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L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

L'impact des banques participatives sur les PME au


Maroc

Remerciements
En préambule à ce projet, je souhaite adresser mes remerciements les plus
sincères aux personnes qui m’ont apporté leur aide et qui ont contribué à l’élaboration
de ce travail ainsi qu’à la réussite de ce projet de fin d’études.

A cette occasion j’exprime ma profonde gratitude à mon cher professeur et


encadrant Mr NEJJARI Mohamed pour son suivi et pour énorme soutien, qu’il n’a
cessé de nous prodiguer tout au long de la période du projet.

Je tiens à remercier également Mr FAIÇAL professeur à ENSAM Meknès pour


son soutien et pour son aide.

Je termine par un remerciement spécial à mes parent et frère pour leur soutien
moral et financer durant ces nombreuses années d’études.

Un remerciement particulier aux membres du jury pour avoir accepté de juger ce


travail et de me faire profiter de leurs remarques et conseils.
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

PLAN
Introduction générale
Chapitre I : Principe cardinaux de la finance participative
Section 1 : Apparition et principe de la finance participative
Section 2 : Produits clés de la finance participative comparaison avec leurs
équivalents conventionnels.
Chapitre II : PME Marocaines face aux produits de la finance participative
Section 1 : Généralités sur la PME Marocaine
Section 2 : La finance participative une nouvelle voie de financement pour les
PME
Chapitre III : Modes de financement participatif et les stratégies des banques
participatives
Section I : Quelle leçon tirer de la pratique bancaire islamique
Section II : Les stratégies des banques participatives
Conclusion générale
Bibliographie
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

Introduction générale
Le développement de l’économie du Maroc se base majoritairement sur le
rendement des petites et moyennes entreprises, puisque celles-ci représentent 95% du
tissu économique marocain selon les statistiques de la confédération de la PME.
Elles sont souvent considérées comme un des facteurs indispensables à la
croissance économique et à la promotion de l’emploi et au partage des richesses.
Certes, elles nécessitent des fonds pour lancer leur activité et pour l’améliorer.
Toutefois, les moyens de financement de ces PME sont limités, elles
souffrent des complications financières provenant du manque des fonds propres et des
risques qui les accompagnent pendant leur développement. En effet, les PME sont
éprouvées par leur asymétrie informationnelle entre leurs dirigeants et
l’établissement de financement ce qui explique le comportement caractérisé d’une
pusillanimité des banques classiques envers le financement des entreprises de petite
et moyenne dimension (Psyllaki, 1995).
De ce fait, les PME cherchent des instruments de financement plus adéquats en
termes de gestion de risque et de renforcement de leur liquidité. Et c’est l’un des
avantages des banques participatives qui ont comme principe, la prise de participation
et le partage des gains et des pertes.
La thématique adoptée pour notre travail relie les deux variables, « La
banque participative » et « la PME » et montre les apports de ce mode sur le
financement des petites et moyennes entreprises à l’échelle nationale. Elle est
originale puisque, d’une part, la finance participative est introduite dans la loi
bancaire marocaine récemment, et d’autre part, l’analyse de l’impact de la banque
participative sur le financement des PME marocaines n’aurait pas encore été débattue.
Cet article permet la présentation des diverses réflexions théoriques sur les
PME, la problématique de leur financement par les banques classiques et sur la
finance participative comme étant un nouveau souffle pour le développement des
PME et la croissance économique du pays.
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

Notre contribution vise à répondre à la question principale suivante : Quel est


l’impact des banques participatives sur le financement des PME?
Pour répondre à cette problématique : Nous allons voir dans le première chapitre
les principes cardinaux de la finance participative puis dans le deuxième nous
analyserons PME Marocaines face aux produits de la finance participative. Enfin, nous
introduirons les Modes de financement participatif et les stratégies des banques
participatives
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

Chapitre I : Principe cardinaux de la finance


participative
La banque participative intervient directement dans les différentes opérations dans
lesquelles elle « participe » ou elle « finance ». La rémunération à percevoir dépend de
la nature de son intervention dans l’opération : copropriétaire, locataire, commerçant,
etc. Ce mode de fonctionnement est justifié par le rôle attribué à la monnaie dans
l’Islam ; la monnaie n’est qu’un moyen d’échange et non objet de transaction1. Les
règles auxquelles obéissent les banques islamiques se présentent comme suit :
- l’interdiction du riba ;
- l’interdiction du gharar ;
- l’interdiction de la thésaurisation ;
- La spéculation (Maisir) et le Qimar ;
- les autres interdictions ;
Ainsi, les banques islamiques doivent offrir ses produits et ses services tout en
respectant les contraintes imposées par la gouvernance des banques conventionnelles
et les principes édictés par la chariaa. Les principaux produits bancaires islamiques
peuvent se présenter selon qu’il s’agit d’un contrat de société, d’un contrat de vente ou
d’une opération sans contrepartie. La Moudaraba et la Moucharaka constituent des
contrats de société. Dans ce cadre, la banque intervient entant que copropriétaire et sa
rémunération est liée à son apport au financement du projet (principe de partage de
perte et profit). La Mourabaha, le salam, l’Ijar, l’Istisnaa constituent des contrats de
vente basés sur l’application d’une marge bénéficiaire et sur l’adossement du
financement à un actif réel. Il s’agit d’une prestation de commercialisation (la
Moudoraba), de location de biens préalablement acquis par elle (l’Ijar), d’achat/vente
immédiat de biens et services avec règlement/livraison dissociés (Salam) et de
fabrication/construction de biens meubles ou immeubles par ses soins ou par des tiers

1
: Selon un Hadith, fréquemment cité, le Prophète aurait interdit l’échange en quantités inégales de l’or,
de l’argent, du blé, de l’orge, des dattes et du sel (« or pour or, argent pour argent, etc. »), ce qui a largement
été interprété comme une interdiction du prêt à intérêt lui-même (Schacht, 1994).
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(l’Istisnaa). Alqard-hassan constitue un prêt islamique sans contrepartie. C’est un


contrat non rémunéré, effectué dans un but humanitaire ou de bienfaisance. Les
modalités de remboursement sont prévues par les parties au moment de l’octroi du
prêt.
Section 1 : Apparition et principe de la finance participative
1-1 : Apparition de la finance participative au Maroc
La finance participative n’a été, en effet introduit au Maroc qu’à partir de 2007
année ou Bank AL Maghrib (banque centrale marocaine) a adressé aux établissements
de crédit une recommandation les autorisant à commercialiser trois produits financiers
islamique (Mourabaha, Ijara et Moucharaka) appelés timidement « instruments
financiers alternatifs ». La banque centrale avait justifié cette initiative par la nécessite
de diversifier l’offre de produits et services financiers afin de répondre à des besoins
de la population jusqu’au là non satisfaits.
Le 2 janvier de 2017 était un grand jour. C’est à cette date que Bank Al-Maghrib a
publié un communiqué de presse dans lequel elle révèle la liste des premières banques
autorisées à exercer l’activité de banque participative.
Cinq banques ; Il s’agit de CIH Bank, de BMCE Bank, de la Banque Centrale
Populaire, du Crédit Agricole du Maroc et d’Attijariwafa Bank. Suite à cette
autorisation, qui fut suivie par des agréments publiés au Bulletin officiel, CIH dispose
d’une filiale participative baptisée Umnia Bank en partenariat avec la Qatar
International Islamic Bank et la CDG. CIH détient 40% du capital, QIIB 40% et CDG
20%. BMCE Bank of Africa pour sa part a lancé conjointement avec le groupe
saoudi/bahreini Dalla Al Baraka, une filiale appelée Bank Al Tamwil wal Inmaa.
BMCE détient 51% du capital de ladite filiale contre 49% par ABG. De son côté, la
Banque Centrale Populaire s’est alliée au groupe saoudien Guidance (société
financière spécialisée dans le financement immobilier) pour créer Bank Al Yousr. BCP
y détient 80% contre 20% pour Guidance Financial Group. Le Crédit Agricole du
Maroc s’est allié à l’Islamic Corporation for the Development of the Private Sector
«ICD», filiale de la Banque Islamique de Développement «BID» pour lancer Al
Akhdar Bank. Crédit Agricole du Maroc y détient 51% tandis qu’ICD a une part de
49%. Attijariwafa Bank quant à elle a décidé d’y aller toute seule, capitalisant sur
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l’expérience de sa filiale société de financement dédié aux produits alternatifs, Dar


Assafa, en la transformant en banque, baptisée Bank Assafa
1-2 : Principe de la finance participative.
1-2-1 : Interdiction de Riba (intérêt et/ou usure)
Le riba12 est le péché cardinal dans le droit islamique. La littérature le compare au
meurtre, à la fornication et à l’idolâtrie. Sa signification littérale est « accroissement ».
On assimile souvent le riba à la proscription de l’intérêt. En réalité, la notion est
beaucoup plus large : le riba ne se limite pas « au prêt à intérêt mais à toute prestation
de sommes d’argent ou de choses fongibles dues par une personne à une autre
engendrant un profit réalisé par l’une des parties sans contrepartie2 3 ». L’intérêt
consiste, en effet, à recevoir une rémunération du seul fait que l’on a mis à la
disposition d’un tiers une certaine somme d’argent : on est rémunéré en l’absence de
tout travail productif, sans contrepartie. Le riba vise l’enrichissement sans cause, « un
profit ou gain illicite découlant d’une inéquivalence dans la contre-valeur des
prestations réciproques au cours de l’échange de deux ou plusieurs biens de la même
espèce, du même genre et régis par la même cause efficiente3 4 ». Le riba, plus
généralement, correspond à l’interdiction du gain sans effort ou sans responsabilité et
le prêt d’argent relève de cette prohibition. Le contrat entaché de riba est appelé ribawi
et sa formation est donc viciée (fasid). Les situations étant variées, les jurisconsultes
distinguent plusieurs formes de riba qui fait l’objet d’une littérature juridique
abondante. On en citera quelques-unes à titre d’illustration.
Le riba porte le plus souvent sur des biens de riba (produits alimentaires, métaux
précieux et argent…). Le riba de l’excès se produit lorsque des biens de riba sont
échangés contre des biens de même nature dans des proportions différentes (poids ou
valeur). Il s’apparente au riba de solde (riba al-fadl) consistant à augmenter le prix
d’un bien au moment de la remise de celui-ci. Il existe également le riba de délai
lorsque les biens ne sont pas échangés concomitamment, qui peut entraîner un riba de
report se traduisant par l’augmentation du prix dans le cas de la prorogation du terme

2
: Voir Islamic Banking, Diederik van Schaik, Ph.D., économiste financier qui a reçu le prix Rabobank/NBE
de Business and Ethics pour sa thèse sur la banque islamique.
3
: Abi Haydar A., Les Banques islamiques, thèse, Paris, 1990, p. 100.
4
: Saleh N., Unlawful Gain and Legitimate Profit in Islamic Law, cité par Comar-Obeid, Les Contrats en droit
musulman des affaires, op. cit., p. 45.
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(riba al-nasi’a). Le riba de dette, enfin, intervient lorsqu’un intérêt est payé, sous
quelque forme que ce soit, pour compenser un prêt. Toutefois, la charia n’a pas défini
de règle générale relative au riba en dégageant une cause (illah) simple1 5. Aussi les
juristes des différentes écoles peuvent-ils avoir des opinions nuancées sur le sujet.
Pour les écoles hanéfite et hanbalite, toutes les transactions qui ne satisfont pas les
conditions de simultanéité et d’équivalence sont prohibées, surtout si elles donnent lieu
à une augmentation du prix au moment de la remise du bien ; par ailleurs, il n’est pas
possible, selon elles, d’accroître le prix d’un bien dans le cas de la prorogation du
terme. Les écoles chaféite et malikite limitent ces interdictions aux produits
alimentaires et à la monnaie métal. Cette rigueur n’étant pas favorable au
développement économique, des juristes musulmans modernes ont proposé une
conception du riba fondée plus sur l’esprit que sur la lettre. Pour eux, la raison sous-
jacente de l’interdiction du riba est de prévenir les pratiques injustes et de protéger le
faible contre une exploitation de ses besoins. De ce fait, un taux d’intérêt serait
répréhensible s’il frappe un pauvre, tandis qu’il ne le serait pas s’il vise un riche car il
n’y a pas, dans ce cas, d’exploitation. Par ailleurs, il a été suggéré que le prêt puisse
être assorti d’un intérêt qui en maintienne la valeur malgré l’inflation. Malgré la
richesse de la réflexion et les potentialités qu’elle recèle, cette vision des choses n’a
pas prospéré jusqu’à ce jour et c’est le concept orthodoxe qui prévaut. Selon lui, c’est
la lecture littérale qui est la règle, les motifs sous-jacents étant moins importants. De ce
fait, il est plus facile de mettre en œuvre des fictions (hiyal) qui permettent de
s’affranchir des rigueurs des préceptes. Faute d’une définition par compréhension,
c’est donc une définition extensive que l’on doit utiliser et les auteurs procèdent par
énumération des opérations interdites. Une grande partie de la littérature en la matière
examine les pratiques financières et commerciales afin de détecter toute trace de riba.
1-2-2 : Interdiction de Gharar.
Le mot gharar évoque l’incertitude résultant d’une information volontairement ou
involontairement insuffisante. Ce terme recouvre des notions différentes : aléa,

5
: Voir Saleh N., Unlawful Gain and Legitimate Profit in Islamic Law, London, 2e éd. Graham et Trotman,
1992, p. 17.
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incertitude, hasard, spéculation1 6 . Cela explique que les juristes ne soient pas
unanimes quant à la définition et surtout à la portée de ce concept. L’incertitude est
souvent liée à la spéculation, qui consiste à tenter de prévoir le résultat futur d’un
événement. Elle peut porter aussi bien sur l’existence même de la prestation, comme
c’est le cas dans les assurances accident, que sur l’étendue de la prestation, que l’on
constate dans l’assurance-vie. Ainsi, sont contraires à la morale islamique les contrats
aléatoires, dans lesquels le contenu de la prestation dépend d’un événement susceptible
de se produire pendant la durée du contrat. En effet, cette situation génère une
ignorance (jahl) quant aux gains et aux pertes des deux cocontractants, susceptible de
causer un préjudice à l’un ou à l’autre car on ne peut savoir, à l’origine, si le contrat est
équilibré. Or un contrat ne doit léser aucune partie. Ce déséquilibre se retrouve si le
contrat est complexe car il risque alors de favoriser l’exploitation du moins instruit par
le plus instruit. Aussi, à la manière du droit de la consommation2 7 en France, le droit
islamique interdit un certain nombre de pratiques et en réglemente d’autres afin de
protéger le cocontractant le plus faible et le profit qu’ils procurent est illicite. Une
nuance apparaît lorsque l’on distingue l’ignorance exorbitante (jahl fanish) de
l’ignorance tolérée (jahl yasir), mais les écoles divergentes sur la question. En tout cas,
« la cause de divergence est la question de savoir si le degré de connaissance que
donne la description, par rapport à la connaissance fournie par le sens, constitue une
incertitude qui influe sur la chose vendue au point qu’il y a un aléa considérable ou
bien qu’elle n’influe pas sur cette chose et il y a alors un aléa toléré parce que
d’importance minime1 8
». On conçoit que la notion suscite de nombreuses
controverses avec le développement et la modernisation de la vie économique. D’une
manière générale sont, en principe, interdites : les ventes liées, la vente à un prix donné
avec un rachat à terme à un autre prix, la vente avec réserve et la vente de l’un de deux
objets à choisir ultérieurement pour un prix donné. La vente de choses futures et les

6
: La spéculation est entendue comme une tentative de prédire le résultat à attendre d’un événement : la
spéculation illicite est une démarche dépourvue de la recherche et de l’analyse d’une information objective, au
contraire de l’activité économique, licite et souhaitable.
7
Art. L. 132-1, al. 1er du Code de la consommation : « Dans les contrats conclus entre professionnels et
non-professionnels ou consommateurs, sont abusives les clauses qui ont pour objet ou effet de créer, au
détriment du non-professionnel ou du consommateur, un déséquilibre significatif entre les droits et les
obligations des parties au contrat. »
8
: Comar-Obeid, op. cit., p. 63.
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opérations qui contiennent une incertitude sur les caractéristiques de l’objet du contrat
sont interdites. Il n’est pas possible de vendre des articles dont l’existence ou les
caractéristiques ne sont pas certaines du fait de la possibilité de survenue d’un
événement inattendu : l’existence d’un risque sur la réalisation de l’objet du contrat
conduit donc à la prohibition de ce contrat. Cela interdit, en principe, les activités
d’assurance qui envisagent, dès l’origine, que le bien ou le service puisse ne pas être
rendu. Au surplus et sous un autre angle, l’assurance est un moyen de fixer l’avenir,
alors qu’il n’appartient pas aux cocontractants.
1-2-3 : Interdiction de la Thésaurisation.
L’islam incite les fidèles à dépenser leurs fortunes pour l’intérêt collectif de la
communauté via la distribution du Zakat et l’aumône, il a prohibé également tout
comportement empêchent la redistribution et la circulation de la richesse dans la
société tel la thésaurisation : « De même, à ceux qui thésaurisaient l’or et l’argent et ne
les dépensent pas dans le sentier de Dieu, eh bien, annoncer-leur un châtiment
douloureux…Gouter donc ce que vous thésaurisez ! »9
1-2-4 : La spéculation (Maisir) et le Qimar.
Le maisir et le qimar correspondent à la notion de jeu. Le concept de maisir va au-
delà des jeux de casino auxquels on peut penser spontanément : il recouvre tout
enrichissement injustifié moralement d’une partie au détriment d’une autre. C’est ainsi
que sont interdites les pratiques commerciales contenant un élément d’incertitude qui
les assimile à un jeu de hasard (qimar) : vente de choses non encore existantes, vente
aux enchères, paris, loterie, contrats aléatoires, plus généralement, qui procurent un
revenu acquis sans travailler (maisir). Les notions de gharar et de qimar peuvent
d’ailleurs se rejoindre et se compléter : établir un contrat contenant une incertitude trop
grande (gharar) est semblable à un jeu de hasard (qimar).
1-2-5 : les autres interdictions.
D’autre interdiction s’ajoute aux autres cités ci-dessus, toute activité ayant une
relation directe ou indirecte avec l’alcool et de la viande du porc. Outre il interdit les
opérations portant sur l’or, l’argent, la monnaie, ceci afin d’éviter la spéculation. Ces

9
: Sourate tawbah verset 34-35
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interdictions ont pour objet d’éviter les cas de conflits, mais aussi de mieux respecter
10
les interdictions du riba et de gharar.16
En grosso modo, la finance islamique prohibe le Riba, le Ghrar et la thésaurisation
ainsi que la spéculation pour créer un climat attractif aux investissements et pour éviter
certains cas de conflits tel que le non remboursement, Outre, la finance islamique
s’article principalement sur le principe de partage des profits et des pertes, cette
alternative à la rémunération du prêteur en l’absence de taux d’intérêt. En revanche de
système conventionnel, il s’agit ici d’une rémunération conforme aux valeurs du
système économique islamique, basée sur le partage du risque et de la rémunération, et
de la nature des relations entre le prêteur et l’emprunteur. La banque prête de l’argent à
une entreprise qui devient partenaire, de même le déposant devient lui aussi un
actionnaire de la banque.
Dans ce cas, les deux parties assument un risque ont intérêt à s’engager dans des
opérations rentables et à œuvrer à la réussite du projet financé. En résulte, les banques
islamiques ont tranché la crise financière avec le minimum des pertes, en fait, la quasi-
totalité de ses institutions investissent dans des projets liés à une activité sous-jacente.
1-3 : ressources des banques participatives.
Les ressources des banques islamiques sont constituées d’une part des ressources
internes telles que le capital, les réserves, les profits, d’autre part des ressources
externes telles que les dépôts à vue, comptes bloqués à rémunération participative ou
compte d’épargne et enfin les revenus des projets et placements et les commissions de
gestion.
Les banques Islamiques utilisent leurs ressources principalement dans les
financements accordés aux tiers et les investissements et placements directs sur le
marché immobiliers et boursier. Ces ressources sont également utilisées dans les prêts
sans intérêt (Qard Hassan) et dans la Zakat sur les fonds propres ou la Zakat sur les
dépôts sur ordre du client.
Section 2 : Produits clés de la finance participative comparaison avec leurs
équivalents conventionnels.

10
: Iqbal (2007), « A Guide to Islamic Finance » Risk Books
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2-1 : Instruments basés sur le partenariat


2-1-1: La Moucharaka (coentreprise /partenariat).
Au titre de ce mode de financement, tant la banque que le client investissent dans
le projet et en partagent les profits et pertes selon une clé de répartition prédéfinie. Les
« capitaux » investis ne s’entendent pas uniquement de liquidités mais aussi d’apports
en nature. Une banque islamique peut donc apporter du capital en espèces alors que le
client peut apporter dans le partenariat ses actifs corporels. En tant que partenaire, la
banque est habilitée à prendre des décisions stratégiques et à intervenir dans la gestion
du projet. La banque peut aussi décider de n’être qu’un associé passif.
2-1-2: La Moudaraba (partenariat géré).
Au titre d’un contrat de Moudaraba, seule la banque (Rab al maal ou bailleur de
fonds) apporte des capitaux alors que le client (Moudarib ou entrepreneur) gère le
projet. La banque n’est pas habilitée à intervenir dans la gestion quotidienne du projet.
Les éventuels profits sont partagés, alors que la banque (Rab al maal unique) assume
les pertes (monétaires). Le client ne perçoit pas de salaire, et s’il ne réalise pas de
profit, le temps et les efforts consacrés à l’opération sont perdus.
Les instruments basés sur un échange (vente et crédit-bail/location-vente)
débouchent sur des rendements prédéterminés pour les banques islamiques, lesquelles
ne sont pas exposées au risque commercial auquel est exposé le client. En revanche,
ces banques sont exposées à ce risque via les instruments basés sur un partenariat
(Moucharaka et Moudaraba). Par conséquent, dans la pratique, les banques islamiques
préfèrent financer leurs clients par le biais des contrats de vente et de crédit-
bail/location-vente. Elles peuvent ainsi limiter les risques encourus au risque de défaut
de paiement du client. Les instruments basés sur le partenariat sont généralement
réservés aux clients qui ont fait leurs preuves au plan professionnel et dont la capacité
de remboursement est avérée. Le tableau 1 résume les caractéristiques des prêts sans
intérêt (gracieux), contrats d’échange et contrats hybrides utilisés pour financer les
clients. Les prêts sans intérêt ne sont pas utilisés aux fins de financement car il ne
s’agit pas d’un instrument à but lucratif. Les contrats d’échange sont la forme de
financement la plus populaire car ils limitent le risque encouru par la banque
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islamique, alors que les contrats hybrides sont accordés de manière sélective car ils
exposent la banque au même risque que le client.
Tableau 1. Instruments de financement des banques islamiques

Prêt sans intérêt Contrats d’échange Contrats hybrides

• Échange d’argent • Contrats de vente et •Mise en commun de


contre argent de location (Mourabaha, fonds (capital) et ratio de
•Garantie du Salam, Istisna, Ijara) partage du profit déterminé à
principal • Échange d’argent l’avance
• Aucun frais contre bien • Contrats de partenariat
supplémentaire autorisé • Prix déterminé avant (Moucharaka, Moudaraba)
• Transaction sans l’échange • Capital doit être investi
but lucratif (Tabarru) • Une fois le prix • Pas de garantie sur le
déterminé, le rendement principal et le rendement
pour la banque est certain • Bénéfice incertain;
• Dette découle de la dépend des résultats de
vente et de la location l’activité
2-2 : Instruments basés sur la vente
Les activités commerciales traitées ici concernent l’achat et la vente de biens et
services. Il peut s’agir de biens existants ou à fabriquer ; le paiement peut être
immédiat ou différé, tout comme la livraison. Dans tous les cas, le contrat devra faire
apparaître un équilibre (iwad) entre les parties. La combinaison de ces différentes
options conduit à des produits bancaires différents dont les plus courants seront
examinés ici. Ce sont, en tout cas, des contrats nommés et qui ne posent pas de
problème de principe au plan juridique quant à leur existence même si leur utilisation
peut susciter des remarques de certains juristes. On présentera l’activité essentielle et
la plus fréquente qu’est le murabaha (crédit acheteur). Viendra ensuite L'ijara (crédit-
bail /location-vente). On poursuivra par Al Salam (contrat de vente à terme). pour
terminer par l’istisna (contrat d’entreprise).
2-2-1: La Mourabaha (vente à prix majoré).
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Il s’agit d’un contrat de vente dont le coût et la marge bénéficiaire sont


communiqués à l’acheteur. La Mourabaha est généralement considérée comme une
opération à coût majoré, la banque informant le client du coût exact ainsi que du
montant de la majoration. « J’ai acheté cette machine $E.-U. 10 000 et je vous la
revends à $E.-U. 15 000. Vous pouvez me rembourser dans un délai d’une année. »
Dans une vente normale, le bénéfice réalisé par le vendeur n’est pas divulgué. La
vente normale dans le cadre de laquelle seul le prix de vente final est divulgué est
connue sous le nom de Mousawama. Dans ce type de vente, la banque divulgue
uniquement le prix de vente au client. « Je vends cette machine $E.-U. 20 000 et vous
pouvez payer dans un délai de 15 mois. Êtes-vous intéressé? » L’acheteur peut
accepter le prix ou le négocier jusqu’à trouver un accord avec l’autre partie.
La Mourabaha est l’instrument le plus couramment utilisé par les banques
islamiques, même si certaines utilisent la Mousawama. Dans le cas de la Mourabaha,
la banque achète un actif sous-jacent pour le revendre ensuite. Il y a donc échange
d’un actif et d’argent, contrairement à un prêt qui suppose un échange argent contre
argent.
Les banques islamiques utilisent la Mourabaha de deux manières. Premièrement,
la Mourabaha est utilisée pour l’acquisition d’actifs lorsque le client souhaite acquérir
un actif corporel comme une machine, un bâtiment ou un stock. On peut parler de
Mourabaha pure, le client souhaitant posséder le bien acquis par la banque. Cette
Mourabaha ne peut être utilisée pour financer les dépenses d’ordre commercial tels les
salaires et les frais généraux, étant donné que la banque ne peut pas les acheter et les
vendre.
Dans le cas du Tawarruq (aussi appelé Mourabaha inversée), les banques
islamiques achètent des matières premières (métaux et huile de palme brute, par
exemple) auprès d’un courtier, pour les revendre ensuite en différé moyennant profit.
Étant donné qu’il s’agit d’une vente à crédit, le client n’est pas tenu de payer
immédiatement.
Toutefois, le client ne veut pas cette matière première. Ce qu’il veut ce sont des
liquidités. Le client vend donc la matière première (lui-même ou plus communément
par le biais de la banque agissant en son nom) à un autre courtier en matières
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premières et reçoit des liquidités. Le client utilise ensuite cet argent pour rembourser la
banque du paiement différé dû.
Dans le cas du Tawarruq, le but du client n’est pas de posséder la matière première
achetée par la banque mais uniquement de trouver des liquidités. Cet instrument
financier est populaire au Moyen-Orient car il facilite le financement en liquide. Le
client peut utiliser les liquidités obtenues pour alimenter sa trésorerie.
Bien que le Tawarruq soit autorisé par les spécialistes de la charia, ils le
désapprouvent car les parties n’ont pour seul objectif que d’obtenir des liquidités. Les
matières premières achetées ne les intéressent pas. C’est pour la même raison que la
Bai al Inah (vente et rachat) est interdite. La Bai al Inah est toutefois autorisée en
Malaisie sur la base du principe du Maslaha (profit collectif).
Dans le cas du Tawarruq, la banque achète à un courtier et le client vend à un autre
courtier (plus de deux parties sont donc associées à la transaction). Dans le cas de Bai
al Inah, l’échange implique uniquement deux parties (la banque et le client). La
banque vend son actif (bâtiment, terrains, actions, etc.) au client en différé (à $E.-U. 10
000 à payer dans six mois, par exemple). Le client ayant acheté l’actif et en étant à ce
moment-là propriétaire, il revend le même actif à la banque au comptant et obtient des
liquidités ($E.-U. 8 000, par exemple). Tout comme le Tawarruq est populaire au
Moyen-Orient, le Bai al Inah présente un attrait important en Malaisie car les deux
instruments permettent au client d’obtenir des liquidités.
En résumé, la Mourabaha est une vente qui peut, au jour d’aujourd’hui, prendre
trois formes :
Mourabah : la banque achète un actif corporel et le vend au client, lequel souhaite
posséder l’actif en question.
Tawarruq : la banque achète une matière première auprès d’un courtier puis la vend
au client qui ne souhaite pas la garder et la revend à un autre courtier pour obtenir des
liquidités.
Bai al Inah : la banque vend son actif au client (à crédit), lequel le revend
immédiatement à la banque (au comptant) et obtient en retour la somme souhaitée. Le
bai al Inah n’implique que deux parties, alors le Tawarruq en implique davantage.
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

La Mourabaha pourrait être utilisée pour financer l’achat d’un actif qui existe déjà
– une voiture, un bâtiment, une machine, etc. Pour financer un actif qui n’existe pas
encore (des produits agricoles qui doivent être cultivés ou des immeubles en
construction, par exemple), ce sont le Salam ou l’Istisna qui sont utilisés.
2-2-2: L'Idjara (crédit-bail /location-vente).
• Problématique financière
Les dépenses engagées par une entreprise en matière d’investissement peuvent être
lourdes et un financement progressif sous la forme d’un achat avec paiement
d’échéances peut être la seule manière de satisfaire les besoins d’équipement de
l’agent économique.
Par ailleurs, pour des raisons diverses, notamment du fait du coût de certains biens
ou équipements, les entreprises peuvent réaliser des opérations qui ne sont ni des
achats ni des ventes mais des locations : elles ne sont pas intéressées par la propriété
de l’équipement considéré mais par l’usage qui peut en être fait et donc par le profit
que l’on peut retirer de cet usage. L’utilisateur ne détient pas l’équipement mais
l’exploite pour la durée de la mise à disposition de celui-ci, durée en général assez
longue. Le profit apparaît donc indépendant de la valeur du bien concerné, qui peut
être immobilier ou mobilier.
L’opération peut être une location simple, le bien revenant à son détenteur à
l’échéance, ou comporter une option d’achat que l’utilisateur peut exercer. Le
financement sous forme de crédit-bail (leasing) répond à cette préoccupation : les
charges annuelles se limitent au paiement d’un loyer qui comprend l’amortissement du
crédit et l’utilisation du bien. L’objet du crédit-bail est ainsi à la disposition de
l’entreprise sans qu’elle en ait la propriété. Celle-ci, titulaire d’une option d’achat, peut
décider du moment d’exercer (ou non) cette option.
Dans la finance islamique, ce type de produit prend le nom d’ijara. L’ijara est un
contrat de location d’un bien comprenant une possibilité de transfert de la propriété de
ce bien au profit du locataire.
Il fait donc intervenir trois acteurs : un fournisseur de biens, la banque (ajir ou
mujir) qui achète l’équipement et devient bailleur en le louant, pour une période
déterminée, à son client (mustajir) lequel devient locataire (ou preneur) et paye un
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

loyer (ujrat). Le loyer couvre le prix du bien et une rémunération convenable du


banquier. Il est susceptible de changer si les conditions économiques varient. On
remarque que, comme dans le contrat de murabaha, la banque intervient à la demande
de son client et ne devient propriétaire du bien que pour le mettre à la disposition de
celui-ci.
Au terme du contrat de location, quatre options sont possibles :
– le client restitue le bien (location simple) ;
– le client a le choix d’acquérir ou de restituer le bien (option d’achat dans le
contrat de crédit-bail) ;
– le client est contraint d’acquérir le bien (contrat de location-vente) ;
– le client proroge la location en renouvelant le contrat.
Si le client ne lève pas l’option, la banque peut se retrouver avec un bien
inutilisable en stock. Si la durée de location du bien correspond à sa durée de vie
économique, la valeur résiduelle en est faible et la banque peut faire cadeau de
l’équipement à l’entreprise selon un contrat séparé. Si, au contraire, la valeur
résiduelle est élevée et que la banque ne désire pas faire un don, elle peut essayer de
vendre l’équipement, de conclure un nouveau contrat de location, ce qui est difficile si
le bien est spécifique à une activité, ou encore espérer que le client lève l’option
d’achat si elle a été prévue à l’origine.
L’ijara couvre ces diverses possibilités : on présentera successivement l’ijara
classique, l’ijara avec agent, l’ijara avec option d’achat, l’ijara lease back, l’ijara
combiné, et enfin l’ijara avec SPV.
L’ijara classique (location simple)
L’ijara classique est la location simple d’un bien, notamment d’un équipement.
On peut en résumer la démarche de la manière suivante :
– le client se met en relation avec le vendeur du bien et rassemble toutes les
informations nécessaires ;
– le client prend contact avec la banque et lui propose de mettre sur pied un contrat
d’ijara en lui promettant de prendre le bien en location une fois que la banque aura
acquis celui-ci ;
– la banque paie le prix du bien au vendeur contre transfert de propriété ;
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– la banque loue le bien au client en lui transférant le droit d’usage ;


– le client paie les loyers sur la période de location ;
– le bien revient à la banque in fine. L’ ijara avec agent (location simple avec
agent) Comme dans le cas du murabaha, la banque peut préférer que le client agisse
comme agent pour son compte. Un contrat d’agent, entièrement différent du contrat de
location, est alors établi qui se superpose au contrat d’ijara. C’est alors le client qui
choisit le bien au nom de la banque. Il informe celle-ci par écrit des détails de la
transaction, dont le nom du vendeur et le prix d’achat du bien ; le vendeur livre le bien
au client (l’agent) sous le contrôle de la banque. Après paiement du bien par cette
dernière, le contrat d’agent prend fin et le contrat de location se met en place
conformément aux promesses initiales.
Dans les deux cas que l’on vient de voir, la banque récupère à l’échéance du
contrat le bien loué, ce qui peut lui poser des problèmes aussi bien matériels que
financier.
Il est des cas où le client est susceptible de conserver le bien en question.
L’ijara avec option d’achat (ijara wa iqtina)
Le contrat d’ijara est aussi une technique de financement de bien d’exploitation : la
location présentée dans les paragraphes ci-dessous peut se transformer en vente si une
option d’achat a été prévue à l’origine : c’est l’ijara wa iqtina conclue par le banquier
avec son client. Le client peut ou non lever l’option et la banque doit se conformer à la
décision de celui-ci. L’acquisition doit se faire à un prix prédéterminé par
l’intermédiaire d’un contrat séparé dénommé al ijara-thumman al bai (AITAB).
Dans ce cas, dans les deux démarches décrites précédemment, la dernière étape est
remplacée par : la banque transfère la propriété du bien par l’intermédiaire d’un
contrat de vente ou de don.
L’ijara lease-back
Ce montage sert essentiellement au client à se procurer de la trésorerie
immédiatement et pour un montant égal à la valeur du bien considéré : le client vend
un de ses biens à la banque et le loue à celle-ci dans le cadre d’un contrat d’ijara.
Même s’il appartient désormais à la banque, le bien reste à la disposition du client qui
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

paie un loyer à la banque propriétaire pendant la durée du contrat. À l’échéance, le


client ne récupère le bien que s’il s’agissait d’une location-vente.
L’ijara combiné
Il est possible de combiner l’ijara avec d’autres formes de financement déjà
présentées. C’est le cas, en particulier, avec le mudaraba et le musharaka, pour des
montages assez répandus en matière d’achat de bien immobilier.
Dans cette formule, le client et la banque constituent un partenariat : chacun
apporte une part du capital, la banque gère le partenariat qui acquiert le bien et
s’engage dans un contrat d’ijara avec le client. Celui-ci paie un loyer régulièrement,
remboursant ainsi progressivement la part du capital engagée par la banque, jusqu’à ce
qu’il devienne pleinement propriétaire du bien.
L’ijara avec véhicule financier spécifique (SPV)
Il peut arriver que le montant demandé par le client excède les capacités d’une
banque seule lorsque le bien à financer est d’envergure : usine, infrastructures… On
peut alors mettre sur pied une co-ijara. Un véhicule financier spécifique (special
purpose vehicle ou SPV) est créé pour acquérir le bien. La banque devient chef de file
du financement qui peut prendre la forme d’un capital, par l’intermédiaire d’un
musharaka ou d’un mudaraba, auquel on peut adjoindre un prêt, par l’intermédiaire
d’un murabaha ou d’un second ijara avec l’autorisation du premier crédit bailleur, les
deux loyers des deux ijara, cessibles à un tiers, pouvant être différents.
La rémunération perçue par le SPV, loueur du bien, est répartie, après perception
par le chef de file de sa commission de direction, entre les crédits bailleurs et les
investisseurs en proportion de leur participation. In fine, la banque perçoit sa part dans
la valeur résiduelle et transfère aux autres parties ce qui leur revient, la forme précise
de la transaction étant différente selon le type de contrat initial qui a été mis en place.
2-2-3: Al Salam (contrat de vente à terme).
Dans certaines circonstances de la vie des affaires, il peut être nécessaire qu’une
marchandise soit achetée et son prix réglé immédiatement mais que la chose soit livrée
plus tard.
Plus généralement, le financement de l’exploitation générale de l’entreprise
agricole, industrielle ou artisanale, de son besoin en fonds de roulement, sort du
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

schéma simple dans lequel un emprunt permet la fabrication d’un bien particulier dont
la vente fournira les fonds permettant le remboursement du concours financier. La
finance classique connaît le financement de l’activité, le prêt pour le fonds de
roulement, donnant une certaine souplesse d’utilisation à l’entreprise.
Cette formule générale se rencontre plus difficilement en finance islamique
puisqu’il faut toujours rattacher un financement à un bien concret et, en principe
existant. C’est cette question que résout le contrat salam qui se caractérise par un
achat/vente immédiat de biens et services avec règlement/livraison dissociés :
paiement immédiat et livraison différée.
L’objectif est de procurer aux entreprises un financement à court terme,
essentiellement pour les besoins de leur exploitation courante ou même, aujourd’hui,
pour le préfinancement à l’exportation.
La transaction entraîne un risque de marché pour la banque que celle-ci a
néanmoins les moyens de couvrir.
La transaction Salam
En principe, la vente salam concerne la vente d’un bien qui ne sera livré que plus
tard même si son prix est réglé immédiatement sous peine de nullité. Cette technique
peut être étendue pour permettre le financement de l’exploitation.
Faute de financer directement un produit existant à livrer immédiatement, le salam
peut dissocier l’objet du financement et le bien qui servira à son remboursement : dans
ces conditions, le financement immédiat pourra être utilisé pour des charges diverses
liées à l’activité de l’entreprise et sera remboursé par une vente correspondant à la
fabrication d’un produit de l’entreprise. La banque intervient alors comme acheteur de
biens fabriqués par cette dernière, avançant immédiatement les fonds nécessaires, et
acceptant de n’être livrée que plus tard ou encore d’être remboursée par la vente pour
son compte des marchandises en question.
Concrètement, le contrat de salam enregistre un accord entre un financier (une
banque en principe) et son client pour la transaction suivante :
– la banque commande à l’entreprise cliente une certaine quantité de marchandises,
dont la valeur correspond au besoin de financement de celle-ci, contre une facture pro-
forma détaillée, l’ensemble fixant la nature et la quantité de la marchandise, les délais
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

et les modalités de livraison (ou encore les modalités de vente de la marchandise par
l’entreprise pour le compte de la banque) ;
– la banque se fait livrer la marchandise pour la céder sur le marché ; elle peut
aussi donner mandat à l’entreprise de vendre la marchandise à un tiers, l’entreprise
s’engageant à recouvrer le produit de la vente pour le verser à la banque après avoir
facturé la marchandise pour le compte celle-ci ; la banque peut encore demander au
bénéficiaire du salam de livrer la marchandise à un tiers, par exemple dans le cadre
d’un second salam, déconnecté du premier, qu’elle aura conclu à son profit ;
– si l’entreprise est mandatée par le banquier, elle peut recevoir, en échange, une
rémunération calculée selon des modalités diverses (ex ante : intégration au montant
de l’avance ; ex post : part de la marge dégagée lors de la vente).
La couverture du risque de la banque
La banque peut souhaiter se refinancer ou couvrir son risque résultant d’une
possible baisse du prix de la marchandise. Elle ne peut pourtant pas céder le bien avant
de l’avoir reçu sous peine d’une qualification de gharar. Elle met alors en place un
back to back salam ou salam parallèle
. • Le client A vend une marchandise M à la banque et reçoit immédiatement son
prix P1 pour une livraison différée.
• La banque vend une marchandise identique M à un client B et reçoit
immédiatement son prix P2 pour une livraison différée.
• À l’échéance le client A livré la banque qui livre le client B puisque les deux
marchandises sont identiques.
P2 – P1 constitue le profit éventuel de la banque. Si P1 = P2, la couverture est
parfaite. Une autre technique peut être utilisée : un tiers (T), dont, par exemple, le
client A de la banque est un fournisseur, peut promettre à A d’acheter une marchandise
du même type à un prix défini P2 pour une livraison le même jour que celui qui est
prévu pour la banque pour le prix P1. Dans ce cas, la promesse de T à A est transférée
à la banque qui livre T le jour dit et la banque couvre son risque par l’intermédiaire de
la différence de prix P2 – P1 qui lui permet de réaliser un profit (si P2 > P1).
2-2-4: L'Iistisna'a (construction/fabrication).
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

L’Istisna est une extension du concept du Salam. Le Salam porte uniquement sur
des marchandises dont le paiement intégral doit être effectué d’avance. À l’inverse,
l’Istisna est un contrat utilisé pour la construction ou la fabrication de biens uniques
(conformément à un cahier des charges précis). Il se rapproche du Salam en ce sens
qu’il est utilisé pour financer des marchandises qui n’existent pas encore; mais il
n’exige pas le paiement intégral d’avance (les modalités de paiements sont plus
souples).
À titre d’exemple, une PME souhaite se lancer dans le transport maritime et veut
acheter un navire. Elle peut contacter une banque islamique pour lui demander de
financer l’acquisition, en lui demandant de construire le navire. Dans la pratique, la
PME achète le navire à construire à la banque islamique (contrat d’Istisna).
La PME paye donc le prix d’achat à la banque (coût du navire plus marge
bénéficiaire pratiquée par la banque). Bien entendu, la banque n’est pas en mesure de
construire le navire et en passe donc commande à un chantier naval. Il s’agit alors d’un
nouveau contrat d’Istisna, en vertu duquel la banque islamique achète le navire au
constructeur. Le deuxième volet de la transaction concerne le prix du navire payé par
la banque au chantier naval. Pour simplifier, au titre de cet Istisna parallèle, la banque
achète le navire en construction auprès d’un constructeur (coût pour la banque) et le
vend à la PME (prix de vente majoré d’un bénéfice). La PME règle ensuite le montant
dû en différé.
2-2-5: Takaful.
Il s’agit d’un système d’assurance très similaire aux assurances conventionnelles et
basé sur le principe de « l’assistance mutuelle volontaire » à savoir la protection
mutuelle, la coopération et la responsabilité. Mais se différencie néanmoins sur
certains points :
▪ Assistance mutuelle volontaire : les membres sont à la fois assureurs et assurés en
cas de sinistre.
▪ Propriété des fonds gérés : les fonds sont apportés par les membres qui prennent
part aux pertes et aux gains.
▪ Absence de doute : pas de gain prédéterminé par le contrat (principe du gharar)
▪ Gestion des fonds : respect impératif des principes islamiques
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

Aujourd’hui, deux modèles d’assurances takaful existent : la Moudaraba et le


Wakala où la différence des deux réside du calcul de la rémunération de l’assureur.
2-8: Sukuk.
Il s’agit d’un certificat d’investissement Charia compliant, similaire à une émission
obligataire, qui doit être adossé à un actif tangible et correspond en règle générale à un
projet bien déterminé. La rémunération qui en découle est fonction du rendement de
l’actif sous-jacent et non de l’intérêt.
Concrètement par rapport à la finance conventionnelle, ce produit se définit entre
un titre obligataire et une part d'OPCVM. C'est donc un titre de créance représentatif
d'une part dans un projet reposant sur des actifs réels, patrimoine immobilier ou
infrastructures.
Il existe 2 types de Sukuk :
▪ Sukuk el ijara (asset-backed de la finance conventionnelle) : l’adossement au
sous-jacent (par exemple contrat de type Ijara) n’est pas couvert par des garanties. Ce
type de Sukuk est l’un des produits islamiques qui connait un fort succès.
▪ Sukuk el musharaka (asset-based de la finance conventionnelle) : la garantie ici
existe bien.
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

Chapitre II : PME Marocaines face aux produits de la


finance participative
Les Pme jouent un rôle essentiel pour l’économie du pays. Le succès des PME a
une incidence sur la santé de l’économie et la société.
Section 1 : Généralités sur la PME Marocaine
D’emblée, soulignons que si la PME constitue, il n’en fait point doute, un véritable
levier de développement, sa situation reste mal cernée vu que la majorité de son tissu
échappe encore au secteur formel et que les statistiques actuelles ne permettent pas une
bonne lecture du comportement de cette catégorie d’entreprises. Il n’empêche, toutes
les études concordent aujourd’hui sur le fait que presque 95 % du tissu économique
national est constitué de PME. Une analyse plus fine montre que 96 % des PME
marocaines sont des TPE dont une grande partie de micro-entreprises réalisant un
chiffre d’affaires annuel inférieur à 3 MDH. Il ne s’agit point d’une particularité
marocaine. Au sein même de l’Union Européenne, les TPE, employant moins de 10
salariés, représentent 92 % des quelques 21 millions de PME recensées sur le continent
européen.
Autre ambiguïté, la définition même de la PME continue à susciter quelques
divergences entre les différents acteurs économiques (Etat, CGEM, ANPME, Bank Al-
Maghrib, etc.). Si la Charte de la PME définit comme PME toute entreprise employant
moins de 200 personnes et réalisant un chiffre d’affaires (CA) annuel inférieur à 75
MDH et disposant d’un total bilan limité à 50 MDH, l’ANPME ne tient compte, dans
sa définition, que du seul critère de chiffre d’affaires tout en segmentant les PME en
trois catégories : les TPE (moins de 3 MDH de CA), les Petites Entreprise (PE) avec
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

un chiffre d’affaires compris entre 3 et 10 MDH de CA, et, enfin, les Moyennes
Entreprises dont le volume d’affaires est compris entre 10 et 175 MDH. C’est la
définition de l’ANPME qui tient aujourd’hui de référence, notamment pour bénéficier
des concours des institutions étatiques qui soutiennent le développement des PME.
1 : Pourquoi les responsables de micro-entreprises et de PME devraient-ils
envisager de se tourner vers la banque islamique?
Nombreux sont ceux qui pensent que le financement des micro-entreprises et des
PME est un marché de niche logique pour la banque islamique étant donné qu’il
concerne l’économie réelle, crée des emplois, implique l’utilisation productive des
ressources, en particulier du capital et des finances, et qu’il contribue à l’allègement de
la pauvreté.
Nombreux sont les investisseurs, y-compris non musulmans, qui sont attirés par la
finance islamique parce qu’elle défend des valeurs éthiques et morales. La finance
islamique est souvent comparée à l’investissement socialement responsable, aussi
appelé investissement durable ou éthique. L’investissement socialement responsable
vise à maximiser tant les rendements financiers que les comportements socialement
responsables ou éthiques. À titre d’exemple, la finance islamique et l’investissement
socialement responsable interdisent tous deux les opérations commerciales en rapport
avec la pornographie, les jeux de hasard, l’alcool et la fabrication d’armes.
La banque islamique prône aussi l’esprit d’entreprise et le partage des risques. Pour
ce qui est du partage des profits dans le cadre d’un projet financé, ce n’est pas
uniquement l’entrepreneur qui assume les risques, le bailleur de fonds et le
bénéficiaire partageant les profits/pertes réels ou nets. Les principes de l’équité et de la
justice exigent que le fruit du projet soit équitablement partagé entre les deux parties.
Si le bailleur de fonds escompte revendiquer une partie des profits dégagés par le
projet, il doit aussi assumer une partie équivalente des éventuelles pertes liées au
projet.
Pour les micro-entreprises et les PME à la recherche de financements, la banque
islamique peut être une solution.
2 : Principales distinctions entre la banque islamique et la banque
conventionnelle
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

La banque islamique est régie par des règles commerciales islamiques appelées
fiqh al Muamalat. Les interdictions énoncées dans ces règles ont une incidence sur la
gestion des opérations et de la trésorerie dans les banques islamiques. Cet ensemble de
règles fondamentales s’applique aux Sarf (échanges monétaires).
À titre d'exemple, si quelqu'un souhaite prêter de l'argent, la charia stipule que le
prêt est destiné à aider celui qui le contracte et ne doit pas dégager de bénéfice pour
celui qui l'accorde. Le prêt d'argent ne peut donc pas être porteur d'intérêt « L’argent
n’engendre pas l’argent11 ».
Il en va généralement de même des garanties bancaires de paiement. En un sens,
une garantie est une promesse de verser de l’argent à une date ultérieure et peut être
interprétée comme un engagement de prêt. La commission prélevée est alors
considérée comme une forme d’intérêt. D’un autre côté, la garantie est un moyen
d’aider une tierce personne et ne devrait normalement pas donner lieu à une
compensation.12
Les activités de la banque conventionnelle impliquant des prêts étant prohibées par
les règles de base de la charia, le crédit et l’investissement sont offerts aux clients par
le biais de contrats de vente, de crédit-bail/location-vente, de comptes d’agence et de
partenariats. Dans le cas du premier groupe de contrats – ventes et crédit-bail/location-
vente – l’issue du contrat est prévisible et permet de facturer un prix fixe au client.
L’issue des contrats d’agence et de partenariat est incertaine; ils permettent le partage
des pertes et profits découlant de l’opération 13. Tel que décrit plus bas, ces transactions
peuvent servir les micro-entreprises et les PME. Les règles du Sarf ont également pour
conséquence de limiter les ventes à terme de devises.
Du fait de ces différences conceptuelles entre la banque islamique et la banque
conventionnelle, la banque islamique a tout d’une institution de partage des bénéfices,
ou d’une banque d’affaires reposant essentiellement sur les contrats de vente. Ces
caractéristiques peuvent être attrayantes pour les clients des banques, notamment pour
le financement des transactions commerciales.

11
Aristote, Politique, trad. J. Aubonnet, éd., les Belles Lettres, 1968-1973, Livre I, chapitre III. p. 30
12
Il n’en demeure pas moins que les garanties se prêtent à de nombreuses interprétations et structures
différentes qui débouchent sur des décisions variées selon les jurisconsultes de la charia.
13
Le partage des profits repose sur une clé de répartition des bénéfices convenue d’un commun accord,
les pertes étant supportées en proportion du capital initial versé.
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

Dépôts
Dans une banque conventionnelle, les dépôts représentent l’emprunt de la banque
auprès de ses clients ou d’autres banques. Parmi les instruments de dépôt courants
figurent les comptes chèque, les comptes d’épargne et les comptes de marché
monétaire, les comptes à terme et les certificats de dépôt. L’intérêt à verser par la
banque est fonction de la durée du dépôt. Normalement, plus le dépôt est long, plus
l’intérêt versé est élevé. Les comptes chèque et les comptes de dépôt ne sont
généralement pas porteurs d’intérêt. Certaines institutions financières proposent
malgré tous des comptes chèques porteurs d’intérêt subordonnés au maintien d’un
solde minimum donné. Les comptes d’épargne et les dépôts à échéance (comptes à
terme et certificats de dépôt) sont porteurs d’un taux d’intérêt fonction de la durée du
dépôt.
À l’inverse, le financement d’une banque islamique passe par des dépôts, des
quasi-dépôts et des comptes d'investissement avec partage des bénéfices (CIPB). Un
dépôt étant un prêt, il ne peut donner lieu à une rémunération contractuelle. Les
banques islamiques offrent généralement des comptes wadiah qui incluent des comptes
chèque et des comptes courants. Les comptes wadiah individualisés ne sont porteurs
d’aucun intérêt.
S’agissant des comptes d’épargne et à terme, certaines banques islamiques
reçoivent des dépôts en tant que wadiah, auquel cas ils ne sont porteurs d’aucun
rendement contractuel. Mais les banques islamiques demandent aux
Déposants l’autorisation d’utiliser l’argent mis en dépôt pour faire travailler la
banque. Cette disposition est stipulée dans le contrat de dépôt. À partir de là, si la
banque réalisé un bénéfice, elle peut choisir de verser en retour une somme d’argent au
déposant sous forme de hiba ou don.
L’important est que le don n’est pas contractuel et le déposant n’a aucun droit sur
les bénéfices réalisés, même si la banque est très rentable. À l'inverse, si la banque
perd de l’argent, le contrat de wadiah est en substance un contrat de conservation, et la
banque doit restituer au client l’intégralité de la somme déposée.
La Wakala ou les comptes d’agence sont une nouvelle tendance parmi les banques
islamiques. Ils s’apparentent aux dépôts en ce sens que le client n’investit pas dans la
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

banque, mais mandate la banque pour employer l’argent du client dans des
transactions rentables. Il peut s’agir de crédits-bails/locations ventes, de ventes ou
d’autres opérations bancaires. Dans le cas de comptes d’agence, l’argent appartient au
client et doit lui être restitué. Ce dernier court néanmoins un risque de perte si
l’opération dans laquelle la banque a investi l’argent subit des pertes. On peut donc
estimer qu’il s’agit là qu’un quasi-dépôt. Plusieurs banques centrales de premier plan,
notamment celles de Bahreïn et du Koweït ont approuvé les dépôts Wakala pour les
consommateurs et les entreprises.
Les banques islamiques utilisent habituellement une forme de dépôt appelée
Moudaraba. Il s’agit d’une technique de CIPB. Le client investit au côté de la banque,
laquelle assure la gestion de l’argent du client. La banque fixe généralement une clé de
répartition des bénéfices, lesquels, le cas échéant, sont fonction des performances des
fonds investis.
À titre d’exemple, un dépôt sur CIPB investi dans des opérations de crédit-bail/
location-vente peut dégager un rendement intéressant moyennant un risque modéré. À
l’inverse, le même dépôt investi dans l’achat et la vente de matières premières dans un
environnement dénué de risque peut dégager un rendement
Très modeste et n’impliquer pour ainsi dire aucune perte. Ces comptes sont très
semblables à des prises de participation.
La Wakala et le CIPB sont souvent garantis par les réserves spéciales des banques
islamiques. Ces réserves sont conçues pour protéger les déposants contre le « risque
commercial déplacé ». Elles sont souvent appelées provisions pour égalisation des
bénéfices (PER) et provisions pour risques liés aux investissements (IRR). Dans les
pays où cela est permis, la banque peut puiser dans les PER pour améliorer les
rendements si la banque islamique affiche un rendement inférieur à celui du marché. Si
la banque islamique affiche une perte, elle peut alors puiser dans les IRR pour couvrir
les titulaires de CIPB et de comptes Wakala. Toutes les banques islamiques ne
constituent pas ces types de réserves. Cependant, lorsqu’elles le font, ces comptes de
partage des risques s’apparentent alors à des comptes de dépôt conventionnel du fait
des réserves constituées. Ces réserves étant limitées, en cas d’épuisement le titulaire de
compte court un risque de perte.
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

Les comptes qui financent une banque islamique et les dépôts des banques
conventionnelles étant structurés de manière très différente, le profil de risque et de
liquidité de la banque islamique diffère de celui d’une banque conventionnelle. Le
titulaire de compte d’une banque islamique peut, en effet, être contractuellement
exposé à un risque de perte de son capital. La banque islamique se doit donc de
redoubler de précautions dans sa prise de risque, faute de quoi ses titulaires de comptes
risquent de prendre la poudre d’escampette lorsque les résultats seront médiocres ou
que la banque essuiera des pertes.
Le prêt par opposition au crédit et à l’investissement
Contrairement à la banque conventionnelle, l’islam interdit le prêt d’argent contre
une somme d’argent majorée ou assortie d’un intérêt. Tout comme la banque
islamique diffère de la banque conventionnelle quant à la manière dont elle obtient des
fonds sur le marché, elle utilise également les fonds à sa disposition de manière
totalement différente. Au lieu de prêter l’argent emprunté à un taux de rémunération
ou à un taux d’intérêt fixe, la banque islamique réalise des transactions commerciales
basées sur des ventes, des comptes d’agence ou des partenariats. Ainsi, la banque ne
fait pas commerce d’argent moyennant un bénéfice. Elle doit en revanche assumer un
risque industriel ou lié aux actifs sous-jacents à ses transactions. Ses clients potentiels
doivent donc viser un objectif précis.
Les conditions d’octroi et la structure des opérations de crédit sont différentes dans
les banques islamiques et dans les banques conventionnelles. Dans une banque
conventionnelle, pour pouvoir prétendre bénéficier des services offerts, l’emprunteur
doit avoir une bonne cote de crédit. C’est la capacité de remboursement du prêt (ratio
d’endettement) qui détermine généralement le montant du prêt (ligne de crédit). Des
garanties ne sont pas toujours nécessaires. La somme versée et les modalités de
remboursement dépendent de la solvabilité et du risque que représente l’emprunteur. À
titre d’exemple, un emprunteur dont la cote de crédit est faible peut devoir acquitter un
taux d’intérêt plus élevé qu’un emprunteur dont la cote est meilleure et le ratio
d’endettement plus favorable.
En outre, le terme du prêt a une incidence sur le montant à rembourser par
l’emprunteur. Par ailleurs, le remboursement tardif donne lieu à des pénalités et
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

certains prêts permettent au prêteur de relever le taux d’intérêt pratiqué pour


l’emprunteur à mi-parcours dans certaines conditions. À titre d’exemple, si un
emprunteur rembourse une ligne de crédit de carte de crédit en retard, le prêteur peut
relever le taux d’intérêt et appliquer une pénalité, ce qui revient à augmenter le capital
nominal du prêt initialement accordé. Certaines banques ont même des grilles de
majoration des taux qui pénalisent les emprunteurs en relevant régulièrement le taux
d’intérêt si l’emprunteur manque un ou plusieurs paiements.
Dans les banques islamiques, les critères retenus comprennent les analyses de
crédit classiques tels le taux d’endettement et la solvabilité du client. Mais étant donné
que la banque islamique ne prête pas d’argent, la relation commerciale entre la banque
et le client doit avoir un objectif précis. À titre d’exemple, le client potentiel doit avoir
besoin d’acquérir un actif (une voiture, une activité commerciale, etc.) ou de se
procurer un financement en rapport avec cet actif. La banque islamique opte alors
pour une transaction basée sur une vente, un contrat d’agence, ou un partenariat
pour financer le client. Ces modes de financement, ancrés dans les pratiques de
financement du commerce préislamiques, diffèrent de manière significative des prêts
conventionnels tant dans leur approche que dans les risques qu’elles impliquent, même
si leurs résultats économiques sont assez similaires.
À titre d’exemple, si le financement demandé porte sur des marchandises
destinées à l’exportation, alors le financement peut reposer sur un instrument
appelé Istisna (financement de la fabrication ou de la construction d’un bien). Au
titre de cet instrument, la banque peut s’engager par contrat à fabriquer et à vendre
le bien au client. Les paramètres économiques peuvent être très semblables à ceux
d’un prêt à l’exportation, mais la banque assume un risque bien plus grand en tant
que vendeur du projet que dans le cas d’un prêt à l’exportation conventionnel.
Informations
La relation entre la banque et le client est une relation à deux sens. Tout comme la
banque a besoin du client qu’il lui fournisse des informations sur son entreprise, la
banque doit elle aussi fournir des informations claires et suffisantes sur les frais
pratiqués, les structures et le type de transaction le plus approprié. Si la banque refuse
de fournir ces informations, le client doit envisager de changer d’établissement
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

financier pour en trouver un qui lui conviendra davantage. Le fait qu’une PME soit de
petite taille ne justifie pas que la banque refuse de divulguer des informations.
Section 2 : La finance participative une nouvelle voie de financement pour les
PME
Le financement est l’opération qui permet l’évolution et la survie des PME, et qui
assure le développement des emplois, et la réalisation des nouvelles idées. Mais pour
les PME accéder à un financement n’est pas une tache si facile que ça. Et avec
l’introduction de la finance islamique dans le monde du financement des PME, le
choix d’outils de financements demeure plus large.
Cependant, les PME rencontrent plus de difficulté pour financer leurs projets
d'investissement ou d’exploitation. Ce fait peut s'expliquer par deux facteurs :
l'évolution défavorable des mécanismes d'offre et de demande de crédits ainsi que
l'aggravation du risque de défaut des entreprises.
Tous ces facteurs et d’autre poussent les dirigeants des TPE et PME à repenser
leurs sources de financement vers un nouveau financement qui serait intelligent et
capable de leurs traités comme partenaire et n’est pas comme un client.
1. L’approche de la finance Islamique pour le financement des PME
L'approche du marché des PME par les institutions financières islamiques, peut être
analysée selon trois critères : l'investissement, la rentabilité et le risque.
L'investissement : La banque islamique exige de tout promoteur d'un projet la
présentation d'une étude de faisabilité qui doit, en principe, fournir des renseignements
sur les aspects financiers, économiques, commerciaux, techniques et organisationnels.
Comme les dossiers présentés renferment rarement tous ces éléments, les banques
islamiques se sont dotées de départements d'étude de projets et de suivi. La banque
islamique dispose d'une panoplie de modèles et d'outils de financement (Mourabaha,
Moucharaka, Moudaraba, Ijara etc.) pour l'évaluation du dossier et le montage du
financement.
Dans un financement de type Moudaraba, la banque peut prendre en charge le
financement total de l'investissement - en intervenant comme associé. Ce type de
financement convient parfaitement aux PME qui démarrent pour obtenir les fonds
nécessaires à la mise en place de l'investissement.
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

La rentabilité : C'est l'élément primordial en finance islamique. En effet, pour une


banque islamique, ce qui importe le plus, c'est la rentabilité de la PME à financer dans
la mesure où la rémunération de la banque dépend quasi exclusivement de cette
rentabilité. Le partage des profits entre la PME et la banque traduit le fait que le
bénéfice n'est que le fruit de la symbiose du travail et du capital.
Le risque : L'octroi de crédits aux PME est généralement assorti d'un risque élevé,
en raison notamment du risque d'insolvabilité et du caractère fragile des garanties
offertes par les PME.
Au niveau des banques islamiques, le problème des garanties se pose toutefois avec
moins d'acuité que pour les banques classiques. Par exemple, dans le cadre d'un prêt de
Mourabaha, il est fréquent qu'en plus des garanties classiques (hypothèque, aval ou
nantissement) il soit exigé une tierce détention, pour couvrir le risque encouru au
niveau de l'opération d'achat revente avec marge.
Cette offre de produits, qui a tendance à présenter des similarités par rapport aux
produits de la banque conventionnelle, arrive aujourd’hui à couvrir le préfinancement
du projet, l’acquisition d’actifs et les besoins d’expansion des PME avec cependant
une certaine particularité. La banque islamique, ici, intervient entant qu’entrepreneur,
un partenaire (surtout pour les produits financiers participatifs : Moudaraba et
Moucharaka) qui s’associe avec les PME et prend en compte les risques liés au
financement.
Dans ce rôle d’entrepreneur, il est a priori et théoriquement possible que la banque
islamique parvienne à financer des opérations que la banque conventionnelle juge
inacceptables en termes de taux d’endettement, de risque d’insolvabilité, de risque lié à
la dimension, et ainsi apporte la solution à la PME endettée, risquée, alors sans
garanties et sans sureté réelles. C’est sur ce point qu’au Maroc précisément ce mode de
financement pourrait gagner du terrain au regard de la conjoncture actuelle et du
besoin pressant en financement des PME qui éprouvent aujourd’hui de grandes
difficultés à se faire financer par les banques marocaines.
Il ressort, ainsi, que les produits qui seront offerts par les banques participatives au
Maroc, principalement les contrats de financement Moudaraba et Moucharaka,
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

Pourraient être particulièrement adaptés aux besoins de financement des PME


Marocaines, et ce pour au moins, les quatre raisons suivantes :
• La faiblesse des PME en fonds propres est bien connue et constitue un obstacle
majeur à l'accès au crédit bancaire ; or, le financement islamique peut contourner le
problème de l'apport en fonds propres puisque la banque islamique intervient en tant
que partenaire et non en tant que bailleur de fonds.
• L'endettement excessif résultant de cette faiblesse en fonds propres entraîne des
frais financiers importants et met en péril l'équilibre financier de la PME, or le
financement islamique basé sur le principe du partage des pertes et des profits ne
permet pas l'imposition d'intérêts fixes.
• Au niveau bancaire, la gestion de bon nombre de PME est loin de créer la
confiance, or le financement islamique conçoit la relation Institution de financement
Islamique PME plutôt à long terme, dans un partenariat avec notamment un rôle actif
de la banque dans la gestion de l'affaire.
• Au niveau du suivi et du recouvrement, les banques islamiques sont supposées
disposer de structures de suivi pour contrôler les travaux relatifs à la réalisation de
l'investissement, d'une part, et à l'exploitation proprement dite de la PME, d'autre part.
2. Les instruments de la finance islamiques susceptibles d’intéresser les PME
Les principaux instruments utilisés par la finance islamique et qui sont destinés au
financement des PME peuvent être repartis en instruments participatifs et en
instruments de dettes (chapitre I).
Pour assurer son rôle de vecteur de développement dans une logique de partage des
bénéfices et des pertes, la finance islamique a perfectionné des instruments
participatifs tels que la Mousharaka et la Mourabaha qui se basent sur la relation de
confiance, sur la moralité du client ainsi que la rentabilité du projet. Ces financements
supposent une connaissance parfaite du marché et des clients futurs associés.
De ce fait, les instruments participatifs sont privilégiés en théorie par la finance
islamique sauf que dans la pratique beaucoup de banques islamiques ont tendance à
commercialiser des instruments de dettes et principalement la Mourabaha et l’Ijara ce
qui s’explique par la contrainte de la gestion du risque et des conditions de
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

refinancement qui s’effectue en général via des ressources de dépôts à court et à


moyen terme.
2-1. Les instruments de financement par participation
2-1-1- a : La Moudaraba (commandite)
Il s’agit d’un contrat ou la banque ou un investisseur apporte des capitaux à un
entrepreneur moyennant un partage de bénéfices entre les parties selon un accord
convenu à l’avance.
Dans ce contrat, la banque est généralement celle qui apporte les fonds tandis que
le promoteur n’apporte que de l’industrie et/ou son savoir-faire. Ainsi le droit de
propriété est réparti en proportion de la contribution de chaque partie et les bénéfices
sont partagés en fonction d’un accord convenu (La rémunération de la banque se situe
entre 40 % et 55 % des bénéfices nets)
Généralement, La banque ne participe pas dans la gestion du projet sauf si
l’entrepreneur le souhaite. Sauf que dans la pratique, la banque a le droit de désigner
un ou plusieurs experts chargés de suivre le déroulement du projet en fonction du plan
de développement présenté par le promoteur. Ces experts peuvent intervenir parfois
pour exiger une modification stratégique susceptible d’influencer les résultats. Mais
l’entrepreneur reste libre tant qu’il respecte les clauses stipulées par le contrat de
Moudaraba.
En cas de pertes, celles-ci sont supportées par la banque seule, sauf si
l’entrepreneur
(Moudareb) est reconnu coupable de négligence, de faute grave ou du non-respect
des clauses du contrat.
Les fonds de Moudaraba sont accordés après une analyse des dossiers de demande
présentés par l’entrepreneur, seuls les projets ayant une rentabilité prévisionnelle très
élevée (atteignant 25 %) et présentant moins de risques seront acceptés. A cela il faut
ajouter la faisabilité du projet, le coût des investissements, la compétence de
l’entrepreneur, ses expériences en la matière, sa moralité, sa motivation…
En théorie les prêts de Moudaraba n’exigent aucune garantie hormis la compétence
et l’expertise de l’entrepreneur. Mais parfois les banques exigent des garanties si le
niveau du risque est jugé probable.
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

Le contrat de Moudaraba est destiné aux opérateurs économiques voulant exploiter


des nouveaux marchés, aux PME et aux jeunes entrepreneurs ne disposant que de leur
savoir-faire.
2-1-2- : La Mousharaka (association)
Il s’agit d’un contrat de prise de participation, dans lequel la banque et son client
participent dans le financement du projet, le droit de propriété est réparti en proportion
de la contribution de chaque partie et les bénéfices sont partagés selon un accord
convenu.
En ce qui concerne le partage des bénéfices, on distingue deux thèses :
• La libre répartition des bénéfices selon le contrat (thèse des écoles Hanbalites ou
Hanafites)
• La répartition des bénéfices selon la mise de chacun (thèse Malikite et Chafiites)
On distingue plusieurs types de Mousharaka, mais les types qui restent intéressant
PME sont, la Moucharaka définitive et la Moucharaka dégressive
Le contrat de Mousharaka définitive façon durable et perçoit sa part de bénéfices
en sa qualité d’associés.
Le contrat de Mousharaka dégressif tout en ayant l’intention de se retirer
progressivement du projet après son désintéressement total par le promoteur. Donc à
l’échéance, la banque cède ses parts à l’entrepreneur et se retire du projet.
Le Mousharaka peut s’appliquer aux activités du commerce, de l’industrie et de
l’agriculture.
Par exemple, les banques islamiques du soudan l’utilisent dans le financement
du secteur agricole, elles fournissent aux paysans tous les outils, les engrais, le
carburant… A la vente des récoltes les fermiers perçoivent 30 % et les 70 % restant
sont répartis entre la banque et le cultivateur selon les termes du contrat.
La Moucharaka est considérée comme le mode de financement le plus adapté aux
besoins des PME aussi bien pour ce qui est de l’augmentation du capital ou la
rénovation des équipements.
2-2. Les instruments de financement de dettes
2-2-1. La Mourabaha
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

Le Mourabaha peut être défini comme un contrat de vente entre une banque
islamique et un client de la banque. La banque achète à un fournisseur un bien corporel
à la demande de son client, auquel revend le bien avec une marge bénéficiaire.
La marge est déterminée en fonction du résultat de négociations entre la banque et
le client donneur d’ordre. Le calcul de cette marge se fait sur la base de la même
formule de calcul que le taux d’intérêt.
Le Mourabaha exige les mêmes conditions de validité du droit contractuel, Les
documents de demande de financement sous forme de Mourabaha déposés par les
clients doivent comprendre obligatoirement la nature, la qualité, les quantités mais
aussi les caractéristiques techniques des biens concernés. Il ne doit y avoir aucune
ambiguïté en ce qui concerne le prix du bien, le client et sa banque doivent être
informés sur l’ensemble des charges liées à l’acquisition du bien corporel. Ainsi la
banque ne peut modifier le prix fixé au départ dans le contrat sauf avec l’accord du
client donneur d’ordre.
Pour les contrats de Mourabaha, les banques islamiques demandent les mêmes
types de garantie que les banques conventionnelles.
Le Mourabaha est un instrument de financement qui peut être très utile aux PME,
surtout qu’ils trouvent des difficultés à accéder à certains marchés contrairement aux
grandes entreprises et cela est dû à leurs faiblesses sur le plan commercial et financier.
Pour les PME le Mourabaha pourrait être un moyen intéressant et efficace pour
importer des marchandises, des matières premières ou des équipements et outils
industriels.
2-2-2. Ijara ou crédit-bail
L’Ijara est l’équivalent du contrat crédit-bail en fiance islamique. Toutefois ce qui
le diffère au crédit-bail, c’est l’absence de pénalité en cas de non-paiement mensuel ou
retard car les pénalités sont considérées comme des intérêts, or la finance islamique
interdit l’usage de ce procédé.
Le circulaire n°36 de la banque centrale du Maroc (2014), dans son article 58
donne la définition suivante : « L’Ijara, est tout contrat selon lequel un établissement
de crédit met, à titre locatif, un bien meuble ou immeuble, identifié et propriété de cet
établissement, à la disposition d’un client pour un usage autorisé par la loi. »
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

Dans une opération d’Ijara c’est le client qui choisit le bien et qui négocie le prix
avec le fournisseur pour informer par la suite la banque, à laquelle il donne mandat
pour l’acquisition du bien.
Le contrat d’Ijara exige que le bien soit durable et répond à un standard défini par
la banque.
Les actifs qui concernant les licences d’exploitation de ressources naturelles tel que
le pétrole ou encore les brevets, les droits d’auteur n’entrent pas dans le cadre de
contrat d’Ijara.
Pour bénéficier d’un contrat d’Ijara, le client doit fournir un ensemble de
documents qui feront qui seront analysés par la suite par la banque. Parmi ces
documents on peut citer : la demande d’acquisition du bien sous Ijara, une facture et
les états financiers des trois dernières années.
• Le contrat d’Ijara doit contenir :
• La nature de l’opération
• Le bien,
• L’engagement du client à louer le bien
• Le montant des loyers,
• Les modalités de son paiement
• Les dates des échéances
Les loyers sont généralement déterminés d’accords partis entre la banque islamique
et le locataire. Les loyers sont fixés en fonction des moyens du locataire, Pendant la
durée d’un contrat d’Ijara, le locataire est responsable du bien d’où la nécessité
d’assurer ce dernier.
Le contrat d’Ijara nécessite aussi des garanties qui peuvent être des sûretés réelles
ou personnelles mais souvent c’est le bien objet du leasing qui fait l’objet de garantie.
L’Ijara est un contrat synallagmatique et sa durée est irrévocable et les causes qui
risquent de mettre fin au contrat d’Ijara sont :
• Le non-paiement des loyers
• La sous location,
• L’asymétrie de l’information
• La cession du bien…
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

Dans le cas où le locataire ne respecte pas ses engagements, il devra rendre le bien
à la banque et verser le reste du loyer en guise d’indemnisation. Les banques
islamiques sont connues d’être plus souple concernant les garanties dans les contrats
d’Ijara que les banques conventionnelles dans les contrats de crédit-bail.
En effet les banques islamiques prennent en considération les difficultés d’ordre
économiques et financières auxquelles peuvent être confrontés les locataires et qui
sont indépendantes de ces derniers. C’est pour cette raison que les banques islamiques
accordent un délai supplémentaire pour permettre aux locataires d’améliorer leur
position de trésorerie.
L’Ijara est un mode de financement qui peut permettre aux particuliers et aux
entreprises d’acquérir des équipements ou des immobilisations qu’ils ne peuvent
obtenir directement. Ce type de financement devra être privilégié par les PME à cause
des avantages du système des amortissements et du fait que les loyers payés sont
considérés comme étant des charges sur le plan comptable.
2-2-3. Ijara Wa Iktina ou location-vente
L’Ijara wa iktina est un contrat de crédit-bail au même titre que l’Ijara cité ci-
dessus, la seule différence est que le locataire s’engage dès le départ à racheter le bien
à la fin du contrat.
Dans cette opération, les loyers payés servent à la fois de rémunération à la banque
mais aussi de marge bénéficiaire.
La banque islamique ouvre au nom du locataire un compte d’investissement dans
lequel les loyers seront versés. Et ce compte fait l’objet d’une rémunération de la part
de la banque au profit du client.
2-2-4. L’Istisna
C’est un contrat de financement avant livraison et crédit-bail par lequel la banque
en qualité d’entrepreneur responsable de la réalité des travaux s’oblige à exécuter des
produits finis (constructions, aménagements…) moyennant une rémunération que
l’autre partie s’engage à lui payer d’avance, de manière fractionnée ou à terme.
L’Istisna est une opération qui ressemble au Mourabaha, sauf qu’ici le contrat porte
sur un bien qui doit être fabriqué ou construit.
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

Exemple : Si une entreprise a besoin d’un modèle spécifique d’un produit, elle
s’adresse à la banque islamique avec laquelle elle signe un contrat d’Istisna. La
Banque contacte alors le fabricant et se charge de payer toutes les charges liées à la
fabrication du matériel. Après la fabrication du produit, la banque se charge de la
livrer à l’entreprise qui aura la possibilité de payer comptant ou selon un
échéancier.
2-2-5. La vente Salam
La vente Salam respecte les mêmes règles que le contrat d’Istisna, sauf que dans le
contrat de vente Salam les paiements sont exigés d’avance. En effet, le client doit
libérer une partie ou la totalité des fonds avant que la banque ne passe la commande du
bien objet du contrat.
L’avantage de cette opération c’est que le client se met à l’abri des risques de taux
et de change que la banque devra assumer le cas échéant en libérant les fonds
d’avance.
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

Chapitre III : Modes de financement participatif et les


stratégies des banques participatives

Section I : Quelle leçon tirer de la pratique bancaire islamique

1 : Comment faire alors avec les modes de financement participatifs ?


Nul ne doute que les modes participatifs s'appliquent mieux au financement de
projets longs avec un nombre restreint d'agents à déficit de financement. Les banques
dans ce cas seront mieux placées pour contrôler les fonds investis, connaître les cash
flows générés et calculer ainsi leur part de profits. Cela nous amène donc à distinguer
les institutions financières non monétaires d'une part, et les banques de détail décrites
précédemment, d'autre part. On peut qualifier ces institutions non monétaires de
banques participatives (bounouk- al moucharaka) étant donné qu'elles sont en mesure
de recourir aux modes de financement participatifs et qu'elles traitent avec un nombre
réduit d'agents à déficit de financement. Elles ressemblent dans ce cas aux institutions
financières spécialisées et aux banques d'affaires.
2 : Particularité des banques d'affaires et des banques participatives
D'une manière générale, les banques d'affaires sont des banques spécialisées dans
le financement à long terme, même si accessoirement, elles travaillent à court terme.
La rémunération de la banque se fait selon la durée et le montant du financement
envisagé. Les taux d'intérêt appliqués aux prêts à long terme sont généralement
supérieurs à ceux pratiqués aux crédits à court terme. Il n'en est pas le cas pour les
banques participatives qui, elles, travaillent à moyen et à long terme pour pouvoir
calculer la marge de profit revenant à la banque. Le rôle de ces banques n'est pas le
financement de l'exploitation mais celui des investissements. Ces opérations sont
plutôt liées à la vie créatrice des entreprises, donc à la stimulation des investissements,
et non pas au financement de la trésorerie. La trésorerie, c'est la marche au jour le jour,
l'investissement, c'est la fondation pour la longue durée. En effet, lorsqu'un
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

entrepreneur envisage de fonder une entreprise nouvelle, il ne peut demeurer tout seul
dans la nature, il a besoin d'aide. Précisément, la banque d'affaires constitue
l'assistance bancaire de la création des entreprises. Ceci peut se faire de plusieurs
façons. Une création est toujours difficile, risquée. La banque d'affaires peut participer
d'une manière directe ou indirecte à la création d'une entreprise.
Si la banque d'affaires participe d'une manière directe à la création, elle est, pour
ainsi dire, pendant un certain temps, entrepreneur, mais elle ne le restera pas
indéfiniment. Elle va constituer, avec les fondateurs que sont les entrepreneurs, un
bureau d'études où sera examiné l'ensemble des questions techniques, commerciales,
financières, posées par cette création.
Lorsque la banque assure ce rôle direct et fondamental, elle va risquer ses fonds,
les engager en même temps que les fonds de l'entrepreneur.

Il y a une autre modalité de création d'une entreprise : c'est simplement l'assistance


14
de la banque pour émettre des titres (actions et sukuk al-ijara dans le système
islamique, actions et obligations dans le système conventionnel) à long terme, une fois
les calculs préalablement opérés. Autrement dit, dans cette hypothèse, l'entrepreneur a
lui-même constitué son plan d'action sans l'aide de la banque. Mais puisqu'il n'a pas le
capital suffisant pour constituer son entreprise, il demande à la banque de lui prêter ses
services pour faire souscrire, par le public, par l'épargne à long terme, des titres
mobiliers qui sont ceux que nous avons cités précédemment, à savoir les titres de
propriété : les actions, ou les titres de marge définie exante: sukuk al-ijara dans le
système islamique et obligations dans le système conventionnel. C'est ce rôle
d'intermédiaire en bourse qui fait la nouveauté de la banque moderne dans sa stratégie
de redéploiement de ses activités en réaction au phénomène de désintermédiation qui a
considérablement marqué la finance moderne au cours des années 1980 et qui s'est

14
Pour ce qui est de sukuk al-ijara, cf. Monzer Kahf, sanadat al-ijara, travail de recherche n° 28, Institut
Islamique de Recherches et de formation, Banque Islamique de Développement, Djeddah, 1995. (En langue
arabe)
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

accentué au cours des dernières années, soutenu par ce qui est communément appelé la
15
globalisation financière.

Dans cette seconde hypothèse, la banque ne court pas les mêmes risques puisque ce
n'est pas elle-même, en son propre nom, qui se livre à l'émission. Elle vend ses
services et si l'émission ne réussit pas, la banque dira à l'entrepreneur que le public n'a
pas été séduit par ses titres ou ses sukuks.

Cependant parfois, il y a aussi une modalité différente : la banque sera elle-même


souscripteur. Elle prendra en charge une certaine portion de l'ensemble de l'émission et
même, étant donné que c'est toujours un aléa d'affronter le marché financier, avant de
savoir s'il y aura acceptation par l'opinion boursière de cette action, pendant quelque
temps la banque pourra assurer elle-même le soutien des cours des actions.

Cependant, la banque d'affaires, tout comme la banque participative, ne se limite


pas au rôle catalyseur d'aide à la création d'entreprise. Elle intervient aussi pour
faciliter l'agrandissement, pour l'extension des entreprises en exercice. Lorsqu'une
entreprise veut créer une nouvelle usine, s'installer dans une nouvelle zone
d'aménagement industriel, il y a lieu de procéder à une augmentation de capital. Ce ne
sera pas la création ex nihilo. Dans cette extension de capital, il faudra émettre de
nouveaux types d'actions, et le processus est exactement le même.
3 : La banque d'affaires tout comme la banque participative travaille avec des
fonds de longue durée.
L'adage populaire "les affaires, c'est l'argent des autres" s'applique pour le court
terme, mais ne s'applique pas pour le long terme. C'est en ce sens que la prudence est
de rigueur car il faut du temps pour juger des résultats. Une banque d'affaires doit
disposer d'un capital très large et des réserves très importantes pour pouvoir financer

15
0 La concurrence acharnée entre la finance directe et la finance indirecte est devenue tellement rude
que les banques ne se limitent plus à la fonction classique d'intermédiaire financier 'passif'. La
déréglementation financière, le décloisonnement des marchés financiers et le phénomène de
désintermédiation ont contraint les banques transnationales à développer des stratégies qui ont
considérablement altéré leur rôle traditionnel d'intermédiaire financier. Cf. Dominique Plihon, Les Banques :
nouveaux enjeux, nouvelles stratégies, la documentation française, Paris, 1998.
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

des opérations à fort taux d'immobilisations. Ainsi, le pourcentage des immobilisations


d'une banque d'affaires ou d'une banque participative est beaucoup plus élevé que celui
d'une banque de dépôts (ou banque commerciale). Dans cette dernière, les
immobilisations représentent une très faible part des opérations : 1/50, voire 1/100 et
c'est la prudence qui impose cette fraction.41 Les déposants peuvent à tout moment
demander leur argent car leur ambition se limite au court terme. Au contraire dans une
banque d'affaires le ratio des immobilisations aux opérations globales est de l'ordre de
1/5 à 1/6.42

Ces mêmes règles de prudence s'appliquent aux banques de dépôts islamiques et


aux banques participatives. Sachant que la banque de dépôts travaille essentiellement
avec l'argent des autres, elle ne peut s'engager dans des opérations à long terme, et
donc il est exclu qu'elle utilise les modes de financement participatifs, sauf dans des
cas vraiment exceptionnels. Elle s'accommode mieux des modes de financement à
marge bénéficiaire prédéterminée et c'est ce qui explique le recours intensif des
banques de dépôts islamiques à ces modes de financement. La banque d'affaires, tout
comme la banque participative s'accommode mieux des modes de financement
participatifs. Voilà donc la caractéristique des banques participatives : on peut la
résumer en disant que la banque participative, c'est la prise de participation. Cela veut
dire que la banque s'engage, elle risque en participant. A cet égard-là, il y a une règle
plus précise : les banques d'affaires, tout comme les banques participatives, ne peuvent
pas investir dans des opérations de longue durée des dépôts qui sont de courte durée :
elles doivent disposer de dépôts à plus de deux ans minimum. C'est pour cela que la
banque d'affaires travaille avec une population bien particulière d'agents à excédent de
financement qui acceptent de mettre à sa disposition des fonds pour une longue durée.
Ces déposants sont généralement au nombre très réduit.
4 : Rivalité banques islamiques - banques traditionnelles : approche
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

En opérant dans un même environnement économique, la rivalité banques


islamiques 16banques conventionnelles est inévitable. Les banques islamiques ne sont
pas libres de fixer la marge de profit déterminée ex-ante ou ex-post à cause du
phénomène de concurrence imposé par les banques traditionnelles opérant selon le
système de l'intérêt. Il serait alors intéressant d'analyser les contraintes qui obligent les
banques islamiques à déterminer leur marge de profit en fonction de ce que font leurs
rivales capitalistes car elles opèrent dans un même marché. Pour illustrer le problème,
on suppose une situation où toutes les banques s’intéressent à financer des projets
rentables. Ce financement se fait par les banques islamiques selon la règle du partage
des profits et des pertes (PPP) et par les autres banques conventionnelles sur la base de
l’intérêt. Les entrepreneurs ont le choix entre les deux modes de financement. On
assistera donc à une libre concurrence entre les deux types de banques, abstraction
faite des motivations religieuses. Il est aussi à supposer que toutes les parties cherchent
la maximalisation du profit.

L’agent à déficit de financement -ou encore l'entrepreneur- optera pour le mode de


financement islamique si le profit qu’il espère réaliser (après paiement de la banque)
est supérieur à celui qu’il aurait reçu s’il avait opté pour la formule de l’intérêt. Notons
ici que la méthode de calcul du profit diffère selon le mode de financement choisi. Le
profit dérivé du mode de financement à intérêt (pi) se calcule par la différence entre le
chiffre d’affaires réalisé (CA) et le total des frais engagés, incluant les charges
financières générées par l’emprunt bancaire (iD); donc :

pi = CA – frais généraux (FG) – iD = CA – FG – iD

Dans le mode de financement islamique, l’entrepreneur n’aura pas à réduire de


charges financières puisqu’elles n’existent pas. Il en résulterait de ce mode de

16
Dans cette partie de l'article, il faut entendre par banques islamiques et les banques de dépôts
(islamiques) et les banques participatives. Dans les deux cas, une marge de profit doit être calculée, ex-ante ou
ex-post, et c'est la détermination de cette marge qui nous intéresse dans la suite de notre analyse.
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

financement un profit (p) supérieur à (pi). Seulement, l'entrepreneur est appelé à


réduire de (p) la part qui revient à la banque islamique (tpb x p). Il recevra donc :

p – (p x tpb) ou encore (1 – tpb) x p


L’entrepreneur ne choisira le mode de financement islamique que si :

(1 – tpb) x p >= pi (1)

Sachant que le taux d’intérêt (i) est connu par les deux parties et en supposant que
le profit espéré (p) peut être déterminé ex-ante (approximativement), la seule variable
qui reste à déterminer est le taux de profit bancaire (tpb). Donc les négociations des
deux parties porteront sur cette variable. Ainsi, la banque islamique, en fixant son tpb,
ne peut excéder un certain plafond, faute de quoi l’entrepreneur se tournera vers la
banque capitaliste. Si l’on reprend l’équation (1), on peut déterminer tpb comme suit :

(1 – tpb) x p >= pi
1 – tpb >= pi /p
– tpb >= pi /p - 1
tpb =< 1 – (pi /p) (2)
Comme (p) est égal à (pi) majoré des intérêts payés sur le capital emprunté, on
peut alors en déduire (pi) comme suit :

pi = p - iD

Remplaçons (pi) dans l’équation (2) :

tpb =< 1 – [(p – iD) /p]


tpb =< 1 – [1-(iD /p)]
tpb =< (iD /p)
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

Si la banque islamique veut s’aligner sur la banque capitaliste, elle fixera son taux
de participation de la façon suivante :

tpb = (iD /p) (3)


Cette équation montre que, pour un niveau de rentabilité donné, le taux de profit
bancaire augmente et diminue proportionnellement au taux d’intérêt. Cette même
équation peut être interprétée d’une autre façon : pour un taux d’intérêt donné et des
niveaux de rentabilité différents, le taux de profit bancaire augmente lorsque le profit
des entreprises diminue. L’inverse est vrai. On peut illustrer ce raisonnement par
l’exemple de deux projets qui exigent le même capital mais qui génèrent des profits
différents. Pour le premier projet, le taux de profit bancaire peut être calculé de façon à
ce que l’entrepreneur gagne le même montant indépendamment du mode de
financement choisi. Ainsi, si l’entrepreneur emprunte la somme de 1000 unités
monétaires (u.m.) au taux d’intérêt annuel de 10%, et réalise un profit de 1000 u.m.
avant intérêt, son revenu net s’élève à 1000 – 100 = 900 u.m. Si l’on veut que
l’entrepreneur gagne le même profit, dans le cas du mode de financement islamique, il
faut que :
(1-tpb) x p = 900 u.m.
(1-tpb) x 1000 = 900
tpb = 10%
Supposons maintenant pour le second projet génère un niveau de profit qui soit
inférieur ou supérieur au profit précédent. A un niveau par exemple de 2000 u.m,
l’entrepreneur recevra, dans le cas du financement avec intérêt, le profit net suivant,
après déduction des intérêts
pi = p -iD
= 2000 – 100 = 1900 u.m
Dans le cas du financement par la banque islamique et si celle-ci ne change pas
son taux de participation dans le profit de l'entrepreneur, celui-ci recevra :
(1-tpb) x p = (1 – 0,10) x 2000 = 1800 u.m
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

En conséquence, l’entrepreneur se retournera vers la banque capitaliste à moins


que la banque islamique n’accepte de diminuer son taux jusqu’au point où l’équation
(3) est de nouveau équilibrée. Dans ce cas, ce taux sera égal à :
tpb = (iD /p) = (100/2000) = 5%
Maintenant si le profit (p) est inférieur à 1000 u.m. et que la banque islamique
exige le même taux de partage de profit appliqué au premier projet, elle réalisera un
manque à gagner qui va à l’encontre de son objectif de maximalisation du profit.
Cependant, en gardant le même taux de partage des profits, la banque islamique
permet dans ce cas à l’entrepreneur de réaliser plus de profit que s’il aurait choisi le
mode de financement capitaliste. Ainsi, en disposant d’un peu plus de ressources,
l’entrepreneur aura de meilleures chances d’améliorer sa situation financière, chose
qui n’est pas offerte avec le mode de financement capitaliste. Si l’entreprise n’arrive
pas à générer des cash flows confortables, elle doit nécessairement passer par des
moments difficiles ; c’est justement là qu'elle se trouve dans le besoin vital d'être
aidée. Malheureusement, comme l'a constaté Paul Fabra, cette aubaine ne peut être
offerte dans un système capitaliste : «s’il est vrai et c'est vrai ! Que plus la situation
financière d’un débiteur devient problématique, plus onéreuses seront les conditions
auxquelles il pourra emprunter »17. Comme les économies sous-développées sont en
majorité en difficulté, il semble que les modes de financement classiques ne peuvent
être adaptés, ni jouer un rôle positif dans le développement de ces pays. On peut
inverser l’image et dire que les banques traditionnelles ne peuvent prospérer que dans
un environnement économique performant. Lorsque les conditions économiques se
détériorent, la survie de ces banques se complique davantage. Les difficultés
auxquelles font face les banques nationales dans les pays les moins avancés en sont
une preuve de ce que nous venons d'affirmer. D’autant qu’il est vrai que " les banques
commerciales dans les pays en développement n’assument pas -ni par leur fonction de
crédit, ni par celle de la collecte de l’épargne- un rôle efficace dans le financement du
développement."18
Section II : Les stratégies des banques participatives

17
Paul Fabra, « Les taux d’intérêt et les mœurs du marché », in Le Monde du 30/01/90, page 27.
18
Sami Hiram, Le Rôle du Système Bancaire des Pays en Voie de Développement, Thèse de Doctorat
d’Etat, Université de Paris II, 1984, p. 321.
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

1 : Stratégie de l’entrepreneur
De l’exemple précédent, on peut déduire la stratégie de l’entrepreneur qui ne
choisira le mode de financement islamique que si la part de la banque dans les
bénéfices réalisés n'excède pas le paiement d’intérêt (dans le cas du mode de
financement classique). Cela veut dire :

tpb x p = iD (4)

Comme le profit espéré (p) ne peut être assimilé au profit réalisé (p’) que dans une
situation de certitude – ce qui n’est pas le cas dans le monde des affaires-, on peut
remplacer (tpb) dans l’équation (4) en se référant à l’équation (3). On aura alors :

(iD/p) x p' = iD (5) 19

Quelles sont les conséquences sur les décisions de l’entrepreneur si les profits
espérés ne sont pas réalisés ? La réponse à cette question nous conduit à étudier la
stratégie de la banque islamique.
2 : Stratégie de la banque islamique
Une surestimation du profit (p) est à l’avantage de l’entrepreneur car, dans ce cas,
c’est la banque qui gagnerait moins. Donc, statistiquement parlant, et en introduisant
les calculs de probabilité, la banque doit réduire au maximum l’écart (p-p'), c’est-
à-dire aboutir à un coefficient de variation20 proche de 0. Ainsi, plus les anticipations
de la banque sont optimistes, plus elle risque de s’éloigner de la réalité et voir ainsi sa
part de profit diminuer. La stratégie de la banque serait donc de réduire au maximum
le profit (p), alors que l’entrepreneur chercherait l’inverse. Si l’on reprend l’équation
(5), toutes les stratégies se 'joueront' sur les variations du quotient (p'/p). On aboutira
ainsi à trois scénarios possibles :
1er scénario :

19
On peut altérer l’équation en mettant (p) au numérateur et (p’) au dénominateur, cela n’aura pas
d’influence sur les résultats auxquels nous allons aboutir.
20
Coefficient de variation = écart type / espérance de p, E (p).
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

(p'/p) x iD = iD, si p'= p ; cela signifie que nous sommes dans une situation de
certitude. Dans ce cas, l’entrepreneur est indifférent devant les deux modes de
financement. Mais cette situation est irréaliste car nous vivons dans un monde
incertain.
2ème scénario :
(p'/p) x iD < iD, si p'< p ; dans ce cas, le mode de financement islamique est à
l’avantage de l’entrepreneur. La banque islamique réalise alors un manque à gagner.
3ème scénario :
(p'/p) x iD > iD, si p'>p ; dans ce cas, l’entrepreneur risque de se tourner vers la
banque classique ; car la part de profit qui revient à la banque islamique aurait été
supérieure au montant des intérêts produits s’il avait choisi le mode de financement
conventionnel.
De ces trois scénarios, on peut déduire que la banque islamique, en rivalisant avec
la banque classique, ne peut exiger des revenus supérieurs à ceux de sa concurrente.
Car les entrepreneurs ne choisiront la banque islamique qu’au moment où ils estiment
que le montant qu’ils auront à payer serait inférieur ou tout au moins égal aux intérêts
générés par l’emprunt conventionnel. Ainsi, on assisterait donc à une certaine
convergence des politiques de financement des deux types de banques opérant sur
Un même marché. L'intervention des institutions financières islamiques ne fait que
renforcer la concurrence et tirer les taux d'intérêt vers le bas au profit des agents à
déficit de financement. La multiplication du nombre de banques islamiques ne va pas
bouleverser les mœurs du marché, ni freiner la bonne marche de l'économie. Elle
permettra tout simplement d'élargir le choix des sources de financement offerts aux
entreprises et autres agents déficitaires et celui des produits bancaires offerts aux
agents excédentaires. Et c'est pour cela d'ailleurs que les banques islamiques ne sont
pas un phénomène éphémère ; bien au contraire, le rythme de progression qu'elles
continuent d'enregistrer depuis leur toute première création au cours des années
soixante-dix indique qu'elles sont là pour perdurer. Et, comme l'a noté une récente
enquête du Financial Times, les institutions financières islamiques sont souvent les
plus dynamiques et les plus innovantes 21. Le déclin de la banque traditionnelle ou plus

21
Roula Khalaf, Dynamism is held back by state control, Financial Times, 11 avril 1994
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

précisément de l'activité d'intermédiation financière classique, doublé de l'essor des


banques d'investissement et des sociétés de capital-risque justifient le bien-fondé de la
finance participative22

Conclusion Générale
Les banques participatives peuvent être considérées comme une option crédible
pour le financement des PME nationales, car elles sont des intermédiaires financiers
qui génèrent des modes de financement hybrides entre le prêt et l’investissement et
cherchent à consolider non seulement le capital mais aussi son rendement.
Au terme de ce travail qui synthétise les différentes réflexions théoriques sur le
sujet du financement des PME et sur les banques participatives, et d’après une analyse
23
des expériences des pays du CCG, Royaume Uni, Turquie et de la Malaisie dans le
domaine de la finance islamique, nous déduisons des enseignements pour le cas du
Maroc. En effet, ce dernier a promulgué une loi bancaire réglementant la mise en place
de ces banques dans le système bancaire marocain en vue d’augmenter le taux de
bancarisation des citoyens et le financement des activités économiques et d’attirer
davantage des capitaux étrangers. A partir des expériences internationales, le Maroc
est censé d’avancer des réformes visant à améliorer l’infrastructure juridique et la
supervision financière, aussi à permettre aux banques participatives de prendre en
considération les contraintes de l’infrastructure financière et adapter les produits et
services offerts par les banques participatives aux besoins réels des PME (des fonds
nécessaires à leur accroissement, gestion des risques du marché et leur soutien
technique).
A ce niveau, la mise en place d’un Sharia Board Central au Maroc sera un avantage
considérable pour le secteur bancaire participatif. Il a pour objectif de déterminer
d’une manière détaillée les produits bancaires islamiques commercialisés au niveau
des banques participatives, les directives concernant les états financiers et la
capitalisation de ces institutions financières et enfin un encadrement invincible de la

22
Cf. Ibrahim Warde, Paradoxes de la Finance Islamique, in Le Monde Diplomatique, Septembre 2001.
23
A.HACHIMI, (2015), « Le financement des PME par les banques participatives : Portées et limites -
Expériences mondiales - », Mémoire de fin d’études, ENCGT, p : 116.
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou

gestion du risque et de la bonne gouvernance de ces banques en prenant en compte les


exigences bancaires actuelles.
En outre, puisque l’activité des banques participatives se base sur l’investissement
dans les actifs, il est fortement conseillé de rendre les règles fiscales plus souples et
faciles à appliquer. Autrement dit, les banques participatives au Maroc ne doivent pas
être imposées doublement lors de l'achat et la vente de tout actif. D’une manière
générale, le financement par la banque participative est un avantage concurrentiel
substantiel pour les PME, puisque celles-ci manquent souvent, pendant la phase de
création, de compétences et de fonds nécessaires pour son développement. Donc, la
banque participative ne peut être qu’un support solide et un pilier incontournable pour
la coopération et le partage des responsabilités entre les bailleurs de fonds, la banque
et les PME dans la réalisation des projets d’investissement et d’exploitation.
Egalement, elle constitue une forme de gestion privée et collective permettant de
bénéficier des analyses fructifiées et des examens de faisabilité sur les projets
présentés aux normes sollicitées. Sans pour autant négliger le fait que les PME, à leur
tour, sont dans l’obligation d’adapter leur système de management aux exigences de la
banque et de mettre à sa disposition des états financiers certifiés et audités sur lesquels
les banques participatives peuvent s’appuyer pour évaluer leur solidité financière et
leur capacité de remboursement. En revanche, les banques participatives affrontent
des défis qui concernent les risques à encourir, la sécurité dans le placement des fonds,
sans perdre leur dimension éthique et solidaire orientée vers la concrétisation des
projets innovants, par conséquent, le développement du secteur des PME et ainsi la
création des emplois et la croissance de l’économie.

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