Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Dans l'islam chiite, des érudits comme Mahmoud Taleghani et Mohammad Baqir al-Sadr ont
développé une économie islamique qui recherche l'augmentation du niveau de vie des
populations démunies. Cela passe par une intervention de l'État dans les domaines de l'équitable
accès aux soins et dans la garantie que les intervenants du marché soient rémunérés en juste
proportion de leur exposition au risque et/ou de leur fiabilité.
Sommaire
[masquer]
1Histoire
o 1.1Économie dans l'islam primitif
o 1.2Pensée économique islamique classique
o 1.3Économie au temps du califat
o 1.4Période post-coloniale
1.4.1La pensée de Sayyid Abul-Ala Mawdudi (1903-79)
1.4.2Autres penseurs islamiques
1.4.3Al-Sadr et l'économie islamique
o 1.5Approche classique
o 1.6Approche contemporaine de Mohammad Umar Chapra
o 1.7Critiques de Timur Kuran
2La propriété
o 2.1La propriété publique
o 2.2La propriété de l'État
o 2.3La propriété privée
3Le marché
o 3.1Ingérences
4Politique fiscale et monétaire
o 4.1Situation établie
o 4.2Situation de transition
5Le système bancaire
o 5.1L'intérêt
o 5.2Les dettes
o 5.3L'investissement par actions
o 5.4Les changeurs de monnaie
6Le capital naturel
7La solidarité au sein de la société
8Les actions islamiques
9La modélisation économique
10Poids dans la finance mondiale
11Dépôts possible de brevets
12Critiques de la doctrine économique islamique
13Voir aussi
o 13.1Articles connexes
o 13.2Liens externes
o 13.3Bibliographie
14Références
Histoire[modifier | modifier le code]
Voici les principaux concepts islamiques en lien au monde économique :
zakat : la taxation de certains biens, comme les récoltes, pour redistribuer l'argent à des
fins définies explicitement, telles que l'aide aux démunis.
gharar : l'interdiction du hasard : en présence d'éléments d'incertitude, il faut établir un
contrat (qui n'exclut pas seulement un système d'assurance, mais aussi le prêt d'argent sans
participation dans les risques).
ribâ : équivalent de l'usure. Les économistes islamiques modernes sont d'accord pour
dire que ça ne correspond pas seulement à l'usure mais à toutes sortes d'intérêts).
L'érudit musulman le plus connu qui étudia l'économie fut sans doute Ibn Khaldoun (1332-1406).
Il est considéré comme le père de l'économie islamique moderne. Ibn Khaldoun étudia
l'économie et la théorie politique dans l'introduction ou Muqaddimah (Prolegomena) de
son Histoire du Monde (Kitab al-Ibar). Dans ce livre, il analyse l'asabiyya (cohésion sociale), qu'il
situe comme la cause de la prospérité ou de la décrépitude des civilisations. Ibn Khaldoun eut
l'intuition que de nombreuses forces sociales étaient cycliques et qu'il peut y avoir soudain des
renversements aigus qui modifient profondément l'organisation des sociétés.
Il développa une théorie sur les bénéfices de la division du travail, liée aussi à l'asabiyya,
la cohésion sociale optimale : plus une division du travail est complexe, meilleure est
la croissance économique. Il observa que la croissance et le développement stimulent à la
fois l'offre et la demande, et que les forces de l'offre et de la demande déterminent les prix des
biens. Il observa aussi les forces macro-économiques de la croissance de la population, du
développement du capital humain et des effets du développement technologique sur
le développement économique. En fait, Ibn Khaldoun pensait que la croissance de la population
était une fonction directe de la richesse.
Parmi les autres érudits majeurs des premiers siècles de l'islam, on trouve Abu Hanifah, Abu
Yusuf (745-798), Ishaq bin Ali al-Rahwi (854–931), al-Farabi (873–950), Qabus (? -1012), Ibn
Sina (Avicenne) (980–1037), Ibn Miskawayh (1030- ?), al-Ghazali (1058–1111), al-
Mawardi (1075–1158), Nasīr al-Dīn al-Tūsī (1201–1274), Ibn Taimiyah (1263–1328) et al-Maqrizi.
Économie au temps du califat[modifier | modifier le code]
À l'époque de la révolution agricole arabe, une transformation sociale eut lieu en conséquence du
changement de la politique de propriété des terres : toute personne, quels que soient son sexe,
son ethnie ou sa religion, eut le droit de vendre, d'acheter, d'hériter et d'hypothéquer une terre.
Selon le Coran, des signatures étaient requises pour les contrats portant sur des transactions
financières majeures sur agriculture, l'industrie, le commerce et l'emploi. Une copie du contrat
était normalement conservé par chaque partie.
Les concepts d'aide sociale et de pension existèrent très tôt dans la loi islamique comme formes
de la zakat, l'un des cinq piliers de l'islam, depuis l'époque du califeRashidun Umar au XIIe siècle.
les taxes (dont la zakat et la Jizya) collectées pour le trésor (Bayt al-mal) du gouvernement
islamique étaient utilisées pour apporter des revenus aux démunis : les pauvres, les personnes
âgées, les orphelins, les veuves, et les handicapés. Selon le juriste islamique Al Ghazali (Algazel
1058-1111), le gouvernement avoir aussi la responsabilité de stocker des denrées alimentaires
dans toutes les provinces en cas de désastre ou de famine. Pour cette raison, le califat fut
considéré comme l'un des premiers États assumant l'aide sociale.
Période post-coloniale[modifier | modifier le code]
Pendant la période post-coloniale et moderne, les idées de l'occident commencèrent à avoir une
influence sur le monde musulman, y compris dans le domaine économique. Des écrivains
musulmans cherchèrent à élaborer un système de règles économiques. Du fait que l'islam n'est
pas simplement une spiritualité religieuse mais un système complet de société, ces auteurs en
venaient à penser que l'islam devait aussi avoir son propre système économique, un système
unique et supérieur aux systèmes non musulmans. À ce jour cependant, il n'y a pas de
consensus au sein de la communauté musulmane sur une définition méthodologique de
l'économie islamique.
Il fut le spectateur du déclin de la pensée musulmane et de ses traditions dans une Inde
contrôlée par les élites anglaises. La minorité musulmane (plus d'1/5ème de la population de
l'Inde des années 1930) cherchait alors à reconstruire son identité devant l'accroissement de
l'influence occidentale. En effet, l'accès aux postes importants de la société était grandement
conditionné par la maîtrise à la fois de la langue anglaise mais également des façons de pensée
et d'agir occidentales. De plus, une partie de la minorité musulmane développa la peur d'une
domination Hindou de la société qui leur serait hostile et discriminante; peur alimentée par les
écrits d'auteurs exacerbant le nationalisme Indien2., et par le sur-endettement touchant alors les
agriculteurs musulmans auprès des prêteurs Hindous, les mettant en position de faiblesse3.
Ces tensions et craintes amenèrent une partie des penseurs musulmans à prôner la création d'un
État Pakistanais regroupant la minorité musulmane.
Mawdudi préconise donc un "mode de vie musulman" englobant les domaines clés de la vie en
société : la politique ("islam politique"), le droit ("constitution islamique") et l'économie ("économie
islamique").
L'Économie Islamique prônée par Mawdudi recherche donc avant tout à restaurer la place de
l'islam dans le mode de vie des croyants. Toutes les actions économiques des croyants doivent
se faire en suivant les préceptes du Coran. Dans ce domaines, ses préconisations reprennent les
thèmes principaux de l'économie islamique : le zakat, l'absence d'intérêt, le bannissement des
jeux de hasards etc.
Cependant, la vision de Muwdadi n'a jamais voulu fonder une économie islamique scientifique
mais un instrument de renforcement de l'Islam se basant sur les prédications du Coran. Les
préceptes de l'Économie Islamique écrits dans le Saint Livre sont justifiés par nature et non par la
réflexion humaine. Ce statut particulier est essentiel à souligner pour analyser et comprendre
l'économie islamique.
Dans leurs travaux, al-Sadr et ces autres auteurs "cherchent à dépeindre l'islam comme une
religion engagée dans la justice sociale, l'équité dans l'accès aux soins et la défense des classes
défavorisées", avec des doctrines acceptables par les juristes islamiques. Ils réfutent les théories
non islamiques du capitalisme et dumarxisme. Cette version de l'économie islamique eut une
influence sur la révolution iranienne. Elle encourageait la propriété privée de la terre et des
entreprises industrielles fortes, alors que l'activité d'économie privée continuait dans des limites
raisonnables. Ces idées modelèrent le secteur public et les politiques de subventions publiques
lors de la révolution iranienne8.
Mais dans d'autres parties du monde musulman, le concept d'économie islamique continue à être
utilisé sous la forme moins ambitieuse de système bancaire évitant le recours à l'intérêt. Des
banquiers musulmans et des chefs religieux suggèrent des moyens d'intégrer la loi islamique
dans l'utilisation de l'argent avec le concept moderne d'investissement éthique9. Dans la banque,
cela est fait grâce à l'utilisation de transactions bancaires pour atteindre des résultats similaires
aux système de l'intérêt. Ces pratiques sont critiquées avec virulence par de nombreux écrivains
moderne comme un moyen de recouvrir un système bancaire classique d'un vernis d'économie
islamique.
Approche classique[modifier | modifier le code]
Alors que la plupart des musulmans considèrent que la loi islamique comme parfaite en raison de
son origine divine, la loi islamique dans les domaines économiques n'est pas "économique" dans
le sens d'une étude systématique de la production, de la distribution et de la consommation de
biens et de services. Un exemple de l'approche islamique traditionnelle des oulémas dans les
questions économiques est le travail de l'imam Khomeini, Tawzii al-masa'il, où le terme économie
n'apparaît pas et où le chapitre sur l'achat et la vente (Kharid o forush) vient après un chapitre sur
le pèlerinage. Comme l'indique Olivier Roy, ce travail "présente les questions économiques
comme des actes individuels susceptibles d'une analyse morale : «prêter sans intérêt fait partie
des bonnes œuvres qui sont particulièrement recommandées dans les versets du Coran et de la
tradition.»"10
Approche contemporaine de Mohammad Umar Chapra[modifier | modifier le
code]
Mohammad Umar Chapra est l'un des principaux défenseurs contemporain de l'économie
islamique11.
Dans son article What is Islamic Economics?12 M. U. Chapra explique que « L’objet de toute
économie, qu’elle soit conventionnelle ou islamique, est l’affectation et la distribution de
ressources limitées qui permettent des utilisations illimitées". Comme toute économie, l'économie
islamique vise donc à gérer la rareté des ressources, sa différence étant sur les moyens mis en
œuvre à cette fin. Faisant un bilan de ce qu'il qualifie "d'échec" de l'économie conventionnelle, il
propose des objectifs normatifs qui sont « le dérivé de la croyance dans la fraternité humaine, qui
est à son tour le dérivé d’une conception religieuse de l’univers qui met l’accent sur le rôle de la
croyance en Dieu, la responsabilité des êtres humains devant Lui, et les valeurs morales dans
l’affectation et la répartition des ressources. » Ainsi, ces objectifs découlent avant tout d'une
conception religieuse de la vie en société. Chapra dénonce en ce sens « le résultat du Siècle des
Lumières dont la conception du monde est foncièrement profane ».
Il établit alors que « L’économie islamique est fondée sur un paradigme dont l’objectif primordial
est la justice socio-économique. Cet objectif prendra racine dans la croyance que les êtres
humains sont les lieutenants du Dieu Unique, qui est le Créateur de l’Univers et de tout ce qu’il
comporte. Ils sont frères entre eux et toutes les ressources à leur disposition leur ont été confiées
par Lui en vue de leur utilisation de façon juste pour le bien-être de tous, sans exception. » C'est
donc une conception différente du bien-être qui est mise en avant dans l'économie Islamique :
« A la différence du paradigme séculier du marché, le bien-être humain ne dépend pas
essentiellement de la maximisation de la richesse et de la consommation. Il exige une
satisfaction équilibrée des besoins tant matériels que spirituels de la personnalité humaine. »
L'idée que le bien-être n'est pas atteint par des objectifs matériels n'est cependant pas propre à
l'économie Islamique, étant un principe que l'on retrouve tant chez les marxistes que chez les
penseurs grecs puis chrétiens et plus récemment chez les écologistes.
Chapra souligne cependant que l'Islam ne condamne pas l'enrichissement personnel, qu'il
valorise même : « Travailler dur pour assurer son propre bien-être (…) est aussi spirituel que
l’acte de prières pourvu que l’effort matériel soit guidé par les valeurs morales. » Cependant, des
valeurs morales doivent être intégrées pour assurer l'accomplissement spirituel de l'individu.
Alors que l’économie conventionnelle a un « paradigme du système de marché [qui] présume
que le comportement égoïste sur un marché concurrentiel servirait l’intérêt social », l’économie
islamique a un « paradigme qui présume que le comportement individuel orienté vers la moralité
(…) contribuerait à la réalisation de la justice socio-économique et du bien-être humain général. »
Pour M.U. Chapra, l'Économie Islamique ne rejette donc pas le matériel mais l'oriente à travers
une certaine conception morale de la société. La question principale est donc de savoir comment
promouvoir ce comportement moral chez l'individu. Pour Chapra, cela ne doit pas se faire "par la
coercition et la discipline excessive. [L'Islam] essaie plutôt de créer un environnement favorable à
travers une structure sociale fondée sur les valeurs morales, un système de motivation efficace et
une réforme socio-économique. Il insiste également sur la création d’institutions adéquates et
l’attribution au gouvernement d’un rôle efficace et orienté vers les objectifs. »
Cependant, ses critiques argueront du flou de cette mise en œuvre mais aussi des risques de
dérives théocratiques d'un tel programme.
Critiques de Timur Kuran[modifier | modifier le code]
L'économiste Timur Kuran est le critique principal de l'économie islamique. Dans son livre Islam
& Mammon 13 publiée en 2005 par l'université de Princeton (États-Unis) et qui reprend ses articles
de recherche principaux sur le sujet, il réalise six grandes critiques de l'Économie Islamique.
La première proposition fondatrice de l'économie islamique est l'échec des systèmes précédents.
Timur Kuran interroge cette affirmation de Chapra. Il soulève par exemple que les pays
capitalistes sont les plus riches au monde en termes de PIB, avec le moins d'Inégalités de
revenu, et la meilleure espérance de vie et taux d'alphabétisation.
La seconde proposition est que l'Histoire du début de l'Islam, L'Âge d'or islamique, prouverait la
supériorité du système économique islamique sur tout autre. Kuran réalise plusieurs critiques
face à cette affirmation. Tout d'abord que sa vertu s'est accompagnée de l'assassinat de trois de
ses quatre califes; ensuite que les conditions de vie y étaient bien inférieures à celles
contemporaines; que des périodes suivantes ont été plus prospères (le califat abbasside,
l’Espagne musulmane, l’Iran Sassanides, l’Empire ottoman, l’Inde moghole), ce qui contredit le
besoin de revenir à l'Âge d'Or.
Kuran souligne que l'Économie Islamique est un concept récent et non fondé sur une tradition de
longue date. Si les sources musulmanes contiennent bien des prescriptions économiques, aucun
système économique n'y est présent. Kuran rappelle que ce concept tout comme sa tradition ont
été inventés dans les années 1940 par le penseur Sayyid Abul Ala Maududi. Il souligne
également que nombre de concept islamiques sont en fait partagés par l'économie classique : le
partage des pertes et profits est à la base de l'actionnariat ou encore de la Joint-Venture;
la Zakât, ou aumône légale musulmane, applique un principe redistributif classique de la fiscalité.
Kuran défend également que l'Économie Islamique est inappliquée, et cela même dans son
domaine de prédilection, la finance islamique, où les instruments les plus utilisés sont ceux
copiant le prêt à intérêt et non le partage des pertes et des profits (cf. infra). Un constat repris par
Chong et Liu (2009) 14 pour la Malaisie, où la mudaraba représente 0,1% des financements des
banques islamiques, la musharaka : 0,4%, la murabaha : 57%, et l'ijara : 24%. Ainsi, au sens de
Kuran, seuls 0,5% des techniques financières consistent en des financement spécifiquement
islamiques. Au contraire, la finance islamique serait très proche de la finance conventionnelle, et
donc inappliquée.
Kuran critique notamment la Zakat. Il souligne que son taux d'imposition (de 2,5% à 20%) est
faible comparativement aux standards des pays capitalistes. Son assiette est également limitée,
puisqu'elle porte sur des éléments d'une économie traditionnelle et non moderne. Enfin, il
souligne que, même appliquée, la zakat n'a pas d'effet notoire. Ainsi, les pays qui la pratique
n'ont pas de plus faibles inégalités de revenu.
La critique majeure de Timur Kuran est sur les risques économiques que pourrait entrainer la
mise en place d'une économie islamique. Le Rapport du PNUD sur le développement humain
dans le monde arabe [archive] recense trois freins au développement économique du monde
Arabe : un déficit de liberté, un déficit de participation des femmes et un déficit de savoir. Or
l'économie islamique n'affronte aucun de ces problèmes. Pour Kuran, elle détourne même des
réformes nécessaires à combler le retard économique du monde Arabe, considérant que « les
économistes islamistes contribuent au désespoir social ». En sorte, l'Économie Islamique est
pour Kuran une tradition inventée, sans réelle spécificité et pouvant s'avérer néfaste au
développement économique des pays musulmans.
Quel que soit le débat entre les tenants et les critiques de l'Économie Islamique, une branche
principale de celle-ci s'est fortement développée depuis les années 1990 : la finance islamique.
La propriété[modifier | modifier le code]
Le Coran dit qu'Allah est le seul propriétaire de tout ce qui est dans le ciel et sur la terre.
L'homme, cependant, est l'intendant d'Allah sur la terre, et il est responsable devant Allah de ce
qui lui est confié (amana).Les juristes islamiques ont divisé en trois catégories la notion de
propriété :
* la propriété publique
* la propriété de l'État
* la propriété privée
Les économistes islamiques ont classifié l'acquisition de la propriété prouvée en trois catégories :
involontaire, contractuelle ou non contractuelle. Une acquisition involontaire signifie que l'individu
a bénéficié d'un héritage, d'un legs ou d'un cadeau. Une acquisition non contractuelle est une
acquisition du type de la collecte ou de l'exploitation de ressources naturelles qui n'ont pas
auparavant été propriétés privées. Une acquisition contractuelle inclut des activités telles que le
commerce, l'achat, la location, l'embauche, ... Un élément de la tradition relative à Mahomet est
partagé à la fois par les juristes chiites et sunnites : dans le cas où le droit à la propriété privée
lèse d'autres individus, l'Islam résout le conflit par une réduction du droit à la propriété privée. Les
juristes malékites et hanbalites avancent que si la propriété privée met en danger l'intérêt public,
l'État peut limiter en quantité la propriété privée d'un individu. Ce point est toutefois débattu dans
les autres écoles de droit islamique.
Le marché[modifier | modifier le code]
L'islam accepte le marché comme la base d'un mécanisme coordonné de système économique.
L'enseignement islamique affirme que le marché, par une compétition optimale, permet
aux consommateurs d'obtenir les biens qu'ils désirent et aux producteurs de vendre leurs
produits, le tout selon un prix acceptable par les deux parties.
Les trois conditions nécessaires pour un marché opérationnel semblent respectées par les
sources islamiques primitives :
L'islam interdit la fixation du prix par un groupe d'acheteurs ou de vendeurs qui dominent le
marché. À l'époque de Mahomet, un petit groupe de marchands avaient l'habitude de rencontrer
les producteurs agricoles hors de la ville et achetaient la récolte entière, obtenant ainsi
le monopole du marché. Les produits étaient ensuite vendus à un prix plus élevés dans la ville.
Mahomet a condamné cette pratique car cela causait du tort à la fois aux producteurs (ils
devaient vendre leurs produits à un prix plus bas à cause de l'absence de clients nombreux) et
aux habitants de Médine.
Les faits rapportés ci-dessus permettent aussi de justifier l'argument que le marché islamique se
caractérise par une information libre. Les producteurs et les consommateurs ne doivent pas être
privés d'informations sur les conditions de l'offre et de la demande. Les producteurs doivent
informer les consommateurs de la qualité et de la quantité des biens qu'ils prétendent vendre.
Certains érudits affirment que si un acheteur est escroqué par le vendeur, l'acheteur peut annuler
la transaction au motif que la vente n'a pas respecté des conditions juste. Le Coran interdit
également les moyens de transaction discriminatoires.
L'expansion de la masse monétaire est indexée directement à la population plutôt que par
l'intermédiaire du système bancaire pour éviter un bénéfice injuste du système bancaire aux
dépens de la population. La dérive régulière, les conflits d'intérêt et l'ingérence politique sont
évités par l'indépendance du système bancaire et de l'autorité statistique.
Situation de transition[modifier | modifier le code]
Une transition graduelle est préférée à un changement brusque, selon le principe d'un état de
transition similaire à l'état de transition du communisme. La déficience des banques, des
augmentations décalées des taux de réserve sont considérés comme préférables, selon une
approche graduelle du système général de régulation.
Du point de vue historique, le riba est cependant une forme d'intérêt spécifique; celle-ci date de
l'époque pré-islamique et a un fonctionnement tout particulier : en cas de défaut de paiement de
l'emprunteur, celui-ci doit rembourser au prêteur le double de son emprunt initial, en guise de
sanction du non-paiement. Cet intérêt est donc largement favorable au prêteur et peut mettre
l'emprunteur dans des difficultés considérables. À l'époque du prophète, le développement du
riba créait des situations de quasi-esclavage des emprunteurs n'ayant pu rembourser. C'est cette
forme inique d'intérêt que le prophète visait en tout premier lieu à l'interdire, c'est-à-dire, ainsi que
l'établit le Coran, le riba15.
Aujourd'hui néanmoins, la plupart des économistes islamiques s'accordent pour considérer que
l'intérêt en général est ainsi prohibé.
Ce modèle a pour but de supprimer le principe de banque fondée sur l'intérêt et de remplacer les
inefficacités du marché telles que le subventionnement des prêts pour les investissements avec
partage des bénéfices. Ce subventionnement cause une double taxation et restreint les
investissements sur fonds propres.
Les changeurs de monnaie[modifier | modifier le code]
En raison des sanctions religieuses à l'encontre de l'endettement, les musulmans tamouls ont
historiquement été des changeurs de monnaies (et non des prêteurs d'argent) dans tout le sud et
le sud-est asiatique.
En 2004 fut créée en Grande-Bretagne la première banque en accord avec la charia : la Islamic
Bank of Britain. Plusieurs banques proposent à leur clients des produits et des services fondés
sur les principes de la finance islamique : la mudaraba, la murabaha, la musharaka et le qard.
Le secteur de la finance islamique a concerné en septembre 2006 entre 300 et 500 milliards de
dollars (237 à 394 milliards d'euros), contre 200 milliards en 2004. Le nombre de banques de
retrait et de fonds d'investissement islamiques se compte par centaines, et de nombreuses
institutions financières occidentales proposent des produits en accord avec la charia,
comme Citigroup, Deutsche Bank, HSBC, Llyods TSb et UBS. En 2008, au moins 500 milliards
de dollars d'actifs ont été gérés en accord avec la charia dans le monde. Ce secteur croît de plus
de 10 % par an. La finance islamique cherche à promouvoir la justice sociale en éliminant les
pratiques d'exploitation. Concrètement, cela se ramène à un ensemble d'interdictions : le
paiement d'intérêts, les jeux d'argent et les entreprises de pornographie ou de l'industrie du porc.
"Dans le contexte politique et régional où les islamistes et les oulémas émettent un avis sur tout,
il est frappant de voir combien ils ont peu à dire sur cette question essentielle des activités
humaines, au-delà de leurs prêches répétitifs comme quoi ce modèle n'est ni capitaliste,
ni socialiste"18.
L'économiste Timur Kuran (cf. supra) a estimé dans le livre Islam and Mammon que l'économie
islamique échoue dans sa tentative d'apporter des solutions aux problèmes de l'économie
capitaliste19.
Par ailleurs, une étude de Sohrab Behada affirme que le système proposé par l'islam est
essentiellement un système capitaliste.
Ibn Khaldun,
Muhammad Taqi Uthmani,
Fiqh,
Philosophie islamique,
Finance islamique,
Sukuk (obligation islamique).
Liens externes[modifier | modifier le code]
Kitab Al-Amoual, le Livre des richesses monétaires, de Abi Ubaid Al-qassim Ibn Salam,
Kitab al-Kharaj, le Livre des impôts20, de Abu Yûsûf (735-795),
al-Kharaj, les Impôts, de Yahia ibn Adam,
Al-Hisba, de Ibn Tamiyya (1263-1328),
la Muqaddima, d'Ibn Khaldoun (1332-1406),
'al-Ishara Ila Ma'hassin At-Tijara, les Mérites du commerce, d'Al-Dimachqi.
Références[modifier | modifier le code]
1. ↑ Pour une analyse détaillée, voir Timur Kuran, Islam dan Mammon, Chapitre 4 "Genèse de l'Économie
Islamique"
2. ↑ voir : Aziz (1967) Nagarkar (1975)
3. ↑ Darling, 1947
4. ↑ Pour les discours de Mawdudi, voir Mawdudi (1939/76),(1940/1990), (1941/1976) et (1948/1950)
5. ↑ Néanmoins, Mawdudi concrétisa ensuite sa pensée au Pakistan à travers son "Parti de l'Islam",
amorçant la transition vers un régime pakistanais islamique
6. ↑ Pour les citations de Muwdadi, Ibidem
7. ↑ a et b (en) [PDF] Vague révolutionnaire et mort tranquille de l'économie islamique en Iran [archive]
8. ↑ La production de richesses dans l'économie islamique [archive]
9. ↑ «L'économie islamique peut être un levier de l'économie mondiale» [archive], du cheikh Abdullah Bin
Bayyah
10. ↑ (en) The Failure of Political Islam, de Roy, Harvard University Press, 1994, p.133
11. ↑ http://www.irti.org/English/Research/Documents/IES/111.pdf [archive] Chapra, M. Umer, 2001, Islamic
Economic Thought and the New Global Economy, Islamic Economic Studies 9, 2.
12. ↑ http://www.irtipms.org/PubText/66.pdf [archive] Chapra, Muhammad Umer, 1996, What Is Islamic
Economics?. Vol. 9 (Islamic Development Bank, Islamic Research and Training Institute)
13. ↑ http://press.princeton.edu/titles/7731.html [archive]
14. ↑ Chong, Beng Soon, and Ming-Hua Liu, 2009, Islamic banking: Interest-free or interest-based?, Pacific-
Basin Finance Journal 17, 125–144.
15. ↑ Timur Kuran, Islam and Mammon, 2005
16. ↑ (en) Timor Kuran, « The Economic Impact of Islamic Fundamentalism», dans Marty et
Appleby Fundamentalisms and the State, Presse de l'Université de Chicago, 1993, p.302-41
17. ↑ (en) « The Discontents of Islamic Economic Mortality », de Timur Kuran, American Economic
Review, 1996, p.438-442
18. ↑ a et b (en) Fred Halliday, 100 Myths about the Middle East, Saqi Books, 2005 p.89
19. ↑ article de Daniel Pipes [archive] traduit en Français
20. ↑ traduction française : Le Livre de l'impôt foncier, de Edmond Fagnan, 1921, Librairie orientaliste Paul
Gautner, Paris.