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APPRENDRE À

SURMONTER
LES OBSTACLES
à C. et à M.

Conception graphique et mise en pages : Delphine Delastre


© Flammarion, Paris, 2021
N° d’édition : L.01EPMN001138.N001
ISBN : 978-2-0802-5026-1
Tous droits réservés
Introduction

Chapitre 1
La panne de courant

La lampe torche
Étape 1 : évaluer votre résistance émotionnelle
Étape 2 : raconter votre obstacle
Étape 3 : analyser votre contexte
Étape 4 : évacuer votre désordre émotionnel
Étape 5 : faire votre premier bilan

La luciole dans le pot de yaourt en verre recyclé


Étape 1 : évaluer l’intensité de la petite lumière qui brille au fond de vous
Étape 2 : commencer à prendre les choses en mains
Étape 3 : passer à l’action
Étape 4 : considérer un embryon d’espoir

La lumière de l’ampoule de 25 watts


Étape 1 : évaluer l’intensité de la petite lumière qui brille au fond de vous
Étape 2 : envisager un premier après
Étape 3 : accepter d’autres bâtons dans ses roues

Les feux anti-brouillard


Étape 1 : évaluer l’intensité de la petite lumière qui brille au fond de vous
Étape 2 : prêter attention aux signes
Étape 3 : se donner des forces
Étape 4 : gonfler son gilet de sauvetage

Chapitre 2
Le groupe électrogène
Étape 1 : couper avec la hache de Ganesh
Continuer de couper
Faire un bilan après coupe
Étape 2 : digérer avec le ventre de Ganesh
Étape 3 : voir les choses autrement
Avec la tête de Ganesh

Chapitre 3
La dynamo du vélo
Étape 1 : évaluer la lumière qui brille au fond de vous
Étape 2 : remarquer les changements émotionnels
Étape 3 : tenir bon encore au cœur de l’obstacle
Étape 4 : partir avec panache
Étape 5 : se concentrer sur ses garde-fous

Chapitre 4
La lumière du soleil
Étape 1 : évaluer la lumière qui brille au fond de vous
Étape 2 : s’évader
Étape 3 : acter le premier jour du reste de votre vie
Étape 4 : sauter dans un avion

Chapitre 5
Le bout du tunnel
Étape 1 : évaluer l’intensité de la lumière qui brille au fond de vous
Étape 2 : s’engager sur votre nouveau chemin
Étape 3 : le début de la fin

Votre carnet de conte


Table des matières
Remerciements
Introduction

Les obstacles dans la vie, ce sont des moments vraiment pas sympas, qui
arrivent sans crier gare. Ils peuvent avoir différentes formes. Il n’y a pas de
classification ni de liste officielle, pas de taille et encore moins de niveau.
Certains les collectionnent, d’autres en rencontrent quelques-uns.
Ce sont des périodes difficiles, qui dévastent, qui font beaucoup de mal, qui
contrarient, mettent des bâtons dans les roues…
Pour les surmonter, ce n’est pas de la tarte, mais à partir du moment où on
décide de retrousser ses manches pour y arriver, tout est possible, même
supporter/surpasser la rupture de l’amour. Madeleine Spirituelle y était
parvenue. Si elle avait réussi, d’autres le pouvaient aussi. À commencer par
vous. Oui, vous.
On ne savait pas grand-chose d’elle, en dehors du fait qu’elle était devenue
Madeleine Spirituelle : son père, célèbre chercheur d’or noir en Afrique de
l’Ouest, l’avait enregistrée à l’état civil sous un tout autre nom. Mais seul
aujourd’hui comptait. Et le chemin qu’elle avait parcouru pour voir la lumière
au bout du tunnel afin de vous aider à en faire autant. Oui, (encore) vous.
Pour y arriver, elle le savait, elle ne pourrait agir toute seule. Parmi les
grandes forces qu’elle pouvait activer, il y avait son imagination. Un moyen
simple et merveilleux de s’évader du contexte et d’en créer un autre plus
doux.
Elle avait donc demandé une aide improbable au plus haut niveau : celle de
Ganesh, le dieu des obstacles. Il était la preuve qu’une épreuve pouvait être
l’opportunité d’une vie : c’est ainsi qu’il était devenu un dieu. Madeleine
Spirituelle ne voulait pas se transformer en déesse, mais s’appuyer sur
Ganesh pour guérir, rebondir et se libérer, oui.

Ainsi en avait-elle décidé : il allait être son guide, son ami et son soutien
massif. À ses côtés, elle vivrait quelques aventures spirituelles en solitaire,
aussi réconfortantes et bienfaisantes que drôles, et apprendrait à voir les
choses sous un autre angle, à considérer que cette épreuve pouvait être une
occasion favorable et à prendre conscience que l’obstacle est à l’intérieur
d’elle. Non, elle n’avait pas été victime d’une terrible malédiction, mais un
immense manque de respect d’elle-même avait permis à l’obstacle de rentrer
sans frapper et de prendre beaucoup de place. À la fin, elle ne l’épouserait
pas, elle ne serait pas non plus sauvée par un prince charmant, mais elle allait
s’engager sur un nouveau chemin de vie avec des fondations plus solides et
plus douces à la fois. Comme vous, si vous le voulez bien.

Non, Madeleine Spirituelle n’avait jamais considéré qu’elle avait le


monopole de l’obstacle : d’autres femmes avaient traversé ces tempêtes.
Comme vous, par exemple. Elle les écoutait raconter comment ils avaient
réussi à surmonter leur obstacle, telle Esmeralda. Sa vie avait longtemps été
absolument parfaite : un mari idéal, une vie de couple comme un arc-en-ciel,
des enfants merveilleux, des belles vacances n’importe où, n’importe quand,
des amis très drôles, une grande maison et un gros chien chic qui ne perdait
jamais ses poils. Et puis un jour, tout avait basculé. Ils riaient comme des
fous, tellement complices, comme à leur habitude, quand soudain, en voiture,
au feu rouge, il avait coupé le contact. Sans regarder Esmeralda, il avait
annoncé la couleur : « C’est fini », avant de rallumer le contact, d’aller se
garer plus loin, puis sans un mot disparaître de sa vie. Jamais Esmeralda ne
revit plus de trois minutes cet homme avec qui elle avait partagé plus de vingt
ans de vie idyllique. Elle avait dû faire des pieds et des mains pour trouver
son numéro de téléphone et sa nouvelle adresse. Certains soirs, elle dormait
sur son paillasson en attendant qu’il lui ouvre ; elle le suppliait de lui
expliquer. L’homme n’avait rien « de spécial à lui dire ». Un paquet d’années
s’était écoulées, Esmeralda avait gravi l’obstacle petit à petit, comme elle le
pouvait. Il lui arrivait encore de temps en temps de lui poser LA question :
« Mais pourquoi ? », et jamais il n’avait donné le moindre élément de
réponse. Esmeralda était drôle et lumineuse, elle se livrait sans tricher,
partageant le calendrier des différentes étapes normales et légitimes, du
désespoir à la colère, et vice versa. Elle disait qu’il fallait compter au moins
deux ans pour se sentir mieux. L’idée d’être congelée pendant vingt-quatre
mois avait traversé l’esprit de Madeleine Spirituelle. Mais elle avait eu une
idée plus productive : vous donner foi, courage et soutien. À vous, oui à vous.
Ce livre est à la fois un conte moderne, une fiction positive inspirante, une
leçon d’espoir pleine de bonne humeur, une invitation à surmonter votre
obstacle et un mode d’emploi. Bien sûr, il appartient à chacun et la manière
de le surmonter est très personnelle ; il est donc compliqué de suivre « une
méthode pour tous ».
Voici un programme original sur lequel vous pouvez compter : il vous
propose une base de trois ingrédients.
1/ Vous inspirer d’un chemin parcouru
Le carnet de route de Madeleine Spirituelle vous donne des idées et des
balises pour avancer sur votre chemin pour retrouver vous aussi la lumière au
bout du tunnel. Parce que trouver l’inspiration dans d’autres histoires que la
sienne, à travers un partage d’expérience, est une idée lumineuse depuis la
nuit des temps.
2/ Vous donner envie de laisser votre imagination faire la folle
Albert Einstein le dit : « La logique vous conduira d’un point A à un point B.
Votre imagination vous mènera partout. » Vous allez écrire avec plein de
fantaisie et de magie, en laissant votre imagination vagabonder le plus
possible. Bien sûr que vous pouvez y arriver, même si cela vous paraît bien
difficile et compliqué à la lecture de ces premières lignes. Vous allez prendre
beaucoup de recul et donner à votre obstacle une autre saveur, beaucoup
moins amère. Comment ? En racontant tout ce qui arrive comme une fiction,
en exprimant vos émotions comme si vous étiez dans un conte de fées. Vous
allez raconter les faits et y ajouter une touche magique, comme si votre
histoire devenait un film dans lequel tout est possible avec des effets un peu
spéciaux. Vous allez marcher dans les pas de Madeleine Spirituelle qui a
invité Ganesh, le dieu des obstacles, à la conseiller, lui procurer une force
incroyable et lui apporter des moments de joie inattendus. Votre imagination
a le pouvoir de faire venir Ganesh aussi dans votre vie. Si vous le voulez
bien.
3/ Vous inviter à écrire
Exprimer ce qui a besoin de l’être, extérioriser ce qui coince et ce qui fait
mal, voilà ce que va vous apporter l’écriture-thérapie. Peu importe votre
style, votre aisance à l’écrit comme diraient les professeurs de français sur les
bulletins scolaires. Ne pensez qu’à une seule chose : la légèreté que va vous
apporter votre plume. Pas de temps imposé non plus : vous écrivez quand
vous avez envie ou besoin d’écrire. Unique contrainte pour faire ces
exercices, approuvée par les neuroscientifiques : vous devez écrire à la main.
L’écriture manuscrite active la pensée, la mémoire, nourrit la réflexion, la
créativité, libère les émotions… Vous allez voir, c’est fascinant. Vous
raconterez une histoire à la troisième personne et à l’imparfait. Objectif : se
détacher le plus possible de l’obstacle, prendre de la distance et retomber sur
ses pieds pour continuer d’avancer.

En route !
Chapitre 1

La panne
de courant
La lampe torche
Étape 1 : évaluer votre résistance émotionnelle

C’est-à-dire ?
Ce premier exercice vous invite à évaluer votre résistance
émotionnelle vis-à-vis des petits tracas du quotidien et aux
obstacles majeurs.

Pourquoi ?
Parce que vous allez un peu mieux comprendre vos réactions
face à l’obstacle, vous serez plus conscient des raisons pour
lesquelles l’obstacle vous atteint autant. Vous serez aussi plus
indulgent et plus doux avec vous-même, parce qu’en écrivant noir
sur blanc ce que vous pensez de vos émotions tout bas et que
vous n’avez sans doute jamais complètement exprimé, ce sera un
premier pas vers une meilleure connaissance de vous-même, clé
indispensable pour commencer à avancer sur votre chemin.

Comment ?
Écrivez à la troisième personne un petit texte.
Ajoutez une petite touche de fantaisie, cela va vous permettre de
prendre du recul. Fermez les yeux et imaginez que vous vous
observez de loin avec un grand sourire plein d’empathie.
Inspirez-vous de celui de Madeleine Spirituelle.

Ce n’était pas du tout le genre de fille capable de résister aux obstacles de la


vie les doigts dans le nez, bien au contraire. En cause, une grande fragilité
émotionnelle, avec un cœur qui prenait les choses mille fois plus de travers
que n’importe quelle tragédienne de la Grèce antique et qui s’écorchait vif
très facilement pour un tout ou pour un rien. Le niveau de catastrophe
émotionnelle dépassait souvent chez elle le seuil maximal, tout en ayant en
cas d’obstacle majeur, une force de Titan pour mettre en place tous les
moyens possibles afin de tenir bon et d’avancer malgré tout. Quand l’obstacle
petit ou grand surgissait, à l’intérieur son cœur n’était qu’un immense champ
de ruines. Aucun cardiologue n’y pouvait rien, beaucoup n’y comprenaient
rien du tout, alors elle bricolait toute seule pour le soigner, le réparer ou
encore le protéger, en mettant notamment des rustines qui collaient plus au
moins bien ou des pansements censés le régénérer. Elle était consciente que
tout ça tenait sur trois allumettes, mais elle faisait comme elle le pouvait.
D’ailleurs de temps en temps, ce sont elles qui rallumaient une petite flamme
quand elle était trop dans l’obscurité. Retrouver la lumière était son
obsession, pas pour faire bien, mais pour son bien à elle.

Étape 2 : raconter votre obstacle

C’est-à-dire ?
Venons-en aux faits. Vous allez décrire l’obstacle qui vous tombe
dessus. Ça peut être l’obstacle final ou la série d’obstacles qui se
sont accumulés avant de donner lieu à un bouquet final.

Pourquoi ?
Parce que l’obstacle tourne en boucle depuis longtemps dans
votre tête. Vous le racontez à vos amis, à vos proches… pour
évacuer vos émotions et trouver du réconfort. Normal. Le moment
est venu de le coucher sur papier, cela va être la première étape
d’une vraie libération intérieure.
Comment ?
Vous allez d’abord faire un brouillon ; écrivez, décrivez votre
obstacle et ses dommages collatéraux. Donnez tous les détails
que vous voulez, même les plus cruels. L’important c’est de tout
dire, de vider votre sac émotionnel.
Vous aurez envie d’écrire ce texte plusieurs fois, c’est normal, en
fonction du temps qui avance les émotions s’apaisent. Réécrivez
une version modifiée à chaque fois que vous en ressentez le
besoin.
Puis faites un résumé sous forme de descriptif, de compte-rendu
ou d’histoire.
Ce résumé va vous aider à aller droit au but, donc à y voir plus
clair.
À la fin de votre texte, définissez clairement l’obstacle.
Inspirez-vous du texte de Madeleine Spirituelle.

Les forces en présence de Madeleine de Spirituelle étaient à leur plus bas


niveau : ce nouvel obstacle venait se cumuler aux deux précédents survenus
peu de temps auparavant. Elle avait donc déjà raclé le fond de son réservoir à
énergies.
Elle avait d’abord accompagné l’époux du mieux qu’elle le pouvait à partir
de cet examen qui allait enfin expliquer les douleurs terribles qui le faisaient
tant souffrir. Il avait fallu ensuite se rendre à l’évidence : quelque chose
s’était coincé quelque part, « restait à savoir quoi », avait dit le docteur.
Après quelques semaines, pendant lesquelles elle avait pensé et prié pour que
ça ne soit qu’une grave erreur de diagnostic et que tout ça se terminerait avec
un suppositoire à l’eucalyptus pendant trois jours, le résultat final avait été
aussi inattendu qu’abominable. Cette épreuve avait été monstrueuse, pour lui
en premier lieu évidemment, qui s’était battu de toutes ses forces et bien au-
delà pour s’en sortir victorieux. Et difficile aussi pour ceux qui l’entouraient
dont elle, à ses côtés et en première ligne.
La vie allait reprendre son cours, le pire était derrière, c’est ce qu’elle avait
pensé, quand elle arrivait encore à le faire. Le destin avait, lui, une tout autre
idée de la suite. Peu de temps après, les deux os de sa jambe gauche s’étaient
brisés net après une glissade sans intérêt. Google était formel, le symbole
était clair comme de l’eau de roche et traduisait « une grande difficulté à
accepter l’inacceptable ». Le vent avait tourné, c’est bien ce que lui soufflait
son intuition, l’ouragan approchait, lentement mais sûrement. Mais elle avait
préféré ne pas bouger, une fausse alerte était toujours possible. Madeleine
Spirituelle tenait bon, oscillant entre espoir, naïveté et anesthésie. Jusqu’à ce
jour où il n’avait plus été du tout envisageable de continuer sur cette voie.
On dit : « Jamais deux sans trois. »
La goutte de trop avait quelque temps plus tard franchement débordé du vase
conjugal. Alors elle avait mis les pieds de l’époux dans le plat, sans prendre
de pincettes cette fois-ci : il entretenait depuis des mois une relation avec une
fille qui souriait tout le temps selon lui, oubliant au passage complètement
l’article 212 du Code civil qui dit que « les époux se doivent mutuellement
respect, secours et assistance ». Ce qui arrivait était simple comme bonjour :
tout était de sa faute à elle parce qu’elle n’avait rien fait pour le retenir, alors
qu’elle se doutait bien qu’il se tramait quelque chose. Il est vrai qu’elle avait
choisi de ne pas le voir ni de le croire, comme tétanisée par ce qui se
préparait et ce qu’elle refusait d’accepter en bloc. La suite qu’il proposait se
résumait en sept lettres : d-i-v-o-r-c-e. Cette nouvelle avait fini d’écrabouiller
le cœur déjà en miettes de Madeleine Spirituelle. D’ailleurs battait-il encore
vraiment ? C’est la question qu’elle se posait la nuit, quand elle respirait à
moitié.
La fille qui souriait tout le temps en cachait une autre. La première avait été
finalement répudiée en deux minutes, alors que pourtant « elle y croyait
tellement à cette histoire » et qu’elle avait tant donné de sa personne à toute
heure de la journée.
C’était la suivante donc qui avait été élue sur la première marche du podium
et présentée sans plus attendre à tout le monde. Famille et amis avaient
relégué Madeleine Spirituelle aux oubliettes dans les plus brefs délais, rayant
ainsi de leur vie, sans aucun scrupule apparent celle qu’ils avaient connue
pendant des décennies.
Mais ce remplacement rapide ne l’était pas : « Ça fait longtemps que nous
sommes ensemble », disait la suivante en souriant dans les dîners en ville à
ceux d’avant qui voulaient bien l’entendre ou qui étaient complices depuis
des années. L’obstacle à surmonter était très clair : se sortir de ce chaos pour
trouver la lumière au bout du tunnel et s’engager sur le nouveau chemin.
Étape 3 : analyser votre contexte

C’est-à-dire ?
Vous allez exprimer votre état émotionnel sans jugement et sans
limites de différentes manières.

Pourquoi ?
Parce que c’est douloureux. Très. Il est donc impératif d’évacuer
les émotions toxiques et négatives. Toutes.

Comment ?
Vous allez écrire plusieurs textes courts :
1/Une analyse à chaud de votre état avec une liste de mots, des
phrases ou juste un dessin, une image, une photo. Au choix.
2/Une analyse lucide du contexte ; en clair, il s’agit de reconnaître
froidement les choses.
3/Une analyse d’autrui imaginaire, hors famille et amis, trop
impartiaux et acquis à votre cause.
4/Une analyse de votre ressenti en temps réel sans pudeur.
Inspirez-vous des analyses de Madeleine Spirituelle.

Analyse à chaud
Écran noir
Analyse lucide
– Il ne s’agissait pas de la grande surprise de l’année : ce n’était pas comme si
elle ne s’y attendait pas du tout, il lui avait donné des gros signes dits « avant-
coureurs » qu’elle avait préféré ignorer.
– Elle allait devoir escalader un Everest, sans l’avoir choisi et sans y être
préparée. Autrement dit, se dressait devant elle un challenge pas piqué des
hannetons.
– Elle avait sa part de responsabilité dans cette affaire.

Analyse d’autrui
Celle de saint Thomas, célèbre apôtre à qui on doit « je ne crois que ce que je
vois », en aurait déduit :
« Elle n’arrivait pas à croire ce qu’elle voyait pourtant si clairement : il ne
l’aimait plus du tout et ça ne datait pas d’hier. »
Madeleine Spirituelle restait figée, malgré les signes, les preuves et son
intuition : c’était à se demander si elle n’était pas prisonnière d’un fluide
collant comme celui de Spiderman.

Analyse du ressenti en temps réel


Madeleine Spirituelle s’était retrouvée dans le noir complet avec son cœur
crevé comme un vieux pneu, lacéré, perforé ou haché menu comme un steak
tartare : elle avait du mal à savoir à quel stade de délabrement se trouvait son
organe vital. Il ne valait peut-être mieux pas examiner plus en détail. Dans sa
tête, c’était le grand chaos, avec des questions, des idées, des analyses… qui
tournaient en boucle dans sa tête nuit et jour. Même si elle sentait bien qu’un
jour ça finirait mal, elle n’avait jamais pu imaginer l’intensité de ce choc
qu’elle prenait en plein cœur aujourd’hui. Elle était victime d’un profond
déséquilibre émotionnel, un sentiment très confus et très clair à la fois. Un
peu comme quand on regarde ces mares verdâtres, dans certains jardins
publics : on voit très bien ces vilains poissons-chats géants orange, comme on
ne les voit pas du tout. Ils vont et viennent. C’est d’ailleurs cet arrière-goût
immonde de poisson trop gras à la vase qu’elle avait dans la bouche et qui
devait sûrement lui donner tant de nausées.
Malgré son intuition excessivement développée, qui lui avait clairement
indiqué que l’histoire n’allait pas dans le bon sens depuis longtemps, selon
elle, ce qui arrivait était impossible. Impossible. Impossible. Impossible. Non,
pas une fin aussi médiocre, non pas comme ça, la conclusion ne pouvait pas
être aussi navrante. Ce gâchis monumental ne pouvait pas exister. Madeleine
Spirituelle partageait avec son traître ses états d’âme, la plus mauvaise idée
qu’elle ait jamais eue, sauf si elle avait envie de ressentir ce que Jésus avait
enduré sur sa croix. Grand classique, « c’est le jeu ma pauvre Lucette », lui
aurait-on dit à la télévision.
Pour rester à la surface, comme un naufragé essayait comme il le pouvait de
nager dans des vagues de 9 mètres sans boire la tasse ni couler, elle écrivait
jour après jour ce qui venait, sans début ni fin, ni vraiment queue ni tête, en
suivant une espèce de ligne en dessous de laquelle ça craignait vraiment du
boudin pour elle. Elle passait par toutes les couleurs, toutes les phases, tous
les sentiments, avec cette odeur entêtante de têtes de crevettes abandonnées
sous un soleil brûlant.

Étape 4 : évacuer votre désordre émotionnel

C’est-à-dire ?
Vous allez écrire tout ce que vous avez sur le cœur, sans
jugement et sans limites.

Pourquoi ?
Parce que votre cœur a besoin de se sentir moins lourd, parce
que vous avez besoin d’alléger ce qui vous pèse tant et de sortir
de ce tourbillon émotionnel qui vous empêche d’avancer
sereinement et sûrement.
Comment ?
Écrivez au kilomètre tout ce qui vous passe par la tête, sans
réfléchir, sans vous imposer aucune contrainte. Vous pouvez soit
le faire au fur et à mesure quand vous en avez besoin, soit
prendre un moment et empiler vos ressentissoit encore décider
de ne pas vous arrêter.
Inspirez-vous des états d’âme de Madeleine Spirituelle.

Elle avait noirci plusieurs carnets pour lutter contre ce mal au cœur et même
ce mal partout comme jamais, à se réveiller la nuit, à lutter le jour. Elle
écrivait les jours de grande détresse, et les autres aussi, pour tout donner au
papier et peut-être ainsi réussir à se débarrasser de ces souffrances ensuite
pour toujours, en brûlant par exemple ses carnets/notes/écrits ou en les
relisant de temps en temps afin de mesurer les millimètres parcourus.
Elle avait gardé quelques pages, de ces bouts de phrases qui exprimaient son
chaos mental, ses pensées en boucle en vrac, à l’envers, à l’endroit… comme
celles-ci…
Elle voulait découper en rondelles le psy qui lui disait « C’est vraiment très
difficile tout ça madame, n’est-ce pas ? », elle buvait de la vodka premier prix
à 17 h 42, elle se mourait, elle ne se mourait plus, elle pensait toucher le fond
mais ce n’était qu’un rocher pointu, elle était boulimique, elle ne mangeait
plus, elle voyait des femmes enceintes partout, elle ne comprenait pas, elle
pensait qu’elle était morte, elle était vivante, elle disait aux éboueurs qu’on
l’avait mise à la poubelle, elle regardait en boucle la vie des bébés animaux,
elle décidait qu’elle ne donnerait plus jamais son cœur à personne, elle restait
digne devant ses enfants, elle pleurait toutes les larmes de ton corps devant
eux, elle voulait s’immoler, elle avait ouvert les yeux, elle avait refermé les
yeux, elle s’en voulait, elle voulait faire bouillir les nouveaux caleçons du
déserteur, elle allait chez le gynéco pour cette boule ici, elle faisait la liste des
preuves, elle entendait des histoires pires que la sienne, elle pardonnait, elle
dé-pardonnait, elle n’avait plus de famille, elle regrettait tout, elle ne
regrettait rien, elle cherchait la caméra cachée, elle attendait l’ex en devenir
devant la porte avec une grenade, elle cherchait depuis quand il ne l’aimait
plus, elle se souvenait qu’il avait souvent dit qu’il ne serait pas son prince
charmant, elle voulait remonter le temps, elle se demandait pourquoi elle
n’avait pas réagi avant, elle se disait qu’il aurait pu la prévenir quand même,
elle contactait un avocat sans savoir quoi lui dire, elle se demandait qui allait
tenir sa main maintenant avant de se souvenir qu’il ne la lui tenait plus depuis
très longtemps, elle se couchait plus tôt que les poules, elle ne comprenait pas
pourquoi il disait qu’il réfléchissait alors que les dés étaient jetés, elle relisait
les vieux messages, elle se demandait comment allait être répartis les albums
photos, elle pensait que c’était la crise de sa nouvelle dizaine, elle se disait
que sa place était ici avec lui dans cette maison, elle pleurait dans le métro
quand le monsieur de l’accordéon jouait La Vie en rose, elle se demandait
pourquoi elle avait accepté autant d’irrespect, elle trouvait qu’elle avait un
déficit massif de respect d’elle-même, elle culpabilisait, elle ne culpabilisait
plus, elle regardait les couples dans leur voiture se tenir la main, elle priait
pour tout et pour rien, elle ne savait plus quand elle avait vraiment pu
compter sur lui, elle voulait lui faire livrer sa robe de mariée, elle remballait
ses derniers cadeaux, elle voulait acheter un chien, elle notait les noms de
ceux qui avaient servi d’alibi, elle se demandait si ça allait durer longtemps
cette comédie, elle imaginait sa tête à lui quand il la verrait au bras d’un
autre, elle pleurait alors qu’elle pensait avoir tout pleuré, elle attendait des
excuses, elle n’attendait rien du tout, elle se demandait pourquoi elle
attendait, elle se sentait vide, elle voulait hurler dans le téléphone, elle
écrivait des mails atroces qu’elle n’envoyait pas, elle n’entendait plus les pas
de l’autre dans la maison, elle voulait qu’il explique, elle ne voulait rien
entendre, elle changeait tout dans la maison, elle ne comprenait toujours pas,
elle s’intéressait à tous les rituels de protection possibles, elle demandait des
explications, elle perdait ses cheveux, elle relisait Devine combien je t’aime,
elle rangeait dans des cartons les souvenirs, elle pensait à un moment passé à
chaque endroit de la ville, elle ne comprenait toujours pas, elle avait 150 ans
au réveil…

Étape 5 : faire votre premier bilan

C’est-à-dire ?
Vous allez faire le point avec vous-même pour voir si les
exercices précédents vous ont permis d’y voir plus clair et de
vous préparer pour la suite.
Vous allez également faire une légère introspection en effectuant
un petit saut dans le passé.

Pourquoi ?
Parce que vous allez vous alléger en continuant de reconnaître et
d’accepter votre état émotionnel. Vous déculpabiliser en vous
posant cette question : auriez-vous pu être mieux préparé à
l’obstacle ?

Comment ?
1/ Écrivez votre bilan au moment M.
2/ Collez côte à côte une photo de vous jeune et une photo
actuelle.
Faites un léger saut dans votre passé et demandez-vous si
autrefois vous auriez pu vous préparer à ce qui arrive aujourd’hui
(culpabilité et regrets formellement interdits). Écrivez quelques
lignes ou plusieurs pages.
Inspirez-vous du bilan de Madeleine Spirituelle.

C’était limpide : Madeleine Spirituelle n’avait pas la frite. Des jours et des
jours à accepter l’inacceptable, pardonner l’impardonnable, comprendre
l’incompréhensible… Voilà ce qui occupait une bonne partie de ses jours et
nuits, entre deux recherches de baguette magique qui aurait pu la réparer en
deux temps trois mouvements. Ou de fuseau de quenouille pour dormir
longtemps et oublier tout ça.
Elle se demandait cependant si sa vie aurait pu être différente si elle avait été
beaucoup mieux préparée aux obstacles. Elle avait grandi sous un soleil qui
brillait trois cent cinq jours par an, si on enlevait deux mois de saison des
pluies. Tout était facile, simple et joyeux. Aucun obstacle jamais, en dehors
d’une crise de palu parfois ou d’une panne de courant occasionnelle, certes
aussi fatale pour le frigo que pour le nombre d’heures de sommeil sans
climatisation.
Seidou travaillait dans la maison. Sur son visage il y avait des grandes et
profondes balafres, comme celles des guerriers. Elles avaient l’air d’être
cicatrisées depuis longtemps. Madeleine Spirituelle était fascinée par la
capacité de la peau à se régénérer, renaître, se reformer. Impressionnée de
voir à quel point cet organe surmontait les obstacles comme une grande, sans
rien demander à personne. À cette époque, elle était loin de se douter qu’il
pouvait y avoir des obstacles dans la vie et encore moins qu’on pouvait les
surmonter comme l’avait fait le visage de Seidou. Souvent aussi, elle se disait
que peut-être ça n’aurait servi à rien de suivre une formation intensive anti-
obstacles parce que si ça se trouve, son destin avait déjà prévu de lui en
mettre sur son chemin. Madeleine Spirituelle avait toujours estimé que c’était
incroyable qu’on puisse le prédire. C’est un don qu’elle aurait aimé avoir, si
elle en avait eu un. Elle avait rencontré cette femme qui voyait bien plus loin
que le bout de son nez quand elle avait 25 ans. Si elle était toujours là, il y a
une question qu’elle aurait rêvé de lui poser rétroactivement aujourd’hui :
« Non mais franchement, c’était prévu tout ça ou quoi ? »
La luciole dans le pot de yaourt en verre recyclé

Étape 1 : évaluer l’intensité de la petite lumière qui brille au fond de


vous

C’est-à-dire ?
Vous avez avancé, c’est indéniable. Vous ne vous en rendez
peut-être pas encore compte, mais c’est flagrant. À cette étape,
comme à chacune, vous allez mesurer l’intensité de la lumière qui
brille au fond de vous. Même si elle est infime, elle est là.

Pourquoi ?
Parce que vous allez vous encourager, vous allez tenir bon et
vous allez continuer d’avancer dans votre tunnel, à votre rythme.
Cette lumière va guider chacun de vos pas et éclairer votre
chemin.

Comment ?
Sur une feuille que vous allez peindre ou colorier en noir, laissez
un carré ou plus en blanc qui représente votre lumière intérieure.
Ou :
Dessinez une ligne avec 10 petits traits verticaux : un trait
correspond à une très faible intensité de votre lumière intérieure
et dix à une grande brillance. Indiquez votre position en y ajoutant
la date.
Très faible
intensité.............................................................................................................................................Grande
brillance

Étape 2 : commencer à prendre les choses en mains

C’est-à-dire ?
Vous allez mettre en place un plan d’action à votre mesure pour
commencer à avancer. Pas d’inquiétude, vous vous sentez
encore très fragile et vous pensez ne pas avoir assez d’énergie.
Normal. Mais dans le fond, vous avez envie de vous en sortir, pas
vrai ? Alors lentement mais sûrement, le moment est venu de
faire le premier pas vers la lumière au bout du tunnel.

Pourquoi ?
Parce que vous avez fait un travail d’extériorisation de vos états
émotionnels et continuerez à le faire, vous méritez de vous sortir
de cette situation douloureuse et anesthésiante.

Comment ?
1/ Écrivez quelles sont vos bouées de sauvetage possibles, c’est-
à-dire vos soutiens de près ou de loin. Soit sous forme de liste,
soit en rédigeant un texte.
2/ Fermez les yeux. Ajoutez une touche magique à votre
demande à l’aide. Commencez à imaginer que vous la demandez
à Ganesh, le dieu des obstacles. Si vous ne le connaissez pas
encore, c’est le moment de le « google-iser ». Et de réfléchir à
comment vous allez solliciter auprès de lui une aide massive.
Inspirez-vous de la manière dont l’a fait Madeleine Spirituelle.

Il y avait donc cette petite lumière qui était demeurée allumée à l’intérieur de
Madeleine Spirituelle et qui lui donnait assez d’énergie pour remonter sa
pente à 90 degrés. Restait à savoir comment et où. Elle était à la fois motivée
et complètement démunie.
M. Touba était voyant médium exorciste. Sa carte de visite était collée sur le
frigo depuis des mois : décidément, il n’y a pas de hasard. « Ne restez plus
seul à souffrir chez vous. » Il donnait plein d’espoir avec cette promesse
d’accompagnement, écrite juste en dessous de son nom. Avec ses vingt ans
d’expérience, il affirmait « réussir là où beaucoup avaient échoué ». Il disait
« qu’il n’y avait pas de problème sans solutions » et revendiquait « des
résultats garantis 100 % dans tous les domaines », dont le permis de conduire,
les esprits maléfiques et l’amour perdu. La première question était gratuite et
le paiement après résultats. La chance était du côté de Madeleine Spirituelle,
alors que demander de plus ? Confucius avait raison : « La joie est en tout, il
faut savoir l’extraire. » Si M. Touba avait « la réponse à toutes les
questions », il n’en avait pas pour celle qui l’intéressait au plus haut point :
« Comment surmonter les obstacles ? »
Madeleine Spirituelle recherchait la meilleure option. Elle avait écarté
plusieurs pistes : se laisser mourir de chagrin sur une plage pleine de
plastique, créer un prix de « la victime la plus victime », éradiquer tout « chat
noir » de la planète et récupérer tous les fers à cheval de France ou encore
finir ses jours dans une station de ski. Quitte à en baver autant vivre le
supplice à l’extrême, elle qui ne jurait que par les cocotiers et 30 °C à
l’ombre. Elle préférait imaginer d’autres options et trouver les réponses à ses
questions dans ce brouillard à couper au couteau. Une chose était certaine :
elle ne pourrait pas y arriver seule.
Elle sollicita sainte Rita, la patronne des cas désespérés depuis les années
1400. Son « ancienneté » la rassurait et elle se mit à l’invoquer sans plus
attendre avec trois célèbres prières : « Prière dans les cas difficiles et
désespérés », « Prière dans la détresse » et « Prière à sainte Rita, sainte de
l’impossible ».
Simultanément, elle listait ses soutiens massifs. Sa famille, les mieux, les
vrais, les plus forts, ses fées ; elle avait la chance de pouvoir compter sur des
femmes merveilleuses et extraordinaires, des êtres humaines au grand cœur
qui en avaient vu d’autres ou qui savaient ce qu’il fallait dire pile au bon
moment. Et elle-même, sur laquelle elle pouvait pas mal compter.
Et puis il y avait Ganesh, le dieu des obstacles.
Elle avait découvert son existence quelques années plus tôt. La première fois
qu’elle l’avait vu, il était sous l’écran d’ordinateur de Mala, qui l’avait fait
venir dans son bureau pour une réunion importante qui aurait pu changer son
destin. Apparemment, c’était surtout un coup des astres pour qu’elle
rencontre Ganesh. Elle avait été séduite sur-le-champ, physiquement d’abord,
par son histoire et par cette infinie bonté qui émanait de tout son demi-
éléphant. Elle n’avait jamais entendu parler de lui, lui non plus a priori. La
semaine suivante, Mala lui avait offert une statuette de Ganesh et Madeleine
Spirituelle lui avait immédiatement dédié un petit espace sacré sur son
bureau, en lui demandant de le partager avec une sainte vierge sud-
américaine très influente. Elle ne pouvait pas imaginer encore à quel point il
ferait partie de son quotidien.
L’obstacle avait transformé Ganesh en dieu. La preuve qu’une épreuve peut
être l’opportunité d’une vie. Alors que Shiva son père était parti faire du yoga
et méditer dans les montagnes, sa mère, Parvati commençait à trouver le
temps long. Un jour, alors qu’elle prenait un bain, elle décida de « créer » un
enfant à partir de poussières et d’onguents raclés sur sa peau et au moment
d’un énorme éclat de rire, elle « donna naissance » à Ganesh. Elle aimait lui
confier des responsabilités et ce jour-là, elle lui avait demandé de garder
l’entrée de la maison. Aucun visiteur, sans exception, ne devait rentrer. Mais
lorsque Shiva fut de retour, fou de rage d’être refoulé devant sa maison, il
trancha la tête de Ganesh avant de comprendre qu’il venait de provoquer une
énorme catastrophe. Parvati, ivre de colère et de désespoir, exigeait une
solution très rapide pour réparer cette gravissime erreur. Shiva promit de
remplacer la tête de son fils par le premier être qu’il croiserait. C’était un
éléphant. Ganesh avait gagné au change : en plus de ses pouvoirs divins, il
était aussi très fort et doté entre autres d’une mémoire de pachyderme et
d’une trompe à la fois outil et symbole d’une grande force. Moralité : son
immense douleur et ce défi dans ses plus jeunes années l’avaient rendu
superpuissant. Madeleine Spirituelle voulait mettre son 36 et demi dans les
pas du dieu des obstacles.
Malgré l’obstacle dévastateur, elle avait les idées claires comme l’eau d’un
aquarium tout juste changée : elle allait employer les grands moyens pour
s’en sortir et demander de l’aide au plus haut niveau. Une prise de contact
divine devait être possible : « Quand on veut, on peut, quand on peut on
doit », même Napoléon Bonaparte le disait. Elle décidait un jeudi, un jour qui
lui réussissait plutôt bien en comparaison avec les autres jours de la semaine,
de demander un rendez-vous officiel et ainsi bénéficier du soutien du dieu
des obstacles.
Il y avait du pain sur la planche, elle le savait : obtenir cette entrevue serait un
défi. Normal. Si on pouvait toujours compter sur un dieu, Ganesh était sur le
pont vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept, surtout par les
temps qui couraient, côté obstacles dans le monde. Madeleine Spirituelle
avait pris sa plus belle plume et avait rédigé sa lettre de motivation. C’était la
première fois qu’elle écrivait à un dieu, elle craignait donc de ne pas avoir la
bonne formule, les bons mots… d’être à côté de la plaque, de lui manquer de
respect, de griller sa chance… Mais elle s’était lancée, une nuit d’insomnie,
éclairée par une bougie, ce qui faisait plus holistique. Elle lui avait écrit très
simplement ce qu’elle avait sur le cœur, en vrac. Aussi bien sa colère infinie,
son chagrin béant, et surtout son envie sincère de surmonter l’obstacle en
cours et tant qu’à faire les obstacles en général.

Étape 3 : passer à l’action

C’est-à-dire ?
Vous allez écrire votre demande au dieu des obstacles. Oui,
carrément.

Pourquoi ?
Parce que vous avez besoin d’être aidé et soutenu. Même si c’est
imaginaire, c’est un soutien qui va vous donner du courage. Votre
imagination a un pouvoir fabuleux, celui de vous extraire de votre
réalité ; c’est le moment de vous en servir.

Comment ?
L’important dans cet exercice est de faire l’effort d’exprimer votre
besoin au plus haut niveau, donc il va vous « obliger » à le faire
de manière moins « émotionnelle », moins « directe » que
d’habitude et donc plus officiellement. Vous allez
exceptionnellement faire cet exercice d’écriture à la première
personne.
Inspirez-vous de la lettre de Madeleine Spirituelle.

Mon Dieu, Ô grand Dieu des obstacles, Vénéré Ganesh,


J’ai besoin de votre aide et j’irai droit au but : depuis quelques semaines, ça
ne va pas du tout, du tout. Je ne me nourris plus que de compotes, comme à
l’hôpital après une anesthésie générale.
Alors que je suis en général une fille forte, je veux parler bien sûr de ma force
mentale, ce dernier obstacle m’a un peu terrassée, même endommagée. Mon
cœur est brisé, mes jambes sont sciées, mon énergie et ma joie se sont
évaporées je ne sais où, en tout cas je ne les retrouve pas.
Je fais des efforts pour changer, je vous jure, mais je dois vous dire, mon
Dieu, que j’ai énormément de mal à surmonter ce nouvel obstacle, peut-être
que c’est l’accumulation, à moins que ça soit la violence inouïe de celui-ci.
Donc : au secours.
Je ne sais pas si je dois contacter un temple, un assistant, un numéro
spécial… mais ça serait formidable que je puisse avoir accès à votre divinité
pour mettre en place un ou plusieurs rendez-vous. Et que je puisse ainsi
suivre un programme, prendre les mesures nécessaires… avec vos conseils,
vos idées, vos recommandations…
J’espère que vous serez sensible à ma démarche. Je vous ai mis quelques
offrandes ce matin devant votre autel chez moi. Je vous admire. Je sais que
vous saurez discerner le fayotage d’une totale sincérité. On ne peut pas
tromper un dieu.
Divinement,
Madeleine Spirituelle

Étape 4 : considérer un embryon d’espoir

C’est-à-dire ?
Vous avez le choix :
Imaginez la réponse de Ganesh à votre demande et écrivez-la.
Ou
Si vous préférez, lisez celle du dieu des obstacles à Madeleine
Spirituelle.

Pourquoi ?
Parce que le moment est venu de définir le programme que vous
allez suivre pour vous sortir de ce chaos. Comme Rome ne s’est
pas faite en un jour, il va vous falloir du temps, alors raison de
plus pour ne plus tarder à s’y mettre.

Comment ?
Soit vous allez faire marcher votre imagination comme jamais et
écrire le programme dont vous auriez tant besoin pour vous
soutenir et vous aider à avancer.
Inspirez-vous de celui proposé à Madeleine Spirituelle.
Soit vous allez lire celui proposé et faire deux colonnes :
À gauche, écrivez les différentes étapes du programme ; c’est
important pour vous en imprégner.
À droite, écrivez ce qu’il vous inspire, par exemple « OK pour
moi », « je ne me sens pas prêt », « je vais y réfléchir »,
« pourquoi pas », « je vais essayer pour voir », « ça me va, je le
fais », « rien à perdre, je me lance »…

Quelques jours plus tard, elle recevait une réponse du secrétariat de Ganesh,
qui mettait un point d’honneur à ce que chaque demande soit traitée. Le style
était complètement ampoulé, pas du tout le genre de Madeleine Spirituelle, et
la fin accompagnée d’un mantra puissant pour redresser les choses qui vont
de travers : OM Vakratundâya HUM. Elle avait cherché comment dire à
Ganesh sans le froisser, ni lui manquer de respect, qu’elle avait vraiment
besoin qu’il lui parle sur un autre ton et dans d’autres termes, pour qu’elle
puisse bénéficier de tous les bienfaits de sa sage pensée dans la vraie vie
assez rapidement. Parce que les grands discours c’était bien, et bien entendu
un dieu préférait s’exprimer comme ça, mais elle avait surtout besoin d’un
mode d’emploi simple et efficace pour la sortir de là. Elle avait repris sa plus
belle plume et beaucoup de pincettes, pour demander à Ganesh et/ou à ses
collègues si cela était envisageable.

Peu de temps après, elle avait reçu une autre lettre, beaucoup plus longue. Il y
avait plusieurs pages de trois couleurs différentes écrites par le dieu des
obstacles lui-même.
Sur les feuilles blanches, symboles de paix, il invitait Madeleine Spirituelle à
« accueillir » l’obstacle, sans le juger. Le reconnaître, l’avouer et assumer
complètement son immense chagrin, sa profonde douleur et sa colère infinie.
Sans jugement aucun. Elle devait continuer à écrire dans ses carnets tout ce
qui lui faisait si mal. Une petite phrase accompagnait cette sage
recommandation : « Il est important de trouver le trésor caché derrière cette
épreuve. Il existe, il est magnifique et le processus pour le découvrir est ton
chemin d’évolution. Sois toujours vraie avec toi. Toujours. » Un dieu se
trompe rarement, encore moins Ganesh. Ou alors, où va le monde.
Sur les feuilles vertes, symboles d’espoir, il avait proposé quelques mantras à
réciter matin midi et soir. Ce n’étaient pas des phrases toutes faites, même si
à première vue, elles en avaient tout l’air, mais des formules pleines de
sagesse et de sens pour qui voulaient les apprécier à leur juste valeur.
Évidemment, on pouvait hausser les épaules, lever les yeux au ciel et passer à
autre chose en marmonnant que « c’est tellement plus facile à dire qu’à
faire » ou dire : « Oui enfin, c’est comme enfoncer des portes ouvertes. » À
chacun de voir midi à sa porte justement et la vérité en face. Bien sûr, il n’y
avait rien de nouveau sous le soleil, ces mantras, Madeleine Spirituelle les
avait entendus, lus, vus si souvent. Aujourd’hui encore, expliquait Ganesh,
elle pouvait, si elle le voulait, prendre le pouvoir sur son mental, décider que
les choses se passeraient comme elle l’entendait, et observer ces obstacles à
l’intérieur d’elle-même. Ceux qu’elles créaient toutes seules et qui la
menaient par le bout du nez. Madeleine Spirituelle avait recopié la lettre
divine dans un petit carnet pour ne pas l’abîmer et s’apprêtait à suivre les
instructions divines.

« Il n’existe pas d’obstacle insurmontable, surtout ceux qui n’existent pas,


c’est ton état d’esprit qui compte. Lui seul. »
« Ne bride jamais ton imagination, encore moins ta créativité, elles seront tes
meilleures alliées pour contrer l’obstacle. »
« Tiens toujours parole, engage-toi et sois déterminée, l’obstacle n’y
résistera pas. »
« Fais du mieux que tu peux, l’obstacle n’est pas le chef. »
« Ne laisse pas tomber, sauf si tu veux laisser l’obstacle gagner. »
« Sacrifie ce qu’il faut sacrifier, l’obstacle adore quand on s’accroche. »
« Dépends de toi, prends tes responsabilités, l’obstacle n’en reviendra pas. »

Sur les feuilles bleues, symboles de sagesse, Ganesh avait écrit le programme
qu’il lui proposait, en deux parties :
D’abord, surmonter cet obstacle comme elle l’avait demandé pourquoi pas,
mais le transformer en opportunité, c’était encore mieux. Pour écrire cet
improbable scénario, ce « cadeau de la vie », il lui proposait quelques
aventures spirituelles en solitaire, nécessaires pour guérir et rebondir. Des
points de suture de son cœur à la cicatrisation, ça allait être long, douloureux,
autant que réconfortant, bienfaisant et passionnant.
Le dieu des obstacles l’invitait ensuite à prendre conscience que l’obstacle
était à l’intérieur d’elle. Rien à voir avec une terrible malédiction, mais tout à
voir avec un immense manque de respect d’elle-même, qui avait permis à
l’obstacle de rentrer sans frapper et de prendre beaucoup de place. Sans
limites, il s’en donnait à cœur joie côté autosabotage. Elle ne devait surtout
pas culpabiliser, ce n’était pas le sujet et à quoi bon. S’en rendre compte était
la clé, s’occuper de son « self-respect », voilà la priorité.
Ganesh lui proposait en parallèle de développer une vie intérieure, en
« parlant » avec lui régulièrement. Il était là pour elle, il promettait d’être un
solide appui, un précieux compagnon de route. Méditation, prière, contact
spirituel… ça ne rentrait pas forcément dans une case précise. Ce qui était
important, c’était de créer un lien spécial et un rituel qui lui permettait chaque
jour d’être guidée. À ce stade, si Madeleine Spirituelle était d’accord sur le
principe, elle ne voyait pas bien comment tout cela allait se mettre en place.
Sa tisane au curcuma avait des vertus anti-inflammatoires, mais un message
aussi sur l’étiquette : « Laisse les choses venir à toi. » Il n’y avait jamais de
hasard, bon d’accord.
La lumière de l’ampoule de 25 watts

Étape 1 : évaluer l’intensité de la petite lumière qui brille au fond de


vous

C’est-à-dire ?
Ceci est un nouveau point d’étape. Pas le premier, pas le dernier.
Il est important de continuer à mesurer l’évolution de l’intensité de
votre petite lumière intérieure.

Pourquoi ?
Parce que prendre le temps de noter cette évolution va vous
donner du courage ; vous allez être fier du chemin parcouru,
même si c’est infime c’est toujours ça de gagné et de pris pour la
suite. Si votre petite lumière ne brille pas plus que ça, cela va
peut-être vous décourager un moment, mais juste après vous
allez avoir une furieuse envie de tout faire pour la rallumer.
Croyez-en Madeleine Spirituelle.

Comment ?
Même exercice que le précédent : sur une feuille que vous allez
peindre ou colorier en noir, laissez un carré ou plus en blanc qui
représente votre lumière intérieure.
Ou :
Dessinez une ligne avec 10 petits traits verticaux : un trait
correspond à une très faible intensité de votre lumière intérieure
et dix à une grande brillance. Indiquez votre position en inscrivant
la date.
Très faible
intensité..............................................................................................................................................Grande
brillance

Étape 2 : envisager un premier après

C’est-à-dire ?
L’horizon se dégage. Un tout petit peu sans doute, mais il se
dégage quand même. Vous allez écrire les morceaux de ciel bleu
qui sont apparus dans votre journée ou nuit.
Puis vous allez lire quels sont les atouts de Ganesh et
commencer à imaginer comment vous pourriez les utiliser si vous
aviez les mêmes ou si vous les lui empruntiez.
Enfin, vous allez aussi lire les conseils de Ganesh et penser aux
comportements et attitudes toxiques que vous répétez et qui vous
desservent.

Pourquoi ?
Parce que le moment est venu de sortir un peu de votre grotte
glacée dans laquelle il fait tout noir. De prendre conscience qu’un
premier après est en train de se dessiner. Les contours sont
certes très flous, mais ils sont là. C’est à vous de décider de les
voir de plus près, vous en êtes complètement capable.

Comment ?
Écrivez trois textes :
1/ Faites la liste des petites choses qui vous ont fait du bien dans
une journée ou une semaine ou racontez un moment heureux
dans le chaos que vous traversez.
2/ Imaginez, si Ganesh vous prêtait un de ses atouts, lequel ou
lesquels vous choisiriez et pourquoi.
3/ Faites un tableau avec deux colonnes :
À gauche, écrivez un ou plusieurs comportements/attitudes
négatifs.
À droite écrivez ce qui changerait dans votre vie si vous les
laissiez tomber, si vous faisiez/pensiez/agissiez autrement.
Inspirez-vous du premier après, ressenti de Madeleine Spirituelle.

Madeleine Spirituelle n’était pas du genre à se « gourou-iser ». Le dieu des


obstacles n’avait pas ce type d’ambition. C’était parfait. En revanche, Ganesh
avait un certain nombre d’atouts dont elle pouvait s’inspirer dans sa vie à
elle, si elle le voulait.
Un soir d’orage violent, blottie sous sa couette, elle avait mis sur ses genoux
un portrait de Ganesh, qu’un de ses amis indiens, Vishalo, lui avait offert tel
un trésor. Ce portrait original était le fruit de la vision d’un artiste qui vivait
dans un endroit secret de Mumbai. Malgré de nombreuses sollicitations, ce
dernier n’avait jamais cédé aux sirènes du business et avait continué de créer
ses œuvres uniques, recouvertes d’une feuille d’or, qui faisait briller chaque
détail. Dans chacune, il ajoutait une sorte de pouvoir magique, un genre subtil
à effet progressif et prolongé si on l’orientait plein nord comme il le
demandait et qu’on lui réservait chaque jour quelques délicates attentions et
un grand respect. Alors il pouvait apporter beaucoup de bonnes choses dans
la vie. Elle l’avait fixé longuement et l’« effet Joconde » s’était produit au
bout de quelques minutes : comme Mona Lisa souriait aux visiteurs du
Louvre, le dieu des obstacles sur le portrait faisait des clins d’œil complices à
Madeleine Spirituelle. Ganesh avait de solides atouts, chaque partie de son
corps était un symbole, comme un message caché. Un peu comme les œufs
de Pâques déposés par les cloches, ils étaient simples à trouver si on y mettait
un peu du sien.
Sa grande tête d’éléphant était une invitation à penser plus grand, plus sage, à
ranger ses œillères, à ouvrir son esprit, à rêver encore plus et à développer ses
connaissances le plus possible. Ses petits yeux, une recommandation à rester
concentré, à garder son regard fixé sur la tâche à accomplir ou le problème à
résoudre. Ses grandes oreilles, un encouragement à bien mieux écouter pour
mieux comprendre les situations, les personnes. Sa petite bouche, un conseil
pour moins parler et laisser parler les autres sans juger. Sa trompe, une
suggestion pour sentir les choses et les odeurs, anticiper les dangers, trouver
de nouvelles opportunités. Son gros ventre, une inspiration pour tout digérer,
le mal comme le bien, les émotions, les mauvaises influences de nos actes et
paroles. Sa hache, un synonyme de « suppression », du désir, de
l’attachement, de l’agitation, du chagrin… Sa défense cassée, un symbole du
sacrifice à faire pour atteindre son but.
Madeleine Spirituelle aimait Ganesh. La tempête qui faisait rage dehors ne la
déstabilisait pas le moins du monde, contrairement à son habitude. Comme
dans le scénario d’un film romantique, mais sans l’homme qui l’aurait
embrassée sauvagement sous les gouttes, et tant mieux d’ailleurs, elle était
sortie mettre son visage sous la pluie battante. Les larmes de joie et de
chagrin mélangées passaient inaperçues comme ça.
Ce n’était pas encore très clair en termes d’effets, mais cette sensation de la
possibilité de quelque chose sentait aussi bon que la terre mouillée. Le
moment était venu de franchir une nouvelle étape ou de continuer le même
chemin. Elle avait le choix. Aucune pression, encore moins de jugements ou
de remontrances, ce n’était pas du tout le genre du dieu des obstacles.
Madeleine Spirituelle était la seule et unique personne qui pouvait décider de
faire ce choix, de passer à l’étape d’après.
Au dos du tableau, il y avait un texte, que Madeleine Spirituelle n’avait
jamais remarqué jusqu’alors.
« La vie met sur ton chemin des obstacles. Ils sont souvent destinés à
te faire prendre conscience que si tu ne changes rien dans ton attitude
et ton comportement, ils reviendront tant que tu n’auras pas compris.
Si tu fais semblant de ne pas les voir, ils reviendront encore et encore.
Ils sont têtus et très déterminés. Face à eux, certains ne les verront
jamais de cet œil. D’autres feront semblant de ne pas les voir. Alors
l’obstacle devient soi-même. Nous devenons notre propre obstacle.
Parce que nous savons au fond de nous que même si c’est dur et
violent, que ça fait mal partout, c’est ainsi, c’est un fait. Si tu veux
que les choses changent pour toi, il n’y a que toi qui peux faire en
sorte que ça arrive. Tu le sais au fond de toi. Tu dois avoir confiance.
Tu dois cesser de t’agripper, t’accrocher. Observe comment tu crées
l’obstacle, la manière dont tu prévois le pire, cette manie de projeter
des peurs sur l’avenir, cet autoblocage que tu mets en place. Regarde
comment tu recommences, refais, dupliques… le même scénario
encore et encore. Tu peux penser que c’est une malédiction, une
punition, un retour de bâtons karmiques. Tu peux changer de vie, fuir
à l’autre bout du monde ; bien sûr cela t’enrichira, mais si tu ne
résous pas le problème de fond, il reviendra en boucle. Et ton cœur se
fragilisera encore et encore. »

Elle était d’accord avec tout. Il fallait maintenant réussir à l’appliquer. Facile
à écrire quand on est Ganesh, plus dur à mettre en place quand on est
Madeleine Spirituelle. Mais elle était prête. Il était clair que son cœur était si
arraché qu’elle ne pourrait pas y arriver comme d’habitude toute seule avec
quelques rustines.
« Si j’avais un marteau », avait chanté Claude François ; « si j’étais Ganesh »,
avait pensé Madeleine Spirituelle. Elle avait passé la nuit à réfléchir un peu
dans tous les sens, elle qui avait pourtant besoin de ses dix heures de
sommeil.
Et si Ganesh lui prêtait un ou plusieurs de ses solides atouts ? Et pourquoi
pas ?

Étape 3 : accepter d’autres bâtons dans ses roues

C’est-à-dire ?
Ça serait trop simple si l’obstacle principal était le seul et unique à
gérer. Vous allez écrire ce qui vient perturber toute votre bonne
volonté de vous en sortir.

Pourquoi ?
Parce que vous n’allez pas vous arrêter en si bon chemin. Vous
avez commencé à extérioriser ce qui est douloureux, alors il faut
continuer. Sans relâche.

Comment ?
Vous allez raconter ce nouvel obstacle, le décrire.
Puis écrire les émotions qui ont été déclenchées, quelles qu’elles
soient : colère, angoisse, tristesse, sentiment d’injustice…
Inspirez-vous du texte de Madeleine Spirituelle.

« Quand il n’y en at plus, y en a encore », disait Joël sur la place du marché,


ajoutant d’autres calamars sur les autres cuits et recuits, au milieu d’une
sauce armoricaine mijotée il y a trois ou quatre jours, dans ce grand faitout
rarement lavé. Ce lundi appartenait pourtant à la catégorie des « lundis
sympas ». Rien de spécial, mais un embryon de légère harmonie avait permis
de repousser de quelques micromètres les gros nuages noirs persistants pour
laisser apercevoir un peu de bleu au loin. Ses petits avaient traversé ces
dernières semaines des moments très difficiles ; Madeleine Spirituelle, leur
mère poule, avait été au moins aussi affectée qu’eux, si ce n’est plus. Elle
avait mal partout pour eux.
Ganesh l’avait éclairée en lui expliquant que si ses petits lapins s’étaient
branchés en mode « jusqu’ici tout va bien », aujourd’hui c’étaient leurs cœurs
qui assimilaient la nouvelle. Elle avait imploré Ganesh de la guider pour les
sortir de cette mauvaise passe et lui avait demandé un plan d’urgence. À force
d’efforts surhumains et de réconfort extrême, elle était parvenue à les
remonter à la surface. Elle était tellement heureuse d’avoir réussi sa mission
de sauvetage.

Les trois enfants remis en état avaient envoyé un message sur le nouveau
groupe téléphonique mère/enfants, en rentrant de l’école. Plutôt lapidaire et
plein de suspenses insoutenable,s de ceux qui font que les mamans peuvent
avoir besoin d’un défibrillateur sans plus attendre : « Maman il faut qu’on te
parle. » Elle les avait bien vite rappelés.
– Qu’est-ce qui se passe ? (Question posée en croisant les doigts, les orteils
et même les cheveux.)
– On veut te parler en face à face, c’est important.
– Je vous attends à la maison ? (Question posée en ordonnant aux cordes
vocales une neutralité absolue.)
Quelques instants plus tard, elle était derrière la porte quand l’Interphone
avait sonné. Elle avait examiné sa progéniture sous toutes les coutures en
luttant contre les pensées les plus atroces, consciente qu’elle pouvait les
attirer quand même, alors que rien de dramatique ne s’était encore passé, si ça
se trouvait. Foi de Ganesh. Face à ces choux d’autrefois 51 centimètres, elle
restait souriante et digne, prête à tout entendre. Mais pas ce qu’ils allaient lui
annoncer : « On veut une garde alternée. »
En termes de sensation, c’était comme si le cœur de Madeleine Spirituelle
venait d’être griffé par un horrible loup-garou galeux, un ressenti partagée par
toutes les mamans super extra poules comme elle. Face à ce souhait exprimé
les yeux humides par son trio, elle restait anormalement normale. Un peu
comme quand l’anesthésiste avait planté dans son dos la première fois
l’immense aiguille de la péridurale, juste au moment où une contraction force
6 000 passait par là. Respecter le choix de ces petits était la décision la plus
sage qu’elle pouvait prendre.
Elle en voulait terriblement à Ganesh. Trop dur. Trop d’obstacles. Trop lourd.
Trop triste. Trop cruel. Trop tout. « Tout, tout, tout est fini entre nous, j’ai
plus la force du tout d’y croire et d’espérer » : si elle avait été Lara Fabian,
elle aurait déclaré son forfait à Ganesh en chantant. Simple chanteuse de salle
de bains assumée, elle avait remis au lendemain son annonce au dieu des
obstacles et se s’était réfugiée sous sa couette, en espérant que le dieu de
l’hibernation accepterait cette fois-ci sa candidature. Cette nuit-là, elle avait
fait l’insomnie la plus longue de toutes ses insomnies. Un dieu entendait ce
qu’on lui disait et aussi ce que l’on ne lui disait pas, et il avait toujours des
moyens de faire passer des messages. Elle aurait mis sa main à couper, au
point où elle en était, elle n’aurait rien senti, que cette carte qu’elle venait de
trouver sous son oreiller, n’était pas à cet endroit quelques heures plus tôt.
Elle faisait partie d’un jeu qu’elle adorait : « Murmures de Ganesh ». Au
recto, il y avait une image magnifique de Ganesh et ce titre en dessous du
numéro de la carte « Révélation ». Au verso, un message édifiant de justesse,
même s’il était en langage « dieu » : « Sois prête à accueillir les changements
dans ta vie : en toi et autour de toi. Te voilà arrivée à la fin d’un cycle et il est
désormais temps de créer autre chose de nouveau. Il est temps de briser les
structures de ta vie qui ne te servent plus et qui te limitent. C’est un processus
douloureux et difficile si tu résistes, alors accepte-le pleinement, car il fait
partie de ton évolution. La révélation dont je veux te parler peut se rapporter
à ton ego et à l’illusion d’être séparée des autres. Tu vas découvrir une
perspective neuve et cette découverte va t’aider à devenir plus forte, plus sage
et plus calme. Si tu rencontres d’autres défis, ils sont nécessaires à ton
évolution spirituelle. Des changements positifs sont devant toi. »
Là tout de suite, Madeleine Spirituelle ne les voyait pas du tout. Le fait
accompli c’est surtout ça qui lui venait à l’esprit. Elle s’était calmée, petit à
petit, reprenant ses esprits. Ganesh lui tendait la main et lui proposait de vivre
une autre histoire. Et rebondir l’attirait bien plus que de périr engloutie sous
des kilos de compotes d’hôpital. Facile à dire, il lui fallait maintenant trouver
l’énergie, le courage la motivation… Bilan : Madeleine Spirituelle avait du
pain sur la planche.
Les feux anti-brouillard

Étape 1 : évaluer l’intensité de la petite lumière qui brille au fond de


vous

C’est-à-dire ?
Nouvelle étape, nouvelle mesure de votre petite lumière
intérieure. Le brouillard est un peu moins épais dans votre tête et
votre cœur : c’est grâce à tous vos efforts pour y voir plus clair.
Bientôt tout sera illuminé, tenez bon.

Pourquoi ?
Parce que toute avancée fait du bien, mais parfois vous ne vous
en rendez pas compte. Cette petite lumière, c’est votre GPS. Il
est très important de continuer à la faire briller. La meilleure façon
c’est de ne jamais la perdre de vue et de mesurer à quel point elle
grandit. Comme vous.

Comment ?
Même exercice que le précédent :
Sur une feuille que vous allez peindre ou colorier en noir, laissez
un carré ou plus en blanc qui représente votre lumière intérieure.
Ou :
Dessinez une ligne avec 10 petits traits verticaux : un trait
correspond à une très faible intensité de votre lumière intérieure
et dix à une grande brillance. Indiquez votre position en inscrivant
la date.
Très faible
intensité..............................................................................................................................................Grande
brillance

Étape 2 : prêter attention aux signes

C’est-à-dire ?
Vous allez vous concentrer pour observer des signes, des petits
ou des gros. Chez vous, dans la rue, sur votre chemin habituel,
dans le bus… ou dans votre thé.

Pourquoi ?
Parce que vous allez vous rendre compte que plus vous
développez votre attention en remarquant des petits détails, plus
vous allez vous réjouir d’être capable de le faire, plus cela va
détourner votre esprit des pensées qui tournent inlassablement
en boucle.
Comment ?
Écrivez-les, soit en les détaillant et en racontant l’histoire qui va
avec, soit en faisant une simple liste. Ajoutez de la magie et
décrivez vos émotions du moment.
Inspirez-vous des signes remarqués par Madeleine Spirituelle.

Madeleine Spirituelle avait cette nette impression depuis quelques jours


d’être une vieille méduse échouée lamentablement sur la plage. Elle ne savait
pas exactement comment cette première partie du programme allait se mettre
en place, comme elle ne voyait pas bien si un jour elle réussirait à sortir du
marécage de sa vie dans lequel elle vivait en apnée. Parler à Ganesh était sa
seule source de réconfort et si elle restait digne et coiffée, c’était pour que ses
enfants grandissent avec une demi-mère qui tenait néanmoins la barre dans la
tempête. Elle pensait beaucoup aux atouts de Ganesh et notamment à sa
hache. Sans doute parce qu’elle avait cette nette impression d’être découpée
en plusieurs morceaux. Un peu comme au cirque, quand le monsieur met la
dame dans une boîte et qu’il prend sa grande scie pour la découper en fausses
rondelles. Madeleine Spirituelle était trois : d’un côté son corps, de l’autre
son cœur et encore ailleurs son mental. Ce que lui avait déclaré/affirmé cette
femme qui avait croisé son chemin « par hasard » et qui avait la particularité
de lire dans des feuilles de thé. Elle avait confirmé cette scission. Madeleine
Spirituelle avait fait ce que Mme T lui avait demandé : boire son thé de Chine
sans filtre, en laissant suffisamment de feuilles au fond de la tasse, et ne pas
essayer d’enlever celles qui collaient aux parois. Puis faire tourner la tasse
trois fois dans le sens des aiguilles d’une montre. Et enfin renverser dans une
soucoupe le mélange liquide/feuilles. Trois formes étaient apparues très
nettement et selon Mme T qui avait l’œil : une hache, un couteau et des
ciseaux. Madeleine Spirituelle n’en revenait pas de voir la place énorme de la
hache dans ces feuilles de thé, d’autant que depuis quelques nuits cet
instrument revenait régulièrement dans ses rêves, comme une publicité pour
hache entre deux programmes télévisés. Troublant et bienfaisant aussi. Le
couteau était le symbole d’une relation brisée et les ciseaux synonymes de
querelles familiales. Sacrées feuilles de thé ! Il y avait une quatrième forme
qui se dessinait vaguement sans aucun rapport avec tous ces objets
tranchants : un chameau, expression d’un long voyage à venir. Troublant,
mais plutôt de bon augure. Les valises attendraient. Il fallait recoller tout
d’abord les morceaux. Mme T avait bien d’autres pouvoirs et notamment
celui de « construire » une petite béquille entre le chakra du cœur et le chakra
du plexus solaire pour les unifier et ainsi redonner à Madeleine Spirituelle
une harmonie intérieure dont elle avait tant besoin. L’intervention bénigne ne
prenait que quelques minutes. Madeleine Spirituelle se laissait faire,
confiante. Pour « consolider » ce désormais deux en un, elle devait, avant de
s’endormir, faire un tout petit rituel recommandé par Mme T et tout irait
mieux. Sans plus attendre, elle récita le mantra de Ganesh en positionnant ses
mains comme on lui avait demandé.

Étape 3 : se donner des forces

C’est-à-dire ?
Vous allez écouter le morceau de musique recommandé par
Madeleine Spirituelle dans le texte ci-dessous : l’ouverture de
L’Italienne à Alger de Rossini. Puis mesurer toutes les forces que
vous apportent ces notes, toute l’énergie qu’elles vous donnent.

Pourquoi ?
Parce que comme le dit Platon : « La musique donne une âme à
nos cœurs et des ailes à la pensée. »

Comment ?
Mettez des oreillettes ou un casque, augmentez le son autant que
possible, fermez les yeux et écoutez. Sentez cette force à
l’intérieur de vous. Écrivez vos sensations, votre force intérieure
qui s’est développée.
Inspirez-vous des sensations de Madeleine Spirituelle.

Le lendemain matin, Madeleine Spirituelle s’était levée beaucoup trop tôt


pour son rythme biologique, réveillée par l’odeur de son thé préféré et les
premières notes d’un morceau qu’elle connaissait bien et adorait.
L’œuvre de son compositeur, Gioachino Rossini, un de ses chouchous : s’il
avait encore été sur cette terre, elle lui aurait d’abord dit qu’elle était
tellement désolée qu’un tournedos lui ait piqué son nom, même si elle n’y
était pour rien. Et elle l’aurait remercié du fond du cœur pour sa sublime
création, l’ouverture de L’Italienne à Alger. Un morceau magnifique si ce
n’est LE morceau pour surmonter les obstacles et se sentir plus fort que tous
les super-héros du monde entier. Il donnait à Madeleine Spirituelle autant la
chair de dix-huit poules réunies qu’une énergie à déplacer les montagnes et
une indescriptible force intérieure. La musique adoucit les mœurs certes, en
écouter a de multiples effets bénéfiques sur le corps et l’esprit, on est bien
d’accord. Mais ce morceau-là, si on le laissait faire, avait le pouvoir
d’emporter tous les obstacles sur son passage.
Elle aurait normalement paniqué, le trouillomètre à 120 000 sur une échelle
de 120 000, puisque personne dans cette maison vide ne pouvait avoir eu, à
son égard, ces délicates attentions. Il n’en était rien : elle avait le sourire
jusqu’aux oreilles.
La tasse de thé était prête sur la table, sur un petit plateau pour ne pas faire de
marques. Ganesh avait ce côté précieux en totale opposition avec cette
réputation de l’éléphant dans un magasin de porcelaine.
Étape 4 : gonfler son gilet de sauvetage

C’est-à-dire ?
Vous allez lire le programme proposé par Ganesh à Madeleine
Spirituelle.

Pourquoi ?
Parce que les choses sérieuses se mettent en place à partir de
maintenant, donc action. Ça ne signifie pas que vous laissez vos
émotions de côté ; bien au contraire, vous allez continuer à les
surveiller de près et à les accepter. Mais il est temps de franchir
un cap.

Comment ?
Imaginez que Ganesh vous prête à vous aussi sa hache pour
couper, son ventre pour digérer et ses yeux pour voir les choses
autrement. Faites trois colonnes et inscrivez au fur et à mesure ce
que chaque atout du dieu des obstacles vous permettrait de faire.

Ganesh aimait décidément beaucoup les couleurs dans ses correspondances.


Étaient posées en éventail une immense enveloppe rouge et quatre autres
petites enveloppes, une jaune, une blanche, une bleue et une verte. Les cinq
couleurs préférées de Ganesh. Chacune avait un numéro et chacune au verso
une image de Ganesh stylisée représentant ses précieux atouts. Dans chacune
d’entre elles, Ganesh proposait à Madeleine Spirituelle de lui prêter un de ses
atouts pour une durée déterminée.
Dans la grande enveloppe rouge, Ganesh lui proposait donc de lui prêter sa
hache. Il avait eu la tête tranchée par son père, puis il était devenu un dieu.
Conclusion : il y avait dans la vie des obstacles formidables et
insoupçonnables, et surtout inimaginables. La hache de Shiva, le père,
s’appelait la parashu et Ganesh la tenait toujours dans sa main droite. Elle lui
servait notamment à trancher tout attachement physique et/ou matériel et lui
permettait aussi de couper l’agitation et le chagrin. Si on cherchait un peu
plus loin, elle représentait la nécessité de trancher les liens avec le monde
terrestre et physique, afin d’avancer sur le chemin de la sagesse.
Avec cette hache, Madeleine Spirituelle avait de quoi couper les ponts, les
liens, ce qui lui faisait du mal, ce dont elle ne voulait plus… Couper pour
avancer, comme l’aurait fait un aventurier dans la jungle amazonienne afin
d’arriver jusqu’au trésor perdu. Ce n’était pas un outil magique, mais c’était à
la fois très symbolique et très concret pour trancher dans le vif. L’idée lui
plaisait, même si elle ne savait pas par où commencer. Ganesh n’était pas loin
pour l’aider et la guider. Il ne se séparait jamais de la sienne, mais en tant que
dieu des obstacles il en avait quelques-unes qu’il prêtait volontiers à celles et
ceux qu’il acceptait de guider pendant une durée déterminée : 21 jours, son
chiffre préféré. Ils n’étaient pas consécutifs, c’était à Madeleine Spirituelle de
choisir et de vivre à son rythme les aventures spirituelles qui lui permettraient
de se libérer et de s’envoler. Un peu en tout cas. Ganesh avait bien insisté sur
le fait qu’il n’était pas non plus une fée. Il donnait les clés, en l’occurrence
une hache, et veillait de près. Mais c’est elle qui faisait le job. La hache était
invisible pour le commun des mortels. Ça tombait à pic.
Dans la seconde enveloppe, la jaune, il y avait un avis de colis à retirer à la
Poste et un « guide d’accompagnement » de la hache : à chaque aventure elle
devait l’avoir avec elle. Entre deux, la hache devait se régénérer près de la
statuette de Ganesh, dans l’autel que Madeleine Spirituelle lui avait dédié.
Côté contrainte, c’était donc assez léger.
Dans les deux autres enveloppes, la blanche et la bleue, Ganesh lui proposait
de lui prêter son ventre pour digérer et sa grande tête pour voir les choses
autrement.
Dans la cinquième et dernière, la verte, le dieu des obstacles demandait à
Madeleine Spirituelle de s’engager à se concentrer et à donner le meilleur
d’elle-même pour surmonter l’obstacle, mais surtout le voir comme une
opportunité. Elle avait choisi en son âme et conscience de le suivre, alors il
fallait qu’elle soit prête à commencer à vivre de petites et grandes aventures
spirituelles en tous genres. Ce n’était plus le moment de reculer, mais si elle
le faisait, elle devait prendre conscience qu’elle gâchait sa chance. Elle avait
signé sans plus attendre le divin contrat et avait filé au bureau de Poste.
Chapitre 2

Le groupe
électrogène
Étape 1 : couper avec la hache de Ganesh
Certaines des aventures sont véridiques, d’autres fictives. Ce qui compte c’est
qu’elles vont vous donner des idées. Madeleine Spirituelle a rencontré moult
spécialistes dans son imaginaire ou dans la vraie vie, c’est ce que vous
découvrirez dans les pages qui suivent. Vous aurez peut-être envie vous aussi
d’aller à la rencontre de ces bienfaiteurs mais sans eux vous pourrez
également avancer dans votre tunnel.
Bien sûr, d’un point de vue extérieur, vous pourriez considérer qu’elle était
devenue une boulimique spirituelle qu’aucune aventure n’arrivait à satisfaire.
Une déséquilibrée émotionnelle que rien ne pouvait combler. Une femme
animée par une quête sans fin : celle de convaincre un soleil de janvier de 15
h 40 de briller comme une après-midi de juillet en Grèce. Point du tout.
Toutes ses aventures enrichissaient la précédente et la nourrissaient. Chacune
d’entre elles la faisait avancer d’un petit pas, version Neil Armstrong. Jamais
Ô grand jamais elle n’en resterait là, persuadée qu’un jour le baromètre
reviendrait sur beau temps. Karma pourri ou non, barrages sur sa route ou
pas, il n’y avait pas de raison qu’elle n’y arrive pas.
Vous non plus. Alors c’est à vous. Coupez, coupez, coupez.

Couper les liens karmiques


Ganesh avait expliqué : « Si ça se trouve, tu as été très méchante avec lui
dans une vie avant et il se venge dans cette vie d’aujourd’hui. Si ça se trouve,
il a aussi été un bourreau et tu étais sa victime. L’important, c’est de couper.
Ça fait mal, très mal, ça sera long et douloureux, mais imagine que ça fait des
siècles et des siècles que vous vous en voulez, et que chaque nouvelle vie est
l’occasion de se venger sur l’autre depuis des vies et des vies, chacun à votre
tour. Ça en fait de la dette à éponger, non ? Donc prépare-toi, mais ne garde
qu’une seule chose en tête : c’est pour ton bien et votre bien à tous les deux.
Une chose est certaine : quand une situation est aussi cruelle, c’est qu’il y a
une histoire de dette karmique entre vous. Les bons comptes faisant les bons
amis, je ne saurai que te recommander de régler ta note, pour mieux avancer.
Ça n’enlèvera rien à votre amour profond et véritable mais ça coupera tout ce
qu’il y a de toxique, de mauvais et d’inutile. Tu peux aussi le recommander à
des amis, même ceux qui se sont séparés il y a moult années. Ce sera
d’ailleurs moins dur, parce que la séparation physique aura eu lieu depuis
longtemps. Tu peux aussi le proposer à ceux qui ont des relations toxiques
avec leur mère, leur père et même un patron dans l’open space. Parce que si
la dette n’est pas payée, elle reviendra sans cesse sur le tapis. C’est toi qui
décideras de le faire ou pas, et d’ailleurs, personne d’autre que toi ne peut
prendre cette décision. Une chose est certaine, rien n’arrive par hasard, tout
est relié. Autre chose, c’est très important, il ne faut jamais couper des liens
karmiques pour de mauvaises raisons. Jamais. Elles doivent être pures. En
clair, couper les liens karmiques ne le fera jamais revenir. S’il revient c’est
qu’il doit revenir, mais ça ne doit pas être ce qui motive dans la démarche.

Madeleine Spirituelle était prête à tout pour que ce passé aille se faire cuire
un œuf et qu’elle en finisse pour toujours avec toutes ces vieilles casseroles.
Ces liens karmiques avaient un sens, même si elle avait du mal à s’imaginer
au Moyen Âge vêtue d’une simple armure, au galop sur un cheval féroce,
hurlant des horreurs à celui qui deviendrait son mari, le torturant de surcroît
sans pitié avec sa lance très aiguisée. Pas plus qu’elle ne pouvait imaginer
qu’il avait pu être sa mère dans une autre vie, la torturant psychologiquement
et physiquement dans une grotte dans le désert du Ténéré, à l’époque où son
arrière-grand-père poilu creusait une tranchée entre trois obus. Elle pouvait
encore moins penser qu’elle et lui s’étaient traînés devant les tribunaux pour
une affaire de voisinage qui avait dégénéré. Remonter le temps et comprendre
davantage ce qui avait amené son couple à finir en jus de vieilles merguez,
pourquoi pas, mais à quoi bon, on n’allait pas refaire l’histoire, ni recoller les
morceaux sur des générations et des générations. Son intuition et quelques
indices soufflés par Ganesh donnaient un éclairage limpide sur le contexte :
ça sentait la vengeance à plein nez, depuis des siècles et des siècles. L’heure
était venue de couper cette malédiction, dont acte. Elle remit son destin entre
les mains de grands spécialistes fortement recommandés par Ganesh.

Ce jour-là, elle s’était assise sous un chêne, la hache de Ganesh entre les
mains. Seule et en silence, un peu inquiète mais pas trop non plus, comme
chez le coiffeur quand on lui demande de couper vraiment le minimum,
qu’on lui fait confiance mais qu’on surveille de très près et qu’il ne se prenne
tout à coup pour Édward aux mains d’argent. Elle avait laissé faire les
ciseaux, le sécateur, la faux ou si ça se trouve un simple coupe-ongles, pour
couper ad vitam æternam ces liens karmiques toxiques. Quand l’opération
avait été terminée, elle avait fermé les yeux en tenant la hache très fort dans
sa main. C’était à elle de jouer et en pensées de couper avec son outil divin ce
fil rouge qui la retenait attachée. Une page ou plutôt les pages des cent vingt-
cinq volumes de l’encyclopédie d’une relation houleuse à travers les siècles
qui se tournait. Sur le moment elle n’avait rien senti, même pas une petite
coupure. Pendant les soixante-douze heures qui avaient suivi, elle avait
pleuré sans interruption, trois boîtes de mouchoirs en papier n’avaient pas
suffi. Mais au moins si on regardait le bon côté des choses : ça, c’était fait. Il
avait fallu ensuite qu’elle récite pendant des mois quelques prières
nécessaires au bon déroulement du processus.

Résumé
« J’ai l’impression que nous nous connaissons depuis toujours » :
vous avez forcément dit au moins une fois dans votre vie cette
phrase. Ce n’est pas un hasard : nous avons tous eu des vies
antérieures au cours desquelles nous avons « déjà » rencontré
certaines personnes. Souvent, nous avons partagé des émotions
intenses. Quand ces émotions sont négatives, comme la
culpabilité, la peur, la dépendance, la jalousie, la colère… elles
perdurent dans le temps et quand nous les « recroisons »
aujourd’hui, ces émotions reviennent sur le tapis d’une manière
encore plus virulente. En coupant les liens karmiques, vous
coupez ces énergies entre elles et vous pour vous libérer.

Exercice
Faites trois colonnes.
Dans la première, écrivez la nature des liens avec la personne
concernée.
Dans la seconde, décrivez pourquoi ils vous font du mal.
Dans la troisième, expliquez le bien que cela vous ferait de les
couper.
Fermez les yeux, visualisez la hache de Ganesh et coupez
mentalement tous ces liens toxiques qui ne doivent plus vous
retenir.

Couper l’ego
Force était de constater que l’ego de Madeleine Spirituelle en avait aussi pris
un sacré coup. Elle s’en rendait compte à moitié, dans le brouillard de ses
journées, mais Ganesh, lui, voulait insister sur ce point et l’emmener sur cette
piste. Le dieu des obstacles avait plus d’un tour dans son sac pour faire passer
les messages stratégiques à sa protégée. C’est ainsi qu’elle avait croisé au
petit matin devant sa porte une petite souris, très mal en point mais vivante.
Elle semblait avoir échappé de justesse au chat prédateur. C’était la première
fois de sa vie que Madeleine Spirituelle en voyait une dans cette maison au
milieu de la nature, qu’elle fréquentait depuis des lustres. Elle n’avait pas
compris sur-le-champ le message clair et net de Ganesh, mais s’intéressait
immédiatement à la symbolique de la souris. En effet, lui avait révélé Google,
« une souris indique la nécessité d’un changement de comportement ». Près
de la souris, il y avait une carte du dieu des obstacles : il fallait arrêter de
chercher midi à quatorze heures : elle était la clé. Si elle changeait son
approche, elle y gagnerait beaucoup en tout. Au dos de la carte, il y avait une
photo de Mushika, sa souris, son moyen de transport et quelques lignes en
dessous pour raconter la légende qui les liait. Quand il était enfant, Ganesh
avait attrapé avec son lasso cette souris alors gigantesque qui passait ses
journées à terroriser tout le monde. Redevenue petite souris, elle apportait à
Ganesh des idées et des stratégies de déplacement qu’il ne pourrait avoir étant
donné sa taille et son poids. Complémentaires ils étaient. Mushika
symbolisait l’ego qui venait perturber l’harmonie de la vie. Le fait qu’elle soit
aux pieds de Ganesh prouvait que le dieu des obstacles l’avait maîtrisé.
Madeleine Spirituelle pouvait faire pareil et dompter si elle voulait cet ego
destructeur. Prendre le pouvoir, voilà le meilleur chemin qu’elle était invitée
à prendre. Le temps de réfléchir à tout ça, la petite souris avait disparu.
Couper son ego ne se faisait pas du jour au lendemain, mais ce qui comptait
comme dans toutes les autres aventures, c’était d’en prendre conscience et de
faire le premier pas. Même un pas de souris. Elle avait d’abord gravé sur une
planche de bois le mot « ego » et avec la hache de Ganesh avait donné un
grand coup entre les lettres. Il faut un début à tout, à commencer par prendre
conscience qu’il nous mène par le bout du nez. Et que plus de recul et de
sagesse nous ferait le plus grand bien.

Résumé
« Il/elle a un ego surdimensionné » : encore une petite phrase
que vous avez dite ou entendue. L’ego, d’après le dictionnaire,
est la représentation et la conscience que tout individu a de lui-
même. D’un point de vue plus spirituel, l’ego va nous empêcher
d’atteindre une forme de vérité et de profondeur. Il se manifeste
par exemple dans la manière d’imposer aux autres vos idées, vos
façons de penser ou d’agir.

Exercice
Faites trois colonnes (oui, encore).
Dans la première, décrivez une ou plusieurs situations ou
moments en lien avec votre obstacle.
Dans la seconde, écrivez les pensées, le ressenti dicté et contrôlé
par votre mental. Pour vous aider, voici quelques repères : vous
voulez avoir raison, dans votre tête c’est Hollywood avec des
scénarios dans tous les sens, pleins de colère et de ruminations,
vous êtes dans le jugement de tout y compris de vous-même…
Fermez les yeux, visualisez la hache de Ganesh. Coupez
pensées, ressentis, scénarios, ruminations… mentalement.
Puis dans la troisième, écrivez ce que vous souffle votre cœur,
c’est-à-dire mettez beaucoup d’amour dans votre analyse.
Hautement compliqué à faire, mais complètement possible.
Prenez tout le temps qu’il vous faut. Et une fois que vous aurez
accepté l’inacceptable, même un tout petit peu, et vu les choses
plus sagement, vous ferez de petits bonds de joie intérieurs.
Couper les émotions négatives
Ganesh avait recommandé à Madeleine Spirituelle de rencontrer Michelo,
persuadé qu’il serait son homme. Rien à voir avec l’amour, mais l’amour des
pierres, oui, celles qui soignent et qui font du bien, dont il était un génie. Il
leur dédiait désormais sa vie, lui qui collectionnait autrefois les femmes, les
voitures à plusieurs pots d’échappement et les cartes de visite avec en relief
son rôle clé au sein d’une très grande entreprise : directeur commercial. Rien
ne le prédestinait à poser sa valise cabine dans cette contrée lointaine,
désormais son fief, encore moins de devenir marchand de cailloux qui font du
bien. Après un big bang émotionnel, dont il ne confiait que quelques rares
détails, il était devenu lithothérapeute, mais dans un genre très particulier : il
avait le don de mettre dans une pierre une formule magique, un soin pour
faire du bien et dompter les émotions dissonantes. La pierre portée sur soi,
rangée dans une poche, posée sur la table de nuit… agissait là où elle le
devait. Il donnait des indications précises en fonction des besoins de chacun.
Comme une prescription sur mesure. Complètement séduite et follement
intriguée, elle n’avait pas hésité à faire des kilomètres pour aller voir Michelo
de près. Quand elle avait poussé la porte de sa boutique, Madeleine
Spirituelle n’avait pas eu besoin de se présenter en détail : il savait qu’elle
venait ce jour-là et lui avait choisi et préparé sa pierre, un jaspe léopard.
Scène absolument lunaire qui ne la perturba pas plus que ça, au contraire. Il
était d’ailleurs encore question de lune dans tout ce qu’il lui racontait ensuite.
Les pierres se rechargeaient à la pleine lune, à qui il fallait demander
gentiment : « Lune, recharge mes pierres. » Le jaspe léopard, adapté à son cas
particulier, n’aurait jamais besoin des forces régénératrices de l’astre : il
devait être porté pendant une semaine jour et nuit, avant qu’on ne lui dise
adieu. Sa mission était claire et courte : couper le négatif passé. Michelo avait
proposé de faire un point à la fin de la semaine et d’effectuer un bilan sur ses
ressentis. La photo sept jours plus tard était hallucinante : la pierre orangée et
mouchetée était devenue toute foncée, pas noire, mais très sale. Elle pouvait
continuer d’agir, selon Michelo qui lui proposa de la porter encore quelques
jours. Madeleine Spirituelle ne se lassait pas de la regarder « aspirer » les
dommages collatéraux de ses obstacles, fascinée de vivre une telle aventure
au milieu de son chaos. Un quartz des neiges attendait de prendre la suite,
renfermant une nouvelle prescription magique de Michelo en plus de son
officielle propriété : apaiser, retrouver sa sérénité et avancer sur une autre
vibration. La hache de Ganesh pouvait servir au propre comme au figuré. La
tenir symboliquement dans sa main avait le même impact. Michelo avait fixé
longuement dans sa main l’objet tranchant pourtant invisible. Ce n’était pas
tout à fait de la lithothérapie, cet homme-là n’était pas tout à fait un Michelo.
Couper les émotions négatives : l’opération était en cours.

Résumé
Les pierres ont des pouvoirs, notamment sur nos émotions. Elles
ont toutes leurs qualités propres. Certaines vont nettoyer les
énergies négatives, d’autres protéger, purifier… Si on en trouve
partout, on doit faire attention à leur origine, leur qualité… c’est
très important.
Exercice
Écrivez ce que vous aimeriez couper comme émotions négatives.
Toutes celles qui vous font souffrir le jour comme la nuit et qui
vous empêchent d’avancer. Comme une to do list.
Fermez les yeux. Visualisez la hache de Ganesh. Coupez, le
sourire aux lèvres.

Couper les fuites énergétiques


Ganesh avait prévu un rendez-vous pour Madeleine Spirituelle avec Pio, un
spécialiste des fuites énergétiques. Ça tombait à pic : elle était à bout ces
derniers jours, pour ne pas dire vidée, usée, périmée. Il fallait regarder la
vérité en face : les obstacles accumulés l’avaient mise à terre et même à
moitié enterrée.
Si elle avouait au dieu des obstacles être complètement lucide sur son état
d’épave émotionnelle et maintenant physique, elle s’inquiétait de ce temps
infini qui l’attendait pour réussir à consolider ses bases si bancales. Ganesh
l’avait mise sur la voie. Elle avait d’importantes fuites énergétiques, donc
c’est comme si elle passait son temps à verser de l’eau dans une passoire :
elle ne pouvait donc jamais la remplir. Élémentaire, ma chère Madeleine
Spirituelle. En clair : elle avait porté sur son dos des obstacles si lourds que
son intérieur commençait à se fissurer, laissant ainsi l’énergie s’enfuir en
courant.

Le diagnostic de Pio avait été hyperclair : « Tu es en mauvais état, tu as


quatre fuites, deux dans les épaules, deux dans les genoux. Prochaine étape si
on ne rebouche pas, les chevilles, et là je ne te cache pas que ça devient très
sérieux… Ce que je vais faire pour toi, c’est les colmater et ensuite remettre
de l’énergie, comme si tu étais une voiture et que je faisais le plein d’essence.
Pour rester dans le domaine automobile tu es sur la fin de la réserve, la panne
sèche n’est pas loin. » L’idée d’être une Multipla, en référence à sa fidèle
berline, en panne elle aussi, avait au moins le mérite de la faire sourire, et de
lui permettre d’y croire et d’espérer. Pio avait agi, les fuites avaient stoppé
net, elle avait senti ce moment de soulagement et de victoire quand on
intervient pile à temps pour éviter que le lait sur le feu déborde de la
casserole.
Pio l’avait autant fascinée par le bien qu’il lui avait fait que par son histoire
extraordinaire. Il en avait bavé avant de devenir plombier énergétique et son
obstacle lui avait fait vivre une aventure hors du commun : un jour d’infini
ras-le-bol, il avait d’abord été crier toute sa colère et son désespoir dans son
jardin en implorant le ciel. Avant de hurler plusieurs « au secours », dans un
état proche de celui de Maximus-Gladiator quand il découvre sa femme et
son fils assassinés dans leur propriété brûlée par le méchant empereur et ses
soldats. Vers 2 heures du matin cette nuit-là, il avait senti une présence.
L’atmosphère était à la fois étrange et bienfaisante. Il avait fini par s’asseoir
sur le bord de son lit, comme si une force mystérieuse l’avait poussé à le
faire, et c’est là qu’il l’avait vu pour la première fois. La pleine lune éclairait
l’invité surprise : un maître guérisseur. Il avait entendu l’appel désespéré et
s’il venait jusqu’à lui, c’était pour lui proposer un programme chargé pour ses
prochaines années : Pio allait devenir un grand guérisseur, parce que tel était
son destin. Il allait falloir travailler, beaucoup, énormément. Pendant quatre
ans, toutes les nuits, il venait « emmener » son élève, qui ni vu ni connu grâce
à « des sorties de son corps », au Tibet ou ailleurs, rencontrait d’autres
guérisseurs. Le maître ne le lâcha pas d’une semelle pendant tous ces 1 460
jours avant de le confier pour les huit années suivantes à un autre guérisseur
au Tibet, au fin fond de l’Himalaya, jusqu’où Pio avait fait le voyage.

Ce n’est pas tous les jours que la vie mettait des obstacles sur le chemin, ce
n’est pas souvent qu’on avait l’opportunité de rencontrer une telle destinée.
Madeleine Spirituelle savourait sa chance et son bien-être, en serrant très fort
la hache de Ganesh. Une indéfinissable envie de hacher menu son obstacle
l’avait saisie comme jamais. Elle voulait vivre aussi des aventures
incroyables et couper tout ce qui pouvait l’empêcher de le faire.

Résumé
Quand on surmonte un ou plusieurs obstacles, on lutte. Pour tenir
le coup, on dépense beaucoup d’énergie et souvent on se sent à
plat. Même si vous faites beaucoup d’efforts, que vous prenez sur
vous, vos batteries s’épuisent à force. Il est important de vous
écouter et de ressentir quand le niveau est trop bas et à quel
endroit. Et d’agir mentalement.
Exercice
Écrivez quelles sont les émotions qui aspirent vos énergies, plutôt
la colère, la tristesse, la peur… et de quelle manière. Cela va
vous aider à mieux comprendre comment vous vous « videz »,
donc comment vous pouvez à l’inverse vous remplir. C’est-à-dire
couper les pensées et comportements qui vous affaiblissent.
Fermez les yeux, visualisez la hache de Ganesh, et imaginez
même un plan de survie pour vous régénérer, écrivez-le comme
une ordonnance.
Coupez ces émotions qui vous entravent.
Couper les éléments perturbateurs
– Bonjour, Sébastio, c’est Ganesh qui m’a conseillé de vous appeler.
– Oui, je sais, j’attendais votre appel.
– OK… ha ha ha ! (Rires pour rester calme et centrée.)
–…
– Si je vous appelle, c’est que je n’arrive pas à m’en sortir. Tristesse infinie,
colère pour ne pas dire rage, me pompent toute mon énergie : sauvez-moi s’il
vous plaît Sébastio, Ô grand guérisseur.
– Oh la la la la la la !
–?!
– Vous avez des masques chez vous ?
– Oui, j’en ai plein, j’adore, et…
– Je n’y crois pas.
– Han… quoi ?
– Il va falloir me les montrer tous, en photo, je vais vous dire où sont les
esprits.
– OK… mais quel rapport entre celui qui est parti et les masques ?
– Il y a des esprits dedans. Pas dangereux, mais très négatifs. Il va falloir les
enterrer. Pas le choix.
– Alors Sébastio, il faut que je vous dise, je ne peux pas enterrer quiconque,
ni quoi que ce soit dans une ville ; la forêt la plus proche, c’est une forêt de
ville avec des caméras partout. Si on me voit avec une pelle, ça va mal finir
pour moi et côté obstacles… comment vous dire, ça suffit…
– OK, OK, alors il va falloir le jeter à la poubelle.
– J’ai aussi un problème de poubelle.
– Ah…
– Une vieille histoire municipale qui m’oblige à jeter mes sacs-poubelle dans
la poubelle des voisins et depuis quelques mois, il y a des gens qui crèvent les
sacs-poubelle et laisse le contenu à moitié par terre. Alors si mon masque se
retrouve par terre, il va se venger non ?
– Attendez… je vois comme on peut faire alors.
– J’ai une hache.
– Oui je sais.
– Comment savez-vous ?
–…
– Je peux le trancher en mille morceaux.
– Oui vous allez faire ça, mais après il faut que vous guettiez quand même le
camion poubelle et que vous vous jetiez dessus quand il passe pour jeter les
morceaux de masque.
– Me jeter sur le camion poubelle ?
–…
– Bon d’accord… mais quel masque ?
– Envoyez-moi les photos.
– Déjà fait.
– Je regarde… Oh la la la la la la la la la la !
– Quoiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ?
– Il y en a trois.
– Trois quoi ?
– Trois masques maléfiques.
– Pourtant ils sont là depuis longtemps et…
– Vous m’avez parlé d’obstacles ?
– Oui.
–…
– Oh mon Dieu Sébastio… OK, OK, je suis prête, je serai forte, dites-moi
lesquels.
– Le numéro 4.
– OK je m’en fous total de celui-là, je hache et je jette.
– Le 9.
– Pareil.
– Et le 12.
– Oh non, pas le 12 !
– C’est le pire, Madeleine Spirituelle. Le 12.
– Mais je l’aime tellement, tellement, tellement.
–…
– Je ne peux pas le garder quand même ? Et on lui dirait d’être plus gentil ?
Non je blague, mais une fois « nettoyé » ça serait…
– NON.
– Je suis hypertriste.
– C’est vous qui décidez, je ne peux rien vous imposer, juste vous conseiller.
– C’est encore un obstacle ?
–…
Deux jours plus tard…
– Vous me dites quand c’est fait, je dois faire une prière.
– Oui, mais je voulais savoir si vraiment il n’y avait pas moyen de le…
– Madeleine Spirituelle !
– Oui ?
– Non.
– C’est une vraie déchirure.
– Ça va aller.
– Oui mais quand même, c’est difficile.
– Je vous laisse réfléchir, OK ?
– Je suis désolée Sébastio, mais ça fait des années qu’il est là, et ce n’est pas
non plus dramatique… bon OK je radote, je sais. Je vais le faire.
Un jour plus tard…
– Je suis prête. Sûr alors qu’on ne peut pas négocier avec lui ?
– Vous avez haché les autres ?
– Oui. Je les ai abandonnés dans une petite rue.
– Parfait. Vous avez marché à reculons, pour ne pas leur tourner le dos ?
– Oui. J’ai ri aussi. En douce. Mais j’avais quand même l’air un peu ridicule.
– Il faut hacher celui-là, maintenant.
– Oh non… enfin si. OK, j’entends le camion poubelle au bout de la rue.
– Jetez-le et ne lui tournez pas le dos, OK ?
– Oui, mais là je pleure en fait.
– Allez go ! C’est très important.
– OK, OK.
– Quand c’est fini, envoyez un message.
– OK.
Madeleine Spirituelle avait jeté les morceaux de masque tout divinement
hachés, marché à reculons et pleuré en entendant le camion poubelle
écrabouiller les débris du masque. Elle s’était demandé ce qui serait arrivé si
elle avait quand même gardé le masque sans le dire à Sébastio. Mais elle
n’aurait jamais osé, trop la super trouille. Le lendemain dans la maison
flottait un air d’étrange sérénité.

Résumé
On entasse, on accumule… Trier, jeter, ranger est très important,
surtout quand on tourne des pages de sa vie. Pour y voir plus
clair, pour passer à l’étape d’après, cette phase est absolument
nécessaire. Ce qui est également très important c’est de nettoyer
les mauvaises ondes qui sont là et qui nous bloquent. Nous
avons tous des objets qui, avant de trouver leur place dans notre
intérieur, ont eu une histoire. Parfois ces histoires ne nous
appartiennent pas, peu importe lesquelles, ce qui compte c’est de
ne plus les garder chez soi. Exemple extrême, les malédictions
dans la vraie vie ou dans les films des objets trouvés dans les
tombeaux des pharaons qui portaient malheur à ceux qui les
avaient pris avec eux ; il y a de nombreuses histoires du même
genre à moindre échelle aujourd’hui encore.

Exercice
Écrivez votre inventaire : ce dont vous allez vous débarrasser et
pourquoi, ce qui n’a plus intérêt à être là parce que c’est trop lié à
un mauvais souvenir, ce qui doit disparaître à tout jamais parce
que vous ne voulez plus l’avoir sous les yeux et pourquoi, ce qui
vous semble émettre des ondes négatives… et coupez.
Fermez les yeux, visualisez la hache de Ganesh et mentalement
aussi pour décupler l’effet.

Couper la peur
C’était comme ce petit caillou dans la chaussure, qui empêche de marcher
tellement il fait mal. Celui-là griffait son cœur à chaque respiration. Non, elle
n’avait pas aspiré ce grain de sable un jour sur une plage, elle l’avait fabriqué
elle-même. Ganesh avait expliqué : s’il avait commencé par être grain, il était
devenu quasi-rocher. Sa taille était liée à ses peurs et plus elle avait peur, plus
il prenait du poids. Le dieu des obstacles savait comment lui redonner une
taille lilliputienne. Grâce à une simple manipulation secrète, il pouvait la
libérer de sa peur. Mais pour cela, il avait besoin que Madeleine Spirituelle
soit la grande chef des opérations. D’abord elle devait identifier sa peur, celle
qui était la plus ancrée et à la base de tout. Puis elle devait prendre la décision
de s’en libérer et la laisser aller à jamais.
Tout était encore et toujours une question de mental et d’état d’esprit.
Madeleine Spirituelle se rendait compte chaque fois un peu plus que la
solution était en elle et que surmonter les obstacles, c’était tellement dur mais
complètement possible aussi. En revanche, ce n’était pas facile d’identifier
cette peur. Normal, avait expliqué Ganesh, elle se cachait, accrochée comme
une moule à un rocher à ses pleins pouvoirs. Alfredo pourrait l’aider.

Il ne voyait pas avec ses yeux depuis qu’il était né, mais il sentait avec son
intuition surdéveloppée et il savait tout. Il n’avait cessé de faire remonter à la
surface ce que Madeleine Spirituelle savait très bien au fond d’elle-même, et
de mettre en lumière cette peur bleue qui s’était agrippée depuis l’enfance
pour de bonnes ou mauvaises raisons, peu importe. Étrangement, elle écoutait
Alfredo sans trouver ça incroyable, mais au contraire complètement normal.
Elle sentait surtout que le bon moment était venu. Elle était prête à lâcher, à
tourner la page, à hacher le gros caillou surtout. Ganesh laissait passer
quelques jours pour en être certain. Elle faisait déjà quelques pas en arrière.
Quand ça serait le moment, ça serait le moment. Et un matin, aux côtés
d’Alfredo, elle donna un grand coup sauvage avec la hache de Ganesh et fit
exploser le rocher. Il y aurait encore quelques jours des grains de rocher, mais
ils s’évacueraient doucement. Ganesh avait laissé une de ses cartes dans la
boîte aux lettres : « Ne dis pas à Ganesh quelle est la taille de tes peurs, dis
plutôt à tes peurs quelle est la taille de Ganesh. »

Résumé
Il y a quelque chose qui coince. C’est comme ces jours où on
avale une gélule par exemple avec trop peu d’eau. Elle reste
d’abord un peu bloquée dans la gorge avant de descendre plus
bas avec beaucoup de difficulté. Cette gêne, cette douleur fait
peur. Comme si c’était un caillou qui obstrue la respiration et
provoque beaucoup d’angoisse. On focalise et évidemment plus
on focalise, plus l’anxiété grandit à l’intérieur de soi.

Exercice
Décrivez à quoi ressemble le caillou bloqué dans votre gorge et
votre cœur qui fait si mal : sa taille, son aspect… Racontez les
émotions que renferme ce caillou. Fermez les yeux. Imaginez
votre liberté retrouvée s’il était pulvérisé.

Visualisez la hache de Ganesh et mentalement, de toutes vos


forces, faites le nécessaire pour couper cette peur qui vous
paralyse.
Écrivez ensuite votre soulagement et lisez à voix haute vos écrits
qui traduisent cette fluidité intérieure retrouvée.

Couper avec lui


La chamane était arrivée la veille des steppes de sa Mongolie natale.
Madeleine Spirituelle ne voulait pas manquer cette occasion unique de
rencontrer celle dont Ganesh lui avait tant parlé. Invitée à s’asseoir en face de
cette femme pas comme les autres, elle avait ressenti beaucoup de chaleur, au
moment où la femme lui avait directement posé sa main sur le cœur sans dire
un mot.
Et puis la chamane avait appuyé très profondément avec ses doigts au même
endroit. La douleur était telle que Madeleine Spirituelle avait failli tomber
dans les pommes. La traductrice annonçait la couleur : « Cœur, mal, très mal,
elle, chamane, réparer cœur, si toi tu veux. » Touchée en plein cœur donc,
voilà ce qui venait de se passer en direct live, sans qu’elle n’ait rien raconté,
pas une miette de son obstacle.
« Oui réparer mon cœur, oui, oui, oui », exprima Madeleine Spirituelle en
opinant du chef, entre deux reniflements, faisant ainsi signe à la traductrice de
lancer les opérations et de lui passer un mouchoir aussi. La chamane avait
encore quelque chose à dire : « Toi cœur pur, grand cœur, cœur fragile, ne
pas abîmer avec mauvaises pensées, laisser partir lui pour toujours, le laisser,
ne plus parler de lui, couper avec lui, tout couper les liens. » Cette femme
savait donc tout sans qu’on ne lui dise rien. Madeleine Spirituelle avait
montré sa hache, la chamane avait souri, signe d’un encouragement massif à
couper net, sec et pour toujours.
Puis elle s’était laissé faire, charmée par le son de la voix de la chamane et de
son tambour, puis nettoyée par un petit serpent en soie dorée avec des faux
airs de Persifleur (le célèbre assistant personnel du Prince Jean dans le dessin
animé Robin des Bois). La chamane le faisait tourner autour de son cœur
comme un lasso, puis en haut de sa tête. Pour finir ce drôle de rituel, elle
avait frappé très légèrement le haut de ses épaules avec l’animal comme pour
la bénir, murmurant des prières incompréhensibles qui avaient l’air quand
même plutôt sympas. Cette aventure était folle. Le retour dans le bus était un
lunaire retour à la réalité après cette échappée hors de tout. Elle touchait
l’endroit où la chamane avait appuyé si fort. Elle ne sentait plus rien.
Troublant. Elle appuyait le plus fort possible. Toujours rien. Dans son sac,
elle avait trouvé un serpent en soie vert émeraude. Elle avait pris une grande
respiration et s’était sentie presque aussi légère qu’une plume.

Résumé
Dans votre cœur il y a un gros nœud que vous pensez ne jamais
réussir à défaire. Un peu comme celui des cordons de sweat-
shirts passés à la machine durcis par la lessive et l’eau. La
douleur est intense, c’est surtout ça qu’il faut à tout prix résoudre
comme problème. Alléger ce poids trop lourd pour mieux respirer
et voir les choses de manière plus légère.

Exercice
Décrivez à quoi ressemble ce nœud, racontez le mal qu’il vous
fait, qu’est-ce qui a fait qu’il soit si serré, par exemple l’obstacle
en lui-même ou ses effets secondaires.
Racontez toutes les tentatives pour l’assouplir, les moyens pour
libérer toute cette tension intérieure.
Fermez les yeux, visualisez la hache de Ganesh, coupez ce
nœud, et hachez le menu.

Couper la pollution intérieure


Madeleine Spirituelle sentait bien que ses croyances dites « limitantes » et ses
pensées négatives étaient très ancrées, contrairement à elle. Elles tournaient
en boucle sur un peu tous les sujets. Pour s’en libérer, elle aurait pu aller
hurler toute sa négativité sur une plage, mais encore fallait-il en trouver une :
Paris n’était pas Los Angeles, ce qu’elle regrettait d’ailleurs souvent, et en
particulier dans la file d’attente du bureau de poste de sa ville, aussi
ensoleillée que Douarnenez en janvier.
« Il pleut, il mouille c’est la fête à la grenouille » : Ganesh fredonnait cette
chanson depuis la veille, ce qui évidemment l’avait interpellée, elle qui était
plus habituée aux chants sacrés du dieu des obstacles. Entre les grenouilles et
elle, il n’y avait pas d’histoire particulière, en manger une, du moins sa
cuisse, n’était pas imaginable du point de vue de son palais. En embrasser
une pour qu’elle se transforme en prince, non, non et non, même si le
batracien devenait Bradley Cooper et faisait d’elle une star. Elle se sentait
envahie d’une immense rancœur dans « sa tour prends garde ».
Ganesh voulait lui parler d’une grenouille pas comme les autres : la
grenouille kambo. Cette créature géante et vert fluo de la jungle amazonienne
sécrétait sur son dos une substance pour se débarrasser du panema (nom
donné aux choses négatives). Ce poison guérisseur était raclé sans lui faire de
mal, disait-on, puis déposé sur des petites baguettes en bois, comme des
bâtonnets d’encens brûlants. Alors le poison était infusé dans le corps par des
petits trous comme des points d’acupuncture. Ensuite on était très malade,
comme si on faisait sortir tout le mal à l’intérieur de son corps. Puis on était
au top du top. Elle n’était pas prête à accueillir pleinement ce jus de
grenouille salvateur et vivre cette expérience extrême. Mais le message était
passé. Au moins elle savait que c’était possible. Au moins elle pouvait
décider de le faire. Madeleine Spirituelle avait saisi sans plus attendre la
hache et tranché quelques-unes de ses pensées vénéneuses. Elle continuait sur
la bonne voie, Ganesh veillait au grain et l’encourageait à chaque instant.

Résumé
C’est comme si vous étiez dans un manège qui tournerait trop
vite sans s’arrêter : vous avez mal au cœur (sauf si vous êtes
astronaute). Évacuer au plus vite votre pollution intérieure est à
inscrire sur votre to do list sans plus attendre. Celle que vous
avez créée vous-même à force de broyer du noir. C’est normal,
pas de culpabilité et la bonne nouvelle c’est que tout est
possible : s’en rendre compte et faire revenir l’air pur.
Exercice
Dessinez-vous très simplement avec un rond pour la tête, un
ovale pour le corps et des traits pour le corps, en grand au milieu
d’une page. Écrivez dans les cercles tout ce qui vous pollue, du
matin au soir, la nuit aussi.
Fermez les yeux, imaginez que vous avez la hache de Ganesh
entre les mains, coupez toutes ces énergies polluantes.

Couper l’autosabotage
Si elle avait pris rendez-vous avec une dermatologue, c’était pour arrêter sa
chute de cheveux dite « de mammouth », synonyme de niveau catastrophique
de désertification de sa fibre capillaire.
Elle était consciente que son dernier choc émotionnel faisait des ravages et il
devenait urgent de trouver une solution. Le docteur avait confirmé en effet
immédiatement le désastre avec un « Ah oui ! et comment ! Vous les perdez
mais GRAVE ! ».
Avant de la gaver de gélules, le docteur lui avait prescrit des analyses– fer,
vitamine D et thyroïde – et proposé un traitement de cheval post-
connaissance des résultats.
– Bon, je vous appelle vite fait entre deux rendez-vous : le fer OK, la
vitamine D OK, mais bon une ampoule ça ne fera pas de mal, en revanche la
thyroïde c’est la cata, un peu comme si vous étiez en train de vous
autodétruire.
– Moi ?
– On va surveiller, peut-être que ce n’est rien. Attendez, oups, pardon, je
vous rappelle, OK, à tout à l’heure.
C’est à ce moment-là qu’elle partait en métro pour un rendez-vous à l’autre
bout de la ville pour parler de bonheur ensoleillé, thème de sa prochaine
conférence dans une grande entreprise. C’est là qu’elle avait fait ce qu’il ne
fallait jamais faire : regarder sur internet à quoi correspondaient ces taux
pourris de thyroïde. Bilan de ses recherches : fin de vie, en gros. Dans le
wagon du métro, Madeleine Spirituelle avait vu sa vie défiler depuis le début
et avait pris la décision que ses cendres seraient jetées au milieu des
dauphins. Elle s’était aussi juré de ne plus jamais créer de conflit avec ses
petits sur des problématiques de cahiers oubliés à l’école justement le jour de
révision d’un devoir… parce qu’il y avait bien plus grave dans la vie.
Elle partait en sucette, alors Ganesh lui avait envoyé un signe pour arrêter
immédiatement ce délire en cours et lui rappeler qu’elle avait entre les mains
un outil puissant pour trancher dans le vif de ce grand n’importe quoi
émotionnel.
Entre deux stations, dans un couloir, une dame jouait de la musique. Pas
n’importe quel air. Un morceau de Bach revisité par un groupe allemand,
Sweetbox dans leur chanson Everything Gonna Be Alright. Elle la connaissait
par cœur, ce moment était dingue, le clin d’œil hallucinant. Pas de doute,
Ganesh était à ses côtés et elle était arrivée à son rendez-vous quasi
frétillante. Restait à attendre les prochains examens, mais elle remballait ses
idées de fin de vie tragique. Le docteur la rappelait pour lui dire qu’il n’y
avait en fait rien de dramatique. À ce moment-là, c’est comme si elle avait
senti la hache de Ganesh sur son épaule. Ou alors c’était une impression.

Résumé
Évidemment, c’est le grand chambardement émotionnel et donc
forcément tout est exacerbé. Dans ces moments-là, on a
beaucoup de mal à prendre du recul et à réaliser parfois à quel
point on va créer dans sa tête des scénarios catastrophes à la
vitesse de la lumière. Normal mais toxique. Donc on se calme, on
revient sur terre et ça va aller.

Exercice
Faites deux colonnes. Dans la première, écrivez un moment où
votre mental a pris tout le pouvoir et vous a embarqué dans une
folle aventure pleine de pensées négatives complètement folles.
Pas de limites, dites tout.
Avant d’écrire dans la seconde, vous allez fermer les yeux,
visualiser votre endroit merveilleux, là où vous vous sentez le
mieux. Une fois que vous y êtes, la hache de Ganesh dans vos
mains, coupez cette pollution intérieure et réécrivez le même
moment avec beaucoup plus de sagesse.

Couper les mauvaises vibrations


Ça faisait longtemps que Madeleine Spirituelle entendait parler de bols
tibétains, de bains de gong et d’une manière plus générale, de soins par le son
et par les vibrations. Cette idée lui plaisait, mais il y avait bol et bol : tout et
n’importe quoi. Elle attendait le bon moment, voilà qui était une sage idée
plutôt que de tout précipiter. Ganesh avait dans ses tablettes un des meilleurs
spécialistes : Jo. Dans sa vie d’autrefois, Jo était agent de stars de cinéma. Il
disait avec un sourire en coin : « Je les ai tous connus. » Coup de bol, il avait
arrêté son métier en pleine gloire, bien avant que son téléphone fixe ne sonne
plus. L’appel du gong avait été plus fort.
Depuis toutes ces années, il avait une collection impressionnante de bols :
Japon, Inde, Chine, des gros, des petits, des rares… Il y en avait un que
Madeleine Spirituelle avait repéré au premier coup d’œil sans savoir son
nom : l’Ocean Drum, en VF le « tambour de l’océan ». Son côté surfeuse
qu’elle n’était pas, mais qui l’avait toujours attirée. Si ça se trouve, elle avait
été sirène dans une autre vie. Une chose était certaine : le son de ce tambour,
imitant le ressac de la mer puis de la pluie tropicale sur les vagues, lui faisait
un bien fou. Madeleine Spirituelle avait exposé brièvement à Jo les obstacles
qui lui avaient coupé les nageoires depuis quelque temps, mais Jo n’avait pas
besoin d’explications. Non pas que Ganesh lui eût fait une fiche, mais il
recevait des informations précises de là-haut et c’est ainsi qu’il choisissait les
bols les plus adaptés et les plus efficaces.
« Encore un truc à la mode », aurait pu lui dire la boulangère. Mais soigner
avec le son datait au moins des Grecs, si ce n’est avant. Des siècles plus tard
et une heure après le concert de Jo, Madeleine Spirituelle avait cette nette
impression de voler, les pieds pourtant bien sur terre.

Résumé
La musique adoucit les mœurs, celle des bols guérit. Explication
scientifique rapide, le son des bols se mesure en hertz. Il va
permettre au mental de se relâcher et à vos tensions physiques
de s’apaiser. Il va aussi réguler vos émotions négatives comme le
stress, l’angoisse, la colère, la tristesse… Et donc apporter
beaucoup d’énergie positive.

Exercice
Cherchez sur internet la musique des bols tibétains ou des bols
en cristal. Écrivez avant d’écouter quelles sont vos émotions,
reliez-les si ça vous aide à des moments. Puis écoutez. Racontez
quel effet ce son a sur vous, s’il les apaise ou déclenche d’autres
émotions.

Couper la colère
Quand Ganesh lui avait proposé de rencontrer Odila pour une lecture
akashique, Madeleine Spirituelle avait sauté sur cette nouvelle occasion.
Odila savait lire dans les archives des âmes : telle une bibliothécaire, elle
ouvrait des dossiers pour comprendre leurs voyages depuis leur conception.
« Ces informations sont le savoir présent et passé de toute chose », avait-elle
expliqué depuis son cabinet à l’autre bout du monde, là où le WiFi est encore
vivant.
Ce rendez-vous allait être une expérience encore incroyable mais vraie, là-
dessus Madeleine Spirituelle n’avait aucun doute. Elle y voyait surtout un
moyen de résoudre les défis de la vie courante et une occasion en or de
ramener son attention et son énergie au moment présent. Augmenter sa
compréhension pour remplir sa mission de vie : ce n’est pas Socrate qui
aurait dit le contraire avec son « connais-toi, toi-même ». Avant le rendez-
vous, Madeleine Spirituelle avait secrètement et dûment rempli le
« consentement à la consultation des archives akashiques ». Elle repensait à
ce grand moment de solitude dans l’entreprise, quand ce genre de feuille
confidentielle se retrouve en bourrage papier dans la photocopieuse,
nécessitant l’intervention d’un spécialiste qui en profite pour jeter un œil au
contenu ou pire encore, l’oubli de la feuille dans l’imprimante de l’open
space. Avec une imprimante personnelle, les risques étaient divisés par
beaucoup. Odila avait annoncé la couleur : « Je vais faire une prière pour
demander officiellement l’autorisation de l’ouverture de vos archives, puis je
vous transmettrai les messages que je reçois. » Madeleine Spirituelle vivait ce
moment d’une autre dimension en trépignant, comme le font tous ceux qui
attendent une révélation importante. C’était comme si des roulements de
tambours résonnaient dans sa tête avant le fameux coup de cymbale final
révélateur. La lecture akashique avait mis le doigt sur de nombreux sujets,
mais surtout un dont Madeleine Spirituelle était consciente mais face auquel
elle était désarmée : la colère. Pas la petite colère, celle causée par exemple
par ce moment où le lave-linge tombe en panne juste avant l’essorage. Non.
LA colère, aussi puissante et profonde qu’un volcan qui gronde et commence
à projeter à tout va des morceaux de lave brûlants.
Odila l’invita à la disséquer, dans les moindres détails, comme quand elle
tranchait des grenouilles avant d’en mettre un morceau sous microscope avec
Mme L. en 4e B. Cette colère était là depuis longtemps, pour ne pas dire une
éternité, d’autres étaient venues s’empiler par-dessus, les derniers événements
en avaient ajouté une quintuple couche. Même si c’était violent, il fallait
regarder en face ces colères et les inviter à aller voir ailleurs si Madeleine
Spirituelle y était. La lecture avait révélé d’autres traumatismes de son âme
ainsi que de belles choses enfouies ou un peu laissées pour compte.
L’important pour cette première lecture était de se concentrer sur la colère.
Celle qui lui avait brûlé les ailes et la détruisait à petit feu à l’intérieur.
Odila lui avait demandé de réciter une prière pendant trente-deux jours
consécutifs, une ou plusieurs fois par jour et surtout dès que Dame Colère
s’incrustait. Et de la recontacter si et seulement si elle avait respecté la
consigne. Un seul jour d’oubli et c’était cuit. Elle faisait des croix à l’encre
rouge sur le calendrier que le facteur lui avait offert début octobre, pour la
nouvelle année, contre un don de 20 euros.

Le bilan était mitigé : si elle était moins forte le jour, la colère avait décidé de
prolonger son séjour la nuit, transformant le lit de Madeleine Spirituelle en
trampoline. Autre dommage collatéral : la naissance de poches bouffies sous
ses yeux. Cet air de femme au bout de sa vie commençait vraiment à lui
courir sur le haricot. Si dans sa vie avant obstacles, chaque bruit dans la
maison la nuit pouvait la tétaniser, elle savait reconnaître le bruit ami, celui
des poils de la trompe de Ganesh qui aspirait les miettes de modak, le gâteau
préféré du dieu des obstacles à base de haricot mungo. Et puis la hache
veillait sur elle, alors il n’y avait pas de raison qu’elle ne réussisse pas à
trancher cette colère en plusieurs petits morceaux et à être enfin libre et
libérée.

Résumé
Votre colère est légitime. Elle fait des ravages en prenant
beaucoup de place dans votre tête, votre cœur ou votre ventre.
La colère peut être aussi bénéfique qu’un réveil après de longs
mois en mode « anesthésie ». Quoi qu’il en soit, il faut l’évacuer
pour aller mieux. Mais comme dirait le Dalaï-Lama : « Nous ne
pouvons vaincre la colère et la haine simplement en les
supprimant, nous devons ardemment cultiver les antidotes : la
patience et la tolérance. »

Exercice
Écrivez toute votre colère. Toutes les raisons. Racontez depuis
quand elle gronde, à quels moments elle n’en peut plus de rester
enfermée à l’intérieur de vous alors que vous vous sentez comme
une Cocotte-Minute ; racontez aussi cet instant où elle est sortie
tout à coup, depuis quand elle ne demande qu’à s’exprimer alors
que vous la retenez… Expliquez comment vous faites pour la
laisser s’évacuer, quels sont vos moyens à vous pour la laisser
aller. Puis hurlez dans un coussin ou un oreiller. Même si ça fait
un peu mal à la gorge. Laissez-la sortir.

Couper les pensées toxiques


Ganesh, débordé ces derniers temps, ne lâchait pas pour autant Madeleine
Spirituelle, mais lui avait envoyé ce jour-là un de ses émissaires. Carlo-
Hadriano devait son prénom à un choix impossible de ses parents le jour de
sa naissance. « Pile ou face ! » avait lancé le père pour trancher le sujet une
bonne fois pour toutes. Mais la pièce avait roulé avant de se coincer dans le
trou de la douche de la clinique. Ainsi commença la vie de Carlo-Hadriano
qui laissait présager quelques grains de sable dans les siphons de sa vie. Ce
furent un paquet de rochers tellement gros que même Sisyphe aurait préféré
laisser tomber l’affaire.
Le dieu des obstacles avait pris le dossier en mains et sorti Carlo-Hadriano de
là, lentement mais sûrement. L’homme était fasciné par l’aura. Surtout, il
savait soigner cette aura grâce à une caméra dont il avait fait l’acquisition et
qui comme un scanner révélait les troubles émotionnels et les rééquilibrait
grâce à des vibrations. Carlo-Hadriano s’occupait de reboucher aussi les trous
annonciateurs de problèmes de santé avec ses secrets et sa machine. Et
rééquilibrait les chakras au passage, clé de tout.
Sympa, Ganesh avait provoqué une rencontre entre lui et Madeleine
Spirituelle, permettant ainsi à sa protégée de pouvoir remonter en première
place sur la liste d’attente de six mois et demi. On est dieu des obstacles ou
on ne l’est pas. Ce que cette caméra allait surtout lui prouver, c’était sa
dépendance aux émotions. Elle voulait changer d’attitude, de comportement,
de fonctionnement, mais sans s’en rendre compte, elle était devenue accro à
la tristesse. Son cerveau s’était habitué aux hormones tristes, alors pour avoir
sa dose, elle ne cessait de recréer des ambiances à connotations dramatiques.
Carlo-Hadriano avait des chiffres fous à partager, qui résumaient très bien les
choses : 60 000 pensées par jour, 80 % d’entre elles sont les mêmes que la
veille et chaque jour nous avons 5 % de chance de changer les choses. Parfois
indiquait-il, il fallait dans sa vie un choc violent pour activer cet infime
pourcentage. Ceci expliquait donc cela ?

Madeleine Spirituelle voulait saisir sa chance, poussée par Ganesh. Le


chemin allait encore être long, elle était en train de se demander si elle
n’allait pas se faire tatouer cette citation sur l’avant-bras : « Chaque moment
contient un potentiel de changement infini. » Avant de se rappeler qu’à la vue
d’une aiguille, elle pouvait mourir.

Résumé
C’est terrifiant à quel point vous vous intoxiquez avec vos
pensées négatives, non ? La bonne nouvelle, c’est que vous avez
le pouvoir de vous en rendre compte. D’abord de les observer
avant de rectifier le tir. Bien sûr que vous pouvez le faire. Les
exercices d’écriture vont vous y aider parce que vous aurez sous
les yeux du concret vs ce qui tourne en boucle dans votre tête.

Exercice
Faites deux colonnes. Dans la première, écrivez vos pensées
négatives dès qu’elles viennent. Toutes sans censure aucune
pendant trois jours. Puis relisez et dans une seconde colonne,
rayez celles dont vous ne voulez plus. Refaites l’exercice trois
jours plus tard. Observez celles qui ont disparu, les plus tenaces.
Continuez jusqu’à ce que votre liste diminue. Ne lâchez rien.

Couper le désordre émotionnel


Même si elle faisait des efforts surhumains pour coller au plus près aux sages
conseils de Ganesh, Madeleine Spirituelle se rendait compte que ses émotions
étaient très exacerbées pour un oui ou pour un non. Deux événements sans
aucune importance et sans rapport avec elle avaient jeté le trouble le même
jour. Le premier, son frigo. L’appareil avait sa place dans la cuisine depuis le
premier jour du déménagement, vingt ans plus tôt. Madeleine Spirituelle
n’avait pas le compas dans l’œil, mais elle rêvait d’un frigo dit
« américain » : même s’il était bien trop gros, elle trouvait qu’Antoine de
Saint-Exupéry avait bien raison : « Fais de ta vie un rêve, et d’un rêve une
réalité. » Ce frigo, elle l’aimait et elle en avait toujours pris soin. Les signes
d’une fin de vie potentielle de l’appareil l’avaient plongée dans un état de
désespoir intense et complètement démesuré. D’abord parce que ça
commençait à faire beaucoup en termes d’abandon et puis plus basiquement
les frais engendrés par sa fin de vie (évacuation et nouvel appareil) étaient
bien au-delà de ce que son banquier aurait pu encore comprendre. Ses prières
eurent raison de l’agonie du frigo ce jour-là, qui comme par miracle reprit sa
ventilation intérieure. Et puis, dans l’après-midi, le départ en vacances
scolaires d’un bus devant le bureau de Poste l’avait tout autant bouleversée.
Ce n’étaient pas ses enfants, leurs parents étaient de parfaits inconnus. C’est
pourtant le cœur brisé qu’elle assistait aux au revoir en épongeant les larmes
qui roulaient sur ses joues fatiguées, malgré sa nouvelle crème de jour à
l’huile essentielle de ciste ladanifère, destinée à raffermir son épiderme et à
l’apaiser. Le soir même, consciente que son équilibre émotionnel partait en
banane, elle demandait sans plus attendre de l’aide à Ganesh pour arrêter
cette spirale infernale. Le dieu des obstacles l’avait invitée à entreprendre un
nettoyage énergétique à tous les niveaux : le corps, l’aura, les chakras…
Ganesh avait insisté une nouvelle fois sur les effets positifs et bénéfiques de
la hache destinée à couper ce trop-plein d’émotions négatives.
Il lui conseillait de prendre un grand bain avec du sel d’Epsom dedans,
reconnu pour ses effets purificateurs. Le gros sel pouvait aussi faire l’affaire ;
ça tombait à pic, Madeleine Spirituelle en avait un gros stock, depuis qu’elle
avait décidé pour une raison indéterminée de ne plus jamais saler l’eau des
pâtes. Elle fila dans sa baignoire oublier sa peine, avant de se coucher sur les
coups de 20 h 42. Le lendemain matin, elle trouva sur le tapis de bain des
instructions de Ganesh : en plaçant une pincée de gros sel dans chaque coin
de sa maison, elle éloignait les mauvaises énergies. Il fallait chaque semaine
enlever le vieux gros sel et mettre du tout neuf. Seule contrainte à respecter,
mais ce n’était pas non plus le Pérou.
Autre idée soufflée par Ganesh : la sauge. Madeleine Spirituelle connaissait
surtout la sauge version feuille coincée dans l’escalope de veau : la fameuse
saltimbocca italienne. La première fois qu’elle avait compris que la sauge
avait une double vie, c’était lors d’une expérience dite chamanique, quand
Carolina avait « saugé » le lieu ainsi que tous les participants, avant d’appeler
les esprits des ancêtres. L’objectif était simple : purifier avec la fumée de la
sauge. Il était très important, avait insisté Ganesh, de procéder régulièrement
à la purification de son doux logis, d’autant plus avec toutes les émotions
dans tous les sens des derniers mois. Purifier sa vie, son logis, soi-même et sa
propre histoire. « Une efficacité quatre en un », aurait juré un roi du
marketing. Le dieu des obstacles lui avait donné un cours express de
smudging : la Salvia savatrix existait depuis l’Antiquité environ et cette
plante qui sauve et qui guérit se trouvait facilement même si on ne
connaissait aucun chaman.
Il y en avait trois sortes : la sauge rouge sang de dragon, très puissante, qui
pouvait même repousser les fantômes et autres esprits, la sauge blanche,
puissante, et la sauge bleue, puissante aussi mais un cran en dessous. Plus on
y ajoutait une intention, plus la purification était importante : « C’est comme
pour tout », avait ajouté Ganesh. Madeleine Spirituelle avait acquis d’office
les trois variétés, en privilégiant nettement l’utilisation de la première. Tant
qu’à sentir le pot-au-feu dans toute sa maison – c’est ainsi que ses narines
analysaient l’odeur post-smudging –, autant déployer les grands moyens et
utiliser la puissance maximale. L’idée du dragon lui plaisait aussi beaucoup,
l’image de la bête en furie détruisant les obstacles de sa vie la remplissait de
joie. C’était une plante, ce sang de dragon ? Et alors ? Elle n’était pas une
chevalière non plus. Dans cette vie, en tout cas. Mais elle avait une sacrée
hache.

Résumé
Votre mental est votre pire ennemi, il n’aura de cesse de vous
faire voir des choses de travers, sous leur angle le plus négatif.
Difficile de le dompter et de prendre le dessus ? Tout dépend si
vous prenez le pouvoir, et vous en avez les capacités. Il existe de
multiples moyens d’y arriver ; commencez par appliquer les
conseils de Ganesh. Faites-le en conscience, c’est-à-dire avec la
ferme intention de purifier tout ce désordre émotionnel.

Exercice
Écrivez vos coups de grisou même s’ils vous paraissent
lamentables ou anecdotiques. D’abord pour faire un état des lieux
émotionnel et ensuite pour adopter les mesures nécessaires.
Prenez un bain salé, désinfectez/purifiez avec de la sauge votre
doux logis autant que vous. Respirez, inspirez et décrivez
comment vous vous sentez.

Continuer de couper

Les deux derniers exercices s’accompagnent d’exercices de visualisation. Pas


de panique, tout le monde peut les faire, surtout vous qui avez depuis le début
de votre lecture fait marcher votre imagination.

Couper les états d’âme


Madeleine Spirituelle avait sauté sur l’occasion quand Ganesh, l’Indien des
Indes, lui avait proposé de fumer le calumet des Indiens d’Amérique, à Paris,
France. Ce qui l’avait séduite, c’était l’idée de pouvoir envoyer avec la fumée
du calumet ses prières tout là-haut et de retrouver la paix intérieure. Maximo
avait expliqué au cours d’un entretien téléphonique destiné à vérifier ses
véritables motivations que cette cérémonie allait l’aider à reconnaître sa
partie féminine et masculine. À dire vrai, Madeleine Spirituelle sentait bien
que c’était le chaos le plus total sur ce sujet et que son rejet de l’homme y
avait sans doute fortement contribué. Elle n’osait pas partager son analyse
caricaturale avec ce sage français à qui on avait transmis cette médecine
ancestrale au plus haut niveau. Maximo avait insisté sur le fait que chacun
repartirait après cette incroyable expérience avec un cœur plus ouvert, plus
serein et délesté de ses peurs. Un programme qui tombait à pic. Deux jours
avant le jour J, Maximo avait envoyé à chacun des participants quelques
instructions dont un chant à répéter en hommage au buffle roux. Les grands
esprits contactés par le calumet aideraient sûrement Madeleine Spirituelle à y
voir plus clair. Elle comptait sur eux. Dans le wagon de métro plus rempli
qu’une boîte à sardines portugaises, future Indienne dans la ville, elle se
mettait en condition, malgré l’odeur de vieux bouc qui s’échappait du bras
levé de l’homme devant elle. Les obstacles n’avaient pas allégé son
intolérance aux cochons. Maximo accueillit chaque participante avec un large
sourire avant de leur proposer de s’installer en cercle. Toutes avaient l’air
d’être des habituées et de connaître les codes de cette réunion très différente
de celles que Madeleine Spirituelle cumulait autrefois quand elle fréquentait
le monde merveilleux des open spaces et des machines à café. Le moment du
« smudging était venu. Maximo diffusait la fumée de la sauge à l’aide d’une
plume de condor, à moins que ça soit celle d’un pigeon géant, mystère et
boule de gomme sur ce point. À la fois pour purifier la pièce et ses
occupantes et faire plaisir au Grand Mystère, qui resta d’ailleurs mystérieux
pour Madeleine Spirituelle jusqu’à la fin de la cérémonie.
Dans un brouillard bienfaisant, chacune commençait à confier ses états d’âme
en regardant un bâton de parole : un morceau de bois divin habillé de fils de
laine colorés et de plumes. Puisqu’on le lui proposait, Madeleine Spirituelle
passa son tour et garda la liste de ses obstacles pour elle et pour le calumet.
Trois tours de prise parole plus tard, Maximo glissait du tabac dans cette
longue pipe qu’était le calumet. Après avoir quasiment vidé la boîte
d’allumettes, il avala quelques bouffées et déclara la cérémonie terminée.
Peut-être que les esprits avaient donné des instructions particulières,
Madeleine Spirituelle qui aurait tant voulu jouer aux cow-boys et aux
Indiens. Mais elle avait pu quand même profiter de ce moment inédit pour
libérer quelques pensées pénibles en silence. Cette expérience lui avait fait
prendre conscience qu’une de ses obsessions était de toujours chercher à tout
analyser, tout maîtriser. C’était ce que Ganesh voulait lui faire comprendre.
Le soir venu, avec sa hache préférée, elle donna de grands coups à ses
ruminations qu’elle avait écrites sur plusieurs feuilles de papier et se réjouit
de pouvoir avoir la chance de vivre toutes ses expériences.

Exercices
Visualisation : fermez les yeux et imaginez que vous êtes dans
une réserve indienne au cœur de l’Amérique. Joe Dassin l’a dit :
« L’Amérique, je veux l’avoir et je l’aurai », donc vous allez y
arriver aussi. Imaginez la cérémonie du calumet, menée par le
grand chef indien à laquelle vous êtes invité.

Écriture : écrivez en premier la joie d’avoir réussi à vous téléporter


mentalement, racontez la scène comme si vous y étiez, puis
exprimez vos ruminations avant/après/pendant. Racontez celles
que vous avez coupés.

Couper les douleurs du passé


– Vous avez un glaive planté dans le cœur ?
– Comme celui d’Excalibur ?
– Peut-être ! Mais je vois aussi un javelot, des fléchettes aussi.
– Ça fait beaucoup, quand même !
– Votre cœur ressemble à une passoire et… je pense que dans une autre vie,
vous étiez dans un cirque, que votre époux était un lanceur de couteaux. Un
jour il a manqué sa cible, à moins qu’il l’ait atteinte… Le couteau a
transpercé votre cœur.
–!

Silvia, thérapeute depuis vingt ans, était formelle : « Au fil de nos


réincarnations, notre corps garde la trace des armes et des objets qui ont été à
l’origine de notre mort physique ou qui nous ont blessés dans nos vies
antérieures. » Madeleine Spirituelle était prête à tout entendre et comprendre,
pour apaiser son état global : physique, spirituel et émotionnel. Peut-être
qu’avant, elle avait été une femme-tranche de bœuf transpercée au Moyen
Âge par des crochets pointus comme chez le boucher ou une femme-crêpe
aplatie par les roues d’une diligence. Déprogrammer ses mémoires karmiques
de son corps : le programme était alléchant. Cette aventure spirituelle
nettoyante ne pouvait que l’aider à effacer ses stigmates. Pourquoi vos plaies
n’ont-elles pas le droit de cicatriser ? C’est exactement ce qu’il y avait écrit
sur la carte tirée le matin même de son tarot indien de la sagesse. Paul Éluard
devait être dans le coup : « Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-
vous. » Madeleine Spirituelle avait glissé la hache dans son dos, sous son tee-
shirt, ni vu ni connu. L’excitation du soin libérateur à venir lui avait fait
oublier que, côté objets contondants, Silvia en connaissait un rayon. Elle
avait le nécessaire pour que toutes les plaies d’antan soient cicatrisées.

Exercices
Visualisation : fermez les yeux et imaginez que vous faites partie
d’une compagnie de cirque. Le numéro du lanceur de couteaux
va commencer, vous êtes la cible, et un des couteaux vous
touche en plein cœur. Touchez votre cœur en même temps que
vous faites la visualisation. Cherchez la zone ou le point où vous
avez le plus mal. Respirez, inspirez. Allez plus loin encore dans
l’exercice mental, imaginez que vous retirez délicatement la
pointe ou le couteau tout entier.

Écriture : commencez par raconter la scène que vous avez réussi


à créer, mettez beaucoup de féerie dans votre récit. Écrivez
ensuite le moment où le couteau a atteint votre cœur, le mal
physique et mental. Puis exprimez ce que vous avez ressenti au
moment où vous étiez en train d’enlever le couteau, par exemple
cette sensation de libération, d’infinie douleur, ou les deux.
Faire un bilan après coupe

Il était temps de rendre à Ganesh sa hache. Madeleine Spirituelle avait coupé


tout ce qu’elle avait pu. Elle n’aurait jamais pensé être si émue en rendant cet
objet à son propriétaire.
Si, guidée par Ganesh, elle expérimentait un maximum de choses, elle lisait
aussi, observait beaucoup, recherchait des centaines d’informations sur ce
nouveau monde qui s’offrait à elle et dont elle mesurait les effets bénéfiques.
Elle s’amusait parfois toute seule en imaginant la brigade de surveillance de
Google analysant ses recherches multiples et les nœuds au cerveau qu’elle
pouvait provoquer aux publicitaires chargés de détecter ses centres d’intérêt
pour mieux la matraquer. Sa vie devait continuer, en acceptant autant les
hauts, les bas et les milieux, ponctués de soins énergétiques pour l’aider à
remonter la pente savonneuse sur laquelle ses obstacles l’avaient envoyée.
Son nouveau quotidien avait un champ des possibles gigantesque mais il lui
fallait encore et encore travailler pour changer de point de vue, réaffermir ses
bases et être au clair sur ce qu’elle voulait et ce qu’elle ne voulait plus jamais
dans sa vie.
Dans les moments les plus durs, elle s’en remettait sans chichi à Ganesh, qui
lui soufflait avec sa trompe : « Détache-toi, c’est un passage, toute expérience
fait grandir. Le destin et la suite appartiennent à ton pardon et à l’acceptation
de la situation. Garde les bons souvenirs, souris, passe à autre chose, pour
changer tes vibrations. Tu as la clé et doucement tu vas ouvrir une nouvelle
porte. » Google avait saisi à cet instant qu’elle voulait peut-être changer sa
porte d’entrée et lui proposa différents modèles, alors qu’elle cherchait à quoi
pouvait bien correspondre le trou de ver, un raccourci à travers l’espace-
temps. Madeleine Spirituelle faisait sa révolution intérieure, ses efforts
commençaient à payer. Lentement mais sûrement. Pas tout le temps, mais de
plus en plus souvent. Mais ce qui comptait, c’était qu’elle voyait bien plus et
au-delà de la beauté magique de Ganesh. Elle comprenait que ce qu’elle
voyait d’un autre œil était surtout un immense pas de franchi. Ça voulait dire
qu’elle avait pris de la hauteur, qu’elle pouvait appréhender les choses de sa
vie autrement, que sa conscience avait bondi de plusieurs mètres, que son
éveil spirituel était en cours.
« Concentre-toi sur l’issue, pas sur l’obstacle » : les mots de Ganesh
résonnaient en elle-même les jours où elle se sentait plus épave que yacht.

Exercice d’écriture
Faites le bilan de vos émotions négatives après coupe, soit en
écrivant un texte soit en listant vos émotions en indiquant « – 1 »
ou « – 10 » en fonction de votre avancée émotionnelle. Évaluez
également votre niveau de concentration entre l’issue et
l’obstacle, en tenant par exemple un petit carnet de bord sur trois
journées.

Étape 2 : digérer avec le ventre de Ganesh

Côté digestion c’était la bérézina. Digérer ses pensées en boucle était un


challenge ces derniers temps pour Madeleine Spirituelle, un peu comme
éliminer une méduse crue à l’aïoli arrosée d’un chocolat chaud, un jour de
canicule.
« L’amour, l’amour, l’amour… », chantait Mouloudji, mais vous, vous
n’avez qu’une certitude… ajouter au plus vite devant ou derrière deux mots
boucliers : « plus jamais ».
C’est complètement normal, c’est le chaos dans votre cœur dévasté.
En même temps, vous n’avez pas la tête à ça, mais vous ne pensez
secrètement qu’à ça. Vous n’y croyez plus, mais vous voudriez tellement y
croire quand même. Vous pensez entrer au couvent, mais collectionner les
aventures sans lendemain pourrait aussi être votre objectif.
Les exercices qui vont suivre vont justement vous permettre d’évaluer où
vous en êtes par rapport à votre digestion des événements passés et quel est le
degré d’ouverture de votre cœur pour la suite.
Vous allez raconter si vous vous sentez libéré, prêt à passer à autre chose,
englué, en retrait, bloqué, borné…
Vous allez surtout écrire pour laisser parler votre cœur, pour le laisser
respirer un peu, tout serré et vidé qu’il est. Pas de culpabilité ni
d’autoflagellation, ça suffit comme ça.

Son chakra du cœur était gros comme une pastèque, alors qu’il aurait dû
plutôt être comme une tomate cerise lui avait-on expliqué : encore et encore,
tout était en vrac. C’était à se demander si un jour elle arriverait à surmonter
ses obstacles ou si elle passerait de spécialiste en expert jusqu’à la fin de sa
vie. Ganesh la menait en bateau, ou tout ce qu’il mettait en place ne portait
aucun fruit ; il y avait un bug quelque part. Ou alors, elle devait payer sa dette
karmique. En clair, son comportement pourri dans sa vie d’avant avait des
conséquences sur sa vie d’aujourd’hui. Navrant et désespérant. Mais
étrangement, c’était comme si Madeleine Spirituelle ne ressentait plus aucune
émotion. Pas de colère extrême, pas vraiment de tristesse infinie, mais une
profonde et immense lassitude. Plus rien ne semblait la toucher vraiment.
Même le maillot de bain qu’elle avait essayé dans l’après-midi ne l’avait pas
atteinte plus que ça, ce moment pourtant sans pitié face à ces fessiers laissés à
l’abandon depuis trop longtemps. Elle avait quitté la cabine pas plus
déstabilisée que si elle sortait de sa supérette voisine avec une boîte d’œufs
sous le bras. Drôle d’état qui lui donnait envie de tout abandonner, de partir
avec son short et son passeport loin de tout ça et sans laisser d’adresse.
Elle pouvait aussi changer de visage avec un as du bistouri et tout
recommencer autrement, comme les serial killers. Elle pouvait sinon
répondre enfin à l’appel des témoins de Jéhovah qui passaient régulièrement
dans le quartier et pourraient l’emmener dans des aventures incroyables. Ce
ne sont pas les idées qui lui manquaient, mais aucune ne lui plaisait plus que
ça. Exaspérée, gavée, horripilée… elle coupa le contact général de son
entourage, prétextant une activité professionnelle intense, ignorant les signes
et appels de Ganesh. L’agent du gaz trouva lui aussi porte close alors qu’il
avait bien prévenu de son passage entre 8 heures et 15 heures.

Exercice
Décrivez votre état émotionnel global. Soyez honnête ; s’il est
positif tant mieux, s’il est négatif, ça va aller, ne lâchez rien et
tenez bon.

Ce n’est pas encore le moment : et vous, vous en êtes où ?


Même si Madeleine Spirituelle se sentait plus seule qu’une tranche de jambon
abandonnée dans un frigo pendant les grandes vacances, elle ne comprenait
pourquoi son entourage proche ou lointain insistait tant pour qu’elle ait un
nouvel homme dans sa vie. Comme si c’était la solution miracle et la réponse
à tout. Elle leur disait pourtant à chaque fois que non et non, elle ne voulait
plus aimer quiconque, jamais, elle expliquait qu’elle ne voyait pas l’intérêt si
c’était pour se retrouver comme les copines dans des histoires moches qui
faisaient du mal avec des « ne compte pas sur moi en fait » ou des « je crains
de ne pas être à ta hauteur, il vaut mieux que nous en restions là » ou encore
« je n’arrive pas à oublier la précédente, elle était tout pour moi ». Madeleine
Spirituelle était catégorique. De toute manière, celui qui supporterait tous ses
travers, qu’elle assumait parfaitement, et qui elle était vraiment n’était pas né.
Ce qui tombait bien, soit dit en passant, parce qu’elle n’avait jamais aimé les
plus jeunes. Pour changer de disque et fournir à ceux qui voulaient la
« caser » des arguments plus neufs, elle avait écrit une lettre imaginaire à
celui qui éventuellement aurait sonné à l’Interphone avec sur son cheval
blanc. Il y avait deux solutions : soit il disparaissait à tout jamais, soit il
disait : « Ça me va parfaitement comme profil. » Ce n’était pas gagné pour
autant. Elle aurait ensuite testé l’homme pendant des mois, avant de se laisser
peut-être convaincre par sa sincérité. Madeleine Spirituelle se disait qu’au
moins comme ça, le monsieur était prévenu et ne pouvait pas lui reprocher
des mois ou des années plus tard que tout ce qu’elle était et qu’elle aimait
était incompatible avec les qualités recherchées. Elle organisait sa haute
protection vitale. Tant pis si cela limitait dramatiquement ses chances, mais la
cicatrisation son cœur était en fait sa seule priorité. Dans sa liste « si vous/tu,
n’aimez/n’aimes pas les filles comme moi qui… alors passe ton chemin mon
coco », il y avait aussi bien ce qu’elle aimait par-dessus tout et ce pour quoi
désormais elle ne consentirait plus aucun effort. Elle jouait cartes sur table,
plus vraie que jamais elle ne l’avait été avec elle-même et les autres. Jouer un
rôle n’avait jamais été son truc, mais là son authenticité était poussée au
maximum. Ganesh était fier de Madeleine Spirituelle. Très discret sur sa vie
privée, on murmurait qu’il avait deux femmes et un enfant.
Exercice
Écrivez comment vous réagissez lorsque votre entourage veut
vous présenter quelqu’un. Répondez à ces questions pour vous
aider : êtes-vous prêt ? Sur vos gardes ? Êtes-vous réfugié au
fond de la mer dans un sous-marin ? Bondissez-vous sur chaque
opportunité ? Créez-vous toutes les occasions possibles ? Dites-
vous oui à chaque proposition ?
Ganesh est à vos côtés, si vous le voulez bien.

Pas du tout envie, et vous ?


Madeleine Spirituelle avait parfaitement conscience qu’elle ne se donnait
absolument aucun moyen pour se faire remarquer par le sexe opposé.
Vaccinée, dégoûtée, sa confiance en l’homme avoisinait le niveau des
pâquerettes. Toute histoire d’amour furtive ou longue durée lui donnait autant
envie que de manger des huîtres chaudes à la banane au petit déjeuner. Même
à la boucherie, personne ne remarquait son existence, ce qui lui allait
parfaitement bien. Rien à voir avec un laisser-aller esthétique, elle mettait
toujours un point d’honneur à continuer coûte que coûte ses brushings pour
transformer sa fibre capillaire à tendance « mousse » en mode Farrah
Fawcett. Mais il fallait bien l’admettre : Madeleine Spirituelle était plus
verrouillée qu’une porte blindée « anti-squat ».
Souvent Ganesh tentait de ramener son cœur à la raison. Le dieu des
obstacles remettait la lune sur le tapis, saisissant ainsi l’opportunité de
présenter les choses sous un autre angle : quand la lune décroît, c’est un
moment idéal pour se défaire de tout ce dont on n’a plus besoin, et faire le tri
dans ses relations et ses comportements néfastes. Écouter son cœur, au lieu
de se braquer et ne laisser aucune chance à l’harmonie et à l’équilibre. Quand
on se sent digne de recevoir le meilleur, on se traite en conséquence et les
autres nous traitent sur le même modèle. « On attire ce qu’on est », ce n’est
pas la loi de l’attraction qui dirait le contraire. Mais elle restait campée sur
ses positions de fermeture à double tour. Bien sûr, il fallait qu’elle admette
que son chakra sacré était en vrac. En résumé, vitalité, joie de vivre,
sensualité, sentiments, émotions, sensations, désirs, estime de soi…
n’émettaient plus de son ni d’image, en langage Ganesh, plus aucune
vibration. Mais elle ressentait un découragement aussi gros et aussi lourd à
porter que la trompe de l’éléphant. Plus jamais personne ne pourrait lui faire
autant de mal. Ganesh ne lâchait pas l’affaire et remit les pieds dans le plat.
« Quand le cœur est ouvert, nos actes sont en accord avec nos paroles. On est
donc émotionnellement disponible. » Mais Madeleine Spirituelle avait coupé
tout contact. Tant pis. Ganesh était-il dans le coup ? C’était en tout cas très
troublant : ce soir-là, le verrou de la porte d’entrée, en activité pendant des
années, décida de se bloquer et ainsi d’empêcher la fermeture à clé de la
maison.

Exercice
Décrivez le degré d’ouverture de votre cœur, écrivez quelle place
vous laissez à vos émotions dans votre quotidien, racontez si
vous faites attention à vous ou si vous vous laissez complètement
couler. Soyez honnêtes, pas de jugement, pas de compétition et
surtout pas de culpabilité. Tout est possible.
Ganesh est à vos côtés, si vous le voulez bien.

Pourquoi pas… mais non en fait, et vous ?


Ganesh lui avait souvent dit : « Prête attention à tes rêves, ils contiennent des
messages importants pour toi. » Madeleine Spirituelle les guettait en vain et
au réveil, c’est comme si toute son activité nocturne s’était évaporée.
Ce dont elle se souvenait parfaitement en revanche c’est que dans ses rêves, il
lui arrivait souvent de faire une belle rencontre joyeuse. Dans ces rêves il y
avait beaucoup de soleil, de rires et de gestes d’une tendresse infinie qui lui
faisait un bien fou. C’était toujours un homme, le même, elle ne regardait pas
son visage. Il lui tenait la main, à la fois tendrement et fermement, assis à ses
côtés sur une plage au soleil couchant où était célébré un mariage. Contexte
positif et romantique à souhait, notait Madeleine Spirituelle au réveil.
L’homme ne parlait pas, mais la puissance du geste voulait dire « je ne vais
pas lâcher ta jolie main », « je suis là » « ça va aller »… Elle se laissait faire,
comme si elle avait envie d’y croire et d’ouvrir toutes ces portes qu’elle avait
fermées à quadruple tour. C’était si doux, si sincère, si magique. Ça faisait si
longtemps que personne n’avait eu à son égard ce genre d’attention si
délicate. Mais elle avait sa part de responsabilité : qui aurait pu avoir envie de
s’approcher d’elle avec cette armure pleine d’épines sur son dos et le casque
assorti sur sa tête. Dans un autre rêve, il, le même, la portait dans ses bras
pour la sortir de la mer toute bleue et bien chaude. Ce Bob Saint-Clar encore
plus beau que le vrai la déposait délicatement sur une serviette de bain très
moelleuse, limite rebondissante. Pas un mot, mieux que ça, des ondes
positives très contagieuses dans ses mains. Toujours les mains, peut-être le
symbole d’une main tendue ? Elle ne se posait pas la question, elle prenait ce
qu’il y avait à prendre surtout.
Ces lendemains matins là, Madeleine Spirituelle était presque prête à envoyer
un message à Ganesh pour lui annoncer la nouvelle : « OK, je suis prête, oui,
enfin, s’il y avait un bien-aimé dans le coin je serais prête à lui ouvrir ma
porte. » Avant de remettre à plus tard cette annonce officielle. « À quoi
bon… lui murmurait une petite voix, au moins dans un rêve tu ne prends
aucun risque. » Elle voulait que la journée passe vite, et qu’il soit déjà l’heure
d’aller dormir.

Exercice
Posez à côté de votre lit un petit bloc-notes et un crayon. Dès que
vous vous réveillez, les rêves s’envolent vite, alors écrivez vos
rêves d’amour, même si vous ne vous souvenez que de quelques
extraits.
Ganesh est à vos côtés, si vous le voulez bien.

Encore trop tôt et vous ?


Sans crier gare, un vieux coup de grisou s’était emparé de Madeleine
Spirituelle, qui avait pourtant pensé qu’elle en était protégée à partir du
moment où elle était en voie de « ganeshisation » de son plein gré.
Apparemment, non. Un profond sentiment de triste solitude extrême était
venu la perturber. Mais contre toute attente, la sienne surtout, elle s’en prenait
à elle-même et analysait la situation avec beaucoup de recul. Elle s’était
isolée, pour mieux se concentrer comme l’aurait fait un champion de sauteur
de haies aux Jeux olympiques, pour permettre à son cœur de se recoudre,
pour s’éloigner de celles et ceux qui ne comprenaient pas ses états d’âme,
pour, pour, pour… les bonnes et mauvaises raisons ne manquaient pas. Mais
si elle avait ce besoin vital et assumé d’être en retrait, elle avait du mal à
imaginer un avenir avec elle-même. Quid de la suite ? Là était la question.
Comment écrire les nouvelles pages du reste de sa vie ? Avec quel stylo, dans
quel contexte ? L’affreux doute avait pris ses aises, faisant dramatiquement
chuter le niveau de ses vibrations ; ce qui, comme le lui avait souvent
expliqué Ganesh, était de l’autosabotage de luxe. En clair, elle se mettait en
position d’attirer du négatif en pagaille.
Ernesto voulait son bien, mais elle n’y croyait pas une seule seconde. A
priori, il aurait bien fait un bout de chemin avec elle, mais elle pensait qu’il la
menait en bateau. Il sortait les grands moyens, mettait les petits plats dans les
grands, mais elle ne voulait rien de lui. Elle le lui avait dit, il ne voulait pas
écouter, juste la regarder avec des yeux brillants et lui dire tout ce qu’il
ressentait de beau. Il l’avait prévenue, il ne lâcherait pas l’affaire. Elle l’avait
mis en garde, il perdait son temps. Il insistait, elle redoublait de « non merci
mais merci ». Il revenait au galop, elle prenait la poudre d’escampette. Le
doute néanmoins s’installait, mais le manque de confiance et la peur bleue
étaient plus forts que tout. Perturbée comme une poule qui aurait trouvé une
brosse à dents, elle était allée consulter Rico, un homme qui lisait sur les
visages. Rien ne lui échappait, ni les traits de caractère ni les intentions
cachées de la personne analysée. Il avait été formel : Ernesto était un homme
vrai et bon, pas d’embrouille en vue. Elle avait ensuite foncé chez Timéo, le
roi du pendule et des baguettes de sourcier qui avait validé lui aussi l’intégrité
du garçon. Les voyants étaient au vert, mais Madeleine Spirituelle restait sur
sa position. Elle ne voulait pas donner son cœur à quiconque, ni même le
prêter en CDD. Ernesto en fut encore une fois informé, avec délicatesse et
fermeté.
Ganesh avait été à l’initiative du scénario. Il avait déposé dans l’entrée un
petit paquet. Dedans, il y avait une minuscule boîte et dans celle-ci une clé, et
accrochée à cette dernière avec un joli ruban un mot qui disait : « La patience
est la clé, quand ce sera/viendra le moment tu le sauras. » Le dieu des
obstacles, tout demi-éléphant qu’il était, avait le souci du détail précieux.
Ce que Madeleine Spirituelle faisait comme bilan, c’est que cette solitude
devait déboucher sur quelque chose. Cette rencontre avec elle-même devait
l’emmener vers d’autres aventures. Il était bien trop tôt pour Ernesto et les
autres. Ils n’étaient pas la solution, Madeleine Spirituelle devait être sa propre
solution et après on verrait bien. Ganesh n’était pas peu fier de ses progrès.
Elle avait entendu ses barrissements de joie, qu’elle reconnaissait désormais
dès la première note, au coucher du soleil.
Exercice
Racontez la première histoire, aventure, amourette, entrevue…
qui aurait pu compter, qui a compté, qui n’a rien donné. Exprimez
vos doutes, vos peurs, votre confiance brisée, vos contradictions
s’il y en a. Écrivez aussi si vous avez eu quelques papillons dans
le ventre.
Ganesh est à vos côtés, si vous le voulez bien.

Et pourquoi pas rencontrer un prince alors (ou une princesse), et vous,


ça vous dit ?
Quand on traverse des obstacles, lui avait expliqué Ganesh, il y a toujours des
aventures « extra-ordinaires » qui se glissent au cœur du chaos. Il faut savoir
saisir ces opportunités, ces signes, ces messages, ces surprises aussi énormes
que toutes petites… et les vivre pleinement, même quelques minutes. Si on
en prend conscience, ce sont de véritables cadeaux de la vie qui décuplent les
forces intérieures, permettent de prendre énormément de distance par rapport
à l’obstacle ne serait-ce que quelques minutes, donc de créer du répit et de
mesurer sa chance néanmoins et malgré tout.
Ganesh avait mis les petits plats dans les grands en faisant venir sur le
chemin de Madeleine Spirituelle un vrai prince, avec un vrai château dans la
vraie vie. Mieux encore, celui qu’il avait choisi était unique au monde :
c’était un prince aux pieds nus. Hiver comme été, il prenait ainsi l’énergie de
la terre et se recentrait ainsi infiniment. Elle était fascinée.
Il lui avait proposé de l’accompagner dans son immense parc pour une
promenade énergétique, sans chaussures sur la terre glacée et sur les feuilles
humides dissimulant grosses limaces gluantes et épines de marron féroces.
Un véritable challenge pour Madeleine Spirituelle et ses quatre paires de
chaussettes, mais une telle proposition ne pouvait pas se refuser. Elle s’était
lancée, abandonnant sans se retourner ses bottes fourrées et s’étonnant elle-
même de ce qu’elle s’apprêtait à faire la joie chevillée au corps. Le prince
allait très vite, elle beaucoup moins, entre peur de perdre un orteil et trouille
de ne pas savoir où elle mettait les pieds. Très vite, ce fut une immense
évidence : c’était divin, merveilleux, bienfaisant, incroyable… Elle ne
marchait pas, elle volait. Dame Bronchite passa même son chemin,
consciente que c’était peine complètement perdue. Madeleine Spirituelle ne
pouvait plus s’arrêter de marcher pieds nus jusqu’à la dernière minute où le
temps était venu de quitter le château et dire au revoir au prince.
Deux semaines plus tard, pour d’autres raisons qui n’avaient rien à voir avec
le hasard, elle s’était à nouveau trouvée à quelques mètres du château. Le
besoin de remettre les pieds dans la terre ne l’avait pas quittée, alors elle avait
osé lui demander si malgré la fermeture des lieux pour l’hiver, elle aurait pu
faire quelque pas pour continuer de se régénérer.
Le prince avait fait ouvrir son domaine, rien que pour elle, pour qu’elle
puisse continuer à reprendre des forces. Ça faisait bien longtemps qu’on ne
l’avait pas traitée comme une princesse, peut-être qu’en fait les vrais princes
ne mettaient pas de chaussures.

Exercice
Prince, belle personne, personnage hors du commun, fée, elfe,
bon génie… Racontez qui vous avez croisé et qui s’est occupé de
vous, ou vous a donné quelque chose de rare et précieux qui a
ravivé même quelques instants votre confiance et votre joie
intérieure. Si vous n’avez pas encore croisé cet oiseau rare sur
votre chemin, laissez venir les opportunités qui n’attendent que
ça. Château ou cabane, tout est possible.
Ganesh est à vos côtés, si vous le voulez bien.

Demander à une fée, vous trouvez que c’est une bonne idée ?
Maya était une fée qui vivait dans un pays des Mille et Une Nuits, à 5 000
kilomètres de la localisation géographique de Madeleine Spirituelle qui avait
eu ses précieuses coordonnées par un créateur de cosmétiques chics rencontré
au hasard d’un shopping improbable de « brosse à ongles » pour sa première
Fête des mères sans ses enfants. Un achat indispensable pour venir à bout de
ces poils de chaussettes glissés sous ses ongles de pieds. Il lui avait
rapidement parlé de Maya, la meilleure fée qu’il n’ait jamais rencontrée. Elle
en savait beaucoup plus que lui sur son avenir et tombait toujours juste dans
ses prédictions à base de chiffres et de lettres. Les yeux de Madeleine
Spirituelle brillaient.
Si elle ne voulait absolument rien savoir de son futur, elle avait besoin de
checker en revanche ce qui avait bien pu se passer au-dessus de son berceau
pour en arriver là. Rendez-vous fut pris avec la fée qui avait été formelle : le
cycle abominable allait s’achever bientôt. D’après ses calculs, la sortie du
tunnel était toute proche, le chiffre 7 était celui de Madeleine Spirituelle et il
en disait long sur l’après-programme qui s’annonçait. Son bilan des derniers
mois était plutôt juste : des barrages à sauter et des rochers à faire exploser
sans bâtons de dynamite.
Maya n’avait pas pu s’empêcher de lui dévoiler un peu de la suite. À nouveau
cycle, nouvelles personnes et d’ailleurs d’autres plutôt bienveillantes allaient
faire leur entrée dans la nouvelle vie de Madeleine Spirituelle. Dont un
homme avec un Y dans son prénom et un S aussi. Peut-être Myshel ? Un
drôle de Y qui s’expliquait peut-être par sa double nationalité et un homme
pas comme les autres avec un cœur gros comme le Golden Gate.
Madeleine Spirituelle n’avait montré que très peu d’intérêt à ce futur sur fond
d’étrange prénom bilingue, mais peu importe finalement, Francysco ou
autres, aucun n’avait la moindre chance pour le moment, même juste pour un
tour de vélo.
Ce qui comptait à ce stade c’est que Maya avait été une nouvelle rencontre
improbable, positive et bienveillante. Ganesh, Petit Poucet à ses heures,
semait quelques graines qui germeraient un jour ou l’autre.

Exercice
Racontez quelles sont toutes les nouvelles personnes que vous
avez croisées sur votre nouveau chemin. Écrivez les
circonstances de ces rencontres, partagez ce qu’elles vous ont
apporté, donné, transmis…
Ganesh est juste à côté de vous, si vous le voulez bien.

« Tant pis pour lui/elle », et vous, avez-vous eu le déclic ?


Tant pis pour lui : le pas que venait de franchir Madeleine Spirituelle était
plus énorme que tous ceux d’un troupeau d’éléphants réunis. Tant pis pour
lui : cette phrase magique à laquelle elle n’aurait jamais pensé résonnait dans
sa tête comme les cloches d’une église le jour d’un mariage. Alléluia. Tant
pis pour lui, cet époux.
C’était la première fois qu’elle y pensait.
Ce qu’elle donnait avec son cœur ne trouvait pas preneur, qu’à cela ne
tienne : tant pis pour lui.
Ce qu’elle offrait sans compter ne présentait pas d’intérêt particulier, alors
soit : tant pis pour lui.
Ce qu’elle partageait sans hésiter ne méritait pas d’être considéré, pas de
problème : tant pis pour lui.
C’était trop beau pour être vrai de penser une chose pareille. Avant de fêter
cet événement monumental, Madeleine Spirituelle voulait être certaine que ce
n’était pas le fruit d’un delirium tremens ou très gros. Tant pis pour lui. La
phrase tournait en boucle comme pour prendre sa place pour toujours dans sa
tête.
Elle appréciait ce moment historique et tellement salvateur. Cette même
divine impression, dans la savane, quand on arrive enfin à rallumer le feu de
camp qui protégera des animaux féroces toute la nuit. Un vent de liberté
soufflait dans son cœur, l’espoir de ne plus mourir de chagrin à petit feu
renaissait, son horizon se dégageait. Le lâcher-prise dont lui avait si souvent
parlé Ganesh existait bel et bien. Mais quelle épreuve, quel challenge. Le
dieu des obstacles avait été formel : à partir du moment où le déclic se
produit, il n’y aura pas de retour en arrière possible. « C’est gagné », aurait
résumé Dora l’exploratrice. Madeleine Spirituelle savourait ce nouvel état.
Sûre d’elle. Tant pis pour lui.
L’étape suivante était de taille, mais elle y arriverait aussi un jour : tant mieux
pour elle.

Exercice
Racontez ce moment ou cet embryon de moment où vous avez
pensé que ce gros gâchis c’était finalement tant pis pour lui/elle.
Si ce n’est pas encore arrivé, ça ne saurait tarder.
Ganesh est à vos côtés, si vous le voulez bien.

Étape 3 : voir les choses autrement

Avec la tête de Ganesh

« Si vous changez votre manière de voir les choses, ce que vous regardez
change. »
Réactions possibles à la lecture de cette petite phrase :
– Ah…
– Pfft…
– Ouais…

Mais tout ça, c’est ce que vous auriez dit et pensé avant de parcourir tout ce
chemin. Avant de réaliser tout le pouvoir que vous avez en vous, celui qui
vous a permis de couper et de digérer beaucoup de choses pour retrouver la
lumière au bout du tunnel, Ganesh à vos côtés.
Aujourd’hui, vous pouvez prendre du recul, de la hauteur, comme un
éléphant le ferait du haut de ses 3 mètres ; vous êtes capable de regarder d’un
autre œil différentes situations. C’est ce que vous êtes invité à faire dans cette
partie, guidé par Madeleine Spirituelle.
Les exercices qui vont suivre vont vous inspirer encore et encore. Vous
vivrez sûrement d’autres moments, scènes, situations qui vous permettront de
réaliser que vous êtes en mesure de prendre cette distance nécessaire et
bienfaisante.
Ayez confiance. Ganesh sera toujours avec vous. Il suffit de lui demander de
vous accompagner.

Dans quel camp est la balle


« La balle était dans ton camp pour mettre les compteurs à zéro et repartir
comme si de rien n’avait été » : c’était la vision des choses que lui avait
exprimée un proche d’avant.
Madeleine Spirituelle avait failli arrêter de respirer, soufflée par cette phrase
injuste et sans fondement aucun. Elle avait répondu en usant de tous ses
arguments pour expliquer que non, non et non la balle ne pouvait pas être
dans son camp.
Parce que quand on n’aime plus, quand on vous le dit, le redit, quand on vous
l’écrit, le prouve, le hurle… à quoi bon renvoyer la balle ? Quand on vous
liste tous vos défauts, tout ce que vous n’êtes pas, pas assez ou trop, quel
intérêt de continuer le match ?
L’amour ne se commande pas, ne se prévoit pas, ne s’explique pas. Quand on
aime quelqu’un on le prend comme il/elle est, on ne se pose pas ce genre de
questions. On n’essaye pas de le changer, par respect et aussi parce que c’est
illusoire de croire qu’on pourrait changer une personne. Si toutefois sur un
coup de folie on changeait tout, il resterait un infime pourcentage qui n’irait
toujours pas.
Quelques jours plus tard, ses émotions apaisées, elle avait dépassé la
première lecture de cette petite phrase. Prendre la balle au bond était surtout
ce qu’elle devait faire, et continuer sur sa nouvelle lancée. Sans hésitation
aucune. Ganesh veillait au grain.

Exercice
Deux options :
S’il y en a une, quelle est la petite phrase qui vous a fait bondir ?
Racontez la scène et surtout vos arguments.
S’il n’y en a pas eu, écrivez comment vous réagiriez si on vous
disait à vous : « La balle est dans votre camp. » Quelles émotions
ce point de vue active-t-il ?
Imaginez que Ganesh est près de vous, qu’il vous soutient.
Laissez votre imaginaire vagabonder.

Passer les dates anniversaire


Avec Ganesh, Madeleine Spirituelle avait signé un contrat : à chaque date
anniversaire de ses obstacles, elle serait la plus belle, la plus drôle, la plus
zen, la plus incroyable même. Elle se mettait en condition quelques jours plus
tôt pour réussir cet exploit. Bien sûr, ça ressemblait carrément à un rôle dans
une pièce de théâtre, il fallait bien l’avouer, mais c’était aussi un
entraînement qui lui permettrait un jour d’y arriver naturellement et ce, les
doigts dans le nez.
Mais évidemment, comme le pompier qui fait ses exercices avec un faux feu
et sauve un chaton qui n’existe pas, coincé dans une gouttière imaginaire, le
jour où ça se produit vraiment, ce n’est pas exactement la même histoire. Si
Madeleine Spirituelle avait été parfaite en surface et à l’intérieur le jour J, elle
s’était écroulée comme un soufflé au fromage juste après sa sortie du four,
dès le lendemain matin. Les jours qui suivirent, le contrecoup n’y alla pas de
main morte, elle était dévastée. Pour l’encourager, Ganesh lui posait comme
si de rien n’était des petites et grosses surprises bienfaisantes sur son chemin
et dans sa journée. Madeleine Spirituelle se réjouissait profondément et
malgré tout de tant d’attentions. Le moment où elle s’en rendait compte était
divin. C’était vraiment le cas de le dire.

Exercice
Ça fait tant de mois, X années, un certain nombre de jours…
racontez comment vous vous êtes senti avant, pendant, après
cette date anniversaire. Écrivez ce qui vous a permis de tenir le
coup, de dépasser ce moment et décrivez vos émotions.
Ganesh n’est pas loin, si vous le voulez bien.

Lâcher prise
Madeleine Spirituelle devait encore accepter ce qu’elle n’avait pas du tout
envie d’accepter. Et pour y arriver, il n’y avait que le fameux « lâcher-prise »,
LA seule solution encore et encore. Un challenge OK, un défi bien sûr, une
série de menhirs devant le seul péage ouvert de l’autoroute, surtout.
Si ses enfants restaient pour toujours dans son cœur ses petits bébés tout
doux, le temps était venu qu’ils s’affirment et s’émancipent. Elle devait les
laisser s’envoler pour leur bien vers cette nouvelle étape de leur existence :
l’adolescence. Celle de son trio ne faisait pas exception à la règle : c’était une
période riche en rebondissements émotionnels.
Madeleine Spirituelle naviguait à vue.
Souvent elle se couchait pour tout oublier, vers 20 h 25, pendant que ses
nouveaux jeunes trouvaient que 22 h 30 « c’était trop nul » surtout une veille
d’école et tout ça avec des « Maman laisse tomber, on voit bien que tu n’as
jamais eu notre âge ».
Elle créait en cuisine pour ses autrefois petits choux à la crème qui estimaient
que « ça faisait quand même trente ans qu’ils mangeaient des tomates et que
la coupe était donc pleine ».
Elle chantait à tue-tête sous la douche ses chansons préférées pour leur éviter
le supplice quand ils trouvaient que « franchement c’était mieux de le faire
dans sa tête qu’à haute voix tellement c’était lamentable ».
Elle prévoyait des coups de fil à des amis alors qu’ils rejoignaient au
téléphone « des potes qui eux sont drôles au moins, mais ça non plus tu ne
peux pas comprendre nos 6 897 messages en deux heures ».
Elle repensait à ce qu’elle avait enduré pour eux pendant plus de huit heures
sur la table d’accouchement, maintenant qu’elle était persona non grata aux
abords de l’école dans un périmètre de 2 kilomètres, black-listée dans toutes
les salles de cinéma de France et fichée au poste de sécurité du stade où ses
petits poussins faisaient crisser leurs baskets.
S’il était patient, compatissant et bienveillant, Ganesh avait aussi une
intuition grosse comme un mammouth, son ancêtre : tout partait encore en
banane. Chouchou de Shiva, sa mère, avait du recul et beaucoup de
compréhension sur cette étape de l’existence qui déstabilise les mamans avant
qu’elles s’y fassent. Grâce à sa grande hauteur d’éléphant et à son immense
sagesse de dieu des obstacles.
C’était normal, c’était une mauvaise passe, mais il ne se résignerait pas et il
avait plus d’un tour dans sa trompe. C’était justement avec cet énorme
appendice nasal qu’il l’avait réveillée un matin à l’aube, en lui envoyant en
pleine figure une bouffée d’air XXL avec sa trompe accompagnée d’un cri de
bête très autoritaire. Les cheveux figés en arrière par la puissance du souffle
éléphantesque, les battements de son cœur en folie furieuse, les glandes
lacrymales complètement asséchées, elle n’osait ni bouger, ni dire un mot de
peur de contrarier davantage son guide divin.
Après ces deux effets « surprise » et « peur de sa vie », il y en avait un autre
complètement inattendu : une nette et bénéfique impression d’avoir été
passée au karcher, nettoyée de toutes ces émotions et pensées négatives des
dernières semaines.
C’est ainsi que Madeleine Spirituelle trouva comme par hasard sur la table de
la cuisine la brochure d’une association humanitaire dédiée aux bébés en
perdition. Elle avait senti un souffle d’air de trompe dans son cou pour lui
signaler qu’il était à ses côtés et qu’au lieu de souhaiter que ses enfants
reprennent leur place dans leurs couffins, elle pouvait compenser autrement.
C’est ainsi qu’elle passa haut la main son entretien pour donner un peu de son
temps à ces tout-petits mignons qui ne pouvaient pas se permettre d’avoir une
couche sèche à tout moment de la journée. Et gazouillait avec eux autant
qu’elle le pouvait.

Exercice
Racontez les challenges indépendants de l’obstacle, qui viennent
s’ajouter sur votre chemin. Par exemple, ceux auxquels vous ne
vous attendiez pas ou ceux qui s’inscrivent dans une suite
logique, ou ceux qui arrivent parce que même hors obstacle ils se
seraient manifestés quand même, question de timing… Écrivez
ce que vous avez mis en place ou ce que vous prévoyez de faire
pour voir les choses autrement.
Ganesh va vous aider, si vous le voulez bien.

Oui et donc après, c’est quoi le programme ?


Madeleine Spirituelle avait quelques idées pour la suite de l’histoire qui lui
avait été imposée. Un plan à cinq ans, parce qu’avant elle avait du pain sur la
planche et des chapitres à clore. Ensuite, elle partirait loin, au soleil, sur une
plage. C’était le décor qui lui plaisait le mieux, alors il était grand temps de
s’y fondre. Objectif, sauver les dauphins ou les tortues, ou plutôt les
éléphants. Ou élever des abeilles reines comme cet homme autrefois tueurs de
mulots qui avait croisé son chemin. Ganesh serait évidemment sensible à la
défense de cette cause et c’est bien le minimum qu’elle pouvait lui donner en
retour. Oui, mais après ? C’était la question qui revenait sans cesse la nuit
quand elle se demandait à quoi allait ressembler son avenir. Elle avait bon
espoir autant que les idées floues. Mais les contours se dessinaient petit à
petit. Il n’y avait pas d’urgence. L’important était de commencer à y penser
dans un coin de sa tête et de son cœur et de vérifier si plus les jours défilaient,
les idées elles, étaient immuables.

Exercice
Écrivez ce que pourrait être votre demain ou après-demain. Les
envies les plus folles, même si ce ne sont que des embryons de
désir d’après.
Ganesh vous accompagne si vous le voulez bien.

Remarquer les plumes


Madeleine Spirituelle n’émettait que de rares bonnes ondes, ces derniers
temps, toute « ganeshisée » qu’elle était pourtant. Usée émotionnellement,
oui voilà un bon résumé. Mais ce n’était pas une raison pour se laisser
sombrer : prendre soin d’elle faisait partie de son planning, même si la
procrastination était de mise. Jamais en franchissant la porte du cabinet du
gynécologue elle n’aurait imaginé prendre en pleine figure ce qui l’attendait.
Le docteur avait dit : « Bien sûr, continuez comme ça et on verra plus tard si
on fait autrement, mais comme vous êtes là autant faire un check-up, c’est
toujours bien de vérifier si tout est en ordre. » Mais en un mot c’était le souk.
Ce que le docteur réalisa au premier coup d’œil sur l’écran de l’échographie.
Il ne lui plaisait pas du tout, du tout ce truc bien trop gros et plutôt vilain. Une
prise de sang allait en dire plus. Elle avait un drôle de nom cette analyse et
une combinaison de chiffres et de lettres qui annonçait le pire. La nuit avait
été lunaire en cette veille de pleine lune. Madeleine Spirituelle était en apnée,
sans le Grand Bleu. Vers 02 h 02 alors qu’elle se réveillait pour la sixième
fois, elle avait découvert une petite carte sous l’oreiller : « Fais attention
demain à toutes les plumes que tu trouveras sur ton chemin. Tu vas en voir
plein, j’en suis certain, ce ne sont que des bons signes. D’abord que tu n’es
pas toute seule et ensuite que ça va aller, je te le promets. » Il fallait appeler
un chat, un chat : les sages paroles de Ganesh lui faisaient autant d’effet
qu’une cuillerée à café de beurre doux dans une purée de pommes de terre
pour douze personnes. À l’heure où blanchit la campagne, elle était déjà
devant la porte prête à donner son sang, et même offrir son corps à la science
si on lui annonçait que tout était parfait dans les dix minutes suivant le
prélèvement. Elle avait compté en tout douze plumes avant d’arriver, des
grandes, des petites, des longues, du duvet… Sur le chemin du retour, elle en
avait vu plein d’autres, mais la dernière était sa préférée. C’est au moment où
elle reçut le mail qui allait lui permettre de respirer-inspirer à nouveau ou pas
du tout qu’elle la remarqua sur le sol, juste devant elle, perdue dans les poils
d’un tapis. Grise, un peu défraîchie, mais là devant ses yeux, pendant que ces
mêmes yeux lisaient aussi les résultats. Au loin elle entendait le barrissement
joyeux de Ganesh, tandis qu’elle entendait le docteur lui dire que c’était tout
bon.
Madeleine Spirituelle avait encore dû en perdre des plumes dans cette
histoire. Mais l’obstacle était terrassé et la paix intérieure presque revenue.
Ganesh méritait une statue, même s’il en avait déjà des milliards sur la
planète.

Exercice
Prêtez attention aux plumes sur votre chemin, si vous ne le faites
pas déjà. Quand vous en voyez une, prenez une photo, faites
comme un « plume board » par jour ou par semaine ; ajoutez une
légende par exemple, si après avoir vu cette plume ou ces
plumes il s’est passé quelque chose dans votre journée.
Ganesh veille sur vous, si vous le voulez bien.

Voir la lune de plus près


Ganesh avait une histoire avec la lune, en rapport avec sa gourmandise, qu’il
avouait sans chichi. Un jour, alors qu’il avait mangé un nombre incalculable
de gâteaux, sa fidèle monture, la souris Mushika, effrayée par un serpent,
l’avait fait tomber à la renverse. Son gros ventre avait éclaté. Il avait attrapé
le reptile pour s’en faire une ceinture et avait entendu quelqu’un se moquer
dans le ciel : c’était la lune qui riait aux éclats. Ganesh, furieux, maudit
Chandra la lune et fit le vœu qu’elle disparaisse de l’univers. Mais sans lune,
le monde déclinait. Alors les dieux avaient réclamé son retour ; Ganesh avait
accepté de pardonner, mais seulement à moitié. La lune serait noire par
intermittence et c’est ainsi qu’étaient nés les cycles de la lune. Le jour de la
fête de Ganesh, il était d’ailleurs vivement déconseillé de regarder la lune en
face.
Madeleine Spirituelle avait un « savoir lune » de base, en gros les loups-
garous, les cheveux et les insomnies. Jamais elle n’avait pris le temps de
s’interroger davantage sur son influence, alors qu’évidemment comme tout le
monde, elle voyait bien que l’astre avait un impact sur les marées et sur les
récoltes. Grâce à Ganesh elle se pencha sur le sujet, sans devenir une experte
lunaire, et fit l’acquisition d’un calendrier lunaire pour suivre les pleines
lunes et les nouvelles lunes. C’est ainsi que Madeleine Spirituelle avait
commencé à voir d’un autre œil les jours de nouvelle lune : le début du cycle
lunaire, la phase de renouveau, de recommencement. LE moment d’écrire ses
intentions, ses vœux et de planter les graines que l’on veut voir pousser. Et
elle avait observé de près la pleine lune LE moment de la récolte au sens
propre comme au figuré. Quand elle avait mimé le moonwalk, en demandant
si ça pouvait l’aider dans sa communication avec la lune, Ganesh avait
pouffé. Le sujet méritait en tout cas d’être creusé : ce n’est pas son arrière-
grand-père, agriculteur, qui lui aurait dit le contraire.
Exercice
Imprimez un calendrier lunaire. Au moment de la nouvelle lune
écrivez vos intentions, vos souhaits, vos vœux pour vous-même.
Faites plus qu’une simple liste, écrivez ce que cela vous
apporterait, changerait…
Ganesh vous aide à voir les choses autrement, si vous le voulez
bien.

Voir les heures miroir


01 h 01 02 h 02 03 h 03 04 h 04 05 h 05 06 h 06 07 h 07 08 h0 8 09 h 09 10 h
10 11 h 11 12 h 12 13 h 13 14 h 14 15 h 15 16 h 16 17 h 17 18 h 18 19 h 19
20 h 20 21 h 21 22 h 22 23 h 23 0 h 00
Madeleine Spirituelle avait commencé à les remarquer un jour : une par
hasard en tournant la tête vers l’horloge, une en regardant son téléphone le
matin, puis une autre l’après-midi, le lendemain un peu plus, puis certains
jours, tout le temps, enfin non, à certaines heures.
Elle avait demandé à Ganesh s’il pensait que sa pendule voulait lui dire
quelque chose, lui transmettre un message secret.
« Absolument ! », confirma le dieu des obstacles. C’est surtout signe qu’elle
n’était pas toute seule. Ça pouvait être le signe d’un ange gardien, le moment
de faire un vœu, la pensée d’autrui(te)… comme le dieu des obstacles, par
exemple.

Ganesh allait plus loin dans les explications : « Chaque heure a une
signification différente, tu peux t’amuser à les trouver, ou juste sourire
intérieurement, ce qui a pour effet de diffuser instantanément de bonnes
ondes en toi. Tu remarqueras que tu les verras toujours au moment où
justement, tu ne regardes pas l’heure. »

Exercice
Notez l’heure miroir qui se présente à vous, dans la journée ou
dans la semaine, recherchez la signification, et écrivez ce que
vous en retenez pour vous. Tenez un mini-journal des heures
miroir pour vous permettre en un clin d’œil de voir celles qui
reviennent souvent.
Ganesh vous guide, si vous le voulez bien.

Voir l’opportunité de l’obstacle


Seize mois et quatorze jours et demi s’étaient écoulés depuis la première prise
de contact avec le dieu des obstacles. Son équilibre était encore bancal, ce
qu’elle assumait complètement. En attendant, elle commençait à percevoir le
premier enseignement de Ganesh : l’obstacle pouvait en effet être une
opportunité. Bientôt elle l’affirmerait haut et fort, mais il lui fallait encore un
peu de temps. Évidemment, elle n’allait pas dire : « Merci à toi, l’obstacle,
d’être arrivé dans ma vie, ça aurait été vraiment tellement dommage de ne pas
vivre tout ça. » Mais elle réalisait qu’elle avait entraperçu un nouvel univers
et qu’elle avait compris qu’une autre approche des choses était possible.

Exercice
Écrivez quelle opportunité vous a apportée votre obstacle ; si
vous ne la voyez pas encore, ayez confiance, ça ne saurait
tarder.
Ganesh vous apporte beaucoup de discernement, si vous le
voulez bien.
Chapitre 3

La dynamo
du vélo
Étape 1 : évaluer la lumière qui brille au fond de vous

C’est-à-dire ?
Elle est de plus en plus importante. Vous progressez, vous
pouvez être fier de vous. Cet exercice va vous permettre de
suivre son évolution depuis que vous avez commencé à le faire.

Pourquoi ?
Parce que même dans les moments où vous flanchez, elle est là,
comme un GPS qui vous montre que la lumière au bout du tunnel
se rapproche. Il est donc très important de toujours continuer à la
regarder de près.

Comment ?
Comme dans les autres parties, vous allez peindre ou colorier
une feuille en noir, en laissant un carré ou plus en blanc qui
représente votre lumière intérieure
Ou
Dessinez une ligne avec 10 petits traits verticaux verticaux : un
trait correspond à une très faible intensité de votre lumière
intérieure et dix à une grande brillance. Indiquez votre position en
y ajoutant la date.
Très faible intensité.....................................................................................Grande brillance

Étape 2 : remarquer les changements émotionnels

C’est-à-dire ?
Vous avez travaillé dur pour vous détacher de l’obstacle depuis
des mois. Même si vous ne le sentez pas encore, vous êtes loin
devant, d’un point de vue émotionnel ; en clair vous avez pris du
recul, emmagasiné des forces.

Pourquoi ?
Parce que remarquer les changements, même les plus subtils, va
vous rassurer et vous encourager. Vous faire prendre conscience
que ce chemin que vous pensiez infranchissable, vous avez
réussi à le dégager pour avancer coûte que coûte.

Comment ?
Écrivez ce qui a changé dans votre quotidien en termes de
réactions, d’attitudes, de comportements. Sur quel sujet
émotionnel êtes-vous différent aujourd’hui. Racontez ce que ça
vous a procuré comme sensation, comme bienfaits, ces moments
ou ces situations où comme Madeleine Spirituelle vous pédaliez
tranquillement sur la piste cyclable de votre nouvelle vie. Inspirez-
vous des changements notés par Madeleine Spirituelle.

Elle avait cette « presque agréable » impression d’être en train de pédaler


tranquillement sur la piste cyclable de sa nouvelle vie. Tout avait l’air bien
plat et bien dégagé sur les côtés. Sans ses efforts point de lumière, la dynamo
suivait donc le rythme de ses pieds sur les pédales pour l’éclairer sur son
chemin. Le moment était venu pour Madeleine Spirituelle de franchir la
deuxième étape du programme de Ganesh : elle devait prendre conscience
que l’obstacle était à l’intérieur d’elle. Celui pour lequel elle avait sollicité le
dieu des obstacles mais d’autres aussi moins lourds, moins graves. Mais
avant, il était nécessaire qu’elle mesure ses réactions face à quelques menus
obstacles du quotidien et qu’elle constate si son attitude et son comportement
s’étaient transformés. Un peu, beaucoup, passionnément, peu importe, même
de quelques millimètres c’est tout ce qui comptait. Ganesh savait que d’autres
embûches allaient arriver sur son chemin. C’était comme un passage obligé et
nécessaire. Il fallait qu’elle s’en rende compte par elle-même. Il n’y avait ni
machine, ni quiz, pour faire un état des lieux, mais elle, juste elle.
Ça avait commencé par de petits tests par-ci par-là. Comme la réponse à ces
projets ultra-importants pour elle, sur tous les plans, qu’elle attendait depuis
des mois. Avant, elle se serait énervée, désespérée, impatientée, dénigrée
même. L’obstacle qu’elle s’était elle-même créé s’en donnait à chaque fois à
cœur joie. Mais depuis qu’elle avait commencé son entraînement spirituel
avec Ganesh, elle avait pris du recul, passant facilement à autre chose,
n’attendant plus de réponse. La vie continuait. Pour elle, le pas était énorme.
Elle avait reçu la réponse négative à ce projet très important pour elle par
courriel, avec une phrase lapidaire sans empathie ni explications. Elle avait
pris note de cette information sans aucune émotion et poursuivi ce qu’elle
était en train de faire. Elle observait la scène à l’intérieur : elle n’était pas
complètement déstabilisée par la nouvelle, elle n’était pas prête à se jeter du
haut d’un pont, en ayant pris soin avant de sectionner l’élastique, elle n’était
pas très en colère non plus. Si cette réponse ne la réjouissait pas, elle ne la
mettait pas à terre. Ils n’en voulaient pas ? Ils n’y croyaient pas ? Alors tant
pis pour eux, ils allaient le regretter quand ce projet serait un immense
succès. Elle rejoindrait le cercle de ceux dont on n’avait pas choisi voulu et
qui le racontaient pour encourager les autres à tenir bon. Voilà. Pendant
quelques jours, Madeleine Spirituelle avait continué d’observer ses réactions
diverses et variées pour voir si elle avait réussi ce nouveau challenge.
D’autres petits obstacles du même genre venaient de temps à autre tenter de
la déstabiliser ou l’empêcher de respirer. Jusqu’ici tout était à peu près OK,
avec des hauts et des bas, mais plutôt bien dans l’ensemble.

Étape 3 : tenir bon encore au cœur de l’obstacle

C’est-à-dire ?
Vous pensiez avoir laissé l’obstacle derrière vous. C’est vrai. Mais
il arrive souvent que, comme après un tremblement de terre, il y
ait des répliques. Inutile de chercher à savoir pourquoi tant
d’acharnement, l’important est de continuer à avancer vers le
bout du tunnel et retrouver la lumière. Tenez bon.

Pourquoi ?
Parce que vous allez réaliser que vous avez beaucoup avancé
sur votre chemin, donc cela va beaucoup vous aider d’une part à
amortir le nouveau choc et d’autre part à prendre conscience que
vous êtes beaucoup plus armé pour le supporter. Même si c’est à
bout de bras de fourmi, c’est une énorme avancée, vous allez
vous en rendre compte. Et vous trouver brillant.

Comment ?
Si vous vivez les répliques de l’obstacle, racontez-les.
Puis mettez en lumière vos progrès, tous les fruits de vos efforts
pour en arriver là où vous en êtes aujourd’hui. Exprimez cet état
d’esprit qui désormais vous porte et vous fait prendre un recul
considérable sur la situation.
Inspirez-vous de l’expérience de Madeleine Spirituelle.
Si vous avez été épargné, écrivez les changements qui se sont
opérés dans votre manière d’appréhender les choses. Votre
avancée : pas celle qui « fait bien », mais celle qui vous fait du
bien.

Ganesh, s’en mordait la trompe, mais il ne pouvait rien dire : ce qui allait
suivre créerait quelques secousses. Madeleine Spirituelle, trop concentrée sur
autre chose ce jour-là et notamment le bon fonctionnement de la dynamo de
son vélo, n’avait pas vu le signe que le dieu des obstacles lui avait envoyé
quelques jours plus tôt. Sur le chemin de son retour de voyage en avion, le
commandant de bord avait proposé d’admirer le Stromboli sur la gauche de
l’appareil. Le soleil sublime avait écarté la moindre trace de nuages, laissant
voir le volcan éteint dans toute sa splendeur. Une vue époustouflante, mieux
que sur n’importe quelle carte postale. Elle mesurait sa chance, y compris
celle d’être capable de se montrer sensible à tant de beauté. Deux jours plus
tard, le Stromboli s’était réveillé comme un fou. L’obstacle de Madeleine
Spirituelle aussi.

Il vivait nuit et jour avec la suivante : elle avait fini par apprendre ce que
beaucoup savaient depuis des lustres, y compris ses petits poussins à qui on
avait demandé de garder cette information pour eux, alors qu’eux aussi
avaient changé d’adresse.

La nouvelle l’avait écrasée de tout son poids en deux temps trois


mouvements. L’obstacle avait repris tout son pouvoir, à coups de regrets, de
bilan négatif, d’injustice cruelle, d’incompréhension maximale, de désespoir
infini, de chagrin béant… Évidemment, elle se doutait bien qu’il n’allait pas
passer ses soirées à coudre des patchworks en solo, et au contraire en profiter
pour cumuler un nombre affolant de conquêtes. Mais malgré tout, la nouvelle
de la suivante ultra-officialisée malgré son illégitimité était aussi difficile à
avaler qu’une arête de mérou.
Madeleine Spirituelle se rendait compte que ses pensées avaient repris leur
inlassable tourbillon, elle n’avait plus le contrôle. C’était étrange ce sentiment
d’être prisonnière et de ne pas réussir à s’échapper, malgré tout le travail
accompli qui lui aurait permis de le faire. Cette certitude de pouvoir observer
les choses et d’être si impuissante à couper d’un coup sec comme ce qu’elle
avait déjà tranché avec la hache de Ganesh. Les nuits découpées en mille
morceaux par l’obstacle sans pitié alimentaient différents sentiments tous
plus négatifs les uns que les autres.
Mais malgré tout, dans cette nouvelle secousse et toute cette chape de plomb
au-dessus de sa tête, elle voyait très clair : l’obstacle était en elle. Et si elle le
voulait, elle pouvait tout arrêter. Non pas parce qu’elle était courageuse, mais
parce que c’était son choix et sa décision. Soixante-douze heures après,
comme par miracle, elle avait repris ses esprits et terrassé l’obstacle. Elle était
si fière, tellement heureuse de réaliser ses progrès et avait remercié du fond
du cœur Ganesh qui à force de cartes, d’arguments, de soutien… l’avait
remise sur la bonne piste. Madeleine Spirituelle avait continué son
entraînement intensif pour regarder l’obstacle comme Ganesh le lui avait
appris, montré, expliqué…
L’obstacle – le volcan – la suite, allait tenter encore de tout dévaster. Un
décès inattendu d’un très proche d’avant, triste épisode qui venait clore
encore un grand chapitre de la vie d’avant de Madeleine Spirituelle.
La symbolique d’un enterrement était folle. Jamais elle n’avait hésité « à y
aller ». Ganesh avait pleinement approuvé cette décision. Elle y avait en effet
sa place, celle qu’on ne lui donnait plus, mais qu’elle voulait prendre toute
seule. Elle tenait envers et contre tout à rendre un dernier hommage à celle
avec qui elle avait partagé beaucoup pendant si longtemps. Aussi bien
l’insupportable que le complètement futile utile.
Étape 4 : partir avec panache

C’est-à-dire ?
Il y a, il y aura forcément un moment où vous serez confronté à
l’obstacle en face. Pas de timing, ça arrivera un jour. Pas de
scénario type, chacun vivra le sien. Ce qui compte ce jour-là,
c’est votre panache.

Pourquoi ?
Parce que sortir par la grande porte, vous en êtes complètement
capable et c’est très important. Comme une récompense que
vous vous offririez pour vous féliciter d’avoir fait tout ce chemin
difficile, la preuve éclatante de votre courage, de votre
détermination et de votre respect de vous-même.

Comment ?
Trois exercices au choix en fonction de ce que vous vivez :
1/ Si vous êtes en train de vivre ce moment ou venez de le vivre,
racontez-le, détaillez les efforts que cela vous a demandés, la
force que vous avez eue aussi et la fierté que cela vous a
procurée. Décrivez votre panache, comment vous êtes sorti la
tête haute par la grande porte. Imaginez le soutien de Ganesh à
vos côtés et des mains tendues qui vous ont donné de la force.
Votre imagination est sans limites.
Inspirez-vous de celui de Madeleine Spirituelle.
2/ Si vous sentez que ce moment va bientôt arriver, écrivez
comment vous allez conclure avec panache. N’hésitez pas à y
ajouter magie et féerie et à inclure aussi dans votre récit vos
indéfectibles soutiens dans la vraie vie.
3/ Si vous voulez vous préparer pour le jour où… commencez à
écrire cette occasion qui vous sera donnée pour le faire. Même
exercice que le précédent.

Du panache, voilà ce que lui avait écrit Ganesh de bon matin, sur une de ses
petites cartes. Le panache, oui le panache devait être son seul mot d’ordre.
Une sortie définitive pour toujours par la grande porte, la tête très haute. Elle
s’était préparée et mise en condition pour supporter ce challenge éprouvant.
Elle était soutenue par Maxima, son amie de toujours, qui malgré les milliers
de kilomètres les séparant, veillait sur elle ce jour-là, minute après minute
sans la lâcher une seule seconde. Maxima n’avait inscrit ce jour-là qu’une
seule priorité à son planning : être aux côtés de Madeleine Spirituelle non-
stop. Ses objectifs étaient clairs et nets : l’écouter, l’encourager, la conseiller
et lui donner des forces. Un inestimable soutien qui lui avait permis de tenir
bon avant d’arriver toute seule à la cérémonie avec sa grande couronne de
fleurs. Maxima avait continué de suivre le déroulé de cette journée cruelle,
branchée sans interruption et disponible à tout moment pour transmettre à son
amie le courage dont elle avait tellement besoin. Elle était prête à donner la
réplique dans cette très mauvaise pièce de théâtre, y compris lorsqu’on lui
avait posé cette question : « Ça doit être difficile non d’être là
aujourd’hui ? ».
À l’extérieur le panache était au maximum, à l’intérieur elle était alignée
comme jamais. Rien ne pouvait la déstabiliser, d’autant qu’elle avait
demandé à Ganesh de mettre les bouchées quadruples pour supporter tout ça.
Alors Madeleine Spirituelle s’était lancée. D’abord en saluant tous ceux de sa
vie d’avant qu’elle n’avait plus revus du jour au lendemain, puis en mettant
un visage sur le nom de la suivante en situation irrégulière. Elle avait ensuite
pris elle-même sa place au premier rang, la sienne, pour la dernière fois de sa
vie. Sans rancune, sans vengeance, sans tralala, sans arrière-pensée. Sa place,
un point c’est tout. Ce qu’elle avait à dire, ces quelques souvenirs émus d’il y
a longtemps qu’elle avait compilés le matin même dans son carnet, elle avait
pu les dire à voix haute devant tous ceux qui étaient là, comme un clap de fin,
tirant ainsi sa révérence par le verbe. Elle était restée un peu après, le temps
de dire adieu sans le dire, à la famille, aux amis, au décor… et à tout le reste,
avant de s’éclipser incognito.
Sur son vélo, elle pédalait comme une folle pour faire sécher les larmes. Elle
avait pris le chemin le plus long possible, le temps de dompter ses glandes
lacrymales. Maxima suivait toujours à distance chaque coup de pédale. La
dynamo ronronnait et la lumière l’emmenait désormais vers le prochain
chapitre.
Devant sa porte, elle avait trouvé un magnifique éventail rond en plumes de
paon. L’animal était parfois la monture de Ganesh. A priori, il avait dû faire
un arrêt. La plume avait une symbolique importante : à la fois protection et
ouverture du troisième œil. Se concentrer sur ce qui arrive et laisser partir le
passé. Regarder honnêtement les choses et laisser tomber les vieilles
croyances. La légende racontait aussi qu’elle contenait des pouvoirs spirituels
magiques pour ceux qui souhaitent attirer équilibre et guérison dans leur vie.
Sacré Ganesh, le dieu des obstacles avait plus d’un tour dans sa trompe.

Étape 5 : se concentrer sur ses garde-fous


C’est-à-dire ?
Quand l’obstacle sévit, vous focalisez sur la manière dont vous
allez tenir le coup. Normal. Vous vous agrippez à cet objectif et
vous mettez toute votre énergie pour y arriver. Et puis à un
moment, vous allez aussi réaliser à quel point juste à côté de
vous il y a ceux et celles qui vous donnent ni vu, ni connu,
beaucoup d’énergie positive. Vous vous battez pour vous-même
et vous avez bien raison, et vous vous battez pour eux aussi.

Pourquoi ?
Parce que même si c’est tellement difficile, vous allez prendre
conscience de votre chance de l’avoir ou de les avoir auprès de
vous. Vous allez réaliser que sans eux, vous n’auriez pas toute
cette force dans le fond. Même s’ils ne vous aident pas
concrètement, ils sont là. Ce n’est pas que vous tenez bon pour
eux, c’est juste une évidence qu’ils contribuent à maintenir votre
cap.

Comment ?
Écrivez qui vous aide sans vous aider concrètement, qui vous fait
tenir, pour qui vous êtes resté debout. Racontez toute votre
gratitude, votre reconnaissance, votre amour pur. Ça peut être un
texte de remerciement ou un texte qui raconte simplement pour
qui vous vous battez en dehors de vous-même et qui vous remplit
de bonnes ondes.

Si Madeleine Spirituelle avait passé un temps fou à s’occuper de ses états


émotionnels, pour revoir la lumière, et fait comme elle avait pu pour
conjuguer sa vie professionnelle avec sa tempête personnelle, ses petits déjà
si grands avaient toujours été et seraient pour toujours sa priorité prioritaire.
Les derniers événements la poussaient bien plus encore à continuer
d’accomplir cette mission de la plus haute importance, pour ne pas dire sa
vocation. Si la vie l’avait mise devant le fait accompli de n’avoir désormais
qu’une partie d’enfants à élever, elle poursuivait sur la même voie contre
vents et marées, et guidait ceux qui resteraient à jamais ses bébés chéris, pour
que leur futur soit recouvert d’un bonheur inouï. Elle n’était pas du genre à
vouloir en faire « ses choses » parfaites avec ses critères à elle, mais voulait
faire du mieux qu’elle pouvait pour y arriver. Même si Sigmund F. avait bien
prévenu : « Parents, quoi que vous fassiez, vous le ferez mal », côté
obstacles, il fallait reconnaître que du haut de leurs jeunes années, ils avaient
été servis. Ce qui inquiétait autant Madeleine Spirituelle que cela
l’époustouflait : ses lapins étaient si courageux. Elle avait pour eux un amour
inconditionnel, elle le leur répétait souvent les yeux dans les yeux. Elle
n’avait pas besoin de le leur prouver à tout moment, elle était leur maman
dotée d’un amour absolu et obsédée par l’idée de ne vouloir que leur bien. En
clair : être là et les aimer de tout son cœur. Être le socle de cette famille
perdue, être le phare dans leur tempête et veiller de près ou de loin à chaque
instant à ce que leur petite lumière intérieure ne s’éteigne jamais. Elle
exerçait en parallèle son autorité maternelle pour cadrer d’une manière stricte
leurs tentatives de rébellion ou de manque de respect et restait intransigeante
sur les règles de savoir-vivre à respecter. Même si cela tranchait nettement
avec le mode de l’autre partie de leur vie : le pays des merveilles. Comme le
gommage venait après le hammam, la vie divisée en deux avait aussi ses
classiques rituels. Madeleine Spirituelle avait donc du pain sur la planche
pour trouver un point d’équilibre. Parfois elle réussissait à rester digne dans
l’épreuve, parfois elle avait mal jusque dans ses os. Ganesh n’était jamais
loin pour la remettre sur son vélo et lui donner un maximum d’élan afin de le
faire avancer et faire marcher sa dynamo au maximum de sa puissance.
Chapitre 4

La lumière
du soleil
Étape 1 : évaluer la lumière qui brille au fond de vous

C’est-à-dire ?
Elle continue de briller. Mieux ! Elle brille de plus en plus. C’est
grâce à vous. Persévérez, elle va briller de mille feux d’ici peu.
Foi de Madeleine Spirituelle.

Pourquoi ?
Parce que plus rien ne peut vous arrêter pour qu’elle rayonne. Il y
aura des hauts et des bas, certes, encore et encore, c’est OK.
Continuez à avancer. Laissez-la briller, elle ne demande que ça.

Comment ?
Même principe : comme dans les autres parties, vous allez
peindre ou colorier une feuille en noir, en laissant un carré ou plus
en blanc qui représente votre lumière intérieure.
Ou :
Dessinez une ligne avec 10 petits traits verticaux qui
correspondent pour 1 à une très faible intensité de votre lumière
intérieure et pour 10 à une grande brillance. Indiquez votre
position en y ajoutant la date.
Très faible intensité...................................................................................Grande brillance

Étape 2 : s’évader

C’est-à-dire ?
Plus que jamais, vous allez laisser toute la place à votre
imagination. Laissez-vous embarquer dans une aventure hors du
commun, comme un rêve, une fiction, un conte. Marchez sur les
pas de Madeleine Spirituelle. Ou créez votre propre évasion pour
aller à la rencontre de Ganesh.

Pourquoi ?
Parce que s’évader est un moyen tellement simple de se
détourner du quotidien sans pour autant le fuir ni l’oublier. Une
parenthèse enchantée pour de vrai ou pour de faux qui ne peut
vous apporter que du positif et des étoiles dans les yeux.

Comment ?
Écrivez comment vous pourriez vous évader de votre contexte, ce
que vous pourriez faire de différent, de nouveau, d’original.
Vous pouvez aussi imaginer que vous êtes au même endroit et
que vous vivez la même scène que Madeleine Spirituelle.
Dans les deux cas, vous rencontrez Ganesh, le dieu des
obstacles : racontez vos émotions, les petits détails, le déroulé de
cette rencontre aussi inattendue qu’incroyable…
Inspirez-vous de son récit.

C’était le jour de la grande fête de la naissance de Ganesh : Ganesh Chaturthi.


Les festivités pour honorer et célébrer le dieu des obstacles duraient dix jours
en Inde. Elles avaient lieu à Paris aussi, mais un jour seulement, dans le
quartier de la « petite Inde » près de la porte de la Chapelle, où Madeleine
Spirituelle vivait ce moment absolument incontournable pour elle, avec
environ 50 000 personnes. Sous le ciel de la capitale française, il y avait de
belles couleurs, des joueurs de flûte, des danseurs avec des arceaux en plume
de paon, des odeurs de curcuma, de jolies robes, de la musique, des fleurs,
des femmes qui faisaient brûler du camphre dans un pot en terre cuite posé
sur leur tête, un éléphant en résine aux traits bollywoodiens, mais surtout une
joie qui donnait presque la chair de poule tellement elle était puissante. Un
voyage aller-retour en Inde à quelques stations de métro parisien. Les yeux de
Madeleine Spirituelle brillaient. Elle avait glissé dans sa poche son petit
Ganesh à elle et suivait le défilé des chars tirés par d’immenses cordes d’au
moins 20 mètres de long. Des milliers de noix de coco, symboles de la dureté
illusoire du monde, étaient brisées et jonchaient le sol. Les briser, c’était se
libérer et offrir son cœur à la bénédiction de Ganesh. Leur chair était
synonyme de nos actions individuelles et l’eau de coco représentait l’égoïsme
humain. Elle en avait ramassé une pour l’offrir à une de ses statuettes
préférées de Ganesh à qui elle avait dédié un endroit dans sa cuisine. Il fallait
bien avouer qu’elle en avait un peu partout dans sa maison : « Quand on aime
on ne compte pas », se disait-elle à chaque nouvelle acquisition. Il y avait un
char beaucoup plus grand que les autres, recouvert de sublimes tissus, de
guirlandes de fleurs, de fleurs fraîches… c’est là où se trouvait le héros du
jour, Ganesh. Tout au long de ce parcours incroyable, elle se laissait enivrer
par ces rituels, s’arrêtait d’autel en autel, tous disposés le long du parcours,
regardait comme des trésors les offrandes bénies, portait autour du cou un
collier de fleurs de jasmin…
Tout était organisé par le temple de Ganesh, Sri Manicka Vinayakar Alayam,
rue Pajol dans le 18e arrondissement, où Madeleine Spirituelle se rendait
régulièrement. Un rendez-vous secret bienfaisant dans un lieu incroyable au
cœur de la capitale. C’était là qu’avait lieu l’ultime étape de ce défilé
d’anniversaire. Elle était arrivée alors que les derniers fidèles s’en allaient et
que le temple allait fermer. C’est à ce moment-là que son intuition lui avait
dit de ne pas bouger, qu’il allait se passer quelque chose de différent en ce
dimanche pas comme les autres. C’était le moment où elle allait rencontrer
Ganesh, en vrai, en face à face, et où la suite et fin de son programme allait
avoir lieu. Les portes s’étaient refermées, des bougies éclairaient l’espace
comme des milliers de lucioles dans un immense pot de yaourt en verre
recyclé.
Il était là, confortablement assis, avec cette célèbre position des jambes qui
n’appartenait qu’à lui, le dieu des obstacles : une reposante sur le sol, et
l’autre debout, symboles d’un monde matériel et spirituel, traduisant son
habileté à vivre dans le monde sans en faire partie. Madeleine Spirituelle en
avait le souffle coupé : il était encore plus beau qu’en statue, poster, image,
fond d’écran, tee-shirt… Il était immense et magnifique. Vers l’infini et au-
delà. Même si elle s’était habituée à sa présence cachée, ses surprises, ses
cartes… c’était un moment fou qui était en train de se produire.
Elle voulait se jeter sans plus attendre dans ses quatre bras, un immense
besoin d’être réconfortée sans doute. Mais avec un dieu, il fallait savoir se
tenir. Alors elle le regardait les yeux brillants, avant de les fermer, pour
profiter infiniment de ce moment magique et faire le plein de bonnes ondes
anti-obstacles. Ganesh avait délicatement posé le bout de sa trompe sur son
cœur, c’était incroyable cette sensation de patch chauffant, si doux et si
bienfaisant. L’émotion était aussi trop forte. Ganesh séchait chaque larme
avec l’air de sa trompe, avant de revenir la poser à nouveau au même endroit.
Et puis à un moment donné, elle avait ouvert les yeux, Ganesh avait rangé sa
trompe, elle aurait juré qu’elle était encore posée là.
Devant elle, il y avait un petit paquet avec un magnifique ruban de fleurs tout
autour. Elle n’osait pas le toucher, n’étant pas complètement au fait du
protocole avec un dieu. Il ne parlait pas, tout dieu qu’il était il y avait quand
même des limites dans les pouvoirs divins. Mais il écrivait beaucoup, la
légende racontait même qu’il avait écrit sous la dictée de Vyasa le célèbre
texte sacré du Mahâbharata : 200 000 vers répartis en 18 livres qui
racontaient, un peu comme L’Iliade, une grande épopée hindoue sur fond de
guerre. Ganesh le scribe avait accepté ce travail si le poète lui dictait ses
textes sans s’arrêter. La plume avec laquelle il écrivait s’était brisée, alors il
avait sacrifié une de ses défenses pour continuer son travail.
Ganesh avait pris le précieux paquet-cahier avec sa trompe et l’avait déposé
entre les mains de Madeleine Spirituelle. Un clignement de ses petits yeux
était le signe qu’elle pouvait l’ouvrir.

C’était un superbe cahier aux pages très épaisses, avec des illustrations
magnifiques tel un livre de contes des Mille et Une Nuits. Il y avait 21 pages,
au format 21 x 29,7 cousues avec un fil d’or. Tous ces 21 étaient liés à
quelque chose : c’était le chiffre préféré de Ganesh. Il avait été spécialement
édité pour Madeleine Spirituelle. Elle le regardait comme un trésor, à
l’envers, à l’endroit et vice versa. Puis elle le posa devant elle, prête à suivre
les nouvelles indications du dieu des obstacles.
Il avait envoyé un grand coup d’air avec sa trompe pour ouvrir le livre et
laisser sa protégée lire les textes qu’il avait écrits pour elle. Quand il jugeait
que c’était le bon moment de changer de page, il donnait un nouveau souffle
d’air.
Le texte avait été adapté dans un style qu’elle aimait, Ganesh avait retenu
depuis leur premier échange qu’elle était plus à l’aise avec un langage
« moins dieu ».
« J’ai de grandes oreilles pour écouter très attentivement. Les tiennes sont
plus petites, mais tu peux écouter aussi attentivement que moi si tu veux. J’ai
aussi une minuscule bouche, qui me permet de faire bien attention à ce que je
dis. Sers-t’en, je te les prête, comme je t’ai prêté ma hache, mon ventre et
mes yeux. »
Étape 3 : acter le premier jour du reste de votre vie

C’est-à-dire ?
Plus rien ne sera plus jamais comme avant, mais ceci n’est pas
une mauvaise nouvelle dramatique bien au contraire : vous avez
fait votre chemin et vous en sortez grandi. Vous avez coupé,
digéré, regardé les choses autrement. Vous allez intégrer dans
votre état d’esprit les sages recommandations de Ganesh pour
activer votre respect de vous-même et enpêcher l’obstacle
d’entrer.

Pourquoi ?
Parce que vous vous êtes donné les moyens de surmonter votre
obstacle, donc de repartir sur de nouvelles bases. Le temps est
venu de sceller ce nouveau départ, en clair d’acter le premier jour
du reste de votre vie.

Exercice
Vous allez lire le programme proposé par Ganesh dans son
ensemble.
Puis pour chaque conseil, vous allez écrire :
Si vous êtes d’accord ou non et pourquoi dans les deux cas.
Si vous l’appliquez déjà un peu ou beaucoup et si cela a changé
quelque chose dans votre quotidien.
Si vous ne l’avez pas encore fait, si vous prévoyez de le faire à
court/moyen/long et terme et ce que cela pourrait vous apporter.
D’autres petits exercices sont aussi proposés à la suite de la
lecture de chaque conseil.

Voilà pour vous ce qu’il y avait de plus important à retenir de ce divin cahier.
Écoute tes valeurs, pour savoir ce qui compte pour toi, ce qui compte par-
dessus tout. Ne fais jamais aucun compromis par rapport à elles. Jamais. Tout
ce que tu fais et ce que tu dis doit être guidé par elles. Si tu en dévies, ne t’en
veux jamais. Mais prends-en conscience. Et rectifie le tir. Écoute ta valeur, ce
que tu vaux. Écoute ce que tu aimes, ce que tu n’aimes pas, ce que tu veux, ce
que tu ne veux pas. Écoute tes peurs. Prête attention à tout ça. Prends de la
distance. Le respect de soi commence par là.

Exercice
Écrivez ou listez quelles sont vos valeurs et expliquez en quoi
elles sont importantes pour vous.

Écoute ce que tu te dis à toi-même, ouvre grand tes petites oreilles, tu n’es
pas parfaite. Il y a des choses que tu n’aimes pas chez toi. C’est normal. Je ne
suis pas en train de te dire que la prochaine fois que tu passes devant un
miroir, tu dois bondir de joie devant cette image merveilleuse, mais regarde-
toi avec plus de compassion et de tendresse. Observe ce qui te plaît le mieux,
aime-toi et dis-le-toi le plus souvent possible.

Exercice
Écrivez ce qui vous plaît le plus chez vous, vos atouts, vos
qualités.
Parle de toi en bien aux autres, ça ne veut pas dire parler de toi en utilisant
uniquement une collection de superlatifs, mais entraîne-toi à dire du bien de
toi avec douceur et empathie. Plus tu t’en préoccupes, plus tu vas élever tes
vibrations et donc attirer ce qu’il y a de plus juste vers toi. Le positif attire le
positif, le négatif attire le négatif. C’est scientifique.

Exercice
Faites deux colonnes. Dans la première écrivez tout le mal que
vous dites de vous parfois et dans l’autre réécrivez ces phrases,
ces mots en version positive.

Pose tes limites, tu ne peux laisser personne te dire ou te faire sentir comme
une vieille chaussette dépareillée. Tu dois être ferme avec toi-même. Pas dure
avec toi, mais autoritaire ; c’est-à-dire que tu dois savoir où sont les limites,
en clair ce que tu peux et dois accepter, et ce que tu dois refuser. Tu es la
seule à pouvoir fixer le seuil maximal. Ceux et celles qui ne voient pas ou ne
partagent pas tes valeurs, ne leur donne pas trop d’importance dans ta vie. Tu
peux le recopier mille fois s’il le faut : personne sur cette planète n’a le droit
de te juger ou encore de te contredire. Ce n’est pas du courage, c’est du
respect de toi. C’est ta meilleure arme contre ceux et celles que tu ne pourras
pas empêcher de te manquer de respect. C’est ton armure, ta carapace qui va
te protéger. Tu dois savoir qui tu es, l’assumer pleinement et le revendiquer.
Pas en allant sur les barricades. Au contraire, en restant calme et sereine. Et
ainsi dès que le voyant alerte intrusion clignotera, tu ne céderas pas à la
panique et à la peur du danger, tu ne te mettras pas en difficulté, tu seras à ta
place, dans le juste et dans le vrai vis-à-vis de toi-même. Si cette « attaque »
te blesse, te bouleverse, te déstabilise, tu as le droit d’accepter cet état parce
que tu n’es ni un robot, ni une super-héroïne invincible. En revanche, tu seras
capable de réduire le temps inconfortable et parfois misérable pour reprendre
les choses en mains. Tes mains à toi. Bien sûr c’est un entraînement, c’est
même une lutte intense avec ton mental qui ne cessera de te mettre des bâtons
dans les roues. Mais quand tu verras les résultats, quand ta fierté prendra le
dessus, tu seras une reine. Tu deviendras inaccessible dans le sens où tu ne
laisseras pas ou plus le libre accès à rien ni personne. Parce que tu seras en
accord avec qui tu es. C’est un grand pouvoir, le tien, plus puissant que tous
les pouvoirs du monde. Si tu as laissé quelqu’un franchir ces limites malgré
tous tes efforts, ne te condamne pas. N’en profite pas pour parler de toi en
termes négatifs. Fais plutôt la liste de ce que tu as toléré, ça t’aidera à te
rendre compte de ce que tu dois corriger et reprends le contrôle.

Exercice
Écrivez votre liste de limites à ne plus jamais laisser franchir,
c’est-à-dire ce que vous ne pouvez plus tolérer, accepter. En
dessous, écrivez ce qui vous empêche de les poser fermement,
ces petits « oh quand même ça passe… ». Laissez poser, relisez
le lendemain, ajustez, puis le lendemain encore, ne cessez pas
de réécrire jusqu’à ce que ce soit juste et évident pour vous. Et
que vous les fassiez appliquer à la lettre dans votre quotidien.

Écoute quand quelqu’un te montre des signes d’irrespect, prête attention


à celles et ceux qui te montrent de tels signes, te le disent, te le prouvent…
Tu ne dois pas laisser les gens qui font si peu pour toi prendre autant de
contrôle sur tes émotions et tes sentiments. Tu ne dois plus faire attention à
ceux qui ne font pas attention à toi et qui te rouleraient même dessus sans
hésiter. Tu mérites le même amour que celui que tu donnes. Tu ne dois pas
leur en vouloir parce qu’ils te traitent comme tu te traites. En clair, quand tu
te traites mal, on te traite de la même façon. Si cela arrive, c’est un manque
de respect de toi-même. Quand il n’y en a pas assez, quand il n’est pas assez
développé, l’obstacle rentre comme dans du beurre et prend le pouvoir.
Inutile de culpabiliser, de regretter… le moment est venu de faire briller ton
respect, celui qui est en toi, de le renforcer et de lui donner toute sa place. Si
tu ouvres grand tes petites oreilles, tu vas t’apercevoir que tu peux entendre
beaucoup de messages qui te mettront sur la bonne voie.

Exercice
Revivez des moments où vous avez ressenti un manque de
respect et où vous avez fermé les yeux, bouché vos oreilles et
barricadé votre cœur. Écrivez-les sans culpabilité ni regrets. Puis
faites le contraire, écrivez ces instants où vous avez pris la
mesure du non-respect et ce que vous avez fait.
Écoute les compliments, les tiens et ceux des autres, tu sauras discerner le
vrai du faux.

Exercice
Listez les compliments que l’on vous fait chaque jour, que ce soit
votre entourage ou des inconnus, et écrivez quelle émotion cela
déclenche chez vous.

Écoute ta petite voix, elle sait, toujours. Tu le sais, alors laisse-lui te parler.

Exercice
Écrivez les moments où vous entendez votre petite voix et où
vous l’écoutez.

Écoute-moi bien, tu n’es pas négociable.

Exercice
Recopiez dix fois : « Je ne suis pas négociable. »

Dans la suite du cahier, Ganesh parlait du pardon. Ganesh était bien placé
pour parler de pardon. Son histoire avec la lune était un bel exemple et cette
grande fête de Ganesh Chaturthi était un moment clé pour pardonner.
« Pardonner c’est te libérer, ôter les pièges à loup que tu as aux pieds et que
tu traînes comme une âme en peine. C’est te concentrer sur ton objectif avant
tout et laisser la colère derrière. Victime, oui tu peux l’être, c’est tellement
facile, et tu le seras toujours si tu laisses la possibilité à ton bourreau de te
sentir dans cet état. L’obstacle est à l’intérieur de toi quand tu décides de
t’apitoyer sur toi-même, de répéter inlassablement tout ce qu’on t’a fait subir,
endurer, ou de trouver des circonstances atténuantes ; c’est toi qui entretiens
le mal alors que l’autre est déjà passé à autre chose. C’est toi qui gâches ta
vie toute seule, tes journées comme une grande, et tes nuits comme un chef.
Toi et toi seule. Reconnais-le. Reconnais que tu as aussi donné le bâton pour
te faire battre et que ton manque de respect de toi est ton pire ennemi. Ne
culpabilise pas, aucun intérêt si ce n’est de dévier de la priorité. Tu auras
toujours tellement de raisons d’en vouloir à l’autre, de l’accuser de t’avoir
fait ci ou ça, dit ci ou dit ça. Tu peux gaspiller ton énergie et faire des nœuds
à ton estomac aussi serrés que ceux d’un cordon de sweat-shirt passé à la
machine lavante puis séchante. Tu peux aussi dire stop. Basta. Ça suffit.
Point final. Tu n’iras pas pardonner les yeux dans les yeux, tu n’iras pas
répandre tout ton chagrin, ta colère ou encore ta culpabilité à sens unique
pour mieux te faire écrabouiller encore. Non, tu seras au-dessus de ça, parce
que tu seras en accord avec ton respect de toi. Alors tous les soirs avant de
dormir, tu pardonneras pour tout le mal que l’on t’a fait consciemment et
inconsciemment et tu pardonneras aussi pour tout le mal que tu as fait
intentionnellement ou non. Et puis petit à petit, tu verras que tu prends de la
distance et que ta lumière intérieure brillera. Et tu te pardonneras aussi à toi-
même d’avoir laissé dire et laisser faire. Tu accepteras de te pardonner. Et ça
te délivrera du mal. Cette reconnaissance ne t’apportera pas de belles
médailles ou des gens qui t’approuveront dans la vraie vie. Ça sera ta
reconnaissance à toi, de ce que tu es, ce que tu vaux et qui tu es. Le pardon te
donnera une liberté magnifique, une distance merveilleuse et un souffle d’air
divin. C’est ainsi que tu imposeras ton respect de toi-même à toi en premier
et au monde ensuite. »

Exercice
Écrivez deux lettres de pardon. La première à ceux qui vous ont
fait du mal et la seconde à vous-même. Avant de le faire,
observez le rituel ci-dessous que Ganesh a proposé à Madeleine
Spirituelle.

Elle faisait le rituel du pardon que Ganesh lui avait recommandé, tous les
soirs, sans en manquer un. Elle se concentrait tellement, c’était comme si elle
vivait la scène pour de vrai, c’était même troublant. Elle le retrouvait toujours
dans le même lieu, ils étaient assis côte à côte sur le même banc, elle prenait
sa main gauche, celle du cœur. En serrant très fort cette main qu’elle aurait pu
reconnaître entre mille les yeux fermés, elle avait clairement énoncé qu’elle
lui pardonnait pour tout le mal qu’il lui avait fait consciemment ou
inconsciemment et elle lui demandait pardon pour tout le mal qu’elle lui avait
fait consciemment ou inconsciemment.
Les pages suivantes du cahier faisaient référence aux petits yeux de
Ganesh. Un atout qui lui permettait de se concentrer.
« Tes yeux sont immenses, contrairement aux miens, alors si moi j’arrive à
me concentrer avec les miens, imagine le pouvoir que tu as. Tu dois t’en
servir pour te concentrer sur une tâche, un projet, une activité, une idée…
pour dépasser l’obstacle. La connaissance quelle qu’elle soit est une arme
redoutable pour développer ton self-respect et pour te détourner de l’obstacle
et de ses effets secondaires. Tu seras plus forte que tout si tu te concentres sur
autre chose, laissant ainsi à l’obstacle peu de chances de prendre le dessus. Si
tu laisses ta créativité et ta curiosité s’exprimer sans limites, l’obstacle n’aura
même pas envie de « rentrer » à l’intérieur de toi, en se disant que c’est peine
perdue tant tu seras bien occupée à autre chose. J’ai bien dit « concentre-toi »,
pas son contraire : ne t’éparpille-toi ou ne te perds pas pour oublier. Reprends
la liste de ce que tu aimes, ce que tu veux, ce qui te rend heureuse, ce qui te
plaît, ce qui te fait avancer, ce qui te fait vibrer. Et fonce. À partir du moment
où tu l’as décidé. Cette fierté, c’est une des plus belles illustrations de ton
self-respect et le meilleur pied de nez au tourbillon des émotions négatives. »

Exercice
Écrivez vos passions et vos passe-temps, si vous leur avez
donné vie exprimez tout le bien qu’ils vous apportent, si ce ne
sont encore que des projets, racontez-les en détail, expliquez ce
qu’ils apporteraient de bienfaisant dans votre vie et ajoutez un
plan d’action avec un planning.

Dans les dernières pages du cahier, Ganesh proposait d’appliquer les quatre
lois indiennes de la spiritualité. C’était fou. C’était si juste. Madeleine
Spirituelle n’avait jamais été aussi prête à les entendre. Ganesh avait le sens
inouï du timing.

Première loi : « La personne qui arrive est la bonne personne. »


Deuxième loi : « Ce qui s’est passé est la seule chose qui aurait pu arriver. »
Troisième loi : « Le moment où c’est le moment est le bon moment. »
Quatrième loi : « Quand quelque chose se termine, c’est fini. »

Exercice
Recopiez ces quatre lois, puis prenez des exemples concrets
dans votre vie qui les confirment ou qui les illustrent.

Sur la dernière page, il y avait une enveloppe avec un magnifique cachet en


cire. Il représentait la main de Ganesh levée devant lui, le dos de celle-ci de
son côté à lui et la paume vers l’extérieur. Ce geste célèbre, hautement
symbolique du dieu des obstacles, repoussait la peur. Il faisait partie des
gestes simples et bienfaisants que Madeleine Spirituelle intégrait dans ses
rituels du quotidien. Elle ouvrit l’enveloppe avec son doigt par le haut pour
ne pas toucher au précieux sceau.

« Ceci est une invitation pour changer le cours de ton histoire. Aie confiance,
continue d’y croire et n’aie pas peur. Tu vas trouver la clé pour ouvrir les
portes que tu veux ouvrir et jeter au fond d’un puits celles que tu voudras
laisser fermées pour toujours. Moi, je serai toujours là à tes côtés. »

Ganesh avait donné un dernier coup d’air avec sa trompe pour refermer le
cahier. Madeleine Spirituelle n’avait aucune idée du temps qu’elle avait eu la
chance de passer avec le dieu des obstacles. C’était un moment hors du temps
rempli d’une douceur infinie dont elle aurait évidemment voulu qu’il ne
s’arrête jamais. Une douce musique commençait à se diffuser dans le temple,
un célèbre mantra qu’elle connaissait par cœur. Elle avait tendu à Ganesh,
pour qu’il le bénisse, son mini-lui, ce petit pendentif qu’elle ne quittait jamais
depuis qu’il était entré par hasard dans sa vie il y a cinq ans. Elle en avait
surmonté des obstacles grâce à lui, à chaque fois en le serrant fort dans sa
main. Elle ne l’avait pas lâché depuis qu’elle était entrée dans le temple.
Ganesh avait délicatement posé sa trompe sur ses yeux pour qu’elles les
ferment. Elle se doutait que ce n’était pas demain la veille qu’elle aurait la
chance de le revoir de si près. Elle essayait de contenir les grosses larmes qui
s’apprêtaient à couler le long de ses joues quand elle sentit un gros souffle
d’air dessus, si puissant qu’elle avait fini par se laisser aller dans un grand
éclat de rire. Des larmes au rire, elle avait inversé le processus. Quand elle
avait ouvert les yeux, Ganesh était parti, physiquement, mais elle sentait
encore sa présence comme elle l’avait senti depuis le début de cette aventure
il y a vingt et un mois.
Elle était sortie du temple comme sur un nuage. Le soleil brillait encore
malgré l’heure tardive et lui réchauffait les épaules. Dans sa poche, elle avait
trouvé une nouvelle carte de Ganesh qui disait : « Tu es sur la bonne voie, ton
niveau de self-respect a considérablement augmenté grâce à tout le travail
accompli pendant tous ces mois. Il porte ses fruits, même s’ils ne sont pas
encore très mûrs. Je suis fier de toi, mais ça ne doit être rien à côté de ta fierté
à toi. »
Exercice
Prenez plusieurs clés, de votre trousseau ou celles qui traînent au
fond de ce tiroir. Posez-les sur une feuille disposée à
l’horizontale. Sous chacune d’entre elles, écrivez celles qui ont
fermé pour toujours les portes que vous n’ouvrirez plus jamais et
celles qui vous ont permis d’en ouvrir d’autres.

Sur le chemin du retour, elle avait fait le bilan. Elle n’était pas devenue une
héroïne super parfaite. Elle était devenue Madeleine Spirituelle. Un prénom
emprunté à une ancêtre qui côté obstacles en avait empilé plus d’un dans sa
vie de femme, d’épouse et de mère aussi. C’était un clin d’œil pour elle qui
avait tout juste 20 ans quand la deuxième guerre mondiale avait éclaté.
Spirituelle, elle pouvait l’être surtout en prières pour l’aider à avoir moins
peur et tenir le coup. Ganesh existait déjà et aurait sans doute pu l’aider aussi.
Mais c’était une autre époque, une autre histoire.

Quelques semaines étaient passées, avec encore quelques hauts et quelques


bas. Le temps, à force de passer, ferait lui aussi couler le paquet de farine
coincé dans sa gorge ; Rome non plus ne s’était pas faite en un jour, le
dossier ne pouvait pas être archivé en deux temps trois mouvements, malgré
toute sa bonne volonté.

Exercice
Écrivez quelques enseignements que vous tirez pour vous-même
de votre parcours. Regardez-vous dans un miroir et racontez qui
vous voyez dans le reflet aujourd’hui à travers quelques petits
textes : quel est votre ressenti, quels sont les signes
encourageants et positifs, les progrès que vous avez faits, les
freins, les faiblesses, les doutes et les peurs.

Étape 4 : sauter dans un avion

C’est-à-dire ?
Voyager pour prendre l’air et passer enfin à autre chose aussi.
Vous tournez autour de cette idée et puis un jour vous le faites.
Loin, tout près, en tout cas à mille lieues de votre quotidien et de
vos habitudes. Si vous n’osez pas, foncez. Si vous hésitez, ne
vous posez plus de questions. Si vous avez peur, laissez les
opportunités se concrétiser. Peu importe où vous irez, suivez
l’objectif Marcel Proust : « Le véritable voyage ne consiste pas à
chercher de nouveaux paysages mais à avoir de nouveaux
yeux. » Ou Hippolyte Taine si vous préférez : « On voyage pour
changer, non de lieu, mais d’idées. »

Pourquoi ?
Parce que vous avez besoin de cette « rupture » avant d’arriver
au bout du tunnel. Elle va vous donner des forces. Comme si
vous remettiez le compteur à zéro pour repartir sur les chapeaux
de roue.

Exercice
Écrivez votre voyage, votre virée, votre escapade… et racontez
vos rencontres avec tous ceux et celles qui ont croisé votre
chemin, que vous n’auriez peut-être jamais croisés avant ou si
vous l’aviez fait, vous n’auriez jamais pris autant conscience de
votre chance de les avoir vus et écoutés sur votre route. Intégrez
comme toujours magie et féerie, mélangez fiction et réalité et la
présence de Ganesh à vos côtés. Exprimez ce que ce voyage a
changé, ce que vous avez laissé comme bagages là-bas, ce que
vous avez compris et appris, la force nouvelle qu’il vous a donnée
et que vous avez emmagasinée.

Elle était partie à plus de 10 000 kilomètres de là, dans un pays inconnu à son
bataillon, invitée par une blonde fée au cœur gros comme une pastèque. Rien
à voir avec une fuite en avant, mais un tel voyage ne se refusait pas, d’autant
qu’elle rêvait depuis longtemps de cette destination. Ces aventures lointaines
lui donnaient toujours l’impression magique d’appuyer sur la touche pause
là-bas de l’autre côté de la terre. Bien sûr, après il fallait rentrer et parfois
c’était encore plus difficile après ce genre de parenthèse enchantée, mais cette
fois-ci c’était différent, lui disait son intuition. Cette escapade de quelques
jours à l’autre bout du monde s’annonçait comme un « voyage reset » : c’est
ce qu’avait dit le douanier en souriant avant de lui rendre son passeport
tamponné. Un voyage qui allait l’aider autant à se déconnecter qu’à se
reconnecter.
Quand elle était descendue de son quatrième avion, il y avait cette plume sur
la première marche de l’escalier en bas près du tarmac. Un signe merveilleux
que Ganesh la suivait de près et qu’il la protégeait. Le dieu des obstacles
n’avait pas besoin de visa pour passer d’une frontière à une autre. Elle avait
vidé sa valise, laissant bien enfermés dedans tous les derniers événements,
pour neuf jours et sept nuits. Madeleine Spirituelle vivait chaque moment au
présent, réussissant même à dompter son décalage horaire du jour au
lendemain. Une prouesse en ce qui la concernait, un signe que tout pouvait
être vécu autrement. Quatre rencontres improbables allaient ponctuer ce
voyage pas comme les autres, guidées évidemment par Ganesh, omniprésent
dans ce pays. Elles s’étaient enchaînées dans un laps de temps très court,
comme une chance inouïe en cascade qui venait s’ajouter à cette aventure
merveilleuse.
D’abord ce guide touristique, captivant et bouleversant, qui lui avait raconté
les obstacles de sa vie, entre deux explications historico-culturelles. Sano
était un survivant avec des yeux qui pétillaient et qui se recouvraient d’un
voile, par moments, quand il racontait ces moments insoutenables que la vie
avait mis sur son chemin. Il avait partagé avec elle sa devise : « Il ne faut pas
imiter les termites, l’obstacle de la vie c’est comme un termite, il rentre à
l’intérieur et détruit tout. » Madeleine Spirituelle n’y connaissait pas grand-
chose en termites, en dehors du fait qu’ils pouvaient finir par faire écrouler la
charpente d’une maison. Ses fondations à elle s’étaient renforcées avec l’aide
de Ganesh, elle devait continuer à développer son respect d’elle-même,
extraordinaire barrage aux insectes-obstacles.
Il y avait eu ensuite cette liseuse de cartes au fin fond d’un marché, cachée
derrière son stand de bijoux, entre celui des fruits et légumes et un coiffeur.
Un lieu haut en couleur et en odeurs. Un rendez-vous hors du temps, hors de
tout. Au premier coup d’œil, cette femme savait déjà tout. La fixant droit
dans les yeux, elle avait été formelle : « Le pire est derrière toi. » Elle avait
ensuite détaillé : ces derniers mois avaient été douloureux et violents, mais à
partir de maintenant le soleil allait briller à nouveau. Il fallait faire confiance,
ne pas s’inquiéter et regarder devant.
Et puis il y avait eu Mo, qui lui, lisait dans les mains. Mo était connu de tout
le quartier et consultait dans des cafés de la ville. Ce n’était pas l’avenir qu’il
voyait, mais les forces sur lesquelles elle pouvait compter et les faiblesses qui
lui causaient du tort. Il ne posait aucune question, il lisait et voyait très juste
pour ne pas dire pile-poil. Dans la main gauche de Madeleine Spirituelle, il
pouvait voir ce qui s’était passé quand elle était enfant, ce qu’elle avait
compris, appris, retenu… autrement dit sur quel modèle et avec quelles
références elle s’était construite. Il tapait droit dans le mille. Dans la main
droite, il lisait ce qui manquait aujourd’hui et qui la bloquait pour avancer
comme elle en avait envie. L’homme ne comptait pas son temps et donnait en
plus de précieux conseils pour qu’elle puisse corriger ce qui la coinçait. À
elle de les appliquer ou non, mais la clé était là.
Elle avait aussi rencontré le docteur Grego, un cardiologue pas comme les
autres. Il avait confirmé : il y aurait sur son cœur de profondes cicatrices ad
vitam æternam, mais elles n’empêcheraient pas les battements de son cœur.
De ce côté-là d’ailleurs, il y avait du changement, il fallait qu’elle le sache :
leur nombre par minute faisait penser à celui d’un éléphant, soit 25 à 30 fois
par minute, au lieu des 50 à 80 battements d’un être humain. Le visage de
Madeleine Spirituelle s’était illuminé : « Docteur ! c’est le cœur de la sagesse
divine ! »

Elle avait croisé le même douanier au retour. Un hasard… Il lui avait rendu
son passeport sans un mot, mais avec un clignement des paupières et un
immense sourire qui en disait long. Très long. Son « bon voyage, bon retour »
avait une saveur très particulière.
Ce voyage loin de tout avait rallumé la lumière. Au lieu de l’éblouir, elle lui
donnait une force incroyable, aussi importante et subtile que celle d’un
éléphant. Elle avait pensé que c’était peut-être ça son destin : elle devait vivre
tout ça pour en arriver là aujourd’hui avec elle-même. C’était cher payé, mais
c’était apparemment le prix à payer. Sa vie allait désormais continuer sur
d’autres bases et des fondations plus solides et plus douces.
Chapitre 5

Le bout
du tunnel
Étape 1 : évaluer l’intensité de la lumière qui brille au fond de vous

C’est-à-dire ?
Elle briiiiiiiiiiiiiiiiiiille. C’est bien et c’est bon. Ça y est, vous l’avez
complètement rallumée et il n’y a presque plus de faux contacts. Il
y en aura peut-être, mais vous saurez comment lui redonner de
l’énergie en deux temps trois mouvements. Vous verrez d’ailleurs
que plus le temps passera, moins vous en aurez besoin pour le
faire. Vous vous en étonnerez vous-même.

Pourquoi ?
Parce que vous avez tellement fait pour que son intensité soit
aussi belle que vous n’allez plus jamais rester dans le noir très
longtemps. Il faut continuer à veiller sur elle et mesurer son éclat
régulièrement. C’est votre chasse-gris.

Comment ?
Même exercice que les précédents : sur une feuille que vous allez
peindre ou colorier en noir, laissez un carré ou plus en blanc qui
représente votre lumière intérieure.
Ou :
Dessinez une ligne avec 10 petits traits verticaux : un trait
correspond à une très faible intensité de votre lumière intérieure
et dix à une grande brillance. Indiquez votre position en inscrivant
la date.

Étape 2 : s’engager sur votre nouveau chemin

C’est-à-dire ?
Le bout du tunnel n’a jamais été aussi proche. Vous allez prendre
un nouveau chemin, une route ou une autoroute.

Pourquoi ?
Parce que c’est un nouveau départ qui s’annonce et que vous
êtes prêt.

Exercice
Racontez à quoi ressemble votre nouveau chemin et avec quel
état d’esprit émotionnel vous commencez à avancer dessus.
Vous pouvez aussi écrire quelques acquis depuis le début, même
s’ils ne sont pas encore durs comme du béton et ce que vous
laisserez au fond du tunnel.

Souvent, elle s’amusait à guetter si quelque chose changeait en elle, un peu,


beaucoup, pas du tout, c’était très subtil, mais il se passait quelque chose. Ce
fameux détachement qu’elle attendait depuis si longtemps était sur la très
bonne voie. Madeleine Spirituelle flanchait de moins en moins, tout en
acceptant de le faire quand elle ne pouvait pas agir autrement. Si son cœur
vacillait encore, elle le stabilisait de plus en plus rapidement. Ganesh veillait
et l’aidait infiniment à doser ses réactions, à adoucir les choses. Il y aurait
encore du chemin pour se sentir complètement libérée-délivrée, mais elle
acceptait sereinement ce temps nécessaire, le poids bienveillant de la trompe
de Ganesh sur ses épaules. De plus en plus souvent, le début de la fin pointait
le bout de son nez. La flamme de la bougie qui l’avait accompagnée tout au
long de cette aventure allait bientôt s’éteindre après des mois de bons et
loyaux services.
Elle allait désormais prendre une nouvelle route, sans rancune, sans regret,
sans colère. Des bosses, des trous, des embûches… il y en aurait d’autres
mais elle les appréhenderait autrement. Ganesh avait été formel : « N’oublie
pas de chouchouter chaque matin ton troisième œil, tu prendras beaucoup de
hauteur dans ton quotidien, tu verras. » Madeleine Spirituelle suivait les
instructions de son bienfaiteur avec de petits massages maison tout simples et
très relaxants qui lui faisaient un bien fou.

Étape 3 : le début de la fin

C’est-à-dire ?
Vous voilà arrivé à destination. Il y a un moment, un événement,
une rencontre, un heureux hasard, une petite étincelle, un point
de bascule, un élément déclencheur, un rayon de soleil… bref
quelque chose qui se produira. Ce sera énorme ou subtil. Mais ce
sera comme un tournant, un point de non-retour en arrière dans
ce tunnel que vous avez traversé avec courage et détermination.
Observez, écoutez, prêtez attention à tout.

Pourquoi ?
Parce qu’après la pluie vient toujours le beau temps, que vous
avez mérité de revoir briller le soleil. Les cicatrices dans votre
cœur ne disparaîtront jamais, c’est ainsi et tout va bien se passer,
mais un jour vous rirez comme vous ne l’avez pas fait depuis si
longtemps. Pas de tout ce que vous avez traversé mais d’autres
choses et notamment parce que vous réaliserez à quel point ce
qui ne vous a pas tué vous a rendu tellement plus fort. Rien à voir
avec Hulk, c’est une invincible force intérieure qui se manifeste.

Exercice
Écrivez cet instant où vous avez ri à en avoir eu mal au ventre,
racontez le moment, la scène, l’occasion pleine de joie retrouvée.
Inspirez-vous du texte de Madeleine Spirituelle
Et puis…
Une suggestion… à partir de tout ce que vous avez écrit, si vous
racontiez votre histoire ?
Pour vous, pour aider les autres aussi.
Madeleine Spirituelle avait rendez-vous avec celui pour qui elle aurait pu
s’immoler par amour des milliers d’années plus tôt. La passion dévorante
avait longuement duré, jusqu’au jour où Madeleine Spirituelle avait enfin fini
par comprendre qu’elle n’était pas sa priorité. Du jour au lendemain, elle lui
avait clairement exprimé qu’il était donc grand temps de mettre un terme à
cette histoire et annoncé sa décision irrévocable en quatre lettres : STOP. Elle
avait ainsi disparu de ses écrans radars pendant très, très longtemps. Il n’avait
jamais cessé pendant cette éternité d’envoyer des petits messages sans sujet
particulier, à intervalle complètement irrégulier. Elle restait ferme et sereine
sur sa position et ne donnait jamais suite. Le siècle d’après, il avait encore
proposé une entrevue. Cette fois-ci, Madeleine Spirituelle avait accepté, parce
que dans le fond, il y avait prescription. Mojito fut bu, rien d’autre à signaler.
Les années avaient continué de défiler avant qu’il renouvelle de temps à autre
son offre.
Le soir de ce nouveau rendez-vous, Madeleine Spirituelle y était allée les
mains dans les poches et en était revenue avec des ailes dans le dos. Pour une
inexplicable raison, qu’il ne fallait pas chercher à comprendre lui aurait
rappelé Ganesh, le coup de foudre avait re-frappé. Peut-être que c’est parce
qu’il l’avait regardée comme si elle était Bo Derek courant en maillot doré
sur la plage. Ou alors parce que le destin avait dit : « Allez hop, on y retourne
les gars ! » À moins que ce soit un coup de Ganesh pour que le cœur de sa
protégée vibre à nouveau, elle qui pensait qu’il n’émettrait plus jamais
aucune onde. Le dieu des obstacles avait mis le paquet. Hollywood ne
pouvait pas rivaliser avec ce baiser sauvage sous la pluie. Moment d’une
magie inouïe, entre grand bond en arrière et instant très, très présent.

Elle était redescendue très vite de son nuage, se rendant à l’évidence : s’il
était encore plus beau qu’avant, il n’avait pas beaucoup changé quant à la
gestion de ses priorités. Ce prochain rendez-vous mais quand, ce verre peut-
être, ce baiser qui sait, cette pensée sans doute et ce message oui mais à quel
moment, déstabilisait le cœur de Madeleine Spirituelle. Or elle s’était fait une
promesse : il ne le serait plus jamais. Elle n’était pas devenue une vieille sage
tout aigrie, bien au contraire, la lumière était revenue. Ce chemin parcouru
avait été si dur que maintenant qu’elle y était arrivée, rien ni personne ne
pourrait la faire revenir en arrière. Même sous la torture, elle ne donnerait
plus jamais son cœur à un homme qui ne la respecterait pas entièrement, ne
l’aimerait pas pour ce qu’elle était, ce qu’elle disait, ce qu’elle faisait. Si
c’était un oiseau rare ou s’il n’existait pas, tant pis, elle avait d’autres projets.
Il n’avait jamais entendu parler de Ganesh, mais il constatait qu’il avait une
sacrée influence.
Il ne voulait pas en rester là et avait insisté un peu avec des « reprends ta
promesse » ou « ça serait vraiment dommage de passer à côté d’une telle
émotion ». L’intuition de Madeleine Spirituelle lui envoyait des nombreux
avertissements rouges et clignotants, visibles depuis Uranus, mais cette façon
qu’il avait de la regarder comme aucun autre était tellement unique, magique,
magnifique, qu’elle avait cédé de son plein gré à la tentation. Il avait
finalement peu de temps après filé à l’anglaise. De retour quelques longues
semaines plus tard et après une soirée aussi merveilleuse que divine, il avait
expliqué que c’était trop compliqué en fait pour lui. Avant de revenir sur sa
décision, puis de l’annuler, et de revoir sa copie à nouveau, etc. Elle avait pris
le même chemin sur fond de oui/non en allers-retours, prise en tenaille entre
ce que lui dictaient les battements de son cœur et son respect d’elle-même.

Ganesh n’était jamais très loin et n’avait pas attendu longtemps avant de lui
envoyer des litres d’eau à la figure avec sa trompe, histoire de lui remettre les
idées en place. Elle avait été aussi surprise que trempée jusqu’aux os, mais
elle avait surtout éclaté de rire. Pas le petit rire nerveux, mais celui qui vient
de l’intérieur et qui fait tellement, tellement de bien.
Une musique se jouait au loin, Ganesh ne l’avait pas choisie au hasard,
évidemment. Sleep Walk, de Santo & Johnny : il y a des airs comme celui-là,
qui dès les premières notes sont des promesses de lendemain qui chantent.
Ces quelques lignes pour écrire votre conte
Table des matières

Introduction
1/Vous inspirer du chemin parcouru
2/Vous donner envie de laisser votre imagination faire la folle
3/Vous inviter à écrire
Chapitre 1 : La panne de courant
La lampe torche
Étape 1 : évaluer votre résistance émotionnelle
C’est-à-dire ?
Pourquoi ?
Comment ?
Étape 2 : raconter votre obstacle
C’est-à-dire ?
Pourquoi ?
Comment ?
Étape 3 : analyser votre contexte
C’est-à-dire ?
Pourquoi ?
Comment ?
Analyse à chaud
Analyse lucide
Analyse d’autrui
Analyse du ressenti en temps réel
Étape 4 : évacuer votre désordre émotionnel
C’est-à-dire ?
Pourquoi ?
Comment ?
Étape 5 : faire votre premier bilan
C’est-à-dire ?
Pourquoi ?
Comment ?
La luciole dans le pot de yaourt en verre recyclé
Étape 1 : évaluer l’intensité de la petite lumière qui brille au fond de
vous
C’est-à-dire ?
Pourquoi ?
Comment ?
Étape 2 : commencer à prendre les choses en mains
C’est-à-dire ?
Pourquoi ?
Comment ?
Étape 3 : passer à l’action
C’est-à-dire ?
Pourquoi ?
Comment ?
Étape 4 : considérer un embryon d’espoir
C’est-à-dire ?
Pourquoi ?
Comment ?
La lumière de l’ampoule de 25 watts
Étape 1 : évaluer l’intensité de la petite lumière qui brille au fond de
vous
C’est-à-dire ?
Pourquoi ?
Comment ?
Étape 2 : envisager un premier après
C’est-à-dire ?
Pourquoi ?
Comment ?
Étape 3 : accepter d’autres bâtons dans ses roues
C’est-à-dire ?
Pourquoi ?
Comment ?
Les feux anti-brouillard
Étape 1 : évaluer l’intensité de la petite lumière qui brille au fond de
vous
C’est-à-dire ?
Pourquoi ?
Comment ?
Étape 2 : prêter attention aux signes
C’est-à-dire ?
Pourquoi ?
Comment ?
Étape 3 : se donner des forces
C’est-à-dire ?
Pourquoi ?
Comment ?
Étape 4 : gonfler son gilet de sauvetage
C’est-à-dire ?
Pourquoi ?
Comment ?
Chapitre 2 : Le groupe électrogène
Étape 1 : couper avec la hache de Ganesh
Couper les liens karmiques
Résumé
Exercice
Couper l’ego
Résumé
Exercice
Couper les émotions négatives
Résumé
Exercice
Couper les fuites énergétiques
Résumé
Exercice
Couper les éléments perturbateurs
Résumé
Exercice
Couper la peur
Résumé
Exercice
Couper avec lui
Résumé
Exercice
Couper la pollution intérieure
Résumé
Exercice
Couper l’autosabotage
Résumé
Exercice
Couper les mauvaises vibrations
Résumé
Exercice
Couper la colère
Résumé
Exercice
Couper les pensées toxiques
Résumé
Exercice
Couper le désordre émotionnel
Résumé
Exercice
Continuer de couper
Couper les états d’âme
Exercices
Visualisation
Écriture
Couper les douleurs du passé
Exercices
Visualisation
Écriture
Faire un bilan après coupe
Exercice d’écriture
Étape 2 : digérer avec le ventre de Ganesh
Exercice
Ce n’est pas encore le moment : et vous, vous en êtes où ?
Exercice
Pas du tout envie, et vous ?
Exercice
Pourquoi pas… mais non en fait, et vous ?
Exercice
Encore trop tôt et vous ?
Exercice
Et pourquoi pas rencontrer un prince alors (ou une princesse), et
vous, ça vous dit ?
Exercice
Demander à une fée, vous trouvez que c’est une bonne idée ?
Exercice
« Tant pis pour lui/elle », et vous, avez-vous eu le déclic ?
Exercice
Étape 3 : voir les choses autrement
Avec la tête de Ganesh
Dans quel camp est la balle
Exercice
Passer les dates anniversaire
Exercice
Lâcher prise
Exercice
Oui et donc après, c’est quoi le programme ?
Exercice
Remarquer les plumes
Exercice
Voir la lune de plus près
Exercice
Voir les heures miroir
Exercice
Voir l’opportunité de l’obstacle
Exercice
Chapitre 3 : La dynamo du vélo
Étape 1 : évaluer la lumière qui brille au fond de vous
C’est-à-dire ?
Pourquoi ?
Comment ?
Étape 2 : remarquer les changements émotionnels
C’est-à-dire ?
Pourquoi ?
Comment ?
Étape 3 : tenir bon encore au cœur de l’obstacle
C’est-à-dire ?
Pourquoi ?
Comment ?
Étape 4 : partir avec panache
C’est-à-dire ?
Pourquoi ?
Comment ?
Étape 5 : se concentrer sur ses garde-fous
C’est-à-dire ?
Pourquoi ?
Comment ?
Chapitre 4 : La lumière du soleil
Étape 1 : évaluer la lumière qui brille au fond de vous
C’est-à-dire ?
Pourquoi ?
Comment ?
Étape 2 : s’évader
C’est-à-dire ?
Pourquoi ?
Comment ?
Étape 3 : acter le premier jour du reste de votre vie
C’est-à-dire ?
Pourquoi ?
Exercice
Écoute tes valeurs
Exercice
Écoute ce que tu te dis à toi-même
Exercice
Parle de toi en bien aux autres
Exercice
Pose tes limites
Exercice
Écoute quand quelqu’un te montre des signes d’irrespect
Exercice
Écoute les compliments
Exercice
Écoute ta petite voix
Exercice
Écoute-moi bien
Exercice
Dans la suite du cahier, Ganesh parlait du pardon
Exercice
Les pages suivantes du cahier faisaient référence aux petits yeux
de Ganesh
Exercice
Dans les premières pages du cahier
Première loi
Deuxième loi
Troisième loi
Quatrième loi
Exercice
Sur la dernière page
Exercice
Étape 4 : sauter dans un avion
C’est-à-dire ?
Pourquoi ?
Exercice
Chapitre 5 : Le bout du tunnel
Étape 1 : évaluer l’intensité de la lumière qui brille au fond de vous
C’est-à-dire ?
Pourquoi ?
Comment ?
Étape 2 : s’engager sur votre nouveau chemin
C’est-à-dire ?
Pourquoi ?
Exercice
Étape 3 : le début de la fin
C’est-à-dire ?
Pourquoi ?
Exercice
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Natasha Saint Pier
Remerciements

À mon éditrice Ryma Bouzid qui a cru à ce livre


dès sa toute première version ;

Aux miens ;

À C. et M. ;

À toutes celles et à tous ceux qui m’ont accompagnée, soutenue, guidée,


éclairée, tendu leur main, ouvert leur cœur, partagé leurs bonnes ondes
et leurs expériences ;

À toutes les fées et les anges-gardiens qui ont croisé mon chemin ;

À Ganesh ;

À vous chers lecteurs.

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