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Université de Tunis
La finance islamique
Les banques islamiques
Elaboré par :
I. Définition.................................................................................................................................... 5
2. Les principales dates qui ont marqué le développement de la finance islamique dans le
monde............................................................................................................................................ 7
5. La propriété du bien............................................................................................................. 10
4. Le risque juridique................................................................................................................ 20
5. Le risque d’investissement................................................................................................... 21
Conclusion.............................................................................................................................23
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Liste des figures
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Introduction
La finance islamique représente un système financier qui occupe une place croissante dans
l'économie mondiale, émergeant ainsi comme une alternative prioritaire par rapport au secteur
financier conventionnel. Fondée sur les principes de la loi islamique, également appelée charia,
cette forme de finance est renommée pour son engagement en faveur de valeurs morales et
éthiques, s'efforçant de promouvoir la justice sociale et de respecter la Sunnah. Contrairement à
la finance traditionnelle, qui recourt à des instruments financiers tels que les intérêts, les produits
dérivés et les contrats à terme, la finance islamique repose sur des mécanismes de partage des
risques et des récompenses, ainsi que sur des transactions adossées à des actifs réels. Cette
approche favorise une responsabilité et une transparence accrues vis-à-vis de sa clientèle,
conformément aux préceptes de la loi musulmane qui interdisent les profits excessifs, la
spéculation et les investissements dans des activités considérées comme Haram. En élargissant
ses frontières au sein du système financier mondial, la finance islamique se présente comme une
solution alternative et universelle, attirante et accessible tant pour les musulmans que pour les
non-musulmans, s'appuyant sur le concept des 3P.
Le développement rapide de la finance islamique à l'échelle mondiale est encadré par des
régulations émises par des organismes spécialisés tels que l'AAOIFI, favorisant ainsi
l'établissement d'institutions financières émergentes et de produits financiers innovants
répondant aux besoins de la communauté musulmane. Cependant, malgré ses nombreux
avantages, ce domaine en développement reste complexe, soulevant des interrogations quant à la
conciliation des principes de la charia avec les pratiques financières et d'investissement
modernes, ainsi qu'avec le cadre juridique national. Face aux défis et aux risques persistants
auxquels est confronté le secteur de la finance islamique, les spécialistes de la jurisprudence
islamique poursuivent leurs efforts pour mettre en place des mécanismes de prévention et
améliorer le fonctionnement des activités commerciales et financières islamiques à l'échelle
mondiale.
Ce document est composé de cinq principales parties. Les deux premières sont axées sur la
définition, historique, évolution de la finance islamique ainsi que ses principes. La troisième et
quatrième parties portent sur les produits financiers islamiques et un état de lieux ainsi que les
risques bancaires islamiques. La dernière partie présente une comparaison entre les banques
islamiques et les banques conventionnelles.
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I. Définition
1. Définition de la finance islamique
La finance islamique est une forme de finance éthique et morale conceptualisée pour la première
fois dans les années 40 grâce à Sayyid Abul Ala Maududi, un théologien pakistanais qui a été le
premier à établir les principes de la finance islamique en se fondant sur une application
rigoureuse de la Charia.
En effet, la finance islamique est considérée comme faisant partie intégrante de la finance
éthique en raison de sa prise en compte de la dimension morale et de la responsabilité sociale
(Guéranger, 2009).
Cette finance est basée sur trois principaux piliers.
L'économie réelle : Elle englobe un ensemble d'activités tangibles telles que l'industrie,
le commerce et l'immobilier. La finance islamique y joue un rôle crucial en encourageant
les entreprises et les investisseurs à financer leurs projets de manière éthique, favorisant
ainsi la réalisation de projets responsables envers l'environnement plutôt que de spéculer
sur les marchés financiers.
L'éthique universelle : qui est un principe fondamental visant à promouvoir l'équité
entre toutes les cultures en valorisant des valeurs morales telles que la liberté, la dignité,
la justice, la tolérance et la noblesse. La finance islamique s'efforce de promouvoir cette
universalité morale en respectant les principes de la Charia, contribuant ainsi à une
vision de justice.
Le droit musulman des affaires qui constitue un système intégrant des devoirs à la fois
moraux et légaux, élaboré à partir de la compréhension de la loi religieuse de la Charia.
Il repose sur quatre sources principales : le Coran qui est considéré comme la parole de
Dieu révélée au prophète Muhammad (Saws) et un guide pour l'humanité ; la Sunnah,
comprenant les paroles, conseils et actions du prophète Muhammad (Saws) et servant de
complément au Coran ; l'Ijma qui est un consensus des savants musulman et le Qiyas soit
le raisonnement par analogie.
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2. Définition d’une banque islamique
Tout comme les banques conventionnelles, les banques islamiques sont des établissements
financiers dont la pierre angulaire de leur activité se base sur l’intermédiation financière.
Néanmoins, leur particularité réside dans leurs modes de génération des profits qui doit obéir au
principe de la chariaa, tout en admettant le caractère incertain du résultat des opérations
financées.
Plusieurs définitions des banques islamiques existent. OCI a défini ces dernières comme étant:
« Toute institution financière dont le statut, les règles et les procédures de fonctionnement
stipulent clairement son attachement à la loi islamique et plus spécialement son engagement à
ne jamais payer où recevoir des intérêts au titre de n’importe quelle opération effectuée ».
Toutefois, au sens plus restreint les banques islamiques se manifestent comme des banques
religieuses, participatives et solidaires.
✓ Une banque Religieuse : du fait que les règles de fonctionnement sont basées sur les
préceptes islamiques qui fournissent les principes sous-jacents à la pratique de la finance
islamique ;
✓ Une banque à caractère solidaire : dont certaines opérations financières comme Kharadh
Hassan sont proposées aux personnes en difficulté.
Bien que les racines théoriques de la finance islamique soient anciennes, remontant aux
principes établis dans le Coran et la Sunna, son émergence en tant que système financier
complet est un phénomène relativement récent. Pendant des siècles, il n'existait pas de cadre
financier formel intégrant des modes de financement alternatifs conformes à la chariaa, ni
d'institutions financières spécifiquement adaptées.
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Ce n'est qu'à partir des années soixante-dix que l'industrie de la finance islamique a connu
une expansion remarquable, stimulée par l’avènement de deux évènements majeurs d’ordre
politique et économique. Le premier événement, d'ordre politique, s'est matérialisé par
l'indépendance de certains pays arabes qui ont intégré la Chariaa comme source de leur droit
positif. Ce système financier islamique a été perçu comme une alternative potentielle au
capitalisme libéral et à la planification sociale, offrant aux croyants une opportunité de
concilier leur besoin d’activité économique et leur croyance religieuse. Le second
événement, d'ordre économique, s'est manifesté par la hausse des prix du pétrole,
engendrant une surliquidité significative dans les pays du Golfe. Des institutions financières
ont été créées pour gérer cet excès de liquidité selon les principes de la finance islamique.
L’évènement de 11 septembre 2001 a été aussi un déclencheur de l’expansion de la finance
islamique. De plus, la crise économique de 2008 et le "printemps" des pays arabes ont
renforcé l'intérêt pour la finance islamique.
Les années 40 ont marqué la première tentative d’essai de création d’une finance islamique en
Malaisie qui a rapidement souligné son échec. Cette tentative a été suivie par un deuxième essai
au Pakistan, là où il enregistre les mêmes résultats que son précédent.
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Les premières épreuves modernes réalisées dans le domaine de la finance islamique remontent
aux années 1960 avec l’expérience des caisses rurales Mit Gammar en Égypte créées par Dr
Ahmad Elnagar et du « Piligrim’s Management Fund » (Tabung Hadjji) en Malaisie. Ces
institutions avaient pour objectif principal la réduction de l’exclusion bancaire.
En 1970, fut la création de OCI (Organisation de la Conférence Islamique), et le lancement de
l’idée d’une banque islamique.
En 1975, l’émergence d’une organisation multilatérale, BID (Islamic Development Bank),
regroupant 56 pays membres. Elle a pour objectif d’apporter son soutien à qui en a besoin. Ainsi
que la création de la Dubai Islamic Bank qui fut être la première banque privée.
En 1979, l’apparition de la première compagnie d’assurances islamique, Islamic Insurance
Company of Soudan.
Les années 80, ont été marquées par un accroissement continu des institutions financières ainsi
qu’un élan de leurs activités pour passer au-delà des frontières physiques du Moyen Orient (en
Asie de Sud-est, dans un premier temps, puis vers l’Afrique du Nord).
Au cours de la décennie qui en suit, il a eu lieu l’apparition des départements spéciaux ou «
fenêtres islamiques » au sein des banques conventionnelles situés un peu partout dans le monde
musulman, ainsi que la création de l’AAOIFI (Accounting and Auditing Organization for
Islamic Financial Institutions); un organisme qui a pour vocation la mise en place des normes
comptables et de gouvernance conformes aux règles de la chariaa, dont les banques islamiques
sont tenues de suivre et de respecter.
2002 : ce fut la création des différents organismes nationaux ou internationaux de
standardisation et d’harmonisation comme l’IFSB (Islamic Financial Services Board) à Kuala
Lumpur, ayant pour mission de contribuer à l’évolution de la finance islamique dans le système
financier mondial et L’IIFM (International Islamic Financial Market) créé par plusieurs banques
centrales ayant pour but de réguler et de promouvoir les nouveaux produits islamiques émis par
les marchés financiers.
2004 : l’émergence de nouvelles formes de produits islamiques tels que les Sukuks
comme substitut aux obligations classiques. Celles-ci ont la particularité d’être
adossées à des actifs tangibles et structurés en fonction des règles de la finance
islamique.
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III. Les principes de la finance islamique
Maysir)
Les transactions doivent être transparentes et claires, permettant aux parties de connaître
exactement la valeur de leurs échanges. Ainsi, les transactions comportant un risque excessif ou
dont l'issue dépend du hasard sont interdites.
L'interdiction du Gharar vise à éviter l'incertitude et le doute entre les parties d'un contrat. Pour
cette raison, elles doivent avoir une connaissance précise des valeurs de leurs échanges, et
aucune opération ne doit dépendre du hasard.
Quant à l'interdiction du Maysir dans la Finance Islamique, elle ne se limite pas aux jeux de
hasard, mais concerne également la spéculation en général. La spéculation consiste à anticiper
l'avenir afin de réaliser des profits, et peut se faire dans le cadre d'échanges de produits dérivés
tels que les options, les futures et les swaps. Ces pratiques sont strictement interdites dans la
finance islamique en raison du risque excessif qu'elles présentent.
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Par exemple, dans le domaine du financement immobilier islamique, au lieu de simplement
accorder un prêt avec des intérêts, une institution financière islamique peut acquérir le bien
immobilier désiré et le revendre à l'acheteur avec un bénéfice, en utilisant un mécanisme tel que
le murabaha (vente à terme avec marge bénéficiaire).
La participation aux pertes et aux profits, également manifesté par les instruments Mudarabah
ou Musharakah, est un principe fondamental de la finance islamique.
Aussi connu sous le nom de système "PPP" (Partage des Pertes et des Profits), ce concept est
instauré dans la finance islamique comme une alternative aux crédits à intérêts. Il stipule que les
deux parties impliquées dans un contrat doivent assumer les risques associés à une transaction et
que l'échange doit être fondé sur le principe du partage équitable des profits et des pertes.
5. La propriété du bien
Il est prohibé de spéculer sur la vente d'un bien que l'on ne possède pas.
Ce principe est lié d'une part à la nécessité que l'actif soit tangible (adossement des actifs réels)
et d'autre part au risque engendré par sa possession (Gharar).
Les institutions financières islamiques sont tenues de s'abstenir de financer des entreprises ou
des projets impliqués dans des activités telles que la production ou la vente d'alcool, de tabac, de
jeux de hasard, l’élevage porcin, les armes, ou tout autre commerce considéré comme HARAM
(illicite) selon les principes islamiques.
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IV. Les produits financiers islamiques
Les produits financiers islamiques sont élaborés pour répondre aux besoins de financement tout en
se conformant aux principes de la Charia, en prenant appui sur les enseignements du Coran.
« Mudaraba » C’est une forme de partenariat entre deux parties mettant en évidence
une sorte de mobilisation de fonds.
Une partie qui s'engage à fournir le capital pour un projet, dit aussi Rab Al-Maal, c’est
celle qui apporte les fonds. Tandis que l'autre qui est dans ce cas la banque islamique,
s'engage à fournir le travail dit aussi Al Mudarib, et joue le rôle de gestionnaire de
fonds.
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Source : Revue Marocaine des Sciences de Management
Murabaha : Ce contrat d'achat et de revente implique que la banque achète un bien corporel
à un fournisseur à la demande de son client. Le prix de revente est établi sur la base du coût
initial augmenté d'une marge bénéficiaire.
Salam : Ce type de contrat de vente à terme est couramment utilisé dans divers secteurs tels
que l'agriculture, l'artisanat, l'import-export et la distribution. Le paiement s'effectue au
comptant tandis que la livraison est réalisée ultérieurement.
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Source : Revue Marocaine des Sciences de Management
Istisnaa : L'Istisna est souvent utilisé pour financer des travaux de construction,
d'aménagement ou la fabrication d'équipements. La banque islamique engage l'entreprise
pour produire un bien dans un délai spécifique. Le paiement peut être effectué soit au
comptant soit à terme, mais la livraison est toujours programmée pour une date ultérieure.
Source : Dispositions Juridiques Communes - Finance islamique – Régime fiscal des opérations d'istisna
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V. Etat de lieux : Chiffres et tendances de la finance islamique
Dans cette partie, nous nous sommes intéressés à étudier quelques chiffres de la finance
islamique à l’échelle nationale ainsi qu’internationale. Pour le faire, nous avons collecté
quelques données des dernières résultats et chiffres issus des rapports annuels des banques
islamiques connues dans le monde et en Tunisie, et nous avons traité leurs évolutions à l’aide du
logiciel Excel.
En ce qui suit, nous allons étudier la performance du secteur bancaire islamique tunisien ainsi
que la performance individuelle de ces trois banques.
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La Banque Zitouna domine le secteur bancaire islamique en Tunisie avec une part de marché de
63%, ce qui en fait le leader incontesté. Son importance se traduit par une solide base de clients,
une réputation bien établie et une gamme de produits et services compétitive.
Bien qu’El Baraka Banque possède une part de marché significative de 25%, elle est nettement
inférieure à celle de la Banque Zitouna. Néanmoins, El Baraka Banque reste un acteur majeur
dans le secteur, avec une base de clients et une présence sur le marché importantes.
Malgré une part de marché plus modeste de 12%, Wifak Bank détient une part notable du
marché et peut être considérée comme un acteur de taille moyenne dans le secteur bancaire
islamique en Tunisie, avec une clientèle et des opérations significatives.
En conclusion, ces données montrent la répartition relative du marché entre les différentes
banques islamiques en Tunisie, avec la Banque Zitouna en tête, suivie d'El Baraka Banque et de
Wifak Bank.
Les résultats révèlent une tendance à la hausse du Produit Net Bancaire (PNB) pour les trois
banques islamiques en Tunisie de 2019 à 2022 :
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Pour la Banque Zitouna, le PNB est passé de 169.4 MD en 2019 à 322.3 MD en 2022, avec une
croissance significative au fil des années. En 2021, le PNB s'élevait à 290.8 MD, témoignant
d'une augmentation constante de l'activité bancaire et des performances financières.
Al Wifak Bank a également connu une croissance significative de son PNB, passant de 22.4 MD
en 2019 à 61 MD en 2022. En 2021, le PNB était de 49.6 MD, indiquant une progression
continue de ses activités et de ses performances financières.
Ces résultats suggèrent que les trois banques islamiques ont élargi leurs activités et ont réussi à
augmenter leurs revenus au cours de cette période. La croissance du PNB indique une
augmentation des revenus générés par les activités principales de chaque banque, ce qui peut
être attribuable à une augmentation du nombre de clients, à une amélioration de la rentabilité des
investissements et à une expansion de leurs produits et services.
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Les résultats révèlent des évolutions contrastées des résultats nets des trois banques
islamiques en Tunisie entre 2019 et 2022 :
Pour la Banque Zitouna, le résultat net a augmenté de manière significative, passant de 24.3 MD
en 2019 à 70.4 MD en 2022, avec un résultat net de 60.1 MD en 2021. Cette croissance
constante suggère une amélioration continue de la rentabilité de la banque au fil des ans.
Al Wifak Bank a enregistré une nette amélioration de son résultat net, passant de -23.03 MD en
2019 à 5.3 MD en 2022. Bien que le résultat net demeure modeste par rapport aux autres
banques, cette progression positive est encourageante, avec un résultat net de 1.8 MD en 2021,
signalant une amélioration par rapport aux années précédentes.
En conclusion, ces résultats indiquent une amélioration globale de la rentabilité des trois
banques islamiques en Tunisie sur la période étudiée. La Banque Zitouna a affiché la croissance
la plus remarquable, suivie par la Banque Al Baraka, tandis qu'Al Wifak Bank a également
démontré une amélioration, quoique plus modérée.
Selon le rapport de la FIDI publié en 2023, la finance islamique est présente dans plus de 136
pays en 2022 avec 1871 institutions financières et plus de 200 banques.
Son total actifs financiers est de 4.508 billion de dollars dont 3.244 billion de dollars sont des
actifs financiers bancaires.
La croissance d’une année à une autre des actifs financiers est de 11% selon le rapport de la
IFDI de 2023.
Dans ce qui suit, nous allons examiner les pays où la présence de la finance islamique est la plus
notable.
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Figure 11 : Part de marché de la finance islamique (2022)
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Source: Thomson Reuters Eikon and Moody's Investors Service
Ces données présentent la répartition du marché de la finance islamique dans différents pays au
fil des années 2020, 2021 et 2022.
L'Arabie saoudite maintient une part de marché relativement stable au cours de ces trois années,
avec une légère augmentation en 2022. Cela indique la solidité et la stabilité de son secteur de la
finance islamique.
La Malaisie affiche une tendance à la hausse de sa part de marché de la finance islamique, bien
qu'elle soit restée relativement stable en 2022 par rapport à 2021. Cela témoigne de la croissance
continue et de la robustesse de son secteur financier islamique.
L'Indonésie montre une croissance progressive de sa part de marché de la finance islamique,
bien que légèrement diminuée en 2022. Cela pourrait refléter une expansion continue de la
finance islamique dans le pays, malgré certaines fluctuations.
La Turquie affiche une tendance globalement stable de sa part de marché de la finance
islamique, avec une légère diminution en 2022. Cela pourrait être dû à divers facteurs
économiques et politiques internes.
Les Émirats arabes unis montrent une diminution de leur part de marché de la finance islamique
au cours de ces trois années, bien que la baisse soit modérée en 2022. Cela peut être le résultat
de diverses dynamiques économiques et concurrentielles dans la région.
Les autres pays présentent des variations dans leur part de marché de la finance islamique, mais
globalement, ils maintiennent une présence significative dans ce secteur, avec une légère baisse
en 2021 et 2022.
En résumé, ces données illustrent les tendances de la finance islamique dans différents pays,
reflétant la diversité des marchés et des dynamiques économiques régionales.
Comme toutes les institutions financières, les banques islamiques sont confrontées à des risques
qui doivent être considérés comme des éléments cruciaux dans le secteur financier, compte tenu
de l'importance croissante de la finance islamique de nos jours.
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Ainsi nous avons pu détecter 5 principaux risques.
Le risque commercial déplacé est un aspect crucial de la gestion des comptes d'investissements
participatifs, directement lié au contrat financier islamique de type "Mudaraba".
Ces comptes permettent aux clients de participer à des investissements conformes à la Charia
et aux principes de la finance islamique, en partageant les profits et les pertes au lieu de
recevoir des intérêts. Ce risque découle spécifiquement du contrat "Mudaraba", qui établit une
relation entre un investisseur, typiquement une banque islamique, et un client apporteur de
fonds. La mobilisation des fonds à travers ces comptes participatifs crée une pression
commerciale en raison de la compétition accrue avec d'autres banques islamiques et
conventionnelles. Les clients, cherchant le meilleur rendement, peuvent retirer leurs fonds pour
les placer ailleurs, ce qui entraîne une perte de liquidité pour la banque.
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principes de la finance islamique ou en raison d'une mauvaise gestion des fonds. Cette perte
de confiance peut entraîner une détérioration de l'image et de la réputation de la banque,
incitant ainsi les clients titulaires de dépôts à retirer leurs fonds, ce qui se traduit par une perte
de liquidités.
En outre, le risque de non-conformité est intimement lié à l'interprétation de la Charia.
En effet, différentes écoles de pensée musulmanes sont chargées d'analyser les textes
religieux islamiques et de formuler des avis juridiques conformes au Coran et à la Sunnah.
Toutefois, il est important de noter que les opinions des juristes musulmans peuvent différer,
ce qui peut entraîner des incertitudes lors du lancement de produits financiers supposément
en accord avec les préceptes divins. Cette divergence d'interprétation peut affecter la
confiance des clients envers leur banque islamique.
4. Le risque juridique
Le risque juridique dans les banques islamiques découle de l'élaboration et de l'application
des contrats financiers, qui se fondent sur une interprétation de la loi islamique, notamment la
Charia, le Coran et la Sunnah, plutôt que sur un cadre juridique et législatif établi.
Bien que des experts en droit musulman existent, leur interprétation peut varier, ce qui peut
entraîner des contradictions avec la loi nationale et des difficultés dans l'exécution des
contrats.
Pour surmonter ces obstacles, il est essentiel de mettre en place un cadre juridique adéquat
pour réguler la documentation et l'exécution des engagements contractuels dans les banques
islamiques.
5. Le risque d’investissement
Contrairement aux banques conventionnelles, qui tirent leurs bénéfices de l'imposition
d'intérêts, les banques islamiques fonctionnent selon le principe du partage des profits et des
pertes (PPP).
Lorsqu'elles offrent un financement selon ce système, cela entraîne un risque majeur pour la
banque, principalement lié au choix des investissements à effectuer.
En finançant leurs déposants selon le modèle des "3P", la banque s'expose au risque de perdre
une partie, voire la totalité, de ses fonds, car elle investit son propre capital. Comme les
profits sont répartis proportionnellement aux contributions de chaque partie, les pertes sont
également assumées de la même manière par la banque.
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Cette situation peut générer une crise de liquidité, entravant ainsi la capacité de la banque à
honorer ses échéances.
Ainsi, la gestion des risques dans les banques islamiques est d'une importance capitale pour
assurer leur stabilité et leur conformité aux principes de la Charia.
En naviguant à travers des risques commerciaux, de crédit, de marché, fiduciaire, juridiques,
etc., ces institutions doivent adopter des stratégies prudentes et proactives. Cela leur permettra
non seulement de préserver leur intégrité et inclusion financière, mais aussi de soutenir leur
croissance et leur pérennité dans un environnement financier mondial et national dynamique.
22
transparence, en conformité avec la
Charia
Conclusion
23
musulmans. En accordant des financements conformes à la charia, elle facilite l'implantation de
micro-entreprises et de projets éthiques et socialement responsables.
Cependant, la finance islamique est confrontée à des défis et des obstacles tels que des structures
de financement complexes, des instruments financiers peu liquides et la nécessité d'une
réglementation et d'une supervision plus développées.
À travers ce rapport, nous avons exploré les origines, les principes, les produits et l'état actuel de
la finance islamique. Nous avons également examiné les risques spécifiques aux institutions
bancaires islamiques et comparé leur fonctionnement à celui des banques conventionnelles.
Cette analyse approfondie nous permet de conclure que la finance islamique offre des
alternatives viables et éthiques dans le secteur financier mondial.
Webographie
24
(8) Accounting and Auditing Organization for Islamic Financial Institutions, disponible sur ≪
https ://shortest.link/nxoZ,
(9) Quels sont les risques bancaires islamiques ?, par Faustin Djoufet, disponible sur ≪ https
://shortest.link/nxoc ≫
(10) Revue marocaine des Sciences de Management disponible sur
https://revues.imist.ma/index.php/RMSM/
(11) Zawia by Lseg disponible sur : https://www.zawya.com/en/islamic-economy/islamic-
finance-reports/icd-lseg-islamic-finance-development-report-2023-navigating-uncertainty-
ifu57n9a
(12) La Finance Islamique en Tunisie : des acquis malgré un cadre législatif qui piétine par
Amef Consulting, disponible sur : https://www.amef-consulting.com/2019/09/finance-
islamique-tunisie-afrique/
(13) Banques islamiques Vs Banques conventionnelles : Mémoire de fin de cycle par
Sahraoui Kahina et Lamari Hayet, disponible sur :
chrome-extension://efaidnbmnnnibpcajpcglclefindmkaj/https://dspace.ummto.dz/server/api/
core/bitstreams/af303c70-2b38-44c3-a922-e6086fecb003/content
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