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Remerciements
En préambule à ce projet, je souhaite adresser mes remerciements les plus
sincères aux personnes qui m’ont apporté leur aide et qui ont contribué à l’élaboration
de ce travail ainsi qu’à la réussite de ce projet de fin d’études.
Je termine par un remerciement spécial à mes parent et frère pour leur soutien
moral et financer durant ces nombreuses années d’études.
PLAN
Introduction générale
Chapitre I : Principe cardinaux de la finance participative
Section 1 : Apparition et principe de la finance participative
Section 2 : Produits clés de la finance participative comparaison avec leurs
équivalents conventionnels.
Chapitre II : PME Marocaines face aux produits de la finance participative
Section 1 : Généralités sur la PME Marocaine
Section 2 : La finance participative une nouvelle voie de financement pour les
PME
Chapitre III : Modes de financement participatif et les stratégies des banques
participatives
Section I : Quelle leçon tirer de la pratique bancaire islamique
Section II : Les stratégies des banques participatives
Conclusion générale
Bibliographie
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou
Introduction générale
Le développement de l’économie du Maroc se base majoritairement sur le
rendement des petites et moyennes entreprises, puisque celles-ci représentent 95% du
tissu économique marocain selon les statistiques de la confédération de la PME.
Elles sont souvent considérées comme un des facteurs indispensables à la
croissance économique et à la promotion de l’emploi et au partage des richesses.
Certes, elles nécessitent des fonds pour lancer leur activité et pour l’améliorer.
Toutefois, les moyens de financement de ces PME sont limités, elles
souffrent des complications financières provenant du manque des fonds propres et des
risques qui les accompagnent pendant leur développement. En effet, les PME sont
éprouvées par leur asymétrie informationnelle entre leurs dirigeants et
l’établissement de financement ce qui explique le comportement caractérisé d’une
pusillanimité des banques classiques envers le financement des entreprises de petite
et moyenne dimension (Psyllaki, 1995).
De ce fait, les PME cherchent des instruments de financement plus adéquats en
termes de gestion de risque et de renforcement de leur liquidité. Et c’est l’un des
avantages des banques participatives qui ont comme principe, la prise de participation
et le partage des gains et des pertes.
La thématique adoptée pour notre travail relie les deux variables, « La
banque participative » et « la PME » et montre les apports de ce mode sur le
financement des petites et moyennes entreprises à l’échelle nationale. Elle est
originale puisque, d’une part, la finance participative est introduite dans la loi
bancaire marocaine récemment, et d’autre part, l’analyse de l’impact de la banque
participative sur le financement des PME marocaines n’aurait pas encore été débattue.
Cet article permet la présentation des diverses réflexions théoriques sur les
PME, la problématique de leur financement par les banques classiques et sur la
finance participative comme étant un nouveau souffle pour le développement des
PME et la croissance économique du pays.
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou
1
: Selon un Hadith, fréquemment cité, le Prophète aurait interdit l’échange en quantités inégales de l’or,
de l’argent, du blé, de l’orge, des dattes et du sel (« or pour or, argent pour argent, etc. »), ce qui a largement
été interprété comme une interdiction du prêt à intérêt lui-même (Schacht, 1994).
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou
2
: Voir Islamic Banking, Diederik van Schaik, Ph.D., économiste financier qui a reçu le prix Rabobank/NBE
de Business and Ethics pour sa thèse sur la banque islamique.
3
: Abi Haydar A., Les Banques islamiques, thèse, Paris, 1990, p. 100.
4
: Saleh N., Unlawful Gain and Legitimate Profit in Islamic Law, cité par Comar-Obeid, Les Contrats en droit
musulman des affaires, op. cit., p. 45.
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou
(riba al-nasi’a). Le riba de dette, enfin, intervient lorsqu’un intérêt est payé, sous
quelque forme que ce soit, pour compenser un prêt. Toutefois, la charia n’a pas défini
de règle générale relative au riba en dégageant une cause (illah) simple1 5. Aussi les
juristes des différentes écoles peuvent-ils avoir des opinions nuancées sur le sujet.
Pour les écoles hanéfite et hanbalite, toutes les transactions qui ne satisfont pas les
conditions de simultanéité et d’équivalence sont prohibées, surtout si elles donnent lieu
à une augmentation du prix au moment de la remise du bien ; par ailleurs, il n’est pas
possible, selon elles, d’accroître le prix d’un bien dans le cas de la prorogation du
terme. Les écoles chaféite et malikite limitent ces interdictions aux produits
alimentaires et à la monnaie métal. Cette rigueur n’étant pas favorable au
développement économique, des juristes musulmans modernes ont proposé une
conception du riba fondée plus sur l’esprit que sur la lettre. Pour eux, la raison sous-
jacente de l’interdiction du riba est de prévenir les pratiques injustes et de protéger le
faible contre une exploitation de ses besoins. De ce fait, un taux d’intérêt serait
répréhensible s’il frappe un pauvre, tandis qu’il ne le serait pas s’il vise un riche car il
n’y a pas, dans ce cas, d’exploitation. Par ailleurs, il a été suggéré que le prêt puisse
être assorti d’un intérêt qui en maintienne la valeur malgré l’inflation. Malgré la
richesse de la réflexion et les potentialités qu’elle recèle, cette vision des choses n’a
pas prospéré jusqu’à ce jour et c’est le concept orthodoxe qui prévaut. Selon lui, c’est
la lecture littérale qui est la règle, les motifs sous-jacents étant moins importants. De ce
fait, il est plus facile de mettre en œuvre des fictions (hiyal) qui permettent de
s’affranchir des rigueurs des préceptes. Faute d’une définition par compréhension,
c’est donc une définition extensive que l’on doit utiliser et les auteurs procèdent par
énumération des opérations interdites. Une grande partie de la littérature en la matière
examine les pratiques financières et commerciales afin de détecter toute trace de riba.
1-2-2 : Interdiction de Gharar.
Le mot gharar évoque l’incertitude résultant d’une information volontairement ou
involontairement insuffisante. Ce terme recouvre des notions différentes : aléa,
5
: Voir Saleh N., Unlawful Gain and Legitimate Profit in Islamic Law, London, 2e éd. Graham et Trotman,
1992, p. 17.
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou
incertitude, hasard, spéculation1 6 . Cela explique que les juristes ne soient pas
unanimes quant à la définition et surtout à la portée de ce concept. L’incertitude est
souvent liée à la spéculation, qui consiste à tenter de prévoir le résultat futur d’un
événement. Elle peut porter aussi bien sur l’existence même de la prestation, comme
c’est le cas dans les assurances accident, que sur l’étendue de la prestation, que l’on
constate dans l’assurance-vie. Ainsi, sont contraires à la morale islamique les contrats
aléatoires, dans lesquels le contenu de la prestation dépend d’un événement susceptible
de se produire pendant la durée du contrat. En effet, cette situation génère une
ignorance (jahl) quant aux gains et aux pertes des deux cocontractants, susceptible de
causer un préjudice à l’un ou à l’autre car on ne peut savoir, à l’origine, si le contrat est
équilibré. Or un contrat ne doit léser aucune partie. Ce déséquilibre se retrouve si le
contrat est complexe car il risque alors de favoriser l’exploitation du moins instruit par
le plus instruit. Aussi, à la manière du droit de la consommation2 7 en France, le droit
islamique interdit un certain nombre de pratiques et en réglemente d’autres afin de
protéger le cocontractant le plus faible et le profit qu’ils procurent est illicite. Une
nuance apparaît lorsque l’on distingue l’ignorance exorbitante (jahl fanish) de
l’ignorance tolérée (jahl yasir), mais les écoles divergentes sur la question. En tout cas,
« la cause de divergence est la question de savoir si le degré de connaissance que
donne la description, par rapport à la connaissance fournie par le sens, constitue une
incertitude qui influe sur la chose vendue au point qu’il y a un aléa considérable ou
bien qu’elle n’influe pas sur cette chose et il y a alors un aléa toléré parce que
d’importance minime1 8
». On conçoit que la notion suscite de nombreuses
controverses avec le développement et la modernisation de la vie économique. D’une
manière générale sont, en principe, interdites : les ventes liées, la vente à un prix donné
avec un rachat à terme à un autre prix, la vente avec réserve et la vente de l’un de deux
objets à choisir ultérieurement pour un prix donné. La vente de choses futures et les
6
: La spéculation est entendue comme une tentative de prédire le résultat à attendre d’un événement : la
spéculation illicite est une démarche dépourvue de la recherche et de l’analyse d’une information objective, au
contraire de l’activité économique, licite et souhaitable.
7
Art. L. 132-1, al. 1er du Code de la consommation : « Dans les contrats conclus entre professionnels et
non-professionnels ou consommateurs, sont abusives les clauses qui ont pour objet ou effet de créer, au
détriment du non-professionnel ou du consommateur, un déséquilibre significatif entre les droits et les
obligations des parties au contrat. »
8
: Comar-Obeid, op. cit., p. 63.
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou
opérations qui contiennent une incertitude sur les caractéristiques de l’objet du contrat
sont interdites. Il n’est pas possible de vendre des articles dont l’existence ou les
caractéristiques ne sont pas certaines du fait de la possibilité de survenue d’un
événement inattendu : l’existence d’un risque sur la réalisation de l’objet du contrat
conduit donc à la prohibition de ce contrat. Cela interdit, en principe, les activités
d’assurance qui envisagent, dès l’origine, que le bien ou le service puisse ne pas être
rendu. Au surplus et sous un autre angle, l’assurance est un moyen de fixer l’avenir,
alors qu’il n’appartient pas aux cocontractants.
1-2-3 : Interdiction de la Thésaurisation.
L’islam incite les fidèles à dépenser leurs fortunes pour l’intérêt collectif de la
communauté via la distribution du Zakat et l’aumône, il a prohibé également tout
comportement empêchent la redistribution et la circulation de la richesse dans la
société tel la thésaurisation : « De même, à ceux qui thésaurisaient l’or et l’argent et ne
les dépensent pas dans le sentier de Dieu, eh bien, annoncer-leur un châtiment
douloureux…Gouter donc ce que vous thésaurisez ! »9
1-2-4 : La spéculation (Maisir) et le Qimar.
Le maisir et le qimar correspondent à la notion de jeu. Le concept de maisir va au-
delà des jeux de casino auxquels on peut penser spontanément : il recouvre tout
enrichissement injustifié moralement d’une partie au détriment d’une autre. C’est ainsi
que sont interdites les pratiques commerciales contenant un élément d’incertitude qui
les assimile à un jeu de hasard (qimar) : vente de choses non encore existantes, vente
aux enchères, paris, loterie, contrats aléatoires, plus généralement, qui procurent un
revenu acquis sans travailler (maisir). Les notions de gharar et de qimar peuvent
d’ailleurs se rejoindre et se compléter : établir un contrat contenant une incertitude trop
grande (gharar) est semblable à un jeu de hasard (qimar).
1-2-5 : les autres interdictions.
D’autre interdiction s’ajoute aux autres cités ci-dessus, toute activité ayant une
relation directe ou indirecte avec l’alcool et de la viande du porc. Outre il interdit les
opérations portant sur l’or, l’argent, la monnaie, ceci afin d’éviter la spéculation. Ces
9
: Sourate tawbah verset 34-35
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou
interdictions ont pour objet d’éviter les cas de conflits, mais aussi de mieux respecter
10
les interdictions du riba et de gharar.16
En grosso modo, la finance islamique prohibe le Riba, le Ghrar et la thésaurisation
ainsi que la spéculation pour créer un climat attractif aux investissements et pour éviter
certains cas de conflits tel que le non remboursement, Outre, la finance islamique
s’article principalement sur le principe de partage des profits et des pertes, cette
alternative à la rémunération du prêteur en l’absence de taux d’intérêt. En revanche de
système conventionnel, il s’agit ici d’une rémunération conforme aux valeurs du
système économique islamique, basée sur le partage du risque et de la rémunération, et
de la nature des relations entre le prêteur et l’emprunteur. La banque prête de l’argent à
une entreprise qui devient partenaire, de même le déposant devient lui aussi un
actionnaire de la banque.
Dans ce cas, les deux parties assument un risque ont intérêt à s’engager dans des
opérations rentables et à œuvrer à la réussite du projet financé. En résulte, les banques
islamiques ont tranché la crise financière avec le minimum des pertes, en fait, la quasi-
totalité de ses institutions investissent dans des projets liés à une activité sous-jacente.
1-3 : ressources des banques participatives.
Les ressources des banques islamiques sont constituées d’une part des ressources
internes telles que le capital, les réserves, les profits, d’autre part des ressources
externes telles que les dépôts à vue, comptes bloqués à rémunération participative ou
compte d’épargne et enfin les revenus des projets et placements et les commissions de
gestion.
Les banques Islamiques utilisent leurs ressources principalement dans les
financements accordés aux tiers et les investissements et placements directs sur le
marché immobiliers et boursier. Ces ressources sont également utilisées dans les prêts
sans intérêt (Qard Hassan) et dans la Zakat sur les fonds propres ou la Zakat sur les
dépôts sur ordre du client.
Section 2 : Produits clés de la finance participative comparaison avec leurs
équivalents conventionnels.
10
: Iqbal (2007), « A Guide to Islamic Finance » Risk Books
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou
islamique, alors que les contrats hybrides sont accordés de manière sélective car ils
exposent la banque au même risque que le client.
Tableau 1. Instruments de financement des banques islamiques
premières et reçoit des liquidités. Le client utilise ensuite cet argent pour rembourser la
banque du paiement différé dû.
Dans le cas du Tawarruq, le but du client n’est pas de posséder la matière première
achetée par la banque mais uniquement de trouver des liquidités. Cet instrument
financier est populaire au Moyen-Orient car il facilite le financement en liquide. Le
client peut utiliser les liquidités obtenues pour alimenter sa trésorerie.
Bien que le Tawarruq soit autorisé par les spécialistes de la charia, ils le
désapprouvent car les parties n’ont pour seul objectif que d’obtenir des liquidités. Les
matières premières achetées ne les intéressent pas. C’est pour la même raison que la
Bai al Inah (vente et rachat) est interdite. La Bai al Inah est toutefois autorisée en
Malaisie sur la base du principe du Maslaha (profit collectif).
Dans le cas du Tawarruq, la banque achète à un courtier et le client vend à un autre
courtier (plus de deux parties sont donc associées à la transaction). Dans le cas de Bai
al Inah, l’échange implique uniquement deux parties (la banque et le client). La
banque vend son actif (bâtiment, terrains, actions, etc.) au client en différé (à $E.-U. 10
000 à payer dans six mois, par exemple). Le client ayant acheté l’actif et en étant à ce
moment-là propriétaire, il revend le même actif à la banque au comptant et obtient des
liquidités ($E.-U. 8 000, par exemple). Tout comme le Tawarruq est populaire au
Moyen-Orient, le Bai al Inah présente un attrait important en Malaisie car les deux
instruments permettent au client d’obtenir des liquidités.
En résumé, la Mourabaha est une vente qui peut, au jour d’aujourd’hui, prendre
trois formes :
Mourabah : la banque achète un actif corporel et le vend au client, lequel souhaite
posséder l’actif en question.
Tawarruq : la banque achète une matière première auprès d’un courtier puis la vend
au client qui ne souhaite pas la garder et la revend à un autre courtier pour obtenir des
liquidités.
Bai al Inah : la banque vend son actif au client (à crédit), lequel le revend
immédiatement à la banque (au comptant) et obtient en retour la somme souhaitée. Le
bai al Inah n’implique que deux parties, alors le Tawarruq en implique davantage.
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou
La Mourabaha pourrait être utilisée pour financer l’achat d’un actif qui existe déjà
– une voiture, un bâtiment, une machine, etc. Pour financer un actif qui n’existe pas
encore (des produits agricoles qui doivent être cultivés ou des immeubles en
construction, par exemple), ce sont le Salam ou l’Istisna qui sont utilisés.
2-2-2: L'Idjara (crédit-bail /location-vente).
• Problématique financière
Les dépenses engagées par une entreprise en matière d’investissement peuvent être
lourdes et un financement progressif sous la forme d’un achat avec paiement
d’échéances peut être la seule manière de satisfaire les besoins d’équipement de
l’agent économique.
Par ailleurs, pour des raisons diverses, notamment du fait du coût de certains biens
ou équipements, les entreprises peuvent réaliser des opérations qui ne sont ni des
achats ni des ventes mais des locations : elles ne sont pas intéressées par la propriété
de l’équipement considéré mais par l’usage qui peut en être fait et donc par le profit
que l’on peut retirer de cet usage. L’utilisateur ne détient pas l’équipement mais
l’exploite pour la durée de la mise à disposition de celui-ci, durée en général assez
longue. Le profit apparaît donc indépendant de la valeur du bien concerné, qui peut
être immobilier ou mobilier.
L’opération peut être une location simple, le bien revenant à son détenteur à
l’échéance, ou comporter une option d’achat que l’utilisateur peut exercer. Le
financement sous forme de crédit-bail (leasing) répond à cette préoccupation : les
charges annuelles se limitent au paiement d’un loyer qui comprend l’amortissement du
crédit et l’utilisation du bien. L’objet du crédit-bail est ainsi à la disposition de
l’entreprise sans qu’elle en ait la propriété. Celle-ci, titulaire d’une option d’achat, peut
décider du moment d’exercer (ou non) cette option.
Dans la finance islamique, ce type de produit prend le nom d’ijara. L’ijara est un
contrat de location d’un bien comprenant une possibilité de transfert de la propriété de
ce bien au profit du locataire.
Il fait donc intervenir trois acteurs : un fournisseur de biens, la banque (ajir ou
mujir) qui achète l’équipement et devient bailleur en le louant, pour une période
déterminée, à son client (mustajir) lequel devient locataire (ou preneur) et paye un
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou
schéma simple dans lequel un emprunt permet la fabrication d’un bien particulier dont
la vente fournira les fonds permettant le remboursement du concours financier. La
finance classique connaît le financement de l’activité, le prêt pour le fonds de
roulement, donnant une certaine souplesse d’utilisation à l’entreprise.
Cette formule générale se rencontre plus difficilement en finance islamique
puisqu’il faut toujours rattacher un financement à un bien concret et, en principe
existant. C’est cette question que résout le contrat salam qui se caractérise par un
achat/vente immédiat de biens et services avec règlement/livraison dissociés :
paiement immédiat et livraison différée.
L’objectif est de procurer aux entreprises un financement à court terme,
essentiellement pour les besoins de leur exploitation courante ou même, aujourd’hui,
pour le préfinancement à l’exportation.
La transaction entraîne un risque de marché pour la banque que celle-ci a
néanmoins les moyens de couvrir.
La transaction Salam
En principe, la vente salam concerne la vente d’un bien qui ne sera livré que plus
tard même si son prix est réglé immédiatement sous peine de nullité. Cette technique
peut être étendue pour permettre le financement de l’exploitation.
Faute de financer directement un produit existant à livrer immédiatement, le salam
peut dissocier l’objet du financement et le bien qui servira à son remboursement : dans
ces conditions, le financement immédiat pourra être utilisé pour des charges diverses
liées à l’activité de l’entreprise et sera remboursé par une vente correspondant à la
fabrication d’un produit de l’entreprise. La banque intervient alors comme acheteur de
biens fabriqués par cette dernière, avançant immédiatement les fonds nécessaires, et
acceptant de n’être livrée que plus tard ou encore d’être remboursée par la vente pour
son compte des marchandises en question.
Concrètement, le contrat de salam enregistre un accord entre un financier (une
banque en principe) et son client pour la transaction suivante :
– la banque commande à l’entreprise cliente une certaine quantité de marchandises,
dont la valeur correspond au besoin de financement de celle-ci, contre une facture pro-
forma détaillée, l’ensemble fixant la nature et la quantité de la marchandise, les délais
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et les modalités de livraison (ou encore les modalités de vente de la marchandise par
l’entreprise pour le compte de la banque) ;
– la banque se fait livrer la marchandise pour la céder sur le marché ; elle peut
aussi donner mandat à l’entreprise de vendre la marchandise à un tiers, l’entreprise
s’engageant à recouvrer le produit de la vente pour le verser à la banque après avoir
facturé la marchandise pour le compte celle-ci ; la banque peut encore demander au
bénéficiaire du salam de livrer la marchandise à un tiers, par exemple dans le cadre
d’un second salam, déconnecté du premier, qu’elle aura conclu à son profit ;
– si l’entreprise est mandatée par le banquier, elle peut recevoir, en échange, une
rémunération calculée selon des modalités diverses (ex ante : intégration au montant
de l’avance ; ex post : part de la marge dégagée lors de la vente).
La couverture du risque de la banque
La banque peut souhaiter se refinancer ou couvrir son risque résultant d’une
possible baisse du prix de la marchandise. Elle ne peut pourtant pas céder le bien avant
de l’avoir reçu sous peine d’une qualification de gharar. Elle met alors en place un
back to back salam ou salam parallèle
. • Le client A vend une marchandise M à la banque et reçoit immédiatement son
prix P1 pour une livraison différée.
• La banque vend une marchandise identique M à un client B et reçoit
immédiatement son prix P2 pour une livraison différée.
• À l’échéance le client A livré la banque qui livre le client B puisque les deux
marchandises sont identiques.
P2 – P1 constitue le profit éventuel de la banque. Si P1 = P2, la couverture est
parfaite. Une autre technique peut être utilisée : un tiers (T), dont, par exemple, le
client A de la banque est un fournisseur, peut promettre à A d’acheter une marchandise
du même type à un prix défini P2 pour une livraison le même jour que celui qui est
prévu pour la banque pour le prix P1. Dans ce cas, la promesse de T à A est transférée
à la banque qui livre T le jour dit et la banque couvre son risque par l’intermédiaire de
la différence de prix P2 – P1 qui lui permet de réaliser un profit (si P2 > P1).
2-2-4: L'Iistisna'a (construction/fabrication).
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou
L’Istisna est une extension du concept du Salam. Le Salam porte uniquement sur
des marchandises dont le paiement intégral doit être effectué d’avance. À l’inverse,
l’Istisna est un contrat utilisé pour la construction ou la fabrication de biens uniques
(conformément à un cahier des charges précis). Il se rapproche du Salam en ce sens
qu’il est utilisé pour financer des marchandises qui n’existent pas encore; mais il
n’exige pas le paiement intégral d’avance (les modalités de paiements sont plus
souples).
À titre d’exemple, une PME souhaite se lancer dans le transport maritime et veut
acheter un navire. Elle peut contacter une banque islamique pour lui demander de
financer l’acquisition, en lui demandant de construire le navire. Dans la pratique, la
PME achète le navire à construire à la banque islamique (contrat d’Istisna).
La PME paye donc le prix d’achat à la banque (coût du navire plus marge
bénéficiaire pratiquée par la banque). Bien entendu, la banque n’est pas en mesure de
construire le navire et en passe donc commande à un chantier naval. Il s’agit alors d’un
nouveau contrat d’Istisna, en vertu duquel la banque islamique achète le navire au
constructeur. Le deuxième volet de la transaction concerne le prix du navire payé par
la banque au chantier naval. Pour simplifier, au titre de cet Istisna parallèle, la banque
achète le navire en construction auprès d’un constructeur (coût pour la banque) et le
vend à la PME (prix de vente majoré d’un bénéfice). La PME règle ensuite le montant
dû en différé.
2-2-5: Takaful.
Il s’agit d’un système d’assurance très similaire aux assurances conventionnelles et
basé sur le principe de « l’assistance mutuelle volontaire » à savoir la protection
mutuelle, la coopération et la responsabilité. Mais se différencie néanmoins sur
certains points :
▪ Assistance mutuelle volontaire : les membres sont à la fois assureurs et assurés en
cas de sinistre.
▪ Propriété des fonds gérés : les fonds sont apportés par les membres qui prennent
part aux pertes et aux gains.
▪ Absence de doute : pas de gain prédéterminé par le contrat (principe du gharar)
▪ Gestion des fonds : respect impératif des principes islamiques
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou
un chiffre d’affaires compris entre 3 et 10 MDH de CA, et, enfin, les Moyennes
Entreprises dont le volume d’affaires est compris entre 10 et 175 MDH. C’est la
définition de l’ANPME qui tient aujourd’hui de référence, notamment pour bénéficier
des concours des institutions étatiques qui soutiennent le développement des PME.
1 : Pourquoi les responsables de micro-entreprises et de PME devraient-ils
envisager de se tourner vers la banque islamique?
Nombreux sont ceux qui pensent que le financement des micro-entreprises et des
PME est un marché de niche logique pour la banque islamique étant donné qu’il
concerne l’économie réelle, crée des emplois, implique l’utilisation productive des
ressources, en particulier du capital et des finances, et qu’il contribue à l’allègement de
la pauvreté.
Nombreux sont les investisseurs, y-compris non musulmans, qui sont attirés par la
finance islamique parce qu’elle défend des valeurs éthiques et morales. La finance
islamique est souvent comparée à l’investissement socialement responsable, aussi
appelé investissement durable ou éthique. L’investissement socialement responsable
vise à maximiser tant les rendements financiers que les comportements socialement
responsables ou éthiques. À titre d’exemple, la finance islamique et l’investissement
socialement responsable interdisent tous deux les opérations commerciales en rapport
avec la pornographie, les jeux de hasard, l’alcool et la fabrication d’armes.
La banque islamique prône aussi l’esprit d’entreprise et le partage des risques. Pour
ce qui est du partage des profits dans le cadre d’un projet financé, ce n’est pas
uniquement l’entrepreneur qui assume les risques, le bailleur de fonds et le
bénéficiaire partageant les profits/pertes réels ou nets. Les principes de l’équité et de la
justice exigent que le fruit du projet soit équitablement partagé entre les deux parties.
Si le bailleur de fonds escompte revendiquer une partie des profits dégagés par le
projet, il doit aussi assumer une partie équivalente des éventuelles pertes liées au
projet.
Pour les micro-entreprises et les PME à la recherche de financements, la banque
islamique peut être une solution.
2 : Principales distinctions entre la banque islamique et la banque
conventionnelle
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou
La banque islamique est régie par des règles commerciales islamiques appelées
fiqh al Muamalat. Les interdictions énoncées dans ces règles ont une incidence sur la
gestion des opérations et de la trésorerie dans les banques islamiques. Cet ensemble de
règles fondamentales s’applique aux Sarf (échanges monétaires).
À titre d'exemple, si quelqu'un souhaite prêter de l'argent, la charia stipule que le
prêt est destiné à aider celui qui le contracte et ne doit pas dégager de bénéfice pour
celui qui l'accorde. Le prêt d'argent ne peut donc pas être porteur d'intérêt « L’argent
n’engendre pas l’argent11 ».
Il en va généralement de même des garanties bancaires de paiement. En un sens,
une garantie est une promesse de verser de l’argent à une date ultérieure et peut être
interprétée comme un engagement de prêt. La commission prélevée est alors
considérée comme une forme d’intérêt. D’un autre côté, la garantie est un moyen
d’aider une tierce personne et ne devrait normalement pas donner lieu à une
compensation.12
Les activités de la banque conventionnelle impliquant des prêts étant prohibées par
les règles de base de la charia, le crédit et l’investissement sont offerts aux clients par
le biais de contrats de vente, de crédit-bail/location-vente, de comptes d’agence et de
partenariats. Dans le cas du premier groupe de contrats – ventes et crédit-bail/location-
vente – l’issue du contrat est prévisible et permet de facturer un prix fixe au client.
L’issue des contrats d’agence et de partenariat est incertaine; ils permettent le partage
des pertes et profits découlant de l’opération 13. Tel que décrit plus bas, ces transactions
peuvent servir les micro-entreprises et les PME. Les règles du Sarf ont également pour
conséquence de limiter les ventes à terme de devises.
Du fait de ces différences conceptuelles entre la banque islamique et la banque
conventionnelle, la banque islamique a tout d’une institution de partage des bénéfices,
ou d’une banque d’affaires reposant essentiellement sur les contrats de vente. Ces
caractéristiques peuvent être attrayantes pour les clients des banques, notamment pour
le financement des transactions commerciales.
11
Aristote, Politique, trad. J. Aubonnet, éd., les Belles Lettres, 1968-1973, Livre I, chapitre III. p. 30
12
Il n’en demeure pas moins que les garanties se prêtent à de nombreuses interprétations et structures
différentes qui débouchent sur des décisions variées selon les jurisconsultes de la charia.
13
Le partage des profits repose sur une clé de répartition des bénéfices convenue d’un commun accord,
les pertes étant supportées en proportion du capital initial versé.
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou
Dépôts
Dans une banque conventionnelle, les dépôts représentent l’emprunt de la banque
auprès de ses clients ou d’autres banques. Parmi les instruments de dépôt courants
figurent les comptes chèque, les comptes d’épargne et les comptes de marché
monétaire, les comptes à terme et les certificats de dépôt. L’intérêt à verser par la
banque est fonction de la durée du dépôt. Normalement, plus le dépôt est long, plus
l’intérêt versé est élevé. Les comptes chèque et les comptes de dépôt ne sont
généralement pas porteurs d’intérêt. Certaines institutions financières proposent
malgré tous des comptes chèques porteurs d’intérêt subordonnés au maintien d’un
solde minimum donné. Les comptes d’épargne et les dépôts à échéance (comptes à
terme et certificats de dépôt) sont porteurs d’un taux d’intérêt fonction de la durée du
dépôt.
À l’inverse, le financement d’une banque islamique passe par des dépôts, des
quasi-dépôts et des comptes d'investissement avec partage des bénéfices (CIPB). Un
dépôt étant un prêt, il ne peut donner lieu à une rémunération contractuelle. Les
banques islamiques offrent généralement des comptes wadiah qui incluent des comptes
chèque et des comptes courants. Les comptes wadiah individualisés ne sont porteurs
d’aucun intérêt.
S’agissant des comptes d’épargne et à terme, certaines banques islamiques
reçoivent des dépôts en tant que wadiah, auquel cas ils ne sont porteurs d’aucun
rendement contractuel. Mais les banques islamiques demandent aux
Déposants l’autorisation d’utiliser l’argent mis en dépôt pour faire travailler la
banque. Cette disposition est stipulée dans le contrat de dépôt. À partir de là, si la
banque réalisé un bénéfice, elle peut choisir de verser en retour une somme d’argent au
déposant sous forme de hiba ou don.
L’important est que le don n’est pas contractuel et le déposant n’a aucun droit sur
les bénéfices réalisés, même si la banque est très rentable. À l'inverse, si la banque
perd de l’argent, le contrat de wadiah est en substance un contrat de conservation, et la
banque doit restituer au client l’intégralité de la somme déposée.
La Wakala ou les comptes d’agence sont une nouvelle tendance parmi les banques
islamiques. Ils s’apparentent aux dépôts en ce sens que le client n’investit pas dans la
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou
banque, mais mandate la banque pour employer l’argent du client dans des
transactions rentables. Il peut s’agir de crédits-bails/locations ventes, de ventes ou
d’autres opérations bancaires. Dans le cas de comptes d’agence, l’argent appartient au
client et doit lui être restitué. Ce dernier court néanmoins un risque de perte si
l’opération dans laquelle la banque a investi l’argent subit des pertes. On peut donc
estimer qu’il s’agit là qu’un quasi-dépôt. Plusieurs banques centrales de premier plan,
notamment celles de Bahreïn et du Koweït ont approuvé les dépôts Wakala pour les
consommateurs et les entreprises.
Les banques islamiques utilisent habituellement une forme de dépôt appelée
Moudaraba. Il s’agit d’une technique de CIPB. Le client investit au côté de la banque,
laquelle assure la gestion de l’argent du client. La banque fixe généralement une clé de
répartition des bénéfices, lesquels, le cas échéant, sont fonction des performances des
fonds investis.
À titre d’exemple, un dépôt sur CIPB investi dans des opérations de crédit-bail/
location-vente peut dégager un rendement intéressant moyennant un risque modéré. À
l’inverse, le même dépôt investi dans l’achat et la vente de matières premières dans un
environnement dénué de risque peut dégager un rendement
Très modeste et n’impliquer pour ainsi dire aucune perte. Ces comptes sont très
semblables à des prises de participation.
La Wakala et le CIPB sont souvent garantis par les réserves spéciales des banques
islamiques. Ces réserves sont conçues pour protéger les déposants contre le « risque
commercial déplacé ». Elles sont souvent appelées provisions pour égalisation des
bénéfices (PER) et provisions pour risques liés aux investissements (IRR). Dans les
pays où cela est permis, la banque peut puiser dans les PER pour améliorer les
rendements si la banque islamique affiche un rendement inférieur à celui du marché. Si
la banque islamique affiche une perte, elle peut alors puiser dans les IRR pour couvrir
les titulaires de CIPB et de comptes Wakala. Toutes les banques islamiques ne
constituent pas ces types de réserves. Cependant, lorsqu’elles le font, ces comptes de
partage des risques s’apparentent alors à des comptes de dépôt conventionnel du fait
des réserves constituées. Ces réserves étant limitées, en cas d’épuisement le titulaire de
compte court un risque de perte.
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou
Les comptes qui financent une banque islamique et les dépôts des banques
conventionnelles étant structurés de manière très différente, le profil de risque et de
liquidité de la banque islamique diffère de celui d’une banque conventionnelle. Le
titulaire de compte d’une banque islamique peut, en effet, être contractuellement
exposé à un risque de perte de son capital. La banque islamique se doit donc de
redoubler de précautions dans sa prise de risque, faute de quoi ses titulaires de comptes
risquent de prendre la poudre d’escampette lorsque les résultats seront médiocres ou
que la banque essuiera des pertes.
Le prêt par opposition au crédit et à l’investissement
Contrairement à la banque conventionnelle, l’islam interdit le prêt d’argent contre
une somme d’argent majorée ou assortie d’un intérêt. Tout comme la banque
islamique diffère de la banque conventionnelle quant à la manière dont elle obtient des
fonds sur le marché, elle utilise également les fonds à sa disposition de manière
totalement différente. Au lieu de prêter l’argent emprunté à un taux de rémunération
ou à un taux d’intérêt fixe, la banque islamique réalise des transactions commerciales
basées sur des ventes, des comptes d’agence ou des partenariats. Ainsi, la banque ne
fait pas commerce d’argent moyennant un bénéfice. Elle doit en revanche assumer un
risque industriel ou lié aux actifs sous-jacents à ses transactions. Ses clients potentiels
doivent donc viser un objectif précis.
Les conditions d’octroi et la structure des opérations de crédit sont différentes dans
les banques islamiques et dans les banques conventionnelles. Dans une banque
conventionnelle, pour pouvoir prétendre bénéficier des services offerts, l’emprunteur
doit avoir une bonne cote de crédit. C’est la capacité de remboursement du prêt (ratio
d’endettement) qui détermine généralement le montant du prêt (ligne de crédit). Des
garanties ne sont pas toujours nécessaires. La somme versée et les modalités de
remboursement dépendent de la solvabilité et du risque que représente l’emprunteur. À
titre d’exemple, un emprunteur dont la cote de crédit est faible peut devoir acquitter un
taux d’intérêt plus élevé qu’un emprunteur dont la cote est meilleure et le ratio
d’endettement plus favorable.
En outre, le terme du prêt a une incidence sur le montant à rembourser par
l’emprunteur. Par ailleurs, le remboursement tardif donne lieu à des pénalités et
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou
financier pour en trouver un qui lui conviendra davantage. Le fait qu’une PME soit de
petite taille ne justifie pas que la banque refuse de divulguer des informations.
Section 2 : La finance participative une nouvelle voie de financement pour les
PME
Le financement est l’opération qui permet l’évolution et la survie des PME, et qui
assure le développement des emplois, et la réalisation des nouvelles idées. Mais pour
les PME accéder à un financement n’est pas une tache si facile que ça. Et avec
l’introduction de la finance islamique dans le monde du financement des PME, le
choix d’outils de financements demeure plus large.
Cependant, les PME rencontrent plus de difficulté pour financer leurs projets
d'investissement ou d’exploitation. Ce fait peut s'expliquer par deux facteurs :
l'évolution défavorable des mécanismes d'offre et de demande de crédits ainsi que
l'aggravation du risque de défaut des entreprises.
Tous ces facteurs et d’autre poussent les dirigeants des TPE et PME à repenser
leurs sources de financement vers un nouveau financement qui serait intelligent et
capable de leurs traités comme partenaire et n’est pas comme un client.
1. L’approche de la finance Islamique pour le financement des PME
L'approche du marché des PME par les institutions financières islamiques, peut être
analysée selon trois critères : l'investissement, la rentabilité et le risque.
L'investissement : La banque islamique exige de tout promoteur d'un projet la
présentation d'une étude de faisabilité qui doit, en principe, fournir des renseignements
sur les aspects financiers, économiques, commerciaux, techniques et organisationnels.
Comme les dossiers présentés renferment rarement tous ces éléments, les banques
islamiques se sont dotées de départements d'étude de projets et de suivi. La banque
islamique dispose d'une panoplie de modèles et d'outils de financement (Mourabaha,
Moucharaka, Moudaraba, Ijara etc.) pour l'évaluation du dossier et le montage du
financement.
Dans un financement de type Moudaraba, la banque peut prendre en charge le
financement total de l'investissement - en intervenant comme associé. Ce type de
financement convient parfaitement aux PME qui démarrent pour obtenir les fonds
nécessaires à la mise en place de l'investissement.
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou
Le Mourabaha peut être défini comme un contrat de vente entre une banque
islamique et un client de la banque. La banque achète à un fournisseur un bien corporel
à la demande de son client, auquel revend le bien avec une marge bénéficiaire.
La marge est déterminée en fonction du résultat de négociations entre la banque et
le client donneur d’ordre. Le calcul de cette marge se fait sur la base de la même
formule de calcul que le taux d’intérêt.
Le Mourabaha exige les mêmes conditions de validité du droit contractuel, Les
documents de demande de financement sous forme de Mourabaha déposés par les
clients doivent comprendre obligatoirement la nature, la qualité, les quantités mais
aussi les caractéristiques techniques des biens concernés. Il ne doit y avoir aucune
ambiguïté en ce qui concerne le prix du bien, le client et sa banque doivent être
informés sur l’ensemble des charges liées à l’acquisition du bien corporel. Ainsi la
banque ne peut modifier le prix fixé au départ dans le contrat sauf avec l’accord du
client donneur d’ordre.
Pour les contrats de Mourabaha, les banques islamiques demandent les mêmes
types de garantie que les banques conventionnelles.
Le Mourabaha est un instrument de financement qui peut être très utile aux PME,
surtout qu’ils trouvent des difficultés à accéder à certains marchés contrairement aux
grandes entreprises et cela est dû à leurs faiblesses sur le plan commercial et financier.
Pour les PME le Mourabaha pourrait être un moyen intéressant et efficace pour
importer des marchandises, des matières premières ou des équipements et outils
industriels.
2-2-2. Ijara ou crédit-bail
L’Ijara est l’équivalent du contrat crédit-bail en fiance islamique. Toutefois ce qui
le diffère au crédit-bail, c’est l’absence de pénalité en cas de non-paiement mensuel ou
retard car les pénalités sont considérées comme des intérêts, or la finance islamique
interdit l’usage de ce procédé.
Le circulaire n°36 de la banque centrale du Maroc (2014), dans son article 58
donne la définition suivante : « L’Ijara, est tout contrat selon lequel un établissement
de crédit met, à titre locatif, un bien meuble ou immeuble, identifié et propriété de cet
établissement, à la disposition d’un client pour un usage autorisé par la loi. »
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou
Dans une opération d’Ijara c’est le client qui choisit le bien et qui négocie le prix
avec le fournisseur pour informer par la suite la banque, à laquelle il donne mandat
pour l’acquisition du bien.
Le contrat d’Ijara exige que le bien soit durable et répond à un standard défini par
la banque.
Les actifs qui concernant les licences d’exploitation de ressources naturelles tel que
le pétrole ou encore les brevets, les droits d’auteur n’entrent pas dans le cadre de
contrat d’Ijara.
Pour bénéficier d’un contrat d’Ijara, le client doit fournir un ensemble de
documents qui feront qui seront analysés par la suite par la banque. Parmi ces
documents on peut citer : la demande d’acquisition du bien sous Ijara, une facture et
les états financiers des trois dernières années.
• Le contrat d’Ijara doit contenir :
• La nature de l’opération
• Le bien,
• L’engagement du client à louer le bien
• Le montant des loyers,
• Les modalités de son paiement
• Les dates des échéances
Les loyers sont généralement déterminés d’accords partis entre la banque islamique
et le locataire. Les loyers sont fixés en fonction des moyens du locataire, Pendant la
durée d’un contrat d’Ijara, le locataire est responsable du bien d’où la nécessité
d’assurer ce dernier.
Le contrat d’Ijara nécessite aussi des garanties qui peuvent être des sûretés réelles
ou personnelles mais souvent c’est le bien objet du leasing qui fait l’objet de garantie.
L’Ijara est un contrat synallagmatique et sa durée est irrévocable et les causes qui
risquent de mettre fin au contrat d’Ijara sont :
• Le non-paiement des loyers
• La sous location,
• L’asymétrie de l’information
• La cession du bien…
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou
Dans le cas où le locataire ne respecte pas ses engagements, il devra rendre le bien
à la banque et verser le reste du loyer en guise d’indemnisation. Les banques
islamiques sont connues d’être plus souple concernant les garanties dans les contrats
d’Ijara que les banques conventionnelles dans les contrats de crédit-bail.
En effet les banques islamiques prennent en considération les difficultés d’ordre
économiques et financières auxquelles peuvent être confrontés les locataires et qui
sont indépendantes de ces derniers. C’est pour cette raison que les banques islamiques
accordent un délai supplémentaire pour permettre aux locataires d’améliorer leur
position de trésorerie.
L’Ijara est un mode de financement qui peut permettre aux particuliers et aux
entreprises d’acquérir des équipements ou des immobilisations qu’ils ne peuvent
obtenir directement. Ce type de financement devra être privilégié par les PME à cause
des avantages du système des amortissements et du fait que les loyers payés sont
considérés comme étant des charges sur le plan comptable.
2-2-3. Ijara Wa Iktina ou location-vente
L’Ijara wa iktina est un contrat de crédit-bail au même titre que l’Ijara cité ci-
dessus, la seule différence est que le locataire s’engage dès le départ à racheter le bien
à la fin du contrat.
Dans cette opération, les loyers payés servent à la fois de rémunération à la banque
mais aussi de marge bénéficiaire.
La banque islamique ouvre au nom du locataire un compte d’investissement dans
lequel les loyers seront versés. Et ce compte fait l’objet d’une rémunération de la part
de la banque au profit du client.
2-2-4. L’Istisna
C’est un contrat de financement avant livraison et crédit-bail par lequel la banque
en qualité d’entrepreneur responsable de la réalité des travaux s’oblige à exécuter des
produits finis (constructions, aménagements…) moyennant une rémunération que
l’autre partie s’engage à lui payer d’avance, de manière fractionnée ou à terme.
L’Istisna est une opération qui ressemble au Mourabaha, sauf qu’ici le contrat porte
sur un bien qui doit être fabriqué ou construit.
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou
Exemple : Si une entreprise a besoin d’un modèle spécifique d’un produit, elle
s’adresse à la banque islamique avec laquelle elle signe un contrat d’Istisna. La
Banque contacte alors le fabricant et se charge de payer toutes les charges liées à la
fabrication du matériel. Après la fabrication du produit, la banque se charge de la
livrer à l’entreprise qui aura la possibilité de payer comptant ou selon un
échéancier.
2-2-5. La vente Salam
La vente Salam respecte les mêmes règles que le contrat d’Istisna, sauf que dans le
contrat de vente Salam les paiements sont exigés d’avance. En effet, le client doit
libérer une partie ou la totalité des fonds avant que la banque ne passe la commande du
bien objet du contrat.
L’avantage de cette opération c’est que le client se met à l’abri des risques de taux
et de change que la banque devra assumer le cas échéant en libérant les fonds
d’avance.
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou
entrepreneur envisage de fonder une entreprise nouvelle, il ne peut demeurer tout seul
dans la nature, il a besoin d'aide. Précisément, la banque d'affaires constitue
l'assistance bancaire de la création des entreprises. Ceci peut se faire de plusieurs
façons. Une création est toujours difficile, risquée. La banque d'affaires peut participer
d'une manière directe ou indirecte à la création d'une entreprise.
Si la banque d'affaires participe d'une manière directe à la création, elle est, pour
ainsi dire, pendant un certain temps, entrepreneur, mais elle ne le restera pas
indéfiniment. Elle va constituer, avec les fondateurs que sont les entrepreneurs, un
bureau d'études où sera examiné l'ensemble des questions techniques, commerciales,
financières, posées par cette création.
Lorsque la banque assure ce rôle direct et fondamental, elle va risquer ses fonds,
les engager en même temps que les fonds de l'entrepreneur.
14
Pour ce qui est de sukuk al-ijara, cf. Monzer Kahf, sanadat al-ijara, travail de recherche n° 28, Institut
Islamique de Recherches et de formation, Banque Islamique de Développement, Djeddah, 1995. (En langue
arabe)
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou
accentué au cours des dernières années, soutenu par ce qui est communément appelé la
15
globalisation financière.
Dans cette seconde hypothèse, la banque ne court pas les mêmes risques puisque ce
n'est pas elle-même, en son propre nom, qui se livre à l'émission. Elle vend ses
services et si l'émission ne réussit pas, la banque dira à l'entrepreneur que le public n'a
pas été séduit par ses titres ou ses sukuks.
15
0 La concurrence acharnée entre la finance directe et la finance indirecte est devenue tellement rude
que les banques ne se limitent plus à la fonction classique d'intermédiaire financier 'passif'. La
déréglementation financière, le décloisonnement des marchés financiers et le phénomène de
désintermédiation ont contraint les banques transnationales à développer des stratégies qui ont
considérablement altéré leur rôle traditionnel d'intermédiaire financier. Cf. Dominique Plihon, Les Banques :
nouveaux enjeux, nouvelles stratégies, la documentation française, Paris, 1998.
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou
16
Dans cette partie de l'article, il faut entendre par banques islamiques et les banques de dépôts
(islamiques) et les banques participatives. Dans les deux cas, une marge de profit doit être calculée, ex-ante ou
ex-post, et c'est la détermination de cette marge qui nous intéresse dans la suite de notre analyse.
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou
Sachant que le taux d’intérêt (i) est connu par les deux parties et en supposant que
le profit espéré (p) peut être déterminé ex-ante (approximativement), la seule variable
qui reste à déterminer est le taux de profit bancaire (tpb). Donc les négociations des
deux parties porteront sur cette variable. Ainsi, la banque islamique, en fixant son tpb,
ne peut excéder un certain plafond, faute de quoi l’entrepreneur se tournera vers la
banque capitaliste. Si l’on reprend l’équation (1), on peut déterminer tpb comme suit :
(1 – tpb) x p >= pi
1 – tpb >= pi /p
– tpb >= pi /p - 1
tpb =< 1 – (pi /p) (2)
Comme (p) est égal à (pi) majoré des intérêts payés sur le capital emprunté, on
peut alors en déduire (pi) comme suit :
pi = p - iD
Si la banque islamique veut s’aligner sur la banque capitaliste, elle fixera son taux
de participation de la façon suivante :
17
Paul Fabra, « Les taux d’intérêt et les mœurs du marché », in Le Monde du 30/01/90, page 27.
18
Sami Hiram, Le Rôle du Système Bancaire des Pays en Voie de Développement, Thèse de Doctorat
d’Etat, Université de Paris II, 1984, p. 321.
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou
1 : Stratégie de l’entrepreneur
De l’exemple précédent, on peut déduire la stratégie de l’entrepreneur qui ne
choisira le mode de financement islamique que si la part de la banque dans les
bénéfices réalisés n'excède pas le paiement d’intérêt (dans le cas du mode de
financement classique). Cela veut dire :
tpb x p = iD (4)
Comme le profit espéré (p) ne peut être assimilé au profit réalisé (p’) que dans une
situation de certitude – ce qui n’est pas le cas dans le monde des affaires-, on peut
remplacer (tpb) dans l’équation (4) en se référant à l’équation (3). On aura alors :
Quelles sont les conséquences sur les décisions de l’entrepreneur si les profits
espérés ne sont pas réalisés ? La réponse à cette question nous conduit à étudier la
stratégie de la banque islamique.
2 : Stratégie de la banque islamique
Une surestimation du profit (p) est à l’avantage de l’entrepreneur car, dans ce cas,
c’est la banque qui gagnerait moins. Donc, statistiquement parlant, et en introduisant
les calculs de probabilité, la banque doit réduire au maximum l’écart (p-p'), c’est-
à-dire aboutir à un coefficient de variation20 proche de 0. Ainsi, plus les anticipations
de la banque sont optimistes, plus elle risque de s’éloigner de la réalité et voir ainsi sa
part de profit diminuer. La stratégie de la banque serait donc de réduire au maximum
le profit (p), alors que l’entrepreneur chercherait l’inverse. Si l’on reprend l’équation
(5), toutes les stratégies se 'joueront' sur les variations du quotient (p'/p). On aboutira
ainsi à trois scénarios possibles :
1er scénario :
19
On peut altérer l’équation en mettant (p) au numérateur et (p’) au dénominateur, cela n’aura pas
d’influence sur les résultats auxquels nous allons aboutir.
20
Coefficient de variation = écart type / espérance de p, E (p).
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou
(p'/p) x iD = iD, si p'= p ; cela signifie que nous sommes dans une situation de
certitude. Dans ce cas, l’entrepreneur est indifférent devant les deux modes de
financement. Mais cette situation est irréaliste car nous vivons dans un monde
incertain.
2ème scénario :
(p'/p) x iD < iD, si p'< p ; dans ce cas, le mode de financement islamique est à
l’avantage de l’entrepreneur. La banque islamique réalise alors un manque à gagner.
3ème scénario :
(p'/p) x iD > iD, si p'>p ; dans ce cas, l’entrepreneur risque de se tourner vers la
banque classique ; car la part de profit qui revient à la banque islamique aurait été
supérieure au montant des intérêts produits s’il avait choisi le mode de financement
conventionnel.
De ces trois scénarios, on peut déduire que la banque islamique, en rivalisant avec
la banque classique, ne peut exiger des revenus supérieurs à ceux de sa concurrente.
Car les entrepreneurs ne choisiront la banque islamique qu’au moment où ils estiment
que le montant qu’ils auront à payer serait inférieur ou tout au moins égal aux intérêts
générés par l’emprunt conventionnel. Ainsi, on assisterait donc à une certaine
convergence des politiques de financement des deux types de banques opérant sur
Un même marché. L'intervention des institutions financières islamiques ne fait que
renforcer la concurrence et tirer les taux d'intérêt vers le bas au profit des agents à
déficit de financement. La multiplication du nombre de banques islamiques ne va pas
bouleverser les mœurs du marché, ni freiner la bonne marche de l'économie. Elle
permettra tout simplement d'élargir le choix des sources de financement offerts aux
entreprises et autres agents déficitaires et celui des produits bancaires offerts aux
agents excédentaires. Et c'est pour cela d'ailleurs que les banques islamiques ne sont
pas un phénomène éphémère ; bien au contraire, le rythme de progression qu'elles
continuent d'enregistrer depuis leur toute première création au cours des années
soixante-dix indique qu'elles sont là pour perdurer. Et, comme l'a noté une récente
enquête du Financial Times, les institutions financières islamiques sont souvent les
plus dynamiques et les plus innovantes 21. Le déclin de la banque traditionnelle ou plus
21
Roula Khalaf, Dynamism is held back by state control, Financial Times, 11 avril 1994
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou
Conclusion Générale
Les banques participatives peuvent être considérées comme une option crédible
pour le financement des PME nationales, car elles sont des intermédiaires financiers
qui génèrent des modes de financement hybrides entre le prêt et l’investissement et
cherchent à consolider non seulement le capital mais aussi son rendement.
Au terme de ce travail qui synthétise les différentes réflexions théoriques sur le
sujet du financement des PME et sur les banques participatives, et d’après une analyse
23
des expériences des pays du CCG, Royaume Uni, Turquie et de la Malaisie dans le
domaine de la finance islamique, nous déduisons des enseignements pour le cas du
Maroc. En effet, ce dernier a promulgué une loi bancaire réglementant la mise en place
de ces banques dans le système bancaire marocain en vue d’augmenter le taux de
bancarisation des citoyens et le financement des activités économiques et d’attirer
davantage des capitaux étrangers. A partir des expériences internationales, le Maroc
est censé d’avancer des réformes visant à améliorer l’infrastructure juridique et la
supervision financière, aussi à permettre aux banques participatives de prendre en
considération les contraintes de l’infrastructure financière et adapter les produits et
services offerts par les banques participatives aux besoins réels des PME (des fonds
nécessaires à leur accroissement, gestion des risques du marché et leur soutien
technique).
A ce niveau, la mise en place d’un Sharia Board Central au Maroc sera un avantage
considérable pour le secteur bancaire participatif. Il a pour objectif de déterminer
d’une manière détaillée les produits bancaires islamiques commercialisés au niveau
des banques participatives, les directives concernant les états financiers et la
capitalisation de ces institutions financières et enfin un encadrement invincible de la
22
Cf. Ibrahim Warde, Paradoxes de la Finance Islamique, in Le Monde Diplomatique, Septembre 2001.
23
A.HACHIMI, (2015), « Le financement des PME par les banques participatives : Portées et limites -
Expériences mondiales - », Mémoire de fin d’études, ENCGT, p : 116.
L’impact des banques participatives sur les PME au Maroc Slimane Najou