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Christian Junod & Evelyne Faniel

Préface d'Armelle Six


Illustrations de Jean Augagneur

Enfi n l i b r e
d’être soi-même !
Les relations miroir : révélateur de qui nous sommes.
Mieux se connaître et s’accepter.
Dans la même collection aux Éditions Jouvence :

Rêves et intuition, Mireille Rosselet-Capt


Développer le lien parent-enfant par le jeu, Aletha Solter
Prenez soin de vous, n'attendez pas que les autres le fassent !,
Jean-Jacques Crèvecœur
Dénouer les conflits par la Communication NonViolente©,
Marshall B. Rosenberg
Vivre la nature avec les enfants, Joseph Bharat Cornell

Catalogue gratuit sur simple demande.

ÉDITIONS JOUVENCE

France : BP 90107 – 74161 Saint-Julien-en-Genevois Cedex


Suisse : CP 227 – 1225 Chêne-Bourg (Genève)
Site internet : www.editions-jouvence.com
E-mail : info@editions-jouvence.com

© Éditions Jouvence, 2017

ISBN 978-2-88911-870-0

Illustrations : Jean Augagneur


Composition : Virginie Cauchy
Couverture : Éditions Jouvence

Tous droits de traduction, reproduction et adaptation réservés pour tous pays.


Sommaire
Préface 7

Introduction 11

1. Accueillir toutes nos facettes pour oser être pleinement nous-mêmes 12


2. Le monde extérieur, reflet de notre monde intérieur 13
3. La vie comme un jeu ! 14
4. Comment tirer le meilleur parti de ce livre ? 15

Chap. 1 Qui a ma télécommande ? 18

1. La métaphore de la télécommande 20
2. Trois manières de vivre sa vie : trois niveaux de conscience 21
a. Premier niveau de conscience : la position de victime 22
b. Deuxième niveau de conscience : je deviens acteur 26
c. Troisième niveau de conscience : la vie comme un miroir 31

Chap. 2 Qu’est-ce qui nous empêche d’être


« nous-m’aime » ? 34

1. Amour conditionnel versus amour inconditionnel 36


2. La grande peur 37
3. Le culte de la perfection 38
4. L’image de la boule à facettes 39
5. Toutes nos facettes ont leur place 40
6. La métaphore de la boîte à outils 41
7. Le miroir, l’ombre et la projection 43
8. Qu’est-ce qu’un effet miroir ? 46
9. Une distinction importante à faire 47
10. Pourquoi attirons-nous certaines personnes/situations dans notre vie ? 49
11. Lien entre l’ombre et l’estime de soi 51

3
Enfin libre d’être soi-même !

Chap. 3 À la découverte de vos facettes cachées


à travers votre histoire 52

1. La dualité bien/mal 56
2. L’éducation 59
3. Les blessures de l’enfance 61
4. Le contexte de la conception et de la naissance 65
5. Les besoins et émotions refoulés 67
6. La peur de notre lumière 69
7. Les croyances 72
8. La généalogie 75

Chap. 4  écouvrir vos facettes cachées


D
à travers la relation aux autres 78

1. La croyance populaire 81
2. Comment détecter une relation miroir ? 81
3. La relation parents/enfants 82
4. La relation de couple 87
5. Les relations de travail 93
6. La relation aux personnages publics (politiciens, sportifs, artistes, etc.) 96
7. Conclusion 99

Chap. 5  écouvrir des facettes de soi


D
à travers d'autres formes de projection 100

1. La relation au matériel 102


2. L’attitude au volant 104
3. La relation à l’argent 107
4. La relation au travail 110
a. Le travail, lieu d’existence d’une personne 110
b. Le burn-out, fruit d’une ombre ? 112
5. Les supporters de sports 114
6. La relation aux idéologies 116
7. La relation aux animaux domestiques 117
8. La relation aux nations 119

4
Sommaire

9. Les addictions 121


10. Les ombres dans l’entreprise 122

Chap. 6 L es solutions pour réintégrer vos facettes


cachées 126

1. Première étape de la guérison : voir 129


2. Deuxième étape de la guérison : transformer 130
3. Envie d’en savoir plus sur ce processus inhabituel ? 140

Conclusion 147

Notes 151

Annexes 153

Remerciements 157

Bibliographie 159

5
Introduction
Vous est-il déjà arrivé d’être profondément irrité par une personne,
par ses comportements, sa manière d’être, sans trop savoir pour-
quoi ? Y a-t-il certains traits de caractère qui stimulent votre agace-
ment, voire vous insupportent, chez les autres : les « je sais tout »,
les « grandes gueules », les menteurs, les égoïstes, les flatteurs, les
laxistes, les rigides… ? Avez-vous tendance à rencontrer invariable-
ment dans votre vie certains types de personnes – des manipula-
teurs, des menteurs, des gens malhonnêtes, égoïstes, qui prennent
beaucoup de place – ou encore certains scénarios – l’injustice,
l’abandon, la trahison, le vol, l’agression ? Vos choix de vie sont-ils
souvent guidés par le regard des autres ? Osez-vous prendre pleine-
ment votre place dans la vie ? Vous autorisez-vous à exprimer votre
ressenti, à vous détacher du regard des autres et à vivre vos rêves ?
Utilisez-vous pleinement vos talents et vos dons ?

Si vous pensez que la vie n’est qu’une succession de pures coïnci-


dences sans aucune signification, refermez ce livre. En revanche, si
vous avez envie de comprendre ce que chaque expérience révèle
de vous et aspirez à être pleinement vous-même, sans peur et sans
retenue, poursuivez cette lecture. Vous risquez de découvrir des
choses étonnantes, peut-être inconfortables à certains moments,
mais surtout passionnantes, car vous allez en apprendre sur vous !

La vie est un immense terrain d’exploration de nous-mêmes, où


chaque expérience est une magnifique opportunité de nous voir
tels que nous sommes vraiment, au-delà des masques portés, des
rôles joués et des conditionnements issus de notre éducation et de
notre culture.

11
Enfin libre d’être soi-même !

ei ll ir to u te s n os fa ce tt es pour oser
1. Acc u
es
être pleinement nous-mêm
Nous, les humains, sommes sur terre pour apprendre à exprimer
pleinement qui nous sommes et à le vivre librement. Pour que cela
soit possible, nous avons à accueillir les multiples parts de nous-
mêmes, afin de poser nos choix et actes depuis un espace de séré-
nité plutôt que par réaction ou sous influence des émotions telles
que la peur ou la colère. Si, dans la vie, il nous arrive de prendre des
décisions ou d’agir posément, il y a sans doute aussi des situations
où tel n’est pas (encore) le cas. Ces situations reflètent souvent
des conflits qui se vivent intrinsèquement, notamment quand nous
sommes aux prises avec des parties de nous que nous refoulons.

Comme le souligne cette phrase de Deepak Chopra1, « La paix


est une réalité de notre cœur avant d’être une réalité dans le
monde2 », il est nécessaire et même précieux d’utiliser les opportu-
nités que la vie offre afin de mieux nous connaître et de pacifier les
parties en nous que nous rejetons, ne voulons pas voir. Autrement
dit, aussi longtemps que nous aurons des conflits intérieurs, nous
vivrons des tensions à l’extérieur, ce qui sera le signe que nous
ne sommes pas pleinement en accord avec qui nous sommes. La
bonne nouvelle est que nous avons la capacité d’influencer notre
manière de mener notre vie en pacifiant, pas après pas, notre être
intérieur, créant ainsi plus d’unité et de paix en nous et autour de
nous.

Outre le fait de connaître des relations plus paisibles et harmo-


nieuses et de vivre comme nous le souhaitons, découvrir et accueillir
toutes nos parts permet d’éliminer des tensions intérieures, sources
de stress, et contribue ainsi à une meilleure santé. Une excellente
raison supplémentaire pour nous observer, avec douceur et bien-
veillance, à travers le miroir de nos expériences de vie !

12
Introduction

refl et de
2. Le monde extérieur,
notre monde intérieur
Sans doute aimeriez-vous, comme nous, qu’il y ait moins de guerres,
moins de violence, moins de conflits dans le monde, probable-
ment aussi toujours plus d’êtres humains à respecter la nature, à
s’accueillir dans leurs différences, etc. Gandhi nous a invités à y
contribuer dans sa célèbre citation : « Soyons le changement que
nous voulons voir dans le monde. » Autrement dit, créons la paix à
l’intérieur de nous et elle émergera naturellement à l’extérieur.

Notre société d’aujourd’hui manifeste de nombreux signes de


déséquilibre. Guerres, violence, maladies, crise financière, pauvreté,
burn-out ne sont que quelques exemples d’une actualité morose.
Cette actualité est le résultat du non-accueil de nos ombres : le
monde extérieur est le reflet de nos mondes intérieurs. Nous en
avons la certitude. Cette affirmation peut vous sembler totalement
fausse, voire insupportable. Et pourtant…

Ne passons-nous pas la plupart de notre temps à blâmer, voire à


vouloir changer ce qui nous est extérieur – les autres, la société, la
politique environnementale, les pays en guerre… –, à lutter contre
ce sur quoi nous n’avons pas réellement de pouvoir, plutôt que de
pacifier le seul endroit où nous sommes tout-puissants : notre
monde intérieur ?

Pacifier l’intérieur ? Qu’y aurait-il donc à pacifier ? Nous ne parlons


pas ici des conflits et des tensions que nous pourrions vivre avec
nos voisins, les membres de notre famille, notre conjoint, un col-
lègue un automobiliste, la justice, le gouvernement. La violence
évoquée ici est beaucoup plus subtile, sournoise. Elle émane de nos
conflits intérieurs, des parts en nous que nous rejetons, que nous
nions et brimons. Comment nous traitons-nous par exemple face
à ce que nous vivons comme des échecs ? Les accueillons-nous
avec compassion et bienveillance ou nous blâmons-nous de les

13
Enfin libre d’être soi-même !

avoir vécus ? Et comment réagissons-nous lorsqu’une part en nous


demande le changement, alors qu’une autre s’accroche à ce qu’elle
connaît ? Les prenons-nous en compte et les écoutons-nous plei-
nement toutes les deux, avec douceur et sans jugement, ou en
privilégions-nous une au détriment de l’autre ? De la même manière,
permettons-nous à toutes les parts de notre être – la créativité, la
fantaisie, l’âme d’enfant, l’insouciance, l’audace, etc. – de s’exprimer
pleinement ou les réprimons-nous ?

3. La vie comme un jeu !


La démarche qui consiste à aborder chaque expérience comme un
miroir de nous-mêmes nous a aidés à prendre conscience des parts
en nous que nous ne voulions pas voir, à les accepter et à les paci-
fier. Elle nous a également permis de vivre chaque événement de
manière beaucoup plus détachée, consciente et surtout sereine. Si
nous n’avons pas le choix des événements vécus, le jeu de l’existence
consiste à choisir à chaque instant la manière dont nous allons les vivre.

Aujourd’hui, lorsque nous vivons une tension, une contrariété ou


un conflit, nous prenons d’abord le temps d’accueillir nos émo-
tions. Puis, prenant notre « loupe de détective », nous nous mettons
à la recherche de la partie cachée en nous qui se manifeste à travers
la situation. Cela prend quelques minutes, parfois quelques jours…
Et une fois cette part, que nous refoulions, découverte et accueillie,
nous ressentons immanquablement un apaisement. À cet instant,
le conflit à l’origine de la prise de conscience perd en grande partie
son impact sur nous. Ce processus a été tellement libérateur et
puissant dans la manière de vivre notre existence que nous sommes
très enthousiastes à l’idée de partager ces découvertes. Celles-ci
sont le fruit de nos parcours de vie et aussi de nos expériences d’ac-
compagnement de personnes en tant que coaches et formateurs.

Par ailleurs, notre parcours nous a souvent démontré que le risque,


dans le monde du développement personnel, est de prendre le

14
Introduction

travail sur soi tellement au sérieux qu’il se transforme en sacerdoce.


Pour éviter cette dérive, nous avons envie d’y ajouter la joie de l’en-
fant : partir à la découverte de soi comme s’il s’agissait d’une chasse
au trésor et s’émerveiller du résultat de ses recherches.

Ce livre est une invitation à vivre chaque événement comme un


puissant révélateur, comme un miroir à travers lequel vous pouvez
en apprendre sur vous, accéder et pacifier des parts en vous incon-
nues jusque-là, accepter et aimer pleinement toutes les facettes de
votre humanité et oser être pleinement vous-même.

Notre intention est de vous guider dans ce merveilleux voyage au


cœur de vous-même dans la fluidité, la clarté et la légèreté. En effet,
explorer la vie à travers l’effet miroir peut vraiment se vivre comme
une aventure passionnante, à la découverte de notre humanité.

4. Comment tirer le meilleu


r parti
de ce livre ?
Ce livre a été conçu comme un outil pour vous aider à prendre
conscience de vos facettes cachées (que nous appelons aussi des
« ombres »), à les pacifier et à les réintégrer. Il contient des apports
théoriques, de nombreux exemples et des exercices pratiques. Il n’a pas
vocation à être dévoré d’une traite, mais bien de vous accompagner,
pas après pas et à votre rythme, dans la découverte de votre humanité.

Nous citerons de nombreux exemples personnels ou issus de notre


pratique d’accompagnement des êtres humains afin de… faire miroir
en vous. Nous avons bien sûr changé les prénoms et parfois les
genres des personnes impliquées. Ne déduisez donc pas trop vite
que tel comportement est typiquement féminin ou masculin.

Nous vous inviterons régulièrement à vous arrêter et à répondre aux


questions qui sont posées afin d’affiner votre conscience de ce qui

15
Enfin libre d’être soi-même !

se joue dans votre vie. La majeure partie du livre a pour but d’aigui-
ser la conscience de qui vous êtes et des freins qui vous empêchent
de vous déployer dans votre existence.

Le dernier chapitre donnera des pistes de transformation. Prenez


le temps de tester ce que nous proposons avant de poursuivre votre
lecture.

Nous vous rappelons que vous êtes l’acteur de votre propre dévelop-
pement. Votre engagement sera le meilleur allié vers un changement
profond et durable. Apprenez aussi à vous faire confiance : personne
ne sait mieux ce qui est bon pour vous !

16
Chapitre I
Qui a ma
télécommande ?
Qui a ma télécommande ?

de cette manière que nous avons, bien inconsciemment, cédé notre


télécommande. D’autres, plus rares, ont fait l’inverse. Ils ont refusé
de rentrer dans le moule et ont développé une attitude rebelle. Quoi
qu’il en soit, peu importe que nous ayons choisi la voie de la soumis-
sion ou de la rébellion, nous avons tous plus ou moins appris à vivre
en réaction à notre environnement extérieur et non à partir de notre
être profond.

Si cette métaphore peut sembler caricaturale, elle a le mérite d’être


simple et parlante. Lorsque vous ressentirez de la frustration, de la
déception, de la révolte, de la colère ou d’autres émotions négatives,
prenez le temps de vous poser cette question : Qui a ma télécom-
mande ? Peut-être vous aidera-t-elle à identifier les situations où
vous subissez quelque chose et à devenir acteur ?

2. Trois manières de vivre


sa vie :
tr ois niveaux de conscience
Nos cheminements existentiels et notre parcours de formation nous
ont amenés à identifier trois manières de vivre nos expériences de
vie. Trois « postures » en quelque sorte, qui correspondent à trois
niveaux de conscience dans la façon dont nous abordons la vie.

Afin de mieux exposer les enjeux et les finesses de ces trois


manières de nous positionner dans l’existence, nous l’illustrerons
à travers l’exemple ci-dessous, qui sera le fil rouge de ce chapitre.

Catherine vit en couple avec Jean-Luc depuis plus de


vingt-cinq ans. Ils sont parents de trois enfants : Pauline,
Virginie et Thomas, âgés respectivement de douze, neuf
et cinq ans. Catherine a renoncé à son métier d’infirmière
pour s’occuper des enfants et de la maison, tandis que

21
Enfin libre d’être soi-même !

Jean-Luc développe une petite entreprise de travaux de


parachèvement. Depuis quelque temps, Catherine ressent
de la frustration. Elle a l’impression que sa vie se résume
à une succession de tâches routinières au service de sa
famille. Chaque jour, sans relâche, elle enchaîne le ménage,
la cuisine, la gestion des activités des enfants et le suivi
administratif des affaires de Jean-Luc. Bref, Catherine n’a
pas une minute à elle. Elle fait continuellement passer les
autres avant elle et a l’impression que ce qu’elle accomplit
n’a aucune valeur aux yeux de sa famille.

Explorons à présent en détail les trois manières d’aborder la vie, à


travers le prisme de cette courte situation.

a. Premier niveau de conscience : la position de victime


Commençons par imaginer à quoi ressemblerait le dialogue inté-
rieur de Catherine.

Catherine : « Ma vie n’a pas de sens. Je me sacrifie pour


les autres et personne ne se soucie de moi. On dirait que
ce que je fais n’a aucune importance, que c’est normal
et que ça ne mérite même pas un merci ! Jean-Luc, lui,
s’épanouit dans son travail. Il se fiche de mon bien-être.
Tout ce qui compte à ses yeux, c’est que je sois dispo-
nible pour lui et les enfants. J’en ai vraiment marre ! »

Dans cet état d’esprit, Catherine a-t-elle sa télécommande ? La


réponse est « non », vous l’aurez compris. En effet, chaque fois que
nous avons l’impression que les autres sont la cause de notre état
intérieur, des émotions que nous vivons – frustration, stress, colère,
déception, tristesse, joie… –, c’est comme si, inconsciemment, nous
leur avions laissé la télécommande de notre vie. Nous croyons que

22
Qui a ma télécommande ?

le comportement des autres régit notre humeur. S’ils se comportent


selon nos attentes, nous serons satisfaits, apaisés, rassurés, et si
tel n’est pas le cas, nous deviendrons au contraire frustrés, déçus,
contrariés… N’avez-vous pas parfois la désagréable sensation que
ce sont les circonstances extérieures qui font la pluie et le beau
temps dans votre vie ? Notre manière de nous exprimer dans cer-
taines situations en est un excellent révélateur : « Ma femme me
stresse. » ; « Mon patron me met la pression. » ; « Mon fils m’a mis
hors de moi. » Ne parlons pas des très nombreux « “tu” qui tuent »,
autrement dit, des reproches et des critiques faites à l’autre : « Tu te
fiches de moi. » ; « Tu n’es jamais là quand on a besoin de toi. »

Il en va de même pour les jugements (et ils sont nombreux !) que nous
avons à notre égard, qui se traduisent par de la culpabilité. En effet,
ce sentiment nous maintient également dans un statut de victime.
Nous sommes à la fois notre propre bourreau… et aussi notre victime.

Cela vous arrive-t-il d’avoir des jugements sur les autres, sur les
situations et sur vous-même ? D’avoir l’impression de subir les
événements ? C’est plus que probable, puisque cette manière de
vivre les expériences est de loin la plus fréquente ! Elle correspond
en effet à la manière d’aborder la vie, les relations, dont la plupart
d’entre nous avons été les témoins, et ce, depuis notre enfance.
Ce mode de fonctionnement consiste à tenter de déterminer qui
est « coupable » de la situation : les circonstances extérieures, une
personne ou un groupe de personnes, soi-même…

Nous vivons alors la vie comme un rapport de force, comme une


bataille dont la seule issue possible est de déterminer qui est cou-
pable de quoi. Dans ces moments, nous ne sommes plus du tout à la
recherche de solutions gagnantes pour tous et nous nous épuisons.

Christian : « Ayant grandi dans une famille où les conflits


n’avaient pas leur place et où ne pas faire de vagues

23
Enfin libre d’être soi-même !

était un leitmotiv, j’ai bien intégré cette manière de vivre


la relation dans mon couple, entre autres. Ne rien dire,
ou le dire mollement, était ma stratégie prioritaire pour
éviter la confrontation. J’achetais la paix en quelque
sorte. Je ne me rendais pas compte que cela avait un
prix : celui de me conforter dans l’idée que mon avis
n’était pas digne d’intérêt, ne comptait pas. Au lieu de
voir que j’étais prisonnier de mon fonctionnement, soit
j’en voulais à mon épouse de ne pas s’intéresser à mon
point de vue, soit je m’en voulais de ne pas avoir le cou-
rage d’exprimer le mien avec fermeté. En agissant ainsi,
j’évitais les conflits qui me faisaient si peur (peur du
rejet), mais surtout j’entamais encore plus mon estime de
moi, déjà pas bien élevée. En fait, je n’étais pas conscient
que je me rejetais moi-même. »

Nous considérons que, à ce niveau de conscience, nous subissons


notre vie. Nous nous sentons victimes soit des événements, du
jeu des autres, ou encore d’une de nos croyances comme : « Il n’y
a de place que pour les gagnants. » ; « Si je perds, je ne suis pas
quelqu’un de bien. » ; etc. Nous agissons en réaction à la vie et aux
autres, de manière inconsciente.

Ne s’agit-il pas là d’une quête inutile, peu épanouissante et très


inconfortable de surcroît, qui nous place sous la « dépendance »
des circonstances extérieures, et ne laissons-nous pas à ces expé-
riences le pouvoir de décider de notre valeur ? Comme si celle-ci
était conditionnée par ce que nous accomplissons, possédons, ou
encore par nos titres, statuts, etc. Dans ces situations, nous cédons
la télécommande de notre vie et lions notre valeur à des éléments
extérieurs.

Qu’est-ce qui nous pousse à adopter de tels comportements,


alors qu’ils ne sont guère satisfaisants ni efficaces ? Si je réagis à
une situation, c’est inévitablement parce que j’y perçois un enjeu

24
Qui a ma télécommande ?

(inconscient). S’il n’y en avait pas, je n’aurais aucune raison de


réagir. En réalité, nous évoluons dans un monde où tout semble
binaire, dans une culture où nous avons appris, dès notre plus
jeune âge, à appréhender la vie à travers le prisme de la dualité : le
bien versus le mal, le succès versus l’échec, l’authenticité versus le
mensonge, l’égoïsme versus l’altruisme, etc. Comme si deux forces
s’opposaient en permanence, à chaque instant de notre existence,
l’une positive et l’autre négative. Pas étonnant dès lors que chacun
d’entre nous déploie une énergie considérable à tenter, entre ces
deux options, de faire sa place dans la lumière plutôt que « du côté
obscur de la force » !

Si nous campons avec une telle obstination sur nos positions


lorsque nous sommes en désaccord, c’est précisément parce que
nous redoutons par-dessus tout d’être perçus par les autres, ou pire
encore, de nous percevoir nous-mêmes comme celui ou celle qui
a échoué, qui a tort ou qui a mal fait, qui n’est pas assez bien. Et si
cette sentence nous paraît tellement insupportable, c’est parce que
derrière ce verdict se cache une de nos peurs les plus viscérales,
celle de ne pas être digne d’amour ! Certains d’entre nous ont en
effet développé la croyance que, pour être aimé, il faut être fort,
réussir, se montrer parfaits et irréprochables. Ils portent en eux des
convictions telles que : « Si je n’ai pas le dernier mot, je suis faible ! » ;
« Les parents doivent toujours avoir le dessus sur leurs enfants. » ;
« Pour que ma femme m’aime, je dois réussir ce que j’entreprends ! »
Qu’exigez-vous de vous-même, que ce soit dans vos relations, au
travail, dans vos loisirs… ?

D’autres ont plutôt intégré la conviction qu’il faut se conformer,


correspondre à ce que les autres attendent d’eux, être gentils, polis,
altruistes, généreux, honnêtes… et ont développé des comporte-
ments comme s’écraser pour être aimé, éviter le conflit à tout prix
et acheter la paix.

Revenons quelques instants à notre fil rouge.

25

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