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2023 12:11

Vie des arts

Sanaa
Ville d’art et d’Islam
Hélène Legendre-De Koninck

Volume 37, numéro 147, été 1992

URI : https://id.erudit.org/iderudit/53654ac

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Éditeur(s)
La Société La Vie des Arts

ISSN
0042-5435 (imprimé)
1923-3183 (numérique)

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Citer cet article


Legendre-De Koninck, H. (1992). Sanaa : ville d’art et d’Islam. Vie des arts,
37(147), 22–27.

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SANAA:
VIU
4r«AJrT
Hélène Legendre-De Koninck
Un e n s e m b l e

architectural

mordoré au coeur

du Y é m e n ;

une ville entière

de maisons-tours
C'est ainsi qu'apparaît la vieille ville de
c h a r g é e s d'un d é c o r Sanaa à la pointe de la péninsule ara-
bique. Les portes de la mer Rouge ne sont
blanc é b l o u i s s a n t
pas loin qui s'ouvrent sur l'océan Indien.
auquel s'accorde Dressée sur un plateau fertile, Sanaa, tout
en hauteur, est encadrée de montagnes.
d a n s la l u m i è r e Les origines mythiques d'Azal, ancien
nom de la ville, sont évoquées dans la
c e l u i des m i n a r e t s ;
Genèse; Sanaa toutefois s'inscrit dans
des volumes l'histoire au II' siècle. Le royaume de Saba
existe toujours à l'époque bien qu'il ait
e t des m o t i f s puisés connu son apogée déjà vers le Ve siècle
avant J.C. Depuis la haute Antiquité, ce
dans un m ê m e
prestigieux royaume contrôle le com-
répertoire ancien ; merce de la route de l'encens qui relie le
sud de la péninsule arabique à la Méditer-
« un m u s é e à c i e l ranée orientale en longeant le grand
désert du Rub Al-Khali. Les caravanes qui
o u v e r t » a-t-on é c r i t .
y défilent sont chargées des précieux
produits d'Arabie et même de l'Inde:
encens, myrrhe, aromates, indigo, or,
pierreries; ceux-ci sont acheminés vers
les empires célèbres du bassin méditer-
ranéen -Egypte, Grèce, Rome- et vers ceux
de la Mésopotamie dont les extravagances
des dieux et des rois n'avaient jamais fini
de s'accroître.
Sanaa au deuxième siècle est au croi-
sement de ce parcours très fréquenté et
d'une seconde piste qui mène à la mer
Rouge et dont elle tire sa richesse. Cité
bien fortifiée, tel que son nom le signifie,
elle aurait accédé au statut de capitale
royale au IIe siècle dans le cadre de la
fédération sabéenne"'; l'élévation du
palais de Gumdam en faisait l'une des
villes d'Arabie ancienne les plus impor-
tantes. Lieu d'une des plus riches civilisa-
tions de l'Antiquité, la civilisation de Saba,
toute cette région de hauts-plateaux et de
déserts constitue en outre la terre
d'origine de la culture sud-arabique'2'.

Maison-tour (ESayt Jarafi) :


malraj surmonté de merlons et terrasse
à arcades.

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Maisons-tour aux arcades
finement sculptées.

L'ensemble architectural actuel, com- se succéder les invasions des Ethiopiens,


par les jeux de textures et d'ouvertures,
me la ville elle-même, traduit une orga- des Perses et, plus tard, des Turcs. par l'harmonie et les contrastes. Blancs
nisation spatiale caractéristique des À compter du VIP siècle, le fondssur ocre, les motifs s'affinent vers le haut.
premiers siècles de l'Islam ; dès le début Ils se déploient dans un foisonnement jus-
artistique de l'Arabie ancienne continuera
de l'Hégire (622) d'ailleurs, dès le VIP qu'aux merlons, ces formes très ancien-
de fournir les principes de base de l'archi-
siècle et même dès le vivant du Prophète, nes qui rehaussent fréquemment les
tecture. Des influences byzantines (venues
la cité yéménite avait eu un rôle important angles du toit. Chevrons et autres figures
par l'Ethiopie), hellénistiques et perses,
dans la diffusion de la religion musul- géométriques, entrelacs, et rinceaux
dont on s'accorde à dire qu'elles ont par-
mane1". Des remparts entourent Sanaa, composent l'essentiel de leur répertoire.
ticipé à l'élaboration du style islamique,
espace sacré en même temps que sont aussi désormais réunies; leur pré- La blancheur du plâtre exprime avec
protégé. Le réseau des rues se fonde sur sence se fera surtout sentir dans les cons-
éclat le rythme propre à ces façades
un principe d'aménagement qui va du tructions religieuses"'. d'apparence modelée. Des frises hori-
pubhc au privé et dont toutes les nuances Environ sept mille maisons-tours com-
zontales de plus en plus élaborées jusqu'à
s'inscrivent dans le tracé urbain, de la posent aujourd'hui l'ensemble : on évalue
la bordure du toit soulignent chacun des
porte de la ville à celle de la maison, de l'âge de quelques-unes d'entre elles à
étages tout en équilibrant par leurs
l'artère à l'impasse en passant par le 800 ans et celui de la plupart à quelque
« volumes visuels » la verticalité qui
marché. Des jardins nombreux et souvent prévaut(4). D'autres frises courtes, vertica-
300 ans. La caractéristique majeure de
étendus, s'intègrent au paysage urbain. ces immeubles reste leur développement
les, s'accordent avec les premières ; elle
La ville atteint son apogée au X1 siècle ; vertical. Répondant à des impératifs renforcent à leur tour l'impression
et les premières descriptions arabes de propres à la topographie, à la défense et
d'équihbre, puis ajoutent à celles d'har-
l'architecture de Sanaa remontent préci- à l'économie d'espace, ces demeures sont
monie et d'unité. Avant tout, ces mêmes
sément à cette époque: celles de Ibn aussi adaptées aux besoins d'une famille
motifs avaient été inscrits dans l'épaisseur
Rustah, Al-Hamdani et Al-Razi. Ces patriarcale très étendue; la partie infé-
des murs puisque ce sont les agencements
auteurs insistent sur le développement rieure étant réservée aux bêtes et au grain,
de briques saillantes qui les articulent ; et
vertical des immeubles ; ils évoquent les la distribution hiérarchique de la famille
ils sont encore repris dans les boiseries
décors de plâtre, de briques, et de pierre se fait sur les étages supérieurs. L'ensem-
ajourées. Des niches aveugles, des
de taille, de même que l'utilisation ble compte souvent de cinq à sept niveaux
moucharabiehs, et des loggias dévelop-
d'albâtre aux fenêtres et la blancheur et il peut en compter jusqu'à neuf. Une
pent les rythmes choisis; ces éléments
d'intérieurs spacieux. D'autres sources, pièce de réception aux très larges fenê-
d'architecture accentuent le relief des
par exemple épigraphiques, ont permis tres, le mafraj, occupe le sommet de la
façades ouvragées comme ils multiplient
de faire remonter le modèle de la maison- maison et se laisse reconnaître de l'exté-
les ruptures d'ombre et de lumière qui
tour aux temps pré-islamiques. Le palais rieur : cette pièce s'ouvre sur une terrasse
animent l'ensemble.
de Gumdam aurait eu au moins sept souvent bordée d'arcades. Les maisons A ces jeux d'ombre et de lumière
étages ; l'immeuble, de base carrée, s'agrandissant par le haut, il n'est pas rare
s'ajoutent au niveau des fenêtres ceux du
aurait eu une pièce à fenêtres d'albâtre que les étages supérieurs soient plusregard. L'oeil extérieur ne doit pas péné-
translucide à son sommet et même un toit récents: ceux-ci datent le plus souvent
trer à l'intérieur cependant que la vue sur
d'albâtre sur lequel se serait découpée d'une centaine d'années. la rue doit être assurée depuis l'intérieur ;
l'ombre des oiseaux en vol. La couleur de Les murs d'une maison-tour, très épais la distribution des ouvertures qui réserve
la pierre des murs aurait été particulière près du sol, vont en s'amincissant à les plus grandes d'entre elles pour les
à chacun des orients : rouge, verte, noire mesure que la hauteur s'accroît. Sans étages supérieurs contribue à l'appli-
et blanche. Avant l'avènement de l'Islam véritables fondations, l'immeuble est cation de la règle. C'est précisément là,
encore, entre les IVe et VT siècles, la hié-
constitué à sa base de pierre de taille. autour des fenêtres, que l'enduit de
rarchie entre les étages, comme le privi- Après les trois à dix premiers mètres, la plâtre, abondamment exploité, en arrive
lège du niveau supérieur, est à son tour pierre, qui d'ailleurs donne heu à des aux effets les plus subtils.
bien attestée; et elle est associée au agencements de couleurs, est remplacée Ces fenêtres se composent de deux
déploiement progressif des fenêtres de par la brique cuite; c'est le début de parties. La première, rectangulaire, au
bas en haut des façades. l'espace habitable. Le bois, rare, est peu seuil bas, s'ouvre sur l'extérieur et assu-
Ensemble, toutes ces sources ont utilisé; pour la structure des grandes re: vue, lumière et ventilation. Elle est
contribué à reconstituer la très longue fenêtres, le bois d'abricotier, résistant à munie de volets. La seconde, arc en plein
continuité architecturale de Sanaa ; outre l'humidité, est très prisé. Un escalier de cintre selon une influence byzantine, est
ses maisons, ce sont ses palais, ses mos- pierre continu, jouant le rôle d'une fixe et surmonte la première; elle est
quées, medressa (écoles coraniques), colonne creuse, constitue l'épine dorsale ornée de motifsfinementdécoupés dans
samsara (caravansérail) et hammam de l'immeuble et en assure la solidité. le plâtre.
(bains publics) qui en témoignent enco- Les maisons de Sanaa nous éblouissent Pendant des siècles, ces arcs ont été
re. Cette continuité s'est maintenue par par leurs façades. Elles nous fascinent par garnis de «feuilles» d'albâtre (1 1/2 cm
delà une histoire mouvementée qui a vu l'abondance et la spontanéité du décor, d'épaisseur). Depuis la fin du siècle

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dernier et surtout depuis les années 1930- La mosquée de Qubhat al-Tahlah est une
1950, le vitrail, dont la tradition est très illustration de ce modèle turc.
ancienne dans le monde arabe, a rem- Les mosquées les plus anciennes, et
placé progressivement l'albâtre ; aujour- qui survivent toujours, reproduisent le
d'hui, il est particulièrement répandu aux plan simple de la maison du Prophète à
fenêtres de Sanaa donnant, le soir, des Médine. Elles ont un toit plat appuyé sur
allures de cathédrale à la ville et dépla- des arcades.
çant, le jour, ses reflets sur le plâtre blanc La Grande Mosquée, construite une
des intérieurs et la pierre des planchers. première fois au VIP siècle, remonterait
Ces arcs seuls diffusent et voilent la lumiè- pour l'essentiel aux VHP et LXe siècles.
re lorsque les volets sont fermés. C'est alors que son premier minaret fut
D'autres ouvertures, ocuh superposés élevé sur un modèle de Médine. Les arca-
au creux d'une niche, percements étroits des qui entourent aujourd'hui sa cour
intercalés entre les grandes fenêtres, intérieure sont d'influence byzantine et
meurtrières regroupées à la base des im- perse ; les deux minarets qu'on peut voir
meubles, s'intègrent à la disposition géné- actuellement datent du XIII' siècle et son
rale pour assurer plus discrètement vue, dôme, du XVIIe siècle.
lumière, ou ventilation. Les minarets de Sanaa ont leur style
Le rôle du plâtre blanc est ici propre ; ils s'accordent avec le décor des
chargé de sens. En plus de her maisons-tours. Elevés en briques ocres
les éléments de la façade, il comme celles-ci, ils sont ornés de reliefs
souhgne les ouvertures, les orne, couverts de plâtre ; et l'on retrouve ici des
en exagère ou dissimule les frises horizontales aussi bien que verti-
dimensions. Créant l'illusion, il cales. Posé sur une base carrée, le fût du
oriente en quelque sorte le regard minaret est d'abord cylindrique puis poly-
sur la fenêtre plutôt qu'à l'inté- gonal. Une corniche précède la petite
rieur. Au bout du compte, on peut coupole du sommet. Ce travail de briques
penser que ces ouvertures dési- saillantes, si répandu à Sanaa, pourrait
gnent mieux qu'un mur plein, être originaire d'Asie centrale"1' ; il se
aveugle, la hmite entre l'extérieur serait développé chez les tribus turques
et l'intérieur de la maison. du XIe siècle. C'est par la Perse et la Méso-
L'impression d'ensemble est potamie que la technique serait parvenue
étonnante. Les tracés blancs - au Yémen. Par des rappels de formes, de
dentelle lourde - qui parcourent couleurs et de matériaux, les minarets
les façades donnent aux maisons- s'intègrent à l'ensemble architectural de
tours des allures d'apparat. la ville et même au paysage entier.
Depuis la rue, la perspective of- De tout temps, historiens et aven-
ferte est celle d'un « déploiement turiers ont décrit les terres d'Arabie :
poétique et princier"1 ». Ptolémée dans l'Antiquité, Niebuhr au
Les nombreuses mosquées XVIIIe siècle, Doughty au XLXe siècle et
qui parsèment le paysage de bien d'autres encore. Ces mêmes terres
Sanaa remontent dans certains ont aussi fasciné poètes et écrivains
cas au tout début de l'Islam. Au d'Occident. Shakespeare, Rimbaud, et
fil de reconstructions, de restau- Henri de Monfreid sont parmi eux ; plus
rations et de constructions récemment, le cinéaste Pasolini alla y
nouvelles, elles ont accumulé chercher le décor de ses Mille et Une
l'éventail d'influences artistiques Nuits.
qu'elles reflètent aujourd'hui'. A une époque, le royaume de Saba
De ce point de vue, les XIIIe et XVe fut célèbre depuis Rome jusqu'à l'Inde. Il
siècles furent marquants. Le pre- eut aussi une reine dont la visite légen-
mier, période prospère au daire au roi Salomon est évoquée dans le
Maison-tour : Yémen, laissa des mosquées Coran comme dans la Bible. Cette reine
disposition hiérarchique des fenêtres.
prestigieuses; le second, correspondant fut le sujet de fresques et de vitraux dans
au début de la conquête ottomane, vit les églises médiévales d'Europe ; elle fut
l'introduction des modèles d'Istambul et aussi celui de miniatures persanes<7).
en particulier celle de la grande coupole. Aujourd'hui, la bibhothèque de manus-

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Paysage urbain
de la vieille ville de Sanaa.

crits anciens de Sanaa est très riche ; elle internationale"". Italie, Pays-Bas, ( 1 ) Lewcock, Ronald. The OUI Walled City of Sana, Unesco,
Paris. 1986.
rivalise avec celles du Caire et de Norvège, Allemagne, France, République
Kairouan1"'. de Corée, Suisse, Japon et Etats-Unis (2) Caubet, Annie. Aux sources du monde arabe: l'Arabie
avant l'Islam, Institut du Monde Arabe et Réunion des musées
Depuis vingt à trente ans, le pays répondent à l'appel. En 1986, l'Unesco nationaux, Paris, 1990.

s'ouvre. La capitale yéménite se moder- inscrit Sanaa sur la Liste du patrimoine (3) Collectif, Sanaa: parcours d'une cité d'Arabie. Institut
du Monde Arabe, Paris, 1987.
nise et le processus entraîne, bien sûr, mondial; elle y rejoint une autre ville
une série de contradictions. Dès 1972 yéménite, Shibam, inscrite depuis 1982'"'. (4) Daum, Werner, éd., Yémen: 3000 years of Art and
Civilisation in Arabia Felix, Pinguin-Verlag, Innsbruck. 1988.
cependant, des politiques et des mesures Le Yémen, avec l'appui international,
(5) Caspar, Lorand, • Arabie heureuse -, La Noutvlle Revue
de sauvetage étaient élaborées. Le patri- continue de veiller à la sauvegarde de Française, 450-451, p. 42-69.
moine culturel de Sanaa ferait désormais Sanaa : une deuxième campagne de res- (6) Lewcock, Ronald, - Les mosquées prestigieuses du Moyen
l'objet d'une attention spéciale au Yémen : tauration est en cours et une troisième est Age yéménite», Dossiers de l'archéologie. 33. mars-avril
1979. p. 97-106.
le gouvernement s'est doté d'une loi prévue. Le programme s'étendra sur une
protégeant, avec des moyens très limités, quinzaine d'années encore. (7) Pirenne, Jacqueline. • Bilqis et Salomon : la reine de Saba
dans l'histoire». Dossiers de l'archéologie, 33. mars-avril
l'ensemble du patrimoine et en particulier C'est dans le cadre ancien de cette ville 1979, p. 6à 10,

celui de la vieille ville de Sanaa. La parti- d'art et d'islam qu'ont lieu de nos jours (8) Soliman, Lotfallah. « Sanaa, perle de l'Arabie »,
Le Courrier de l't'nesco, octobre 1991.
cipation des citoyens est encouragée. En des rencontres artistiques internationales
1984, à la suite d'inventaires et d'études, sur des thèmes tels la poésie et la tech- (9)Legendre-De Koninck, Hélène. - Les villes du patrimoine
mondial : capitales du temps ». Cahiers de Géographie
et après la conclusion d'ententes entre le nique du vitrail. Tout récemment, un du Québec, 35, 94, avril 1991, p. 9-97. L'article est repris
gouvernement et l'Unesco, un décret dans Cités souvenir, cités d'avenir. Villes du patrimoine
colloque sur l'intégration urbaine et mondial. Musée de la civilisation, Québec, 1991, PP 31-171
présidentiel place la restauration et la conservation du coeur historique de (pages impaires).
sauvegarde de Sanaa sous l'autorité d'un Sanaa était organisé par l'Unesco. Et tout
Haut Comité et le directeur général de un potentiel archéologique reste encore à
l'Unesco lance un appel à la communauté découvrir!n

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