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La Metanoïa dans le Nouveau Testament

LA METANOÏA DANS LE NOUVEAU TESTAMENT

Le mot metanoïa. Un dictionnaire ne suffit pas toujours pour connaître le sens


dffr’un mot. L’étymologie peut aider mais pas toujours. Le nouveau contexte
dans lequel il est utilisé compte beaucoup et parfois le sens d’un mot peut varier
selon le contexte. Le mot metanoïa est un bon exemple de mot qu’il faut étudier
à la fois dans le dictionnaire mais aussi dans les différents usages qu’en font les
textes bibliques, à la fois juif et chrétien.
Le Bailly
http://gerardgreco.free.fr/IMG/pdf/bailly-2020-hugo-chavez-20200718.pdf
Le mot grec pour « repentir », est metanoeo. Il se divise en deux parties, dont la
deuxième partie noeo est associée à la pensée. Par conséquent, le mot « se
repentir » fait référence à un changement de pensée (ou d’avis). Si l’on consulte
le Dictionnaire grec français de A. Bailly, on y trouve que le verbe signifie bien
changer d’avis, mais qu’il signifie aussi regretter et se repentir : (1) « penser
après », « réfléchir ensuite » ; (2) « changer d’avis », « regretter », « se repentir
». Le sens de s’amender, se corriger semble lié au NT.
- μετα·νοέω-οῶ : 1 penser après, réfléchir ensuite, Epich.
(Stob. Fl. 1, 14, vol. 1, p. 3, l. 5) || 2 changer d’avis, XÉn. Cyr. 1,
1, 3 ; Hell. 1, 7, 19 ; d’où regretter, se repentir, Ant. 120, 28 ; τινι,
Plut. Agis 19 ; ἐπί τινι, Luc. Salt. 84 ; περί τινος, Plut. Galb. 6, de qqe ch. ; avec un part. Luc.
Am. 36, d’avoir fait qqe ch. ;
- p. suite, venir à résipiscence (s’amender, se corriger) : ἀπό τινος, NT. Ap. 8, 22 ; ἔκ τινος,
NT. Apoc. 9, 20 ; ἐπί τινι, NT. 2 Cor. 12, 21, à la suite de qqe ch.
- μετάνοια, ας (ἡ) changement de sentiments, d’où : 1 repentir, regret, BatR. 70 ; Thc. 3,
36 ; Pol. 4, 66, 7 ; Plut. M. 56 a,
etc. ; au plur. Plut. M. 712 c || 2 t. de rhét. correction, figure par laquelle on feint de se
reprendre, R. Lup. 1, 16 || 3 t. eccl. pénitence,
le 3e degré d’expiation dans l’Église primitive, Bas. 4, 724 Migne (μετανοέω).

En grec classique, la métanoïa signifiait surtout changer d'avis, de pensée (nous)


sur quelqu'un ou quelque chose souvent avec regret et le sentiment d’avoir
manqué une occasion. C’est un regard tourné plus vers le passé que vers le futur.
Lorsqu'elle était personnifiée, Metanoia était représentée comme une déesse
ténébreuse, masquée et triste, qui accompagnait Kairos, le dieu de l'opportunité,
semant le regret et inspirant la repentance pour le « moment manqué ». La

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La Metanoïa dans le Nouveau Testament

métanoïa se lamente d’avoir loupé une opportunité.

La LXX.
https://lexicon.katabiblon.com/index.php?
J. Lust, E. Eynikel, and K. Hauspie (eds.), A Greek-English Lexicon of the
Septuagint, 2 vols. (Stuttgart: Deutsche Bibelgesellschaft, 1992, 1996).

La LXX ne parle pas de changement d’avis, mais de changement de cœur plutôt,


car dans la bible grecque, le verbe metanoéo traduit toujours la racine hébraïque
nchm qui signifie se lamenter, avoir de la peine au niphal (14 fois ; le verbe est
inusité au qual et au piel il signifie se consoler)1. Ainsi Jér 31,19 parle du regret
d’Israël. Jér 8,6 parle de se repentir du mal commis. Le repentir est donc présent
et se retrouve dans les livres deutérocanoniques (Siracide). L’usage du verbe
indique un cœur contrit qui ressent la nécessité d’une intervention autre
que la sienne, à savoir celle de Dieu pour lui redonner un nouveau départ2.
La LXX distingue la metanoia de la conversion. Quand elle veut parler de
conversion la LXX utilise le verbe epistrephein. Ce mot traduit massivement
dans la LXX le verbe hébreu shouv (408 fois). Dans la LXX le repentir est
différent de la conversion. La conversion shouv est un retour à Dieu. Elle
implique un changement de direction et donc de comportement. La
repentance/metanoïa est un changement plus intérieur. C’est un changement de
cœur. Les latins avaient traduit la metanoïa par penitencia, la pénitence,
soulignant ainsi la notion de tristesse.

Autour du NT 1 : Le Bauer lexicon


Walter Bauer, A Greek-English Lexicon of the New Testament and Other
Early Christian Literature (BDAG), 3d ed., ed. Frederick W. Danker (Chicago:
University of Chicago Press, 2000). UAF 173]
μετάνοια, ας, ἡ (μετανοέω)
prim. ‘a change of mind’ (Thu. 3, 36, 4; Polyb. 4, 66, 7; Appian, Mithrid. 16 §57; pap
[s. New Docs 4, 160; Spicq II 475, 17]; TestSol 12:3 C; JosAs, ApcSed; ApcMos 32;
Jos., C. Ap. 1, 274, Ant. 16, 125; Just., Tat.),
(Thucydide -400, Polybe – 200, Appien +150 : la guerre contre Mithridate, papyrus cité
par Spicq, Testament de Salomon +200/400, Joseph et Aseneth -200/+200, Apocalypse

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Le verbe hébreu ncham est aussi traduit dans la LXX par les verbes enthymeomai (Gen 6,6-7 : Dieu
considère/regrette d’avoir créé les humains), parakaleo/paraklasis (conforter en Dt 32,36 ; Ju 2,18 ; 21,6 ;
21,15 ; 1 Sa 15,11 ; 2 Sa 24,16 ; Ps 90,13 ; 135,14, Os 13,14), metamelomai (regretter en Ex 13,17 ; 1 Sa 15,35 ;
Ps 106,45 ; 110,4 ; Je 20,16 ; os 11,18). Pour metanoeo, voir en particulier (se repentir, changer d’avis ou
d’attitude en 1 sa 15,29 ; Je 4,28 ; 8,6 ; 18,8 ; 18,10 ; 28,19 ; Jo 2,13-14 ; Am 7,3 ; 7,6 ; Jo 3,9-10 ; 4,2).
2
Daniel Bpurguet, La repentance, une bonne nouvelle.

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La Metanoïa dans le Nouveau Testament

de Sedrach +2ème/5ème, Apocalypse de Moïse -1er/1er, Flavius Josèphe + Ier : Contre


Appion. Antiquités juives., Justin +2ème, Tatien + 2ème)
also w. the nuance of ‘remorse’ (as regret for shortcomings and errors: Batr. 69;
Lycon the Peripatetic [III BC], fgm. 23 Wehrli [in Diog. L. 5, 66]; Polyb. 18, 33, 7;
Stoic. III 147, ln. 21f; Cebes 10, 4; 11, 1; Plut., Mor. 56a; 68f; 961d, Alex. 11, 4, Mar. 10,
4; 39, 3; Chariton 1, 3, 7; Appian, Liby. 52 §225; 102 §482; 116 §553; M. Ant. 8, 10; Ps.-
Lucian, Calumn. 5; Jos., Ant. 13, 314. Of the ‘remorse’ of Sophia Iren. 1, 3, 1 [Harv. I
24, 7]);
(Batrachomyomachia (époque hellénistique), Lycon de Troade -3ème, fragment cité par
Diogène -4ème, Polybe -3ème, littérature stoïcienne (fragment) ?, Cébès -4ème, Plutarque
+ 1er, Chariton + 2ème ?, Appian 2ème , Pseudo Lucien -2ème ?, Flavius Josèphe +1er,
Irénée de Lyon +2ème)
in our lit. w. focus on the need of change in view of responsibility to deity (cp.
Hierocles 14, 451; Sir 44:163; Wsd 12:104, 19; Prayer of Manasseh [=Odes 12] 8;
Philo, Det. Pot. Ins. 96, Spec. Leg. 1, 58, Virt. 175ff [περὶμετανοίας] al.; EpArist 188;
Jos., Ant. 9, 176; TestReub 2:1; TestJud 19:2; TestGad 5:7f; JosAs 15:6ff5; 16:7;
ApcSed prol.: περὶἀγάπης καὶπερὶμ.; 14:3 ἐν μετανοίαις; SibOr 1, 129; 168; Iren. 1,
21, 2 [Harv. 182, 7]; Orig., C. Cels. 7, 57, 3f; Did., Gen. 97, 15)
(Hiéroclès – stoïcien - +2ème, Siracide LXX, Sagesse LXX, Prière de Manassé -
deutérocanonique, Philon d’Alexandrie, Lettre d’Aristée -1er ?, Flavius Josèphe,
Testament Ruben, Testament de Judas, Testament de Gad (Testament des 12
patriarches -2ème-+1er), Joseph et Aseneth -200/+200, Apocalypse de Sedrach
+2ème/5ème.
ἐν μετανοίαις : SybOr ?, Irénée +200, Origène +2ème/3ème, Didyme l’aveugle +4ème.)
repentance, turning about, conversion; as a turning away μετάνοια ἀπὸ νεκρῶν
ἐ ́ργων turning away from dead works Hb 6:1. Mostly of the positive side of
repentance, as the beginning of a new relationship with God: ἡ εἰς θεὸυ μ.
repentance that leads to God Ac 20:21. ἀ ́ξια τῆς μετανοίας ἐ ́ργα deeds that are

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Sir 44,16 : « Hénoch fut agréable au Seigneur, et il a été transporté, exemple de repentance pour les
générations.» L’exemple d’Hénoch doit inviter les générations à se repentir : à se détourner de ce qui est
désagréable au Seigneur. Cf. Sir 48,15 . « Malgré tout cela, le peuple ne se repentit point, et ne s'éloigna pas du
péché » 
4
Sagesse 12,10 : « Mais (toi Dieu) en exerçant ta justice sans hâte, tu leur offrais l’occasion du repentir. Tu
n’ignorais pourtant pas que leur nature était viciée, et leur malice, innée, que leur mentalité ne changerait
jamais .»
5
Joseph et Aseneth 15,6ss : « On ne t'appellera plus Aseneth, mais tu t'appelleras "Ville de refuge", car de
nombreuses nations se réfugieront chez toi, et sous tes ailes [5] de nombreux peuples [6] trouveront un abri,
[7] et dans tes murs, ceux qui font allégeance à Dieu dans la pénitence trouveront la sécurité. 7. Car la
Pénitence est la fille du Très-Haut, et elle supplie à chaque heure le Très-Haut en votre faveur, [8] et en faveur
de tous ceux qui se repentent ; [9] car il est le père de la Pénitence [10] et elle la mère des vierges, et à chaque
heure elle le supplie pour ceux qui se repentent ; car [11] elle a préparé une chambre nuptiale céleste pour
ceux qui l'aiment, [12] et elle veillera sur eux à jamais. 8. Et la Pénitence est elle-même vierge, très belle et pure
et chaste et douce ; et le Dieu Très-Haut l'aime, et tous ses anges lui font révérence. »

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La Metanoïa dans le Nouveau Testament

consistent with repentance 26:20. Also καρπὸν ἄξιον τῆς μ. Mt 3:8; cp. Lk 3:8. βαπτίζειν
εἰς μ. baptize for repentance Mt 3:11 (s. βαπτίζω 2a; also εἰς 10a). βάπτισμα μετανοίας
Mk 1:4; Lk 3:3; cp. Ac 13:24; 19:4 (alt. λουτροῦ . . . τῆς μ. Justin, D. 14, 1) χρείαν ἔχειν
μετανοίας need repentance or conversion Lk 15:7. κηρύσσειν μ. εἰς ἄφεσιν ἁμαρτιῶν
preach repentance that leads to the forgiveness of sins 24:47 (μετάνοιαν καὶ ἄφεσιν
ἁμαρτιῶν διὰ . . . λουτροῦ παλλιγγενεσίας Theophile d’Antioche (+2ème) 2, 16 [p. 140.
8f]); cp. 1 Clément 7:6. ἔχειν καιρὸν μετανοίας still have time for repentance 2 Cl 8:2.
τόπον μετανοίας διδόναι give an opportunity for repentance (Wsd 12:10; cp. ἵνα μετάνοια
δοθῇ Didyme caecus (Didyme l’aveugle +4ème), Gen. 169, 4; ἀφορμὴν μετανοίας καὶ
ἐξομολογήσεως παράσχειν Theoph. Ant. 2, 29 [p. 170, 17]) 1 Cl 7:5. μετανοίας τόπον
εὑρίσκειν Hb 12:17 (cp. μετανοίας τόπον ἔχειν Tat. 15:3). διδόναι τινὶ (τὴν) μ. (cp. Wsd
12:19; Merk (Greek of the NT lists) J. Brutus, Epître 7) Ac 5:31; 11:18; 2 Ti 2:25; B 16:9;
cp. Hv (Hermas +2ème, Visions) 4, 1, 3; Hs (Hermas, Similitudes) 8, 6, 2; 8, [p. 641] 11, 1.
τιθέναι τινὶ μετάνοιαν prescribe repentance for someone Hm (Hermas, Mandats) 4, 3, 4;
cp. 5; καλεῖν τινα εἰς μ. Lk 5:32 (ApcSed 15:2; Just., A I, 15, 7; 90, 7); Mt 9:13 v.l.; Mk
2:17 v.l. (cp. καλοῦνται αὐτοὺς ἐπὶ μ. καὶ διόρθωσιν τῆς ψυχῆς αὐτῶν Origène, C. Cels. 3,
62, 3). περὶ μετανοίας λαλεῖν 1 Cl 8:1. ἀκούσαντες ταύτην τὴν μετάνοιαν when they heard
of this repentance Hs 8, 10, 3; παιδεύεσθαι εἰς μ. be disciplined so as to repent 1 Cl 57:1.
εἰς μ. ἀ ́γειν τινά (EpArist 188; Jos., Ant. 4, 144; cp. Appian, Bell. Civ. 2, 63 §262 θεοῦ
σφᾶς ἐπὶ μετάνοιαν ἀ ́γοντος/la bonté de Dieu pousse à la repentance) Ro 2:4; ἀνακαινίζειν εἰς
μ. Hb 6:6; χωρῆσαι εἰς μ. come to repentance 2 Pt 3:9. μετάνοιαν λαμβάνειν receive
repentance (after denying Christ) Hs 9, 26, 6a. μετανοίας μετασχεῖν (changer) 1 Cl 8:5.
μετάνοιαν ἐ ́χειν have a possibility of repentance Hm 4, 3, 3; Hs 8, 8 (Hermas), 2. ἐστί τινι
μετάνοιαν have a possibility of repentance Hv 2, 2, 5c; 3, 7, 5; Hs 8, 8, 5; 8, 9, 4a; 9, 19,
1; 9, 20, 4. τινὶ μετάνοιά ἐστι μία have (only) one possibility of repentance Hm 4, 1, 8; cp.
4, 3, 1. μ. κεῖταί τινι repentance is ready, available for someone Hs 9, 19, 2f; 9, 22, 4; 9,
26, 6b. ἐπίκειταί τινι 8, 7, 2a. γίνεταί τινι 9, 26, 5; εἰς μάτην ἐστὶν ἡ μ. is in vain 6, 1, 3.
ταχινὴ ὀφείλει εἶναι must follow quickly 8, 9, 4b. ἡ μ. σύνεσίς ἐστιν μεγάλη is great
understanding Hm 4, 2, 2. μ. καθαρά 12, 3, 2; cp. s 7:6. μ. ἁμαρτίας rep. for sin 2 Cl 16:4;
cp. Hm 4, 3, 3. μ. ζωῆς rep. that leads to life Hs 6, 2, 3; cp. 8, 6, 6. ἐλπὶς μετανοίας hope
of repentance or conversion I Eph 10:1; Hs 6, 2, 4; 8, 7, 2b; 8, 10, 2. W. πίστις and other
Christian virtues 1 Cl 62:2. The ἀ ́γγελος τῆς μ. appears in Hermas as a proclaimer of
repentance: v 5:7; Hm 12, 4, 7; 12, 6, 1; Hs 9, 1, 1; 9, 14, 3; 9, 23, 5; 9, 24, 4; λυπεῖσθαι
εἰς μ. feel pain that leads to repentance 2 Cor 7:9, λύπη μετάνοιαν ἐργάζεται (cp. Plut.,
Mor. 476f) vs. 10.—W. the Christian use of the word in mind Polycarp says ἀμετάθετος
ἡμῖν ἡ ἀπὸ τῶν κρειττόνων ἐπὶ τὰ χείρω μετάνοια for us ‘repentance’ from the better to the
worse is impossible MPol 11:1.—
WHolladay, The Root Šûbh in the OT, ’58.—TRE (Theologische Realenzyklopädie)
VII 446–51; RAC II 105–18.—DELG (Dictionnaire étymologique de la langue grecque)
s.v. νόος. M-M. EDNT (JMoulton/GMilligan, Vocabulary of Greek Testament—Lists 4,
6). TW. Spicq. Sv.

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La Metanoïa dans le Nouveau Testament

Bilan sur la metanoïa : De la LXX au NT


Beaucoup d’occurrences du NT semblent prolonger le sens de repentir que l’on
a dans la LXX (Jr 8,6), puis dans les textes deutérocanoniques de la LXX (Sag
12,10 ; Sir 44,16 ) ou encore dans des textes juifs comme le roman de Joseph et
Aseneth. Les textes chrétiens ultérieurs suivent cet usage. 1 Clément 57,1 parle
de la nécessité d’être discipliné de façon à se repentir. Bauer précise que cette
étape constitue le début d’une nouvelle relation à Dieu. Bauer renvoie aussi à la
racine Sûbh (shouv) de la Bible hébraïque étudiées par des dictionnaires
théologiques ou étymologique.
μετανοέω fut. μετανοήσω; 1 aor. μετενόησα (ἐμετενόησαν w. double augment
ApcEsdr 2:24) (s. next entry; Antiphon+)
1. change one’s mind Hv 3, 7, 3; m 11:4 (cp. Diod. S. 15, 47, 3 μετενόησεν ὁ
δῆμος; 17, 5, 1; Epict. 2, 22, 35; Appian, Hann. 35 §151, Mithrid. 58 §238; Stob., Ecl. II
113, 5ff W.; PSI 495, 9 [258 BC]; Jos., Vi. 110; 262),
(Hermas, Visions +2ème; Diodore de Sicile -1er  ; Epictète +1er/2ème  ; Appien + 2ème;
Stobaeus, compilateur +5ème; papyri grecs et latins -258 ; Flavius Josèphe)
then
2. feel remorse, repent, be converted (in a variety of relationships and in
connection w. varied responsibilities, moral, political, social or religious:
X., Hell. 1, 7, 19 οὐ μετανοήσαντες ὑ ́στερον εὑρήσετε σφᾶς αὐτοὺς ἡμαρτηκότας τὰ μέγιστα
ἐς θεούς τε καὶ ὑμᾶς αὐτούς= instead of realizing too late that you have grossly sinned
against the gods; Plut., Vi. Camill. 143 [29, 3], Galba 1055 [6, 4], also Mor. 74c; M. Ant.
8, 2 and 53; Ps.-Lucian, De Salt. 84 μετανοῆσαι ἐφ̓ οἷς ἐποίησεν; Herm. Wr. 1, 28; OGI
751, 9 [II BC] θεωρῶν οὖν ὑμᾶς μετανενοηκότας τε ἐπὶ τοῖς προημαρτημένοις; SIG 1268, 2,
8 [III BC] ἁμαρτὼν μετανόει; PSI 495, 9 [258/257 BC]; BGU 747 I, 11; 1024 IV, 25; PTebt
424, 5; Is 46:86; Jer 8:6; Sir 17:247; 48:158; oft. Test12 Patr [s. index]; Philo [s.
μετάνοια]; Jos., Bell. 5, 415, Ant. 7, 153; 320; Just.) in (religio-) ethical sense ἐν σάκκῳ
καὶ σποδῷ μ. repent in sackcloth and ashes Mt 11:21; Lk 10:13.
(Xénophon -5ème/-4ème; Marc-Aurèle +2ème ; Pseudo-Lucien après +2ème ; Ecrits
hermétiques; Inscriptions Orientales Grecques ; Papyri Grecs et Latins ; Gnomon
papyrus ; Papyri Tebtunis; Testament des 12 patriarches ; Philon d’Alexandrie +1er ;
Flavius Josèphe +1er ; Justin +2ème ;  ; )
As a prerequisite for experiencing the Reign of God in the preaching of John the
Baptist and Jesus Mt 3:2; 4:17; Mk 1:15. As the subject of the disciples’ proclamation
6:12; Ac 17:30; 26:20. Failure to repent leads to destruction Lk 13:3, 5; Mt 11:20 (η .
6
Es 46,8 : Rappelez-vous ces choses, et gémissez ; repentez-vous, ô vous qui êtes égarés ; convertissez-vous en
vos cœurs (μετανοήσατε, οἱ πεπλανημένοι, ἐπιστρέψατε τῇ καρδίᾳ.).
7
Sir 17,24 : Cependant, à ceux qui se repentent, il accorde le retour, et il console ceux qui ont perdu confiance
(πλὴν μετανοοῦσιν ἔδωκεν ἐπάνοδον).
8
Sir 48,15 : Malgré tout cela, le peuple ne se repentit point, et ne s'éloigna pas du péché, jusqu'à ce qu'il fût
emmené loin de son pays… (Ἐν πᾶσιν τούτοις οὐ μετενόησεν ὁ λαὸς καὶ οὐκ ἀπέστησαν ἀπὸ τῶν ἁμαρτιῶν
αὐτῶν, ἕως ἐπρονομεύθησαν ἀπὸ γῆς αὐτῶν…).

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La Metanoïa dans le Nouveau Testament

. . μετανοήσωσιν η ἐπιμείναντες δικαίως κριθῶσι Hippol., Ref. 1, pref. 2). Repentance


saves (cp. Philo, Spec. Leg. 1, 239 ὁ μετανοῶν σῴζεται; 253; Just., D. 141, 2 ἐὰν
μετανοήσωσι, πάντες . . . τυχεῖν τοῦ παρὰ τοῦ θεοῦ ἐλέους δύνανται) 12:41; Lk 11:32; cp.
15:7, 10; 16:30. μ. εἰς τὸ κήρυγμά τινος repent at or because of someone’s proclamation
Mt 12:41; Lk 11:32 (B-D-F §207, 1; Rob. 593; s. εἰς 10a).
W. ἐπί τινι to denote the reason repent of, because of someth. (Chariton 3, 3, 11; Ps.-
Lucian, Salt. 84; M. Ant. 8, 2; 10; 53; Jo 2:13; Jon 3:10; 4:2; Am 7:3, 6; Prayer of
Manasseh [=Odes 12] 7; TestJud 15:4; Philo, Virt. 180; Jos., Ant. 7, 264; Just., D. 95,
3.—B-D-F §235, 2) ἐπὶ τῇ ἀκαθαρσίᾳ of their immorality 2 Cor 12:21. ἐπὶ τοῖς
ἁμαρτήμασιν of their sins 1 Cl 7:7 (Just., D. 141, 2; cp. OGI 751, 9f). ἐπί w. subst. inf.
foll. MPol 7:3 (Just., D. 123, 6). Also διά τι Hv 3, 7, 2.
(Philon, Justin, Chariton, Pseudo-Lucien; Marc-Aurèle; Prière de Manassé; Testament
de Juda; Philon; Flavius Josèphe; Justin; 1 Clément; Justin; Inscriptions Grecques
Orientales; Martyr de Polycarpe; Justin; Hermas)
Since in μ. the negative impulse of turning away is dominant, it is also used w. ἀπό
τινος: repent and turn away from someth. ἀπὸ τῆς κακίας (Jer 8:6; Just., D. 109, 1) Ac
8:22 (MWilcox, The Semitisms of Ac, ’65, 102–105). ἀπὸ τῆς ἀνομίας 1 Cl 8:3 (quot. of
unknown orig.). Also ἐ ́κ τινος Rv 2:21b, 22; 9:20f; 16:11. W. ἐπιστρέφειν ἐπὶ τὸν θεόν
Ac 26:20. μ. εἰς ἑνότητα θεοῦ turn in repentance to the unity of God (which precludes
all disunity) IPhld (Ignace d’Antioche aux Philadelphiens) 8:1b; cp. ISm (Ignace
d’Antioche aux Smyrnéens) 9:1. But μ. εἰς τὸ πάθος repent of the way they think
about the suffering (of Christ, which the Docetists deny) 5:3. W. inf. foll. Rv 16:9. W. ὁ ́τι
foll. repent because or that (Jos., Ant. 2, 315) Hm 10, 2, 3. W. adv. ἀδιστάκτως Hs 8, 10,
3. βραδύτερον Hs 8, 7, 3; 8, 8, 3b. πυκνῶς m 11:4. ταχύ Hs 8, 7, 5; 8, 8, 3a; 5b; 8, 10, 1; 9,
19, 2; 9, 21, 4; 9, 23, 2c. μ. ἐξ ὁ ́λης (τῆς) καρδίας repent w. the whole heart 2 Cl 8:2; 17:1;
19:1; Hv 1, 3, 2; 2, 2, 4; 3, 13, 4b; 4, 2, 5; Hm 5, 1, 7; 12, 6, 1; Hs 7:4; 8, 11, 3. μ. ἐξ
εἰλικρινοῦς καρδίας repent w. a sincere heart 2 Cl 9:8.—The word is found further, and
used abs. (Diod. S./Diodore de Sicile 13, 53, 3 -1er; Epictète. +1er/2ème, En 34 (1
Hénoch) ; Oenomaus (Oen. le cynique) [time of Hadrian] in Eusèbe., PE 5, 19, 1
μετανοεῖτε as directive; Philo, Mos. 2, 167 al.; Jos., Ant. 2, 322; Just., D. 12, 2; Theoph.
Ant. 3, 24 [p. 254, 17]; εἰ ἤκουσαν μετανοήσαντες, οὐκ ἐπήγετο ὁ κατακλυσμός Did(yme).,
Gen. 186, 9; ἁμαρτωλὸς . . . πρὸς το͂ μετανοεῖν πορευόμενος Orig., C. Cels 3, 64, 5) Lk
17:3f; Ac 2:38; 3:19; Rv 2:5a (Vi. Aesopi (Vie d’Esope) +1er G 85 P. μετανόησον=take
counsel with yourself), vs. 5b, 16, 21; 3:3, 19; 2 Cl 8:1, 2, 3; 13:1; 15:1; 16:1; IPhld 3:2;
8:1a; ISm 4:1; Hv 1, 1, 9; 3, 3, 2; 3, 5, 5; 3, 7, 6; 3, 13, 4a; 5:7; Hm 4, 1, 5; 7ff; 4, 2, 2; 4, 3,
6; 9:6; 10, 2, 4; 12, 3, 3; Hs 4:4; 6, 1, 3f; 6, 3, 6; 6, 5, 7; 7:2; 4f; 8, 6, 1ff; 8, 7, 2f; 8, 8, 2; 5a;
8, 9, 2; 4; 8, 11, 1f; 9, 14, 1f; 9, 20, 4; 9, 22, 3f; 9, 23, 2; 5; 9, 26, 6; 8; D 10:6; 15:3; PtK (le
kérygme de Pierre ?) 3 p. 15, 11; 27.—S. also MPol 9:2; 11:1f, in the sense regret
having become a Christian; AcPl (Actes de Paul) Ha 1, 17.—
Windisch, Exc. on 2 Cor 7:10 p. 233f; Norden, Agn. Th. 134ff; FShipham, ET

6
La Metanoïa dans le Nouveau Testament

(Expository Times) 46, ’35, 277–80; EDietrich, D. Umkehr (Bekehrg. u. Busse) im AT u.


im Judent. b. bes. Berücksichtigg. der ntl. Zeit ’36; HPohlmann, D. Metanoia ’38;
OMichel, EvTh (Evangelishe Theologie) 5, ’38, 403–14; BPoschmann, Paenitentia
secunda ’40, 1–205 (NT and Apost. Fathers).—On the distinctive character of NT
usage s. Thompson 28f, s.v. μεταμέλομαι, end.—B. 1123. DELG s.v. νόος. M-M. TW.
Spicq.
Bilan sur metanoéo
L’idée de la repentance est présente chez des auteurs grecs (une prise de
conscience d’avoir péché contre les dieux, chez Xénophon) ou dans des
inscriptions. Elle est présente dans la LXX (Esaie, Jérémie) et dans ses textes
deutérocanoniques Siracide !) et signifie se détourner de quelque chose :
l’dolâtrie, le péché. On la trouve dans la prédication de Jean-Baptiste et de Jésus
(sans que Bauer dise si on a affaire à une repentance ou à une conversion) dans
un sens général. On la trouve aussi dans un sens particulier dans le NT : se
repentir de quelque chose en particulier. Les auteurs chrétiens suivent cet usage.

Pour confirmer le bilan, on peut se tourner vers le dictionnaire théologique de


Kittel.

Le NT 2 : le dictionnaire de Kittel


Gerhard Kittel, Theological Dictionary of the New Testament (10 Volume Set)
0010- Edition.
Le Kittel permet de confirmer les résultats de Bauer et même parfois de s’en
passer, car il offre un résumé des résultats. Il donne aussi une interprétation
théologique.
Dans la littérature juive hellénistique
La LXX
Le verbe est rare et signifie « regretter » ou « changer sa pensée ». Jer 8,6
signifie toutefois se repentir en changeant d’attitude. La LXX préfère l’usage
des verbes apostréphō ou/et epistréphō quand elle veut signifier « se
détourner » de quelque chose et « se tourner » vers Dieu. Elle traduit au moyen
de ces deux verbes grecs le verbe hébreu shouv.
Elle n’utilise pas le mot metanoïa.
Apocryphes, Pseudépigraphes (et deutérocanoniques quand ils sont dans le
canon de la LXX)
Le mot a le sens de conversion dans le sens plein. Cf Sir 48,15 : Malgré tout
cela, le peuple ne se repentit point, et ne s'éloigna pas du péché ».
(Faut-il parler de conversion ? N’est-ce pas plutôt de repentance dont il s’agit ?)
Philon d’Alexandrie

7
La Metanoïa dans le Nouveau Testament

Philon utilise les termes pour " changement d'esprit ", mais il leur donne aussi la
nuance religieuse de conversion religieuse et morale, c'est-à-dire le changement
total consistant à se tourner vers Dieu et à se détourner du péché, qui affecte
toute la vie et la conduite. Sans une telle conversion, il n'y a pas de salut. Il n'est
pas d'accord avec les stoïciens pour dire que le sage n'a pas besoin de metánoia,
Flavius Josèphe
Comme Philon, Josèphe utilise ces termes à la fois au sens commun et au sens
religieux et moral. Ses déclarations, cependant, sont des échos sans grande
profondeur. Il attache de l'importance aux formes extérieures, se concentre sur
les vices et les vertus individuels et associe la conversion à l'évitement d'un
châtiment.
NT
Le sens habituel est "changement d'avis" ou "conversion" avec toute les nuances
de l’AT, c’est-à-dire avec parfois l’idée d’un changement total.
Ainsi avec Jean-Baptiste, il s’agit d’une conversion totale, une fois pour toutes
avant le jugement eschatologique, le signe que Dieu est à l’œuvre.
Pour Jésus, la conversion est une exigence fondamentale qui découle de la
réalité du royaume eschatologique tel qu'il est présent dans la personne de Jésus.
La prédication et les miracles sont un appel à la conversion, de manière
définitive et inconditionnelle. Il faut renoncer non seulement au mal, mais à tout
ce qui peut mis avant Dieu dans l’ordre des priorités. La conversion s'applique à
toutes les personnes, exigeant un engagement complet, recevant le pardon dans
une confiance et un abandon total.
Dans les autres écrits du NT en général, la conversion est une exigence totale
qui est au cœur du message des disciples dans le livre des Actes. (Actes 5,31 ;
8,22 ; 11,18, etc.). C'est un retour du mal vers Dieu (Ac 8:22 ; 20:21). C'est à la
fois un don divin et une tâche humaine (5,31 ; 2,38). Elle englobe toute la vie
(cf. Actes 3:19 etc.). Son fondement est l'œuvre salvatrice du Christ (Ac 5,31).
L'Esprit l'accomplit (Ac 11:18). La foi l'accompagne (Ac 26,18). Le but est la
rémission des péchés (Actes 3:19) et le salut final (Ac 11:18). Pour Paul, elle
signifie une rupture radicale avec le passé (2 Cor. 12:21). Psychologiquement,
elle implique le remords (2 Cor. 7:9-10), mais plus profondément, elle est
l'œuvre salvatrice de Dieu. Pour Paul, le concept de foi englobe la conversion,
avec ce qu'elle implique de mort et de renouveau. Cela explique l'usage
parcimonieux qu'il fait de ces termes. Chez Jean aussi, la foi inclut la
conversion. Il en va de même pour la nouvelle naissance de Dieu. La ligne de
démarcation nette entre la lumière et les ténèbres, etc. signifie que croire en
Dieu implique nécessairement de se détourner du mal (et du monde). L'épître
aux Hébreux souligne le sérieux total de la conversion. Il n'y a pas de
renouvellement de celle-ci pour les apostats. La conversion est une totalité, et

8
La Metanoïa dans le Nouveau Testament

donc son abandon est un abandon total. Ceux qui se détournent de Dieu, sont
exposés au jugement eschatologique.
Dans la période postapostolique, les pères font un usage fréquent de ces termes
au sens plein (1 Clem. 8.3 ; Justin Dialogue 109.1 ; Hermas Mandats 4.3.2). Les
idées grecques s'entremêlent (Hermas Visions 3.7.3 ; Justin Apologie 61.10 ;
Mart. Pol. 9.2), mais l'influence chrétienne est visible (Did. 10.6 ; 1 Clem. 7.4 ;
Hermas Similitudes 9.22.3 ; Justin Apologie 15.7-8). De plus, il y a une forte
orientation vers l'AT (1 Clem. 8 ; Justin Dialogue 25.4 ; 30.1 ; 107.2). Ainsi,
l'observation des commandements fait partie de la conversion (Visions d'Hermas
5.6-7), et la pénitence avec pleurs et gémissements est requise (Dialogue de
Justin 141.3). Cela conduit à l'élaboration d'une discipline pénitentielle et à
l'assimilation de la metánoia et de la pénitence. A noter que pour Hermas, une
seconde metanoïa est possible.
Bilan de Kittel
Kittel note bien que la metanoïa consiste à se détourner du mal, dans le livre des
Actes, chez Paul, chez Jean, et dans la période postapostolique. Pourtant, il parle
de conversion et évite de parler de repentance. Les occurrences et leur traduction
de Bauer parlaient explicitement de repentance.
Il faut donc, pour trancher, entre la repentance et la conversion, examiner de
près les occurrences du NT et déterminer le sens de chacune des occurrences
relatives aux mots metanoïa et metanoéo. Pour ce faire, il faut utiliser une
concordance, lister et regrouper les usages et faire un tableau si besoin.

Le Nouveau Testament

Le NT utilise le mot metanoïa 22 fois (11x dans Luc-Actes) et le verbe


metanoein 33 fois (14x dans Luc-Actes et 11 fois dans l’Apocalypse). Luc-Actes
possède 50% des occurrences du mot et 42% des occurrences du verbe. L’auteur
de l’apocalypse n’utilise pas le mot mais possède 33% des occurrences du verbe.
Le sens est plus difficile à cerner et mérite un regard attentif. Pour compléter le
tableau on peut recenser les occurrences du mot epistrephein qui traduit, en
composition avec apostrephein, le mot hébreu shouv utilisé par la Bible
hébraïque pour exprimer le retour à Dieu.

Occurrences de metanoein // metanoïa // epistrephein // epistrophè qui signifient


un repentir et/ou une conversion
Auteur metanoïa metanoein epistrephein epistrophè

9
La Metanoïa dans le Nouveau Testament

Matthieu 3,8 ; 3,11 ;  3,2 ; 4,17 ; 13,15 ;


11,20.21// ;
12,41// ;
Marc 1,4 ; 1,15 ; 6,12 ;  4,12 ;
Luc 3,3 ; 3,8 ; 10,13// ; 11,32// ; 1,16 ; 1,17 ; (22,32) ;
5,32 ; 15,7 ; 13,3 ; 13,5 ; 15,7 ;
15,10 ; 15,10 ; 16,30 ;
24,47 ;  (17,3.4) ; 
Actes 5,31 ; 11,18 ; 2,38 ; 3,19 ; 8,22 ; 3,19 ; 9,35 ; 11,21 ; 15,3 ;
13,24 ; 19,4 ; 17,30 ; 14,15 ; 15,19 ;
20,21 ; 26,20 26,18 ; 26,20 ;
(2x) ;  26,20 ;  28,27 ;
Paul 2 Co 7,9.10  2 Co 12,21 ;  2 Co 3,16 ;
Rm 2,4 ;
1 Th 1,9 
Pastorales 2 Tm 2,25
Hébreux 6,1 ; 6,6 ;
12,17 ;
Jacques 5,19.20 
1 Pierre 2,25 
2 Pierre 3,9 ;   
Apocalypse 2,5 (2x) ; 2,16 ;
2,21 ; 2,22 ; 3,3 ;
3,19 ; 9,20 ; 9,21 ;
16,9 ; 16,11 ; 

La metanoïa est un Non général aux péchés = se détourner des péchés


Mc 1,4 ;
Mt 3,2 ; 3,8 ; 3,11 ;
Lc 3,3 ; 3,8 ; 5,32 ; 13,3 ; 13,5 ; 15,7 (2x) ; 15,10 ; 16,30 ; 24,47 ;
Ac 2,38 ; 5,31 ; 13,24 ; 17,30 ; 19,4 ; 26,20 (3x) ;
22 occurrences (13 du mot metanoïa et 9 du verbe metanoein)
Le lien entre la repentance et le pardon des péchés au sens général du terme est explicite
ou fortement sous-entendu. Ainsi en Mc 1,4 la metanoïa, ou baptême de la repentance, est la
condition du pardon des péchés donné par Jean-Baptiste : βάπτισμα μετανοίας εἰς ἄφεσιν
ἁμαρτιῶν. Même chose en Mt 3,2.8.11 où la repentance demandée par Jean-Baptiste est mise
en rapport avec le pardon des péchés9. Ibidem en Luc 3,3 et en Lc 3,8. En Lc 5,32, Jésus dit
qu’il est venu appeler les pécheurs à la repentance (καλέσαι… ἁμαρτωλοὺς εἰς μετάνοιαν). En
Lc 13,3 Jésus dit aux gens venus lui rapporter le massacre des Galiléens par Pilate : « si vous

9
Elle est le signe d’un nouveau départ qui va consister à produire des fruits dignes de la repentance en Mt 3,8.
Le changement de pensée introduit un changement de comportement. Il inclut donc une reconnaissance de
Dieu, voire une soumission à Dieu.

10
La Metanoïa dans le Nouveau Testament

ne vous repentez pas, vous périrez tous de la même manière » (ἐὰν μὴ μετανοῆτε πάντες
ὁμοίως ἀπολεῖσθε.). Même allusion en Lc 13,5 à propos des personnes tuées par la chute de la
tour de Siloé (ἐὰν μὴ μετανοῆτε πάντες ὡσαύτως ἀπολεῖσθε.). En Lc 15,7 (brebis perdue),
Jésus dit qu’il y a de la joie dans le ciel quand un pécheur se repent (ἐπὶ ἑνὶ ἁμαρτωλῷ
μετανοοῦντι). Même idée en Lc 15,10 (drachme perdue). En Lc 16,30 le riche (de la
parabole) demande que Lazare soit envoyé dans la maison de son père pour prévenir ses cinq
frères du jugement dernier et de ses tourments, car ainsi, dit-il, ils se repentiront :
« μετανοήσουσιν ». En Lc 24,47, le Ressuscité envoie ses disciples prêcher la repentance en
vue du pardon des péchés (καὶ κηρυχθῆναι μετάνοιαν εἰς ἄφεσιν ἁμαρτιῶν). En Ac 2,38
Pierre recommande de se repentir et de se faire baptiser pour le pardon des péchés
(μετανοήσατε… εἰς ἄφεσιν τῶν ἁμαρτιῶν ὑμῶν). En Ac 5,31 Pierre dit que Jésus a été
« exhalté pour donner à Israël la metanoïa et le pardon des péchés » (δοῦναι μετάνοιαν τῷ
Ἰσραὴλ καὶ ἄφεσιν ἁμαρτιῶν). En Ac 13,24 le baptême de repentance de Jean est mentionné
(βάπτισμα μετανοίας). En Ac 17,30s : « Dieu… annonce maintenant à tous les hommes, en
tous lieux, qu’ils ont à se repentir, parce qu’il a fixé un jour où il jugera le monde selon la
justice (θεός, τὰ νῦν παραγγέλλει τοῖς ἀνθρώποις πάντας πανταχοῦ μετανοεῖν, καθότι ἔστησεν
ἡμέραν ἐν ᾗ μέλλει⸌ κρίνειν τὴν οἰκουμένην ἐν δικαιοσύνῃ). En Ac 19,4 Paul mentionne que
le baptême de Jean était un baptême de repentance (Ἰωάννης ἐβάπτισεν βάπτισμα μετανοίας).
En Ac 26,20, Paul rappelle qu’il a prêché aux Païens de se repentir (μετανοεῖν) et de se
convertir (ἐπιστρέφειν) en vivant d’une manière digne de la repentance (τοῖς ἔθνεσιν
ἀπήγγελλον μετανοεῖν καὶ ἐπιστρέφειν ἐπὶ τὸν θεόν, ἄξια τῆς μετανοίας ἔργα πράσσοντας.).
La formulation est proche de celle de Lc 3,8 où il était question de se détourner des péchés
(Jean-Baptiste). Derrière les deux notions, on peut voir le non au péché et le oui à Dieu. Ce
qui signifie que la metanoia est le non à l’ancienne vie, ce que confirme la recommandation
de vivre d’une manière digne de la repentance : que le non soit un vrai non !
La metanoïa et le epistrephein expriment ensemble un Non aux péchés
Ac 3,19 ;
1 occurrence
Le mot metanoïa est associé au pardon en Ac 3,19, mais en combinaison cette fois avec le
mot epistrephein : « repentez-vous et convertissez-vous afin que vos péchés soient effacés
(μετανοήσατε οὖν καὶ ἐπιστρέψατε εἰς τὸ ἐξαλειφθῆναι ὑμῶν τὰς ἁμαρτίας). L’usage des
deux notions semblent indiquer qu’il y aurait d’abord la metanoïa, le repentir, et ensuite le
retour à Dieu, le epistrephein  : « Repentez-vous et revenez à Dieu ». Mais les deux notions
semblent reliés à un seul but : se détourner des péchés : « afin que vos péchés soient effacés »
(μετανοήσατε οὖν καὶ ἐπιστρέψατε εἰς τὸ ἐξαλειφθῆναι ὑμῶν τὰς ἁμαρτίας).
La metanoïa est un non particulier aux péchés = se détourner d’un péché
Mt 11,20.21 ; 12,41 ;
Lc 10,13 ; 11,32 ; 17,3.4 ;
Ac 8,22 ;
Rm 2,4 ;
2 Co 7,9.10
2 Co 12,21 ;
He 6,1 ; 12,17 ;
2 Pi 3,9 ;
11
La Metanoïa dans le Nouveau Testament

Ap 2,5 (2x) ; 2,16 ; 2,21 ; 2,22 ; 3,3 ; 3,19 ; 9,20 ; 9,21 ; 16,9 ; 16,11 ;
26 occurrences
Parfois il signifie une repentance (un non) précis, le fait de se détourner de quelque chose
de déterminé. Par exemple se détourner du manque de foi dans Mt 11,20.21//Lc 10,13 où il
est question de se couvrir de sac et de cendre, expression d’humilité pour indiquer le manque
de reconnaissance et de foi des villes de Chorazin et de Bethsaïda ; de l’incrédulité en Mt
12,41 //Lc 11,32 (la demande de signe avec une allusion au repentir des Ninivites) ; de divers
et multiples péchés en Lc 17,3.4 (s’il revient à toi sept fois en disant : je me repens/ μετανοῶ,
alors pardonne-le) ; de « pensées mauvaises » en Ac 8,22 ; du jugement d’autrui en Rm 2,4 ;
de l’outrage commis à l’égard de Paul en 2 Co 7,9 et 2 Co 7,10 ; de « l’impureté » en 2 Co
12,21 ; des « œuvres mortes » en He 6,1 ; de la vente du droit d’ainesse (Esaü) en He 12,17 ;
du scepticisme vis-à-vis de la parousie en 2 Pierre 3,9 : « Le Seigneur use de patience envers
vous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance » (μὴ
βουλόμενός τινας ἀπολέσθαι ἀλλὰ πάντας εἰς μετάνοιαν χωρῆσαι10). L’auteur de 2 Pi
s’adresse à des convertis mais moqueurs et sceptiques à l’égard de la parousie (3,3-4). Ils
doivent se repentir de ce scepticisme ; de « l’oubli » en Ap 2,5 : « Souviens-toi d’où tu es
tombé et repens-toi » (μνημόνευε οὖν πόθεν πέπτωκας καὶ μετανόησον) ; des mauvaises
personnes en Ap 2,16 « Tu as des gens attachés pareillement à la doctrine des Nicolaïtes.
Repens-toi donc ; sinon, je viendrai à toi bientôt » (μετανόησον οὖν εἰ δὲ μή, ἔρχομαί σοι
ταχὺ) ; de « l’inconduite » en Ap 2,21 ; des « (mauvaises) œuvres » en Ap 2,22 ; des œuvres
imparfaites en Ap 3,2-3 : « Je n’ai pas trouvé tes œuvres parfaites devant mon Dieu.
Souviens-toi donc comment tu as reçu et entendu ; garde le et repens-toi. » ; du manque de
zèle en Ap 3,19 : « Sois donc zélé et repens-toi ! » ; des « œuvres mauvaises » en Ap 9,20 ;
des « meurtres » en Ap 9,21 ; du fait de « blasphémer le nom de Dieu » en Ap 16,9 ; des
« œuvres mauvaises » en Ap 16,11.
Le Non de la metanoïa est associé au Oui de epistrephein, comme une
trajectoire qui irait du repentir à la conversion
Ac 26,20 ;
1 occurrence
L’association des deux notions, metanoein et epistrephein, citées et utilisées l’une à la suite de
l’autre, comme en Actes 26,20 (μετανοεῖν καὶ ἐπιστρέφειν ἐπὶ τὸν θεόν), semble dessiner une
trajectoire qui irait du repentir à la conversion.
Cette trajectoire est décrite sans le mot epistrephein mais avec le seul recours à la metanoïa, la
repentance, en 2 Co 7,8-11. Dans ce passage, Paul décrit le changement d’attitude des
Corinthiens à son égard (repentir après un outrage). Il parle de tristesse (lupéo) aux versets 8
(2x), 9 (3x), 10 (2x), 11 ; de regret (metamelomai) aux versets 8 (2x), 10 ; et de repentir
(métanoïa) aux versets 9 et 10. Il précise que cette metanoïa a conduit au salut et qu’elle a
supprimé les regrets. Donc selon Paul, « la tristesse selon Dieu » conduit au repentir
(metanoia) qui conduit au salut. On peut penser que le mot salut est un synonyme de la
conversion ici (il ne peut être nommé car les Corinthiens sont déjà convertis). Il y aurait donc
une trajectoire qui irait de la tristesse au repentir et du repentir au salut (retour à Dieu).
La metanoïa signifie à la fois un Non et un Oui
Mc 1,15 ; // Mt 4,17 ; Mc 6,12 ; Ac 11,18 ; He 6,6 ; 2 Tm 2,25 ;
10
De χωρῆσαι : recevoir, tenir ; infinitif, aoriste, actif.

12
La Metanoïa dans le Nouveau Testament

6 occurrences
- Parfois le mot metanoïa semble signifier un non et un oui : un retour à Dieu incluant la
repentance (ou l’inverse), donc les deux. Ainsi Mc 1,15 : « Convertissez-vous et croyez à
l’évangile » //Mt 4,17. Ainsi Mc 6,12 : « les douze proclamèrent qu’il fallait se repentir »
(ἐκήρυξαν ἵνα μετανοῶσιν,). L’idée est qu’il faut se détourner du mal (de tout ce qui n’est pas
le Royaume de Dieu) et se tourner vers le Royaume qui s’est approché ; ce que confirme la
prédication de Jésus (cf. Lc 11,32//Mt 12,41 : ceux qui demandent un signe ne se repentent
pas comme l’ont fait les Ninivites ; la faute dénoncée par Jésus est au moins celle de
l’incrédulité). Ainsi Ac 11,18 où les gens de Jérusalem louent Dieu qui a donné aux paiëns la
repentance qui mène à la vie (τοῖς ἔθνεσιν ὁ θεὸς τὴν μετάνοιαν εἰς ζωὴν ἔδωκεν). Ainsi en
He 6,6 où l’auteur dit qu’une seconde metanoïa est impossible aux croyants qui retournent
vers les « œuvres mortes » (6,1) en « recrucifiant le Fils de Dieu » (6,6) et en faisant défection
(παραπεσόντας11) à ce qu’ils ont reçu (la lumière, le don céleste, la parole de Dieu) et au fait
d’avoir « été participants de l’Esprit saint » (μετόχους γενηθέντας πνεύματος ἁγίου). A cause
de leur défection, leur conversion / ou leur metanoïa semblent avoir été annulées. Ainsi en 2
Tm 2,25 l’auteur souhaite que Dieu accorde aux adversaires la métanoïa « en vue de la
connaissance de la vérité » (δώῃ αὐτοῖς ὁ θεὸς μετάνοιαν εἰς ἐπίγνωσιν ἀληθείας). La
métanoïa est ici un don de Dieu, un changement en vue de la connaissance de la vérité.
L’expression met explicitement l’accent sur le fait de se tourner vers la vérité et non sur le fait
qu’il faut se détourner de l’erreur, qui reste implicite mais non exprimé : le non au mensonge.
Il s’agit donc d’une conversion et pourtant l’auteur la nomme metanoïa. C’est comme si le
mot metanoïa signifiait à la fois la conversion et la repentance.
La métanoia signifie un Oui à Dieu (se tourner vers Dieu ; synonyme
d’epistrephein)
Ac 20,21 ;
1 occurrence
Une fois il signifie se tourner vers Dieu (donc dans ce cas il est synonyme de epistrepho)
comme dans Actes 20,21 : « attestant… la repentance envers Dieu et la foi en notre
Seigneur » (διαμαρτυρόμενος12… τὴν εἰς θεὸν μετάνοιαν καὶ πίστιν εἰς τὸν κύριον).
Usages de la metanoïa et de metanoein dans le NT
NON aux NON aux NON à des NON avant NON et OUI à
péchés en péchés en péchés en le OUI Oui Dieu
général général particulier (trajectoire) ou
avec Oui et
epistrephein NON
Mt 3,2 ; Ac 3,19  Mt 11,20.21  Ac 26,20 ; Mc 1,15 ; // Ac 20,21 
3,8 ; 3,11 ; 12,41 ; Mt 4,17 ;
Lc 3,3 ; 3,8 ; Lc 10,13 ; Mc 6,12 ;
5,32 ; 13,3 ; 11,32 ; Ac 11,18 ;
13,5 ; 17,3.4 ; He 6,6 ;
15,7 (2x) ; Ac 8,22 ; 2 Tm 2,25 : 
11
De : παραπίπτω (παρά, πίπτω) : tomber à côté de, tomber, s'éloigner de, faire défection de ; participe,
aoriste, actif. Le sens actif invite à traduire par : faire défection ou s’éloigner.
12
De διαμαρτύρομαι : protester en attestant (en prenant d’autres à témoin) ; participe, présent, moyen.

13
La Metanoïa dans le Nouveau Testament

15,10 ; Rm 2,4 ;
16,30 ; 2 Co 7,9.10
24,47 ; 2 Co 12,21 ;
Ac 2,38 ; He 6,1 ;
5,31 ; 12,17 ;
13,24 ; 2 Pi 3,9 ;
17,30 ; Ap 2,5 (2x) ;
19,4 ; 26,20 2,16 ; 2,21 ;
(3x) 2,22 ; 3,3 ;
3,19 ; 9,20 ;
9,21 ; 16,9 ;
16,11 ;

BILAN
Exégèse
Au final : le mot metanoia dans le NT exprime le plus souvent un NON aux
péchés en général ou à des péchés en particulier (22+1+26+1= 50). Une fois il
exprime un OUI à Dieu (Ac 20,21). Six fois il semble indéfini et inclure à la fois
le NON et le OUI. Il faut donc invalider la thèse (et la traduction) de ceux qui
pensent que la metanoïa et la conversion sont synonymes.
Théologie
Le NON implique la prise de conscience d’une faute ou d’une mauvaise
disposition (incrédulité). En ce sens la repentance exprime une réflexion
intérieure pénible suite à une parole ou à un fait qui nous a révélé une faute ou
une erreur : prédication, exhortation. Elle suppose un regret puis un aveu ou une
reconnaissance de l’erreur : une confession. Cette confession positionne la
personne différemment devant Dieu (ou le frère et la sœur) ; elle équivaut à un
changement de disposition intérieure : humilité essentiellement puis
reconnaissance (car le repentir est déjà une œuvre de Dieu). Cet aveu est
accompagné par une volonté de changement, intérieur et extérieur : un désir de
changer d’attitude. La description que Paul en donne en 2 Co 7,8-11 est
particulièrement parlante à cet égard : douleur, regret, repentir, salut13.
La conscience (ou le cœur selon la Bible hébraïque) est sollicitée dans ce
processus. La conscience est la voix qui nous alerte, nous met en garde et nous
révèle ce qui était caché. En ce sens elle est un écho de la voix de Dieu. Elle est
la voix de Dieu en nous. Jean Climaque (moine syrien du 6ème/7ème siècle) disait
que la conscience est la voix d’un ange. Jean Calvin disait qu’elle est le gardien
de notre âme. Au temps de Jésus, Jean-Baptiste fut cette voix criant dans le
désert et demandant aux gens de se repentir, c’est-à-dire de changer (Mt
13
Paul ajoute ici la mention du verbe metamelomai : regretter. Le verbe est utilisé seulement 6 fois dans le NT :
Mt 21,19 ; 21,32 ; 27,3 (Judas) ; 2 Co 7,8 (2x) ; He 7,21 citant le Ps 110,4. Le verbe ametamelomai a deux
occurrences en Rm 2,5, 2 Co 7,10.

14
La Metanoïa dans le Nouveau Testament

3,2.8.11). Le cri correspond à la surdité des humains, à la surdité de leur


conscience. Le cri peut faire mal. Ac 2,37 dit que les gens eurent le cœur
percé /piqué (κατενύγησαν τὴν καρδίαν) suite à la prédication de Pierre à
Jérusalem leur révélant qu’ils avaient crucifié le Messie. Et quand les gens
demandent à Pierre ce qu’il leur faut faire, Pierre leur répond : Repentez-vous
(2,38), c’est-à-dire confessez la faute afin de vous en séparer. La metanoïa fait
en nous un travail de séparation. C’est ce qui s’est produit dans le cœur de
Pierre quand le chant du coq lui a rappelé la parole de Jésus annonçant son
reniement. Pierre a pleuré et s’est repenti (le verbe klaiein appartient au
vocabulaire des lamentations religieuses). La métanoïa nous pousse à demander
pardon et à retrouver une conscience apaisée et consolée (le sens du verbe nchm
au piel). La consolation touche aussi celui qui a été offensé. Le résultat est la
réconciliation. Quant aux effets, ils dépendent du degré de notre repentance.
Celle-ci est le récipient du pardon (comme la femme pécheresse qui donne
beaucoup à Jésus car elle a été beaucoup pardonnée). En 2 Co 1,3-4, Paul
appelle Dieu « le Dieu de toute consolation ».
Dans la bouche de Jésus : « Repentez-vous le Royaume s’est approché. » est une
invitation à se séparer du mal pour recevoir la victoire que le Royaume est venu
nous apporter contre le Malin. Pour détruire les œuvres du mal, il faut d’abord
s’en séparer. On ne sait pas quel mot ont utilisé Jean-Baptiste et Jésus en
araméen : ncham ou shouv. Mais la teshouvah est décrite par les auteurs juifs
comme un processus incluant, le regret, la demande de pardon, la réparation
éventuelle et l’engagement à agir différemment. C’est un processus total où le
Non et le Oui sont les deux faces d’une même pièce. Au demeurant, quand la
LXX veut traduire le verbe shouv dans son sens spirituel, elle associe le plus
souvent les deux verbes epistrepho (se tourner vers) et ensuite apostrepho (se
détourner de)14. Indice que dans la notion hébraïque, les deux sens de « se
détourner de » et de « se tourner vers » sont supposés n’en faire qu’un. Ainsi
l’ont compris les traducteurs de la LXX. L’image est celui d’une relation
conjugale : on ne peut revenir à son conjoint qu’en se détournant de l’intrus
adultère. Jésus disait : on ne peut servir deux maîtres.
Le Nouveau Testament a repris cette idée du dédoublement, mais a remplacé le
mot apostrepho par le mot metanoein/metanoïa. Ce mot metanoïa est plus fort,
car il engage à un changement intérieur : désadhérer en soulignant la peine et la
douleur (2 Co 7,9-10).
Ainsi le NT a donc particulièrement insisté sur le changement intérieur (55
occurrences de metanoein/metanoïa) pour rendre compte du processus de la foi-

14
Ces deux verbes traduisent à eux seuls la majorité des 1050 occurrences du mot shouv de l’AT.

15
La Metanoïa dans le Nouveau Testament

adhésion à l’évangile (17+1 occurrences du verbe epistrephein pour exprimer la


conversion).

EPISTREPHEIN DANS LE NOUVEAU TESTAMENT

Le verbe epistrephein (35 occurrences du verbe et 1 du nom dans le NT) est


utilisé pour dire le OUI du croyant à Dieu (17+1 occurrences dont 5
transitives).
Voici un rapide survol des 18 occurrences ayant une connotation spirituelle.
Le mot décrit le plus souvent le mouvement du retour à Dieu conformément au
mot hébreu qu’il traduit dans la LXX : shouv.
Epistrephein signifie un Oui
Mc 4,12 ; // Mt 13,15 ;
Ac 9,35 ; 11,21 ; 15,19 ; 26,20 ; 28,27 ; +15,3
2 Co 3,16 ;
C’est le cas et l’usage du mot conversion en Mc 4,12//Mt 13,15 (citation d’Es 6 : « de peur
qu’ils ne reviennent/se convertissent) ;
en Ac 9,35 (la population de Lydda se convertit suite à la guérison d’Enée : οἵτινες
ἐπέστρεψαν ἐπὶ τὸν κύριον) ; en Ac 11,21 : « le nombre fut grand de ceux qui, croyant, se
tournèrent vers le Seigneur (croire = se convertir) » (ὁ πιστεύσας ἐπέστρεψεν ἐπὶ τὸν
κύριον) ; en Ac 15,19 : « les païens qui se tournent vers Dieu » (τοῖς ἀπὸ τῶν ἐθνῶν
ἐπιστρέφουσιν ἐπὶ τὸν θεόν) ; en Ac 26,20 : les nations païennes doivent se repentir
(μετανοεῖν), se convertir (ἐπιστρέφειν) et vivre d’une manière « digne de cette repentance »
(ἄξια τῆς μετανοίας). La metanoïa exprime le Non et le epistrephein exprime le Oui ; en Ac
28,27 (citation d’Esaïe 6) ;
en 2 Co 3,16 : « quand les gens se convertissent au Seigneur, le voile est ôté » (ἡνίκα δὲ ἐὰν
ἐπιστρέψῃ πρὸς κύριον, περιαιρεῖται τὸ κάλυμμα).
Epistrephein signifie à la fois un Oui et un Non.
Parfois, il semble signifier une conversion incluant la repentance.
Ac 14,15 ; 26,18 ;
1 Th 1,9
C’est le cas en Ac 14,15 le mot epistrephein semble exprimer à la fois un repentir et un retour
à Dieu : un Non et un Oui. Il signifie à la fois « se détourner de » et « se tourner vers » : « se
tourner vers le Dieu vivant » (ὑμᾶς ἀπὸ τούτων τῶν ματαίων ἐπιστρέφειν ἐπὶ θεὸν ζῶντα), (en
se détournant)15 « des choses vaines ». Même chose en Ac 26,18 où la conversion est
exprimée par le fait d’avoir les yeux ouverts et de se détourner des ténèbres pour se tourner
vers Dieu et recevoir le pardon des péchés : « ἀνοῖξαι ὀφθαλμοὺς αὐτῶν, τοῦ ἐπιστρέψαι ἀπὸ
σκότους εἰς φῶς καὶ τῆς ἐξουσίας τοῦ σατανᾶ ἐπὶ τὸν θεόν, τοῦ λαβεῖν αὐτοὺς ἄφεσιν
ἁμαρτιῶν. Le pardon dépend ici non de la metanoïa/repentir, mais de la conversion.
Même chose en 1 Th 1,9 : « vous vous êtes tournés vers Dieu, (vous détournant) des idoles

15
Le 𝔓45 a ajouté le verbe aposteinai : se détourner pour clarifier le propos.

16
La Metanoïa dans le Nouveau Testament

pour servir Dieu » (ἐπεστρέψατε πρὸς τὸν θεὸν ἀπὸ τῶν εἰδώλων δουλεύειν θεῷ). La
metanoïa est/semble incluse dans la conversion.
Epistrephein signifie un Non.
Parfois il semble équivalent à la repentance
Ac 3,19 ;
Ainsi en Ac 3,19 en association avec le verbe metanoein qu’il souligne : « repentez-vous et
convertissez-vous afin que vos péchés soient effacés (μετανοήσατε οὖν καὶ ἐπιστρέψατε εἰς
τὸ ἐξαλειφθῆναι ὑμῶν τὰς ἁμαρτίας).
Episthephein au sens transitif : ramener quelqu’un à Dieu
Parfois il est utilisé de manière transitive pour exprimer le fait de ramener les
pécheurs à Dieu.
Lc 1,16 ; 1,17 ;
Jc 5,19.20 ;
1 Pi 2,25 ;
C’est le cas en Lc 1,16 ; pour ramener les cœurs des pères vers leurs enfants et en Lc 1,17
(citation de Mal 3,24) ;
pour ramener un pécheur du chemin où il s’égarait en Jc 5,19.20 : « ὁ ἐπιστρέψας
ἁμαρτωλὸν » ;
en 1 Pi 2,25 : « vous êtes retournés vers le berger » (ἀλλ’ ἐπεστράφητε νῦν ἐπὶ τὸν ποιμένα).
Le mot conversion ἐπιστροφή n’apparaît qu’une fois en Ac 15,3.

Usages spirituels du mot epistrephein/epistrophè dans le NT


NON = Non et Oui : Oui à Dieu : Sens transitif :
repentir repentir et conversion ramener à Dieu
conversion
Ac 3,19 Ac 14,15 ; 26,18 ; Mc 4,12 ; Lc 1,16 ; 1,17 ;
1 Th 1,9 // Mt 13,15 ; Jc 5,19.20 ;
Ac 9,35 ; 11,21 ; 1 Pi 2,25
15,19 ; 26,20 ;
28,27 ;
+15,3
2 Co 3,16 ;

CONCLUSION
Les deux usages de metanoïa/repentir et de epistrephein/conversion sont donc
plutôt distincts même si parfois ils se recoupent. Ils se recoupent, car les deux
décrivent un changement, intérieur et extérieur, qui sont deux parties d’un même
processus : dire Non et Oui pour revenir à Dieu. La metanoïa décrit ce qui est
préablable et le epistrephein décrit la finalité. Les deux concepts mis ensemble
17
La Metanoïa dans le Nouveau Testament

rendent assez bien compte de l’usage du verbe hébreu shouv et du mot


teshouvah (8 fois dans la Bible et 2 fois dans la Torah : Gen 4,7 : Caïn doit faire
teshouvah et Dt 30,2). La teshouvah a une valeur expiatrice. Elle implique un
changement fondamental dans la façon de penser et de vivre. Le mot hébreu
shouv et sa traduction en grec epistrepho (avec apostrepho) expriment donc le
fait de se tourner vers le futur et non seulement vers le passé16. C’est ce sens que
le Nouveau Testament reprend : le fait de détourner nos vies du péché pour les
tourner vers la justice de Dieu. Selon Calvin, la repentance (a) implique de «se
retirer de nous-mêmes », (b) de se tourner vers Dieu, (c) de «mettre de côté
l'ancien», et (d) de recevoir un nouvel esprit. Il faut donc discerner selon le
contexte. Mais le sens plein dessine un parcours qui va du repentir au
changement profond vers la conversion. C’est ce double sens du mot shouv
qu’il faut retenir pour comprendre les invitations de Jésus à se repentir pour
accueillir la nouveauté du Royaume.
Luc 15 et le parcours du fils prodigue donne la définition lucanienne de ce
qu’est la conversion avec repentance. Mais dans le récit, la véritable conversion
n’intervient de manière implicite qu’à la fin quand son regard sur le « père »
change. C’est le lecteur qui est invité à vivre cette conversion.

16
Le mot epistrepho traduit dans la LXX le mot shouv 408 fois.

18

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