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Année universitaire 2019- 2020

Pr. AMIDI Abdelbasset

2eme Année Hist. Art et Archéologie

Cordoue : Capitale des Umaiyades


Étude historique et urbaine

Introduction
I) L’évolution urbaine et le plan de la ville

1) La physionomie de la ville et leur croissance

De la confrontation du trop bref donné qu’on peut extraire des descriptions des

géographes, des chroniques et des répertoires biographiques avec le plan actuel de Cordoue,

on peut toutefois tirer un certain nombre des conclusions sur la configuration de la ville à

l’ époque Omeyade .

La ville de Cordoue, se compose de la madina classique ou cité, cette physionomie se

trouve dans toutes les villes Andalouses, et on Occident comme en Orient. La ville est toute

dotée d’un quartier central, qui est celui des affaires et présente le plus d’animation ; il s’étend

au voisinage immédiat de la grande mosquée. A ce noyau, vers lequel convergent les quelques

voies axiales qui partent des portes de la ville, des quartiers secondaires viennent s’agréger;

c’est la que les habitants résident en majorité et se livrent, pour la plupart, à leurs occupations,

artisanales ou autres. Aux abords du rempart ou’ il y a en général plus d’espace libre, les

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demeures sont moins ramassées et plus vastes c’est là que loge volontiers l’aristocratie, mais

il peut arriver que la ville devienne surpeuplée et soit des lors obligée de déborder hors de son

enceinte. Des quartiers suburbains se construisent, qui finissent par se souder à la ville

proprement dite et déterminent la construction d’un nouveau rempart. Les nouveaux quartiers

sont désignés sous l’appellation de « faubourgs » (‫ )رتط‬ou’ d’ « annexes latérales » (‫)جاًة‬.

Chacun d’eux conserve sa vie propre et constitue en quelque sorte une madina au petit pied.

Ce processus de croissance de Cordoue dans le domaine urbain comme dans les autres,

n’a jamais voulu rompre avec la tradition orientale, la ville andalouse a laissé se greffer sur les

quelques voies qui relient entre elles ses issues principales sur l’extérieur, ou dans le cas

d’importance moyenne, sur sa voie principale (la grande rue, ‫)المحجة العظمى أو السكة الكبرى‬, un

enchevêtrement des rues secondaires (‫ )سقاق‬au tracé sinueux, donnant accès à des venelles

étroites (‫)درب‬, constituées généralement par des courts tronçons tournant brusquement à

angle droit pour se terminer en impasses. Ces rues et ces ruelles peuvent délimiter soit des

quartiers (‫)حىهح‬, soit des sous quartiers (‫ )حارج‬portant en général le nom de la petite

mosquée dans la quelle les habitants vont faire leurs dévotions. C’est ainsi qu’on disait

couramment à Cordoue d’une personne quelconque qu’elle habitait dans tel quartier, et dans

ce quartier, dans telle « paroisse » (‫)مسجد‬. Il fallait une connaissance profonde de l’ensemble

urbain et des divers carrefours, qui ne s’élargissaient qui rarement pour former des places,

pour se retrouver dans un pareil dédale, surtout dans les villes plates.

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2) Le rempart et les portes de la Madina


Les sources arabes sont unanimes à préciser que seule, la partie centrale de

l’agglomération cordouane, correspondant au site de l’ancienne capitale de la Bétique, la

madina, ou aussi la Kasba ‫ القصثح‬fut à toute les époques de son histoire musulmane, ceinte

d’un repart continu. Ce rempart construit en pierre calcaire.

Sous le gouvernement du wali al-samh ibn al-khawlani, puis cinquante ans plus tard, en

149 H- 776, au cours de la règne de l’émir Abd al-Rahman I, l’enceinte a restauré. Le rempart

de la madina affectait la forme d’un parallélogramme à peu près régulier, dont l’un des petits

cotés, s’étendant de part et d’autre de la voie d’accès au pont romain sur le Guadalquivir,

longeait la rive droite du fleuve, sur environ 800 mètres. A l’angle sud-ouest, le tracé de la

muraille remontait en s’infléchissant vers le Nord-Est, sur près de 1200 mètres, puis courait

en direction Ouest-Est, pour redescendre une manière à peu près rectiligne vers l’angle Sud-

Est, sur le Guadalquivir. Sa langueur totale ne dépassait pas ainsi quatre Kilomètres, ce qui est

bien conforme à l’estimation d’Ibn Hawkel ‫اتي حىقل‬, qui déclare expressément qu’il fit

plusieurs fois le tour de l’enceinte de la madina cordouane en une heure à peine.

Le même voyageur ‫ اتي حىقل‬précise qu’une grande voie Nord-Sud reliant al-Russafa

‫ الزصافح‬au pont de Guadalquivir, constituait l’axe principal de circulation à l’intérieur de

cette enceinte. Celle-ci, au témoignage concordant de toutes les sources arabres, était percée

de sept portes : 1- bab al-Kantara ‫ تاب القٌؽزج‬ou’ bab al-Wadi ‫ تاب الىادي‬ou’ bab

al-Djazira ‫ تاب الجشيزج‬2- bab Amer ‫ تاب عاهز القزشي‬3- al-bab al-Djadid ‫الثاب‬

‫ الجديد‬4- bab Tulaitula ‫ تاب ؼليؽلح‬ou’ bab Rumiya ‫ تاب الزوهيح‬ou’ bab Abd al-

Djabbar ‫ تاب عثد الجثار‬5- bab al-Djawz ‫ الثاب الجىس‬6- bab Liyun ‫تاب ليىى‬

ou’ bab Talabira ou’ bab al-Yahud …. 7- bab al-Attarin ‫تاب العؽاريي‬

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Les quartiers du nord et de l’ouest : les sources arabes et surtout Ibn Bashkuwal et Ibn

al-Khatib situent trois quartiers à l’extérieur de la porte de Léon ‫ تاب ليىى‬ou’ bab al-

Yahud au nord de la madina : celui qui portait le nom même de la porte rabad Bab al-Yahud

‫ رتط تاب اليهىد‬ou’ de la Mosquée d’umm Salama ‫ ; رتط هسجد أم سالهح‬celui d’al-

Russafa. Ce dernier, le plus éloigné du centre de la ville, s’était constitué aux abords de la

résidence préférée de Abd al-Rahman I.

Dans la coté de l’ouest, Ibn bashkuwaal et Ibn al-Khatib s’accordent à y dénombrer neuf

rabads : al-Rakkakin ‫الزقاقيي‬, Msdjid al-Shifa ‫هسجد الشفاء‬, Masdjid Msrur ‫هسجد‬

‫هسزور‬, Balat Mughith ‫تلػ هغيث‬, Hammam al-Ilbiri ‫حوام االلثيزي‬, al-sidjin al-Kadim

‫السجي القدين‬, Rawda ‫الزوظح‬, Masdjid Adjab ‫ هسجد عجة‬et Masdjid Mut’a ‫هسجد‬

‫هؽاع‬.

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II- La grande Mosquée de Cordoue

La grande mosquée ou’ comme on l’appelle al-masgid al-gami’ ‫الوسجد الجاهع‬,

forme à l’heure actuelle un quadrilatère d’environ 180 mètres sur 130 mètres de large. Les

deux tiers de la surface correspondante sont occupés par la salle de prière, l’autre tiers par le

sahn ‫صحي‬. Le tout est entouré d’une enceinte crénelée avec des contreforts qui la flaquent à

intervalles réguliers, et des portes monumentales qui ont presque toutes été murées pour servir

de fond à des nombreuses chapelles. Bâtie des l’origine en bordure de la rue qui descend au

pont du Guadalquivir, face au palais, elle n’a pu s’agrandir par la suite que vers le sud, en

direction du fleuve, et vers l’Est.

D’après ar-Razi ‫الزاسي‬, Ibn Idari ‫اتي عذاري‬et al-Makari ‫ الوقزي‬on peut

reconstituer l’histoire de la mosquée primitive. Au rapport d’ar-Razi, quand les Musulmans

s’emparèrent de l’Espagne, ils prirent, en ce qui concernait les édifices du culte, la ligne de

conduite qu’avaient suivie les généraux arabes d’orient sur les conseils du calife Umar : le

partage des églises entre musulmans et chrétiens, dans les villes qui s’étaient rendues par

traité. C’est ainsi qu’on suivit à Cordoue l’exemple de l’église Saint-Jean de Damas, et un

arrangement fut conclu avec les habitants, moyennant quoi la moitié de la grande église

consacré à Saint Vincent fut réservée aux nouveaux maitres de la ville pour être transformé

mosquée. L’autre moitié resta à la disposition des Cordouans pour la célébration de leur culte,

mais tous les autres temples chrétiens de la ville furent détruits. Pendant un certain temps, la

salle de prière ainsi aménagée suffit aux conquérants, mais la population musulmane allant en

augmentant en Espagne, et surtout à Cordoue, devenue le siège du gouvernement, la mosquée

fut bientôt trop exiguë. Cet état reste pendant d’un demi-siècle, jusqu’au moment ou’

Cordoue, devint la capitale du nouvel émir umaiyade Abd ar-Rahman I.

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Celui-ci décida d’abord d’entrer en possession de l’autre moitié de l’ancienne église,

restée affectée au culte chrétien et de rebâtir une nouvelle mosquée sur l’emplacement du tout.

Il fallait pour cela conclure un arrangement avec la communauté chrétienne : tout acte de

force eut été une dérogation formelle aux clauses du traité de capitulation. Abd ar-Rahman I

fit appeler les chefs de la communauté et leur offrit de leur racheter, moyennant une somme

importance, la moitié qu’ils avaient conservée.

Suivant les projets du prince, les travaux de démolition et de reconstruction furent

entrepris en 169 H (783). L’année suivante, ils étaient terminés. La nouvelle mosquée n’était

encore qu’un oratoire de dimensions modestes. Après lui, son fils Hishem I fit à la mosquée

quelques additions et des aménagements intérieurs : on établit des galeries ‫ سقيفح‬destinées

aux femmes qui venaient, on installa un bassin d’ablutions, et on éleva un minaret pour

l’appel à prière.

Il ne semble pas qu’on ait travaillé à la grande mosquée sous al-Hakam I. c’est au

milieu du règne de son successeur Abd ar-Rahman II qu’il fallut pour la première fois

d’agrandir. Ce prince, en 218 H/ 833, y fit bâtir dans la direction de la Kibla ‫القثلح‬, c’à d

au Sud, neuf nouvelles travées (Voir l’image), soutenues par 80 colonnes, sur une profondeur

d’environ 25 mètres. Ces travaux durèrent 15 ans : les historiens en signalent l’achèvement en

234 H/ 848.

A partir de cette époque et jusqu’au milieu di 4 siècle de l’hégire, sous le règne d’al-

Hakam II, chacun des princes Umaiyades va ordonner quelque nouvel aménagement dans la

grande mosquée. Tour à tour ce seront, sous le règne de l’émir Mohamad la décoration et la

sculpture des faces latérales et l’aménagement d’une sorte de loge souveraine, la maksura

‫ ;الوقصىرج‬sous celui d’al-Mundhir ‫الوٌذر‬, qui pourtant fut très court, l’adjonction

d’une salle spéciale destinée à la garde du trésor des fondations pieuses, et la restauration du

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bassin et des galeries; sous celui de l’émir Abd Allah, ou relia directement le palais à la

mosquée par un passage couvert ( ‫)صثاغ‬, qui traversait sur une arche la rue du pont à hauteur

d’étage et venait aboutir dans une salle proche du mihrab ‫هحزاب‬, séparée par une porte de la

maksoura ‫ هقصىرج‬ou’ le prince venait faire ses dévotions ‫الىالءاخ‬. C’était, on l’a montré

une tradition des Umaiyades de Syrie qui se trouvait ainsi rénouvée. Enfin, le long règne

brillant de Abd ar-Rahman III devait laisser lui aussi son souvenir dans la grande mosquée,

mais néanmoins d’une façon modeste. Il fit en 340 H/ 951, mettre à bas le minaret de Hishem

I et en élever à la place un autre, fort-beau, qui devait conserver le même aspect jusqu’en

1593. Al-Makari ‫ الوقزي‬décrit longuement ce minaret de Abd ar-Rahman III, mais qui

innovation remarquable, comprenait deux escaliers qui permettaient l’un et l’autre de gagner

séparément la plate-forme supérieure. Six ans plus tard, en 346H/ 958, le calife chargea aussi

son vizir Abd Allah bn Badr ‫ عثد هللا تي تدر‬de restaurer et de consolider la façade

septentrionale de la salle de prière, si l’on en croit une inscription commémorative, toujours

en place, à droite de la puerta de Las Palmas, à l’intérieur du Sahn ‫صحي‬.

A l’époque d’al-Hakam ‫الحكن‬, se calife pieux allait consacrer une grande partie de son

règne à l’embellissement du sanctuaire et lui donner la luxueuse décoration qui subsiste et

qu’on y peur encore admirer.

Au milieu du 4 siècle de l’hégire/ 10, en effet, la grande mosquée de Cordoue n’était

plus, une fois encore, suffisamment spacieuse pour contenir la foule des fidèles qui s’y

pressaient, surtout le vendredi.

C’est pourquoi al-Hakam II y décida un nouvel agrandissement : celui-ci, comme Abd

ar-Rahman II, devait normalement se faire en direction du fleuve, et être réalisé en repoussant

le mur méridional vers la chaussée en bordure du Guadalquivir. Il fallait dès lors, non

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seulement bâtir de nouvelles nefs, mais aussi placer au fond de l’édifice un nouveau mihrab

‫ هحزاب‬pour marquer la Kibla ‫القثلح‬.

La grande innovation fut l’édification de coupoles dans la nef centrale et les deux nefs

latérales en avant du mihrab, et surtout l’emploi de revêtements de marbre sculpté et de

mosaïque, commémoré par des inscriptions encore visibles, la chronique d’Ibn Idhari ‫اتي‬

‫ عذاري‬fournit des inscriptions importantes à la fois pour l’histoire monumentale de la grande

mosquée et pour celle des relations extérieures du califat cordouan. Al-Hakam II, d’après cet

historien, aurait envoyé une députation à l’empereur de Byzance alors Nicéphore Phocas,

pour lui demander un ouvrier spécialiste du travail d’incrustation de mosaïque ‫تزصيع‬

‫الفسيفساء‬. Pour le nouveau mihrab on remploya également les matériaux de prix de la

partie mise à bas : c’est ainsi que quatre colonnes qui se trouvaient aux piédroits de l’ancien

mihrab furent placés à ceux du nouveau.

D’autres travaux marquèrent encore l’agrandissement d’al-Hakam : la construction

d’une nouvelle chaire à pêcher ‫هحزاب‬, incrustée d’ivoire et de bois précieux et

l’aménagement de nouveaux bassins à ablutions ‫ أحىاض الىظىء أو هيعح‬dans la cour de

la mosquée. Ce calife fut, le premier à y faire amener de l’eau courante : il ordonna la

démolition de la vasque du sahn ‫صحي‬, ou’ l’eau arrivait d’un puits au moyen d’une noria, et la

construction à la place, de 4 salles d’ablutions alimentées en eau par une canalisation ‫قٌاج‬

venant de sources captées dans la Sierra de Cordoue.

Voir aussi l’article :Terrasse Henri, « Les influences orientales sur l'art musulman

d'Espagne »

Conclusion :

Colonie romaine pendant l’Antiquité, Cordoue est, entre le VIe et le VIIIe siècle ap. J.-

C., dominée par les Wisigoths. Située le long du fleuve Guadalquivir, la ville est alors une

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petite capitale régionale. Siège du gouvernement des Omeyyades, Cordoue atteint son apogée

au moment du califat (929-1031). Parallèlement aux agrandissements notables de la mosquée,

les nombreux chantiers sont le signe de prospérité économique et de stabilité politique.

Autour de la mosquée se constituent les infrastructures caractéristiques de la médina (ville) :

palais et administrations, hammams (bains), souks (marchés) et fondouks (caravansérails).

Cordoue (Quturba en arabe), admirée par les voyageurs, rivalise avec Bagdad dès le

IXe siècle et devient la plus grande ville de l’Europe occidentale. Centre politique,

économique et militaire, elle est aussi un foyer culturel rayonnant sur tout le bassin

méditerranéen.

Travées la façade septentrionale de la salle de prière

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