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REMERCIEMENTS
TABLE DE MATIERES
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INTRODUCTION GENERALE 11
IERE PARTIE : RESTRUCTURATION BANCAIRE ET INTERMEDIATION 20
FINANCIERE: ANALYSE BILANTIELLE
Chap1: Evaluation de l’intermédiation bancaire à l’aune de la restructuration 21
Crise et restructuration bancaires 21
les causes de la crise 22
la restructuration bancaire 25
Echec de l’intermédiation bancaire 30
La banque et financement de l’économie 31
La banque et ses autres missions 37
Le fiasco annoncé des bourses des valeurs 41
Chap2 : La révolution microfinancière au Cameroun 44
Panorama de la microfinance au Cameroun 44
Les origines mondiales de la microfinance 44
Avènement et expansion de la microfinance au Cameroun 45
Organisation du secteur de la microfinance au Cameroun 50
Les atouts de la microfinance 54
L’assise culturelle de la microfinance 54
La sollicitude des pouvoirs publics et des organismes d’aide 55
Le mode opératoire des EMF 57
Evaluation de l’intermédiation microfinancière 46
L’intermédiation sociale par les EMF 58
L’intermédiation financière par les EMF 63
IIEME PARTIE : BANQUES OU ETABLISSEMENTS DE MICROFINANCE : 68
LE CHOIX EST-IL POSSIBLE?
Chap3 : Analyse de la relation banque/microfinance au Cameroun 71
Logique et réalité de la relation banques/microfinance au Cameroun 71
Une vocation de complémentarité 71
Une réalité conflictuelle 77
Causes du conflit banques/EMF au Cameroun 79
Les faiblesses de la microfinance 79
Les autres motifs des banques 88
Conséquences du conflit 92
Accentuation du dualisme financier 92
Handicap au développement économique 93
Distorsions sectorielles et géographiques 94
Perturbation des politiques économiques et monétaires 95
Menaces pour le bon fonctionnement des bourses de valeurs 95
chap4 : Les sentiers de la convergence 97
Le rôle de la profession 97
Le rôle de la banque 97
Le rôle de la microfinance 98
Le rôle des divers partenaires 105
5
Page
Tableaux
Tableau 1 Structure des ressources des banques camerounaises au 24
30/06/88
Tableau 2 Bilan des banques camerounaise avant et après correction 27
au 30/06/88
Tableau 3 Participation de l’état au capital des banques au 30/06/90 28
Tableau 4 Répartition du crédit principal des PMI selon les secteurs et 33
les sources
Tableau 5 Le réseau des trois principales banques camerounaises en 35
décembre 2004
Tableau 6 Poids de la microfinance dans le paysage financier 48
camerounais
Tableau 7 La catégorisation des EMF par la réglementation COBAC 51
Tableau 8 L’intermédiation sociale au service de l’intermédiation 62
financière
Tableau 9 La ventilation des crédits de la microfinance par secteur 66
d’activité
Tableau 10 Les agrégats de rentabilité de la microfinance 100
Figures
Figure1 Evolution des résultats des banques camerounaises de 1990 30
à 2004
Figure2 Evolution comparée des ressources bancaires et du crédit à 36
l’économie de 1994 à 2004
Figure3 Architecture du secteur de la microfinance 53
7
RESUME
La restructuration bancaire des années 90 a été effectuée dans la zone CEMAC comme
dans toute la zone franc, sous hypothèse d’un système bancaire au service du développement
de l’économie. Le résultat s’en est trouvé biaisé dans un marché dominé par les banques
d’origine étrangère dont le principal souci est la réalisation du bénéfice maximum dans des
conditions optimales de sécurité. L’aggravation du hiatus entre la banque et le tissu social
qui s’en est suivi va doper le secteur de la microfinance dominé par les coopératives
d’épargne et de crédit. La prise en charge de ce secteur par les pouvoirs publics permet de le
sécuriser et de le dynamiser. Malheureusement, de nombreuses faiblesses structurelles
l’empêchent d’offrir des solutions de rechange satisfaisantes aux carences de l’intermédiation
bancaire. La conflictualité des relations entre les deux secteurs compromet davantage
l’efficacité du système d’intermédiation financière dont ni l’une ni l’autre composante ne
fournit des solutions idoines aux besoins de la population.
L’élaboration des stratégies pour y remédier est l’objet de cette étude. Elle indique
les voies à suivre par toutes les parties prenantes de l’intermédiation financière, notamment
l’Etat et les bailleurs de fonds qui doivent poursuivre les reformes de l’ensemble du système
financier. Les buts visés sont principalement le renforcement des capacités de la
microfinance et la domestication des objectifs des banques. L’implication de la microfinance
et surtout de la banque par le réexamen de leur modus operandi devrait permettre d’arriver à
une convergence de leurs objectifs et bénéficier à tout le système d’intermédiation
financière.
Mots-clés : Système officiel d’intermédiation financière, conflit, convergence.
11
INTRODUCTION GENERALE
La restructuration bancaire des années 90 dans la zone CEMAC comme dans toute
l’ancienne zone franc s’est essentiellement déclinée en termes de sacrifices et de
renonciations pour les états concernés. Licenciements massifs, fermetures d’établissements,
réduction du nombre d’agences, injection d’argent frais, perte de pouvoirs sont les principaux
ingrédients qui ont permis aux états de ramener la sérénité et la prospérité dans le secteur
bancaire. On se serait attendu en contre partie à une meilleure implication des banques en
faveur de l’économie au lieu de leur actuel repli opérationnel. Le secteur productif est ainsi
obligé de se tourner vers des sources alternatives de financement tels les usuriers, les tontines
et la microfinance qui va connaître un développement exponentiel à la faveur de cette
circonstance. Après une première phase de croissance désordonnée de ce secteur où les
structures de type coopératives d’épargne et de crédit (COOPEC) tiennent une place
prépondérante, sa prise en charge par les pouvoirs publics a permis de le sécuriser et de le
dynamiser. Malheureusement, de nombreuses faiblesses structurelles persistent et l’empêchent
d’offrir des solutions de rechange satisfaisantes aux carences de l’intermédiation bancaire. Les
économies de la CEMAC se retrouvent ainsi avec un système d’intermédiation financière en
complet déphasage avec les besoins du tissu productif. Les couches faibles de la population
sont les plus lésées, étant complètement rejetées par les banques et ne trouvant pas auprès de
la microfinance les solutions adéquates à leurs problèmes. Dès lors, il se pose un véritable défi
à toutes les parties prenantes de l’intermédiation financière, à savoir, les structures elles-
mêmes, les usagers et surtout les bailleurs de fonds et les pouvoirs publics qui doivent mettre
en place une politique efficiente de financiarisation de toutes les couches de la société, tant il
est vrai que l’exclusion économique est le ferment de l’exclusion sociale. Mais les
réaménagements nécessaires pour y arriver devraient-ils être faits en privilégiant un secteur
par rapport à l’autre ou en les promouvant ensemble ? Autrement dit, y a t-il un problème de
choix entre la banque et la microfinance en zone CEMAC ? La question mérite d’être posée,
au regard des relations tendues qu’on observe entre ces deux activités dans la zone et plus
particulièrement au Cameroun.
Les expériences observées à travers le monde tendent pourtant à faire penser que les
deux activités sont complémentaires par essence. Il semblerait que le désamour qui caractérise
leurs relations dans la zone CEMAC se nourrisse moins d’une impossibilité de coexistence
que de leurs lacunes respectives. Ainsi, l’extraversion des objectifs de la banque et la
faiblesse des capacités de la microfinance feraient barrière entre elles et les empêcheraient de
12
faire face à leur mission. Dans cette hypothèse, un réexamen critique de leur modus operandi
devrait certainement permettre d’arriver à une convergence de leurs objectifs et bénéficier à
tout le système d’intermédiation financière.
Tel est l’objectif principal de cette étude qui ambitionne de participer à l’élaboration des
stratégies de normalisation des relations entre la banque et la microfinance de créer des pistes
de synergie entre elles. S’agissant de la microfinance, il nous a semblé également opportun
d’en dresser un panorama rétrospectif au terme de cette année 2005 consacrée par les
instances mondiales au microcrédit en reconnaissance de son importance dans la lutte contre
la pauvreté. Comment les autorités de la CEMAC et plus particulièrement celles du
Cameroun captent-elles le mouvement ? Peut-on faire mieux ? Pour quel but et avec quels
moyens ?
Nous nous évertuons à répondre à ces diverses interrogations en utilisant comme
matériaux les diverses études faites sur la crise et la restructuration bancaires dans l’ancienne
zone franc et les rapports d’enquête de la COBAC sur la microfinance qui nous ont permis
d’apprécier à quel point l’explosion du phénomène de la microfinance au Cameroun était la
conséquence logique des imperfections de la réforme bancaire. Notre propre expérience
d’ancien employé de banque et d’établissement de microfinance nous a laissé une forte
impression de difficile cohabitation entre les deux secteurs, ce que n’ont pas démenti les
entretiens avec de nombreux professionnels1 de la finance au Cameroun ni un sondage que
nous avons effectué auprès d’une population disséminée dans 4 provinces du Cameroun
(Ouest, Nord-Ouest, Littoral et Centre) et composée de 100 ménages, 92 PME et TPE, 50
EMF, 7 banques sur les 10 en activité. Le dépouillement et l’analyse des résultats ont permis
de vérifier nos pressentiments sur la conflictualité Banque/EMF dans la zone CEMAC et
l’hiatus entre les objectifs du système financier officiel et les besoins de la population. La
nécessité de fédérer les missions et les moyens des deux composantes du système
d’intermédiation financière apparaît comme la seule voie à suivre si on veut les ramener au
diapason des besoins de la population.
Cette évaluation de l’intermédiation financière que nous effectuons dans la zone
CEMAC sera encore plus fertile si nous cadrons auparavant la notion d’intermédiation
financière pour mieux en saisir les différentes dimensions et statuer sur le sens exact qu’elle
aura dans notre analyse. Un recensement de ses acteurs dans la zone CEMAC permettra
d’expliquer pourquoi la tontine en est exclue malgré l’évidence de son impact sur le
comportement financier des agents économiques de la zone d’étude.
1
Il s’agit ici des employés de banque et d’EMF, de prestataires privés de services financiers et des enseignants.
13
l’économie de l’adaptation des banques aux réalités locales. Ondo Ossa assigne aux
intermédiaires financiers l’impératif de s’impliquer dans le processus d’intégration régionale.
Quoi qu’il en soit, nous pensons que la réussite de la mission d’intermédiation financière doit
se mesurer tant par rapport à l’intensité de l’activité d’épargne - crédit que par son implication
dans la régulation du jeu social. C’est cette forme d’intermédiation financière tropicalisée qui
prévaudra dans notre étude.
4
Article 4 de la convention du 17 janvier 1992 portant harmonisation de la réglementation bancaire dans les
Etats de l’Afrique Centrale.
5
La notion de création monétaire caractérise la capacité des banques à mettre de la monnaie à la disposition de
leurs clients par simple jeu d’écritures ; cette monnaie scripturale va à son tour accroître les dépôts de la banque,
ce qui permet d’affirmer que " les crédits créent les dépôts".
16
souvent abusivement classées telles que les Banques Centrales, les Trésors Publics, les
services financiers postaux (caisse d’épargne postale, centre des chèques postaux), les
institutions financières spécialisées (établissements de leasing, sociétés de crédit à la
consommation, messageries financières…) ou les fonds de pension et les assurances. En effet,
aucune de ces institutions ne remplit simultanément les deux fonctions essentielles de
l’intermédiation financière telle que nous l’avons définie, à savoir la collecte des fonds et
l’octroi des crédits à toutes les catégories d’opérateurs économiques.
La notion de microfinance, d’apparition récente, regroupe une vaste gamme de
structures financières de taille et de forme juridique diversifiées, généralement répertoriés
comme "systèmes financiers décentralisés". Son orthographe est encore source de division,
certains le transcrivant en un seul terme, d’autres le rendant en deux mots distincts. La
Banque Mondiale (Ed, 2000) opte pour "Institutions de Microfinance" et les définit comme "
des institutions qui offrent selon des modalités commerciales, des services de crédit aux
ménages économiquement actifs et aux entreprises trop petites pour être desservies par les
banques commerciales". L’acceptation de la Banque Mondiale fait abstraction du mode
organisationnel, se focalisant uniquement sur l’activité, qu’elle soit pratiquée par des entités
formelles ou informelles, individuelles ou sociétaires, privées ou publiques. Le terme
"Etablissements de Microfinance" ( EMF ) est utilisé au Cameroun en remplacement de celui
de "Etablissements de Crédit à Caractère Spécial" (ECCS) proposé par les pouvoirs publics
lors de l’opération d’assainissement du secteur de la microfinance initiée à partir de fin 1998
par l’Autorité Monétaire. L’objectif de cette opération était de discipliner un secteur en forte
croissance et insuffisamment régenté par la seule loi sur les COOP/GIC 6 qui ne fixe aucune
barrière à l’entrée et explique l’amateurisme et l’aventurisme observés au cours de la première
révolution microfinanciére au Cameroun. Cette dénomination a été récusée par les concernés
qui la trouvaient trop réductrice, voire péjorative. Les textes réglementaires élaborés sous la
houlette de la COBAC au terme de cette restructuration font de la microfinance " une activité
exercée par les entités agrées n’ayant pas le statut de banque ou d’établissement financier...
qui pratiquent à titre habituel des opérations de crédit et/ou de collecte de l’épargne et offrent
des services financiers spécifiques au profit des populations évoluant en marge du circuit
bancaire traditionnel7". Cette définition fait clairement de la microfinance un intermédiaire
financier exerçant les deux activités principales de cette fonction, à savoir l’épargne et le
crédit. Elle affiche aussi son souci de faire le distinguo entre la banque et la microfinance
6
Loi 92/006 du 14 août 1992 relative aux COOP/GIC
7
Article1du Règlement 01/02/CEMAC/UMAC/COBAC du 13 avril 2002
17
même si dans les faits, la plupart des établissements de microfinance ainsi cadrés par la
réglementation sont en réalité des micro banques effectuant la quasi-totalité des opérations de
banque classiques dans une optique essentiellement commerciale. Cette catégorie d’EMF qui
contrôle plus de 90% du marché camerounais est l’objet principal de notre étude. Les ONG
pratiquant le crédit sans collecte de l’épargne sont évoqués surtout à titre comparatif.
Le phénomène de tontine tient une place stratégique dans le comportement financier des
populations africaines en général et du Cameroun en particulier. En 1985 elle concernait
47,3% des ménages camerounais (Marchés Tropicaux, 1987). Joseph (1977) exalte les mérites
de ce mécanisme de mise en commun des ressources financières qui, pendant la colonisation,
"permettait aux bamilékés de mettre leurs entreprises à l’abri de la politique discriminatoire
des banques et autres organismes de crédit". Selon cet auteur, c’est comme cela que," malgré
la mauvaise volonté des banques à accorder des prêts aux camerounais pour leur permettre
d’entrer dans le commerce local ou dans l’import/export, cette tribu dynamique a pu dès les
années 50, occuper des niveaux intermédiaires du secteur commercial et plus tard, faire jeu
égal avec les Grecs et les Libanais". Notre propre enquête confirme qu’elle est une
importante source de financement pour les entreprises dont 37% d’approchées avouent y
recourir pour se financer, même quand elles sont clientes des banques. La tontine est
également la destination préférée de l’épargne des ménages dont 44% des sondés avouent
être des adhérents. Toutes les analyses à son sujet s’accordent sur son fondement à la fois
social et financier. Ce sont ces deux objectifs qui sont assignés à la tontine par les ménages
que nous avons sondés, dans une proportion de 9,5% pour l’objectif de liant social et 86,5%
pour l’objectif d’intermédiation financière.
Les recherches se perdent en conjectures quant aux origines du système de tontine et il
semble qu’il ait existé bien avant la monétarisation de l’économie du Cameroun. Selon
Nzemen (1988), les groupes de tontine sont "des associations informelles fondées sur des
critères homogènes et le respect de la parole donnée dont le but est de promouvoir toute
action de solidarité entre les membres ou de constituer périodiquement un marché financier
informel et fermé, permettant à ses membres de placer leur épargne pour les uns et d’accéder
au crédit pour les autres". En fait, la tontine est une variante du système AREC (association
rotative d’épargne et de crédit) très répandu dans les PED et dont la forme la plus élémentaire
consiste à remettre à des bénéficiaires successifs, le montant cotisé périodiquement par
l’ensemble des membres (Germidis, 1991). Nous retrouvons ici les fondamentaux de
l’intermédiation financière que sont la collecte de l’épargne et l’octroi des crédits. Mais en
18
même temps, des réserves apparaissent qui empêchent la tontine d’être un intermédiaire
financier ordinaire :
- La tontine échappe à toute institutionnalisation comme le reconnaît Nzemen (1988) :
" A cause de leur souplesse axée à la fois sur la confiance et la rapidité des actes, les tontines
restent difficilement « reglémentables » par l’Etat". C’est ce que confirme Bekolo Ebe
(2002) tout en insistant sur la nécessité de combler le vide juridique qui entoure les tontines et
qui est source d’incertitude pour les « tontiniers ». La difficulté d’institutionnalisation
provient de la diversité de l’affectio societatis qui peut être d’essence familiale, tribale,
religieuse ou professionnelle et qui influence l’intensité des engagements.
- Le caractère rotatif de la tontine fait qu’un membre ne peut pas en bénéficier plus
d’une fois par cycle (Osende Afana, 1966). Elle ne peut donc pas être un recours permanent
comme les banques ou les EMF qu’on peut solliciter plusieurs fois au cours de la même
année.
- La tontine est un marché financier fermé (Nzemen, 1988). Certains groupes de tontine
ont même un caractère ésotérique et ne s’ouvrent qu’aux initiés. Il est par ailleurs impossible
d’effectuer un repérage comptable exact de la tontine à cause de la tenue irrégulière des
registres et autres documents comptables.
- Les opérations de tontine se font généralement en numéraires et ne donnent lieu à
aucune création monétaire.
- Les financements par la tontine se font presque exclusivement sur le court terme pour
respecter le cycle qui va rarement au-delà de deux ans.
- Le bénéfice de la tontine se fait au terme d’une mise aux enchères du lot cotisé par tous
les membres, ce qui donne lieu souvent à des taux usuraires. Des taux supérieurs à 50% ont
parfois été observés, ce qui enlève toute rationalité au financement par la tontine.
Pour ces diverses raisons, la tontine reste un intermédiaire financier imparfait dont le
caractère informel n’en permet pas une étude exhaustive. C’est pourquoi, malgré son
importance dans le comportement financier des ménages camerounais, nous l’excluons de
notre analyse pour nous limiter aux banques commerciales et aux établissements de
microfinance. Signalons toutefois l’existence de pistes de collaboration entre la tontine et le
secteur financier formel confirmée par la moitié des ménages auprès desquels nous avons
mené notre enquête et qui jugent cette collaboration indispensable. Les domaines de synergie
recensés par cette enquête sont l’utilisation des instruments bancaires par la tontine tels les
chèques ou les bons au porteur lors des cotisations et la sécurisation des avoirs de la tontine
auprès des banques et des établissements de microfinance.
19
20
Les divers travaux8 réalisés sur la crise bancaire dans la zone CFA en général
permettent de lui distinguer trois groupes de causes. Ce sont les causes exogènes, les causes
endogènes et les facteurs mixtes.
a) les facteurs exogènes
Ils tiennent au rôle prépondérant joué par l’Etat dans les années 80 dans toutes les
banques en tant qu’actionnaire majoritaire qui en oriente la gestion et en tant qu’agent
économique qui contrôle la majorité des grosses entreprises clientes des banques. Il sera ainsi
le principal générateur et diffuseur des facteurs de la crise du système bancaire.
La crise de liquidités subie par l’Etat à la suite de la baisse des cours des matières
premières au milieu des années 80 va obérer la trésorerie des banques de trois manières : le
trésor public ponctionne les avoirs bancaires pour faire face aux déficits de budget ; l’Etat
accumule des arriérés de la dette intérieure, provoquant la baisse de niveau des dépôts privés ;
la plupart des crédits adossés sur les marchés publics enregistrent des impayés qui
alourdissent le portefeuille des banques.
Mais l’Etat n’a pas seulement été une simple victime résignée. En sa qualité de
régulateur de l’activité économique et de faiseur des lois, il a participé à la déconfiture des
banques en prenant ou en refusant de prendre des initiatives de son domaine de compétence.
On peut citer dans ce registre la mauvaise orientation des crédits sous la pression des pouvoirs
publics dans la logique de planification qui primait sur celle de la rentabilité. On peut aussi
citer l’incompétence de certains gestionnaires imposés par l’Etat qui nommait les directeurs
généraux des banques et leurs adjoints en fonction des critères propres à lui. On peut
également évoquer la faiblesse de l’encadrement de l’activité des banques dont les
défaillances faisaient l’objet d’un simple constat sans aucune action corrective ou coercitive
en l’absence d’un organisme habilité, ou la précarité de l’environnement juridique et
judiciaire peu propice à l’activité des banques. Un autre facteur imputable à l’Etat est la
répression financière interne qui se traduit par la réglementation des taux et le contrôle du
crédit à travers la fixation des plafonds de réescompte9. A cette répression financière interne,
8
Nous recommandons particulièrement les travaux des chercheurs du GEREA rassemblés par Bekolo Ebe
(2002) en ce qui concerne le cas spécifique du Cameroun et ceux de Mathis (1992) sur le même phénomène
observé au niveau de l’Afrique noire francophone.
9
Le plafond de réescompte est le montant maximum de refinancement des crédits que la Banque Centrale fixe
périodiquement pour chaque banque.
23
Tableau 1: Structure des ressources des banques camerounaises au 30 juin 1988 (en
milliards FCFA).
dénouement des transactions. L’exemple le plus couramment cité est celui des garanties dont
la réalisation est généralement très ardue au Cameroun.
a) La première restructuration
Elle débute en 1988 et vise deux objectifs déclarés. Il faut d’une part adapter l’offre
bancaire aux conditions de la faible demande induite par la mauvaise conjoncture
économique et d’autre part, assurer la solvabilité, la liquidité et la rentabilité des banques en
activité. Il y aura ainsi un resserrement du paysage bancaire avec la liquidation pure et simple
des établissements ayant des créances compromises supérieures à 50% de leur portefeuille et
fusion des établissements qui sont moins affectés. Le deuxième objectif sera concrétisé par
l’apurement du passif de l’Etat auprès des banques. Celui-ci s’engage à rembourser certaines
dettes des entreprises publiques à hauteur de 160 milliards FCFA et celles envers la BEAC à
concurrence de 205 milliards. Il transfère également près de 600 milliards de créances
douteuses des banques à la Société Camerounaise de Recouvrement de Créances (SRC) créée
à l’occasion. Le capital social des banques est reconstitué par apport d’argent frais à
concurrence de 22 milliards et l’Etat accorde ou parraine l’octroi des subventions et des prêts
participatifs aux banques par les bailleurs de fonds en vue de compenser l’insuffisance des
provisions. Auparavant, les bilans des banques ont été corrigés pour mieux refléter la réalité
26
de leur situation. Cette correction fait apparaître un important écart de 230,5 milliards de F
CFA entre la situation déclarée des banques et l’estimation de la réalité par l’expert commis à
ce propos (voir Tableau 2). L’ampleur de cet écart donne la mesure de la fiction entretenue
pendant des années de mauvaise gestion. Enfin, les banques ferment les guichets jugés non
rentables et procèdent à la réduction de leurs effectifs avec l’accord des autorités de tutelle.
Afin de prévenir tout futur dysfonctionnement, les Etats de la zone CEMAC, tous affectés par
le même problème décident en octobre 1990 de la création d’un organisme de réglementation
et de contrôle de l’activité bancaire, la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale
(COBAC). Au total, les sacrifices consentis sont lourds avec 80 guichets fermés, 3000
emplois environ supprimés et près de 500 milliards de franc CFA injectés par l’Etat et les
bailleurs de fonds (Mengue Mengue 2000). Cela n’empêche pas le système de connaître dès
la fin de 1993, de nouvelles secousses qui vont nécessiter une nouvelle intervention. Avant
d’examiner celle-ci, il convient d’abord de relever les lacunes ayant empêché la pleine
réussite de la première restructuration.
PASSIF
ENGAGEMENTS VIS AVIS DES 418.8 418.8 -
BANQUES 323.2 323.2 -
BEAC 54 54 -
Etablissements associés 414.6 414.6 -
Autres 282.9 282.9 -
DEPOTS DE L’ETAT 519.2 519.2
DEPOTS DE LA CLIENTELE 109.1 109.1 -
entreprises publiques 410.1 410.1 -
autres 122.8 122.8 -
AUTRES PASSIFS 34.5 -223.2 -
CAPITAUX PERMANENTS ET -37.5 -295.2 -257.7
PROVISIONS 66.4 66.4 -257.7
Capitaux propres 37.1 37.1 -
Autres capitaux permanents 5.6 5.6 -
Dont sur établissements associés 27.3 -
Provisions 1378.3 1147.8 27.3
AJUSTEMENTS -230.5
TOTAL
Source : Mathis (1992, page127)
29
BIAO-Cameroun 35 - 65
BICIC 51 49
MBC 35 65
SCB -CL 35 65
IBAC 35 65 -
Standard Chartered 34 - 66
BCC-Cameroun 35 - 65
CCEI-Bank - 95 5
11
Déclaration du 13 septembre 1996 sur la reforme du secteur financier.
30
12
Emission obligataire à un taux variable annuellement en fonction du marché ; opération gérée par la Caisse
Autonome d’Amortissement.
13
Les avis sont partagés sur l’efficacité de cette mesure qui visait à accroître les ouvertures de compte en
banque et à limiter l’utilisation abusive du chèque comme instrument de crédit au lieu d’instrument de
paiement. Non seulement le chèque continue à servir d’instrument de garantie et de crédit, mais il est de moins
en moins accepté dans les transactions commerciales à cause de l’impossibilité de l’encaisser en espèces par le
bénéficiaire et de l’incivisme des émetteurs qui ne se soucient pas de la disponibilité préalable de la provision.
La conséquence en est l’entrave aux échanges commerciaux et surtout la multiplication des opérations en
espèces qui échappent au système financier officiel.
31
25 000
20 000
15 000
10 000
résultats
5 000
-
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
-5 000
-10 000
années
obtenus. Ndong Ntah (2002) déplore en outre l’absence d’un fichier pouvant fournir des
informations actualisées et fiables sur les PME comme le font les agences de rating ou les
centrales de bilan dans les pays développés, ce qui aurait favorisé une meilleure gestion des
risques. Les PME pour leur part reprochent aux banques leur excès de formalisme et
l’exigence de nombreuses garanties, la lenteur de traitement des dossiers, le coût prohibitif du
crédit et l’incompatibilité de celui-ci avec certains de leurs besoins. Ces reproches sont
confirmés par notre propre enquête au cours de laquelle 41,3% des PME visitées excipent
l’excès de formalisme et l’excès des garanties comme principales causes de la rupture avec les
banques. Il est à souligner que la cherté du crédit bancaire n’est pas un facteur dissuasif
puisque seulement 2,2% d’entre elles l’avancent comme grief contre les banques. Sime
Zadouo (2002) reconnaît toutefois à la décharge des banques que la faiblesse des ressources
longues, même quand elles sont sur liquides, les empêche de s’engager en faveur des PME qui
présentent un taux de risque trop élevé. Quoiqu’il en soit, les PME/PMI sont sevrées de
financements, d’autant plus que les banques de développement telle la BCD et les organismes
d’appui aux PME/PMI tels le CAPME et le FOGAPE ont été fermés lors de la restructuration
bancaire, comme si la liquidation des établissements impliquait aussi celle de leurs objectifs.
Le Ministre malien des investissements, dans un débat sur les ondes de Radio France
Internationale14 regrette à ce propos qu’on n’ait pas tenu compte de ce que ces établissements
avaient réalisé de positif avant de les fermer sans aucune solution de substitution.
14
"Le débat africain" du 11 juin 2003
34
Tableau 4 : Répartition du crédit principal des PMI selon les secteurs et les sources (en %)
Agro- 24 8 9 29 19 8 3 100
indust.
Textile 33 21 13 10 8 3 12 100
Bois 24 22 11 26 1 7 9 100
Imprimerie 35 21 9 19 - 8 8 100
Chimie 41 16 9 11 16 4 3 100
Méca-elec 34 10 15 15 11 8 7 100
Ensemble 31 18 11 18 8 7 7 100
Total 18 27 13 58 100
crédits à long et moyen terme". Notre enquête confirme ce constat en montrant que
l’intervention des banques en faveur de l’outil de production, autrement dit le crédit
d’équipement est rare avec 4 cas sur 22 soit 18,2 % seulement.
16
Sur les 10 banques commerciales actuellement en activité au Cameroun, seules 3 sont à majorité
camerounaise (CBC Bank, Amity Bank et Afriland First Bank) toutes les autres étant contrôlées par les grands
groupes internationaux qui ne prennent que les risques qu’elles maîtrisent.
17
C’est le cas du ratio des crédits non couverts par une garantie qui ne tient pas compte de la difficulté à
constituer des garanties dans un contexte où les titres de propriété sont rares ou sujets à controverse. A titre
d’illustration, il n’est pas rare de rencontrer 2 titres fonciers pour un même immeuble, impliquant deux
propriétaires différents.
18
26,4% pour l’ensemble des banques camerounaises entre 1996 et 2000- (Source : Banque de France)
38
1 800 000
1 600 000
1 400 000
1 200 000
1 000 000
800 000
600 000
400 000
200 000
-
1 994 1 995 1 996 1 997 1 998 1 999 2 000 2 001 2 002 2 003 2 004
19
C’est le cas de la BICIC où les licenciements n’ont été précédés d’aucune négociation, les employés
apprenant du jour au lendemain leur licenciement.
20
Un salaire nourrit en moyenne 3 familles : celle du salarié et celle d’origine de chacun des époux.
40
Celle-ci a été imposée d’en haut par l’Etat colonial et reste répulsive par conséquent pour une
large couche de la population. La banque au Cameroun comme dans tous les pays d’Afrique
francophone s’est développée culturellement, économiquement et socialement pour servir une
clientèle d’origine étrangère en déphasage avec les mentalités locales. L’élite locale qui a
progressivement remplacé les cadres expatriés depuis les indépendances est l’objet principal
de toutes les stratégies commerciales des banques (Klotchkoff, 1997). Mais l’excès de
formalisme des banques rebute aussi cette population qui n’entretient pas avec elle des
relations cordiales. De manière générale, les banques au Cameroun ont du mal à relever le
défi d’adaptation aux réalités locales qui est un impératif pour la mobilisation efficace des
ressources en faveur du financement du secteur productif (Bekolo Ebe, 2002)
figure1) devraient les inciter à réfléchir sur la justesse de leur stratégie. Raillant cette
situation, un cadre expatrié d’une banque camerounaise nous faisait remarquer que le chiffre
d’affaires d’une petite agence de banlieue parisienne est plus important que celui de tout le
réseau de leur filiale au Cameroun.
c) La banque et l’intégration régionale.
En sus de financer l’économie, l’intermédiation bancaire est confrontée en Afrique
Centrale à l’enjeu de l’intégration régionale (Ondo Ossa, 2002) qui apparaît en effet
comme le meilleur moyen pour les petits pays de faire face aux défis de la mondialisation. De
fait, l’étroitesse des marchés de ces pays ne leur permet pas d’influencer leurs termes
d’échange ni d’offrir suffisamment d’opportunités à leur faible niveau d’industrialisation
(Gbetkom ,1995) alors qu’en se mettant ensemble ils réalisent des gains multiples, leur
permettant de mieux s’arrimer au train de la mondialisation. Ainsi, l’unification des espaces
économiques permet-elle aux entreprises de réaliser des économies d’échelle en disposant
d’un marché plus vaste où elles peuvent utiliser à plein leurs capacités de production et
écouler à des meilleures conditions leurs productions supplémentaires. La mobilité de la
main- d’œuvre vers les zones économiquement actives et les transferts financiers dans la
sous- région des pays riches vers les pays pauvres favorisent la réduction de la pauvreté. Bien
intégrés, les pays en développement peuvent se présenter en groupe pour mieux défendre
leurs intérêts dans les négociations internationales et résorber la fracture Nord-Sud. Les
mécanismes régionaux de surveillance et d’arbitrage favorisent la résolution des conflits et
améliorent la gouvernance. Le rôle de la banque dans la réalisation de ces objectifs est de
faciliter la circulation des moyens de paiement, d’assurer la sécurité et la rapidité du
règlement des opérations commerciales et financières. Elle contribue de cette façon à
fluidifier les transactions entre les habitants de la zone, mais aussi à fiabiliser les potentiels
investisseurs extérieurs. Les capitaux affluent plus aisément quand ils sont rassurés sur la
possibilité de rapatriement aisé des bénéfices et de retrait sans difficulté en cas de nécessité.
L’organisation du système bancaire de la CEMAC autour de la structure centrale
BEAC21 est un atout pour faire face à cette mission. La structure centrale devrait jouer le rôle
de courroie de transmission entre la zone et l’extérieur et en même temps, faciliter la
distribution à l’intérieur de la zone. Malheureusement, nous constatons la piètre performance
des transferts intra zone avec des transactions qui mettent parfois des semaines entre deux
pays ou des transactions que les banques rejettent après avoir vainement essayé de les
21
Les pays de la zone CFA ont une grande avance dans ce domaine sur ceux de l’Union Européenne dont le
regroupement autour d’une banque centrale commune date seulement de 2001 avec l’avènement de l’euro.
42
effectuer. Les coûts des transferts sont exorbitants, comparés à ceux à destination de
l’Europe. Ceci explique entre autres le piétinement de l`intégration par le marché dans la
CEMAC (Gbetnkom, 2002) malgré les réaménagements structurels effectués en son sein en
vue de faciliter cet objectif (Avom et Gbetkom, 2003)22.
Les raisons à cette défaillance sont nombreuses. Nous pouvons en relever quelques unes
avec Yandza (1997) tels le manque de collaboration entre les banques de la zone qui
n’entretiennent pas de compte de liaison entre elles et le diktat des maisons mères en Europe
qui exigent que tous les transferts soient centralisés chez elles dans un souci de contrôle et de
mesure des transactions du groupe23. On peut y ajouter la précarité des moyens de
communication et le refus d’expansion régionale des banques. Les principales conséquences
en sont la faiblesse des relations d’affaires entre les agents économiques de la zone, la
multiplication des transactions en espèces, la fuite des capitaux vers les places financières où
ils sont plus liquides.
Autant de défaillances qui nous rendent perplexes quant à l’efficacité des reformes
engagées face à la crise bancaire. Si celles-ci ont ramené la sérénité et la rentabilité dans le
secteur bancaire, elles n’ont pas dégrippé les mécanismes de financement de l’économie et la
cassure entre la banque et la société s’est aggravée (Essomba, Ambassa et Um- Ngouem,
2002). La bourse des valeurs mobilières nationale, la Douala Stock Exchange (DSX) a fait
naître beaucoup d’espoirs quant au financement des entreprises camerounaises malgré les
conditions controversées de son avènement. Avant d’analyser les performances de
l’intermédiation microfinancière, et au terme de deux ans d’existence de la DSX, il serait
intéressant d’évaluer dans quelle mesure elle a pu pallier les carences de l’intermédiation
bancaire.
22
La CEMAC couronne deux organes d’intégration dont l’un économique, l’UEAC et l’autre monétaire,
l’UMAC.
23
Cette mesure entraîne bien évidemment des surcoûts et un allongement des délais.
43
décident de fixer à Libreville et non à Yaoundé le siège de cette bourse. Le poids économique
du Cameroun dans la sous- région avec plus de 75% d’entreprises susceptibles de se faire
coter commandait pourtant le choix de Yaoundé comme siège de cette institution. Sous le
coup de la frustration, les autorités camerounaises décident de créer leur bourse, la Douala
Stock Exchange (DSX), sans jamais préciser si elles se désolidarisaient de l’initiative
communautaire. S’il est vrai que la création d’une bourse de valeurs est la marque de toute
économie ambitieuse et désireuse de se donner les moyens de booster sa croissance,
l’inauguration de la DSX en avril 2003 pose aux autorités camerounaises de nombreux défis à
l’ère de la mondialisation où la tendance est plutôt à la réunification des espaces
économiques.
De fait, en décidant de créer une bourse nationale concurrente de l’option régionale
prônée par les bailleurs de fonds, les autorités de Yaoundé se sont imposées une auto
challenge qu’elles doivent absolument gagner pour prouver la justesse de leur choix. A
contrario, un échec risque de fragiliser d’avantage la position du Cameroun dans les
négociations avec ces bailleurs en cette difficile période d’ajustement structurel. La place de
Douala a paradoxalement le devoir de renforcer l’intégration régionale par son succès qui
confortera le Cameroun dans son rôle de locomotive sous-régionale et lui permettra à terme
de satelliser la bourse de Libreville. Ceci est la condition sine qua none de la survie du
système en zone CEMAC trop étroite pour deux bourses rivales. La réussite de la DSX
comme celle de la BRVM favorisera également la mobilisation de l’excédent de trésorerie des
banques locales correspondant à des dépôts à court terme pour le financement des prêts à long
terme, grâce aux mécanismes de mutualisation des risques et des échéances. Il est par ailleurs
impératif de réduire la dépendance de l’Etat vis-à-vis des bailleurs extérieurs en mobilisant
l’épargne oisive des ménages pour le financement des déficits budgétaires. Enfin, la DSX
devrait apporter plus de transparence aux opérations de privatisation en l’ouvrant d’avantage
aux nationaux au lieu du flou actuel qui fait la part trop belle aux capitaux étrangers. Après
deux ans d’existence, peut-on penser que la DSX s’est donné les moyens de relever ces défis ?
Il est permis d’en douter, au regard de quelques lacunes structurelles qui ont présidé à sa mise
en place et de nombreux errements qui émaillent son quotidien.
On peut en effet reprocher à l’initiative camerounaise de n’avoir pas été précédée d’une
étude spécifique du marché qui aurait permis de détecter et de résorber les nombreux facteurs
de blocage d’une bourse efficiente. Nous pensons au cadre fiscal peu incitatif aux
investissements et au régime de change insuffisamment libéralisé pour attirer les capitaux
extérieurs soucieux de se désengager rapidement en cas de nécessité. Les systèmes de
44
communication sont précaires et ne favoriseront pas une circulation fluide des ordres. Il
n’existe aucune politique incitative de l’épargne populaire et la microfonance, seule capable
de drainer cette épargne populaire est marginalisée par le système financier officiel. Le
système de paiement est inefficace avec des délais de paiement anormalement longs. Les
problèmes énergétiques cassent le rythme de la vie économique et contribuent avec la faible
gouvernance générale (taux élevé de corruption et de fraudes, déficit de transparence de la
part des dirigeants d’entreprises, défaut de communication des informations aux
actionnaires…) à détériorer le rating du Cameroun. Il est impératif à ce propos que la
Commission des Marchés Financiers (CMF) joue son rôle à fonds, nonobstant toute pression.
On relèvera ici l’anomalie de la mise en place de cet organe de régulation et de contrôle après
celle de l’organisme qu’elle doit superviser avec droit de regard sur le choix des dirigeants et
autres initiatives d’importance. Le statisme de la bourse de Douala après tout le tintamarre qui
a accompagné son inauguration n’est pas sans décourager ses plus fervents défenseurs et il est
à redouter l’émoussement de l’enthousiasme des potentiels investisseurs malgré le griotisme
politique qui a entouré la première et unique opération 24. Cette léthargie de la DSX a pour
corollaire l’effritement de son capital qui sert à financer les charges en l’absence de toute
opération génératrice de revenus. Certains n’hésitent d’ailleurs pas à parler de faillite pure et
simple de la société qu’ils invitent à mettre la clé sous le paillasson (Mutations, 2006)
La plupart des lacunes sus- évoquées sont également valables pour la BRVM qui tarde à
prendre ses marques et qui selon toute évidence est consciente de sa fragilité en l’absence
d’une franche implication du Cameroun. Le problème se complique avec le traditionnel
conflit de leadership régional qui oppose le Cameroun au Gabon. On peut toutefois oser
espérer que la rationalité l’emportera sur les susceptibilités et les orgueils. En attendant,
aucune des deux bourses ne paraît (pour l’instant ?) susceptible d’apporter la réponse idoine
aux besoins de financement de l’économie de la sous-région. Et quoiqu’il en soit, la bourse,
en supposant qu’elle devienne efficiente un jour dans la zone, reste par essence réservée à
l’élite et le défi de la financiarisation de l’ensemble de l’économie camerounaise reste entier,
accroissant la responsabilité de la microfinance dans la prise en charge des revenus moyens et
des pauvres. Comment fait-elle face à ce challenge ?
24
Emission d’un emprunt obligataire en faveur de la CUD pour les travaux de voirie de la ville de Douala.
45
philanthropique, des services financiers à la disposition des classes moyennes et des milieux
populaires urbains eux aussi exclus du grand capital. Le public visé ici n’est pas la population
à besoin de financement, mais celle qui dégage une épargne. Les sommes déposées sur un
carnet d’épargne sont utilisées pour effectuer des prêts ou des placements dont les intérêts
permettront de rémunérer les déposants après couverture des frais de fonctionnement. Les
pouvoirs publics vont chercher à profiter de cette possibilité de se procurer des ressources
abondantes dans des conditions peu onéreuses et vont créer à leur tour des caisses d’épargne
nationales qui s’appuient sur le réseau des bureaux de poste et celui du Trésor public25.
C’est au Docteur Muhammad Yunus que nous devons l’acceptation actuelle de la
microfinance qui tient d’outil de développement ou tout au moins d’intégration économique et
sociale des couches défavorisées. A la faveur de travaux pratiques avec ses étudiants sur les
théories de l’investissement, ce brillant économiste bangladais découvre l’extrême indigence
financière de ses concitoyens fabricants de tabourets en bambou qui n’ont aucun moyen de
constituer des stocks de matières premières. Leurs besoins en crédit est pourtant infime : 27
dollars en tout pour 42 paysans qui ne peuvent avoir accès aux banques. Leur ayant prêté
cette somme de sa poche, il peut découvrir combien leur activité gagne en plus-value tout en
générant de nouveaux emplois lorsqu’ils peuvent acheter d’avance la matière première,
échappant ainsi aux fluctuations importantes des prix. Il va formaliser cette expérience en
créant en 1976 la Gramen Bank qui propose des prêts aux populations pauvres du Bangladesh
et dont le succès va inspirer de nombreuses autres expériences à travers le monde (voir
encadré 1 "La Gramen bank en raccourci").
Les informations analysées dans cette section sont tirées de Rivoire (1979).
25
47
afflux de nouveaux acteurs provoque une croissance exponentielle de l’activité qui s’étend
également dans tout le pays. Cette explosion du secteur n’est malheureusement pas
accompagnée par sa sécurisation, ce qui va provoquer au cours des années 90 des nombreux
incidents telles la disparition des gérants avec la caisse, les tensions aiguës de trésorerie, la
multiplication des contentieux de recouvrement, les fermetures intempestives. Ce désordre va
inciter le ministre des finances, garant de l’épargne publique à procéder au début des années
2000 à la restructuration du secteur à travers 3 principales mesures.
La première concerne l’assainissement du fichier pollué par de nombreux établissements
fictifs n’ayant jamais existé ou ayant fermé les portes depuis longtemps. La deuxième mesure
porte sur le renforcement du cadre institutionnel du secteur. L’objectif visé est de dénébuler le
flou qui entoure l’activité de microfinance et sécuriser le secteur. La conséquence de cette
préoccupation sera la mise en place de deux textes réglementaires dont l’un à caractère
administratif a pour vocation de préciser les conditions d’existence et d’exercice des
établissements de microfinance. Le deuxième texte a un caractère plus technique et a pour but
d’assurer la permanence de la disponibilité des dépôts des usagers de ce secteur 26. La
troisième mesure consiste en la mise en place des mécanismes d’appui en faveur de la
microfinance par les pouvoirs publics avec le concours des bailleurs de fonds. Le but visé est
de renforcer les capacités techniques, humaines et financières de cette activité pour mieux
l’utiliser dans la lutte contre la pauvreté. Le lancement du Projet d’Appui au Programme
National de la Microfinance (PPMF) est la cristallisation de cette mesure. Le PPMF est une
structure étatique chargée de servir d’interface à l’action gouvernementale et de drain aux
aides des bailleurs. Il démarre ses activités en 2002 avec une ligne de 8 milliards de FCA
octroyée par le FIDA ; il lui revient d’œuvrer auprès des autres bailleurs pour augmenter la
cagnotte.
Cet encadrement étatique, matérialisée par l’institutionnalisation du secteur et la mise en
place des mécanismes d’appui et de financement permet à ce secteur de revendiquer la qualité
d’intermédiaire financier officiel au même titre que les banques commerciales, même si elle
n’a pas accès à certaines opérations complémentaires de l’intermédiation financière comme
les endos de chèque pour compensation ou les transferts internationaux. L’action de l’Etat est
à la mesure des sacrifices précédemment consentis pour la restructuration des banques et
procède de la mission régalienne de protection de l’épargne publique. Elle témoigne aussi
26
Il s’agit d’une part du Règlement N° 01/02/CEMAC/UMAC/COBAC du 13 avril 2002 relatif aux conditions
d’exercice et de contrôle de l’activité de microfinance dans la CEMAC et d’autre part, des Règlements COBAC
EMF2002/01 à 21 portant normes prudentielles applicables aux EMF.
48
Banques
(au 31/12/99) 991 421 132 602 559 842 522 569 15 250 000
Total 1 044 040 140 268 595 628 547 825 667 450 000
Source :
Part de la COBAC
microfinance 5,04% 5,47% 6,01% 4,63% 97,75% 44,44% (2000)
51
1ére CAT Epargne/Crédit uniquement avec Non déterminé Coopératives ou mutuelles d’épargne
les membres et de crédit
3ème CAT Crédits aux tiers sans collecte de 25 millions (sauf projets) Diverse (projets, sociétés,
l’épargne établissements.)
55
TUTELLE
Tutelle administrative (Coopec uniquement) Tutelle technique (tous les EMF)
MINAGRI MINFIB
AGREMENT/SUPERVISION
Cellule des
Sociétés Inscription au registre Vérification de la régularité administrative des dossiers
Coopératives et
des GIC Services Provinciaux des
Cellule des Marchés Financiers et des
COOP-GIC
Systèmes Financiers Décentralisés
CONTROLE
COBAC
(avis conforme pour agrément, suivi du respect des normes, sanctions)
APPUI
FINANCIER ET INSTITUTIONNEL
PPMF
ORGANISATION INTERNE
- Divers réseaux
(CAMCCUL, CABA, MC2...) Association Etablissements
professionnelle Indépendants
- Etablissements indépendants (ANEM-CAM)
Prêts - Le client n'est pas tributaire d'un - Coûts de transaction élevés pour les
ındıvıduels groupe IMF
- Le client n'a pas a couvrir ses pairs - Besoin de garantie ou de garants
irresponsables
générer des produits plus simples et mieux adaptés aux besoins." La microfinance, même sous
sa forme institutionnelle apparaît comme la technologie financière la mieux appropriée aux
besoins de la majorité de la population. Génère-t-elle pour autant un résultat satisfaisant ?
28
Toutefois, les EMF du type banque de projet proposent avec l’appui des bailleurs de fonds, des véritables
plans d’action sociale destinés à améliorer la qualité de vie des populations sans en attendre une retombée
commerciale ou financière. Les domaines concernés sont généralement la santé, la scolarisation, ou l’irrigation.
63
L’intermédiation sociale peut épouser des formes variées suivant les objectifs visés :
Il peut s’agir d’aider l’usager à créer un capital productif pour le faire passer du stade
d’opérateur économique occasionnel à celui de permanent. C’est le cas de l’épargne
quotidienne avec collecte des fonds chez le client par les agents de l’EMF. Le client acquiert
ainsi le réflexe d’épargne et se retrouve au bout de quelque temps propriétaire d’un capital.
L’intérêt accordé ne réussit cependant pas à constituer une motivation suffisante à la
discipline des clients et les cas de défection ne sont pas rares. C’est ce qui justifie le succès
des plans Epargne/Crédit pratiqué par de nombreux EMF. Il s’agit d’un système de cotisation
à très faible taux pendant une durée contractuelle généralement courte (3 à 6 mois) au bout de
laquelle un crédit correspondant à 2 ou 3 fois le montant cotisé est mis à la disposition du
cotisant pour lui permettre de créer ou renforcer son fonds de commerce. Ce produit s’adresse
généralement aux micro entrepreneurs qui n’ont aucun autre moyen d’accéder au système
financier officiel. Les crédits qui leur sont accordés en récompense d’un effort préalable
d’épargne leur permettent de relever progressivement leur niveau d’activité et d’ouvrir à
terme un compte "normal". C’est ce qui lui vaut l’appellation de " crédit promotion sociale"
dans certains établissements.
Un autre objectif peut être d’aider l’usager à améliorer le rendement de son activité en
lui fournissant l’assistance technique nécessaire. C’est généralement le cas dans le
financement des projets agricoles où le crédit est accompagné de l’encadrement technique du
bénéficiaire par l’EMF lui-même ou par un organisme plus outillé, partenaire de l’EMF. Le
but visé est d’accroître la productivité afin que le bénéficiaire du prêt puisse générer un
revenu suffisant pour la couverture des remboursements du crédit et de ses autres dépenses.
Il peut également être question pour l’EMF de trouver les débouchés commerciaux et
suivre l’encaissement des ventes des produits de l’usager. Ce service est généralement le
pendant du précédent. L’EMF cherche par cette voie à assurer un rapide retour de son
financement.
Il peut enfin s’agir d’appuyer la constitution des groupes de solidarité. L’EMF appuie
l’organisation de ses usagers en groupes de 5 à 10 membres autour d’un programme commun
d’activité économique. Cette aide part des actions de formation sur la notion de groupe
jusqu’à l’assistance administrative de constitution tels la rédaction et l’enregistrement des
64
statuts29 ou l’animation de la vie du groupe. Ces groupes deviendront autant des groupes de
garantie mutuelle facilitant l’octroi des prêts groupés ou prêts en bloc30 (Germidis, 1991).
Il est difficile de quantifier l’impact de l’intermédiation sociale par les EMF
camerounais mais d’emblée, on peut relever qu’elle constitue un important vecteur de
cohésion sociale en renforçant les pratiques communautaires chez ses usagers. Nous devons
également relever son importance en tant qu’instrument d’encadrement et de promotion
socio-économique des populations. Guérin et Roesch (2005) confirment l’indispensable
nécessité de l’intermédiation sociale en faveur des pauvres : "L’accompagnement, la
formation, l’aide à la commercialisation et à l’information sont autant d’éléments tout autant,
sinon plus importants (que le crédit)". Le tableau 8 permet à ce propos de mesurer l’étendue
de son impact sur les performances de l’intermédiation financière. Nous sommes toutefois
obligés de tempérer notre enthousiasme en reconnaissant qu’elle est surtout pratiquée par les
ONG, les volets financiers des projets de développement et quelques EMF à vocation
communautaire. La majorité des EMF des nationaux manquent de moyens humains et
financiers pour s’y investir et force est de reconnaître que nombre d’entre eux sont des
initiatives à visée capitaliste, se préoccupant davantage des intérêts des promoteurs au
détriment de toute considération sociale.
29
Ces formalités anodines d’apparence sont des barrières souvent infranchissables pour les paysans dont
l’illettrisme en fait des victimes idéales pour les agents de l’Administration. Le versement d’un pourboire
préalablement à tout service est érigé en système sans aucune garantie d’obtenir le service.
30
Ce système de prêt est une variante du modèle développé par la Gramen Bank (voir encadré 1). Il fait aussi
intervenir des groupes de paysans solidairement responsables de leurs dettes. Les crédits sont accordés au
groupe en une fois et le chef de groupe effectue la distribution aux membres. Il se chargera au moment opportun
de recouvrer le remboursement. Le membre peut aussi obtenir un prêt individuel en bénéficiant de la caution du
groupe. Cette méthode permet de contourner l’inconvénient de la conflictualité des projets rencontré dans le
principe de la rotation des octrois.
65
Tableau 8 : L’intermédiation sociale au service de l’intermédiation financière
Objectifs visés Forme Instrument s Mesure d’impact sur l’activité
1) pour l’usager d’intermédiation financière
2) pour l’EMF
1) Créer ou accroître le capital productif Education à l’épargne Epargne quotidienne volontaire Nombre de clients "ordinaires"
2) augmenter le nombre de clients Plan épargne/crédit* Accroissement des dépôts épargne
*(crédit de x fois le montant Nombre de crédits accordés
épargné au terme d’une durée
contractuelle)
1) Améliorer le rendement de l’activité Assistance technique département spécialisé de l’EMF Réduction du taux d’impayés
2) Générer un revenu suffisant pour le Recours à un organisme spécialisé Accroissement des dépôts épargne
remboursement du prêt
1) Favoriser les ventes Assistance commerciale Proposition des débouchés Réduction du taux d’impayés
2) Assurer la capacité de remboursement Encaissement des ventes Commissions sur les services rendus
"Rapatriement" des encaissements
1) Constitution des groupes de solidarité Assistance administrative Accomplissement des formalités Nombre de prêts accordés sur la base
2) Constitution des groupes de caution Formation sur la notion de Animation des réunions des groupes de caution solidaire
solidaire groupe Secrétariat
67
Crédits accordés
Fonds propres + dépôts reçus
Les EMF affichaient au 30/12/99 un taux de 58% contre 75,5% aux banques (COBAC,
2000). On appréciera mieux cet effort des EMF si on prend en compte les autres sources de
financement des banques citées ci haut auxquels les EMF n’ont pas accès. Ainsi, le ratio se
calculera pour les banques en posant :
Crédits accordés
Fonds propres + dépôts reçus + refinancement BEAC+ ressources extérieures
extérieuresextérieures
et donnera pour un numérateur inchangé, un résultat plus à l’avantage des EMF du fait de
cette appréciation du dénominateur chez les banques. La ventilation par secteur d’activité, tel
que présenté par le tableau 8 montre que les EMF consacrent 13,3% de leurs prêts au secteur
agricole contre à peine 4 %31 par les banques (Statistique CNC). Ils financent également des
secteurs où la banque est complètement absente comme l’artisanat et l’éducation (10,37% en
septembre 2000).
Ces divers avantages de l’intermédiation microfinancière par rapport à la banque restent
cependant relatifs et ne peuvent masquer une réalité décevante. En effet, le tableau 7 montre
la prépondérance du financement du secteur commercial par les EMF. Il s’agit en majorité des
prêts accordés à des très petits détaillants ("bayam salam") sur des délais très courts. Les
31
Les bénéficiaires des prêts agricoles par les banques sont les grandes exploitations à caractère industriel
(banane, café, cacao) appartenant généralement aux expatriés et rarement les plantations individuelles des
nationaux qui produisent pour la consommation locale. A contrario, seuls les établissements de microfinance
acceptent de prendre des risques sur cette catégorie d’agriculteurs.
69
prêts accordés à l’agriculture (13,4%) comprennent encore ceux accordés à des pseudo
paysans qui utilisent les crédits reçus des EMF pour faire une réservation sur les récoltes des
paysans contre la fourniture des intrants. Plus généralement, l’activité d’épargne- crédit par le
secteur de la microfinance est insignifiante et incapable en son état actuel de représenter une
alternative satisfaisante aux carences de l’intermédiation bancaire. Les résultats obtenus le
sont d’ailleurs au prix des risques de non remboursement et d’immobilisation élevés 32. En
réalité, les EMF sont obligés de prêter la quasi-totalité des fonds collectés car disposant de
très peu d’opportunités de placements rentables. La partie de l’épargne non prêtée est en
réalité utilisée dans les immobilisations et voire la couverture de certaines charges de gestion.
Les principales raisons de cet engagement excessif des dépôts par les EMF sont leur non
admission au marché monétaire et la modicité des taux de rémunération des placements
financiers proposés par les banques qui ont déjà une trésorerie pléthorique. Le tableau 6
montre que les EMF ne représentent qu’une part infime du marché de l’argent avec seulement
6% des dépôts d’épargne et 4,63 % de participation au crédit au 31 décembre 1999 alors
qu’elles représentent 97,5% des structures existantes. Par ailleurs, la microfinance reste
complètement absente sur certains segments du marché de l’argent comme le financement de
l’habitat et des équipements lourds, les placements financiers spécialisés, le financement du
commerce international et les services complémentaires à l’intermédiation financière tels la
gestion des fortunes ou l’accompagnement sur les marchés financiers.
Notre enquête montre que les EMF n’occupent qu’une place marginale dans l’appui aux
PME et TPE en ne finançant que 17 entreprises sur les 92 interrogées contre 34 pour les
tontines, 22 pour les usuriers et 19 pour les banques. Les ménages ne trouvent pas
véritablement satisfaction auprès des EMF puisque sur les 18 ménages clients de ce secteur
que nous avons interrogés, seuls 3 y ont déjà obtenu un crédit. Les interventions en faveur de
l’outil de production sont encore plus rares avec seulement 3 crédits d’équipement accordés
aux entreprises sur un total de 22. Une large frange des EMF interrogées (33,3%) est réticente
à l’endroit du financement de l’agriculture qu’elle trouve trop risqué. Les EMF qui ont une
position de neutralité envers ce secteur sont pour la plupart des structures opérant en zone
urbaine et n’ayant aucun contact avec le secteur agricole. Il est également dommage de
relever que la production des garanties est comme chez les banques, le critère primordial
32
Le risque d’immobilisation est celui couru par un intermédiaire financier de ne pas restituer les dépôts à
première demande en cas d’octroi exagéré de crédits. Le risque de non remboursement est celui couru de ne pas
obtenir le remboursement des crédits accordés à cause d’une mauvaise étude des dossiers ou d’une conjoncture
défavorable.
70
d’octroi des crédits avec un score de 42,8% , ce qui est un facteur limitatif d’octroi des crédits
dans un contexte d’indigence des titres de propriété.
Tableau 9: Ventilation des crédits de la microfinance par secteur d’activité (au 30
décembre 1999)
Secteur Montant (en millions CFA) %
Agriculture/Elevage 3 225 13,34%
Commerce/Artisanat 11 968 49,50%
Education 2 506 10,37%
Habitat 2 015 8,33%
Santé 1 187 4,91%
Autres 3 277 13,55%
Total 24 178 100%
collaboration entre les deux branches de l’intermédiation financière officielle leur permettrait
de réaliser des meilleures performances en s’ouvrant à une plus large frange de la population,
d’où l’intérêt d’examiner le type de rapports qu’ils entretiennent entre eux au Cameroun. Cet
arbitrage vise in fine à se prononcer sur la place de chacun d’eux dans les préoccupations des
pouvoirs publics. Doit-on privilégier l’un par rapport à l’autre ou les deux doivent-ils être
soutenus avec la même énergie ? Et dans ce cas, que faire pour renforcer leur synergie et les
rendre plus efficaces ?
72
DEUXIEME PARTIE :
BANQUES OU ETABLISSEMENTS DE MICROFINANCE : LE CHOIX EST-IL
POSSIBLE?
73
2° la complémentarité temporelle
Préalablement à leur installation dans une localité, les banques peuvent avoir besoin de
tester et/ou de renforcer le potentiel financier des populations devant constituer leur clientèle.
Les EMF peuvent jouer ce rôle d’éclaireur qui sonde et prépare le terrain pour le compte de
la banque. Dans cette optique, la banque peut soutenir l’ouverture et le fonctionnement d’un
EMF dans une localité où elle ambitionne de s’installer. L’observation des perfomances de
l’EMF dans cette localité permettra à la banque de mieux décider de l’opportunité de s’y
installer à son tour. Cette démarche réduirait les risques d’un scénario d’ouverture / fermeture
d’agence toujours préjudiciable à l’image de la banque, celle-ci ne s’installant qu’après que
les résultats de l’EMF l’aient convaincue de l’interêt à s’installer dans la localité.
Les EMF peuvent également servir de centre de maturation aux futurs clients des
banques qui y prennent du volume et améliorent la lisibilité de leur activité avant d’ouvrir un
compte sur les lignes de la banque.
La complémentarité peut se conçevoir aussi du haut vers le bas avec les anciens
employés de banque qui apportent aux EMF l’expérience accumulée pendant les années de
pratique bancaire. C’est du reste dans cette population que se récrute essentiellement les
principaux cadres des EMF
3° La complémentarité fonctionnelle
Les EMF rendent à leur clientèle des services à la carte qui ne sont consignés dans les
manuels de procédures d’aucune banque. De nombreuses opérations procédant de
l’intermédiation sociale (donc à rentabilité non immédiate) demanderaient à la banque un
redeploiement structurel au coût financier trop élevé par rapport à la microfinance qui n’a pas
la même grille de côut, notamment en ce qui concerne les salaires. Nous prendrons l’exemple
du plan "épargne/crédit" (ou "crédit promotion sociale") très prisée par les EMF. Un EMF
bien installé nous a revelé collecter par ce biais dans son agence de Foumbot plus de 50
millions FCFA par mois qu’il reverse à sa banque. Celle-ci apprécie certainement cet appoint
de trésorerie qu’elle n’aurait pas pu collecter elle-même sans gros investissements préalables
en termes de local, personnel, sécurité etc..
77
Dans l’autre sens, les EMF ont besoin des banques pour le dénouement des opérations
autorisées seulement à celles-ci, à l’instar de la compensation des chèques, du cautionnement
et de la domiciliation des marchés publics, de la négociation des travellers chèques, des
transferts internationaux. Ces opérations sont ordonnées aux EMF par leur clientèle non
titulaire de compte bancaire et ils ne peuvent les exécuter qu’en les domiciliant dans une
banque commerciale.
A certains égards, les EMF camerounais ont une nette avance sur les banques en matière
de prise en charge des divers actes de la vie courante des ménages et sont parfois catalyseurs
de la modernisation des banques (voir encadré 4 "Les EMF ont du génie").
Les EMF peuvent enfin légitimement revendiquer le rôle de vecteur de redistribution de
l’abondante trésorerie des banques sous forme de crédit à une clientèle et pour des opérations
qu’elles maitrisent mieux que les banques. Cette fonction de détaillant de prestations
financières dévolue aux EMF pour le compte des banques commerciales serait bénéfique au
bon déroulement de l’intermédiation financière dans un contexte où la microfinance est plus
proche de la population sans avoir les moyens suffisants de satisfaction des besoins qui lui
sont adressés. De l’autre côté, les banques surliquides ont peur de s’investir directement dans
un créneau qu’elles maîtrisent imparfaitement. Elle confirme la logique d’étroite
interdépendance dans laquelle se situe la rélation banque/EMF et dont le respect permet de
conforter l’efficacité de l’intermédiation financière dans de nombreux pays (voir Encadré 5 "
Quelques exemples de parténariat réussi entre la microfinance et la banque à travers le
monde").
78
Dans cette formule, la banque noue un contrat de parténariat avec un EMF bien établi
(réseau étendu, bonne réputation, états financiers équilibrés…). La banque joue le rôle de
bailleur de fonds sous forme de prêts garantis ou non , mais sans aucune interférence sur son
utilisation ni sur aucun autre aspect de la politique de l’EMF. La seule contrainte pour celui-ci
est le remboursement régulier des fonds avancés au taux convenu. La formule peut paraître
avantageuse pour les EMF dont l’étroitesse de trésorerie est la règle, mais qui osent prêter aux
exclus bancaires parcequ’ils savent se faire rembourser. Le taux d’interêt élévé que leur
clientèle accepte de payer garantit un différentiel suffisant pour rentabiliser la formule. Il est
toutefois à redouter que la recherche effrénée de la trésorerie par les EMF ne fragilise leur
position et les empêche de nouer des " bons accords" qui attribuent à chaque partenaire sa part
des coûts, des gains et des responsabilités (Barnet, 2003).
Les reserves émises au sujet de toutes ces formules témoignent de ce qu’aucune ne
constitue la panacée et demande pour une meilleure efficacité, un suivi rigoureux et une
adaptation permanente au contexte. Mais l’effort en vaut la chandelle, au régard de la réalité
des rapports entre la banque et la microfinance au Cameroun.
Au cours de nos investigations dans les differentes banques de la place, nous avons pu
noter les faits ci-après.
Certaines banques commerciales sont très reticentes en matière d’entrée en relations
avec les EMF. D’aucunes ont strictement interdit toute ouverture de compte aux coopératives
d’épargne et de crédit. Dans de nombreuses autres, les ouvertures de compte aux EMF ne se
font que de manière exceptionnelle et uniquement pour recuperer une grosse opération.
Quelques unes sont plus souples33 mais soumettent toutes les demandes d’ouverture de
compte des EMF à un accord préalable de leur Comité de Direction. Celles qui ne posent
aucune condition aux ouvertures de compte aux EMF avouent cependant ne leur accorder
aucune facilité de trésorerie. Les escomptes de chèque se font exceptionnellement sur de très
bonnes signatures et toutes les autres prestations font l’objet d’une suveillance particulière.
Notre enquête confirme cette situation avec quatre banques sur sept qui trouvent que le
secteur de la microfinance est un secteur risqué et sont par conséquent méfiantes à son
endroit.
Nombreux dirigeants d’EMF nous ont avoué se sentir très mal à l’aise devant les
guichets des banques où ils savent qu’on les tolère à peine. Leur souhait serait d’avoir un
accès direct à la BEAC pour y domicilier leur trésorerie et éventuellement obtenir des
refinancements ou voir la création d’un organisme spécifique destiné à leur rendre ces
services.
De nombreuses banques, surtout celles contrôlées par les interêts etrangers, contestent la
qualité d’intermédiaire financier aux EMF et refusent par conséquent de traiter les chèques
que ceux-ci ont reçu de leurs clients. Elles exigent que les chèques leur soient directement
déposés par les béneficiaires alors qu’il s’agit justement des personnes à qui elles ont fermé
leurs portes pour raison de taille ou de type d’activité. Les clients des banques qui, pour une
raison ou une autre ouvrent un compte auprès d’un EMF sont parfois victimes de pressions
multiples de la part de leurs banques pour fermeture de ce compte. Les represailles vont de la
non délivrance de chéquier au refus d’octroi de crédit, voire de rupture des rélations à
l’initiative de la banque en question. La responsabilité de la banque est une fois de plus
démontrée dans la faible circulation des chèques et plus généralement dans la piètre
bancarisation de la sociètè camerounaise. C’est sous leur pression que la COBAC a inséré
dans les textes reglementant les EMF une clause leur interdisant d’adopter la dénomination de
33
Les banques qui font preuve de souplesse à l’endroit des EMF d’essence locale sont celles à capitaux
majoritairement nationaux. Par contre, les filiales des banques étrangères sont très bien disposées à l’endroit des
ONG et des banques de projet.
83
dénouement laborieux. Les taux d’intérêts pratiqués par la microfinance sont trop élevés.
L’enquête de la COBAC (2000) révèle que la majorité des établissements dépasse le taux de
30% pour les avances et 40 % pour les prêts à court et moyen terme. Il n’est pas rare de
trouver des établissements qui atteignent, voire dépassent 100%, l’astuce consistant à
procéder à la facturation mensuelle (voire quotidienne) des concours aux clients 34. En dépit
des différentes explications avancées (Voir encadré 6), ces taux usuraires sont un véritable
paradoxe pour une activité ciblant les plus pauvres.
Les taux élevés pratiqués par les EMF reflètent le coût réel des fonds avec lesquels ils
travaillent et dont les composantes sont les coûts de transaction, la prime de risque, le
coût d’opportunité, les frais administratifs, le coût de l’intermédiation sociale.
Les usagers favorisent la surenchère sur ces taux en acceptant de payer la prime de
disponibilité quasi immédiate des fonds. La comparaison avec les solutions alternatives
(prêteurs sur gage, usuriers, tontines…) sont du reste favorables à la microfinance. Le
caractère saisonnier des activités rurales intensifie la pression sur les taux d’intérêt dans
les campagnes où les prêteurs sont souvent en situation de quasi-monopole et utilisent le
coût comme critère de sélection entre un nombre très élevé de demandeurs.
Les crédits de la microfinance portent généralement sur des sommes modestes et pour
des durées brèves. Hors, comme pour toute autre marchandise, il est établi que le "crédit
au détail" est toujours plus cher que le "crédit de gros" et les taux sur les crédits à court
terme sont plus élevés que ceux des prêts à long terme.
Source : Adapté de Germidis (1991)
34
Comme pour les banques, notre propre enquête relève que ce coût prohibitif du crédit microfinancier ne
constitue pourtant pas une barrière entre elle et les usagers dont aucun sondé ne lui en a fait le reproche.
35
De nombreux usagers ne consentent d’ailleurs à ouvrir de compte dans les EMF qu’en contre partie d’une
promesse ferme d’octroi de crédit.
85
la vive tension de trésorerie qui caractérise le secteur. Notre enquête a permis de déceler des
EMF qui présentent un encours d’impayés supérieur à 65% des crédits accordés. Le
recouvrement des créances et l’étroitesse de la trésorerie sont avancés comme les principales
difficultés des EMF camerounaises avec un score de 31% chacun. Il faut ensuite relever le
faible niveau technique du personnel en l’absence des ressources suffisantes pour rémunérer
les personnes qualifiées. Le besoin de formation du personnel est récurrent chez la majorité
des structures que nous avons investiguées. Il se situe au troisième rang des besoins avec un
score de 20,9%. Ce besoin se révèle être également la troisième attente des EMF auprès des
pouvoirs publics (17,4%) après celle de l’organe de refinancement (27,5%) et les subventions
(27,4%). Les EMF se plaignent de l’absence d’une structure adéquate où ils peuvent envoyer
le personnel se former comme c’est le cas avec les banques. Le programme sur la
microfinance mis en place par un institut régional sis à Douala se préoccupe essentiellement
de l’aspect coopératif en éludant l’aspect "techniques bancaires" qui est pourtant très
important chez les COOPEC camerounaises versées dans l’intermédiation financière
classique. Par ailleurs, le coût de ce programme est très élevé 36, ce qui constitue un facteur
limitatif d’accès aux EMF. L’introduction d’un cours de microfinance est encore hésitante
dans les universités camerounaises qui déplorent l’absence d’expertise en matière
d’enseignants. Les bibliothèques brillent par leur indigence en ce qui concerne les manuels
sur la microfinance et très peu de cabinets d’expertise financière ont incorporé dans la liste de
leurs prestations des interventions spécifiques en faveur du secteur. La faiblesse des systèmes
d’information de gestion et des systèmes d’organisation, la mauvaise sécurisation des
opérations sont les corollaires de la faible qualification du personnel. Ainsi, la plupart des
structures que nous avons enquêtées ne sont pas informatisées (44%). Plusieurs autres le sont
imparfaitement avec des logiciels qui ne couvrent pas l’ensemble des opérations, aucun cahier
de charges n’ayant été imposé au fournisseur. Seuls 56% des établissements visités suivent un
manuel de procédures37et il s’en trouve 45% qui n’ont pas de plan comptable, ni de système
d’archivage. L’incompatibilité entre les objectifs sociaux et la rentabilité contraint souvent les
EMF à abandonner les programmes sociaux en l’absence d’appui financier extérieur. La
priorité est donnée aux financements des activités à rentabilité immédiate (voir tableau 8), ce
36
3325 Euros (soit 2 181 00 Fcfa) pour une formation de 7 mois.
37
Le manuel de procédures est la formalisation de tous les systèmes d’organisation nécessaires au
fonctionnement rationnel et efficient de l’entreprise dans les meilleures conditions de sécurité. Il s’agit
essentiellement des organisations administratives, techniques, commerciales et financières. L’entreprise dispose
ainsi d’un outil de gestion qui permet de définir pour chaque tâche l’ensemble des intervenants, le
chronogramme d’exécution et les points de contrôle.
86
qui explique entre autres la réticence à l’endroit de l’agriculture tel que le montre notre
enquête.
3°- Les faiblesses liées à la mauvaise gouvernance.
De nombreux problèmes de mauvaise gouvernance plombent le quotidien des EMF. Le
premier trait en est l’absence de transparence dont ils font preuve dans le souci de (mal)
masquer la faible capitalisation de départ : gonflement des actifs, dissimulation des pertes,
provisionnement insuffisants, maintien des créances compromises en portefeuille, perception
indue des intérêts sur ces créances etc…). Ces pratiques sont la réplique exacte de celles qui
ont provoqué la déconfiture bancaire des années 80 et sont motivées par la volonté de rassurer
les actionnaires, d’attirer la clientèle et les bailleurs de fonds. Ce faisant, les établissements se
mettent en position de précarité dans la perspective des contrôles stricts programmés par la
COBAC à partir d’avril 2007. Les écritures de régularisation seront alors très importantes et
risquent d’emporter quelques uns. Ne vaut-il pas mieux dès maintenant revenir à la vérité des
chiffres et réfléchir avec les divers partenaires (membres, bailleurs, Etat) sur les voies et
moyens de s’en sortir? Nous osons à ce niveau avancer deux remarques :
- Les subventions attendues des bailleurs ne sont pas une prime à la bonne santé
financière des EMF, mais plutôt un coup de main à des structures sainement gérées et
affichant clairement leur volonté d’aider les pauvres, même (et surtout) en l’absence des
moyens pour le faire.
- La faible capitalisation des EMF n’est pas une tare et non plus une exclusivité
camerounaise. C’est même plutôt la règle mondiale et on appréciera d’autant plus la capacité
à s’attirer des sympathies extérieures malgré ce handicap.
La mauvaise gouvernance se retrouve aussi dans la piètre qualité de la collaboration
entre les élus et les gestionnaires dans le pilotage de l’appareil. Le problème naît de
l’excessive présence des élus dans la gestion opérationnelle dont ils ignorent pourtant les
subtilités ou alors de leur complet désintéressement, laissant libre cours à toutes les initiatives
des gestionnaires. Dans l’un et l’autre cas, il y a risque d’enlisement et il convient de savoir
trouver la juste mesure.
La précarité de la situation du personnel est également une importante niche de risques
pour les EMF qui pratiquent généralement des très faibles salaires malgré une occupation
abusive du personnel. Sime Zadouo (2002) déplore la clochardisation du personnel des EMF
dont il situe le salaire moyen à 10.000 FCFA largement en dessous du SMIG camerounais
(23.000 F CFA). Les plans de carrière sont inexistants et il est très souvent fait abstraction
des droits sociaux primordiaux tels les cotisations sociales ou les droits aux congés. Le
87
personnel ainsi fragilisé est tenté par la fraude, la démotivation, la prise d’intérêt sur les
opérations…
Nous ne saurons éluder dans ce registre la mauvaise collaboration entre les EMF dont
nombre d’entre eux n’ont adhéré à leur association professionnelle (Association Nationale des
Etablissements de Microfinance au Cameroun – ANEM CAM) qu’en respect d’une
prescription légale et qui s’en désintéressent complètement par la suite. Il faut dire à leur
décharge que la naissance de l’ANEN-CAM n’est pas inspirée par un besoin de
regroupement ressenti par les établissements mais par le simple souci de se conformer à la
réglementation (Ekotto, 2005). L’ANEN-CAM est minée par des problèmes de leadership et
de conflit d’intérêt. La qualité de dirigeant et de membre, la durée des mandats, la
représentativité des réseaux et des structures indépendants restent à définir. En attendant,
l’ANEN-CAM est un monstre bicéphale avec deux statuts représentant les deux factions
rivales. Les dispositions favorables aux membres des réseaux dans la réglementation sur la
microfinance et les nombreux appels à l’ordre des autorités n’ont toujours pas réussi à faire
comprendre aux établissements la nécessité de se mettre ensemble. A l’exception des
établissements appartenant au même réseau, il n’existe aucun système d’échanges de services
entre les EMF. Il se développe par ailleurs une concurrence déloyale aiguë chaque fois que
plusieurs établissements couvrent un périmètre restreint. Des taux de rémunération excessifs
sont alors pratiqués pour attirer les dépôts.
La dénaturation de la philosophie coopérative par de nombreuses COOPEC est le
dernier trait de mauvaise gouvernance des EMF que nous évoquerons. En réalité, plusieurs
établissements utilisent la formule coopérative uniquement pour bénéficier des facilités
juridiques et fiscales qu’elle comporte38. Très peu en respectent les contraintes, surtout celles
qui confèrent des avantages aux adhérents telles la tenue régulière des Assemblées Générales,
la publication des comptes de résultat, la distribution des dividendes. A ces faiblesses
intrinsèques s’ajoutent de nombreuses contraintes extérieures.
L’activité de microfinance est victime d’un déficit d’image auprès du public échaudé
par le souvenir récent des dirigeants qui ont disparu du jour au lendemain avec la caisse. La
faiblesse du cadre juridique dont se plaignent les banques commerciales pénalise encore plus
les EMF moins outillés pour y faire face. L’exacerbation des exclusions tribales rejaillit sur la
répartition de la clientèle, l’implantation géographique, la politique de crédit et les
recrutements, limitant les performances des EMF. On remarquera en illustration de cette
situation que la clientèle des EMF camerounais se recrute essentiellement sur la base tribale.
On assiste depuis quelque temps à la prolifération d’EMF créés en sous-main par des élites
politiques et qui bénéficient de nombreux passe-droits tels la domiciliation des comptes de
certaines entités publiques ou du paiement des marchés publics. L’aisance de trésorerie qui en
découle crée en même temps une situation de dépendance qui fragilise la structure, d’autant
plus que le développement des capacités d’adaptation à des circonstances moins favorables
(formation, organisation) est négligé.
La fiscalité du secteur est très floue, laissant les établissements à la merci du
harcèlement des agents fiscaux qui menacent de fermeture ceux qui n’obtempèrent pas à
leurs exigences non fondées.
39
Il s’agissait en réalité pour l’Etat de s’assurer de la bonne qualité des produits à exporter en distribuant aux
paysans des plants sélectionnés, des engrais, du matériel agricole et de l’argent. Le différentiel entre le prix
d’achat au paysan et le prix de vente à l’exportation par l’Etat monopoliste permettait de récupérer aisément ce
89
aggravent le mal avec les distributions de dons à des fins électoralistes aux villageois. Il faut
dire que le terrain était déjà fertilisé par la tradition de solidarité africaine que de nombreux
villageois ont dévoyé en s’attribuant le rôle de malheureux permanent que l’élite urbaine a le
devoir, voire l’obligation d’aider. C’est ainsi que certains d’entre eux considèrent les crédits
accordés par les EMF comme une nouvelle forme d’assistance qui leur est due et ne
comprennent pas qu’on leur en demande le remboursement (voir encadré 7 : les déboires du
PADER à Koutié).
financiers et académiques ont fortement primé dans la constitution des effectifs du PPMF qui
manque cruellement de ressources humaines rompues aux expériences de développement
rural et de la pauvreté urbaine. Quoiqu’il en soit, 16% des EMF que nous avons interrogés au
cours de notre enquête déclarent ne pas connaître le PPMF et 64% trouvent qu’il ne joue pas
son rôle, ce qui est une preuve flagrante du déficit de communication et d’inefficacité de cet
organisme. Il reste à espérer que les reformes qui y ont cours actuellement lui permettent de se
réconcilier avec ses objectifs.
Les nombreuses faiblesses ci-dessus de la microfinance vont servir de ferment aux
motifs invoqués par les banques pour marginaliser la microfinance.
42
Les banques ont d’ailleurs exigé et obtenu l’interdiction de l’utilisation du terme "banque" par les EMF
(Article 6, alinéa 2 du Règlement CEMAC sur la microfinance).
93
en place par les pouvoirs publics n’aient pas vraiment réussi à amadouer les banques et à
normaliser les relations. D’autres causes de l’affrontement subsistent.
c) la discrimination sectorielle
Les banques à capitaux majoritairement étranger rechignent à collaborer avec un secteur
qui les mettrait en rapport (même lointain) avec des secteurs d’activité qu’elles ont sorti de
leur rayon d’action tels l’agriculture, l’artisanat et le secteur informel urbain. Seul l’attrait de
la trésorerie de certains EMF adoucit leur position.
43
La responsabilité civile de la banque censée connaître le droit et les techniques bancaires peut lui être
opposée dans un procès.
94
pratiqué par 5 banques sur 7 mais avec une sélection très rigoureuse des valeurs 44. Les
concours par signature sans décaissement telles les cautions emportent la préférence des
banques qui exigent toutefois un déposit 45 à concurrence de leur engagement. Au cours de la
même enquête, nous avons rélévé le scepticisme de banques quant à la capacité des EMF à
les relayer auprès des opérateurs économiques avec seulement 2 établissements bancaires
prêtes à utiliser les services des banques pour completer leur approche clientèle. Seules les 3
banques à capitaux nationaux sont par conséquent prêtes à s’investir dans une quelconque
action en faveur du renforcement des capacités des EMF. L’Union bank et l’Afriland First
Bank s’y investissent déjà avec succès ( voir encadré 8 : le système MC2 de Afriland First
Bank).
Les EMF que nous avons rencontrés déplorent les mauvaises relations avec les banques
qui sont réticentes à leur ouvrir des comptes ou qui rejettent leur signature d’endos et leur
accordent difficilement de crédits. Celles qui trouvent ces relations cordiales (18%) se
plaignent néamoins de l’excessive surveillance dont leurs opérations font l’objet. Ainsi, une
facilité ne peut être accordée qu’après parfait dénouement de la précédente et le moindre
incident peut donner lieu à la cessation des relations. Seules les EMF importants à qui les
banques font la cour en vue de récuperer leur trésorérie trouvent que ces relations sont bonnes
(8%).
Après avoir recensé ces principaux facteurs explicatifs des rapports d’exclusion que les
deux branches de l’intermédiation financière officielle entretiennent entre elles, il nous reste à
étudier les conséquences de cet affrontement pour l’activité économique en zone CEMAC.
44
Seuls les chèques émis par les entreprises de bonne réputation et par conséquent peu susceptibles de retourner
impayés sont acceptés à l’escompte.
45
Le déposit est une somme d’argent non productive d’intérêts consignée dans les livres de la banque en garantie
d’un concours octroyé au client.
95
Lancé en 1992 par l’Afriland First Bank (CCEI Bank à l’époque), le mouvement des MC2 vise
à doter les collectivités villageoises de micro- banques autogérées.
Le capital initial de 10 millions de F CFA minimum pour une agence est fourni par les résidents
du village et les citadins qui participent ainsi au développement de leur village.
L’Afriland First Bank joue le rôle de banque de dépôt et fournit l’assistance technique en
partenariat avec l’ADAF (Appropriate Development for Africa Foundation), une ONG spécialisée
dans la microfinance. Cette assistance porte sur la formation, le contrôle et le relais des opérations
avec l’extérieur. Aucune aide financière n’est prévue.
La gérance est collégiale par les membres eux-mêmes et autant que possible, les "sages" du
village y sont associés (autorités traditionnelles et religieuses) pour veiller à l’intégration des valeurs
culturelles locales et arbitrer les éventuels conflits. Des projets d’accompagnement sont initiés par
l’ADAF pour permettre la formation d’entrepreneurs ruraux sur diverses techniques (élevage, bois,
informatique, céramique etc…).
Les MUFFA sont la version féminine des MC2, fonctionnant selon les mêmes principes.
Au 30 juin 2003, on dénombre 48 MC2 et 3 MUFFA affichant 37 004 adhérents pour 4,8
milliards de FCFA d’épargne mobilisé et 9,5 milliards de F CFA de crédits accordés, la différence
étant couverte par les subventions des organismes d’aide que l’Afriland a réussi à intéresser à ce
programme.
En étant un modèle de liaison entre les secteurs financiers informel et formel, le système de
MC2 offre de nombreux avantages à tous les participants :
- La bonification de l’image de marque de la banque ;
-Des revenus à l’ONG (commissions sur les prestations et produits des centres
d’apprentissage) ;
- Une intermédiation financière sur mesure pour les villageois.
Le plus grand mérite du système MC2 est d’avoir transcendé le problème des exclusions
tribales qui handicapent tant l’action de nombreuses EMF. Les agences MC2 s’ouvrent sans
difficulté particulière dans toutes les régions du Cameroun.
Depuis novembre 2003, les MC2 se sont dotées d’un organe faîtier, l’Association des MC2
(AMC2) dont l’objectif est de remplacer progressivement l’Afriland first bank dans la fonction
d’appui technique.
Source : Prospectus ADAF et Afriland First Bank
96
47
L’adhésion à un groupe de tontine est avant tout une contrainte sociale, pour confirmer son appartenance à un
clan, une religion, un corps de métier etc.…
48
Les dispositions restrictives de l’APECAM sur la circulation du chèque bancaire étaient déjà un facteur
limitant des échanges commerciaux internes au Cameroun.
99
Au total, il y a lieu de déplorer l’anachronisme du conflit entre les banques et les EMF
en zone CEMAC, contrairement à l’harmonie qui existe entre les deux secteurs dans les pays
développés (Rivoire 1979). Les contraintes de la modernité invitent pourtant à une confusion
des espaces entre les différents maillons du système financier. Dans plusieurs pays en
développement comme au Pakistan en Inde, au Ghana et plus généralement dans tous les pays
de la zone CEDEAO, les efforts des pouvoirs publics et des autres acteurs ont permis de
développer une solide synergie entre la microfinance et la banque, bénéficiant à l’ensemble du
système financier et du tissu productif. Il est urgent d’y arriver dans la zone CEMAC et plus
particulièrement au Cameroun dont le potentiel économique a besoin de s’exprimer dans un
système financier performant. Cette indispensable convergence entre la déontologie des
49
On peut néanmoins aussi affirmer que toute politique de limitation des taux de la microfinance ne peut être
qu’injuste tant que l’Etat n’assure pas aux EMF l’accès aux capitaux à faible coût (subventions, marché
monétaire, marchés financier…)
100
banques commerciales et la logique des EMF permettant d’y arriver exige une implication de
toutes les parties prenantes de l’intermédiation financière.
101
A- LE ROLE DE LA PROFESSION
1- le rôle de la banque
La situation de rente dans laquelle se complaisent les banques commerciales de la
CEMAC en général et du Cameroun en particulier, avec une trésorérie pléthorique et une
rentabilité en trompe-l’oeil est comme la bulle boursière qui finit toujours par éclater avec des
conséquences imprévisibles. Les banques en place seront de plus en plus contraintes de céder
d’importantes parts de marché aux nouveaux arrivants qui, plus innovants, mettront en place
des produits plus adaptés aux besoins de la population. C’est ce qui explique la montée en
puissance des banques d’essence africaine comme ECOBANK, CBC Bank mais surtout
Afriland First Bank (ex CCEI) qui occupe le 22ème rang au niveau de toute la zone franc et le
quatrième au Cameroun si l’on s’en tient au total du bilan (J.A.L’Intelligent 2005). L’un des
facteurs unanimement reconnus de cette réussite est l’osmose que cet établissement a tissé
avec le système financier informel et celui de la microfinance à travers son réseau MC2. Eze
Eze (2002) confirme la justesse de cette option en recommandant aux banques de "se déployer
vers d’autres intermédiaires financiers pour atteindre la masse critique permettant de réaliser
50
Nous désignons par ce terme l’ensemble constitué par la banque et la microfinance.
102
des économies d’échelle". L’encadré 3 montre l’étendue du domaine d’un tel parténariat et sa
profitabilité pour toutes les parties.
La rélation entre d’une part la banque commerciale et d’autre part le secteur rural et
l’économie informelle en général se situe dans un contexte d’asymétrie d’informations en
défaveur de la banque. Elle peut y pallier en développant une rélation d’agence avec le secteur
des EMF mieux intégré dans l’économie informelle. L’incitation ne serait pas seulement la
rémunération financière51 mais comprendrait aussi un appui institutionnel allant de la
formation au contrôle de l’activité de l’agent qui est ici la microfinance par le principal qui est
la banque.
Une masse considérable d’épargne reste inactive dans les zones rurales et dans le secteur
informel urbain où il y a par ailleurs d’énormes possibilités de remploi pour l’excédent de
trésorérie des banques. Les coûts et les risques pour y accéder sont trop élévés pour les
banques commerciales et la faible capacité des EMF les empêche d’y pourvoir
convénablement.
Le développement fulgurant des NTIC avec le téléphone mobile qui couvre de
nombreuses campagnes camerounaises devrait pousser les banques à plus de hardiesse dans
leur engagement en faveur des zones rurales, soit en y rouvrant des agences, soit en déléguant
des opérations aux EMF qui y sont installés. Les doléances peuvent dorénavant être
rapidement reçues et les instructions transmises avec diligence. C’est l’une des clés du succés
du système ISUZU au Ghana. Les collecteurs d’épargne et les distributeurs de crédit sont en
contact permanent avec les banques mandantes grâce au téléphone mobile.
En règle générale, les banques doivent considerer la microfinance pour ce qu’elle est, à
savoir une nouvelle niche d’activités regorgeant de nombreuses opportunités mais aussi des
risques spécifiques qu’il faut connaître et chercher à maîtriser comme pour tout autre nouveau
produit. Chaque banque devrait sélectionner, chacune selon ses propres critères, un ou
plusieurs EMF avec qui elle nouera un contrat de parténariat basé uniquement sur la poursuite
des interêts réciproques à l’exclusion de toute considération phylantropique et en suivant une
des pistes que nous avons levées plus haut.
2- le rôle de la microfinance
Les principaux reproches des banques commerciales aux EMF portent sur leur précarité
financière, leur mauvaise gouvernance et l’imprécision de leurs objectifs. Partant de ce
constat, les EMF devraient agir dans trois directions pour être plus attractifs pour les
51
Il s’agit ici des interêts servis sur les dépôts des EMF et des autres appuis financiers tels les avances de fonds.
103
S’agissant de la recherche du profit, il est plus que jamais temps de dépasser le faux
débat de logique financière contre logique sociale ou logique développementale. Même si
l’EMF est considéré comme un instrument de lutte contre la pauvreté, il doit aussi être
considéré comme une entreprise, c’est-à-dire un centre de profit. Son organisation et son
fonctionnement doivent privilegier à la fois la rentabilité et l’appropriation sociale (Institut de
la Banque Mondiale, 2001). Cette rentabilité peut être determinée à l’aide des agrégats
présentés au tableau 9.
105
= - Charges d’exploitation
PNB (Salaires, loyers…)
= - Provisions
RBE +
Amortissements
Ce résultat est aussi appelé capitalisation et permet la constitution progressive des réserves.
Il doit être positif et suffisant52
Source : Institut de la Banque Mondiale (2001)
52
Il est admis que le résultat d’une activité est suffisant lorsque les bénéfices dégagés permettent une
rémunération satisfaisante des capitaux mis en œuvre. Le taux de rémunération est calculé par le ratio "
Bénéfice net/Capitaux propres" ou mieux "Bénéfice net/ Actif net". Il est considéré comme suffisant à partir de
5 ou 10% selon la conjoncture et le secteur d’activité. L’actif net est la différence entre les capitaux propres de
l’entreprise et ce qu’elle doit aux tiers. Il s’agit en d’autres termes de ce qui reviendrait aux propriétaires en cas
de liquidation de l’entreprise (Lavaud, 1982).
106
53
Il ne s’agit pas ici d’une formation bancaire stéréotypée mais de l’apprentissage des fondamentaux des
principes du crédit coopératif et des solides notions de comptabilité, même en langue maternelle (Institut de la
Banque Mondiale, 2001).
54
Les amortisseurs systémiques comprennent les mécanismes d’assurance, de caution mutuelle, de fonds de
garantie et des autres garanties matérielles qui permettent d’amoindrir les pertes en cas de crise
107
intérêts de la profession. Mais les EMF doivent aller plus loin dans leur prise en charge. Il leur
revient de prendre l’initiative de la mise en place d’un système de compensation de leurs
valeurs si les pouvoirs publics traînent à le faire. Les organismes d’aide peuvent efficacement
y contribuer s’ils ont en face d’eux un interlocuteur suffisamment représentatif du secteur
comme pourrait l’être l’Association Professionnelle. C’est cette representativité qui permet
aux réseaux CAMCCUL et MC2 de benéficier de nombreux concours extérieurs qui ne
transitent pas par l’administration, gagnant ainsi en souplesse et en célérité. Quoiqu’il en soit,
les EMF doivent retenir qu’en microfinance comme en tout autre programme économique, les
destinées singulières sont rarement longtemps prospères. C’est ce qui justifie d’ailleurs les
dispositions favorables aux membres des réseaux dans la réglementation CEMAC sur la
microfinance (Mbouombouo Ndam, 2005).
d) maitriser la croissance
Beaucoup d’EMF connaissent une période euphorique grâce à l’abondante trésorerie
générée par le parténariat avec un grand opérateur des transferts internationaux rapides.
D’autres recoltent le fruit de leur réputation de sérieux ou de l’absence de concurrence dans
leur zone d’activité, ce qui se traduit par un afflux de clients et de dépôts. Une étude de Cérise
(2002) montre l’importance du risque d’implosion pendant les périodes de "success story". Il
peut s’installer un comportement laxiste en matière de contrôle facilitant les fraudes,
l’inexécution ou l’exécution imparfaite des tâches. Les problèmes de gouvernance sont
négligés et la formation du personnel est délaissée. La vigilance reste un impératif permanent,
s’agissant d’un secteur jeune et encore mal maîtrisé. Les profits générés pendant les périodes
fastes ou dans les activités exceptionnelles doivent servir à améliorer le système
d’information de gestion, à bonifier le capital humain (formation, motivation…) et à conforter
le matelas systémique en vue d’amortir les éventuels chocs futurs.
1- le rôle de l’etat
L’Etat assume déjà son rôle en ayant lancé depuis bientôt 5 ans un programme
d’assainissement et de renforcement des capacités des EMF. Notre propos ici sera de suggérer
les mésures qui devraient empêcher ce programme de sombrer dans le régistre des chantiers
étatiques inachevés.
55
Il faut par exemple veiller à ce que le dépôt de garantie bancaire soit effectivement constitué en éditant le
modèle d’attestation de blocage de provision comportant un engagement irrévocable de conservation par la
banque pendant toute la durée de vie de l’EMF.
111
officiel. L’analyse reconnaît d’ailleurs l’impérieuse nécessité d’un texte spécifique au secteur
des EMF privilegiant l’activité et non la forme juridique. Ce texte devrait être suffisament
clair et comporter des allègements à la hauteur des bonnes intentions qu’on clame pour le
secteur (Mbouombouo Ndam, 2006).
disponibilité des dépôts et non l’activité de crédit. Il convient de trouver la juste mesure qui
permette aux deux secteurs de jouer à fonds leur rôle d’instruments de financement de
l’économie et non de simples coffres-forts.
56
Contrairement à l’Afrique de l’ouest, la plupart des EMF de la zone CEMAC sont des quasi banques de par
la nature de leurs opérations, ce qui justifie la forte demande de formation en techniques bancaires effectives
telles les techniques de collecte de dépôt et d’octroi des crédits, les techniques de recouvrement ou la gestion
des instruments de paiement.
114
National de Microfinance est interpellé pour servir de centre de cordination des aides et de
concertation entre les bailleurs. La nécessité de la coordination de l’action des donateurs est
relevée par le Cook et Latortue (2005) qui déplorent le déficit de communication entre les
agences et préconisent la création d’un centre de liaison mondiale de microfinance
La diffusion des expériences positives observées ailleurs permettrait de créer des
cercles vertueux de réussite. Ceci peut se faire à travers l’appui à l’organisation des forums
locaux ou l’organisation des voyages de formation profitant aux personnels des EMF et non
aux fonctionnaires comme c’est souvent le cas.
D’autres actions peuvent être favorablement envisagées tels que la mise en place des
centres de formation sur la microfinance ou l’appui à l’accès aux capitaux d’origine
commerciale comme les financements bancaires, les marchés financiers et les organismes
spécialisés.
Une question sur laquelle il est urgent de trancher est de savoir si les organismes d’aide
doivent continuer à mettre en place des projets de microcrédit ou s’ils doivent se limiter à
appuyer les initiatives locales. Les organismes d’aide reprochent à ces initiaves leur
motivation purement capitaliste dans laquelle la recherche du profit annihile les
considérations sociales. On reconnaitra effectivement aux EMF lancés par les bailleurs et les
ONG l’avantage de respecter la vocation essentiellement sociale de la microfinance. Les
profits sont recherchés surtout pour la couverture des charges de fonctionnement et
l’autonomisation du projet. Il n’est pas rare que des subventions continuent à être octroyées
au projet en cours d’exécution, assurant l’équilibre de la trésorerie. Les taux d’interêt sont par
conséquent bas et parfois en dessous du taux du marché. Ces projets font preuve de beaucoup
plus de souplesse que les micro banques lancées par les nationaux en ce qui concerne la
sélection de la clientèle, le formalisme et la célérité de traitement des dossiers ou l’exigence
des garanties. L’équité de traitement de la clientèle et une meilleure motivation du personnel
(salaires, prestations sociales, formation etc…) sont autant d’élements qui militent en faveur
de l’exercice de la microfinance par les apporteurs de capitaux eux-mêmes. Malgré tout, il
semblerait à de nombreux égards plus judicieux que ces organismes se limitent à l’appui des
initiatives locales qui s’intègrent mieux au contexte socio-culturel et repondent plus
efficacement au besoin de financiarisation de toutes les couches de la société. Cela s’entend
l’accès au crédit certes, mais aussi la pratique régulière de l’épargne, l’accès aux services
accessoires d’argent (transferts, change, assurances …), toutes choses que ne font pas les
ONG. Guérin et Roesch (2005) confirment que "l’assurance et l’épargne sont préférées par les
pauvres quand on leur laisse le choix", l’enjeu étant de "pallier l’absence de protection sociale
116
qui prévaut dans nombre de pays du Sud". Les projets de microfinance initiés par les
bailleurs ont une propension exagérée à privilégier les femmes dans l’octroi des
finanacements. Poussée à l’extrême, cette tendance peut participer à compromettre les
équilibres dans la société et dans les ménages en inversant trop brutalement les rôles. La
minoration de la part de l’informel dans les activités économiques est un important défi de la
microfinance qui ne peut le relever qu’en proposant aux basses couches de la société les
mêmes services financiers dont bénéficie la haute sphère auprès des banques et autres
établissements spécialisés. Telle est la principale préoccupation des micro banques des
nationaux qui méritent d’être soutenus dans cet effort. Nous avons également démontré (et de
nombreuses études le confirment) que la recherche du profit est un puissant facteur de
pérennisation des programmes de microfinance. On ne saurait donc condamner les
établissements qui ambitionnent de faire des profits, pourvu que, ce faisant, ils aident
effectivement les pauvres. Par ailleurs, l’octroi facile et peu coûteux des crédits par les ONG
inhibe l’effort de bon management des projets financés et favorise les comportements de
"tournage" (utilisation du crédit de l’ONG pour la pratique de l’usure). Dans tous les cas, cette
aumône déguisée est un facteur d’accroissement des impayés dans les EMF des nationaux. En
effet, les usagers ont l’occasion de faire la comparaison des taux d’intérêt et deviennent
réticents au remboursement des crédits précedement obtenus de ces EMF qu’ils trouvent
dorénavant trop chers. La différence des objectifs et des côuts d’obtention des fonds justifie
pourtant cette différence ( voir encadré 4 : Pourquoi les taux d’interêt des EMF sont si élévés).
Il est dès lors difficile de se prononcer sur la rentabilité de la microfinance, ce qui contribue à
en éloigner les banques commerciales. Un autre reproche à l’endroit des banques de projet
tient au mode d’évaluation de leur impact dont les critères rationnels devraient permettre de
décider de l’opportunité de la continuation du programme. Au lieu de cela, les projets
s’évaluent sur des bases quantitatives en termes de nombre ou de montant de crédits accordés,
sans se soucier des éventuels effets néfastes sur l’environnement, la cohésion sociale, la
formation de l’épargne ou l’équilibre entre cultures vivrières et cultures de rente. Il ne s’agit
pour autant pas d’arroser les EMF des nationaux avec les fonds des ONG, mais de les utiliser
pour renforcer leurs capacités et mettre en place une ligne de refinancement accessible selon
des critères de performance qui seront une stimulation à l’effort. La reduction des charges
(frais de formation, petit équipement…) et du coût d’accés au financement qui en découleront
contribueront certainement à faire baisser les taux d’interêt dans les micro banques des
nationaux.
117
Il apparaît en définitive que les efforts à déployer pour rendre la microfinance plus rassurante
et améliorer ses rélations avec la banque est un vaste programme qui ne peut aboutir qu’avec
la participation de toutes les parties prenantes de l’intermédiation financière, même si l’état y
a logiquement une bonne part. Nombre d’actions déjà ménées sont hautement positives et on
ne saurait éluder la bonification de l’image de la microfinance qui en a résulté au cours des
dernières années. Mais il est impératif de continuer les reformes dans des meilleures
conditions de coordination des énergies afin que la croissance du secteur le soit non seulement
en quantité mais aussi en qualité. Car en fait, pour être performante, les économies de la
CEMAC ont un impérieux besoin d’un système d’intermédiation financière qui prenne en
compte toutes les catégories de la population. Nous avons en effet démontré que le secteur
bancaire, restructuré au prix de lourds sacrifices financiers, politiques et humains a, pour des
raisons essentiellement sécuritaires, restreint sa zone d’intervention aux seules sphères
supérieures de l’économie malgré la trésorérie pléthorique qu’elle génère dorénavant. Son
implication est par ailleurs très faible dans la régulation des transactions sociales. Il est à
craindre que ce manque d’ambition ne mette davantage la zone CEMAC à la traîne du
phénomène de mondialisation dans lequel le système financier joue un rôle de premier ordre.
Une nouvelle restructuration bancaire apparaît comme un impératif et une urgence pour
mettre les objectifs de la banque au diapason des besoins de la société.
Le secteur de la microfinance dispose de nombreux atouts pour permettre de parer aux
carences de l’intermédiation bancaire. Le plus important est sans contexte la proximité entre
les fondements de cette formule financière et les caractérisiques des besoins de la plus grande
partie de la population qui appartient à la classe des pauvres. L’ingéniosité des employés du
secteur de la microfinance, anciens employés de banque pour la plupart, est renforcée par le
soutien des pouvoirs publics et des bailleurs de fonds qui veulent en faire l’instrument
privilégié de la lutte contre la pauvrété. Mais les résultats restent très largement en dessous
des attentes à cause des nombreuses faiblesses structurelles dont souffre ce secteur. Cette
inefficience des deux composantes du système officiel d’intermédiation financière de la
CEMAC est aggravée par la qualité de leurs relations. Au lieu de la logique de
complementarité qui devrait sous-tendre leur action et conferer plus d’efficacité à leur
mission, elles développent plutôt un mécanisme d’exclusion mutuelle qui se nourrit de
plusieurs justifications. La plus couramment avancée est la faible capacité humaine, technique
et matérielle du secteur de la microfinance qui provoque la méfiance du secteur bancaire,
d’où l’absolue nécessité d’améliorer la lisibilité de la microfinance et de faciliter la
convergence entre elle et la banque. L’action concertée de tous les acteurs devrait permettre à
122
cette formule financière d’exprimer la pleine mésure de son potentiel et de completer l’action
des banques dans les sphères où celle-ci est absente.
123
CONCLUSION GENERALE
L’objectif de cette étude était de déterminer lequel des secteurs de la microfinance ou
de la banque est le mode d’intermédiation financière idoine pour les économies de la
CEMAC. Au terme de nos analyses, il s’avère indispensable d’aller au-delà de ce simple
problème de choix entre deux activités complémentaires par vocation pour nous préoccuper
de l’ensemble du système financier de cette zone. En effet, quel que soit l’option choisie, le
mécanisme d’intermédiation financière ne sera efficace que dans le cadre d’un environnement
financier sain et compétitif. Ceci est un impératif pour la mobilisation massive de l’épargne
intérieure dans les PVD et par conséquent pour la réduction de leur dépendance par rapport
aux financements extérieurs. Ces considérations confèrent à notre conclusion la double
responsabilité de prendre clairement position sur l’opportunité de coexistence des deux
activités dans la zone CEMAC et d’aviver l’attention sur la nécessité d’accélération des
reformes du système financier.
grande créativité qui lui permet de proposer des solutions à la carte à toutes les couches de la
population. Elle participe de cette manière aux politiques directes de réduction de la pauvreté,
à propos desquelles Brasseul (1989) souligne qu’elles sont favorables à la croissance en
augmentant la productivité (effet de « trickle-up » ou réaction vers le haut). Pour toutes ces
raisons, la microfinance ne peut pas être considérée comme un simple appoint à l’activité
bancaire mais plutôt comme un maillon essentiel de l’édifice financier des pays de la
CEMAC. A contrario, elle ne peut prétendre se substituer totalement à la banque commerciale
qui a seule la capacité, la technicité et le rayonnement nécessaires pour certaines opérations
d’envergure ou spécialisées.
Au total, la banque et la microfinance sont toutes deux nécessaires et indispensables au
bon déroulement de l’activité économique dans la zone CEMAC. Toutefois, elles ne pourront
jouer efficacement leur rôle d’intermédiaires financiers, déclencheurs et accompagnateurs du
développement que dans le cadre d’une étroite intégration des objectifs et des moyens.
Cependant, la conflictualité de leurs relations est une sérieuse entrave à l’accomplissement de
leur mission comme notre analyse vient de le démontrer. La précarité de la microfinance, en la
rendant répulsive à la banque est la principale cause de cette opposition. Mais il y a lieu de se
rassurer quant à une normalisation future des rapports entre les deux activités lorsqu’on
observe l’importance accordée par toutes les banques commerciales aux EMF de grande
envergure. Ceci témoigne d’un mouvement de convergence lent et irrégulier sans doute, mais
inexorable et irréversible entre les deux secteurs. Il y a là la preuve de la sensibilité des
banques aux efforts de performance des EMF et par conséquent une invite à cet effort. Les
pouvoirs publics et les bailleurs de fonds sont interpellés pour favoriser l’accélération du
mouvement en aidant la microfinance à mieux se structurer afin d’être plus rassurante pour la
banque. C’est ici le lieu d’inviter la coopération monétaire de la CEMAC à faire preuve de la
même rigueur qui l’a distinguée lors de la restructuration bancaire et qui a abouti à la mise en
place d’un mécanisme efficace de surveillance et de régulation de l’activité bancaire
matérialisée par la COBAC. Cette coopération monétaire doit se faire ressentir dans
l’encadrement de la microfinance dont une croissance désordonnée ne peut qu’être porteuse
de risque pour l’ensemble du système financier de la zone. On déplorera à ce titre l’énorme
retard dans la mise en place des mécanismes d’encadrement du secteur dans les autres pays
de la CEMAC et les imperfections observées au Cameroun.
Quoiqu’il en soit, l’engagement des deux acteurs clé de l’intermédiation financière
officielle en faveur de la synergie de leurs actions reste déterminant, voire obligatoire. La
banque parce qu’elle a ainsi une occasion exceptionnelle de se mettre véritablement au service
126
du système productif local, la microfinance parce qu’elle n’a pas le droit de décevoir les
espoirs qu’elle a suscités en matière de lutte contre la pauvreté et parce qu’elle doit
rentabiliser tous les investissements financiers et institutionnels dont elle fait l’objet à ce titre.
l’intégration des pays de la CEMAC ne faisant pas partie des priorités d’un secteur contrôlé
par les banques à dominance étrangère, il revient aux Etats d’explorer avec soin les autres
pistes pouvant favoriser leur rapprochement. A ce titre, la BEAC devrait jouer à fond son rôle
de structure de compensation régionale et un appui spécial devrait être accordé aux EMF qui
s’investissent dans l’accompagnement de la commercialisation des produits agricoles entre les
pays de la zone.
Enfin, les Etats de la CEMAC doivent répondre au défi de la modernité en levant les
blocages qui empêchent le démarrage effectif de leurs marchés financiers. Ils doivent en
même temps avoir conscience de ce que l’espace économique de la CEMAC est trop étroit
pour le fonctionnement de deux bourses de valeurs mobilières concurrentes (Mbouombouo
Ndam, 2003). Seule une satellisation de l’une par l’autre permettrait un fonctionnement
efficace en faveur de l’économie de toute la zone. L’intermédiation directe par la banque et la
microfinance serait alors complétée par l’intermédiation indirecte 60 du marché financier
beaucoup plus outillée pour le développement.
A terme, les pays de la CEMAC doivent résoudre le problème du choix contraint
résultant de l’appartenance à la zone euro ( Pelletier, 1999) et se déterminer clairement par
rapport au maintien ou à la rupture des liens entre les deux monnaies. Nous avons vu que la
répression financière externe tenant à la politique monétaire sous contrainte extérieure
(Tchuidjang Pouemi, 1980) était une des causes de la déconfiture des banques. Dongmo
Tsakem (2003) rappelle les enjeux de l’une ou l’autre position. Il y a d’un côté, l’illusion
d’appartenir à une zone monétaire forte dont on partage toutes les contraintes sans profiter de
tous les avantages. Ici, le parapluie de la métropole qui amortit les fluctuations du cours de la
monnaie a pour corollaire la cession de la politique monétaire et en définitive de la politique
économique (Tchuidjang Pouemi, 1980). De l’autre côté, il y a la satisfaction d’orienter soi-
même sa politique monétaire et d’intégrer les données mondiales en fonction de ses propres
convenances. Mais il ne faut pas dans ce cas perdre de vue les incertitudes qu’engendrerait la
rupture des liens, les risques monétaires s’ajoutant dorénavant aux autres risques de l’activité
économique déjà très nombreux dans les PED. Les errements du naira nigérian, du cédi
ghanéen ou du zaïre congolais militent en faveur des conservateurs. Mais faudrait-il pour
autant rester des éternels "mineurs monétaires" ? Ces exemples ne devraient-ils pas plutôt
60
De nombreux auteurs préfèrent le terme de " désintermédiation" pour caractériser l’absence d’intermédiaire
entre les investisseurs ou épargnants et les entreprises. On peut contester cette position puisqu’à aucun moment,
les épargnants ne rencontrent les entreprises, les transactions s’effectuant obligatoirement par le biais des PSI.
128
contraindre les pays de la CEMAC à accompagner leur émancipation par plus de pugnacité
dans le management de leurs économies ?
129
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132
ANNEXES
6-COUVERTURE DES IMMOBILISATIONS Les immobilisations sont financées Le 1er ratio doit être égal à 100% au minimum
a) ressources permanentes par les ressources permanentes Le 2ème ratio doit être égal à 50% au plus
total des immobilisations corporelles dans lesquelles les fonds propres
b) financement des immobilisations par des tiennent une bonne part
emprunts
Fonds propres nets
136
7- ENGAGEMENTS EN FAVEUR DE NOUS- Eviter que le staff et les élus ne Au plus égal à 20%
MEMES* s’approprient les dépôts des autres
Total des crédits en faveur de nous-mêmes usagers
Fonds propres nets
* Personnel, élus et assimilés
8- NOMBRE DE PARTS MAXIMUM Eviter que l’EMF ne soit contrôlé Au plus égal à 20% des parts sociales
DETENUES PAR UN MEME MEMBRE* par quelques membres qui
*détention par soi-même ou par personne imposent leur loi aux autres
interposée
9- COUVERTURE DES CREDITS PAR LES Eviter de trop engager les dépôts Au plus égal à 70%
RESSOURCES DISPONIBLES des clients
En cours (crédits nets -crédits adossés*)
Fonds propres nets+dépôts des membres -
immobilisations nettes
* crédit bénéficiant d’une garantie financière
(exp. bon de caisse, caution d’une institution
financière…)
137
10- RECOURS AUX LIGNES DE Assurer une plus grande autonomie Au moins égal à 50%
FINANCEMENT* de l’EMF
Ressources propres
Lignes de financement
* accords de prêts avec les organismes extérieurs
à l’EMF