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Aux pieds du Moyen-Atlas

SEFROU, la "petite Jérusalem"

Je vous convie aujourd'hui à une balade à nulle


autre pareille, au cœur d'un des plus beaux "jardins du
Maroc", dans la cité merveilleuse de SEFROU.
SEFROU, la belle, est située aux pieds du
Moyen-Atlas, à une trentaine de kilomètres de Fès,
perchée à 850 mètres d’altitude. Elle est sans doute une
des plus vieilles villes du pays. Elle aurait même été
fondée en l'an 682, un siècle avant Fès.
L'antériorité de la construction de SEFROU, par
rapport à celle de Fès, a été relevée par Hassan Al-
Wazzan Al-Gharnati, dit Léon l'Africain.
Une réalité qui aurait été en fait soulignée, dès le
début du XIVème siècle, par le chroniqueur Ali Ibn Abi
Zar dans son "Rawd al-Qirtas" : "On allait de la ville de
Sefrou au village de Fès", a t'il pu écrire. La ville sera
décrite, au début du XXème siècle, comme "l'une des
plus prospères et des plus ordonnées du Maroc".
C'est en l’an 807, alors que le chantier de Fès
venait à peine d'être lancé, qu’Idriss II, le natif de
Walili... Volubilis….serait venu s'installer durant plus
de deux années dans un village sur les berges de la
rivière Aggay, qu'il aurait baptisé Habounna, "ceux qui
nous ont aimé", et qui est aujourd'hui un des quartiers
de la ville.
SEFROU est traversée par une rivière, l'Oued
Assif N'aggay, qui signifierait "les joues" en amazigh.
Au delà du Mellah, la rivière porte le nom de "Oued
Lihoudi". Celle-ci approvisionne l'ensemble des canaux
et permet l'irrigation des nombreux jardins de la ville.
SEFROU est également connue pour sa cascade,
qui explique la fraîcheur des lieux, ainsi que l'abondance
et la richesse de la végétation, qui a valu à la ville le
surnom de "Jardins du Maroc".
SEFROU est surtout réputée, depuis des siècles,
pour la cohabitation harmonieuse des trois religions
abrahamiques, dont elle a été le havre...ainsi qu'en
témoignent les versets qui suivent du vénérable Cheikh
soufi Abdelkader Tomouri : " O toi visiteur, avez vous
été informé de la beauté de cette ville ? Ses jardins, ses
cascades et ses sites, qui vous donnent la joie des yeux et
le bonheur de vivre. Son climat, son eau et ses cerises
sont pour vous le remède à tous les maux. Que vous
soyez juif, chrétien ou musulman, les habitants de cette
ville vous accueillent à bras ouverts. Et à l'aube, ils
vous emmènent au point culminant de la colline
récupérer la baraka du vénéré Saint Sidi Ali
Bousserghine".
Au XIXème et XXème siècles, SEFROU est en effet
un havre de paix et de convivialité, un foyer de
cohabitation exemplaire où se côtoient amazighs,
arabes, juifs et chrétiens en totale communion
Au XIXème siècle, en effet, à SEFROU les Juifs
sont même plus nombreux que les Arabes et les
Amazighs. La ville, disait-on, avait la plus forte
concentration de Juifs au mètre carré dans le monde, ce
qui lui valait le sobriquet de « Petite Jérusalem ».
Le Mellah aurait été construit dès le XIIIème
siècle, sous le règne d'un Sultan mérinide Yacoub ben
Abdelhaq. Il occupe une position centrale à l’intérieur
des quartiers musulmans de la médina. Les juifs y
tiennent des petites boutiques bancaires connues sous
le nom de hwanet tale’.
Les Juifs de la ville sont le plus souvent des
artisans spécialisés dans le cuivre, l'argent, l'or, et le
cuir, mais pratiquaient également le tissage, la
menuiserie et le commerce du bois et du charbon.
Il y avait, disait-on, le juif assis....lihoudi d
leglass, autremant dit le banquier et le commercant…et
lihoudi d rkab…à savoir le juif comporteur itinérant et
guide de caravane, appelé communnémlent azettat.
IL
Si jamais vous avez l'opportunité et le bonheur de
visiter SEFROU, veillez à arpenter la vieille médina, à
franchir ses 7 portes, à parcourir ses remparts, à
découvrir ses borjs, ses demeures juives agrémentées de
leurs balcons, ses zaouias, ses mosquées, ses ponts et ses
foundouks.
Rendez vous ensuite au complexe artisanal de
Bab Lamqam, ainsi qu'au Mausolée de Sidi Ali
Bousserghine, le saint patron de la ville. N'oubliez
surtout pas de vous rafraîchir près de la cascade de
l'oued Aggay et sur les terres fertiles qui l'environnent,
où pousse "habb lemlouk", le cerisier.
Allez enfin visiter le Kahf Lihoudi, la "grotte du
juif", au milieu de la falaise de Jbel Al-Binna.
Au cas où vous souhaiteriez découvrir SEFROU
allez-y de préférence, si vous ne détestez pas la foule, au
courant du mois de juin, pour le fameux "festival des
cerises".
Vous y ferez la fête durant trois jours, y célèbrerez
la beauté de la région et sa richesse culturelle, et
choisirez...dans le tintamarre burlesque des musiques
rurales et urbaines…..et le brouhaha assourdissant des
fanfares et des chevauchées de la fantasia.... la
nouvelle "reine des cerises". Vous ne le regretterez sans
doute pas.

Fouad ZAIM-CHERKAOUI

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