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La Metanoïa dans le Nouveau Testament
La LXX.
https://lexicon.katabiblon.com/index.php?
J. Lust, E. Eynikel, and K. Hauspie (eds.), A Greek-English Lexicon of the
Septuagint, 2 vols. (Stuttgart: Deutsche Bibelgesellschaft, 1992, 1996).
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Le verbe hébreu ncham est aussi traduit dans la LXX par les verbes enthymeomai (Gen 6,6-7 : Dieu
considère/regrette d’avoir créé les humains), parakaleo/paraklasis (conforter en Dt 32,36 ; Ju 2,18 ; 21,6 ;
21,15 ; 1 Sa 15,11 ; 2 Sa 24,16 ; Ps 90,13 ; 135,14, Os 13,14), metamelomai (regretter en Ex 13,17 ; 1 Sa 15,35 ;
Ps 106,45 ; 110,4 ; Je 20,16 ; os 11,18). Pour metanoeo, voir en particulier (se repentir, changer d’avis ou
d’attitude en 1 sa 15,29 ; Je 4,28 ; 8,6 ; 18,8 ; 18,10 ; 28,19 ; Jo 2,13-14 ; Am 7,3 ; 7,6 ; Jo 3,9-10 ; 4,2).
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Daniel Bpurguet, La repentance, une bonne nouvelle.
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La Metanoïa dans le Nouveau Testament
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Sir 44,16 : « Hénoch fut agréable au Seigneur, et il a été transporté, exemple de repentance pour les
générations.» L’exemple d’Hénoch doit inviter les générations à se repentir : à se détourner de ce qui est
désagréable au Seigneur. Cf. Sir 48,15 . « Malgré tout cela, le peuple ne se repentit point, et ne s'éloigna pas du
péché »
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Sagesse 12,10 : « Mais (toi Dieu) en exerçant ta justice sans hâte, tu leur offrais l’occasion du repentir. Tu
n’ignorais pourtant pas que leur nature était viciée, et leur malice, innée, que leur mentalité ne changerait
jamais .»
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Joseph et Aseneth 15,6ss : « On ne t'appellera plus Aseneth, mais tu t'appelleras "Ville de refuge", car de
nombreuses nations se réfugieront chez toi, et sous tes ailes [5] de nombreux peuples [6] trouveront un abri,
[7] et dans tes murs, ceux qui font allégeance à Dieu dans la pénitence trouveront la sécurité. 7. Car la
Pénitence est la fille du Très-Haut, et elle supplie à chaque heure le Très-Haut en votre faveur, [8] et en faveur
de tous ceux qui se repentent ; [9] car il est le père de la Pénitence [10] et elle la mère des vierges, et à chaque
heure elle le supplie pour ceux qui se repentent ; car [11] elle a préparé une chambre nuptiale céleste pour
ceux qui l'aiment, [12] et elle veillera sur eux à jamais. 8. Et la Pénitence est elle-même vierge, très belle et pure
et chaste et douce ; et le Dieu Très-Haut l'aime, et tous ses anges lui font révérence. »
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La Metanoïa dans le Nouveau Testament
consistent with repentance 26:20. Also καρπὸν ἄξιον τῆς μ. Mt 3:8; cp. Lk 3:8. βαπτίζειν
εἰς μ. baptize for repentance Mt 3:11 (s. βαπτίζω 2a; also εἰς 10a). βάπτισμα μετανοίας
Mk 1:4; Lk 3:3; cp. Ac 13:24; 19:4 (alt. λουτροῦ . . . τῆς μ. Justin, D. 14, 1) χρείαν ἔχειν
μετανοίας need repentance or conversion Lk 15:7. κηρύσσειν μ. εἰς ἄφεσιν ἁμαρτιῶν
preach repentance that leads to the forgiveness of sins 24:47 (μετάνοιαν καὶ ἄφεσιν
ἁμαρτιῶν διὰ . . . λουτροῦ παλλιγγενεσίας Theophile d’Antioche (+2ème) 2, 16 [p. 140.
8f]); cp. 1 Clément 7:6. ἔχειν καιρὸν μετανοίας still have time for repentance 2 Cl 8:2.
τόπον μετανοίας διδόναι give an opportunity for repentance (Wsd 12:10; cp. ἵνα μετάνοια
δοθῇ Didyme caecus (Didyme l’aveugle +4ème), Gen. 169, 4; ἀφορμὴν μετανοίας καὶ
ἐξομολογήσεως παράσχειν Theoph. Ant. 2, 29 [p. 170, 17]) 1 Cl 7:5. μετανοίας τόπον
εὑρίσκειν Hb 12:17 (cp. μετανοίας τόπον ἔχειν Tat. 15:3). διδόναι τινὶ (τὴν) μ. (cp. Wsd
12:19; Merk (Greek of the NT lists) J. Brutus, Epître 7) Ac 5:31; 11:18; 2 Ti 2:25; B 16:9;
cp. Hv (Hermas +2ème, Visions) 4, 1, 3; Hs (Hermas, Similitudes) 8, 6, 2; 8, [p. 641] 11, 1.
τιθέναι τινὶ μετάνοιαν prescribe repentance for someone Hm (Hermas, Mandats) 4, 3, 4;
cp. 5; καλεῖν τινα εἰς μ. Lk 5:32 (ApcSed 15:2; Just., A I, 15, 7; 90, 7); Mt 9:13 v.l.; Mk
2:17 v.l. (cp. καλοῦνται αὐτοὺς ἐπὶ μ. καὶ διόρθωσιν τῆς ψυχῆς αὐτῶν Origène, C. Cels. 3,
62, 3). περὶ μετανοίας λαλεῖν 1 Cl 8:1. ἀκούσαντες ταύτην τὴν μετάνοιαν when they heard
of this repentance Hs 8, 10, 3; παιδεύεσθαι εἰς μ. be disciplined so as to repent 1 Cl 57:1.
εἰς μ. ἀ ́γειν τινά (EpArist 188; Jos., Ant. 4, 144; cp. Appian, Bell. Civ. 2, 63 §262 θεοῦ
σφᾶς ἐπὶ μετάνοιαν ἀ ́γοντος/la bonté de Dieu pousse à la repentance) Ro 2:4; ἀνακαινίζειν εἰς
μ. Hb 6:6; χωρῆσαι εἰς μ. come to repentance 2 Pt 3:9. μετάνοιαν λαμβάνειν receive
repentance (after denying Christ) Hs 9, 26, 6a. μετανοίας μετασχεῖν (changer) 1 Cl 8:5.
μετάνοιαν ἐ ́χειν have a possibility of repentance Hm 4, 3, 3; Hs 8, 8 (Hermas), 2. ἐστί τινι
μετάνοιαν have a possibility of repentance Hv 2, 2, 5c; 3, 7, 5; Hs 8, 8, 5; 8, 9, 4a; 9, 19,
1; 9, 20, 4. τινὶ μετάνοιά ἐστι μία have (only) one possibility of repentance Hm 4, 1, 8; cp.
4, 3, 1. μ. κεῖταί τινι repentance is ready, available for someone Hs 9, 19, 2f; 9, 22, 4; 9,
26, 6b. ἐπίκειταί τινι 8, 7, 2a. γίνεταί τινι 9, 26, 5; εἰς μάτην ἐστὶν ἡ μ. is in vain 6, 1, 3.
ταχινὴ ὀφείλει εἶναι must follow quickly 8, 9, 4b. ἡ μ. σύνεσίς ἐστιν μεγάλη is great
understanding Hm 4, 2, 2. μ. καθαρά 12, 3, 2; cp. s 7:6. μ. ἁμαρτίας rep. for sin 2 Cl 16:4;
cp. Hm 4, 3, 3. μ. ζωῆς rep. that leads to life Hs 6, 2, 3; cp. 8, 6, 6. ἐλπὶς μετανοίας hope
of repentance or conversion I Eph 10:1; Hs 6, 2, 4; 8, 7, 2b; 8, 10, 2. W. πίστις and other
Christian virtues 1 Cl 62:2. The ἀ ́γγελος τῆς μ. appears in Hermas as a proclaimer of
repentance: v 5:7; Hm 12, 4, 7; 12, 6, 1; Hs 9, 1, 1; 9, 14, 3; 9, 23, 5; 9, 24, 4; λυπεῖσθαι
εἰς μ. feel pain that leads to repentance 2 Cor 7:9, λύπη μετάνοιαν ἐργάζεται (cp. Plut.,
Mor. 476f) vs. 10.—W. the Christian use of the word in mind Polycarp says ἀμετάθετος
ἡμῖν ἡ ἀπὸ τῶν κρειττόνων ἐπὶ τὰ χείρω μετάνοια for us ‘repentance’ from the better to the
worse is impossible MPol 11:1.—
WHolladay, The Root Šûbh in the OT, ’58.—TRE (Theologische Realenzyklopädie)
VII 446–51; RAC II 105–18.—DELG (Dictionnaire étymologique de la langue grecque)
s.v. νόος. M-M. EDNT (JMoulton/GMilligan, Vocabulary of Greek Testament—Lists 4,
6). TW. Spicq. Sv.
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La Metanoïa dans le Nouveau Testament
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La Metanoïa dans le Nouveau Testament
Philon utilise les termes pour " changement d'esprit ", mais il leur donne aussi la
nuance religieuse de conversion religieuse et morale, c'est-à-dire le changement
total consistant à se tourner vers Dieu et à se détourner du péché, qui affecte
toute la vie et la conduite. Sans une telle conversion, il n'y a pas de salut. Il n'est
pas d'accord avec les stoïciens pour dire que le sage n'a pas besoin de metánoia,
Flavius Josèphe
Comme Philon, Josèphe utilise ces termes à la fois au sens commun et au sens
religieux et moral. Ses déclarations, cependant, sont des échos sans grande
profondeur. Il attache de l'importance aux formes extérieures, se concentre sur
les vices et les vertus individuels et associe la conversion à l'évitement d'un
châtiment.
NT
Le sens habituel est "changement d'avis" ou "conversion" avec toute les nuances
de l’AT, c’est-à-dire avec parfois l’idée d’un changement total.
Ainsi avec Jean-Baptiste, il s’agit d’une conversion totale, une fois pour toutes
avant le jugement eschatologique, le signe que Dieu est à l’œuvre.
Pour Jésus, la conversion est une exigence fondamentale qui découle de la
réalité du royaume eschatologique tel qu'il est présent dans la personne de Jésus.
La prédication et les miracles sont un appel à la conversion, de manière
définitive et inconditionnelle. Il faut renoncer non seulement au mal, mais à tout
ce qui peut mis avant Dieu dans l’ordre des priorités. La conversion s'applique à
toutes les personnes, exigeant un engagement complet, recevant le pardon dans
une confiance et un abandon total.
Dans les autres écrits du NT en général, la conversion est une exigence totale
qui est au cœur du message des disciples dans le livre des Actes. (Actes 5,31 ;
8,22 ; 11,18, etc.). C'est un retour du mal vers Dieu (Ac 8:22 ; 20:21). C'est à la
fois un don divin et une tâche humaine (5,31 ; 2,38). Elle englobe toute la vie
(cf. Actes 3:19 etc.). Son fondement est l'œuvre salvatrice du Christ (Ac 5,31).
L'Esprit l'accomplit (Ac 11:18). La foi l'accompagne (Ac 26,18). Le but est la
rémission des péchés (Actes 3:19) et le salut final (Ac 11:18). Pour Paul, elle
signifie une rupture radicale avec le passé (2 Cor. 12:21). Psychologiquement,
elle implique le remords (2 Cor. 7:9-10), mais plus profondément, elle est
l'œuvre salvatrice de Dieu. Pour Paul, le concept de foi englobe la conversion,
avec ce qu'elle implique de mort et de renouveau. Cela explique l'usage
parcimonieux qu'il fait de ces termes. Chez Jean aussi, la foi inclut la
conversion. Il en va de même pour la nouvelle naissance de Dieu. La ligne de
démarcation nette entre la lumière et les ténèbres, etc. signifie que croire en
Dieu implique nécessairement de se détourner du mal (et du monde). L'épître
aux Hébreux souligne le sérieux total de la conversion. Il n'y a pas de
renouvellement de celle-ci pour les apostats. La conversion est une totalité, et
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La Metanoïa dans le Nouveau Testament
donc son abandon est un abandon total. Ceux qui se détournent de Dieu, sont
exposés au jugement eschatologique.
Dans la période postapostolique, les pères font un usage fréquent de ces termes
au sens plein (1 Clem. 8.3 ; Justin Dialogue 109.1 ; Hermas Mandats 4.3.2). Les
idées grecques s'entremêlent (Hermas Visions 3.7.3 ; Justin Apologie 61.10 ;
Mart. Pol. 9.2), mais l'influence chrétienne est visible (Did. 10.6 ; 1 Clem. 7.4 ;
Hermas Similitudes 9.22.3 ; Justin Apologie 15.7-8). De plus, il y a une forte
orientation vers l'AT (1 Clem. 8 ; Justin Dialogue 25.4 ; 30.1 ; 107.2). Ainsi,
l'observation des commandements fait partie de la conversion (Visions d'Hermas
5.6-7), et la pénitence avec pleurs et gémissements est requise (Dialogue de
Justin 141.3). Cela conduit à l'élaboration d'une discipline pénitentielle et à
l'assimilation de la metánoia et de la pénitence. A noter que pour Hermas, une
seconde metanoïa est possible.
Bilan de Kittel
Kittel note bien que la metanoïa consiste à se détourner du mal, dans le livre des
Actes, chez Paul, chez Jean, et dans la période postapostolique. Pourtant, il parle
de conversion et évite de parler de repentance. Les occurrences et leur traduction
de Bauer parlaient explicitement de repentance.
Il faut donc, pour trancher, entre la repentance et la conversion, examiner de
près les occurrences du NT et déterminer le sens de chacune des occurrences
relatives aux mots metanoïa et metanoéo. Pour ce faire, il faut utiliser une
concordance, lister et regrouper les usages et faire un tableau si besoin.
Le Nouveau Testament
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La Metanoïa dans le Nouveau Testament
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Elle est le signe d’un nouveau départ qui va consister à produire des fruits dignes de la repentance en Mt 3,8.
Le changement de pensée introduit un changement de comportement. Il inclut donc une reconnaissance de
Dieu, voire une soumission à Dieu.
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ne vous repentez pas, vous périrez tous de la même manière » (ἐὰν μὴ μετανοῆτε πάντες
ὁμοίως ἀπολεῖσθε.). Même allusion en Lc 13,5 à propos des personnes tuées par la chute de la
tour de Siloé (ἐὰν μὴ μετανοῆτε πάντες ὡσαύτως ἀπολεῖσθε.). En Lc 15,7 (brebis perdue),
Jésus dit qu’il y a de la joie dans le ciel quand un pécheur se repent (ἐπὶ ἑνὶ ἁμαρτωλῷ
μετανοοῦντι). Même idée en Lc 15,10 (drachme perdue). En Lc 16,30 le riche (de la
parabole) demande que Lazare soit envoyé dans la maison de son père pour prévenir ses cinq
frères du jugement dernier et de ses tourments, car ainsi, dit-il, ils se repentiront :
« μετανοήσουσιν ». En Lc 24,47, le Ressuscité envoie ses disciples prêcher la repentance en
vue du pardon des péchés (καὶ κηρυχθῆναι μετάνοιαν εἰς ἄφεσιν ἁμαρτιῶν). En Ac 2,38
Pierre recommande de se repentir et de se faire baptiser pour le pardon des péchés
(μετανοήσατε… εἰς ἄφεσιν τῶν ἁμαρτιῶν ὑμῶν). En Ac 5,31 Pierre dit que Jésus a été
« exhalté pour donner à Israël la metanoïa et le pardon des péchés » (δοῦναι μετάνοιαν τῷ
Ἰσραὴλ καὶ ἄφεσιν ἁμαρτιῶν). En Ac 13,24 le baptême de repentance de Jean est mentionné
(βάπτισμα μετανοίας). En Ac 17,30s : « Dieu… annonce maintenant à tous les hommes, en
tous lieux, qu’ils ont à se repentir, parce qu’il a fixé un jour où il jugera le monde selon la
justice (θεός, τὰ νῦν παραγγέλλει τοῖς ἀνθρώποις πάντας πανταχοῦ μετανοεῖν, καθότι ἔστησεν
ἡμέραν ἐν ᾗ μέλλει⸌ κρίνειν τὴν οἰκουμένην ἐν δικαιοσύνῃ). En Ac 19,4 Paul mentionne que
le baptême de Jean était un baptême de repentance (Ἰωάννης ἐβάπτισεν βάπτισμα μετανοίας).
En Ac 26,20, Paul rappelle qu’il a prêché aux Païens de se repentir (μετανοεῖν) et de se
convertir (ἐπιστρέφειν) en vivant d’une manière digne de la repentance (τοῖς ἔθνεσιν
ἀπήγγελλον μετανοεῖν καὶ ἐπιστρέφειν ἐπὶ τὸν θεόν, ἄξια τῆς μετανοίας ἔργα πράσσοντας.).
La formulation est proche de celle de Lc 3,8 où il était question de se détourner des péchés
(Jean-Baptiste). Derrière les deux notions, on peut voir le non au péché et le oui à Dieu. Ce
qui signifie que la metanoia est le non à l’ancienne vie, ce que confirme la recommandation
de vivre d’une manière digne de la repentance : que le non soit un vrai non !
La metanoïa et le epistrephein expriment ensemble un Non aux péchés
Ac 3,19 ;
1 occurrence
Le mot metanoïa est associé au pardon en Ac 3,19, mais en combinaison cette fois avec le
mot epistrephein : « repentez-vous et convertissez-vous afin que vos péchés soient effacés
(μετανοήσατε οὖν καὶ ἐπιστρέψατε εἰς τὸ ἐξαλειφθῆναι ὑμῶν τὰς ἁμαρτίας). L’usage des
deux notions semblent indiquer qu’il y aurait d’abord la metanoïa, le repentir, et ensuite le
retour à Dieu, le epistrephein : « Repentez-vous et revenez à Dieu ». Mais les deux notions
semblent reliés à un seul but : se détourner des péchés : « afin que vos péchés soient effacés »
(μετανοήσατε οὖν καὶ ἐπιστρέψατε εἰς τὸ ἐξαλειφθῆναι ὑμῶν τὰς ἁμαρτίας).
La metanoïa est un non particulier aux péchés = se détourner d’un péché
Mt 11,20.21 ; 12,41 ;
Lc 10,13 ; 11,32 ; 17,3.4 ;
Ac 8,22 ;
Rm 2,4 ;
2 Co 7,9.10
2 Co 12,21 ;
He 6,1 ; 12,17 ;
2 Pi 3,9 ;
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La Metanoïa dans le Nouveau Testament
Ap 2,5 (2x) ; 2,16 ; 2,21 ; 2,22 ; 3,3 ; 3,19 ; 9,20 ; 9,21 ; 16,9 ; 16,11 ;
26 occurrences
Parfois il signifie une repentance (un non) précis, le fait de se détourner de quelque chose
de déterminé. Par exemple se détourner du manque de foi dans Mt 11,20.21//Lc 10,13 où il
est question de se couvrir de sac et de cendre, expression d’humilité pour indiquer le manque
de reconnaissance et de foi des villes de Chorazin et de Bethsaïda ; de l’incrédulité en Mt
12,41 //Lc 11,32 (la demande de signe avec une allusion au repentir des Ninivites) ; de divers
et multiples péchés en Lc 17,3.4 (s’il revient à toi sept fois en disant : je me repens/ μετανοῶ,
alors pardonne-le) ; de « pensées mauvaises » en Ac 8,22 ; du jugement d’autrui en Rm 2,4 ;
de l’outrage commis à l’égard de Paul en 2 Co 7,9 et 2 Co 7,10 ; de « l’impureté » en 2 Co
12,21 ; des « œuvres mortes » en He 6,1 ; de la vente du droit d’ainesse (Esaü) en He 12,17 ;
du scepticisme vis-à-vis de la parousie en 2 Pierre 3,9 : « Le Seigneur use de patience envers
vous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance » (μὴ
βουλόμενός τινας ἀπολέσθαι ἀλλὰ πάντας εἰς μετάνοιαν χωρῆσαι10). L’auteur de 2 Pi
s’adresse à des convertis mais moqueurs et sceptiques à l’égard de la parousie (3,3-4). Ils
doivent se repentir de ce scepticisme ; de « l’oubli » en Ap 2,5 : « Souviens-toi d’où tu es
tombé et repens-toi » (μνημόνευε οὖν πόθεν πέπτωκας καὶ μετανόησον) ; des mauvaises
personnes en Ap 2,16 « Tu as des gens attachés pareillement à la doctrine des Nicolaïtes.
Repens-toi donc ; sinon, je viendrai à toi bientôt » (μετανόησον οὖν εἰ δὲ μή, ἔρχομαί σοι
ταχὺ) ; de « l’inconduite » en Ap 2,21 ; des « (mauvaises) œuvres » en Ap 2,22 ; des œuvres
imparfaites en Ap 3,2-3 : « Je n’ai pas trouvé tes œuvres parfaites devant mon Dieu.
Souviens-toi donc comment tu as reçu et entendu ; garde le et repens-toi. » ; du manque de
zèle en Ap 3,19 : « Sois donc zélé et repens-toi ! » ; des « œuvres mauvaises » en Ap 9,20 ;
des « meurtres » en Ap 9,21 ; du fait de « blasphémer le nom de Dieu » en Ap 16,9 ; des
« œuvres mauvaises » en Ap 16,11.
Le Non de la metanoïa est associé au Oui de epistrephein, comme une
trajectoire qui irait du repentir à la conversion
Ac 26,20 ;
1 occurrence
L’association des deux notions, metanoein et epistrephein, citées et utilisées l’une à la suite de
l’autre, comme en Actes 26,20 (μετανοεῖν καὶ ἐπιστρέφειν ἐπὶ τὸν θεόν), semble dessiner une
trajectoire qui irait du repentir à la conversion.
Cette trajectoire est décrite sans le mot epistrephein mais avec le seul recours à la metanoïa, la
repentance, en 2 Co 7,8-11. Dans ce passage, Paul décrit le changement d’attitude des
Corinthiens à son égard (repentir après un outrage). Il parle de tristesse (lupéo) aux versets 8
(2x), 9 (3x), 10 (2x), 11 ; de regret (metamelomai) aux versets 8 (2x), 10 ; et de repentir
(métanoïa) aux versets 9 et 10. Il précise que cette metanoïa a conduit au salut et qu’elle a
supprimé les regrets. Donc selon Paul, « la tristesse selon Dieu » conduit au repentir
(metanoia) qui conduit au salut. On peut penser que le mot salut est un synonyme de la
conversion ici (il ne peut être nommé car les Corinthiens sont déjà convertis). Il y aurait donc
une trajectoire qui irait de la tristesse au repentir et du repentir au salut (retour à Dieu).
La metanoïa signifie à la fois un Non et un Oui
Mc 1,15 ; // Mt 4,17 ; Mc 6,12 ; Ac 11,18 ; He 6,6 ; 2 Tm 2,25 ;
10
De χωρῆσαι : recevoir, tenir ; infinitif, aoriste, actif.
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La Metanoïa dans le Nouveau Testament
6 occurrences
- Parfois le mot metanoïa semble signifier un non et un oui : un retour à Dieu incluant la
repentance (ou l’inverse), donc les deux. Ainsi Mc 1,15 : « Convertissez-vous et croyez à
l’évangile » //Mt 4,17. Ainsi Mc 6,12 : « les douze proclamèrent qu’il fallait se repentir »
(ἐκήρυξαν ἵνα μετανοῶσιν,). L’idée est qu’il faut se détourner du mal (de tout ce qui n’est pas
le Royaume de Dieu) et se tourner vers le Royaume qui s’est approché ; ce que confirme la
prédication de Jésus (cf. Lc 11,32//Mt 12,41 : ceux qui demandent un signe ne se repentent
pas comme l’ont fait les Ninivites ; la faute dénoncée par Jésus est au moins celle de
l’incrédulité). Ainsi Ac 11,18 où les gens de Jérusalem louent Dieu qui a donné aux paiëns la
repentance qui mène à la vie (τοῖς ἔθνεσιν ὁ θεὸς τὴν μετάνοιαν εἰς ζωὴν ἔδωκεν). Ainsi en
He 6,6 où l’auteur dit qu’une seconde metanoïa est impossible aux croyants qui retournent
vers les « œuvres mortes » (6,1) en « recrucifiant le Fils de Dieu » (6,6) et en faisant défection
(παραπεσόντας11) à ce qu’ils ont reçu (la lumière, le don céleste, la parole de Dieu) et au fait
d’avoir « été participants de l’Esprit saint » (μετόχους γενηθέντας πνεύματος ἁγίου). A cause
de leur défection, leur conversion / ou leur metanoïa semblent avoir été annulées. Ainsi en 2
Tm 2,25 l’auteur souhaite que Dieu accorde aux adversaires la métanoïa « en vue de la
connaissance de la vérité » (δώῃ αὐτοῖς ὁ θεὸς μετάνοιαν εἰς ἐπίγνωσιν ἀληθείας). La
métanoïa est ici un don de Dieu, un changement en vue de la connaissance de la vérité.
L’expression met explicitement l’accent sur le fait de se tourner vers la vérité et non sur le fait
qu’il faut se détourner de l’erreur, qui reste implicite mais non exprimé : le non au mensonge.
Il s’agit donc d’une conversion et pourtant l’auteur la nomme metanoïa. C’est comme si le
mot metanoïa signifiait à la fois la conversion et la repentance.
La métanoia signifie un Oui à Dieu (se tourner vers Dieu ; synonyme
d’epistrephein)
Ac 20,21 ;
1 occurrence
Une fois il signifie se tourner vers Dieu (donc dans ce cas il est synonyme de epistrepho)
comme dans Actes 20,21 : « attestant… la repentance envers Dieu et la foi en notre
Seigneur » (διαμαρτυρόμενος12… τὴν εἰς θεὸν μετάνοιαν καὶ πίστιν εἰς τὸν κύριον).
Usages de la metanoïa et de metanoein dans le NT
NON aux NON aux NON à des NON avant NON et OUI à
péchés en péchés en péchés en le OUI Oui Dieu
général général particulier (trajectoire) ou
avec Oui et
epistrephein NON
Mt 3,2 ; Ac 3,19 Mt 11,20.21 Ac 26,20 ; Mc 1,15 ; // Ac 20,21
3,8 ; 3,11 ; 12,41 ; Mt 4,17 ;
Lc 3,3 ; 3,8 ; Lc 10,13 ; Mc 6,12 ;
5,32 ; 13,3 ; 11,32 ; Ac 11,18 ;
13,5 ; 17,3.4 ; He 6,6 ;
15,7 (2x) ; Ac 8,22 ; 2 Tm 2,25 :
11
De : παραπίπτω (παρά, πίπτω) : tomber à côté de, tomber, s'éloigner de, faire défection de ; participe,
aoriste, actif. Le sens actif invite à traduire par : faire défection ou s’éloigner.
12
De διαμαρτύρομαι : protester en attestant (en prenant d’autres à témoin) ; participe, présent, moyen.
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La Metanoïa dans le Nouveau Testament
15,10 ; Rm 2,4 ;
16,30 ; 2 Co 7,9.10
24,47 ; 2 Co 12,21 ;
Ac 2,38 ; He 6,1 ;
5,31 ; 12,17 ;
13,24 ; 2 Pi 3,9 ;
17,30 ; Ap 2,5 (2x) ;
19,4 ; 26,20 2,16 ; 2,21 ;
(3x) 2,22 ; 3,3 ;
3,19 ; 9,20 ;
9,21 ; 16,9 ;
16,11 ;
BILAN
Exégèse
Au final : le mot metanoia dans le NT exprime le plus souvent un NON aux
péchés en général ou à des péchés en particulier (22+1+26+1= 50). Une fois il
exprime un OUI à Dieu (Ac 20,21). Six fois il semble indéfini et inclure à la fois
le NON et le OUI. Il faut donc invalider la thèse (et la traduction) de ceux qui
pensent que la metanoïa et la conversion sont synonymes.
Théologie
Le NON implique la prise de conscience d’une faute ou d’une mauvaise
disposition (incrédulité). En ce sens la repentance exprime une réflexion
intérieure pénible suite à une parole ou à un fait qui nous a révélé une faute ou
une erreur : prédication, exhortation. Elle suppose un regret puis un aveu ou une
reconnaissance de l’erreur : une confession. Cette confession positionne la
personne différemment devant Dieu (ou le frère et la sœur) ; elle équivaut à un
changement de disposition intérieure : humilité essentiellement puis
reconnaissance (car le repentir est déjà une œuvre de Dieu). Cet aveu est
accompagné par une volonté de changement, intérieur et extérieur : un désir de
changer d’attitude. La description que Paul en donne en 2 Co 7,8-11 est
particulièrement parlante à cet égard : douleur, regret, repentir, salut13.
La conscience (ou le cœur selon la Bible hébraïque) est sollicitée dans ce
processus. La conscience est la voix qui nous alerte, nous met en garde et nous
révèle ce qui était caché. En ce sens elle est un écho de la voix de Dieu. Elle est
la voix de Dieu en nous. Jean Climaque (moine syrien du 6ème/7ème siècle) disait
que la conscience est la voix d’un ange. Jean Calvin disait qu’elle est le gardien
de notre âme. Au temps de Jésus, Jean-Baptiste fut cette voix criant dans le
désert et demandant aux gens de se repentir, c’est-à-dire de changer (Mt
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Paul ajoute ici la mention du verbe metamelomai : regretter. Le verbe est utilisé seulement 6 fois dans le NT :
Mt 21,19 ; 21,32 ; 27,3 (Judas) ; 2 Co 7,8 (2x) ; He 7,21 citant le Ps 110,4. Le verbe ametamelomai a deux
occurrences en Rm 2,5, 2 Co 7,10.
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Ces deux verbes traduisent à eux seuls la majorité des 1050 occurrences du mot shouv de l’AT.
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Le 𝔓45 a ajouté le verbe aposteinai : se détourner pour clarifier le propos.
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pour servir Dieu » (ἐπεστρέψατε πρὸς τὸν θεὸν ἀπὸ τῶν εἰδώλων δουλεύειν θεῷ). La
metanoïa est/semble incluse dans la conversion.
Epistrephein signifie un Non.
Parfois il semble équivalent à la repentance
Ac 3,19 ;
Ainsi en Ac 3,19 en association avec le verbe metanoein qu’il souligne : « repentez-vous et
convertissez-vous afin que vos péchés soient effacés (μετανοήσατε οὖν καὶ ἐπιστρέψατε εἰς
τὸ ἐξαλειφθῆναι ὑμῶν τὰς ἁμαρτίας).
Episthephein au sens transitif : ramener quelqu’un à Dieu
Parfois il est utilisé de manière transitive pour exprimer le fait de ramener les
pécheurs à Dieu.
Lc 1,16 ; 1,17 ;
Jc 5,19.20 ;
1 Pi 2,25 ;
C’est le cas en Lc 1,16 ; pour ramener les cœurs des pères vers leurs enfants et en Lc 1,17
(citation de Mal 3,24) ;
pour ramener un pécheur du chemin où il s’égarait en Jc 5,19.20 : « ὁ ἐπιστρέψας
ἁμαρτωλὸν » ;
en 1 Pi 2,25 : « vous êtes retournés vers le berger » (ἀλλ’ ἐπεστράφητε νῦν ἐπὶ τὸν ποιμένα).
Le mot conversion ἐπιστροφή n’apparaît qu’une fois en Ac 15,3.
CONCLUSION
Les deux usages de metanoïa/repentir et de epistrephein/conversion sont donc
plutôt distincts même si parfois ils se recoupent. Ils se recoupent, car les deux
décrivent un changement, intérieur et extérieur, qui sont deux parties d’un même
processus : dire Non et Oui pour revenir à Dieu. La metanoïa décrit ce qui est
préablable et le epistrephein décrit la finalité. Les deux concepts mis ensemble
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Le mot epistrepho traduit dans la LXX le mot shouv 408 fois.
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