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A Schwaller de Lubicz
LA DOCTRINE
R.A Schwaller de Lubicz
LA DOCTRINE
Trois conférences faites à
Suhalia à Noël 1926
Introduction
Cette année-ci, je me suis enfin décidé à vous développer une
vue d’ensemble de ce que je me résous à appeler la doctrine. J’ai choisi
ce vilain mot, qui rappelle trop une prison d’idée, faute de mieux,
pour grouper d’une façon précise un ensemble d’enseignements. Trop
souvent, dans nos causeries, j’ai un peu au hasard de la vie, semé des
notions de cette doctrine. Mais n’ayant pas voulu par pudeur appeler
cela doctrine, je vous ai fourni l’occasion de ne pas assez vous pénétrer
de l’importance de ces données, et de vous permettre de galvauder
des pensées qui, reliées entre elles, constituent un savoir immense,
mais jetées par bribes, donnent facilement l’impression d’affirmations
gratuites ou de fantaisies spéculatives. C’est consciemment que
j’emploie le mot galvauder, ne le trouvant pas trop dur. En effet, n’y
a-t-il pas de la traitrise à semer par derrière moi des idées reçues en
confidences, surtout en les semant sans lien, sans ordre, sans effective
connaissance.
On voit que vous êtes mes élèves. Quel maître suis-je alors si
vous me traduisez par des notions mal apprises ? Ne me trahissez-
vous pas en laissant tomber des mots que le premier intuitif peut
happer, pour en conclure une science qui sera fausse sûrement, mais
séduisante aussi probablement. Et ne croyez-vous pas qu’une simple
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formule de cette divine science occulte vaut plus que de l’or, est
plus importante en réalité que, par exemple, la connaissance d’une
disposition de combat peut l’être pour un général. Et pourtant, vous
appelleriez traître ce soldat qui livre cette disposition et n’aimez pas
à être appelés traîtres en livrant ces formules qui, souvent, sont le
fruit de dix années de méditations ? Vous n’avez qu’une excuse, et je
vous l’accorde, c’est de ne pas toujours savoir l’importance d’une idée
ainsi purifiée, de ne pas en connaître la portée dans l’ensemble de la
Doctrine.
Ceci est la raison pour laquelle je choisis ce mot brutal
de « doctrine », afin que vous sachiez, une fois pour toutes, que
l’enseignement que je vous donne est complet, même si vous n’en
connaissez pas les détails. Or, je tiens pour la première fois, je
l’affirme, à être le père de cette doctrine. Comprenez-moi bien : ce
que je donne, je ne veux pas le garder, c’est absolu. Mais je n’entends
pas avoir donné, avant d’avoir donné tout, et, surtout, vous, avoir
reçu tout. Jusqu’à cet instant vous n’êtes que des élèves et ne devez
vous servir de ce que vous apprendrez qu’avec cette restriction : voilà
ce que je crois avoir compris, jusqu’à présent, de la doctrine d’Aor,
mais sous tout réserve de mon imparfaite traduction. C’est dans
votre propre intérêt que j’exige cela. Vous n’êtes forts ni les uns ni
les autres. Vous êtes peut-être des maîtres dans les questions de la vie
courante, des affaires, mais vous êtes encore ignorants de la vie réelle,
cette vie qui ne passe pas, ignorants aussi du problème même de votre
existence.
Voilà, mes amis, ce que c’est une révélation ; ne croyez pas que
ce soit autre chose. Il y a, en tout cela, pourtant, quelque chose qui est
agréable, c’est cette espèce de soulagement immense que l’on éprouve
d’être délivré d’un poids, lourd comme la vie. On est autre, c’est tout,
mais c’est infiniment réconfortant. Eh bien, une partie de la doctrine
est ainsi une révélation. C’est toute la partie que j’appelle d’initiation.
Elle englobe toute la science des mesures. Ce que cela signifie, vous le
comprendrez par la suite. Maintenant, ce mot se confond encore avec
vos notions de mesures quantitatives, mais cela n’a rien de commun
avec l’occulte, la divine connaissance des mesures.
Les problèmes
Il y a des problèmes de toutes sortes, mais entre tous il y en
a qui exigent une solution au cours de la vie, parce qu’ils sont posés
par l’existence même. Exister, soit être vivant, nous le subissons. Et
cette existence n’est pas un problème. C’est même le seul fait dont
nous ne doutions pas. La philosophie qui a voulu poser l’existence
en problème est une erreur. Descartes fonde toute sa pensée sur cette
affirmation : « Je pense, donc je suis ». Mais, en définissant ainsi
l’existence comme un problème et en donnant la réponse par cette
affirmation : je pense, il a aussi défini toute l’erreur de la question,
puisqu’il pense qu’il pense pour prouver par la pensée qu’il existe.
C’est le terrible cercle vicieux du mental. Tant que l’on est
obligé de se servir du mental, sous une forme quelconque, pour poser
le problème, ceci indique déjà que ce problème est vécu par notre
organisme pour qu’il puisse se formuler comme question mentale.
Donc cette question est avant tout une preuve de mon existence.
Mais la pensée n’en est pas une, puisque la question est posée, si non
formulée, sans que la pensée intervienne. Pourtant, Descartes, en tant
que puissant penseur, a touché là un problème réel, quoique l’ayant,
à mon avis, mal exprimé.
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En effet, il ne s’agit pas de savoir si je suis ou ne suis pas, mais
il s’agit de savoir si ma forme existe et si l’ambiance que j’aperçois
existe et comment elle existe. Autrement exprimé, le problème est
celui posé par Kant et ensuite aussi par Nietzsche : Le monde est-il
une représentation de notre pensée. Autrement dit : est-il un effet de
notre existence et, si oui, quel effet ? Or, s’il n’est pas un effet de notre
existence, c’est-à-dire une projection de nous-mêmes, il pourrait
exister en lui-même et nous serions une projection du monde. Mais
alors notre intelligence, notre libre-arbitre, n’existeraient pas et nous
serions aveuglément soumis aux puissances du monde, des choses
comme toutes les choses. Or, nous savons, c’est notre intelligence de
le constater. Nous savons que nous sommes différents d’un minéral,
d’une plante, d’un animal. Nous savons que nous avons des facultés
plus complètes que ces choses et êtres. Alors la question exige, ou bien
d’admettre que le monde est une projection de nous, une projection
de volonté de puissance. Ou alors, se pose le problème nouveau de
l’évolution, qui nous situe, en tant que projection du cosmos, suivant
une échelle évolutive - échelle dont la philosophie ne peut que constater
certains échelons, mais reste ignorante de la majorité des éléments et,
notamment, ne peut pas répondre aux questions de la raison d’être
initiale, ni aux questions quant au but. Vous voyez donc tout de suite
qu’il faut ou bien admettre la philosophie d’un Kant, en définissant
le monde comme une volonté et une représentation ou imagination
et, avec Nietzsche, la doctrine d’une volonté de puissance. Ou bien
il faut répondre au problème fondamental qui est celui de la raison
d’être.
Or, pour répondre à cette question, nous devons immédiatement
entrer dans le domaine de l’hypothèse. Et, puisque nous n’avons
aucun point d’appui pour la formuler, nous nous trouvons en pleine
métaphysique, qui, à cause de cela, devient la science religieuse, ce
qu’on appelle communément : une science de la foi. En effet, nous
commençons par admettre l’existence d’un monde, dont nous
sommes la projection, et nous admettons en même temps que nous
existons comme projection. Donc, des deux termes initiaux, nous
n’avons que des suppositions, ou, plus exactement, nous admettons
l’hypothèse du monde et l’hypothèse de notre existence.
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Quelle solution faut-il choisir ? Celle de Kant ou celle de la
science métaphysique ou occulte ? Voici donc la nature du problème.
Il y a deux aspects, suivant les lieux où nous voulons nous situer. Or,
la vérité est unique. J’entends par vérité, ici, la réponse qui, puisqu’elle
doit résoudre le problème initial, doit donner une solution telle que
toutes les possibilités, du moins celles dont nous avons connaissance,
y trouvent une explication. Souvent je me suis ainsi trouvé devant
des difficultés apparemment insurmontables où, par exemple, mon
sentiment me disait que la solution était dans telle direction et où
ma raison m’obligeait à aller dans la direction opposée. Et, ainsi que
l’exige souvent, toujours peut-être, toute étude sérieuse, c’est avec le
livre de sagesse, acquis à la fin, qu’il faut remonter au commencement
de l’étude. Ainsi, avec une connaissance acquise à la fin, je veux
remonter à l’origine.
Cette connaissance de la fin me dit qu’un problème n’a jamais,
en vérité, deux aspects, deux solutions possibles. Sans quoi il n’est pas
un problème réel. Et ceci découle de cette vérité fondamentale, que je
situe à l’origine de toute l’étude et que je souligne tout spécialement :
c’est-à-dire que n’importe ce que je puis éprouver sensoriellement ou
émotivement, ou que je puis penser ou imaginer, quelle que soit cette
chose, elle peut exister ! Attention ! Il est grave d’admettre ceci. Si je
puis imaginer un Dieu à grande barbe blanche, c’est qu’il peut exister.
Si je puis imaginer un homme à quatre jambes et à six bras, c’est qu’il
peut exister. Si je puis imaginer le sublime en la plus abjecte chose,
c’est que cela peut exister, de même qu’une vierge-mère, et ainsi de
suite. Mais, si j’imagine un cercle carré – cela ne peut pas exister
– car par aucun moyen je ne puis ni voir, ni penser, ni imaginer,
etc.… un cercle carré. Ce qui est cercle n’est pas carré, ce qui est
carré n’est pas cercle. De cette vérité, j’ai fait la méthode de mon
étude : si un problème est réel, c’est-à-dire inévitable, et qu’il présente
deux aspects, c’est que les deux aspects existent. C’est-à-dire qu’il
y sûrement un point où ces deux aspects s’unissent en une nature
unique. Il n’y a pas, en fait, plusieurs aspects, mais quelque chose
en moi divise l’Unité de la nature et pose deux pôles d’une même
vérité, d’une même énergie, d’une même solution. Et maintenant,
pratiquons la méthode et remontons à l’origine de l’étude.
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Le monde est une projection de ma volonté ou moi, je suis
une projection du monde. Il est impossible de poser le problème
autrement, car je ne puis pas affirmer : je n’existe pas, sans infirmer
cette affirmation. Si j’adopte l’une ou l’autre des solutions, elle a des
conséquences souvent absolument opposées. Pourtant, il y a un point
de départ unique. Il doit y avoir dans ma question quelque chose
qui appartient à l’un et à l’autre des aspects du problème. En effet, le
monde est une projection de ma volonté, ou alors moi ; ma volonté,
mon existence, enfin moi, je suis une projection du monde. Moi,
je suis le centre du problème. Alors, que je sois cause ou effet, cela
est secondaire ; le problème du moi se pose, le moi en soi. Plus que
cela, il devient même secondaire de considérer mon moi, puisque le
problème est universel et concerne la chose en elle-même. Car toute
chose devant elle-même est en moi.
Considération qui, immédiatement, répond déjà à la question :
comment puis-je parler, penser, etc.… de Moi, comment le moi existe-
t-il en générale ? La réponse est : une chose devant elle-même est moi.
Une pierre devant elle-même est moi pierre, et ainsi pour tout. Et
si la pierre ne peut pas se poser devant elle-même, elle l’est sans le
vouloir, ou sans pouvoir le vouloir. Tandis que nous, humains, nous
pouvons vouloir, et nous pouvons nous poser devant nous-mêmes et
ainsi concevoir Moi, de nous. Cette possibilité est notre conscience.
Ainsi, la conscience la plus haute est celle du Moi ou, pour ne plus
employer ce mot qui prête à confusion : la conscience de l’Ego.
Cogito ergo sum, non : je suis, donc je puis penser. Mais je sais
que je suis parce que j’ai conscience de mon Ego, et toute autre chose
étant son Ego, même si cette chose n’a pas de conscience de son Ego.
Tout ce qui est, est Ego. Plus que cela : ce qui n’est pas est Ego,
puisque Rien en soi, Rien devant soi-même est Moi ou Ego. Voici que
le mot de la Genèse « Que la lumière soit et la lumière fut » et « Au
commencement était le Verbe et le Verbe était en Dieu et Dieu était le
Verbe », devient lumineux aussi, puisqu’il suffit que Rien de l’origine
soit devant soi-même, en soi-même, pour que Ego soit. C’est-à-dire
qu’il y ait quelque chose. Ceci est absolument vrai, puisque je ne
puis pas dire : eh bien que Rien, qui est devant lui-même – Rien
-, ne soit pas, sans que, immédiatement, j’affirme l’absence de rien,
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donc quelque chose - et qu’ainsi de toute façon : la notion de Rien
affirme quelque chose.
La grande dispute philosophique se trouve donc maintenant
posée sous une toute autre lumière. Que le monde soit une projection
de moi ou que je sois, moi, une projection du monde, de toute façon
la variante du problème réside en moi ; et non moi en la variante. Il y
a en l’Ego, deux fonctions possibles qui, elles, doivent permettre cette
situation double de l’Ego envers le monde, ou du monde envers l’Ego.
Nous regarderons cela plus tard. Car, pour l’instant, il est absolument
établi que, de toute façon, l’Ego est. Il est ensuite tout à fait inutile
de lui donner un nom, puisque tout peut être le nom de cet Ego.
Et pour baragouiner en latin, moi aussi, je dis : Ego est, ergo sum.
En répondant à cette grande question de l’existence, j’ai donc aussi
répondu au premier grand problème qui se pose : celui de la raison
d’être. Pourquoi suis-je ? : par la nécessité de la cause et l’inéluctable
fin immanente à la cause ainsi que son logique accomplissement. En
effet, la cause est nécessaire. Elle est imposée, même à Rien. Je suis,
parce que je suis Moi, Ego. Et je suis Ego parce que Rien, devant lui-
même est Ego. La cause est inévitable, que j’admette quelque chose ou
ne l’admette pas, que j’affirme ou nie, que je comprenne ou non. La
cause c’est : je suis. Et si vous définissez cette ultime cause par le mot
Dieu, deus, Dieu dit : je suis, et le monde, Moi, tout est. Ceci est la fin
inéluctable de la cause : Ego. Et cette fin est immanente à la cause et
s’accomplit en une logique absolue. Au commencement, il n’y a rien,
et rien est la cause. Et la cause par son inéluctable développement vers
sa fin inéluctable produit l’égo cosmique c’est-à-dire total.
Vous savez maintenant ce que j’entends par Ego, et vous avez
ici la première réponse au problème fondamental. Cette réponse
comporte dans son énoncé, une notion qu’il est impossible d’éviter,
celle du logique développement. Qu’il y ait développement, cela
semble évident, puisqu’il y a suite depuis la cause jusqu’à l’effet
final. Mais que cette suite soit logique, ceci ne semble pas imposé.
Et, puisqu’il est impossible d’admettre une conséquence sortant
d’une cause, sans que cette conséquence s’ensuive d’après une loi
définie (ceci par ce fait absolu que la cause est unique et universelle,
produisant un effet unique et universel : Cause égale Rien, Effet
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égale Ego), qu’il n’y a pas de variante possible en ce magister, ce
développement devient la loi et cette loi est en elle me identique à
elle-même. Il y a donc loi, une loi d’enchaînement. Quelle est sa
nature ? Ceci devient le second problème que j’appelle celui de la
logique, ou de la conséquence naturelle. Donc, après le problème de
la raison d’être, il y a le problème de la logique. La logique, ainsi que
nous le savons déjà, présuppose un point de départ qui est la cause.
D’autre part, nous savons aussi que la notion de la logique vient après
la notion de l’existence du but ou effet, immanent à la cause - et la
logique se situe entre ces deux états. Elle est donc conditionnée par le
commencement et la fin. Ceci pris dans le sens des extrêmes ou dans
le sens des parties : chaque fois qu’il y cause, il y a aussi effet - donc
un développement de la cause à l’effet.
La cause comporte en elle-même, son effet. Seulement celui-ci
n’est pas encore exprimé. L’effet est ainsi une expression de la cause.
Et cette expression devient ce que nous désignerons par la notion
de fonction. Or, la fonction est action. Nous entrons donc, avec
le problème de la logique, dans un nouveau monde où une foule
de notions se révèlent. C’est en somme le monde, tel que nous le
connaissons, avec sa multitude de phénomènes. Ici encore, nous
devons pouvoir déterminer les notions simples. C’est-à-dire ces
notions, au delà desquelles nous ne pouvons plus réduire, c’est-à-dire
imaginer plus simple. Sans vous faire passer par toute l’analyse de
toutes les fonctions (travail pénible et extrêmement long que celui
qui veut pénétrer dans la connaissance doit faire, mais qui n’est pas
immédiatement utile pour l’exposé de la doctrine), je veux, puisque
vous connaissez maintenant la méthode de travail, tout de suite passer
aux données fondamentales.
Quel que soit le phénomène que nous observons, ou les
effets desquels nous pouvons prendre connaissance, nous savons
qu’il y toujours une cause. Cette cause, nous la désignons, dans sa
fonction, par rapport à l’effet, par la notion que nous en avons, par
le mot actif, soit agissant. La cause est cause métaphysique d’abord.
Et dès qu’elle entre en voie de réalisation de l’effet qu’elle génère,
elle devient cause active. Quelle que soit la forme d’action, il y a
une activité qui est cause. Or, la notion d’activité est essentiellement
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liée à la représentation d’un mouvement de la cause vers l’effet. Que
ce mouvement soit quantitatif ou qualitatif, ce ne doit pas nous
soucier pour l’instant. Un fait est certain : tout mouvement exige
un déplacement de cause à effet. Déplacement ! Il est impossible de
délier la notion de mouvement de cette notion de déplacement, donc
d’espace. Et l’espace défini par le mouvement désigne la notion du
temps. Temps, Mouvement, Espace, voici les éléments de la fonction,
soit du développement de la cause à l’effet.
A la question de la logique, nous pouvons donc répondre :
La logique découle de la fonction, laquelle est elle-même un
accomplissement en temps et espace, donc en mouvement, d’un
effet produit d’une cause active. Nous pouvons très bien comprendre
l’activité, du moment que nous la subissons ou que nous constatons
des états qui la subissent. A l’origine, donc en la cause absolue, il
y a activité. Nous pouvons supposer que, si à ce moment, elle agit
contre Rien, nous ne pouvons nullement la comprendre. Car agir est
synonyme, dans notre intelligence et dans notre notion de la fonction,
de subir. Nous pouvons formuler cela ainsi, puisque nous pouvons
supposer que ce doit être ! Rien est la cause active et Rien subit cette
action. Donc, Rien étant égal à Rien au commencement, cause active
et ce qui la subit sont identiques. Eh bien, si vous le voulez, nous
allons éliminer de ce mot commencement, l’idée de temps. Donc,
au lieu de reculer cet événement à une date, que nous ne pouvons
pas situer et qui d’ailleurs n’a pas besoin d’être située (puisque enfin
les fonctions dont nous parlons ne sont ni situées, ni limitées, ni
conditionnées, mais sont des fonctions absolues), j’en arrive ainsi à
dire ceci : l’activité et ce qui la subit et que nous connaissons comme
résistance, sont identiques ou de même nature.
En plus, au lieu de dire Rien-Cause et Rien-Résistance sont
égaux, Rien étant égal à Rien, X est égal à X, n’importe quoi est égal à
soi-même. N’importe quoi est cause et résistance et les deux, étant de
même nature. Cela revient à dire : l’Ego, qui est l’identité de soi-même,
est une totalité qui résume cause-effet, action-résistance. Et, entre ces
termes, aussi les fonctions ou la logique universelle. Ego signifie donc
en tant que cause, fonction et but : Cause-action-fonction-logique-
temps-espace-mouvement-fin. Le mot fin est lui-même un résumé de
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choses encore à déterminer. Or, cet enchaînement absolu et invariable
constitue des termes, qui, par la logique de leur développement,
fixent une sorte de constellation d’éléments - lesquels, si variation il
y a, sont nécessairement toujours soumis à une loi qui les groupe. La
logique découle de la fonction et de la logique découle à nouveau une
constellation, des groupes, que nous allons, dans l’ensemble des lois
qui les dispose, appeler l’harmonie.
Et ceci devient le troisième grand problème, le problème de
l’harmonie. Tout groupement exige des termes à grouper. Ces termes
peuvent être des choses, c’est du moins ce qui nous semple le plus
compréhensible. Mais je dis : avant les choses, il y a les causes. Ces
choses sont même l’aspect de l’Ego, ou du complexe causal et final.
Alors je ne puis pas déterminer les termes du groupement, en tant que
choses, extrêmement variables. Et pour rester logique avec moi-même,
je dois les résumer en un terme différent. Ce terme doit à nouveau être
un centre, un terme commun. C’est ainsi que, sachant que n’importe
quoi est perceptible, constatable par rapport à une autre chose, par les
qualités qui lui sont propres, je constate que, quelle que soit la qualité
spécifiée, la qualité proprement dite est le terme commun. Le rapport
des qualités constitue l’origine ou cause des groupements. Or, c’est
par ces groupements que je prends connaissance des déterminations
ou définitions, autrement dit, des mesures.
Au problème de l’harmonie, je réponds donc : L’Harmonie est
un rapport de qualités déterminant les mesures ou définitions. Ainsi,
voyez-vous, en allant de l’Universel au particulier, la notion - qui est
évoquée par la définition de la réponse aux problèmes fondamentaux
- donne à nouveau le problème suivant. Ceci ne peut durer
indéfiniment, puisqu’une fin est prévue dès la cause. Le nouveau et
quatrième grand problème est donc, vous le comprenez maintenant,
le problème des mesures. Vous ne pouvez pas encore, aujourd’hui
prévoir l’importance formidable de la réponse à ce problème. Je dirai
même que c’est le problème capital, car il comporte la réponse au
but de la vie. Ceci, vous l’entreverrez immédiation si vous considérez
que les mesures, qui résultent de l’harmonie cosmique ou de l’Ego,
sont la détermination de tous les termes de cette harmonie - et par
celle-ci, la fonction et la logique absolue, elle-même effet de la cause
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absolue, dans le but de la fin absolue. La détermination ou mesure
fondamentale constitue donc la donnée fondamentale et absolue de
toute la connaissance. Je touche ici une question très grave. Mais je
ne répondrai pas aujourd’hui, pour la simple raison qu’il s’agit là de
l’un des termes de ce que j’appelle l’initiation.
Il s’agit ici d’une connaissance de révélation purement. Je
suis prêt à la donner à celui qui le désirera. C’est-à-dire aura suivi
le chemin aussi complètement qu’il faut le suivre pour que, tous
les termes de l’étude épuisés, il se trouve effectivement posé devant
l’absolue nécessité de cette révélation ou clef totale. Je cite ceci à cette
place, parce que le développement l’exige et aussi pour vous annoncer
toute ma volonté, tout mon désir, de vous donner cette chose, qui
n’est pas absolument nécessaire pour le développement de la doctrine
et ne se situe que comme une fin de vie et non comme une fin de
savoir. En attendant, je tiens à vous affirmer que cette connaissance
est vraie, que cette mesure existe. Je vous a déjà parlé de beaucoup de
choses et je vous ai montré l’Ego. Et, si je suis obligé de garder par
devers moi la connaissance du secret de la mesure, cela n’empêche pas
qu’en suivant très attentivement mon enseignement, vous aurez déjà
une très claire connaissance des choses de ce monde.
Pour revenir à la réponse que demande le problème de mesures,
cette réponse est déjà contenue en ce qui précède car, enfin, la mesure
est la définition précise d’une cause à sa fin. Toute chose a en soi sa
mesure propre, de ce fait. Mais cette mesure devient d’autant plus
complète que la chose résume effectivement l’Ego cosmique. Ce que
nous appelons la forme, n’est pas autre chose que la cristallisation
de l’harmonie de son Ego et sa mesure. Cela revient à dire que la
détermination de la chose en elle-même est sa mesure, la mesure de son
Ego - ce que nous appellerons, si vous voulez bien, sa conscience.
La conscience n’est pas autre chose que la mesure de soi-même
en soi-même. Ceci semble très abstrait tant que nous ne laissons pas
intervenir le terme de comparaison. Ceci est le cas pour le minéral et
encore pour la plante. Mais dès que nous entrons dans le règne animal
supérieur, nous voyons se faire cette dualité, où l’être de plus en plus
animé, l’est, ou apparait tel, parce qu’il est susceptible de se mesurer
lui-même. Autrement dit : il devient conscient de lui-même, prend
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connaissance de son Moi, de son Ego. Ainsi, je puis dire que toute
chose a sa mesure propre ou conscience. Mieux encore, toute chose
n’est que conscience en soi, ou toute forme n’est que la détermination
ou parution d’un état de conscience. Vous m’aurez, je pense, compris.
Et vous aurez naturellement éliminé de vous-mêmes cette antique
et fausse notion de conscience intellectuelle que l’on nomme aussi
conscience, mais qui n’a rien à faire avec la conscience cosmique. Au
problème de la mesure, je réponds donc en résumé ceci : la mesure
est la définition précise et absolue d’une cause à sa fin propre, soit la
forme primitive d’abord - le genre, l’espèce, l’individu ensuite - et
le complexe individuel ou complexe d’organes pour l’individualité,
soit : la conscience.
Par cette réponse, j’ai déjà cité tout un ensemble de choses en
les classant, ainsi que par l’observation nous pouvons le faire, mais
en les classant par ordre de perfection ou conscience. Pour considérer
cet ensemble de choses, nous sommes obligés de poser un nouveau
problème, celui du devenir. Remarquez que ce problème n’a plus la
même importance que les quatre précédents. Il n’est plus posé par une
absolue logique, puisqu’en fait le devenir est contenu dans la réponse
aux quatre grands problèmes. Il devient un problème complexe et
accessoire à la connaissance, mais cesse d’être fondamental. Nous
sommes donc arrivés, avec la résolution des quatre problèmes
fondamentaux, à cette fin dont je vous disais qu’elle ne peut pas être
reculée indéfiniment. Si nous résumons un instant ces questions, afin
de voir plus clairement la suite, nous trouvons que la raison d’être est
motivée par la nécessité de la cause et l’inéluctable fin, immanente
à la cause. Cette fin, nous la voyons être dans la conscience, qui
devient en tant que mesure de l’Ego, la conscience cosmique. Et sans
vous perdre en des détails, si vous vous posez à vous-mêmes cette
question « pourquoi vous êtes sur terre, d’où vous venez et où vous
allez », vous devez maintenant comprendre que vous êtes sur terre
par la nécessité immanente de la cause qui est Rien, et vous devez
réaliser ainsi l’Ego cosmique, le Moi absolu par la cristallisation de
la conscience absolue. Or, que vous le veuillez ou non, c’est la même
chose. Vous le ferez avec des souffrances d’autant plus lourdes que
vous vous refuserez de l’admettre et d’agir consciemment dans ce but.
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Le problème du devenir ne répond pas à une question sur la fin. Cette
question a déjà une réponse dans la raison d’être. Le devenir n’est
plus qu’une considération de connaissance, quant à la formation des
choses, sortie de la cause Rien.
L’Ego est une totalité, mais il n’est pas une forme. La forme est
contenue en lui. Elle est variable dès l’instant où elle est définie. Il y a
donc un deuxième problème accessoire général. Celui des variations de
la forme, jusqu’au moment où les causes de ces modifications cessent.
Il s’agit de l’évolution. Donc, après les quatre grands problèmes, il y
a deux problèmes accessoires dont nous voulons regarder maintenant
le premier, celui du devenir. En effet, la cause produit quelque chose
qui ensuite évolue, du moins je veux employer provisoirement ce
mot. Pour que la cause absolue devienne quelque chose, qui donc,
dans sa forme n’est plus absolue, mais représente un stade de devenir
dans la possibilité totale, il faut que la cause dans son activité, par le
principe de l’harmonie ou des groupements, donne le caractère de
ce groupement ou la future forme. Alors, il faut considérer tous les
groupements possibles. Ceci nous ne le pouvons pas, à moins d’étudier
en détail toutes les pierres, toutes les plantes, tous les animaux et
hommes. Déjà, l’étude globale de chacun des règnes représente un
travail formidable. Que serait alors le détail ? C’est ainsi que par
l’analyse, toujours plus poussée, on en arrive à ne considérer que les
combinaisons possibles. Et finalement, même seulement le principe
qui préside à ces combinaisons - de même qu’en harmonie musicale,
avec le principe des proportions de longueur des cordes vibrantes
- on peut établir les bases de toute la musique, qui, quelle que soit
sa forme ou expression, est soumise à ces lois fondamentales, même
dans les plus affreuses cacophonies.
Or, avec l’établissement des principes premiers, là où je vous
ai dégagé la notion de l’Ego, à la place des principes philosophiques,
nous allons mettre les nombres. Car tout est contenu dans le premier
terme de cette philosophie. Ainsi, la cause sera le nombre un, l’effet
le nombre trois, tandis que toute la relation sera le nombre deux.
Ceux-ci sont les trois premiers nombres, qui sont l’origine de tout.
Car tout, en considérant les facteurs et les fonctions, est contenu
en eux. Les nombres ne représentent qu’une quantité très restreinte
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des possibilités fondamentales. Mais ces possibilités sont les lois
fonctionnelles de tout. Ceci constitue une science qui est intimement
liée à celle des mesures. Mais je ne l’expliquerai pas ici en dehors des
principes de base.
Ainsi, la cause est le nombre Un. Mais, telle que la cause
originelle indivisible - et, comme le Rien actif trouve nécessairement
en son propre Rien passif la résistance, donc, se divise – ainsi, l’Un
originel se divise en Un qui est et un qui n’est pas. Je ne parle pas de
faits, je parle de possibilités. Suivant le bon principe, donc de cette
double notion, immanente à la supposée notion de l’Un irréductible,
résulte la première notion de Deux - constituant une Unité nouvelle,
mais, elle, divisible en deux Unités indivisibles, cause Unique. La
division préside ainsi à tout devenir et, immédiatement après, naît
la notion de l’addition, laquelle est exigée par la présence de deux
nombres qui sont Un et Deux : d’où le nombre Trois.
Faites bien attention : la Cause est Un indivisible ou Rien. De
ce Rien se dégage une activité qui trouve en soi-même sa résistance et,
ainsi, donne le nombre Deux, tel au commencement de la Genèse :
« Dieu divise les eaux du ciel et les eaux de la terre ». Ainsi, naît
le nombre Trois, par addition. Lequel nombre Trois est la première
forme. Effectivement, le nombre Trois comprend tous les éléments
qui sont nécessaires pour avoir une notion d’une première forme
principielle, le triangle, par exemple, en géométrie plane. Je dis forme
principielle, car il n’y a pas encore la troisième notion nécessaire à
la forme spatiale. Cette troisième notion est la multiplication. Or, il
n’est pas possible de multiplier Un avec Un, mais il est possible de
multiplier Deux avec Deux.
Ainsi, le deuxième nombre, engendré par division, appelle le
premier la multiplication, laquelle est le nombre Quatre. Maintenant,
toutes les fonctions sont déterminées, la division, l’addition et la
multiplication, ainsi que tous les facteurs, causes ou effets, de ces
fonctions, soit Un, Deux, Trois et Quatre. Il reste la soustraction qui
devient possible encore, mais elle n’ajoute rien à l’ensemble sauf une
fonction négative : elle ne peut donc intervenir que lorsque toutes les
formes possibles sont générées. L’ensemble des possibilités est donné.
Il n’y en a pas d’autres. Et, ce qui est aussi formidable, c’est qu’avec
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leur détermination sont aussi déterminés les éléments fondamentaux
de toute forme et ceux-ci sont au nombre de quatre. J’adopte donc la
science des Anciens à ce propos et je dis : il y a quatre éléments qui
président à tout. Or, en regardant bien, nous trouvons que l’addition
globale des quatre Eléments : un plus Deux plus Trois plus Quatre
donnent le nombre Dix, qui à nouveau fixe toutes les possibilités
numériques imaginables. Avec cette décade, ce triangle originel des
quatre Eléments, des quatre fonctions, toutes les formes sont données,
et toutes les formes que je puis concevoir sont contenues là-dedans.
N’importe quoi peut être n’importe quand, Cause. Et cette Cause est
un nombre. Et suivant le nombre, la décade devient différente. Un
exemple comme image : à côté du triangle Un, Deux, Trois, Quatre,
je suppose une Cause qui au lieu de Un, est Six. J’ai donc, par les
fonctions de la genèse du Triangle, les nombres 6, 12, 18 et 144, un
total de 180. Ce nombre Cent quatre-vingt vaut pour la totalité de la
Cause Six, seulement Dix. Il a, en rapport avec sa cause particulière,
la même valeur que Dix a pour Un, et pourtant Cent quatre-vingt
n’est pas Dix multiplié par Six. Or, même ces combinaisons ne sont
pas sans limite. Elles finissent par se répéter si on continue. Et alors,
on arrive à découvrir qu’il y a de véritables familles de combinaisons,
qui finalement, vont être les origines des familles des formes.
Ainsi, voyez-vous, se construit une science cosmique sur des
bases excessivement simples. Mais, parmi les nombres, il y en a qui
reproduisent la nature de la Cause première. C’est-à-dire les nombres
premiers qui eux, non plus ne résultent pas d’une multiplication, et
non plus ne sont divisibles. Ainsi Un, Trois, Cinq, Sept, Onze, Treize,
Dix-sept. Chacun de ces nombres doit donc jouer un rôle générateur
dans l’ensemble des combinaisons. Il serait vraiment trop long, et
mal à propos, d’insister encore là-dessus. Qu’il soit dit seulement, en
passant, cette vérité que ces nombres premiers sont effectivement
l’origine des temps. Autrement dit : les bases pour le calcul de la
Genèse et la détermination des époques du Monde. Mais je le répète :
la science des nombres est essentiellement liée à la science des mesures.
Elle est science de révélation. Ce qui importe de noter ici est ceci :
les nombres constituent les principes déterminateurs des formes. Et
ainsi le problème du devenir est clarifié par l’étude de la Cause, des
26
nombres et de la forme : ce sont les trois données, très connues, du
connaissable, du mystère du devenir. Nous possédons maintenant la
forme, elle est le Temps, Espace et Mouvement suivant un nombre et
une décade de nombres possibles. Que va-t-il advenir de cette forme ?
C’est le problème de l’évolution.
La première forme - c’est-à-dire la détermination finale dans
les possibilités des combinaisons (car il faut se rendre compte que
seulement la fin des combinaisons devient la première forme de
l’évolution ou mettons transformation) - Eh bien, la première forme
est aussi celle qui résulte du nombre le plus grand, le plus complexe.
C’est le dernier nombre premier qui se manifeste comme première
forme. Il contient donc en principe tous les autres nombres inférieurs,
jusqu’au premier Un irréductible. C’est pourquoi, on peut dire :
il y a dans la matière première tout ce qu’il faut pour constituer le
monde, et je vais, pour la bonne entente, adopter le mot des Anciens,
c’est-à-dire le mot chaos. Le mot chaos est le commencement d’une
transformation, autrement dit l’origine matérielle ou formelle, d’où
sortent les multitudes d’autres formes, toujours plus simples et plus
pures, jusqu’à la constitution de l’Unité irréductible définitivement
clarifiée. Pourquoi ce passage dans le Chaos de la part de l’Unité
absolue ? Pourquoi le devenir ? Je vous l’ai expliqué, c’est la nécessité
de l’origine. Et pourquoi et en vertu de quelle force le chaos se purifie-
t-il ? C’est toujours la même fonction de l’Ego.
Je vous ai montré tout à l’heure que le but de l’Ego est
d’acquérir la conscience, dont le suprême état est la conscience du
Moi ou reconnaissance de la chose en elle-même par elle-même.
Comment ceci s’accomplit en l’homme, déjà très avancé en général,
nous le verrons dans les prochaines conférences. Mais il faut déjà se
rendre compte ici que la fonction de la purification, qui n’est qu’une
augmentation de conscience, ne peut se faire que par la soustraction
d’éléments impropres à la fonction particulière d’un complexe.
Maintenant seulement, entre donc en jeu la soustraction et ceci à
travers un complexe de forces, dont le caractère est identique à celui
des forces de l’origine mais dissemblable en tant que but. En effet, là
où au commencement, le temps, le mouvement et l’espace entrent en
fonction pour finir par déterminer une forme. A partir de ce moment,
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ils entrent en jeu pour libérer cette forme de ses emprises. Si vous
voulez globalement considérer le devenir comme la cause active, vous
comprendrez comment l’évolution, ou libération, globalement prise,
devient la cause passive ou résistance immanente à l’activité initiale et
aussi totale. L’évolution est motivée par le devenir. Mais il faut bien
comprendre qu’il n’y a pas, quelle qu’en soit l’apparence, évolution de
forme. Celle-ci est effectivement en le devenir ! Il n’y a qu’évolution
de conscience. Or, l’étude pour savoir s’il y a évolution ou non, et, s’il
y en a une, en quoi elle consiste ? et comment elle se fait ? Ceci fait
partie de la suite de ces instructions.
Je tiens simplement à répéter, pour terminer ce soir, qu’il y a
effectivement quatre grands problèmes au delà desquels on ne peut
pas aller, sans lesquels il n’y a pas de science à imaginer. A ces quatre
grands problèmes viennent s’adjoindre deux problèmes accessoires,
celui du Devenir et celui de l’Evolution, auquel dernier je n’ai pas
encore répondu, mais dont les éléments de la réponse sont contenus
dans la science des mesures et nombres, ou autrement dit, la définition
de la conscience de l’Ego. La méthode dont je vous ai parlé au
commencement, je l’ai fidèlement appliquée à toutes ces études. Et si
vous vous en souvenez, vous saurez conclure ceci : Quand l’élément
commun à toutes les possibilités est déterminé, sans souci du nom,
ou de ce que je sais de lui, je puis dire qu’il est le centre vrai, il est la
base certaine, il est la solution très véritable. Cherchez ce point vrai,
et toujours nous serons d’accord. Car il n’y a qu’une vérité, comme
il n’y a qu’un monde et une seule Genèse, et une seule Chose, d’où
sortent, par adaptation, toutes les choses.
DEUXIÈME CONFÉRENCE
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I – a) la baguette en mouvement,
b) le heurt de la baguette contre la résistance table,
c) la vibration de cette baguette sur la table.
II – Il y a :
a) la vibration des corps choqués,
b) l’air qui reçoit cette vibration,
c) la vibration transmise par cet air dans un rayon déterminé.
I
I I
I I I
I I I I
Or, comme tel, ce triangle est fait de neuf unités qui entourent
une unité centrale, le deuxième nombre du troisième nombre. En
mystique, on dirait le christ. Ce sont les neuf fonctions de notre
phénomène Un. Si nous les transcrivons dans le schéma de la genèse,
nous verrons que ces neuf fonctions donnent pratiquement sept
facteurs. Remarquez qu’avec le triangle, cela aussi est démontrable,
mais cela fait partie de l’étude des nombres, la science des mesures, et
ne fait pas partie de ces instructions-ci. Si maintenant, nous mettons
en parallèle de ce schéma et des sept facteurs, un phénomène très
connu où les sept facteurs sont tangibles, nous allons apprendre
encore quelque chose d’admirable.
C V R
1 3 2
VC V R
4 6 5
VC V R
7 9 8
33
Nous allons prendre pour cela l’image la plus frappante, le
spectre lumineux avec ses couleurs : Rouge, orangé, jaune, vert, bleu,
indigo, violet. Et si nous les classons dans l’ordre des facteurs, nous
aurons : rouge 1, jaune 2, orangé 3 et 4, bleu 5, vert 6 et 7, indigo 9,
et violet 8. Ceci est l’ordre du devenir, tandis que l’ordre d’apparence
sera connu par le phénomène : rouge 1, orangé 2, jaune 3, vert 4,
bleu 5, indigo 6 et violet 7.
I = Cause éternelle =
I =
I I =
I I I =
C T Mt E Masse
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La masse par rapport à l’espace ou inversement, détermine en
physique la notion de force, en tant que mouvement de masse, en un
temps et un chemin ou espace. C’est la première relation ou mesure
inférieure. La force, par rapport à la masse, détermine l’énergie, en
tant que force absorbée ou arrêtée. Ainsi, le cycle inférieur des mesures
est terminé également et nous avons la ligne :
C T Mt E F E Masse
C T
Mt F
E En
Physique-Emotif -Mental-Intuitif-Volition-Désir-Néant
Type Femme
Voici le cycle qui fait l’Ego. Voici aussi le cycle qui fait notre
existence corporelle. La femme – qui est matière, qui est le produit
de la dualisation, du mental, du sexe, de l’erreur originelle – réalise
61
ce cycle deux fois : une fois pour elle-même en son corps et une fois
pour l’affirmation de la matière, pour sa continuité, en sa matrice.
Tant que tout cela durera, le monde matériel durera, mais jamais
la conscience de l’Ego ne se fera. Or, le but de notre existence est
d’atteindre cette conscience, de Deux devenir Un à nouveau, autant
dans le mental que dans le mariage. Ne plus séparer Moi et Toi, ne
plus séparer mon Moi de l’Ego cosmique, voilà notre but. Devenir
la conscience unique, le confondement : voici le rachat de la faute
originelle. Le mariage est le fait absolu pour cela, car il témoigne de
notre plus grande séparation. Lui et Elle ? Non ! Cela ! qui n’est plus
ni lui ni elle. Or, le mariage n’est que coït, c’est-à-dire continuelle
affirmation de la séparation, toujours plus grand séparation. C’est
pourquoi, le mariage doit être Union.
Mais l’homme est ce qu’il est. Il est intelligent, il est sexué et
il a libre arbitre. En plus, il subit ses fonctions physiques. S’abstraire
de tout cela ne change pas sa fonction organique. Et pourtant l’Ego
conscient est une fonction semblable mais totale sans séparation. La
chasteté est le but naturel pour la conscience totale. Elle n’est pas un
moyen car elle est violence et négation de l’être, négation même de
la conscience humaine. L’Ego cosmique est en éternel coït créateur en
lui-même, par lui-même. Il est oui et non, oui et non en unification
sans cesse, c’est le coït divin. L’homme et la femme ne doivent se
servir que pour se nier mutuellement en leur sexualité. Aussi bizarre
ou impossible que cela semble, aussi juste cela est.
Alors je dis ceci : l’homme qui a trouvé son Eve, celle qui lui est
de même nature, femme autant qu’il est homme, complément parfait
- qu’il l’épouse. Ceci veut dire qu’il doit former un lien avec elle, en
toute conscience. A partir de ce moment, ce couple est un être, isolé de
tout, ceci au terme spirituel comme dans la pratique. Entre eux, il n’y
a plus de morale. Il n’y a plus de loi autre que celle de l’Union à travers
la recherche de leur négation. Tout leur libre arbitre, qui est puissance
de négation et de destruction, ils peuvent, doivent l’appliquer envers
eux-mêmes, pour cesser d’être homme et femme. Il n’y a plus alors
ni perversité répréhensible, ni excès condamnable. Que leur amour
soit purement sexuel. Mais qu’au-dessus de tout, toujours, il y ait le
désir plus fort que tout, de se trouver, de s’unir, de ne plus jamais se
62
quitter. Que leur désir et envie l’un de l’autre soient tels que la mort
encore les unisse dans un besoin de conjonction. Afin qu’au delà du
physique, ils s’unissent encore, toujours plus abstraitement, jusqu’en
ce monde du confondement où tout est conscience. Que l’homme
voit en la femme la matière entière, que la femme voit en l’homme
l’esprit entier. Que l’un serve à l’autre à délier toutes les attaches à la
terre, qui sont les désirs qui appellent l’âme en un nouveau corps. Et
tout leur est permis pour cela – car devant l’Union, il n’y a plus ni
jugement, ni Bien, ni Mal, ni peu, ni beaucoup – l’Union doit être
tout. Et ceci afin que s’accomplisse la parole d’Hermès : que la femme
soit la terre l’homme, et l’homme le ciel de la femme pour la pierre
philosophale, qui est l’Union absolue.
Mais l’être humain est un esclave de mon mental. Il se détruit
par lui, il se lasse par cela. Là, en toute conscience (ce qui demande
une maîtrise formidable), les époux doivent appliquer l’érotique, qui
est la science du désir. Heurter le sens moral, c’est un choc érotique.
L’érotique exige la conscience du moral et de l’immoral. Je devrais
presque dire, la conscience du Bien et Mal. Or, ceci est la fin, non le
commencement dans la voie de la surévolution. Aussi, rien n’étant
parfait, pour commencer, faut-il employer les moyens suivants à la
portée de la conscience déjà éveillée. Et ces moyens sont donnés par :
1) l’excès,
2) la négation volontaire.
Ceci peut provoquer tous les vices, je sais. Mais un vice n’est
funeste que s’il emporte la conscience, s’il nie la direction qui doit
mener vers l’Union. C’est pourquoi, tout en donnant ici, pour
compléter mon enseignement, aussi ces choses, j’ajoute ceci : ce serait
une profonde erreur que de vouloir suivre le chemin de l’Union sans
avoir avant tout clarifié, avoir pénétré toute la connaissance des lois
cosmiques. L’union exige deux choses principalement :
Introduction................................................................................. 7
PREMIÈRE CONFÉRENCE
Les problèmes............................................................................... 13
DEUXIÈME CONFÉRENCE
Le but de la vie et son problème de connaissance......................... 29
TROISIÈME CONFÉRENCE
Le problème moral et l’Union...................................................... 50