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Retraite sacerdotale annuelle des prêtres du diocèse de kribi 2022

1er entretien
1
RAPPELS :

Le verset de l’Evangile qui porte notre retraite sacerdotale cette année est tiré du 15ème
chapitre de l’Evangile de Jean, dans l’ambiance du dernier repas de Jésus avec ses disciples
(jn 13-17) : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; mais c’est moi qui vous ai choisis et vous
a établis pour que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure.» ; ce verset nous plonge
dans le mystère même du sacerdoce que l’on peut ainsi résumer rapidement : c’est un appel,
c’est une mission, et c’est une espérance.

Evidemment l’appel de celui qui nous associe à son propre sacerdoce, nous envoi en mission
et donne dans cette mission de porter des fruits qui demeurent.

Le sacerdoce est d’abord un don et mystère.

Ce matin, pour ce premier entretien, mon objectif est de rappeler que notre ministère
sacerdotal est un don gratuit de l’amour de Dieu pour nous-mêmes et pour son peuple ; cela
devrait nous plonger dans une attitude permanente d’accueil et de contemplation pour ce don
de Dieu et nous amener à chercher comment lui en rendre permanemment grâce.

Le saint pape Jean-Paul II parlant de son histoire, a écrit : « l’histoire de ma vocation


sacerdotale ? C’est Dieu surtout qui la connait. A son niveau le plus profond, toute vocation
est un grand mystère, c’est un don qui dépasse l’homme infiniment. » (JP2, Ma vocation, don
et mystère)

Dans sa lettre aux prêtres en 1996, il écrivait déjà : « Chaque vocation au sacerdoce a
toutefois une histoire particulière, qui se réfère à des moments bien précis de la vie de
chacun »

L’appel de Dieu ne nous est pas toujours adressé durant la nuit au cours des visions
mystérieuses comme pour Ezékiel ; il ne nous est pas non plus murmuré à l’oreille. Comme
dans beaucoup d’autres domaines de la foi, et comme de la vie, Dieu œuvre généralement par
l’intermédiaire de causes secondes. Son appel est suscité en nous par l’exemple d’autres
prêtres, par la lecture d’un livre ou par l’interpellation d’un professeur ou d’un ami proche ou
d’un événement fortuit qui allume une étincelle qui met tout en marche.

Mais il est important de ne pas confondre cette étincelle initiale avec un authentique appel de
Dieu. J’ai connu un certain nombre de confrères qui ont été attirées initialement à la prêtrise
par des détails tout à fait quelconques ; un d’eux a été impressionné par les vêtements
sacerdotaux qu’un jeune prêtre portait à l’occasion de l’une de ses messes des prémices. Un
évêque de notre Eglise nous a avoué qu’il était entré au séminaire avec le noble projet de
manger les pommes de terre comme les Pères de sa paroisse d’origine en mangeaient.
Heureusement que le Seigneur lui-même a purifier au long des années ces premières
étincelles.

Notre vocation sacerdotale est en réalité le mystère de l’élection divine ; aussi loin que nous
allions dans la réflexion pour en trouver les raisons, nous découvrons nos limites devant un si
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grand appel. Comment le Seigneur a-t-il suscité en moi cette tension vers lui, disposé mon
cœur et déblayé le chemin pour que je sois capable de répondre à son appel ? Mystère ! certes, 2
beaucoup de nous ont été au petit séminaire ou dans d’autres écoles et collèges catholiques,
d’aucuns ont eu la grâce de vivre dans des familles hautement chrétiennes, peut-être aussi
avoir un membre de la famille déjà prêtre ou religieux ; tous ces environnement favorables à
l’éclosion d’une vocation sacerdotale, mais au fonds, quand nous prenons le temps de bien
regarder notre histoire, nous nous rendons compte que tous ces environnements n’ont été que
des terres fertiles qui permettent au Seigneur de semer la graine de notre appel et de notre
sacerdoce.

La vocation des prêtres que nous sommes s’enracine d’abord dans la compassion du cœur
Dieu qui a pitié de son peuple ; et les paroles du Christ en sont tellement imprégnées : « j’ai
pitié de cette foule » (Mt 15,32) ; des parole qui sont comme un écho de celles de Dieu lui-
même à Moïse : « j’ai vu la misère de mon peuple » (Ex 3 ) ; le prêtre est l’expression de
l’amour de Dieu pour son peuple. Autrement dit, le Seigneur nous appelle pour être les figures
de son amour et de sa miséricorde auprès de son peuple.

Etre prêtre un don gratuit de Dieu qui nous transfigure et fait de nous le don pour son peuple.
L’appel de Dieu dont nous sommes les bénéficiaires nous oblige par conséquent à une grande
humilité quand nous prenons conscience, comme le dit l’épitre de Timothée : que Dieu « nous
a appelé d’un saint appel, non en considération de nos œuvres, mais conformément à son
propre dessein et à sa grâce » (2Tm 1, 9) ; et comme l’écrivait le pape Jean Paul II, nous
sommes conscients que les mots humains ne peuvent pas traduire la grandeur du mystère
sacerdotal.

Et pour en ajouter ce mystère de l’appel au sacerdoce Il existe ce le pape Jean Paul II appelle
« une typologie de l'appel » ; On en trouve une ébauche dans le Nouveau Testament. En
disant «Suis-moi!», le Christ s'adresse à différentes personnes et à différents lieux : il y a des
pêcheurs comme Pierre ou les fils de Zébédée (Mt 4, 19.22) au bord du lac, mais il y a aussi
Lévi, un publicain, appelé de son bureau de collecteur d’impôts. Et on sait combien la
profession de percepteur des impôts était considérée en Israël comme condamnable et digne
de mépris. Et pourtant le Christ appelle précisément un publicain dans le groupe des Apôtres
(Mt 9, 9). L'appel de Saul de Tarse sur la route de Damas, connu et craint comme persécuteur
des chrétiens et qui avait en haine le nom de Jésus, suscite certainement le plus grand
étonnement (Ac 9, 1-19). C'est justement ce pharisien que le Seigneur appelle et fait de lui
«un instrument de choix», destiné à beaucoup souffrir pour son nom, pour la cause de
l’évangile (Ac 9, 15-16). Et c’est lui Paul de Tarse qui va devenir le grand apôtre des nations.

(Anecdote Mgr AMA)

Chacun de nous, prêtres, se reconnaît lui- même dans la singulière typologie évangélique de la
vocation; en même temps, il sait que l'histoire de sa vocation, le chemin par lequel le Christ le
conduit pendant toute son existence, est en un certain sens absolument unique.

Qui peut réellement prétendre avoir mérité l’appel de Dieu ? Jérémie, parlant de sa propre
vocation nous donne un grand enseignement : « avant de te façonner dans le sein de ta mère,
je te connaissais ; avant que tu ne sorte de son ventre, je t’ai consacré ; je fais de toi un
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prophète pour les nations » (Jr 1, 5). Dans l’Ancien testament beaucoup de prophètes avouent
ainsi leur indignité ou leur petitesse devant l’appel de dieu : le prophète Amos, devant 3
Amasyas, le prêtre de Bethel qui lui conseille d’aller au Royaume de Judas pour faire le
prophète, gagner de quoi vivre et sauver sa propre vie répond en toute humilité : « je n’étais
pas prophète, ni fils de prophète, j’étais bouvier (…) le Seigneur m’a pris de derrière le bétail
et m’a dit : va ! Prophétise à Israël mon peuple » (Am 7, 12). Ezékiel, même s’il est fils de
prêtre (BUZI) et prêtre lui-même, n’est qu’un déporté à Babylone (vers 597 avant JC) quand
il reçoit sa mission de prophète ; avec une mission précise : parler aux israélites rebelles, cette
engeance de rebelles.

« Fils d’homme, je t’envoie vers les israélites, vers les rebelles qui se sont rebellé contre moi.
Eux et leurs pères se sont révoltés contre moi jusqu’à ce jour. Les fils ont la tête dure et le
cœur obstiné, je t’envoie vers eux pour leur dire : « ainsi parle le Seigneur Yahvé ». Qu’il
t’écoute ou ne t’écoutent pas, (…), ils sauront qu’il y a un prophète parmi eux. » (Ez 2, 3-5) ;
l’appel de Ezékiel nous donne de contempler une autre caractéristique de l’appel ; c’est
l’élection d’un d’une personne prise au milieu d’un peuple dans un contexte particulier et
pour une mission particulière, mais avec une constance : c’est Dieu lui-même qui se rend
présent à son peuple à travers celui qu’il choisit : « qu’ils t’écoutent ou qu’ils ne t’écoutent
pas, il sauront qu’il y a un prophète au milieu d’eux ». Le saint Curé d’Ars disait : « si on
avait la foi, on verrait Dieu caché dans le prêtre comme une lumière derrière un verre »
(Pensée, p 99) ; les paroles et les gestes du prêtre ou du prophète sont fortes et efficace car ce
sont les paroles et les gestes de Dieu lui-même.

L’ancien archevêque de Paris, le Cardinal André Vingt-Trois, parlant du sacerdoce et de


l’appel du Seigneur, disait : « la seule Cause réelle est le regard aimant de Jésus qui s’est posé
sur chacun d’entre nous, et sa voix qui nous a dit secrètement ; « suis-moi ! » ». Cet appel,
adressé aux prophètes, comme aux apôtres est le même que chacun d’entre nous reçut ;
« viens suis moi ! » et nous y avons répondu avec plus ou moins d’enthousiasme, mais avec
beaucoup de disponibilité.

Au moment de sa rencontre déterminante avec le Christ, Pierre lui aussi est saisi de frayeur, et
à genoux devant lui il supplie : « éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme
pécheur ! » (Lc 5, 8).

Mais passés les premiers instants d’hésitation ou de peur devant l’appel du Seigneur, il se
produit souvent comme un miracle, que moi je qualifie toujours de miracle de l’action de
l’Esprit saint dans la vie de ceux que le Seigneur appelle à son service : « laissant tout, ils le
suivirent » (Lc 5, 11 ; Lc 5, 28 (Levy le publicain) Mt4, 18-22 (appel de Pierre et André ;
Jacques et Jean les fils de Zébédée).

Monseigneur André Wouking taquinais souvent ses prêtres en leur demandant de méditer
souvent sur le sens réelle du verbe « QUITTER » ; à quoi ça renvoie chez moi, dans ma vie
de prêtre, l’expression « tout quitter » ?

Le ministère sacerdotal qui est le nôtre est enveloppé dans le don : DON de Dieu qui nous
choisit indépendamment de nos mérites, DON de notre propre vie dans la réponse à l’appel de
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Dieu, et DON de Dieu à son peuple dans la mission qu’il nous confie. Dans chaque prêtre il y
ces trois mouvements ou plus exactement ces trois manifestation de l’amour : 4

1- Le prêtre est un homme appelé (don du choix de Dieu)

Le 19 juin 2009, en la solennité du Sacré Cœur, à l’ouverture de « l’année sacerdotale », le


pape Benoît XVI rappelait la célèbre formule du Saint Curé d’Ars (Jean Marie Vianney) : « le
Sacerdoce, c’est l’amour du Cœur de Jésus ».

Dans ses appels, Dieu permet aux hommes de participer à son dessein d’amour sur le monde :
à la question du Seigneur "Qui enverrai-je, qui sera notre messager ?", chacun d’entre nous,
avec le prophète Isaïe a répondu : "Me voici, envoie-moi !" (Is 6, 8).

Le prêtre que je suis est un homme appelé : c’est-à-dire choisi par le Christ lui-même pour le
service de l’Eglise ; autrement dit du peuple de Dieu. Et cet appel est double : il est d’abord
une aspiration personnelle à servir Dieu et les hommes (c’est comme la mise en route) ; cette
aspiration grandit et s’affermit au long de notre formation et de notre proximité avec le Christ.

Ensuite cet appel devient clair et solennel par l’Eglise qui authentifie notre aspiration initiale
en appel du Christ qui nous dit : « viens suis moi ! » ; en fait, comme prêtre, nous recevons un
appel auquel nous choisissons simplement de répondre. A travers notre réponse, nous
devenons évidemment la figure du Christ dans le monde, mais surtout les intendants des
mystères de Dieu. Or, ce qu’on attend d’un intendant, c’est d’être trouvé fidèle : « qu’on nous
regarde donc comme des serviteurs du Christ et des intendants des mystères de Dieu. Or, ce
qu’en fin de compte on demande à des intendants, c’est que chacun soit trouvé fidèle » (1Co
4, 1-2) ; l’intendant est chargé de gérer les biens qui ne lui appartiennent pas. Partant de là,
saint Jean-Paul II dit ; « c’est ainsi que le prêtre reçoit du Christ les biens du salut, pour les
distribuer comme il convient comme aux personnes à qui il est envoyé (…) Le prêtre est donc
l’homme du « mystère de la foi » (…) personne ne peut se considérer comme le propriétaire
de ces biens. Nous en sommes tous les bénéficiaires. Donc, en vertu de ce que le Christ a
institué, le prêtre a le devoir d’en être intendant » (Ma vocation, don et mystère.)

Le Seigneur nous fait DON de ses biens et nous fait confiance pour les porter à nos frères et
sœurs les hommes : on peut simplement dire ; qu’il est grand ce mystère de la foi !

2 – le prêtre aime Dieu et les hommes (passionné)

On pourrait simplement dire : si le prêtre accepte l’appel de Dieu, c’est parce que au-delà de
toutes nos limites et faiblesses, il y a un véritable amour de Dieu et un amour pour les
hommes.

L’appel de Dieu imposent des exigences qui seraient impossibles à tenir s’il n’y avait pas dans
le cœur du prêtre que nous sommes un amour certain de Dieu ; ce Dieu chacun de nous l’a
rencontré, généralement depuis l’enfance et découvert combien était grand son amour et
grande sa volonté de voir tous enfants connaître cet amour et revenir à Lui. Chacun d’entre
nous a fait la rencontre merveilleuse du Christ vivant et a accepter d’être associé à lui pour
l’annonce de l’Evangile. Notre OUI au Christ est d’abord notre reconnaissance à ce Dieu qui
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nous aimé le premier. Notre Fiat à son appel est notre humble don pour tant d’amour. Je suis
prêtre parce que j’aime Dieu ! 5

Evidemment, aimer Dieu, aimer le Christ, c’est aussi aimer son Eglise : dans l’abandon de soi,
on se donne tout entier à l’Eglise du Seigneur : je suis prêtre parce que j’aime l’Eglise !

Passionné de Dieu, le prêtre est aussi passionné des hommes ; c’est-à-dire, conscient des joies
et des espoirs, des tristesses et des angoisses des hommes de son temps, le prêtre veut leur
bonheur, leur paix, leur joie, dans cette vie et dans la vie éternelle. C’est un amour certain
pour nos frères et sœurs du monde qui nous a amené à accepter de porter la croix, à la suite du
Christ pour leur bonheur ; avec le Christ nous avons voulu être pasteurs avec le Bon Pasteur
pour mener les brebis du Seigneur vers le Ciel, la Maison du Père ; avec le Christ chacun
d’entre nous a senti le besoin de prendre soins de ses frères et sœurs, de les conduire sur les
chemins de la vie, de les nourrir, et évidement, d’aller à la recherche de la brebis perdue. On
pourrait aussi simplement dire : je suis prêtre parce que j’aime l’homme que Dieu a créer.

3 – le prêtre est un homme donné (Eph2, 8)

Appelé et établit par le Christ, le prêtre est le don d’amour de Dieu pour son peuple ; il est le
visage de l’amour de Dieu pour le monde et le serviteur du monde au nom de Dieu. Ordonnés
pour le service de l’Eglise, son autorité est celle du serviteur : une autorité d’amour et de
service à l’exemple même du Christ qui dit : « je suis venu pour servir et donner ma vie en
rançon » (Mt20, 28 ; Mc10, 45), lequel nous engage sur la même voie : « celui d’entre vous
qui veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous » (Mc9,35). A la
suite du Christ, le prêtre est un homme qui accepte se donner sa vie, et accepte la condition de
serviteur pour entraîner les hommes vers le Seigneur : le prêtre est l’homme choisit par Dieu
et donner au monde : je suis un DON DE DIEU ! je ne suis pas un imitateur du Christ, mais je
suis avec le Christ, je suis un autre Christ pour le service des hommes ! Dans ce que je suis,
comme prêtre et dans ce que je fais c’est le Christ présent dans le monde. Je suis et j’agis
« par lui, avec lui, et en lui » (Doxologie dans la prière eucharistique).

Seigneur Aides moi à redécouvrir l’amour dont tu m’a aimé ; cet amour gratuit dans lequel tu
m’as plongé pour me mettre à ton service et au service de ton peuple, dans ton Eglise ; au-delà
des aléas ou des vicissitudes pastorale, aides moi à rester dans la contemplation de mon
élection et de ma consécration pour te rendre grâce éternellement.

2ème entretien

De notre identité au Christ

L’appel du Seigneur est généralement suivi d’un ordre de mission ; de façon globale, celle-ci
s’inscrit dans la recommandation du Christ ressuscité à ses apôtres : « allez donc, de toutes les
nations faites des disciples (…) et voici que je suis avec vous pour toujours, jusqu’à la fin de
l’âge » (Mt 28, 20). Le monde entier est le lieu de la mission du Prêtre ; même s’il y a des
particularités dans l’appel (ce que Jean Paul II présente comme des typologies). L’appelé
peut être envoyé vers le peuple (cf. Is 6,9), les rois et les princes (cf. Jr 1,18), Pharaon (cf. Ex
3, 10), les nations païennes avec Paul (cf. Ac 9, 15), etc
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En ce 2ème entretien je voudrais rappeler que toute notre mission se comprend et se réalise
dans notre identité et notre lien au Christ ; au-delà de nos particularités et de nos situations sur 6
le champ pastoral, c’est dans notre identité au Christ, et la prise de conscience de notre être
prêtre qui portent notre mission et lui permettent de porter des fruits.
Dans son Exhortation apostolique Pastores dabo vovis, Jean-Paul II écrivait : «La relation
du prêtre avec Jésus Christ et, en lui, avec son Église s'inscrit dans l'être même du prêtre, en
vertu de sa consécration ou de l'onction sacramentelle, et dans son agir, c'est-à-dire dans sa
mission ou dans son ministère.» (n. 16)

L'être du prêtre, décrit et résume sa " paternité" qui est de donner le Père aux hommes en
accomplissant la mission du Fils. Et parler de la mission du Prêtre, c’est d’abord comprendre
le Christ Grand Prêtre de la nouvelle alliance.

1 – Le Sacerdoce du Christ
Le Christ, Fils consubstantiel au Père, est constitué prêtre de la Nouvelle Alliance selon
l'ordre de Melchisédech: on peut dire que lui aussi, a donc été appelé au sacerdoce. C'est le
Père qui «appelle» son Fils, engendré de Lui par un acte d'éternel amour, pour qu'«il entre
dans le monde» et se fasse homme (Hb10, 5). Il veut que son Fils unique, en s'incarnant,
devienne «prêtre pour toujours»: l'unique prêtre de la nouvelle et éternelle Alliance. Et le Fils
peut alors répondre, en reprenant le psaume 40 (7-9), tu n’as voulu ni sacrifice ni oblation,
mais tu m’as façonné un corps, tu n’as agréé ni holocauste ni sacrifice pour les péchés ; alors
j’ai dit voici, je viens, (…) pour faire ô Dieu ta volonté » (Hb10, 5-7). Dans la vocation du
Fils au sacerdoce s'exprime la profondeur du mystère de la croix. le Fils, Verbe du Père, dans
lequel et par lequel tout a été créé, s’offre continuellement, et par cette offrande, offre la
création en sacrifice au Père, confirmant que tout ce qui est créé vient du Père et doit devenir
une offrande de louange au Créateur. Ainsi donc, le mystère du sacerdoce trouve son origine
en Dieu et il est en même temps une conséquence de l'Incarnation. En se faisant homme, le
Fils unique et éternel du Père né d'une femme, entre dans l'ordre de la création et devient ainsi
prêtre, prêtre unique et éternel. (Lettre aux prêtres à l'occasion du jeudi saint 1996, 50ème
anniversaire de son ordination sacerdotale) jean paul ii

L'auteur de la Lettre aux Hébreux souligne que le sacerdoce du Christ est lié au sacrifice de la
Croix: «Le Christ, lui, est venu comme Souverain Sacrificateur (…) ; c’est par son propre
sang, qu’il nous a acquis la rédemption éternelle» (He 9, 11-12). Le sacerdoce du Christ est
don enraciné dans l'œuvre de la rédemption. Le Christ est prêtre de son propre sacrifice: «Par
son sang, il s'est offert lui- même comme une offrande sans tache à Dieu» (He 9, 14).

Dans sa lettre aux prêtres lors de la célébration de l’année du Sacerdoce, le pape Benoît XVI,
en parlant du sacerdoce de Jésus écrivait : « En Jésus, Personne et Mission tendent à coïncider
: toute son action salvifique est expression de son «Moi filial» qui, de toute éternité, se tient
devant le Père dans une attitude de soumission pleine d’amour à sa volonté ». Il apparaît
clairement ici que le sacerdoce de Jésus est d’abord envisagé dans sa dimension
théocentrique. Jésus est tourné vers son Père. C’est dans l’intimité de la prière et du silence
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quil s’initie à la volonté de son Père. Sa mission auprès des hommes n’est que le
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prolongement de sa prière, c’est-à-dire de sa relation filiale intime avec le Père. Jésus prie et
agit en parfaite continuité homogène. Jésus passe du temps gratuit avec son Père et se donne
pleinement aux hommes qu’il est venu sauver. L’efficacité de son ministère s’enracine dans la
dépendance qu’il entretient avec son Père dans la prière. Cette dernière est l’âme de tout son
agir sacerdotal

C’est à ce sacerdoce de la Nouvelle Alliance, le sacerdoce unique du Christ, qu’appelés dans


l'Église, nous sommes associés et participons.

2 – le prêtre « Alter Christus »

Pour Benoît XVI, nous ne pouvons mieux comprendre l’émerveillement que suscite la
réflexion sur l’identité et la mission du prêtre qui, par la consécration sacramentelle est
configuré à Jésus Tête et Pasteur de l’Église qu’en les liant au Sacerdoce du Christ ; Quand il
parle des prêtres et de leur ministère, le Benoît XVI revient toujours sur la question de leur
identité, rappelant le lien qui les unit au Christ dans leur être. Tout ce qui touche la vie des
prêtres s’enracinera toujours dans la manière dont ils assument leur identité par rapport au
Christ..

« Dans le service ecclésial du ministre ordonné, c’est le Christ lui-même qui est présent à son
Église en tant que Tête de son corps, Pasteur de son troupeau, grand prêtre du sacrifice
rédempteur et Maître. C’est ce que l’Église exprime en disant que le prêtre, en vertu du
sacrement de l’Ordre, agit "in persona Christi Capitis" (cf. LG 10) ;

Si, en vérité, nous sommes est assimilés au Souverain Prêtre qu’est le Christ, à cause de
notre consécration sacerdotale que nous avons reçue, nous jouissons du pouvoir d’agir
par la puissance du Christ lui-même que nous représentons. Selon Benoit XVI,« Pour
comprendre ce que signifie agir in persona Christi Capitis - dans la personne du Christ Tête -
de la part du prêtre, et pour comprendre également quelles conséquences dérivent du devoir
de représenter le Seigneur, en particulier dans l’exercice de ses trois fonctions sacerdotales, il
faut expliciter avant tout ce que l’on entend par « représentation ». pour le prêtre qu’est-ce
que cela veut dire, « représenter le Christ » Dans le langage commun, représenter veut dire -
généralement - recevoir une délégation de la part d’une personne pour être présente à sa place,
parler et agir à sa place, car celui qui est représenté est absent de l’action concrète. Ainsi,
l’avocat représente son client devant les tribunaux, le Vicaire Général peut représenter
l’évêque à une cérémonie, etc. Le prêtre représente-t-il le Seigneur de la même façon ?
Evidemment non !

Car dans l’Église, le Christ n’est jamais absent, l’Église est son corps vivant et le Chef
de l’Église c’est lui, présent et œuvrant en elle. Le Christ n’est jamais absent, il est même
présent d’une façon totalement libérée des limites de l’espace et du temps, grâce à
l’événement de la Résurrection. (…)
C’est pourquoi, le prêtre qui agit in persona Christi Capitis et en représentation du Seigneur,
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n’agit jamais au nom d’un absent, mais dans la Personne même du Christ ressuscité, qui se
rend se présent à travers son action réellement concrète. 8
Il agit réellement et réalise ce que le prêtre ne pourrait pas faire par lui-même : dans la
consécration du vin et du pain, afin qu’ils soient réellement présence du Seigneur et
deviennent son Corps et son sang du Christ, comme dans l’absolution des péchés qui
revient à Dieu seul. Le Seigneur rend présente son action dans la modeste personne du prêtre
qui accomplit les gestes ou pronnonce les paroles. Les diverses missions du
Seigneur : enseigner, sanctifier, et gouverner - dans leurs distinctions et dans leur profonde
unité, sont une spécification de cette représentation concrète. Ils sont en les trois actions du
Christ ressuscité, le même qui, dans la personne de ses prêtres, aujourd’hui, comme hier et
demain, dans l’Église et dans le monde, enseigne et ainsi crée la foi, rassemble son peuple,
crée une présence de la vérité et construit réellement la communion de l’Église universelle.»
(Benoît XVI, Audience du 14 avril 2010)

En considérant ce binôme «identité-mission», chaque prêtre peut mieux ressentir la nécessité


de cette identification avec le Christ qui lui garantit la fidélité et la fécondité du témoignage
évangélique » (audience du 1er juillet 2009). Le pape poursuit : « Lorsqu’on ne tient pas
compte du «diptyque» consécration-mission, il devient véritablement difficile de comprendre
l’identité du prêtre et de son ministère dans l’Église. En effet, qui est le prêtre, sinon un
homme converti et renouvelé par l’Esprit, qui vit de la relation personnelle avec le Christ,
faisant constamment siens les critères évangéliques ? Qui est le prêtre, sinon un homme
d’unité et de vérité, conscient de ses limites et, dans le même temps, de la grandeur
extraordinaire de la vocation reçue, c’est-à-dire celle de contribuer à étendre le Royaume de
Dieu jusqu’aux extrémités de la terre ? Oui, le prêtre est un homme qui appartient entièrement
au Seigneur, car c’est Dieu lui-même qui l’a appelé et l’a constitué dans son service
apostolique. Et précisément en appartenant totalement au Seigneur, il appartient totalement
aux hommes, il est totalement pour les hommes. »

Avant toute considération sur son agir, Benoît XVI insiste donc sur cette identification et cette
représentation du prêtre au Christ Prêtre. On pourrait dire que les prêtres ne devraient pas tant
réfléchir à ce qu’ils doivent faire qu’à ce qu’ils doivent être : « La mission de chaque prêtre
dépendra donc également et surtout de la conscience de la réalité sacramentelle de son
«nouvel être». De la certitude de son identité, non pas construite de manière artificielle, mais
donnée gratuitement et divinement, dépend l’enthousiasme toujours renouvelé du prêtre pour
la mission. » Dans cette attention portée à l’identité du prêtre, Benoît XVI met l’accent sur
une conséquence de cette identification du prêtre au Christ. Par sa consécration sacerdotale, le
prêtre ne s’appartient plus. Il est désormais consacré aux affaires du Seigneur et le don du
sacerdoce lui est accordé pour parler et agir in persona Christi : « Dans les sacrements devient
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visible de manière dramatique ce que signifie être prêtre en général ; ce que nous avons
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exprimé avec notre adsum («je suis prêt»), au cours de la consécration sacerdotale : je suis ici
pour que tu puisses disposer de moi. Nous nous mettons à la disposition de Celui qui est mort
pour tous, afin que les vivants n’aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes (2 Co 5,15). Nous
mettre à la disposition du Christ signifie que nous laissons attirer dans son «pour tous» : en
étant avec lui » (homélie de Benoît XVI à la messe chrismale 2008).

L'appel de Dieu nous met sur un chemin que nous devons accomplir : avec l'ordination
sacerdotale, en effet, commence un chemin qui dure jusqu'à la mort et qui est tout entier un
itinéraire «vocationnel». Le Seigneur appelle les prêtres à diverses charges et à divers
ministères qui découlent de cette vocation. Mais il y a un niveau encore plus profond. En plus
des charges qui sont l'expression du ministère sacerdotal, demeure toujours, au fond de tout,
la réalité même de «l'être sacerdotal». Les situations et les circonstances de la vie invitent
constamment le prêtre à confirmer son choix premier, à répondre toujours et de nouveau à
l'appel de Dieu. Notre vie sacerdotale, comme toute existence chrétienne authentique, est une
succession de réponses à Dieu qui nous appelle.

Le prêtre participe ainsi à de nombreux choix de vie, à des souffrances et à des joies, à des
déceptions et à des espérances. Dans chaque situation, sa tâche est de montrer Dieu à l'homme
comme la fin ultime de son histoire personnelle. Le prêtre devient ainsi celui à qui les
personnes confient ce qu'ils ont de plus cher ainsi que leurs secrets, parfois très douloureux. Il
devient celui qu'attendent les infirmes, les personnes âgées et les mourants, qui ont conscience
que lui seul, participant au sacerdoce du Christ peut leur ouvrir les portes d’espérance. Il
avance ainsi vers le jour où le Christ lui dira: «C'est bien, serviteur bon et fidèle, [...] entre
dans la joie de ton maître» (Mt 25, 21).

Une telle attention portée à l’identité du prêtre nous fait comprendre la nécessité pour nous
d’établir une communion existentielle avec le Christ. C’est le point névralgique de toute la
spiritualité sacerdotale. La vie spirituelle des prêtres se définit alors comme un chemin
d’appropriation de leur nouvelle identité pour mieux remplir leur mission. L’efficacité divine
de leur ministère est à ce prix.

En définitive, nous devons comprendre simplement qu’être prêtre Don de Dieu pour le monde
c’est nous identifier totalement au Christ. Notre vocation et le succès de notre ministère,
comme notre propre épanouissement se trouvent dans cette identité au Christ le Souverain
prêtre.

3ème entrétien
LA STABILITE COMME SOURCE DE FECONDITE SACERDOTALE

Pour ce troisième entretien, je voudrais relire avec vous le psaume 1 un de notre psautier ;
l’objectif pour moi est de nous aider à nous rappeler que c’est dans la stabilité de notre être-
prêtre que la mission que le Christ nous confie dans son Eglise peut porter les fruits qui
demeurent.
Retraite sacerdotale annuelle des prêtres du diocèse de kribi 2022

« Heureux est l’homme qui n’entre pas au conseil des méchants, qui ne suit pas le chemin
des pécheurs, ne siège pas avec ceux qui ricanent, mais se plaît dans la Loi du Seigneur et 10
murmure sa Loi jour et nuit !

Il est comme un arbre planté près d’un ruisseau, qui donne du fruit en son temps, et jamais
son feuillage ne meurt ; tout ce qu’il entreprend réussira, tel n’est pas le sort des
méchants. »

Dans la vie du prêtre, Jésus aura toujours la prééminence sur tout. Chacun de nous agit dans
un contexte historique particulier avec ses défis et ses exigences. Pour cette raison, la garantie
de la fécondité du ministère plonge ses racines dans une profonde vie intérieure. Si le prêtre
ne compte pas avant tout sur le primat de la grâce, il ne pourra relever les défis de son époque,
et tout plan pastoral, aussi élaboré qu’il soit, sera voué à l’échec. Comme prêtres, nous devons
toujours agir dans un esprit d’accueil, fruit de notre union avec Dieu dans la prière et le
sacrifice de notre vie offerte pour se faire tout à tous afin d’en gagner le plus grand nombre au
Christ (cf. 1 Co 9, 19-23). C’est cela d’ailleurs l’objet principal de notre mission : gagner le
plus grand nombre au Christ.

Cette mission ne peut véritablement porte des fruits que si elle non seulement une attitude
d’écoute permanente du Seigneur, afin de discerner sa volonté, mais aussi une vie
permanemment offerte pour être identifier au Christ, lui qui passait partout en faisant le bien.
C’est dans une proximité stable et donc fidèle au Christ et à son Eglise que le prêtre trouve les
ressources qui permettent à son ministère de porter des fruits. La stabilité est le socle de notre
ministère. Cette stabilité, dans notre être prêtre a des conséquences directes sur notre manière
d’être prêtre ; le Saint père François l’a merveilleusement fixée autour de 4 pôles qu’il
nomme les « PROXIMITES » :

- La stabilité dans notre relation avec Dieu qui nous a appelés,


- La stabilité dans le lien avec notre évêque garant de la communion dans notre
presbyterium,
- La stabilité dans nos relations confraternelles, surtout à l’intérieur d’un même
presbyterium,
- La stabilité dans le service du peuple de Dieu, lieu et cause de notre mission.

En revenant sur le psaume 1, nous devons toujours nous rappeler que le Seigneur nous
propose toujours deux voies dans notre vie de prêtre comme dans notre vie de chrétien deux
voies :

L’une qui conduit au bonheur véritable, symbolisé par l’image de « l’arbre


verdoyant », (image de la fécondité sacerdotale),

Et l’autre qui conduit au néant comme la paille que le vent emporte.

La richesse de ce psaume est de ne pas faire une symétrie exacte entre les hommes de bien
(ceux qui marchent sur les voies du Seigneur) et le vide ; alors l’auteur prend le temps (4
versets sur 6 et 1 seul pour les impies) de détailler l’enracinement du juste : heureux est
Retraite sacerdotale annuelle des prêtres du diocèse de kribi 2022

l’homme s’enracine sur le Seigneur (sur la Loi du Seigneur) ; c’est une annonce prophétique
des bénédictions qui s’attachent à la FIDELITE ! 11

Pour le prêtre, s’attacher à la Loi, c’est source de bénédiction et donc, voie de fécondité. Mon
objectif pour ce troisième entretien est de nous rappeler que c’est dans la stabilité dans le bien,
dans la loi du Seigneur que notre ministère sacerdotale doit reposer. Les tria munera de
l’Eglise ne peuvent se vivre véritablement que dans cette stabilité ou ces proximités dont parle
le Saint Père.

I – DANS LA PROXIMITE AVEC DIEU.

Pour le pape François, cette proximité es la proximité des proximités, car le Seigneur nous le
rappelle : « je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je
demeure, celui-là porte beaucoup de fruits, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire »
(Jn15, 5).

C’est dans son intimité avec Dieu que le prêtre que je suis puise la force pour accomplir son
ministère ; pour le pape, cette relation est « la greffe qui nous maintien dans un lien fécond ».
Notre proximité avec le Seigneur se pose sur trois socles important ; la parole de Dieu, la
prière et la retraite/silence intérieur.

De la Parole de Dieu

La Parole rythme la vie de l’Eglise et celle des fidèles : Pour entrer dans le mystère d’un
sacrement ou simplement dans nos rencontres de prière, il y a toujours une lecture de la
parole de Dieu, et lorsqu’il y a un diacre ou un prêtre, une prédication. C’est le cœur de la vie
du prêtre : le prêtre est l’homme de la Parole de Dieu ; au moins déjà parce que nous sommes
appelé à annoncer la Bonne Nouvelle. La première mission des prêtres est d’annoncer la
Parole de Dieu, d’être les témoins et les prédicateurs de l’Évangile. Mais le pape Benoît XVI
rappelait qu’il ne suffit pas aux prêtres de connaître l’aspect linguistique ou exégétique de
cette Parole de Dieu, mais l’accueillir d’abord avec un "coeur docile et priant".

Pour transmettre la Parole, le prêtre doit commencer par la vivre ; se poser la question de
savoir ce qu’elle signifie pour lui ? En quoi elle impacte ses actes et ses paroles ? En quoi
nourrit-elle sa foi et sa prière ? Comment l’aide-t-elle pour sa propre conversion ? Pour être ce
qu’il doit être au milieu le Peuple de Dieu, le prêtre doit moins lire la Parole que se laisser lire
par la Parole ; travailler la Parole (dans ses prédications) que laisser cette Parole travailler son
propre cœur et en faire un cœur selon le cœur de Dieu.

Pour Benoît XVI le fait d’être un homme de la parole de Dieu ne doit pas seulement signifier
pour le prêtre, avoir étudié les Écritures Saintes avec rigueur en apprenant les langues, les
genres littéraires, et en apprenant à interpréter. Cette approche exégétique est nécessaire mais
non suffisante ; car le prêtre n’est pas un simple conférencier.

En tant qu’elle est pour la vie, et donc pour l’action, la parole de Dieu devient ce qu’elle est
qu’à condition d’être écoutée, intériorisée et mise en pratique. Alors, seulement, elle devient
Parole de Dieu, c’est-à-dire action de Dieu dans un être qui peut s’écrier : « Dieu a parlé en
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moi et par moi». Dans l’expérience du Sinaï, le peuple de Dieu (les fils d’Israël) nous met à
cette école : Lorsque Moïse descend de la Montagne du Sinaï et qu’il rapporte au peuple 12
toutes les Paroles et toutes les lois ; tout le peuple répond d’une seule voix : « toutes les
paroles que Yahvé a prononcées, nous les mettrons en pratique » (Ex24, 3) ; de même
lorsqu’il lit cette même parole après le sacrifice de communion : le peuple acquiesce en
disant : « tout ce que Yahvé a dit, nous le ferons, et nous y obéirons. » (Ex24, 7).

2 remarques rapides ici :

 A travers celui qui proclame la parole, le peuple reconnaît Dieu : sa bouche est la
bouche même de Dieu.

 La parole proclamée au peuple est reçue par celui-ci comme parole même de Dieu.

Dans son exhortation post-synodale Pastores dabo vobis, le pape Jean-Paul II écrivait le
prédicateur de la parole de Dieu « doit tout d’abord acquérir une grande familiarité
personnelle avec la parole de Dieu (…) et être le premier « croyant » en la Parole, dans la
pleine conscience que les paroles de son ministère ne sont pas « siennes », mais de Celui qui
l’a envoyé » (N°).

A l’enseignement du Christ, ceux qui l’écoutent découvrent toute autre chose que la
reproduction mécanique des connaissances acquises dans l’interprétation des Ecriture ; alors,
tous émerveillés peuvent faire un constat : « il enseignait en homme qui a autorité, et non pas
comme leurs scribes » (Mt7, 29) ; le Christ est habité par la parole qu’il proclame, il est
d’ailleurs cette parole.

Dans son ministère, il faut toujours se rappeler que le prêtre est un évangélisateur ; et
l’évangélisateur qui tire son autorité de Dieu et non par le fait qu’il parle bien ; le prêtre n’est
pas un simple orateur, mais un prêcheur. Car l’orateur utilise les moyens humains en sa
possession (connaissance des contes ou d’autres instruments, proverbes..) et les agence à la
perfection. Par contre, le prédicateur est mandaté par le Christ (à travers l’Eglise) et est assuré
de son assistance.

Le saint Curé d’Ars disait : « quel que soit le prêtre, c’est toujours l’instrument dont le Bon
Dieu se sert pour distribuer sa Parole » (Pensées).

Comme prêtre, dans notre responsabilité in persona Christi nous avons à rendre présente la
lumière de la Parole de Dieu dans le monde. Nous n’enseignons donc pas nos propres idées ou
notre propre philosophie ; nous ne sommes pas envoyés proclamer ce qui nous plaît, ou parler
de nous ou pour nous afin de nous créer des admirateurs. Nous ne sommes pas envoyés dire
des choses qui viennent de nous ; mais plutôt enseigner au nom du Christ présent , à dire la
parole du Christ qui est toujours une parole de vie. C’est pour cette raison que le pape Benoit
XVI exhortait les prêtres à vivre une intimité avec la Parole de Dieu qu’ils sont chargés de
proclamer ; pour lui, « l’enseignement que le prêtre est appelé à offrir, et les vérités de la foi,
doivent être intériorisées et vécues dans un intense chemin spirituel personnel, de manière à
Retraite sacerdotale annuelle des prêtres du diocèse de kribi 2022

ce que le prêtre entre réellement en profonde communion intérieur avec le Christ lui-même
(messe chrismale, 9 avril 2009). 13

De la prière
Simple lapalissade : le Prêtre est l’homme de la prière

D’abord parce que nous sommes tenus par la promesse de la liturgie des heures et que
plusieurs sollicitations qui nous sont faites concernent la prière, notamment la célébration
eucharistiques. En fait, toute notre vie est rythmée par la prière. Un confrère à qui je faisais
remarquer un jour qu’il avait oublié de prier avant de manger m’a simplement : « mon frère,
toute ma vie même n’est que prière !

Mais le pape François nous met en garde contre le péché de l’habitude qui peut créer un
relâchement spirituel ; pour lui, lorsque la vie spirituelle du prêtre se réduit à une simple
pratique religieuse, on perd l’intimité avec Dieu ; le prêtre ne devient plus alors travailleur du
sacré « qui ne jouit pas des bienfaits des amis du Seigneur ». Pour lui, trop souvent, des
prêtres pratiquent la prière juste comme un devoir, oubliant que l’amitié et l’amour ne peuvent
être imposés comme une règle extérieure, mais comme un choix fondamental du cœur. Le
pape a une très belle expression ; « un prêtre qui prie est un fils qui se souvient
continuellement qu’il est un fils et qu’il a un père qui l’aime. Un prêtre qui prie est un fils qui
se sait proche du Seigneur ».

Pour le saint père, cette proximité avec Dieu lui donne la force de porter le poids et les
contradictions de son ministère, de vivre avec sérénité les souffrances, les contrariétés ou les
vexations qui pourraient le toucher. Le seigneur est proche du Cœur brisé ; il sauve le cœur
abattu (ps 34)

Les moyens de communication moderne nous offrent plusieurs opportunités ; nous n’avons
plus la grosse excuse du bréviaire oublié ; nos téléphones actuels nous permettent d’avoir la
liturgie des heures à tout moment et en tous lieux (presque).

Du silence dans la vie du prêtre


Il n’y a pas de vie intérieure solide sans moments de retrait du monde ; des moments où l’on
se libère de l’activisme du monde pour écouter Dieu nous parler dans le Cœur. Il y a trop de
superficialité dans la vie du monde d’aujourd’hui parce qu’il n’y a plus d’espace pour l’écoute
(au moins l’écoute de notre conscience) ; le shema Israël (écoute Israël) ne semble plus
trouver d’écho parmi nous. Un monde de bruit et d’activisme (la musique, les
conversations…) ; même nos célébrations ont peur du silence. Pour le pape François, « si l’on
ne sait pas mettre de côté le « faire » de Marthe pour apprendre le « demeurer » de Marie »
nous ne pouvons pas trouver une véritable paix dans cœurs, mais plutôt la désolation et la
peur ; et pour ne pas entrer en désolation ou la peur, on est prêt à ne jamais s’arrêter, un peu
comme si nous avions pur de penser, de réfléchir. Et pourtant, selon le saint Père, c’est « en
acceptant la désolation qui vient du silence, du jeûne, d’activités et de paroles », c’est en ayant
le courage de s’examiner sincèrement que tout reçoit une lumière et une paix qui ne viennent
Retraite sacerdotale annuelle des prêtres du diocèse de kribi 2022

plus seulement de nos propres forces, ni de nos capacités ; dans nos silences, nos déserts que
le Seigneur parlent directement au cœur de ses élus. Pour nous prêtre il est donc important de 14
souvent nous retirer au désert rencontrer le Seigneur…(Voir Téléphone, télévision…)

4ème entretien
Dans les trois autres proximités auquel la saint Père fait allusion, il est en réalité question de
la vie de l’Eglise, de notre rôle et notre place dans cette Eglise ; en effet, appelé par le Christ,
c’est dans son Eglise que cet appel reçoit son authentification à travers l’ordination que nous
avons de l’évêque ; et avec l’ordination, nous intégrons une famille particulière dans l’Eglise
qui est la famille des prêtres, le presbyterium d’une Eglise particulière où nous travaillons
avec un peuple particulier, même si la mission de l’Eglise est universelle. Notre mission
portera du fruit dans notre stabilité face à ces trois piliers.

La stabilité dans notre relation avec évêque


Je me suis amusé à regarder le rituel des ordinations épiscopales, presbytérales et diaconales :
au niveau des engagements j’ai noté une grande différence pleine de signification ; dans la
première question au futur diacre comme au futur prêtre, il est question du lien à son évêque.

Au futur diacre, l’évêque mentionne l’imposition de ses main avant de rappeler qu’il
sera ordonner pour l’aider, lui l’évêque, et les prêtres

Au futur prêtre par contre, il mentionne dès la première question qu’il sera son
collaborateur.

Dans le rituel d’engagement du futur évêque la question a trait à da volonté d’accepter


la charge qui lui est proposée. ; il est un Père qui accepte la charge d’une Eglise, et il est celui
qui donne des prêtres et des diacres à cette Eglise. Et au nom de l’Eglise, il détermine la place
et le rôle de chacun dans le diocèse. Il est le Pasteur qui accueille des collaborateurs pour sa
charge, mais surtout un père auquel tous les fils du diocèse doivent respect et obéissance.

(Anecdotes de Mgr Athanase Balla et de Mgr Raphaël Marie ZE)


Mais pour le pape François, n’est pas un attribut disciplinaire mais la caractéristique la plus
profonde des liens qui nous unissent les prêtres à l’évêque. Obéir signifie apprendre à écouter
et se rappeler que personne ne peut se dire détenteur de la volonté de Dieu. L'obéissance est
donc l'écoute de la volonté de Dieu, discernée précisément dans cette relation avec l’évêque.
Pour le Saint Père, « l’évêque n’est pas un surveillant d’école ; il doit être pour chaque prêtre
et pour son diocèse un lien qui aide à discerner la volonté de Dieu ; mais il ne peut être un
instrument de ce discernement que s'il est lui aussi à l'écoute de la réalité de ses prêtres et du
peuple saint de Dieu qui lui est confié». L'évêque doit se révéler un «père» et non
un «surveillant d'école». Pour lui, « Plus les liens de communion et d’unité seront forts entre
l’Évêque et ses prêtres, et entre les prêtres eux-mêmes, plus sera grande la cohésion
diocésaine, plus sera fort le sens de la mission commune »

La stabilité dans notre relation avec le peuple de Dieu


Retraite sacerdotale annuelle des prêtres du diocèse de kribi 2022

Je me permets de présenter d’abord le quatrième pilier des proximités proposées par le Saint-
Père est celui de la proximité avec le Peuple de Dieu. Pour le Pape François, la relation du 15
prêtre avec les chrétiens n’est pas un «devoir, mais une grâce». «Je suis convaincu que, pour
comprendre l’identité du sacerdoce, il est important de vivre en rapport étroit avec la vie
réelle des gens, à côté d’elle, sans la fuir d’aucune manière», a confié François. Plus
qu’ailleurs, il s’agit pour le prêtre d’adopter «le style du Seigneur», un «style de proximité, de
compassion et de tendresse, qui donne de marcher non pas comme un juge mais comme le
Bon Samaritain reconnaissant les blessures de son peuple».
Les prêtres ne sont pas «des “clercs d’état” ou des “professionnels du sacré”», mais «des
pasteurs», sachant «faire preuve de compassion, de pertinence» ; des hommes à la
fois «courageux» et «contemplatifs».
Cette proximité permet de développer un sens d’appartenance à la communauté ; ce point,
pour le saint père, est essentiel, car «si le pasteur s’éloigne, les brebis se dispersent et sont à la
merci du premier loup venu».
Cette proximité constitue aussi un rempart contre le cléricalisme, causé par «l’oubli du fait
que la vie sacerdotale est destinée aux autres ; au Seigneur et aux personnes qu’il a confiées à
son Eglise». Pour François, «Le cléricalisme est une perversion parce qu’il se forme sur des
éloignements », Ce cléricalisation touche aussi parfois les laïcs, généralement dans le petit
cercle de collaborateurs qui tourne autour du prêtre et qui finit aussi par dénaturer leur
mission ou leur responsabilité au sein de la communauté».

La stabilité dans notre relation avec les confrères


On n’est pas prêtre tout seul ; on appartient à un presbyterium, et comme tel, on est appelé à
vivre la fraternité avec des confrères, car Jésus qui nous appelle se trouvent là où se trouvent
des frères disposés à s’aimer. Le Christ ne nous dit-il pas qu’il est présent là où deux ou trois
se réunissent en son nom ? (Mt 18, 20) un proverbe africain, cité par le pape François lui-
même dit : « si tu veux aller vite, va seul ; si tu veux aller loin, va avec les autres »

Parlons un peu de cette fraternité à laquelle nous sommes appelés comme prêtre
La formation à la fraternité sacerdotale devrait avoir une attention toute particulière et peut-
être même, devenir un impératif des maisons de formation. La préoccupation est évidente :
comment permettre au prêtre d’aujourd’hui de se disposer à vivre avec les autres, être
vraiment avec eux, être proche, se sentir frère, tout en vivant dans le monde d’aujourd’hui
avec toutes les étincelles et lumières qu’il nous propose ? Saint Grégoire le Grand disait que
celui qui n'est pas capable de témoigner d'une véritable charité ne devrait pas aspirer au
ministère sacerdotal. La charité pastorale, centre vital de l'identité du prêtre, ne survit pas dans
un cœur incapable de se laisser aimer tendrement par le Christ ou une vie dans laquelle on ne
manifeste pas quotidiennement et concrètement l'effort d'aimer (par amour du Christ) ses
frères, avec lesquels on partage le même appel et la responsabilité solidaire du peuple de
Dieu, surtout dans un même presbytérium. Et puisque l'amour est relationnel, le premier
devoir est celui de faire en sorte que nos relations ad intra et ad extra soient des relations
d'amour, et qu'elles traduisent concrètement cet amour. Les frères dans le presbyterium
doivent être l'objet privilégié de la charité pastorale du prêtre. Certainement, sur ce point,
nous les prêtres avons beaucoup de difficultés, mais nous sommes conscients qu'il s'agit d'un
point qui qualifie tout notre ministère. En répondant justement à une question sur la fraternité
Retraite sacerdotale annuelle des prêtres du diocèse de kribi 2022

sacerdotale le Pape François reconnaissait que les conséquences de la globalisation ont des
répercussions concrètes sur la vie du clergé. Pour lui, la fraternité, et même sacerdotale, 16
n’était plus suffisamment cotée dans la bourse des valeurs. Utilisant le langage des réseaux
sociaux, dont il ne nie l’utilité, Il dénonce ceux qu’il a appelé les « prêtres google », c’est-à-
dire des prêtres qui savent tout, qui ont tout, qui n’ont besoin de rien ni de personne, pas
même, parfois, du Christ. De même, il dénonce aussi les « prêtres séducteurs », c’est-à-dire
ceux qui ont le vice de la séduction, dans le sens de SEDUCERE (séduire, conduire vers soi),
la tendance à tout ramener vers soi. Ceux qui veulent toujours avoir le dernier mot. Il s’agit
de deux réalités qui font très mal dans un presbytérium : l'autosuffisance et l'autoréférentialité.
Il s’agit au fond de ceux qui vivent dans l'orbite de leurs pensées et trouvent qu'écouter les
autres constitue une perte de temps. « Personne d'entre nous ne constitue un tout, nous faisons
tous parti d'un corps le corps du Christ, de l'église, de cette église particulière. Celui qui a la
prétention d'être un tout, d'avoir toujours raison ou de mériter telle ou telle fonction, se trompe
» (François, Rencontre avec les prêtres de l’archidiocèse de Gênes, le 27 mai 2017). La
réduction à l’individualisme est le fruit du péché ; Le Pape François veut nous amener à
éviter cette emprise du « pour-soi », afin de nous aider à nous ouvrir dans le « pour-nous ».
Le fait est que personne ne peut expérimenter la valeur de la vie sans des visages concrets à
aimer.
Retraite sacerdotale annuelle des prêtres du diocèse de kribi 2022

17

5ème entretien

Ce qui unit les prêtres dans un presbytérium est assez grand : le même appel du Christ qui a
dit à chacun de nous : viens, suis-moi ! Les mêmes engagements, la même ordination, la
même mission. L’ordination sacerdotale nous offre un lien fraternel qui nous unit tous au
Christ et nous unit logiquement entre nous pour la sanctification du peuple de Dieu au milieu
duquel se déploie notre ministère. Nos relations avec les laïcs, aussi belles et fécondent
qu'elles puissent être, ne peuvent pas se substituer au lien qui unit les prêtres entre eux, et qui
se situe à un autre niveau. L'ordination presbytérale crée entre les prêtres, spécialement à
l'intérieur d’un même presbytérium un lien spécifique que Presbyterorum Ordinis appelle la «
fraternité sacramentelle » (PO 8). Pour cette raison, le prêtre est appelé à vivre son
incardination dans son diocèse, non pas tellement comme une question d'organisation
canonique et disciplinaire, mais plutôt comme un appel à accueillir ses confrères comme don
de Dieu. Il s'agit d'un lien ontologique qui naît de notre engagement lors de notre l'ordination
et qui se fait concret dans les différentes réalisations et les rencontres entre confrères
appartenant au même presbyterium. Dans les Évangiles on est frappé par le fait que Jésus lui-
même semble lier la mission à la communion fraternelle : L'institution des 12 apôtres a pour
but de les rassembler en un collège ; et même dans la mission, Jésus envoi les disciples deux
par deux. La physionomie du Presbyterium devrait être celle d'une vraie famille : avec un
Père, l’évêque, et des frères heureux d’être ensemble dans leur diversité. Les frères
s’entraident pour grandir. Etablir ou vivre la fraternité au sein d’un presbyterium est
toujours un challenge, un défi, une véritable épreuve lorsque les membres viennent des
groupes différents, des cultures différentes. Les frères ne sont pas toujours d’accord. Nous
tous avons déjà expérimenté cette réalité dans nos familles d’origine : on n’est pas toujours
d’accord les uns les autres mais nous ne cessons pas pour autant d’être frères. Nous devons
accepter un point de départ : aucun de nous n’est parfait. On n’est pas toujours le support et
le confident fiable dont le frère pourrait avoir besoin. Nos relations sont, hélas ! Souvent
rendues concurrentielles, et parfois compétitives.

Chaque prêtre porte en lui l’image et l’idéal du sacerdoce qu’il s’est façonné dans sa
trajectoire personnelle. La fraternité sacerdotale n’est pas destinée à négliger cette trajectoire,
mais elle ne doit pas ou s’ouvrir à la réalité plus large de la famille de Dieu qu’est l’Eglise,
famille de Dieu

La fraternité dans un presbyterium est malheureusement mise à l’épreuve lorsqu’elle se heurte


à des confrères insulaires qui oublient l’objectif de service qu’ils doivent aux autres membres
de la communauté.

Osons maintenant parler d’un danger dans nos relations fraternelles ; un véritable poison qui
noie la fraternité au nom de la création des lobbies. La fraternité sacerdotale ne pas
Retraite sacerdotale annuelle des prêtres du diocèse de kribi 2022

s’accommoder de la création de clubs exclusifs (généralement ethniques ou tribaux)


dont l’objectif est de créer ou de maintenir des privilèges et des prérogatives pour les 18
membres du club au sein d’un presbytérium. Autrement ce n’est plus vraiment un
presbytérium, mais une société corporatiste où des clans se taillent des espaces pour sécuriser
leurs intérêts particuliers intérêts. Opter pour une pareille approche c’est pervertir la vraie
fraternité sacerdotale qui est toujours ouverture aux autres. C’est s’enfermer dans des relations
protectionnistes qui oublient et rejettent toutes les autres relations qui concourent à former une
véritable famille de Dieu. Les relations fraternelles entre prêtres ne peuvent jamais se
construire contre le reste de l’Eglise, mais toujours au nom et en vue du service de l’Eglise.
Un presbytérium ne créer une véritable fraternité que lorsqu’elle peut conjointement,
solidairement et affectueusement servir les besoins de tous les prêtres et de tout le peuple de
Dieu. Le Saint Père François dit dans son l’encyclique Fratelli tutti : « qu’une culture sans
valeurs universelles n’est pas une vraie culture ». On pourrait aussi dire qu’un prêtre qui n’a
pas intégré la valeur universelle de son identité de prêtre et la catholicité de l’Eglise n’est pas
un vrai prêtre.

Mais je vous souligner que pour la construction une véritable fraternité sacerdotale en son
sein, le diocèse doit éviter deux risques :

1 – Il y a d’abord le risque de ne s'arrêter que sur la seule dimension humaine de notre vie
ensemble. Les liens de communion dans le presbyterium ne sont « ni de la chair ni du sang »,
mais ceux de la grâce du Saint Esprit et du sacrement de l'ordre. Ils ne peuvent donc pas se
réduire aux sympathies particulières, aux mentalités apparentées, ou aux simples choix
personnels. Dans le ministère on fraternise, on apprend à devenir des frères. Ce choix de
fraterniser du fait de notre ordination est un choix de foi, en raison de quelque chose qui est
au-delà de nous, qui nous devance et nous dépasse. La tension vers la fraternité est un des
devoirs spirituels non négociables pour un cheminement de maturité évangélique dans le
ministère. L’amour de nos frères prêtre est un des « amours impérés » qui obligent le prêtre.

Si après, il devait y avoir des affinités, des amitiés qui accompagnent cette fraternité, ce serait
un don ultérieur. C'est fondamental de comprendre que l'appel à constituer une communauté
avec ses frères prêtres d’un même presbytérium est inscrit pour tous dès l'origine, dans l'acte
même par lequel l'Eglise nous a constitués prêtre. On ne choisit donc pas avec qui et où on
vivra la fraternité sacerdotale. Le choix de grandir ensemble comme frères doit imprégner
continuellement tous les lieux naturels où nous nous retrouvons : paroisses, structures,
Conseils, vicariats, zones, commissions...

2 – deuxièmement, il y a le risque de s'arrêter à la seule dimension de la foi. Si on pense que


la seule chose que partagent les confrères n'est que Jésus Christ et pas l'amitié, on se trompe.
Si on pense que la communion ne doit pas être recherchée ou fondée sur des initiatives, on se
trompe aussi. La fraternité ne doit pas se limiter aux affirmations de principe, mais elle doit se
traduire en expérience de vie et se réaliser dans la vie concrète. Il n'existe pas seulement une
"Ecclesia in cordibus" dans le sens abstrait et spirituel, mais il existe une Eglise qui est faite
de personnes concrètes, de personnes qui entrent en relation, qui se rencontrent, qui s'aiment,
qui se pardonnent ; autant aussi il n'existe pas une fraternité sacerdotale abstraite, mais une
Retraite sacerdotale annuelle des prêtres du diocèse de kribi 2022

fraternité qui tend à devenir fraternité réalisée, dans le « frère », dans la vie ordinaire. Le pape
François nous amène à faire un pas de l’au-delà. C’est-à-dire qu’il nous invite à aller au-delà 19
de nous-mêmes pour épouser les logiques synonymes de l’ouverture, de l’auto-ouverture et de
l’ouverture de l’ego. S’insurger contre le drame de la solitude de l’homme enfermé dans son
individualisme et dans la passivité du spectateur. Cette ouverture qui est amour, hospitalité,
est le fondement qui permet d’établir l’amitié et la fraternité. Evidemment, la conservation des
différences est le critère de la vraie charité qui n’uniformise pas mais accueille et fait
converger les diversités, en les valorisant.

On est frères parce qu’on est en même temps égaux et différents. C’est la haine qui cherche
toujours à éliminer ce qui est différent. Une rencontre entre personnes constitue une
opportunité d’enrichissement et de développement. Cela n’est possible que si on permet à
l’autre d’être lui-même. Toute attitude de stérilisation, d’isolationnisme est un obstacle à
l’enrichissement que produit la rencontre. L’identité relationnelle du prêtre est inscrite dans le
sacrement de l’ordre. Le prêtre est fondamentalement un homme qui sait inclure, c’est un
frère parmi les frères, un homme d’inclusion. Mais cette qualité n’est pas automatique ou
acquise une fois pour toutes. C’est la raison pour laquelle on doit éduquer constamment à
l’expérience et à la pratique de la communion.

6ème entretien : ECCUEILS A LA FRATERNITE

En invoquant les relations entre curés et vicaires, le Saint Père reconnaît que la fraternité est
souvent difficile mais que c’est un effort de chaque jour qui permet de la réaliser. Il y a
beaucoup d’égoïsme mais cet égoïsme peut être dépassé si on fait des efforts pour se
comprendre, se parler, et rechercher l’unité. C’est à chacun d’essayer de reconnaitre les
lumières, les dons, les charismes et les qu’il y a chez l’autre. L'ennemi le plus grand de la
fraternité sacerdotale, selon le pape François, ce sont les murmures par envie et par jalousie
parce qu'on ne supporte pas celui qui pense différemment. Le Pape prend même l’exemple
des consultations préalables du clergé avant les nominations épiscopales. On y trouve assez
souvent des véritables calomnies, des propos extrêmement dégradants sur les confrères qui
démontrent qu’il y a de la jalousie, des rivalités, de l’envie. Quand il n’y a pas de fraternité
sacerdotale il y a trahison. On trahit le frère, on le vend. Mal juger les autres et moucharder
dans leurs dos est un "mal de cloître". Tant qu'on est enfermé, cloîtré dans ses intérêts on
critiquera toujours les autres. Il faut donc en sortir. Le Saint Père parlant à l’intention de ceux
qui sont responsables de la formation des prêtres est ferme ; « Je conseille aux formateurs des
séminaires : si vous voyez un séminariste qui est brave et même très intelligent, mais s'il est
mouchard, chassez-le. Celui-là constitue une véritable hypothèque pour la fraternité
sacerdotale. Chassez-le tout de suite. Les séminaristes corbeaux peuvent détruire n'importe
quel presbyterium ».

Le Pape François lance ainsi un appel à poser des bases solides pour une vraie rencontre entre
confrère et pour initier des processus de guérison. La rencontre ne peut pas se fonder sur une
diplomatie vide, sur des doubles discours, sur des dissimulations. C’est seulement à travers la
vérité des faits que pourra naître l’effort de se comprendre mutuellement et de trouver une
synthèse pour le bien de tous. La vraie réconciliation n’échappe pas au conflit, elle peut même
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s’obtenir dans le conflit. Car dans le conflit naît la réconciliation lorsque le pardon est accepté
comme le remède chrétien qui remet les frères ensemble. Mais ce pardon n’a rien à voir avec 20
le renoncement de ses droits face à quelqu’un qui dégrade notre dignité. Il faut défendre ses
droits avec la force nécessaire et sauvegarder sa dignité (FT 241). Le Pape invite à ne pas
oublier le passé, ne pas perdre la mémoire. Sans la mémoire il n’y a pas de progrès possible.
Le dialogue est la voie la plus adaptée pour arriver à reconnaître ce qui doit être affirmé,
respecté, et qui va au-delà du consensus occasionnel. Le dialogue authentique présuppose la
capacité à respecter le point de vue de l’autre, acceptant la possibilité qu’il a aussi des
convictions et des intérêts légitimes ( FT 203). Le manque de dialogue implique que
personne, dans les différents secteurs, n’a le souci de promouvoir le bien mais que chacun
veut obtenir les avantages que donne le pouvoir ou dans le meilleur des cas imposer une façon
de penser. Ce serait donc le règne de la monochromie. Il est important qu’il y ait des échanges
et les discussions dans les communautés. Comme les apôtres autour de Jésus qui discutaient
pour savoir qui était le plus grand, c’est bien qu’il y ait des discussions dans les rencontres
sacerdotales. Parce que quand il y a la discussion, il y a la liberté ; s’il y a la liberté, il y a
l’amour, il y a la confiance, et donc, il y a la fraternité. Il ne faut donc pas avoir peur des
discussions mais du contraire. Lorsqu’on ne s’exprime pas lors des réunions mais qu’on le fait
après les réunions, dans le dos des confrères, on murmure, on nourrit les rivalités, on écorche
et on plume les autres. Nous pouvons donc faire un examen de conscience sur ce sujet.
Combien de fois avons-nous parlé en bien du confrère ? Combien de fois avons-nous critiqué,
plumé dans le dos ? Fratelli Tutti nous interpelle à travailler sérieusement pour dépasser un
certain manque de confiance et un certain mécontentement assez répandus entre les prêtres.
Nous devons récupérer le sens de la fraternité. On en parle certes, mais elle n'est pas
suffisamment entrée dans le cœur des prêtres. Un peu chez certains, beaucoup moins chez
d'autres. La dynamique de la fraternité, son caractère existentiel permettent de relativiser les
idées, dans le sens qu’on ne peut pas se résigner au fait qu’un conflit né de la disparité des
points de vue ou d’opinions prévaudra directement sur la fraternité (FT 10). Dans son
commentaire du ps 133 Saint Augustin nous dit que la vie dans le clergé se fonde sur la
charité. : « seuls ceux qui possèdent la charité parfaite du Christ pourront vivre dans l'unité.
En effet, ceux qui ne la possèdent pas, même s'ils vivent ensemble ne manqueront pas de se
détester et de se molester les uns les autres, d'être turbulents et de transmettre aux autres leur
agitation et leur instabilité, préoccupés de savoir ce que disent les autres à leur sujet [...] par
contre si un frère possède la rosée de l'Hermon, celle qui descend des monts de Sion, il sera
une personne pacifique, capable de tolérer le mal, aux murmures il répondra par la prière ».

Regardons quelques signes de la fraternité sacerdotale.

1 le signe de l'humanité.

Toute rencontre entre deux prêtres ne devrait toujours être le lieu où s’exprime
l’humilité. C'est le premier signe de notre humanité et le signe que nous ne nous annulons pas
dans la fonctionnalité. Malgré les aléas de nos affectations lorsque des prêtres se rencontrent,
que ce soit d'abord des hommes qui se rencontrent, des êtres humains qui se regardent en face,
qui se saluent, qui s'accueillent, qui s'ouvrent les uns aux autres, qui sortent du cloître de leur
individualisme, et des préjugés...
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2 Le signe de la coresponsabilité
21
le signe de la coresponsabilité dans le ministère est un lieu de la fraternisation ; elle doit
inciter les prêtres d’un même presbytérium à se souder autour de la responsabilité qu'ils
portent, au travail qu'ils partagent et surtout à l’espérance évangélique qu’ils portent. Cette
fraternité au de la responsabilité se réalise lorsque dans nos réunions et dans structures
diocésaines, nous sommes prêts à écouter les autres, à nous laisser stimuler, à identifier des
voies opportunes pour le travail de tous en évitant soit l'esprit de contradiction, soit un
protagonisme personnel. Certaines attitudes entre prêtres, qui blessent la fraternité peuvent
parfois être le symptôme d’une insuffisance personnelle qui accepte mal les réalisations et les
succès des confrères. Pointer du doigt les limites d’un confrère est parfois une forme de
justification de nos propres limites ou de notre manque d’expérience.

3 le signe de la communication

Savoir communiquer est important pour vivre la fraternité. Pour devenir frères, il faut se
connaître. Pour se connaître c'est important de communiquer en profondeur. L'indigence ou la
pauvreté dans la communication engendrent généralement l'affaiblissement de la fraternité. La
non connaissance du vécu de l'autre le rend étranger, elle rend notre rapport anonyme, en plus
de créer des véritables situations d'isolement et de solitude. Il ne peut donc pas avoir de
fraternité sacerdotale là où il n'y a pas de communication. La fraternité c'est aussi visiter les
confrères malades physiquement, les aider. Si le mal est psychologique ou moral il faut prier
et faire pénitence pour eux, se rapprocher pour donner un coup de main et faire apparaître le
visage miséricordieux du père. Ce n'est certainement pas le moment d'aller le raconter à
d'autres personnes pour les salir davantage. Si quelques fois nous sommes complètement
découragés dans la réalisation de la fraternité sacerdotale (qui ne dépend pas seulement de
nous), il est important de ne jamais en perdre de vue que le Seigneur a prié son père afin que
ses disciples soient UN, comme le Père et lui sont UN. « Oui, il est bon, il est doux pour des
frères de vivre ensemble et d'être unis ! » (ps 133). La fraternité sacerdotale est un témoignage
efficace pour le peuple de Dieu. Les effets immédiats de la fraternité dans un presbyterium
sont visibles pour le peuple chrétien. Le prêtre, homme de communion pourra apporter auprès
de sa communauté pastorale sa riche expérience de communion et de partage parce que la
fraternité produit la fraternité. La division entre prêtres et les défiances des certains à l’endroit
de l’évêque, sont des scandales qui décrédibilisent l'annonce même de l'évangile. Le
témoignage d'unité entre les prêtres, entre les prêtres et leur évêque, l'union des esprits et des
cœurs constituent le premier élément indispensable de l'évangélisation. La communion c'est la
première forme de mission et la mission elle-même n'est rien d'autre que la communion qui
s'élargit toujours plus. Que Saint Joseph, saint patron de l’Eglise Universelle nous aide à
marcher résolument vers cette fraternité si importante pour nous-mêmes et pour toute l’Eglise.
Que le Sacré Cœur de Jésus nous constitue en « anima una et cor unum ».

7ème entretien : sous forme de CONCLUSION

L’AMOUR COMME FRUIT DE NOTRE MISSION 1Cor 12, 1-13


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Si la fraternité est notre ambition et notre vocation comme religieux, ce qui la porte est surtout
notre capacité à aimer le Christ qui nous met ensemble, et qui nous rend capable d’aimer les 22
autres.

C’est l’amour que le Christ nous donne comme boussole et comme fruit de notre mission.
Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus nous rappelle qu’au soir de notre vie, nous serons jugés sur
l’amour.

En effet, aimer le Christ se vit toujours avec les autres : ce que Jésus construit avec
nous est une Église aux dimensions du monde et au service de l’humanité entière : cela
conduit inévitablement à un monde de communion et de fraternité. Et toute sa vie est baignée
dans cet amour dont il aime les hommes et qui va le conduire à la croix, faisant ainsi
converger vers lui tous ceux qui ont soif d’amour.

- Il pitié des malades,


- Il fait bon accueil aux pécheurs (Zachée
- Il pardonne (le paralytique + pierre + sur la croix)
- Il ouvre surtout à l’espérance (le bon Larron)
- Et, à la fin, il nous donne le critère du jugement de notre vie qui sera simplement la
manière dont nous aurons été capables d’aimer

Dans le discours de son dernier repas avec ses apôtres sur l’amour comme témoignage de sa
présence au milieu d’eux et dans l’Eglise il recommande l’mour entre les apôtres comme
témoignage vivant de sa présence : « afin que tous soient UN. Comme toi, Père, tu es en moi
et moi en toi, qu’eux aussi soient en nous, AFIN QUE LE MONDE CROIE QUE TU M’AS
ENVOYE. » (Jn 17, 21) ; dans notre mission, c’est aux fruits de l’amour que s’apprécie le
succès véritable de notre mission ; l’amour seul peut porter des fruits qui demeurent.

L’apôtre Paul au début du chapitre 13 de sa première épitre aux corinthiens,


surnommée l’hymne à l’amour, nous rappelle la nécessité de bâtir l’Eglise et nos relations
interpersonnelles dans la charité et l’amour du Christ. Ce texte de Paul interpelle les chrétiens
laïcs, et les prêtres, de tous les temps et nous offre l’opportunité de faire entendre une fois de
plus que tout ce que nous faisons, doit être imprégné d’un l’amour vrai. Car l’influence de
l’amour confère une profondeur et un sens à la vie qui perdurent au-delà de toutes les
épreuves qu’on peut rencontrer ou des succès qu’on peut engranger ; seul l’amour est éternel.

Donc refonder la communion dans le Christ nécessite que le Saint Esprit lui-même
prédispose nos cœurs, pour que nous ne soyons pas que de simples cymbales bruyantes,
entendu chez saint Paul comme des instruments qui, par eux-mêmes, font beaucoup de bruit
Retraite sacerdotale annuelle des prêtres du diocèse de kribi 2022

pour rien. Car tout ce qui est construit ou édifié sans l’amour agapè, peut impressionner les
23
hommes, mais est sans aucune valeur devant Dieu. En réalité, une grande éloquence verbale
peut momentanément électriser ou subjuguer un auditoire, mais son effet disparait ensuite
comme une glace au soleil lorsqu’elle n’est pas porté par un cœur qui par amour de Dieu,
accepte d’aimer vraiment le confrère.

Pour nous prêtres, porter des fruits qui demeurent, c’est d’abord aimer passionnément le
Christ au point de de dire avec Paul : « ce n’est plus moi qui vis, c’est le christ qui vit en
moi » (Ga 2, 20) ou avec Pierre : « à qui irions Seigneur ? tu as les paroles de la vie éternelle.
Et nous avons cru et nous avons connu que tu es le Christ, le Saint de Dieu. »(Jn 6, 68).

C’est aussi Aimer son Eglise ; cette Eglise est la nôtre, c’est le Corps du Christ. Elle est sainte
de la sainteté même du Christ ; nos limites comme nos trahison peuvent l’éclabousser, mais
n’altèrent pas son éclat ni n’entravent sa marche et son œuvre de Salut du genre humain.
Notre vocation nous a mis à son service ; porter du fruit dans notre mission en son sein se
situe dans notre zèle pastoral et notre disponibilité à la servir là où le Seigneur nous attends.
Produire des fruits qui demeure, c’est surtout comprendre que je suis mon Eglise, et comme
tel, le défenseur de mon Eglise quoi qu’il m’en coûte.

Porter des fruits qui demeurent, c’est aussi, et peut-être avant tout, aimer son évêque. C’est
intégrer que le l’Eglise n’est Eglise qu’avec l’évêque et autour de celui-ci ; pour nous c’est
avec l’évêque que notre vocation a sa source, prend son sens et peut être. Celui qui est avec
son évêque est avec l’Eglise, le corps du Christ, et celui qui pense travailler sans son évêque
ou contre lui travaille contre l’Eglise qui a pourtant fait de lui un prêtre ; « celui qui n’est pas
avec moi est contre moi, et celui qui n’assemble pas avec moi disperse », nous dit le Seigneur
(Mt 12, 30).

Porter des fruits qui demeurent, c’est accepter ses confrères prêtres ; les accueillir tels que
Dieu nous les a donné dans son Eglise, avec leurs talents mais aussi leurs faiblesses, leurs
particularités (sociales, culturelles, linguistiques…) ; le prêtre selon le cœur de Dieu sera
toujours un être d’inclusion, et jamais un instigateur d’exclusion. Et le Christ est
permanemment en prière devant son Père pour se élus, ses prêtres, dans un souci éternel :
« qu’ils soient UN, Père, comme toi et moi sommes UN. » (Jn 17, 21) les particularismes et
les singularisme font du tort au prebyterium et sont poison pour l’Eglise ; ils ne peuvent que
produire ; rivalités, haine ; médisances, ragots, rejet… mais jamais des fruits de vie, de paix,
de joie, de foi et d’espérance. Seule l’amour, la charité entre confrères peuvent le faire.
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Que veut dire donc concrètement porter des fruits qui demeurent dans notre ministère ;
24
regardons avec saint dans son hymne à la charité que nous avons lu au début de notre
entretien. Porter des fruits qui demeurent c’est :

Premièrement, prendre patience vis-à-vis du confrère malade, âgé, déprimé ou qui


est dans l’erreur. C’est-à-dire développer l’aptitude à supporter les défaillances ou les
faiblesses de nos confrères sans en faire des sujets de commentaires malsains lors de nos
déjeuners.

De la même façon, notre patience à l’endroit des laïcs doit s’exprimer dans notre
capacité à leur donner de notre temps, pour écouter aux ceux qui sollicitent un
accompagnement, qu’il soit spirituel ou même matériel. Puisque nous faisons d’avantage face
à des personnes brisées et fragilisées par la violence de la vie. La patience à l’endroit du
prochain traduit une expression de notre amour, vis-à-vis du Christ, lorsqu’elle est fondée sur
le respect de la dignité des personnes.

Deuxièmement, rendre le service pour lequel nous avons été appelés, c’est-à-dire,
être de bons bergers et non des mercenaires dans le sens des métaphores du quatrième
évangile en son chapitre10.

Aimer le Christ à travers notre humble service sacerdotal, c’est mettre notre vie au
service des autres, le peuple de Dieu, avec amour, parce que notre vocation nous engage à
regarder en chaque personne, le Christ qui vient à nous. Au sujet du service, nous devons sans
cesse privilégier un « service » qui sert les autres au détriment de la tentation du service qui
« se sert » des autres. Jésus à travers son enseignement et sa vie donnée pour les autres nous
invite à nous prendre en charge les uns les autres par l’amour. Pour le pape François, « Si
nous pensons à un sacerdoce isolé du peuple de Dieu, ce n’est pas un sacerdoce catholique !
Dépouillons-nous de nous-mêmes, de nos idées préconçues, de nos rêves de grandeur, de
notre affirmation pour mettre Dieu et le service de nos frères au centre de notre engagement
sacerdotal (pape François, Lexique, p.349).

Troisièmement, considérer le prêtre qui aime le Christ ne se vante pas c’est-à-dire


qu’il ne fait pas preuve de vanité parce que comme le dit la première épitre de Saint Paul :
« Qu'as-tu que tu n'aies reçu ? Et si tu l'as reçu, pourquoi te glorifies-tu, comme si tu ne l'avais
pas reçu » (1 cor 4,7). Malheureusement, la tentation de la vantardise devient parfois
récurrente dans nos presbytérium : Elle semble être devenue davantage la règle que
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l’exception. Dans la Bible, nous conseille pourtant : « Qu’un autre te loue, et non ta bouche,
25
un étranger, et non tes lèvres » (Proverbes 27 :2).

La retraite sonne l’alerte pour nous aider à éviter les attitudes suivantes : les
concurrences malsaines, les oppositions du passé, la tentation de l’orgueil mondain, le primat
donné aux choses matérielles que nous possédons ou que nous désirons et la recherche de
l’affirmation des intérêts personnels, ou pire, le rejet de l’autre parce qu’il n’est pas de ma
tribu, ou qu’il n’est pas autochtone. Allons à contre-courant et demeurons solides dans le
Seigneur ! N’ayons pas peur d’écouter la voix de l’Esprit Saint, elle nous aidera à vaincre la
ces poisons, afin de privilégier la fraternité, la rencontre et le dialogue.

Quatrièmement lutter contre la gangrène de la rancune cléricale.

Saint Jacques écrit : « d’où viennent les luttes et d’où viennent les querelles parmi
vous ? (…) Vous convoitez et vous ne possédez pas ; vous êtes meurtriers et jaloux, et ne
pouvez réussir. Vous combattez et bataillez » (Jc 4, 2). Nous ne devons pas nous voiler la
face. Prenons conscience de ce que la principale cause de la rancune est l’esprit de rivalité et
de compétition qu’on observe tant chez les laïcs que chez nous, prêtres. C’est l’expression de
nos désirs parfois de grandeur et de nos ambitions personnelles au détriment de la vie
communautaire, du service, et de notre vocation chrétienne à la sainteté. La rancune peut aussi
surgir d’un banal malentendu ou d’un simple défaut de communication.

Les conséquences de ce sentiment toxique sont parfois perceptibles au sein de


certaines équipes pastorales paroissiales ou des services diocésains ou communautaires : des
silences ou des désengagements mesquins qui paralysent l’efficacité de l’équipe, des attitudes
qui humilient ou infantilisent, des désobéissances ouvertes envers le Curé ou le responsable
d’une structure diocésaine, accompagné de critiques systématiques de ses initiatives
pastorales ou communautaires. Combien ne sommes-nous pas souvent scandalisées par les
contre témoignages causés par la rancune dans une communauté paroissiale voire au sein
d’une équipe sacerdotale ou dans une communauté religieuse !

Si nous aimons le Christ en vérité, laissons cette parole de Dieu retentir dans nos
cœurs : « N’aie aucune pensée de haine contre ton frère […] pour ne pas te charger de
péché à son égard ; ne te venge pas et ne sois pas rancunier à l’égard des fils de ton peuple :
c’est ainsi que tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Lv 19, 17a-18). Donc, répondre à
l’appel du Christ et porter des fruits c’est accepter sa Parole qui nous dit : « Quand donc tu
vas présenter ton offrande à l’autel, si là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre
Retraite sacerdotale annuelle des prêtres du diocèse de kribi 2022

toi, laisse là ton offrande, devant l’autel et va d’abord te réconcilier avec lui ; viens alors
26
présenter ton offrande » (Mt 5, 23-24).

Cinquièmement, c’est voir en tout prêtre un autre moi-même : cela implique, entre
autres de ne jamais le considérer comme un simple diseur de messe.

De manière pratique, la capacité de nous reconnaitre en notre confrère se traduit dans


la qualité de l’accueil que nous réservons à tout prêtre. OUI, aimer le Christ et porter des
fruits, c’est redécouvrir l’hospitalité entre confrères.

Certains s’arrêtent chez parce qu’ils sont en panne sèche, d’autres parce qu’ils veulent juste te
dire bonjour ou encore veulent manger un bout avant de continuer la route. Mais nos
structures sont-elles encore des maisons de prêtres ?

Sixièmement, savoir pardonner. En vérité, aimer le christ c’est reconnaitre que le


confrère qui m’a offensé ou qui m’a trahi est susceptible de renouer avec le bien. Il pourrait se
faire que certaines blessures soient profondes et que le ressentiment bloque encore notre cœur,
et je comprends ceux parmi nous qui sont dans cette situation.

Le temps de grâce que nous offre cette retraite n’est-il pas une invitation à nous
rappeler qu’alors qu’on le crucifiait Jésus priait : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce
qu'ils font (Luc 23,34). Le pardon est un acte toujours un acte de libération intérieure, tant
pour celui qui l’accorde que pour celui qui le reçoit.

Septièmement, purifier notre relation personnelle avec l’évêque.

Cette relation horizontale est fondamentale dans la vie du prêtre ; la relation entre le
prêtre et son évêque, doit être considérée comme le lien entre un Père et son fils. Au niveau
du catéchisme ordinaire, dans relation avec l’évêque, nous devons tous garder en mémoire le
quatrième commandement du décalogue ; tu honoreras ton père( l’évêque), et à travers lui, ta
mère (la Sainte Eglise). Qui honore son évêque, honore l’Eglise, et qui lutte contre l’évêque,
lutte contre l’Eglise. Dans la foi et dans le droit, l’évêque est l’Eglise, et l’Eglise est toujours
là où il y a l’évêque. Il peut avoir des raison de ne pas être d’accord avec notre Père, mais
rappelons toujours le signe de nos deux mains entre ses mains, et ces paroles forte que nous
avons comme réponse à sa question : « me promettez-vous obéissance ? » « OUI, JE LE
PROMETS ! » Des paroles qui trouvent leurs sources dans celles de celui qui nous a appelé et
mis à sa suite, Jésus Christ, le sauveur du monde qui, dans l’acte ultime d’obéissance à son
Retraite sacerdotale annuelle des prêtres du diocèse de kribi 2022

Père, sur la Croix, dit simplement : « entre tes mains je remets ma vie »(Luc 23, 45 et Ps 31,
27
5)

L’amour de l’évêque pour chacun de ses prêtres est hautement important dans la
construction d’une véritable fraternité au sein du presbytérium ; l’évêque est d’abord un Père,
on le souhaiterait aussi ami de chacun de ses prêtres, c’est à ce prix, il me semble que le
diocèse devient vraiment « Famille de Dieu », et c’est à ce prix que notre mission porte des
fruits pour le royaume.

ACCOMPAGNEMENT DES ASSOCIATIONS.

- Création (fidèles libres, autorité,…)


- Reconnaissance canonique
- Reconnaissance CENC (CELA + autonomie des diocèses)
- Statuts et Règlement intérieur
- Gouvernance
- Aumoniers (accompagnateurs ecclésiastique)

REMERCIEMENTS.

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