie et al. (1999) ont montré que les fourmis
Acromyrmex octospinosus portaient sur la surface de leur abdomen des b a c t é r i e s
actinomycètes productrices d’antibiotiques, leur permettant de préserver la culture des
champignons dont elles se nourrissent de l’attaque de champignons parasites Escovopsis
(Ascomycota). Parmi les 22 espèces de fourmis attines, représentant 8 genres, étudiées pour
rechercher cette bactérie, toutes avaient développé cette symbiose. Une quantification des
actinomycètes, de bactéries non filamenteuses et de levures, a été réalisée sur les termitières
consommées à Mahale et Gombe par comparaison à des échantillons de terre pris à 5 m de
chaque termitière (Ketch et al., 2001). Les résultats, significatifs, montrent une plus forte
concentration d’actinomycètes dans les termitières (11 vs 1,7 CFU/g, P = 0,037). Pour les
bactéries non filamenteuses, la différence n’est pas significative malgré un nombre plus
important dans les termitières (15 vs 5,3 CFU/g). L’impact thérapeutique éventuel de la
consommation de ces terres riches en micro-organismes reste à évaluer.
Par ailleurs, les terres analysées contiennent, certes, une forte quantité de fer, mais il
n’est pas libéré à pH acide. Ceci peut être bénéfique pour les géophages : en effet, une large
gamme de bactéries et champignons pathogènes pour l’homme prospèrent en présence de fer
et les individus souffrant d’hypersidérémie (augmentation du taux de fer sanguin) sont plus
susceptibles aux pathogènes.
73
1è PARTIE II- « AUTO-MÉDICATION » ANIMALE
Les raisons qui peuvent pousser les primates à consommer de la terre sont
probablement multiples, mais la façon dont elle est choisie reste inconnue : Huffman a
observé que les chimpanzés suçaient souvent la terre des termitières avant de la casser et de
l’avaler (Aufreiter et al., 2001) et Bolton et al. (1998) ont observé que les Macaques sentaient
la terre avant de l’ingérer. La kaolinite souvent très abondante dans les sols consommés a une
odeur prononcée et les enfants à Mahale disent manger la terre des termitières en saison des
pluies à cause de la bonne odeur qu’elles dégagent. Au-delà des habitudes culturelles, le goût
et l’odeur peuvent guider les primates vers des sols possédant des caractéristiques
intéressantes pour leur santé.
On peut supposer que les phytohormones et les métabolites secondaires présents dans
le régime alimentaire des primates peuvent influer sur leur reproduction (Glander, 1994) en
agissant à la fois sur :
• la fertilité,
• le sexe des descendants,
• l’intervalle entre les naissances,
• la période des mises-bas.
Glander (1980) a suggéré que les naissances pouvaient être concentrées en saison où
les aliments sont de bonne qualité (peu de métabolites secondaires dans le régime
alimentaire). Par ailleurs les composés chimiques secondaires des plantes consommées par les
mammifères peuvent avoir une action inhibitrice sur l’ovulation et la gestation (Berger et al.,
1977 ; Starker et al., 1976).
74
1è PARTIE II- « AUTO-MÉDICATION » ANIMALE
Les travaux menés dans ce domaine sur les grands singes sont rares.
Cependant, les femelles chimpanzés consomment significativement plus souvent des
feuilles d’Aspilia que les mâles (Wrangham & Goodall, 1989). A. mossambicensis est utilisée
en ethnomédecine, en particulier comme galactagogue et pour diminuer les troubles
menstruels. Deux diterpènes (les acides kaurénoïque 93 et grandiflorénique 94), isolés
d’Aspilia spp. collectés à Mahale et Gombe, ont des propriétés utéro-stimulantes in vitro sur
des cellules utérines de cochons d’Inde. Ceci laisse présager que l’ingestion de ces plantes
peut avoir des effets secondaires sur la reproduction (Page et al., 1992).
COOH COOH
75
1è PARTIE II- « AUTO-MÉDICATION » ANIMALE
type curatif pourrait être mis en oeuvre. La recherche d’items qui ne font pas
partie du régime alimentaire habituel permettrait alors de limiter les
symptômes et peut-être de traiter la maladie.
Néanmoins, la limite entre les deux types d’action n’est pas franche : ainsi, la
géophagie peut être considérée comme un moyen prophylactique pour éviter les déséquilibres
minéraux, maintenir le pH digestif et adsorber les composés secondaires des plantes
couramment consommées ; cependant en agissant comme antidiarrhéique par sa composition
proche du Kaopectate™, on peut également prêter à la terre consommée une action
thérapeutique.
Dans les deux cas, il est intéressant d’étudier l’impact des aliments sur la santé et les
stratégies écologiques employées par les animaux au travers des interactions mises en oeuvre
avec les pathogènes et les plantes pour vivre dans leur milieu naturel.
76
1ÈRE PARTIE III-BIOLOGIE, ÉCOLOGIE ET PATHOLOGIE DES CHIMPANZÉS
C’est pour cette raison, ainsi que pour sa proximité taxonomique avec l’homme, que le
« modèle chimpanzé » semble pertinent dans cette étude, dont l’objectif est d’isoler et
d’identifier des produits naturels pouvant être utiles pour l’homme.
Le chapitre qui suit présente donc les caractéristiques de l’espèce, en insistant sur les
aspects permettant d’expliquer ce choix, mais aussi d’apporter des éléments de discussion aux
résultats de l’étude.
Par la suite, une brève revue des connaissances actuelles portant sur les maladies et
les agents pathogènes susceptibles d’atteindre les chimpanzés est nécessaire afin :
- de diagnostiquer les maladies qui affectent les chimpanzés pendant les
missions et particulièrement d’identifier les parasites présents dans les selles,
- de suggérer celles qui sont éventuellement prévenues par l’ingestion de
composés secondaires,
- de déterminer les cibles biologiques intéressantes pour travailler dans
un domaine pharmacologique utile à la médecine humaine,
- de pouvoir discuter les résultats des essais biologiques en les
appliquant aux chimpanzés.
77
1ÈRE PARTIE III-BIOLOGIE, ÉCOLOGIE ET PATHOLOGIE DES CHIMPANZÉS
On entend encore souvent que le propre de l’homme est l’utilisation d’outil ; or dès
1871, Darwin citait des observations décrivant l’utilisation d’outils en pierre par les
chimpanzés. Collaboration entre différents individus, chasse avec partage du butin,
fabrication et utilisation d’outils, ont longtemps été considérés comme typiques de l’humanité
mais sont aujourd’hui décrits chez les chimpanzés. Nos ancêtres communs avec le chimpanzé
ne remontent, semble-t-il, qu’à 6 millions d’années, et en tant que primates, nous partageons
plus de 50 millions d’années d’histoire commune. C’est pourquoi, une meilleure connaissance
du chimpanzé, outre son intérêt intrinsèque, peut permettre d’aider à la reconstitution de
l’histoire de l’homme (Joulian, 1995) et peut être à guider la recherche de composés à visées
thérapeutiques pour l’homme.
1- Premières classifications
C’est en septembre 1738 qu’est rapportée, pour la première fois, en Europe une
femelle chimpanzé qui sera présentée au public londonien. Cet animal venant de Guinée est
alors appelé quimpézé, mot issu d’une langue bantoue. En 1740, un mâle chimpanzé est
exhibé pour la première fois à Paris. Au cours du XVIIIème siècle, la dénomination de l’animal
évoluera jusqu’au terme chimpanzé (Ducros & Ducros, 2001).
En 1758, dans la dixième édition du Systema Natura, le suédois Charles Linné classe
l'Homme, les singes et les chiroptères dans le même ordre, celui des primates (Bariel, 1994).
L'audace de cette classification est considérée comme une atteinte à la dignité humaine.
78
1ÈRE PARTIE III-BIOLOGIE, ÉCOLOGIE ET PATHOLOGIE DES CHIMPANZÉS
En 1871, Darwin établit clairement les relations de parenté entre l'Homme et les
grands singes et retient même une origine africaine pour ces espèces.
En 1931, Simpson classe les humains et les grands singes dans la super famille des
Hominoïdés qui comprend la famille des Pongidés (chimpanzés, gorilles, orangs-outangs et
parfois gibbons et siamangs) et la famille des Hominidés dont l'Homme est le seul
représentant (dans Bariel, 1994).
Dans les années 1960, la séparation Homme / grands singes fut remise en cause suite
à divers travaux génétiques. Le haut degré d'identité révélé entre l'Homme et les grands singes
africains fut confirmé par des études variées : hybridation d'ADN, électrophorèse, tests
immunologiques, caryologie, comparaison de séquences protéiques ou nucléotidiques.
2.1 Classification
L'ordre des Primates comprend de 179 à 203 espèces selon les auteurs.
79
1ÈRE PARTIE III-BIOLOGIE, ÉCOLOGIE ET PATHOLOGIE DES CHIMPANZÉS
Nous utiliserons la classification proposée par Bariel (1994) pour décrire rapidement
la taxonomie des Primates.
80
1ÈRE PARTIE III-BIOLOGIE, ÉCOLOGIE ET PATHOLOGIE DES CHIMPANZÉS
La famille des Hylobatidés Blyth regroupe les gibbons (genre Hylobates, Illiger) et
les siamangs (genre Symphalangus, Gloger) qui vivent dans la partie du sud-ouest asiatique et
sur les îles de la plate-forme continentale de la Sonde. Ils utilisent un mode de locomotion
particulier, la brachiation (déplacement suspendu par les bras sous les branches) qui alterne
avec une locomotion bipède sur les branches. Ils possèdent des caractéristiques physiques
propres à ce déplacement. Le tronc est court avec un dos peu musclé, des bras longs et
souples et des jambes assez courtes. Le thorax est large et peu profond. Les espèces se
distinguent par les couleurs et les cris.
La famille des Pongidés Elliot comporte un seul genre, Pongo Lacépède qui ne
contient qu'une espèce Pongo pygmaeus Linné.
Les orangs-outangs survivent dans les forêts de Sumatra et les plaines de Bornéo (Fig. 47). Ils
sont brachiateurs et quadrumanes et sont principalement frugivores.
La famille des Hominidés Gray comporte trois genres : Pan, Gorilla, Homo.
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1ÈRE PARTIE III-BIOLOGIE, ÉCOLOGIE ET PATHOLOGIE DES CHIMPANZÉS
Le genre Gorilla Geoffrey Saint Hilaire ne comprend qu'une espèce, Gorilla gorilla
Savage et Wyman qu'on ne trouve qu'en Afrique centrale.
Les trois sous-espèces se répartissent dans les plaines de l'ouest pour G. g. gorilla
Savage et Wyman (Cameroun, Centrafrique, Gabon, bassin du Congo, Guinée), les régions
orientales pour le gorille des plaines orientales G. g. graueri Matschie et les zones
montagneuses de République Démocratique du Congo (ex Zaïre), au Rwanda et en Ouganda
pour le gorille des montagnes G. g. beringei Matschie. Les gorilles, et particulièrement les
gorilles des montagnes, passent beaucoup de temps au sol, se déplaçant par knuckle walking
en s’appuyant sur la face dorsale des doigts trois et quatre. La figure 48 présente la
distribution géographique de l'espèce.
Fig. 48 Répartition en Afrique des trois sous-espèces de Gorilla gorilla (Bariel, 1994).
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1ÈRE PARTIE III-BIOLOGIE, ÉCOLOGIE ET PATHOLOGIE DES CHIMPANZÉS
Le genre Homo Linné a pour seule espèce actuelle Homo sapiens Linné, mais
Wildman et al. (2003) proposent d’y placer les espèces du genre Pan.
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1ÈRE PARTIE III-BIOLOGIE, ÉCOLOGIE ET PATHOLOGIE DES CHIMPANZÉS
Ainsi, la classification des primates n'est encore qu'hypothétique et Senut (1998) souligne
qu’il serait plus logique et prudent de considérer une trichotomie (chimpanzé-gorille-
homme), tant qu’aucun meilleur argument que ceux proposés actuellement par les
nombreuses approches n’est apporté. Les recherches actuelles pour retracer l’évolution
humaine à partir des observations des grands singes modernes se basent aussi sur les
caractères éthologiques comme l’utilisation d'outils dans la recherche de nourriture, dans les
soins corporels, dans les agressions, les techniques de chasse, le comportement sexuel et les
différents types de locomotion (quadrupède ou bipède) afin de connaître plus précisément les
évolutions possibles de chacune des espèces.
Certains voient dans les stratégies alimentaires des grands singes les prémices d’une
histoire de l’utilisation de plantes médicinales.
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1ÈRE PARTIE III-BIOLOGIE, ÉCOLOGIE ET PATHOLOGIE DES CHIMPANZÉS
Fig 50 Les sites d’étude des chimpanzés sauvages (d’après Chimpanzee cultures, 1994)
cf p. 85
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1ÈRE PARTIE III-BIOLOGIE, ÉCOLOGIE ET PATHOLOGIE DES CHIMPANZÉS
C’est dans les années 1890, que pour la première fois, un occidental, R.L. Garner,
observe des chimpanzés dans la nature. Il construit une cage pour se protéger et passe même
du temps à essayer de leur apprendre à parler. Ce n’est que 40 ans plus tard que Henry Nissen
part en Guinée Française pour étudier les chimpanzés. Mais, se déplaçant avec de nombreux
porteurs pendant ses 4 mois de mission, il ne recueille que peu d’observations. En dehors de
ces informations et de celles rapportées par des voyageurs, voilà tout ce qui était connu des
chimpanzés jusqu’aux années 1960.
Les années 1960 voient l’apparition et la multiplication des recherches portant sur les
chimpanzés dans différents pays africains.
Adriaan Kortlandt et Jane Goodall partent étudier les chimpanzés, le premier au
Congo (actuelle République Démocratique du Congo), la seconde à Gombe, en Tanzanie, en
1960. Itani et Izawa avaient précédé ces études de brefs séjours d’observation de chimpanzés
en 1958 et poursuivront leurs travaux en Tanzanie en 1961. En 1965, Toshisada Nishida
commence ses observations à Mahale. En 1962, Vernon et Francesca Reynolds entreprennent
l’observation des chimpanzés en Ouganda, à Budongo où par la suite Sugiyama puis Suzuki
entreprendront leurs études. L’année suivante, Sabater-Pi étudie, en Guinée-Équatoriale,
l’utilisation d’outils (Goodall, 1994).
Au cours des années 1970, les sites d’étude se diversifient et les projets se
multiplient : au Cameroun, à Kibale en Ouganda, au Mont Assirik au Sénégal, dans la Forêt
de Taï en Côte d’Ivoire et à Bossou en Guinée.
Ces études ont fourni des données de long terme pour certains sites : Gombe, Mahale,
Bossou, Kibale et Taï ont apporté des années d’étude en continu sur des individus identifiés.
Fig. 50 Les sites d’étude des chimpanzés sauvages (d’après Chimpanzee cultures, 1994)
cf p. 85
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1ÈRE PARTIE III-BIOLOGIE, ÉCOLOGIE ET PATHOLOGIE DES CHIMPANZÉS
des informations sur l’écologie de cette espèce et de les comparer avec celle des animaux
sauvages (Hladik, 1977), mais là encore, si la réintroduction permet d’acquérir plus
rapidement des informations, le biais lié à la captivité et au contact avec l’humain doit
être pris en considération.
Les chimpanzés vivent principalement en forêt, mais ils peuvent aussi être observés
dans des environnements mixtes de savane et de forêt ou bien encore en savane sèche, si de
petites zones arborées sont susceptibles de fournir l’alimentation saisonnière.
Ils occupent des territoires dont la taille varie considérablement, en fonction du type de
milieu et de la taille de la communauté. Dans les zones forestières, la surface est comprise
entre 5 et 38 km2 (N = 8) alors que, lorsque la densité d’arbres est faible, le territoire occupe
au minimum 25 km2 et peut atteindre 560 km2 (N = 5) dans les zones arides où les
communautés migrent de façon saisonnière (Nishida & Hasegawa, 1987).
Les chimpanzés sont diurnes et leurs activités quotidiennes sont composées en grande
partie (46 à 60 %) de périodes d’alimentation. Bygott (1974) et Wrangham (1975) montrent
que les chimpanzés mâles adultes passent moins de temps à se nourrir lorsqu'ils se trouvent au
sein de grands groupes que lorsqu'ils sont solitaires ou accompagnés d'un ou deux congénères.
8 à 20 % du temps est occupé à se déplacer et 25 à 39 % du temps à se reposer et s’épouiller
(Wrangham, 1977). Les mâles parcourent souvent des distances quotidiennes plus longues
(Nishida, 1979 ; Wrangham & Smuts, 1980). À Gombe, les mâles adultes parcourent en
moyenne 4,1 km contre 2,8 km pour les femelles.
De multiples études sur le régime alimentaire des chimpanzés sauvages ont été menées
dans différents types d'habitats.
Les méthodes employées pour inventorier les aliments varient.
- certaines se basent sur l'observation des animaux (Wrangham, 1977),
- d'autres utilisent des indications indirectes comme l'analyse des fèces (Tutin &
Fernandez, 1993). En effet, dans les sites où les chimpanzés sauvages n'ont pas été
"habitués" à l'Homme, ils restent discrets et les simples observations seraient
insuffisantes.
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1ÈRE PARTIE III-BIOLOGIE, ÉCOLOGIE ET PATHOLOGIE DES CHIMPANZÉS
En forêt tropicale
À La Lopé au Gabon, à Mahale en Tanzanie, à Bossou, en Guinée ou encore à
Kahuzi-Biega en République Démocratique du Congo, les chimpanzés vivent en forêt
tropicale où la diversité floristique est grande.
Tutin et Fernandez (1993) ont pu dénombrer, au cours de huit années d'études, 161
items d'aliments végétaux mangés par les chimpanzés au Gabon, appartenant à au moins 134
espèces. Sept ans d'études sur le régime alimentaire des chimpanzés de Mahale en Tanzanie
ont permis à Nishida (1974) de déterminer 205 aliments. Neuf ans après, 123 aliments
supplémentaires ont été dénombrés (Nishida & Uehara, 1983 ; Nishida et al., 1983).
Sugiyama et Koman à Bossou, en Guinée, ont réalisé l'identification de 205 items
alimentaires appartenant à 156 espèces végétales (1987). Six années d’études menées dans le
Parc National de Kahuzi-Biega en République Démocratique du Congo ont permis
d’inventorier le régime alimentaire des chimpanzés. 156 items provenant de plantes ont été
identifiés appartenant à 114 espèces végétales, parmi lesquelles 66 espèces de fruits
(Basabose, 2002).
En savane
Au Mont Assirik, au Sénégal, les études de Mc Grew et al. (1988), portant sur des
chimpanzés dont l'habitat est la savane, ont montré une quantité d'items alimentaires bien
moins forte, bien que l'étude ait duré près de 4 ans, impliquant jusqu'à cinq personnes à la
fois. Seulement 43 espèces, correspondant à 60 aliments, ont été déterminées comme
appartenant au régime alimentaire des chimpanzés. Les auteurs ont remarqué que 41 espèces
végétales ont été trouvées pendant les 5/8ème de l'étude et que, pendant les derniers 3/8ème,
seulement deux espèces ont été dénombrées. Mc Grew et al. (1988) relient ceci à la faible
diversité de la flore de savane en comparaison de celle de la forêt.
Les études de long terme sur des animaux sauvages, où jusqu’à 300 aliments ont été
dénombrés, soulignent la grande diversité du régime alimentaire des chimpanzés. Ceci
permet d’envisager que les survenues de consommation des différents items varient fortement.
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1ÈRE PARTIE III-BIOLOGIE, ÉCOLOGIE ET PATHOLOGIE DES CHIMPANZÉS
Tableau II. Nombre d'espèces et d'items alimentaires consommés par les chimpanzés
de différents sites africains (Didier, 1998).
1 : d'après Sugiyama & Koman (1987) ; 2 : d'après Nishida & Uehara (1983) ; 3 : d'après Mc Grew et al. (1988) ;
4 : d'après Tutin & Fernandez (1993).
* F : feuilles ; Bg : bourgeons ; T : tiges ; Fr : fruits ; Gr : graines ; Fl : fleurs ; E : écorce ; S : sève ; Tb :
tubercule ; B : bois ; Nx : noix.
Partie
consommée*
F Bg T Fr Gr Fl E S Tb B Total
Nombre
d'espèces
Bossou, Total 44 5 25 101 +Nx 7 13 2 4 3 1 205
Guinée1 % 36,1 49,2 3,4 6,3 5,9
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1ÈRE PARTIE III-BIOLOGIE, ÉCOLOGIE ET PATHOLOGIE DES CHIMPANZÉS
Les parties végétatives des plantes constituent aussi une part importante de
l’alimentation variant entre 10% des items végétaux consommés au Mont Assirik (Mc Grew
et al., 1988) et 25% à Gombe (Wrangham, 1975). L'identification des feuilles et des tiges est
conditionnée par la méthode d'étude. L'analyse des fèces ne permet pas d'identifier l'espèce ;
aussi, dans les études où l'observation est difficile, les données sur ce composant du régime
alimentaire sont probablement incomplètes (Tutin & Fernandez, 1993).
Consommation d’insectes
Dans la majorité des sites, les chimpanzés consomment des insectes en utilisant des
outils et chassent des vertébrés. Cependant, certaines communautés géographiquement
proches ont des habitudes différentes : en Ouganda, les chimpanzés de Kanyawara à Kibale
ne consomment pas d’insectes alors que ceux de Sonso, à Budongo, consomment des termites
(Cubitermes speciosus) (Newton-Fisher, 1999).
La fréquence de consommation des insectes varie, aussi, fortement selon les sites.
À la Lopé, des restes d'insectes sont retrouvés dans 31% des échantillons de fèces et les
chimpanzés mangent au moins 5 espèces de fourmis et le miel de trois espèces d'abeilles
(Tutin & Fernandez, 1992). À Kahuzi-Biega, les restes de 5 espèces d’insectes (Apis
mellifera, Meliplebeia tanganykae, deux espèces du genre Crematogaster et une espèce non
identifiée) ont été trouvées dans 4% des 7212 selles de chimpanzés récoltées (Basabose,
2002). Il semble qu'en Guinée, la consommation d'insectes soit rare, car sur 300 fèces
examinées, aucun fragment animal n'a été trouvé. Seulement 11 observations de chimpanzés
mangeant de la nourriture d'origine animale - dont 7 concernent des vertébrés – sont
rapportées sur 1200h d'observation (Sugiyama & Koman, 1987).
Consommation de vertébrés
Dans la majorité des sites, les proies sont le plus souvent des primates : des prosimiens
nocturnes au Mont Assirik (Mc Grew et al., 1988), des colobes à La Lopé où des restes de
mammifères sont retrouvés dans 1,7% des fèces (Tutin & Fernandez, 1993), trois espèces de
singes à Budongo (Colobus guereza, cercopithecus ascanius et C.mitis) (Newton-Fisher,
1999), deux espèces de cercopithèques (C.mitis et C. l’hoesti) à Kahuzi-Biega (Basabose,
2002). Mais d’autres vertébrés sont aussi consommés : des écureuils géants (Protoxerus
stangeri) dans le dernier site et en Guinée, un poisson, une chouette (Ciccaba woodfodi) et, à
5 reprises, un pangolin (Manis tricuspis) (Sugiyama & Koman, 1987).
Le temps passé à consommer les différentes catégories d’aliments varie selon les
communautés mais aussi, dans un même site, selon la période d’observation.
À Gombe, les résultats des observations des années 1978 et 1979 montrent que les
fruits sont toujours plus consommés que les autres parties de plantes : leur consommation peut
occuper près de 80% du temps (février 1979) ou seulement un peu plus de 40% en avril 78 et
79. La consommation de feuilles est souvent relativement forte, atteignant plus de 45% du
temps en juillet 1979 (Goodall, 1986). Selon l’étude de Wrangham (1977), les chimpanzés de
Kasakela, Gombe, passent 63% du temps d’alimentation à manger des fruits et 19% des
feuilles.
90
1ÈRE PARTIE III-BIOLOGIE, ÉCOLOGIE ET PATHOLOGIE DES CHIMPANZÉS
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1ÈRE PARTIE III-BIOLOGIE, ÉCOLOGIE ET PATHOLOGIE DES CHIMPANZÉS
À Kibale, en Ouganda, le temps passé à consommer des fruits varie selon les études :
Isabirye-Basuta (1989) rapporte que les chimpanzés mangent des fruits pendant 61,3% de leur
temps d'alimentation, mais plusieurs études montrent que plus de temps est généralement
consacré à cette catégorie d’aliment. Wrangham et al. (1992) voient les membres de la même
communauté manger des fruits pendant 71,7% du temps consacré à l'alimentation.Chapman et
al. (1994), estiment que les fruits sont mangés pendant 82,1% du temps d'alimentation, alors
que la consommation des feuilles est bien plus faible qu'à Gombe, n'atteignant que 8%. La
consommation de la végétation herbacée terrestre occupe 11,7% du temps d'alimentation.
Dans une étude portant sur les années 1991 à 1993, les chimpanzés de Kanyawara ont mangé
des fruits en moyenne pendant 79% de leur temps d’alimentation, des feuilles d’arbres
pendant 2,6% et de la végétation terrestre herbacée (VTH) pendant 16,9% du temps
(Wrangham et al., 1996).
Après près de 40 années d’étude de terrain sur les chimpanzés, les notions d’utilisation
d’outils et de culture chez les chimpanzés restent des sujets largement débattus. En 1994,
Wrangham, Mc Grew, deWaal, et Heltne éditent un ouvrage intitulé « Chimpanzee cultures ».
Alors qu’en 1994, Mc Grew relevait que certaines populations n’avaient encore jamais
montré d’indices d’utilisation d’outils, Boesh (2001) affirme que toutes les populations ont
désormais été vues en train d’utiliser des outils de façon spontanée, tant en savane qu’en
milieu forestier. Les types d’outils utilisés, les moyens de les fabriquer et de les utiliser, ainsi
que l’objectif de leur utilisation sont cependant très variés selon les communautés. Au sein
d’une même population, on observe aussi des différences individuelles. La pression
environnementale est un des facteurs pouvant expliquer les différences observées, mais la
notion de tradition et de culture est aussi sous-jacente à cette question.
Ce point est particulièrement intéressant, car on note aussi que des espèces de plantes
présentes dans deux sites voisins ne sont pas toujours consommées par les deux
communautés. L’influence de « culture » a alors été évoquée.
92
1ÈRE PARTIE III-BIOLOGIE, ÉCOLOGIE ET PATHOLOGIE DES CHIMPANZÉS
Struhsaker & Hunkeler (1971) ont été les premiers à mettre en cause une différence régionale.
Mais l'hypothèse est relancée par Mc Grew (1992). Il teste 10 hypothèses afin de déterminer
ce qui peut expliquer de telles différences.
Les résultats montrent que ce n'est pas l'environnement (absence de noix ou de pierres
servant de marteaux ou d’enclume), mais une sorte de culture qui est en cause.
A Gombe, la pêche aux termites Macrotermes est une activité courante, au cours de
laquelle les chimpanzés utilisent une fine brindille qu'ils introduisent avec précaution dans
une des galeries du nid de termites qu'ils ont ouvert auparavant. Ils font vibrer la brindille ce
qui amène les termites soldats à venir défendre l'entrée en s'y agrippant. Lorsque les termites
montent à environ 30 cm de hauteur sur la baguette, ils la sortent de la termitière, l'entourent
de leurs doigts et passent la brindille au travers, récupérant ainsi sur la tranche de leurs mains
les termites (Goodall, 1991).
A Taï, les Macrotermes n'existent pas, mais les branches sont utilisées pour attraper
les fourmis, jamais les autres termites.
Ces études montrent la capacité des chimpanzés à apporter des solutions dans leurs
problèmes de recherche de nourriture. Grâce à l'utilisation d'outils, ils consomment des
aliments plus variés et, du point de vue nutritif, complémentaires qui leur seraient
inaccessibles sans leur ingéniosité, les fourmis étant notamment une source importante
d’acides aminés (Hladik & Viroben, 1974). Cependant, différentes techniques dans la
fabrication et l’utilisation des outils sont développées selon les sites. Pour les Boesch (1991),
cette différence de méthodes pour attraper la même espèce de fourmi ne peut avoir une
explication environnementale. Ils pensent qu'il s'agit bien d'une différence culturelle.
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1ÈRE PARTIE III-BIOLOGIE, ÉCOLOGIE ET PATHOLOGIE DES CHIMPANZÉS
Les rapports sociaux sont entretenus par l’épouillage ou grooming, qui, en plus de sa
fonction de nettoyage du pelage, sert à apaiser les tensions sociales et à entretenir des liens
affectifs. Le jeu permet d’enseigner les règles de la vie au jeune, les rapports de force, les
contacts avec des individus autres que sa mère, mais aussi les déplacements rapides dans les
arbres. Les vocalisations interviennent aussi beaucoup dans les rapports sociaux lors de
rencontres entre groupes et dans les affrontements de dominance.
Les conflits sont souvent spectaculaires : les cris sont abondants et les manœuvres de
charge et d’intimidation impliquant souvent des branchages traînés derrière eux sont pratiqués
par des animaux hérissés dont le volume double. Mais les attaques physiques entraînant des
blessures sont rares. Après de telles démonstrations d'agressivité, des réconciliations se
traduisant par des contacts corporels interviennent le plus souvent et confirment les relations
de dominance. Deux fois, en Tanzanie, des conflits entre mâles de communautés voisines se
sont soldés par la mort de tous les mâles membres de la communauté attaquée. Après
l'extinction des mâles de la communauté, deux mâles juvéniles ont suivi leur mère dans une
autre communauté et ont été acceptés.
La seule unité stable chez les chimpanzés est une mère accompagnée de ses enfants.
Les développements - physique et social - du jeune dépendent fortement du comportement de
la mère, et cela pendant une longue période puisque Goodall (1991) estime que le sevrage
véritable (autosuffisance alimentaire) n’est atteint que vers 5 ans. Le jeune commence à se
déplacer seul vers 6 ans et l’indépendance ne s’acquiert qu’à l’adolescence. Si un jeune perd
sa mère avant 5 ans, il ne survivra que s’il est adopté par un frère ou une sœur aînée.
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1ÈRE PARTIE III-BIOLOGIE, ÉCOLOGIE ET PATHOLOGIE DES CHIMPANZÉS
Le chimpanzé arrive à maturité sexuelle vers l’âge de 12 ans pour les femelles et de 14
ans pour les mâles. Le taux de reproduction est faible car, en général, six ans s’écoulent entre
deux naissances. Près de 40 % des jeunes meurent avant 5 ans, en particulier lors de chute
d’arbre ou de maladies, respiratoires notamment.
Les femelles résidentes ont généralement peu d’interactions avec les nouvelles
immigrantes. Les femelles sans parenté ne manifestent entre elles que peu d’interactions
sociales. Il a, par contre, été observé que les femelles en lactation se déplacent souvent avec
des nullipares qui interagissent avec leurs enfants (Nishida, 1983a). Les femelles âgées sont
généralement dominantes par rapport aux plus jeunes et les nouvelles immigrantes ont le rang
social le plus bas. Les relations mère-enfant durent de longues années après le sevrage.
Les jeunes mâles continuent à se déplacer avec leur mère jusqu’à l’adolescence, tout
en passant de plus en plus de temps avec les mâles. En atteignant leur taille adulte, ils
deviennent dominants sur toutes les femelles et s’intègrent dans la hiérarchie des mâles.
Néanmoins, il n’est pas rare que les fils rejoignent occasionnellement leur mère, entretiennent
des relations sociales particulières, se livrant à de longues périodes d’épouillage. Les
associations mère-fille sont plus rares, puisque les adolescentes tendent à émigrer. Cependant,
si la jeune femelle reste dans sa communauté de naissance, mère et fille s’associent pendant
les périodes d’anœstrus et rejoignent les mâles en période d’œstrus.
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1ÈRE PARTIE III-BIOLOGIE, ÉCOLOGIE ET PATHOLOGIE DES CHIMPANZÉS
Chez les chimpanzés, les interactions entre mâles sont plus fréquentes qu’avec les
femelles. Généralement, les mâles ne changent pas de groupe. Les mâles chimpanzés passent
beaucoup de temps en association. Le grooming entre mâles adultes à Mahale est 4 fois plus
fréquent que chez les femelles (Nishida, 1979, Goodall, 1986). Les manifestations de type
« étreinte » sont 20 fois plus fréquentes chez les mâles (Nishida & Hiraiwa-Hasegawa, 1987).
Le partage de la viande se fait aussi beaucoup plus souvent entre mâles (Teleki, 1973).
Malgré la tolérance observée entre mâles, par exemple, pour l’accès aux femelles en oestrus,
la préocupation majeure des mâles semble être néanmoins le maintien ou l’amélioration de
leur statut social et leurs relations sont donc dominées par une intense compétition.
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1ÈRE PARTIE III-BIOLOGIE, ÉCOLOGIE ET PATHOLOGIE DES CHIMPANZÉS
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1ÈRE PARTIE III-BIOLOGIE, ÉCOLOGIE ET PATHOLOGIE DES CHIMPANZÉS
Malgré la tension observée entre les mâles, les chimpanzés restent très sociables même
envers leurs rivaux. Wrangham (1979) suggère que chaque mâle tire bénéfice de cette
association en permettant la défense du territoire de la communauté envers les attaques des
mâles des communautés voisines. Les interactions entre communautés sont probablement un
facteur de maintien des liens entre les mâles. Lorsque la compétition entre mâles devient trop
forte, il arrive qu’une communauté se scinde : à Gombe, une fission s’est produite alors que la
communauté comptait 15 mâles. Une compétition trop forte et un territoire trop grand à
défendre, peuvent expliquer le partage de la communauté entre deux alpha-mâles.
Ces données sur l’organisation sociale des groupes de chimpanzés sont importantes à
connaître pour envisager la façon dont l’utilisation éventuelle de plantes à activité biologique
peut se transmettre entre individus d’une même communauté et se propager à d’autres
communautés. La proximité mère-jeune et la durée de cette relation étroite favorisent
l’apprentissage. Parmi les adultes, l’imitation est un moyen d’apprentissage. Les enfants
mâles et les mères perpétuent ces comportements au sein d’une communauté donnée, alors
que les jeunes femelles qui émigrent apportent à une communauté voisine des pratiques
parfois différentes, qui seront reproduites par leur future progéniture.
98
1ÈRE PARTIE III-BIOLOGIE, ÉCOLOGIE ET PATHOLOGIE DES CHIMPANZÉS
Les Grands Singes, par leur proximité taxonomique et anatomique avec les humains,
développent aussi des maladies relativement semblables. La plupart des données médicales -
en dehors des études coprologiques - proviennent d’animaux vivant en parc zoologique et
sont donc biaisées par la captivité : la vie sédentaire, le régime alimentaire, les contacts
rapprochés avec les congénères, ou au contraire la vie solitaire ainsi que les traitements
vétérinaires sont autant de facteurs susceptibles d’influer sur la santé des animaux.
Néanmoins, par un rapide inventaire des maladies que peuvent développer les
chimpanzés, il est possible d’envisager quelles pathologies les animaux sauvages sont
susceptibles de rencontrer et d’avoir à combattre, éventuellement par des comportements
d’automédication. Par ailleurs, le choix des cibles biologiques est guidé par la proximité des
affections des humains et des chimpanzés.
1- Affections bactériennes
1.1 Affections digestives d’origine bactérienne
Les bactéries responsables des infections digestives sont essentiellement Shigella spp.,
Salmonella spp., Campylobacter jejuni, Yersinia enterocolita, E. coli entérotoxigène,
Pseudomonas spp. et Aerobacter spp.. Les primates en sont fréquemment porteurs
intermittents et asymptomatiques (Luciani, 1998). Les troubles majeurs engendrés sont liés à
une entérite aiguë accompagnée de diarrhée profuse avec selles aqueuses ou mucoïdes et
méléna. Un état de prostration et une déshydratation sont constants.
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1ÈRE PARTIE III-BIOLOGIE, ÉCOLOGIE ET PATHOLOGIE DES CHIMPANZÉS
Les germes en cause dans les infections respiratoires sont Pasteurella, Streptococcus,
Klebsiella pneumoniae, Bordetella bronchiseptica, Haemophilus influenza, Staphylococcus...
Les signes cliniques peuvent varier d’une toux persistante à une dyspnée sévère,
accompagnées d’éternuements et d’écoulements nasaux (jetage) muqueux et muco-purulents.
Il y a souvent atteinte de l’état général et anorexie (Luciani, 1998).
1.2.1 La tuberculose
La transmission des mycobactéries est rare en milieu naturel, elle se produit par voie
orale. Mycobacterium tuberculosis et M. bovis sont acquises par l’intermédiaire des humains
et des ruminants (Baskin, 2002). La maladie peut être multi-symptomatique même si les
formes respiratoires et digestives sont les plus fréquentes. Un bilan sanitaire établi par
l’Office International des Épizooties fait état d’une recrudescence de la tuberculose dans l’est
Africain depuis 1996. Les babouins en sont victimes et une surveillance particulière a été
recommandée en Ouganda, Tanzanie et Kenya (Luciani, 1998). En 1997, une forme
fulminante se serait déclarée, autodétruisant les bandes infectées.
1.3.1 La lèpre
Des infections naturelles à Mycobacterium leprae ont été décrites pour les
chimpanzés. Les lésions, papules puis ulcères, sont principalement observées sur la peau et au
niveau des nerfs périphériques, particulièrement aux extrémités et dans les zones les plus
froides (oreilles, scrotum). Elles se compliquent souvent par des déformations et des
paralysies des mains et des pieds (Baskin, 2002).
Les bactéries du genre Treponema peuvent provoquer des ulcères de la face et des
gencives entraînant des déformations faciales ainsi que des dyschromies (Vandermeersch,
1990).
Staphylococcus aureus est porté de façon asymptomatique dans la zone oro-nasale
mais peut, à l’occasion de blessures par exemple, infecter la peau et envahir le sang (Baskin,
2002).
100
1ÈRE PARTIE III-BIOLOGIE, ÉCOLOGIE ET PATHOLOGIE DES CHIMPANZÉS
2- Infections virales
2.1 Affections digestives d’origine virale
Des infections naturelles à herpes virus simplex de type 2 (HSV-2) ont été décrites,
entraînant des ulcères des muqueuses et cutanés, de la conjonctivite (Jansen, 1993 ; Baskin,
2002).
Le poxvirus du Molluscum contagiosum induit chez les chimpanzés des papules lisses,
hémisphériques et cireuses, disséminées sur l’ensemble du corps et plus particulièrement en
zone périorbitaire (Baskin, 2002). Plusieurs anthropozoonoses sont susceptibles d’affecter le
chimpanzé, en particulier le pseudomyxovirus de la rougeole et le togavirus de la rubéole. Ils
peuvent aussi contracter le poxvirus de la variole du singe qui se traduit par un exanthème
vésiculeux, du prurit et un oedème facial accompagné de fièvre, de jetage et de toux
(Vandermeersch, 1990).
101
1ÈRE PARTIE III-BIOLOGIE, ÉCOLOGIE ET PATHOLOGIE DES CHIMPANZÉS
Des preuves de l’infection par le SIV (Simian Immunodeficiency Virus) ont été
rapportées pour 26 espèces de primates africains non humains (Hahn et al., 2000). Le SIV
atteint spontanément les chimpanzés en milieu naturel (Santiago et al., 2002, Baskin, 2002).
Deux sous-espèces de chimpanzés communs, Pan troglodytes troglodytes et Pan troglodytes
schweinfurthii, sont porteuses d’une souche de SIV, appelée SIVcpz. P. t. troglodytes est
porteur d’une souche proche du VIH-1 de l’homme (Hahn et al., 2000) alors que le SIVcpz
détecté chez un chimpanzé sauvage de Gombe est très différent, permettant de conclure que la
sous-espèce P. t. schweinfurthii n’est probablement pas une source de zoonose pour l’homme
(Santiago et al., 2002). En effet, jusqu’alors les souches avaient été isolées d’animaux captifs,
mais une étude récente a permis de tester par des méthodes non-invasives (analyses d’urine et
de selles) le statut de 58 chimpanzés sauvages (28 P. t. verus de Taï, 26 P. t. schweinfurthii de
Kibale et 6 P. t. schweinfurthii de Gombe). Par contre, l’étude de Hahn et al. (2000), montre
que l’origine du SIDA chez l’homme tient probablement à la transmission de virus de
chimpanzés du centre ouest Africain (P. t. troglodytes ) pour le cas du VIH-1 et de mangabeys
dans le cas de VIH-2.
Les hommes ne sont pas les hôtes naturels des VIH-1 et 2. L’ancêtre commun des
souches VIH-1 et SIVcpz - et donc l’origine de la transmission à l’homme - se situerait vers
1930. Les pratiques de chasse et de consommation de viande crue de chimpanzés auraient
permis la transmission du virus. La propagation chez l’homme aurait été favorisée par
l’urbanisation, la prostitution et probablement la vaccination à l’aide d’aiguilles non stériles
qui, en induisant un passage rapide, en série, du virus entre les hommes aurait permis
l’adaptation rapide du virus (Hahn et al., 2000).
102
1ÈRE PARTIE III-BIOLOGIE, ÉCOLOGIE ET PATHOLOGIE DES CHIMPANZÉS
Guenno et al., 1999). D’autres cas de contamination humaine par les chimpanzés ont été
rapportés : en particulier, en 1996, à deux reprises, un chimpanzé trouvé mort dans la forêt a
été consommé par des villageois. Dans le premier cas, 19 personnes ayant participé à la
découpe de l’animal ont contracté la maladie, 31 personnes au total ont été infectés et 21
d’entre elles sont mortes. Dans le second cas, 60 personnes ont été contaminées et 45 sont
mortes.
Les primates ne semblent pas être le réservoir naturel de ces virus, mais des hôtes
accidentels.
Les Anthropoïdes sont fortement exposés aux parasites et, en milieu sauvage, les
parasitoses intestinales sont les plus aisément identifiables car elles peuvent être étudiées sans
avoir recours à des méthodes invasives. De tels travaux permettent un suivi individuel de
l’état sanitaire des animaux. La majeure partie de ces affections sont peu ou non pathogènes
mais néanmoins, elles peuvent produire des lésions, débilitantes à long terme, ou favoriser
l’émergence d’infections secondaires plus sérieuses. Par ailleurs, une prolifération des
parasites peut signer une infection sous-jacente qui affaiblit les défenses immunitaires et
favorise l’expansion des parasites.
Des parasites de la famille des Plasmodiidae du genre Plasmodium peuvent infecter les
anthropoïdes sauvages. Ils sont différents de ceux qui atteignent les singes et ne peuvent, par
contre, que difficilement être distingués morphologiquement des parasites humains. Des
infections croisées entre humains et anthropoïdes ont d’ailleurs été rapportées (Toft, 1986).
Les ancêtres des parasites actuels, responsables du paludisme chez les primates, sont
probablement des hépatocystes, parasites ubiquistes des singes et des anthropoïdes africains
(Cogswell, 2000). Ce sont des parasites bien adaptés, provoquant des maladies bénignes et
produisant des gamétocytes seulement dans la circulation.
Chez son hôte naturel, Plasmodium n’entraîne pas de symptômes sévères, même s’il
peut engendrer une légère anémie. Par contre, chez des hôtes aberrants, les parasites
occasionnent une maladie sévère et débilitante conduisant souvent à la mort.
Les signes cliniques qui peuvent néanmoins se manifester en particulier chez des
animaux déjà affaiblis, jeunes ou immunodéficients, consistent en une hépatosplénomégalie,
de la fièvre et un abattement, de l’anorexie et une perte de poids, une diarrhée parfois. Une
thrombocytopénie, une leucopénie, une anémie progressive et une réticulocytose ont été
rapportées. La fièvre qui accompagne la rupture des érythrocytes parasités et le relargage de
métabolites toxiques dans le sang est souvent moins sévère chez les primates non humains que
chez les humains. Elle peut se produire à intervalles de temps réguliers -24, 48 ou 72 h-,
caractérisant ainsi l’espèce de Plasmodium infectante. En principe, l’hôte naturel de l’espèce
de Plasmodium est asymptomatique. Il peut exister des dépôts d’hémozoïne (pigment
103
1ÈRE PARTIE III-BIOLOGIE, ÉCOLOGIE ET PATHOLOGIE DES CHIMPANZÉS
P. rhodaini
Ce parasite est présent en Afrique Centrale et de l’Ouest où il peut provoquer une
fièvre quarte chez ses hôtes naturels (chimpanzés et gorilles).
On n’observe pas de différence morphologique entre P. rhodaini des Anthropoïdes et
P. malariae des humains. L’infection est d’ailleurs facilement transmissible des hommes aux
singes et inversement.
P. reichenowi
Cette espèce moyennement pathogène est présente en Afrique de l’Ouest, de l’Est et
Centrale. Ses hôtes naturels non humains sont les gorilles et les chimpanzés, espèces chez
lesquelles elle cause une fièvre quarte. Cette espèce est très similaire à P. falciparum des
humains, avec des gamétocytes en forme de croissant et, généralement, seules les formes en
anneau et les gamétocytes apparaissent dans la circulation périphérique (Cogswell, 2000). Il
ne semble pourtant pas que l’homme soit sensible à P. reichenowi.
P. schwetzi
Ce parasite, moyennement pathogène, touche ses hôtes naturels, chimpanzés et
gorilles, en Afrique de l’Ouest. Il provoque une fièvre tierce chez ces espèces. Il est très
similaire à P. vivax et l’infection a été transmise de chimpanzé à humain via les moustiques.
La maladie chez l’homme entraîne une période fébrile suivie d’une guérison spontanée. Chez
les hôtes naturels, la maladie est souvent sub-clinique. Le parasite a un cycle asexué de 48h
chez le chimpanzé (Cogswell, 2000). Aucun signe clinique n’est généralement détecté, même
chez les jeunes chimpanzés. L’infection est souvent mixte, associant P. schwetzi et P.
reichenowi.
104
1ÈRE PARTIE III-BIOLOGIE, ÉCOLOGIE ET PATHOLOGIE DES CHIMPANZÉS
Amibes
Deux formes de trophozoïtes d’Entamoeba histolytica sont décrites : une grande forme
mesurant de 20 à 30 µm, pathogène, alors que la plus petite forme, mesurant de 12 à 15 µm
n’est pas pathogène (Toft, 1986). Seuls les organismes pathogènes ingèrent les érythrocytes.
Les kystes mesurent 10 à 20 µm de diamètre et contiennent quatre nuclei.
Des amibiases fatales avec abcès hépatiques ont été rapportées chez le chimpanzé
(Swenson, 1993) : en effet, les trophozoïtes peuvent entrer dans les canaux lymphatiques et
les veinules de la vascularisation mésentérique. La plupart sont drainés par les nœuds
lymphatiques régionaux. Certains peuvent se propager à distance et produire des abcès
amibiens particulièrement dans le foie, les poumons et le système nerveux central.
Les études portant sur les selles de chimpanzés rapportent la présence de Entamoeba
coli, E. chattoni, E. hartmanni, Endolimax sp. et Iodamoeba sp. Les prévalences de
Entamoeba chattoni et Iodamoeba sp. sont relativement fortes dans l’étude d’Ashford et al.
(2000) – respectivement 40 et 47%.
Giardia sp.
Le caractère pathogène de cette infection entérique est discuté chez les Grands Singes,
mais Giardia duodenalis a pu être trouvée associée à une diarrhée aqueuse chez des
chimpanzés, dont aucune autre cause n’avait été mise en évidence (Swenson, 1993).
Dans l’étude menée à Kibale, Ashford et al. (2000) ont trouvé des kystes de Giardia
dans 6 échantillons : ces auteurs supposent que cette infection peut être due à une
contamination des chimpanzés par des fèces humaines.
Balantidia sp.
Balantidium coli est un protozoaire cilié très souvent identifié chez les Grands Singes
en captivité. Il se localise dans le cæcum et le colon des animaux (Flynn, 1973 ; Swenson,
1993). Il n’est habituellement pas pathogène, mais peut occasionner une forte diarrhée
aqueuse, voire des dysenteries sévères chez les Anthropoïdes caractérisées par une entéro-
colite ulcéreuse en cas de lésions bactériennes ou virales pré-existantes. Occasionnellement, il
peut être la cause directe des symptômes chez les chimpanzés et les gorilles. Les ulcères
peuvent s’étendre à la partie musculaire de la muqueuse et provoquer une infiltration
105
1ÈRE PARTIE III-BIOLOGIE, ÉCOLOGIE ET PATHOLOGIE DES CHIMPANZÉS
Ashford et al. (2000) notent néanmoins que, bien que B. coli soit abondant chez les
babouins sympatriques (Papio spp.) à Kibale, leur étude portant sur 123 échantillons ne leur a
pas permis de l’identifier dans les selles de chimpanzés.
Troglodytella abrassarti
Ce Cilié ellipsoïdal est aplati et mesure de 145 à 175 µm de long par 85 à 126 µm de
large (Flynn, 1973). Il possède trois régions de membranelles ou cirres (Fig. 52), arrangées en
cercles incomplets donnant l’impression d’une spirale incomplète entourant l’organisme et
l’ouverture orale s’ouvre apicalement. Le cytostome est enfoui dans un profond vestibule,
surmonté d’une bande de cirres rétractiles. On observe des plaques squelettales dans la région
antérieure. Le macronucleus est en forme de L et environ 8 vacuoles contractiles sont
parallèles aux bandes de cirres.
Il est généralement non pathogène et un rôle commensal est supposé pour ce genre,
qui aiderait la digestion de la cellulose (Collet et al., 1984).
106
1ÈRE PARTIE III-BIOLOGIE, ÉCOLOGIE ET PATHOLOGIE DES CHIMPANZÉS
99% des selles de bonobos étudiées par Hagesawa et al. (1983) contenaient des
Troglodytella sp. Toutes les études portant sur les selles de chimpanzés ne mentionnent pas la
présence de ces Ciliés (Kawabata & Nishida, 1991). Dans les autres analyses de fèces, la
prévalence est très variable entre 12% (Huffman & Gottoh dans Ashford et al. , 2000) et 91%
(Ashford et al., 2000).
3.2.2 Helminthes
Trématodes
Les œufs de trématodes sont assez rarement observés dans les selles de grands singes
vivant en milieu naturel. Quelques fèces contiennent des Dicrocoelium sp.. Cette douve du
foie possède deux hôtes intermédiaires : des escargots et des fourmis (cf. annexe 3). Toutes
les communautés de chimpanzés ne consomment pas de fourmis, ce qui peut en partie
expliquer les différences d’infestation par ces parasites.
Les œufs sont décrits par Hagesawa et al. (1983) comme elliptiques, brun foncé,
operculés, et mesurent 38-50 x 21-26 µm.
Des œufs du genre Dicrocoelium ont une faible occurence dans les fèces de
chimpanzés : 3% des 66 selles de chimpanzés de l’étude de Landsoud-Soukate et al. (1995),
1% des 161 échantillons étudiés en 1989-1990 par Huffman et Gotoh (Ashford et al., 2000).
Par contre, 45% des fèces de bonobos étudiés par Hagesawa et al. (1983) en contenaient alors
que les individus de cette communauté de bonobos n’ont pas l’habitude de consommer ces
insectes. Les auteurs suggèrent que la contamination de la nourriture par ces insectes pourrait
expliquer la présence de ces parasites dans les fèces.
Cestodes
Des œufs, ovoïdes et transparents mesurant 45 µm à 55 µm, à coque claire, épaisse et
lisse possèdent 6 crochets groupés en 3 paires, dispersés dans la masse embryonnaire de
Bertiella sont observés dans les selles de chimpanzés. Bertiella possède un embryophore
piriforme caractéristique des Anoplocéphalidés (Euzeby, 1981a).
107
1ÈRE PARTIE III-BIOLOGIE, ÉCOLOGIE ET PATHOLOGIE DES CHIMPANZÉS
L’infestation des chimpanzés par Bertiella studeri est cependant occasionnelle. Des
segments ou proglottis de ces vers adultes sont éliminés dans les selles et peuvent être
observés macroscopiquement (Wrangham, 1995). Mobiles, mesurant 10-15 mm sur 2-4 mm,
ils sont trouvés à la surface des selles des chimpanzés. Durant une étude menée sur les
relations entre l’expulsion des segments de Bertiella studeri et la consommation de feuilles
entières à Kibale, 5,2% des 271 fèces collectées contenaient des proglottis. Ces Cestodes ont
été identifiés dans 1,6% des 123 selles de l’étude de Ashford et al. (2000) et dans 0,7% de
153 selles des chimpanzés de Mahale en Tanzanie (Kawabata & Nishida, 1991). Il est
probable qu’un insecte est l’hôte intermédiaire de ce parasite, ce qui peut aussi expliquer la
rareté de cette infection très peu détectée dans les études coprologiques de chimpanzés.
Nématodes
• Probstmayria sp.
Le genre Probstmayria forme un groupe archaïque et spécialisé : les femelles,
vivipares, pondent dans l’intestin de l’hôte des L3 dont la croissance s’effectue chez l’hôte
sans passage par l’extérieur. Ces espèces possèdent une poeciandrie : les mâles sont rares ou
très rares (Van Waerebeke et al., 1988). Deux espèces ont été décrites chez le chimpanzé : P.
gombensis, (File, 1976) et P. inversa sp. qui se distingue de la première par la petite taille de
son pharynx (19 µm).
Les œufs sont pondus au stade 16 à 32 cellules. Dans les selles, ils se développent
rapidement en larves rhabditoïdes L1 (en 24 h dans les conditions optimales), puis en L2.
108
1ÈRE PARTIE III-BIOLOGIE, ÉCOLOGIE ET PATHOLOGIE DES CHIMPANZÉS
Dans les différentes études, on trouve de 18 (Huffman & Gottoh, dans Ashford, 2000)
à 91% (File et al.,1976) de prélèvements positifs pour cette espèce.
Les œufs d’Oesophagostomum sp. trouvés dans les selles de bonobos mesurent 75-80
x 31-36 µm et sont trouvés dans 17,9% des fèces (Hasegawa et al., 1983).
Les mâles parasites n’ont jamais été décrits et les femelles parasites sont
parthénogénétiques. Le cycle de l’anguillulose (cf. annexe 3), complexe, inclut des périodes
de vie libre et de parasitisme (Bussiéras & Chermette, 1995; Bourée, 1994). Les œufs pondus
par les femelles éclosent dans l’intestin et des larves rhabditoïdes sont émises dans les selles.
109
1ÈRE PARTIE III-BIOLOGIE, ÉCOLOGIE ET PATHOLOGIE DES CHIMPANZÉS
Des œufs de Strongyloides fulleborni, petits (50 x 25 µm), à pôles égaux et arrondis,
délicats, à embryon plus ou moins développé et parfois des larves sont trouvés dans les selles.
Les proportions d’échantillons de selles de chimpanzés positifs pour ce parasite sont très
variables selon les sites et les études. L’identification allant jusqu’au niveau de l’espèce n’est
pas toujours possible. Des coprocultures sont généralement nécessaires.
C’est pourquoi, selon les études, on trouve parfois des résultats concernant
Strongyloides sp. compris entre 4,5% à la Lopé, Gabon (Landsoud-Soukate et al., 1995) et 87
% à Gombe, Tanzanie (File et al., 1976) des échantillons étudiés (respectivement N = 66 et N
= 78) ou bien Strongyloides fulleborni dont la prévalence varie entre 13% à Mahale, Tanzanie
(Huffman & Gotoh dans Ashford et al., 2000) et 50% à Gombe Tanzanie (selon une étude de
Murray, 1990 dans Ashford et al., 2000). Dans l’étude de Hasegawa et al. (1983) portant sur
des selles de bonobos, Strongyloides sp.est l’espèce de Nématode la plus courante (52,9%).
La prévalence de ce parasite est variable selon les études. Seuls 3% des selles de
chimpanzés pygmés étudiées par Hasegawa et al. (1983) sont positives pour Trichuris sp. et
les auteurs notent que les œufs de Trichuris trichiura humains sont un peu moins larges (50-
54 x 22-24 µm chez l’homme contre 54-57 x 23-26 µm chez les bonobos). Par contre, jusqu’à
36% des selles étudiés (N = 86) provenant des chimpanzés de Mahale peuvent être positives
pour ce parasite (Huffman & Gotoh dans Ashford et al., 2000) alors qu’il n’a pas été identifié
dans les études menées au Mont Assirik au Sénégal (Landsoud-Soukate et al., 1995) ou à la
Lopé au Gabon (Mc Grew et al., 1989).
Des infections croisées entre l’homme et le chimpanzé sont possibles.
110
1ÈRE PARTIE III-BIOLOGIE, ÉCOLOGIE ET PATHOLOGIE DES CHIMPANZÉS
Seules les études de long terme, comme celles menées à Gombe, peuvent fournir des
informations sur un nombre significatif de morts dans une communauté de chimpanzés.
Sur 66 morts (ou disparitions probablement dues à la mort), dont 51 certaines, les corps
de 22 individus seulement ont pu être trouvés pour les deux communautés étudiées entre 1963
et 1983. Les maladies représentent 55% de la mortalité, les blessures reçues lors de combats
ou de chutes comptent pour 19,6%. Les autres cas sont dus à du cannibalisme (trois cas
certains, trois supposés), la perte de la mère chez les jeunes (Goodall, 1986).
La forte proximité entre les pathogènes qui affectent les hommes et les chimpanzés
confirme l’intérêt du choix de cette dernière espèce :
Les chimpanzés ont à faire face à des maladies et problèmes sanitaires proches de
ceux des humains et les éventuelles activités des plantes sur leur organisme sont susceptibles
d’être similaires à celles produites sur celui des hommes.
Les cibles biologiques humaines sont relativement proches de celles que peuvent
atteindre les pathogènes des chimpanzés.
111
2è PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
A- MATÉRIEL ET MÉTHODES
112
2è PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
A- MATÉRIEL ET MÉTHODES
A- MATERIELS ET METHODES
1- Site d'étude
Les études de terrain ont été menées dans l’Ouest de l’Ouganda, dans le Parc National
de Kibale, au pied des monts du Ruwenzori (Fig. 53).
Le Parc National de Kibale s’étend sur 766 km2 entre 0°41’N, 30° 0°13’N, 30°22’N.
L’altitude oscille entre 1400 et 1700 m. Le terrain est vallonné, et la végétation comprend des
éléments de forêt humide tropicale de plaine et de montagne et de la forêt décidue. Des zones
de forêt secondaire et des plantations de pins et d’eucalyptus ainsi que des zones
marécageuses font aussi partie du site. La canopée avoisine 30 m, mais certains arbres
dépassent 50 m. La zone d’étude est particulièrement riche en Diospyros abyssinica (12,3%
des 2111 arbres énumérés), Markhamia platycalyx (11,8%), Celtis durandii (10,9%),
Uvariopsis congensis (9,8%) et Bosqueia phoberos (8,7%) (Chapman & Wrangham, 1993).
113
2è PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
A- MATÉRIEL ET MÉTHODES
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2è PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
A- MATÉRIEL ET MÉTHODES
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2è PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
A- MATÉRIEL ET MÉTHODES
Le parc de Kibale est un îlot de forêt entouré de paysage anthropisé notamment par de
très vastes plantations de thé. Le site de Kanyawara est aussi bordé de zones d’agriculture de
subsistance Des plantations d’espèces exotiques, comme le pin (Pinus caribbaea), sont
établies au sommet des collines. Dans les zones marécageuses poussent des papyrus (Cyperus
papyrus).
2- Sujets d'étude
Observés de façon brève et irrégulière lors des premières études en 1979 (Ghiglieri,
1984), Isabirye-Basuta les a, par la suite, suivis pendant 30 mois entre 1983 et 1985. Depuis
1987, les tentatives d’observations ont été continues et l’habituation a grandement progressé
(Wrangham et al., 1996). Par exemple, en 1988, les groupes pouvaient être observés au sol et
en 1990, ils toléraient que les observateurs suivent leurs déplacements au sol 15 mètres
derrière eux. Depuis décembre 1987, 6 jours par semaine ont été consacrés à la recherche des
animaux et à leur observation par une ou deux équipes de 2 assistants. Malgré cet effort
constant, le nombre d’heures d’observations mensuelles varie considérablement selon les
périodes : sur 41 mois entre janvier 1991 et mai 1994, les chimpanzés ont été observés 83,7
heures en moyenne par mois (entre 4,7 et 219,7 heures), avec un écart-type de 53,7.
Actuellement, des équipes partent quotidiennement à la recherche des chimpanzés et la
plupart des individus tolèrent les observateurs à 5 mètres d’eux.
116
2è PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
A- MATÉRIEL ET MÉTHODES
117
2è PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
A- MATÉRIEL ET MÉTHODES
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2è PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
A- MATÉRIEL ET MÉTHODES
119
2è PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
A- MATÉRIEL ET MÉTHODES
Code
Identité Identité Sexe Date de naissance
Stout ST Mâle 1955?
Tofu TU Mâle 1960?
Stocky SY Mâle 1964?
Big Brown BB Mâle 1966?
Light Brown LB Mâle 1968?
Slim SL Mâle 1971?
Yogi YB Mâle 1973?
Johnny AJ Mâle 1974?
Imoso MS Mâle 1975?
Makoku LK Mâle 1982?
Nyenka NE Femelle 1983?
Mères et jeunes du Nord
120
2è PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
A- MATÉRIEL ET MÉTHODES
Eksigi EK Femelle
Edouard ED Mâle 1988
Eslom ES Mâle 1994
Elgon EL oct-1998
Josta JO Femelle
Kana JK Femelle nov-1992
Mususu MU Femelle
Max MX Mâle jan-1999
Pepsi PE Femelle
Cola PC Mâle 1992
Stump PU Femelle
Twig PG Mâle 1988
Bud PB Mâle jan-1995
Mères et jeunes du Centre
Nile NL Femelle 1982?
Nile Special NS Femelle fév-2000
Lia AL Femelle
Y2K AT Mâle oct-2000
Auntie Rose AR Femelle
Sanyu AS Femelle oct-1990
Mandela AM Mâle juil-1998
Kabarole KL Femelle
Kakama KK Mâle juil-1985
Kaboyo KB Mâle mai-1998
Lope LP Femelle
Rosa LR Femelle mai-1989
Ipassa LS Femelle nov-1996
Outamba OU Femelle
Kilimi OK Femelle nov-1994
Tenkere OT Femelle fév-1998
Tuber Mâle nov-2000
Tongo TG Femelle
Lanjo TJ Mâle aoû-1995
Mères et jeunes du Sud
Bubbles BL Femelle
Barbara BR Femelle 1989
Beatle BE Mâle aoû-1995
Budongo BU Femelle déc-1997
Gombe GO Femelle
Goodall GA Femelle jan-1991
Umbrella UM Femelle
Uganda UG Mâle nov-1996
Uhuru UH Mâle avr-1999
121
2è PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
A- MATÉRIEL ET MÉTHODES
Tous les individus sont identifiés et reconnus grâce à des caractéristiques physiques
(Tableau VII).
122
2è PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
A- MATÉRIEL ET MÉTHODES
Les transects
123
2è PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
A- MATÉRIEL ET MÉTHODES
3- Périodes d’étude
124
2è PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
A- MATÉRIEL ET MÉTHODES
Les animaux sont habituellement suivis de l’aube à la tombée de la nuit, moment où ils
construisent leurs nids. La localisation des nids est alors identifiée précisément, ce qui permet
de s’y rendre le lendemain matin, vers 5h30, avant le réveil des chimpanzés et de les suivre au
cours de la journée. Les chimpanzés les mieux habitués peuvent être suivis à vue et par leurs
traces, mais il arrive dans de nombreuses circonstances (déplacements rapides, forêt très
dense, zone de marécage...) que les observateurs perdent la trace des animaux. Ils peuvent
alors être localisés grâce à leurs vocalisations. Il est aussi possible de vérifier leur présence
dans les différents arbres où ils sont susceptibles de se nourrir.
Le budget d’activité est le temps passé pour chaque catégorie d’activité rapporté au
temps total d’observation.
Les aliments consommés sont identifiés chaque fois que possible (espèce botanique,
partie de plante) à la fois en utilisant les observations ad libitum et la méthode systématique
de focal sampling.
125
2è PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
A- MATÉRIEL ET MÉTHODES
Plusieurs types d’indicateurs sont utilisés afin de définir l’alimentation des animaux.
Malgré les limites importantes pour l’identification des parties végétatives, la méthode
d’analyse coprologique des restes alimentaires est utilisée car elle permet parfois
d’apporter des informations complémentaires aux observations directes. En effet, les
chimpanzés avalent souvent les graines en même temps que la pulpe des fruits et elles sont
alors retrouvées intactes dans les selles. L’analyse coprologique témoigne de moments qui
précédent les observations. Des restes d’animaux dont les chasses n’ont pas toujours été
observées peuvent être trouvés. Le nombre d’espèces de graines différentes trouvées dans
les selles est évalué.
126
2è PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
A- MATÉRIEL ET MÉTHODES
Les espèces de figues ne peuvent néanmoins pas être identifiées par cette méthode. La
fibrosité des selles est estimée sur une échelle allant de 0 à 3, dans le but d’évaluer la richesse
du régime alimentaire en parties végétatives.
Les éléments d’origine animale (dents, os, poils, peau...) sont aussi recherchés.
L’état de santé des animaux est évalué par différentes méthodes non-invasives,
qualitatives et quantitatives. Un diagnostic clinique est pratiqué sur chaque animal ; des selles
et des urines sont collectées chaque fois que possible.
L’état général de chaque individu suivi est évalué chaque jour par des observations
cliniques individuelles.
Les fonctions respiratoires, digestives, reproductrices et urinaires, ainsi que la
locomotion, sont évaluées. L’attention est portée sur des signes qualitatifs, tels l’appétit et les
comportements involontaires comme la toux, les éternuements, etc. Les troubles détectés sont
notés sur des fiches cliniques.
Les budgets d’activité, calculés d’après les observations comportementales, permettent
de mettre en évidence ou de confirmer le diagnostic portant sur un animal apathique ou
anorexique, par comparaison au budget d’activité moyen calculé sur la somme des
observations. Les animaux présentant des symptômes sont surveillés et suivis
préférentiellement. Des observations ad libitum sont pratiquées pour juger de l’évolution de la
maladie et connaître le plus précisément possible leur régime alimentaire.
5.2 Coprologie
Trois protocoles d’analyse à partir des selles conservées dans le formol ont été pratiqués
au sein du service de Biologie Moléculaire et Immunologie Parasitaires et Fongiques de
127
2è PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
A- MATÉRIEL ET MÉTHODES
Flottation totale
Dans un tube à essai, verser le liquide de broyat obtenu précédemment jusqu’à former un
dôme
Déposer une lamelle
Lire après les cellules de Mac Master
Concentration diphasique
Mettre un peu de selles dans une éprouvette, ajouter 10 ml de formol à 10%
Mélanger
Mettre un tamis sur le bécher et y verser le mélange
Broyer
Verser 7 ml du broyât dans une petite éprouvette
Ajouter 3 ml d’éther
Mélanger
Centrifuger à 2000 tours/min pendant 5 min et examiner le culot
Les lames fixées à l’APV doivent être colorées au trichrome. Leur lecture ainsi qu’un
examen direct des échantillons conservés dans le MIF a été réalisé au Service de
Parasitologie de l’Hôpital Saint-Antoine, Paris, France, avec l’aide du Dr. Anne-Marie
Deluol.
128
2è PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
A- MATÉRIEL ET MÉTHODES
ou digéré (l’hémorragie pouvant provenir alors du tractus digestif haut, estomac ou intestin
grêle). Dans le but d’obtenir des informations rapides, la technique de flottation et de lecture
par les lames de Mac Master a été pratiquée sur le terrain. Ceci permet d’adapter les
observations comportementales et cliniques en suivant plus particulièrement un individu en
cas de résultats montrant une infestation importante.
Les autres prélèvements ont été analysés dans le service de Biologie et contrôle des
organismes parasites de la Faculté de Pharmacie Chatenay-Malabry (France) grâce à la
collaboration des Drs. Christian Bories et Geneviève Madulo.
Les urines des chimpanzés émises depuis les arbres sont collectées, soit au moyen
d’un sac plastique enfilé sur une fourche d’arbre et formant une cuvette, placé sous l’individu
en miction, soit en pipetant l’urine déposée sur les feuilles d’arbre. Seules les urines non
souillées par la terre ou les selles sont recueillies et conservées. Les échantillons sont placés
dans des microtubes et testés à l’aide de bandelettes urinaires (Multistix 10 SG Bayer™) dès
le retour à la station de recherche.
L’identité du chimpanzé, la date et l’heure de la miction (les premières urines lorsque
le chimpanzé urine depuis son nid sont plus concentrées et donc plus à même de permettre de
129
2è PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
A- MATÉRIEL ET MÉTHODES
détecter une anomalie) sont notées. La localisation et le moyen de collecte (sac plastique ou
pipetage sur les feuilles), la quantité récoltée ainsi que l’aspect macroscopique comprenant la
couleur, la turbidité, l’éventuelle présence de sang ou de cristaux sont précisés.
Les tests statistiques, principalement des tests t uni ou bilatéraux pour évaluer des
différences de moyennes et de pourcentages entre deux groupes avec une valeur de
significativité p, sont réalisés à l’aide du logiciel Statistica™ (Statsoft™).
130
2è PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
A- MATÉRIEL ET MÉTHODES
Etude mutlidisciplinaire
131
2è PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
A- MATÉRIEL ET MÉTHODES
132
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
1- Budgets d'activité
Au cours des missions 2000-2001, nous avons rencontré les 15 mères et l’ensemble
de leurs enfants de la communauté de Kanyawara, sauf BR qui semble avoir rejoint une autre
communauté. Tous les mâles ont été observés, mais SY n’a pas été revu lors des missions
2000-2001 et LB n’a pas été vu lors de la mission d’octobre 2001. TG a mis bas trois
semaines avant le début de la mission de décembre 2000 et NL environ 8 mois avant. MU et
son fils MX, qui n’avaient pas été vus depuis plus d’un an, ont pu être observés en février
2001.
Entre décembre 2000 et Février 2001, 2692 scans (période de 10 min d’observation)
soit 448,7 heures d’observations ont été enregistrés. Au mois d’octobre 2001, 1172 scans
correspondant à 195,3 heures d’observations ont été effectuées.
Sur l’ensemble des 644 heures d’observation, 47,7% du temps ont été passés par les
chimpanzés à s’alimenter. Leurs déplacements ont représenté 16,7% des observations, alors
que le repos correspondait à 19% du temps d’observation. Les activités sociales – grooming,
jeu et interactions sociales agonistiques- ont occupé 15,2% du temps (Tableau IX).
interactions
self- sociales
alimentation déplacement repos grooming grooming jeu agonistiques autres
saison sèche 47,12% 17,58% 19,18% 1,27% 11,41% 2,99% 0,34% 0,12%
saison des pluies 49,04% 14,97% 18,79% 1,04% 12,39% 2,66% 1,11%
ensemble de l'étude 47,70% 16,79% 19,06% 1,20% 11,70% 2,89% 0,57% 0,08%
133
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
interactions sociales
agonistiques
jeu 0,6%
2,9%
autres
grooming 0,1%
11,7%
self-grooming
1,2%
alimentation
47,7%
repos
19,1%
déplacement
16,8%
Les chimpanzés observés ont consommé, sur l’ensemble des 4 mois d’étude, 46 items
alimentaires d’origine végétale correspondant à 35 espèces végétales. Des consommations
de terre (géophagie), de bois mort d’espèce non identifiée, de crottins d’éléphants et de miel
ont pu être observées.
Sur l’ensemble des deux missions, 19 espèces de fruits, 16 espèces de feuilles, 7
espèces de tiges et 3 espèces d’écorces ont été consommées (Tableau X). Parmi celles-ci, 8
espèces de fruits, 5 espèces de feuilles et 3 espèces de tiges étaient communes aux deux
missions et donc aux deux saisons.
Des animaux vertébrés ont aussi été consommés. Des épisodes de chasse (au moins
deux) se sont produits au cours des périodes d’étude. Le 13 février 2001, les chimpanzés
mâles ont encerclé un groupe de colobes bais de Guinée (red colobus : Colobus badius
tephroscelus) et AJ, TU et BB ont, chacun, attrapé un individu (un jeune enfant et deux sub-
adultes). Les proies ont été consommées et partagées avec les femelles du groupe. Des feuilles
ont été consommées en même temps que la viande des colobes (cf. ci-après § 2.3.4). Des
restes animaux ont été trouvés dans les selles d’AJ (#116 : fibres musculaires et poils ; #119 :
poils). Des morceaux d’intestins associés à des feuilles entières non mâchées ont été trouvés
dans les selles de NL (#183) collectées le 24 février 2001, traduisant la consommation d’un
vertébré.
Par ailleurs, on a pu observer des œufs de grenouille dans un échantillon collecté
pendant la mission-pilote.
134
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
Tableau X. Espèces végétales consommées par les chimpanzés au cours des missions
2000-2001.
135
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
Consommation de fruits
Sur l’ensemble de l’étude, plus de 81% du temps d’alimentation ont été consacrés à
consommer des fruits ou des figues (Tableau XI). Pour plus de facilité, nous classerons par
la suite les figues dans la catégorie des fruits. Au cours des trois mois de saison sèche, la
consommation de fruits a atteint 83% du temps d’alimentation. Les fruits dominent donc le
régime alimentaire, à la fois en nombre d’espèces consommées (57% des espèces sont
consommées pour leurs fruits) et en temps passé à les manger.
Les tiges les plus consommées sont celles d’Acanthus pubescens et d’Aframomum sp..
137
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
% temps
Espèces Partie d'alimentation
Ficus natalensis Fruits 18,41%
Ficus brachylepis Fruits 13,07%
Cordia abyssinica Fruits 12,55%
Celtis africana Feuilles 11,68%
Ficus dawei Fruits 11,23%
Celtis durandii Fruits 8,86%
Urera sp. Fruits 3,55%
Ficus ottonofoli Fruits 2,47%
Ficus exasperata Fruits 2,15%
Acanthus pubescens Tiges 2,05%
Parinari excelsa Fruits 1,78%
Ficus stipulifera Fruits 1,67%
Cordia millenii Fruits 1,54%
Aframomum sp. Tiges 1,20%
Lepistemon owariense Feuilles 1,13%
Myrianthus arboreus Fruits 0,80%
Ficus capensis Fruits 0,63%
Illigera pentaphylla Fruits 0,56%
Aframomum sp. Fruits 0,52%
Fig. 55 Variation de la consommation des aliments les plus fréquents au cours de l’étude
% du temps d'alimentation
100%
90%
F.dawei Fruits
40%
Celtis africana
30% Feuilles
Cordia africana
Fruits
20% F.brachylepis Fruits
F.natalensis Fruits
10%
0%
déc jan fév oct moyenne
138
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
Tableau XIII. Fruits les plus consommés par les chimpanzés de Kanyawara
Les deux fruits les plus consommés chaque mois sont surlignés
% de la consommation de fruits % du temps d'alimentation
déc-2000 jan-2001 fév-2001 oct-2001 déc-2000 jan-2001 fév-2001 oct-2001
min d'observation 2666 2625 5253 4450 14994 3501 2985 6210 5748 18444
temps passé à 76,15% 87,94% 84,59% 77,43% 81.29%
manger des fruits
F.natalensis 0,00% 0,00% 40,11% 29,15% 22,70% 0,00% 0,00% 33,93% 22,56% 18,46%
F.brachylepis 15,90% 61,60% 4,49% 3,15% 16,12% 12,11% 54,17% 3,80% 2,44% 13,10%
Cordia abyssinica 1,88% 5,37% 40,55% 0,00% 15,48% 1,43% 4,72% 34,30% 0,00% 12,58%
F.dawei 49,51% 4,23% 0,00% 14,49% 13,85% 37,70% 3,72% 0,00% 11,22% 11,26%
Celtis durandii 0,00% 0,00% 0,00% 36,81% 10,92% 0,00% 0,00% 0,00% 28,50% 8,88%
Urera sp. 0,00% 24,61% 0,19% 0,00% 4,38% 0,00% 21,64% 0,16% 0,00% 3,56%
F.ottonofoli 11,25% 0,00% 2,99% 0,00% 3,05% 8,57% 0,00% 2,53% 0,00% 2,48%
F.exasperata 10,88% 0,61% 0,00% 2,04% 2,65% 8,28% 0,54% 0,00% 1,58% 2,15%
Parnari excelsa 0,00% 0,00% 6,28% 0,00% 2,20% 0,00% 0,00% 5,31% 0,00% 1,79%
F.stipulifera 6,75% 0,30% 0,38% 2,25% 2,05% 5,14% 0,27% 0,32% 1,74% 1,67%
Cordia millenii 0,00% 0,00% 0,00% 6,38% 1,89% 0,00% 0,00% 0,00% 4,94% 1,54%
Parmi les quatre fruits consommés le plus couramment, trois sont des figues.
Le tableau XIV montre l’importance des figuiers dans l’alimentation des chimpanzés
de Kanyawara. Fruits, feuilles et tiges de différentes espèces de Ficus sont ingérés et, par
exemple, F. urceolaris est consommé aussi bien pour ses fruits que ses feuilles ou ses tiges.
Plus de 51% du temps d’alimentation est utilisé à consommer des aliments issus de Ficus sp.
10 espèces de Ficus sp. sont consommées. Les figues de trois espèces (F. natalensis, F .
brachylepis, F. dawei) à elles seules occupent près de 43% du temps d’alimentation.
Tableau XIV. Part des Ficus spp. dans l’alimentation des chimpanzés
Espèces de Ficus consommées Partie % du temps d'alimentation
Ficus natalensis Fruits 18,41%
Ficus brachylepis Fruits 13,07%
Ficus dawei Fruits 11,23%
Ficus ottonofoli Fruits 2,47%
Ficus exasperata Fruits 2,15%
Ficus stipulifera Fruits 1,67%
Ficus capensis Fruits 0,63%
Ficus cyathistipula Fruits 0,49%
Ficus cyathistipula Feuilles 0,45%
Ficus urceolaris Fruits 0,42%
Ficus exasperata (jeunes feuilles) Feuilles 0,11%
Ficus thonningii Fruits 0,11%
Ficus urceolaris (jeunes feuilles) Feuilles 0,11%
Ficus urceolaris Tiges 0,03%
Ficus urceolaris Feuilles 0,02%
total 51,37%
139
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
140
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
2.2.2 L’entropie
L’entropie de Shannon, H’, varie entre 1,5 et 2,2 au cours des différents mois.
L’index de Shannon-Wiener standardisé, J’, mesure la diversité sur une échelle de 0 à 1. Il
dépasse 0,5 pendant les quatre mois de l’étude.
Tableau XV. Mesure des diversités alimentaires par l’entropie de Shannon (H’) et
l’index standardisé (échelle de 0-1) de Shannon-Wiener (J’) et le nombre d’espèces
consommées (n).
H' J' n
déc-2000 1,85 0,77 11
jan-2001 1,51 0,52 18
fév-2001 1,8 0,51 34
oct-2001 2,22 0,64 33
2.2.3 Les restes des aliments trouvés dans les selles récoltées
Lors des missions 2000-2001, 252 selles ont été récoltées et ont permis la
quantification des graines et de la fibrosité pour les fèces dont la quantité récoltée était
suffisante (Tableau XVI).
Le nombre moyen d’espèces de graines trouvées dans les selles varie entre 0,75 et
1,5. Au cours des 4 mois, plus de 50% des échantillons contenant des fruits contenaient au
moins des graines de figues. La quantité de fibres provenant des parties végétatives, estimée
sur une échelle de 0 à 3, varie entre 1 et 2 au cours de l’étude.
141
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
Par ailleurs, ce type d’étude a permis de trouver des restes animaux dans les selles (cf.
supra).
Tableau XVI. Nombre de graines et quantité de fibres trouvées dans les selles de
chimpanzés
• Occasionnelle : cinq observations totalisant 27 min sur plus de 700 heures d’observations
• Courte : la durée moyenne de chaque consommation est de 4’10’’(2-7 min).
• Lente : peu de feuilles sont consommées lors de chaque observation avec, en moyenne 5
feuilles consommées par minute.
• Restreinte : le chimpanzé quitte l’arbuste avant d’en avoir consommé toutes les feuilles et
aucun autre individu du groupe n’essaie d’en consommer, ni avant, ni après.
• Individuelle : seul un chimpanzé du groupe consomme cet item, alors que, lors de nos
observations, cet individu était toujours inclus dans un groupe de 2 à 6 individus. Pendant
que le chimpanzé mangeait les feuilles de Trichilia rubescens, les autres membres du
groupe se reposaient (dans 17 cas), se déplaçaient (9 cas) ou se nourrissaient d’un autre
item (2 cas).
142
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
Tableau XVII. Part de l’alimentation pour le consommateur (en caractères gras) de feuilles
de Trichilia rubescens et pour les individus de son groupe, le jour de l’ingestion et les autres
jours du mois.
Des feuilles, dont les deux faces sont très rugueuses, sont consommées
occasionnellement par les chimpanzés de la communauté de Kanyawara. Les populations
locales les utilisent d’ailleurs comme papier de verre. Elles appartiennent principalement à
deux espèces de figuiers : Ficus asperifolia et F. exasperata (Moraceae).
Les chimpanzés consomment les minuscules fruits d’une liane de la famille des
Urticaceae, Urera sp.. Il s’agit d’une espèce urticante, les pédoncules des fruits possédant de
très petits poils très urticants et les feuilles de la partie terminale des lianes portant des épines
noires. La consommation de ces fruits occasionne chez certains individus des démangeaisons
violentes. Le prurit est particulièrement persistant chez les individus à peau claire, les jeunes,
et dans les zones glabres. Par ailleurs, les chimpanzés consomment l’écorce et les feuilles de
Chaetacme aristata (Ulmaceae) bien que les branches et les rameaux partant de la base du
tronc soient hérissés d’épines acérées. À la base du pétiole se trouve aussi une épine. Les tiges
d’Acanthus pubescens (Acanthaceae) sont aussi consommées alors que les feuilles, coriaces,
sont dentées et épineuses et possèdent aussi des stipules épineuses.
143
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
144
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
Le 19 octobre 2001 entre 11:00 et 13:20, 4 individus (LR, LS, KK, LK) d’un même
groupe ont consommé des écorces de Markhamia platycalyx (Bignoniaceae). LR a
consommé les écorces provenant de deux arbres différents à 2h d’intervalle (11:02, pendant 3
minutes et 13:05 pendant 5 minutes). LK et KK ont arraché les écorces d’un même arbre. LK
après avoir retiré l’écorce, s’est frotté le dos à l’endroit où le tronc est mis à nu. Les deux
individus lèchent par la suite la sève qui exsude et mâchent l’écorce, simultanément, pendant
5 minutes chacun (entre 12:00 et 12:05). LS monte ensuite dans l’arbre où LR a enlevé et
mangé de l’écorce et, à son tour, dilacère l’écorce et la consomme pendant 10 minutes. La
quantité d’écorces qu’elle retire est bien plus importante que celle enlevée par les 3 autres
individus.
Le 23 et le 24 octobre 2001, trois consommations d’écorce de M. platycalyx (durée 3
min) sont enregistrées.
145
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
2.3.6 Géophagie
Les dates et heures des épisodes de géophagie (consommation de terre) ainsi que les
aliments consommés au cours de ces journées sont rapportés dans le tableau XIX.
Lors la mission pilote de novembre 1999, 3 individus consommant de la terre ont été
observés au cours de deux journées.
Au cours des deux missions suivantes, seulement trois épisodes de géophagie ont pu
être observés.
À chaque observation, deux chimpanzés ont consommé de la terre.
146
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
Le 16 janvier 2001, à 18:05, OU et OK, alors qu’elles marchaient au sol, ont pratiqué
de la géophagie pendant 1 minute, à l’intersection entre le transect K et WST. C’est le dernier
item qu’elles consommeront avant de construire leur nid à 18:25. Malgré la diversité des
aliments consommés en particulier par OK au cours de cette journée, les périodes de repos
occupent 26% des activités observées.
147
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
Le 10 février 2001, LP, LR et LS après avoir mangé des jeunes feuilles de Celtis
africana, puis des figues de Ficus brachylepis, s’approchent pendant leur déplacement d’un
gros tronc d’arbre mort, couché et creux. LR pénètre dans la cavité de l’arbre, puis, avec sa
mère et sa sœur, elles consomment le bois mort formant une sorte de sciure, pendant 3
minutes.
À partir des données de long terme collectées à Kanyawara, les aliments d’origine
végétale consommés par des chimpanzés ont été inventoriés. Certaines espèces ont été listées
parce qu’elles sont présentes à Kanyawara et connues pour être mangées par d’autres
communautés de chimpanzés, mais pour l’instant, aucune observation de consommation de
ces espèces n’a été observée à Kanyawara.
Nous avons répertorié, dans le tableau XX, les plantes pour lesquelles des
informations sur leur utilisation en médecine traditionnelle et éventuellement sur leurs
propriétés biologiques existaient.
Les rapports d’ethnomédecine n’indiquent pas toujours les parties de plantes utilisées
dans les préparations médicinales. Nous avons donc indiqué les espèces de plantes même si la
partie de plante travaillée biologiquement ou chimiquement ou utilisée en médecine
traditionnelle ne correspondait pas toujours à celle consommée par les chimpanzés. En effet,
d’une part, les métabolites secondaires ne sont pas uniquement présents dans un organe de la
plante et d’autre part, pour les études chimiques, on a choisi de collecter plusieurs parties de
la plante, même si elles ne sont pas toutes consommées par les chimpanzés. Ceci peut
permettre de voir si les chimpanzés ne contre-sélectionnent pas certaines parties de plante,
justement à cause d’une trop forte toxicité.
67 espèces consommées par les chimpanzés sont, soit utilisées pour leurs vertus
médicinales, soit ont donné lieu à publication pour leur activité biologique ou leur
composition chimique.
35 espèces ont été étudiées chimiquement ou biologiquement. Pour 10 d’entre elles,
aucune utilisation en médecine traditionnelle n’a été trouvée dans la bibliographie.
On peut noter que la liste ne considérait pas les fruits de Parinari excelsa comme des
aliments des chimpanzés de Kanyawara alors qu’ils sont mangés à Yalosidi, Bossou, Lomako
et au Mont Assirik, or leur consommation a pu être observée lors de la mission en saison
sèche.
On peut aussi remarquer parmi ces aliments, 4 espèces qui possèdent de fortes
activités biologiques :
148
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
Tableau XX. Utilisation des espèces de plantes consommées par les chimpanzés de
Kanyawara (ou d’autres communautés si précisé) en médecine traditionnelle selon le site
« Prélude » et d’autres sources bibliographiques. Produits isolés et activités biologiques
connues pour ces espèces, selon Chapman & Hall (2003), et Chemical Abstracts (2002).
Remarque : le plus souvent, la « recette » n’est pas précisée par les tradipraticiens et la partie de plante utilisée
n’est pas connue.
Légende :
Texte en italique : utilisations ou activités biologiques des parties de plantes consommées par les chimpanzés.
Texte souligné : utilisations en médecine traditionnelle vétérinaire
F : feuilles, T : tiges, FR : fruits, E : écorces, Fl : fleurs, Gr : graines.
partie consommée à
149
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
présence de saponosides
FR ichtyotoxiques utilisés pour la (Delaude,Welter, Bull Soc
Blighia unijugata FR
pêche, F contre fièvre (2) R Sci Liege, 75), nouvel aa
(Fowden, Sheppard,
Phytochem, 72)
cardiosperminsulfate
Cardiospermum
F (Huebel, Nahrstedt,
grandiflorum
Tetrahedron Lett, 79)
Chrysophyllum
FR polyisoprène (Nwadinigwe,
albidum
Phytochem, 88)
Clerodendrum F en application sur les furoncles,
F
buchholzii R contre broncho-pneumonie (2)
Burundi : constipation, céphalée,
Cordia africana FR antiémétique pendant la grossesse,
hémorragie, conjurer le mauvais sort
benzoquinone terpenoid :
cordiachrome (Moir,
Cordia millenii Fl/FR
Thomson, J. Chem. Soc.,
73)
150
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
Ethiopie : E : antiseptique en
pansement, Rwanda : F et Fl hépatite, F
Erythrina douleurs intercostales, pneumonie et
abyssinica toux, Kenya, Ouganda, Tanzanie :
affections occulaires (E), parasites
internes (E), syphilis (E), Nigeria : F+E :
ictère, AB et stomatite.
isolement de 3 alcaloïdes
Fagaropsis et 3 limonoïdes
F
angolensis (Waterman, Khalid,
Biochem.Syst.Ecol, 81)
CI, Nigeria, Sénégal :FR immature pour
fertilité des vaches, Afrique de l’Ouest :
FR pour stimuler la lactation CI : FR
contre avortement et contre pian, FR coupé en deux pour faire mûrir
stimulant pour les nouveau-nés, les abcès et soigner les ulcérations
galactogène, diarrhée, purgatif, lépreuses (2) R+E contre
aménorrhée, toux rebelles, Bénin: ulcérations de la langue, F et E
œdème, constipation, stérilité de la pour augmenter lactation des
femme, coliques, hépatite, Mali : femmes et des vaches, R pour
Ficus capensis FR
galactogène, stimulant, Afrique du Sud : délivrance, E très amère,
toux, diarrhée, Congo : stérilité femme, antiémétique, traitement des
stimulant, galactogène, antiseptique, conjonctivites, Fr et E contre les
coliques, abcès, lèpre, Zimbabwe : maux de gorge, F,T,Fr sont + aux
galactogène, œdème, abcès, stérilité tests des stérols, Fr contient des
femme, stimulant utérin, anti-vomitif, traces ac. ascorbique(4)
rhinite, azoospermie, amnésie, RDC : présence de flavonoïdes
infections uro-génitales, amibiases, dans les F (Ilias, Ghana J.
vermifuge, anti-inflammatoire, pian. Chem, 90)
sève p.o. pour les œdèmes
Ficus congensis FR généralisés, les hémorragies et
l'ascite (2)
Burundi : vache : Fr immature ou
F, P.O.: ocytocique, F, P.O. : prolapsus
vaginal, Nigeria : F : hypertension,
hépatite, Bénin : maux de gorge, CI : F contre prurit et sur les ulcérations
affection des yeux, palpitations lépreuses, contre rhumatismes,
cardiaques, toux, adénopathie, asthme, œdèmes locaux, contre les aphtes
Burundi : ocytocique, Congo: œdème, et les gingivites(2) F contiennent un
abcès, douleurs intercostales, lumbago, fort % de silicate de calcium
arthrite, lèpre, ocytocique, toux, infection susceptible d'entraîner des
uro-génitale, fièvre, stomatites, Sénégal : inflammations intestinales, F
Ficus exasperata F/FR
diurétique, dermatoses, RDC : bétail : F utilisées dans les problèmes de Feuilles : extraits protègent
et T amibiases et parasites, E expulsion gorge, comme anthelminthique, les rats contre les ulcères
du placenta, F herpès, colite, gastrite, F comme analgésique oculaire, Fl gastriques induits par
en application sur abcès, ocytocique, ascaricide et maux de gorge (4) F l'aspirine, ralentissent le
lumbago, RCA: infections uro-génitales, contre problèmes gastriques en transit intestinal,
brûlures, affections oculaires, fortifiant, Guinée Française, contre ulcères augmentent le pH
dermatoses, teignes, Sierra Leone : F : au Nigeria gastrique et diminuent le
dermatoses, contraceptif, infections volume des sécrétion
vaginales herpès, syphilis, gonorrhée, gastriques (Akah et al. J of
Gabon : toux, infections uro-génitales ethnopahrmacology 1998)
E comme analgésique local, latex
Ficus mucuso FR/F contre les otites, affections
bronchiques ou convulsions (2)
E contre les coliques, contre les
rhumes et galactogogue avec
E/F/F
Ficus natalensis Spoobolus indicus et R contre les
R
morsures de serpents, plante
contre syphilis (4)
Nigeria : entorse, diarrhée, Bénin :
galactogène, migraine, vertige, stomatite,
maux de dents, Congo : abcès, maux de
dents, blessures, diarrhée, affections
oculaires, fortifiant, parasites (F, R) Niger
: hépatite, Togo: galactogène, Comores
: déviation colonne vertébrale, CI :
Ficus thonningii FR épilepsie, Zimbabwe : affections
oculaires, constipation, prévention
fausses couches, anti-hémorragique,
omphalite, Kenya : diarrhée, hépatite (E),
RDC : hépatite, vermifuge, Sénégal :
diarrhée, ocytocique, toux, tuberculose,
folie, arthrite, asthme, métrorragie, BF :
maux de dents
151
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
diacide triterpène
E fraîche avec gelée entourant les pentacyclique (Ojinaka,
œufs de grenouilles contre les …Okorie, Phytochem., 80;
Myrianthus F/T/F
myalgies et arthralgies (3): T action Kajima, Ogura,
arboreus R
hypoglycémiante, F propriétés Phytochem, 89, Ngounou,
antitussives (b) …, Sondengam,
Phytochem., 87 et 88)
pas d'activité
Olea welwitschii Bois E contre la gonorrhée (4)
antimicrobienne de l'écorce
Gom
plante sacrée qui guérirait toutes
be,
les maladies (2) R contre la
Oncoba spinosa Mt
dysenterie, F et R contre les
Assiri
problèmes urétraux(4)
k: Fr
152
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
Yalo
sidi,
Boss
RCA : stomatite, gingivite, lithiase biliaire,
ou,
aphrodisiaque, Sénégal : R+E : diarrhée,
Lom E cholagogue, F pour stomatites
Parinari excelsa migraine, douleurs intercostales, stérilité
ako, (1)
femme, antiseptique, anti-hémorragique,
Mont
gingivites, coliques, arthrite, amnésie
Assiri
k: activité antipaludéenne de
FR E des T (8)
activité anticancéreuse
(extraits R) principalement
due à 1 quinone (2,6-
diméthoxybenzoquinone)
Peddia fischeri FR et à deux coumarines
(daphnorétine et
umbelliférone)(pas de tests
in vivo)(Handa,…Norman,
J.Nat.Prod., 83).
Guinée : F et T anthelminthique, Nigeria
: rougeole, appendicite, Bénin : œdème,
fractures, coliques, hépatite, métrorragie,
Congo : stomatite, gingivite, RDC et
Pennisetum Cameroun : affections oculaires, RCA :
T
purpureum migraine, Rwanda : otite, Gabon :
ulcérations mb inférieurs, infections uro-
génitales, otite, Madagascar :plante
entière pour coqueluche, Sierra Leone :
toux.
Uganda : colique, aphrodisiaque,
Sénégal : affections oculaires, diarrhée,
Phoenix reclinata T
douleurs abdominales, fortifiant, Ethiopie
: anti-inflammatoire, pleurésie
Ethiopie : bétail et homme : FR contre
douve du foie, les autres recettes non
précisées le plus souvent : vermifuge,
bilharziose, dermatose, gonorrhée,
avortement, Uganda : abcès, Congo:
douleurs intercostales, morsures de
serpent, Burundi : blessures, Traitement de l'ascite, des hernies,
constipation, dermatose, ascite, stérilité la stérilité des femmes; toxique, jus
Phytolacca femme, hernie, filariose, Madagascar : des F comme collyre, contre
FR
dodecandra fortifiant, empoisonnement, RDC : filaires, dermatoses(2) F contre
ocytocique, galactogène,syphilis, empoisonnement; F contre la Saponosides triterpéniques
blessures, dermatoses,Zimbabwe : folie(5) dans les FR, forte toxicité
contre empoisonnement, Botswana : in vivo sur souris, activité
gonorrhée, avortement, Kenya : adénite, molluscicide, antivirale,
Tanzanie : constipation, vermifuge, antibactérienne,spermicide
empoisonnement, RCA : dermatoses, , anti-fertilisante des
fortifiant, Rwanda : vermifuge, oedème, saponines des fruits (11 ;
constipation 12 ; 13)
R : stimulant sexuel, en décoction: présence de
Rwanda : bétail : T et FR propriétés
anthelminthique, FR pour sesquiterpènes isolées des
acaricides confirmées en laboratoire,
problèmes gastriques, cardiaques R (Chen,…, Wiemer,
Afrique du Sud : plaies et
Piper capense T ou rénaux, pour flatulences et Tetrahedron lett, 92) 4
particulièrement gorge et cou, stérilité,
coliques, comme diurétique (4). F cetones neolignanes
Burundi : fortifiant, Kenya : galactogène,
contre l'"Ifumbi"(agalactée et (Green,…, Wiemer,
RDC : abcès
avortement)(5) Phytochem, 91)
Congo : salmonellose, douleurs
intercostales et thoraciques, bronchite,
oxyures, lymphadénite, hémorroïdes,
émétique, alcoolisme, blessures et
F en prévention de l'avortement,
abcès, salmonellose, prévention des
antipyrétique, contre maux de
fausses couches CI :toux, affections
ventre et
oculaires, pour les femmes : migraines,
anthelminthique(1)analgésique et
dystocies, rétention de placenta, règles
antiseptique génito-urinaire et en
Piper umbellatum T douloureuses et trop abondantes,
application locale sur plaies et
troubles pendant la grossesse, fortifiant
abcès , contre les oxyures(2) F
pour femme enceinte prévention des
avec l'amande d'Irvingia
fausses couches, otites, hémorroïdes,
gabonensis contre dysmenorrhée
aménorrhée, anti-hémorragique,
(3)
antalgique, variole,RCA : dermatoses,
filariose, toux, asthme, aménorrhée,
abcès, migraines, vermifuge, brulure,
prévention des fausses couches,
antiseptique, fièvre, douleurs
153
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
154
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
155
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
(1) Ake Assi, L., Abeye, J., Guinko, S., Giguet, R., Bangavou, Y. (1981). Contribution à l’identification et au
recensement des plantes utilisées dans la médecine traditionnelle et la pharmacopée en République
Centrafricaine. Rapport de l’A.C.C.T..
(2) Bouquet, A. (1969) Féticheurs et médecines traditionnelles du Congo (Brazzaville). Mémoire O.R.S.T.O.M.
(3) A.C.C.T. (1984). Médecine traditionnelle et pharmacopée- Contribution aux études ethnobotaniques et
floristiques au Gabon. Rapport de l’A.C.C.T.
(4) Watt, J.M., Breyer-Brandwijk, M.G. (1962). Medicinal and poisonous plants of Southern and Eastern Africa.
E & S Livingstone LTD, 2nd edition.
(5)Van Puyvelde, L., Ngaboyisonga, M., Rwangabo, P.C., Mukarugambwa, S., Kayonga, A., Runyinya-
Barabwiriza. (non daté). Enquêtes ethnobotaniques sur la médecine traditionnelle Rwandaise. Tome 1 :
préfecture de Kibuye.
156
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
(7) Taniguchi, M., Kubo, I. (1993).Ethnobotanical drug discovery based on medicine men’s trials in the african
savanna : screening of east african plants for antimicrobial activity II. Journal of Natural Products, 56, 9,1539-
1546.
(8) Weenen, H., Nkunya, M.H.H., Bray, D.H., Mwasumbi, L.B., Kinabo, S., Kilimali, V.A.E.B. (1990).
Antimalarial activity of Tanzanian medicinal Plants., Planta Medica, 56, 368-370.
(9) Achenbach, H., Waibel, R., Nkunya, M.H.H. , Weenen, H. (1992). Antimalarial compounds from Hoslundia
opposita. Phytochemistry, 31, 11, 3781-3784.
(10) Handa, S.S., Kinghorn, A.D., Cordell, G.A., Farnsworth, N.R. (1983). Plant anticancer agents. XXVI.
Constituents of Peddia fischeri. Journal of Natural Products, 46, 2, 248-250.
(11) Taniguchi, M., Chapya, A., Kubo, I., Nakanishi, K. (1978). Screening of East African plants for
antimicrobial activity. Chemical and Pharmaceutical Bulletin, 26, 9, 2910-2913
(12) Kloos, H., McCullough, F.S. (1987). Plants with recognized molluscicidal activity. In Mott, K.E. (Ed.),
Plant molluscicides. New York.
(13) Katende, A.B., Birnie, A., Tengnäs, B.O. (1995). Useful trees and shrubs for Uganda, Identification,
propagation and management for agricultural and pastoral communities.Regional Soil Conservation Unit.
157
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
Alors que l’étude des fèces des chimpanzés ne permet objectivement que de mettre en
évidence des infestations parasitaires ou éventuellement des pathologies du tractus digestif
(même si elle peut permettre de souligner des déficits immunitaires, elle ne peut en trouver la
cause), les analyses d’urine peuvent permettre, par contre, de diagnostiquer des
dysfonctionnements autres que simplement urinaires. Le mauvais fonctionnement d’un
organe, comme le foie par exemple, un problème métabolique ou encore des conditions
anormales de nutrition peuvent se traduire par une modification des paramètres urinaires. Lors
de l’étude préliminaire menée en novembre 1999, aucune analyse urinaire n’a été pratiquée.
En effet, la collecte d’échantillons urinaires semblait difficile. Aucune étude de ce type n’est
rapportée chez les chimpanzés en liberté. Pourtant, la bonne habituation des animaux aux
observateurs ainsi que la mise au point par les assistants d’une méthode de collecte évitant
d’obtenir des urines souillées (technique du sac en plastique) a permis d’envisager de telles
analyses. L’objectif de l’étude était de déterminer la faisabilité de collecter ces échantillons
sans effrayer les animaux par le bruit de l’urine sur le sac ainsi que de connaître les normes et
de détecter les écarts vis-à-vis de celles-ci. De tels prélèvements sont effectués depuis 1997
par les assistants de Kibale Chimpanzee Project et nous pourrons, dans le cadre de la
discussion, comparer nos résultats avec des données non publiées mais qui ont été
communiquées par Richard Wrangham.
Les observations cliniques ainsi que les résultats des analyses parasitaires et des
examens urinaires sont rapportés ci-après.
Les observations menées sont de plusieurs types. On a pu relever des mutilations, pré-
existant à l’étude présente, mais qui influent encore probablement sur l’état général des
animaux les portant. Leur description est rapportée ci-après.
Des épisodes de maladies ou des blessures ont aussi été observés et sont décrits.
158
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
Des anomalies des membres ont été observées chez plusieurs individus de la
communauté de Kanyawara. La pose de pièges pour attraper des antilopes et du petit gibier
forestier par les populations locales, mais surtout par les employés des exploitations
forestières, en sont responsables.
Les lésions sont caractéristiques et selon la gravité, on distingue deux formes
principales de mutilation.
Un mâle nommé d’ailleurs Bad Foot (BF) était amputé d’un pied. Il a disparu en 1998. Parmi
les 10 mâles adultes, un sur deux souffre de mutilations aux membres. Les trois mâles
adolescents (KK, PG et ED) ont aussi des graves lésions dues aux pièges.
Dans le cas de KK, la plaie au poignet était encore suintante lors de la mission
préliminaire de novembre 1999. En janvier 2001, le poignet, la main et les doigts - en dehors
du pouce - sont encore très œdématiés et inertes. Par contre, il possède encore une certaine
mobilité du poignet. La face dorsale de sa main présente des cicatrices et des plaies, la peau
desquame et des mouches sont souvent posées sur sa main. En octobre 2001, les plaies sont
sèches, mais le poignet semble complètement arthrosique.
159
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
Planche mutilations
160
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
Séquelles
Les séquelles et conséquences induites par de telles mutilations peuvent être lourdes.
Elles sont de trois types :
- difficultés locomotrices
- problèmes lors du foraging et de l’alimentation
- impact sur la hiérarchie sociale
Par exemple, les mutilations aux deux mains de YB ont un impact sur son aspect
général et sa locomotion très important. Son dos est extrêmement déformé, avec une lordose
et une scoliose très importantes. Les mutilations aux membres de LK sont aussi probablement
responsables de sa forte voussure dorsale.
YB et PG utilisent beaucoup plus souvent que les autres individus une locomotion
bipède. La locomotion arboricole - surtout les phases d’ascension et de descente - est aussi
difficile pour ces deux individus.
Pour les femelles portant un jeune enfant, ces mutilations sont aussi très invalidantes.
L’accès à la nourriture est plus difficile pour ces individus et la cueillette des fruits est
pénible pour ceux ayant des amputations aux doigts. De plus, leur handicap physique ayant un
impact sur la hiérarchie, ils sont plus souvent chassés que d’autres, lors de conflits liés à la
compétition alimentaire intra-spécifique.
Il est étonnant de noter que les animaux ne succombent pas à de telles mutilations. Les
plaies sont rarement infectées et, même si la guérison complète peut être longue, l’infection
est contrée.
3.1.2 Blessure de LB
161
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
162
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
Pendant 14 min, il a consommé des figues immatures de Ficus capensis qui n’ont été
consommées par aucun des 13 autres individus du groupe ce jour-là. La figure 56 présente son
budget d’activité et celui des 13 autres individus du groupe durant la même période
d’observation.
Fig. 56 Budget d’activité de KK (215 min) et des 13 autres individus (680 min) du même
groupe entre 11:35 et 18:50 le 16/02/01.
76,70%
80,00%
70,00%
60,00%
47,50%
50,00%
40,00% KK
32,60%
Autres individus
30,00%
20,00% 15,80%
14,10%
0 0
0,00%
alimentation déplacement repos Interactions sociales Self-grooming
163
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
APPAREIL RESPIRATOIRE
fréquence respiratoire NORMAL AUGMENTEE 40 DIMINUEE
Voies respiratoires hautes
Eternuements NON OUI
Jetage ABSENT LEGER ABONDANT
CLAIR EPAIS
Voies respiratoires profondes
Toux NON OUI SECHE GRASSE
RARE FREQUENTE
Expectorations ABSENTES FAIBLES ABONDANTES
Dyspnée NON OUI FAIBLE FORTE
Commentaires : pas vu depuis le 6/2/01, KK tousse beaucoup depuis le 15/2/01. Le 16/2/01, il présente une toux grasse
avec râles respiratoires qui augmentent lorsqu’il est en d écubitus, des sifflements s’entendent même au repos. Jetage
abondant, muqueux, respiration orale. Appétit diminué et temps de repos très longs.
Le19/2/01, les râles respiratoires sont importants même lorsqu’il est assis. Il est seul, très éloigné de l’autre groupe localisé.
APPAREIL URINAIRE NORMAL Valeur d e pH anormale
Couleur de l’urine CLAIRE JAUNE FONCEE
Miction AISEE POLYURIE OLIGURIE
Présence de sang macroscopique NON OUI
Présence de cristaux (-)
Résultat bandelette Normal sauf pHPH 6.5
APPAREIL REPRODUCTEUR NORMAL
OPHTALMOLOGIE NORMAL
DERMATOLOGIE NORMAL
164
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
Photos KK et LB malades
165
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
OK mange l’écorce
166
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
Depuis le 7 février 2001, AR, vieille femelle dont l’âge est estimé à plus de 50 ans,
souffre de rhinite associée à de la toux. Elle est maigre et, les 7 et 8 février, elle se repose
souvent dans des nids de jour.
Le 9 février 2001, AR ne quitte pas son nid avant 8:10 alors que sa fille AS est
réveillée et hors du nid depuis 6:47. À trois reprises, des éternuements provenant du nid d’AR
sont entendus ainsi qu’une toux grasse. Les quantités d’urine et de matières fécales qu’elle
émet sont réduites. Des nitrites et du sang ont été mis en évidence dans deux prélèvements
urinaires des 7 et 9 février (#31 et #38) et les fèces des mêmes dates (3 échantillons)
contiennent des parasites nématodes (Probstmayria sp., Strongyloides fulleborni ainsi que
des larves de type Ankylostome).
Les selles du 7 février sont molles et l’échantillon #108 émis depuis son nid le 9
février contient des proglottis de Bertiella studeri ; des œufs de la même espèce de Cestodes
sont observés microscopiquement.
Depuis le 16 octobre 2001, une jeune femelle de 6 ans, OK, souffre de troubles
digestifs. Ses selles sont alternativement dures et sèches, puis molles ou diarrhéiques, et
contiennent des parasites (Tableau XXII).
167
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
Écorce Décoction,
Homme RDC Defour (1994)
lavement
Météorisme, Écorce en poudre
Homme Ouganda Heine & König (1988)
ballonnement par voie rectale
Décoction, Nyakabwa & Gapusi
Lumbago Homme RDC
lavement (1990)
Bourgeon Décoction, voie Nyakabwa & Gapusi
Blessure, fracture Homme RDC
terminal orale et massage (1990)
Infusion, voie
Racine Amygdalite Homme Ouganda Kokwaro (1976)
orale
Parmi les 252 échantillons de selles collectés, moins de 7% des échantillons (17
échantillons) ont une consistance diarrhéique. Trois individus ont plusieurs prélèvements
diarrhéiques : LK, le 13 décembre 2000 et le 25 février 2001, BB, les 14 et 25 février 2001
ainsi que le 20 octobre 2001 et YB pour trois échantillons proches collectés dans un intervalle
de temps de moins de 2 heures (dans ce cas, on peut supposer une cause différente du stress,
qui occasionne souvent l’émission de selles liquides lors de conflits sociaux).
168
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
169
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
Soixante-sept échantillons ont été prélevés et conservés dans le formol puis analysés
au Service de Parasitologie de l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort selon les trois méthodes
présentées précédemment.
Les helminthes
Les protozoaires
Les lames portant les échantillons conservés dans l’APV ont séché, quelques jours
après leur réalisation, et n’ont pas pu être analysées.
Vingt quatre échantillons tirés au hasard parmi ceux conservés dans le MIF ont été
analysés dans le service de parasitologie de l’Hôpital Saint-Antoine à Paris. Neuf étaient
positifs et plusieurs protozoaires ont pu être mis en évidence : Entamoeba histolytica,
Endolimax nana, Endolimax sp., Pseudolimax sp. et des coccidies. Sept échantillons
contenaient des Endolimax nana, 3 des coccidies et 3 des E. histolytica. Dans 4 prélèvements,
on a pu trouver plus d’une espèce de protozoaires.Parmi les 24 échantillons sur lesquels la
recherche de protozoaires a été effectuée, 4 d’entre eux contenaient à la fois des protozoaires
et des helminthes et 7 ont été positifs à la recherche d’helminthes.
Tableau XXV. Présence de parasites et consistance des selles lors de la mission pilote.
170
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
Dans les cas où des prélèvements multi-quotidiens ont été effectués, les résultats
étaient les suivants :
LB, le 14/11/99 :
13h15 : échantillon 31 : selles pâteuses, recherche d’helminthes
négative
13h34 : échantillon 37 : selles diarrhéiques, recherche d’helminthes
positive et présence de macroparasites
LP, le 8/11/99 :
11h46 : échantillon 6 : selles diarrhéiques, recherche d’helminthes
positive
12h15 : échantillon 5 : selles pâteuses, recherche d’helminthes
négative
171
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
252 échantillons ont été collectés : 187 pendant la première mission, 65 durant la
seconde. 127 selles provenaient de 18 femelles et 125 de 20 mâles (tableau XXVII).
Tableau XXVII. Distribution des classes d’age et de sexe des individus échantillonnés pour
les coprologies par flottation de Mac Master.
172
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
Pendant la première mission, en saison sèche, 4,8 échantillons ont été examinés par
individu (SD = 5,1).
Au cours de la seconde mission, en saison des pluies, 2,9 et 2,4 échantillons par
individu (SD = 2,1 et 1,7) ont été analysés respectivement par la flottation de Mac Master et
par examen direct.
Sur l’ensemble des deux missions, pour chaque animal, une moyenne de 6,3 (SD =
6,3) fèces ont été examinées.
Proportion d’échantillons parasités par des helminthes en fonction des méthodes utilisées
et de la saison d’étude
Cette différence peut s’expliquer par l’efficacité de chacune des méthodes à détecter
un stade parasitaire : en saison sèche, les prélèvements sont plus riches en larves qu’en œufs
d’helminthes; on observe le contraire en saison des pluies. Or, comme les larves sont
détectées plus efficacement par la méthode d’examen direct, la proportion d’échantillons
positifs est plus forte en saison sèche par cette méthode.
En fonction du sexe
En saison sèche, les échantillons des femelles testées sont positifs à 87,5% par examen
direct et seulement 63,7% par flottation (p < 0,0001). Les échantillons des mâles sont aussi
plus souvent positifs par examen direct (80,6% contre 73,7%) mais la différence n’est pas
significative. Les différences entre sexes ne sont pas significatives.
En saison des pluies, les échantillons provenant des mâles et femelles sont plus
souvent positifs par la méthode de Mac Master que par examen direct (p < 0,01 pour les
femelles et p < 0,02 pour les mâles). Aucune différence significative entre sexe n’est notée.
En fonction de l’âge
Pendant la saison sèche, chez les jeunes chimpanzés de moins de 10 ans, 84,2% des
échantillons (n = 19 échantillons de 9 individus) sont positifs à l’examen direct contre 81,8%
(n = 22 échantillons de 9 individus) par la flottation de Mac Master et 89,5% des selles sont
positives soit par l’une soit par l’autre méthode.
En saison des pluies, 75% des échantillons (n = 12 échantillons de 6 individus) sont
positifs avec les deux méthodes. Les différences entre saisons et méthodes ne sont pas
significatives. Tous les individus examinés au cours de deux saisons sont parasités par des
métazoaires.
173
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
Tableau XXVIII. Détection des échantillons et chimpanzés positifs avec deux techniques de
coprologie parasitaire en fonction des saisons de récolte des échantillons
174
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
La charge parasitaire moyenne corrigée hebdomadaire (Fig. 58) des individus mâles
et femelles présente un minimum lors de la quatrième semaine de l’étude de saison sèche
(première semaine de janvier 2001) et un maximum pour l’ensemble des individus pendant la
9ème semaine d’étude (2ème semaine de février 2001), alors que si l’on suit l’évolution par sexe,
la charge moyenne maximale des mâles se situe pendant la première semaine d’étude, celle
des femelles pendant la deuxième semaine d’étude.
600
charge parasitaire corrigée
(Examen direct)
500
400
300
200
100
0
0 2 4 6 8 10 12
semaine
mâles et femelles femelles mâles
CP corrigée et diarrhée
Le pourcentage de selles diarrhéiques est inférieur à 9% durant les deux missions.
Les charges parasitaires corrigées des fèces diarrhéiques et normales ne sont pas
significativement différentes (Selles diarrhéiques : m = 168, N = 16, SD = 188 ; selles de
consistance normale : m = 226, N = 183, SD = 355). Les observations nous conduisent à
penser que les selles liquides sont le plus souvent induites par le stress dû à une agression.
Néanmoins, la charge parasitaire peut avoir un effet plus faible sur la consistance des selles.
En effet, les selles molles ont une charge parasitaire significativement plus forte (p < 0,03)
que les selles normales (Selles molles : m = 497, N = 46, SD = 1501 ; selles de consistance
normale : m = 226, N = 183, SD = 355).
175
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
Au moins six espèces de parasites métazoaires sont observées dans les échantillons de
selles collectées : Oesophagostomum stephanostomum, Strongyloides fulleborni, Trichuris
trichiura, Probstmayria spp., Bertiella studeri, et des larves et œufs de Strongles non
identifiés.
176
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
Les protozoaires sont détectés uniquement par examen direct et les échantillons
conservés dans le MIF permettent une identification plus précise des kystes. Les
Entodiniomorphes sont présents dans de nombreux échantillons. Le plus courant est
Troglodytella abrassarti qui est significativement (p = 0,02) plus fréquent en saison des pluies
(77% des échantillons) qu’en saison sèche (61%). Les petits Entodiniomorphes sont
vraisemblablement les mêmes que ceux décrits précédemment dans les études de selles des
chimpanzés de Kibale (Ashford et al., 2000), de Gombe (File et al., 1976) et du Mont Assirik
(Mc Grew et al., 1989) et de la Lopé (Landsoud-Soukate et al., 1995) mais encore non
identifiés. Ils sont moins fréquents que T. abrassarti, mais à l’inverse de cette espèce, ils sont
plus fréquents en saison sèche qu’en saison des pluies. Alors que Pseudolimax sp. est plus
souvent détecté en saison sèche, l’inverse se produit pour Endolimax nana (p < 0,001).
Tableau XXX. Prévalences mensuelles des espèces observées le plus fréquemment dans
les selles au cours des missions 2000-2001
177
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
Planche parasites
178
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
moyenne
déc-00 jan-01 fév-01 oct-01
mission 1
n 25 21 136 182 65
Proportion d'échantillons positifs 40% 65% 62% 61% 77%
Étude de l’effet méthode sur la détection des parasites en fonction des espèces
Il apparaît que les deux méthodes principales utilisées (Examen direct et flottation au
MgSO4) apportent des résultats différents.
L’examen direct des selles formolées ne permet pas une aussi bonne détection des
œufs d’Oesophagostomum stephanostomum et de ceux non identifiés que la flottation (en
saison sèche comme en saison des pluies, différences significatives).
Par contre, l’examen direct est une méthode de choix pour détecter les larves
d’helminthes (différence significative pour Probstmayria sp. en saison sèche et pour les larves
de strongles en saison sèche et en saison des pluies) et les protozoaires qui ne sont pas
identifiables par flottation.
Par la méthode d’examen direct, aucune différence significative n’apparaît entre les
prévalences mensuelles des espèces d’helminthes les plus courantes, alors que la flottation
met en évidence des différences significatives pour O. stephanostomum et S. fulleborni.
Les prévalences d’O. stephanostomum sont significativement différentes selon la
méthode employée en décembre (p < 0,0001) et février (p = 0,0093). Celles de S. fulleborni
ne sont significativement différentes qu’en décembre 2000 (p = 0,02).
179
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
Tableau XXXII. Distribution des classes d’âge et de sexe des individus échantillonnés pour
les analyses d’urine
Lors de la première mission, 25 échantillons ont une couleur jaune, 19 sont orange ;
tous sont clairs et limpides, sauf deux qui sont foncés sans être troubles.
Lors de la seconde mission, un échantillon est rouge et trouble, contenant du sang
visible macroscopiquement, les autres sont tous jaune clair, sauf un prélèvement qui est foncé.
180
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
Un échantillon sur 2 provenant de femelle est positif pour le sang, contre seulement
14,7% chez les mâles (p = 0,002).
Seize échantillons sont issus des cinq femelles cyclées. Si on dissocie les résultats
entre femelles cyclées et non cyclées, les échantillons des femelles non cyclées sont encore
significativement plus fréquemment positifs que ceux des mâles (p = 0,02).
Fig. 59 Proportion d’échantillons positifs pour les paramètres sang et leucocytes en fonction
du sexe et du cycle sexuel des femelles (les différences sont significatives entre les mâles et
les femelles cyclées et non cyclées).
70,00%
68,75%
60,00%
62,50%
50,00%
40,00%
femelles cyclées
42,31%
38,46% 41,18% femelles non cyclées
mâles
30,00%
20,00%
14,71%
10,00%
0,00%
sang leucocytes
181
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
Fig. 60 Proportion des échantillons mâles et femelles ayant des paramètres anormaux (les
différences ne sont pas significatives).
16,00%
14,00%
14,71%
14,29%
12,00%
10,00%
8,82% femelles
8,00%
mâles
6,00%
5,88%
4,76%
4,00%
2,94%
2,00% 2,38%
0,00%
0,00%
nitrites protéines pH corps cétoniques
Pour avoir une meilleure estimation de la santé des individus testés, le nombre de
paramètres anormaux par prélèvement est pris en compte dans le tableau ci-après.
182
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
Tableau XXXIII. Paramètres urinaires anormaux dans les prélèvements effectués au cours
des missions 2000-2001.
183
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
Un autre échantillon présente aussi trois paramètres anormaux : #42 (25/02/01, 13:40)
provenant de LK laisse supposer d’une part une infection urinaire et il est d’autre part
anormal pour l’urobilinogène. Les prélèvements précédents et suivants (#41 du 21/02/01 et
#45 du 25/02/01) possèdent aussi des traces de sang et des leucocytes. Par ailleurs, le
prélèvement du 11 décembre 2000 (#01) est aussi positif pour l’urobilinogène. LK est le seul
individu testé positif pour l’urobilinogène.
Les leucocytes et le sang, lorsqu’ils sont présents dans les échantillons, sont en
majorité sous forme de traces. Seules des traces d’urobilinogène et de glucose sont aussi
trouvées dans les échantillons.
Les échantillons où figurent des quantités notables (par opposition aux traces) de
produits anormaux, sont peu nombreux et toujours inférieurs à 15% :
Sang :10,5% ; leucocytes : 13,1% ; nitrites : 13,1% ; protéines : 4% ; corps cétoniques : 1,3%
184
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
Fig. 61 Proportion et quantification des paramètres anormaux dans les urines des chimpanzés
pendant les deux missions 2000-2001.
50,00%
45,00%
40,00%
35,00%
30,00%
(+++)
(++)
25,00%
(+)
traces
20,00%
15,00%
10,00%
5,00%
0,00%
sang leucocytes nitrites protéines corps cétoniques urobilinogène glucose
185
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
Tableau XXXIV. Résumé des observations concernant les animaux malades pendant les
missions 2000-2001
Observations
Symptômes Individu Age Observations vétérinaires Analyses d'urine Analyses coprologiques
comportementales
186
2e PARTIE I-COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ET SURVEILLANCE SANITAIRE
B- RESULTATS
Les CP par examen direct et Mc Master et les numérations des ciliés Troglodytella
abrassartii sont plus faibles à l’issue de cette période qu’au début (Fig.62). Les différences
sont significatives pour les helminthes comptés par flottation de Mc Master (m1 = 26,5, SD1 =
18 ; m2 = 6,8 , SD2 = 5,2, p = 0,03 ) et pour les ciliés (m1 = 1750, SD1 = 1150; m2 = 183, SD2 =
285, p = 0,01),
Fig. 62 Analyses des selles des individus ayant consommé des écorces de Markhamia
platycalyx avant et après l’ingestion.
Nombre de parasites
350
300
250
200
avant consommation
moyenne octobre 2001
après consommation
150
100
50
187
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
A- ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACTIVITÉS BIOLOGIQUES
Les protozoaires parasites sont parmi les pathogènes les plus courants dans le monde.
Ils sont considérés comme les agents des maladies tropicales les plus graves à la fois chez les
humains et les animaux. Le paludisme, la leishmaniose, la trypanosomiase ainsi que les
amibiases et la toxoplasmose affectent près de 25% de la population mondiale. Les
traitements actuels disponibles sont encore peu nombreux et, de plus, des résistances se
développent.
Les résultats de cette étude portant sur l’état sanitaire des animaux ont montré la forte
prévalence des infections digestives parasitaires chez les chimpanzés de Kanyawara.
Néanmoins, l’infection semble contrôlée puisque les charges de parasites restent faibles.
Dans un premier chapitre, les activités biologiques des plantes récoltées sont présentées, avec
une distinction particulière pour les parties consommées par les chimpanzés. Ainsi,
l’hypothèse d’une sélection de certaines plantes en fonction de leur activité pourra être
discutée. Un deuxième chapitre présente les résultats du travail phytochimique de quelques
plantes possédant des activités significatives. Une troisième partie détaille les protocoles
utilisés au cours de ces études biologiques et chimiques des plantes.
188
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
A- ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACTIVITÉS BIOLOGIQUES
La sélection des espèces de plantes récoltées a été effectuée grâce à différentes données :
Les plantes sont récoltées et séchées à l’air, à l’abri du soleil sur le terrain. Un herbier
en triple exemplaire est réalisé. L’identification des plantes est réalisée sur le terrain, en
Ouganda, avec l’aide des assistants du Kibale Chimpanzee Project. Les herbiers sont ensuite
comparés avec les spécimens de l’Herbier du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris avec
l’aide des botanistes Lucile Allorge et Annette Hladik.
Les plantes sont de nouveau séchées dans des étuves ventilées. Les parties de plantes
sèches sont finement broyées. 40 à 50 g de chacune des parties de plantes sont extraites à
40°C, successivement par l’acétate d’éthyle et le méthanol. Les solutions obtenues sont
évaporées à sec sous vide.
Les rendements d’extraction sont variables selon les espèces et les parties extraites,
allant de 0,1% pour l’extraction par l’acétate d’éthyle de l’écorce de Celtis africana à près de
15% pour l’extraction à l’acétate d’éthyle des fruits d’Urera sp.
189
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
A- ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACTIVITÉS BIOLOGIQUES
Tableau XXXV. Liste des espèces et des parties de plantes récoltées pendant les missions
2000-2001
Parmi les parties de plantes collectées, seules certaines sont consommées par les
chimpanzés (Tableau XXXVI). L’importance de la consommation des aliments a été évaluée
sur une échelle allant de 0 à 3 par R.Wrangham (comm. pers.), en fonction de la fréquence de
consommation et de la quantité d’aliments ingérés. Deux parties de plantes ne figurent pas
dans l’inventaire des parties de plantes consommées : les feuilles de Strombosia scheffleri et
l’écorce de Ficus dawei. Strombosia scheffleri est aussi présent à Yalosidi où il n’est pas
connu non plus comme aliment. Ces deux items ont été consommés pendant les périodes
d’étude. Tous les aliments récoltés consommés par les chimpanzés sont affectés de l’indice 1
correspondant à une consommation occasionnelle, excepté les feuilles de Celtis africana qui
sont mangées plus souvent et correspondent à un indice 2.
Par contre, les feuilles de Piper umbellatum ne sont pas connues comme aliment à
Kibale, mais sont consommées occasionnellement à Bossou.
190
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
A- ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACTIVITÉS BIOLOGIQUES
Tableau XXXVI. Liste des parties de plantes collectées et consommées ou non par les
chimpanzés de Kanyawara
65% des feuilles et 47% des écorces récoltées sont consommées par les chimpanzés.
Les fleurs collectées ne sont pas consommées. Les seuls fruits récoltés sont ceux d’Urera sp.,
ils sont consommés par les chimpanzés (tableaux XXXVI et XXXVII).
191
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
A- ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACTIVITÉS BIOLOGIQUES
Les extraits secs ont été soumis à différents essais biologiques in vitro.
192
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
A- ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACTIVITÉS BIOLOGIQUES
trypanosomes peuvent être détectés dans le sang périphérique entre 5 et 21 jours après la
piqûre infectante. Les parasites possèdent un système d’évasion antigénique et peuvent
exprimer des milliers de variants. Les symptômes sont au début non spécifiques (maux de
tête, fièvre, faiblesse, douleurs articulaires et prurit). Après l’invasion de la lymphe et du sang
puis du système nerveux central, la maladie se manifeste par des symptômes graves de type
méningo-encéphalomyélite chronique (torpeur, léthargie, agressivité, insomnie nocturne et
inconscience durant la journée) pouvant conduire au coma puis à la mort si elle n’est pas
traitée.
Le seul traitement actuellement disponible est le mésarsoprol, un dérivé de l’arsenic,
qui possède des effets secondaires importants (encéphalopathie pouvant être fatale).
Ces essais ont été pratiqués dans le Service de Biologie et contrôle des organismes
parasites de la Faculté de Chatenay-Malabry (France) d’après la méthode décrite dans
Loiseau et al. (2000) et grâce à l’aide et la collaboration de Philippe Loiseau. La souche
Trypanosoma brucei brucei GVR 35/Cl.2 est utilisée pour le criblage des extraits in vitro.
193
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
A- ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACTIVITÉS BIOLOGIQUES
Aucun extrait ne présente d’activité notable (i.e à une concentration inférieure à 10 µg/ml)
sur T. brucei brucei.
194
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
A- ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACTIVITÉS BIOLOGIQUES
La toxicité, la longueur des traitements et leur coût élevé rendent urgente la découverte de
nouveaux traitements.
La méthode décrite par Mbongo et al. (1997) a été utilisée pour réaliser ces essais au
sein du Service de Biologie et contrôle des organismes parasites de la Faculté de Chatenay-
Malabry (France), grâce à la collaboration de Philippe Loiseau. Les essais biologiques in
vitro ont été réalisés sur des promastigotes de Leishmania donovani (MHOM/IN/80/DD8)
La concentration inhibant la croissance de 50% des parasites (CI50) après une période
d’incubation de 3 jours est déterminée.
Le seul extrait actif contre Leishmania donovani à moins de 10 µg/ml est celui des écorces
de Diospyros abyssinica (acétate d’éthyle). Sa CI50 est de 1,5 µ g/ml (CI50 du produit de
référence (pentamidine = 7µM).
Les écorces de cette plante sont consommées par les chimpanzés de Kanyawara.
195
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
A- ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACTIVITÉS BIOLOGIQUES
L’impact économique est lourd, tant par le coût direct engendré par les traitements et
les préventions que par la baisse de productivité. En 1995, le coût économique du paludisme
en Afrique a été évalué à 12 milliards de dollars (Roll Back Malaria, site internet OMS,
2002).
196
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
A- ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACTIVITÉS BIOLOGIQUES
Les symptômes, non spécifiques (fièvre, maux de tête, courbature, troubles digestifs),
apparaissent seulement lors de la phase érythrocytaire, soit 9 à 14 jours après la piqûre du
moustique. Des accès périodiques se répétant à intervalles réguliers ainsi que des accès
sévères se traduisant par un coma menant à la mort (paludisme cérébral) et des avortements
chez les femmes enceintes compliquent souvent le tableau clinique.
• Quinines et dérivés
Chloroquine (4-aminoquinoline)
Amodiaquine
Primaquine
Méfloquine
• Antifolates
o Inhibiteurs de la dihydrofolate-réductase
Proguanil, chlorproguanil, pyriméthamine, trimétoprime
o Sulfamides
Dapsone, sulfalene, sulfaméthoxazole, sulfadoxine
Utilisés en monothérapie, les antifolates entraînent des résistances.
Les associations Sulfadoxine/pyriméthamine (Fansidar TM) ou chlorproguanil/dapsone
(LAP-DAP) sont à privilégier.
• Les antibiotiques
Les tétracyclines (Doxycycline) sont utilisées en traitement préventif et curatif.
• L’artémisinine et ses dérivés
Isolée de Artemisia annua, l’artémisinine 31 et ses dérivés d’hémisythèse, artésunate 34,
artéméther 32 et artééther 33, possèdent une bonne activité antipaludique.
• Les autres traitements
L’Halofantrine (phénantrène-méthanol) est utilisée dans les zones de multirésistance, mais
peut produire de graves effets secondaires cardiaques.
L’Atovaquone (hydroxynaphtoquinone) est surtout utilisée chez les patients
immunodéprimés. Des résistances se développent très rapidement. Elle est donc souvent
associée au proguanil (Malarone TM).
Pyronaridine
Luméfantrine (associé à l’artéméther).
197
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
A- ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACTIVITÉS BIOLOGIQUES
Fig. 65 Principales molécules utilisées dans le traitement du paludisme (d’après Ridley, 2002)
Phénomènes de résistance
La résistance est la possibilité pour une lignée de parasites de survivre ou/et de se
multiplier malgré l’administration et l’absorption d’une drogue donnée en dose égale ou
supérieure à celle recommandée habituellement.
198
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
A- ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACTIVITÉS BIOLOGIQUES
favoriser les combinaisons de traitements car une résistance chimique à une molécule induit
souvent une résistance aux molécules de la même classe.
Seuls 3 des 1223 nouveaux médicaments développés entre 1975 et 1996 étaient des
antipaludiques (Trouiller & Olliaro, 1998). Les séquençages des génomes du parasite P.
falciparum, du moustique Anopheles gambiae finalisés en octobre 2002 apportent de
nouveaux espoirs. Par exemple l’importance de l’apicoplaste (Ridley, 2002), l’existence de
60% de gènes de fonctions inconnues chez le parasite qui pourront être à l’origine de
nouvelles cibles (Butler, 2002) ont été soulignées. Le séquençage du génome du moustique a
comme intérêt potentiel de comprendre la biologie, la biochimie, la physiologie et le
comportement du vecteur lors de la recherche de l’hôte, du repas sanguin et de la
reproduction et d’essayer d’interagir avec ceux-ci pour contrôler l’épidémie (Morel et al.,
2002). Mais, ceci ne doit pas détourner de la recherche de nouvelles molécules, nécessaires
pour lutter contre le paludisme dans l’avenir car les probabilités de résistance sont toujours
fortes.
De plus, le développement de nouvelles molécules demande de 12 à 17 ans, ce qui est
plus long que la mise en place des résistances.
Parmi les 84 extraits testés, 6 extraits ont une CI50 inférieure à 10 µg/ml et 6 ont une
CI50 comprise entre 10 et 20 µg/ml.Ces 12 extraits proviennent de 8 espèces de plantes. Les
extraits à l’acétate d’éthyle et au méthanol des feuilles et des écorces d’Uvariopsis congensis
présentent une activité significative. Les deux types d’extraits de feuilles de Trichilia
rubescens ont une activité nette.7 extraits proviennent des écorces, 5 des feuilles des plantes
collectées.4 extraits sont obtenus par macération méthanolique.
199
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
A- ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACTIVITÉS BIOLOGIQUES
Tableau XXXVIII. Extraits de plantes ayant une CI50 inférieure à 20 µg/ml sur Plasmodium
falciparum, en caractère gras, les activités les plus significatives.
CI 50 Plasmodium
falciparum
(µg/ml)
Espèce Partie Solvant d'extraction CI 50 Chloroquine 0,1µM
Trichilia rubescens Feuilles acétate d’éthyle <3,12
Partie consommée par
acétate d’éthyle
chimpanzés
Chaque année, les cancers sont responsables de 240 000 nouveaux cas et environ 150
000 décès en France. En 1999, 87 000 hommes et 56 000 femmes sont morts en France d’un
cancer, 282 000 hommes et 260 000 femmes aux USA (base de données de l’OMS, site
internet WHO).
200
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
A- ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACTIVITÉS BIOLOGIQUES
Les tests ont été réalisés par Christiane Gaspard à l’ICSN sur la lignée de cellules
humaines KB provenant d’un carcinome épidermoïde de la langue et du plancher de la cavité
orale (Eagle, 1955; Shoemaker et al., 1983). Le pourcentage d’inhibition de croissance des
cellules tumorales est mesuré pour différentes concentrations des extraits (10 et 1µg/ml,
généralement).
9 extraits sur 84 ont une cytotoxicité supérieure à 50% à 10 µg/ml. Pour trois d’entre
eux, la cytotoxicité est encore supérieure à 50% à 1 µg/ml.
Ces extraits appartiennent à cinq espèces de plantes. Les extraits de trois espèces sont
particulièrement actifs. Les deux extraits d’écorce et l’extrait méthanolique des feuilles
d’Uvariopsis congensis, les deux extraits d’écorce de Diospyros abyssinica et les extraits
méthanoliques des feuilles et écorces d’Albizia grandibracteata présentent une activité
notable.
Les deux extraits méthanoliques d’Albizia grandibracteata et l’extrait à l’acétate
d’éthyle de Diospyros abyssinica sont les plus actifs à 1 µg/ml.
Trois extraits sur 9 sont issus d’une extraction par l’acétate d’éthyle. Parmi les 9
extraits, 7 proviennent d’écorce et deux de feuilles.
Tableau XXXIX. Extraits de plantes ayant une cytotoxicité sur cellules KB supérieure à 50%
à 10 µg/ml, en caractère gras, les activités les plus significatives.
cytotoxicité à cytotoxicité à
Solvant 10 µg/ml (%) 1µg/ml (%)
Espèce Partie d'extraction CI50 Adriblastine=0,1µM
201
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
A- ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACTIVITÉS BIOLOGIQUES
Ces essais ont été pratiqués sur Rhabditis pseudoelongata dans le Service de Biologie
et contrôle des organismes parasites de la Faculté de Chatenay-Malabry (France), avec
l’aide de Christian Bories.
Les résultats sont exprimés en DL50 (dose létale 50%), dose qui tue 50% de la
population de vers.
9 extraits parmi les 84 ont une DL50 inférieure à 100 µg/ml. Pour 4 d’entre eux, la DL50
est inférieure à 50 µg/ml.
Ces 9 extraits sont issus de 6 espèces de plantes. Les deux types d’extraits de feuilles
de Linociera johnsonii et d’écorce de Monodora myristica présentent une activité. Les extraits
méthanoliques de feuilles et d’écorce d’Albizia grandibracteata ont une DL inférieure à 50
µg/ml.
Parmi les 9 extraits, 4 proviennent d’écorce, 3 de feuilles et 2 de fleurs.
Pour 5 d’entre eux, le solvant d’extraction est le méthanol.
Tableau XL. Extraits de plantes ayant une DL50 inférieure à 100 µg/ml sur Rhabditis
pseudoelongata
DL50 R. pseudoelongata
(µg/ml )
Espèce Partie Solvant d'extraction CI50 Ivermectine=0,38 µg/ml
mée
202
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
A- ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACTIVITÉS BIOLOGIQUES
Ces tests ont été réalisés grâce à l’aide de Valérie Bultel-Poncé au sein du Laboratoire
de Chimie des Substances Naturelles du Muséum National d’Histoire Naturelle dirigé par le
Professeur B. Bodo.
Parmi ces 32 extraits, 12 proviennent de parties de plantes mangées par les chimpanzés
et 14 ne sont pas consommés.
203
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
A- ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACTIVITÉS BIOLOGIQUES
Diamètre
Solvant d'inhibition Bactériostatique CMI en
Espèce Famille Partie Streptomycine ou bactéricide
d'extraction µg/ml
10UI=14-22
204
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
A- ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACTIVITÉS BIOLOGIQUES
Diamètre
d'inhibition
Streptomycine Bactériostatique
Espèce Partie Solvant d'extraction 10UI=12-20 ou bactéricide
Ficus dawei Écorce méthanol 8 BS
consom
partie
mée
mée
non
Tableau XLIII. Extraits de plantes ayant un diamètre d’inhibition pour Candida tropicalis
supérieur à 7 mm
Diamètre
Espèce Partie Solvant d'extraction
d'inhibition
Diospyros abyssinica Écorce acétate d’éthyle 8
Partie consommée Diospyros abyssinica Écorce méthanol 7
Chaetacme aristata Écorce acétate d’éthyle 7
205
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
A- ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACTIVITÉS BIOLOGIQUES
En moyenne, sur l’ensemble des essais biologiques, 3,5 extraits (7,6%) de parties de
plantes consommées par les chimpanzés sont actifs pour chaque essai. Parmi les parties de
plantes non consommées par les chimpanzés, 2,25 extraits (5,9%) seulement sont actifs en
moyenne pour chaque test, mais la différence n’est pas significative.
Pour tous les tests, excepté les essais antibiotiques, la proportion d’extraits actifs est
plus forte parmi les parties de plantes consommées par les chimpanzés de Kanyawara, mais la
différence n’est significative que pour les tests de cytotoxicité sur cellules KB et les essais
antifongiques sur C. tropicalis. La proportion d’extraits à activité antibiotique est plus forte
parmi les extraits de plantes non consommées par les chimpanzés, mais la différence n’est pas
significative. L’évaluation de l’activité antibiotique montre quelques résultats significatifs
mais l’activité reste faible comparée aux antibiotiques issus de souches fongiques. La
proportion de plantes à activité cytotoxique observée dans cette étude des parties de plantes
consommées par les chimpanzés est significativement plus forte (p < 0,05) que celle observée
sur un échantillon de 650 extraits collectés au hasard où seulement 1% des plantes ont plus de
50% de cytotoxicité à 1 µg/ml (Gaspard, comm. pers.).
Tableau XLIV. Bilan des activités antimicrobiennes et cytotoxiques des extraits de plantes
en fonction de leur consommation par les chimpanzés
206
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
A- ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACTIVITÉS BIOLOGIQUES
Parmi les échantillons collectés, 45% proviennent d’écorces et 63% des extraits actifs
sur l’ensemble des essais de type anti-bactériens, antifongiques, anthelminthiques et
cytotoxiques sont des extraits d’écorces (différence significative : p < 0,02, test unilatéral).
Parmi les extraits de parties de plantes consommées par les chimpanzés, 39% des
extraits ont été réalisés à partir d’écorces et 56,7% des extraits actifs sont issus des écorces (p
< 0,07, test unilatéral). De même, parmi les extraits de plantes non consommées par les
chimpanzés, la proportion d’extraits d’écorces actifs est supérieure à la proportion
d’échantillons collectés (respectivement 70,4% vs 52% p = 0,07, test unilatéral).
Tableau XLV. Proportion d’extraits issus d’écorces présentant une activité biologique
Extraits actifs parmi les Extraits actifs parmi les Ensemble des
parties consommées parties non consommées extraits
Essais biologiques (n = 46) (n = 38) (n = 84)
extraits extraits
provenant toute partie provenant toute partie
d'écorce d'écorce
Proportion d'extraits provenant
d'écorces parmi l’ensemble des 39% 52% 45%
extraits
T. brucei 0 0 0 0
3 7 4 5
P. falciparum CI50< 20 µg/ml
Ø > 11 mm S. aureus 3 8 6 9
Ø > 8 mm E. coli 2 3 3 3
Ø > 7 mm C. tropicalis 3 3 0 0
somme 17 30 19 27
Les essais portant sur la prolifération lymphocytaire des splénocytes ont été réalisés
dans le Service d’Immunologie de l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort à Maisons-Alfort,
grâce à la collaboration du Professeur Quintin-Colonna et l’aide technique de Françoise
Gavard.
Aucune activité significative immunostimulante n’a été observée pour les extraits
bruts. La non reproductibilité des résultats fait supposer la nécessité de réaliser les essais sur
des extraits déjà partiellement purifiés.
207
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
A- ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACTIVITÉS BIOLOGIQUES
Les hommes ne sont pas les hôtes naturels du VIH-1 et 2. Le virus a gagné notre
espèce à la faveur d’une transmission zoonotique, très certainement par l’intermédiaire de
chimpanzés pour le VIH-1 et de Mangabeys pour le VIH-2 (Hahn, 2000).
Les chimpanzés, et particulièrement la sous-espèce P. t. schweinfurthii étudiée au
cours de ce travail, sont porteurs de la souche SIVcpz. Néanmoins, la prévalence de
l’infection est faible et le statut de 28 chimpanzés de Kibale a été examiné et jugé négatif.
Pourtant, à Gombe qui se trouve à une distance relativement proche, l’infection existe chez les
chimpanzés de la même sous-espèce (Santiago, 2002).
L’effet des extraits bruts des plantes a été évalué, par A.-M. Aubertin, sur la
réplication du VIH dans trois types de cellules (MT-4, CEM-SS, PBMC) (Moog et al., 1994)
à l’Institut de Virologie de la faculté de Médecine de Strasbourg.
La viabilité des cellules infectées par le VIH-1 ainsi que l’effet toxique des extraits sur
les cellules saines sont mesurés par réaction colorimétrique (MTT). La toxicité sur les cellules
infectées par le virus a été évaluée conjointement. Pour qu’un produit soit intéressant, une
différence significative doit exister entre les deux concentrations - toxique et active - de ce
produit (CC et CI).
208
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
A- ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACTIVITÉS BIOLOGIQUES
Certains extraits ont par contre une toxicité vis-à-vis des cellules non infectées.
Il faut remarquer que les deux extraits de plantes les plus actifs (extraits AcOEt et
MeOH d’écorce d’Uvariopsis congensis) parmi les items non consommés par les chimpanzés
sont aussi les plus toxiques sur les cellules PBMC.
Tableau XLVI. Activité anti-VIH-1 Bal sur cellules PBMC des extraits de plantes
VIH-1 Bal/PBMC
(µg/ml)
Partie de CI 50AZT = 2,1 10-5µM
Espèce plante Solvant CI 50 CC50
Albizia grandibracteata feuilles MeOH 0,23 7,5
consommée
209
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
A- ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACTIVITÉS BIOLOGIQUES
On a considéré dans le tableau XLVII les extraits ayant une CI50 inférieure à 5 µg/ml.
20 extraits appartenant à 12 espèces de plantes sont actifs sur les cellules infectées par
le virus VIH 1 IIIB. La majorité sont des écorces (13/20) et les extraits à l’acétate d’éthyle
sont plus fréquents.
Tableau XLVII. Activité anti-VIH-1 IIIB sur cellules PBMC des extraits de plantes
VIH-1 IIIB/PBMC
(µg/ml)
CI 50 AZT = 1,4 10-6µM
Espèce Partie de plante Solvant CI 50 CC50
-2
Uvariopsis congensis Feuilles Méthanol 9,5 10 4,6
Chaetacme aristata Écorce Acétate d'éthyle 0,2 0,34
Ficus natalensis Écorce Acétate d'éthyle 0,56 1,2
Urera hypsiloides Fruit Méthanol 0,82 1,9
Partie consommée
-2
Uvariopsis congensis Feuilles Acétate d'éthyle 1,1 9,2 10
Diospyros abyssinica Écorce Acétate d'éthyle 1,3 2,8
Ficus dawei Écorce Acétate d'éthyle 1,9 5,1
Celtis durandii Feuilles Méthanol 3,1 2,7
Chaetacme aristata Écorce Méthanol 3,2 1,8
Celtis durandii Feuilles Acétate d'éthyle 3,2 2,6
Ficus asperifolia Feuilles Acétate d'éthyle 4,8 8
Olea welwitschii Écorce Acétate d'éthyle 5 9,1
-4 -3
Uvariopsis congensis Écorce Acétate d'éthyle 9,2 10 6,1 10
Partie non consommée
-3 -2
Uvariopsis congensis Écorce Méthanol 1,3 10 2 10
Chrysophyllum albidum Écorce Méthanol 0,51 >1
Chrysophyllum albidum Écorce Acétate d'éthyle 1,2 4
Celtis durandii Écorce Acétate d'éthyle 1,8 5
Celtis africana Écorce Acétate d'éthyle 2 4,6
Mimusops bagshawei Écorce Acétate d'éthyle 2,1 5,6
Ficus dawei Feuilles Acétate d'éthyle 3 9,4
210
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
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Tableau XLVIII. Toxicité sur cellules PBMC et MT-4 des extraits de plantes
CC50 (µg/ml)
Espèce Partie de plante Solvant PBMC MT-4
Uvariopsis congensis feuilles AcOEt 0,65 0,37
Uvariopsis congensis feuilles MeOH 1,4 0,34
Albizia grandibracteata écorce AcOEt 0,67 2,2
Albizia grandibracteata écorce MeOH 0,89 1,7
Partie consommée Strombosia scheffleri feuilles MeOH 7,8 7,5
Trichilia rubescens (1) feuilles AcOEt 4,9 7,6
Urera sp. fruits MeOH >10 8,1
Albizia grandibracteata feuilles MeOH >11 4,3
Diospyros abyssinica écorce AcOEt >12 5,5
Uvariopsis congensis écorce AcOEt >13 0,14
Partie non consommée Uvariopsis congensis écorce MeOH >14 0,23
Pancovia turbinata écorce AcOEt 8,2 >10
Néanmoins, l’activité rapportée à la toxicité n’est jamais assez forte pour que les
extraits soient sujets à une recherche plus approfondie.
211
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
A- ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACTIVITÉS BIOLOGIQUES
Tous les extraits de plantes préparés pour les tests décrits précédemment sont utilisés
pour effectuer des essais portant sur la régulation de l’appétit dans le cadre d’une
collaboration avec l’Institut de Recherche SERVIER. Afin de cibler plus rapidement les
fractions actives mais aussi, parce que les cibles portant sur les récepteurs nécessitent des
extraits pré-purifiés pour éviter des faux-positifs, un fractionnement automatique est réalisé.
Les extraits préparés sont donc fractionnés de façon automatisée par CLHP, suivant un
protocole unique pour chaque type d’extrait (méthanolique ou acétate d’éthyle) et distribués
automatiquement dans des plaques multi-puits. Ce travail a été réalisé par Barbara Morléo et
Vanessa Alexandre, au sein du Pôle Substances Naturelles de l’ICSN de Gif-sur-Yvette dirigé
par Marc Litaudon.
Les plaques-filles issues du fractionnement automatique sont ensuite confiées à
l’Institut de Recherche SERVIER, où les essais biologiques sont pratiqués.
Ces effets sont médiés grâce à 3 sous-types de récepteurs (H1, H2, H3) couplés à une
protéine G. Le récepteur H3 a été identifié dans le système nerveux central (SNC) et le
système nerveux périphérique comme un récepteur présynaptique contrôlant la libération
d’histamine, et d’autres neurotransmetteurs.
Les antagonistes de H3 ont des effets sur le SNC qui en font des candidats potentiels dans
le traitement de
• l’obésité
• L’épilepsie
• Les déficits de mémoire liés à l’âge (Alzheimer)
• Les problèmes d’hyperactivité et de déficit d’attention
Les agonistes de H3 sur les organes périphériques ont des effets anti-inflammatoires
Ils ont de potentielles applications dans le traitement de :
• l’asthme
• les migraines
• les problèmes cardiaques
212
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
A- ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACTIVITÉS BIOLOGIQUES
Les récepteurs activés par les inducteurs de la prolifération des peroxysomes, les
PPAR, sont des récepteurs nucléaires des hormones thryroïdiennes, de la vitamine D et de
l’acide rétinoïque. Ce sont des facteurs de transcription qui sont activés par la liaison de
certains acides gras et/ou de métabolites lipidiques. Il semble qu’ils pourraient signaler, au
niveau de l’expression génique, un changement de l’apport nutritionnel et en particulier de sa
composition lipidique.
Trois PPAR (α,β,γ) sont connus. Le gène PPARγ code pour deux protéines, γ1 et γ2.
PPARγ est exprimé dans le tissu adipeux et le tractus gastro-intestinal, et faiblement dans le
foie et dans les muscles squelettiques. PPARγ1 est la forme exclusive dans les tissus autres
que les tissus adipeux. Il est aussi la forme majoritaire dans le tissu adipeux même s’il n’y est
pas spécifique. PPARγ est identifié comme la cible de thiazolidinediones (TZD) utilisées dans
le traitement des diabètes non insulino-dépendants.
Les ligands naturels et de synthèse qui activent PPARγ semblent induire une
différenciation des adipocytes, expliquant l’augmentation de masse du tissu graisseux et la
diminution des lipides circulants des patients traités par TZD. Les ligands naturels les plus
décrits de PPARγ sont les eicosanoïdes (Ferry et al. 2001 ; Nosjean & Boutin, 2002).
Des inhibiteurs de la fixation des ligands pourraient réduire la masse graisseuse, alors que
des agonistes pourraient diminuer les processus inflammatoires et freiner les processus de
cancérisation.
Chez les rats, MCH est exprimé dans l’hypothalamus latéral (aire jouant un rôle dans
le contrôle de l’homéostasie, le comportement alimentaire et le poids corporel). Une injection
intracérébrale de MCH entraîne une augmentation de la prise alimentaire chez le rat et la
souris. Les souris transgéniques qui surexpriment le gène MCH sont obèses et
213
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
A- ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACTIVITÉS BIOLOGIQUES
hyperphagiques, alors que les souris dont le gène MCH est endommagé, deviennent
anorexiques (Boutin et al., 2002 ; Audinot et al., 2001a; Audinot et al., 2001b).
Récepteur H3
Trois extraits provenant de la même espèce, Uvariopsis congensis, et de la même
partie du végétal (l’écorce) sont actifs. L’extrait brut obtenu par macération à l’acétate
d’éthyle (SK 11A) est plus actif que celui obtenu par percolation en Soxhlet. Cette partie de
plante n’est pas consommée par les chimpanzés.
% d'inhibition
Solvant sur H3(10
Référence de l'extrait Espèce, partie de plante d'extraction µg/ml)
SK 11A Brut filtré Uvariopsis congensis, écorces AcOEt 97,3
Partie non consommée SK 11B Brut filtré Uvariopsis congensis, écorces AcOEt 70,7
SK 11C Brut filtré Uvariopsis congensis, écorces MeOH 85
214
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Solvant % d'activationsur
Référence de l'extrait Espèce, partie de plante d'extraction H3(10 µg/ml)
Récepteur PPAR γ2
28 extraits bruts appartenant à 18 espèces de plantes inhibent PPARγ2 à plus de 50%.
11 sont des extraits d’écorces, 15 de feuilles et 2 de fleurs.
21 sont extraits par l’acétate d’éthyle.
215
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
A- ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACTIVITÉS BIOLOGIQUES
% d'inhibition
sur
Solvant PPARγ2(10
Référence de l'extrait Espèce, partie de plante d'extraction µg/ml)
SK 59 Brut filtré Pterygota mildbraedii, écorces AcOEt 94
SK 19 Brut filtré Diospyros abyssinica, , écorces AcOEt 87,5
SK 73 Brut filtré Trichilia rubescens (1), feuilles AcOEt 83
SK 45 Brut filtré Mimusops bagshawei, feuilles AcOEt 66,5
partie consommée
Récepteurs MCH
24 extraits sont actifs sur ce récepteur. Ils correspondent à 17 espèces de plantes. Les
extraits à l’acétate d’éthyle de feuilles sont les plus fréquemment actifs (16 et 17
respectivement/24).
216
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
A- ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACTIVITÉS BIOLOGIQUES
Récepteur NPY1
Seuls deux extraits, issus de parties de plantes non consommées par les chimpanzés,
sont actifs.
217
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
A- ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACTIVITÉS BIOLOGIQUES
Bilan des activités des extraits bruts sur les cibles intervenant dans la régulation de
l’appétit
Tableau LIV. Proportions d’extraits bruts à activité antagoniste sur les récepteurs
impliqués dans la régulation de l’appétit parmi les parties de plantes consommées ou non par
les chimpanzés
Les essais sur récepteurs basés uniquement sur la recherche d’activité des extraits
bruts révèlent souvent l’existence de nombreux faux positifs. Grâce au fractionnement
automatisé, les extraits bruts et les fractions, obtenues à partir de ces extraits, ont été soumis
aux différents essais.
SK 11 présente des fractions (fr. 5, 6, 7) possédant une activité inhibitrice faible sur
H3.
Les fractions 5, 6 et 8 de SK 19 (Diospyros abyssinica, écorce) favorisent la liaison de
H3 et de son ligand.
Deux extraits bruts (de parties non consommées) et leurs fractions sont actifs sur
NPY1 :
SK 11A (Uvariopsis congensis, écorce) + fr. 8 (non consommé)
SK 36 (Acanthus pubescens, feuilles) + fr. 13 (non consommé)
7 extraits actifs sur MCH1 (dont 5 sont de parties consommées) conduisent à des
fractions qui inhibent aussi cette cible.
SK17 (Ficus dawei, écorce) + fr. 7 et 8 (consommé)
SK 19 (Diospyros abyssinica, écorce) + fr. 5 et 12 (consommé)
SK 33 ( Ficus asperifolia, feuilles) + fr. 7 et 8 (consommé)
218
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
A- ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACTIVITÉS BIOLOGIQUES
5 extraits (dont 3 sont issus de parties consommées) et leurs fractions, ont une activité
sur PPARγ2.
SK 23 (F. exasperata, écorce) + fr. 6 (consommé)
SK 59 ( Pterygota mildbraedi, écorce) + fr. 4 et 7 (consommé)
SK 73 (Trichilia rubescens, feuilles) + fr. 5, 6 et 8 (consommé)
SK 25 ( Celtis durandii, écorce) + fr. 6 (non consommé)
SK 39 (Piper umbellatum, feuilles) + fr. 6 et 7 (non consommé)
Les différences, pour chaque cible, entre la proportion d’extraits actifs provenant de
parties de plantes consommées ou non par les chimpanzés, ne sont pas significatives.
3.2.3 Bilan des activités sur les récepteurs impliqués dans la régulation de
la prise alimentaire
Les résultats des récoltes effectuées à Kibale sont comparables à ceux observés pour
les récoltes de Nouvelle-Calédonie et de Malaisie entreprises dans le cadre de l’ICSN (M.
Litaudon, comm. pers.) pour l’ensemble des cibles sauf pour MCH1 où le nombre d’extraits
bruts actifs provenant d’Ouganda est significativement plus élevé que ceux provenant de
Malaisie. Cinq extraits de parties de plantes consommées par les chimpanzés possèdent des
fractions actives sur MCH1.
Les activités sont équivalentes pour les extraits issus de parties de plantes consommées
ou non, sauf pour la cible H3, où les résultats tendraient à montrer que les parties de plantes
possédant des activités inhibitrices sur H3 seraient contre-sélectionnées.
Tableau LV. Comparaison des activités des extraits bruts collectés en Malaisie, en
Nouvelle-Calédonie (Litaudon, comm.pers.) et en Ouganda sur les cibles impliquées dans la
régulation de la prise alimentaire
*différence significative, p = 0,05
# différence significative entre la proportion d’extraits de Malaisie actifs et celle des extraits consommés, non
consommés et tout extrait confondu d’Ouganda (p≤0,002)
Nouvelle-Calédonie Malaisie
provenance (Litaudon, comm. pers.) (Litaudon, comm. pers.) Cette étude : Ouganda
219
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
A- ÉTUDE GÉNÉRALE DES ACTIVITÉS BIOLOGIQUES
220
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
B- ÉTUDE PARTICULIÈRE DES PLANTES
D. abyssinica est un grand arbre au tronc cylindrique assez fin et haut, avec une petite
couronne. Il atteint 40 m. Son écorce est marron foncé à noire avec de nombreuses striures
horizontales oranges lui donnant un aspect écailleux et fibreux. Les feuilles sont alternes avec
un limbe de 12 x 3 cm, brillantes avec un aspect ciré sur la face supérieure. Elles sont glabres.
Les arbres se trouvent en forêt primaire et sont abondants.
L’écorce de tronc a été prélevée, fragmentée puis séchée à l’abri du soleil et de la pluie
dans une pièce ventilée. L’écorce a ensuite été de nouveau séchée à son arrivée en France
dans une étuve ventilée. 1,5 kg de matériel sec a été récolté.
L’écorce pulvérisée a été épuisée par l’acétate d’éthyle, puis l’extrait évaporé à siccité.
L’extrait AcOEt d’écorce de D. abyssinica possède une gamme d’activités très large.
Pour rappel, les résultats des activités de l’extrait méthanolique sont aussi présentés dans le
tableau LVII.
221
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
B- ÉTUDE PARTICULIÈRE DES PLANTES
Des activités ont été détectées pour l’extrait brut et certaines fractions sur les
récepteurs H3 et PPARγ.
Tableau LVIII. Activités de l’extrait à l’acétate d’éthyle sur des récepteurs impliqués dans
la régulation de la prise alimentaire
activité fractions
Récepteur
actives
H3 agoniste 332% 5,6,8
PPAR antagoniste 87,5%
MCH1 antagoniste 91.5% 5,12
350 mg d’extrait brut à l’acétate d’éthyle (SK 19) ont été fractionnés sur colonne de
chromatographie avec comme système d’élution un gradient Heptane/AcOEt puis
AcOEt/MeOH.
Les tests biologiques sur Leishmania donovani, Plasmodium falciparum, S. aureus et
cellules KB ont montré que deux fractions étaient actives (SK 19-C et D). L’étude analytique
des fractions obtenues a permis de constater que chacune des fractions actives contenait un
produit majoritaire.
Les essais réalisés par l’Institut de Recherche SERVIER, et en particulier, ceux portant
sur le récepteur H3, ont conduit à purifier l’extrait par CLHP par comparaison avec le profil
obtenu au PSN, afin de retrouver les fractions 5, 6 et 8 actives.
L’extrait brut, après filtration sur polyamide a donc été injecté sur une colonne
préparative (colonne Thermohypersil) de phase inverse avec un gradient H2O/CH3CN.
Les fractions obtenues ont été contrôlées par CLHP analytique et trois produits SK 77-
2, SK 77-4 (correspondant aux produits majoritaires de SK 19-C et D) et SK 77-6 ont été
identifiés.
222
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
B- ÉTUDE PARTICULIÈRE DES PLANTES
PRODUIT SK 77-2
5,1 mg de SK 77-2 ont été isolés par CLHP avec un rendement de 6,5% à partir de
l’extrait brut acétate d’éthyle.
Le spectre infra-rouge révèle la présence de bandes d’absorption à 1670 et 1645 cm-1,
caractéristiques de groupements carbonyles.Les bandes d’absorption, en spectrométrie UV, à
430, 254 et 217 nm sont caractéristiques d’un composé très conjugué.
Le spectre de masse (ESI, mode négatif) montre un ion [M-H]- (m/z 373,1)
correspondant à la formule brute C22H14O6.
Le spectre RMN du proton, réalisé dans le chloroforme deutérié (CDCl3), montre la
présence de deux groupements hydroxyles, chélatés à δ 12,06 et δ 12,40 ppm et deux
groupements méthyles portés par un cycle benzénique à δ 2,04 et δ 2,01 ppm. 6 signaux
correspondant à des protons aromatiques sont visibles entre δ 6,71 et δ 7,68 ppm répartis en
7,58 (1H, s), 7,30 (1H, s), 6,95 (2H, s), 6,93, 6,73 (2H, ABq, 10Hz).
3
O 4
2
1
HO
5 O
OH O
5' 4'
6
6' 3'
7
2'
7'
1'
8'
O
223
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
B- ÉTUDE PARTICULIÈRE DES PLANTES
Pour expliquer le quartet AB, Fallas & Thomson (1968) suggèrent d’abord la
formation d’une structure hémi-acétal, puis supposent finalement que le fait que les deux
moitiés du composé peuvent se trouver à angle droit, la formation du quartet AB s’expliquant
alors par la dissymétrie de la structure. Ceci n’explique pourtant pas pourquoi l’autre paire de
protons ne présente pas le même type de signaux.
Ce produit a aussi été isolé de 24 autres espèces du genre Diospyros (Mallavadhani et al.,
1998).
PRODUIT SK 77-4
OH
O
5 4
6 3 OH
O
7 2 5' 4'
3'
8 1 6'
O
2'
7' 1'
8'
O
224
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
B- ÉTUDE PARTICULIÈRE DES PLANTES
PRODUIT SK 77-6
Les spectres de RMN du 1H, du 13 C, COSY, HMQC, HMBC ont permis l’élucidation
de la structure de ce produit.
À cause de la mauvaise solubilité du produit dans les différents solvants, les spectres
ont été réalisés dans un mélange CDCl3+ CD3OD. Le spectre COSY montre la présence de 6
méthyles. La détermination du squelette se fait en partie par les corrélations des protons des
méthyles avec les carbones en α et en ß de ceux-ci.
225
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
B- ÉTUDE PARTICULIÈRE DES PLANTES
30,49
CH 3
CH 3 CH 3 5
38,65 3 4
50,43 42,30 38,13
37,15 40,52
H 3C CH3
1 2
Me 6
H
150,82 109,12
H
49,07
H3C 20
19 21
22
CH3 CH3
CH3
3
HO
H3C CH3
La masse moléculaire M est compatible avec celle de l’acide bétulinique, dont les
déplacements chimiques rapportés dans la bibliographie peuvent être comparés avec ceux que
nous avons observés. Vingt d’entre eux ont été attribués rigoureusement grâce aux spectres
HMQC et HMBC.
226
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
B- ÉTUDE PARTICULIÈRE DES PLANTES
Tableau LXI. Déplacements chimiques observés en 13C RMN pour le produit SK 77-6 et
pour l’acide bétulinique (Mahato & Kundu, 1994).
Fig. 68 L’acide bétulinique 97, composé isolé des écorces de Diospyros abyssinica.
20
19 21
22
OH
3
HO
227
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
B- ÉTUDE PARTICULIÈRE DES PLANTES
Tableau LXII. Bilan des activités biologiques des produits isolés de D. abyssinica par
fractionnement bioguidé
Activité en
µg/ml S.aureus
CI 50 CI 50 Cytotoxicité Cytotoxicité Diamètre
Plasmodium Leishmania LD 50 Rhabditis à 1µg/ml à 0,1 µg/ml d'inhibition S.aureus CI50 anti-
falciparum donovani pseudoelongata (%) (%) (mm) Bactéricide Acétylcholinestérase
Diospyrine 0,8 0,25 25<<50 100 50 10 oui NS
Isodiospyrine 0,5 0,18 25<<50 100 73 12 oui 5
Les activités d’inhibition des protozoaires parasites par la diospyrine et ses dérivés ont
déjà été étudiées (Pal, 1994 ; Yardley et al. 1996). Le mécanisme d’action semble impliquer
l’inhibition de la topoisomérase I (Kuke et al., 1998). Des dérivés ont été synthétisés, afin de
réduire la toxicité initiale de la diospyrine et d’améliorer l’activité du produit naturel (Yardley
et al., 1996 ; Pal et al., 1996). Néanmoins, des travaux menés in vivo montrent que la
diospyrine et ses dérivés ont des activités inhibitrices significatives sur deux types de tumeurs
murines (Sarcome 180 et EAC –Ehrlich Ascites Carcinoma-) et n’ont pas d’effets notables sur
les fonctions physiologiques affectant le pronostic vital de souris, ce qui suggére que la
diospyrine pourrait être utilisée comme agent thérapeutique (Pal et al., 1996). Une inhibition
de l’agrégation plaquettaire a aussi été observée pour l’isodiospyrine et la diospyrine (CI50 de
2,1 et 4,5 µg/ml respectivement), ce qui leur confére des propriétés anti-inflammatoires
(Norhamon et al., 1997).
L’effet d’activation des produits isolés sur les récepteurs H3 a été observé seulement
aux plus fortes concentrations testées, sans relation effet-dose. L’effet d’activation se produit,
semble-t- il, non pas au niveau du récepteur mais de la fixation du ligand sur le récepteur, ce
qui est étonnant (O. Nosjean, comm. pers.) et relèverait d’un effet allostérique. Puisqu’aucun
effet-dose n’a été détecté et que la reproductibilité n’est pas bonne, l’activité pharmacologique
n’est pas prouvée. De plus, la recherche se porte plutôt sur des inhibiteurs du récepteur.
228
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
B- ÉTUDE PARTICULIÈRE DES PLANTES
Cet arbre fin mesurant de 12 à 15 m possède une écorce grise, lisse avec des
lenticelles. Elle est fine ; la face interne, jaune beige, s’oxyde. Les feuilles (15 x 4 cm)
alternes sont oblongues et brillantes sur la face supérieure et la marge du limbe est ondulée.
Les fleurs sont petites (0,4 cm). Les arbres sont abondants en forêt primaire au nord de
Karambi Rd.
L’écorce de tronc (poids sec : 1,2 kg) et les feuilles de cette espèce, séchées et
broyées, ont ensuite été soumises à un travail chimique.
Des activités significatives sur différentes cibles ont été observées (Tableau LXIII).
La fraction la plus active sur cellules KB (SK 147-J) a été soumise à une
chromatographie sur silice de phase normale avec un gradient CH2Cl2/isopropanol. Une
CLHP sur silice en phase inverse a ensuite été réalisée sur la fraction présentant le profil
229
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
B- ÉTUDE PARTICULIÈRE DES PLANTES
CLHP le plus simple et l’activité la plus intéressante. 30,6 mg du produit SK 157-4 ont été
obtenus.
Deux CLHP successives sur 16 mg de la fraction SK 157-6 ont permis d’isoler les
produits SK 161-A et SK 161-B.
La fraction SK 147-K, purifiée par CLHP, a permis l’isolement des produits SK 165-
A1 à SK 165-A4.
PRODUIT SK 157-4
Les signaux de deux atomes de carbones portant des hydroxyles apparaissent à δ 73,99
et 74,10.
Deux autres signaux (δ 82,71 et δ 82,62) correspondent à des carbones liés à
l’oxygène d’un cycle tétrahydrofurane. Le signal à δ 3,77 correspond aux protons liés au pont
oxygène. L’intégration des multiplets permet de confirmer la présence d’un THF.
230
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
B- ÉTUDE PARTICULIÈRE DES PLANTES
Par ailleurs, le spectre COSY montre des corrélations entre les protons H-33, H-3 et
H-34 et entre H-34 et H-35 et l’HMBC entre H-33 et C-34, C-2 et C-1 (carbonyle).
Le spectre COSY révèle la présence de corrélation dans le noyau THF entre H-16, H-
19 et H-17, H-18.
197 33 34
OH OH
2 O
20 15
O 10 4 1
32 3
OH OH
241 O
269
Atome δ 1H δ13C
1 - 174,68
2 - 131,11
3a, 3b 2,40, 2,50 (1H, dd, dd) 33,38
4 3,77 (1H) (m) 69,82
5-8 1,10-1,60 (m) 25,5-37,3
9 1,10-1,60 (m) 37,24
10 3,55 (m) 71,63
11 1,10-1,60 (m)
12-14 1,10-1,60 (m)
15 3,38 (1H, m) 73,99
16 3,77 (1H, m) 82,62
17 1,76(1H, m) 28,10
1,94 (1H, m)
18 1,76 (1H, m) 28,79
1,94 (1H, m)
19 3,77 (1H, m) 82,71
20 3,38 (1H, m) 74,10
21-31 1,10-1,60 (m) 22-37,5
32 0,75 (3H, t) 14,10
33 7 ,17 (1H, d) 151,90
34 5,03 (1H, dq) 78,01
35 1,45 (3H, d) 19,07
231
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
B- ÉTUDE PARTICULIÈRE DES PLANTES
Fig. 70 L’annonacine 98, isolée des feuilles et des écorces d’Uvariopsis congensis
35
18 17 33 34
OH OH
16 O
2019 15
4 2
O 10 1
32 3
OH OH O
La similitude entre les signaux des carbones formant le pont oxygène (δ 82,62 et δ
82,71), ainsi que celle entre les carbones adjacents au THF portant les hydroxyles (δ 73,99 et
δ 74,10) par comparaison avec le modèle de Fujimoto (1994), font suggérer que les
configurations relatives des hydroxyles sont de type thréo. Par contre, pour déterminer la
stéréochimie du noyau, les valeurs proposées par le modèle (δ 28,8 ou δ 28,1 simultanément
pour C-17 et C-18) ne permettent pas de conclure car, dans le cas de la molécule isolée, un
signal à δ 28,1 et un autre à δ 28,8 sont présents.
PRODUIT SK 163-2
La masse moléculaire M du produit est à m/z 596. Les spectres de RMN du proton
(CDCl3, 300 Mhz) et du carbone des produits SK 163-2 et SK 157-4 sont superposables. Les
fragmentations en impact électronique sont aussi équivalentes.
L’ensemble des données se rapportant à ce produit isolé des feuilles d’Uvariopsis
congensis est similaire à celles de SK 157-4 isolé de l’écorce de la même espèce. La
comparaison entre SK 157-4 et SK 163-2 en CLHP le confirme.
Nous concluons donc que le produit SK 163-2, isolé des feuilles d’Uvariopsis congensis,
est aussi l’annonacine. Cette identité aurait pu être confirmée par comparaison des spectres
infra-rouge (empreintes digitales), mais nous ne disposions pas de témoin.
PRODUIT SK 161-A
232
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
B- ÉTUDE PARTICULIÈRE DES PLANTES
La RMN du 13C met en évidence les signaux d’un carbonyle de γ-lactone à δ 174,57 et
de 2 carbones sp2, l’un quaternaire (δ 131,07), l’autre tertiaire (δ 151,90). On peut attribuer
au méthyle de la lactone le déplacement chimique δ 19,05 et au carbone qui la porte δ 77,96.
Deux massifs de signaux caractéristiques de fonctions oxygénées sont observés à δ
3,40 et δ 3,81, intégrant chacun pour trois protons. Sur le spectre COSY, le proton à δ 3,81
corrèle avec le proton à δ 1,98, ce qui permet d’attribuer ce déplacement chimique (en plus du
H-4) aux protons du pont oxygéné du THF. Trois autres protons portés par un carbone
hydroxylé résonnent à δ 3,40. Le spectre de RMN du 13C montre deux signaux à δ 81,68 et δ
79,24 qui peuvent être attribués au carbone formant le pont oxygène du THF, l’un étant
substitué en α par un hydroxyle (δ 81,68), l’autre non. Les trois autres carbones portant les
OH produisent les signaux suivants : δ 74,56, δ 74,35, δ 74,20.
Le spectre de masse en impact électronique permet de confirmer la présence d’un seul
THF mono-substitué en C-13 et d’une γ-lactone de sous-type 1b et de situer les deux
hydroxyles sur la chaîne carbonée en position C-17 et C-18. La présence d’un diol est
confirmée par la résonance des deux OH à δ 3,40.
281
OH
OH
O
18 14
17 2
O 10 4 1
32
OH OH O
ERYTHRO THREO
82.29 82.47
71.83 3.84 73.87 3.79
3.84 3.40
O O
OH OH
SK 161-A
81.6
74.20 3.81
3.40
O
OH
L’acétogénine correspondant au produit SK161-A a donc été identifiée à la
gigantétrocine (Fang et al., 1991).
233
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
B- ÉTUDE PARTICULIÈRE DES PLANTES
OH
OH
O
18 14
17 2
O 10 4 1
32
OH OH O
PRODUIT SK 161-B
PRODUIT SK 165-A3
Les attributions des carbones et des protons de la lactone, ainsi que les corrélations
observées en HMBC, sont proposées sur la figure suivante.
OH
73,26
37,21 36,22 22,42 33 35
6 5 4 CH318,18
7 3
70,48 23,31 2 44,20 34 82,61
OH
177,68
O
O
1
234
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
B- ÉTUDE PARTICULIÈRE DES PLANTES
28,85
28,83
Peu d’acétogénines de sous-type 3 sont connues. Deux d’entre elles sont de type B
(deux THF adjacents) ce qui n’est pas le cas ici: l’itrabine (m/z 596) et la laherradurine (m/z
624), isolées toutes deux des graines d’Annona cherimolia (d’après Cortes et al., 1991).
L’otivarine (m/z 640) possède 2 THF et la jétéine (m /z 596) est de type mono-THF.
L’identification plus précise du composé SK 161-A3 est en cours.
Des activités antipaludiques avaient été notées sur les extraits bruts. D’après Cavé et
al. (1996), l’annonacine est même connue pour être l’acétogénine de type mono-THF la plus
active sur les différents protozoaires parasites. Néanmoins, les essais conduits à plusieurs
reprises avec les fractions sur Plasmodium falciparum ont montré une mauvaise
reproductibilité qui a été parfois aussi observée, mais de façon moins marquée, lors des essais
de cytotoxicité. Le mécanisme d’action supposé peut être responsable de ces variations. Le
fractionnement a donc été guidé par les activités cytotoxiques.
Tableau LXV. Activités des produits isolés d’Uvariopsis congensis sur cellules KB et
quelques activités rapportées dans la bibliographie.
235
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
B- ÉTUDE PARTICULIÈRE DES PLANTES
Les feuilles de cette espèce ont été récoltées une première fois le 19 octobre 2001 dans
la parcelle K14. Elles provenaient d’arbustes immatures et stériles, identifiés par les assistants
ougandais comme appartenant à l’espèce Trichilia dregeana. Elles correspondaient aux items
consommés par les chimpanzés alors que ceux-ci n’avaient jamais été observés consommant
les feuilles d’arbres adultes.
Une seconde récolte a eu lieu en juillet 2002, motivée par une forte activité
antipaludique des extraits de feuilles des jeunes arbres en quantité insuffisante pour
l’élucidation structurale des produits actifs. Elle a été réalisée par l’assistant Moses Musana.
La collecte requérant une quantité importante de feuilles (plus d’un kg), il n’était pas
envisageable de couper de nombreux jeunes arbres, déjà peu abondants. Il a donc été décidé
de choisir un arbre adulte.
Cet arbre haut de 40 m possède un tronc droit avec de grosses branches et une
couronne ronde. L’écorce est fine et lisse avec des lenticelles proéminentes brunes. Les
lambeaux d’écorce exsudent lentement des gouttes de latex blanc. Les feuilles sont
imparipennées avec 5 à 13 folioles. Les fruits sont des capsules pubescentes. L’herbier
confectionné lors de cette deuxième collecte étant fertile (fruits), il a permis d’identifier
l’espèce comme étant Trichilia rubescens par comparaison au spécimen de l’herbier du
Museum National d’Histoire Naturelle de Paris.
Les feuilles et les écorces ont été séchées sur le terrain puis placées, à leur arrivée à
l’ICSN, dans une étuve ventilée, et broyées.
Les activités biologiques ont été recherchées sur le lot Ug. 22.
Tableau LXVI. Activités biologiques des extraits de feuilles de Trichilia rubescens (lot Ug.
22)
236
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
B- ÉTUDE PARTICULIÈRE DES PLANTES
L’extrait brut à l’acétate d’éthyle a été purifié par deux colonnes de chromatographie
(CH2Cl2/MeOH puis Heptane/AcOEt), cette purification étant guidée par les activités des
fractions sur Plasmodium falciparum. Un fractionnement par CLHP a ensuite été pratiqué.
Une très forte activité antipaludique a été observée pour une fraction purifiée (CI50 = 4 ng/ml),
mais la quantité de cette fraction était insuffisante pour obtenir des produits purs.
Malgré une activité moins élevée de l’extrait brut de feuilles de l’arbre adulte (CI 50 =
12 µg/ml vs CI50 < 3,1 µg/ml), cet extrait a été soumis à un fractionnement lorsque la
comparaison des profils CLHP analytiques et des UV des produits majoritaires ont confirmé
que les deux collectes correspondaient très certainement à la même espèce, Trichilia
rubescens.
51 g d’extrait méthanolique des feuilles de l’arbre adulte ont d’abord été soumis à un
fractionnement sur colonne de silice (heptane/AcOEt) puis une deuxième colonne sur la
fraction la plus active a permis l’obtention de 13 fractions, dont l’une correspond à un produit
pur SK 167-10. Une autre (SK 167-7), a été purifiée par deux CLHP successives. Un produit
pur a été obtenu, en quantité suffisante pour être identifié (SK 167-2-4).
PRODUIT SK 167-10
Un premier spectre de RMN du produit a été effectué dans CDCl3 mais des
dédoublements de raies étant observés, les expériences de RMN ont été conduites dans
différents solvants (CD2Cl2, CD3OD, DMSO, benzène, acétone, pyridine) et dans différentes
conditions (variation de température et de pH).
Les meilleurs résultats sont obtenus dans CD2Cl2, bien que l’on observe encore des
dédoublements des signaux.
L’étude conjointe des protons et des carbones de la molécule par RMN et de leurs
corrélations (HSQC) a permis de mettre en évidence 19 signaux de protons, indexés de A à S
et de déterminer quels carbones portaient les protons. L’examen du spectre de RMN du
proton montre que chaque massif de A à O correspond à un proton. De P à S, les massifs
intègrent pour trois protons. Le spectre HSQC a permis de mettre en évidence l’existence de
trois couples de protons géminés : HF et HG, HL et HN, HM et HO.
237
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
B- ÉTUDE PARTICULIÈRE DES PLANTES
Tableau LXVII. Déplacements chimiques des protons et des carbones du produit SK 167-10
238
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
B- ÉTUDE PARTICULIÈRE DES PLANTES
Par conséquent, les protons des méthyles P et Q corrèlent tous deux avec un même
carbone, le carbone CJ ; les protons des méthyles P et R corrèlent tous deux avec un même
carbone Cq à δ 66,35.
β β
Me P Me R
α α
Me Q β
β α
β β β
β
J 66,35
β
Par ailleurs, les déplacements chimiques des carbones CA (δ 150,86 ; δ 150,82) et CD
(δ 132, 21 ; δ 133,33) font supposer qu’ils sont de type sp2. Le déplacement chimique de CA
est dû à sa position en β d’un carbonyle. Les corrélations entre HA et HD observées par COSY
confirment qu’ils sont vicinaux.
239
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
B- ÉTUDE PARTICULIÈRE DES PLANTES
O
Me
H P
132,21 R 71,87
132,33 198,82 66,35
D 198,83
47,62 41,65 MeR
H
150,82 102,24
150,86 53,87 J 102,27 E
A
44,35
H 150,55
H
Me
Q CH2O
FG 81,56 HMBC
81,59
Me Q FG
O
81,56
H 81,59
H
A B
Les protons du groupement méthyle S corrèlent avec les Cq à δ 71,87 et δ 41,65 et les
carbones de CLN (δ 35,30 ; 35,32) et CK (δ 41,29).
Le spectre COSY montre que les protons géminés HLHN corrèlent avec le proton HH.
D’autre part, le proton HI présente des corrélations avec les protons géminés HMHO qui eux-
mêmes corrèlent avec HK.
240
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
B- ÉTUDE PARTICULIÈRE DES PLANTES
H H
MeS
H
H LN
K H
59,29 H 41,65
MO
71,87
I H
COSY
HMBC
R R
R R MeR
Les carbones communs aux cycles B et C (le Cq à δ 66,35 et les carbones portant les
méthyles P et R) permettent de composer un squelette carboné à 5 cycles.
S
LN K
H 41,65
O P C D MO
66,35 71,87
A I
A B R
J
D E
O
FG
241
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
B- ÉTUDE PARTICULIÈRE DES PLANTES
H K R
H B
C 171,25
146,70 137,59 171,47
R 96,90 146,84 137,75 O
97,17
R
O
137,75
137,59
35,30 171,25
35,32 Me 19,43 171,47
S
LN 41,20
O
59,26 K
O O H 41,65
30,60
MO 30,52
O
Me P 19,1 66,35 71,87
198,84 41,65
I
132,21 198,82 54,82
D 47,62
133,33 O O
100,27 Me R
J 53,87 100,24E
150,86 A 24,05
150,82
44,35
150,55
Me Q
21,51
21,48
FG
81,59
O
81,56
La liaison entre les différentes parties élucidées permet de proposer la formule plane
suivante :
242
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
B- ÉTUDE PARTICULIÈRE DES PLANTES
Fig. 73 Structure du composé SK167-10, isolé des feuilles de Trichilia rubescens (lot Ug. 25).
C H OH
97,17
HB 96,90
146,84 23
146,70 22
137,75
O
L H HN 137,59 20
35,30 HK 21 171,25
HH 35,32 MeS 18 171,47
19,43
12 41,20
59,26 17 O
O 11 13 41,65
Me P19O 16 HM
HD 198,84
198,82 19,1 14 30,60
66,35 15 30,52
132,21
133,33 1 9 71,87 HO
47,62 10 41,65
2 8 O
Me R 30 HI
5 7 54,82
3 24,05
6
4 J 53,87
HE
HA 44,35
150,55 100,27
150,86
150,82 Me Q 29 100,24
21,51
21,48 28
O
HF
81,59
81,56 HG
H OH
H O H
O
O
O
O
243
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B- ÉTUDE PARTICULIÈRE DES PLANTES
entre H-22 et le méthyle 18 d’une part, et entre HN et HK d’autre part, positionnent le cycle
lactonique en α. H-15 corrèle à la fois avec le méthyle 18 (α) et le méthyle 30 (β) mais la
corrélation entre H-15 et le méthyle 30 peut s’expliquer par leur proximité, alors que celle de
H-15 et du méthyle 18 suggère qu’ils sont tous deux d’un même coté du plan (en α). Le
deuxième époxyde se trouve aussi en β car les corrélations entre H-11 et le méthyle 18
conduisent à situer H-11 en α.
On peut ensuite positionner dans l’espace les protons géminés : H-17 se trouve en
position β et corrèle avec HN. Le second proton HL est donc en α et corrèle avec H-11 qui se
trouve par conséquent en α. Le proton HG corrèle avec H-5 et peut donc être placé en
position α. HM corrèle avec H-17 et se trouve donc en position β.
C H OH
HB
23
22
O
L H HN 20
HK 21
HH Me S 18
12
17 O
O 11 13
MeP1 9O 16 HM
HD 14
15
1 9 HO
2 10 8 O
MeR 30 HI
3 5 HJ 7
6
4 HE
HA
MeQ 29
28
O
HG
HF
C H OH
HB
23
22
O
L H HN 20
18
MeS 21
HH HK
12
17 O
O 11 13
O 16 HM
H MeP 14
19 15
1 9 HO
2 10 8 O
MeR 3 0 HI
5 7
3
6
HA
4 HE
HJ
MeQ
29
28
O
HG
HF
244
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
B- ÉTUDE PARTICULIÈRE DES PLANTES
PRODUIT SK 167-24
2 mg de produit pur ont été isolés à partir des 51 g d’extrait brut méthanolique de
départ (rendement = 4 10-3%).
Les spectres de masse en électrospray négatif et en impact électronique sont
compatibles avec une masse M, m/z 558,04, correspondant à une formule brute C33H34O8.
Les spectres obtenus pour ce produit sont semblables à ceux de la trichirubine A pour
certains points :
Néanmoins, des différences notables sont rencontrées : les méthyles 30, 18 et H-17
montrent des corrélations avec un carbone à δ 151,37, laissant supposer que C-14 ne porte
plus un oxygène mais qu’il est de type sp2. Le méthyle 30 et H-5 corrèlent avec un carbone à
245
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
B- ÉTUDE PARTICULIÈRE DES PLANTES
δ 79,21. H-5 et H-28 corrèlent tous deux avec un carbone à δ 72,67. Ces déplacements
chimiques suggèrent que C-7 porte un oxygène et que la double liaison a été réduite.
H OH
H
23
22
H O
H 20
H 21
H Me 18
12
11
17 O
O 13
Me O
16 H
H 19 9 14 151,37
15
1
8 H
2 10
O
7 Me 30 H
5
H
3 79,21
4 6
H 72,67 H
Me 29
28
O
H
H
Par ailleurs, des signaux caractéristiques par leur déplacement chimique en RMN du
1
H montrent la présence d’un groupement phényle. Un proton de ce groupement corrèle avec
un carbone à δ 167,50. Ce déplacement chimique est caractéristique d’un carbonyle.
O O
167,50
H H
130,17
H
H
H
Le spectre HMQC dans la pyridine montre des corrélations entre H-7 et le Cq à δ 167,50.
246
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
B- ÉTUDE PARTICULIÈRE DES PLANTES
OH
24,38 23
22
O
138,38 20
21
39,62 18 CH3 173,52
12 45,80 49,40
60,58 17
O
O 11 13
16 34,43
O
202,50 18,44 65,42 14
19CH3 15
9 45,73 151,37
131,06 1 126,96
2 47,91 10 8
CH 3 30
7
154,00 3 5 49,95 79,21
6
4 O O
43,08 C 167,50
72,67
29 CH3
128,73
28
O 130,17
80,20
129,31
134,35
23
22
O
20 21
18 CH3
12
17 O
11 13
O O 16
14
19 CH3 15
1 9
10 8
2 CH3
30
5
H
3 7
4 6
O O
C
H3C
29
28
O
PRODUIT SK 169-14
247
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
B- ÉTUDE PARTICULIÈRE DES PLANTES
La trichirubine A (SK 167-10) possède une activité intéressante sur cultures cellulaires
de P. falciparum (CI50 = 0,3 µg/ml). Le second produit est issu de la fraction SK 167-7 dont la
CI50 sur P. falciparum est de 0,2 µg/ml mais la faible quantité de produit isolé n’a pas permis
la détermination de l’activité du produit pur en même temps que son identification.
Les trois limonoïdes récemment isolés des feuilles deTrichilia rubescens (deCarvalho,
2002) sont de structure proche des produits isolés dans cette étude ; l’un d’eux a montré une
activité sur un modèle in vivo servant à la recherche de nouvelles thérapies pour la fibrose
cystique, une maladie génétique létale.
Cet arbre, haut d’un trentaine de mètres, possède des fleurs roses et des feuilles
décidues. Son tronc cylindrique est couvert d’une écorce fine, lisse et brune avec des colonnes
de lenticelles verticales. Ses feuilles sont bipennées, avec 1 à 4 pennes de chaque côté, chaque
penne ayant 2 à 6 paires de folioles. Les folioles sont de taille différentes de chaque côté, la
terminale étant la plus large (3-7 x 1,5-3 cm sur les vieux arbres, beaucoup plus large sur les
jeunes plantes). Les stipules sont ronds. Cet arbre est commun en forêt secondaire et en
bordure de forêt dans le Parc National de Kibale.
L’activité cytotoxique de l’extrait brut méthanolique des écorces de cette plante est
significative (90% à 1 µg/ml). Cet extrait présente aussi une activité anthelminthique parmi
les plus fortes des plantes de cette étude sur R. pseudoelongata (DL50 = 25µg/ml).
Après une partition eau-butanol de l’extrait brut méthanolique des écorces et un lavage
par l’éther de la fraction butanolique, une colonne sur gel de Sephadex LH-20 a permis
l’obtention de 4 fractions. La purification par CLHP de la fraction la plus active n’a pas
permis d’obtenir des produits purs. Plusieurs caractéristiques des produits en mélange font
suggérer qu’il s’agit de saponosides : le spectre de 1H RMN, des masses élevées en CL-SM
(1090-1600) et la mousse produite après agitation, caractéristique de la propriété tensio-active
de ce type de molécules. Le genre Albizia est connu pour sa composition riche en
248
2è PARTIE II-ÉTUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
B- ÉTUDE PARTICULIÈRE DES PLANTES
saponosides, comme A. anthelminthica, par exemple, qui possède une activité molluscicide
(Carpani et al., 1989). Recherchés pour leurs propriétés ichtyotoxiques et hémolytiques, les
saponosides ont également suscité l’intérêt par leur cytotoxicité (Lierre, Saponaire).
Les activités des feuilles d’Albizia grandibracteata sont aussi significatives et seraient
intéressantes à étudier plus avant.
249
2è PARTIE II-ETUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
C-PARTIE EXPÉRIMENTALE
Les plantes sont récoltées dans le Parc National de Kibale, Ouganda, dans la zone
forestière dépendant de la station de recherche de l’Université de Makerere (Makerere
University Biological Field Station). Des lots de récolte sont constitués.
Tableau LXIX. Lots de plantes collectées à Kanyawara, Kibale National Park, Ouganda
Les plantes ont été collectées et identifiées avec l’aide des assistants ougandais du
Kibale Chimpanzee Project. Elles ont ensuite séché à l’air, dans une pièce ventilée, à l’abri du
soleil, à la station de recherche de Kibale.
Trois exemplaires d’herbier de chaque espèce collectée sont confectionnés, l’un d’eux
est adressé au Museum National d’Histoire Naturelle de Paris. La comparaison aux spécimens
de l’Herbier de Phanérogamie du Museum National d’Histoire Naturelle de Paris, permet de
confirmer l’identification.
250
2è PARTIE II-ETUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
C-PARTIE EXPÉRIMENTALE
Les chromatographies sur couches minces (CCM) ont été effectuées sur des plaques
portant 0,25 mm de gel de silice 60F254 Art. 5719 Merck ™. Les produits sont observés par
extinction de fluorescence sous lumière ultra-violette à 254 nm et fluorescence sous lumière
UV à 366 nm. Elles sont par la suite révélées par pulvérisation au molybdate d’ammonium, en
milieu sulfurique suivie de chauffage.
Les chromatographies sur colonne de silice (CC) ont été effectuées sous moyenne
pression (0,5 bar). Deux granulométries différentes de gel de silice sont employées pour
réaliser la séparation :
251
2è PARTIE II-ETUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
C-PARTIE EXPÉRIMENTALE
Chaîne (1)
Chaîne Alliance Waters™ 2695
Détecteur UV : Waters ™2996
Détecteur DEDL : Polymer Laboratories ™PLELS 1000
Logiciel : Masslynx™
Chaîne (2)
Pompe : Dionex ™P580
Injecteur : Gilson™819
Détecteur UV : MSV6
Détecteur DEDL : Polymer Laboratories™PLELS 1000
Logiciel : Chromeleon
Colonnes :
Analytique : C18 Thermohypersil™Kromasil 250 x 4,6 mm 5 µ
semi-préparative : C18 Thermohypersil™Kromasil 250 x 10mm 5 µ
préparative : C18 Thermohypersil™Kromasil 250 x 21,2 mm 5 µ
3.1.5 CL-SM
Les analyses de CL-SM sont effectuées sur un appareil Thermoquest™ LCQ Deca ion-
trap (Thermofinnigan™, San Jose, USA) équipé d’une source electrospray ou d’une source
APCI.
252
2è PARTIE II-ETUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
C-PARTIE EXPÉRIMENTALE
Les paramètres standard d’acquisition des spectres de masse (50-2000 uma) en mode
positif et négatif utilisés sont :
- pour l’ESI :
La tension de vaporisation est fixée à + /-5 kV
La température du capillaire chauffé est de 350°C
La tension du capillaire est de +/-15 V
Les débits d’azote et gaz auxiliaires sont fixés respectivement à 80 et 20
(valeur arbitraire).
- pour L’APCI :
La température du capillaire chauffé est de 250°C
La tension du capillaire est de +/-15V
La température de vaporisation est portée à 450°C.
Les débits d’azote et gaz auxiliaires sont fixés respectivement à 80 et 0 (valeur
arbitraire).
L’appareil est couplé à une chaîne CLHP constituée d’une pompe, d’un injecteur
automatique, d’un détecteur à barrettes de diodes, (200-600nm), (chaîne Surveyor,
Thermofinnigan™).
Pour l’analyse standard des fractions, on utilise une colonne de phase inverse
Hypurity-C18, 150 x 4,6 mm, 5 µ, avec un gradient eau (80%)-acétonitrile (20%) + 0,01%
acide formique à 100% acétonitrile + 0,01% acide formique, en 40 mn avec un débit de
1ml/mn.
Les spectres sont réalisés sur un appareil de type Kratos MS 50® et la masse exacte
est obtenue sur un ZAB-SEQ.
Tous les extraits bruts de plantes ont été fractionnés automatiquement par CLHP puis
placés en plaques multipuits au sein du Pôle Substances Naturelles de l’ICSN de Gif-sur
–Yvette dirigé par M. Litaudon. Les extraits bruts fractionnés ainsi que les fractions sont
soumis à des essais portant sur la régulation de l’appétit dans le cadre d’une collaboration
avec les Laboratoires SERVIER.
253
2è PARTIE II-ETUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
C-PARTIE EXPÉRIMENTALE
Une pompe Dionex P580™ munie d’un injecteur Gilson 819™ est utilisée pour le
fractionnement automatique des extraits. La chaîne CLHP est munie d’un détecteur UV
MSV6 et d’un détecteur à diffusion de lumière Polymer Laboratories PLELS 1000™. Les
échantillons filtrés et secs sont dissous dans 1,5 ml de DMSO. Ils sont injectés sur une
colonne C18 en phase inverse de type semi-préparatif (Thermohypersil Keystone Kromasil ™
C18, 250 x 10 mm, 5 µ).
Deux types de gradients sont utilisés en fonction du solvant d’extraction des plantes.
Temps H2 O Acétonitrile
Acétate d’éthyle 0 50% 50%
12 min 50% 50%
45 min 0%% 100%
Méthanol 0 80% 20%
14 min 80% 20%
32 min 20% 80%
60 min 0 100%
Les tubes de collecte sont amenés à sec puis repris dans la quantité de DMSO
nécessaire pour obtenir la concentration finale voulue. 1ml de chaque fraction est
déposé dans une plaque-mère (Masterblock™), ainsi que l’extrait brut et l’extrait brut
filtré. 10 plaques-filles sont préparées à partir de la plaque-mère permettant d’effectuer
10 essais sur récepteurs.
254
2è PARTIE II-ETUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
C-PARTIE EXPÉRIMENTALE
Fractions Masse
SK 19-A 15,7 mg
SK 19-B 17,0 mg
SK 19-C 23,2 mg
SK 19-D 24,0 mg
SK 19-E 29,9 mg
SK 19-F 111,8 mg
SK 19-G 73,2 mg
Rendement 84%
Les fractions SK19-C et SK 19-D sont les plus actives sur Leishmania, Plasmodium, S.
aureus et cellules KB.
On obtient 7 fractions :
255
2è PARTIE II-ETUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
C-PARTIE EXPÉRIMENTALE
Fractions Masse
SK 77-1 26,3 mg
SK 77-2 5,1 mg
SK 77-3 1,6 mg
SK 77-4 2,0 mg
SK 77-5 6,9 mg
SK 77-6 14,7 mg
SK 77-7 12,9 mg
Rendement 88%
Fig. 77 Profil CLHP et fractionnement de l’extrait à l’acétate d’éthyle (AcOEt) d’écorce (SK
19) (C18 HS Thermohypersil, 250 x 21,2mm, gradient eau/acétonitrile, 220nm)
SK 77-2
SK 77-4
SK 77-6
38 mn 28 mn 24 mn
L’ESI négatif donne les meilleurs résultats pour les trois produits :
- SK77-2 : m/z 373,1
- SK 77-4 : m/z 373,2
- SK 77-6 : m/z 523,4
256
2è PARTIE II-ETUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
C-PARTIE EXPÉRIMENTALE
SK 77-2 Isodiospyrine 95
3
O 4
2
1
HO
O
5 OH O
5' 4'
6
6' 3'
7
2'
7'
1'
8'
O
C22 H14O6
374 g.mol-1
Cristaux orange
IR (CHCl3) ν max 3693, 3022, 2360, 1670, 1645, 1604, 1341, 1281,1221, 1110, 909 cm-1
Atome δ 1H
2 et 3 6,73, 6,93 (2H, ABq)
2’ et 3’ 6,95 (2H, s)
5 12,40 (1H, s)
5’ 12,06 (1H, s)
6 7,30 (1H, s)
7 2,04 (3H, s)
7’ 2,01 (3H, s)
8’ 7,58 (1H, s)
257
2è PARTIE II-ETUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
C-PARTIE EXPÉRIMENTALE
SK 77–4 Diospyrine 96
OH
O
5 4
6 3 OH
O
2 5' 4'
7
3'
8 1 6'
O
2'
7' 1'
8'
O
C22 H14O6
374 g.mol-1
Cristaux orange
IR (CHCl3) ν max 3688, 2928, 1672, 1644, 1600, 1595, 1381, 1262,1213, 1092, 850 cm-1
Atome δ 1H
2’et 3’ 6,98 (2H, s)
3 6,92 (1H, s)
5 11,90 (1H, s)
5’ 12,15 (1H, s)
6 7,15 (1H, s)
7 2,47 (3H, s)
7’ 2,32 (3H, s)
8 7,53 (1H, s)
8’ 7,58 (1H, s)
258
2è PARTIE II-ETUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
C-PARTIE EXPÉRIMENTALE
19 21
22
OH
3
HO
C30H4803
456 g.mol-1
Poudre blanche
[α]25D + 7 (c 1 ; CHCl3) (litt. +8, c 0,25, pyridine ; Zhong et al., 1984)
259
2è PARTIE II-ETUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
C-PARTIE EXPÉRIMENTALE
• trois macérations dans l’heptane à 40°C (pour enlever les huiles) 4,7426 g
• trois macérations dans l’AcOEt à 40°C 47,7295 g
• soxhlet à l’AcOEt 13,2300 g
• soxhlet au méthanol 59,2079 g
Temps H2 O CH3CN
0 100% 0%
10 min 100% 0%
25 min 0% 100%
260
2è PARTIE II-ETUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
C-PARTIE EXPÉRIMENTALE
Silice
SK 11 H (4,7g) CI50P.falc=9,1µg/ml 10 fractions
Macération AcOEt
Soxhlet AcOEt
Silice
SK11 B (13,2g) CI50 P.falc= 15 µg/ml 20 fractions
Soxhlet MeOH
CLHP C18
SK11 C (59,2g) CI50 P.falc= 17µg/ml 6 fractions
L’activité des fractions obtenues n’ayant pas été augmentée par ces méthodes de
fractionnement, d’autres méthodes de fractionnement ont été employées pour fractionner
l’extrait AcOEt (SK 11 A), le plus actif sur P. falciparum.
Le fractionnement a été bioguidé par l’activité cytotoxique sur cellules KB pour les 15
fractions obtenues (SK 147-A à O).
261
2è PARTIE II-ETUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
C-PARTIE EXPÉRIMENTALE
Fig. 79 Profil CLHP de la fraction SK 147-J (C18 Symmetry, 4,6 x 250 mm, 40% d’eau à
100% d’acétonitrile en 45 min, 220nm)
12 fractions (SK 155A à L) ont été obtenues et testées pour leur activité cytotoxique.
262
2è PARTIE II-ETUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
C-PARTIE EXPÉRIMENTALE
Fig. 80 Contrôle CLHP des fractions SK 155 (C18 Symmetry, 4,6 x 250 mm, isocratique
eau:acétonitrile 30/70 détection DDL) et cytotoxicité sur cellules KB à 0,1µg/ml
Fractions
SK 155-C
SK 155-D
SK 155-E
SK 155-F 95%
SK 155-G 90%
SK 155-H 82%
SK 155-I 83%
SK 155-J 34%
SK 155-K 25%
263
2è PARTIE II-ETUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
C-PARTIE EXPÉRIMENTALE
Les fractions ont été rassemblées en fonction des pics majoritaires en 6 fractions.
Cytotoxicité à 1µg/ml
SK11A
CC Heptane/Acétone et Acétone/MeOH
SK 161-A SK 161-B
264
2è PARTIE II-ETUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
C-PARTIE EXPÉRIMENTALE
Fig. 82 Chromatogramme obtenu par CLHP analytique de l’extrait brut AcOEt de feuilles
d’Uvariopsis congensis (C18 Symmetry, 4,6 x 250 mm, eau:acétonitrile 30/70 à 100%
d’acétonitrile en 50min, 220 nm)
Une séparation sur colonne C18 250 x 21,2 mm a été appliquée à l’extrait de feuilles
dissous dans 5 ml de méthanol avec le gradient suivant :
Temps H2 O CH3CN
0 30% 70%
50 min 0% 100%
4 fractions (SK 163-1 à 4) ont été obtenues. La fraction SK 163-2 contenait le produit
majoritaire purifié à raison de 4 mg.
265
2è PARTIE II-ETUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
C-PARTIE EXPÉRIMENTALE
Fig. 83 Contrôle analytique de la fraction SK 163-2 obtenue par CLHP des feuilles
d’Uvariopsis congensis (C18 Symmetry, 4,6 x 250 mm, eau:acétonitrile 30/70 à 100%
d’acétonitrile en 50min, 220 nm).
35
18 17 33 34
OH OH
31 29 27 25 23 21 16 14 12 8 6 O
2019 15
4 2
32 30 28 26 24 22 O 13 11 10 9 7 5 3 1
OH OH O
C35H65O7
596 g.mol-1
Poudre blanche
266
2è PARTIE II-ETUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
C-PARTIE EXPÉRIMENTALE
IR (KBr) νmax (SK 157-4) 3407, 2920, 2851, 1738, 1467, 1070 cm-1
IR (KBr) νmax (SK 163-2) 3420, 2922, 2848, 1740, 1465, 1076 cm-1
SMIE
397 379 361 343
197 33 34
OH OH
2 O
20 15
O 10 4 1
32 3
OH OH 241 O
269
267
2è PARTIE II-ETUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
C-PARTIE EXPÉRIMENTALE
OH
OH
O
18 14
17 10 2
O 4 1
32
OH OH O
C35H65O7
596 g.mol-1
Poudre blanche
IR (KBr) νmax (SK 161-B) 3422, 2915, 2850, 1735, 1458, 1066, 1034 cm-1
SMIE
m/z 596, 578, 560, 542, 524, 381 (3,5), 351 (27), 263 (6), 239 (82), 221 (17), 181 (17)
(369) 351
281
OH
OH
O
18 14
17 2
O 10 4 1
32
OH OH O
268
2è PARTIE II-ETUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
C-PARTIE EXPÉRIMENTALE
3.5.1 Fractionnement des extraits de feuilles des jeunes arbres - Lot Ug.22
Fig. 84 Fractionnement des extraits de feuilles des jeunes arbres (Lot Ug. 22) et activités
antipaludiques des fractions
feuilles sèches de Trichilia rubescens
400 g
macération AcOEt
extrait brut
5g
CI 50 P.falciparum (µg/ml) 6,6
colonne de chromatographie CH2 C l2 /MeOH
Temps H2 O CH3CN
0 50% 50%
11 min 50% 50%
48 min 0% 100%
269
2è PARTIE II-ETUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
C-PARTIE EXPÉRIMENTALE
La comparaison des profils CLHP et des temps de rétention a montré que les deux récoltes
correspondaient très vraisemblablement à la même espèce, même si les proportions de
produits n’étaient pas identiques.
Fig. 85 Comparaison CLHP analytique des profils TIC et des UV des pics principaux des
extraits de feuilles d’un arbre immature (lot Ug. 22) et adulte ( lot Ug. 25) de Trichilia
rubescens
270
2è PARTIE II-ETUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
C-PARTIE EXPÉRIMENTALE
Extraction des feuilles d’arbre adulte de Trichilia rubescens (lot Ug. 25)
Le broyage et l’extraction par macération à 40°C dans l’heptane puis dans le méthanol
de 3 kg de feuilles a été effectué à l’Atelier Pilote d’Extraction de l’ICSN à Gif-sur-Yvette.
Chaque fraction d’extraction a ensuite été évaporée à sec. On obtient 50 g d’extrait heptanique
(rendement 1,6% m/m) et 300 g d’extrait méthanolique, SK 149-2 (rendement 10% m/m).
271
2è PARTIE II-ETUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
C-PARTIE EXPÉRIMENTALE
272
2è PARTIE II-ETUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
C-PARTIE EXPÉRIMENTALE
273
2è PARTIE II-ETUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
C-PARTIE EXPÉRIMENTALE
OH
23
22
O
20 21
18CH3
12 17 O
O 11 13
O 16
19 CH3 14
15
1 9
2 10 8 O
5 H 7 CH3
3 6 30
4
H3C
29
28 O
C26 H28 O7
m/z 452,2
laque jaune
IR (KBr) νmax3419, 2929, 2386, 1760, 1681, 1455, 1383, 1258, 1094, 1018,926 cm-1
Les spectres de 1H RMN, 13C RMN, COSY, HSQC, HMBC, NOESY ont été réalisés pour
ce produit (600 MHz, CD2Cl2)
274
2è PARTIE II-ETUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
C-PARTIE EXPÉRIMENTALE
4 44,35
5 53,87 3,278 2,6 1 d
3,282 d
6 150,55
7 100,24 ; 100,27 4,68 2,5 1 d
4,69 d
8 41,65
9 66,35
10 47,62
* 11 59,26 3,52 1 dd
* 12α 35,13 ; 35,30 Signaux centrés à 1,99 ; 15,0 1 dd
1,97
* 12β 35,13 ; 35,30 Signaux centrés à 1,99 ; 15,0 1 dd
1,97
13 41,65
14 71,87
15 54,82 3,36 1 s
# 16α 30,52 ; 30,60 1,89 11,5 1 dd
1,91 dd
# 16β 30,52 ; 30,60 Signaux centrés à 2,10 1 dd
# 17 41,20 2,42 11,5 ;6,6 ;1,5 1 ddd
2,44 ddd
18 19,43 0,73 3 s
0,76
19 19,10 1,41 3 s
20 137,59 ; 137,75
21 171,25 ; 171,47
# Le système CH-17/CH2-16 est un système que l’on peut traiter au 1er ordre (la variation de déplacement
chimique des protons H-16α et H-16β est de 10 fois supérieur à la valeur de JA-B).
275
2è PARTIE II-ETUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
C-PARTIE EXPÉRIMENTALE
23
22
O
20 21
18 CH3
12
17 O
11 13
O 16
O 14
19 CH3 15
1 9
10 8
2 CH3
30
H
3 5
4 7
6
O O
H3C C
29
28
O
C33 H34 O8
m/z 558,04
Les spectres de 1H RMN, 13C RMN, COSY, HMBC, HMQC ont été réalisés (600 Mhz,
CD2Cl2+TFA)
276
2è PARTIE II-ETUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
C-PARTIE EXPÉRIMENTALE
Atomes 13
C δ1H (ppm) J (Hz) multiplicité
1 202,50
2 131,06 6,11 9,7
3 154,00 7,23 9,7 d
4 43,08
d
5 49,95 3,11 12,7
4,73
6 72,67 12,7 ;3,6 dd
277
2è PARTIE II-ETUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
C-PARTIE EXPÉRIMENTALE
Les écorces d’Albizia grandibracteata ont été fractionnées en fonction de leur activité
cytotoxique sur cellules KB. Le protocole suivant a été utilisé.
Macération AcOEt
Marc
Macération MeOH
Lavage à l’ether
278
2è PARTIE II-ETUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
C-PARTIE EXPÉRIMENTALE
Trypanosoma brucei brucei GVR 35/Cl.2 est utilisé pour le criblage des extraits in
vitro. La souche T. brucei brucei est conservée dans l’azote liquide. On infecte des souris qui
survivent 1 mois. 4 à 5 gouttes de sang sont prélevés avec une pipette stérile au niveau du
sinus rétro-orbitaire d’une souris infectée depuis moins de 21 jours et le sang est mis en
suspension dans le tube contenant le milieu de culture.
Après une homogénéisation, une filtration stérilisante est réalisée sur une membrane
millipore de 0,4 µm. 5 ml de milieu de culture pour trypanosomes sont placés dans un tube
stérile à fond conique maintenu dans la glace fondante. Après centrifugation à 2100 trs/min
pendant 10 minutes à 4°C, le surnageant est éliminé dans des conditions stériles. Les parasites
sont dénombrés à la cellule de Malassez et la culture est calibrée à raison d’environ 100 000
parasites /ml.
Dans chaque puits, est placé un volume de 195 µl, contenant 2 x 104 parasites dans le
milieu de culture (MEM, Gibco BRL), et 5 µl des extraits dilués dans du DMSO à la
concentration souhaitée. La concentration en DMSO ne dépasse pas 2,5% (v/v). Les plaques
sont ensuite placées à incuber à 37°C dans une atmosphère composée de 95% d’air et 5% de
CO2. Des puits recevant les excipients sont préparés et servent de témoins.
279
2è PARTIE II-ETUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
C-PARTIE EXPÉRIMENTALE
Les promastigotes sont cultivés dans le milieu préparé de la façon suivante : le RPMI
1640 et la L-glutamine tamponnés avec du milieu HEPES (25 mM) sont enrichis avec 10% de
sérum de veau foetal (Fetal Calf Serum FCS) et 50µg/ml de gentamycine. La culture de
promastigotes est maintenue à 27°C dans l’obscurité. Le criblage est réalisé dans des plaques
96 puits. Les promastigotes issus d’une culture en phase de croissance logarithmique sont mis
en suspension à la concentration de 106 parasites/ml, calibrée par comptage à
l’hémocytomètre. Chaque puits est rempli avec 200 µl de suspension de parasites, et les
plaques multipuits sont placées à incuber à 27°C pendant 1 heure avant d’ajouter les extraits.
Les extraits devant être testés sont dissous dans le DMSO et distribués aux concentrations
souhaitées dans chaque puits. Jusqu’à une concentration de 2% (v/v), le DMSO n’a pas
d’effet sur la croissance des parasites. La viabilité des promastigotes est vérifiée
microscopiquement ou en utilisant une méthode colorimétrique (MTT). Les résultats sont
exprimés en termes de concentrations inhibant la croissance de 50% des parasites (CI50) après
une période d’incubation de 3 jours.
Une culture asynchrone de parasites est préparée (Trager & Jensen, 1976). Les
parasites sont maintenus en culture in vitro à 37°C sous atmosphère à 3% de CO2, 6% d’O2 et
91% de N2 avec une parasitémie (rapport entre le nombre de globules rouges parasités et le
nombre de globules rouges sains) de 1 à 10% et un taux d’hématocrite (rapport entre le
volume de cellules et le volume de milieu de culture) de 2%. Pour évaluer la parasitémie, on
réalise un frottis de l’échantillon, fixé et coloré (Diff Quick™). Les globules rouges sont
observés au microscope photonique à immersion, et les formes en anneau, les trophozoïtes et
les schizontes sont recensés. Si la parasitémie est trop élevée (>20%), les parasites risquent de
dégénérer : on dilue alors le culot avec les hématies saines et le milieu de culture.
280
2è PARTIE II-ETUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
C-PARTIE EXPÉRIMENTALE
L’activité antipaludique est évaluée selon la méthode de Desjardin et al. (1979) par
incorporation d’un précurseur d’acide nucléique radiomarqué, l’hypoxanthine tritiée dans
l’ADN parasitaire, les hématies étant anucléées.
On prépare une culture asynchrone de Plasmodium falciparum à 2% d’hématocrite et
1% de parasitémie. Dans chaque puits, 5 µl des produits à tester dissous dans du DMSO sont
distribués dans 100 µl de milieu de culture auxquels on ajoute 100 µl de la culture d’hématies
parasitées préparée. Des puits témoins contenant du DMSO sont réalisés. Les plaques sont
incubées à 37°C pendant 24h dans une atmosphère appauvrie en O2. 25 ml d’hypoxanthine
tritiée (0,25 µCi/25 µl ) sont ensuite distribués dans chaque puits et les plaques sont incubées
dans les mêmes conditions pendant 18h puis congelées à –80°C pendant 3 heures minimum et
décongelées pour lyser les érythrocytes. L’ADN des différents puits est récupéré sur filtre et
la radioactivité incorporée mesurée à l’aide d’un compteur à scintillation. Pour chaque extrait,
on détermine la CI 50 à partir d’une courbe de fonction :
% d’inhibition = log (concentration de l’extrait).
281
2è PARTIE II-ETUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
C-PARTIE EXPÉRIMENTALE
199 50 ml
L-Glutamine 2 mM 5 ml
Les Rhabditis pseudoelongata ont été isolés de selles de lapins sauvages et sont
entretenus sur des déjections stérilisées de lapins. On récupère les vers d’une culture datant de
10 jours par la technique de Baermann. Les Rhabditis isolés sont un mélange d’adultes et de
larves de stades I à IV. Une solution calibrée est réalisée de façon à déposer environ 200 vers
dans chaque puits de plaques 24 puits. Les extraits, dilués dans du DMSO, sont placés aux
concentrations souhaitées dans chaque puits que l’on complète à 500 µl avec de l’eau stérile.
Les Rhabditis vivants sont comptés à la loupe binoculaire à t = 2h et 24h et comparés aux vers
des puits témoins. Les résultats sont exprimés en DL50 (dose létale 50%), dose qui tue 50% de
la population de vers.
Les souches bactériennes et fongiques utilisées pour les essais sont présentées dans le
tableau LXXIX.
282
2è PARTIE II-ETUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
C-PARTIE EXPÉRIMENTALE
Les milieux de culture nécessaires ont été préparés en suivant le protocole présenté ci-
après.
Luria Bertoni
Tryptone 10 g/l
Extrait de levure 5 g/l
NaCl 5 g/l
Agar 15 g/l
Mueller Hinton
Infusion de bœuf 4 g/l
Amidon 1,5 g/l
Hydrolysat de caséine 17,5 g/l
Agar 15 g/l
pH 7,4
Sabouraud
Glucose 20 g/l
Peptone 10 g/l
Gélose 15 g/l
500 µg de l'extrait dissous dans 20 µl de solvant (méthanol) sont déposés sur des
disques de papier filtre de 8 mm de diamètre.
Les boîtes de pétri gélosées sont inondées avec les colonies microbiennes mises en
suspension puis l’excès de suspension est réaspiré. Les boîtes sont séchées 15 minutes à 37°C.
Les disques secs sont déposés sur la boîte de pétri à 15 mm de la périphérie de la boîte en
appuyant légèrement sur le disque pour favoriser le contact. Le nombre de disques et leur
disposition doivent être tels que les zones d’inhibition ne risquent pas de se recouper.Les
boîtes sont placées en étuve à 27°C ou 37°C selon la souche pendant 18 heures.
Le diamètre des zones d'inhibition est mesuré à l'aide d'une règle. Si aucune colonie ne pousse
dans la zone d’inhibition l’extrait est considéré comme bactéricide, si par contre quelques
colonies sont observées (en densité faible), l’extrait est défini comme bactériostatique.
283
2è PARTIE II-ETUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
C-PARTIE EXPÉRIMENTALE
Seuls les résultats des tests d’inhibition de la croissance des souches de S. aureus étant
significatifs, la détermination des concentrations minimales inhibitrices a été réalisée pour
cette souche. 100 µl de Staphyloccocus aureus sont inoculés dans 10 ml de milieu Luria
Bertonni et placés 2 heures, en agitant, dans une étuve à 37°C. L'absorbance à 620 nm est
mesurée après 2 heures. Lorsqu'elle atteint 0,2 à 0,4 nm la culture est prête à être utilisée (elle
est en phase de croissance exponentielle). La culture est placée dans la glace et diluée avec le
milieu Luria-Bertoni pour atteindre une valeur théorique de A620 = 0,001. L'extrait dissous
dans le DMSO est placé à la concentration souhaitée dans une plaque 96 puits et le puits est
complété à 100 µl avec la suspension bactérienne. Des puits-témoins sont réalisés avec des
solutions de DMSO et de suspension bactérienne. La plaque est mise à incuber à 30°C
pendant 18h, en maintenant une agitation à 250 RPM.
Un test de prolifération lymphocytaire des splénocytes a été réalisé. Des rates de souris
sont prélevées et broyées, dans un homgénéiseur Poter. Les cellules sont ajustées à la
concentration voulue et les extraits bruts sont placés à incuber avec les splénocytes dans des
plaques multipuits pendant 48h. La thymidine tritiée est ajoutée et après une incubation de
18h, les cellules sont récupérées sur un filtre et la radioactivité de l’ADN tritié est évaluée.
Des puits témoins reçoivent la concanavaline A et le DMSO.
Les cellules MT-4 sont infectées par une dose de VIH-1 (souche HTLV IIIB) qui
induit un effet cytopathogène, diminuant de 90% le nombre de cellules vivantes en 5 jours.
Cette dose est déterminée en évaluant l’activité de la transcriptase inverse (RT) relarguée par
les MT-4 infectés. Après adsorption du virus (30 min à 37°C) dans le milieu, les cellules
284
2è PARTIE II-ETUDES BIOLOGIQUE ET CHIMIQUE DES PLANTES
C-PARTIE EXPÉRIMENTALE
infectées sont calibrées à 2 105 cellules/ml et les extraits sont ajoutés à différentes
concentrations.
La viabilité des cellules est mesurée par la réaction colorimétrique (MTT) basées sur
la capacité des cellules vivantes grâce aux déshydrogénases mitochondriales à réduire le 3 -
(4,5 diméthylthiazol-2-yl)-2,5 diphényltetrazolium bromide en formazan. La quantité de
formazan produite (DO à 540 nm) est proportionnelle au nombre de cellules vivantes. L’effet
toxique des composés sur les cellules MT-4 non infectées est mesuré par la même réaction
colorimétrique. La concentration cytotoxique 50% (CC50) est la concentration d’extrait
produisant une diminution de moitié de la DO540par rapport aux cellules témoins.
La multiplication du VIH-1 (souche HTLV IIIB et souche BaL) dans les cellules
PBMC est évaluée après 7 jours de culture par dosage de la transcriptase inverse (RT). Après
adsorption du virus dans le milieu de culture, les cellules sont lavées et les extraits sont
ajoutés à hauteur de 0,4 x 106 cellules/ml dans du RPMI 1640 complémenté avec 10% de FCS
et 20U/ml de Il-2. Après 5 jours, 100 µl de milieu sont éliminés et remplacés par un même
volume de milieu frais contenant la même concentration d’extrait. Au 7ème jour, la quantité de
virus relargués par les cellules est estimée en fonction de la quantité de RT.
L’effet toxique des extraits sur les cellules PBMC non infectées est mesuré par la réaction
colorimétrique au MTT après 7 jours d’incubation.
La multiplication du VIH-1 (souche LAI) dans les cellules CEM-MS est évaluée après
5 jours de culture par dosage de la transcriptase inverse (RT). L’effet toxique des extraits sur
les cellules CEM-MS est appréciée par la réaction colorimétrique MMT décrite ci-dessus.
285
DISCUSSION ET PERSPECTIVES
Les données de long terme sur ce groupe, la bibliographie et nos observations sur
l’écologie des chimpanzés doivent permettre de reconnaître des comportements particuliers et
des plantes inhabituelles parmi la liste des plantes consommées. La sélection des aliments en
termes de composition nutritionnelle (protéines, glucides, énergie…) et de disponibilité dans
le milieu, a été étudiée dans différents sites où sont observés les chimpanzés, et ces données
peuvent permettre de mieux appréhender les multiples facteurs qui guident les choix
alimentaires des chimpanzés. En effet, la faible consommation d’un aliment n’est pas
forcément due à une forte teneur en composés secondaires : les différents critères qui
influencent la composition du régime alimentaire des chimpanzés seront discutés.
286
DISCUSSION ET PERSPECTIVES
exemple (Goodall, 1986), ce qui peut expliquer des proportions différentes entre les types
d’aliments pour les différentes communautés de chimpanzés.
Tableau LXXXI. Comparaison des temps d’alimentation et de la part des fruits dans le
régime alimentaire des chimpanzés de trois communautés.
communautés Gombe Sonso Kibale
2000-
période d'étude 1978-79 1994-95 1988-92 14 jours 1991-93 2001
Ces caractéristiques montrent que, pour ces paramètres, notre étude ne s’écarte pas de
façon significative des observations habituelles réalisées sur ces chimpanzés.
Wrangham (1977) souligne la grande diversité des aliments consommés par les chimpanzés
de Gombe (13 aliments différents par jour, avec 40 à 60 aliments par mois en moyenne). Dans
notre étude, le nombre moyen d’aliments consommés par mois est aussi élevé (de 11 à 34) :
jusqu’à 29 espèces de plantes fournissent des aliments aux chimpanzés chaque mois, ce qui
est supérieur aux 20 espèces maximales observées par Newton-Fisher (1999) sur 15 mois
d’étude à Budongo. Les indices de diversité, H’ et J’, varient, par contre, dans des gammes
très similaires (cette étude : 1,5 < H’ < 2,2 ; 0,51 < J’ < 0,77 ; Newton-Fisher (1999) : 1,37 <
H’ < 2,15 ; 0,49 < J’ < 0,79).
Par leur apport en fibres fermentables (Conklin & Wrangham, 1994), la végétation
terrestre herbacée (VTH) et les feuilles d’arbres peuvent apporter des nutriments à digestion
plus lente (Wrangham et al., 1996), peut-être plus utiles pendant la nuit que l’énergie
directement assimilable fournie par les fruits, utilisable en cours de journée. De la même
façon, en fonction de la qualité des parties végétatives, cette catégorie d’aliments peut
constituer un apport nécessaire à l’équilibre du régime alimentaire, tant par la composition en
nutriments que par le lest apporté par les fibres. On peut noter que même en période de très
forte abondance en fruits, les chimpanzés quittent dans la soirée les arbres riches en fruits
pour aller consommer des VTH (Hladik, 1977 ; Wrangham, 1977).
287
DISCUSSION ET PERSPECTIVES
Les restes alimentaires peuvent fournir des informations sur la quantité de fibres
consommées par les chimpanzés. Afin de comparer les résultats des différentes études où la
fibrosité est mesurée sur des échelles différentes, des ajustements doivent être effectués. Si
l’on rapporte les résultats des 73 échantillons de l’étude de Malenky & Wrangham (1994)
mesurés sur une échelle allant de 0 à 4 aux nôtres (echelle de 0 à 3), la fibrosité moyenne est
de 2,09 ce qui correspond à la fibrosité mesurée en décembre 2000 à Kanyawara. Les selles
inspectées lors de l’étude des chimpanzés de Ndoki par Kuroda et al. (1996) ont une fibrosité
de 5 à 55% selon les mois de l’étude soit sur une échelle de 0 à 3, une fibrosité qui varie entre
0,15 et 1,65.
Les résultats de notre étude sont donc proches de ceux obtenus dans les études
précédentes, portant sur d’autres communautés.
Dans les restes trouvés dans les fèces au cours de notre étude, la diversité des graines
en octobre 2000 est très faible. Par contre, une très forte proportion des échantillons (94%)
contient des graines de Ficus spp. et la fibrosité des selles est élevée. En janvier 2001, la
diversité des graines trouvées dans les fèces est la plus forte de l’étude (1,49) et la fibrosité est
alors la plus faible. On note que, sur l’ensemble de l’étude, la diversité des fruits, détectée par
l’observation des fèces, est faible, comme déjà observé chez les chimpanzés de Ndoki
(Kuroda et al., 1996) et de Kahuzi-Biega National Park en RDC (Yamagiwa et al. 1996). Le
nombre d’espèces de fruits varie respectivement pour les deux études entre 0,3 et 3,5 entre
décembre 1991 et Novembre 1992, et entre 1 et 5, avec un pic lors des deux mois de saison
sèche. A la Lopé, Fernandez et Tutin (1990) ont analysé 813 selles qui contenaient entre 0 et
7 espèces de fruits/fèces, la classe la plus représentée contenant seulement 2 espèces de fruits.
Ces observations corroborent les hypothèses faisant des VTH des aliments de repli
pour les chimpanzés, lorsque les fruits sont peu disponibles dans l’environnement.
Par contre, on peut remarquer que les graines de Ficus spp., présentes dans les selles
régulièrement, sont aussi plus abondantes, quand la diversité des fruits est moins grande.
Bate Smith (1972) a souligné que, dans son étude, le point commun entre toutes les
plantes consommées par les gorilles des montagnes était leur faible teneur en tanins.
L’analyse des plantes consommées par les guérezas de Kibale (Oates et al., 1977) confirme
que les plantes les moins consommées ou évitées par ces singes ont un taux de tanins
supérieur à 0,2% (poids sec). La perception de l’astringence des tanins par les primates est
imparfaitement connue, mais on sait par contre que les humains peuvent détecter les tanins à
une concentration de 0,01 à 0,1% (Swain, 1979 cité par Wrangham & Waterman, 1983). Une
étude récente (Simmen & Charlot, 2003) montre que des solution d’acide tannique à 40mM
sont évitées par les chimpanzés lors des tests, ce seuil étant proche de celui des humains.
Même si le taux d’alcaloïdes semble avoir un effet plus léger sur la sélection par les guérezas,
288
DISCUSSION ET PERSPECTIVES
il est possible qu’une sorte d’équilibre soit recherché : les feuilles matures de Celtis durandii
sont assez souvent consommées, malgré un taux de tanins élevé (1,12 mg/g). Harborne (1988)
suggère que le faible contenu en alcaloïdes (3,48 µg/ml) peut contre-balancer cette forte
proportion de tanins.
Tableau LXXXII. Teneurs en certains composés secondaires dans les feuilles consommées
par les chimpanzés de Kanyawara, selon (a) Gartlan et al., 1980 et (b) Oates et al., 1977,
(exprimées en poids sec de feuilles).
Pro-anthocyanidines
(%) Tanins (mg/g) Alcaloïdes (µg/g)
jeunes feuilles jeunes feuilles (a) jeunes feuilles
Indice de
Espèces consommation
feuilles matures feuilles matures (analyses feuilles matures
(a) (a) (b) (b) chromatographiques) (b) (b)
Bosqueia phoberos 1 1,05 Oui
Cassipourea ruwensorensis 1 26,64 16,24 Non
Celtis africana 2 0,03 0,75 0,2 0,45 Non 6,5 4,2
Celtis durandii 1 0,16 0,30 1,12 Oui 1,58 3,48
Diospyros abyssinica 1 0,65 0,55 2,85 Douteux 11,3
Ficus exasperata 1 0,5 0,01 13,8 4,2
Markhamia platycalyx 1 0,09 0,1 0,02 Douteux 8,1
Milletia dura 1 2,49 2,39 Douteux
Mimusops bagshawei 1 10,36 16,15 Non
Strombosia schefleri avec la viande 1,30 Oui
Trema orientalis 0 81,5 5,02
Uvariopsis congensis 1 0,13 0,24 Oui
D’après l’analyse d’Oates et al. (1977), les jeunes feuilles de Celtis africana qui sont
les feuilles les plus consommées par les chimpanzés pendant notre étude, ont une teneur en
tanins de 0,2 mg/g et contiennent 6,5 µg/g d’alcaloïdes, mais l’étude chromatographique de
Gartlan et al. (1980) ne confirme pas la présence d’alcaloïdes. On peut souligner qu’une très
forte teneur en tanins a été détectée dans les feuilles de Trema orientalis qui ne sont
consommées ni par les chimpanzés ni par les guérézas. Les résultats, parfois contradictoires
obtenus pas les méthodes semi-quantitatives, déjà observés personnellement lors de l’étude de
plantes consommées par des chimpanzés réintroduits en République du Congo (travail de
DEA), soulignent l’importance d’une étude plus approfondie. On peut supposer que les
variabilités peuvent aussi être dues à la saison, aux variations individuelles de compositions
chimique ou à des localisations de récolte différentes. Dans le cas des alcaloïdes, les faibles
teneurs peuvent correspondre à la présence d’amines ou de petits peptides (T. Sévenet,
comm.pers.).
La végétation terrestre herbacée (VTH) : une classe d’aliments dit de repli, facteur de
cohésion sociale ?
La part des fruits et de la végétation terrestre herbacée dans le régime alimentaire est
sujette à un grand nombre d’études, notamment parce qu’il apparaît que les ressources
alimentaires influencent grandement l’organisation sociale des communautés de primates et
particulièrement celles des Grands Singes (Wrangham et al., 1996).
Les arbres fournissant les fruits sont souvent dispersés et la quantité disponible
conditionne alors la taille du groupe. En période de déficit en fruits, la recherche de nourriture
implique des déplacements plus longs, et donc un coût énergétique supérieur, si les membres
du groupe sont trop nombreux. L’énergie déployée par des mères chimpanzés devant porter
289
DISCUSSION ET PERSPECTIVES
des enfants est plus élevée et la rapidité de déplacement entravée. La taille des groupes est
donc généralement réduite en période de faible disponibilité.
La taille des groupes sociaux semble donc être influencée par un autre facteur.
La brièveté de cette étude, malgré deux périodes distinctes d’observation, induit-elle un
biais saisonnier dans la composition du régime alimentaire, procurant aux figues une place
particulière, inhabituelle ?
290
DISCUSSION ET PERSPECTIVES
Ceci conduit à suggérer que les figues doivent être considérées comme le premier type
d’aliment de repli. Les VTH sont donc classées comme second aliment de repli et les auteurs
de l’étude suggèrent qu’il faudrait, pour être en accord avec l’hypothèse préalable sur le rôle
des VTH dans la socio-écologie des chimpanzés, définir deux catégories de VTH, en fonction
de leur qualité nutritionnelle. À Kanyawara, qui n’est pas représentatif du cas général des
chimpanzés (Wrangham et al., 1996), il semblerait donc que les VTH soient majoritairement
de faible qualité (pauvres en protéines et riche en cellulose), expliquant que le choix des
animaux se porte préférentiellement sur les figues. Malenky et Wrangham (1994) ont, de fait,
montré que le taux de protéines des tiges de neuf espèces consommées par les chimpanzés de
Kanyawara (9,3%) était très inférieur à celui des tiges de Haumania liebrechstiana
consommées par les bonobos de Lomako (30,6%).
Par contre, les glucides solubles sont particulièrement faibles (12,6%) par rapport aux
autres sites (32,4%). Contrairement à l’étude de Rogers et al. (1990), Wrangham et al. (1991)
soulignent que les tiges n’apportent pas non plus un taux significatif de glucides. Les tiges
pourraient plutôt fournir de l’énergie par fermentation des fibres (Conklin & Wrangham,
1994).
Compte tenu de la disponibilité quasi-permanente des figues dans l’environnement, de
leur consommation très régulière et de leur apport nutritionnel, les figues peuvent être
considérées plus comme un aliment de base ou aliment clé, que comme un aliment de repli
(Newton-Fisher, 1999), expliquant que durant les quatre mois d’observation, les figues
figurent, chaque mois, parmi les deux fruits les plus consommés.
À Mahale, une étude a montré que si les fruits consommés contenaient en moyenne
plus de carbohydrates que les feuilles, les calories apportées par ces deux types d’aliments ne
différaient pas significativement. Cependant, le contenu en carbohydrates et les calories
291
DISCUSSION ET PERSPECTIVES
apportés par les fruits consommés pendant plus de 15% du temps sont significativement plus
élevés que ceux des fruits moins consommés (Matsumoto-Oda & Hayashi, 1999).
Ces résultats conduisent à suggérer que les chimpanzés tendent à choisir des fruits riches
en carbohydrates, leur perception gustative ayant probablement évolué de façon particulière
envers le goût sucré. Cette sélection, basée sur les carbohydrates, leur permet d’accéder à
des plantes fournissant de l’énergie directement utilisable et par conséquent, des calories
nécessaires aux activités quotidiennes.
292
DISCUSSION ET PERSPECTIVES
Des facteurs, autres que la toxicité et la faible valeur nutritionnelle de certaines plantes
ou parties de plantes, peuvent expliquer qu’elles ne soient pas ou peu consommées par les
chimpanzés.
Dans le cas de la compétition interspécifique, soit une espèce exclut l’autre de façon
agressive en la chassant (compétition par interférence), soit elle consomme l’aliment avant
(compétition par exploitation). Les niches écologiques sont fonction d’une alimentation plus
ou moins folivore des espèces vivant sur le même lieu, avec éventuellement des
recouvrements partiels. En particulier, la sympatrie entre de nombreuses autres espèces de
primates (12 à Kibale) accroit probablement cet effet et le régime alimentaire est la résultante
d’une « stratégie » visant à limiter au maximum les compétitions.
D’après Waser (1987), les 11 espèces de primates de Kibale (n’a pas été pris en
compte C. aethiops) représentent une densité de population de 546 individus/km2 soit une
biomasse de 2652 kg/km2. Les colobes rouges apportent la plus forte contribution à la densité
de population (300 ind/ km2 et 1760 kg/km2). Les chimpanzés représentent, avec le très rare
C. l’hoesti, la plus faible biomasse (30 kg/km2 pour le chimpanzé et 13 kg/km2 pour le
second). Cinq autres communautés de primates ont été étudiées conjointement ; il se dégage
de cette étude que la forêt de Kibale est la plus densément peuplée et supporte la plus forte
biomasse de primates. Par exemple, la densité de population d’une autre forêt africaine, la
forêt de Makokou au Gabon, où vivent 16 espèces de primates, dont des chimpanzés et des
293
DISCUSSION ET PERSPECTIVES
gorilles, est estimée à 148 ind/km2 et la biomasse ne s’élève qu’à 410 kg/km2. Les
conséquences sont une partition des niches écologiques. Les folivores peuvent atteindre des
biomasses considérables par rapport aux espèces dont le fruits consituent la base du régime
alimentaire. On peut noter que d’après l’étude de Hladik &Chivers (1978), la biomasse des
chimpanzés est du même ordre de grandeur à Makokou et à Kibale. On peut, par ailleurs,
constater que les interactions entre espèces ne sont pas toujours négatives. Des associations
peuvent être bénéfiques. Les babouins, espèce terrestre, consomment les fruits d’arbres
tombés au sol après le passage des Cercopithèques. Les red-tail et les blue monkeys peuvent
aussi profiter du fait que les mangabeys ouvrent les lourds fruits de Monodora myristica
qu’ils ne pourraient pas consommer autrement. Des associations entre groupes de C. ascanius
et C. badius leur permettent de chasser des chimpanzés des arbres en fruits, alors que ces
espèces de singes sont des proies potentielles pour les chimpanzés. Le temps passé en
association avec d’autres espèces est relativement faible chez les chimpanzés. Les chimpanzés
sont le plus souvent associés à des mangabeys, avec qui ils partagent 0,7% du temps alors que
seulement 0,1 % du temps est passé avec C. badius et ascanius (Waser, 1987).
Chez les folivores, les capacités à digérer les composés secondaires diffèrent et
diverses stratégies sont observées. Les colobes possèdent cette particularité de pouvoir digérer
les plantes les plus toxiques grâce à une flore microbienne particulière (Oates, 1987). Les
colobes bais (Colobus badius) mangent une grande variété de jeunes feuilles moins riches en
produits secondaires alors que les guérezas (Colobus guereza) se consacrent à la
consommation spécialisée de feuilles matures. Mais les frugivores se spécialisent souvent
pour certaines espèces de fruits et par conséquent doivent exploiter de larges territoires et plus
encore lorsqu’ils se caractérisent par une forte masse corporelle. Les autres espèces
consomment aussi ces mêmes fruits, mais complémentent leur alimentation par d’autres
items. En dehors de cas anecdotiques, le chimpanzé au milieu des 11 autres espèces n’est
probablement que rarement arrêté par la potentielle compétition par interférence. Il peut, par
contre, dépendre de la compétition par exploitation vue la forte biomasse que représentent les
autres primates dans la forêt de Kibale.
Les figues possèdent à la fois des qualités nutritionnelles et des composés anti-
nutritionnels. Abondantes tout au long de l’année, elles ne sont pas sélectionnées par les
chimpanzés pour leur appétence semble-t-il, mais servent plutôt d’aliment de fond apportant
lest et protéines.
Elles peuvent contenir, comme la VTH, une quantité non négligeable de composés
secondaires de type phénolique ou terpénique, par exemple.
Wrangham et al. (1998) suggèrent que le taux de substances anti-nutritionnelles est maintenu
à proximité d’un seuil physiologique maximal tout au long de l’année.
Il semble donc probable que la consommation continue d’aliments contenant des substances
anti-nutritionnelles - et notamment les figues à Kanyawara- possède un impact sur la
294
DISCUSSION ET PERSPECTIVES
digestion mais aussi sur l’état général des animaux en apportant des composés secondaires,
susceptibles d’avoir des activités biologiques majeures.
On peut suggérer que ces métabolites ingérés sont favorables à une régulation
continue et à un maintien homéostatique de la santé des individus.
Notre étude a, en plus, comme objectif de montrer si certains items sont plus
spécifiquement choisis à cause de particularités.
Dans ce cas, des aliments susceptibles d’apporter des bénéfices sanitaires peuvent être
considérés comme peu consommés dans certaines études et donc non pris en considération
alors que cette faible consommation aura, au contraire, un impact physiologique
important.
Effectivement, un aliment peu consommé n’apportera pas énergie et protéines de
façon significative par rapport au reste des aliments consommés dans la journée. C’est
justement cette consommation de plante sans intérêt évident qui dans le cadre de notre étude
doit nous alerter. Les bénéfices sont probablement ailleurs, car le comportement fortement
conservateur (Takahata et al., 1986) des chimpanzés en terme d’alimentation confirme le fait
que cette ingestion n’est pas fortuite.
Les écorces sont souvent très fibreuses, hautement lignifiées et indigestes. De plus,
une importante énergie est souvent requise pour détacher du tronc des fragments d’écorce.
Ces écorces, mâchées occasionnellement par les chimpanzés, sont aussi parfois utilisées
comme remèdes en Afrique.
Les chimpanzés de Kanyawara consomment l’écorce de Chaetacme aristata, bien que
le tronc de l’arbre soit hérissé d’épines. Elle est aussi prescrite par les médecins traditionnels
dans le traitement des douleurs dentaires et des hémorroïdes (Watt & Breyer-Brandwijk,
1962). L’écorce de Ficus natalensis, employée par les tradipraticiens contre les coliques et les
rhumes, ou encore pour induire la lactation, est parfois ingérée par les chimpanzés. Enfin,
l’écorce d’une troisième espèce d’arbre faisant partie du régime alimentaire de la
communauté de Kanyawara, Pseudospondias microcarpa, s’emploie en médecine
traditionnelle congolaise comme fébrifuge et antitussif, mais aussi contre les intoxications
alimentaires et les diarrhées (Bouquet, 1969). L’écorce d’Albizia grandibracteata,
consommée de façon très rare (l’observation au cours de cette étude est la première) à
l’occasion de troubles digestifs d’un chimpanzé, a montré des activités anthelminthiques (la
plus forte des 84 extraits) et cytotoxiques (90% à 1 µg/ml), dues à la présence de saponosides.
295
DISCUSSION ET PERSPECTIVES
Ces utilisations d’écorces, à la fois par les populations locales et les chimpanzés, mais
aussi les observations sanitaires relatives aux chimpanzés qui les consomment (cf paragraphe
suivant), ont influencé le choix des plantes à soumettre à une étude phytochimique plus
détaillée. Nos résultats confirment que les écorces de notre collecte renferment, plus
féquemment que les autres parties de plantes, des produits actifs.
Certaines parties de plantes ne font pas partie du régime alimentaire courant des
chimpanzés, peut-être à cause du goût particulier induit par des composés secondaires.
L’observation de leur ingestion, comme celle des feuilles de Trichilia rubescens, a orienté la
collecte d’échantillons. Cet aliment s’est révélé fortement actif sur les cultures de
Plasmodium falciparum et sur une cible impliquée dans la régulation de l’appétit.
296
DISCUSSION ET PERSPECTIVES
mastiquent à leur tour. Il semble donc que la consommation de viande ne réponde pas
seulement à un besoin nutritionnel mais exprime aussi un comportement social. En tout cas, le
jus des feuilles est aussi exprimé dans la mastication des chiques.
Il faut noter que les feuilles de Strombosia scheffleri ne figuraient pas dans la liste des
aliments consommés par les chimpanzés de Kanyawara. Les analyses de Gartlan et al. (1980)
ont permis d’y détecter des alcaloïdes. Notre observation est la première rapportée. Une
importante activité inhibitrice sur récepteur MCH a été observée (93%).
On remarque que les larves sont plus courantes en saison sèche : on peut émettre
l’hypothèse que la chaleur (en particulier lors du transport au cours de la journée) induit une
transformation plus rapide des œufs en larves. Ces dernières étant mieux détectées par
examen direct, cette méthode est la plus efficace pour détecter les échantillons positifs en
saison sèche.
À l’inverse, en saison des pluies, la proportion d’œufs d’helminthes par rapport aux larves
est plus forte, la méthode de flottation de Mac Master est alors plus à même de détecter les
infestations. L’association des deux méthodes est donc nécessaire, pour un suivi optimal des
individus.
297
DISCUSSION ET PERSPECTIVES
(1) Kawabata &Nishida (1991), (2) Huffman & Gotoh (obs.non publiées) dans Ashford et al.
(2000), (3) File et al. (1976), (4) Murray (1990) dans Ashford et al. (2000), (5) Mc Grew et
al. (1989), (6) Landsoud-Soukate et al. (1995), (7) Ashford et al. (2000)
Méthodes utilisées : examen direct (ED), Formol-éther concentration (FEC), flottation de Mac Master (MM),
coproculture de Harada-Mori (H-M), flottation au sulfate de zinc (ZnSO4), dilution volumétrique (DV),
coloration à l’iode (Iode), concentration de Baermann (CB), fixation à l’alcool polyvinylique (PVA)
Les proportions d’infestation observées pendant notre étude par examen direct et
celles publiées par Ashford et al. (2000) qui a travaillé sur la même communauté, entre 1992
et 1994, sont proches pour plusieurs espèces :
- Probstmayria sp.,
- Strongyloides fulleborni (enregistré comme Strongyloides sp. par Asford et al.,
2000),
- Trichuris sp.,
- Bertiella sp.,
298
DISCUSSION ET PERSPECTIVES
La prévalence des ciliés entodiniomorphes est moins élevée que celle déterminée par
Ashford et al. (2000) et est plus proche des proportions rapportées par Mc Grew et al. (1989)
et File et al. (1976). Elle reste néanmoins plus élevée que toutes les autres estimations
effectuées dans les autres études. Collet et al. (1984) suggèrent que ces ciliés devraient être
considérés plus comme des symbiontes que comme des parasites, favorisant la digestion des
fibres.
On note dans notre étude que les œufs d’Oesophagostomum, et de Strongyloides, les
larves de Probstmayria, ainsi que les protozoaires Troglodytella abrassarti et Endolimax
nana sont plus fréquents en saison des pluies, au contraire des petits entodiniomorphes et de
Pseudolimax dont la prévalence est plus forte en saison sèche.
Dans l’étude d’Ashford et al. (2000), les prévalences pour ces espèces sont stables au
cours des saisons alors que Huffman et al. (1997) et Dupain et al. (2002) montrent que les
prévalences d’O. stephanostomum et les larves d’une espèce de nématodes non identifiée
sont significativement plus fortes en saison des pluies, respectivement pour les chimpanzés de
Mahale et les bonobos de Lomako. La prévalence de S. fuelleborni ne montre pas de variation
saisonnière dans ces 2 études. Celle de T. abrassarti est aussi stable chez les bonobos de
Lomako (Dupain et al., 2002). Dans notre étude, l’examen des numérations de T. abrassarti a
permis de montrer une variation importante en saison des pluies. Les données
comportementales et alimentaires ont révélé pendant cette période la consommation d’écorce
de Markhamia platycalyx (cf .3-). Bien que la relation entre les deux phénomènes ne soit pas
confirmée par des essais biologiques, cette piste serait intéressante à explorer.
On peut remarquer qu’une forte proportion des échantillons et des individus est
infestée pendant les deux saisons : plus de 95% des échantillons sont identifiés comme
positifs par au moins l’une des deux méthodes utilisées.
Une numération de la charge parasitaire des prélèvements a été effectuée pour chaque
échantillon, à l’aide des deux techniques. Nos résultats montrent que les infestations sont
généralement faibles et uniformes. Lorsque des infestations plus fortes apparaissent, elles sont
généralement ponctuelles. Ce type d’étude avec numération des parasites est rare et aucune
donnée n’a été publiée sur les résultats de telles numérations chez les primates non humains.
Chez l’homme, en région tropicale, une charge parasitaire de 2000 œufs/ml est considérée
comme modérément forte (Hercberg et al., 1986). Selon les auteurs de cette étude menée sur
586 sujets d’une zone rurale au Bénin, seul 1% de la population avait plus de 2000 œufs/ml,
bien que la prévalence de certains parasites (ascaris et ankylostomes) soit relativement forte.
Les résultats d’une étude (Froment & Koppert, comm. pers), portant sur 517 échantillons
provenant d’une population forestière camerounaise, montrent que seuls 41% de la population
ont une charge parasitaire supérieure à 300 œufs/ml, mais plus de 15% des individus ont une
charge parasitaire surpérieure à 2000 œufs/ml. Plus de 95% des sujets humains sont parasités
(Froment, 2001), principalement par des trichocéphales (Trichuris trichiura) (92% des
individus), et des ascaris (67% des individus). Cette analyse coprologique humaine révèle que
299
DISCUSSION ET PERSPECTIVES
la prévalence des vers intestinaux est élevée chez les hommes des régions forestières
tropicales, ainsi que notre étude l’a montré pour les chimpanzés. Par contre, elle souligne que
la proportion d’hommes ayant une forte charge parasitaire est plus élevée que ce qui est
observé dans la population du Bénin, étudiée en saison sèche et chez les chimpanzés. Les
enquêtes sur les populations humaines soulignent le fait que l’ankylostomose est à l’origine
d’anémie sévère, mais aucune corrélation n’a pu être montrée dans l’étude de Hercberg et al.
(1986), probablement à cause de la faible charge parasitaire. Le climat et la saison d’étude
possèdent certainement un impact important sur la charge parasitaire détectée. Richard
Ashford (comm. pers.) a lui aussi pratiqué des numérations de parasites sur les fèces de
chimpanzés de Kibale (comm. pers.) et confirme le fait que les charges parasitaires étaient
faibles et uniformes pour la plupart des échantillons étudiés entre 1992 et 1994.
On peut souligner que de faibles infestations parasitaires sont surprenantes pour les
chimpanzés de Kibale surtout que des forestiers, des habitants locaux ainsi que des
braconniers exploitent la forêt et défèquent dans les sites où vivent les chimpanzés. Si on peut
suspecter que les fortes prévalences observées chez les chimpanzés de Gombe sont dues à leur
proximité avec les humains, on pourrait aussi s’attendre à de plus fortes infestations
parasitaires chez les chimpanzés de Kibale. Cependant, l’enquête de Froment (2001) montre
que les parasites les plus fréquents chez les sujets humains de son étude sont d’espèces
différentes de ceux rencontrés chez les chimpanzés de Kibale, les ascaris, également
prévalents dans l’étude de Hercberg et al. (1986), et les trichures étant quasi-absents dans les
fèces des chimpanzés de Kibale. Ceci montre que la contamination d’origine humaine est
probablement faible à Kibale.
Par ailleurs, même si comme le souligne Ashford (comm. pers.), on observe de plus
faibles charges parasitaires chez les animaux sauvages que chez les animaux domestiques, il
faut noter que les contacts sociaux et certains comportements dans cette espèce sont
favorables à la transmission des parasites. Ainsi les chimpanzés passent de longs moments en
groupe allongés au sol, à se reposer, proches les uns des autres, puis à s’épouiller, dans des
lieux parfois souillés par des déjections. La promiscuité entre les individus d’une même
famille est forte, les jeunes chimpanzés restant en contact étroit avec leur mère.
On doit néanmoins remarquer que la charge parasitaire des selles ne reflète pas
toujours celle de l’intestin car la prolificité des parasites est variable selon les espèces. Par
exemple, chez l’homme, un couple d’ascaris pond 1000 œufs/jour alors qu’un couple
d’Ancylostoma duodenale n’en produit que 10/jour. Bien que de telles données ne soient pas
disponibles chez le chimpanzé, les interprétations au sujet de la santé des animaux doivent
être prudentes. Par contre, les comparaisons entre les échantillons parasités par les mêmes
espèces informent sur la sévérité des infections. De plus, les comparaisons entre études sont
rendues difficiles par la multiplicité des techniques employées.
300
DISCUSSION ET PERSPECTIVES
Malgré ces quelques réserves, les données obtenues lors de notre étude tendent à montrer
que les chimpanzés de Kanyawara, même s’ils sont tous infestés par des parasites de
différentes espèces, sont généralement en bonne santé et possèdent un bon statut immunitaire
qui semble leur garantir un équilibre de la faune intestinale. Les prévalences des différentes
espèces de parasites sont stables au cours du temps. La prévalence de certaines espèces (S.
fuelleborni et T. abrassarti, notamment) varie entre les deux saisons d’étude ce qui n’avait pas
été noté précédemment. Même si des facteurs climatiques et d’altitude interviennent
probablement pour réguler le niveau d’infestation parasitaire, on peut suggérer que les
composés secondaires présents dans l’alimentation des chimpanzés jouent un rôle dans la
régulation de l’infestation parasitaire. L’étude phytochimique de quelques plantes, réalisée
dans cette étude avec pour objectif d’explorer une éventuelle activité sur les parasites
intestinaux, a montré des activités pour les extraits de feuilles et d’écorces d’A .
grandibracteata et d’écorce de D. abyssinica.
301
DISCUSSION ET PERSPECTIVES
Tableau LXXXV. Analyses des urines prélevées pendant l’étude de long terme des
chimpanzés de Kanyawara (R. Wrangham, comm. pers.) et pendant cette étude
leucocytes femelles adultes et juvéniles (687 leucocytes (traces à +++): leucocytes (traces à +++): Femelles>
échantillons) : Femelles> Mâles, p<0,01 Mâles, NS
traces dans plus de 30% des
échantillons, (+) dans 6% des leucocytes (+ à +++): leucocytes (traces à +++) : femelles
échantillons, mâles adultes (817 Femelles> Mâles, p<0,02 cyclées>femelles non cyclées,
échantillons) traces 25% des p=0,035; femelles cyclées > mâles,
échantillons, (+) dans moins de 5% p=0,04
des échantillons
ensemble des Traces à (+++) (+) à (+++) Traces à (+++) (+) à (+++)
paramètres
leucocytes : 30% 5% leucocytes : 44% 13,1%
protéines : 24% 8% protéines : 6,5% 3,9%
Sang hémolysé : 15% 11% Sang : 34% 10,5%
Nitrites : 15% <5% Nitrites : 14% 13,1%
Corps cétoniques <5% <5% Corps cétoniques : 1,3%
2,6%
Urobilinogène <5% <5% Urobilinogène : 2,6% 0%
Glucose <5% <5% Glucose : 1,3% 0%
Dans notre étude, le sang est présent plus fréquemment dans les échantillons des
femelles, suitées ou cyclées, que dans ceux des mâles (différences significatives). Les
résultats de l’étude de 1300 échantillons entre 1994 et 1999 confirment que les femelles
adultes ont les plus forts taux d’échantillons positifs pour le sang. Les études menées entre
1997 et 1999 ne montrent pas de différences significatives entre mâles et femelles (sans
distinction du statut du cycle œstral).
On peut donc noter que le sang chez les femelles n’est pas seulement induit par les
menstruations mais que probablement, elles souffrent plus fréquemment d’infections urinaires
que les mâles.
Dans notre étude, les leucocytes ne sont pas plus fréquents dans les échantillons
provenant des femelles que des mâles, mais si on classe à part les femelles cyclées, celles-ci
ont significativement des échantillons plus fréquemment positifs pour les leucocytes que les
302
DISCUSSION ET PERSPECTIVES
femelles non cyclées et que les mâles. Un plus grand nombre d’échantillons de femelles que
de mâles est positif dans les données de R.Wrangham portant sur 385 échantillons.
Néanmoins, ce dernier souligne l’importance de l’effet observateur en particulier sur ce
paramètre. Une comparaison entre les données prises par deux observateurs différents montre
des écarts flagrants qui peuvent être attribués à la lecture des bandelettes. Il est d’ailleurs
stipulé à plusieurs reprises dans la notice d’utilisation des bandelettes que la perception des
couleurs peut varier d’un utilisateur à l’autre.
Dans le cadre de notre étude, la présence de leucocytes dans les urines semble corrélée
avec un cycle œstral.
Un autre point est à souligner : lors de la première mission, une forte proportion
d’échantillons présentaient une couleur orange (19/45). On sait que l’alimentation peut
influencer la coloration des urines. Il est noté dans la notice des bandelettes réactives que les
substances colorant les urines peuvent gêner la lecture. Il est possible que cette coloration des
urines ait conduit à surestimer la proportion d’échantillons positifs, lors de la première
mission, expliquant ainsi les différences significatives de positivité entre nos deux missions et
par rapport aux données de R. Wrangham, portant sur un échantillon beaucoup plus
important.
L’exemple de LK, pour lequel à deux reprises des échantillons présentaient des
valeurs anormales pour l’urobilinogène à plus de deux mois d’intervalle, permet de supposer
une affection d’origine hépatique pour cet individu. L’urobilinogène provient de la
métabolisation de la bilirubine qui peut être le signe de striction ou de lithiases biliaires,
d’hépatite ou de masses hépatiques obstruant les canaux biliaires.
Dans la plupart des échantillons anormaux, les associations des leucocytes avec des
protéines et/ou des nitrites, ou encore la présence de corps cétoniques, indiquent des
infections urinaires ou des problèmes rénaux.
Le pH alcalin des urines reflète la forte proportion de végétaux dans le régime
alimentaire. Dans deux cas, le pH est anormalement bas et associé à d’autres problèmes de
santé pouvant permettre d’expliquer ces valeurs (cf paragraphe suivant).
Dans plusieurs cas, les problèmes, détectés par l’analyse d’urine sont corrélés à des
affections mises en évidence par les méthodes associées.
303
DISCUSSION ET PERSPECTIVES
Le tableau XXXIV (cf. annexes) souligne les relations qui existent entre les résultats des
différentes méthodes. Le recoupement des résultats des analyses urinaires avec les
observations comportementales permet de préciser le diagnostic.
Par exemple, le pH acide des urines de KK peut s’expliquer par l’acidose respiratoire
induite par l’obstruction broncho-pulmonaire dont il souffre, confirmée par le diagnostic
clinique et la modification de son budget d’activité. Les observations comportementales ont
montré qu’il était le seul à consommer les fruits immatures de Ficus capensis qui, même
mûrs, possèdent un fort taux de tanins (7,4% alors que le taux de tanins des fruits de Celtis
africana et C. durandii et Uvariopsis congensis est <0,2%). L’acidité des urines de LB est
concomitante à l’infection et à la période d’anorexie liées à sa plaie. Il a consommé le 20
février, de jeunes feuilles et des tiges de F. exasperata. Les extraits des écorces inhibent la
croissance de S. aureus (diamètre d’inhibition 12 mm). Les figues consommées pendant cette
période sont non seulement utilisées en médecine traditionnelle, mais elles sont aussi riches
en substances anti-nutritionnelles (tanins condensés pour F. capensis et NDF ou parois
cellulaires pour F. natalensis).
Dans le cas de la vieille femelle AR, plusieurs symptômes étaient aussi associés : toux,
éternuements, maigreur, infection urinaire et infection à Bertiella studeri, rare dans cette
communauté. Son affaiblissement peut s’exprimer par une plus forte propension à développer
des infections parasitaires.
Il est notable que pendant les deux périodes où la vieille femelle LP manifestait une
baisse de son état général (observations cliniques, analyses d’urine anormales et dans un cas,
coccidiose, dans l’autre distension abdominale très importante), des épisodes de géophagie et
une consommation de bois mort ainsi que de la coprophagie ont été observés. La terre
consommée par les chimpanzés de Kibale a une composition chimique proche du
Kaopectate® (Mahaney et al., 1997) (cf 1ère partie, II), et les propriétés pharmaceutiques de
l’argile peuvent réduire les effets des parasitoses. On peut aussi suggérer que les graines
prélevées dans les crottins d’éléphants peuvent apporter soit un supplément nutritionnel (Krief
et al., sous presse), soit des composés secondaires potentiellement actifs.
Une réduction de la charge parasitaire mesurée par flottation de Mac Master et des
Troglodytella abrassarti dans les selles a été observée dans une période de consommation
saisonnière d’écorce de Markhamia platycalyx. Les analyses phytochimiques de cette plante
ont montré la présence de quinones (Joshi et al., 1985).
304
DISCUSSION ET PERSPECTIVES
L’association de ces méthodes a montré que les chimpanzés de Kibale sont en bonne
santé, avec des taux d’infestation parasitaire inférieurs à ceux observés sur d’autres sites et
des charges parasitaires faibles. Les fortes charges parasitaires sont plus rares que dans
certaines populations humaines forestières africaines. Les analyses d’urine n’ont mis en
évidence que peu de problèmes sanitaires et les observations d’animaux malades ont montré
leur guérison rapide.
Les mutilations occasionnées par les pièges sont très fréquentes dans cette
communauté et touchent de nombreux individus. Les déformations, résultant de ces blessures,
ont été décrites dans d’autres communautés comme celle de Budongo (Waller & Reynolds,
2001). On peut trouver surprenant que de telles lésions ne conduisent pas à des infections
graves et se résolvent.
Les chimpanzés de Kanyawara ont dans leur régime alimentaire des plantes qui
servent aux populations locales pour traiter divers maux. Ils présentent des comportements
particuliers liés à l’ingestion d’items sans valeurs nutritionnelle importante (écorce, terre,
bois mort, crottin d’éléphant) ou à des plantes consommées très rarement (feuilles de
Trichilia rubescens, de Strombosia scheffleri, d’Illigera pentaphylla).
Les extraits actifs proviennent plus souvent des écorces que des autres parties de
plantes collectées (différence significative). Ceci confirme l’hypothèse selon laquelle la
consommation d’écorce serait, pour les chimpanzés, un moyen d’augmenter leur ingestion de
composés secondaires biologiquement actifs.
La toxicité, observée sur les cellules du système immunitaire (PBMC et MT4), de certaines
parties de plantes, peut expliquer qu’elles ne soient pas consommées fréquemment et en
quantité importante par les chimpanzés, malgré leurs activités biologiques (écorce d’Albizia
305
DISCUSSION ET PERSPECTIVES
grandibracteata, feuilles d’Uvariopsis congensis, et dans une plus faible mesure feuilles de
Trichilia rubescens, écorces de Diospyros abyssinica, feuilles de Strombasia scheffleri). Les
feuilles d’Albizia grandibracteata, plus fréquemment mangées que les écorces ont une
activité sur VIH-1 Bal/PBMC mais une toxicité 10 fois moins forte sur PBMC que les
écorces. Cette toxicité est probablement un facteur expliquant la limitation de leur
consommation, même si les composés les plus actifs sont cependant ingérés
occasionnellement.
Les essais portant sur les cibles impliquées dans la régulation de l’appétit montrent des
résultats similaires à ceux obtenus pour d’autres récoltes de Malaisie et de Nouvelle-
Calédonie sauf pour la cible MCH1. Le nombre de plantes collectées en Ouganda actives sur
ce récepteur est beaucoup plus élevé que celui observé en Malaisie (9,5% dont 11% de plantes
consommées par les chimpanzés vs 1%, p ≤ 0,002). Ce type d’activité ne semble pas influer
sur la sélection alimentaire des chimpanzés puisque les différences ne sont pas significatives
entre les parties consommées ou non par les chimpanzés, sauf pour les plantes qui possèdent
une activité sur H3 qui semblent contre-sélectionnées (pas de plantes antagonistes d’H3
consommées, 7,8% de plantes non consommées ayant cette activité, p = 0,05).
L’étude phytochimique portant sur trois espèces de plantes a été guidé par les activités
biologiques. Il a permis l’isolement et l’identification de molécules :
- les molécules responsables des fortes et multiples activités de Diospyros
abyssinica, la diospyrine et l’isodiospyrine, ont été identifiées.
- deux nouvelles molécules de la famille des limonoïdes, les trichirubine A et B,
ont été isolées des feuilles de Trichilia rubescens.
- l’existence, dans le genre Uvariopsis, d’une classe de molécules, les
acétogénines, représentées ici par l’annonacine et la gigatotrécine, a été révélée.
Par ailleurs, une brève étude de l’écorce d’Albizia grandibracteata a montré que les
activités cytotoxiques et anthelminthiques de l’extrait était dues à la présence de saponosides.
Les extraits de parties de plantes étudiées ont révélées des activités intéressantes
montrant que l’étude du régime alimentaire des chimpanzés pouvait servir de guide pour la
recherche de plantes biologiquement actives.
Cependant, les activités effectives des plantes sur l’organisme ne sont qu’entrevues
lors de telles études.
Les activités ont été recherchées ici seulement sur culture cellulaire et non in vivo.
L’extraction chimique n’est pas semblable à la digestion et les produits instables
peuvent être dégradés par l’un ou l’autre procédé.
La composition en métabolites secondaires peut varier de façon intraspécifique, de
façon saisonnière et même quotidiennement. Par exemple, le taux de conicéine de
la ciguë (Conium maculatum) peut atteindre 500% de la moyenne quotidienne à
certaines heures de la journée (Fellows, 1992). La récolte, dans un but de criblage,
peut fournir des compositions très dissemblables de ce qui est consommé par le
chimpanzé.
306
DISCUSSION ET PERSPECTIVES
Le séchage, lorsqu’il est effectué dans des conditions différentes, peut aussi
affecter la composition des plantes ; des infections des plantes peuvent aussi
intervenir. Verpoorte (1989) rapporte que les anthraquinones isolées d’écorces de
Cinchona ont été produites en réponse à une attaque fongique (phytoallexines).
Des problèmes inhérents au criblage d’extraits bruts de plantes doivent aussi être
soulignés. Nous avons vu précédemment que les effets non spécifiques de certains
composés secondaires (tanins par exemple) peuvent gêner la lecture des résultats
en induisant un nombre élevé de faux positifs. En les retirant par des pré-
traitements (par exemple, filtration sur cartouche de polyamide), on peut perdre
certains produits intéressants comme les flavonosides (Fellows, 1992).
Cette étude est en accord avec l’hypothèse suggérant que l’ingestion régulière de
faibles doses de composés secondaires peut agir à titre préventif pour limiter l’effet des agents
pathogènes sur la santé des chimpanzés.
Certains résultats peuvent en témoigner:
les chimpanzés de Kanyawara sont en bon état général. Bien que tous les
individus soient parasités, les charges parasitaires sont généralement faibles et
uniformes. Les analyses d’urine ne montrent pas de pathologie majeure chez les
chimpanzés de cette communauté. L’âge avancé de certains individus, associé à un
état général convenable, sont aussi notables.
On peut certes supposer qu’un statut immunitaire performant, les conditions locales
climatiques et l’altitude sont favorables à cette bonne santé, mais l’ensemble des composés
secondaires ingérés jouent probablement un rôle non négligeable dans le maintien d’un
équilibre sanitaire global.
Les résultats des analyses phytochimiques sont en accord avec les observations
précédemment réalisées sur la consommation ponctuelle de plantes biologiquement actives
par les chimpanzés.
307
DISCUSSION ET PERSPECTIVES
Dans le cas des feuilles de Trichilia rubescens, une activité sur PPARγ, une cible
impliquée dans la régulation de l’appétit, a été détectée par l’Institut de Recherche SERVIER.
Les observations menées sur le terrain ont montré que les chimpanzés consommant ces
feuilles passaient, le jour de cette consommation, un temps plus long à s’alimenter que les
individus du même groupe. De plus, ce jour-ci, le temps d’alimentation du consommateur de
Trichilia est supérieur au temps moyen mensuel.
Afin d’estimer si les composés isolés peuvent avoir une éventuelle activité sur le
consommateur, la quantité de feuilles de T. rubescens a été évaluée. De 10 à 35 feuilles (en
moyenne, 21 feuilles) sont consommées à chaque épisode. Une feuille sèche pèse en moyenne
1,1 g (pesée de 10 feuilles de taille variable). Le rendement d’extraction par macération à
l’acétate d’éthyle est de 1,25%. 21 feuilles fourniraient donc 265 mg d’extrait sec. Le corps
d’un animal contient entre 0,08 et 0,10 l de sang par kg. On peut estimer que le volume de
sang d’un chimpanzé varie entre 4 et 6 litres. L’extrait des feuilles serait donc présent à une
concentration voisine de 50µg/ml de sang si la digestion avait un rendement semblable à celui
de l’extraction chimique. Ceci n’est évidemment qu’une très vague approximation, mais
permet de voir que même si le rendement de la digestion est 10 fois inférieur, la concentration
de l’extrait serait encore supérieure à la CI50 de l’extrait brut des feuilles sur les cultures de P.
falciparum (inférieur à 3µg/ml). Il ne semble pas complètement utopique, dans ce cas précis,
de penser que la plante peut effectivement agir sur la santé du chimpanzé qui la consomme.
Tableau LXXXVI. Bilan des données sur la consommation des plantes, leur utilisation en
médecine traditionnelle, leurs activités sur cultures cellulaires et le type de composés
secondaires isolés.
Utilisation en
médecine Consommation par les activités biologiques types de composés
Aliments traditionnelle africaine chimpanzés in vitro secondaires isolés
parfois confondue occasionnelle, courte,
avec T. dregeana qui lente, restreinte et
est utilisée comme : individuelle. Les
soporifique et en consommateurs passent antipaludique,
Feuilles de Trichilia traitement de la plus de temps à s'alimenter antibiotique, Limonoïdes (deux
rubescens dysenterie que les autres inhibition PPARγ nouvelles molécules)
antipaludique, anti-
leishmania,
anthelminthique,
cytotoxique,
antibiotique,
Ecorces de Diospyros activateur H3, Binaphtoquinones,
abyssinica Rare antagoniste MCH1 triterpène
Feuilles d'Uvariopsis antipaludique, anti-
congensis Rare VIH Acétogénines
Traitement du
météorisme, des
amibes et des très rare, observée chez un
Ecorces d'Albizia parasitoses individu souffrant de anthelminthique,
grandibracteata intestinales troubles digestifs cytotoxique Saponosides
308
DISCUSSION ET PERSPECTIVES
Des différences locales sont observées dans la composition des régimes alimentaires de
communautés de chimpanzés voisines. Des comportements différents existent pour la
consommation d’insectes, la chasse ou l’utilisation d’outils (1ère partie). Des traditions sont
aussi observées dans l’alimentation d’origine végétale. En dépit de leur disponibilité, 16 items
provenant de 9 espèces de plantes sont mangés par les chimpanzés de Mahale régulièrement
et ne sont pas ou très peu consommés à Gombe (Nishida et al., 1983). Parmi ceux-ci figurent
les fruits de Cordia milenii, qui constituent une part importante de l’alimentation à Mahale et
qui sont également souvent consommés par les chimpanzés de Kibale.
Des différences très marquées ont été notées concernant la consommation d’écorces : à
Mahale, les chimpanzés consomment les écorces de 21 espèces dont 13 sont présentes à
Gombe. Seules trois d’entre elles sont consommées à Gombe (Goodall, 1986).
De telles dissemblances peuvent en partie être la conséquence de variations
intraspécifiques dans la composition chimique des plantes, mais la force des traditions joue
aussi un grand rôle.
L’acquisition de nouveaux aliments est difficile à observer en milieu naturel. Une étude
portant sur les chimpanzés de Mahale a montré qu’il avait fallu attendre 7-8 ans avant que les
adultes commencent à goûter les fruits domestiques, tels que les citrons ou les mangues sur
des arbres abandonnés depuis le départ de villageois (Takahata et al., 1986). Mais, une fois, le
premier épisode de consommation initié, la propagation a été très rapide : en quelques
semaines, tous les individus du groupe consommaient ces nouveaux items. Boesch (2003) a
observé, pour la première fois après 19 ans d’étude, une femelle adulte consommant la tige
d’un jeune palmier. Dans les jours suivants, il a pu voir quatre autres individus consommant
cet item. Si les chimpanzés tendent à être très conservateurs dans leurs habitudes alimentaires,
maintenant des préférences traditionnelles, ils possèdent une forte capacité d’imitation et
d’apprentissage lorsque l’ingestion a été initiée. L’innovation pourrait être un phénomène
régulier (Boesch, 2003).
309
DISCUSSION ET PERSPECTIVES
Pourtant, compte tenu du fort conservatisme observé dans les habitudes alimentaires des
chimpanzés, l’échantillonnage au hasard de nouveaux aliments, particulièrement lorsqu’ils
sont malades est peu probable. Vitazkova et al. (2001), à la suite de l’étude montrant que des
souris peuvent éviter de succomber au paludisme en consommant des solutions de
chloroquine, suggèrent qu’en consommant une variété de substances amères en petite
quantité, les animaux réduisent la probabilité d’ingérer des doses létales en augmentant leur
chance de consommer des plantes à valeur médicinale potentielle.
On peut donc proposer que ce mécanisme serait occasionnel, mais régulier. Dans
certains cas de baisse ponctuelle d’état général, une association serait faite entre
l’amélioration de l’état général et la consommation particulière d’une plante avec un goût
amer, par exemple. En effet, Hellekant & Ninomiza (1994) ont montré que les goûts sucré et
amer étaient véhiculés de façon indépendante par des groupes de fibres nerveuses, séparées
chez le chimpanzé. Dans l’étude de Hladik et al. (2002), portant sur 412 sujets humains, les
seuils de perception des tanins et d’un alcaloïde, la quinine, varient de façon conjointe,
comme ceux du sucrose et du fructose, suggérant que les pressions de sélection puissent avoir
opéré dans un système à deux dimensions, représentées par les substances bénéfiques d’une
part et nocives d’autre part. Huffman et Wrangham (1994) suggèrent que les connotations
hédoniques (bon vs mauvais), correspondant aux perceptions gustatives, peuvent varier en
fonction de l’état physiologique de l’animal : à l’inverse de la femme enceinte qui devient
moins tolérante aux toxines protégeant ainsi leur foetus, un chimpanzé malade pourrait, par
une modification de sa perception sensorielle, consommer un item qu’il aurait rejeté dans les
conditions habituelles. Goodall (1986) a d’ailleurs remarqué que des bananes, contenant des
antibiotiques, proposées à des chimpanzés malades étaient consommées jusqu’à amélioration
de l’état général puis étaient ensuite laissées de côté. Suite à la consommation d’un aliment
bénéfique, on peut supposer qu’un renforcement se produit alors, favorisant la consommation
ultérieure de cet item.
Les jeunes primates, même s’ils ont tendance à essayer une plus large gamme
d’aliments que leur mère (observations personnelles et Tarnaud, comm. pers.), sont très
enclins, par la suite, à reproduire le comportement alimentaire de leur mère (Visalberghi et
al., 2003). Par exemple, lors de consommations de Vernonia, après avoir observé leur mère
avec attention, certains jeunes ont tenté immédiatement après de consommer cette plante
(Huffman & Seifu, 1989 ; Huffman & Wrangham, 1994).
La similarité entre les choix de plantes par les chimpanzés (simultanément à des
problèmes intestinaux par exemple), et l’utilisation en médecine traditionnelle par les humains
de certaines plantes amène certains auteurs (Huffman, 2001) à y voir les prémices de la
médecine humaine. Les premiers hominidés pourraient avoir partagé avec les chimpanzés et
l’homme moderne des critères de sélection. Il est fort probable que l’exploration des éventuels
comportements d’automédication chez les grands singes modernes puisse apporter des
informations significatives sur les critères tels que le goût, l’odeur ou la texture des plantes
310
DISCUSSION ET PERSPECTIVES
qui ont déterminé les premières utilisations de plantes à des fins curatives. Cependant, un des
aspects fondamentaux de l’évolution de la médecine, mais aussi probablement des maladies,
réside peut-être dans la détoxication, grâce à différentes préparations alimentaires : après
l’élimination d’une partie des composés secondaires de l’alimentation, certains pathogènes
ont pu trouver en l’homme des hôtes, permettant leur prolifération. L’émergence de certaines
maladies a ainsi pu être ainsi favorisée.
Plus généralement, les animaux sauvages bénéficient de leur longue co-évolution avec
les pathogènes et les plantes ; la domestication rompt cet équilibre et réintroduit, à la faveur
des médicaments vétérinaires (ou des « alicaments » ou aliments supplémentés en
antibiotiques par exemple) de nouveaux composés secondaires très souvent issus de plantes...
Mais au lieu de bénéficier de l’extrême diversité des composés secondaires présents dans la
nature, certaines utilisations répétées de médicaments induisent des résistances, rendant le
vétérinaire impuissant face à certaines affections. La même chose se produit probablement
chez l’homme avec l’urbanisation et l’industrialisation. Les maladies affectant les premiers
hominidés étaient probablement moins nombreuses. La médecine se confondait avec
l’alimentation, les effets plus marqués de certaines plantes ayant été progressivement repérés,
donnant alors lieu à des préparations particulières. À la faveur de l’augmentation des densités
de population, de leur déplacement et des changements d’habitude alimentaire, certains
pathogènes ont émergé, une plus grande virulence a probablement été sélectionnée.
Introduire des plantes médicinales dans des sites où vivent des groupes de primates
captifs peut, d’une part, permettre d’étudier la sélection et l’effet de ces plantes et d’autre part,
faciliter les observations sur la transmission de ces comportements d’auto-médication dans les
groupes sociaux.
De telles expériences ont déjà été pratiquées dans les zoos d’Apenheul en Hollande,
dans la « vallée des singes » en France et dans le zoo de Denver au Colorado. A Apenheul,
des plantes médicinales telles que Berberis vulgaris (Berberidaceae), le fenouil (Foeniculum
vulgare, Apiaceae) ou encore l’aubépine (Crataegus oxyacantha, Rosaceae) ont été plantées
sur des parcelles de terrain, couvertes de grillages placés à une hauteur telle que les animaux
(Lagothrix lagothricha) puissent avoir accès aux plantes sans les détruire (Huffman et al.,
1998). Les résultats de ces études ne sont pas encore disponibles.
Par ailleurs, les résistances vis-à-vis des médicaments se développant aussi en médecine
vétérinaire, l’utilisation de produits d’origine naturelle pourrait également être envisagée pour
les animaux d’élevage.
Ces applications permettraient dans les parcs zoologiques ou chez les animaux
domestiques, dans les cas de pathologies mineures, d’éviter des interventions vétérinaires,
311
DISCUSSION ET PERSPECTIVES
induisant du stress chez les animaux et des coûts élevés. De tels programmes autorisant le
libre choix alimentaire chez des animaux favoriseraient l’enrichissement de leur
environnement. Une étude de l’effet de l’introduction d’une diversification des aliments à
disposition, et un suivi vétérinaire, avec des groupes témoins, permettrait de valider ou
d’infirmer les hypothèses d’un effet régulateur, induit par une alimentation quotidienne
variée, et d’une potentielle recherche de plantes plus actives, dans les cas ponctuels de
maladie.
L’effet saison est une variable intéressante à étudier. La saisonnalité des comportements
d’ingestion de certaines espèces pourrait être recherchée, dans le but de déterminer s’il existe
une relation avec les cycles éventuels des infestations parasitaires et la production saisonnière
de métabolites secondaires par les plantes. En effet, l’évolution chimique des plantes est
probablement conditionnée par la pression exercée par les phytophages. Une étude du contenu
chimique de plantes de même espèce en fonction des saisons et des sites (sols plus ou moins
riches, prédateurs différents...) et éventuellement à plusieurs années d’intervalle et de leur
consommation par une espèce de grands singes pourrait mettre en évidence d’éventuelles
corrélations.
312
DISCUSSION ET PERSPECTIVES
313
CONCLUSION
« Apes are caught between two worlds, of human and non-human conciousness.
Ape observers are caught between two parallel worlds, between being convinced of apes
mental complexity and finding them hard to prove […] Even if we can’t prove claims about
what apes know and think and feel, though, we will make more mistakes by ignoring such
signs of mental power than by taking them seriously.
With apes, too many intriguing stories suggest that there are minds in the forest. »
314
CONCLUSION
(8) Des molécules, responsables des activités biologiques, ont été extraites et identifiées à
partir des écorces de Diospyros abyssinica, des feuilles d’Uvariopsis congensis et des
feuilles de Trichilia rubescens, ingérées occasionnellement par les chimpanzés.
(9) L’isolement de deux nouveaux limonoïdes de T. rubescens a été réalisé. Le problème
de détermination botanique concernant cette espèce a été résolu par comparaison des
spectres CLHP.
(10) La présence d’acétogénines dans le genre Uvariopsis a été montrée.
(11) L’existence de saponosides dans l’écorce d’Albizia grandibracteata, consommée par
un chimpanzé souffrant de troubles digestifs, a été détectée.
(12) La consommation régulière de métabolites secondaires, notamment par l’intermédiaire
des figues et de la végétation terrestre herbacée, est probablement un facteur de
maintien du bon état général des animaux et de limitation de l’émergence de certains
pathogènes et de résistance.
(13) La consommation occasionnelle de certains aliments, telles l’écorce de D. abyssinica,
les feuilles d’U. congensis, de T. rubescens ou l’écorce d’A. grandibracteata peut
apporter des métabolites secondaires susceptibles d’agir sur la santé des chimpanzés.
(14) Un tel type d’étude peut être considéré comme un moyen complémentaire original
pour la recherche de métabolites secondaires.
(15) Cette étude apporte également des éléments de reflexion sur la co-évolution entre les
plantes et les animaux.
Le sujet de recherche entrepris dans cette thèse est vaste et ces résultats apportent des
informations qui doivent stimuler la poursuite de l’étude. À l’interface entre plusieurs
disciplines, ce travail a pris en compte ma formation vétérinaire, pour l’aspect essais
biologiques et suivi sanitaire, et l’expérience acquise au préalable dans l’observation du
comportement animal. Il a nécessité l’acquisition d’une formation complémentaire en chimie.
À l’ICSN, les différentes équipes avec lesquelles j’ai collaborées m’ont fait bénéficier de
leurs compétences pointues, et j’ai pu ainsi acquérir les bases des techniques de purification et
d’analyse structurale. Qu’il s’agisse d’approfondir l’hypothèse de départ suggérant que les
chimpanzés utilisent des plantes pour améliorer leur santé ou d’acquérir des connaissances en
chimie des substances naturelles, ce temps de thèse a été particulièrement fructueux et
enrichissant et a montré la valeur et la nécessité de poursuivre cette étude pluridisciplinaire.
La poursuite de cette recherche est nécessaire pour accumuler les éventuelles preuves
de l’intentionnalité de ces comportements. La conscience de se soigner est-elle le propre de
l’homme ? Peut on envisager que les chimpanzés sélectionnent, à dessein, des plantes
susceptibles de les guérir de certains maux ? Au centre de ces hypothèses figure une question,
qui occupe toujours l’esprit des anthropologues et des philosophes, mais aussi de chacun
d’entre nous : qu’est ce qui rend l’Homme unique ?
315
CONCLUSION
Regarder jouer des chimpanzés convainc très vite que Rabelais était dans le faux : le
rire n’est pas le propre de l’Homme. L’image idyllique de sociétés de primates vivant dans
l’innocence, non spoliée par la corruption du monde humain, véhiculée par l’idée que les
bonobos règlent leur conflit par le sexe, est aussi bien loin de la réalité : Frans de Waal, dans
« Chimpanzee politics» (1982), décrit les alliances et la violence qui mènent au pouvoir. Le
viol est courant chez les orangs-outangs, la tromperie et le mensonge ont été observés chez les
primates. Richard Wrangham, dans « Demonic males » (1996) rapporte la description de
patrouilles de défense du territoire et la mort de mâles, tués par ceux de la communauté
voisine, jusqu’à extinction de la communauté rivale. Mais, la réconciliation, la coopération
lors des épisodes de chasse existent aussi chez les chimpanzés. Lorsqu’on a soumis des
grands singes captifs à différentes épreuves, bien loin des difficultés présentes dans leur
environnement : ils ont appris les bases du langage des signes et les chimpanzés et bonobos
ont montré qu’ils reconnaissaient leur propre image dans un miroir.(Serions-nous même
capables d’élaborer cette incroyable carte mentale qui leur permet de se diriger dans la forêt
vers les arbres en fruits ?)
Ce qui fait le propre de l’homme ? Peut-être le fait que, lorsqu’un enfant humain
apprend le langage, il l’utilise dans un contexte informatif ou déclaratif pour apporter des
informations sur le monde, alors que le chimpanzé le produit dans un contexte de demande ?
Ou le fort degré d’encéphalisation de l’humain, favorisé par la cuisson des aliments comme le
propose Richard Wrangham, ou par la consommation de viande comme le suggère Craig
Stanford dans « The Hunting Apes » (1999), ou bien encore l’absence de rites funéraires chez
les grands singes ?
On peut aussi avancer que certains carnivores chassent en groupe, que l’organisation
sociale des insectes est formidablement élaborée et complexe, que la loutre casse des moules à
l’aide de pierre ou encore que la communication des oiseaux et des dauphins est extrêmement
riche. Par crainte d’anthropocentrisme, on risque alors de banaliser ou de diminuer certaines
observations sur les Grands Singes. Mais reconnaître des traits communs à deux espèces
philogénétiquement proches ne dévalue par les facultés cognitives des autres espèces.
Continuer à tester l’hypothèse que les chimpanzés consomment intentionnellement des
plantes à but d’améliorer leur bien-être peut apporter d’étonnantes observations.
Ce sont souvent des interprétations trop dépendantes de notre culture qui peuvent
fausser les résultats. Comme le souligne Claude Marcel Hladik dans « la culture est–elle
naturelle ?» (1998), les concepts occidentaux actuels de la médecine s’éloignent des pratiques
traditionnelles où la frontière entre aliments et médicaments est floue. Vouloir classer et
identifier un produit comme médicament plutôt que comme aliment se rapporte
essentiellement à nos critères sémantiques pour certaines substances comme les vitamines ou
pour la « nutraceutique ». Mais, ni un antitumoral tel le taxol, ni les limonoïdes antipaludiques
de T. rubescens ou encore les binaphtoquinones de D. abyssinica, ne peuvent être confondus
avec un aliment. Par contre, les figues apportent des métabolites secondaires, mais sont aussi
des aliments riches en énergie et en fibres. Les aliments fournissent une matière première
essentielle pour le stock énergétique et l’entretien physiologique ; par contre, une substance
qui corrige un désordre métabolique est considérée comme un médicament.
L’ensemble des observations présentées dans cette thèse conduit à penser que ce
travail préliminaire, s’il n’apporte aucunement des preuves d’une conscience par le
chimpanzé de sa maladie et des soins qui lui seraient nécessaires, souligne néanmoins
quelques traits comportementaux et écologiques en rapport avec la probable activité des
316
CONCLUSION
plantes sur la santé des chimpanzés. Avec ou sans intentionnalité, le chimpanzé tire bénéfice
de l’incroyable richesse de son environnement. Notre étude montre que de telles observations
peuvent guider la recherche de plantes biologiquement actives et favoriser la découverte de
nouvelles molécules.
Si ce n’est pour abreuver le débat sur l’humanité, de telles études mettent en évidence
la nécessité de protéger des biotopes uniques, pouvant contenir de nombreuses espèces utiles
à la recherche biomédicale. Les inter-relations et l’équilibre entre les espèces végétales et
animales sont précieux et la conservation de ce patrimoine est, en partie, si ce n’est le propre
de l’homme, du moins sa responsabilité.
317
TABLE DES ILLUSTRATIONS
318
TABLE DES ILLUSTRATIONS
319
TABLE DES ILLUSTRATIONS
320
TABLE DES ILLUSTRATIONS
Tableau I. Quelques exemples d’activités pharmacologiques in vitro de différentes espèces de Diospyros sp.
(d’après Mallavadhani et al., 1998) ___________________________________________________________ 49
Tableau II. Nombre d'espèces et d'items alimentaires consommés par les chimpanzés de différents sites
africains (Didier, 1998) _____________________________________________________________________ 89
Tableau III. Quelques caractéristiques de la reproduction chez les chimpanzés (d’après Nishida &
Hiraiwa-Hasegawa, 1987)___________________________________________________________________ 96
Tableau IV. Espèces de Primates présents dans le Parc National de Kibale_______________________114
Tableau V. Aliments consommés par les chimpanzés de la communauté de Kanyawara, Kibale Forest,
Ouganda, d’après R.Wrangham (communication personnelle) _____________________________________117
Tableau VI. Identité, sexe et date de naissances des chimpanzés de la communauté de Kanyawara ____120
Tableau VII. Critères de reconnaissance des chimpanzés mâles de la communauté de Kanyawara _____122
Tableau VIII. Protocoles des analyses de selles utilisés à l’E.N.V.A. ___________________________128
Tableau IX. Budget d’activité des chimpanzés de Kanyawara__________________________________133
Tableau X. Espèces végétales consommées par les chimpanzés au cours des missions 2000-2001_____135
Tableau XI. Temps passé à consommer les différentes classes d’aliments ________________________137
Tableau XII. Aliments consommés pendant plus de 0,5% du temps d’alimentation __________________138
Tableau XIII. Fruits les plus consommés par les chimpanzés de Kanyawara _____________________139
Tableau XIV. Part des Ficus spp. dans l’alimentation des chimpanzés__________________________139
Tableau XV. Mesure des diversités alimentaires par l’entropie de Shannon (H’) et l’index standardisé
(échelle de 0-1) de Shannon-Wiener (J’) et le nombre d’espèces consommées (n) ______________________141
Tableau XVI. Nombre de graines et quantité de fibres trouvées dans les selles de chimpanzés _______142
Tableau XVII. Part de l’alimentation pour le consommateur (en caractères gras) de feuilles de Trichilia
rubescens et pour les individus de son groupe, le jour de l’ingestion et les autres jours du mois.___________143
Tableau XVIII. Consommation d’écorces par les chimpanzés de Kanyawara______________________146
Tableau XIX. Épisodes de géophagie et aliments consommés avant et après l’ingestion de sol_______147
Tableau XX. Utilisation des espèces de plantes consommées par les chimpanzés de Kanyawara (ou d’autres
communautés si précisé) en médecine traditionnelle selon le site « Prélude » et d’autres sources
bibliographiques. Produits isolés et activités biologiques connues pour ces espèces, selon Chapman & Hall
(2003), et Chemical Abstracts (2002) _________________________________________________________149
Tableau XXI. Utilisations ethnomédicinales des aliments consommés par LB suite à sa morsure _____162
Tableau XXII. Caractéristiques des selles de OK ___________________________________________167
Tableau XXIII. Utilisation de l’Albizia grandibracteata (Mimosaceae) en médecine traditionnelle africaine
______________________________________________________________________168
Tableau XXIV. Échantillons de consistance diarrhéique parmi les 252 échantillons prélevés (en italique,
les individus dont plusieurs prélèvements étaient diarrhéiques)_____________________________________169
Tableau XXV. Présence de parasites et consistance des selles lors de la mission pilote _____________170
Tableau XXVI. Comparaison des méthodes d’analyse coprologique testées lors de la mission pilote ___172
Tableau XXVII. Distribution des classes d’age et de sexe des individus échantillonnés pour les
coprologies par flottation de Mac Master ______________________________________________________172
Tableau XXVIII. Détection des échantillons et chimpanzés positifs avec deux techniques de coprologie
parasitaire en fonction des saisons de récolte des échantillons _____________________________________174
Tableau XXIX. Proportion d’échantillons positifs pour différentes espèces de parasites intestinaux en
fonction des saisons de récolte des échantillons _________________________________________________176
Tableau XXX. Prévalences mensuelles des espèces observées le plus fréquemment dans les selles au cours
des missions 2000-2001 ____________________________________________________________________177
321
TABLE DES ILLUSTRATIONS
Tableau XXXI. Prévalence et numération mensuelles de Troglodytella abrassarti au cours des missions
2000-2001 ______________________________________________________________________179
Tableau XXXII. Distribution des classes d’âge et de sexe des individus échantillonnés pour les analyses
d’urine ____________________________________________________________________180
Tableau XXXIII. Paramètres urinaires anormaux dans les prélèvements effectués au cours des missions
2000-2001 ____________________________________________________________________183
Tableau XXXIV. Résumé des observations concernant les animaux malades pendant les missions 2000-
2001 ____________________________________________________________________186
Tableau XXXV. Liste des espèces et des parties de plantes récoltées pendant les missions 2000-2001 190
Tableau XXXVI. Liste des parties de plantes collectées et consommées ou non par les chimpanzés de
Kanyawara ____________________________________________________________________191
Tableau XXXVII. Nombre d’extraits obtenus provenant de parties de plantes consommées et non
consommées par les chimpanzés de Kanyawara _________________________________________________191
Tableau XXXVIII. Extraits de plantes ayant une CI50 inférieure à 20 µg/ml sur Plasmodium falciparum, en
caractère gras, les activités les plus significatives _______________________________________________200
Tableau XXXIX. Extraits de plantes ayant une cytotoxicité sur cellules KB supérieure à 50% à 10 µg/ml,
en caractère gras, les activités les plus significatives _____________________________________________201
Tableau XL. Extraits de plantes ayant une DL50 inférieure à 100 µg/ml sur Rhabditis pseudoelongata __202
Tableau XLI. Extraits de plantes ayant un diamètre d’inhibition supérieur à 10 mm pour S. aureus, en
caractère gras, les activités les plus significatives _______________________________________________204
Tableau XLII. Extraits de plantes ayant un diamètre d’inhibition supérieur à 8 mm pour E. coli______205
Tableau XLIII. Extraits de plantes ayant un diamètre d’inhibition pour Candida tropicalis supérieur à 7
mm ______________________________________________________________________205
Tableau XLIV. Bilan des activités antimicrobiennes et cytotoxiques des extraits de plantes en fonction de
leur consommation par les chimpanzés ________________________________________________________206
Tableau XLV. Proportion d’extraits issus d’écorces présentant une activité biologique_____________207
Tableau XLVI. Activité anti-VIH-1 Bal sur cellules PBMC des extraits de plantes__________________209
Tableau XLVII. Activité anti-VIH-1 IIIB sur cellules PBMC des extraits de plantes_______________210
Tableau XLVIII. Toxicité sur cellules PBMC et MT-4 des extraits de plantes ____________________211
Tableau XLIX. Propriétés antagonistes des extraits de plantes sur le récepteur H3_________________214
Tableau L. Propriétés agonistes des extraits de plantes sur le récepteur H3______________________215
Tableau LI. Activités des extraits de plantes sur PPAR γ2_____________________________________216
Tableau LII. Activités des extraits de plantes sur le récepteur MCH _____________________________217
Tableau LIII. Activités sur le récepteur NPY1 des extraits de plantes___________________________217
Tableau LIV. Proportions d’extraits bruts à activité antagoniste sur les récepteurs impliqués dans la
régulation de l’appétit parmi les parties de plantes consommées ou non par les chimpanzés ______________218
Tableau LV. Comparaison des activités des extraits bruts collectés en Malaisie, en Nouvelle-Calédonie
(Litaudon, comm.pers.) et en Ouganda sur les cibles impliquées dans la régulation de la prise alimentaire __219
Tableau LVI. Bilan des activités biologiques______________________________________________220
Tableau LVII. Activités antimicrobiennes et cytotoxiques des extraits à l’acétate d’éthyle et méthanolique
d’écorce de Diospyros abyssinica ____________________________________________________________221
Tableau LVIII. Activités de l’extrait à l’acétate d’éthyle sur des récepteurs impliqués dans la régulation de
la prise alimentaire 222
Tableau LIX. Déplacements chimiques en RMN du proton de l’isodiospyrine d’après Zhong et al. (1984)
et du produit SK 77-2______________________________________________________________________223
322
TABLE DES ILLUSTRATIONS
Tableau LX. Déplacements chimiques en RMN du proton de la diospyrine (d’après Zhong et al., 1984) et du
produit SK 77-4 _________________________________________________________________________225
Tableau LXI. Déplacements chimiques observés en 13C RMN pour le produit SK 77-6 et pour l’acide
bétulinique (Mahato & Kundu, 1994) _________________________________________________________227
Tableau LXII. Bilan des activités biologiques des produits isolés de D. abyssinica par fractionnement
bioguidé ______________________________________________________________________228
Tableau LXIII. Activités biologiques des extraits de feuilles et d’écorces d’Uvariopsis congensis______229
Tableau LXIV. Déplacements chimiques en RMN du 1H et du 13C du produit SK 157-4 identifié à
l’annonacine ______________________________________________________________________231
Tableau LXV. Activités des produits isolés d’Uvariopsis congensis sur cellules KB et quelques activités
rapportées dans la bibliographie_____________________________________________________________235
Tableau LXVI. Activités biologiques des extraits de feuilles de Trichilia rubescens (lot Ug. 22) _______236
Tableau LXVII. Déplacements chimiques des protons et des carbones du produit SK 167-10 _______238
Tableau LXVIII. Bilan des activités biologiques d’Albizia grandibracteata ______________________249
Tableau LXIX. Lots de plantes collectées à Kanyawara, Kibale National Park, Ouganda____________250
Tableau LXX. Déplacements chimiques en 1H RMN de l’isodiospyrine__________________________257
Tableau LXXI. Déplacements chimiques en RMN 1H de la diospyrine ___________________________258
Tableau LXXII. Déplacements chimiques en RMN 1H et 13C de l’acide bétulinique _______________259
Tableau LXXIII. Déplacements chimiques en RMN 1H et 13C de l’annonacine ____________________267
Tableau LXXIV. Déplacements chimiques en RMN 1H et 13C de la gigantétrocine_________________268
Tableau LXXV. Déplacements chimiques en RMN du 1H et du 13C de SK 167-10 _________________275
Tableau LXXVI. Déplacements chimiques en RMN du 1H et du 13C de SK 169-24 _________________277
Tableau LXXVII. Composition du milieu de culture de Trypanosoma brucei______________________279
Tableau LXXVIII. Composition du milieu de culture 199/hydrogénocarbonate de sodium (500 ml) pour
cellules KB ___________________________________________________________________282
Tableau LXXIX. Souches utilisées et milieu de culture pour la réalisation d’essais antibiotiques et
antifongiques ____________________________________________________________________283
Tableau LXXX. Composition des milieux de culture des souches antibiotiques et antifongiques _____283
Tableau LXXXI. Comparaison des temps d’alimentation et de la part des fruits dans le régime
alimentaire des chimpanzés de trois communautés_______________________________________________287
Tableau LXXXII. Teneurs en certains composés secondaires dans les feuilles consommées par les
chimpanzés de Kanyawara, selon (a) Gartlan et al., 1980 et (b) Oates et al., 1977, (exprimées en poids sec de
feuilles) ____________________________________________________________________289
Tableau LXXXIII. Concentration en composés antinutritionnels des fruits et figues mûrs consommés par
les chimpanzés de Kanyawara (d’après Wrangham et al., 1998) ____________________________________292
Tableau LXXXIV. Parasites intestinaux de chimpanzés en milieu sauvage selon différentes études ____298
Tableau LXXXV. Analyses des urines prélevées pendant l’étude de long terme des chimpanzés de
Kanyawara (R. Wrangham, comm. pers.) et pendant cette étude ____________________________________302
Tableau LXXXVI. Bilan des données sur la consommation des plantes, leur utilisation en médecine
traditionnelle, leurs activités sur cultures cellulaires et le type de composés secondaires isolés. ___________308
323
TABLE DES ILLUSTRATIONS
Jean-Michel Krief est l’auteur de l’ensemble des photos qui illustrent cette thèse.
324
TABLE DES ILLUSTRATIONS
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343
RÉSUMÉ
DISCIPLINE
MOTS CLÉS
344
SECONDARY COMPOUNDS AND ANIMAL BEHAVIOUR :
ABSTRACT
The study of chemical ecology of plants in the diet of non-human primates has begun
to show t hat a variety of secondary compounds of non-nutritional plant parts is ingested. In
order to select plants with potential pharmacological effects, behavioural and health
monitoring of wild chimpanzees (Pan troglodytes schweinfurthii), from Kibale National Park,
in Uganda, has been conducted.
Fecal samples (252) and urine samples (76) were analyzed and the health status
evaluated to diagnose eventual illness and/or to provide evidence of self medicative behavior.
84 cr ude extracts from 24 plants species from chimpanzees’ diet were tested in vitro f or a
wide range of biological properties such as antimalarial, anthelminthic, antileishmanial,
antimicrobial, cytotoxic activities and effects on the feeding behavior.
Among the crude extracts investigated, significant results were obtained in
cytotoxicity and antiparasitic activity. Chemical investigations led to the isolation of bioactive
compounds from three plants namely Uvariopsis congensis (acetogenins), Diospyros
abyssinica (binaphtoquinones) and Trichilia rubescens (two new limonoids).
These results are consistent with the hypothesis that certain plants may have
prophylactic and/or therapeutic effects on the health of chimpanzees. In addition to shedding
light on the complex interaction between plants, animals and pathogens, the study of self-
medication in great apes, based on behavioral and veterinary survey is expected to provide a
novel approach to the discovery of new bioactive products.
SPECIALITY
KEY WORDS
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346