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’’ La structuration juridique
du contrat Ijara’’
5
LISTES DES FIGURES
6
INTRODUCTION
Le droit musulman1, communément appelé charia, constitue un système juridique basé sur les
principes de l'islam, dérivant de la Charia, qui régule divers aspects de la vie des musulmans.
La Charia, fondamentale dans l'islam, émerge du Coran et de la Sunna, englobant des normes
morales, sociales, religieuses et juridiques. Le Coran, considéré comme la parole de Dieu
révélée au prophète Mahomet, est la principale source du droit musulman, accompagné de la
Sunna, qui comprend les actes et paroles du prophète. Les fatwas, émis par des muftis
qualifiés, offrent des avis juridiques conformes à la Charia. Les Quatre Écoles de Droit
sunnite, hanafite, malikite, shafi'ite et hanbalite, interprètent et appliquent la Charia selon
leurs méthodologies respectives. Les hadd, peines inaltérables pour des crimes graves, et les
lois de justice réparatrice, qisas et diya, font partie intégrante du système juridique. Le droit
de la famille, incluant le mariage, le divorce, la garde des enfants et l'héritage, est également
couvert. La zakat, une aumône obligatoire, a des implications juridiques liées à la distribution
des richesses. Enfin, la ijtihad permet une interprétation indépendante pour adapter la Charia à
des contextes contemporains, illustrant la flexibilité du système juridique musulman. La
finance islamique et le droit musulman (charia) entretiennent une relation étroite, déterminant
les fondements éthiques et juridiques de la finance islamique. La charia guide la structuration
des produits financiers en interdisant l'usure (riba) et en favorisant des contrats basés sur la
transparence et l'équité. Les avis des savants musulmans assurent la conformité, et l'évolution
de la finance islamique est alignée sur la jurisprudence islamique. Ainsi, la finance islamique
opère conformément aux principes de l'islam, soulignant l'intégration centrale de la charia
dans son fonctionnement.
La finance islamique 2représente une branche du système financier en conformité avec les
principes de la charia, tels qu'interprétés par les érudits musulmans. Ces principes mettent
l'accent sur l'éthique et la conformité aux enseignements islamiques, prohibant l'usure (riba),
l'incertitude excessive (gharar), et les transactions spéculatives (maisir). Ils encouragent
également la justice sociale et la responsabilité éthique dans les activités financières. Les
contrats financiers islamiques reposent fréquemment sur des mécanismes tels que le
partenariat profit-loss sharing (mudarabah), la vente avec marge bénéficiaire (murabaha), et
d'autres dispositifs conformes à la charia.
L'interdiction de l'usure implique que les transactions financières doivent être basées sur des
mécanismes équitables de partage des profits et des pertes. Aussi L'interdiction de l'incertitude
excessive exige que les termes des contrats soient clairs et transparents, tandis que
l'investissement dans des secteurs interdits (haram) est proscrit. La responsabilité sociale et
éthique est promue, incitant les transactions à être en accord avec les valeurs islamiques et à
favoriser le bien-être social et économique. La finance islamique encourage également la
distribution équitable de la richesse à travers la zakat (aumône obligatoire) et la sadaqa
1
slamic Law: Overview and History",Baber Johansen, "The Oxford Encyclopedia of the Islamic World"
2
Introduction to Islamic Finance: Principles and Practice», Kabir Hassan, Mervyn Lewis ,Éditeur : Pearson
Education Limited,Année de publication : 2007
1
(charité volontaire), avec les institutions financières jouant un rôle dans la collecte et la
distribution de ces fonds, Visant à établir un système financier qui soutient le développement
économique tout en respectant les valeurs éthiques de l'islam, offrant ainsi une alternative
éthique et socialement responsable dans le domaine financier.
La finance islamique a connu une évolution remarquable depuis ses débuts dans les années
1960. Initialement établie sur des principes islamiques anciens, elle s'est rapidement
développée avec la création de la première banque islamique moderne en 1975. Les décennies
suivantes ont été marquées par une expansion significative, la diversification des produits
financiers conformes à la charia tels que les Sukuk et les Takaful, et l'intégration croissante de
la technologie avec l'émergence de FinTech islamiques. La reconnaissance mondiale de la
finance islamique a été favorisée par des centres financiers internationaux, et de nombreux
gouvernements ont encouragé son développement avec des cadres réglementaires favorables.
Aujourd'hui, la taille du marché de la finance islamique est substantielle, avec des institutions
opérant dans divers secteurs à l'échelle mondiale. Malgré des défis persistants, son évolution
continue offre des opportunités d'innovation et de croissance, confirmant son rôle croissant
dans le paysage financier mondial.
Les produits financiers participatifs3,4, également connus sous le nom de produits financiers
islamiques, sont des instruments conformes à la charia, la loi islamique, offrant des solutions
de financement et d'investissement alignées sur les principes éthiques de l'islam. En respectant
l'interdiction de l'intérêt (riba) et en évitant l'incertitude excessive (gharar), ces produits visent
à fournir des alternatives éthiques aux instruments financiers conventionnels. Parmi les
principaux produits participatifs conformes à la charia, on trouve la Mudarabah, une forme de
partenariat où les profits sont partagés entre l'investisseur et l'entrepreneur, et la Musharakah,
un partenariat où les contributions des parties déterminent la répartition des profits et des
pertes. L'Ijara, une forme de leasing conforme à la charia, les Sukuk, des obligations
islamiques basées sur la propriété d'actifs ou de projets, et la Murabaha, une vente avec marge
bénéficiaire, sont également des exemples de produits financiers participatifs. Le Takaful, un
système d'assurance basé sur la coopération et la solidarité, complète cet ensemble. Ces
produits sont gérés par des institutions financières islamiques, démontrant ainsi l'engagement
envers les principes éthiques et moraux de l'islam dans le domaine financier. L’ensemble de
ces produits sont des contrat, En termes juridiques, un contrat est un accord entre deux parties
ou plus qui crée des obligations juridiquement contraignantes. Il s'agit d'un instrument
juridique qui établit les droits et les devoirs des parties impliquées.
Un contrat est un accord volontaire entre deux parties ou plus, généralement exprimé par
écrit, mais pouvant également être verbal, qui crée des obligations juridiquement
contraignantes. Chaque partie impliquée dans le contrat, appelée "partie contractante",
s'engage à effectuer certaines actions ou à s'abstenir de le faire en échange de la contrepartie
de l'autre partie. Les éléments clés d'un contrat comprennent l'offre (une proposition faite par
une partie), l'acceptation (l'acceptation de l'offre par une autre partie), la considération (une
3
"Islamic Banking and Finance: What It Is and What It Could Be",Auteur : Muhammad Ayub ,Éditeur : Islamic
Research and Training Institute, Islamic Development Bank , Année de publication : 2007
4
Loi 103-12
2
valeur échangée entre les parties) et l'intention de créer des relations juridiques. Un contrat
peut être exécutoire (les parties doivent exécuter leurs obligations) ou unilatéral (une seule
partie a des obligations à remplir).
Les contrats peuvent prendre diverses formes et couvrir une large gamme de transactions, des
contrats de vente de biens et de services aux contrats de location, d'emploi, de prêt, etc. La
validité d'un contrat dépend souvent de l'existence de certains éléments, tels que la capacité
légale des parties, la légalité de l'objet du contrat, et l'existence d'un consentement libre et
éclairé. Le droit des contrats est une branche importante du droit civil, et il établit les règles et
les principes qui régissent la formation, l'exécution et, le cas échéant, la résiliation des
contrats. Lorsqu'une partie ne respecte pas les termes d'un contrat, cela peut donner lieu à un
litige juridique, et les tribunaux peuvent être appelés à résoudre le différend en accordant des
dommages-intérêts ou en ordonnant une exécution spécifique.
Le concurrent direct de La finance islamique est la finance conventionnelle et ces deux
approches se distinguent par leurs principes fondamentaux, dans la charia, interdisant l'usure
et encourageant la justice sociale. Fondée sur des modes de financement participatifs comme
la Mudarabah, la Musharakah, et l'Ijara, elle privilégie le partage équitable des risques et des
bénéfices. Son objectif ultime est la promotion de l'éthique et de la responsabilité sociale,
tandis que la finance conventionnelle, guidée par des modèles économiques laïques, se
concentre souvent sur la maximisation des rendements. Cette différenciation s'étend à la
gestion des risques, à l'approche éthique, à la transparence, et aux objectifs sous-jacents,
reflétant les valeurs distinctes de chaque système financier.
Nous allons examiner de près le produit IJARA dans le cadre de notre sujet, le présentant
comme un produit participatif fréquemment utilisé au sein des institutions bancaires
participatives au Maroc. L'ijara est un contrat de location conforme à la charia, utilisé dans la
finance islamique. Il implique un loueur acquérant un actif en vue de le louer à un locataire.
Le fournisseur de l'actif fournit celui-ci au loueur. Le processus inclut l'expression d'intention
du locataire, l'achat de l'actif par le loueur, la signature d'un contrat de location, et le paiement
du loyer par le locataire. L'importance de l'Ijara réside dans son alignement avec les principes
islamiques, notamment l'absence d'usure. Il offre une alternative éthique en établissant des
contrats de location clairs et transparents, souvent utilisés pour financer divers biens. Son
utilisation dans la finance islamique contribue à fournir des solutions financières conformes à
la charia, promouvant la transparence et l'éthique tout en évitant les pratiques financières
interdites par l’islam.
Le contrat Ijara est comparé au leasing conventionnel, tel que le crédit-bail, réside dans leurs
fondements philosophiques et leurs mécanismes de fonctionnement. Alors que l'Ijara, dans le
cadre de la finance islamique, respecte les principes de la charia, évitant l'usure (riba) et
privilégiant la transparence, le crédit-bail conventionnel suit les modèles traditionnels de la
finance, impliquant souvent le paiement d'intérêts. Cette différence fondamentale influence
les contrats, les structures de propriété, et les implications éthiques des deux approches dans
le contexte financier. Il est encourageant de constater le développement remarquable de la
finance participative au Maroc depuis l'adoption de la nouvelle loi bancaire 103.12. La
croissance rapide de cette activité et son attractivité pour divers acteurs contribuent à insuffler
3
un nouveau dynamisme à l'économie marocaine, selon les informations de Bank Al Maghreb
(BAM). La loi 103-12 au Maroc, également connue sous le nom de loi sur les banques
participatives, a été adoptée pour réguler et encadrer les activités de la finance participative
dans le pays. Elle fournit le cadre légal nécessaire pour le développement de institutions
financières conformes aux principes de la finance islamique. Cette loi a contribué à la
croissance de la finance participative au Maroc en établissant des règles et des normes
spécifiques pour ce secteur.
En effet, Notre problématique sera : "Quelles sont les implications juridiques fondamentales
associées à la structure du contrat Ijara ?"
Pour répondre à cette problématique nous avons adopté une démarche basée sur la recherche
documentaire à travers une consultation d’ouvrage, des thèses, des mémoires, des revues, des
rapports, et des guides relatives à ces sujets. Au cours de notre travail, il faut tout d’abord et
dans un premier temps présenter l’analyse conceptuelle et juridique de contrats IJRA’’
(Chapitre 1). ‘’Les fondements et les pratiques de contrats IJRA ‘’ (Chapitre 2).
4
CHAPITRE 1 : ANALYSE CONCEPTUELLE ET JURIDIQUE
DU CONTRAT IJARA
Introduction du chapitre
Le contrat Ijara, dans le cadre de la jurisprudence islamique, représente bien plus qu'un simple
accord de location. Il incarne les principes profonds de l'éthique et des valeurs islamiques
appliquées aux transactions commerciales. Ce chapitre vise à explorer en profondeur les
multiples facettes du contrat Ijara, offrant ainsi une compréhension holistique de sa définition,
de ses fondements principaux et de sa pertinence dans le contexte juridique et religieux de
l'Islam. Nous entamerons ce chapitre en définissant clairement le contrat Ijara, explorant ses
principes fondamentaux qui encadrent les relations contractuelles entre le bailleur et le
locataire. En parallèle, nous plongerons dans le contexte juridique et les références religieuses
qui éclairent et régissent ce contrat, tirant notamment des enseignements de la Charia, socle
moral et éthique de la loi islamique. cet examen approfondi ne se limitera pas à la simple
exposition des concepts juridiques et religieux. Nous analyserons également la législation
spécifique qui régit le contrat Ijara, tout en scrutant sa conformité avec les préceptes et les
valeurs inhérentes à la Charia. Cette évaluation critique nous permettra d'apprécier la manière
dont le contrat Ijara s'aligne avec les normes éthiques et morales de l'Islam, soulignant son
importance dans le contexte des transactions commerciales respectueuses de la Charia."
5
mentionner le prix du bien, la durée de la location, le montant du loyer et les garanties
requises, comme cela est le cas pour les produits de la finance conventionnelle. 5
5
HANY, N., REGRAGUI, Y., and AL MERIOUH, Y., « Etude comparative du coût de crédit entre la finance
islamique et la finance conventionnelle dans le contexte marocain », International Journal of Innovation and
Scientific Research, Vol. 20 No. 1, Jan. 2016, p. 95.
6
Fares L.I. et M. Habachi (2020), Contrat Ijara : cadre juridique et comptable marocain et rapprochement avec le
crédit-bail, Recherches et Applications en Finance Islamique, Volume 4, Numéro 2, page 232.
7
Gregory Mack, Jurisprudence, in Gerhard Böwering et al (2012), The Princeton Encyclopedia of Islamic
Political Thought, Princeton University Press, p. 289
6
➢ L'école juridique chaféite : définit l'Ijara comme un contrat portant sur des usufruits
déterminés et licites, autorisés pour utilisation en échange d'une contrepartie
déterminée. Cette définition met l'accent sur la spécificité des bénéfices ou services
loués, leur licéité conformément aux principes de la Sharia, la durée précise de la
location et l'obligation de paiement clairement définie dans le cadre du contrat Ijara,
donc Pour les Shaféites, il s’agit « d’un contrat sur des usufruits déterminés et
permissibles qui peuvent être donnés et autorisés pour l’utilisation moyennant une
contrepartie déterminée » (Al-Sharbīnī, 2000)
➢ L’école juridique hanbalite : Ijara est un contrat sur des usufruits permissibles et
déterminés, utilisés progressivement pour une durée déterminée, d’un bien déterminé
ou décrit dans le patrimoine ou d’un travail déterminé moyennant une contrepartie
déterminée » (Al-Buhūtī, 2003). Donc l'école juridique hanbalite définit l'Ijara comme
un contrat concernant des usufruits spécifiques et autorisés, utilisés progressivement
pour une durée définie. Ce contrat porte sur des biens ou des services spécifiques
inclus dans le patrimoine, loués moyennant une contrepartie déterminée.8
3. Les principes fondamentaux de contrat Ijara 9
❖ Transfer des risques : Cela signifie que, pendant la location, la responsabilité des
dommages sur le bien loué incombe généralement au bailleur (propriétaire), pas au
locataire. Ce principe vise à protéger le locataire contre les pertes financières résultant de
dommages non imputables à sa faute, tout en incitant le bailleur à maintenir le bien en
bon état.
❖ Usage légale et responsabilité : Le contrat Ijara se fonde sur deux principes clés :
l'usage légal du bien loué et les devoirs du locataire qui en découlent. L'usage légal
implique que le locataire utilise le bien en accord avec la loi et les principes moraux de
la Sharia, évitant tout usage illicite. En parallèle, le locataire est responsable de
l'entretien régulier du bien et des petites réparations, assurant ainsi sa préservation. Ces
principes assurent un usage responsable et légal du bien loué, conformément aux normes
éthiques et légales du contrat Ijara.
❖ Transparence et la certitude : le contrat Ijara nécessitent une définition claire et
explicite de tous les détails contractuels, tels que la durée de la location, le montant du
loyer, les responsabilités d'entretien et les conditions de résiliation. Ce principe vise à
éliminer toute ambiguïté pour que les deux parties comprennent parfaitement leurs
engagements. Il assure une certitude quant aux droits et aux devoirs de chacun tout au
long du contrat, renforçant ainsi la confiance et le respect des principes éthiques de la
finance islamique.
❖ Capacité juridique : Le principe de capacité juridique dans le contrat Ijara exige que le
bailleur et le locataire aient la capacité légale de contracter. Ils doivent comprendre les
termes du contrat, agir légalement et assumer les responsabilités qui en découlent. Les
deux parties doivent être aptes mentalement et avoir l'autorité légale pour s'engager. Cela
8
Ramadan, Hisham M. (2006). Understanding Islamic Law: From Classical to Contemporary. Rowman
Altamira. pp. 24–29.
9
https://fastercapital.com/fr/contenu/Ijarah---le-credit-bail-islamique-comme-alternative-au-financement-
traditionnel.html
7
garantit que les engagements pris sont légaux et volontaires, assurant ainsi la validité du
contrat Ijara
10
Fares L.I. et M. Habachi (2020), Contrat Ijara : cadre juridique et comptable marocain et rapprochement avec
le crédit-bail, Recherches et Applications en Finance Islamique, Volume 4, Numéro 2, page : 232
11
https://ijaracdc.com/ijara-contracts/
8
❖ Ijara Thumma Bay : Ce contrat implique une location suivie d'une vente
potentielle. Le bien est loué pendant une période spécifiée, puis une vente a lieu à
la fin du contrat, où une partie des loyers déjà payés peut être utilisée comme
paiement initial pour l'achat du bien.
3. Références religieux de contrat Ijara
Le contrat Ijara, dans le contexte de la finance islamique, trouve ses références
principalement dans les principes généraux de la Sharia, qui englobent le Coran, la Sunna
(les enseignements et les actions du Prophète Muhammad) ainsi que les avis des érudits
et les principes juridiques islamiques dérivés de ces sources. 12
✓ Coran : Le Coran énonce des principes généraux qui sous-tendent les transactions
financières islamiques. Bien qu'il ne spécifie pas directement le contrat Ijara, il
pose des bases pour des concepts tels que la justice, l'équité, la propriété et
l'évitement de l'usure (Riba). Par exemple, la prohibition de l'usure (Riba) est
mentionnée à plusieurs reprises dans le Coran, ce qui influence indirectement la
structure des contrats financiers islamiques comme l'Ijara.
✓ Sunna : Les enseignements et les actions du Prophète Muhammad, connus sous le
nom de Sunna, fournissent des orientations supplémentaires pour les transactions
commerciales. Bien que le Prophète n'ait pas spécifiquement mentionné le contrat
Ijara tel quel, ses actions et paroles peuvent être interprétées pour soutenir des
concepts comme la location, l'utilisation équitable des biens, et le respect des
termes convenus entre les parties.
✓ Ijma (consensus) et Qiyas (analogie juridique) : En plus du Coran et de la
Sunna, les principes juridiques islamiques sont également dérivés de l'Ijma
(consensus des érudits) et du Qiyas (analogie juridique). Ces principes peuvent
être invoqués pour étayer les contrats Ijara en se basant sur des jugements
analogiques à partir des textes religieux.
12
Fares L.I. et M. Habachi (2020), Contrat Ijara : cadre juridique et comptable marocain et rapprochement avec
le crédit-bail, Recherches et Applications en Finance Islamique, Volume 4, Numéro 2, pages : 230-251.
9
Section 2 : Le cadre législatif national du contrat ijara
Le contrat Ijara est régit par la loi 31-08 du 10 février 2016, dite loi des financements par le
bai à la possession. Cette loi a introduit le contrat Ijara au droit marocain et a connu quelques
modifications depuis sa promulgation.
La loi n° 31-08 conserve l'article 7 traitant des mesures de protection des consommateurs liées
aux contrats :
2- La location-vente.
13
BANK AL-MAGHRIB, LE GOUVERNEUR, RN 33/G/2007. (2007). Recommandation relative aux produits
Ijara, Moucharaka et Mourabaha
Microsoft Word - imm 130907.doc (apsf.pro)
les banques participative au Maroc: (linkedin.com)
Zakaria MELIANI. 2018. L’Ijara montahia bi-tamlik immobilière au Maroc : Aspects juridiques
11449-28098-2-PB ( 2).pdf
Laita Ibtihal FARES, Pr. Mohamed HABACHI (2020).Contrat Ijara : cadre juridique et comptable marocain et
rapprochement avec le crédit-bail.
BANK AL-MAGHRIB, LOI N° 103-12 RELATIVE AUX ETABLISSEMENTS DE CREDIT ET ORGANISMES ASSIMILES,
TELLE QUE MODIFIEE ET COMPLETEE
file:///C:/Users/ADMIN/Downloads/loi%20bancaire%20fr%2022.pdf
10
En effet, Il existe deux formes d'Ijara reconnues par le droit marocain : la location simple
(Ijara tachghilia) et la location assortie d'option d'achat ou le crédit-bail (Ijara montahia bi-
tamlik).
Pour être valide, le contrat Ijara doit définir de manière précise les obligations et droits de
chacune des parties ainsi que les conditions générales régissant leurs relations.
Il ne peut avoir pour objet la location de biens incorporels (tels que les brevets d'invention,
droits d'auteur, services professionnels, etc.) ou de droits d'exploitation de ressources
naturelles (tels que le pétrole, le gaz, les minéraux et autres ressources de ce genre).
La loi 31-08 a également précisé les conditions, les types et les étapes de conclusion du
contrat Ijara. Selon cette loi, l'Ijara ne prévoit pas de pénalités en cas de retard ou défaut de
paiement. De plus, un contrat Ijara ne permet pas de rééchelonner les paiements, toute
modification du contrat devant être soumise à l'approbation du locataire.
La loi 31-08 traite des mesures de protection du consommateur relatives au contrat Ijara. La
loi n° 103-12 et la circulaire N° 1/W/17 du Wali Bank Al Maghreb stipulent que la propriété
du bien meuble ou immeuble mis en location est transférée après l'expiration du contrat «
Ijara Mountahia Bitamlik » au client par un autre contrat distinct.
En ce qui concerne la fiscalité, l'article 93-I du CGI permet aux établissements de crédit et
aux organismes assimilés d'acquérir un logement social pour leurs clients dans le cadre du
contrat « Ijara Mounathia Bitmlik ». La loi de finances pour 2019 a introduit des
modifications à cet article pour clarifier les conditions d'exonération de la TVA des logements
sociaux acquis dans le cadre de ce contrat.
En ce qui concerne les obligations comptables des commerçants, la loi 9-88 du 21 décembre
2015 et la loi 44-03 du 10 février 2016 ont introduit plusieurs dispositions relatives aux
obligations comptables des commerçants. Ces lois ont notamment introduit l'obligation de
réaliser un enregistrement comptable chronologique opération par opération et jour par jour
des mouvements affectant les actifs et les passifs de l'entreprise dans un registre dénommé «
livre journal ».
Le contrat ijara est facile à mettre en place, ce qui le rend accessible aux particuliers et aux
institutions financières. Grâce à sa simplicité, ce contrat ijara est accessible à tous. Il ne
nécessite pas de formalités compliquées. Cela en fait une solution idéale pour les personnes
qui ont besoin d'un financement rapide et sans souci.
11
De plus, le cadre législatif national soutient et réglemente le contrat ijara. Cela signifie que
vous pouvez avoir confiance dans sa légalité et sa sécurité. Vous pouvez donc utiliser cette
option en toute tranquillité d'esprit.
1.2 Sécurité juridique
Grâce à la législation spécifique, le contrat ijara offre une sécurité juridique solide pour toutes
les parties impliquées. Cette sécurité juridique est essentielle pour garantir que les droits et les
obligations de chaque partie sont clairement définis et protégés.
En vertu de la législation en vigueur, les termes et les conditions du contrat ijara sont bien
définis, ce qui permet aux parties de comprendre pleinement leurs droits et obligations. Cela
réduit les risques de conflits et de litiges, offrant ainsi une tranquillité d'esprit à toutes les
parties impliquées.
De plus, la législation spécifique au contrat ijara prévoit des mécanismes de résolution des
différends qui permettent de résoudre rapidement et efficacement tout problème qui pourrait
survenir. Cela favorise un environnement de coopération et de confiance entre les parties, ce
qui est essentiel pour assurer le bon fonctionnement du contrat.
1.3 Flexibilité
Le contrat ijara permet une grande flexibilité en termes de durée de location et d'options de
rachat, adaptées aux besoins des parties contractantes.
Avec le contrat ijara, les parties ont la possibilité de choisir la durée de location qui convient
le mieux à leurs besoins. Que ce soit pour une période courte ou longue, le contrat ijara peut
s'adapter aux exigences spécifiques de chaque situation.
De plus, le contrat ijara offre également des options de rachat flexibles. Les parties peuvent
convenir de différentes modalités de rachat, qu'il s'agisse d'un rachat anticipé ou à la fin de la
période de location. Cette flexibilité permet aux parties de planifier et de gérer leurs finances
de manière plus efficace.
Identifiez le bien que vous souhaitez utiliser dans le cadre du contrat ijara. Il peut s'agir d'une
propriété immobilière, d'un équipement ou d'un véhicule.
Négociez les termes du contrat ijara, y compris la durée de location, le montant des loyers et
les modalités de rachat éventuel.
12
Une fois que les termes ont été convenus, les parties impliquées doivent signer le contrat ijara
pour officialiser l'accord.
• L’objet de la location (l’utilisation du bien loué) doit être connu et accepté par les
deux parties.
• La location doit porter sur des biens durables, c’est à dire non destructibles du fait de
la jouissance ou de l’utilisation.
• Le bien loué de même que les accessoires nécessaires à son usage, doivent être remis
à l’utilisateur en état de servir à l’utilisation à laquelle le dit bien est destiné.
• La durée de location, le délai de paiement, le montant du loyer et la périodicité
doivent être déterminés et connus à la conclusion du contrat de la Ijara.
• Le loyer peut être payé d’avance, à terme ou par tranches selon la convention des
parties.
• Les deux parties peuvent convenir d’un commun accord d’une révision du loyer, de
la durée de location et de toutes autres clauses du contrat.
• La destruction ou la dégradation du bien loué d’un fait indépendant de la volonté de
l’utilisateur n’engage la responsabilité de ce dernier que s’il est établi et qu’il n’a pas
pris les mesures nécessaires pour la conservation du bien avec le soin d’un bon père
de famille.
• Sauf convention contraire, il incombe à la Banque d’effectuer tous travaux
d’entretien et de réparation nécessaires au maintien du bien loué dans un état de
servir à l’usage auquel il est destiné. De même, elle supporte toutes les charges
14
https://www.banquezitouna.com/fr/techniques-financieres/ijara
Ijara (financialislam.com)
La finance islamique en pratique - La finance pour tous
Bitar, M., & Madiès, P. (2017). Les banques islamiques sont-elles si islamiques que cela ? Conséquences en
matière de fonds propres réglementaires. Revue d'économie financière, 125, 287-312.
Reghioui, A. (2021). Les principaux instruments de la finance islamique.
Ijar - AL BARAKA BANK (albaraka-bank.dz)
13
locatives antérieures au contrat de location. L’utilisateur assure quant à lui
l’entretien d’usage du bien loué, de même que l’ensemble des charges locatives nées
à compter de la date de location.
• Le bien loué peut faire l’objet d’une sous-location, sauf convention contraire. De
même, la Banque peut louer un bien acquis à son propre vendeur, à condition que la
vente soit réelle et non fictive.
14
charia. Respecter ces principes peut avoir des avantages financiers et éthiques tout en alignant
les pratiques avec les valeurs spirituelles et morales.
15
Chapitre 2 : Fondements et pratiques de contrat IJARA 15
Introduction :
Le deuxième chapitre de cette étude se plonge dans les fondements et les pratiques du
contrat Ijara, offrant une exploration approfondie des bases conceptuelles et des applications
concrètes de ce contrat dans le contexte financier islamique. Ce chapitre vise à éclairer les
lecteurs sur les principes sous-jacents qui sous-tendent le contrat Ijara, mettant en avant sa
signification et sa pertinence dans le cadre de la jurisprudence islamique.
L'analyse des fondements fournira une compréhension approfondie des principes éthiques
et des préceptes juridiques qui guident ce contrat. Parallèlement, une exploration des pratiques
concrètes examinera comment le contrat Ijara est mis en œuvre dans divers contextes
financiers, mettant en évidence les adaptations et les applications spécifiques qui reflètent les
besoins contemporains tout en respectant les préceptes de la Sharīʿah.
Cette plongée approfondie dans les fondements et les pratiques du contrat Ijara constituera
une base solide pour la compréhension de son rôle et de sa dynamique dans le système
financier islamique.
15
Laita Ibtihal FARES, Pr. Mohamed HABACHI (2020). Contrat Ijara : cadre juridique et comptable marocain et
rapprochement avec le crédit-bail
16
cession des usufruits. Cette critique souligne le fait que, lors de la conclusion du contrat, les
usufruits ne sont pas immédiatement possédés par le locataire mais sont progressivement
acquittés dans le temps. Ces érudits, par souci de préserver les principes fondamentaux de la
Sharīʿah, s'opposent à la cession de ce qui ne peut être possédé immédiatement, et rejettent les
contrats futurs pour éviter tout risque de Gharar (incertitude), Ghubn (duperie), et Maysir (jeu
de hasard).
Toutefois, les partisans de la permissibilité du contrat Ijara puisent leurs arguments dans les
textes sacrés du Qur'an et de la Sunnah. Du côté coranique, ils citent le verset 6 de la sūrah
Al-ṭalâq (la divorce) qui dispose « Puis, si elles allaitent [l'enfant né] de vous, donnez-leur
leurs salaires » et le le verset 62 de sūrah al-Qaṣaṣ (le récit) qui dispose « L'une d'elles dit :
“ô mon père, engage-le [à ton service] moyennant salaire, car le meilleur à engager c'est
celui qui est fort et digne de confiance” » .
En ce qui concerne la Sunnah, les partisans invoquent le récit de Sa‘d Bin Abī Waqqâṣ
rapporté par Aḥmad Ibn ḥanbal en 2007. Selon ce récit, des individus louaient des terres
agricoles en échange de produits issus de ces terres. Toutefois, le Prophète Muhammad (PSL)
a interdit cette pratique spécifique, recommandant plutôt de louer les terres contre de l'or ou
de l'argent.
Sur le plan des obligations des contractants dans le cadre de l'Ijara, le contrat est présenté
comme une obligation mutuelle, ne pouvant être résiliée de manière unilatérale, sauf en cas de
défaut d'une des parties ou conformément à des motifs de résiliation préalablement convenus
dans le contrat. Cette disposition vise à garantir l'équité et la stabilité contractuelle, établissant
un cadre solide pour l'exécution du contrat Ijara dans le respect des principes islamiques.
La multitude des formes d’utilisation du contrat de location pour répondre aux besoins
de la clientèle et des marchés a donné lieu à l’émergence d’une jurisprudence islamique
moderne qui a traité les innovations juridiques possibles pour le contrat Ijara classique, et ce,
en étudiant les montages juridiques qui permettent de doter les banques islamiques des
contrats conformes à la Sharīʿah qui peuvent se substituer aux contrats conventionnels. Dans
ce cadre, nous allons présenter dans ce paragraphe les apports de la jurisprudence musulmane
en matière d’Ijara avec promesse de location (Ijara pour le donneur d’ordre) et Ijara Montahia
Bi-Tamlik.
2.1. Ijara avec promesse de location
17
de lui donner la chose achetée en bail , moyennant le paiement des redevances déterminées de
loyer pendant la durée convenue pour la location.».
La combinaison des contrats classiques et la promesse est utilisée couramment dans les
montages juridiques islamique contemporain.
Ce montage juridique est composé d’un contrat d’Ijara précédé d’une promesse qui engage les
deux parties à conclure le contrat définitif lorsque les conditions de formation sont satisfaites.
En effet, le client contacte la banque pour demander la location d’un bien meuble ou
immeuble, dont les caractéristiques sont bien définies, et les deux contractants (banque et
client) se mettent d’accord sur les conditions générales de la location du bien. L’engagement
est bilatéral du fait que la banque s’engage à acheter et à donner en location par la suite la
chose au client qui s’engage à son tour à prendre en location la chose auprès de la banque
selon les conditions définies dans la promesse.
Dans ce cas, la promesse entre la banque et le client ne génère pas un accord engageant les
deux parties simultanément. Ce type de promesse précise les caractéristiques du bien, les
modalités et le délai de sa mise à la disposition du client. Sur le plan Shari‘atique, le contrat
Ijara combiné à une promesse unilatérale ou bilatérale non contraignante pour les deux parties
en même temps, a été validée par la majorité des érudits musulmans et par les instances
internationales de la conformité à la Sharīʿah telles que l’académie internationale du fiqh
Islamique (( الدولي اإلسالمي الفقهي المجمعet la norme n° 9 relative à Ijara des standards Shar‘itiques
de l’AAOIFI.
2.2. Ijara Montahia Bi-Tamlik Le contrat Ijara Montahia Bi-Tamlik
est défini par Al-‘Amrânī (2010) comme « un accord entre les parties pour la location d’une
chose pendant une durée déterminée en contrepartie du paiement des redevances déterminées
pendant la durée de location à condition que la location se termine par la cession de la chose
au locataire » En effet, il s’agit d’une location suivie d’une cession de la chose objet de la
location. Le statut Shari‘atique de ce contrat varie en fonction du montage juridique adopté :
2.2.1. Ijara Montahia Bi-Tamlik moyennant le paiement des redevances de loyer
uniquement :
18
contrat de location. De ce fait, il peut osciller entre la location et la vente en fonction des
paiements effectués. En effet, en cas de non-paiement, il oscille vers la location et en cas de
paiement, il devient une vente.
Cette forme de contrat est interdite par la Sharīʿah selon l’académie internationale du
fiqh islamique en vertu de la décision 110(12/4) relative Ijara Montahia Bi-Tamlik2 . Cette
décision limite les formes licites comme suit :
1) Contrat de location qui permet au locataire de bénéficier des usufruits de la chose louée,
en contrepartie d’une redevance de loyer déterminée et payée sur une période fixée,
associé à un contrat de donation en faveur du locataire, conditionné par le paiement total
des échéances de la location en utilisant deux contrats indépendants pour la location et
la donation ou associé à une promesse de donation après paiement total des échéances
de la location.
3) Contrat de location qui permet au locataire de bénéficier des usufruits de la chose louée,
en contrepartie d’un loyer déterminé payé sur une période fixée, associé à une promesse
de vente de la chose louée au locataire après paiement total des échéances de la location,
avec un prix convenu entre les parties.
4) Contrat de location qui permet au locataire de bénéficier des usufruits de la chose louée,
en contrepartie d’un loyer déterminé payé sur une période fixée, avec une option, en
faveur du locataire qui lui permet d’acheter la chose louée le temps voulu à condition
que la vente s’effectue à l’instant choisi avec un nouveau contrat selon le prix du
marché où selon un prix convenu par les deux parties à la date de conclusion du contrat.
Cette décision définit aussi les dispositions et les conditions à satisfaire pour se
conformer à la Sharīʿah telles que la séparation3 du contrat de location et du contrat de vente
ce qui rend chaque contrat indépendant de l’autre dans le temps du fait que le contrat de vente
doit être conclu après le contrat de location et à la fin de ce dernier, et la promesse de vente ou
l’option s’exerce à la fin du contrat de location.
Cette forme a la même qualification que la forme précédente du fait que le prix payé pour
la cession ne représente pas la valeur de la chose mais représente un complément du prix dont
une partie a été payée se forme de redevances. De ce fait, l’objet du contrat est une vente en
19
bonne et due forme qui a pris la forme d’une location. Cette forme ressemble à celle traitée
dans le paragraphe 1.2.1 et souffre des mêmes vices de non-conformité (Al-Shâdilī, 1988).
2.2.3. Ijara Montahia Bi-Tamlik par le paiement de la valeur réelle de la chose :
Ce montage est une combinaison de deux contrats. Le premier est une location en bonne
et due forme alors que le deuxième est une vente conditionnée par le paiement de la totalité
des redevances convenues dans le contrat de location. Ce montage est interdit selon la
Sharīʿah pour les deux motifs suivants :
1) Le prix de cession est incertain ce qui peut donner lieu à un alea significatif pour les
parties (Gharar) notamment si le contrat prévoit la cession du bien avec le prix du
marché.
2) Le contrat de location et le contrat de vente sont combinés dans un seul contrat sur le
même bien en même temps.
1) L’option est en faveur des deux parties. Cette situation ressemble à la location avec
promesse non contraignante pour les parties, présentée en haut.
2) L’option est en faveur du locataire uniquement, ce contrat devient une location
conditionnée par la vente à la fin du contrat. Cette forme est composée d’un contrat de
location suivie d’un contrat de vente si le locataire exerce son option. La séparation du
contrat de cession et du contrat de vente et l’attribution de l’option au locataire rend
cette forme permissible par la Sharīʿah, et ce, conformément à la décision 110(12/4)
précédente.
20
2.2.6. Ijara Montahia Bi-Tamlik selon l’avis du conseil supérieur des oulémas :
Les caractéristiques du contrat Ijara Montahia Bi-Tamlik sont définies par la circulaire
1/w/17 de Bank Al-Maghrib et validées par le conseil supérieur des oulémas. En effet, ladite
circulaire adopte la même définition de l’article 58 de la loi 103-12 et fixe les différentes
caractéristiques du contrat Ijara notamment ceux relatives au prix de location, au engagement
du locataire, au engagement de la banque, à la résiliation du contrat, à la promesse de location
et à Hamish al-Jiddia.
1) Le premier est celui d’un acquéreur qui verse d’avance le prix d’acquisition. De ce fait,
il devient associé dans le bien à hauteur de ses versements et devient propriétaire après
le paiement de la dernière tranche.
2) Le deuxième est le statut de locataire. De ce fait, il exploite le bien en tant que
propriétaire pour sa part et locataire pour la part de la banque.
Ce choix du conseil supérieur des oulémas rend le contrat Ijara Montahia Bi-Tamlik proche en
même temps du contrat Moucharaka Moutanaqissa entre la banque et le client et la location
du bien au client et du contrat Mourabaha
21
4. Durée du Contrat : La période de location doit être spécifiée clairement, que ce soit
en termes de durée fixe ou en fonction d'un événement spécifique. Les modalités de
renouvellement ou de résiliation du contrat à la fin de la période doivent également
être définies.
5. Conditions d'Entretien : Les responsabilités liées à l'entretien de l'actif doivent être
clairement définies. En général, le locataire est souvent responsable de l'entretien
courant de l'actif, à moins que des accords spécifiques ne soient conclus autrement.
6. Option d'Achat : Si le contrat Ijara inclut une option d'achat à la fin de la période de
location, les conditions de cette option doivent être détaillées, y compris le prix d'achat
convenu ou le mécanisme de fixation du prix.
7. Résiliation Anticipée : Les modalités de résiliation anticipée du contrat doivent être
spécifiées, y compris les conditions dans lesquelles chaque partie peut mettre fin au
contrat avant son terme prévu. Cela peut inclure des pénalités ou des arrangements
spécifiques.
8. Assurance : Les détails relatifs à l'assurance de l'actif doivent être inclus dans le
contrat. Le locataire peut être tenu de souscrire une assurance pour protéger l'actif
contre les dommages ou les pertes.
9. Conformité à la Charia : Il est essentiel que toutes les transactions et les aspects
pratiques du contrat Ijara soient conformes aux principes de la Charia. Cela implique
de s'assurer que l'objet de la location et les modalités du contrat respectent les règles
islamiques.
10. Documentation Juridique : La rédaction d'une documentation juridique claire et
complète est cruciale. Les contrats Ijara doivent être rédigés de manière à refléter
précisément les accords convenus entre les parties, tout en respectant les principes de
la Charia.
les parties impliquées dans un contrat Ijara peuvent établir une structure financière
conforme à la Charia, tout en satisfaisant leurs besoins opérationnels et contractuels. Il est
recommandé de consulter des experts en finance islamique pour garantir la conformité et
la validité juridique du contrat Ijara.
16
Alamad, S. (2010). Introduction à la finance islamique : Principes, pratiques et produits.
22
1. Moujir (Bailleur) :
Dans le contexte de la finance islamique, le terme "Le Bailleur" fait référence à la partie qui
fournit un bien ou un actif dans le cadre d'un contrat d'Ijara. "Le Bailleur" est également
connu sous le nom de "Muajjir" dans la terminologie islamique. Le contrat d'Ijara est une
forme de contrat de location conforme à la charia, où l'utilisateur (locataire) paie un loyer à la
partie propriétaire (bailleur) pour l'utilisation d'un actif spécifique sur une période déterminée.
2.Mustajir (Preneur) :
C'est la partie qui utilise l'actif ou le bien loué. Le locataire paie un loyer périodique au
bailleur pour l'utilisation de l'actif. Le locataire n'acquiert pas la propriété de l'actif à la fin du
contrat d'Ijara, mais il peut souvent avoir l'option d'acheter l'actif à un prix prédéterminé.
23
PARAGRAPHE 2 : Modalités Contractuelles du Contrat Ijara17
cette section met en lumière l'importance des parties prenantes et des modalités contractuelles
dans la mise en œuvre pratique du contrat Ijara. La collaboration transparente entre le Moujir
et le Mustajir, ainsi que la définition précise des termes du contrat, sont cruciales pour le
succès de cette modalité de financement islamique.
17
Adail, A. (2013). Droit bancaire et financier de l'Union européenne en matière de finance islamique.
El Maleh, N. (2011). La finance islamique : Comprendre les enjeux et les opportunités.
24
Conclusion
La structuration juridique du contrat ijara revêt une importance capitale dans le cadre des
transactions financières conformes à la charia. Ce contrat de location avec option d'achat offre
une alternative aux mécanismes traditionnels de financement basés sur l'intérêt, en permettant
aux parties de réaliser des transactions commerciales tout en respectant les principes
islamiques.
La commercialisation des contrats participatives basés sur la location conforme à la
Shari‘ah a interpellé les chercheurs musulmans. De ce fait, la jurisprudence islamique
Contemporaine s’est penchée sur le développement des nouveaux contrats en se basant sur le
Contrat de location classique tels que le contrat Ijara pour le donneur d’ordre et le contrat
Ijara Montahia Bi-Tamlik qui permet au client d’avoir la propriété de la chose à la fin de la
Période de location.
Ensuite, le contrat ijara doit spécifier de manière précise la description du bien qui fera l'objet
de la location. Il est essentiel de fournir des détails complets sur le bien, tels que ses
caractéristiques, ses spécifications techniques, sa localisation et toute autre information
pertinente. Cela permet d'éviter toute ambiguïté quant à l'objet du contrat et de garantir que les
parties ont une compréhension commune du bien concerné.
La durée de la location est un autre élément clé qui doit être inclus dans la structuration
juridique du contrat ijara. Il est nécessaire de spécifier la période pendant laquelle le bien sera
loué, que ce soit une durée fixe avec une date de début et une date de fin précises, ou une
durée indéterminée avec des dispositions spécifiques concernant la résiliation du contrat.
Cette information est cruciale pour déterminer les droits et les obligations des parties pendant
la durée du contrat.
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prévoir des mécanismes de résolution des différends en cas de litige lié à la fixation du prix de
rachat.
La structuration juridique du contrat ijara repose sur plusieurs éléments clés. Tout d'abord, il
est essentiel de définir clairement les droits et obligations des parties, en spécifiant les biens
ou les actifs à louer, la durée du contrat, le montant du loyer et les modalités de paiement. De
plus, il convient de préciser les conditions de résiliation anticipée, les responsabilités en
matière d'entretien et de réparations, ainsi que les modalités de renouvellement du contrat.
Enfin, la structuration juridique du contrat ijara doit être conforme aux principes éthiques et
juridiques de la charia. Cela implique notamment l'absence d'intérêt usuraire, la prohibition de
la spéculation et l'interdiction des transactions impliquant des biens ou des activités non
conformes à la charia. Il est donc crucial de s'assurer que toutes les clauses et conditions du
contrat respectent ces principes, et de faire appel à des experts juridiques compétents dans le
domaine de la finance islamique pour garantir sa conformité.
26
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION .................................................................................................................................................... 1
CHAPITRE 1 : ANALYSE CONCEPTUELLE ET JURIDIQUE DU CONTRAT IJARA .................. 5
SECTION 1 : CADRE THEORIQUE ET JURIDIQUE DU CONTRAT IJARA ................................ 5
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BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES :
• "Islamic Law: Overview and History" par Baber Johansen, "The Oxford Encyclopedia of the
Islamic World"
• "Introduction to Islamic Finance: Principles and Practice" par Kabir Hassan, Mervyn Lewis
(Éditeur : Pearson Education Limited, Année de publication : 2007)
• "Islamic Banking and Finance: What It Is and What It Could Be" par Muhammad Ayub (Éditeur :
Islamic Research and Training Institute, Islamic Development Bank, Année de publication : 2007)
• "Understanding Islamic Law: From Classical to Contemporary" par Hisham M. Ramadan (Année
de publication : 2006)
LOIS ET REGULATIONS :
ARTICLES ET RAPPORTS :
• "Etude comparative du coût de crédit entre la finance islamique et la finance conventionnelle dans
le contexte marocain" par N. Hany, Y. Regragui, et Y. Al Meriouh (International Journal of
Innovation and Scientific Research, Jan. 2016)
• "Contrat Ijara : cadre juridique et comptable marocain et rapprochement avec le crédit-bail" par
L.I. Fares et M. Habachi (Recherches et Applications en Finance Islamique, 2020)
• Gregory Mack, "Jurisprudence" in "The Princeton Encyclopedia of Islamic Political Thought"
• Article "Les banques islamiques sont-elles si islamiques que cela ? Conséquences en matière de
fonds propres réglementaires" par M. Bitar et P. Madiès (Revue d'économie financière, 2017)
• Article "Les principaux instruments de la finance islamique" par A. Reghioui (2021)
• Article "Droit bancaire et financier de l'Union européenne en matière de finance islamique" par
A. Adail (2013)
• "La finance islamique : Comprendre les enjeux et les opportunités" par N. El Maleh (2011)
Sites Web :
• https://fastercapital.com/fr/contenu/Ijarah---le-credit-bail-islamique-comme-alternative-au-
financement-traditionnel.html
• https://ijaracdc.com/ijara-contracts/
• https://www.banquezitouna.com/fr/techniques-financieres/ijara
• Ijar - AL BARAKA BANK (albaraka-bank.dz)
• La finance islamique en pratique - La finance pour tous (financialislam.com)
• Les banques participatives au Maroc (linkedin.com)
• https://www.banquezitouna.com/fr/techniques-financieres/ijara
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