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MORSURES ET ENVENIMATIONS

INTRODUCTION   :
 Morsures et envenimation peuvent être très graves et poser des problèmes de réanimation.
 En Algérie, l’envenimation demeure une préoccupation majeure
 D’autres types d’animaux peuvent être responsables d’accidents mortels : Serpents, Hyménoptères, Araignées
 Il peut exister également des morsures suspectes de rage.

MECANISMES PHYSIOPATHOLOGIQUES :
2 types de lésions peuvent résulter du contact avec un animal venimeux :
 Effets directs du poison
 Effets indirects par hypersensibilité

 Les venins scorpioniques agissent par 3 mécanismes :


 une action toxique directe sur les tissus et les organes
 une décharge massive des neurotransmetteurs : activation des canaux cellulaires sodiques, potassiques et
calciques des cellules nerveuses et probablement des fibres musculaires striées.
La conséquence directe de cette activation est une libération massive des neuromédiateurs :
Catécholamines, Acétylcholine, Glutamate et GABA. Ces neuromédiateurs sont à l’origine d’une
défaillance cardiaque, respiratoire, neurologique et digestive.
 une réaction inflammatoire systémique. Le taux des cytokines plasmatiques est corrélé avec la gravite
du tableau clinique et le pronostic vital. Une réaction inflammatoire systémique (SIRS) est
responsable de défaillances cardiaque, respiratoire et neurologique
 La réponse cardiovasculaire de l’organisme à l’envenimation scorpionique se produit en 2 phases :
 La 1ère : vasculaire périphérique secondaire à la libération massive des catécholamines et d’autres
peptides vasoconstricteurs.
 La 2nd : consistes-en des modifications structurales, morphologiques et fonctionnelles de la
performance du myocarde.

 Envenimation Scorpionique :
Epidémiologie :
 L’incidence des piqûres de scorpions est élevée dans certaines régions d’Iran, du Mexique, de Tunisie.
 Problème de santé publique dans certaines Wilayas de notre pays
 50 000 piqûres/an et pas moins de 100 décès
 Création d’un Comité national de lutte contre l’envenimation scorpionique
 Classification des Wilayas concernées en 4 zones à risque létal différent :

 Zones Rouges : létalité +++ : Wilayas : Ouargla, Djelfa, El-Bayad, Biskra, Naama, El Oued, M’sila
 Zones Oranges : létalité ++ : Wilayas : Adrar, Laghouat, Ghardaïa, Batna, Bechar, Tébessa
Médéa, Tindouf, Tissemsilt, Illizi, Tiaret, Tamanrasset
 Zones Bleues : létalité + : Wilayas : Saida, Khenchla, Bouira, Bordj Bou Arreridj
 Zones Vertes : létalité 0 : Wilayas : Bejaia, Guelma, Mila, Ain Defla, Tlemcen

Eléments d’évaluation :
 L’espèce :

le scorpion noir le scorpion jaune

 Le plus dangereux
 Peut être dangereux
 Grande taille, pouvant atteindre 10 cm
 Taille moyenne de 4 à 7 cm
 Teinte brune avec des parties du corps svt noires
 Teinte claire, jaune uniforme de la tête à la queue
(dos, pinces)
 La queue est grêle
 Queue épaisse jusqu’au 4 ème anneau
 Possède 13 toxines identifiées à ce jour
 Possède 6 toxines redoutables

 L’âge du malade : l’adulte jeune est le plus souvent touché par les piqûres, mais taux de létalité plus
important chez les âges extrêmes de la vie
 La taille du scorpion : la quantité de venin inoculée peut être proportionnelle à la taille du scorpion elle
varie d’une piqûre blanche jusqu’à l’injection de la totalité de la bourse du venin
 Le siège anatomique de la piqûre : les membres sont plus fréquemment touchés, mais la piqûre est plus
dangereuse dans les régions vascularisées
 Les tares associées : interviennent également dans l’évaluation
 La saison : la période chaude est la plus redoutable, sans oublier que dans certaines Wilayas les cas de
piqûres sont enregistrées tout le long de l’année les vents de sable constituent également des facteurs de risque
 L’heure de la piqûre : le plus fort taux de piqûres est enregistré le soir
Classification : Sur le plan clinique, la classification est la suivante :

Signes locaux isolés : (1 ou plusieurs)


 Douleur : d’intensité variable au point de piqûre
Grade 1  Fourmillement, Rougeur, Œdème
 Paresthésies ou Brûlures pouvant s’accompagner d’un Engourdissement qui peut être
déclenché par la percussion ou le toucher
 Sans aucun signe général, la douleur est localisée, très violente et peut durer 24 h.

Signes locaux (+/‒ marqués) et signes généraux (signes systématiques


Grade 2 d’envenimation) ; HTA, Fièvre, Sueurs, Frissons, Troubles digestifs,
Manifestations neuromusculaires….

Existence d’une défaillance vitale (3%)


 Troubles Respiratoires : Insuffisance Respiratoire Aiguë, Polypnée, Cyanose,
Encombrement bronchique, et à l’extrême un OAP cardiogénique ou lésionnel.
 Troubles Cardio-Vasculaires : est fréquemment la cause du décès, (Collapsus
Grade 3 cardiovasculaire ou un état de choc), tous les troubles du rythme peuvent être retrouvés :
Tachycardie, Bradycardie, FA ou FV, BAV …
 Troubles Neurologiques Centraux : c’est une souffrance cérébrale secondaire à l’hypoxie
Myoclonies, Agitation, Fasciculations, Crampes musculaires, Dysrégulation thermique,
Troubles de la conscience, Convulsions (enfant), Coma

Facteurs d’aggravation :
 Signes neurologiques sévères
 Espèce et taille des scorpions
 Age
 Siège anatomique d’inoculation
 Délai de prise en charge
 Tares associées
CAT :
Principes :
 Tenir compte de la région géographique concernée  classification des zones en fct du taux de létalité
 Scarification, succion, application plantes et substances diverses : NON
 Pose de garrot : NON
 Détersion – désinfection – vaccination anti tétanos : OUI obligatoires

En pratique :

 Mise en observation 4 à 6 h puis sortie si absence de signes inquiétants


 Sérothérapie : sérum anti-scorpionique : 1 amp IM ou IV selon la forme du sérum
disponible (pas après 6 h sans signes cliniques)
Grade 1  Thérapeutique adjuvante : la douleur est un signe quasi constant.
 Le paracétamol comme antalgique trouve toute son indication 1g toutes les 8 à 6 h.
 Application locale d’une crème anesthésiante (type EMLA® 5%) ou vessie de glace ou
ASPEGIC® : en cas de besoin, comme antalgique, anti-inflammatoire et antipyrétique aux
doses thérapeutiques : 0,5 à 1g, toutes les 4 à 6h

 Hospitalisation de 24 H minimum recommandée


 Réanimation en fonction de la symptomatologie observée
Grade 2  Sérothérapie :
→ Sérum anti-scorpionique : 1 amp IM profonde à renouveler toutes les 3 H si nécessaire.
Au-delà de 12 H, le SAS n’est plus justifié
→ Voie IV plus efficace mais réservée aux cas graves

 Sérothérapie : utilisée car re-libération de toxines, SAS : 1 amp IM ou IV toutes les


3h, si pas d’évolution clinique favorable
 Réanimation : ne peut se concevoir que dans un service spécialisé disposant de moyens de
ventilation artificielle : intubation trachéale et ventilation mécanique
 TRT de l’OAP cardiogénique et de l’état de choc : drogue souvent utilisée :
Dobutamine ou Dobutrex® : à 10 à 15 µg/kg/mn avec un remplissage vasculaire prudent
(défaillance cardiaque)
 Autres thérapeutiques symptomatiques :
Grade 3
 Antiémétiques type Primpéran
 Antipyrétique type Aspégic
 Antispasmodiques et Antihistaminiques
 Neuroleptique type Largactil en cas d’agitation
 Anticonvulsivants type Valium ou Gardénal (enfant)
 Vagolytique type Atropine
 Corticoïdes type Hémisuccinate d’hydrocortisone
 Antihypertenseur type Loxen
Mesures de prévention générales :
 Ne pas retourner les pierres,
 Nettoyer les zones de repos,
 Retourner et placer ses chaussures sur des piquets pendant la nuit,
 Secouer et inspecter ses vêtements le matin avant de s’habiller,
 Ne pas marcher pieds nus, y compris à l’intérieur des habitations,
 Insectifuges : inefficaces contre les scorpions.

 Morsures de Serpents :
Epidémiologie :
 Morbidité et mortalité de l’envenimation par serpents sont moins connues dans notre pays
 Les enfants, les femmes enceintes et les patients porteurs de tares viscérales sont les sujets à risque
 Les morsures intravasculaires, ou localisées au niveau des muqueuses et de la région céphalique, sont
classiquement plus graves
 10 % des morsures sont suivies d’une envenimation
 10 % des envenimations sont graves

Physiopathologie :
 L’absence d’œdème 2 H après la morsure écarte en principe l’envenimation
 Le venin combine en général plusieurs actions :
 Troubles de la perméabilité vasculaire
 Paralysie par atteinte de la jonction neuromusculaire
 Hémolyse
 Troubles de la coagulation
 Troubles du rythme, Hypotension artérielle

Tableau clinique :

Signes Locaux :
 La trace des crochets est bien visible au début : 2 effractions cutanées punctiformes
espacées de 5 à 10 mm
 Un œdème apparaît rapidement, est maximum en 3 à 6 h, pouvant être très extensif.
Grade 1
C’est l’œdème qui signe l’envenimation
 La peau est froide, écchymotique, purpurique, on observe des phlyctènes
 La douleur est constante mais d’intensité variable
 Les complications locales (nécrose) sont rares

Signes Régionaux :
Grade 2
 Correspondent à l’extension de l’œdème

Signes Généraux :
 Troubles digestifs : fréquents, précoces à type de nausées, vomissements, plus rarement
dlrs abdominales et diarrhée
 Troubles neurologiques : Angoisse, Agitation parfois Somnolence ou Crise convulsives
et Coma
 Hyperthermie à 38°5 en-dehors de toute complication infectieuse
 Hypotension en général modérée. Mais on peut observer une grande insuffisance
Grade 3
circulatoire chez l’enfant ou en cas d’envenimation traitée tardivement.
Les hypoTA précoces sont dus aux substances vasoactives (Histamine, Bradykinine
libérées à partir des tissus envenimés).
Les hypoTA tardives sont dus à une déshydratation extracellulaire (Œdème, Diarrhée)
 Troubles cardio-vasculaires : troubles de la repolarisation (hypovolémie,
microthromboses)
 Hémolyse et CIVD dans les formes graves

CAT :
 TRT de premier secours :
 Calmer et allonger le patient
 Désinfection de la plaie avec un antiseptique (Dakin*, Bétadine*)
 Pansement modérément compressif
 Immobilisation du membre atteint
 Pas de garrot car aggrave les lésions locales
Grade 1  Réfrigération locale
 TRT médicaux :
 Anxiolyse par Benzodiazépine
 Antalgiques : Paracétamol, pas d’aspirine
 ATB anti-anaérobie : pénicilline G 3 à 6 M d’Unités
 Gammaglobulines antitétaniques
 TRT d’un choc anaphylactique par adrénaline et remplissage

 TRT de premier secours : idem à grade 1


 TRT médicaux : idem au grade 1 plus corticoïdes type Solumédrol (bien qu’efficacité
Grade 2
non prouvée)
 TRT spécifique : immunothérapie contre le venin de vipère

 TRT de premier secours : idem à grade 1


 TRT médicaux : idem à grade 2
Grade 3
 TRT spécifique : immunothérapie
 TRT des troubles hémodynamiques

 Piqûres d’hyménoptères :
 Guêpes, abeilles, fourmis
 Le venin d’abeille ou de guêpe est hémolytique, neurotoxique et possède une action histaminique
 L’abeille porte un aiguillon barbelé qui reste fixé dans le derme après la piqûre, provoquant la mort
de l’animal ; la guêpe, au contraire, possède un aiguillon peu barbelé et peut donc piquer plusieurs
fois
Réaction à une piqûre :
 Douleur Aiguë  Gonflement Local
 Erythème  Prurit Intense
⚠ Dans les tissus mous, l’œdème peut être très intense (paupières) ; si inhalation → œdème pharyngo-laryngé
⚠ Chez les individus sensibilisés, une seule piqûre peut provoquer un choc anaphylactique

CAT :
 Rechercher le dard et l’enlever en ayant soin de ne pas presser la glande pour ne pas disséminer plus de venin
 Lotions Antiprurigineuses fraîches, Antihistaminiques locaux, Glace
 Corticoïdes par voie IV : Solumédrol 1mg/kg, l’efficacité n’est pas immédiate
 Adrénaline : amp à 1mg, ramenée à 10 ml, injecter cc/cc en cas de choc
 En cas de détresse respiratoire : Intubation trachéale, Trachéotomie pour maintenir la liberté des VA
 Araignées :
 La morsure de nombreuses araignées est localement irritante et plusieurs espèces
peuvent déclencher une intoxication grave voire mortelle
 Les araignées venimeuses : femelles ou veuves noires qui mord l’homme
 Le venin provoque des contractions musculaires hyperalgiques lombaires, abdominales ou faciales,
éruption érythémateuse, troubles neurovégétatifs (variation de la température et de la PA)
 Dans nos régions, la morsure d’araignée est peu dangereuse
 CAT : Antalgiques dont opiacés dans des morsures d’araignées exotiques

 Tique :
 Elles se fixent par leur rostre
 De l’éther leur fera lâcher prise
 Transmission exceptionnelle de Paralysie ascendante et Polyradiculonévrite

 Méduse :
 Sont urticariantes avec parfois malaise général, crampes
 Ablation des filaments adhérents à la peau par Frottage avec du sable sec
 Pommade antalgiques, Antihistaminiques

 Morsures suspectes de rage :


 La rage peut être inoculée à l’homme par les chiens, chats, bovidés, renards
 La CAT est avant tout basé sur l’étude du comportement de l’animal responsable dans les jours qui
suivent : la mort survient très rapidement, soit par une rage paralytique avec hypersialorrhée,
paralysie de la déglutition puis quadriplégie mortelle en 5 à 10 jours
 Dès que le diagnostic de rage peut être porté, le TRT général doit être appliqué à la victime dans un
centre antirabique
 Si l’animal n’a pu être capturé et si le risque de contamination est probable, la vaccination est
nécessaire : 14 injections SC à raison d’une par jour pratiquées dans un centre spécialisé
 Le choc anaphylactique se traite par adrénaline, corticoïdes (œdème de Quincke)

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