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APPORTS DE L'ALGERIE

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A L'ARCHITECTURE
RELIGIEUSE
ARABO ISLAMIQUE

Office des Publications


Entreprise nationale d u livre ÉgfjfjÏÏ Universitaires - Alger
INTRODUCTION

Dans le domaine de V architecture religieuse, les apports de F Algérie


à la civilisation arabo-islamique ont été considérables et se sont traduits par
F édification de nombreux édifices.
Le plus ancien monument religieux semble avoir été la mosquée bâtie
au-dessus du tombeau du célèbre conquérant arabe \Jqba b. Nafî qui trouva
,

le martyre en 63/683, à 5 km à VOuest de Tahûdha.


Puis il faut attendre l'année 144/761-762, date à laquelle l'Imâm 'Abd
al-Rahmân b. Rustum édifia sa capitale Tahert, à proximité de Factuelle
Tiaret, et la dota <T une mosquée qui ri a pas encore été mise au jour.

Un peu plus tard, en 174/790, F émir de Fès, Idris 1°, après avoir conquis
Agadir, F ancienne Tlemcen, y bâtit une mosquée, reconstruite, quelque vingt-
cinq ans plus tard, par son fils Idris II, et dont le plan, a été établi grâce aux
fouilles entreprises depuis quelques années par la Direction des Antiquités.

En 296/909, FImâm rosîémide Yriqub b. AflaK, chassé de Tahert


par les Fatimides, fonda la ville de Sédrata, à 14 km au Sud-Ouest cFOuar-
gla, où une mosquée fut découverte par H. Tarry en 1881.

Vingt-quatre ans plus tard, Zîrî b. Manâd, qui était au service des
Fatimides, édifia la ville d'Achir, où une mosquée attend dêtre exhumée.

A la même période fut construite la mosquée du Vieux-Ténès, le plus


ancien monument religieux musulman qui nous soit parvenu intact.

Sous le règne (Fal-Mriizz b. Bâdîs (401-454/1016-1062), le plus célèbre


des souverains zirides, fut bâtie la mosquée de Sayyidî Abî Marwân et on
embellit le tombeau de Sayyidî 'Uqba.

A Fépoque des FTammâdides (408-552/1018-1152), de nombreuses


mosquées furent fondées à la QaFa des Banî Lfammâd, Bidjâya et Cons-

— 5—
tontine. De la première capitale h'ammâdide, il nous reste les vestiges de
la Grande Mosquée et l'oratoire que nous avons découvert en septembre
1968. // ne subsiste rien des édifices religieux h'ammâdides de Bidjâya,
par contre, Constantine a conservé sa Grande Mosquée qui date de 530/
1135-1136.
Tandis que les H'ammâdides régnaient sur la partie orientale de notre
pays, les Almoravides, venus du Maghrib Extrême, faisaient de Tlemcen
une des capitales de leur empire et dotaient tAlgérie des trois grandes Mosquées
d'Alger, de Nédroma et de Tlemcen. La première fut construite en 490/1097,
la seconde, à une date non déterminée mais probablement sous le règne de
Yûsufb. Tâchufin (465-500/1073-1106), et la troisième, en 530/1135-1136,
la même année que la Grande Mosquée de Constantine.
Les Almohades ont sans doute travaillé à la Grande Mosquée de Tlemcen.
Les Zayyânides qui gouvernèrent le royaume de Tlemcen de 633/1236
à 957/1550, édifièrent, entre autres, les Mosquées de Sayyidî AbVl-ITasan,
dAwlâd al-Imâm, du Méchouar et de Sayyidî Ibrahim. La première fut
bâtie en 696/1296, les deux suivantes sous le règne a"Abu LTammû 1° (707-
717/1307-1317), et la dernière, à l'époque d Abu Wammû II (760-791 /
Nous leur devons également l'érection du minaret d'Agadir et des minarets
des Grandes Mosquées d Alger, Nédroma et Tlemcen.
Les Mérinides qui occupèrent temporairement Tlemcen T ont dotée
des mosquées de Mançûra, Sayyidî Abi Madyan et Sayyidî l-LTalwi, cons-
truites respectivement en 702/1302, 739/1338 et 754/1354.
En 920/1514, le Turc Aroudj conquit Djidjel .Deux ans plus tard, appelé
par les habitants d Alger, menacés par les canons que les Espagnols avaient
installés au Penon, s'établit dans la ville et en fit sa capitale.
Aroudj et ses successeurs qui gouvernèrent notre pays durant plus de
trois siècles, y construisirent un grand nombre de mosquées. La seule ville
d Alger possédait, selon Haëdo, près de cent oratoires. Parmi ceux qui
existent encore de nos jours, citons DjâmC Çafar (941/1535), la Mosquée
de Sidî Ramdan dont nous ignorons la date de construction exacte, la Mosquée
de Sayyidî Muh'ammad al-Charif (vers 948/1542), la Mosquée Ali Bitchnin
(1032/1622), Djâmî Djadid (1070/1661-1662), la Mosquée de Sayyidî Abdal-
Rah'man (1108/1696), la Mosquée de Sayyidî Mhammed (1206/1791),
la Mosquée Ketchaoua (1209/1794), la Mosquée Extérieure de la Kasba
ou al-Djâmî al-Barrânî (1233/1817-1818) et la Mosquée Intérieure de la
Kasba, actuellement Mosquée Ali Khodja (1234/1818-1819).
Les Turcs ont élevé des monuments religieux dam d autres villes d Al-
gérie. Constantine leur doit les Mosquées de Sûq al-Ghazal (1153/1740),
Sayyidî'1-AkhcTar (1156/1743), Sayyidî 'Abd al-Mu'min (1183/1769) et
Sayyidî" l-Kattânî ( 1190/1770).

A Mascara, les Turcs ont édifié la Grande Mosquée et la Mosquée de ' Ayn
al-Baydâ (1195/1781)) et, à Oran, la Mosquée du Pacha (1210A795) et
deux mosquées construites par le Bey MuKammad al-Kabir. L'une a vu sa
salle de prière transformée à f'époque française et n'a conservé intact que son
minaret qui date de 1207/1792 et que les Français ont appelé le Minaret
du Campement. Vautre n'a pas subi de transformations.

A Tlemcen, ils ont construit, entre autres, les oratoires de Lalla Rouya
et de Sayyidî Lahsen, à Touggourt, la Grande Mosquée (1219/1804) et
à Annaba, la Mosquée de Salah Bey (1206/1791-1992).

Telles sont les principales mosquées dont nous nous proposons de faire
l'étude, à Voccasion de F avènement du XV siècle de l'Hégire.
e

Mais au lieu de présenter l'un après Fautre chacun de ces édifices,


méthode qui n'aurait pas suffisamment mis en relief les caractéristiques
principales des mosquées d'Algérie, nous avons préféré procéder à une étude
d'ensemble des plans des différents monuments et de leurs principaux élé-
ments architecturaux, en insistant sur les innovations introduites par les
architectes, artisans et décorateurs d'Algérie, montrant ainsi que notre pays
ne s'était pas contenté d'imiter des modèles orientaux, tunisiens, marocains
ou andalous, mais qu'il avait apporté une riche contribution à F épanouisse-
ment de T architecture arabo-islamique.

Nous avons divisé notre livre en cinq parties. La première traite des
formes, des dimensions et des plans. La seconde s'intéresse aux organes
de support: piliers, colonnes, arcs et éléments intermédiaires entre chapiteaux
et arcs. La troisième partie concerne les mihrabs. Elle comprend trois cha-
pitres. Le premier a trait au nombre de mihrabs, à leur emplacement, aux
matériaux qui ont servi à leur construction, aux formes et aux dimensions
de leurs niches. Le second étudie le décor des niches de mihrabs et le troisième,
le décor des cadres de mihrabs. La quatrième partie est réservée aux coupoles,
aux plafonds et aux voûtes. La cinquième est consacrée au minarets. Nous
Favoris divisée en sept chapitres. Le premier a trait au nombre de minarets
et à leur position ; le second, à leurs formes et à leurs dimensions; le troisième,
à leur structure; le quatrième au décor des tours principales parallélépipédiques
ornées d'un panneau à réseau losange; le cinquième au décor des tours prin-
cipales des minarets parallélépipédiques sans réseau losange; le sixième, au
décor des lanternons des minarets parallélépipédiques, et le septième, au
décor des minarets prismatiques et cylindriques.
Une abondante bibliographie et de très nombreuses illustrations accom-
pagnent notre ouvrage qui n 'aurait pu voir le jour sans l'aide précieuse que
nous a apportée la Sous-Direction de la Documentation et des Publications
du Ministère de l'Information et de la Culture.
PREMIERE PARTIE
CHAPITRE PREMIER
FORMES ET DIMENSIONS DES MOSQUEES
D'ALGERIE

I . - FORMES DES MOSQUÉES D'ALGERIE


Avant d'entreprendre l'étude des formes des mosquées d'Al-
gérie, il est utile, nous semble-t-il, de dire quelques mots sur les deux
premières mosquées édifiées par le Prophète, l'une à Qubâ' et
l'autre à Médine.
Emel Esin (I) nous donne du premier oratoire, la description
suivante : « Ce fut un simple édifice carré du type traditionnel dans
la région de Yathrib, aussi bien que dans les autres oasis du Hedjaz.
Mahomet en traça les contours avec la lance qu'il avait héritée de
son père. Chaque côté avait soixante-dix aunes de long et les murs
étaient construits en pierre prises dans les montagnes voisines».
Quant à la mosquée de Médine, les avis divergent sur sa forme.
Selon Emel Esin (2), Creswell (3) et Golvin (4), elle était carrée et
mesurait 100 coudées (environs 50 m) de côté (fig. I). Au contraire,
d'après A. Fikry (5), elle était rectangulaire et mesurait 70 coudées
de profondeur et 60 coudées de largeur. Puis elle fut agrandie, sept
ans après l'hégire, et mesura 100 coudées de profondeur et 90 cou-
dées de largeur (fig. 2).
(1) Emel Esin, La Mekke ville bénie, Médine ville radieuse, pp. 92-93.
(2) Emel Esin, op. cit., p. 93.
(3) Creswell, Encyclopédie de Plslam, 2° édition, p. 629.
(4) L. Golvin, Essai sur F Architecture religieuse, t.l, p. 34.
(5) A. Fikry, Mosquées et Médersas du Caire, Introduction, fig 89, pp. 182-83.

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Ainsi, les deux premières mosquées étaient carrées ou légère-
ment plus profondes que larges. Nous trouvons, en Orient, d'autres
mosquées qui ont une forme carrée. C'est par exemple, le cas de la
Mosquée de Koufa (15/636) (fig. 3 et 4), de la Mosquée de Wâsit'
(87/706) (fig. 5) et la Mosquée de Baghdad (147/762) (fig. 6).
L'Algérie ne possède pas de mosquées carrées mais des mosquées
rectangulaires ou de forme irrégulière.
1) Les mosquées rectangulaires.
Les mosquées rectangulaires d'Algérie sont plus profondes que
larges ou plus larges que profondes.
Parmi les premières, il faut citer: la Mosquée de la Qal'a des
Banî H'ammâd (V e /XI e siècle) (fig. 7), les Mosquées de Mançûra
(702/1302) (fig. 8), de Sayyidî Abî Madyan (739/1338) (fig. 9), Say-
yidî'l- H'alwî (754/1354) (fig. 10) et Sayyidî Ibrahim (VIIP/XIV 6
siècle) (fig. II), toutes quatre à Tlemcen.
Ces mosquées s'apparentent, par leur forme, aux Mosquées
de Raqqa (115/772) (fig. 12) et de 'Abd al-Rahman 1° à Cordoue
(170/768) (fig. 13) ainsi qu'aux Mosquées d'Al-Mutawakkil (235/850)
(fig. 14) et d'Abû Dulaf (245/859) (fig. 15) à Samarra, à la Mosquée
d'Ibn T'ûlûn (265/879) (fig. 16) au Caire et à la Grande Mosquée
de Sfax du III e /IX e siècle (fig. 17). •
Parmi les secondes, nous noterons les Grandes Mosquées de
Nédroma (vers 479/1086) (fig. 18), d'Alger (490/1097) (fig. 19) et
de Mascara (avant 1965) (fig. 20), qui s'apparentent par leur forme
à la Grande Mosquée de Damas (86/705) (fig. 21), aux Mosquées
fatimides d'al-Azhar (361/972) (fig. 22) et d'al-H'akim (entre
380/990 et 403/1012) (fig. 23).
2) Mosquées déforme irrégulière.
Parmi les mosquées algériennes de forme irrégulière, il convient
de signaler la Mosquée de Sayyidî 'Uqba (fig. 24), Sayyidî Abî Mar-
wân (425/1033) (fig. 25), la Mosquée du Vieux-Ténès (IV e /X e siècle)
(fig. 26), la Grande Mosquée de Tlemcen (530/1136) (fig. 27), la
Grande Mosquée de Touggourt (1219/1804) (fig. 28), la Mosquée
de Salah' Bey à Annaba (1206/1798-1799) (fig. 29), la Mosquée
de Sidi Ramdan (fig. 30), Djâmi' Çafar (941/1534-1535) (fig. 31),
la Mosquée du Pacha à Oran (1210/1795) (fig. 32), la Mosquée

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Fig, 3. — Plan de la Mosquée de Koufa. (D'après A. Fikry.)

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Fig. 4. — Plan de la Mosquée de Koufa. (D'après Creswell.)


Fig. 7. — Mosquée de la Qal'a des Banî H'ammâd.

Fig. 8. — Mosquée de Mançûra. (D'après G. Marçais.)


du Bey Muh'mmad al-Kabîr (entre 1209/1795 et 1213/1799) (fig.
33). la Mosquée ' A l i Bitchnin (1032/1622), avant sa transformation
en église (fig. 34), la Mosquée de Sûq al-Ghazal à Constantine
(1153/1740) (fig. 35). la Mosquée de Sayyidî Mhamed al-Charîf
(fig. 36) et la Mosquée de Sayyidî M'hamed à Belcourt (fig. 37).

II. - DIMENSIONS DES MOSQUÉES D'ALGERIE


Le tableau ci-après qui donne les dimensions de certaines mos-
quées d'Algérie possédant une cour et des plus grandes mosquées
du monde musulman nous montre que les oratoires de notre pays
sont des édifices de moyennes et petites dimensions. Nous y remar-
quons par exemple que la plus grande mosquée d'Algérie, la Mosquée

EDIFICES DlMKNSlONS SlJPl-RFIClFS

Mosquée d'al-Mutawakkil 240m x 156m 37740 m2


Mosquée d" A b u Dulaf 213m x 135m 28755 m2
Mosquée de H'asan à Rabat 180m x 139,4m 25092 m2
Grande Mosquée de Cordoue 178m x 126m 22428 m2
Mosquée d'Ibn T'ûlûn au Caire 162m x 162,40m 26308,80 m2
( avec ziyâda)
i sans ziyâda) 140,35 m + 122,96 m 1725,7436 m2
Masdjid-i-Djuma' à Ispahan 160m x 135m 21600 m2
Grande M o s q u é e de Kairouan quadrilatère ayant
pour côtés : 127,6 m environ
125,20 m, 78 m et
72,7 m 9450 m2
Grande Mosquée de Damas 157m x 100m I5700m2
Mosquée de Koufa 100m x 100m 10000 m2
Mosquée de M a n ç û r a 85 m x 60 m 5100 m2
Mosquée de la Qal'a des Banî H ' a m m â d 63,3 x 53,2 3367,56 m2
Grande Mosquée de Tlemcen en forme de pentago-
ne ayant pour côtés
62 m 49,3 m, 23 m, environ

43 m et 33 m
3674 m2
Grande Mosquée de Touggourt 61,2m x 37,2m 2276,64 m2
Mosquée de Sayyidî 'Uqba 59,4 m x 36,6 m 2174,04 m2
Mosquée du Pacha à Oran 52 m x 36 m 1872m2
Grande Mosquée d'Alger 46,3 m x 38,2 m 1768,66 m2
Mosquée de Salah Bey 40,4 m x 29,4 m 1187,76 m2
Grande Mosquée de Mascara 36 m x 23,2 m 835,2 m2
Mosquée de Sayyidî A b î Madyan 28,45 m x 18,9 537,705 m2
Mosquée de Sayyidî Ramdan 50 m x 10,5 m 525 m2
Mosquée de Sayyidî I b r â h î m 29 m x 18 m 522 m2
Mosquée de Sayyidî'l-H'alwî 27,5 m x 17,4 m 478,5 m2
Djâmi' Çafar 26,4 m x 13,2 m 348,48 m2

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Fig. 12. — Grande Mosquée de Fig. 13. — Mosquée de 'Abd


HaùQa. (D*après Creswell.) al-Rah'man I e à Cordoue. (D'après
Creswell.)

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Fig. 14. — Mosquée d'al-Mutawakkil à


. (D'après Creswell.)

Fig. 15. — Mosquée d'Abû Dulaf à


Samarra. (D'après Creswell.)
Fig. 16. — Mosquée d'Ibn T'ûlûn au Caire. (D'après L. Golvin.)
CHAPITRE I I

PLANS DES MOSQUEES D'ALGERIE

Ce qui différencie la mosquée, de l'église, de la synagogue et du


temple, c'est que, très généralement, elle comporte une cour.
Nous pouvons même affirmer que la Mosquée de Médine
était, à l'origine, dépourvue de salle de prière. Ce n'est que par la suite,
qu'à la demande des fidèles qui s'étaient plaints de l'ardeur du
soleil, le Prophète ordonna la construction d'un abri appelé çuffa
ou z'ulla, disposé dans la partie Nord de la cour et constitué par
trois rangées de troncs de palmier recouverts de palmes étayées
par des poutres.
Lorsque, seize ou dix-sept mois après l'hégire, le Prophète
cessa de prier en direction d'El Qods et se tourna vers la Mekke, il
ordonna l'édification d'un second abri dans la partie Sud de la mos-
quée. L'abri Nord fut laissé en place et servit d'asile aux indigents.
Aussi, la Mosquée de Médine se composa-t-elle, à partir de cette
époque, d'une cour ou çah'n, bordée de deux espaces couverts:
celui du Sud constitua la salle de prière et celui du Nord prit le nom
de mu'akhkhar ou partie postérieure de la mosquée.
A l'époque umayyade, la Mosquée de Koufa, reconstruite en
50/670 par le gouverneur d'Irak, Ziyâd b. Abihi, présentait en plus
de la salle de prière, de la cour et du mu'akhakhar, des galeries dis-
posées à gauche et à droite de la cour, appelées mudjannabât.
C'est de ce plan que vont s'inspirer la plupart des mosquées
d'Algérie et des autres pays musulmans.

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Les. différences ne porteront plus que sur la forme, les dimensions
et la structure des différentes parties de la m o s q u é e : salle de prière,
cour, m u ' a k h k h a r et m u d j a n n a b â t .

I . - SALLES DE PRIERE DES MOSQUÉES D'ALGERIE.


1) Formes :
Exception faite de la m o s q u é e de Tafessara (fig. 38), située
• dans les Béni Snous, à une trentaine de k m à l'Ouest de Tlemcen,
et de lâ. M o s q u é e du Bey M u h ' a m m a d A l - K a b i r ou M o s q u é e ' A y n
« 1 - B a y d ' â ' à Mascara (fig. 39) q u i ont une salle de p r i è r e c a r r é e ,
toutes les autres m o s q u é e s d ' A l g é r i e comportent une salle de p r i è r e
rectangulaire ou de forme irrégulière.

a) Salles de prière rectangulaires

Les salles de p r i è r e rectangulaires peuvent ê t r e plus larges que


profondes ou plus profondes que larges.

Parmi les p r e m i è r e s , nous citerons les salles de p r i è r e des mos-


q u é e s de Sayyidî A b î M a r w â n à A n n a b a (fig. 25), de la Qal'a des
Banî H ' a m m â d (fig. 7), d u V i e u x - T é n è s (fig. 26), des Grandes M o s -
q u é e s d ' A l g e r (fig. 19), Tlemcen (fig. 27) et N é d r o m a (fig. 18), des
oratoires d ' A w l â d a l - I m â m (fig. 40), de Sayyidî A b î M a d y a n (fig. 9),
S a y y i d î ' l - H ' a l w î ( f i g . 10), S a y y i d î I b r â h î m ( f i g . 11), d ' E l - K h e m i s
et des Béni A c h i r toutes deux dans les Béni Snous (fig. 41 et 42),
de la M o s q u é e E x t é r i e u r e de la Casbah d'Alger (fig. 43), de D j â m i '
Ç a f a r (fig. 31), des M o s q u é e s de S û q al-Ghazal (fig. 35) et Sayyidî'l-
K a t t â n i (fig. 44), à Constantine, de la Grande M o s q u é e de T o u g -
gourt (fig. 28), de la M o s q u é e Salah Bey à A n n a b a (fig. 29) et de
la Grande M o s q u é e de Mascara (fig. 20).

A u nombre des secondes, se trouvent les salles de p r i è r e des


m o s q u é e s de Sayyidî A b î ' l - H ' a s a n (fig. 45), à Tlemcen, de Tléta,
dans les Béni Snous (fig. 46, d ' A l i B i t c h n i n (fig. 34), de Ketchaoua
(fig. 47) et d ' A l i K h o d j a (fig. 48), à Alger, de la M o s q u é e d u Pacha
à O r a n ( f i g . 32), des oratoires de S a y y i d î ' U q b a ( f i g . 24), de S a y y i d i ' l -
A k h d ' a r (fig. 49), d u Bey M u h ' a m m a d a l - K a b i r à O r a n (fig. 33)
et de Sayyidî M h a m m e d à Belcourt (fig. 37).

b) Salles de prière déforme irrégulière :

Parmi les m o s q u é e s d ' A l g é r i e q u i ont une salle de prière de


forme irrégulière, figurent la Grande M o s q u é e de Constantine

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Fig. 17. — Grande Mosquée de Sfax au III e /IX e siècle. (D'après A. Lézine.)
Fig. 18. — Grande Mosquée de Nédroma.
Fig. 22. — M o s q u é e al-Azhar. (D'après J. Hoag.)
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Fig. 23. — Mosquée al-H'âkim. (D'après A. Fikry.)


(fig. 51), les mosquées de Sayyidî Ramdân (fig. 30), de Djâmi'
Djadid (fig. 52), de Sayyidî 'Abd al-Rah'man (fig. 53), de Sayyidî
Abd al-Mu'min à Constantine (salle du rez-de-chaussée et salle
du premier étage) (fig. 54) de Sayyidî Mhammed al-Charif à Alger
(fig. 36).
2) Dimensions:
Les salles de prière des mosquées d'Algérie sont de petites et
moyennes dimensions, comme le met en lumière le tableau ci-des-
sous où nous avons noté les dimensions des salles de prière les plus
grandes du monde musulman et celles de notre pays.
Nous y remarquerons, entre autres, que la plus grande salle de
prière du monde musulman est la mosquée almohade de Hasan
que la plus petite est l'oratoire du Palais du Manar de la Qal'a des
Banî H'ammàd (Fig. 50).

EDIFICES DIMENSIONS SUPERFICIE

Mosquée de H'asan à Rabat 139,4 x 137,8 19209,32 m2


Grande Mosquée de Cordoue 126 x 118 14868 m2
Mosquée d'al-Mutawakkil 156 x 80 12480m2
Mosquée d'Abû Dulaf 135 x 40 5400 m2
Mosquée Sulaymaniye d'Istamboul 69 x 63 4347m2
Mosquée d'Ibn T'ùlûn. 118,45 x 32,95 m 3902,9275 m2
Mosquée Qarawiyyin de Fès 83 x 44,2 3668,6 m2
Grande Mosquée de Damas 136 x 26 3536 m2
Mosquée de Mançûra 60 x 55 3300 m2
Kutubiya de Marrakech 85 x 34 2890 m2
Grande Mosquée de Kairouan 70,6 x 37,5 2647,5 m2
M osquée de Tinmal 48 x 24 1152m2
Grande Mosquée d'Alger 46,3 x 22,3 1032,49 m2
Mosquée de Sûq al-Ghazal salle rectangulaire de
33,8 x 19,3 plus envron
salle hexagonale de
10 m de profondeur 950 m2
Al-Djâmi' al-Djadîd quadrilatère irrégu-
lier dont les côtés me
surent 39,56 m. environ
39,27 m, 24,57 m et
23,18 m 936 m2
Mosquée du Pacha à Oran 27,5 x 27,3 750,75 m2
Grande Mosquée de Touggourt 25,8 x 24,5 630,1 m2
Mosquée Ali Bitchnin 23 x 22 506 m2
Mosquée de Sayyidî 'Uqba 23,8 x 21,4 509,32 m2
Mosquée Ketchaoua 23,32 x 18,52 431,8864 m2

— 30 —
m

EDIFICES DIMENSIONS SUPERFICIE

Mosquée Ali Khodja 18,57 x 18,14 336,8598 m2


Mosquée du Vieux-Ténès 29,9 x 13,2 314,68 m2
Mosquée de Sayyidî Ibràhîm 19 x 15,4 292,6 m2
Mosquée de Sayyidî'l-Kattânî 18,6 x 15,3 284,58 m2
Grande Mosquée de Nédroma 28,3 x 9,7 274,51 m2
Mosquée de Sayyidî Abî Madyan 18,9 x 14,1 266,49 m2
Djâmi' Çafar 17,57 x 13,26 232,97m2
Mosquée de Sayyidî'l-H'alwî 17,4 x 13,2 229,68m2
Mosquée de Sayyidî'l-Akhd'ar 12,6 x 15,3 192,78m2
Mosquée de Salah Bey à Annaba 14,6 x 12,8 186,88 m2
Mosquée Extérieure de la Casbah 14,73 x 12,5 184,25 m2
Mosquée de Tléta (Bénî Snous) 12,65 x 11,5 145,475 m2
Mosquée de Sayyidî M'hammed, Belcourt 14,8 x 8,13 120,324m2
Mosquée des Béni Achir (Beni Snous) 11 x 9,4 103,4m2
Mosquée d'al-Khamis (Béni Snous) 13,5 x 7,5 101,25 m2
Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan 10,2 x 9,7 98,94 m2
Mosquée d'Awlâd al-lmâm 9 x 6,3 56,7 m2
Oratoire de la Qal'a des Banî H'ammad
I Palais du Manar) 1.8 x 1,7 3,06 m2

3) Plan des salles de prière:


L'Algérie se distingue des autres pays musulmans par la variété
des plans des salles de prière. Nous y trouvons, en effet, des salles
de prière à nefs perpendiculaires au mur du mihrab. à nefs parallèles
au mur du mihrab. à nefs perpendiculaires et parallèles au mur
du mihrab et des salles de prière à grande coupole.
a) Sa/les de prière à nefs perpendiculaires au mur du mihrab:
Ces salles de prière qui imitent celles de la Mosquée d'al-Mu-
tawakkil à Samarra et la Grande Mosquée de Kairouan. diffèrent
par le nombre des nefs et des travées, la largeur et la longueur des
nefs et les lignes d'arcs parallèles au mur du mihrab qui coupent
parfois les nefs perpendiculaires au mihrab.
Le nombre des nefs des salles de prière des mosquées d'Algérie
est généralement impair et varie de trois à treize, alors que dans
le reste du monde musulman nous rencontrons des salles de prière
à quinze, dix-sept, dix-neuf et vingt-sept nefs, ainsi que l'indique
le tableau suivant.

31
Fig. 24. — Mosquée de Sayyidî 'Uqba. (D'après A. Chehbi.)
Fig. 26. — Mosquée du Vieux-Ténès. (D'après G. Marçais et Dessus-Lamare.)
Fig. 28. - Grande Mosquée de Touggourt. (D'après A.
Chehbi.)
NOMBRE DE NEFS
PERPENDICULAIRES EDIFICES

AU MUR D U MIHRAB

3 Mosquée de Sayyidî A b î ' l ' H ' a s a n (fig. 46). Mosquée


d'Awlâd al-Imâm (fig. 40).
5 Mosquée de Sayyidî Abî Madyan (fig. 9). Mosquée
de Sayyidî'l-H'alwî (fig. 10).
7 Mosquée de Sayyidî Ibrâhîm (fig. 11). Grande M o s q u é e
de Fès (fig. 55).
9 Grande M o s q u é e de N é d r o m a (fig. 18). Mosquée de
Tinmal (Maroc) (fig. 56).
11 Grande Mosquée d'Alger (fig. 19). M o s q u é e de A b d
al-Rah'man 1° à Cordoue (fig. 13).
13 Mosquée de la Qal'a des Banî H'ammad (fig. 7). Mosquée
de M a n ç û r a (fig. 8). Grande Mosquée de Tlemcen
(fig. 27).
15 Grande Mosquée de Tunis (fig. 57)
17 Grande Mosquée de Kairouan (fig. 58). M o s q u é e d'Abu
Dulaf à Samarra (fig. 15) Kutubiyya de Marrakech
(fig. 59).
19 Mosquée de H'asan à Rabat (fig. 60). Grande M o s q u é e
de Cordoue après l'agrandissement d ' a l - M a n ç û r (fig. 61).
27 Mosquée d'al-Mutawakkil à Samarra (fig. 14).

Le nombre des travées des salles de prière à nefs perpendicu-


laires au mur du mihrab varie de 2 à 8 en Algérie alors qu'il peut
atteindre 21 dans les autres pays musulmans comme nous pouvons
le constater dans le tableau ci-après.

NOMBRE DE TRAVÉES : EDIFICES

2 Mosquée d'Awlâd a l - l m â m (fig. 40).

3 Grande M o s q u é e de N é d r o m a (fig. 18) Mosquée de


Sayyidî Abî'l-H'asan (fig. 46).
4 Mosquée de Sayyidî Abî Madyan (fig. 9). Mosquée de
Sayyidî'l-H'alwî (fig. 10). Mosquée de Sayyidî Ibrâhîm
(fig. 11).

6 Grande Mosquée de Tlemcen (fig. 27).


7 Mosquée d ' A b û Dulaf (fig. 15). Grande Mosquée de
Fès (fig. 55). Grande Mosquée de Tunis (fig. 57).

— 36 —
NOMBRE D E TRAVÉES : EDIFICES

8 Mosquée de la Qal'a des Banî H'ammad (fig. 7).


9 Mosquée d'al-Mutawakkil (fig. 14). Mosquée de Man-
çûra (fig. 9)
10 Grande Mosquée de Kairouan (fig. 60)
11 Mosquée Al-Aqça à El-Qods (fig. 62).
12 Mosquée de 'Abd al-Rah'man 1° à Cordoue (fig. 13).
21 Mosquée de H'asan à Rabat (fig. 60).
34 Grande Mosquée de Cordoue après l'agrandissement
d'al-Mançûr (fig. 61).

En ce qui concerne la largeur des nefs, seules les nefs de la


Mosquée de Sûq al-Ghazal (fig. 35) ont toutes 3,5 m de large. Dans
les autres mosquées, les nefs sont de deux, trois ou quatre largeurs
différentes. Dans les Grandes Mosquées de Tlemcen (fig. 27), d'Alger
(fig. 19) et de Nédroma (fig. 18), dans les oratoires de Sayyidî
Abî'l-H'asan (fig. 46), Sayyidî Abî Madyan (fig. 9) et Sayyidî'l-H'al-
wî (fig. 10), la nef centrale est plus large que les autres.

Cette particularité se remarquait déjà à la Mosquée Al-Aqça


(fig. 64), à la Mosquée Abu Dulaf à Samarra (fig. 15) et à la Grande
Mosquée de Kairouan (fig. 61) ainsi que nous l'avons noté dans
le tableau suivant.

EDIFICES NEF CENTRALE A U T R E S NEFS

Grande Mosquée de Tlemcen (fig. 27) 4,48 m 3,1 m


Grande Mosquée de Nédroma (fig. 18) 2,77 m 2,55 m
Grande Mosquée d'Alger (fig. 19) 4,42 m 3,42 m
Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan (fig. 46) 4m 2,2 m
Mosquée d'Awlâd al-Imâm (fig. 40) 3m 2,7 m
Mosquée de Sayyidî Abî Madyan (fig. 9) 3,51 m 3m
Mosquée d'Abu Dulaf (fig. 15) 7,3 m 6,2 m
Mosquée Al-Aqça à Al-Qods (fig. 62) 10.4 m 6,2 m
Grande Mosquée de Kairouan (fig. 58) 5,75 m entre 3,4 et
3,45 m

A la Mosquée de Mançura (fig. 8), les nefs étaient aussi de deux


largeurs différentes. La nef centrale, les nefs extrêmes et les troisiè-

— 37 —
Fig. 34 — Mosquée Ali Bitchnin, à l'époque turque. (D'après G. Mar-
çais.)
mes nefs à gauche et à droite du mihrab avaient environ 3, 8 m de
largeur et les autres, 3, 4 m.
A la Mosquée de Sayyidî'l-H'alwî (fig. 10), la nef centrale
mesure 3,3 m ; les nefs extrêmes, 2,76 m, et les autres nefs, 3,03 m.
Enfin, à la Mosquée de Sayyidî Ibrahim (fig. I I ) , la nef centrale
a 4 m de largeur; la nef extrême droite. 3,2 m ; la nef extrême gauche.
3,2 m, et les autres nefs, 3,5 m.
Cette disposition témoigne du souci de hiérarchisation des
nefs. On y remarque que l'importance des nefs diminue au fur et
à mesure que l'on s'éloigne de la nef centrale.

Dans leurs mosquées de Tinmal (fig. 56) et de la Kutubiyya


(fig. 59), les Almohades avaient, eux aussi, donné un ordre de préé-
minence à leurs nefs. C'est ainsi qu'à la mosquée de Tinmal, qui
compte cinq nefs, la nef centrale mesure 5,7 m ; les nefs extrêmes qui
supportent une coupole, 4,8 m, et les autres nefs, 3,9 m, tandis qu'à la
Kutubiyya, la nef centrale et les deux nefs qui l'encadrent ont 4,60m ;
les nefs extrêmes et les quatrièmes nefs à gauche et à droite du mihrab
qui supportent une coupole, 4,3 m, et les autres nefs, 3,90 m .
Pour ce qui est de la longueur des nefs, il arrive que toutes
les nefs traversent la salle de prière de bout en bout, comme à la
Grande Mosquée de Tlemcen (fig. 27), à la Mosquée de Sayyidî
Abî'l-H'asan (fig. 46) et à l'oratoire d'Awâd al-Imàm (fig. 40). Mais
il arrive également que seule la nef centrale traverse la salle de prière,
les autres s'arrêtant à une travée du mur du mihrab, comme par
exemple aux Mosquées de Sayyidî Abî Madyan (fig. 9), Sayyidî'l-
H'alwî (fig. 10) et de Sayyidî Ibrâhîm (fig. I I ) .

Cette dernière particularité, héritée de la Grande Mosquée


de Kairouan (fig 58) et de la Mosquée de Sfax du I X siècle (fig. 17),
e

permet de déterminer, en avant du mihrab, un tambour carré des-


tiné à supporter une coupole. Elle peut être considérée comme une
innovation maghribine.

Il faut signaler enfin que certaines salles de prière à nefs perpen-


diculaires au mur du mihrab présentent une ou plusieurs lignes
d'arcs parallèles au mur du mihrab. C'est ainsi qu'aux mosquées
de Sayyidî Abî Madyan (fig. 9), Sayyidî'l-H'alwî (fig. 10) et Sayyidî
Ibrâhîm (fig. I I ) , nous trouvons deux lignes d'arcs. L'une isole la
première travée du reste de la salle de prière, tandis que l'autre
sépare la salle de prière de la cour.
A la Grande Mosquée de Tlemcen, nous avons également deux
lignes d'arcs parallèles au mur du mihrab (fig. 27). L'une partage
la salle de prière en deux parties égales et l'autre sépare la salle de
prière de la cour. A cela, s'ajoutent deux arcs parallèles au mur du
mihrab qui enjambent la nef centrale et déterminent avec elle deux
tambours carrés servant de base à deux coupoles: l'une placée en
avant du mihrab et la seconde, disposée au-dessus de la quatrième
travée. En cela, la Grande Mosquée de Tlemcen est unique dans son
genre.
Enfin, à la Mosquée de Sayyidî Mhammed à Belcourt, nous
trouvons deux lignes d'arcs parallèles au mur du mihrab et deux
arcs qui enjambent la nef centrale (fig. 37).
b) Salles de prière à nefs parallèles au mur du mihrab:
Ces salles de prière qui s'apparentent à la Grande Mosquée de
Damas (fig. 21), aux mosquées fatimides d'al-Azhar (fig. 22) et
d'al-H'âkim (fig. 23), diffèrent par le nombre des nefs, de travées
et les lignes d'arcs perpendiculaires au mur du mihrab qui coupent
parfois les lignes d'arcs parallèles.
En Algérie, le nombre des nefs parallèles au mur du mihrab
varie entre 2 et 7 alors que dans les autres pays musulmans, il est
compris entre deux et neuf, comme nous l'avons consigné dans le
tableau ci-dessous.

NOMBRE DE NEFS PARALLÈLES AU EDIFICES


MUR DU MIHRAB :
0 1 t 1 4 tm

Fig. 35. — Plan hypothétique de la Mosquée de Sûq al-Ghazal, à l'époque turque.

A
m m

1 «. 5wi
0 A
• ———
i
» 1

Fig. 36. — Mosquée de Sayyidî Muh'ammad al-Charîf. Salle de prière.


Fig. 40. — Mosquée Awlâd al-Imâm, à Tiemcen.
NOMBRE DE NEFS
PRALLÈLES AU
MUR DU MIHRAB :

3 Mosquée des Béni Achir dans les Béni Snous (fig. 42)
Grande Mosquée de Damas (fig. 21)
Mosquées umayyades de H'ama, Ruçâfa et Alep (9)
Mosquée al-Çâlih' T'alâ'i' au Caire (10)
Mosquée umayyade de H'arrân (11)

5 Mosquée de Wâsit' (fig. 5)


Mosquée d'Iskâf Banî Djunayd (12)
Mosquée du Vieux-Tênès (fig. 26)
Mosquée de Sayyidî'l-Akhd'ar à Constantine (fig. 49)
Mosquée de Sayyidî'l-Kattânî à Constantine (fig. 44)
6 Mosquée des Andalous à Fès (13)

10 Mosquée Qarawiyyin à Fès (fig. 63)

La largeur des nefs parallèles au mur du mihrab varie avec les


mosquées. Parfois, toutes les nefs ont la même largeur. C'est le cas
des mosquées de Sayyidî'l-Akhd'ar (fig 49), d'El-Khemis (fig. 41)
d'Ibn T'ûlûn au Caire (fig. 16), de Wâsit' (fig. 5) d'Iskâf des Banî
Djunayd, de la Qarawiyyin de Fès (fig. 64).

D'autres fois, les largeurs des nefs sont différentes. C'est ainsi
qu'à la Mosquée du Vieux Ténès (fig. 26), aux oratoires des Béni
Achir (fig. 42), de Çâlih' T'alâ'i, au Caire, la première nef est plus
large que les autres, alors qu'à la Grande mosquée de Damas (fig.
21), la seconde nef est plus large que les deux autres parce qu'elle
supporte la coupole. Nous avons relevé dans le tableau ci-après les
différentes largeurs des nefs.

(9) Cf. L . Golvin, op. cit., fig. 5, p. 41.

(10) Cf. A. Fikri, Mosquées et Médersas du Caire, t. I, fig. 7, p. 113.

(11) Cf. L . Golvin, op. cit., t. I, fig. 5 p. 41.


(12) Cf. A. Fikry, op. cit., Introduction, fig. 92, p. 223.

(13) Cf. H . Terrasse, La Mosquée des Andalous à Fès.

— Al —
EDIFICES I E NEF 2 e NEF 3e N E F AUTRES
NEFS

Mosquée d'El-Khemis (fig. 41) 3,3 m 3,3 m


Mosquée de Sayyidî'l-Akhd'ar (fig. 50) 3m 3m 3m 3m
Mosquée d'Ibn Tûlûn (fig. 16) 5m 5m 5m 5m
Mosquée de Wâsit' (fig. 5) 5m 5m 5m 5m
Mosquée d'Iskaf Banî Djunayd 4,25 m 4,25 m 4,25 m 4,25 m
Mosquée Qarawiyyin de Fès (fig. 63) 4m 4m 4m 4m
Mosquée du Vieux Ténès (fig. 26) 2,5 m 2,25 m 2,25 m 2,25 m
Mosquée des Béni Achir 3,1 m 2,8 m 2,1 m
Mosquée al-Çalih' T'alâ'î' 5m 3,5 m 3,5 m
Grande Mosquée de Damas (fig. 21) il m 13m 12m

Le nombre des travées des salles de prière à nefs parallèles au


mur du mihrab est compris entre 2 et 11 dans les Mosquées d'Algé-
rie. La Mosquée du Vieux-Ténès compte 11 travées (fig. 26) ; la Mos-
quée de Sayyidî 'Uqba, onze; les Mosquées de Sayyidî'l-Akhd'ar
(fig. 50) et Sayyidî'l-Kattanî (fig. 44), cinq; la Mosquée d'El-Khemis
(fig. 41) et la Mosquée de Sayyidî Mhammed al-Charif, quatre, et
la Mosquée des Béni Achir (fig. 42), deux.
Quant aux lignes d'arcs perpendiculaires au mur du mihrab,
nous en rencontrons quatre à la Mosquée du Vieux Ténès (fig. 26),
et deux, aux Mosquées de Sayyidî'l-Kattânî (fig. 44) et Sayyidî'l-
Akhd'ar, où elles déterminent une nef centrale perpendiculaire
au mur du mihrab comme aux Mosquées d'al-Azhar (fig. 22), et
d'al-H'âkim (fig. 23) et à la Grande Mosquée de Damas (fig. 21).
c) Salles de prière à nefs perpendiculaires et parallèles au mur
du mihrab:
Parmi les mosquées d'Algérie qui présentent des nefs perpen-
diculaires et parallèles au mur du mihrab, il convient de citer la
Mosquée de Sayyidî Abî Marwân (fig. 25), les Grandes Mosquées
de Constantine (fig. 54), de Mascara (fig. 26), de Touggourt (fig. 28)
et la Mosquée de Sûq al-Ghazal (fig. 35).
Des oratoires présentant cette particularité existent également
en Tunisie, en Libye et en Espagne.
Les mosquées tunisiennes à nefs parallèles et perpendiculaires
au mur du mihrab sont la Mosquée de Sfax du X-XP siècle (fig. 64),

— 48 —
Fig. 46. — Mosquée de Tléta dans les Béni Snous. (D'après A. Bel.)
Fig. 48. — Mosquée intérieure de la Kasba d'Alger ou Mosquée Ali Khodja. (D'après R. Dokai
la Grande Mosquée de Sousse (fig. 65), les mosquées Bou Fatata
à Sousse (14), de Bab al-Aqwàs (15) et Mellassine (16) à Tunis.
En Libye nous avons eu l'occasion de visiter huit mosquées
d'époque ottomane à nefs perpendiculaires et parallèles au mur
du mihrab. Ce sont: les mosquées d'Ahmad Pacha. Gorgi, Sayyidî
Djarghath, Djami' al-Naga. Djâmi'Mahmûd. Djâmi' al-Nakhla
et Djàmi' Mûsa toutes situées à Tripoli et la Mosquée de Tadjura,
à proximité de Tripoli.
Enfin, en Espagne, la petite mosquée de Bab Mardûm à Tolède
présente, elle aussi, des nefs perpendiculaires et parallèles au mur du
mihrab (17).
Nous donnons dans le tableau ci-après le nombre des nefs
perpendiculaires et des nefs parallèles de chacune des mosquées
citées.

EDIFICES N O M B R E D E NEFS NOMBRE DE NEFS


PERPENDICULAIRES A U PARALLÈLES AU MUR
M U R D U MISRAB DU MIHRAB

Mosquée de Sayyîdi Abî M a r w â n 7 7


Grande Mosquée de Constantine (18) 6 8
Grande Mosquée de Mascara (19) 7 6
Grande Mosquée de Touggourt 8 8
Mosquée de Sûq al-Ghazal 7 5
Grande Mosquée de Sfax 6
Mosquée Bou Fatata à Sousse 3 3
Grande Mosquée de Sousse 6
Mosquée Ahmad Pacha à T r i p o l i 5 5
Mosquée Gorgi à Tripoli 4 4
Mosquée Sayyidî Djarghut à Tripoli 4 5
Djâmi' al-Naga à Tripoli 7 7

(14) Cf. Creswell, A short account of early muslim architecture, fig. 55, p. 268.
(15) Cf. G. Marçais, Architecture musulmane d'Occident, fig. 261, p. 460.
(16) Ibid., fig, 262, p. 461.
(17) Ibid.,fig.p. 151.
(18) La Grande Mosquée de Constantine avait au moins sept nefs perpendiculaires au
mur du mihrab avant 1830.
(19) En 1965, la Grande M o s q u é e de Mascara a vu le nombre de ses nefs perpendiculaires
au mur du mihrab porté à onze.

— 54 —
NOMBRE D E NEFS NOMBRE D E NEFS

EDIFICES PERPENDICULAIRES PARALLÈLES AU MUR

A U M U RD U MIHRAB DU MHRAB

M o s q u é e de T a d j u r a , p r è s de T r i p o l i 4 4
D j â m i ' M a h m û d à Tripoli 2 2
Djâmi' al-Nakhla à Tripoli 2 2
D j â m i ' M û s a à Tripoli 3 2 •
M o s q u é e de B a b M a r d u m à T o l è d e 3 r 3 %

d) Salles de prière à grande coupole centrale:


Ces salles de prière apparaissent pour la première fois en Algérie
à l'époque ottomane et imitent certaines mosquées d'Istambul com-
me Mosquées de Bayazid (20), Chehzade, (21) de la Suleymaniye
(22), du Sultan Ahmed (23) et la Mosquée Nouvelle (24).
Il faut pourtant signaler que les architectes d'Algérie ont
apporté certaines modifications aux modèles ottomans de Turquie.
En effet, alors que dans les salles de prière d'Istambul, la grande
coupole centrale est encadrée par des demi-coupoles et des galeries
couvertes de coupolettes, en Algérie, les demi-coupoles ont disparu
et nous ne trouvons plus que des galeries surmontées de coupolettes
ou de voûtes d'arêtes qui entourent la grande coupole centrale sur
trois ou quatre côtés.
C'est ainsi q u ' à la Mosquée du Pacha à Oran (fig. 32), deux ga-
leries coiffées de coupolettes ou de voûtes d'arêtes encadrent la
grande coupole centrale sur ses quatre côtés, tandis qu'à la Mosquée
A l i Khodja (fig. 48), une seule galerie entoure la grande coupole
centrale sur ses quatre côtés.
Les Mosquées Ketchaoua (fig. 47), A l i Bitchnin (fig. 34),
Djâmi' Çafar (fig. 31), Salah Bey (fig. 29) et al-Djâmi al-Djadîd

(20) C f . S . K . Y e t k i n , Varchitecture turque en Turquie, fig, 34, p. 118.

(21) ïbid., fig. 35, p. 122.

(22) Ibid., fig. 36, p. 124.

(23) Ibid., fig. 38, p. 129.

(24) Ibid., fig. 39, p. 131.


Fig. 52. - Al-Djâmi' al-Djadid ou Mosquée de la Pêcherie, à Alger. (D'après R. Dokali.)
0 1 l l 4 g
Fig. 53. — Mosquée de Sayyidî 'Abd al-Rah'man à Alger. Salle
de prière. (D'après R. Dokali.)

I I I I

I I

0 \ L 4m
Fig. 54. — Mosquée de Sayyidî 'Abd al-Mu'min, à
Constantine. Salle de prière, du premier étage.
(fig. 52), ont, à notre connaissance, un plan que l'on ne retrouve
nulle part ailleurs dans le monde musulman.
En effet, dans les deux premières mosquées, la grande coupole
est bordée de deux galeries du côté opposé au mihrab et, d'une seule
galerie, sur les trois autres côtés, tandis que dans les deux mosquées
suivantes, la grande coupole est placée en avant du mihrab si bien
que l'on ne trouve que trois galeries disposées, l'une, du côté opposé
au mihrab, et les deux autres, à droite et à gauche du mihrab. Enfin,
la dernière mosquée présente une grande coupole bordée d'une
galerie du côté du mihrab et de trois galeries, du côté opposé au
mihrab.
II. - LA COUR DANS LES MOSQÉES D'ALGERIE
1) Disposition de la cour par rapport à la salle de prière:
Dans la plupart des mosquées d'Algérie et des autres pays
musulmans, la cour se trouve dans l'axe du mihrab.
Certains édifices religieux de notre pays font toutefois exception
à la règle. C'est ainsi qu'à la Mosquée du Pacha à Oran (fig. 32), à la
Grande Mosquée de Mascara (fig. 26 et à la Grande Mosquée de
Touggourt (fig. 28), la cour est diposée à gauche de la salle de prière.
Cette disposition se retrouve, à Tunis, aux Mosquées de Bab
al-Aqwâs, Mellassine et Al-Djadid.
Au contraire, à Djâmi' Çafar, la cour est placée à droite de la
salle de prière, comme à la Mosquée Djâmi' Naga, à Tripoli.
2) Forme de la cour:
Nous trouvons, en Algérie, des cours carrées, rectangulaires, en
demi-cercle ou de forme irrégulière.
Deux mosquées ont une cour carrée. Ce sont: la Grande Mos-
quée de Tlemcen (fig. 27) et la Mosquée de Mançûra (fig. 8). Notons
toutefois que la première était rectangulaire à l'époque almoravide.
Elle n'est carrée que depuis le règne des Zayyânides.
Toutes les cours rectangulaires sont plus larges que profondes
et une seule cour a la forme d'un demi-cercle : celle de la Mosquée du
Pacha à Oran. (fig. 32).
Parmi les cours de forme irrégulière, citons celles des Mosquées
du Vieux-Ténès, (fig. 26), Ali Bitchnin (fig. 34), Sayyidi Mhammed

— 60 —
(fig. 37), Salah Bey à A n n a b a (fig. 29) et de la Grande M o s q u é e
de T o u g g o u r t .

3) Dimensions de la cour:

Le tableau ci-dessous donne les dimensions des cours de forme


régulière des m o s q u é e s d ' A l g é r i e c o m p a r é e s à celles des plus grandes
m o s q u é e s du monde musulman.

Edifices DIMENSIONS SUPERFICIE

Mosquée d'Abû Dulaf (fig. 15) 155 x 104 16120 m2


Mosquée d'al-Mutawakkil (fig. 14) 160 x 100 16000 m2
Mosquée d'Ibn T'ûlûn (fig. 16) 92 x 92 8464 m2
Grande Mosquée de Cordoue (fig. 61) 122,78 x 58,5 7182,63
Suleymaniye d'Istambul 45,4 x 31,5 1430,1 m2
Qal'a des Banî H'ammad (fig. 7) 53,2 x 26,9 1431,08 m2
Mosquée de Mançûra (fig. 8) 30 x 30 900 m2
Mosquée de la Kutubiyya (fig. 59) 46,3 x 18,3 847,29m2
Grande Mosquée de Tlemcen (fig. 27) 20 x 20 400
Grande Mosquée d'Alger (fig. 19) 20,8 x 10,8 224,64 m2
Mosquée de Sayyidî Abî Madyan (fig. 9) 11,5 x 10,2 117,30 m2
Mosquée de Sayyidî'l-H'alwî (fig. 10) 10,5 x 10,1 106,05 m2
Mosquée de Sayyidî Ibrâhîm (fig. 11) 10,7 x 9,55 102,185 m2
Grande Mosquée de Nédroma (fig. 18) 9 x 6,8 61,2m2

I I I . - LE MIT AKHKHAR ET LES MUDJANNABAT

A la M o s q u é e de M é d i n e (fig. 2), le m u ' a k h k h a r se composait


de trois galeries. I l en était de m ê m e aux M o s q u é e s d ' a l - M u t a w a k k i l
(fig. 14) et d ' A b û D u l a f (fig. 15).

A u x m o s q u é e s de K o u f a (fig. 3 et 4) et de Baghdad (fig. 6). i l


était r é d u i t à deux galeries, p a r t i c u l a r i t é que l ' o n retrouve à la Mos-
q u é e d ' I b n T ' û l û n au Caire (fig. 16).

Enfin, à la M o s q u é e de W â s i t ' (fig. 5). i l ne se compose plus que


d'une seule galerie.

En A l g é r i e , la p l u p a r t des m o s q u é e s ont un m u ' a k h k h a r qui se


compose d'une seule galerie. C'est le cas par exemple de la M o s q u é e
de la Qal'a des B a n î H ' a m m â d (fig. 7). de M a n ç û r a (fig. 8), Sayyidî
A b î M a d y a n (fig. 9), S a y y i d i ' l - H ' a l w î (fig. 10) et Sayyidî I b r à h î m
(fig. 11).

_61 —
Fig. 59. — Mosquée de la Kutubiyya, de Marrakech. (D'après G. Marçais.)

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Fi g i 60. — Mosquée de H'assan, à Rabat. (D'après G. Marçais.)


Fig. 62. — Mosquée Al-Aqça, à El-Qods. (D'après Creswell.)
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Fig. 65. — Grande Mosquée de Sousse. (D'après. Creswell.)


Quant aux mudjannabât ou galeries latérales qui apparaissent
pour la première fois à la Mosquée de Koufa (fig. 3 et 4), où chacune
d'elles était formée de deux nefs, leur importance varie avec les
mosquées. Dans certaines mosquées d'Algérie, comme celles de
Sayyidî Abî Madyan, Sayydî'l-H'alwî et Sayyidî Ibrâhîm. elles ne
comprennent qu'une seule nef perpendiculaire au mihrab. A la
Qal'a des Banî H ' a m m â d elle en comptait deux, tandis qu'aux
Grandes Mosquées de Nédroma (fig. 18) et d'Alger (fig. 19) ainsi
qu'à la Mosquée de Mançûra (fig. 8), elles comptent trois nefs
perpendiculaires au mur du mihrab.
A la Grande Mosquée de Tlemcen (fig. 27), la cour de l'époque
almoravide avait des mudjannabât composées chacune de trois
nefs. Mais sous les Zayyanides deux nefs furent ajoutées à la mu-
jannaba de droite.
En plus du mu'akhkhar et des mudjannabât, certaines mosquées
d'Algérie comme celles de Sayyidî Abî Marwân (fig. 25) et de la
Qal'a des Banî H ' a m m â d (fig. 7), présentent une galerie opposée
au mu'akhkhar, si bien que la cour se trouve entourée de galeries
sur ses quatre côtés.

— 66 —
CHAPITRE PREMIER

PILIERS E T COLONNES

L'Algérie se distingue des autres pays du monde musulman


par l'extrême variété des piliers et colonnes qui ornent ses salles de
prière et les galeries qui entourent les cours de ses mosquées.
C'est ainsi qu'en ce qui concerne les salles de prière, on dis-
tingue les salles de prière bâties uniquement sur piliers, les salles
de prières construites exclusivement sur colonnes et les salles de
prière comportant à la fois des piliers et des colonnes.

Parmi les salles de prière à piliers, nous pouvons citer celles


des Mosquées de Sayyidî Abî Madyan (fig. 9) et de Sayyidî Ibra-
him (fig. 11), des Grandes Mosquées de Nédroma, d'Alger (fig. 19),
de Mascara (fig. 20) et de Touggourt (fig. 28), des mosquées A l i
Bitchnin à l'époque turque (fig. 34), de Tafessara (fig. 38), d'El-
Khemis (fig. 41), des Béni Achir (fig. 42), de Tléta (fig. 46), de Dja-
mi' Djadid (fig. 52) et de Sayyidî 'Abd al-Mu'min (fig. 53).

Par la nature de leurs organes de support, ces mosquées


s'apparentent à celles d'al-Mutawakkil ,(fig. 14), d'Abû Dulaf
(fig. 15), d'Ibn T'ûlûn (fig. 16), d'al-H'âkim (fig. 23), de Fès Djadid
(fig. 55) et de la Kutubiyya (fig. 59).

Les principales salles de prière à colonnes d'Algérie sont celles


des Mosquées de Sayyidî 'Uqba (fig. 24), de Sayyidî Abî Marwân
(fig. 25) avant l'occupation française, du Vieux-Ténès (fig. 26),
de Djâmi' Çafar (fig. 31), du Bey Muh'ammad al-Kabîr à Oran
(fig. 33), de Sûq al-Ghazal (fig. 35), de Sayyidî Muh'ammad al-

— 69 —
Charîf (fig. 36), de Sayyidî M'hammed (fig. 37), de 'Ayn al-Bayd'â'
à Mascara (fig. 39), de la Mosquée Extérieure de la Kasba (fig. 43),
de Sayyidî'l-Kattânî (fig. 43). de Sayyidî Abî'l-H'asan (fig. 45).
de Katchaoua (fig. 47), d'Ali Khodja (fig. 48), de Sayyidî '1-Akhd'ar
(fig. 49) et de la Grande Mosquée de Constantine (fig. 51).
D'autres mosquées du monde musulman ont des salles de prière
à colonnes. Parmi elles, nous noterons: les mosquées de Koufa
(fig. 3 et 4) de Wâsit, de Bagdad, (fig.6), de Cordoue (fig. 13), de Sfax
(fig. 17), d'al-Azhar (fig. 22), des Grandes Mosquées de Tunis(fig. 57),
Kairouan (fig. 58) et Sousse (fig. 65) et de la mosquée de H'assân à
Rabat (fig. 60).
Parmi les salles de prière possédant à la fois des piliers et des
colonnes se trouvent la mosquée de Sayyidî'l-H'alwî (fig. 10), la
Grande Mosquée de Tlemcen (fig. 27). les Mosquées de Saiah Bey
(fig. 29), de Sidi Ramdan (fig. 30), la Mosquée du Pacha à Oran
(fig. 32), et l'oratoire d'Awlâd al-Imâm à Tlemcen (fig. 40).
Ces salles de prière ressemblent par la nature de leurs organes
de support à celles des Mosquées de Raqqa (fig. 12), de Tinmal
(fig. 56), de la Qarawiyyin de Fès (fig. 63) et de Mahdia (25).
Quant aux galeries qui forment le mu'akhkhar et les mudjan-
nabàt, elles comportent le plus souvent des piliers. Les seules excep-
tions à signaler sont, à notre connaissance, la mosquée de Sayyidî
Abî Marwân à Annaba, avant l'occupation française (26), de la
Qal'a des Banî H'ammâd (27), de Salah Bey à Annaba (fig. 29) et
du Pacha à Oran (28).
Les autres mosquées du monde musulman ayant des cours
bordées de portiques constitués par des colonnes sont également
rares. Parmi elles, citons: les mosquées de Koufa (fig. 3 et 4). de
Wàsit' (fig. 5), de Bagdad (fig. 6), de Sfax (fig. 17) et la Grande Mos-
quée de Kairouan (fig. 58).

(25) Cf. A. Lézine, Mahdia,fig.36, p. 79.


(26) Cf. R. Bourouiba, L'art religieux musulman en Algérie,fig.5
(27) Ibid., p. 31.
(28) Cf. M. Mhiras, La Mosquée du Pacha à Oran, p. 21, fig. 5

— 70 —
Ces précisions étant apportées, nous nous proposons d'étudier
dans les lignes qui suivent: les piliers, les colonnes et les piliers
cantonnés de colonnes.
I. - PILIERS
Les architectes qui ont édifié les mosquées d'Algérie ont utilisé
des piliers carrés, rectangulaires, en forme de T, cruciformes, octo-
gonaux et de formes très diverses.
1) Piliers carrés:
Nous les rencontrons dans trois monuments: la Mosquée de
Sayyidî 'Uqba (fig. 24), la Grande Mosquée de Touggourt (fig. 28)
et !a Mosquée de Salah Bey à Annaba (fig. 29).
Dans le premier édifice, ils ornent le portique qui entoure la
salle de prière et mesurent 30 cm de côté (fig. 66, I). Dans le second,
ils ont 70 cm de côté (fig. 66, 2) et dans le troisième. 50 cm de côté
(fig. 66. 3) (29).
2) Piliers rectangulaires:
Nous les trouvons aux Grandes Mosquées de Nédroma (fig.
18). d'Alger (fig. 19) et de Tlemcen (fig. 27) ainsi qu'aux oratoires
d'Awlâd al-Imâm (fig. 40), de Sayyidî Abî Madyan (fig. 9). Sayyidî
Ibrâhîm (fig. 11), Tafessara (fig. 38), El-Khemis fig. 41), Béni
Achir (fig. 42) et Tléta (fig. 46).
Leurs dimensions sont données dans le tableau suivant:
EDIFICES LONGUEUR LARGEUR

Grande Mosquée de Nédroma (fig. 66,4) 75 cm 70 cm


Grande Mosquée d'Alger (fig. 66, 5) 85 cm 80 cm
VI osquée d'Awlad al-Imâm (fig. 66, 7) 80 cm 70 cm
Grande Mosquée de Tlemcen (fig. 66,6) 76à80cm 62 à 65 cm
Mosquée de Sayyidî Abî Madyan (fig. 66,8) 90 cm 70 cm
Mosquée de Sayyidî Ibrâhîm (fig. 66,9) 70 cm 50 cm
Mosquée de Tafessara (fig. 66,19) 70cm 50 cm
M osquée d'El-Khemis (fig. 66,10) 70 cm 60 cm
Mosquée des Béni Achir (fig. 66,11) 1m 80 cm
Mosquée de Tléta (fig. 66,11) 70 cm 60 cm

(29) Cf. A Chehbi, Trois mosquées de tEst Algérien, pp. 76-93.

— 71 —
3) Piliers en forme de T (fig. 67 et 68).
Nous avons remarqué des piliers en forme de T aux Grandes
Mosquées de Tlemcen (fig. 27), d'Alger (fig. 19). Nédroma (fig. 18)
ainsi qu'aux oratoires de Sayyidî Abî Madyan (fig. 9), Sayyidi'l-
H'alwî (fig. 10), Sayyidî Ibrâhîm (fig. 11), Tafessara (fig. 38) et des
Béni Achir (fig. 42).
A la Grande Mosquée de Tlemcen. les uns supportent la coupole
placée en avant du mihrab (fig. 66. 13). Ils datent de l'époque al-
moravide. Les autres bordent la cour (fig. 66. 17 et 19). Ils remon-
tent aux Zayyanides.

A la Grande Mosquée d'Alger, deux piliers en T ornent la nef


centrale et dix encadrent la cour (fig. 66, 14).
A la Grande Mosquée de Nédroma. deux se trouvent en avant
du mihrab (fig. 66, 15) et trois entourent la cour (fig. 66. 16).
A l'oratoire de Sayyidî Abî Madyan, nous en voyons deux sup-
porter la ligne d'arcs parallèles au mur du mihrab et huit autour
de la cour (fig. 66, 21) tandis qu'à la Mosquée de Sayyidî'l-H'alwî,
il y en a six qui bordent la cour (fig. 66. 22).
A l'oratoire de Sayyidî Ibrâhîm, nous en trouvons deux sur
la ligne d'arcs parallèles au mur du mihrab et six autour de la cour
(fig. 66, 20).
Enfin aux mosquées de Tafessara (fig. 66, 23) et des Béni Achir
(fig. 66, 24), ils servent d'appui à la coupole.
4) Piliers cruciformes (fig. 68).
Nous les rencontrons aux Grandes Mosquées de Tlemcen (fig.
27). d'Alger (fig. 19) et de Mascara (fig. 20). ainsi qu'aux oratoires de
Sayyidî Ibrâhîm (fig. 11), de Sayyidî Abî Madyan (fig. 9), de Say-
yidî'l-H'alwî (fig. 10), de Touggourt (fig. 28) et d'Ali Bitchnin (fig.
34).
A la Grande Mosquée de Tlemcen. ils supportent la première
ligne d'arcs parallèles au mur du mihrab et ont une forme régulière
(fig. 66, 25 à 27).
A la Grande Mosquée d'Alger, ils se trouvent sur les quatre
lignes d'arcs parallèles au mur du mihrab et ont des branches égales
(fig. 66, 28).

— 72 _
Aux oratoires de Sayyidî Ibrahim (fig. 66, 29 à 31), de Sayyidî
Abî Madyan (fig. 66, 32 et 33) et de Sayyidi'l-H'alwî (fig. 66, 34),
deux sont placés en avant du mihrab et six autres bordent la cour.
A la Grande Mosquée de Touggourt (fig. 66. 35), ils sont au
nombre de quarante-trois et de forme régulière (30).
Enfin à la Mosquée Ali Bitchnin, à l'époque turque, ils étaient
au nombre de sept et présentaient des branches égales (fig. 66, 36).
5) Piliers en forme d'équerre (fig. 67):
Ils sont rares et occupent généralement les angles de la cour. En
Algérie, nous en avons vu deux à la Grande Mosquée de Tlemcen
(fig. 66, 37) et un à la Grande Mosquée de Nédroma (fig. 66, 38).
6) Piliers octogonaux:
A notre connaissance, seule la Mosquée du Pacha à Oran en
possède (fig. 66, 39 et 40). Ceux que l'on aperçoit aujourd'hui à la
Mosquée de Sayyidî Abï Marwân datent de l'époque française
et ont été construits pour soutenir les pièces du premier étage situées
au-dessus de la salle de prière.
7) Piliers de formes diverses:
Nous en trouvons à Djâmi' Djadid à Alger (fig. 66, 41) et aux
Grandes Mosquées de Tlemcen et de Nédroma où ils affectent des
formes très irrégulières (31).
II. - COLONNES
Les premières colonnes utilisées par les Musulmans dans leurs
mosquées étaient des troncs de palmiers.
C'est ainsi qu'à Médine, le Prophète et ses compagnons dispo-
sèrent trois rangées de troncs de palmiers dans la partie Nord de la
salle de prière puis, après le changement d'orientation de la qibla,
en placèrent trois autres dans la partie Sud (fig. 2).
Sous le Califat de 'Umar b. al-Khat't'âb, les troncs de palmiers
furent remplacés par des colonnes en briques séchées au soleil,

(30) Cf. A. Chehbi, op. cit., p. 88.


(31) Cf. R. Bourouiba, op. cit., p. 78 etfig.26.

— 73 —
(î) ci

Fig. 66. — Piliers des Mosquées d'Algérie.


Fig. 68. — Piliers en forme de T et cruciformes de la cour de la Mosquée de Sayyidî Abî
Madyan. (D'après une photographie du ministère de l'Information et de la Culture, Sous-
Direction de la Documentation et des Publications.)

Fig. 67. — Piliers en forme de T et en équerre de la cour de la Grande Mosquée de


Nédroma. (Photo du ministère de l'Information et de la Culture. Sous-Direction de la
Fig. 70. — Colonnes groupées par trois à la
Mosquée de Sayyidî Abî Marwân. (D'après Ber-
brugger.)
Fig. 72. — Colonnes groupées par trois du mihrab de la Mosquée de Sayyidî 'Uqba. (Photo du
ministère de l'Information et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications.)
connues sous le nom de labin, et c'est seulement sous le règne de
'Uthmân b. 'Affân que l'on utilisa des colonnes de pierre (32).
Quant aux colonnes de marbre, les plus anciennes que nous
connaissions appartiennent à la Mosquée umayyade de Koufa. En
effet, au cours des fouilles qu'il a entreprises sur le site, M. K.
al-Djannabi a mis au jour quelques chapiteaux qui les surmontaient
(33).
L'Algérie a le privilège de posséder une mosquée où les colonnes
sont des troncs de palmiers: la Mosquée de Sayyidî 'Uqba.
Elle se distingue également par la présence, dans ses mosquées,
de colonnes groupées. Certes, les colonnes groupées existaient déjà
à la Grande Mosquée de Kairouan (fig. 58), de Mahdia (34) et de
Sfax au III/IX e siècle (fig. 17). Mais alors qu'à Kairouan (fig. 67, I),
les colonnes étaient groupées par deux et par cinq et qu'à Mahdia
(fig. 67, 2) et à Sfax (fig. 67, 3) elles l'étaient par deux et par quatre?
dans notre pays, nous rencontrons des groupes formés de deux,
trois ou quatre colonnes.
Les groupes de deux colonnes se trouvent à la Grande Mosquée
de Constantine (fig. 51), aux oratoires de Sayyidî M'hammed (fig.
36). de Sayyidî Abï Marwàn (fig. 25), de Sûq al-Ghazal (fig. 35),
Sayyidî'l-Akhd'ar (fig. 49). Sayyidî'l-Kattanî (fig. 44), Salah Bey
(fig. 29), de Muh'ammad al-Kabîr (fig. 33) et du Pacha (fig. 32) à
Oran, à la Grande Mosquée d'Alger (fig. 19) et à la Mosquée Exté-
rieure de la Kasba. Blanchet en a aussi remarqué dans la cour de
la Mosquée de la Qal'a des Banî H'ammâd (35).
A la Grande Mosquée de Constantine (fig. 69. 4). les deux
colonnes ont des diamètres différents et sont disposées perpendi-
culairement au mur du mihrab. A l'oratoire de Sayyidî M'hammed
(fig. 68, 5), elles ont le même diamètre. Dans la salle de prière, elles
sont placées perpendiculairement au mur du mihrab et dans le por-

(32) Cf. A. Fikry, op. cit., Introduction, p. 173.


(33) K. Al-Djannabi, Kufa Masque, p. 56.
(34) Cf. A. Lézine, Mahdia,fig.36, p. 79.
(35) P. Blanchet, Description des monuments de la Kalaa des Béni Hammad, Nouvelles
Archives Scientifiques, 1908, p. 4.

— 78 —
tique qui entoure la cour de deux côtés, elles sont disposées paral-
lèlement et perpendiculairement à ce mur (fig. 69, 5, 6 et 7). Dans
les quatre mosquées suivantes, nous pouvons voir deux groupes
de colonnes géminées orientées parallèlement au mur du mihrab
qui supportent l'arc d'ouverture du mihrab (fig. 69, 8). Dans la
Mosquée de Salah Bey, elles ont la même orientation et encadrent
la grande coupole, tandis que dans la Mosquée du Bey Muh'ammad
al-Kabir à Oran, elles sont placées soit parallèlement au mur du
mihrab (fig. 69, 6) soit obliquement par rapport à lui (fig. 69, 9).
A la Mosquée du Pacha à Oran et à la Mosquée A l i Khodja à Alger,
elles sont orientées parallèlement au mur du mihrab (fig. 69, 6) ou
perpendiculairement à ce mur (fig. 69, 7). A la Grande Mosquée
d'Alger, deux groupes de deux colonnes ornent le porche construit
à l'époque française avec des colonnes provenant de la Mosquée
de la Sayyida. A la Mosquée Extérieure de la Kasba, la façade est
décorée de cinq groupes de colonnes géminées orientées perpen-
diculairement au mur du mihrab (69, 7).

Des groupes de trois colonnes se remarquent aux Mosquées


de Sayyidî Abî Marwân (fig. 25), Salah Bey (fig. 29) et au mihrab
de la M o s q u é e d e Sayyidî 'Uqba (fig. 72). La première comptait
;

quatre groupes de trois colonnes avant sa transformation en hô-


pital, vers 1841. Les deux premiers soutenaient la coupole qui se
trouvait en avant du mihrab. Nous pouvons encore les voir actuel-
lement (fig. 86 et 69, 10) (36). Les deux autres servaient d'appui à la
coupole située à l'intersection de la nef centrale perpendiculaire
au mur du mihrab et du portique Sud de la cour. Us ont disparu
en même temps que la coupole, mais un dessin de Berbrugger (fig.
70) prouve qu'ils existaient encore au début de l'occupation fran-
çaise (37). Ils ont été remplacés par deux groupes de colonnes gé-
minées (fig. 71).
Alors que les colonnes groupées de Sayyidî Abî Marwân sont
disposées en triangle, celles de la Mosquée dê Salah Bey sont
placées sur une même ligne et orientées perpendiculairement au
mur du mihrab (fig. 69,11).

(36) C f . R . B o u r o u i b a , L'art religieux musulman en Algérie, p l . I I I , 1.

(37) A . Berbrugger, Algérie historique, pittoresque et monumentale, 3° Partie, Province


de B ô n e , pl. V I I .
Quant aux colonnes du mihrab de Sayyidî 'Uqba. elles forment
un angle droit (fig. 69, 13).
Quatre mosquées d'Algérie, la Grande Mosquée de Mascara
(fig. 20), la Mosquée 'Ayn al-Bayd'à' (fig. 39). la Mosquée Ali
Khodja ou Mosquée Intérieure de la Kasba (fig. 48) et la Grande
Mosquée d'Alger possèdent des groupes de quatre colonnes.
Dans le premier monument, huit groupes de quatre colonnes
disposées en croix soutiennent les arcs de la nef centrale perpendi-
culaire au mur du mihrab (fig. 69, 13). Dans les deux suivants,
quatre groupes de quatre colonnes forment un carré aux angles du
tambour de base de la grande coupole (fig. 69, 14). Dans le dernier,
le portique construit à l'époque française avec les colonnes provenant
de la Mosquée al-Sayyida présente un porche orné de deux groupes de
quatre colonnes disposées en carré (fig. 69. 14).
Notre pays se distingue enfin par la variété des différents élé-
ments qui composent les colonnes: fûts, bases et chapiteaux, com-
me nous nous proposons de le montrer dans les lignes qui suivent.
1) Fûts:
Les colonnes des mosquées d'Algérie ont des fûts d'une extrême
diversité parmi lesquels nous citerons les fûts cylindriques, galbés,
tronconiques, cannelés, octogonaux, pentagonaux, torsadés et à
partie supérieure cannelée et les fûts de forme particulière.
a) Fûts cylindriques :
Nous trouvons des fûts cylindriques à la Mosquée de Sayyidî
'Uqba, à la Grande Mosquée de Constantine, aux Mosquées du
Vieux-Ténès, de Sayyidî Abî Marwàn, de la Qal'a des Banï H'am-
mâd, de Sayyidî Abî'l-H'asan, d'Awlâd al-Imâm, de Sayyidî'l-H'al-
wî, de Sûq al-Ghazal, de Sayyidîl'l-Akhd'ar, de Salah Bey, de Say-
yidî M'hammed, de Sayyidî Muh'ammad al-Charîf, aux deux
mosquées turques d'Oran et de Mascara, à la Grande Mosquée
d'Alger, aux Mosquées Ketchaoua et Sidi Ramdan. à Djàmi'
Çafar et au Musée de Tlemcen.
A l'oratoire de Sayyidî 'Uqba, elles en sont en bois et mesurent
48 cm de diamètre et 1,93 m de hauteur (fig. 73) (38).

(38) Cf. A. Chehbi, op cit., p. 76.


Dans les trois mosquées suivantes, les fûts de la salle de prière
ont été empruntés à des monuments antiques. Leur diamètre et
leur hauteur sont d'une grande diversité. C'est ainsi qu'à la Grande
Mosquée de Constantine (fïg. 74), leur diamètre varie entre 31 et
52 cm, et leur hauteur, entre I, 35 m et 1,80 m. Seuls les fûts des
colonnes du mihrab de cette mosquée sont d'époque musulmane.
Ils mesurent 15 cm de diamètre et 1,65 m de hauteur.
A la Mosquée de la Qal'a des Banî H'ammâd, les colonnes en
marbre rose signalées par Blanchet (39) et celles en marbre blanc
dont parle de Beylié (40) ont disparu. Dans la salle de prière, il ne
reste plus que quatre tronçons de colonnes de 42 cm de diamètre.
Par contre, dans la cour nous avons exhumé trente-trois fûts ou
tronçons de fûts dont le diamètre est compris entre 15 et 42 cm et la
hauteur, entre 50 cm et 1, 88 m.
A l'oratoire de Sayyidî Abî'l-H'asan, les fûts de colonnes de
la salle de prière sont en onyx et mesurent 24 cm de diamètre et 1,15 m
de hauteur tandis que ceux du mihrab ont 15 cm de diamètre et
1,90 m de hauteur.
A la Mosquée d'Awlâd al-Imâm, la colonne de la salle de prière
a 45 cm de diamètre.
L'oratoire de Sayyidî Abî Madyan n'a que deux colonnes: celles
qui supportent l'arc d'ouverture du mihrab. Leur fût a 11 cm de
diamètre et 1,63 m de hauteur.
A la Mosquée de Sayyidî'l-H'alwi, les colonnes de la salle de
prière ont près de 50 cm de diamètre et 1,56 m de hauteur. Deux
d'entre elles sont décorées. Sur l'une, on a gravé un cadran solaire
et sur l'autre, une inscription en caractères coufiques astronomiques
(41). Leur emplacement en un endroit qui n'est jamais éclairé par le
soleil laisse à penser qu'elles n'étaient pas, à l'origine, destinées
à ce monument. Quant aux fûts des colonnes du mihrab, ils ont
la même hauteur, mais n'ont que 16 cm de diamètre.

(39) P. Blanchet, op. cit., p. 4.


(40) De Beylié, La Kalaa des Béni Hammad, p. 77.
(41) Cf. R. Bourouiba, Les inscriptions commémoratives des mosquées a"Algérie, p. 95.

— 83 —
A la Mosquée de Sûq al-Ghazal (42), les colonnes de la salle de
prière ont 50 cm de diamètre et 3,40 m de hauteur tandis q u ' à la
Mosquée de Sayyidî'l-Akhd'ar. elles n'ont que 1,90 m de hauteur
(43).
A l'oratoire de Salah Bey. les colonnes de la cour ont des fûts
cylindriques qui ont 50 cm de diamètre et 1,40m de hauteur (44).
A la Mosquée de Sayyidî M'hammed. il y a deux sortes de co-
lonnes à fûts cylindriques. Les unes mesurent 21 cm de diamètre
et 1,23 m de hauteur, et les autres, 10 cm de diamètre et 1,45 m de
hauteur.

A l'oratoire de Sayyidî Muh'ammad al-Charîf il n'y a que deux


colonnes dont le fût mesure 20 cm de diamètre et 1,45 m de hauteur.
A la Mosquée du Bey Muh'ammad al-Kabîr à Oran, les co-
lonnes de la salle de prière ont 33 cm de diamètre et 1,48 m de hau-
teur, tandis qu'à la Mosquée du Pacha, nous trouvons des colonnes
à fûts cylindriques autour de la coupole centrale, au portique qui
entoure la cour et au porche qui orne l'entrée.
Dans les deux mosquées de Mascara, les colonnes à fûts cy-
lindriques sont groupées par deux et par quatre, comme nous l'avons
indiqué précédemment.
A la Grande Mosquée d'Alger, des fûts cylindriques ont été
employés dans la construction du portique et des fontaines de la
cour. Celles du portique ont des fûts de deux dimensions différentes.
Les uns ont 69 cm de diamètre et 2.13 m de hauteur, et les autres.
27 cm de diamètre et 1,86 m de hauteur. Celles des fontaines sont
plus petites. Leur fût n'a que 17 cm de diamètre et 1.75 m de hau-
teur (fig. 75).
A la Mosquée Extérieure de la Kasba, quatre colonnes ont des
fûts cylindriques. Deux occupent les angles de la partie postérieure
de la salle de prière. Les deux autres servent à supporter l'arc à lobes
trèfles qui se trouve à la droite de la porte d'entrée. Ces dernières
sont les seules colonnes dont le fût est décoré de bagues que l'on

(42) C f . R . B o u r o u i b a , Constantine, pp. 100 et 101.


(43) Ibid., pp. 108 et 109.

(44) C f . A . C h e h b i . op. cit., p. 78.

_84_
rencontre dans les mosquées d'Algérie. Elles ressemblent à celles
de l'Alhambra de Grenade. Elles ont 10 cm de diamètre et 1.17 m
de hauteur et sont décorés de neuf bagues: un groupe de quatre
bagues constitué par trois bagues étroites et une bague large et un
groupe de cinq bagues formé d'une bague large encadrée par quatre
bagues étroites.
A la Mosquée de Sidi Ramdan. les fûts cylindriques ont 30 cm
de diamètre et 2,12 m de hauteur.
A Djâmi' Çafar, quatre colonnes de la salle de prière ont des
fûts cylindriques. Ce sont celles qui sont disposées à droite et à
gauche du mihrab. Leur fût mesure 41 cm de diamètre et 1,60 m
de hauteur. A ces colonnes s'ajoutent celles qui supportent la dakka
qui ont 17 cm de diamètre et 1,55 m de hauteur.
De nombreux fûts cylindriques sont exposés au Musée de Tlem-
cen. L'un d'eux de 40 cm de diamètre et de 2,18 m de hauteur pro-
vient de la Mosquée du Méchouar. Il est en beau marbre onyx veiné
de rose et présente la particularité d'être orné d'une inscription
placée à l'intérieur d'un rectangle de 38 cm de haut et 28 cm de large
qui donne la liste des biens légués à cette mosquée en 975/1567-
1568 (45).
b) Fûts galbés :
Nous rencontrons des colonnes à fût galbé à la Mosquée Ex-
térieure de la Kasba, à Djâmi' Çafar. aux Mosquées de Sayyidî'
1-Kattânî et de Sayyidî Abd al-Rahman.
Dans le premier monument, il y en a neuf: une à la première
rangée (46), quatre à la deuxième, deux à la troisième (47) et deux
au mihrab. Les fûts des sept premières colonnes ont un grand dia-
mètre de 22 cm, un petit diamètre de 21 cm et une hauteur de 1,81 m.
Les fûts des colonnes du mihrab mesurent 20 cm de diamètre moyen
et 1,69 m de hauteur.

(45) Cf. Ch. Brosse lard, Revue Africaine, 1860, pp. 241-242.
(46) Il s'agit de la première colonne à partir de la gauche en regant le mihrab.
(47) Ce sont les deuxième et troisième colonnes.

— 85 —
Quatre fûts de colonnes de Djâmi' Çafar sont légèrement galbés.
Ce sont ceux qui prennent place derrière la dakka (fig. 31). Leur
grand diamètre est de 33 cm, leur petit diamètre de 32 cm et leur
hauteur de 1,77 m.
La Mosquée de Salah Bey possède huit colonnes à fût galbé.
Elles servent d'appui à la coupole et mesurent 57 cm de grand dia-
mètre, 26 cm de petit diamètre et 2,60 m de hauteur (48).
A l'oratoire de Sayyidî'l-Kattâni, tous les fûts de la salle de
prière sont galbés. Leur diamètre moyen est de 27 cm et leur hauteur
de 2,35 m (fig. 76).
La Mosquée de Sayyidi Abd al-Rah'man a un mihrab dont l'arc
douverture repose sur deux colonnes galbées dont le grand diamètre
mesure 18,7 cm, le petit diamètre, 15 cm et la hauteur 1,38 m.
c) Fûts tronconiques :
A notre connaissance, seuls les fûts de la Grande Mosquée de
Tlemcen sont tronconiques. Ils sont de dimensions différentes. Leur
diamètre est compris entre 12,5 cm et 27,75 cm et leur hauteur, entre
1,51 m et 1,90 m (49).
d) Fûts cannelés :
La Grande Mosquée de Constantine possède des fûts ornés
de vingt, vingt-quatre ou quarante-huit cannelures verticales qui
ont été empruntées aux temples de Vénus et de la Concorde des
colonies cirtéennes (fig. 74). Nous y trouvons également des fûts
mi-lisses et mi-cannelés (fig. 74).
A la Grande Mosquée d'Alger, les colonnes du mihrab sont
ornées de cannelures hélicoïdales. Elles ont le même diamètre mais
des hauteurs différentes: 2,10 m et 1,88 m.
e) Fûts octogonaux :
Si nous en croyons P. Blanchet, les fûts des colonnes du mihrab
extérieur de la Mosquée de la Qal'a des Banî H'ammâd étaient
octogonaux (50).

(48) Cf. A. Chehbi, op. cit., p. 78.


(49) Cf. R. Bourouiba. L'art religieux musulman en Algérie, p. 76.
(50) P, Blanchet, op. cit., p. 4.

— 86 —
Deux fûts octogonaux ornent également la Mosquée de Salah
Bey et Djâmi' Çafar. Les premiers ont une base qui mesure 25 cm
de côté et une hauteur de 1,60 m. Les seconds encadrent le mihrab.
Ils ont la même hauteur mais ici les côtés de l'octogone ont 6,5 cm.
f) Fûts pentagonaux :
La Mosquée de Salah Bey Bey possède des- colonnes à fûts
pentagonaux dont les petits côtés mesurent 25 cm et les grands 50 cm.
Leur hauteur est de 1,60 m (51).
g) Fûts torsadés:
Nous pouvons en voir au mihrab de la mosquée de Sayyidî
Abd al-Mumin à Constantine (52) et à la façade de la Mosquée
Extérieure de la Kasba d'Alger.
h) Fûts à partie inférieure octogonale et à partie supérieure
cannelée :
Nous les rencontrons à la Mosquée du Pacha à Oran, aux
Mosquées Ali Khodja, Sayyidî M'hammed et à la Mosquée Exté-
rieure de la Kasba.
A Oran, elles servent d'appui à l'arc d'ouverture du mihrab
et à la dakka. Leur partie inférieure a pour base un octogone de
8 cm. de côté. Leur partie supérieure mesure 20 cm de diamètre
et 1,26 m de hauteur, soit 3 cm de plus que la partie inférieure. Elle
est ornée de cannelures hélicoïdales tout comme celles qui ornent
la salle de prière de la Mosquée Ali Khodja (53) et les portiques qui
entourent la cour de la Mosquée de Sayyidî M'hammed.
A la Mosquée Extérieure de la Kasba, au contraire, la partie
supérieure présente des cannelures en forme de bâtons rompus. Elles
ont une hauteur totale de 1,82 m et pour partie inférieure un prisme
octogonal dont la base a 8 cm de côté.
i) Fûts de forme particulière :
Nous en avons remarqué au mihrab de Djami' Djadid, et à la
Mosquée Ketchaoua. Dans le premier monument, les fûts se com-

(51) Cf. A. Chehbi, op. cit., p. 78.


(52) Cf. R. Bourouiba, Constantine, p. 116.
(53) Cf. G. Marçais, op. cit., p. 429.

87
Fig. 75. — Fontaine et minaret de la Grande Mosquée d'Alger. (Photo du ministère de
'Information et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications.)
Fig. 76. — Colonnes, arcs et plafonds de la Mosquée Sayyidî '1-Kattânî à Constantine. (Photo
du ministère de l'Information et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publica-
tions.)
posent de trois parties. La partie supérieure a 30 cm de hauteur.
Son diamètre a d'abord 9 cm puis s'évase jusqu'à atteindre 12 cm.
La partie centrale est cylindrique. Elle mesure 12 cm de diamètre
et 87 cm de hauteur. La partie inférieure ressemble à la première
mais elle est inversée.
A la Mosquée Ketchaoua. la partie inférieure est octogonale.
Viennent ensuite une partie cylindrique ornée d'un décor floral, une
partie cannelée qui présente des godrons en forme de chevrons
ou de bâtons rompus et une partie supérieure garnie d'un décor floral.
2) Bases:
Les colonnes de la Grande Mosquée de Constantine, des Mos-
quées Sayyidî Abï Marwân et Sayyidî'l-H'alwî, ainsi que celles de
la dakka de Djâmi' Çafar n'ont pas de base.
Dans les autres oratoires, nous trouvons des bases de quatre
sortes différentes: bases composées uniquement d'éléments cir-
laires, bases à socle carré surmonté d'éléments circulaires, bases
à socle carré surmonté d'éléments octogonaux et bases constituées
exclusivement d'éléments octogonaux.
a) Bases composées uniquement d'éléments circulaires:
Nous les rencontrons à la Mosquée de Sûq al-Ghazal, aux
Grandes Mosquées de Tlemcen et d'Alger, à Djâmi' Djadid, à la
Mosquée Extérieure de la Kasba et à Djâm'i Çafar.
Dans le premier monument, les colonnes de la salle de prière
sont composées d'un socle cylindrique de 72 cm de diamètre et de
60 cm de hauteur, surmonté de deux tores ayant pour hauteurs
respectives 8 cm et 2 cm (fig. 77, 1) (54). Celles qui ornent la façade
sont ornées d'un tore, d'un talon renversé et de deux tores (fig. 77,
2) (55).
A la Grande Mosquée de Tlemcen, deux bases de colonnes pré-
sentent deux tores superposés. Dans la première (fig. 77, 3), l'un
mesure 23 cm de diamètre et 2 cm de hauteur tandis que l'autre
a 20 cm de diamètre et 2 cm de hauteur. Dans la seconde, l'un des

(54) Cf. R. Bourouiba, Constantine, p. 99.


(55) Ibid., p. 97.

— 90 —
tores mesure 31 cm de diamètre et 6 cm de hauteur, alors que l'autre
a 30cm de diamètre et 2 cm de hauteur (fig. 77, 4).
A la Grande Mosquée d'Alger, l'une des colonnes du mihrab
a 22 cm de diamètre et 11,5 cm de hauteur. Elle est formée de trois
tores, d'un talon renversé et de deux tores (fig. 77, 5).
A Djâmi' Djadîd, les colonnes du mihrab ont une base de 3 cm
de hauteur et de 13,5 cm de diamètre composée d'un cavet renversé
encadré par deux tores (fig. 77, 6).
«
A la Mosquée Extérieure de la Kasba, trois colonnes de la
première rangée ont des bases constituées par deux tores superposés :
l'un de 22 cm de diamètre et 3 cm de hauteur, le second, de 18 cm
de diamètre et de 1 cm de hauteur (fig. 77, 7).
A Djâmi' Çafar, les colonnes situées derrière la dakka sont
composées de deux tores superposés ayant pour diamètres respectifs
40 cm et 34 cm et pour hauteurs respectives 4 cm et 3 cm (fig. 77, 8).
b) Bases composées dun socle carré et d'éléments circulaires:
Nous les trouvons à la Grande Mosquée de Tlemcen, aux Mos-
quées Sayyidî Abî'l-H'asan, Ketchaoua, à la Mosquée Extérieure
de la Kasba, aux oratoires de Sayyidî'l-Kattânî, Sayyidî'l-Akhd'ar,
Ali Khodja, Sayyidî 'Abd al-Rah'man, Djâmi' Çafar, Sayyidî
M'hammed, Sayyidî Muh'ammad al-Charîf et à la Grande Mosquée
d'Alger.
A la Grande Mosquée de Tlemcen, l'une des bases a 24 cm de
diamètre et 21 cm de hauteur. Elle est composée de deux tores, d'un
talon renversé et d'un socle parallélépipédique (fig. 77, 9). La
seconde a 41 cm de diamètre et 12 cm de hauteur. Elle comprend une
doucine renversée et un socle carré (fig. 77, 10). La troisième a
43 cm de diamètre et 12 cm de hauteur. Elle est constituée d'un tore
et d'un socle carré (fig. 77, 11). La quatrième mesure 24 cm de dia-
mètre et 21 cm de hauteur. Elle se compose d'une plate-bande de
12 cm de haut, d'un cavet renversé et d'un socle carré (fig. 77, 12).
A la Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan, les bases ont 23 cm
de diamètre et 18 cm de hauteur. Elles comportent de haut en bas:
un tore, une gorge, une doucine renversée et un socle carré (fig.
77, 13).

_91 —
A la Mosquée Ketchaoua. les bases ont un diamètre de 80 cm
et une hauteur de 38 cm. Elles comprennent un tore et un socle
parallélépipédique (fig. 77. 14).
A la Mosquée Extérieure de la Kasba. les colonnes qui suppor-
tent l'arc lobé placé à droite de la porte d'entrée ont des bases de
23 cm de diamètre et de 16 cm de hauteur formées d'un piédouche
compris entre deux tores et un socle parallélépipédique (fig. 77, 15).
Les bases des colonnes du mur du mihrab ont 35 cm de diamètre.
On y remarque de haut en bas : un listel, un tore et un socle parallé-
lépipédique (fi. 77, 16). Celles des colonnes galbées ont 23 cm
et 7 cm de hauteur. Elles sont formées d'un socle surmonté d'un
tore (fig. 77. 17).
A la Mosquée Sayyidî'l-Kattànî. les colonnes ont des bases de
32 cm de diamètre et 12,5 cm de hauteur constituées par deux tores
superposés surmontant un socle carré (fig. 78, 1).
A l'oratoire de Sayyidî'l-Akhd'ar, les colonnes du mihrab ont
des bases qui mesurent 20 cm de diamètre et 17 cm de hauteur, com-
portant de haut en bas: un listel, un talon renversé, un tore et un
socle carré (fig. 78, 2).
A la Mosquée A l i Khodja, les bases des colonnes du mihrab
mesurent 23 cm de diamètre et 14 cm de hauteur. Elles comprennent
un doucine renversée, deux tores et un socle parallélépipédique
(fig. 78, 3).
A l'oratoire de Sayyidî 'Abd al-Rah'man, les bases des colonnes
du mihrab ont 26 cm de diamètre et 12.5 cm de hauteur. Elles com-
portent deux tores et deux socles parallélépipédiques (fig. 78, 4).
A Djâmi' Çafar, les bases des colonnes du mihrab mesurent
24 cm de diamètre et 16 cm de hauteur. Elles se composent de deux
tores, d'un cavet renversé, d'un listel, d'un tore et d'un socle paral-
lélépipédique (fig. 78, 5).
A la Mosquée de Sayyidî M'hammed, les colonnes ont des
bases de 28 cm de diamètre et 16 cm de hauteur, comportent deux
tores et un socle parallélépipédique (fig. 78, 6).
A l'oratoire de Sayyidî Muh'ammad al-Charîf, les bases de
colonnes mesurent 28 cm de diamètre et 16 cm de hauteur. Elles
se composent de deux tores et d'un socle parallélépipédique (fig.
78, 7).

— 92 —
A la Grande Mosquée d'Alger, les bases des colonnes du por-
tique extérieur sont de deux sortes. Les unes ont 65 cm de diamètre
et 31 cm de hauteur. Elles comprennent de bas en haut; un socle
parallélépipédique de 20 cm de hauteur et trois tores superposés
ayant respectivement 5,5, cm, 3 cm et 2,5 cm de hauteur (fig. 78, 8).
Les autres mesurent 35 cm de diamètre et sont formées d'un socle
parallélépipédique de 10 cm de hauteur surmonté de deux tores
et d'un listel ayant pour hauteurs respectives 5 cm, 4 cm et 1 cm
(fig. 78,9). La fontaine située dans la partie droite de la cour en re-
gardant le mihrab, a des colonnes dont les bases mesurent 14 cm
de hauteur et 31 cm de diamètre, et comportent un socle carré, un
tore, un cavet renversé et trois tores (fig. 78, 10). L'autre fontaine
est ornée de colonnes dont la base a 24,5 cm de diamètre et 7 cm
de hauteur, et se compose d'un socle carré et d'un tore (fig. 78, 11).
c) Bases composées d'un socle carré surmonté d'éléments octo-
gonaux :
Nous les rencontrons à la Mosquée du Pacha à Oran, à la Mos-
quée Extérieure de la Kasba et P. Blanchet en a vu à la Mosquée
de la Qal'a des Banî Hammâd.
Dans le premier monument, elles mesurent 27 cm de diamètre
et 23,5 cm de hauteur. Nous y remarquons successivement: deux
socles parallélépipédiques et trois éléments octogonaux superposés
dont les côtés mesurent respectivement 11 cm, 9,5 cm et 8,5 cm
(fig. 78, 12).
A la Mosquée Extérieure de la Kasba, les colonnes présentant
un fût octogonal ont des bases de 26 cm de diamètre et de 5 cm de
hauteur, se composant d'un socle parallélépipédique de 2 cm de
hauteur et d'un prisme à base octogonale de 3 cm de hauteur dont les
côtés mesurent 11 cm (fig. 78, 13).
A la Mosquée de la Qal'a des Banî H'ammâd, les colonnes du
mihrab extérieur avaient, selon P. Blanchet (56), une base parallélé-
pipédique surmontée d'éléments octogonaux.

(56) P. Blanchet, op. cit., p, 4.

— 93 —
d) Bases composées uniquement d'éléments octogonaux :
Seule une colonne du mihrab de la Grande Mosquée d'Alger
possède une base de cette forme. Elle a 4.5 cm de hauteur et les côtés
des octogones qui la constituent varient de 10 cm à 7 cm (fig. 78. 1 -
3) Chapiteaux:
A la première Mosquée de Médine. les plafonds reposaient
directement sur les troncs de palmiers qui servaient de colonnes.
Les plus anciens chapiteaux musulmans connus semblent
avoir été ceux de la Mosquée de Koufa, après sa reconstruction
par le gouverneur d'Irak, Ziyâd b. Abihi, sous le règne du premier
Calife umayyade, Mu'awiya b. Abî Sufyan. Comme nous l'avons
mentionné précédemment ils ont été découverts par K. al-Djan-
nabî, au cours des fouilles qu'il a entreprises en 1938.
Viennent ensuite, les chapiteaux de la Coupole du Rocher,
à El-Qods et ceux de la Grande Mosquée de Damas qui imitent les
chapiteaux romains corinthiens et composites.
Les chapiteaux abbasides conservés au Musée de Bagdad et
provenant de Samarra, s'apparentent aux chapiteaux égyptiens
ayant la forme d'une fleur de lotus.
Les chapiteaux de la Grande Mosquée de Cordoue sont pour
la plupart de type composite.
Quant aux chapiteaux des Mosquées d'Algérie, ils sont d'une
très grande diversité et d'un riche apport à l'architecture arabo-
islamique.
Nous allons tenter, dans les lignes qui suivent, de retracer leur
évolution. Nous étudierons successivement les chapiteaux zirides.
h'ammâdides, almoravides, zayyanides, mérinides et turcs.
a) Chapiteaux zirides:
Quelques chapiteaux de la Mosquée Sayyidî Abî Marwàn
à Annaba ont été sculptés à l'époque ziride.
Celui qui surmonte l'une des colonnes du mihrab présente des
feuilles terminées par une crosse (fig. 79. 5). Il a 25 cm de hauteur
totale et son diamètre passe de 24 cm à la partie inférieure, à 27 cm
à la partie supérieure. Il ressemble aux chapiteaux de Sousse (fig.

— 94 —
79, 1) et Monastir (fig. 79, 2) découverts par À. Lézine (57), à l'un
des chapiteaux trouvés à Achir par L. Golvin (58) et au petit cha-
piteau de marbre mis au jour sur le site de Cabra-Mançûriyya, près
de Kairouan (fig. 79, 3 et 4) (59).
D'après G. Marçais, ce chapiteau dérive des chapiteaux coptes
conservés au Musée de Bûlaq (60). Une autre hypothèse a été avan-
cée par A. Lézine (62) qui tout en admettant sa ressemblance avec
les chapiteaux coptes (fig. 80, 5) et kairouanais (fig. 80, 6), affirme
que ces derniers ont une parenté avec les chapiteaux umayyades
de Syrie (fig. 80, 4) et les chapiteaux de l'Egypte pharaonique (fig.
80, 1, 2).
Quatre autres chapiteaux de la Mosquée Sayyidî Abî Marwân
sont ornés de quatre feuilles d'acanthe. Dans l'un (fig. 81), la feuille
inférieure, avec ses digitations et ses œillets imite bien l'acanthe.
Elle est plaquée sur la feuille supérieure dont n'aperçoit pas la crosse.
Ce chapiteau ressemble à celui que l'on a exhumé sur le site de Çabra-
Mançûriyya et qui a été réutilisé à la Grande Mosquée de Kairouan
(fig. 82). Dans les autres, les feuilles inférieures ne sont pas décorées
et les feuilles supérieures apparaissent plus nettement. Elles sont
bordées d'un filet en relief qui s'achève par une volute et déterminent
un espace en forme de V meublé soit d'un filet vertical surmonté
d'un cercle (fig. 83), soit d'un triangle incurvé, soit de stries (fig. 84).
Dans les trois derniers chapiteaux, la rangée supérieure de
feuilles d'acanthe se compose de quatre feuilles et, l'autre, de huit.
Les feuilles de la couronne supérieure de deux* d'entre eux sont
réunies à leur base par un filet (fig. 85). Dans le troisième, le filet
est remplacé par un bandeau rectangulaire incurvé qui rappelle
le quart de rond du chapiteau composite (fig. 85). Les autres diffé-
rences portent sur la vojute que dessine la feuille supérieure et qui
peut être nue, ornée de stries verticales (fig. 86) ou recourbée et
recouverte d'une feuille plus étroite qui unit les crosses des feuilles
inférieures et supérieures (fig. 85).

(57) A. Lézine, Le ribat de Sousse, pl. XV.


(58) L. Golvin, Le Maghrib Central à t époque des Zirides, p. 226.
(59) Cf. G. Marçais, op. cit., p. 104.
(60) Ibid., p. 46.
(61) A. Lézine, Le ribat de Sousse, pl. XV.

— 97 —
Fig. 83. — Chapiteau de la Mosquée de Sayyidî Abî
Marwân, orné d'un filet vertical et d'un cercle.
Fig. 84. — Chapiteau de la Mosquée de Fig. 85. — Chapiteau de la Mosquée de
Sayyidî Abî Marwân, orné de stries verti- Sayyidî Abî Marwân, à feuilles supérieures
cales. réunies à la base par un filet.

Fig. 86. — Chapiteaux des trois colonnes groupées, situées en avant du mihrab de la
Mosquée de Sayyidî Abî Marwân. Seul le chapiteau de gauche est ziride et présente un quart
de rond à la partie supérieure.
b) Chapiteaux h'arwnâdides :
Nous les rencontrons à la Mosquée de la Qal'a des Banî H'am-
raâd et à la Grande Mosquée de Constantine.
A la Mosquée de la Qal'a des Banî H'amraâd. nous avons trouvé
trois chapiteaux se composant d'un tronc de cône surmonté d'un
parallélépipède rectangle (fig. 87) et un demi-chapiteau de type
composite.
Le dernier chapiteau découvert à la Mosquée de la Qal'a des
Banî H'ammàd (fig. 88), qui n'est pas sans rappeler les chapiteaux
de la Grande Mosquée de Cordoue (fig. 89), comporte deux parties
distinctes. La partie supérieure présente deux gros disques d'angles
de 15 cm de hauteur, 9 cm de largeur et 8 cm d'épaisseur, faisant un
angle de 150° avec le quart de rond qui les sépare et mesure 17 cm
de large et 7 cm de haut. Quant à la partie inférieure, elle est occupée
par deux rangées de feuilles d'acanthe ayant pour hauteurs respecti-
ves 15 cm et 11 cm et pour largeurs respectives 11 cm et 10 cm.
A la Grande Mosquée de Constantine, seuls les chapiteaux
du mihrab sont d'époque h'ammadide. Ce sont les plus anciens
chapiteaux à volutes latérales de ce type que nous connaissions. Ils
sont tronconiques et mesurent 19 cm de hauteur totale, 16 cm de
petit diamètre et 26 cm de grand diamètre (fig. 90).
Ils ressemblent à celui qui surmontait l'un des colonnes de la
porte d'entrée du minaret de la Qal'a des Banî H'ammâd (fig 91).
Les volutes latérales qui l'ornent apparaissent déjà dans un
chapiteau d'époque pharaonique (fig. 80, 3) et dans les chapiteaux
ioniques. Mais dans le chapiteau égyptien la base du chapiteau
était sculptée alors qu'ici elle est lisse et celles du chapiteau romain
étaient séparées par une frise d'oves, ornement qui n'existe pas à
Constantine.
c) Chapiteaux almoravides :
Les chapiteaux almoravides n'apparaissent qu'à la Grande
Mosquée de Tlemcen. Us ressemblent au chapiteau de type compo-
site que nous avons décrit précédemment et aux chapiteaux de la
Grande Mosquée de Cordoue (fig. 88 et 89).

_ 101 —
Leur partie supérieure comporte des disques d'angle et un
quart de rond, et leur partie inférieure est garnie de deux couronnes
de feuilles d'acanthe.
Ils sont au nombre de sept. Deux d'entre eux que nous appelons
Mg et Md se trouvent à gauche et à droite du mihrab (fig 92). Deux
autres, Gl et Hl, supportent la coupole en avant du mihrab. Les
deux suivants, G2 et H2, se trouvent devant les précédents. Le der-
nier, H6, se trouve au fond de la salle de prière et orne le pilier de
droite de la nef centrale.
Ces chapiteaux diffèrent non seulement par leur dimensions
mais encore par leur décor. Leur quart de rond est rectangulaire en
Mg et Gl, trapézoïdal dans les autres chapiteaux. Leurs disques
d'angles ont une face en forme de croissant en Mg et Md, de rectangle
légèrement incurvé en Gl et Hl, de pentagone en G2 et H2 et d'un
demi-cercle en H6. Les feuilles d'acanthe de la rangée supérieure
sont plus hautes que celles de la rangée supérieure sauf en Mg où
elles ont la même hauteur. L'astragale est lisse et plat en Mg, Md,
Gl et Hl, lisse et semi-circulaire en H6, torsadé et semi-circulaire
en G2 et H2 (fig. 93). Sa hauteur passe de 1,5 cm en Hl à 7 cm en H2
et son épaisseur, de 0,5 cm en H1 à 3 cm en H2.
d) Chapiteaux zayyânides :
A l'époque zayyânide, nous notons que le chapiteau de type
composite s'est complètement métamorphosé pour donner naissance
à un chapiteau spécifiquement musulman.
En effet, la division du chapiteau en deux partie distinctes, com-
mencée à l'époque almohade s'est complètement réalisée et le chapi-
teau comprend désormais deux parties: une partie supérieure
parallélépidédique et une partie inférieure cylindrique. D'autre
part, les feuilles d'acanthe qui meublaient la partie inférieure ont
perdu tout caractère végétal et sont remplacées par un méandre.
La petite mosquée de Sayyidï Abî'l-H'asan nous a conservé
cinq chapiteaux de ce type. Deux d'entre eux ornent le mihrab.
Deux autres l'encadrent et le dernier se trouve au fond de la salle
de prière.
Dans les chapiteaux du mihrab (fig. 94), le décor du parallélépi-
pède s'organise autour d'un bandeau de 2,5 cm de hauteur et de
11 cm de largeur orné de stries verticales. De ce bandeau qui rap-

— 103 —
pelle le quart de rond antique, s'échappent vers le haut et le bas
deux motifs qui dessinent un X dont les branches supérieures et
inférieures encadrent une palmette.

A droite et à gauche du bandeau, prend place une palme en


forme de croissant tandis que les angles supérieurs du parallélépi-
pède sont occupés par des cônes de pin. La surface restante est
meublée de palmes ornées de stries, de points et d'oeillets.

La partie cylindrique est décorée d'un méandre, stylisation de


la couronne d'acanthe antique. D'autre part, l'espace séparant deux
feuilles consécutives et la nervure de l'acanthe sont occupés respecti-
vement par une tresse et un méandre.

Les chapiteaux encadrant le mihrab (fig 95) comportent un


abaque divisé en six parties par un trapèze encadré de quatre rec-
tangles ornés de filets en creux séparés par un point. Dans la partie
parallélépipédique, le bandeau central et les cônes de pin ont dis-
paru. Le décor s'organise autour d'une palmette centrale qui repose
sur une palme double sous laquelle prennent place deux feuilles de
caulicoles qui s'enroulent en spirale et encadrent une petite pal-
mette de part et d'autre de laquelle se trouvent des palmes doubles
lisses de formes très diverses.

La partie inférieure du chapiteau est garnie d'un méandre dans


lequel la nervure centrale et l'espace qui sépare deux feuilles consé-
cutives sont meublés d'un galon parallèle au méandre.

Quant au chapiteau du fond de la salle de prière, il n'a conser-


vé que sa partie supérieure dont le décor ressemble à celui qui orne
le chapiteau précédent.

Dans la partie de la Grande Mosquée de Tlemcen construite


sous les Zayyânides, il existe un chapiteau qui comporte à la partie
supérieure un abaque, deux disques d'angles et un tasseau tandis
que la partie inférieure, en forme de tronc de cône, est meublée de
deux rangées de huit feuilles d'acanthe à crosse trapézoïdale. Ce
chapiteau ressemblant plus aux autres chapiteaux de la Grande
Mosquée de Tlemcen qu'à ceux de la Mosquée de Sayyidî Abî'l-
H'asan, il est permis de penser qu'il s'agit là d'un chapiteau almo-
ravide remployé par les Zayyânides.
e) Chapiteaux mérinides :
Dans les Mosquées mérinides de Mançûra. de Sayyidî Abî
Madyan et de Sayyidî'l-H'alwî. nous trouvons deux sortes de cha-
piteaux: des chapiteaux de type zayyànide qui ressemblent à ceux
de la Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan et des chapiteaux à disques
d'angles.
Les premiers surmontent les fûts des colonnes de Mançûra et
de la salle de prière de Sayyidî'l-H'alwî. Ils présentent un abaque
lisse de 48.2 cm de côté et 2 cm de hauteur, un parallélépipède de
48,2 cm de côté et 16 cm de hauteur, un cylindre de 37,2 cm de dia-
mètre et 19,5 cm de hauteur et un astragale de 38.8 cm de diamètre
et 2 cm de hauteur. La partie parallélépipédique a son centre occupé
par un bandeau ou un gros fleuron.
A la Mosquée de Sayyidî'l-H'alwî (fig. 96). le bandeau n'a pas
reçu l'inscription qui lui était destinée et que l'on trouve dans les
chapiteaux de Mançûra conservés au Musée de Tlemcen (fig. 97).
Il est surmonté d'un gros fleuron encadré par deux fleurons coniques
et des palmes qui s'emboîtent les unes dans les autres et prennent
naissance dans les angles du parallélépipède.
Dans les chapiteaux de Mançûra. le bandeau est surmonté
de petits fleurons inscrits dans des cœurs disposés en quinconce
encadrés par deux palmes, dont les extrémités s'enroulent en spirale,
et des palmes en forme de croissant.
La partie cylindrique des chapiteaux de la Mosquée de Sayyi-
dî'l-H'alwî est ornée d'un méandre dans lequel la nervure des feuilles
est garnie d'un entrelacs rectiligne reposant sur des merlons à degrés,
motif qui apparaît pour la première fois dans le décor des chapiteaux
musulmans.
Celle des chapiteaux qui proviennent de Mançûra est décorée
d'un méandre dans lequel l'entrelacs est remplacé par un décor
végétal : rinceau et fleurons que nous n'avons pas rencontré dans les
monuments religieux musulmans antérieurs.
Les chapiteaux à disques d'angles surmontent les colonnes
des mihrabs des Mosquées de Sayyidî'Abi Madyan et Sayyidî'l-
H'alwî (fig. 98 et 99). Leur partie supérieure ressemble à celle des
chapiteaux de type composite de la Qal'a des Banî H'ammàd. et

— 108 —
pig 96. _ Chapiteau de la salle de Fig. 97. — Chapiteau de Mançûra con-
prière de la Mosquée de Sayyidî '1-H'alwî. servé au Musée de Tlemcen.
de la Grande M o s q u é e de Tlemcen. Elle comporte un abaque, un
quart de r o n d , deux gros disques d'angles et un tasseau.

L'abaque est i n c u r v é et garni d'un entrelacs. Le quart de rond


est m e u b l é d'une inscription e n c a d r é e par deux frises de fleurons
inscrits dans des c œ u r s et varie suivant les chapiteaux.

a') Inscription du chapiteau de gauche de la Mosquée de Sayyi-


dî Abî Madyan:

« C e c i est ce qu'a o r d o n n é de faire notre m a î t r e , le prince des


Musulmans, A b û ' l - H ' a s a n . fils de notre m a î t r e , le prince des Musul-
mans»

b') Inscription du chapiteau de droite de la Mosquée de Sayyidi


Abî Madyan:

«Il a désiré contempler la face d ' A l l a h . l'Immense, et espère


en Sa r é c o m p e n s e magnifique. Q u ' A l l a h le destine à la plus utile des
œ u v r e s et à la plus haute d i g n i t é » .

c') Inscription du chapiteau de gauche de la Mosquée de Sayyidîl


Halwî:

« M o s q u é e du tombeau du C h a y k h . de l'ami d ' A l l a h , de celui


qui est satisfait de son sort. A l - H ' a l w î . q u ' A l l a h l u i fasse miséri-
ricorde ! »

d') Inscription du chapiteau de droite de la Mosquée de Sayyidîl


tfalwî :

« A o r d o n n é la construction de cette m o s q u é e bénie, le servi-


teur d ' A l l a h , celui q u i se confie à A l l a h . F à r i s . le prince des Cro-
yants».

Les disques d'angles sont d é c o r é s d'une couronne circulaire


o r n é e de chevrons à l ' i n t é r i e u r de laquelle r é g n e n t des palmes
entrelacées.

Le tasseau se d é t a c h e sur l'abaque et affecte la forme d'un t r a p è z e


o r n é de rinceaux inscrits dans un arc p o l y l o b é .

La partie cylindrique est m e u b l é e d'un m é a n d r e c o m p o s é de


feuilles dont la nervure se r é d u i t à une ligne verticale tandis que l'es-
pace qui s é p a r e deux feuilles c o n s é c u t i v e s est garni d'un d é c o r
de chevrons s u p e r p o s é s qui se d é t a c h e n t sur un fond bleu.

_ 110 —
Ce galon se prolonge dans les feuilles de caulicoles qui naissent
entre les feuilles d'acanthe. Ces caulicoles affectent la forme de
palmes en forme d'S ouvert et de palmes courtes, en croissant, sur
lesquelles repose le quart de rond.
Quant à l'astragale, il est torsadé dans les chapiteaux des deux
mosquées.
f) Chapiteaux turcs:
A l'époque turque, nous trouvons des chapiteaux d'une ex-
trême variété: chapiteaux à feuilles terminées par une crosse, à
volutes latérales, à partie supérieure parallélépipédique et à partie
inférieure ornée d'un méandre, hafsides. bulbeux, cannelés ou striés,
composés de moulures ou d'abaques superposés, en forme de cor-
beille évasée à partie inférieure cylindrique et à partie supérieure
ornée d'une frise d'oves et en forme de tronc de pyramide.
a') Chapiteaux à feuilles terminées par une crosse :
Seul, le mihrab de la Mosquée de Sayyidî 'Abd al-Rah'man
en possède. Ils ont 20,5 cm de hauteur. 26 cm de côté à la partie
supérieure, 16 cm de diamètre à la partie inférieure et un astragale
de 2 cm de hauteur. Un motif floral orne l'espace compris entre les
deux crosses (fig. 100. I) (62).
b') Chapiteaux à volutes latérales:
Ce sont les plus nombreux. Certains ne sont ornés que de volutes
latérales et ressemblent aux chapiteaux de la Grande Mosquée
de Constantine (fig. 90). Parmi eux. nous citerons les chapiteaux
des dakkas de Djàmi' Djadid et Djàmi' Çafar. certains chapiteaux
de la Mosquée de Sayyidî M'hammed et un chapiteau de la Mosquée
de Sayyidî'l-Akhd'ar.
A la dakka de Djàmi' Djadid (fig. 100. 2). les chapiteaux me-
surent 30 cm de hauteur totale, abaques et astragale compris. 26 cm
de côté à la partie supérieure et 18 cm de diamètre à la partie infé-
rieure. Ils ont deux abaques et deux astragales dont les hauteurs
respectives sont 4 cm. 2 cm. 4,5 cm et 0.5 cm.
A la dakka de Djâmi'Çafar, ils mesurent 28 cm de hauteur totale,
abaques et astragale compris. 21 cm de côté à la partie supérieure
et 18,5 cm de diamètre à la partie inférieure. Ils ont deux abaques et
un astragale qui mesurent respectivement 5 cm. 2 cm et 2 cm de
hauteur (fig. 100, 3).
A la salle de prière de Sayyidî M'hammed (fig. 100, 4), ils mesu-
rent 40 cm de hauteur, abaques et astragale compris. 39 cm de côté à
à la partie supérieure et 21 cm à la partie inférieure. Ils ont deux
abaques et un astragale dont les hauteurs respectives sont: 8 cm,
4 cm. et 2 cm.
Le chapiteau de la Mosquée de Sayyidî'l-Akhd'ar (63) ressem-
ble à celui de la Mosquée de Sayyidî M'hammed.
Dans d'autres chapiteaux, le décor ne se limite pas aux volutes
latérales. D'autres motifs viennent l'agrémenter.
Ces motifs peuvent être une feuille à deux lobes ou une feuille
à trois lobes. Le premier n'apparaît, à notre connaissance, que dans
certains chapiteaux de Sayyidî M'hammed où il prend place au-des-
sous des volutes latérales. Le second est plus fréquent. Nous l'avons
remarqué aux chapiteaux du mihrab de Djàmi' Djadid, à la Mosquée
de Sayyidî M'hammed. à la Mosquée Extérieure de la Kasba, à
Djâmi' Çafar et à la Mosquée de Sûq al-Ghazal.
Au mihrab de Djami' Djadid (fig. 100. 5), il a 13.5 cm de hau-
teur. 22 cm de côté à la partie supérieure et 15 cm à la partie inférieure.
Il a trois abaques et trois astragales dont les hauteurs respectives
sont: 4 cm. 2 cm. 1.5 cm, 2,5 cm, 2 cm et 1 cm. Les feuilles trilobées
ont des lobes allongés et disposés côte à côte.

Au contraire, dans les trois mosquées suivantes, les feuilles qui


prennent place sous les volutes latérales ont la forme d'un trèfle.
A la Mosquée de Sayyidî M'hammed, certains chapiteaux ont les
mêmes dimensions que les chapiteaux ornés uniquement de volutes
latérales. D'autres sont plus petits et ne mesurent que 17 cm de hau-
teur et 24 cm de côté à la partie supérieure. A Djàmi' Çafar. les
chapiteaux à volutes latérales ornés d'une feuille trilobée surmontent
les colonnes situées derrière la dakka, Ils ont 26 cm de hauteur,
44 cm de côté à la partie supérieure et 34 cm de diamètre à la partie

(63) C f . R. B o u r o u i b a , Constantine, p . 84.

— 114 —
inférieure (fig. 100, 6). Ils ont trois abaques et un astragale dont les
hauteurs respectives sont: 4 cm, 4 cm. 5 cm et 3 cm. A la Mosquée
Sûq al-Ghazal, les chapiteaux des colonnes du mihrab ont, en plus
des feuilles trilobées, un motif en forme de cœur et deux croissants
entre les volutes latérales. Us mesurent 23 cm de hauteur et 25 cm de
côté à la partie supérieure (fig. 100, 7).
Divers autres motifs accompagnent les volutes latérales.
A la salle de prière du premier étage de la Mosquée de Sayyidî
'Abd al-Mu'min, à Constantine, c'est une feuille d'acanthe à crosse
ornée de deux volutes latérales et décorée d'une feuille à trois lobes
(fig. 100, 8).
A Djâmi' Çafar, à la Grande Mosquée d'Alger, à la Mosquée
de Sayyidî M'hammed ainsi qu'au mihrab et à la façade de la Mos-
quée Extérieure de la Kasba, sous les volutes latérales prend place
une couronne d'acanthes.

A Djàmi' Çafar, des chapiteaux de ce type couronnent les qua-


tre colonnes en marbre blanc veiné de noir qui se trouvent à gauche
et à droite du mihrab. Ils mesurent 37 cm de hauteur, abaques non
compris, 50 cm de côté à la partie supérieure et 41 cm de diamètre
à la partie inférieure. Us ont deux abaques et un astragale ayant res-
pectivement 2 cm, 3 cm, 5 et 2 cm de hauteur. En outre, au-dessus de la
feuille d'acanthe centrale, prend place un motif floral qui diffère
suivant les chapiteaux (fig. 100, 9).

A la colonne de droite du mihrab de la Grande Mosquée d'Alger,


le chapiteau mesure 18,5 cm de hauteur, 21 cm de largeur à la partie
supérieure et 14 cm de diamètre à la partie inférieure. De plus, la
couronne d'acanthes est surmontée d'un motif conique coiffé d'un
croissant (fig. 101, 1). I l a quatre abaques et quatre astragales dont
les hauteurs respectives sont de 1,5 cm, 2 cm, 1,5 cm, 1,5 cm, 2 cm,
1,5 cm, 2 cm et 0,5 cm.
Les colonnes qui ornent le porche du portique de la même
mosquée, (fig. 101, 2) celles des portiques de la Mosquée de Sayyidî
M'hammed, du mihrab et de la façade de la Mosquée Extérieure
de la Kasba sont surmontées de chapiteaux présentant le même
décor.
Les deux colonnes qui décorent les angles de la partie posté-
rieure de la Mosquée Extérieure de la Kasba sont coiffées de cha-

— 115 —
Fig. 102. — Capiteau du mihrab de la Mosuqée de Sayyidî '1-Kaitânî. (D'après une photo-
graphie du ministère de l'Information et de la Culture, Sous-Directiof de la Documentation et
des Publications.)
Fig. 103. — Mihrab de la Mosquée Sayyidî '1-Akhd'ar. (Photo du ministère de l'Informa-
tion et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications.)
piteaux à volutes latérales s é p a r é e s par un m o t i f conique s u r m o n t é
d'un croissant et d'une étoile à cinq branches. Leur base est o r n é e ,
non d'une couronne d'acanthes, mais d'une frise f o r m é e de deux
palmes doubles affrontées s é p a r é e s par u n losange (fïg. 101. 3).

Les chapiteaux à volutes l a t é r a l e s surmontant les grosses co-


lonnes q u i ornent le porche du portique de la Grande M o s q u é e
d'Alger (fig. 101,4 et 5) p r é s e n t e n t une couronne de feuilles d'acanthe
et, sous les volutes latérales, des grappes de raisin. Ils mesurent 89 c m
de hauteur totale, abaques et astragales compris. 65 cm de large et
comptent p a r m i les plus gros chapiteaux d ' A l g é r i e . Ils p r é s e n t e n t , en
outre, la p a r t i c u l a r i t é d ' ê t r e bulbeux.

Les chapiteaux de la M o s q u é e de Salah Bey à Annaba ont.


sous les volutes l a t é r a l e s , un fleuron à cinq lobes à l'intérieur duquel
s'inscrit u n m o t i f conique q u i descend j u s q u ' à la base d u chapiteau
tandis que les tiges des volutes reposent sur une feuille d'acanthe (65).

Les colonnes d u m i h r a b et de la dakka de la Grande M o s q u é e


d'Oran ont des chapiteaux dont la partie inférieure est o c c u p é e
par une r a n g é e de feuilles d'acanthe. En outre, l'espace compris
entre les volutes l a t é r a l e s est m e u b l é d'un m o t i f floral s u r m o n t é
d'un croissant se d é t a c h a n t en partie sur l'abaque (66).

Les chapiteaux du m i h r a b de la M o s q u é e A l i K h o d j a p r é s e n -
tent à la partie inférieure une couronne c o m p o s é e de huit feuilles
d'acanthe et des volutes latérales s é p a r é e s par une frise d'oves sur-
m o n t é e d ' u n croissant.

Les chapiteaux du m i h r a b de la M o s q u é e de S a y y i d î ' l - K a t t à n î


ont un abaque i n c u r v é , des volutes latérales s é p a r é e s par deux frises
s u p e r p o s é e s : une frise d'oves et une frise de perles et de pirouettes
sous lesquelles prennent place des cannelures verticales et u n cou-
ronne de huit feuilles d'acanthe (fïg. 102).

c') Chapiteaux à partie supérieure parallélépipédique et à


partie inférieure ornée cTun méandre.

Nous rencontrons des chapiteaux de ce type aux M o s q u é e s


de S a y y i d î ' l - A k h d ' a r et de Salah Bey. à la Grande M o s q u é e ou Mos-

(65) C f . A . C h e h b i , op. cit., p. 87.

(66) C f . M . M h i r a s , La Grande Mosquée d'Oran, fig. 22, p. 34.

— 118 —
quée du Pacha d'Oran, à la Mosquée Extérieure de la Kasba et à
la Mosquée de Sayyidï 'Abd al-Rahman.
Dans le premier monument, ils coiffent les colonnes du mihrab.
Ils mesurent 32 cm de hauteur, abaques et astragale compris. Leur
partie parallélépipédique a 20 cm de côté et 7 cm de hauteur. Elle
est ornée de rinceaux et de palmes. La partie inférieure, cylindrique,
mesure 13,5 cm de diamètre et 19 cm de hauteur. Elle est décorée
d'un méandre formé de feuilles à crosses horizontales et l'espace
compris entre deux feuilles consécutives est meublé d'un fleuron
à trois lobes (fïg. 103).
Les chapiteaux du portique de la Mosquée de Salah Bey pré-
sentent une partie supérieure décorée de motifs floraux et une partie
inférieure garnie d'un méandre à crosses horizontales comme à
la Mosquée de Sayyidî'l-Akhd'ar (67).
La Mosquée du Pacha d'Oran possède plusieurs types de cha-
piteaux à partie supérieure parallélépipédique et à partie inférieure
cylindrique. Dans les chapiteaux du portique semi-circulaire qui
entoure la cour, la partie supérieure est garnie de palmes qui en-
cadrent un fleuron à trois lobes, dont le lobe central est évidé, et
la partie inférieure, d'un méandre (68). Deux chapiteaux du kiosque
qui se trouve à l'entrée de la Mosquée imitent ceux de la Mosquée
de Sayyidï Abî'l-H'asan (fig. 95). Comme dans ces derniers, le décor
de la partie supérieure s'organise autour d'une palmette et leur
partie inférieure s'orne d'un méandre. Il en est de même des cha-
piteaux qui coiffent les grandes colonnes de la façade du porche.
Deux autres chapiteaux du kiosque évoquent certains chapiteaux
de l'Alhambra de Grenade. Le méandre qui décore la partie inférieure
de ceux que nous avons décrits précédemment est remplacé ici par un
entrelacs (69).
A la Mosquée Extérieure de la Kasba, les chapiteaux qui sup-
portent l'arc à lobes trèfles, que l'on voit à droite de la porte d'entrée,
ont un décor qui s'organise autour d'un cône de pin à la partie su-
périeure. Leur partie inférieure, cylindrique, est garnie d'un méandre.

(67) Cf. A. Chehbi, op. cit., p. 89.


(68) Cf. M. Mhiras, op. cit., p. 49.
(69) Ibid., p. 49.

— 119 —
Des feuilles de caulicoles prenant naissance entre les feuilles d'acanthe
relient la partie inférieure à la partie supérieure (fig. 101, 5).
Certains chapiteaux de la Mosquée de Sayyidî'Abd al-Rahman
ont une partie parallélépipédique garnie d'un décor floral et une
partie inférieure meublée de deux méandres (70).
d') Chapiteaux hafsides:
La plupart des chapiteaux de la salle de prière de la Mosquée de
Sayyidî'l-Akhd'ar sont des chapiteaux qui imitent ceux qui ont été
sculptés en Tunisie à l'époque des Hafsides. contemporains des Zayya
nides et des Mérinides. Ils se composent d'une corbeille à base circu-
laire qui s'évase en calice et passe au plan carré (fig. 104) et se répar-
tissent en trois catégories. Les uns sont simplement ornés de quatre
larges feuilles. Les seconds ont quatre grandes feuilles occupant
toute la hauteur du chapiteau alternant avec quatre petites feuilles
ne s'élevant qu'à mi-hauteur. Les troisièmes présentent deux feuilles
superposées à chaque angle.
D'autres chapiteaux de type hafside ornent la façade de la
Mosquée de Sûq al-Ghazal (fig. 105). Nous y voyons quatre larges
feuilles placées aux angles alternant avec quatre feuilles étroites
de même hauteur qui meublent le milieu de chaque face.
e') Chapiteaux bulbeux:
Nous avons déjà signalé que les chapiteaux bulbeux qui dérivent
des chapiteaux lotiformes de l'époque pharaonique apparaissent
pour la première fois dans l'art musulman dans les monuments
abbasides de Samarra. Nous les retrouvons ensuite à la Mosquée
Ibn T'ûlûn au Caire et à la Grande Mosquée de Kairouan.
En Algérie, nous les rencontrons à la Grande Mosquée d'Alger
et aux Mosquées de Touggourt. de Sayyidî'l-Akhd'ar et Ketchaoua.
Dans le premier édifice, ils décorent le porche du portique ex-
térieur. Nous les avons étudiés avec les chapiteaux à volutes latérales.
A la Grande Mosquée de Touggourt. ils surmontent les colon-
nes du mihrab et sont ornés de rinceaux disposés horizontalement
(71).
(70) Cf. G. Marçais, op. cit., fig. 234, p. 434.
(71) Cf. A. Chehbi, op. cit.,fig.15, p. 108.

— 120 —
Les chapiteaux de la Mosquée de Sayyidî'l-Akhd'ar décorent la
dakka. Les uns surmontent les colonnes qui la supportent. Leur
partie supérieure a la forme d'un bulbe d'où se détachent des élé-
ments décoratifs en forme d'S entre lesquels prennent place des fleu-
rons, tandis que leur partie inférieure est occupée par deux couronnes
de feuilles d'acanthe disposées en quinconce (72). Les autres ornent
les angles de la balustrade. Ils ressemblent aux précédents mais sont
coiffés d'une pomme de pin (fig. 106).
A la Mosquée Ketchaoua. les chapiteaux bulbeux ont leur
partie supérieure meublée de feuilles d'acanthe et leur partie infé-
rieure, de cannelures (fig. 107).
f) Chapiteaux cannelés ou striés:
A la Mosquée de Sayyidî 'Uqba. nous trouvons à droite et
à gauche du mihrab une colonne surmontée d'un chapiteau cylin-
drique a cannelures verticales, cantonnée de deux autres colonnes
dont les chapiteaux sont garnis de stries curvilignes ou en forme de
chevrons (fig. 72).
Des chapiteaux meublés de stries en forme chevrons couron-
nent également les colonnes de la fontaine de la cour de la Grande
Mosquée d'Alger, située à gauche en regardant le mihrab (fig. 75).
g') Chapiteaux à moulures superposées :
Ce type de chapiteau se rencontre à la Mosquée Salah Bey (73)
et à la Mosquée Sayyidî Muh'ammad al-Charïf (fig. 101, 6).
h') Chapiteaux formés dabaques superposés :
A la grande Mosquée d'Oran, certains chapiteaux de la salle de
prière sont formés de quatre abaques superposés ornés d'un décor
géométrique (74).
i') Chapiteaux en forme de corbeille évasée:
A la Mosquée de Sayyidî'l-Kattânî (fig. 76), les chapiteaux de
la salle de prière sont en forme de corbeille dont la base est circulaire

(72) Cf. R. Bourouiba, Constantine, p. III.


(73) Cf. A. Chehbi, op. cit., p. 84.
(74) Cf. M. Mhiras, op. cit., p. 44.

— 123
et qui s'évase vers le haut. Cette corbeille est décorée de quatre
feuilles d'acanthe à digitations et à œillets. Elle est surmontée d'un
parallélépipède de faible hauteur.
A la Mosquée de Sûq al-Ghazal, la corbeille est ornée à sa partie
supérieure d'un arc recticurviligne et coiffée d'un parallélépipède
de faible hauteur (fig. 108).
j') Chapiteaux composés d'une parue inférieure cylindrique
et à partie supérieure ornée d'une frise doves:
Ils couronnent les colonnes qui supportent la dakka de la Mos-
quée de Sayyidî'l-Kattànî. La frise d'oves est surmontée d'un crois-
sant et de quatre abaques.
k') Chapiteaux en forme de troncs de pyramide à pans coupés:
Ils couronnent les colonnes de la salle de prière de la Mosquée
du Bey Muh'ammad al-Kabir à Oran et rappellent certains chapi-
teaux décorés de vieilles maisons de Monastir (75).
III. PILIERS CANTONNES DE COLONNES
La grande Mosquée de Tlemcen nous offre le premier exemple
maghribin de piliers cantonnés de colonnes. En effet, des colonnes
à demi-engagées ornent les piliers en T.
Les Almohades imiteront ce type de support dans les Mosquées
de Tinmal et de la Kutubiyya et l'enrichiront (76).

(75) Cf, G. Marçais, op. cit.,fig.20, chapiteau de droite, p. 46.


(76) Cf. R. Bourouiba, Abd al-Mii'min, flambeau des Almohades,fig.4, p. 101.

— 124 —
Fig. 108. — Colonnes et arcs de la Mosquée Sûq al-Ghazal. (Photo du ministère de l'Information
et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications.)
C H A P I T R E II

». A R C S E T E L E M E N T S I N T E R M E D I A I R E S E N T R E
CHAPITEAUX E T ARCS

I. - ARCS
La mosquée du Prophète à Médine avait une salle de prière dans
laquelle le plafond reposait directement sur les troncs de palmiers
qui servaient de colonnes.
Les premiers arcs musulmans apparaissent à la Coupole du
Rocher à El-Qods. Ce sont des arcs de plein cintre légèrement brisés
à la clef.
Les mosquées d'Algérie apportent à l'architecture arabo-
islamique des arcs très variés: arcs de plein cintre, surbaissés, sur
haussés, de plein cintre outrepassés, brisés, persans, lobés, recti-
curvilignes, à lambrequin, festonnés et en anse de panier.
1) Arc de plein cintre (fig. 109. 1) :
Cet arc, qui a la forme d'une demi-circonférence, a été fréquem-
ment utilisé par les Romains. Il apparaît pour la première fois dans
l'architecture musulmane à la Grande Mosquée de Damas, où i l
orne l'entrée de la salle de prière.
En Algérie, nous le rencontrons à la Grande Mosquée de Toug-
gourt et à la Mosquée de Salah Bey à Annaba (78) ;

(77) Cf. L. Golvin, Essai sur t'architecture religieuse musulmane, I ; fig. 18, p. 82.

(78) Cf, C. Chehbi, op. cit., p. 94.

_ 127 _
2) Arc surbaissé (fig. 109, 2):
L'arc surbaissé est un arc inférieur à 180°. Il est employé assez
fréquemment dans l'architecture ottomane de Turquie ou il décore
le portail de Yachil Djami à Brousse (79) et le portail extérieur de
la Mosquée à triple galerie à Edirné (70).
Dans notre pays, nous le trouvons à la Grande Mosquée de
Touggourt et à la Mosquée de Salah Bey (81).
3) Arc surhaussé (fig. 109. 3):
C'est un arc de plein cintre dont la montée est supérieure au
rayon alors que dans l'arc surbaissé, elle lui est inférieure. En Algérie,
il orne les Mosquées de Sayyidî'l-Kattànî (fig. 76) et Djàmi' Djadid
(fig. 110).
4) Arc de plein cintre outrepassé (fig. 109. 4) :
L'arc de plein cintre outrepassé, appelé encore en fer à cheval,
est un arc supérieur à 180°. C'est l'arc caractéristique de l'archi-
tecture musulmane.
L'origine des arcs de plein cintre outrepassés est fort contro-
versée mais selon L. Golvin (82), une chose est certaine, c'est que les
Byzantins les ont utilisés au Moyen Orient « notamment au baptis-
tère de Mar Ya'qûb à Nisibin ( I V siècle) au-dessus des portails, e

où ils reposent sur des linteaux, en arc d'abside à Danâ (Syrie du


Nord, V siècle) et Khodja Kalesi ( V I siècle) ».
e e

H . Terrasse note, de son côté, leur emploi très fréquent en


Espagne wisigothique (83).
Dans notre pays, ils apparaissent à la Mosquée de Sayyidî Abî
Marwàn (84), à la Grande Mosquée de Constantine. à la salle de
prière de la Mosquée Awlâd al-Imàm à Tlemcen (85) ainsi qu'aux

(79) Cf. J. H o a g , Architecture islamique, fig. 113.

(80) Cf. S. K . Y e t k i n , L ' a r c h i t e c t u r e en T u r q u i e , p l . L X I ?

(81) Cf. A . C h e h b i , op. cit., p . 95.

(82) L . G o l v i n , op. cit., p . 86.


(83) H . Terrasse, Islam d'Espagne, p. 21. A

(84) Cf. R. B o u r o u i b a , L'art religieux..., pl. I I I , I .

(85) Ibid., pl. X V I I , 6.

_ 128 —
Fig. 110. — Arcs surhaussés et base de la coupole de Djâmi' Djadîd. (Photo du ministère de
l'Information et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications.)

Fig. 111. — Arcs brisés et impostes de la Fig. 112. — Arcs brisés, impostes et ±
Mosquée du Vieux-Ténès. de la Grande Mosquée de Constantine
mihrabs almoravides, zayyanides et mérinides comme nous le verrons
dans la partie de notre ouvrage réservée aux mihrabs. A l'époque
turque, nous le trouvons aux façades des Mosquées Sûq al-Ghazal
(fïg. 105) et Salah Bey ainsi qu'au mihrab de Djàmi'Djadid.
5) Arc brisé (fïg. 109, 5):
L'arc brisé, comme nous l'avons vu précédemment, a été utilisé
pour la première fois dans l'art musulman à la Coupole du Rocher
à El-Qods. Dans ce monument, c'est un arc non outrepassé composé
de deux arcs de même rayon construits à partir de deux centres dont
la distance varie entre 1/10° et 1/14° du rayon (86).
En Algérie, les arcs brisés sont toujours outrepassés et à deux
centres (fïg. 109, 5) mais il existe également des arcs brisés à quatre
centres dont le plus célèbre est celui de la porte de Raqqa (87).
C'est l'arc le plus fréquemment utilisé dans les mosquées de notre
pays. Nous le rencontrons à la Mosquée du Vieux-Ténès (fïg. 111).
aux Grandes Mosquées de Constantine (fïg. 112). de Tlemcen (88).
d'Alger (fïg. 113), et Nédroma (89) aux Mosquées de Sayyidî AbF
1-H'asan (fïg. 114). Sayyidî Abî Madyan (fïg. 115), Sayyidî'l-H'al-
wî (90). Sayyidî Ibrâhîm (91). Sayyidî 'Uqba (fïg. 73), Sayyidî'l-
Akhd'ar, Djâmi' Çafar, à la Mosquée Extérieure de la Kasba, aux
Mosquées Ketchaoua (fïg. 107). Sayyidî M'hammed. Sayyidî
Muh'ammad al-Charif. Ali Bitchnin (92) et Ali Khodja (93).
6) Arc iranien (fig. 109. 6):
Il est ainsi appelé parce qu'il est fréquemment utilisé en Iran.
D'après Pope et Ackerman. il apparaît à Rabat Malik dans la seconde
moitié du XI e siècle (94). Là. il est construit à l'aide de courbes

(86) Cf. L. Golvin, op. cit., p. 88.


(87) Cf. Creswell, A short account of early muslim architecture, p. 184, pl. 32 et 33.
(88) Cf. R. Bourouiba, Vart religieux..., pl. IX, I.
(89) Ibid., pl. XI, I.
(90) Ibid., pl. XXVII, 3.
(91) Cf. Les Mosquées en Algérie, Collection Art et Culture, p. 24.
(92) Cf. El Djezaîr, Collection Art et Culture, p. 78.
(93) Cf. G. Marçais, op. cit., pp. 429 et 431.
(94) Cf. L. Golvin, op. cit., p. 90.

— 131 —
et de tangentes (fig. 109. 6) tandis qu'en Iran, il ne comporte que
des lignes courbes.
En Algérie, seule la Grande Mosquée de Constantine possède
des arcs de ce type (95).
7) Arclobé(fig. 109, 7):
Si l'on trouve trace d'arc lobé à Taq i-Kesra de Ctesiphon,
au palais umayyade de Khirbat al-Mafdjar et au palais abbaside
d'Ukhaydir (96). cet arc ne connaît son épanouissement qu'à la
Grande Mosquée de Cordoue d'où il gagnera les monuments al-
moravides de Tlemcen et d'Alger.
C'est donc la Grande Mosquée de Cordoue qu'ont pris pour
modèle les architectes qui ont construit les monuments almoravides
d'Algérie. Cependant, alors qu'à Cordoue tous les arcs de la salle de
prière comptent cinq lobes, nous trouvons dans notre pays des formes
plus variées.
Au Tombeau de la Sultane, à Tlemcen. tous les arcs ont neuf
lobes (97). A la Grande Mosquée de Tlemcen. nous rencontrons
des arcs à sept lobes (fig. 116), à neuf lobes (98) et onze lobes (99)
et à la Grande Mosquée d'Alger, des arcs à treize lobes (fig. 113),
à quinze lobes (treize grands et deux petits encadrant le grand lobe
central) (fig. 113) et un arc de vingt-cinq lobes (treize grands lobes
alternant avec douze petits) (100).
Pays où l'arc lobé a connu sa plus grande diversité, l'Algérie
est aussi le pays où le passage de l'arc lobé au chapiteau a été résolu
de la façon la plus élégante grâce à un motif architectural qui a
reçu le nom de motif serpentiforme.
En effet, le départ des arcs et plus particulièrement celui des
arcs lobés a préoccupé les architectes musulmans qui, après de
longs tâtonnements, sont arrivés à le résoudre.

(95) C f . R. B o u r o u i b a , L'art religieux..., p l . I I I , 2.

(96) C f . L . G o l v i n , op. cit., p p . 94 et fig. 27, p . 9 6 .

(97) C f . R. B o u r o u i b a , L'art religieux..., p l . X I , 4.

(98) Ibid., p l . I X , 2.

(99) Ibid. pl. X I I , I .

(100) Ibid., p . 7.

_ 134 —
G. Marçais a donné la genèse du motif serpentiforme: console
prothyride de Vitruve (fig. 117, 1), Grande Mosquée de Cordoue
(fig. 117, 2) stèle kairouanaise de la première moitié du X I siècle
e

(fig. 117, 3) Aljaferia de Sargosse (fig. 117, 4), Vasque de la Qal'a


des Banî H ' a m m â d (fig. 117, 5) (101).
Nous avons de notre côté, relevé les formes que revêt le motif
serpentiforme dans les monuments almoravides d'Algérie. A la
Grande Mosquée de Tlemcen nous avons noté que cet amortisse-
ment avait la forme d'un cavet (fig. 117, 6), d'un point d'interroga-
tion (fig. 117, 7), d'un crochet (fig. 117, 8), d'un S dont la base est
légèrement plus étroite que la partie supérieure (fig. 117, 9), d'un S
plus large à la base affectant la forme d'un cygne (fig. 117, 10). A u
Tombeau de la Sultane (fig. 117, 11), il est remplacé par un arc
recticurviligne, et à la Grande Mosquée d'Alger, il a toujours l'as-
pect d'un S ouvert (fig. 117, 12).
Nous avons noté également qu'à la Grande Mosquée de Tlem-
cen, le motif serpentiforme a été utilisé pour passer d'un arc brisé
à un pilier (fig. 117, 13).
A l'époque turque, nous trouvons des arcs lobés à la Mosquée de
Sayyidî'l-Akhd'ar. Ce sont les arcs perpendiculaires au mur du
mihrab qui supportent les coupoles (fig. 103).
8) Arc à lobes trèfles (fig. 109, 8):
Il apparaît pour la première fois dans l'architecture musulmane
à la Mosquée de Tinmal (fig. 109, 8). En Algérie, nous le rencontrons
à la Mosquée Extérieure de la Kasba, à droite de la porte d'entrée.
9) Arc recticurviligne (fig. 109, 9):
Comme son nom l'indique, l'arc recticurviligne est formé de
lignes droites et de lignes courbes. I l a été utilisé pour la première
fois dans l'art musulman au Palais de Bulkouara à Samarra (102).
En Tunisie, il décore le mihrab de la Grande Mosquée de Kairouan
(103) et le minaret de Sfax (104). Dans notre pays, nous avons noté

(101) Cf. G . Marçais, op. cit., pp. 233-234.


(102) Cf. J . Hoag, Varchitecture islamique, fig. 37.
(103) Cf. G . Marçais, op. cit., fig. 23, p. 44.
(104) Ibid., fig. 66, p. 108.

— 135 —
sa présence à la Mosquée Sûq al-Ghazal (fîg. 108) et à la base de la
coupole de la Grande Mosquée de Tlemcen (105).
10) Arc festonné (fîg. 108, 10):
C'est un arc formé de lobes ayant la forme d'arcs surbaissés.
Nous pouvons le voir à la base de la coupole nervée de la Mosquée
de Sayyidî M'hammed. Dans ce monument, les festons sont séparés
par des lobes en forme d'arcs brisés.
11) Arc à lambrequin (fîg. 109, 11):
C'est un arc formé de lignes courbes. La salle de prière de la
Mosquée Sûq al-Ghazal nous en offre un bel exemple (fig. 108).
12) Arc en anse de panier (fig. 109, 11):
Cet arc a une forme semi-elliptique et se rencontre à la Mosquée
Salah Bey à Annaba (106).
II. - ELEMENTS INTERMEDIAIRES ENTRE CHAPITEA UX ET
ARCS
Pour rehausser les plafonds des salles de prière, les architectes
musulmans ont disposé des éléments architecturaux entre les chapi-
teaux et les arcs.
Ces éléments, au nombre de trois: sommier ou surabaque, im-
poste et corniche ne sont pas sans rappeler l'entablement antique
composé de l'architrave, de la frise et de la corniche.
Ils apparaissent pour la première fois au Maghrib à la Grande
Mosquée de Kairouan (107). Dans ce monument et à la Grande
Mosquée de Tunis (108), le sommier a la forme d'un tronc de py-
ramide dont la petite base repose sur l'abaque du chapiteau tandis
que la grande est au contact de l'imposte. Cette dernière affecte la
forme d'un parallélépipède rectangle dont la base a les mêmes di-
mensions que la petite base du sommier. Au-dessus de l'imposte,
vient la corniche qui ressemble au sommier.
En Algérie, la plus ancienne mosquée où les éléments inter-
médiaires entre les chapiteaux et les arcs ont été employés est la
( 105) Cf. R. Bourouiba. L'art religieux, pl. XIV, I et 2.
(106) Cf. A. Chehbi, op. cit.,fig.3, p. 69.
(107) Cf. G. Marçais, op. cit., p. 14.
(108) Ibid., p. 16.

— 137 —
(

Mosquée du Vieux-Ténès. Là, un seul élément a été utilisé: l'imposte,


surmontée de quatre corbelets.
Nous les rencontrons ensuite à la Mosquée de Sayyidî Abî
Marwàn, aux Grandes Mosquées de Constantine et de Tlemcen.
aux Mosquées de Sayyidî Abî'l-H'asan, Sayyidî Abî Madyan.
Sayyidî'l-H'alwî. ainsi que dans certaines mosquées d'époque
turque.
A la Mosquée de Sayyidî Abî Marwàn, nous retrouvons les
trois éléments intermédiaires: un sommier en forme de tronc de
pyramide à base carrée dont la petite base repose sur le chapiteau,
une imposte parallélépipédique qui n'est pas en retrait comme à
Kairouan et à Tunis mais prolonge le sommier ou se trouve légère-
ment en saillie, et une corniche en forme de tronc de pyramide dont
la petite base qui repose sur l'imposte est légèrement en saillie par
rapport à cette dernière (fig. 81 et 85).
A la Grande Mosquée de Constantine. les chapiteaux sont
surmontés soit d'une imposte en bois (fig. 118) soit d'un sommier
en bois sculpté (fig. 118). Dans ce dernier monument, des tirants
s'enfoncent dans les impostes et servent à maintenir l'écartement des
colonnes (fig. 111) comme à Kairouan et à Tunis.
A la Grande Mosquée de Tlemcen. il ne subsiste au-dessus du
chapiteau qu'un sommier formé d'une partie supérieure parallélé-
pipédique et d'une partie inférieure en forme de tronc de pyramide
dont les faces sont incurvées en cavet. D'autre part, ce sommier
a pour base un rectangle au lieu d'un carré (fig. 119).
Les chapiteaux de la Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan sont
surmontés d'un sommier ressemblant à celui de la Grande Mosquée
de Tlemcen (fig. 94 et 95). De plus, aux chapiteaux du mihrab, nous
trouvons une imposte de mêmes dimensions que le sommier pré-
sentant une partie supérieure parallélépipédique ornée de fleurons
et une partie inférieure incurvée garnie d'une inscription cursive.
Sur le chapiteau de gauche (fig. 94). nous pouvons lire le verset
239 de la Sourate II :
«Soyez assidus aux Prières, ainsi qu'à la Prière Médiane (et à la
prière du 'açr) ! Acquittez-vous (du Culte) envers Allah faisant orai-
son (109).»
(109) R. Blachère, Coran, Soutate 93/11, verset 239/238, t. II, p. 800.

_ 138 —
Fig. 118. — Sommier de la Grande Mosquée de Constantine.

Fig 119 - Sommier de la Grande Mosquée de Tlemcen. (Photo du ministère de l'Information


de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications.)
Sur le chapiteau de gauche, se déroule le début du verset 114
de la Sourate X I :
«Accomplis la prière aux deux extrémités du jour et à quelques
moments de la nuit! Les bonnes œuvres dissipent les mauvaises!»
(110).
Les sommiers des chapiteaux de la salle de prière de la Mosquée
de Sayyidî'lH'alwî ont la même forme que ceux de la Mosquée
Sayyidî Abî'l-H'asan. Ceux qui surmontent les chapiteaux des
mihrabs des Mosquées de Sayyidî A b i Madyan et Sayyidï'l-H'alwï
débordent légèrement de chaque côté de l'abaque et présentent un
décor d'une habileté d'exécution remarquable qui n'a pas son pareil
dans le monde musulman. Ce décor est composé d'un bandeau
orné de motifs végétaux, d'une élégance rarement égalée, compris
entre deux frises garnies d'un entrelacs géométrique (fig. 98 et 99).
Dans les mosquées bâties à l'époque turque, les éléments inter-
médiaires entre les chapiteaux et les arcs sont rares.
Nous trouvons:
- une imposte à la Mosquée de Sûq al-Ghazal (fig. 108) et
au-dessus des colonnes galbées de la Mosquée de Salah Bey (111);
- un sommier cruciforme à la Mosquée de Sayyidî'l-Kattânî
et au-dessus des colonnes prismatiques de la mosquée de Salah
Bey (112).
- un sommier cruciforme de 6 cm de hauteur et une imposte de
1,20 cm de haut légèrement en saillie par rapport au sommier à la
Mosquée de Sayyidî'l-Akhd'ar (fig. 103);
- une série de six abaques qui tiennent lieu de sommier à la
Mosquée Ketchaoua (fig. 107);

(110) Ibid., Sourate 7 7 / X I , d é b u t d u verset 116/114, t. I , p. 450.

(111) C f . A . C h e h b i , op. cit., p. 94.

(112) C f . M . M h i r a s , op. cit., p. 34.

(113) Ibid., p. 40.

— 140 —
CHAPITRE PREMIER

NOMBRE ET EMPLACEMENT DES MIHRABS.


MATERIAUX QUI ONT SERVI
A LEUR CONSTRUCTION.
FORMES ET DIMENSIONS DE LEURS NICHES
I. - NOMBRE DE MIHRABS
La mosquée de Médine, à l'époque du Prophète, n'avait pas
de mihrab. Elle n'en sera pourvue que sous le règne du Calife umay-
yade al-Walid b. Abd al-Malik.
En Algérie, à l'exception de la Mosquée du Bey Muh'ammad
al-Kabir à Oran qui, actuellement n'a pas de mihrab. toutes les salles
de prière ont un seul mihrab. alors que nous trouvons, par exemple,
quatre mihrabs à la Grande Mosquée de Damas (fig. 21). cinq à la
Mosquée Royale d'Ispahan et six à la Mosquée d'Ibn T'ûlûn.
Il faut toutefois noter que certaines mosquées de notre pays ont
un second mihrab dans leur cour.
C'est ainsi que Blanchet qui effectua les premières fouilles à la
Qal'a des Banî H'ammâd, en avril 1897, signale qu'à 7,50 m du
mur occidental et sur le mur qui sépare la cour de la salle de prière,
une niche s'enfonce en demi-cercle et ajoute: «c'est probablement
un mihrab extérieur (114)».

(114) B. Blanchet, op. cit., p. 4. Nous avons déjà parlé de ce mihrab à propos des bases
de colonnes qui soutenaient son arc d'ouverture.

— 145 —
De m ê m e , i l subiste un m i h r a b dans la cour e x t é r i e u r e de la
M o s q u é e de Tafessara dans les Béni Snous.
I l arrive aussi que le m i h r a b de la cour se r é d u i s e à une petite
niche creusée dans la marche q u i conduit à la salle de p r i è r e et q u i
est placée dans l'axe d u m i h r a b . comme nous pouvons le voir à la
Grande M o s q u é e de Tlemcen (fig. 27) et à la M o s q u é e de Sayyidî
I b r à h î m (fig. 11).

A la M o s q u é e de S a y y i d î ' l - K a t t à n î . la cour se trouvant au


r e z - d e - c h a u s s é e et la salle de p r i è r e au premier é t a g e , la niche d'orien-
t a t i o n de la cour est creusée dans la marche qui conduit au portique
Sud.
Nous rencontrons é g a l e m e n t cette niche au M a r o c et n o t a m -
ment aux Grandes M o s q u é e s de Taza (115) et de F è s (116). à la
Qarawiyyin (fig. 63). au D j â m i ' H a m r a (117) et aux M o s q u é e s
A b û ' l - H ' a s a n (118). B â b Djisa (119) et L e b b a r i n (120), à F è s .
Notons enfin que nous trouvons à la Grande M o s q u é e d'Alger
un portail m o n u m e n t a l situé au milieu d u coté Sud de la cour, dans
l'axe du m i h r a b .
Ce portail monumental se retrouve au M a r o c o ù i l est a p p e l é
'anza d é f o r m a t i o n de'anaza(lance),en souvenir d e l à lance que planta
Bilal au m u ç a l l a , à l'occasion de la prière de la fête de la Rupture
du J e û n e , en l'an I I de l'hégire. Une 'anza d é c o r e la Grande M o s q u é e
de Taza (121), la Grande M o s q u é e de Fès (122) et la Qarawiyyin
(123). Dans ces deux derniers monuments, elle est o r n é e de boiseries
sculptées.

I I . - EMPLACEMENT DES MIHRABS


Si nous exceptons la Grande M o s q u é e de Constantine. la Mos-
q u é e du V i e u x - T é n è s et la M o s q u é e de Sidi Ramdan. toutes les mos-
quées d ' A l g é r i e ont u n m i h r a b d i s p o s é au milieu du mur de la qibla.

(115) C f . B . M a s l o w , Les Mosquées de Fès et du Nord du Maroc, fig. 6 p . 20.

(116) Ibid., fig. 9, p . 36

(117) Ibid., fig. 15, p . 56.


(118) Ibid., fig. 27, p . 80
(119J Ibid., fig. 32, p . 9 2 .
(120) Ibid., p. 100 (121) I b i d . fig. 27, P l . X I .
(121) Ibid., fig. 27, P l . X I .
(122) Ibid., fig. 43, 44 et p l . X X .
(123) Cf. G . M a r ç a i s ; op. cit., fig. 2, p . 198.

— 146 —
A la Grande M o s q u é e de Constantine, le m i h r a b est décalé
d'une d e m i - t r a v é e vers l'Est. Cette anomalie vient de ce que la mos-
q u é e a été a m p u t é e d'une nef du c ô t é Ouest.

A la M o s q u é e d u V i e u x - T é n è s , i l est décalé d'une nef vers l'Est


et p r é c é d é d'une coupole. Trois h y p o t h è s e s peuvent être a v a n c é e s ;
le plan de la m o s q u é e n'a pas été modifié, la m o s q u é e a été agrandie
de deux nefs vers l'Ouest, la m o s q u é e a été a m p u t é e de deux nefs
du c ô t é Est. La seconde h y p o t h è s e n'est pas à retenir puisque,
d'une part, le minaret q u i occupe actuellement l'angle Nord-Ouest
aurait été isolé par r a p p o r t à la salle de p r i è r e , ce q u i ne se voit
dans aucune m o s q u é e d ' A l g é r i e et d'autre part, parce que les co-
lonnes, les chapiteaux et les arcs des deux nefs e x t r ê m e s sont de la
m ê m e facture que ceux des autres nefs. L a t r o i s i è m e h y p o t h è s e ne
semble pas devoir être retenue, elle non plus, car rien ne justifie
l ' a m p u t a t i o n de deux nefs du c ô t é Est. I l est donc possible que, com-
me à la M o s q u é e de M é d i n e , ce m i h r a b ait été dès l'origine décalé
du c ô t é Est. Ce q u i nous incite à avancer cette h y p o t h è s e , c'est que
!a M o s q u é e du V i e u x - T é n è s est sans doute l ' œ u v r e des Idrisides,
descendants du P r o p h è t e , q u i ont longtemps o c c u p é la r é g i o n de
Ténès.

Enfin à la M o s q u é e de Sidi R a m d a n . le m i h r a b est décalé d'une


t r a v é e vers l'Ouest. Là, i l est possible que la m o s q u é e ait été agran-
die vers l'Est car l'anatomie des organes de support de cette partie
diffère de celle des organes de support du restant de la salle de prière.

I I I . - MATERIAU UTILISE POUR LA CONSTRUCTION


DES MIHRABS

Nous ne trouvons pas en Algérie de mihrabs en bois comme


ceux q u i sont e x p o s é s au M u s é e arabe du Caire et q u i proviennent
des M o s q u é e s al-Azhar, de la Sayyida Nafisa et de la Sayyida Ruqaya.

Nous ne roncontrons pas non plus de m i h r a b en marbre comme


celui de D j â m i ' a l - K h a ç ç â k i q u i est e x p o s é au M u s é e de Bagdad
et ceux de Dehli et d ' A g r a .

E n f i n nous ne p o s s é d o n s pas de m i h r a b en pierre comme celui


de Mossoul. Les mihrabs d ' A l g é r i e sont de simples niches creusées
dans le m u r de la qibla et construites avec le m ê m e m a t é r i a u que l u i .

— 147 —
IV. - FORMES ET DIMENSIONS DES NICHES
Le mihrab construit par le Calife al-Walid à la Mosquée de
Médine était de forme curviligne. Il en est de même de la plupart
des mosquées d'Orient exception faite des Mosquées d'al-Muta-
wakkil et d'Abû Dulaf à Samarra qui sont rectangulaires.
Au contraire, en Algérie, nous connaissons des mihrabs curvi-
lignes et des mihrabs polygonaux.
Les mosquées médiévales de l'Est de notre pays ont toutes
des mihrabs à niche curviligne qui imitent les mihrabs d'Orient
tandis que ceux de l'Ouest algérien, influencés par la Grande Mos-
quée de Cordoue, ont des niches polygonales.
1) Niches curvilignes:
Elles peuvent avoir la forme d'un arc surhaussé, de plein cintre
ou surbaissé.
Les niches en forme d'arc surhaussé sont les plus nombreuses.
Nous les rencontrons à la Mosquée de Sayyidî Abî Marwân, à la
Grande Mosquée et à l'oratoire du palais du Manar à la Qal'a des
Banî H'ammâd, à la Grande Mosquée de Constantine, à la Mosquée
de Sidi Ramdan, à Djâmi' Çafar, à la Mosquée Extérieure de la
Kasba, aux Mosquées Ali Khodja, Sayyidî M'hammed, Sayyidî
Muh'ammad al-Charif, Sûq al-Ghazal et Touggourt (124) ainsi
qu'à la Mosquée Ketchaoua (125).
Leurs dimensions sont données dans le tableau suivant.

MOSQUÉES LARGEUR PROFONDEUR

Mosquée de Sayyidî Abî Marwân (fig. 120,1) 1,67 m l,]2m


Mosquée de la Qal'a des Banî H'ammâd
( % 120, 2) 1,80 m 2,10m
Oratoire de la Qal'a des Banî H'ammâd
(fig. 120,3) 0,86 m 0,53 m
Grande Mosquée de Constantine (fig. 120,4) 1,52 m 1,03 m
Mosquée de Sidi Ramdan (fig. 120, 5) 1,14m 1,25 m
Mosquée Extérieure de la Kasba (fig. 120, 6) 1,51m 1,28 m

(124) Cf. A. Chehbi, op. cit., p. 99.


(125) Avant sa transformation en église.

— 148 —
Fig. 120. — Niches de mihrabs curvilignes.
.1 f g ' 121 : ~ Salle de P r i è r e d u «z-de-chaussée de la Mosquée de Sayyidî 'Abd al-Mu'min
F i g 122 - Mihrab extérieur de la Mosquée de Tafessara. (Photo du ministère de l'Informa-
tion et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des PubhcaUons.)
MOSQUÉES LARGEUR PROFONDEUR

Mosquée Ali Khodja (fig. 120, 7) 1,83 m 1,13m


Mosquée de Sayyidî M'hammed (fig. 120, 8) 1,27 m 0,95 m
Mosquée de Sayyidî Muh'ammad al-Charif
(fig. 120, y) 1,05 m 0,88 m
Mosquée Sûq al-Ghazal (fig. 120, 10) 1,45 m 1,30 m
Grande Mosquée de Touggourt (fig. 120,11) 1,50 m 1 m
Mosquée Ketchaoua (127) 1,98 m 1,61 m

D'autres mosquées du monde musulman ont des mihrabs en


forme d'arc surhaussé notamment la Mosquée d'al-Azhar et les
Grandes Mosquées de Tunis, Mahdia, Sfax et Sousse.
Deux mihrabs d'Algérie possèdent des niches en forme d'arc
de plein cintre : le mihrab extérieur de la Mosquée de la Qal'a des
Banî H ' a m m à d (fig. 120. 12) qui avait, selon Blanchet. 1 m de dia-
mètre et celui de la Mosquée de Sayyidî 'Uqba qui mesure 1.40 m de
diamètre (127) (fig. 120. 13).
Des mihrabs en forme d'arc surbaissé ornent la Mosquée de
Sayyidî'l-Akhd'ar (fig. 120, 14), la salle du rez-de-chaussée de la
Mosquée de Sayyidî Abd al-Mu'min (fig. 120. 15 et 121) et Djàmi'
Çafar (fig. 120. 16). Ces mihrabs ont pour largeurs respectives
1.38 m, 1,04 m et 1.54 m tandis que leurs profondeurs respectives
sont de 42 cm. 45 cm et 64 cm.
2) Niches polygonales:
Une seule niche polygonale a la forme d'un rectangle: celle du
mihrab extérieur de la Mosquée de Tafessara (fig. 122). Toutes les
autres niches sont hexagonales ou octogonales.
En ce qui concerne les niches hexagonales. l'Algérie a le privi-
lège de posséder la plus ancienne d'entre elles: celle de la Grande
Mosquée de Tlemcen construite en 530' 1136. C'est elle que pren-
dront pour modèle les architectes qui ont construit les mosquées
almohades, zayyanides. mérinides et quelques mosquées turques.

(126) D'après le plan de Ravoisié (cf. fig. 47).


(127) Cf. A. Chehbi, op. cit., p. 99.

— 152 —
C'est ainsi que les mihrabs des mosquées de Sayyidî Abî'l-H'asan
Awlad al-Imâm, Mançûra, Sayyidî Abî Madyan, Sayyidî'l-H'alwi
et Sayyidî Ibrahim ont des mihrabs à niche hexagonale. Il en est
de même des Mosquées turques de Salah Bey (128), Ali Bitchnin,
avant sa transformation en église, et la Mosquée du Pacha à Oran.
Le plus ancien mihrab à niche octogonale est celui de la Mosquée
du Vieux-Ténès. D'autres monuments religieux présentent un
mihrab de cette forme. Ce sont: Djâmi' Djadid, la Mosquée de
Sayyidî'l-Kattâni et l'oratoire de Sayyidî Abd al-Rah'man
Nous avons noté les dimensions de tous les mihrabs à niche
polygonale dans le tableau ci-après.

MOSQUÉES LARGEUR PROFONDEUR

Grande Mosquée de Tlemcen (fig. 123,1) 2,04 m 2,60 m


Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan (fig. 123, 2) 1,30 m 1,70 m
Mosquée d'Awlâd al-Imâm (fig. 123, 3) 1,18m 1,70 m
Mosquée de Mançûra (fig. 123,4) 2,48 m 2,70 m
Mosquée de Sayyidî Abî Madyan (fig. 123, 5) 1,70 m 2,20 m
Mosquée de Sayyidî'l-H'alwî (fig 123,6) 1,68 m 1,54 m
Mosquée de Salah Bey (fig. 123, 8) 2,16m 1,25 m
Mosquée de Sayyidî Ibrâhîm (fig. 123, 7) 1,54m 1,92 m
Mosquée Ali Bitchnin (fig. 123,9) 1,72 m 1,72 m
Mosquée du Pacha à Oran (fig. 123,10) 2,17m 2,10 m
Mosquée du Vieux-Ténès (fig. 123,11) 1,80m 2m
Mosquée de Sayyidî'l-Kattânî (fig. 123,12) 1,70 m 1,93 m
Mosquée de Sayyidî Abd al-Rah'man
(fig. 123,13) 1,27 m 0,98 m

(128) Ibid.

— 154 —
CHAPITRE II

DECOR DES NICHES DE MIHRABS


En ce qui concerne le décor, les niches de mihrabs des mosquées
d'Algérie peuvent être divisées en deux catégories: les niches à
cul-de-four et les niches à coupolette.
I. - NICHES A CUL-DE-FOUR
Si dans certaines mosquées d'Algérie comme la Grande Mos-
quée de Touggourt, la Mosquée de Salah Bey et la Mosquée de
Sayyidî Muh'ammad al-Charif, les niches à cul-de-four ne compor-
tent que deux parties : une partie supérieure et une partie inférieure,
dans \ plupart des autres mosquées, des éléments architecturaux
séparent la partie supérieure de la partie inférieure si bien que la
niche se trouve divisée en trois parties: partie supérieure ou cul-de-
four, partie intermédiaire et partie inférieure.
1) Partie supérieure ou cul-de-four:
Le cul-de-four est une demi-coupole. Il surmonte tous les
mihrabs à niches curvilignes et quatre mihrabs à niches polygonales :
ceux de Djàmi' Djadid, de la Mosquée de Sayyidî Abd al-Rah'man,
de la Mosquée du Pacha à Oran et de la Mosquée de Salah Bey à
Annaba.
Le cul-de-four peut être lisse c'est-à-dire sans décor, orné de
cannelures, d'entrelacs, de panneaux rayonnant du sommet ou de
nervures.

— 155
a) Cul-de-four lisse
Nous trouvons des niches de mihrabs couronnées de culs-de-
four lisses aux Mosquées de Sayyidî Abi Marwân et de Salah Bey, à
la Grande Mosquée de Touggourt. aux Mosquées de Sidi Ramdan.
Sayyidî M'hammed et Sayyidî Muh'ammad al-Charif.
b) Cul-de-four à cannelures :
Le plus ancien mihrab d'Algérie dont la niche est couronnée
d'un cul-de-four à cannelures est celui de la Grande Mosquée de
Constantine qui date de 530/1135-1136 (fig. 124).
Ce type de cul-de-four apparaît dès 149/766 au mihrab de
Djâmi' al-Khâççakî (fig. 125), exposé actuellement au Musée de
Bagdad et qui selon Creswell (129), proviendrait de la mosquée
édifiée par Al-Mançûr dans la capitale abbâside. Nous ie rencon-
trons également dans un ancien mihrab proche du Mausolée al-
Chabîh qui date de 339/950 (130), au mihrab de l'ancienne Mosquée
al-Dazz à Monastir (fig. 126) qui, au dire de S. M. Zbiss (131), remon-
terait au V e siècle de l'hégire, et dans certains mausolées du Caire
dont le mieux conservé est celui Sitt Kalthûm (fig. 127) qui fut
bâti en 516/1122 (132).
Les autres mihrabs d'Algérie coiffés d'un cul-de-four à canne-
lures sont ceux de la Mosquée de Sayyidî'l-Akhd'ar (fig. 103), de
la salle de prière du premier étage de la Mosquée de Sayyidî Abd
al-Mu'min et de la Mosquée de Sayyidî 'Uqba (fig. 73).
Ces culs-de-four différent par le nombre de cannelures, leur
forme et le motif d'où elles rayonnent.
Le nombre des cannelures est de quinze à la Grande Mosquée
de Constantine, de dix-sept à la Mosquée de Sayyidî Abd al-Mu'min,
de vingt et un à la Mosquée de Sayyidî'l-Akhd'ar et de trente, à la
Mosquée de Sayyidî 'Uqba.

(129) Cf. Creswell, Early Muslim Architecture, t. II, p. 37 et pl. 120.


(130) Cf. Crewell, The Muslim Architecture of Egypt, pl. 3c et 114 c.
(131) S.M. Zbiss, A travers les monuments de Tunisie, p. 29.
(132) Cf. Creswell, The Muslim Architecture of Egypt, pl. 82.

— 156 —
Fig. 126. — Mihrab de la Mosquée
al-Dazz à Monastir : (D'après S.M. Zbiss.)
En ce qui concerne la forme des cannelures, elles sont semi-
circulaires et séparées par de petites cannelures triangulaires dans
les trois mosquées de Constantine, alors qu'elles sont toutes semi-
circulaires à la Mosquée de Sayyidî'Uqba .
Enfin pour ce qui est du motif d'où rayonnent les cannelures,
c'est un cercle à la Mosquée de Sayyidî Abd al-Mu'min, un arc
ellipsoïdal à la Grande Mosquée de Constantine. un arc de plein
cintre outrepassé où se déroule une inscription mentionnant le
nom du restaurateur de la mosquée, à la Mosquée de Sayyidî 'Uqba.
et un motif formé de cinq demi-cercles concentriques à la Mosquée
de Sayyidî'l-Akhd'ar. Dans ce dernier monument, les cinq demi-
cercles déterminent quatre voussures, dont l'une est meublée de
dents de scie, et un demi-cercle où s'inscrit un fleuron à cinq lobes.
c) Cul-de-four orné d'entrelacs :
Deux mihrabs de Constantine ont un cul-de-four garni d'en-
trelacs. Ce sont ceux des Mosquées Sûq al-Ghazal et Sayyidî'l-Kat-
tânî.
Dans le premier oratoire, l'entrelacs engendre des étoiles à
cinq branches, des pentagones, des hexagones, des carrés à six
ou sept pointes ornés de palmes, de fleurons et de coupolettes à
cannelures. D'autre part, un large bandeau dont le centre est occupé
par une rosace à huit branches, borde le cul-de-four (133).
A la Mosquée de Sayyidî'l-Kattànî (fig. 128). comme la pro-
fondeur de la niche est supérieure à la moitié de sa largeur, nous
trouvons, en plus du cul-de-four, trois bandeaux en forme d'arcs
de plein cintre.
Le cul-de-four est garni d'un entrelacs qui engendre des poly-
gones décorés de motifs variés : fleurs en forme d'hélices, rosaces
et fers à cheval. A la base de la demi-coupole, nous pouvons voir
un bandeau horizontal composé de carreaux carrés ou rectangulaires
meublés d'éléments ornementaux très divers: hélices à huit pales,
étoiles à cinq ou huit pointes, fleurs circulaires à huit pétales.
Le premier bandeau, en forme d'arc de plein cintre, est divisé
en panneaux de forme carrée ou trapézoïdale garnis d'étoiles à huit

(133) Cf. R. Bourouiba, Contamine, pp. 100 et 101.

— 158 —
Fie 127'. - Mihrab du Mausolée de Sitt Fig. 128. - Cul-de-four orné d'entrelacs de la Mos-
Kalthûm. (D'après Creswell.) quée Sûq al-Ghazal. (Photo du ministère de l'Information
et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des
Publications.)

Fig. 129. — Mihrab de Djâmi' Djadid, à Alger.


pointes inscrites dans u n cercle, de rosettes à huit pétales, d'arcs
s u r h a u s s é s o r n é s d'entrelacs, de losanges e n t r e l a c é s s'associant
harmonieusement avec des rosaces à huit branches et des fers à cheval.

Le second bandeau p r é s e n t e un fleuron à huit lobes de part et


d'autre duquel nous remarquons des motifs en fers à cheval, des
losanges inscrits dans des cercles e n t r e l a c é s et des fleurons à douze
lobes.

Quant au t r o i s i è m e bandeau, i l est m e u b l é d'un treillis losange


sur lequel se d é t a c h e n t treize c a r r é s garnis d'hélices à huit ou douze
pales, de fleurs à huit ou douze p é t a l e s et d'étoiles à cinq ou huit
pointes.

d) Cul-de-four à panneaux rayonnant du sommet:

Des culs-de-four à panneaux rayonnant du sommet d é c o r e n t


les mihrabs de D j â m i ' D j a d i d . de la M o s q u é e de A y n a l - B a y d ' â ' .
de D j a m i ' Ç a f a r , de la M o s q u é e de Sayyidî A b d al-Rahman. de la
M o s q u é e E x t é r i e u r e de la Kasba et de la M o s q u é e du Pacha à O r a n .

Dans le premier oratoire, (fig. 129). le cul-de-four est o r n é de


sept pans correspondant aux sept c ô t é s de la niche. Dans chaque
panneau, i l y a. à la partie inférieure, un arc s u r h a u s s é en coquille
m e u b l é i n t é r i e u r e m e n t de fleurons d i s p o s é s en quinconce ou de
palmes en forme de c œ u r s , s ' e m b o î t a n t les unes dans les autres. La
partie s u p é r i e u r e d u panneau est garnie de fleurons dans tous les
panneaux sauf dans les deux e x t r ê m e s , o ù elle est m e u b l é e de palmes
doubles en forme de c œ u r s .

A la M o s q u é e ' A y n a l - B a y d ' à ' . à Mascara, nous trouvons sept


panneaux garnis de palmes doubles et de c ô n e s de pins (fig. 130).

A D j â m i ' Ç a f a r . les sept panneaux ne p r é s e n t e n t aucun d é c o r


(134) tandis q u ' à la M o s q u é e de Sayyidî A b d al-Rah'man. ils sont
m e u b l é s de carreaux de c é r a m i q u e (135).

A la M o s q u é e E x t é r i e u r e de la Kasba, le cul-de-four p r é s e n t e
huit pans rayonnant du sommet.

(134) Cf. R. Dokali, Les mosquées de la période turque à Alger, pl. 10.
(135) Cf. El-Djezaïr, Collection Art et Culture, p. 76.

— 160 —
Enfin à la Mosquée du Pacha à Oran. le cul-de-four n'est décoré
que de trois pans qui correspondent aux trois côtés du fond de la
niche du mihrab et sont décorés de carreaux de céramique. Un
bandeau garni du même décor borde le cul-de-four.
e) Cul-de-four à nervures rayonnant de la base :
Un seul cul-de-four est meublé de nervures rayonnant de la
base. C'est celui du mihrab de la salle de prière du rez-de-chaussée
de la Mosquée de Sayyidî Abd al-Mu'min (fig. 121).
2) Partie intermédiaire:
La partie intermédiaire est constituée par un élément archi-
tectural qui peut être une corniche, une frise florale encadrée de
moulures, une plinthe ou une cannelure et un bandeau torsadé.
a) Corniche:
Les niches de mihrabs où le cul-de-four est séparé de la partie
inférieure par une corniche sont celles de la Grande Mosquée de
Constantine, des Mosquées de Sayyidî 'Uqba, Sayyidî'l-Kattânî,
Sayyidî Abd al-Mu'min, Sûq al-Ghazal. 'Ayn al-Bayd'â', de la
Mosquée du Pacha à Oran, de Djâmi' Çafar, de la Mosquée Ali
Khodja et de la Mosquée Extérieure de la Kasba.
A la Grande Mosquée de Constantine (fig. 124). la corniche
est meublée d'une inscription en caractères coufiques qui nous
donne la date de construction de la mosquée. En voici le texte:»
«Au nom d'Allah, le Bienfaiteur miséricordieux! Qu'Allah
bénisse notre seigneur Muh'ammad et le sauve! Ceci est l'œuvre
de Muh'ammad b. Bû 'Ali al-Tha'âlibî. en l'année 530 (1135-1136)»
(136).
La corniche du Mihrab de la Mosquée de Sayyidî 'Uqba est
ornée de l'épigraphe suivante:
« Que celui qui lira cette inscription fasse des vœux de miséri-
corde et de pardon pour celui qui l'a écrite : Ah'mad b. al-H'adjdj
Muh'ammad b. al-H'âdjdj al-Touatî. Année 1214» (137).

(136) Cf. R. Bourouiba, Les Inscriptions Commémoratives des Mosquées d'Algérie, p. 71.
(137) Ibid., p. 229.

_ 161 —
Fig. 132. — Mihrab de l'oratoire du Palais du Manar, de la Qal'a des Banî
H'ammâd.

Fig. 133. — Mihrab de la Mosquée de Sûq al-Ghazal. (Photo du ministère de l'Information


et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications. )
A la Mosquée de Sayyidî'l-Kattànî (fig. 131). la corniche est
garnie d'une inscription qui reproduit les versets 114 et 115 de la
Sourate XI divisés en six fragments inscrits dans six cartouches en-
tourés de feuilles d'acanthe vues de face ou pliées suivant la nervure
médiale. De gauche à droite, nous pouvons lire :
«Au nom d'Allah, le Bienfaiteur miséricordieux! Accomplis
la Prière aux deux extrémités du jour et à quelques moments de la
nuit! Les bonnes œuvres dissipent les mauvaises. Cela est une Edi-
fication (dikra) pour ceux qui se souviennent. Sois constant! car
Allah ne perd point la rétribution des Bienfaisants.» (138).
A la salle du premier étage de la Mosquée de Sayyidî Abd al-
Mu'min, la corniche est décorée d'une inscription reproduisant le
début du verset 36 de la Sourate XXIV :
«En des oratoires qu'Allah permit d'élever et dans lesquels II
est glorifié, à l'aube et au crépuscule, sont des hommes que nul
négoce et nul troc» (139).
A la Mosquée Sûq al-Ghazal, la corniche est ornée d'une ins-
cription coufique dont les lettres blanches se détachent sur un fond
bleu. Seul, le début de cette épigraphe : « Au nom d'Allah, le Bien-
faiteur miséricordieux», est lisible.
A la Mosquée de 'Ayn al-Bayd'â', la corniche est meublée d'une
inscription cursive.
Les corniches qui garnissent les niches des mihrabs de Djâmi'
Çafar, de la Mosquée du Pacha à Oran. de la Mosquée de Sayyidî
Abd al-Rah'man, de la Mosquée Extérieure de la Kasba et de la
Mosquée Ali Khodja ne présentent aucun décor.
b) Frise florale encadrée de moulures :

A la salle du rez-de-chaussée de la Mosquée Sayyidî Abd al-


Mu'min la partie supérieure est séparée de la partie inférieure par
une frise florale de 5 cm de hauteur encadrée par quatre moulures
(fig. 121).

(138) Cf. R. Blachère, Coran, Sourate 77/XI, versets 114/116, 115/117, t. I, p. 450.
(139) OU., Sourate 107/XXIV, verset 36, pp. 1013-1014.
c) Plinthe:
A la Mosquée de Sayyidî'l-Akhd'ar et à Djâmi' Djadid, la
partie intermédiaire est constituée par une plinthe.
Dans le premier édifice, la plinthe est lisse. Dans le second,
elle est ornée d'une inscription reproduisant le verset 183 de la
Sourate III:
«Qu'Allah me garde de Satan le lapidé! Au nom d'Allah, le
Bienfaiteur miséricordieux. Toute âme goûte la mort. Au jour de
la Résurrection, vous ne recevrez exactement que vos rétributions.
Quiconque sera écarté du Feu et sera introduit dans le jardin aura
obtenu le succès. La vie immédiate n'est que jouissance fallacieuse»
(140).
d) Cannelure et bandeau torsadé :
A l'oratoire du Palais du Manar de la Qal'a des Banî H'ammâd,
!e cul-de-four est séparé de la partie inférieure par une cannelure
et un bandeau torsadé de 6 cm de largeur qui se déroulent horizon-
talement (fig. 132).
3) Partie inférieure:
La partie inférieure des niches à cul-de-four peut être sans
décor, ornée d'arcatures, de carreaux de céramique, de briques
émaillées ou de bandeaux épigraphiques.
a) Partie inférieure sans décor :
A la Grande Mosquée de Constantine et aux Mosquées de
Sayyidî Muh'ammad al-Charîf et de Sidi Ramdan, la partie infé-
rieure n'a pas été décorée.
b) Partie inférieure ornée cfarcatures :
Des arcatures garnissent la^partie inférieure des niches de mih-
rab des Mosquées de Sayyidî 'Uqba et de Sûq al-Ghazal.
Dans le premier monument, l'arcature est composée de cinq
arcs surhaussés se détachant sur un décor géométrique (141).

(140) Cf. R. Blachère, Coran, Sourate 99/111, verset 182/181,t. II, p. 904.
(141) Cf. A. Chehbi, op. cit.,fig.11, p. 102.

— 165 _
Dans le second, elle comprend également cinq arcs surhaussés
mais ces arcs reposent sur des colonnettes jumelées à chapiteaux
et bases stylisés. Sous l'arcature, prend place une plinthe de carreaux
de céramique (fig. 133).
c) Partie inférieure ornée de carreaux de céramique:
Des carreaux de céramique meublent la partie inférieure des
Mosquées de Sayyidî'l-Kattànî, de Djâmi' Djadid, de Djâmi'
Çafar. de la Mosquée Extérieure de la Kasba, des Mosquées de
Sayyidî M'hammed, de Sayyidî Abd al-Rah'man, et de la Mosquée
du Pacha à Oran.
A la Mosquée de Sayyî'l-Kattâni, le motif central qui orne les
carreaux de céramique est une corbeille de fleurs très joliment
décorée.
A Djâmi' Djadid, les carreaux de céramique sont encadrés par
deux plinthes de marbre.
A Djâmi' Çafar. nous trouvons deux sortes de motifs: quatre
triangles rectangles foncés alternant avec quatre triangles clairs
et douze petits grains circulaires entourant une sorte d'étoile à huit
pointes. Au-dessus de ces carreaux prend place une frise de croissants
alternant avec des étoiles à huit pointes (142).
Les carreaux de céramique qui ornent la partie inférieure des
niches de mihrabs de la Mosquée Extérieure de la Kasba et de Sayyidî
M'hammed n'ont rien de bien particulier. Au contraire, ceux de la
Mosquée de Sayyidî Abd al-Rah'man offrent un grand intérêt car,
à côté de carreaux décorés de motifs floraux inscrits dans des carrés
ou des couronnes circulaires, qui occupent les côtés latéraux de la
niche, nous trouvons, au fond de la niche, des carreaux assemblés
de manière à ne former qu'un seul panneau de 1,20 m de hauteur
et d'environ 54 cm de largeur garni de vases à panse bulbeuse et
à long col d'où s'échappent des tiges aux involutions harmonieuses
ornées de feuilles et de fleurs très élégantes (143).
A la Mosquée du Pacha à Oran. les carreaux de céramique sont
de trois types différents et décorés de galons et de motifs flo-
raux de diverses couleurs.
(142) Cf. R. Dokali, op. cit., pl. 10.
(143) Cf. El-Djazaïr, Collection Art et Culture, p. 76.

— 166 —
d) Partie inférieure décorée de briques émaillées:
Si nous en croyons P. Blanchet (144), le mihrab extérieur de la
Mosquée de la Qal'a des Banî H'ammâd était « entièrement construit
de briques émaillées de vert de 0,13 x 0,26 et épaisses de 0,035
posées à plat » (144).
e) Partie inférieure décorée de bandeaux épigraphiques :
A l'oratoire du Palais du Manar de la Qal'a des Banî H'ammâd,
la partie située au-dessous du cul-de-four est meublée de bandeaux
épigraphiques reproduisant deux citations coraniques. La première
(A) se déroule horizontalement. Nous y lisons la Sourate CXII
du Coran:
«Dis: Allah, unique, Allah, le seul. Il n'a pas engendré. N'est
égal à Lui personne» (145). La seconde (B) est divisée en quatre
fragments, Bl, B2, B3 et B4, inscrits dans des bandeaux horizontaux
ou verticaux où prend place le verset 18 de la Sourate III :
«Allah atteste qu'il n'est de divinité que Lui ainsi que les Anges
et les possesseurs de la Science, se dressant avec l'équité. Nulle divi-
nité que Lui, le Puissant, le Sage » (146) (fig. 134) et 135).
IL — NICHES A COUPOLETTES
La plupart des mihrabs d'Algérie coiffés d'une coupolette ont
des niches composées, de haut en bas, d'une coupolette, de panneaux
rectangulaires, d'une corniche pentagonale et d'une partie inférieure.
1) Coupolette:
La coupolette qui couronne les niches de mihrabs d'Algérie
peut être: une coupolette à cannelures, une coupolette à stalactites
ou une coupolette à huit pans.
a) Coupolette à cannelures:
A notre connaissance, un seul mihrab est coifée d'une coupo-
lette à cannelures. C'est celui de la Grande Mosquée de Tlemcen
où la coupolette compte seize cannelures.
(144) P. Blanchet, op. cit., p. 4.
(144) Cf. Blanchet, op. cit., p .4.
(145) Cf. R. Blachère, Coran, Sourate 44/CXII, t. I, p. 124.
(146) Ibid. Sourate 99/111, verset 16/18, t. II, pp. 859-860.

167
Ce type de coupole apparaît déjà à la Grande Mosquée de Kai-
rouan où la coupole en avant du mihrab est une coupole à vingt
cannelures (147) et l'écoinçon de l'arc qui la soutient est orné d'une
coupolette à six cannelures. De même, à la Grande Mosquée de
Cordoue, la coupole qui précède le mihrab est meublée en son centre
d'une coupolettes à cannelures alternativement semi-circulaires
et triangulaires. (148)
Ainsi les Almoravides n'ont pas innové en utilisant ce genre de
coupole mais ils ont été les premiers à l'employer pour couronner
la niche d'un mihrab. Ils l'ont utilisé également dans trois autres
monuments: le Bain des Teinturiers à Tlemcen (149) où la coupole
compte seize cannelures comme à la Grande Mosquée, à la Qarawiy-
yin de Fès (150), où nous rencontrons des coupolettes à dix et à huit
cannelures, et à la Qubba des Barudiyyin à Marrakech où la cou-
polette centrale a huit cannelures (151).
b) Coupolette à stalactites :
Née au Maroc, à la Mosquée de Tinmal, construite par le Calife
Abd al-Mu'min qui, ne l'oublions pas. était natif de la région de
Nédroma, la coupolette à stalactites se rencontre à Tlemcen, aux
mihrabs des Mosquées de Sayyidî Abî'l-H'asan. Awlâd al-Imâm,
Sayyidï Abî Madyan et Sayyidî'l-H'alwï.
Au mihrab de la Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan (fïg. 135),
cette coupolette mesure 1,10 m de diamètre et 7K cm de profondeur.
Elle part d'un plan octogonal pour aboutir à une coupolette centrale
à cannelures. Elle est composée des éléments suivants: rectangles
ajourés incurvés, triangles, losanges, motifs piriformes, cylindres
surmontés d'un cône, coudes et chevrons. Le passage du plan
hexagonal de la niche au plan octogonal se fait au moyen de pen-
dentifs sans décor, comme au mihrab de la Grande Mosquée de
Tlemcen. La corniche qui entoure la coupolette est, comme celle

(147) Cf. G. Marçais; op. cit.,fig.8, p. 20.


(148) Cf. G. Marçais, op. cit., p. 144.
(149) Cf. W. et G. Marçais, Les monuments arabes de Tlemcen, p. 162.
(150) Cf. G. Marçais, op. cit., p. 203.
(151) Ibid. p. 204.

— 168 —
de la Grande Mosquée, de forme octogonale mais présente 1 on
ginalité d'être ornée d'une inscription qui commence sur le côté
Ouest de l'octogone et se poursuit sur les autres côtés. Cette épi-
graphe débute par les formules pieuses: «Qu'Allah me garde de
Satan le lapidé» et «Au nom d'Allah le Bienfaiteur miséricordieux»
qui occupent les deux premiers côtés de la corniche. Elle reproduit
ensuite les versets 125 et 126 de la Sourate I V qui meublent les six
autres côtés».

«Qui donc est meilleur en religion que celui qui est soumis à
Allah tout en pratiquant le bienfaisance et qui suit la religion d'Ibrà-
hïm pris par Allah comme ami? A Allah appartient ce qui est dans
les cieux et sur la terre. Allah embrasse toute chose (en Sa science).
Allah est véridique (152).
La coupolette qui coiffe le mihrab de la Mosquée Awlâd al-
Imâm (fig. 137) est la seule coupolette à stalactites du monde mu-
sulman qui est construite à partir d'un plan hexagonal. Les angles
droits de cet hexagone sont meublés d'éléments de stalactites dé-
terminant un carré à l'intérieur duquel on trouve un carré à huit
pointes où s'inscrit une coupolette à huit cannelures. Ce décor
permet de passer à une corniche octogonale à l'intérieur de laquelle
règne une coupolette à seize cannelures, comme au mihrab de la
Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan, mais présente la particularité
d'avoir des motifs foncés en forme de fuseaux très allongés qui s'in-
serrent entre les cannelures à la manière de sépales qui apparaissent
entre les pétales. Cette coupolette est entourée d'une corniche octo-
gonale meublée d'une inscription commençant par: « A u nom
d'Allah le Bienfaiteur miséricordieux» mais dont la suite est illisible.
La coupolette à stalactites qui surmonte le mihrab de la Mosquée
de Sayyidî Abî Madyan (fig. 138) a son centre occupé par une étoile
à seize branches où s'inscrit une coupolette à huit cannelures tandis
que l'espace compris entre l'étoile et la coupolette est garni d'un
décor géométrique. Aux éléments décoratifs dont nous avons si-
gnalé la présence au mihrab de la Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan
s'ajoutent quatre rangées de huit coupolettes à cannelures inscrites
dans des carrés à huit pointes et déterminant quatre octogones
réguliers. D'autre part, à la Mosquée de Sayyidî Abî Madyan,

(152) Cf. R. Blachère, Coran, Sourate 102/IV, versets 124/125 et 125/126, t. I I , p. 958.

169
33 ;
Fig. 135. — Disposition des inscriptions
ornant l'intérieur de la niche du mihrab de
l'oratoire du Palais du Manar de la Qal'a des
Banî H'ammad.

Fig. 134. — Inscriptions décorant


l'intérieur du mihrab de l'oratoire du Palais
du Manar, de la Qal'a des Banî H'ammâd.

Fig. 136. — Coupolette à stalactites du Fig. 137. — Coupolette à stalactites du


mihrab de la Mosquée de Sayyidî Abî mihrab de la Mosquée Awlâd al-Imâm.
'1-H'asan.
la base de la coupole est o r n é e d ' u n demi-cercle e n c a d r é par deux
arcs t r i l o b é s alors q u ' à la M o s q u é e de Sayyidî A b î ' l - H ' a s a n , nous
avions u n arc t r i l o b é e n c a d r é par deux demi-cercles. E n f i n à Sayyidî
A b î M a d y a n , les rectangles i n c u r v é s dessinent deux octogones.
Le plus grand compte seize rectangles et l'autre, huit, comme à la
M o s q u é e de Sayyidî A b î ' l - H ' a s a n . Ils sont o r n é s d u m o t A l l a h q u i
se d é t a c h e sur u n semis de palmes digitées. L a corniche q u i entoure
la coupolette d u m i h r a b de la M o s q u é e de Sayyidî A b î M a d y a n
est o r n é e d'une inscription cursive divisée en huit parties par des
fleurons q u i occupent les angles de l'octogone. Cette é p i g r a p h e ne
diffère de celle q u i d é c o r e la m i h r a b de la M o s q u é e de Sayyidî
A b î ' l - H ' a s a n que sur les points suivants : dans la taçliyya, le n o m
du P r o p h è t e est p r é c é d é de « m a w l a n a » (notre m a î t r e ) et, à la fin
de l'inscription, l'expression « A l l a h est v é r i d i q u e » est r e m p l a c é e
par l'eulogie: « Q u ' A l l a h bénisse notre seigneur M u h ' a m m a d et le
sauve».

L a coupolette à stalactites d u m i h r a b de la M o s q u é e de Say-


y i d î ' l - H ' a l w î ressemble beaucoup à la p r é c é d e n t e mais elle est
moins bien c o n s e r v é e . Elle en diffère cependant par le d é c o r des
rectangles du grand octogone q u i au lieu d ' ê t r e m e u b l é s d u m o t
A l l a h , sont garnis d ' u n triangle et de deux palmes doubles. D ' a u t r e
part, la corniche octogonale q u i l'entoure a perdu t o u t son d é c o r .

c) Coupolette à huit pans:

Deux mihrabs d ' A l g é r i e sont coiffés d'une coupolette à huit


pans. Ce sont ceux des m o s q u é e s du V i e u x - T é n è s et de Sayyidî
Ibrahim.

2) Panneaux rectangulaires:

Les panneaux rectangulaires de la Grande M o s q u é e de T l e m -


cen sont au n o m b r e de cinq et correspondent aux cinq c ô t é s de la
niche. Les deux plus grands, c'est-à-dire ceux q u i sont perpendi-
culaires au m u r de la qibla, sont sans d é c o r . Les trois autres sont
o r n é s de claustra à d é c o r végétal d'une finesse d ' e x é c u t i o n remar-
quable. L à encore, les d é c o r a t e u r s d ' A l g é r i e ont fait preuve d ' o r i -
ginalité puisque, à notre connaissance, aucune autre m o s q u é e
m é d i é v a l e d u monde m u s u l m a n n'a l ' i n t é r i e u r de son m i h r a b m e u b l é
de trois claustra (fig. 139).

— 172 —
A la Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan (fig. 135), les panneaux
rectangulaires sont garnis d'arcs festonnés reposant sur des colon-
nettes de plâtre très élégantes surmontées de chapiteaux dont la
partie parallélépipédique est décorée d'une palmette centrale et
de cônes de pins qui occupent les angles supérieurs tandis que leur
partie inférieure est creusée de cannelures verticales. Ces chapi-
teaux sont surmontés d'une imposte qui ressemble à une corbeille
d'où s'échappent des arcs festonnés qui forment avec la corniche
octogonale des écoinçons ornés d'un fleuron inscrit dans un cœur
de chaque côté duquel prennent place deux médaillons garnis de
l'eulogie «La puissance est à Allah», se détachant sur un semis
de palmes.
A la Mosquée d'Awlâd al-Imâm, si nous en croyons W. et G.
Marçais, «le décor architectural formé de deux arcatures super-
posées, celle qui disparaît pour le spectateur placé dans les nefs,
bordée de découpages analogues à ceux de Sidi Bel Hasen et celle
d'en bas, bordée par la disposition de palmes dont Sidi Boumédine
nous offrira un exemnle (153)». Actuellement, nous pouvons voir
encore au-dessous de la corniche qui encadre la coupolette un décor
architectural formé d'arcs de plein cintre festonnés de 60 cm de dia-
mètre qui reposent sur des chapiteaux de plâtre dont il ne subsiste
plus que la partie supérieure. Les écoinçons de ces arcs sont ornés
d'un semis de palmes (fig. 137).
Au mihrab de la Mosquée de Sayyidî Abî Madyan (fig. 138),
les panneaux rectangulaires sont meublés d'un arc intérieur surhaus-
sé lisse et d'un arc extérieur festonné excentrique par rapport au
premier, entre lesquels prennent place des cannelures ressemblant
d'un côté à des accents aigus et, de l'autre, à des accents graves tandis
qu'un fleuron occupe le centre de la voussure. Ces arcs, dont les
écoinçons sont garnis d'un décor floral, reposent sur des colonnettes
de plâtre à demi-engagées de 76 cm de haut et 3,5 cm de diamètre,
surmontées de chapiteaux dont la partie inférieure est ornée de
fines cannelures verticales et la partie inférieure, parallélépipédique,
d'une palmette centrale et de cônes de pins, comme à la Mosquée
de Sayyidî Abî'l-H'asan. Au-dessus de chaque chapiteau, prend place
un surabaque en forme de tronc de pyramide qui reçoit les arcs
décoratifs.

(153) W. et G . Marçais, Les monuments arabes de Tlemcen, p. 188.

— 173 —
Quant au mihrab de la Mosquée de Sayyidî'l-H'alwî, il a perdu
le décor de ses panneaux rectangulaires.
3) Corniche pentagonale:
Au-dessous des panneaux rectangulaires, prend place une cor-
niche pentagonale qui épouse la forme de la niche.
A la Grande Mosquée de Tlemcen, cette corniche est garnie
d'une inscription coufïque composée de la basmala, suivie des
versets 204, 205 et 206 de la Sourate VII. Elle est ainsi libellée :
«Au nom d'Allah le Bienfaiteur miséricordieux! Quand la
prédication est récitée, écoutez-la et taisez-vous! Peut-être vous
sera-t-il fait miséricorde. Invoque le Seigneur, en ton âme ; le matin
et le soir et ne sois point parmi les insoucieux. Ceux qui sont proches
de ton Seigneur ne se sentent point trop grands pour le prier, ils
le glorifient et devant Lui, ils se prosternent» (154).
A la Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan, la corniche est ornée
d'une inscription cursive divisée en cinq parties par des fleurons
disposés aux angles du plan polygonal. Après la formule «Qu'Allah
le Haut, le Grand, me garde du feu de l'Enfer et de Satan l'égareur,
le lapidé», elle reproduit les versets 1 à 5 de la Sourate XXIII, précé-
dés de la basmala et de la taçliyya. En voici le texte :
«Au nom d'Allah, le Bienfaiteur miséricordieux! Qu'Allah
bénisse Muh'ammad! Bienheureux sont les croyants qui dans leur
Prière sont humbles, qui, de la jactance se détournent, qui font
l'aumône, qui n'ont point de rapport» (155).
Aux Mosquées Awlâd al-Imâm, Sayyidî Ibrahim, Sayyidî
Abî Madyan et Sayyidî'l-H'alwî, la corniche pentagonale est nue.
4) Partie inférieure:
La partie inférieure des niches des mihrabs à coupolette est
dépourvue de décor.

(154) Cf. R. Blachère, Coran, Sourate 89/VII, verset 203/204, 204/205, 205/206, t. II, p.
655.
(155) Ibid., Sourate 66/XXIII, versets 1-5, t. 1, p. 276.

— 174 —
CHAPITRE I I I

DECOR DES NICHES DE MIHRABS

Exception faite d u m i h r a b de l'oratoire d u Palais d u M a n a r


de la Qal'a des B a n î H ' a m m â d , q u i est unique dans son genre et
fera l'objet d'une é t u d e p a r t i c u l i è r e , les mihrabs des m o s q u é e s
d ' A l g é r i e comprennent deux parties : une partie s u p é r i e u r e qui est
presque toujours d é c o r é e et une partie inférieure qui l'est plus
rarement.

I . - DECOR DE LA PARTIE SUPERIEURE

L a partie s u p é r i e u r e d u cadre d u m i h r a b comprend g é n é r a l e -


ment : u n arc d'ouverture, une voussure et une o u plusieurs bordures
rectangulaires. La partie située au-dessus de la bordure rectan-
gulaire a une forme q u i varie avec les mihrabs. A la Grande M o s q u é e
de Constantine, à la M o s q u é e de S û q al-Ghazal et à la M o s q u é e
de Sayyidî' 1-Kattânî, elle a la forme d ' u n arc s u r h a u s s é o u de plein
cintre. Dans les autres m o s q u é e s , elle est rectangulaire.

1) A r c d'ouverture
L ' A l g é r i e apporte à l'architecture religieuse arabo-islamique
des arcs d'ouverture de mihrabs d'une e x t r ê m e v a r i é t é : arcs de
plein cintre o u t r e p a s s é s , de plein cintre, brisés, à lobes e n t r e l a c é s
et s u r b a i s s é s .

a) Arcs de plein cintre outrepassés

Nous les rencontrons à D j â m i ' Ç a f a r ainsi q u ' a u x M o s q u é e s de


Sayyidi' A b î ' l - H a s a n , d ' A w l â d a l - I m â m , de S a y y i d î I b r a h i m , de

- 175 —
Ibràhîm, de Sayyidî Abî Madyan, de Sayyidî'l-Halwî et de Ayn
al-Bayd'â'à Mascara.
b) Arcs de plein cintre :
Seuls, les raihrabs de la salle du rez-de-chaussée de la Mosquée
de Sayyidî Abd al-Mu'min et de la Mosquée de Sayyidî'l-Kattânî
ont des arcs d'ouverture en forme d'arc de plein cintre.
c) Arcs brisés outrepassés :
Nous les rencontrons à Djâmi' Çafar ainsi qu'aux Mosquées
de Sayyidî Abd al-Rah'man et de Sûq al-Ghazal.
d) Arcs brisés à quatre centres :
L'arc d'ouverture a la forme d'un arc brisé à quatre centres
à la Grande Mosquée de Touggourt, à la Mosquée du Pacha à
Oran, à la Mosquée Extérieure de la Kasba, aux Mosquées Ali
Khodja, Sayyidî'Abd al-Rah'man, Sayydî M'hammed, Sayyidi
Muh'ammad al-Charif et Ketchaoua.
e) Arcs'à lobes entrelacés :
Les mihrabs de la Grande Mosquée de Constantine, de la
salle de prière du premier étage de la Mosquée de Sayydî Abd al-
Mu'min et de Djâmi' Djadid ont des arcs d'ouverture à lobes
entrelacés.
f) Arc surbaissé
Seul, le mihrab de la Mosquée de Salah Bey à Annaba a un
arc en forme d'arc surbaissé (156).
Toutes les mosquées citées précédemment ne possèdent qu'un
arc d'ouverture. Par contre, le mihrab de la Mosquée du Vieux
Ténès a la particularité de présenter trois arcs d'ouverture éche-
lonnés en profondeur. Le plus grand est un arc brisé outrepassé.
Les deux autres sont en forme d'anse de panier (fig. 140).
D'autre part, l'arc d'ouverture a parfois son intrados décoré.
Au mihrab de Djâmi' Djadîd, il est garni d'un réseau losange dont le
centre est occupé par une étoile à six pointes inscrite dans un cer-

(156) Cf. A ; Chehbi, op. cil., p. 119.

— 176 —
cle. A la Mosquée de Sûq al-Ghazal, il est meublé de motifs à répé-
tition. A la Mosquée Ketchaoua, il est orné d'une frise de losanges
et à la Mosquée de Sayyidî 'Abd al-Rah'man, de motifs floraux.
2) Voussure
Les mihrabs de la Mosquée du Vieux-Ténès, de la Mosquée
du Pacha à Oran, de Sayyidî 'Abd al-Rah'man, de Djâmi' Çafar,
de Sayyidî M'hammed (157) et de Sayyidî Muh'ammad al-Charif
(158) ne présentent pas de voussure.
De la voussure du mihrab de la Mosquée Awlâd al-Imâm, il ne
reste que quelques fragments exposés au Musée de Tlemcen (fïg.
141).
Quant au mihrab de la Mosquée de Sayydî'l-H'alwî, il a perdu le
décor de sa voussure.
Les autres mihrabs ont des voussures qui diffèrent par leur
forme, le nombre des bordures qui les composent et leur décor.
a) Forme de la voussure
La voussure peut être comprise entre deux arcs excentriques
ou deux cercles concentriques.
La plus ancienne voussure comprise entre deux arcs excen-
triques apparaît à la Grande Mosquée de Cordoue (fig. 142) et à
l'Aljaferia de Saragosse (fig. 143) avant d'orner le mihrab de la
Grande Mosquée de Tlemcen (fig. 139). Cette dernière servira de
modèle aux décorateurs des mihrabs maghribins postérieurs.
Comme l'a mentionné fort justement G. Marçais (159), la
distance des centres des arcs qui forment la voussure semble avoir
constitué une sorte de module. A la Grande Mosquée de Cordoue,
elle représente le vingtième du petit diamètre et le quarantième
du grand, à l'Aljaferia de Saragosse, le cinquième du petit diamètre
et le, douzième du grand et à la Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan
(fig. 144), le septième du petit diamètre et le douzième du grand.

(157) Le cadre de ce mihrab n'a pour décor qu'un défoncement rectangulaire surmonté
d'un arc recticurviligne.
(158) Dans ce monument, le cadre du mihrab ne présente aucun décor.
(159) Cf. G. Marçais, Album de pierre, plâtre et bois sculpté., p. 17.
Fig. 140. — Mihrab de la Mosquée du Vieux-Ténès. Fig. 142. —
Mihrab de la
Grande mosquée
de Cordoue.
Les deux arcs excentriques peuvent être de même forme ou de
formes différentes. A la Grande Mosquée de Tlemcen, ce sont deux
arcs de plein cintre outrepassés, à la Mosquée de Sûq al-Ghazal,
deux arcs brisés. A la Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan et à la
Mosquée de 'Ayn al-Bayd'â' à Mascara (fig. 130), le grand arc est
festonné alors que l'arc d'ouverture est de plein cintre outrepassé.
A la Mosquée de Sayyidî'l-Kattânî, le grand arc est brisé tandis que
l'arc d'ouverture est de plein cintre.
Quant à la plus ancienne bordure circulaire comprise entre
deux arcs concentriques, nous la rencontrons au mihrab de la Grande
Mosquée de Kairouan (fig. 145) avant de la voir orner le mihrab de la
Grande Mosquée de Constantine (fig. 124) et ceux des Mosquées de
Sayyidî Abî Madyan (fig. 146) et de Sayyidî Ibrâhîm.
A la Grande Mosquée de Constantine, elle prend place entre
deux arcs brisés. A la Mosquée de Sayyidî Abî Madyan elle est
comprise entre un arc de plein cintre outrepassé et un arc festonné
et à la Mosquée de Sayyidî Ibrâhîm, entre deux arcs de plein cintre
outrepassés (160).
b) Nombre de bordures composant la voussure :
La voussure peut être formée d'une ou plusieurs bordures.
Elle est formée d'une seule bordure à la Grande Mosquée
de Constantine, aux Mosquées de Sayyidî Abî Madyan, Sayyidî'l-
Akhd'ar, Sayyidî 'Abd al-Mu'min et Salah Bey.
Elle est composée de deux bordures aux Mosquées de Sûq al-
Ghazal, Sayyidî'l-Kattânî, Sayyidî 'Uqba et 'Ayn al-Bayd'â' à
Mascara.
Elle est comprend trois bordures à la Grande Mosquée de
Tlemcen et à Djâmî' Djadîd, et cinq, à la Mosquée de Sayyidî
Abî'l-H'asan.
c) Décor des bordures qui composent la voussure :
Les bordures qui composent la voussure peuvent être ornées
de motifs architecturaux, géométriques, floraux ou épigraphiques.

(160) Cf. R. Bourouiba, L'art religieux musulman en Algérie, pl. XIX.

— 180 —
a') Bordures ornées de claveaux
Le décor architectural que l'on rencontre le plus souvent
et qui caractérise l'art musulman maghribin et andalou, est le
décor simulant des claveaux qui fait son apparition à la Grande
Mosquée de Cordoue (fig. 142) et à l'Aljaferia de Saragosse (fig.
143) avant d'orner la Grande Mosquée de Tlemcen (fig. 139) qui
servira de modèle aux architectes qui ont construit certains mihrabs
almohades, mérinides et turcs.
Mais si les artistes algériens se sont inspirés de modèles anda-
lous dans la décoration de leurs claveaux, ils ont apporté plusieurs
innovations qui portent sur la position du centre d'appareillage des
claveaux, leur nombre, leur forme, leur disposition et leur décor.
Le centre d'appareillage des claveaux se trouve au milieu de la
corde qui sous-tend l'arc d'ouverture du mihrab de la Grande
Mosquée de Tlemcen et aux Mosquées de Sayyidî Abî'l-H'asan et
Sayyidî Abî Madyan alors qu'il se trouvait au-dessus de ce point
à la Grande Mosquée de Cordoue et, au-dessous, au mihrab de
l'Aljaferia de Saragosse. Par contre, aux Mosquées de Sûq al-
Ghazal et de Sayyidî'l-Kat-tânî, il prend place au dessous de la
corde qui sous-tend l'arc d'ouverture comme à Saragosse.
Le nombre des claveaux qui était de 19 à la Grande Mosquée de
Cordoue et de 13 à l'Aljaferia, est de 17, à la Grande Mosquée de
Tlemcen, de 23 à la Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan, de 37 à la
Mosquée de Sayyidî Abî Madyan, de 19 à la Mosquée de Sûq al-
Ghazal et de 13 à la Mosquée de Sayyidî'l-Kattânî (fig. 147) (
Alors que les claveaux de Cordoue avaient la forme d'un
trapèze à bases légèrement curvilignes, à la Grande Mosquée de
Tlemcen, la base supérieure du trapèze est remplacée par un motif
circulaire meublé d'un fleuron comme à l'Aljaferia de Saragosse.
Aux Mosquées de Sayyidî Abî'l-H'asan et Sayyidî Abî Madyan,
elle est formée d'un arc de plein cintre outrepassé relié aux côtés
latéraux par deux arcs de cercle, tandis qu'aux Mosquées de Sûq
al-Ghazal et Sayyidî'l-Kattânî, ils retrouvent la forme de trapèze
qu'ils avaient à Cordoue.
D'autre part, les rapports entre la hauteur du claveau et la
petite base, d'une part, de la grande base et de la petite base, d'autre
part, varient d'une mosquée à l'autre.

181
Il faut noter enfin que dans certains mihrabs les claveaux
extrêmes ne sont pas de même largeur que les autres. C'est ainsi
qu'à la Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan, les trois claveaux extrêmes
sont soudés (fig. 148).
Pour ce qui est de la disposition, nous avons remarqué qu'à la
Grande Mosquée de Cordoue, les claveaux étaient accolés tandis que
dans les autres monuments ils ne le sont pas.
A l'Aljaferia de Saragosse et à la Grande Mosquée de Tlemcen,
ils sont séparés par une surface trapézoïdale de mêmes dimensions
que le claveau. Dans le premier édifice, l'espace compris entre deux
clavaux est nu tandis que dans le second, il est occupé dans sa partie
supérieure par un fleuron.
A la Mosquée de Sayyidî Abî Madyan, ils sont séparés par un
filet creux tandis qu'aux Mosquées de Sayyidî Abî'l-H'asan, Sûq
al-Ghazal, et Sayyidî'l-Kattâni, ils le sont par une frise de losanges.

Quant au décor des claveaux, il varie d'une mosquée à l'autre.


A Cordoue, c'est un décor sur mosaïque tandis que dans les
autres mihrabs, c'est un décor sculpté dans le plâtre.

A la Grande Mosquée de Tlemcen, les claveaux sont ornés d'un


rinceau et, à leur partie supérieure, prennent naissance deux palmes
doubles dont la base est recourbée et dont la partie supérieure dé-
termine un arc trilobé. Les palmes intérieures se soudent pour
former la tête du claveau. Quant aux palmes extérieures, chacune
d'elles se soude avec celle du claveau voisin pour former une palme
double terminée par un fleuron (fig. 139). D'autre part, les triangles
curvilignes déterminés par l'arc trilobé et le feston qui le circonscrit
sont garnis d'un décor floral.

A la Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan (fig. 148), les décora-


teurs ont innové en ce sens que nous rencontrons deux sortes de
claveaux : des claveaux clairs alternant avec des claveaux foncés. Les
premiers sont garnis de palmes doubles asymétriques dont les tiges
s'accolent ou se croisent. Les autres sont plus originaux puisque
leur décor associe la flore à l'épigraphie et ce, pour la première fois
dans l'art musulman. Dans ces claveaux, le mot Allah trône majes-
tueusement sur un semis de palmes et les hastes des lettres qui le
composent déterminent un entrelacs recticurviligne. D'autre part,

— 183 —
une palmette à sept cannelures dont la partie inférieure est occupée
par un fleuron prend place entre leurs têtes.
Les claveaux clairs et foncés se retrouvent à la Mosquée de
Sayyidî Abî Madyan (fig. 146) mais le décor qui les meuble est moins
riche. Les premiers sont garnis de deux rinceaux juxtaposés disposés
symétriquement par rapport à l'axe du claveau et les seconds, de
motifs géométriques.
Aux Mosquées de Sûq al-Ghazal (fig. 133) et de Sayyidî'l-
Kattânî(fig. 147), tous les claveaux sont ornés d'un décor végétal.
b') Bordures festonnées :
Ni les artistes de Cordoue, ni ceux de Saragosse, n'avaient orné
leurs mihrabs d'arcs festonnés et l'on peut avancer, à coup sûr, que
ce motif décoratif apparaît pour la première fois dans l'art musulman
à la Grande Mosquée de Tlemcen et servira de modèle aux Al-
mohades qui l'utiliseront notamment aux mihrabs de Tinmal
(fig. 149) et de la Kutubiyya (fig. 140).
Les bordures festonnées occupent une place plus grande encore
à la Mosquée de Sayyidî Abî-H'asan où elles sont au nombre de
trois. Autre fait digne d'intérêt, alors qu'à la Grande Mosquée de
Tlemcen, à la Mosquée de Tinmal et à la Kutubiyya, les bordures
festonnées étaient nues, à la Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan, l'une
des bordures festonnées est meublée d'une inscription cursive,
comme nous le verrons dans l'étude des bordures à décor épigra-
phique.
c') Bordure ornée d'une frise de copeaux :
Bien que les enroulements en copeaux ornaient les corbelets de la
Grande Mosquée de Cordoue (161), l'arc orné d'une frise de copeaux
a été utilisé pour la première fois dans l'art musulman, à la Mosquée
de Sayyidî Abî'l-H'asan.
d') Bordures meublées (Fun arc en coquille :
L'arc en coquille est un arc orné de cannelures ressemblant,
d'un côté de l'arc, à des accents aigus et de l'autre, à des accents
graves.

(161) Cf. G. Marçais, L'architecture musulmane d'Occident, fig 100 et 101, p. 164.

_ 184 —
Fig. 147. — Mihrab de la M o s q u é e de Fig. 148. — Mihrab de la M o s q u é e de
Sayyidî 'l-Kat-'tâni. (Photo du ministère de Sayyidî A b î ' l - H ' a s s a n . Voussure, écoinçons
l'Information et de la Culture. Sous- et bordures rectangulaires.
Direction de la Documentation et des Publi-
cations.)

Fig. 149. — Mihrab de la M o s q u é e de


Timmal. (D'après G. Marçais.}
Fig. 152. — Mihrab de la Mosquée
d'Ibn T'ulûn au Caire. (D'après H.
Terrasse.)
Il apparaît pour la première fois dans l'art musulman à la
Mosquée de Sayyidi Abî Madyan et à l'Alhambra de Grenade. Nous
le retrouvons ensuite, en Algérie, aux Mosquées de Sûq al-Ghazal
et de Sayyidî'l-Kattânî.
e') Bordures garnies cTarcs entrelacés :
Les arcs entrelacés ornent certaines bordures circulaires de
Djâmi' Djadid et de la Mosquée de 'Ayn al-Bayd'à' à Mascara.
f ) Bordure décorée de moulures :
Seul, le mihrab de la salle du rez-de-chaussée de la Mosquée
de Sayyidi 'Abd al-Mu'min a une bordure circulaire ornée de mou-
lures.
g') Bordures meublées d'un décor géométrique :
Les motifs géométriques qui meublent les bordures circulaires
des mihrabs d'Algérie sont : les carrés, les triangles et les losanges
de la Mosquée de Sayyidi Uqba, les losanges de Djâmi' Djadid et de
la Mosquée de Sayyidî'l-Akhd'ar, le grainetis qui garnit une bordure
de la Mosquée de 'Ayn al-Bayd'a, la tresse de la Mosquée de Sayyidi
Ibrahim, le bandeau torsadé de la Mosquée de Salah Bey (162)
et les bâtons rompus de Djâmi' Djadid.
h') Bordure garnie d'un décor végétal :
Une seule mosquée d'Algérie présente une bordure ornée de
motifs floraux : la Grande Mosquée de Tlemcen qui est décorée
d'une frise de feuilles d'acanthe pliées suivant la nervure médiale.
h') Bordures meublées d'un décor épigraphique :
Nous rencontrons des bordures circulaires ornées d'un décor
épigraphique à la Grande Mosquée de Constantine et à la Mosquée
de Sayyidi Abî'l-H'asan.
Dans le premier monument, la bordure est garnie d'une ins-
cription coufique qui commence sur le montant droit de la bordure
rectangulaire. Nous en donnerons le texte lorsque nous étudierons
cette dernière.

(162) Cf. A. Chehbi, op. cit., fig. 15, p. 116.


A la Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan, deux bordures sont
meublées d'un décor épigraphique. L'une se déroule dans une
bordure circulaire. Elle reproduit les versets 35, 36 et 37 de la Sourate
XXIV du Coran :
« Allah est la lumière des cieux et de la terre. Sa lumière est à
la ressemblance d'une niche où se trouve une lampe; la lampe est
dans un (récipient) de verre); celui-ci semblerait un astre étincelant;
elle est allumée (grâce) à un olivier ni oriental ni occidental, dont
l'huile (est si limpide qu'elle) éclairerait même si nul feu ne la touchait :
Lumière sur Lumière, Allah, vers sa Lumière, dirige qui II veut.
Allah propose des paraboles aux Hommes. Allah, de toute chose,
est omniscient i
En des oratoires qu'Allah permit d'élever et dans lesquels Son
nom est invoqué, dans lesquels il est glorifié à l'aube et au crépus-
cule, sont des hommes que nul négoce et nul troc ne distraient de
l'invocation d'Allah, de l'accomplissement de la Prière, du don de
l'Aumône (Zakât) (163). Allah est véridique. »
L'autre prend place dans une bordure festonnée. Elle se comr
pose de formules pieuses, de versets coraniques appartenant à des
sourates différentes, d'une partie illisible et d'une formule pieuse.
En voici la traduction :
« Qu'Allah me garde de Satan la lapidé ! Au nom d'Allah, le
Bienfaiteur miséricordieux. Qu'Allah bénisse notre seigneur
Muh'ammad, sa famille et ses compagnons, et les sauve (164).
O vous qui croyez ! soyez pieux envers Allah, de toute la piété qu'il
mérite ! Ne mourez que soumis (à Lui) (muslim). Mettez-vous hors du
péril (i'tacama) en vous attachant à la protection d'Allah, en totalité,
et ne vous divisez pas ! Rappelez-vous le bienfait d'Allah sur vous
quand vous étiez ennemis, (quand) D établit la concorde en vos
cœurs et que vous devîntes des frères ; vous étiez sur le bord d'un
abîme de feu et II vous a sauvés. Ainsi II expose ses aya (espérant que)
peut-être vous serez dans la bonne direction (165).

(163) Cf. R. Blachère, Coran, Sourate 107/XXIV, versets 35-37, t; II, pp. 1013-1014.
(164) Formules pieuses par lesquelles commence l'inscription.
(165) Cf. R. Blachère, Coran, Sourate 99/111, versets 102 et 103, t. II, p. 882.

_ 188 —
« C'est Lui qui vous a envoyé Son apôtre, avec la Direction et la
Religion de Vérité pour la faire prévaloir sur la Religion en entier »
(166). « Combien Allah suffit comme patron et combien II suffît
comme auxiliaire ! » (167).... (168). Priez pour lui et saluez-le,
qu'Allah lui fasse miséricorde ! » (169).
3e Ecoinçons
On donne le nom d'écoinçons aux surfaces comprises entre la
voussure et la bordure rectangulaire.
Les ecoinçons sont au nombre de quatre dans les mosquées
où la voussure a la forme d'un arc de plein cintre outrepassé ou
brisé outrepassé et de deux, dans les autres.
Lorsque les ecoinçons sont au nombre de deux, ils affectent
parfois la forme d'un pentagone comme c'est le cas des ecoinçons
de la Grande Mosquée de Kairouan et de ceux de la Grande Mosquée
de Constantine. Par contre, d'autres fois, ils ont la forme d'un
triangle à un côté curviligne comme nous pouvons le voir aux
Mosquées de Sûq al-Ghazal, Sayyidî'l-Akhd'ar, Sayyidî'Abd al-
Mu'min et Sayyidî'l-Kattanî.
Lorsqu'ils sont au nombre de quatre, les ecoinçons ont géné-
ralement la forme de triangles à un côté curviligne et les ecoinçons
supérieurs sont plus grands que les ecoinçons inférieurs.
Les plus anciens ecoinçons de mihrabs d'Algérie sont ceux de la
Grande Mosquée de Constantine et de la Grande Mosquée de
Tlemcen.
Dans le premier monument, ils sont ornés d'un décor qui,
malheureusement est recouvert de nombreuses couches de peinture.
Dans le second, au contraire, leur décor est parfaitement
conservé et d'une sûreté d'exécution remarquable. Les ecoinçons
inférieurs ne sont garnis que d'un semis végétal tandis que les ecoin-
çons supérieurs sont meublés d'un décor floral au centre duquel
se détache un cabochon tronconique, orné de palmes.

(166) Cf. R. Blachère, Coran, Sourate 115/IX, verset 33, t. II, p. 1084.
(167) Ibid.,findu verset 47/45 de la Sourate 115/IX, t. II, p. 938.
(168) Partie illisible.
(169) Formule pieuse par laquelle se termine l'inscription.

— 189
Ce n'est pas la première fois dans l'histoire de l'art musulman que
les sculpteurs ont utilisé des motifs circulaires pour décorer les
écoinçons de leurs arcs.
A la Grande Mosquée de Kairouan, les écoinçons des arcs qui
supportent la coupole en avant du mihrab comportent deux cercles
dont l'un, est orné d'une coupolette à six cannelures, et l'autre, de
motifs géométriques.
A la Grande Mosquée de Cordoue (fig. 142), les écoinçons
présentent un médaillon presque circulaire. A la Mosquée d'Ibn
T'ulûn, au Caire, c'est un bouton parcouru de cercles concen-
triques (fig. 152) et à l'Aljaferia de Saragosse, une coupolette à neuf
cannelures (fig. 143).

Les artistes tlemcéniens se sont donc inspirés de ces monuments


pour décorer les écoinçons de leur mihrab mais ont fait preuve
d'une originalité certaine.

En effet, le bouton tronconique qui trône au milieu de leurs


écoinçons est nettement relief par rapport au semis floral tandis
que dans les édifices précédents, les motifs circulaires étaient soit
sur un même plan soit creusés de cannelures. D'autre part, dans les
monuments antérieurs, l'ornement central constituait l'élément
principal du décor tandis qu'à Tlemcen, il n'est là que pour rehausser
l'éclat du semis de palmes qui l'entoure.

Aussi, les écoinçons de la Grande Mosquée de Tlemcen servi-


ront-ils de modèle aux artistes qui décoreront les mihrabs de Sayyidî
Abî'l-H'asan, des mosquées de la Qaçba de Marrakech (fig. 153), de
Djâmi' Hamra et Djâmi' Zhar à Fès. C'est dire l'importance qu'ils
revêtent dans l'histoire de l'art musulman.

Les écoinçons supérieurs qui ornent le mihrab de la Mosquée


de SayyidîAbî'l-H'asan (fig. 148) sont peut-être encore plus beaux
que ceux de la Grande Mosquée de Tlemcen (fig. 151) et mettent
en lumière l'extrême habileté des artistes qui les ont sculptés. En
effet, alors qu'à la Grande Mosquée de Tlemcen, le cabochon
tronconique se détachait sur un semis de palmes, à la Mosquée
de Sayyidî Abî'l-H'asan, le bouton spirale est disposé au centre d'une
étoile à huit pointes qui se trouve, elle-même, au milieu de la boucle
d'un rinceau sur lequel viennent s'attacher de grandes palmes
asymétriques de formes très variées reposant sur un semis de petites

— 190 —
palmes. Quant aux écoinçons inférieurs, ils sont occupés par deux
palmes qui se détachent sur un fond de palmes plus petites.
Nous retrouvons le bouton spirale et les grosses palmes se
détachant sur un semis de petites palmes des écoinçons de la Mosquée
de Sayyidî Abî'l-H'asan, au mihrab de la Mosquée de Sayyidî
Abî Madyan (fig. 146) mais dans ce dernier monument, le décor
est moins riche et moins vigoureux.
Des motifs circulaires ornent d'autres mosquées d'Algérie
d'époque turque.

A la Mosquée de Sûq al-Ghazal, le centre de l'écoinçon est


garni d'un gros fleuron se détachant sur semis de palmes.
A la Mosquée de Sayyidî'l-Akhd'ar, c'est un médaillon circulaire
meublé d'entrelacs et au centre duquel trône une rosace à huit
branches entourée d'une frise de losanges disposés en cercle. Ce
médaillon est encadré de deux triangles à deux côtés curvilignes
dont l'un est occupé par un rinceau, et l'autre, par une tige qui
s'achève par deux palmes doubles.

Un médaillon circulaire orne également le mihrab de la salle de


prière du premier étage de la Mosquée de Sayyidî 'Abd al-Mu'min.
Ce médaillon est garni d'une rosace à huit pointes entourée de
bâtons rompus.

A la Mosquée de 'Ayn al-Bayd'â' à Masacra, le motif circu-


laire est remplacé par un fleuron qui prend place dans les angles
droits des écoinçons.

Le décor des écoinçons du mihrab de la Mosquée de Sayyidî


'1-Kattânî (fig. 147) présente une originalité certaine car le motif
qui occupe l'angle droit de l'écoinçon est entouré de cercles concen-
triques entrelacés. D'autre part, les écoinçons sont entourés d'une
frise de losanges et cantonnés de deux bandeaux rectangulaires
verticaux meublés d'un entrelacs curviligne et de cercles entrelacés.

Les écoinçons de Djâmi' Çafar et de la Mosquée Ali Khodja


sont décorés de carreaux de céramique tandis que ceux de la Mosquée
de Salah Bey à Annaba sont meublés d'une inscription reproduisant
la profession de foi : « 11 n'y a de dieu qu'Allah. Muh'ammad est
l'Envoyé d'Allah », au-dessous de laquelle prennent place les mots
Allah et Muh'ammad (170).
Notons pour terminer que les écoinçons supérieurs sont parfois
séparés par un motif ornemental qui est une boucle à la Grande
Mosquée de Constantine (fîg. 124) et à Djâmi' Djadîd (fig. 129),
une palmette à la Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan (fîg. 144) et à
la Mosquée de 'Ayn al-Bayd'â' (fîg. 130), un fleuron à l'oratoire
de Sayyidî Abî Madyan (fig. 146).
4) Bordures rectangulaires :
Si nous exceptons les mihrabs des Mosquées du Vieux-Ténès,
et de Salah Bey qui ne présentent pas une bordure rectangulaire
et celui de la Mosquée de Sayyidî' 1-Kattânî, où elle est remplacée
par deux bandeaux verticaux, tous les autres mihrabs ont des
bordures rectangulaires dont le nombre, la composition, la position
et le décor varient avec les mosquées.
a) Nombre de bordures rectangulaires :
La Grande Mosquée de Constantine, les Mosquées de Sûq
al-Ghazal, Sayyidî'l-Akhd'ar, Sayyidî ' Uqba, Ali Khodja et Djâmi'
Çafar n'ont qu'une bordure rectangulaire.
La Grande Mosquée de Tlemcen et la Mosquée de 'Ayn al-
Bayd'â' à Mascara ont deux bordures.
Nous rencontrons trois bordures rectangulaires aux Mosquées
de Sayyidî Abî Madyan et Djâmi'Djadîd et six, à la Mosquée de
Sayydidî Abî'l-H'asan.
b) Composition :
Les bordures rectangulaires peuvent être continues ou formées
de plusieurs éléments.
La bordure rectangulaire de la Grande Mosquée de Cons-
tantine, la seconde bordure rectangulaire de la Grande Mosquée de
Tlemcen, les seconde et quatrième bordures de la Mosquée de
Sayyidî Abî'l-H'asan et la première bordure de la Mosquée de
Sayyidî Abî Madyan sont continues.

(170) Cf. A. Chehbi, op. cit., fig. 15, p. 116.

— 192 —
Fig. 153. — Mihrab de la Mosquée de la
QaçbadeMarrakach. (D'après H. Terrasse.)
La troisième bordure rectangulaire de la Mosquée de Sayyidî
Abî'l-H'asan est interrompue par deux palmettes qui occupent
les angles supérieurs de la bordure.
La première bordure rectangulaire de la Grande Mosquée
de Tlemcen et la première bordure rectangulaire de la Mosquée
de 'Ayn al-Bayd'â' sont formées de cinq éléments. Dans le premier
oratoire, elle comprend trois bandeaux rectangulaires et deux
carrés à huit pointes et, dans le second, trois bandeaux rectangulaires
et deux cercles festonnés.
Les seconde et troisième bordures rectangulaires de la Mos-
quée de Sayyidî Abî Madyan et la troisième bordure rectangulaire
de Djâmi' Djadid sont formés de sept éléments. Dans le premier
monument, elle se compose de trois bandeaux rectangulaires et de
quatre cercles festonnés et, dans le deuxième, de trois bandeaux
rectangulaires et de quatre carrés.
c) Position :
Dans les mihrabs à plusieurs bordures rectangulaires, ces
bordures sont accolées ou séparées par des registres horizontaux.
A la Mosquée de Sayyidî Abî 1-H'asan, les cinq premières
bordures rectangulaires sont accolées alors que la sixième est
séparée de la cinquième par un registre horizontal.
A la Mosquée de Sayyidî Abî Madyan, les deux premières
bordures rectangulaires sont accolées tandis que la troisième est
séparée de la deuxième par un registre horizontal.
d) Décor :
La première remarque qui s'impose lorsqu'on étudie le décor des
bordures rectangulaires des mihrabs d'Algérie, c'est la prédomi-
nance du décor épigraphique.
En effet, alors que dans les voussures, l'épigraphie n'occupait
qu'une place de second ordre, alors qu'elle était presque toujours
absente dans le décor des écoinçons, nous la voyons régner en maî-
tresse dans les bordures rectangulaires.
A cet égard, la Grande Mosquée de Constantine est d'une
originalité certaine. En effet, elle présente la particularité d'être
ornée d'une inscription coufique qui occupe à la fois la voussure,

_ 194 —
la bordure rectangulaire et la boucle qui les unit. Autre détail
intéressant, la première inscription commence sur le montant droit
de la bordure rectangulaire puis occupe la partie droite du bandeau
horizontal de cette dernière, la boucle qui relie la bordure rectan-
gulaire à la voussure et la partie droite- de la voussure, tandis que la
seconde débute sur la partie droite de la voussure, se déroule ensuite
sur la partie gauche du bandeau horizontal de la bordure rectan-
gulaire et s'achève sur le montant gauche de cette dernière.
La première inscription reproduit les versets 28 et 29 de la
Sourate XIII du Coran :
« Ceux qui ont cru et dont les cœurs se tranquillisent par l'Edi-
fication d'Allah - par l'Edification d'Allah les cœurs ne se tranquil-
lisent-ils point ? Ceux qui auront cru et accompli des œuvres pies
à ceux-là, fortune et beau lieu de retour » (171).
Ces versets sont suivis du verset 128 de la Sourate XVI :
« Allah est avec ceux qui sont pieux et qui sont bienfaisants »
(172).
La seconde épigraphe est composée des versets 41 à 43 de la
Sourate XXXIII :
« O vous qui croyez ! Invoquez beaucoup Allah ! Glorifiez-le
à l'aube et au crépuscule ! C'est Lui qui prie sur vous ainsi que ses
Anges, pour vous faire sortir des Ténèbres vers la Lumière. (C'est Lui
qui est... » (173).
A la Grande Mosquée de Tlemcen, nous assistons à l'intro-
duction d'un élément nouveau dans le décor épigraphique des
bordures rectangulaires : l'inscription, au lieu d'être continue
comme à Constantine, est fractionnée en trois fragments qui se
déroulent dans trois bandeaux rectangulaires : deux verticaux et un
horizontal. Autre innovation, les angles supérieurs de la bordure
sont occupés par deux carrés à huit pointes ornés de tiges, de palmes
et de fleurons. Ce motif qui apparaît pour la première fois dans le
décor d'un mihrab sera largement utilisé par les Almohades et leurs
successeurs.

(171) Cf. R. Blachère, Coran, Sourate 92/XIII, versets 28 et 29, t. II, p. 713.
(172) Ibid., Sourate 75/XVI, verset 128, t. I, p. 418.
(173) Ibid., Sourate 105/XXXIII, versets 41-43, t. II, p. 993.
Quant à l'inscription elle-même, elle reproduit, comme à
Constantine des versets coraniques. Mais, ici, ce sont les versets
54 et 55 de la Sourate VII :
« Au nom d'Allah, le Bienfaiteur miséricordieux ! Votre
Seigneur est Allah qui créa les deux et la terre en six jours puis
s'assit en majesté sur le Trône. Il couvre le jour et la nuit qui le
poursuit, avide, tandis que le soleil, la lune et les étoiles sont soumis à
Son Ordre. N'a-t-il point la Création et l'Ordre 9 Béni soit Allah
Seigneur des Mondes ! Priez votre Seigneur, humblement, en secret !
Il n'aime point les transgresseurs » (174).
A la Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'assan, le décor épigraphique
tient une place plus importante encore qu'à la Grande Mosquée
de Tlemcen et, fait qui mérite d'être signalé, le cursif, l'élégant
cursif andalou qui ornait une bordure de la voussure, réapparaît
dans une bordure rectangulaire.
Ainsi l'écriture cursive qui, comme nous le verrons dans notre
partie consacrée aux coupoles,fitune timide apparition à la Grande
Mosquée de Tlemcen, rivalise à la Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan
avec l'écriture coufique qui jusque-là avait eu la prééminence dans
le décor des mihrabs.
C'est là une date importante dans l'histoire de l'épigraphie
arabe et dans l'enrichissement du décor musulman.
En effet, à la majesté et à la rigueur des caractères coufiques
qui n'évoluent avec aisance que sur les surfaces planes, les artistes
tlemcéniens ont préféré, pour décorer certaines de leurs bordures,
les caractères cursifs souples et harmonieux qui s'adaptent sans
difficulté aux surfaces incurvées et aux festons. Ils en ont orné deux
de leurs bordures rectangulaires : la première et la bordure su-
périeure.
La première débute par les formules pieuses :
« Qu'Allah le Haut, le Grand, me garde de Satan le lapidé !
Qu'Allah bénisse notre seigneur Muh'ammad ».
Elle reproduit ensuite le verset 77 et le début du verset 78 de
la Sourate XLVIII du Coran :

(174) Cf. R. Blachère, Coran, Sourate 89/VII, versets 54 et 55, t. II, p. 621.

— 196 —
« O vous qui croyez ! inclinez-vous ! prosternez-vous ! adorez
votre Seigneur ! faites le bien ! Peut-être serez-vous bienheureux !
Menez le combat pour Allah comme II le mérite ! Il vous a choisi et
sur vous il n'a placé nulle gêne en la Religion (din), la Religion
(milla) de votre père Abraham. Il vous a nommés les Soumis,
auparavant et en cette Révélation afin que l'apôtre soit témoin
à votre encontre » (175).
La seconde prend place dans des bandeaux rectangulaires
qui sont au nombre de trois. Mais, ce qui fait l'originalité du décor
de cette bordure, c'est qu'à côté des bandeaux rectangulaires, nous
trouvons quatre carrés qui en occupent les angles supérieurs et
inférieurs.
Dans les bandeaux rectangulaires se déroulent les formules
« Qu'Allah me garde de Satan le lapidé ! » et « Au nom d'Allah,
le Bienfaiteur miséricordieux ! Qu'Allah bénisse notre seigneur
Muh'ammad et sa famille, et les sauve ! »
Ces eulogies sont suivies des versets 7 à 9 de la Sourate XL :
« Seigneur (disent-ils), Tu embrasses toutes choses en (Ta)
miséricorde et (Ta) science. Pardonne à ceux qui sont revenus
(de leur erreur) et ont suivi Ton chemin ! Epargne-leur le tourment
de la Fournaise ! Seigneur ! Dans les Jardins de l'Eden que Tu leur
promis, fais-les entrer ainsi que ceux de leurs pères, de leurs épouses
et de leur descendance qui auront été vertueux. Tu es le Puissant,
le Sage. Epargne-leur les mauvaises actions, celui à qui tu auras épar-
gné les mauvaises actions, Tu lui feras miséricorde ce jour-là, et c'est
là le Succès suprême » (176).
L'inscription se termine par les versets 30 et 31 de la Sourate
XLI :
« Ceux qui ont dit : « Notre Seigneur est Allah ! » puis qui
cheminent droit, sur eux descendront les Anges (en disant) : « Ne
craignez point ni ne vous attristez ! Réjouissez-vous du jardin qui
vous a été promis ! Nous sommes vos patrons en la Vie immédiate
et en la (Vie) dernière. Là, vous aurez ce que désirent vos âmes. Là,

(175) Cf. R. Blachère, Coran, Sourate 110/XLVIII, verset 76/77 et début du verset
77/78, t. II, p. 1048.
(176) Ibid, Sourate 80/XL, versets 7 à 9, t. I, pp. 483-484.

— 197 _
vous aurez ce que vous réclamez » (177), suivis de la formule pieuse :
« Muhammad est l'envoyé d'Allah ! ».
Quant aux carrés,ceux du bas sont ornés d'un treillis losange,
et les autres, d'un carré à huit pointes garni de l'inscription : « Allah ».
Comme la seconde inscription cursive, l'inscription coufique se
déroule dans trois bandeaux rectangulaires encadrés par quatre
carrés.
Dans les bandeaux s'inscrivent des cartouches dont les extrémi-
tés sont des arcs de plein cintre festonnés à l'intérieur desquels se
déroule une inscription composée de la formule pieuse :
« Au nom d'Allah, le Bienfaiteur miséricordieux. Qu'Allah
bénisse notre seigneur Muh'ammad ! »
suivie des versets 203 et 204 de la Sourate VII :
« Quand la Prédication est récitée, écoutez-la et taisez-vous !
Peut-être vous sera-t-il fait miséricorde. Invoque le Seigneur en
ton âme avec humilité et crainte, à mi-voix, le matin et le soir, et
ne sois point parmi les Insoucieux ! » (178).
Quant aux carrés, ils comportent :
— dans les angles : un fleuron
— à la périphérie : quatre cartouches hexagonaux ornés de la
profession de foi : « Il n'y a de dieu qu'Allah. Muh'ammad est
l'Envoyé d'Allah »
— et au centre, un décor géométrique qui s'organise autour
d'une étoile à seize branches dans les carrés inférieurs, d'une étoile
à huit pointes dans les carrés inférieurs.
A la Mosquée de Sayyidî Abî Madyan, la prédominance des
inscriptions cursives dans le décor des bordures rectangulaires se
confirme puisque nous trouvons deux bordures garnies d'une
inscription cursive et une seule, meublée d'une inscription coufique.
La première bordure rectangulaire à inscription cursive est
composée de caractères blancs se détachant sur un fond vert olive.

(177) Cf. Blachère, Coran, Sourate 72/XLI, versets 30 et 31, t. I, p. 364.


(178) Ibid., Sourate 89/W, versets 202 et 203, t. II, p. 655.

— 198 —
On y lit la formule pieuse : « Qu'Allah me garde de Satan le lapidé »
suivie des versets 18 à 22 de la Sourate IX du Coran :
« Seuls serviront la Mosquée d'Allah ceux qui croient en Allah
et au Dernier Jour (qui) accomplissent la Prière, donnent l'Aumône
(zakât) et ne redoutent qu'Allah. Peut-être, ceux-là seront-ils parmi
ceux se trouvant dans la bonne direction. Ferez-vous de la charge
d'abreuver les pèlerins et du service de la Mosquée Sacrée (des
droits) comparables à (ceux de) celui qui croit en Allah et au Dernier
Jour et mène combat dans le chemin d'Allah. Croyants et Infidèles
ne sont point égaux auprès d'Allah. Allah ne dirige point le peuple
des Injustes. Ceux qui déjà croient, (qui), dans le Chemin d'Allah,
ont émigré et mené combat de leurs biens et de leurs personnes
auront un rang plus considérable auprès d'Allah. Ceux-là seront
les Gagnants. Leur Seigneur leur annonce grâce et satisfaction
(émanant) de Lui ainsi que des Jardins où ils auront un délice
permanent et où ils seront immortels, en éternité, Allah détient
une rétribution immense » (179).
La seconde bordure à inscription cursive prend place dans
trois bandeaux rectangulaires comme à la Mosquée de Sayyidî
'Abî'l H'asan mais ici, les quatre carrés qui les encadrent sont
remplacés par des cercles festonnés, motif décoratif qui apparaît
pour la première fois dans le décor d'un mihrab.
Elle est composée :
— de la formule pieuse : « Qu'Allah me garde de Satan le
lapidé. Au nom d'Allah, le Bienfaiteur miséricordieux. Qu'Allah
bénisse notre seigneur Muh'ammad, sa famille et ses compagnons,
et les sauve. »
— des versets 36 et 37 de la Sourate XXIV :
« En des oratoires qu'Allah permit d'élever et dans lesquels
Son nom est invoqué, dans lesquels II est glorifié, à l'aube et au
crépuscule, sont des hommes que nul négoce et nul troc ne dis-
traient de l'invocation d'Allah, de l'accomplissement de la Prière, du
don de l'Aumône (zakât), qui craignent un jour où les cœurs et les
regards seront retournés » (180).

(179) Cf. R. Blachère, Coran, Sourate 115/IX, versets 18 à 22, t. II, pp. 1080-1081.
(180) Ibid., Sourate 107/XXIV, versets 36 et 37, t. II, p. 1013.

— 199
— du verset 65 de la Sourate XL :
« Il est le Vivant. Nulle divinité excepté Lui ! Priez-le, Lui
vouant le Culte ! Louange à Allah, Seigneur des Mondes ! » (181)
— de lafindu verset 13 de la Sourate LXI :
« Secours d'Allah et prochain succès (fath). Annonce la bonne
nouvelle aux Croyants ! » (182).
Les cercles festonnés, quant à eux, sont reliés aux cartouches
et au cadre par quatre boucles et sont meublés d'un décor floral.
La bordure rectangulaire à inscription coufique qui orne le
mihrab de la Mosquée de Sayyidî Abî Madyan est plus large que la
précédente et comporte trois bandeaux rectangulaires et quatre
carrés.
Dans les rectangles s'inscrivent des cartouches dont les
extrémités sont des arcs festonnés. On peut y lire :
— la formule pieuse : « Qu'Allah me garde de Satan le lapidé !
Au nom d'Allah, le Bienfaiteur miséricordieux ! »
— les versets 238 et 239 de la Sourate II :
« Soyez assidus aux Prières ainsi qu'à la Prière Médiane (et à la
prière du 'açr) ! Acquittez-vous (du Culte) envers Allah faisant
oraison. Si vous êtes en péril, (faites la Prière) sur vos jambes ou
montés ! (Mais) quand vous serez en sécurité (183). »
— et un fragment du verset 196 de la Sourate II :
« A quiconque fera usage de la 'umra jusqu'au Pèlerinage 1
(184).
Comme nous l'avons dit dans un autre ouvrage (185), il est
étonnant de voir que le décorateur soit passé d'un verset ayant
trait à la prière à un verset concernant le pèlerinage. Cette anomalie
peut s'expliquer, à notre avis, par le fait que les deux versets con-

(181) Ibid., Sourate 80,XL, verset 67/65, t. I, p. 492.


(182) Ibid., Sourate 100/LXI,findu verset 13, t. II, p. 912.
(183) Ibid., Sourate 93/11, verset 238 et 239, t. II, p. 800.
(184) Ibid., Sourate 93/11, fragment du verset 192/196, t. II, o. 184.
(185) Cf. R. Bourouiba, L'art religieux musulman en Algérie, p. 174.

— 200 —
tiennent tous deux la proposition « quand vous serez en sécurité ».
Le sculpteur qui ne savait pas bien le Coran, a reproduit fidèlement
le début du verset relatif à la prière jusqu'à la proposition » quand
vous serez en sécurité » et l'a fait suivre du fragment du verset 196
qui commence par cette proposition.
Quant aux carrés, ils ont 24 cm de côté et sont entourés d'un
filet et d'un cavet. Ceux du bas, sont meublés d'un cercle à festons
orné d'un semis de palmes sur lequel se détachent un fleuron cir-
culaire central, quatre motifs en forme de losanges disposés en croix
et quatre autres, quadrilobés, placés de manière à former un carré.
Dans les carrés supérieurs, le cercle festonné est relié aux côtés du
carré par une boucle et son décor diffère de celui des précédents.
En effet, nous n'y trouvons qu'un motif losange, disposé horizon-
talement et encadré par deux fleurons circulaires à quatre lobes,
placés verticalement.
Des bordures rectangulaires à décor épigraphique se rencon-
trent également à Djâmi' Djadid, à la Mosquée de 'Ayn al-Bayd' à'
et à la Mosquée de Sûq al-Ghazal.
A Djâmi' Djadid, nous trouvons deux bordures rectangulaires
ornées d'inscriptions. La première est composée de trois bandeaux
rectangulaires et de quatre carrés.
Les bandeaux rectangulaires sont garnis :
— de la formule pieuse : « Qu'Allah me garde de Satan de
lapidé ! »
— d'un fragment du verset 88 de la Sourate X X V I I I :
« Toute chose périt sauf Sa face. A Lui le Jugement »

— de la formule pieuse : « Louange à Allah Seul ! Qu'Allah


bénisse notre seigneur et le sauve »

— et d'une inscription commémorative :

« Ensuite, qu'Allah vous fasse miséricorde. A travaillé avec


zèle à la construction de cette mosquée, le serviteur d'Allah qui
espère le pardon de son maître, le guerrier pour la foi dans la voie
d'Allah, Al-H'âdjdj H'abîb, qu'Allah lui soit propice ! » (fig. 129).

Les quatre carrés sont meublés d'une étoile à huit branches.

— 202 —
La seconde bordure rectangulaire à décor epigraphique est
formée de bandeaux et de carrés.
Les bandeaux verticaux sont garnis de l'eulogie : « Le Pouvoir
éternel est à Allah. L'opulence constante est à Allah ». Au lieu
d'être rectangulaires, ils dessinent une équerre. Le côté horizontal
de l'équerre de droite est occupé par un décor géométrique et floral
tandis que celui de l'équerre de gauche est garni de l'inscription
commémorative suivante :
« Louange à Allah Seul ! Celui qui vous informera de la cause de
l'édification de cette mosquée est son administrateur Al-H'âdjdj
H'abîb. Elle a été achevée en 1070 (1660) (fig. 154).
Le bandeau horizontal se prolonge à droite et à gauche des
montants verticaux. La partie centrale a le même décor que ces
derniers. Le côté droit est orné de la Sourate CXII du Coran :
Dis : « 77 est Allah, unique.
Allah le Seul.
Il n'a pas engendré et n'a pas été engendré.
N'est égal à Lui personne ». (186). »
suivie du début de la profession de foi : «Il n'y a de dieu qu'Allah»
Le côté gauche est meublé de la seconde moitié de la profession de
foi : « Muh'ammad est l'Envoyé d'Allah », suivie de l'invocation :
« Sois bienveillant envers Ton serviteur dans les deux mondes.
Il a une constance qui s'évanouit lorsque les terreurs l'assaillent »
A la Mosquée de 'Ayn al-Bayd'â', nous rencontrons également
deux inscriptions à décor epigraphique, toutes deux composées de
caractères cursifs.
La bordure rectangulaire supérieure se compose de deux
bandeaux rectangulaires verticaux, de deux bandeaux rectan-
gulaires horizontaux et trois cercles festonnés.
La bordure rectangulaire inférieure comprend deux bandeaux
en forme d'équerre, comme ceux de Djâmi' Djadid, un bandeau
horizontal et deux cercles festonnés.

(186) Cf. R. Blachère, op. cit., Sourate 44/CXII, t. I, 124.

— 203 —
Ce qui fait l'originalité du décor épigraphique de cette mosquée;
c'est que les inscriptions des deux bordures se mêlent (fig. 130).
La première inscription occupe le montant vertical droit de la
bordure supérieure et reproduit la formule pieuse : « Qu'Allah me
garde de Satan le lapidé », puis le bandeau vertical gauche de la
bordure où commence le verset 255 de la Sourate I I : « Allah-nulle
divinité excepté Lui — est le Vivant, le Subsistant », le bandeau
en forme d'équerre où se poursuit le verset du Trône : «Ni somnolence
ni sommeil ne le prennent. A Lui ce qui est dans les Cieux et ce qui
est sur la terre. Quel est celui qui intercédera auprès de Lui, sinon
sur Sa permission ? Il sait ce qui est entre les mains des (Hommes)
et derrière eux, alors qu'ils n'embrassent », et le bandeau droit en
forme d'équerre de la bordure inférieure droite mais cette fois en
commençant par la partie horizontale, où se déroule la fin du verset
du Trône : « de Sa science que ce qu'il veut. Son Trône s'étend sur les
cieux et la terre. Le conserver ne le fait point ployer. Il est l'Auguste,
l'Immense. » (187).

La seconde inscription composée de caractères cursifs plus


petits que ceux de la première, occupe :
— le bandeau horizontal de la bordure supérieure où l'on
peut lire la formule pieuse : « Au nom d'Allah, le Bienfaiteur misé-
ricordieux Qu'Allah bénisse notre seigneur Muh'ammad, sa famille
et ses compagnons ».
— le cercle festonné placé à gauche du bandeau horizontal
de la bordure rectangulaire supérieure où prend place la formule
pieuse : « Louange à Allah ! »
— le bandeau horizontal de la bordure rectangulaire inférieure
où se déroule l'inscription commémorative suivante : « Ensuite, a
ordonné la construction de cette mosquée bénie, l'adjoint du Sultan,
le sieur Muh'ammad Bey b. 'Uthman »
— le cercle festonné qui se trouve à sa gauche où figure l'in-
vocation : « Qu'Allah le fortifie ! Amin !
— les bandeaux horizontaux qui se trouvent au-dessous de la
partie horizontale des bandeaux en forme d'équerre où se poursuit

(187) Cf. R. Blachère, op. Cit., Sourate 93/11, verset 256/255, t. I I , p. 806.

— 204 —
et s'achève l'inscription commémorative précédemment citée. Sur
le panneau de droite (fîg. 155), nous pouvons lire : « Elle a été achevée
par les soins du maître Ah'rnad b. H'âdjdj Ahsayn b. Çarmachiq »
et sur le panneau de gauche (fïg. 156) : « le tlemcénien, qu'Allah
lui fasse miséricorde, le premier jour de Dhû'l-Qa'da, de l'an mil
cent quatre-vingt-quinze ».
A la Mosquée de Sûq al-Ghazal, seul le bandeau rectangulaire
horizontal est meublé d'une inscription cursive reproduisant la
formule pieuse : « Au nom d'Allah, le Bienfaiteur miséricordieux »,
suivie du début du verset 36 de la Sourate XXIV :
« En des oratoires qu'Allah permit d'élever et dans lesquels
est invoqué »
Quant aux bandeaux verticaux, ils sont meublés d'un entrelacs
géométrique et floral.
A côté des bordures rectangulaires à décor épigraphique, nous
trouvons quelques bordures rectangulaires ornées de motifs géomé-
triques, floraux, géométriques et floraux, géométriques, architec-
turaux et floraux, et des carreaux de céramique.
Les motifs géométriques comprennent :
— le treillis losange que l'on rencontre aux premières bordures
rectangulaires de la Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan et de Djâmi'
Djadid.
— l'entrelacs rectiligne dessinant des hexagones et des carrés
qui orne la quatrième bordure rectangulaire de la Mosquée de
Sayyidî Abî'l-H'asan et encadre les bandeaux à inscription cursive
de la Mosquée de 'Ayn al-Bayd'â'

— les carrés, les triangles et les losanges qui décorent la bordu-


re rectangulaire de la Mosquée de Sayyidî 'Uqba.

Les motifs végétaux se rencontrent à Djâmi' Djadid, où la


seconde bordure rectangulaire est meublée de palmes doubles.

Les motifs géométriques et floraux apparaissent à la Grande


Mosquée de Tlemcen où, pour la première fois, nous notons la
présence d'une frise de décagones curvilignes et de carrés à huit
pointes garnis d'un décor végétal.

— 205 —
Sur le bandeau gauche, on compte six carrés à huit pointes et
six décagones disposés de manière que les carrés à huit pointes
occupent les extrémités, ce qui a contraint le sculpteur à placer
deux décagones consécutifs au-dessus du carré à huit pointes su-
périeur.
Le bandeau horizontal est interrompu en son milieu par un
claustrum. Les six carrés à huit pointes et les six décagones qui
l'ornent sont disposés de façon que les extrémités soient occupées
par les carrés à huit pointes et que le claustrum soit encadré par
deux décagones.

Quant au bandeau vertical droit, il est interrompu dans sa


partie inférieure par le logement du minbar et ne compte que trois
carrés à huit pointes et deux décagones et demi.

Nous rencontrons également des motifs géométriques et floraux


à la salle du rez-de-chaussée de la Mosquée de Sayydî 'Abd al-
Mu'min (fig 121). Dans cet oratoire, le bandeau horizontal de la
bordure rectangulaire du mihrab est orné de carrés à huit pointes
alternant avec des carrés posés sur la pointe. Les carrés à huit
pointes s'inscrivent dans des carrés et présentent, en leur centre, une
fleurette qui affecte la forme d'un petit carré à huit pointes tandis que
les carrés posés sur la pointe sont garnis d'une rosace à quatre
branches. Quant aux bandeaux verticaux, ils reposent sur deux
piliers rectangulaires ornés de prismes. Us sont plus larges que le
bandeau horizontal, meublés d'un décor végétal dont l'intérieur
est garni de motifs géométriques et notamment des cœurs et des
losanges.

Des motifs géométriques, architecturaux et végétaux meublent


la bordure rectangulaire du mihrab de la Mosquée de Sayyidî'
1-Akhd'ar qui comporte un bandeau horizontal et deux montants
verticaux. Le bandeau horizontal est meublé de quatre filets en creux
interrompus par cinq carrés ornés intérieurement d'un carré posé
sur la pointe. Chacun des montants verticaux présente trois registres.
Le registre central, plus étroit que les deux autres, est formé de deux
colonnes torses superposées, séparées par un fleuron circulaire à
cinq lobes. Chaque colonne a une base et un chapiteau représentés
par deux croissants adossés. Quant aux registres latéraux, le décor
qui les garnit est le même que celui du bandeau horizontal (fig. 103).

— 206 —
5) Partie située au-dessus des bordures rectangulaires :
a) Mihrabs à cadre en forme a"arc surhaussé
La partie supérieure du cadre du mihrab de la Grande Mosquée
de Constantine, de la Mosquée de Sûq al-Ghazal et de la Mosquée
de Sayydî' 1-Kattânî a une forme curviligne.
A la Grande Mosquée de Constantine, elle est occupée par trois
arcs surhaussés concentriques qui s'appuient sur le bandeau
horizontal de la bordure rectangulaire et déterminent deux voussures
et une fenêtre de plein cintre (fig. 157).
La voussure extérieure est meublée de petits arcs trilobés en
plâtre, disposés en quinconce, qui semblent annoncer le réseau
losange des minarets almohades.
La voussure intérieure est ornée d'un décor géométrique sur
verre dont les éléments principaux sont le carré et le carré à huit
pointes.
Quant à la fenêtre de plein cintre, c'est un vitrail où règne un
décor végétal.
Les trois arcs surhaussés sont surmontés d'un arc supporté
par deux colonnes encadrant le mihrab. Cet arc fait saillie par
rapport au mur du mihrab. Son intrados est décoré d'un réseau
losange. Il est souligné par une inscription qui lui est concentrique
et communique, en son centre avec un bandeau épigraphique
horizontal.
A la Mosquée de Sûq al-Ghazal (fig. 133), la partie supérieure
du cadre a la forme d'un demi-cercle ayant en son centre un claustrum
orné d'un vase et entouré d'un cadre rectangulaire garni d'un réseau
losange. Un arc à lambrequin dont l'intrados est meublé d'une
frise de carrés alternant avec des hexagones, le surplombe.
A la Mosquée de Sayyidî'l-Kattânî (fig. 147), nous rencontrons
également un tympan dont la partie inférieure est occupée par six
arcatures en plein cintre reposant sur des colonnettes stylisées.
L'intérieur des arcs est garni de motifs variés : cercles entrelacés
concentriques se détachant sur un semis de rosaces à quatre branches,
couronne ornée de losanges à l'intérieur de laquelle prend place un
petit cercle où s'inscrit une étoile à huit branches, treillis de carrés
posés sur la pointe, croissants inscrits dans des carrés.

— 207 —
Quant à la partie supérieure du tympan, elle se divise en trois
registres. Le registre central est garni de cercles entrelacés, le re-
gistre latéral gauche, de demi-cercles concentriques disposés en
quinconce, et le registre latéral droit, de rosaces à quatre branches.
b) Mihrabs à cadre rectangulaire.
Dans la plupart des mihrabs, nous trouvons au-dessus des
bordures rectangulaires et quelquefois entre elles, des registres
horizontaux dont le nombre et le décor varient avec les mosquées.
Nous rencontrons un seul registre horizontal aux Mosquées
d'Awlad al-Imâm, Sayyidî Ibràhîm, Sayyidî 'Abd al-Rah'man,
Ali Khodja, Djâmi' Çafar et al-'Ayn al-Bayd'à', deux registres
horizontaux à la Grande Mosquée de Tlemcen, à la Mosquée de
Sayyidî Abï'l-H'asan et à la Mosquée de Sayydî 1-H'alwî, quatre
à Djâmi' Djadid, et cinq à la Mosquée de Sayyidî Abî Madyan.
Le plus ancien mihrab à registre horizontal est vraisemblable-
ment celui de la Mosquée du Vieux Ténès (fig. 140) qui présente
trois arcs surhaussés. Puis vient celui de la Grande Mosquée de
Tlemcen. Nous y voyons, comme au mihrab de la Grande Mosquée
de Cordoue, deux registres horizontaux mais ornés d'un décor
différent. Le premier registre horizontal est meublé d'une frise de
feuilles d'acanthe et non d'une inscription comme à Cordoue. Et
si le second, est comme celui de Cordoue garni d'une frise d'arcs
trilobés, il n'en présente pas moins quelques différences avec lui.
C'est ainsi que les colonnes qui soutenaient les arcs à Cordoue
sont remplacés, à Tlemcen, par des pilastres. D'autre part, le décor
simulant des claveaux qui ornait les arcs de Cordoue a disparu.
Enfin la frise d'arc trilobés qui était continue à Cordoue, est in-
terrompue en son milieu par un claustrum meublé d'un treillis
formé de huit bandes obliques et quatre bandes verticales qui
déterminent des triangles équilatéraux dont les sommets sont
occupés par une étoile à six pointes (fig. 158).
Cette innovation introduite par les artisans tlemcéniens dans le
décor du mihrab va connaître un grand succès et le claustrum qui
fait une timide apparition à la Grande Mosquée, occupera une
place de premier plan dans les mosquées maghribines postérieures.
C'est ainsi que nous rencontrons trois claustra aux Mosquées
de Sayyidî Abî'l-H'asan, Sayyidî Abî Madyan, Sayyidî 1-H'alwî'

— 208 —
'%. 158. — Partie supérieure du cadre du mihrab de la Fig. 159. — Mihrab de Djâmi' Djadid.
e Mosquée de Tlemcen.
Djâmi' Djadid, Sayyidî' A b d al-Rah'man, A l i Khodja, Djâmi' Çafar,
'Ayn al-Bayd'â et à la Mosquée du Pacha à Oran.
A la Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan, le claustrum s'inscrit
dans un arc festonné de plein cintre reposant sur de fines colonnettes.
Il est décoré de motifs géométriques qui s'organisent autour de deux
rosaces et de deux demi-rosaces entre lesquelles prennent place des
rosaces plus petites (fig. 144).
Entre l'arc festonné et le claustrum nous voyons un décor
simulant des claveaux tandis que de part et d'autre des colonnettes
soutenant les arcs festonnés se déploie un décor floral.
Notons également que les écoinçons des arcs sont ornés d'un
semis de palmes doubles asymétriques.
Signalons enfin que les trois fenêtres n'occupant pas toute
la surface à décorer, le sculpteur a ajouté, à droite et à gauche, un
bandeau vertical garni de palmes dont la partie inférieure est occupée
par une palmette.
A la Mosquée de Sayyidî Abî Madyan, les claustra sont ins-
crits dans un arc surhaussé doublé de quatre arcs festonnés. La
voussure déterminée par l'arc surhaussé intérieur et le plus petit arc
festonné est ornée de claveaux alternativement clairs et foncés repo-
sant sur des motifs en forme de cœurs superposés qui simulent des
colonnettes. Quant aux trois autres arcs festonnés, ils s'appuient sur
des colonnettes cannelées surmontées de chapiteaux.
Claustrum et voussure sont à l'intérieur d'un cadre rectan-
gulaire. Les écoinçons qu'ils déterminent avec ce cadre sont ornés
d'un semis de palmes. Aux extrémités du registre horizontal et entre
les panneaux rectangulaires, prennent place des bandeaux ornés
de motifs à répétition disposés en quinconce et comprenant des
palmes doubles et des cônes de pins (fig. 146).

A la Mosquée de Sayyidî'l-H'alwî, il y a deux séries de trois


claustra rectangulaires ornés de rosaces à huit branches.

Les claustra de Djâmi' Djadid (fig. 159) sont en forme d'arcs


surhaussés et reliés par une boucle à la bordure rectangulaire. Le
claustrum central est meublé d'un motif en cône de pin et les regis-
tres latéraux, de rosaces. Des bandeaux garnis de palmes prennent
place entre les claustra et aux extrémités du registre horizontal.

— 210 —
A la Mosquée de Sayyidî 'Abd al-Rah'man, les claustra se
trouvent à l'intérieur de deux arcs surhaussés.
A la Mosquée A l i Khodja, les trois claustra, également en
forme d'arcs surhaussés, sont meublés d'une étoile à douze branches
et de vitraux tandis qu'à Djâmi' Çafar, ils sont remplacés par des
fenêtres vitrées.
A la Mosquée de ' A y n al-Bayd'â', les claustra sont en forme
d'arc surhaussé et surmontés d'un arc en coquille dont les écoinçons *
sont meublés d'un fleuron à trois lobes. Ils sont décorés de motifs
végétaux qui se voient à peine dans les registres latéraux et n'ap-
paraissent plus dans le claustrum central. Des bandeaux rectangu-
laires prennent place entre les claustra et aux extrémités du registre
horizontal. Les deux bandeaux centraux sont garnis de deux rangées
de palmes doubles disposées symétriquement à l'axe vertical, au-
dessus desquelles prennent place un fleuron et un arc à cinq lobes.
Ce décor s'inscrit dans un arc en coquille en accolade, coiffé d'un
croissant. Dans les bandeaux latéraux, les palmes doubles sont
remplacées par un entrelacs qui engendre des carrés à huit pointes
et des hexagones présentant des avancées en triangles sur les grands
côtés. Le reste du décor est le même que dans les bandeaux verticaux
(fig. 130).
Enfin à la Mosquée du Pacha à Oran, les trois claustra sont
rectangulaires et entourés de carreaux de céramique.

A côté des claustra, principal ornement des registres horizon-


taux, nous trouvons d'autres éléments décoratifs parmi lesquels
il faut citer :

— la frise d'acanthe et les arcs trilobés dont nous avons si-


gnalé la présence à la Grande Mosquée de Tlemcen.

— les trois arcs surhaussés qui décorent les mihrabs des


Mosquées du Vieux-Ténès, d'Awlâd al-Imâm et de Sayyidî Ibrâhîm.

— les entrelacs géométriques comportant des étoiles à huit


pointes de deux dimensions, des hexagones allongés, des étoiles
irrégulières à quatre pointes, qui apparaissent aux seconds registres
horizontaux des Mosquées de Sayyidî Abî'l-H'asan et de Sayyidî
Abî Madyan.

— 211 _
— les cinq arcs de plein cintre du troisième registre horizontal
de la Mosquée de Sayyidî Abî Madyan. Ces arcs reposent sur des
colonnettes et présentent trois motifs décoratifs différents. L'arc
central est garni d'un décor floral, les arcs extérieurs, d'un réseau
losange dont les mailles sont meublées de cercles, et les arcs in-
termédiaires, d'un réseau losange dont les mailles sont ornées de
motifs floraux.
— les inscriptions cursives que l'on rencontre aux Mosquées
de Sayyidî Abî Madyan et à Djâmi' Djadid. Dans le premier monu-
ment, l'épigraphe reproduit le verset 190 et le début du verset 191
de la Sourate III :
« En vérité, dans la création des cieux et de la terre, (dans)
l'opposition de la nuit et du jour, sont certes des signes pour ceux
doués d'esprit qui implorent (dakara) Allah, debout, accroupis ou
couchés, (qui) méditent sur la création des cieux et de la terre » (188).
Dans le second oratoire, deux registres horizontaux sont
garnis d'une inscription cursive : la premier et le troisième. Dans le
premier registre, on peut lire la formule pieuse «Il n'y a de dieu
qu'Allah. Toute chose appartient à Allah. Il n'y a de force et de
puissance qu'en Allah ». Dans le troisième registre se déroule l'eu-
logie suivante : « O mon Maître ! fais que mon espoir ne soit pas
déçu auprès de toi, et que mon calcul ne soit pas anéanti ».
— le décor de tiges et de palmes qui décore le quatrième
registre horizontal de Djâmi' Djadid.
— les arcs en accolade surmontés d'un croissant qui coiffent
le mihrab de Djami' Djadid (fig. 159).
5) Bandeaux verticaux encadrant le mihrab :
A côté des différents éléments décorant le cadre du mihrab
que nous venons d'étudier, il convient d'ajouter les bandeaux
verticaux qui encadrent le mihrab de la Mosquée de Sayyidî Abî'l-
H'asan. Ces bandeaux cantonnent ceux de la bordure rectangulaire
supérieure. Ils sont ornés de l'eulogie : « La puissance constante
est à Allah ! Le pouvoir éternel est à Allah ! » et encadrés par deux

(188) Cf. Blachère, op. cit., Sourate 99/111, verset 187/190 et début du verset 188/191,
t. II, p. 906.

— 212 —
carrés dont le décor ressemble à celui des carrés de la bordure rec-
tangulaire à inscription coufique.
II. - PARTIE INFERIEURE DU CADRE
La partie inférieure du cadre n'est décorée que dans trois
mosquées de Tlemcen : la Grande Mosquée, la Mosquée de Sayyidî
Abî'l-H'asan et la Mosquée de Sayyidî Abî Madyan.
Dans ce domaine, l'apport de l'Algérie est important. En effet,
alors qu'au mihrab de la Grande Mosquée de Cordoue, la partie
inférieure du cadre est occupée par des panneaux de marbre sculpté à
décor végétal, à Tlemcen, nous trouvons des panneaux de plâtre
sculpté où s'associent harmonieusement les motifs végétaux, géo-
métriques et épigraphiques.
A la Grande Mosquée de Tlemcen, le panneau de droite est plus
haut que large. Il comporte un rectangle de 62 cm x 41 cm garni
d'un décor floral, un large cadre à inscription coufique entouré de
galons entrelacés. L'épigraphe se compose de lafindu verset 13
de la Sourate LXI :
« Secours d'Allah et prochain succès (fath). Annonce la bonne
nouvelle aux Croyants! » (189), suivi du verset 77 de la Sourate
XXII : « O vous qui croyez ! inclinez-vous ! prosternez-vous !
adorez votre Seigneur ! faites le bien ! Peut-être serez-vous bien-
heureux. (190) et du mot « Bénédiction ».
Le panneau de gauche est plus petit que le précédent et plus
large que haut. Il comprend, comme le panneau de droite un rec-
tangle à décor floral et une inscription coufique entourée de galons
entrelacés. L'épigraphe reproduit les versets 36 et 37 de la Sourate
XXIV :
« En des oratoires qu'Allah permit d'élever et dans lesquels
son nom est invoqué, dans lesquels II est glorifié à l'aube et au
crépuscule sont des hommes que nul négoce et nul troc ne distraient
de l'invocation d'Allah, de l'accomplissement de la prière, du don
de l'aumône, qui craignent le jour où les cœurs et les regards seront
retournés » (191) :
(189) Cf. R. Blachère, op. cit., Sourate 100/LXI, verset 13, t. II, p. 912.
(190) Ibid., Sourate 109/XXII, verset 67/77, t. II, p. 1048.
(191) Ibid., Sourate 107/XXIV, versets 36 et 37, t. II, pp. 1013-1014.

— 213 —
A la Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan et à la Mosquée de
Sayyidî Abî Madyan, nous rencontrons également deux panneaux
de plâtre sculpté mais ils sont tous deux plus larges que hauts.
Dans le premier oratoire (fïg. 160), chaque panneau comporte :
— une inscription cursive commençant par la formule pieuse :
« A u nom d'Allah, le Bienfaiteur miséricordieux ! Qu'Allah
bénisse et sauve notre seigneur Muh'ammad et sa famille »
— une bordure géométrique garnie de laosanges
— et un bandeau rectangulaire où s'inscrit un cartouche
terminé par deux arcs de plein cintre festonnés et meublé d'une
inscription commémorative en caractère coufïques. Dans le panneau
de droite, nous pouvons lire :

«Cette mosquée a été construite pour l'émir A b û ' A m i r


Ibrâhîm, fils du Sultan Y a h ' y a » et dans celui de gauche :
« Yaghmurasan b. Zayyân en l'an 296 / 1296, après sa mort,
qu'Allah lui fasse miséricorde ! »

L'espace compris entre le cartouche et le petit côté du rectangle


est meublé d'un semis de palmes et d'une boucle qui réunit le car-
touche au cadre rectangulaire.

A la Mosquée de Sayydi Abî Madyan, les panneaux compren-


nent notamment un cadre à décor alternativement épigraphique
et floral, un entrelacs et un rectangle meublé d'une inscription
coufîque.

Le cadre à décor épigraphique et floral est divisé en huit cartou-


ches à extrémités festonnées, séparés par des cercles festonnés
meublés d'une rosace à huit branches. Ces cartouches sont alterna-
tivement ornés d'un décor de palmes et de fleurons, et d'inscriptions
cursives. Les épigraphes qui garnissent le panneau de droite sont :

— à droite : « Qu'allah le Haut, le Grand, me garde de Satan


le lapidé ! »

— en haut et au centre : « A u nom d'Allah, le Bienfaiteur


miséricordieux ! Qu'Allah bénisse notre seigneur Muh'ammad »

— 214 —
- à gauche : la fin du verset 39 de la Sourate XXXIV : «
Quelque dépense que vous fassiez (comme aumône), il vous le
rendra. Il est le meilleur des Attributeurs. » (192)
- lafindu verset 126 de la Sourate III suivi d'un fragment du
verset 13 de la Sourate LXI : « Le Secours victorieux (nasr) ne vient
que d'Allah, le Puissant, le Sage (193). Secours d'Allah et prochain
succès (194) ».
Quant au rectangle à inscription coufique, il est orné, à droite
comme à gauche, de la profession de foi : « Il n'y a de dieu qu'Allah.
Muh'ammad est l'Envoyé d'Allah ».
III. — LE MIHRAB DE L'ORATOIRE DU PALAIS DU MANAR
DE LA QAL'A DES BANI H'AMMAD
L'oratoire du palais du Manar de la Qal'a des Banî H'ammâd,
que nous avons mis au jour en septembre 1968, présente un mihrab
dont le cadre a un décor qui ne se trouve nulle part ailleurs dans le
monde musulman (196).
Son originalité vient de son arc d'ouverture recticurviligne
(fig. 161) et du décor de son cadre.
Ce décor se déploie à gauche et à droite du mihrab et se compose
de bandeaux épigraphiques enchevêtrés entourant deux panneaux
à décor floral bordés d'un grainetis.
Dans le panneau de droite (fig. 162), nous trouvons huit ban-
deaux épigraphiques.
Les six premiers reproduisent lafindu verset 36 et le début du
verset 37 de la Sourate XXIV : « et au crépuscule, sont des hommes
que nul négoce et nul troc ne distraient de l'invocation d'Allah »
(197). Le bandeau inférieur (A2) qui continue le bandeau (A 1) qui

(192) Cf. R. Blachère, op. cit., Sourate 87/XXXIV, fin du verset 38/339, t. II, p. 592.
(193) Ibid., Sourate 99/111, fin du verset 122:126, t. II, p. 889.
(194) Ibid., Sourate 100/LXI, fin du verset 13, t. II, p. 912.
(195) Cf. R. Blachère, op. cit., fin du verset 64 de la Sourate 79/XII, t. I, p. 479.
(196) Cf. R. Bourouiba, sur un petit oratoire mis au jour à la Qal'a des Banî H'ammâd,
Bulletin dArchéologie Algérienne, t. IV; pp. 419-434 Mihrab hammadides, Revue des Etudes
Islamiques, XL/2, 1972, pp. 325-344.
(197) Cf. R. Blachère, op. cit.. Sourate 107/XXIV, versets 36 et 37, t. II, p. 1014.

— 216 —
161. — Mihrab de l'oratoire du Palais du Manar de la Qal'a des Banî H'ammâd.
se déroule sur le mur Ouest de l'oratoire, est horizontal. Le second
(A 3) est vertical; le troisième ( A 4 ) , horizontal; le quatrième ( A 5 ) ,
en forme d'arc; le cinquième ( A 6 ) , en forme de chevron, et le sixiè-
me ( A 7 ) , vertical.
Le septième bandeau épigraphique (B) est situé au-dessus
du précédent et a la même orientation que lui. I l reproduit le début
du verset de la Sourate I I : « Allah nulle divinité excepté Lui » (198).
Quant au huitième bandeau épigraphique (C), i l est disposé
verticalement, à droite du panneau à décor floral inférieur et re-
produit la formule pieuse : « La Puissance est à Allah ».
La panneau de gauche (fig. 163) est garni de dix bandeaux
épigraphiques. Contrairement à ce que nous avons vu dans le
panneau précédent, les inscriptions commencent à la partie su-
périeure.
Les deux premières ( F l et F2) reproduisent le deuxième verset
de la première Sourate : « Louange à Allah, Seigneur des Mondes »
(199). F 1 orne la voussure qui surmonte le panneau à décor floral
supérieur et F 2, le bandeau vertical supérieur. I l se déroule de haut
en bas.
Le troisième bandeau (G) est compris entre le panneau à
décor floral supérieur et l'arc d'ouverture du mihrab. L'inscription
qui s'y inscrit se déroule de haut en bas. Son début a disparu. I l
ne reste que le mot Allah, précédé d'un mot qui pourrait être
« Gloire » .
Dans les deux bandeaux suivants ( H l ) et (H2) est sculpté le
début du verset 59 de la Sourate V I : « I l a les clefs de l'Inconnais-
sable » (200). H l prend place entre les deux panneaux à décor
floral et a la forme d'un chevron tandis que H2 est vertical et se
trouve à gauche du panneau à décor floral supérieur. L'inscription
qui le garnit se déroule de bas en haut.

(198) Cf. R. B l a c h è r e , op. cit., S o u r a t e , 93/11, verset 256/255, t. I I , p . 806.

(199) Ibid., S o u r a t e 4 6 / 1 , verset 2, t . I , p. 127.

(200) Ibid., S o u r a t e 9 1 / V I , verset 59, t ; I I , p. 676.

— 219 —
Les sixième et septième bandeaux I I et 12 sont ornés du verset
180 de la Sourate X X X V I I : « Combien Ton Seigneur, Seigneur de
la Puissance est au-dessus de ce que (201). » Tous deux se trouvent
à droite du panneau à décor végétal supérieur. I l est vertical et 12
a la forme d'un arc.
Le bandeau suivant (J) est meublé de la formule pieuse : « La
Royauté est à Allah, Seul. La Puissance. » I l est vertical et borde le
côté gauche du panneau à décor floral inférieur.
Les deux derniers bandeaux ( K l ) et (K2) sont garnis du début
du verset 62 de la Sourate V I I I : « S'ils veulent » (202), qui se pour-
suit sur le mur Est de l'oratoire. K l est vertical. L'inscription qui
s'y déroule est orientée de haut en bas. K2 est horizontal.
Quant aux panneaux à décor floral, ils sont au nombre de
quatre : deux à droite et deux à gauche de la niche du mihrab.
Les panneaux supérieurs ont leur partie supérieure en forme
d'arc brisé et la partie inférieure en forme de chevron tandis que les
panneaux inférieurs ont la forme d'un quadrilatère à trois côtés
curvilignes. Ils sont meublés de tiges, de palmes simples et doubles
et de fleurons à trois lobes.

(201) Ibid., S o u r a t e 5 2 / X X X V I I , verset 180, t . I , p. 164.

(202) Cf. R . B l a c h è r e , op. cit., S o u r a t e 9 7 / V I I I , verset 6 4 / 6 2 , t . I I , p. 842.

— 220 —
CHAPITRE PREMIER

COUPOLES

La Mosquée du Prophète à Médine n'avait pas de coupole


et cet élément architectural n'apparaît pour la première fois dans
l'art musulman qu'à la Coupole du Rocher à El Qods (fïg. 164).
Nous le retrouvons ensuite à la Grande Mosquée de Damas (fig.
165) et à la Grande Mosquée de Kairouan (fïg. 166).
En Algérie, certaines mosquées comme la Grande Mosquée
de Constantine, les Mosquées de Sayyidî Ab'l-H'asan, de Nédroma,
de Sayyidî'l-H'alwî, d'El-Khemis, de Tléta, la Mosquée extérieure
de la Kasba, les Mosquées de Sayyidî ' A b d al-Mu'min et de Sayydî
Muhammad al-Charif n'ont pas de coupole.
Nous ignorons si la Mosquée de la Qal'a des Banî H ' a m m â d
en avait puisqu'il ne reste de ce monument que la base de ses murs
et de ses oraganes de support. Nous ne savons pas également si la
Mosquée de Mançûra était un édifice à coupole puisqu'il n'a conservé
que son mur d'enceinte et la base de son mihrab.
Par contre, toutes les autres mosquées dont nous avons étudié
le plan, les organes de support et le mihrab, ont des coupoles
dont le nombre, la disposition, la structure et le décor varient d'un
monument à l'autre.

I. NOMBRE ET DISPOSITION DES COUPOLES


1) Mosquées à une coupole :
Dans les mosquées à une coupole, cette dernière est disposée en

— 223 —
avant du mihrab, au centre de la salle de prière, au fond de la salle
de prière, ou occupe une position latérale.
La coupole est placée en avant du mihrab aux grandes mosquées
d'Alger et de Touggourt (fig. 28), aux Mosquées de Sayyidî 'Uqba, du
Vieux-Ténès (fig 26) et de Tafessara (fig. 38).
Les oratoires qui présentent une coupole centrale sont Djâmi'
Djadid (fig. 52), les Mosquées A l i Khodja, Sayyidî' Abd al-Rahman
(fig. 53), et Ketchaoua (fig. 47).
Les coupoles centrales sont souvent accompagnées de coupo-
lettes qui sont au nombre de quatre à Djâmî' Djadid, de cinq à la
Mosquée A h Khodja (fig. 48), de neuf à la Mosquée de Salah Bey
(fig. 29), de quatorze à la Mosquée A l i Bitchnin, et de vingt et une
à la Mosquée Ketchaoua (fig. 47). Elles sont disposées aux angles
de la coupole centrale à Djami' Djadid (fig. 167), aux angles de la
coupole centrale et devant le mihrab, à la Mosquée A l i Khodja, le
long du mur du mihrab et des deux murs latéraux, à la Mosquée
Ali Bitchnin (fig. 168) ou couvrent toutes les nefs et toutes les travées
de la salle de prière, à la Mosquée Ketchaoua.

Une seule mosquée possède une coupole située au fond de la


salle de prière : celle des Béni Achir (fig. 42).
La Mosquée du Bey Muh'ammad al-Kabir à Oran qui, nous
l'avons signalé précédemment, n'avait pas de mihrab, se distingue
encore des autres mosquées par la position latérale de sa coupole.
2) Mosquées à deux coupoles :
Les Mosquées d'Algérie à deux coupoles sont : la Mosquée
de Sayyidî Abî Marwân (fig. 169), la Grande Mosquée de Tlemcen, les
Mosquées de Sayyidî Abî Madyan, Sayyidî'l-Akhd'ar, de ' A y n
al-Bayd'â' à Mascara, et la Mosquée du Pacha à Oran.
Avant sa transformation en hôpital pendant la période fran-
çaise, la Mosquée de Sayyidî Abî Marwân possédait deux coupoles
placées, l'une, en avant du mihrab et l'autre à l'intersection de la
nef centrale perpendiculaire au mur du mihrab et de la galerie Sud
de la cour, comme à la Grande Mosquée de Kairouan (fig. 166).
A la Grande Mosquée de Tlemcen, nous rencontrons également
deux coupoles : l'une almoravide située en avant du mihrab, et
l'autre, zayyanide, placée à la quatrième travée de la nef centrale.

— 224 —
A la Mosquée de Sayyidî Abî Madyan, l'une des coupoles
précède le mihrab et la seconde, coiffe le porche.
A la Mosquée de Sayyidî'l-Akhd'ar, la première coupole est en
avant du mihrab et l'autre, au centre de la nef centrale.
A la Mosquée du Pacha à Oran et à la Mosquée de ' A y n al-
Bayd'â' à Mascara nous trouvons une coupole devant le mihrab
et une grande coupole au centre de la salle de prière. Dans le premier
oratoire, la coupole centrale est entourée de douze coupolettes
qui sont disposées le long des murs de la salle de prière en alternance
avec des voûtes d'arêtes.

3) Mosquées à trois coupoles :


Deux oratoires d'Algérie ont trois coupoles : celles de Sayyidî'l-
Kattâni à Constantine et de Sayyidî M'hammed à Alger.
Dans le premier, les coupoles coiffent les trois premières travées
de la nef centrale. Dans le second, la première précède le mihrab, la
deuxième se trouve à droite du mihrab et surmonte le tombeau du
saint, et la troisième occupe la quatrième travée de la nef centrale.
Ces dispositions ne se retrouvent nulle part ailleurs dans le mon
de musulman. En effet, dans les autres mosquées à trois coupoles
que nous connaissons : celles d'al-Azhar (fig. 22), d'al-H'âkim
(fig. 23) et de Tinmal (fig. 56), les trois coupoles sont placées au
centre et aux extrémités de la première nef parallèle au mur du
mihrab.
4) Mosquées ayant plus de trois coupoles :
La Mosquée de Sûq al-Ghazal à Constantine possède dix-huit
coupoles : une coupole à base polygonale qui se trouve à l'extrémité
gauche de la salle de prière et dix-sept coupoles reposant sur un
tambour carré disposées de la manière suivante :
— deux coupoles coiffent la première nef parallèle au mur
du mihrab : l'une précède le mihrab et, l'autre, se trouve au-dessus
de la troisième travée à gauche du mihrab.
— six coupoles coiffent toutes les travées de la deuxième
nef parallèle au mur du mihrab sauf la travée extrême droite.
— une coupole est placée au milieu de la nef centrale parallèle
au mur du mihrab.

— 225 —
Fig. 164. — La Coupole du Rocher à El-Qods.

Fig. 165. — Grande Mosquée de Damas. Coupole et minarets.


Fig. 166. — Grande Mosquée de Kairouan. Coupoles et minaret.
Fig. 168. — Coupoles et minaret de la Mosquée Ali Bitchnin. (Photo du ministère de
l'Information et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications.)
— six coupoles coiffent la q u a t r i è m e nef p a r a l l è l e au m u r d u
m i h r a b et sont d i s p o s é e s de la m ê m e m a n i è r e que celles de la seconde
nef.

— deux coupoles surmontent la c i n q u i è m e nef p a r a l l è l e au


mur du m i h r a b et p r é s e n t e n t la m ê m e disposition que celles de la
p r e m i è r e nef.

Une autre m o s q u é e d ' A l g é r i e p o s s é d a i t plus de trois coupoles :


celle de S é d r a t a , ville a u j o u r d ' h u i disparue qui était située à p r o x i m i t é
d'Ouargla. E n effet, si nous croyons H . T a r r y , (203), elle avait
vingt coupoles qui surmontaient toutes les nefs et t r a v é e s de la sal-
le de p r i è r e comme nous pouvons le voir à la Grande M o s q u é e de
Brousse (204).

I I . - STRUCTURE ET DECOR DES DOMES

Le d ô m e est la partie e x t é r i e u r e de la coupole. I l se compose de


deux parties : le d ô m e proprement dit et le t a m b o u r sur lequel i l
repose.

1) Dôme proprement dit :


Certains d ô m e s n'apparaissent pas car ils sont d é r o b é s aux re-
gards par u n toit de tuiles. C'est le cas des d ô m e s de la Grande
M o s q u é e de Tlemcen, des M o s q u é e s de Sayyidî A b î M a d y a n , de
Tafessara (205), de S a y y i d î ' l - K a t t a n î et de S a y y i d î ' l - A k h d ' a r , o ù
le t o i t p r é s e n t e quatre croupes, et celui de la M o s q u é e de Lalla
Rouya à Tlemcen q u i p r é s e n t e huit croupes.

D'autres d ô m e s , comme ceux de la M o s q u é e du V i e u x - T é n è s


et de Sayyidî I b r a h i m n ' é m e r g e n t qu'en partie au-dessus des ter-
rasses.

Les plus anciens d ô m e s q u i apparaissaient nettement é t a i e n t


ceux de la M o s q u é e de Sayyidî A b î M a r w â n avant sa t r a n s f o r m a t i o n
en h ô p i t a l pendant la p é r i o d e française et que nous connaissons

(203) H . T a r r y , L e s villes b e r b è r e s de la v a l l é e de l ' O u e d M y a , Revue d ethnographie,


t. I I I ; 1885, p. 7.

(204) S. Y e t k i n , VArchitecture turque en Turquie, fig. 24, p. 90.

(205) C f . Les Mosquées en Algérie, C o l l e c t i o n A r t et C u l t u r e , p. 87.

— 229 —
grâce à une lithographie de Lessore et Wyld (206) (fig. 170) et aux
dessins de Berbrugger (207).
Ces dômes étaient ovoïdes comme celui de la Coupole du Rocher
à El Qods mais présentaient la particularité d'être ornées de godrons
en zigzag comme ceux qui ornent les dômes de la Qarawiyyin de Fès
(fig. 171) et de la Qubba Bayn al-Qahawi de Sousse (208).
D'autres dômes ovoïdes décorent les mosquées d'Algérie; ceux
de Djâmi' Djâdid et de la Mosquée Ketchawa.
Dans le premier oratoire, le dôme est divisé en deux parties
par une corniche horizontale. La partie inférieure est plus large que
l'autre et ornée de quatre petites fenêtres surmontées d'un auvent.
La partie supérieure est ornée d'un épi de faîtage composé d'une
tige de trois boules de cuivre et d'un croissant.
Dans le second, selon le plan de Ravoisié (209), le dôme était à
huit pans percés de fenêtres en forme d'arcs surhaussés disposées en
triangle.
Après les dômes de la Mosquée de Sayyidî AbîMadyan, le
plus ancien dôme d'Algérie qui nous soit parvenu intact est celui
de la Grande Mosquée de Tlemcen.
Ce dôme qui précède le mihrab est ajouré. C'est pourquoi, il est
protégé par un toit. C'est un dôme hémisphérique orné d'arêtes en
saillie, formées par des rangées de briques qui correspondent aux
nervures de la coupole que nous étudierons ultérieurement. D'autre
part, il est surmonté d'un lanternon formé d'un tambour dodé-
cagonal, d'un tambour carré et d'un calotte hémisphérique (210)
Cette disposition apparaît pour la première fois dans l'art musulman
à la Grande Mosquée de Tlemcen.
A côté des dômes ovoïdes et des dômes surmontés d'un lan-
ternon, nous trouvons en Algérie des dômes hémisphériques, en
forme d'accolade, surbaissés et en forme d'arc brisé.

(206) Lessore et Wyld, Voyage pittoresque dans la Régence d Alger, p. 44.


(207) A. Berbrugger, op. cit., p. VII.
(208) S.M. Zbiss, op. cit., p. VII.fig.2.
(209) Cf. G. Marçais, Manuel d'Art musulman t. II, fig. 431, p. 782.
(210) Cf. G. Marçais, L'Architecture musulmane d'Occident, p. 196.

— 230 —
Fig. 170. — Dôme à godrons en zigzag de la Mosquée de Sayydî Abî Marwân (D'après Lessore et Wylde.)
Fig. 173. — Dôme à huit pans de la Mosquée de Sayyidî 'Abd al-Rah'man. (Photo du ministère de l'Infor-
mation et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications.)
Nous ne connaissons qu'un dôme hémisphérique surmonté
d'un épi de faîtage : celui de la Mosquée de Sayyidî 'Uqba (fig.
172) et qu'un dôme hémisphérique à huit pans qui décore la Mosquée
Ali Bitchnin (fig. 168).
La Mosquée de Sûq al-Ghazal (fig. 174) présente un dôme en
forme d'arc en accolade avec huit arêtes qui déterminent huit pans
recouverts de petites tuiles rondes. I l est surmonté d'un épi de
faîtage.
Les dômes surbaissés peuvent se voir à Djâmi' Çafar et à
Sayyidî ' A b d al-Rah'man (fig. 173). Dans le premier oratoire, le
dôme est orné de quatre fenêtres rectangulaires tandis que dans le
second, il présente huit pans percés de trois fenêtres en forme d'arc
surhaussé disposées en triangle comme à la Mosquée Ketchaoua.
Les dômes en forme d'arc brisé à huit pans se rencontrent
notamment à la Mosquée du Bey Muh'ammad al-Kabîr à Oran
où ils sont ornés de quatre fenêtres.
2) Tambour :
A la Mosquée de Sayyidî Abî Marwân, le dôme reposait sur
deux tambours superposés : l'un carré et l'autre cylindrique comme
à la coupole de la Grande Mosquée de Tunis (211). Mais à Annaba,
le tambour cylindrique n'était pas percé de fenêtres et il n'était
renforcé que par quatre pilastres au lieu de dix à la coupole du mihrab
de Tunis.
Le tambour du dôme de la Grande Mosquée de Tlemcen
n'apparaît pas.
Dans les autres mosquées, le dôme repose sur :
— un tambour octogonal percé de quatre fenêtres à la Grande
Mosquée de Touggourt (212) et à la Mosquée du Bey Muh'ammad
al-Kabir à Oran.
— un tambour carré orné de merlons en forme de pyramidions
à la Mosquée Ketchaoua et à la Mosquée de Sayydî 'Abd al-Rah'man
(fig. 173).

(211) C f . L . G o l v i n , Note sur les coupoles de la G r a n d e M o s q u é e a l - Z a y t u n a de T u n i s ,


Revue de F Occident et de la Méditerranée, n° 2, pp. 95-109.

(212) C f . A . C h e h b i , op. cit., fig. 18, p. 123.

— 234 —
— un t a m b o u r cylindrique à la M o s q u é e Salah Bey à A n n a b a
(213).

I I I . - STRUCTURE ET DECOR DES COUPOLES

A c ô t é des coupolettes qui surmontaient les mihrabs et que nous


avons décrites p r é c é d e m m e n t , l'Algérie p o s s è d e une grande v a r i é t é
de coupoles d o n t nous avons divisé l ' é t u d e en deux parties : la coupole
proprement dite et la zone de transition entre le t a m b o u r c a r r é et la
coupole.

I) Coupole proprement dite :


Les principaux types de coupoles que nous rencontrons en
Algérie sont : la coupole nervée, la coupole à cannelures, la coupole
h é m i s p h é r i q u e , la coupole o v o ï d e , la coupole à stalactites, la coupole
à huit pans, la coupole à douze pans et la coupole à d é c o r floral.

a) Coupole nervée :

Tous les historiens de l'art s'accordent à dire avec A . G o d a r d


(214) que les coupoles nervées ou sur nervures sont d'origine
iranienne puisqu'on les trouve dans les monumnets sassanides et
qu'elles sont utilisées en Iran, de nos j o u r s encore.

Elles apparaissent pour la p r e m i è r e fois dans l'art m u s u l m a n à


la Grande M o s q u é e de Cordoue (fig. 175, 176 et 177). O n les re-
trouve au I V / X ° siècle à la M o s q u é e de Bab M a r d u m , a u j o u r d ' h u i
Eglise Cristo de la L u z de T o l è d e (fig. 178).

L ' A l g é r i e p o s s è d e quatre coupoles n e r v é e s : deux à la Grande


M o s q u é e de Tlemcen, une à la M o s q u é e Ketchaoua et une à la
M o s q u é e de Sayyidî M ' h a m m e d .

La plus ancienne des coupoles nervées de la Grande M o s q u é e


de Tlemcen est celle q u i p r é c è d e le m i h r a b (fig. 179). Elle fut cons-
truite par les Almoravides comme en fait foi l'inscription q u i se
d é r o u l e à sa base : « A u n o m d ' A l l a h , le Bienfaiteur m i s é r i c o r d i e u x !
Q u ' A l l a h b é n i s s e notre seigneur M u h ' a m m a d et sa famille, et les
Fig. 177. — Coupole de la travée adja- Fig. 178. — Coupoles sur nervures de la
cente au mihrab de la Grande Mosquée de Mosquée de Bâb Mardûm à Tolède. (D'après
Cordoue. (D'après H. Terrasse.) G. Marçais.)
sauve ! Ceci a été exécuté sur l'ordre de l'émir le plus illustre...
(215), qu'Allah fortifie son pouvoir, accroisse l'assistance qu'il
lui accorde et perpétue son règne ! Elle fut achevée par les soins
du jurisconsulte le plus illustre, le Cadi très généreux, Abû'l-H'asan
Ali b. 'Abd al-Rah'man b. A l i , qu'Allah perpétue leur puissance !
Elle fut achevée dans le mois de Djumada I I de l'an cinq cent trente ».
Cette coupole qui est considérée à juste titre comme l'une des
plus belles réussites de l'art musulman, présente douze nervures
parallélépipédiques fines (216) constituées par une rangée de briques
posées sur champ qui, comme nous l'avons vu dans notre étude des
dômes, fait saillie à l'extérieur.
Ces nervures sont séparées à la base de la coupole par une
palmette, se terminent par un motif serpentiforme et un cavet
(fig. 181). En se croisant, elles dessinent un dodécagone (217) et des
panneaux ajourés de formes diverses meublés d'un décor floral sur
lequel se détache un galon recticurviligne.
Le centre du dodécagone est occupé par une coupolette à
stalactites (fig. 180), la première du genre au Maghrib.
La seconde coupole sur nervures de la Grande Mosquée de
Tlemcen remonte aux Zayyânides. Comme dans la première,
nous trouvons des nervures qui déterminent un dodécagone mais
les panneaux quelles dessinent ne sont pas décorés et le sommet
de la coupole est occupé par une coupolette à douze cannelures.
La première coupole de la Grande Mosquée de Tlemcen a
servi de modèle à plusieurs coupoles de mosquées du Maroc comme
celles de la Grande Mosquée de Taza (fig. 183) et de la Grande
Mosquée de Fès (fig. 184).
La coupole de la Mosquée Ketchaoua est ornée de nervures
dessinant une étoile à huit pointes entourée de pentagones à deux

(215) Le nom de l'émir A l i b. Tachufin a été martelé sans doute après l'occupation de
Tlemcen par les Almohades.

(216) A la Grande Mosquée de Cordoue, nous trouvions huit grosses nervures.


(217) A la Grande Mosquée de Corsoue, les nervures déterminaient un octogone et des
triangles curvilignes pleins tapissés de mosaïques.

— 238 —
Fig. 179. — Coupole sur nervures de la Grande Mosquée de Tlemcen. Vue d'ensemble.

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Fig. 180. — Coupole sur nervures de la Grande Mosquée de Tlemcen. Détail.
côtés curvilignes alternant avec des arcs brisés et de huit groupes
de trois fenêtres en forme d'arc recticurviligne.
Quant à la coupole de la Mosquée de Sayyidî M'hammed, elle
surmonte le tombeau du saint qui se trouve à droite du mihrab. Elle
compte huit nervures festonnées qui partent d'un motif circulaire
occupant le sommet de la coupole. Elles divisent l'hémisphère en
huit pans en forme de triangles curvilignes meublés de rosaces à
douze branches et, tous les deux pans, d'un claustrum en forme d'arc
surhaussé garni d'une fleur à six pétales inscrite dans une fleur à
douze pétales.
b) Coupole à cannelures :
Il est fort possible que les coupoles qui ornaient la Mosquée de
Sayyidî Abî Marwân aient été des coupoles à cannelures. En effet,
sur le dessin que nous a laissé Berbrugger (fig. 70), nous voyons
nettement des traits parallèles qui pourraient fort bien être des
cannelures comme nous en voyons à la Qubba Bayn al-Qahaoui de
Sousse qui a, ainsi que nous l'avons vu précédemment, un dôme orné
de godrons en zigzag imitant ceux de la Mosquée de Sayyidî Marwân.
Nous avons noté aussi que la coupolette qui surmontait le
mihrab de la Grande Mosquée de Tlemcen était décorée de canne-
lures.
Enfin la coupole précédant le mihrab de la Mosquée de Sayyidî
Ibrâhîm est une coupole à vingt-quatre cannelures reposant sur un
tambour dodécagonal (218).
c) Coupole hémisphérique :
Deux mosquées d'Algérie possèdent des coupoles hémisphé-
riques : les Mosquées de Salah Bey et Ketchaoua.
Dans le premier monument, la coupole est décorée de huit
fenêtres en arc surhaussé et d'une corniche.
Dans le second, certaines coupolettes, décorées d'imbrications
et de fenêtres rectangulaires, sont hémisphériques.

(218) Cf. R. Bourouiba, L'art religieux musulman en Algérie, pl. XX, 2.

— 242 —
Intérieur du porche et base de la coupole en ruche d'abeilles de la Mosquée de Sayyidî Abî Madyan.

d) Coupole ovoïde :
Nous la rencontrons à Djâmi' Djadid (fig. 110) où elle atteint
24 m de hauteur et présente le décor suivant. A la base, elle est garnie
d'une corniche sur laquelle repose une balustrade en bois. Au-dessus
de la corniche, prend place une frise d'arcs en accolade reposant sur
des colonnes stylisées dont l'intérieur est meublé d'un cercle où
s'inscrit une fleur circulaire à six pétales se détachant sur un décor
géométrique.
Vient ensuite une seconde corniche surmontée d'une frise
de triangles décorés de rinceaux et de palmes.
Le sommet de la coupole est occupé par un entrelacs qui dessine
un rosace à huit branches entourée de formules pieuses telles que « La
Royauté est à Allah ». Cet entrelacs s'inscrit dans une couronne
dont on n'aperçoit pas bien le décor qui se trouve elle-même à l'in-
térieur d'une étoile à vingt-quatre branches.
e) Coupole à stalactites :
A côté des coupolettes à stalactites qui coiffent les mihrabs des
Mosquées de Sayyidï Abî'l-H'asan, Awlâd al-Imam, Sayyidî Abî
Madyan, et Sayydi'l-H'alwî, étudiées précédemment, l'Algérie
possède une grande coupole à stalactites (fig. 185) qui surmonte
le porche de la Mosquée de Sayyidî Abî Madyan. Cette coupole
est décorée d'alvéoles ce qui lui a valu le nom de coupole en ruche
d'abeille. Sa base, rectangulaire, est garnie d'un bandeau épigra-
phique. D'autres coupoles à stalactites peuvent se voir notamment
à la Qarawiyyin de Fès fig. 186) et à l'Alhambra de Grenade (fig.
187).
f) Coupole à huit pans :
Nous la rencontrons aux Mosquées de Tafessara, des Béni
Achir, de Sûq al-Ghazal, Sayyidî'l-Akhd'ar, Sayyidî'l-Kattânî,
à la Grande Mosquée de Touggourt, aux Mosquées de 'Ayn al-
Bayd'â', Sayyidî M'hammed, Sayyidî 'abd al-Rahman, Ali Bitchnin
et à Djâmi' Çafar.
Dans la première mosquée, elle ne présente aucun décor et
repose sur un tambour rectangulaire dont les côtés mesurent res-
pectivement 2, 90 m et 3, 23 m. Son sommet est à 7 m du sol (219).

(219) Cf. A. Bel, op. cit., p. 493.

— 245 —
Dans le second, elle est en brique enduite de plâtre et repose
sur un octogone sans aucun décor (220).
A la Mosquée de Sûq al-Ghazal, la grande coupole latérale
est garnie en son centre d'un motif octogonal qui sert de base à des
stalactites du plus bel effet et autour duquel rayonnent des demi-
arcs à lambrequin.
Dans le même oratoire, la coupole précédant le mihrab est
meublée d'un décor comprenant huit grands trapèzes curvilignes
encadrés par des bandeaux verticaux. Sa base est décorée d'un
entrelacs géométrique dessinant un rectangle à six pointes. En son
centre, trône une lanterne octogonale garnie d'une étoile à huit
pointes tandis que la lumière pénètre par les polygones compris
entre l'étoile et l'octogone. Les seize autres coupoles ne présentent
aucun décor.
A la Mosquée de Sayyidî'l-Akhd'ar, la coupole est ornée
d'un décor que nous n'avons vu nulle part ailleurs. Elle est meublée
de ballons disposés en tête-bêche et de manière qu'un ballon vert
s'inscrive dans un pan jaune et qu'un ballon jaune prenne place dans
un pan vert. Chaque ballon est garni de motifs décoratifs qui n'ap-
paraissent presque plus en raison des nombreuses couches de
badigeon qui les recouvrent.
Les coupoles de la Mosquée de Sayyidî'l-Kattânî ne manquent
pas non plus d'originalité. Elles présentent à leur base un cavet
et deux corniches entre lesquelles prennent place des carreaux de
céramique.
Les huit pans sont encadrés par des losanges et leur décor
varie d'une coupole à l'autre. Dans la coupole qui précède le mihrab.
les motifs ornementaux qui reviennent le plus souvent sont les cônes
de pin, les cercles de plusieurs dimensions, les demi-cercles, les
mains, les arcs surhaussés et les fleurs circulaires à douze ou seize
pétales. La coupole médiale ne diffère de la précédente que sur
les points suivants :
— les motifs en forme de main se terminent par trois ou cinq
doigts.

(220) Ibid., p . 514.

— 246 —
— des demi-cercles prennent place aux extrémités des doigts
— les cônes de pin alternent avec les mains et certaines d'entre
elles se terminent par un petit cercle qui s'inscrit à l'intérieur d'une
palme double.
La troisième coupole ne diffère des précédentes que par la
présence de mains à trois doigts, de panneaux rectangulaires et de
vases en forme de bulbe.
A la Grande Mosquée de Touggourt, la coupole est décorée de
cercles entrelacés et d'entrelacs tandis que le sommet de la coupole
de la Mosquée du Pacha à Oran est garnie d'une étoile à huit pointes
déterminée par deux étoiles à quatre pointes. Elle est éclairée par
quatre clautra en forme d'arcs surhaussés et sa base présente plusieurs
moulures.
A la Mosquée de 'Ayn al-Bayd 'â', les huit pans sont ornés d'un
semis de palmes et de fleurons qui ressemble à celui qui décore le
mihrab (221).
La Mosquée de Sayyidî Mhammed possède deux coupoles
à huit pans. L'une précède le mihrab et l'autre surmonte la quatrième
travée de la nef centrale. Toutes deux sont ornées d'une corniche
et de quatre claustra meublés d'étoiles à huit pointes et d'hexagones
allongés.
Dans les quatre dernières mosquées, les coupoles à huit pans ne
ne présentent aucun décor.
g) Coupole à douze pans :
Nous n'en connaissons qu'une : celle qui orne la Mosquée
Lalla Rouya à Tlemcen (222).
h) Coupole ajourée à décorfloral:
La coupole en avant du mihrab de la Mosquée de Sayyidî Abî
Madyan (fig. 189) présente une coupole ajourée à décor floral dont
la base est ornée d'un cavet à décor épigraphique.

(221) Cf. L'Emir Abdelkader, Collection Art et Culture, p. 21.


(222) Cf. G. Marçais, L'Architecture Musulmane d'Occident, p. 432.

— 247 —
2) Zone de transition entre le tambour de base et la coupole :
Dans les mosquées où la coupole précède le mihrab, le tambour
de base est constitué par le mur du mihrab et trois arcs dont l'un
est parallèle au mur de la qibla et les deux autres, perpendiculaires
à ce mur.
Dans les mosquées où elle occupe le centre de la nef centrale ou
l'une de ses travées, la coupole repose sur un tambour carré formé
par quatre arcs.
Dans les mosquées où la coupole se trouve à l'intersection de
la nef centrale du portique Sud de la cour, le tambour de base est
constitué par le mur du fond de la salle de prière et trois arcs.
Dans la plupart des mosquées, la coupole repose sur un tambour
carré mais il arrive que le tambour soit rectangulaire comme à la
Mosquée de Tafessara, hexagonal comme à la grande coupole
latérale de la Mosquée de Sûq al-Ghazal, octogonal comme à la
Mosquée du Pacha à Oran ou dodécagonal comme à la Mosquée
de Lalla Rouya à Tlemcen. Nous rencontrons également des coupoles
qui reposent directement sur les arcs comme aux Mosquées Ali
Bitchnin et de Sayyidï 'Abd al-Rah'man.
Sauf dans ces deux derniers oratoires, les architectes qui ont
construit les coupoles ont utilisé des éléments architecturaux pour
assurer le passage du plan carré ou hexagonal, au plan octogonal,
dodécagonal ou circulaire.
Ces éléments peuvent être répartis en deux grands groupes : les
trompes, sortes de niches disposées aux angles du tambour carré et
les penditifs qui sont des triangle sphériques placés, eux aussi, aux
angles du tambour carré.
a) Trompes :
L'Algérie a le privilège de posséder une riche collection de
trompes : trompes à voussures, à stalactites, en coquille, en demi-
voûte d'arêtes et en niche.
a') Troupes à vousures :
Les trompes à voussures sont des niches en cul-d-four décorées
de bordures circulaires concentriques.
Fig. 189. — Coupole ajourée de la Mosquée de Sayyidî Abî Madyan.
Fig. 190. — Trompe en coquille de la
Grande Mosquée de Kairouan. (D'après G.
Marçais.)

Fig. 191. — Trompe en coquille de la Mos-


quée de Sayyidî '1-Kattâni. (Photo du minis-
tère de l'Information et de la Culture. Sous-
Direction de la Documentation et des Publi-
cations.)
D'après le dessin que nous a laissé Berbrugger, dans la coupole
placée à l'intersection de la nef centrale perpendiculaire au mur du
mihrab et du portique Sud de la cour de la mosquée Sayyidî Abî
Marwân à Annaba (fig. 70), le passage du plan carré au tambour
cylindrique se faisait au moyen de trompes décorées de trois voussures
concentriques.
Ce type de trompe apparaît pour la première fois au Maghrib
dans les trompes embryonnaires qui garnissent les écoinçons des
trompes en coquille de la coupole qui précède le mihrab de la Grande
Mosquée de Kairouan.
Dans les trompes de la Mosquée de Sayyidî Abî Marwân, comme
dans celles de la Grande Mosquée de Kairouan, la grande voussure
était ornée de bas-reliefs mais elle affectait la forme d'un arc sur-
haussé alors qu'à Kairouan, elle dessine un arc de plein cintre.
Autre caractéristique des trompes à voussures d'Annaba :
elles étaient séparées par des fenêtres à cadre rectangulaire dont les
baies avaient la partie supérieure en forme d'arc surbaissé. Sur
chacune de ces fenêtres, s'appuyaient trois demi-cercles concen-
triques qui déterminaient deux voussures et un tympan. La voussure
et le tympan étaient décorés.
Des trompes à voussures se remarquent également à la base
de la coupole qui précède le mihrab de la Mosquée de Sûq al-Ghazal.
Dans cet oratoire, à l'intérieur de la plus petite voussure règne une
niche à cannelures vertes et rouges rayonnant autour d'un demi-
cercle. D'autre part, entre les trompes, prend place un panneau
rectangulaire en forme d'arbre stylisé encadré de deux bandeaux
verticaux.
b') Trompes à stalactites :
Elles ne décorent que la coupole en avant du mihrab de la
Grande Mosquée de Tlemcen (fig. 181). Dans cet édifice où elles
apparaissent pour la première fois dans l'art musulman, leur arc
d'ouverture est entouré de trois bordures très joliment décorées :
— une bordure recticurviligne garnie de palmes lisses à ex-
trémités recourbées en crochet.
— une bordure comprise entre l'arc d'ouverture recticurviligne
et un arc brisé meublée de palmes à digitations et à œillets, au centre
desquelles se détache la partie inférieure d'un fleuron.
- une bordure comprise entre deux arcs brisés ornée d'une
frise d'acanthe en éventail, interrompue par la partie supérieure
du fleuron mentionné précédemment.
Notons d'autre part, que la surface comprise entre deux trompes
à stalactites est meublée de deux panneaux présentant le même
décor que celui des trompes, avec cette différence que l'intérieur du
plus petit arc curviligne est décoré de palmes digitées et de cônes
de pin.
c') Tompes en coquille :
Les trompes en coquille qui. apparaissent pour la première
fois au Maghrib à la coupole qui précède le mihrab de la Grande
Mosquée de Kairouan (fïg. 190), ornent en Algérie, les Mosquées
de Sûq al-Ghazal, de Sayyidî'l-Kattânî (fïg. 191). Ketchaoua
(fïg. 107 et la Mosquée du Bey Muh'ammad al-Kabir à Oran.
Dans le premier oratoire, seize coupoles présentent des trompes
en coquille entre lesquelles prennent place des vitraux dont le décor
varie d'une coupole à l'autre.
Dans le second, les trompes en coquille s'inscrivent dans un pan-
neau rectangulaire à décor géométrique. Entre elles, prennent place
des panneaux rectangulaires garnis de motifs géométriques en-
cadrés et divisés en deux par une frise de losanges. Le registre de
gauche présente des éléments décoratifs disposés côte à côte : demi-
cercles concentriques placés en quinconce et cercles entrelacés,
tandis que le registre de droite est meublé uniquement de cercles
entrelacés.
A la Mosquée Ketchaoua. les trompes en coquille se remarquent
à la coupole centrale et dans certaines coupoles de la salle de priè-
re (fig. 107). Entre les trompes de la coupole centrale prend place un
panneau semi-circulaire orné de cannelures rayonnant d'un petit
motif en forme d'arc de plein cintre garni d'un fleuron, tandis que
les écoinçons des trompes et du panneau semi-circulaire sont ornées
de rinceaux, de palmes et de fleurons.

— 252 —
Dans les autres coupoles, le panneau semi-circulaire est décoré
de tiges entrecroisées et de palmes.
A la Mosquée du Bey Muh'ammad al-Kabir à Oran, les co-
quilles qui ornent les trompes sont creusées de onze cannelures
et ne présentent aucun décor.
d') Trompes en demi-voûte cTarêtes :
Des trompes en forme de demi-voûte d'arêtes assurent le
passage du tambour carré à la base dodécagnale de la coupole de
la Mosquée de Sayyidî Ibrahim. Entre les trompes, prennent place
alternativement des fenêtres ajourées ou aveugles.
e') Trompes en niche :
Nous rencontrons des trompes en niche à la Grande Mosquée
d'Alger, à la Mosquée du Pacha à Oran, à Djàmi' Çafar et à la
Grande Mosquée de Touggourt.
Dans les trois premiers oratoires, elles sont nues. Par contre, à
la Grande Mosquée de Touggourt elles sont richement décorées.
Elles sont ornées de cercles entrelacés et s'inscrivent dans un panneau
rectangulaire dont les écoinçons sont meublés d'un triangle à un
côté curviligne où prennent place des rosaces à quatre branches, des
tiges entrecroisées et des fleurons (223).
b) Les pendentifs :
Les pendentifs ornent la base des coupoles des Mosquées de
Sayyidî' 1-Akhd'ar, Ketchaoua, Djami' Djadid, Ali Khodja, Salah
Bey et Sayyidî Mhammed.
Dans le premier oratoire, ils sont jaunes et garnis de cercles
bleus meublés d'entrelacs rayonnant autour d'une étoile centrale.
Dans le second, ils sont garnis de rinceaux et de palmes. La
surface comprise entre deux pendentifs est occupée par un panneau
en forme d'arc surbaissé orné d'un treillis losange, de rosettes à
six pétales et de cercles (fig. 107).
A Djâmi' Djadid (fig. 110), les pendentifs sont décorés d'ins-
criptions reproduisant les noms des quatre califes orthodoxes : Abu
Bakr, 'Umar, 'Uthman et 'Alî.
(223) Cf. A. Chehbi, op. cit.,fig.18 et 19, pp. 126 et 130.

— 253 —
Dans les trois derniers oratoires, ils ne présentent aucun décor.
A fa Mosquée de 'Ayn al-Bayd'â', les pendentifs sont remplacés
par des triangles plans disposés horizontalement et ornés d'une
coupolette à cannelures inscrite dans un carré à huit pointes. Ces
triangles assurent le passage du plan carré au tombour octogonal
formé de deux corniches encadrant une frise de rosaces à douze
branches (fig. 130).

— 254 —
CHAPITRE II

P L A F O N D S ET V O U T E S
I. - PLAFONDS
L'Algérie possède des plafonds en bois et des plafonds en
plâtre.
1) Plafonds en bois :
Parmi les plus dignes d'être mentionnés, figurent ceux de la
Grande Mosquée de Tlemcen et des Mosquées de Sayyidî Abî'l-
H'asan, Sayyidî'l-H'alwî et Sayyidî' 1-Kattanî.
La Grande Mosquée de Tlemcen est célèbre par ses charpentes
décorées de blochets et de consoles. Ces dernières sont parallélépipédi-
ques. Leurs faces latérales s'ornent d'un rinceau, de palmes digitées
et de cônes de pin. Leur face intérieure est meublée d'un cône de pin
et leur base inférieure, de deux tiges qui s'entrecroisent (224).
Les plafonds de la Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan sont en
bois de cèdre et affectent la forme de troncs de pyramides à base
rectangulaire (fig. 192). Ce sont des plafonds dits artesonado. Ils
sont ornés de baguettes entrecroisées qui dessinent des carrés et des
triangles.
Les plafonds de la Mosquée de Sayyidî'l-H'alwî ressemblent
aux précédents. Les Musées de Tlemcen et d'Alger nous en ont

(224) Cf. R. Bourouiba, L'Art religieux musulman en Algérie, pl. VI, 2.

— 255 —
conservé quelques fragments dont les baguettes déterminent en
s'entrecroisant des octogones inscrits dans des carrés à huit pointes
(fig. 193).
Les plafonds de la Mosquée de Sayyidî'l-Kattanï sont plats.
Ils prennent place de part et d'autre des coupoles et affectent la
forme d'un rectangle dont la largeur est la moitié de la largeur.
Huit d'entre eux sont peints en vert et ornés de baguettes entre-
croisées qui déterminent des losanges dont le centre est occupé
par une grande fleur à huit lobes dans laquelle s'inscrit une petite
fleur à huit lobes (fig. 194). Sur ce semis végétal se détachent, des
médaillons en bois sculpté de formes diverses. Deux plafonds sont
décorés de médaillons quadrillés à lobes inégaux, deux autres,
d'étoiles à six pointes (fig. 195), les deux suivants, d'étoiles à huit
pointes et les deux derniers, d'étoiles à cinq pointes.
2) Plafonds en plâtre :
Des plafonds en plâtre surmontent les salles de prière des
Mosquées de Sayyidî Abî Madyan, Sayyidî Ibrâhîm et Sayyidî
Mhammed.
Les premiers sont les plus célèbres dans le monde musulman
et n'ont leurs pareils nulle part ailleurs. Ils sont en forme de tronc de
pyramide et ornés de motifs sculptés qui varient d'un plafond à l'au-
tre : étoiles à huit pointes, carrés à huit pointes, rosaces à huit
branches et à douze branches ou étoiles à cinq, six et huit pointes
(fig. 195 et 196).
A la Mosquée de Sayyidî Ibrâhîm, les plafonds en forme de
tronc de pyramide peuvent se voir de part et d'autre de la coupole
en avant du mihrab, au-dessus de la nef centrale et des deux nefs
qui l'encadrent. Ils ne sont pas décorés.
La Mosquée de Sayyidî Mhammed possède deux plafonds qui
présentent la particularité d'être garnis de panneaux de plâtre
sculpté. Chaque plafond a un panneau carré dont les quatre côtés
sont ornés de stalactites en forme d'arcs recticurvilignes dont le centre
est occupé par un petit dôme côtelé inscrit dans une étoile à douze
branches.
II. - VOUTES D'ARETES
Les voûtes d'arêtes sont formées par l'intersection de deux

— 256 —
Fig. 194. — Plafond de la Mosquée de Sayyidî '1-Kattâni. Treillis losange. (Photo du
ministère de l'Information et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publi-
cations.)
Fig. 195. — Plafond de la Mosquée de Sayyidî '1-Kattâni.
Motif décoratif en forme d'étoile à six pointes. (Photo du
ministère de l'Information et de la Culture. Sous-direction de la
Documentation et des Publications.)

Fig. 196. — Plafond de la Mosquée de Sayyidî Abî Madyan, dont le décor


s'organise autour d'étoiles à six pointes.
berceaux perpendiculaires. Nous les rencontrons aux oratoires de
Sayyidî A b î M a r w â n , à la M o s q u é e de Sayyidî I b r â h î m o ù elles
couvrent les nefs e x t r ê m e s de la salle de prière, à la M o s q u é e A l i
Khodja, à D j â m i ' Çafar, à la M o s q u é e du Pacha à Oran, à la Grande
M o s q u é e de T o u g g o u r t , aux M o s q u é e s de Suq al-Ghazal et de
Sayyidî M ' h a m m e d .

A la M o s q u é e de S û q al-Ghazal, leur d é c o r subsiste par en-


droits. L a clef de v o û t e est m e u b l é e d'un gros b o u t o n m o u l u r é et les
a r ê t e s sont recticurvilignes. D'autre part, dans la t r a v é e centrale, des
vitraux prennent place entre les v o û t e s d ' a r ê t e s et les arcs. Ces
vitraux sont m e u b l é s de fleurons circulaires à huit lobes verts et
o r a n g é s , tandis que les é c o i n ç o n s sont rouges, et le cadre, bleu.

A la M o s q u é e de Sayyidî M h a m m e d les a r ê t e s sont garnies


d'une nervure.

I I I . - VOUTES EN BERCEAU

Les v o û t e s en berceau sont des v o û t e s semi-cylindriques. Elles


n'apparaissent, à notre connaissance, q u ' à la M o s q u é e de Sayyidî
I b r a h i m o ù elles couvrent les galeries q u i bordent la cour, et à
D j â m i ' D j a d i d (fig. 110).
CHAPITRE PREMIER
NOMBRE ET POSITION DES MINARETS
'.La Mosquée du Prophète à Médine n'avait pas de minaret
et, si nous en croyons Ibn Hicham (225), lorsque l'appel à la prière
fut introduit, le premier muezzin, Bilal, monta sur la plus haute
maison de Médine pour inviter les fidèles à venir prier. On prétend
aussi qu'il y avait dans la maison de 'Abd Allah b. 'Umar, un pilier
carré situé au Sud de la mosquée et que Bilal, grimpé sur ce pilier,
avait fait l'appel à la prière (226).
Nous ignorons à quelle date précise le minaret fît son ap-
parition dans l'architecture arabo-islamique. Mais il est fort possible
que ce fut en 88 / 706, lors de la renconstruction de la Mosquée de
Médine par le Calife umayyade Al-Walid (227).
Ces précisions étant apportées, voyons quels sont les traits dis-
tinctifs des minarets d'Algérie. Dans le présent chapitre, nous
parlerons du nombre et de la position des minarets et, dans les
suivants, de leurs formes et de leurs dimensions, de leur structure
et de leur décor. Comme la partie réservée au décor est très longue,
nous l'avons subdivisée en quatre chapitres qui s'intitulent res-
pectivement : « Décor des tours principales des minarets paral-

(225) Ibn Hicham, al-Sira al-Nabawiyya, ed. de Wustenfeld, p. 348.


(226) Cf. J. Sauvaget, La Mosquée omeyade de Médine, p. 156.
(227) Al-Samhûdî, WafS al-Wafa, t. I, p. 372.

— 265 —
lélépipédiques ornées d'un panneau à réseau losange », « Décor des
tours principales des minarets parallélépipédiques sans panneau
à réseau losange », « Décor des lanternons des minarets parallélé-
pipédiques » et « Décor des minarets prismatiques, à base octo-
gonale et cylindriques ».

I. - NOMBRE DE MINARETS

Alors que nous trouvons deux minarets à la Mosquée d'al-


Hâkim au Caire (fig. 23). à la Grande Mosquée de Brousse (228) et à
la Mosquée Fatih à Istanbul (229); trois minarets à la Grande
Mosquée de Damas (fig. 21); quatre minarets à la Mosquée de
Médine (230), à la Mosquée Suleymaniyé d'Istanbul (231) et à la
Mosquée Sélimiyé d'Edirne (232); six minarets à la Mosquée du
Sultan Ahmed à Istanbul (233) et à la Mosquée du Sultan Ahmed
à Edirne (234), nous ne rencontrons qu'un seul minaret dans les
Mosquées d'Algérie constuites avant l'indépendance.

II. - POSITION DES MINA RETS

Les minarets d'Algérie sont disposés au fond de la cour et


approximativement dans l'axe du mihrab, dans l'un des angles de la
•>alle de prière ou de la cour ou à droite du mihrab.
1) Minarets placés au fond de la cour et approximativement dans
l'axe du mihrab :
Imitant ceux des Grandes Mosquées de Kairouan (fig. 59) et de
Sfax du IX° siècle (fig. 17). les minarets de la Mosquée de la Qal'a
des Banî H ' a m m â d (fig. 7). de la Grande Mosquée de Tlemcen
(fig. 27) et de la Mosquée de Mançura (fig. 8) sont disposés au fond
de la cour et approximativement dans l'axe du mihrab.

(228) Cf. S.K. Yetkin, op. cit., fig. 24, p. 90.


(229) lbid.. fig. 32, p. 112 ,
(230) Cf. Erael Esin, op. cit. pp. 146-147.
(231) Cf. S.K. Yetkin, op. cit., fig. 36, p. 124.
(232) lbid., fig. 37, p. 126.
(233) lbid., fig. 38, p. 129.
(234) Cf. J. Hoag, op. cit., fig. 132.

— 266 —
2) Minarets placés dans l'angle nord-ouest de la salle de prière
Ce sont ceux des Mosquées du Vieux-Ténès (fig. 26), de Say-
yidî 'Uqba (fig. 24), de Tafessara (fig. 38), d'El-Khemis (fig. 41), de
Sayyidï '1-Akhd'ar (235), de Sayyidî Mhammed, de Salah Bey (236)
et de la Mosquée Extérieure de la Kasba (fig. 43).
3) Minarets placés dans l'angle nord-est de la salle de prière:
Les mosquées qui ont un minaret situé dans l'angle Nord-Est
de la salle de prière sont celles de Tléta (fig. 46), d'Awlad al-Imâm
(fig. 40), de Suq al-Ghazal (fig. 174), de la Grande Mosquée de
Touggourt (fig. 28) et de Djâmi' Djadid (fig. 52).
4) Minarets placés dans l'angle sud-est de la salle de prière :
Ce sont ceux des Mosquées de Sayyidî Abî'l-H'asan (fig. 43),
des Béni Achir (fig. 42) et Ali Bitchnin (fig. 34).
5) Minarets placés dans l'angle sud-ouest de la salle de prière :
Djâmi' Çafar (fig. 31), les Mosquées Ketchaoua (fig. 47), du
Bey Muh'ammad al-Kabir à Oran (fig. 33), Ali Khodja (fig. 48),
Al-'Ayn al-Bayd'â, la Grande Mosquée de Mascara (fig. 20) et la
Mosquée du Pacha à Oran (237), ont un minaret disposé dans
l'angle Sud-Ouest de la salle de prière.
6) Minarets placés dans l'angle nord-est de la cour : .
Des minarets situés dans l'angle Nord-Est de la cour se rencon-
trent aux Mosquées de Sayyidî Abî Marwân (fig. 25), de Sayyidfl-
Kattânï. aux Grandes Mosquées d'Alger (fig. 19) et de Nédroma
(fig. 18).
7) Minarets placés dans l'angle nord-ouest de la cour :
Les Mosquées de Sayyidî Abî Madyan (fig. 9), Sayyidï'l-
H'alwï (fig. 10) et de Sayyidî Ibrahim (fig. II) ont un minaret situé
dans l'angle Nord-Ouest de la cour.

(235) Cf. R. Bourouiba, Constantine, p. 113.


(236) Cf. A. Chehbi, op. cit., p. 143.
(237) Cf. M. Mhiras, op. cit., p. 21.

— 261 —
8) Minaret placé à droite du mihrab :

SidVR lt?flg. 3 0)
ea q U OCCUPe C e " e P 0 S i , i °" C e U " * ' a M o S 1 -

— 268 _
CHAPITRE II

FORMES ET DIMENSIONS DES MINARETS


I. - FORMES
L'Algérie a le privilège de posséder, à la fois, des minarets
quadrangulaires, des minarets prismatiques à base octogonale
et des minarets cylindriques.
1) Minarets quadrangulaires :
Le plus ancien minaret quadrangulaire est le Minaret de la
Fiancée de la Grande Mosquée de Damas (fig. 165), construit par
le Calife al-Walid en 87/705.
Les minarets quadrangulaires peuvent être rangés en deux
catégories : les minarets à trois tours et les minarets à deux tours.
Le plus ancien minaret maghribin à trois tours est celui de la
Grande Mosquée de Kairouan (fig. 166).
En Algérie, il est possible que le minaret de la Mosquée de
Sayyidî Abî Marwân ait eu trois tours à l'époque de son édification.
En effet, un dessin de Berbrugger (fig. 169), qui remonte à 1833,
nous montre que ce minaret était composé de trois tours. La tour
inférieure est sans doute la tour actuelle qui a 17,50 m de hauteur
et 4, 60 m de côté. La tour intermédiaire était plus haute que celle
d'aujourd'hui. La tour supérieure était quadrangulaire et non
octogonale comme de nos jours et était surmontée d'une coupolette
ovoïde.
Fig. 198. — Minaret de Djàmi' çafar. (Photo du ministère de l'Information et de la Cu
ture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications.
Fig. 199. - Minaret de la Mosquée de Sayyidî '1-Akhd'ar. {D'après une photozranhie du
^ n n f 0 r m a t i ° n ^ ^ C U U U r e - M ^ ^LeZoT:T u^a-
PP
Fig. 201. — Minaret cylindrique de la Mosquée de Salah
Bey. (D'après A. Chehbi.)
Les minarets quadrangulaires a deux tours sont beaucoup
plus nombreux. Ils ornent presque toutes les mosquées médiévales
d'Algérie et certaines mosquées d'époque turque.
2) Minarets prismatiques à base octogonale :
Cinq mosquées algériennes d'époque turque ont un minaret
prismatique à base octogonale. Ce sont : Djâmi' Çafar, (fig. 198)
la Mosquée du Pacha à Oran, la Mosquée Extérieure de la Kasba,
la Mosquée de Sayyidî'l-Akhd'ar (fig. 199) et la Mosquée Ali
Khodja.
3) Minarets cylindriques :
Nous trouvons un minaret cylindrique aux Mosquées de Say-
yidî'l-Kattânî et de Salah Bey.
II. - DIMENSIONS
1) Hauteur totale :
Les minarets d'Algérie n'ont pas les dimensions imposantes
de certains minarets d'Orient tels que le Qutb Minar dont la hauteur
atteint 73 m (238), les minarets de la Mosquée Sélimiyé d'Edirne
(239), de la Mosquée à triple galerie d'Edirne (240) et de la Mosquée
Suleymaniyé d'Istambul (241) dont les hauteurs respectives sont
de 70,80 m, 67,62 m et de 63,50 m, et le minaret de Djâm en Afg-
hanistan (242) dont la hauteur atteint 60 m.
Les minarets d'Algérie sont des minarets de moyennes et petites
dimensions. Le tableau ci-dessous nous montre en effet que le plus
haut minaret, celui de la Mosquée de Mançûra, s'élève à 38 m, que
onze autres minarets ont une hauteur égale ou supérieure à 20 m et
que le plus petit minaret, celui de la Mosquée Extérieure de la Kas-
ba, n'a que 8, 50 m de hauteur.

(238) Cf. A. Miquel, VIslam et sa civilisation, pl. 18, p. 200.


(239) Cf. S.K. Yetkin, op. cit., p. 123.
(240) Ibid., pp. 94-95; (241) Ibid., p. 125.
(242) Cf. K. Otto-Dorn, L'art de rislam, p. 141.

— 273 —
EDIFICES HAUTEUR DU MINARET
Mosquée de Mançura (243) 38 m
Mosquée du Pacha à Oran (244) 32 m
Djailli' Djadid (245) 30 m
Grande Mosquée de Tlemcen 29,15 m
Mosquée de Sayyidî Abî Madyan 27,50 m
Mosquée d'Agadir 25,60 m
Mosquée de Sayyidî Abî Marwân 25,50 m
Mosquée du Méchouar 25,22 m
Mosquée de Sayyidî'l-H'alwî 25,15 m
Mosquée de la Qal'a des Banî H'ammâd 24,70 m
Grande Mosquée de Nédroma 23,20 m
Grande Mosquée de Touggourt (248) 20 m
Djâmi' çafar (247) 16,75 m
Mosquée de Sayyidî Ibrâhîm 16,55 m
Mosquée du Vieux-Ténès (248) 15,40 m
Mosquée de Salah Bey (240) 15,34 m
Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan 14,25 m
Mosquée de Sidi Ramdan (250) 14,20 m
Mosquée de Sayyidî Abd al-Rah'man (251) 14,10 m
Mosquée d'El-Khemis (252) 13,60 m
Mosquée de Tléta (253) 12,50 m
Mosquée d'Awlâd al-Imâm 12,25 m
Mosquée Ali Khodja (254) 12,10 m
Mosquée de Tafessara (255) 12 m
Mosquée Extérieure de la Kasba (256) 8,50 m

(243) Cf. G. Marçais, op. cil., p. 274.


(244) Cf. M. Mhiras, op. cit., p. 36.
(245) Cf. R. Dokali, op. cit., p. 40.
(246) Cf. A. Chehbi, op. cit., p. 148.
(247) Cf. R. Dokali, op. cit., p. 40.
(248) Cf. G. Marçais, La Mosquée du Vieux-Ténès, Revue Africaine, 1924, pp. 530ss.
(249) Cf. A. Chehbi, op. cit., p. 148.
(250) D'après le plan de A. Ballu.
(251) Cf. R. Dokali, op. cit.. D. 40.
(252) Cf. A. Bel, op. cit., p. 512.
(253) Ibid., p. 505.
(254) Cf. R.'Dokali, op. cit., p. 40.
(255) Cf. A. Bel, op. cit., p. 498.
(256) Cf. R. Dokali, op. cit., p. 40.

— 274 —
2) Dimensions de la tour principale:
La tour principale du minaret de la Qal'a des Banî H ' a m m â d
devait sans doute avoir les mêmes proportions que celles du minaret
de Cordoue qui mesurait 73 coudées de hauteur et 18 coudées de
largeur et était approximativement quatre fois plus haute que large.
A partir de l'époque almohade, les architectes maghribins
donnèrent à leurs minarets une silhouette plus élégante. C'est ainsi
qu'au minaret de la Kutubiyya où la tour principale a 67,50 m de
hauteur et 12,50 m de large le rapport entre les deux dimensions
est de 5,4.

En Algérie, un seul minaret, celui de la Mosquée de Sayyidî


Abî Madyan, a les mêmes proportions que le minaret de la Kutu-
biyya, les autres sont moins élégants puisque le rapport entre
la hauteur de leur tour principale et sa largeur est compris entre
4,6 et 3,3 comme permet de le constater le tableau suivant.

Edifices Hauteur Largeur Rapport H / L

Mosquée de Sayyidî Abî Madyan 23,70 m 4,40 m 5,3


Djâmi' Djadid 25 m 5,4 m 4,6
Grande Mosquée de Nédroma 19,8 m 4,90 m 4,5
Mosquée du Vieux-Ténès 15,40 m 3,70 m 4,4
Mosquée de Sayyidî'l-H'alwî 20,35 m 4,67 m 4,3
Grande Mosquée de Tlemcen 26,20 m 6,30 m 4,1
Mosquée du Méchouar à Tlemcen 19,20 m 4,9 m 4,1
Mosquée d'Agadir 22,30. m 5,53 m 4
Mosquée de Mançûra 38 m 10 m 3,8
Mosquée de la Qal'a des Banî H'ammâd 24,70 m 6,50 m 3,8
Mosquée de Tléta 12,50 m 3,25 m 3,8
Mosquée d'El-Khemis 13;60 m 3,60 m 3,7
Mosquée de Tafessara 12 m 3,30 m 3,6
Mosquée de Sayyidî Ibrâhîm 13,73 m 4m 3,4
Mosquée de Sayyidî Abd al-Rahman 18,40 m 4,56 m 3,4
Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan 11,60 m 3,50 m 3,3 m

3) Dimensions du lanternon :
Il ne nous a pas été possible de mesurer la hauteur des lanter-
nons de la base à l'extrémité de l'épi de faîtage. C'est pourquoi le
tableau ci-après ne donne que la hauteur du lanternon, coupole
et épi de faîtage non compris, sa largeur et le rapport entre les deux
dimensions.

— 275 —
Edifices Hauteur Largeur Rapport H/L
Mosquée d'Awiâd al-Imâm 3,45 m 1m 3,45
Mosquée de Sayyidî Ibrâhîm 4,70 m 1,42 m 3,3
Mosquée de Tafessara 4m 1,20 m 3,3
Mosquée de Sayyidî Abî Madyan 5,40 m 1,88 m 2,8
Mosquée de Sayyidî '1-H'alwî 5,32 m 2m 2,6
Mosquée d'El-Khemis 3,3 m 1,35 m 2,6
Mosquée du Méchouar 5,92 m 2,32 m 2,5
Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan 3,95 m 1,45 m 2
Grande Mosquée de Nédroma 4,24 m 2,04 m 2
Mosquée d'Agadir 4,7 m 2,4 m 1,9
Grande Mosquée d'Alger 3,45m 2m 1.7
Grande Mosquée de Tlemcen 4,70 m 2,9 m 1,6

— 276 —
CHAPITRE III

STRUCTURE DES MINARETS

A u point de vue de leur structure, les minarets d ' A l g é r i e peuvent


se diviser en deux c a t é g o r i e s : les minarets à noyau central plein
et les minarets à noyau central creux.

I . - MINARETS A NOYAU CENTRAL PLEIN

Dans les minarets à noyau central plein, ce dernier est g é n é r a l e -


ment c a r r é ou rectangulaire dans les minarets quadrangulaires,
de forme c a r r é e ou octogonale dans les minarets prismatiques et
circulaire dans les minarets cylindriques.

Les minarets à noyau central c a r r é sont les plus nombreux.


On a c c è d e à leur plate-forme par u n escalier dont les marches
sont triangulaires o u c a r r é e s aux angles et rectangulaires sur les
côtés.

Les dimensions du noyau central, le nombre total de marches,


leur largeur, le nombre de marches par volée varient avec les minarets
comme nous pouvons le voir dans le tableau ci-dessous :

Edifices Côté Nombre Largeur Nombre de


du noyau total des marches
central de marches marches par volée

Mosquée de la Qal'a des Banî


H'ammâd 1,50 m 127 1,10 m variable
Mosquée d'Agadir 2,10 m 127 0,88 m nut srhififft
Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan 1,35 m 44 0,65 m 3
Mosquée d'Awlâd al-Imâm 1,01 m 44 0,55 m ï-4
Edifices Côté Nombre Largeur Nombre de
du noyau total des marches
central démarches marches par volée

Grande Mosquée d'Alger 2m 82 0,91 à 0,95 m 3 ou 4


Grande Mosquée de Tlemcen 2,80 m 130 0,96 m 6
Mosquée du Méchouar 2,06 88 0,91 m 9 puis 7
Grande Mosquée de Nédroma 1,26 m 102 0,82 m 5
Mosquée de Sayyidt Ibrâhîm 2,21 à 1,41 m 60 0,79 m 4
Mosquée de Sayyidî Abî Madyan 1,70 86 0,75 m 6
Mosquée de Sayyidî'l-H'alwî 1,78 m 88 0,78 m 6
Mosquée de Sayyidî Abd al-Rah'manO,79 x 0,33 29 0,59 m 2
Djâmi' Djadid pentagonal 124 0,56 i 0,29 m 5
Mosquée du Bey Muh'ammad
al-Kabir à Oran 0,93m 51 0,83 à 0.87 m 4
Mosquée de Sayydî 'Uqba 1,20 m 59 1,20 m 3
Grande Mosquée de Touggourt 1,20 m 66 1,20 m 2
Mosquée du Vieux-Ténés 2,14 m 54 0,60 m 10
Mosquée de Tiéta 0,88 m 66 0,55 m A
Mosquée d'El-Khemis 0,88 m 61 0,77 m 3
Mosquée de Sidi Ramdan 1.05 x 0,85 m 72 1,07 m 3
Djâmi' Çafar 0,55 m 63 0,55 m 3
Mosquée Extérieure de la Kasba 0,78m 28 0,60 m 2
Mosquée Ali Khodja 0,59 x 0,60 m 37 0,33 à 0,60 m 2 ou 3

Le tableau ci-dessus montre que le nombre de marches rec-


tangulaires par volée est constant sauf à la Grande Mosquée d'Alger,
aux Mosquées du Méchouar, de la Qal'a des Banî H'ammâd,
d'Ali Khodja et à Djâmi' Çafar. Nous voyons, d'autre part, que le
noyau central du minaret de Djâmi' Djadïd est pentagonal. Ses
côtés mesurent respectivement : 1,96 m, 1,68 m, 0,49 m, 1,82 m
et 1,54 m. Nous remarquons enfin que la largeur des marches est
constante sauf aux Mosquées A l i Khodja, du Bey Muh'ammad
al-Kabir à Oran, à Djâmi' Djadid, et à la Grande Mosquée d'Alger.
L'escalier qui conduit à la plate-forme est couvert généralement
d'un berceau rampant encadré de voûtes d'arêtes.
Certains minarets d'Algérie présentent une structure originale.
Ce sont ceux des Mosquées de la Qal'a des Banî' H ' a m m â d (fig. 202)
et de Sayyidî Abî Marwân, (fig. 203) de la Grande Mosquée de Cons-
tantine, des Mosquées des Béni Achir et de Sidi Ramdan.
A la Qal'a des Banî H ' a m m â d l'escalier commence par une
marche carrée de 1,10 m de côté. Viennent ensuite :
— sept volées comprenant chacune quatre marches rectan-
gulaires et deux marches triangulaires.

— 278 —
— une volée orientée d'Est en Ouest avec une seule marche
rectangulaire, correspondant à la grande baie inférieure de la face
Sud du minaret, et deux marches triangulaires (fig. 202).
— trois volées comptant trois marches rectangulaires et deux
marches traingulaires.
— une volée orientée d'Est en Ouest à une marche rectangulaire
et deux marches triangulaires, correspondant à la grande baie
supérieure de la face Sud du minaret.
— neuf volées composées de trois marches rectangulaires et de
deux marches triangulaires.
A la Mosquée de Sayyid Abî Marwân, l'escalier du minaret
est précédé d'une salle où nous avons noté la présence d'une colonne
antique et donne accès à une petite salle de prière pourvue d'un
mihrab à niche curviligne de 76 cm de large et de 62 cm de profondeur,
orienté vers le Sud. Ce mihrab dont l'arc d'ouverture est un arc de
plein cintre, a 2 m de hauteur. Au milieu de l'oratoire, se dresse
une colonne antique sur laquelle reposent quatre arcs perpen-
diculaires supportant quatre coupolettes.
Un seul monument, à notre connaissance, possède une tour
avec une salle de prière. C'est la Tour Khalaf à Sousse où l'arc
d'ouverture du mihrab repose sur deux colonnes. Ce mihrab a
80 cm de profondeur, 95 cm de largeur et 1, 99 m de hauteur.
Comme la Tour Khalaf n'est pas un minaret, nous pouvons
dire que la Mosquée de Sayyidî Abî Marwân est la seule Mosquée
à posséder une salle de prière dans son minaret. La présence de cette
salle de prière nous apporte la preuve que le minaret n'était pas
seulement utilisé pour lancer l'appel à la prière mais servait également
de lieu de retraite et de séjour à des hommes pieux.
Le minaret de la Grande Mosquée de Constantine qui a été
restauré à l'époque française présente la structure suivante.
A la base du minaret, l'escalier est de plan circulaire et les
marches tournent autour d'un noyau cylindrique formé de rondins
de bois, de 20 cm de diamètre, superposés.
Après avoir gravi trente-cinq marches, on arrive à un plan
horizontal qui conduit à un second minaret, carré celui-là, qui tour-

279
Fig. 202. — Minaret de la Mosquée de la
Qal'a des Banî H'ammâd.

Fig, 203. — Minaret de la Mosquée de


Sayyidî Abî Mflrwân.
O 4 2,

Ç>s».i t-

Fig. 205. — Plan du minaret de la Grande Mosquée de


Constantine.
ne autour d'un noyau cylindrique de même nature et de mêmes
dimensions que le premier mais dont le centre est à 2,10 m de l'autre.
On monte encore seize marches et l'on trouve une porte qui
conduit à une plate-forme rectangulaire située au Nord du minaret
(fig. 20) et qui mesure 6,25 m de long et 1,56 m de large.
Quatre-vingts marches conduisent à la plate-forme supérieure
mais 30 cm avant d'y arriver, le plan carré du minaret est remplacé
par un plan circulaire (fig. 205).
A notre avis, seule la partie inférieure du minaret est de l'époque
h'âmmâdide. Le reste date de l'époque française.
En effet, G. Mercier (257) nous apprend que toute la façade
de la Grande Mosquée de Constantine a été reconstruite « à la
française ».
Pour des raisons de symétrie, l'architecte chargé de la restaura-
tion a placé la partie supérieure du minaret dans l'axe de la façade.
Comme cet axe ne coincidait pas avec celui de la partie inférieure
du minaret, il a ménagé un plan horizontal pour permettre le pas-
sage du minaret h'ammadide au minaret moderne.
Quand au minaret de la Mosquée des Béni Achir, A, Bel nous
en donne la description suivante :
« Un escalier de brique accolé à la face Est de la salle de prière
et vers l'angle Sud-Est donne accès de l'intérieur à une petite cellule
rectangulaire de I m sur 1,30 m à la hauteur des toitures.
Cette cellule dans laquelle un homme peut tenir debout tient
lieu de minaret; chacune de ses faces est percée d'une étroite ouver-
ture rectangulaire comme une meurtrière par laquelle le muezzin
lance l'appel à la prière.
Extérieurement, cette cellule a l'aspect d'un petit clocheton
avec un toit en pyramide à quatre pans couvert en tuiles rouges »
(258).'

(257) G. Mercier, Corpus des Inscriptions arabes et turques dz VAlgérie, II. Déùartement
de Constantine, p. 6.
(258) Cf. A. Bel, op. cit., pp. 514-515.

— 284 —
Enfin à la Mosquée de Sidi Ramdan, le berceau qui, ordinaire-
ment surmontait l'escalier, est remplacé par un plafond à gradins
et les voûtes d'arêtes qui prenaient place aux angles ont disparu
(fig. 206).
II. - MINARETS A NOYAU CENTRAL CREUX
L'Algérie ne possède qu'un seul minaret à noyau central
creux : le minaret de la Mosquée de Mançûra.
Selon A. Lézine (259), l'exemple le plus ancien de minaret à
noyau creux est le Manar de Sousse qui dériverait du phare de
Lepcis Magna.
Au minaret de Mançûra qui imite les minarets almohades de
la Kutubiyya, de Hassan à Rabat et de la Giralda à Séville, le noyau
creux était constitué de salles superposées de 2,48 m de côté, entou-
rées d'un mur de 1,06 m d'épaisseur.
Comme dans les minarets almohades précédemment cités, on
accédait à la plate-forme supérieure au moyen d'une rampe de 1,33m
de large, bâtie sur des berceaux rampants terminés par des voûtes
d'arêtes dont on peut encore voir les traces. Quant aux salles qui
occupaient l'intérieur du minaret, elles se sont effondrées.
L'emploi de la rampe dans un minaret remonte à l'époque
abbaside puisque les tours des Mosquées d'al-Mutawwakil et d'Abû
Dulaf à Samarra en sont pourvues. Mais dans les minarets abbasides,
la rampe se trouve à l'extérieur du minaret tandis qu'à Mançûra
comme dans les minarets almohades, elle est à l'intérieur.
A. Lézine nous donne les raisons pour lesquelles la rampe a été
substituée aux escaliers dans les minarets à noyau creux. Il écrit :
« Le développement d'une tour « à noyau creux » est beaucoup plus
important que celui d'un minaret à noyau plein. Or les marches
d'un escalier doivent comporter une certaine relation entre la hauteur
et la largeur (giron). Si elle n'est pas respectée, il en résulte une grande
fatigue pour l'utilisateur.

(259) A. Lézine, Notes d'archéologie tlemcénienne, Bulletin d Archéologie Algè ienne,


L I, pp. 268.

— 285 —
Pour ne pas tomber dans cette erreur, l'architecte du phare
de Lepcis Magna a fait alterner des tronçons d'escalier à des em-
marchement normaux avec des rampes.
Dans les grands minarets almohades, dont les dimensions
sont importantes, les constructeurs ont été conduits à adopter
partout la rampe douce. Cette solution ne provient pas d'un choix
mais d'une obligation, résultant du parti pris constructif adopté et
des grandes dimensions de l'ouvrage ».
A. Lézine fait remarquer aussi qu'à Mançûra, il y avait au départ
de la montée un escalier « supporté par un massif rampant construit
en blocage » qui s'étendait sur la longueur d'une volée dont il
subsiste encore deux marches. Il indique que « cette solution a été
adoptée afin de pouvoir atteindre, sur ce court espace, un niveau
suffisant pour permettre d'échapper au-dessus de l'arc de la porte
d'entrée axiale ». Il montre enfin que le minaret de Mançûra avaient
deux entrées symétriques disposées de part et d'autre de l'axe. Mais,
précise-t-il « celle du Sud-Ouest conduit à un couloir aveugle, sans
autre issue et qui devait servir d'entrepôt ou de magasin ». (260).

(260) A. Lézine; op. cit., p. 268.

— 286 —
Fig. 210. — Face Sud du Minaret de la Grande Mosquée de Tlemcen.
Fig. 213. — Minaret de la Mosquée de
Mançûra.

1
Fig. 214. — Minaret de la Mosquée de
Sayyidî Abî Madyan.
Fig. 216. — Minaret de la Mosquée de Sayyidî '1-H'alwî. (Photo du ministère de l'Infor-
mation et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications.)
ni
Snd s Et

il

^C.R.A.U.).
D 211 ' ~ M i n a r e t de la Mosquée de Sidi Ramdan. (Photo .

Fig. 218. — Minaret de la Mosquée de Sayyidî Lahsen.


C H A P I T R E IV

DECOR DES TOURS PRINCIPALES


DES MINARETS PARALLELEPIPEDIQUES ORNEES
D'UN PANNEAU A R E S E A U L O S A N G E

Le réseau losange est un élément décoratif qui. comme nous


l'avons vu précédemment, a fait son apparition au mihrab de la
Grande Mosquée de Constantine.
En ce qui concerne les minarets, ce sont les Almohades qui ont
été les premiers à l'utiliser. Ils en ont orné le lanternon du minaret
de la Kutubiyya (261) puis les tours principales des minarets de la
Qaçba de Marrakech (fig. 207). de la Mosquée de Hassan à Rabat
(fig. 208) et de la Giralda de Séville (262).
En Algérie, les minarets ornés d'un panneau à réseau losange
sont très nombreux. Parmi eux. nous citerons ceux de la Mosquée
d'Agadir (fig. 209). de la Grande Mosquée de Tlemcen (fig. 210),
de la Grande Mosquée de Nédroma (fig. 211). des Mosquées de
Sayyidî Abï'l-H'asan (fig. 212). de Mançûra (fig. 213). de Say-
yidî Abî Madyan (fig. 214). de Sayyidî Ibrâhîm (fig. 215). de Say-
didî'l-H'alwî (fig. 216). de Sayyidî Ramdân (fig. 217). de Sayyidî
M'hammed. de Sayyidî Lahsen à Tlemcen (fig. 218) et le minaret
du campement à Oran (262).

(261) C f . G . M a r ç a i s , L'architecture Musulmane d'Occident, p. 245.

(262) C f . G . M a r ç a i s , M a n u e l d ' a r t m u s u l m a n , t. I , f i g . 299, p. 4 0 1 .

— 295 —
Nous commencerons l'étude de leur décor par le panneau à
réseau losange. Après quoi, nous parlerons successivement de
l'ornementation des panneaux situés au-dessus du réseau losange
ou au-dessous et du crénelage de la plate-forme qui couronne la
tour principale.

I. — PANNEAU A RESEAU LOSANGE


Les panneaux à réseau losange diffèrent par le nombre et la
nature des arcs qui les supportent, la forme, le nombre et la disposi-
tion des losanges qui les composent.
1) Nombre des arcs qui supportent le réseau losange :
Dans les minarets almohades, le réseau losange reposait sur un
arc. au panneau central inférieur de la Giralda de Séville. deux
arcs, aux panneaux médians du même minaret, trois arcs, aux
Mosquées de la Qaçba de Marrakech et de Hassan à Rabat.
Les architectes qui ont édifié les mosquées d'Algérie ont
apporté plus de diversité dans le nombre des arcs qui supportent
le réseau losange.

C'est ainsi que nous trouvons :

— deux arcs, à la face Est du minaret de la Grande Mosquée


de Tiemcen. aux minarets des Mosquées d'Agadir, de Mançûra.
de Sayyidî Lahsen. de Sayyidî Mhammed. et aux faces Nord et Sud
du Minaret du Campement à Oran et au minaret d'al-'Ubbàd al-
Sufli.

— trois arcs, aux minarets des Mosquées de Sayyidî Abi'l-


H'asan, Sayyidî Abî Madyan, Sayyidî Ibrâhîm, Sidi Ramdan Éj
à la face Est du minaret de la Grande Mosquée de Nédroma.

— quatre arcs, au minaret de la Mosquée de Sayyidî'l-H'alwL


aux faces Nord, Ouest et Sud du minaret de la Grande Mosques
de Tiemcen, aux faces Est et Ouest du Minaret du Campemer^

— cinq arcs, aux faces Nord et Sud du minaret de N é d r o m t

2) Nature des arcs qui supportent le réseau losange :

La même diversité se retrouve dans la nature des arcs


lesquels repose le réseau losange.

— 296 —
Alors que les Almohades n'avaient utilisé que des arcs à neuf
lobes, leurs successeurs en Algérie ont utilisé :
— l'arc à cinq lobes, aux faces Nord et Sud du minaret de
Nédroma.
— l'arc à neuf lobes, aux faces Nord et Sud du Minaret du
Campement à Oran.
— l'arc à onze lobes, aux faces Est et Ouest du minaret d'Aga-
dir et au minaret de Sayyidî M'hammed.
— l'arc à dix-neuf lobes (sept lobes de plein cintre outrepassé
alternant avec douze lobes en forme d'arc brisé de manière qu'un
lobe de plein cintre alterne avec deux lobes en forme d'arc brisé) au
minaret de Mançûra.
— l'arc à lambrequin à une tête, aux faces Est et Ouest du mina-
ret de Nédroma et au minaret d'al-'Ubbâd al-Sufli.
— l'arc à lambrequin à deux têtes, au minaret de la Grande
Mosquée de Tlemcen. des Mosquées de Sayyidî Ibràhîm. Say-
yidî-l'-H'alwî. Sidi Ramdan. aux faces Nord et Sud du minaret
de Sayyidî Abî Madyan.
— l'arc à lambrequin à trois têtes, au minaret de Sayyidî
Lahsen. au Minaret du Campement à Oran. aux faces Nord et
Sud du minaret de la Mosquée d'Agadir, à la face Nord du minaret
de la Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan, aux faces Est et Ouest du
minaret de la Mosquée de Sayyidî Abî Madyan.
3) Nombre et disposition des losanges :
Le nombre et la disposition des losanges varient d'un minaret à
l'autre et quelquefois d'une face de la tour principale à l'autre.
a) Nombre de losanges :
Le réseau losange qui a le plus grand nombre de losanges est
celui qui orne la face Est du minaret de la Grande Mosquée de Né-
droma où nous rencontrons dix rangées de six losanges et neuf
rangées de cinq losanges, soit un total de 105 losanges.
Viennent ensuite :
— les faces Est et Ouest du Minaret du Campement à Oran
avec huit r a n g é e s de quatre losanges et huit r a n g é e s cinq losanges,
soit un total de 72 losanges.

— les faces Sud et Ouest du minaret de la Grande M o s q u é e


de N é d r o m a avec sept r a n g é e s de cinq losanges et six r a n g é e s de
quatre losanges, soit un total de 59 losanges. Le m ê m e nombre
de losanges se rencontre à la face Ouest du minaret de la M o s q u é e
de Sayyidî A b î M a d y a n o ù nous trouvons neuf r a n g é e s de trois
losanges et huit r a n g é e s de quatre losanges.

— la face Sud du minaret de la Grande M o s q u é e de N é d r o m a


avec huit r a n g é e s de quatre losanges et sept r a n g é e s de trois losanges,
soit un total de 53 losanges.

— toutes les faces du minaret de la ' M o s q u é e de Sa yyidî'l-


H ' a l w î avec huit r a n g é e s de trois losanges et sept r a n g é e s de quatre
losanges, soit un total de 52 losanges.

la face Sud du minaret de la Grande M o s q u é e de Tlemcen


avec six r a n g é e s de quatre losanges et sept r a n g é e s de trois losanges,
soit un total de 45 losanges.

- les faces N o r d et Sud du minaret de la M o s q u é e de Say-


yidî A b î M a d y a n avec huit r a n g é e s de trois losanges et neuf r a n g é e s
de deux losanges, soit un total de 42 losanges.

la face Est du minaret de la M o s q u é e de Sayyidî A b î ' l - H ' a -


san avec cinq r a n g é e s de cinq losanges et quatre r a n g é e s de quatre
losanges, soit un total de 41 losanges.

le minaret de la M o s q u é e de Sidi Ramdan avec huit r a n g é e s


de trois losanges et huit r a n g é e s de deux losanges, soit un total de
40 losanges.

— les faces N o r d et Sud du Minaret du Campement avec six


rangées de trois losanges et cinq r a n g é e s de quatre losanges, soit
un total de 38 losanges.

— les faces Est et Ouest du minaret de la Grande M o s q u é e


de Tlemcen avec sept r a n g é e s de deux losanges et six r a n g é e s de troi>
losanges, soit un total de 32 losanges. Le m ê m e nombre de losanges
se rencontre au minaret de Sayyidî Lahsen. o ù nous trouvons cinq
r a n g é e s de quatre losanges et quatre r a n g é e s de trois losanges
— le minaret de Sayyidî Mhammed et les faces Est et Ouest
du minaret de la Mosquée d'Agadir avec quatre rangées de quatre
losanges et quatre rangées de trois losanges, soit un total de 28
losanges.
— la face Sud du minaret de la Mosquée de Sayyidî Ibrâhîm
avec quatre rangées de trois losanges et cinq rangées de deux losanges,
soit un total de vingt-deux losanges.
— les faces Nord, Sud et Ouest du minaret de la Mosquée
de Sayyidî Abï'l-H'asan avec trois rangées de trois losanges et quatre
rangées de deux losanges, soit un total de dix-sept losanges.
Le réseau losange est presque partout homogène. Seules, les
tours principales des Mosquées de Mançûra et de Sayyidî Abî
Madyan font exception à la règle.
A la Mosquée de Mançûra, il est divisé à sa partie inférieure
en trois registres verticaux par un panneau rectangulaire percé de
deux fenêtres en forme d'arc surhaussé qui constitue le registre
médian. Les registres latéraux et la partie supérieure du panneau
sont occupés par le réseau losange (fïg. 219).
A la face Est du minaret de Sayyidî Abî Madyan, le réseau
losange est divisé en trois registres verticaux rectangulaires. Le
registre médian est orné à sa partie supérieure, d'une fenêtre en
forme d'arc surhaussé et, à sa partie inférieure, d'une fenêtre en
forme d'arc de plein cintre outrepassé. Entre ces deux baies, prend
place une rangée verticale de dix losanges. Quant aux registres
latéraux, chacun d'eux est meublé de losanges à partie supérieure
en forme d'arc à lambrequin à une tête.
b) Forme des losanges :
En ce qui concerne la forme des losanges, il faut noter que
quelquefois leur partie supérieure a la même forme que les arcs
qui supportent le réseau losange.
C'est le cas des losanges qui ornent les faces Est et Ouest du
minaret de la Grande Mosquée de Nédroma. les minarets des
Mosquées de Sayyidî Ibrâhîm et de Sidi Ramdan.
Dans le premier minaret, la partie supérieure du losange est un
arc à lambrequin à une tête et dans les deux autres, un arc à lambre
à deux têtes.

— 299 —
Mais le plus souvent, la partie supérieure des losanges a une
forme différente de celle des arcs qui soutiennent le réseau losange.
Cette précision étant apportée, voyons quelles formes revêtent
les losanges qui ornent les tours principales des minarets des mos-
quées d'Algérie.
Disons tout d'abord que dans certains minarets tous les losanges
qui composent le réseau losange ont la même forme. C'est le cas :
— du minaret de la Mosquée de Sayyidî M'hammed et des
faces Est et Ouest du minaret de la Mosquée d'Agadir, où tous les
losanges ont pour partie supérieure un arc à cinq lobes.
— des faces Nord et Sud du Minaret du Campement à Oran
où tous les losanges ont la partie supérieure en forme d'arc trilobé
— de la face Nord du minaret de la Mosquée de Sayyidî
Abï'l-H'asan et des faces Est et Ouest du minaret de la Mosquée
de Sayyidî Abî Madyan, où tous les losanges ont leur partie supé-
rieure en forme d'arc à lambrequin à une tête.
— des faces Nord et Sud du minaret de la Mosquée de Sayyidî
Abî Madyan, de toutes les faces des minarets des Mosquées de
Sayyidî'l-H'alwï et de Sidi Ramdan, où tous les losanges ont pour
partie supérieure un arc à lambrequin à deux têtes.
— des faces Nord et Sud du minaret de la Grande Mosquée
de Nédroma, où tous les losanges ont pour partie supérieure un
arc de plein cintre autrepassé.
Dans d'autres minarets, au contraire, nous rencontrons des
losanges à partie supérieure en forme d'arc à lambrequin à une
tête alternant avec des losanges à partie supérieure en forme d'arc
à lambrequin à deux têtes.
C'est le cas :
— des faces Nord et Sud du minaret de la Mosquée d'Agadir.
— des faces Est et Ouest du minaret de la Grande Mosquée
de Tlemcen.
— des faces Est et Ouest du minaret du Campement à Oran.
— du minaret de la Mosquée de Sayyidî Lahsen.

— 300 —
Voilà ce que l'on peut dire de la partie supérieure des losanges.
Quant à leur partie inférieure, elle est le plus souvent occupée par
un fleuron à trois lobes en terre émaillée verte.
II. — PANNEAUX SITUES AU-DESSUS DU RESEAU
LOSANGE
Toutes les tours principales des minarets à réseau losange
d'Algérie, à l'exception du minaret de la Grande Mosquée de
Nédroma, présentent un panneau rectangulaire, plus large que haut,
au-dessus du panneau à réseau losange. Sauf aux Mosquées de Say-
yidî Abî Madyan et de Sayyidï'l-H'alwî, ce panneau est meublé
d'arcs dont le nombre et la nature varient avec les minarets.
1) Nombre d'arcs :
Le nombre d'arcs qui ornent le panneau situé au dessus du
réseau losange est de :
— trois, aux minarets des Mosquées de Sayyidî Abï'l-H'asan
et de Sidi Ramdan.
— quatre, aux minarets des Mosquées de Sayyidî Ibrâhîm,
Sayyidî Lahsen et Sayyidî Mhammed ainsi qu'au Minaret du Cam-
pement à Oran.
— cinq, aux minarets de la Mosquée d'Agadir, de la Grande
Mosquée de Tlemcen et de la Mosquée de Mançûra.
2) Nature des arcs :
Les arcs qui décorent le panneau situé au-dessus du réseau
losange sont :
— des arcs à sept lobes, à la Grande Mosquée de Tlemcen,
aux Mosquées de Mançûra, Sayyidî Lahsen et Sidi Ramdan, ainsi
qu'au Minaret du Campement à Oran.
— des arcs à neuf lobes, aux minarets des mosquées d'Agadir,
Sayyidî Abï'l-H'asan et Sayyidî Mhammed.
— des arcs brisés outrepassés au minaret de la Mosquée de
Sayyidî Ibràhîm.
Aux minarets des Mosquées de Sayyidî Abî Madyan et de
Sayyidï'l-H'alwî, et pour la première fois dans l'histoire de l'art

— 301 —
musulman, les arcs sont r e m p l a c é s par des rosaces à vingt-quatre
branches en m o s a ï q u e de faïence.

Notons enfin que le panneau s u p é r i e u r est e n t i è r e m e n t d é c o r é de


m o s a ï q u e de faïence à la M o s q u é e de Sayyidî I b r â h î m et q u ' à
l'oratoire de Sayyidî A b î ' l - H ' a s a n . seuls les é c o i n ç o n s le sont.

I I I . — DECOR DE LA PARTIE SITUEE AU-DESSOUS


DU RESEAU LOSANGE
La partie située au-dessous du r é s e a u losange est nue au minaret
de la M o s q u é e de Sidi Ramdan. Dans les autres minarets, elle est
o r n é e d'une baie rectangulaire, d'un panneau rectangulaire ou de
deux panneaux rectangulaires.

1 ) Minarets à partie inférieure percée d'une baie rectangulaire :

Deux minarets ont la partie inférieure de leur tour principale


p e r c é e d'une baie rectangulaire. Ce sont ceux de la Grande M o s q u é e
de Tlemcen et de la M o s q u é e de Sayyidî Lahsen.

2) Minarets dont la partie inférieure est décorée d'un panneau


rectangulaire :

Lorsque la partie inférieure est m e u b l é e d ' u n seul panneau, ce


panneau est o c c u p é par un arc à la M o s q u é e de Sayyidî b r â h î m .
à la M o s q u é e de Sayyidî M h a m m e d aux faces Est et Ouest de la
M o s q u é e d ' A g a d i r et aux faces N o r d et Ouest de la M o s q u é e de
Sayyidî A b ï M a d y a n , et par deux arcs à la Grande M o s q u é e de
N é d r o m a et aux faces N o r d et Sud du minaret d'Agadir. Ces arcs
diffèrent d ' u n minaret à l'autre et quelquefois d'une face à une autre,
comme c'est le cas du minaret d ' A g a d i r . C'est ainsi que nous trou-
vons :

— l'arc à sept lobes aux faces N o r d et Sud du minaret d'Agadir

— l'arc à neuf lobes à la face Ouest du minaret de la M o s q u é e


de Sayyidî A b î ' l - H ' a s a n .

— l'arc à lobes de plein cintre o u t r e p a s s é alternant avec des


lobes en forme d'arc brisé aux minarets de la Grande M o s q u é e
de N é d r o m a , de la M o s q u é e de Sayyidî l b r à h î m ainsi qu'aux fàce>
Est et Sud du minaret de la M o s q u é e de Sayyidî A b î ' l - H ' a s a n

— l'arc à onze lobes inscrit dans u n arc à lobes de plein cintre


o u t r e p a s s é alternant avec des lobes en forme d'arc brisé, à la facr

— 302 —
Ouest du minaret de la Mosquée de Sayyidî Abî Madyan, avec une
baie en forme d'arc brisé percée à l'intérieur du plus petit arc.
— l'arc à lambrequin à trois têtes à la Mosquée de Sayyidî
Mhammed et aux faces Est et Ouest du minaret d'Agadir.
— Un arc brisé dans lequel s'inscrit un arc à lobes de plein
cintre outrepassé alternant avec des lobes en forme d'arc brisé, de
manière qu'un lobe du premier type alterne avec deux lobes du
second, à la face Nord du minaret de la Mosquée de Sayyidî Abî Ma-
dyan. La bordure comprise entre ces deux arcs est ornée d'un réseau
de losanges à partie supérieure en forme d'arc à lambrequin à une
tête (263). Elle surmonte un panneau carré orné de l'inscription
« Bénédiction de Muh'ammad » tracée en caractères coufïques
quadrangulaires (264).
Notons par ailleurs qu'à la Mosquée de Sayyidî Ibràhîm, une
bordure de mosaïque de faïence sépare le panneau inférieur du réseau
losange et qu'à Agadir, les écoinçons des arcs lobés sont ornés d'un
arc à lobes de plein cintre alternant avec des lobes en forme d'arc
brisé. Dans ce dernier monument, le sculpteur, pour diversifier le
décor, a meublé le panneau inférieur d'arcs lobés lorsque le réseau
losange reposait sur des arcs à lambrequin et vice versa.
Signalons enfin que le panneau situé au-dessous du réseau
losange a la même largeur que lui dans tous les minarets sauf ceux
d'Agadir et de la Mosquée de Sayyidî M'hammed, et qu'à la Grande
Mosquée de Nédroma, aux Mosquées d'Agadir et de Sayyidî
Abî'l-H'asan, une boucle relie l'arc au cadre du panneau.
3) Minarets dont la partie inférieure est décorée de deux pan-
neaux rectangulaires :
Les minarets d'Algérie qui présentent une partie inférieure
ornée de deux panneaux rectangulaires sont : le minaret de la Mos-

(263) Un motif de ce genre se trouve aux faces Sud-Est et Nord-Ouest du minaret de


h Kutubiyya de Marrakech mais dans ce monument, l'arc intérieur est lobé et la bordure
CM meublée de sept arcs à cinq lobes. Nous le rencontrons également à la face Sud du minaret
4c b Mosquée Charabliyyin à Fès mais dans cet édifice nous avons un arc où un lobe de plein
i a n outrepassé alterne avec un lobe en forme d'arc brisé.

C64) La même inscription se retrouve à la Mosquée Charabliyyin.

— 303 —
quée de Sayyidî'l-H'alwî, le Minaret du Campement à Oran et le
minaret de la Mosquée de Mançûra.
Dans les deux premiers minarets, le décor s'ordonne de la
manière suivante.
Le panneau supérieur est entouré sur trois de ses côtés par une
frise de mosaïque de faïence à la Mosquée de Sayyidî'l-H'alwî et
par des carreaux de céramique au Minaret du Campement. Il est
orné d'un arc à lobes de plein cintre outrepassé alternant avec des
lobes en forme d'arc brisé formés par un double feston et chaque
feston est surmonté d'une boucle.
Quant au panneau inférieur, décoré d'une frise de carreaux
de faïence sur trois de ses côtés, il est meublé d'un réseau losange
compris entre deux arcs à lambrequin à six têtes et composé de
losanges à partie supérieure en forme d'arc à lambrequin à deux
têtes. Les écoinçons sont garnis de mosaïque de faïence à la Mosquée
de Sayyidî'l-H'alwî et d'une rosace à seize cannelures inscrite dans
un carré à seize pointes, au Minaret du Campement à Oran. D'autre
part, dans ce dernier monument, le cadre du panneau est garni
d'un entrelacs formé de boucles alternant avec des hexagones
allongés, les arcs à lambrequin sont ornés de fleurons à trois lobes
et l'intérieur du panneau, est garni d'une table de marbre sur laquelle
se déroule l'inscription suivante :
« Louange à Allah Seul ! Que la Bénédiction et le Salut soient
sur l'Envoyé d'Allah i Ensuite, a ordonné la construction de cette
tour élevée, de ce minaret charmant et étonnant, l'esclave de Dieu, le
combattant dans la voie de Dieu, le seigneur Muh'ammad b. 'Uthman
Bey de la province de l'Ouest, Tlemcen. et conquérant de la place
d'Oran. Qu'Allah soit avec lui partout où il sera ! année 12 07 (1792-
1793) ».

Au minaret de Mançûra. le panneau supérieur est meublé de


l'extérieur vers l'intérieur : d'un arc à lambrequin à sept têtes, d'un
arc à lambrequin à trois têtes et d'un arc recticurviligne (fïg. 220).

Quant au panneau inférieur, il est constitué par la porte princi-


pale de la mosquée car, fait unique dans l'histoire du monde musul-
man, le minaret a été construit au-dessus de la porte qui peut être
considérée à juste titre comme l'un des plus purs joyaux de l'art
musulman.
Large de 2.48m. elle a un encadrement formé de quatre défon-
cements successifs. '
Le premier inscrit l'ensemble de la composition dans un cadre
rectangulaire de 7.30m de hauteur. Il est garni d'une bordure rec-
tangulaire de 39cm de large et de deux écoincons. Sur la bordure
rectangulaire, se déroule l'inscription cursive suivante :
« Louange à Allah. Seigneur des Mondes ! La vie future ap-
partient à ceux qui craignent Allah ! A ordonné la construction
de cette mosquée bénie, le Prince des Musulmans, le guerrier pour
la foi dans la voie du Seigneur des Mondes, le saint défunt Abu
Ya'qûb b. 'Abdal-H'aqq, qu'Allah lui fasse miséricorde ! »
Quant aux écoincons, ils sont meublés, en leur centre, d'une
palmette qui se détache sur un fond de palmes et de rinceaux scul-
ptés dans la pierre.

Le second défoncement est une voussure de plein cintre de 4.80m


de diamètre intérieur et de 63 cm de largeur dont la partie inférieure
est meublée d'une frise de lobes trèfles et la partie supérieure, d'un
décor floral (fig. 221).

Le troisième est une voussure concentrique à la précédente.


Son diamètre intérieur est de 3.30m et sa largeur, de 65cm. Il est
garni de deux arcatures superposées entrelacées. Celle du bas est
composée d'arcs à lobes alternativement de plein cintre outrepassé et
en forme d'arc brisé, et l'autre, d'un arc à lobes trèfles entrelacés.
Ce décor est rehaussé par la présence de plaques d'émail brun et
vert. Les premières, en forme de fuseaux, ornent les boucles qui
relient l'arcature supérieure à l'arc extérieur de la voussure et à
l'arcature inférieure. Elles sont placées en quinconce et mesurent
respectivement 6 et 13.5cm de hauteur. 3 et 7.5cm de largeur. Les
secondes, en forme d'arc, soulignent les arcs lobés inférieurs. Elles
sont à 45 cm des fuseaux supérieurs et à 7 cm des fuseaux inférieurs.
Elles ont 2.8cm d'épaisseur et sont distantes de 9cm. Au centre
de la voussure, nous trouvons deux fuseaux inférieurs accolés au lieu
d'un et le motif en émail vert n'a plus la forme d'un arc mais d'une
équerre constituée par trois éléments disjoints : un losange encadré
par deux rectangles disposés obliquement.

Le quatrième défoncement est une restauration récente.

- 307 —
Au-desus de la porte de la Mosquée de Mançûra. nous pouvons
voir un encorbellement établi sur stalactites sculptées dans la pierre
et encadrées par deux consoles finement travaillées dont une seule
reste en place.
W. et G. Marçais (265) ont pris cet encorbellement pour un
balcon. A notre avis, c'est un auvent qui ne fait pas partie du décor
du minaret mais de celui de la porte. De tels auvents existent aux
portes des Mosquées de Sayyidi Abî Madyan et de Sayyidî'l-H'alwî.
L'architecture mérinide nous en offre d'autres exemples au Maroc,
notamment au Djâmi' Zhar à Fès (266) où l'entrée principale est
surmontée d'un auvent soutenu par un encorbellement à stalactites
sculptées dans la pierre et à l'ancienne médersa d'Abû 'Inàn (fan-
douk Aksour) à Salé (267).

Les organes de support des stalactites de Mançûra ont disparu.


W. et G. Marçais affirment que c'étaient des colonnes supportant
des chapiteaux. N'étaient-ce pas plutôt, comme au Djàmi'Zhar. des
consoles reposant sur des colonnes et des chapiteaux ?
Supports et stalactites déterminent des panneaux ayant pour
partie supérieure un arc à lambrequin à trois têtes ornés d'un décor
épigraphique et floral où l'on reconnaît le mot : « al-Yumn » (le
bonheur) sculpté en caractères coufiques.
Les stalactites sont inscrites dans un arc recticurviligne dont
les écoinçons sont meublés du mot : « al-Yumn (le bonheur) qui
se détache sur un fond de palmes.
Quant aux consoles qui encadrent les stalactites, elles présen-
tent, vues de profil, un demi-arc à lambrequin à cinq têtes surmonté
d'une partie verticale. Leurs faces latérales sont garnies de rinceaux
et de palmes au centre desquels prend place un médaillon circulaire
à huit lobes dont l'intérieur est occupé par le mot : « Allah ».

IV. - CRENELAGE DELA PLATE-FORME

La plate-forme de la tour principale des minarets décorés d'un

(265) W. et G . Marçais, op. cit., p. 218.


(266) Cf. B. Maslow, op. cil., pp. 65-66.
(267) Cf. Ch. Terrasse, Médersa.s du Maroc, pl. I I , p. 17.

- 308 —
panneau à réseau losange est entourée d'une murette (268) générale-
ment couronnée de merlons (269).
Quant aux merlons qui couronnent la plate-forme, ils sont
de deux sortes : les merlons d'angles qui ont une base en forme
d'équerre et les merlons ordinaires qui ont une base rectangulaire.
Les merlons d'angles sont toujours au nombre de quatre tandis
que le nombre des merlons ordinaires varie avec les minarets.
Nous en avons compté :
— seize au minaret de la Mosquée de Sayyidî Abî Madyan
— douze aux minarets de la Grande Mosquée de Tlemcen, des
Mosquées d'Agadir, Sayyidî'l-H'alwî, Sayyidî Lahsen, Sayyidî
M'hammed et au Minaret du Campement à Oran.
— huit aux minarets des Mosquées de Sayyidî Abï'l-H'asan
et Sayyidî Ibràhîm
— six au minaret de la Mosquée de Sayyidî Ramdan (deux
aux faces Sud et Ouest, un aux deux autres faces ).
Tous les merlons qui couronnent les tours principales des
minarets ornés d'un panneau à réseau losange sont des merlons à
redans.
Le nombre des redans est de :
— cinq, aux minarets des Mosquées d'Agadir, de la Grande
Mosquée de Tlemcen, des Mosquées de Sayyidî Abî Madyan et
Sayyidî'l-H'alwî.
— quatre, aux minarets des Mosquées de Sayyidî Abî'l-H'asan,
Sayyidî Lahsen, de Sayyidî Mhammed, de Sidi Ramdan et au Minaret
du Campement à Oran.
Au minaret de la Mosquée de Sayyidî Mhammed la partie
supérieure du merlon est pentagonale tandis que dans les autres
minarets elle a la forme d'un trapèze.

(268) La plate-forme du minaret de Mançûra s'est écroulée.


(269) La plate-forme du minaret de la grande Mosquée de Nédroma n'est pas couronnée
de merlons.

— 309 —
Notons pour terminer que les nierions des minarets des Mos-
quées de Sayyidî Abï Madyan et de Sayyidî'l-H'alwî ont leur faces
extérieures ornés d'un décor mosaïque de faïence inscrit dans un
triangle avec pour motif central une rosace.
L'ornementation de ces merlons est récente mais elle existait
sous les Mérinides puisque nous pouvons en voir des traces sur les
photographies publiées par W. et G. Marçais dans leurs « Monu-
ments arabes de Tlemcen » (270).

(270) W. et G. Marçais, op. cit., pl. XXIV et XXV.

— 310 —
CHAPITRE V

DECOR DES TOURS PRINCIPALES


DES MINARETS PARALLELEPIPEDIQUES
QUI NE SONT PAS ORNEES
D'UN PANNEAU A RESEAU LOSANGE

A l'exception du minaret de la Qal'a des Banî H'ammâd. toutes


les tours principales des minarets parallélépipédiques qui ne sont
pas ornées d'un panneau à réseau losange sont surmontées d'une
plate-forme. Aussi étudierons-nous successivement le décor de la
tour et le crénelage de la plate-forme.
I. - DECOR DELA TOUR
La tour principale du minaret de la Mosquée de Sayyidî Abî
Marwân ne présente aucun décor. Dans les autres minarets, elle est
ornée soit d'une niche, soit d'un ou plusieurs panneaux rectangu-
laires, soit d'un décor qui s'organise suivant trois registres verticaux.
1) Tour ornée d'une niche :
Une niche à fond plat en forme d'arc suhaussé décore le minaret
de la Mosquée du Vieux-Ténès.
2) Tour décorée d'un seul panneau rectangulaire :
Le minaret de la Mosquée de Tafessara présente à sa partie
inférieure et sur trois de ses faces, une arcature à dix-neuf lobes, en
relief, inscrite dans un panneau rectangulaire (fig. 222).
3) Tours meublées de deux panneaux rectangulaires superposés :
Les minarets parallélépipédiques qui ont une tour principale

— 311 —
meublée de deux panneaux superposés sont ceux des Mosquées
d'Awlâd al-Imâm, du Méchouar. de Sayyidî 'Uqba. de la Grande
Mosquée de Touggourt, de la mosquée attenant au Mausolée de
Sayyidi '1-Huwwâri, à Oran. et de la Mosquée Sûq al-Ghazal à
Constantine.
A la Mosquée d'Awlâd al-Imâm. les deux panneaux rectan-
gulaires sont plus hauts que larges (271).
Le panneau supérieur est orné de deux arcs à cinq lobes, lui-
même placé à l'intérieur d'un cadre rectangulaire garni de mosaïque
de faïence, ce qui constitue une innovation dans le décor des minarets.
D'autre part, les écoinçons des arcs sont garnis de mosaïque de faï-
ence, comme ceux du minaret de la Mosquée de Sayyidî Abî'l-
H'asan.
Le panneau inférieur est meublé d'un arc à treize lobes, à la face
Nord, et à lobes entrelacés aux faces Sud et Est. Cet arc, dont les
écoinçons sont garnis de mosaïque de faïence, s'inscrit dans un
triple cadre rectangulaire.
Au minaret du Méchouar (fig. 223). les faces Nord, Est et Ouest
sont meublées de deux panneaux rectangulaires superposés.
Le panneau supérieur est orné de deux arcatures superposées
formées de cinq arcs de plein cintre qui. en s'entrelaçant, dessinent
six petits arcs brisés. L'intérieur des arcs et leurs écoinçons sont
meublés de mosaïque de faïence. Les arcs qui occupent la partie
inférieure du panneau sont deux fois plus hauts que ceux qui les
surmontent. Une corniche meublée de petits carreaux de faïence
prend place à la base du panneau.
Le panneau inférieur est garni d'un arc à lobes entrelacés
dont les écoinçons sont tapissés de mosaïque de faïence. Il est
entouré de faiences à reflets métalliques ayant pour décor des
losanges à partie supérieure en forme d'arc à lambrequin à une tête.
C'est, à notre connaissance, la première fois que des faïences à
reflets métalliques sont utilisées dans l'ornementation des minarets.
Au minaret de Sayyidî 'Uqba (fig. 172), le panneau supérieur
est meublé de deux niches à fond plat en forme d'arc surhaussé

(271) Cf. R.Bourouiba, L'art religieux musulman en Algérie, pl. XXII, 2.

— 312 —
Fig. 222. — Tour principale du minaret de la Mosquée de Tafessara. (D'après une photographie du
ministère de l'Information et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications.)
percées de deux fenêtres de même forme surmontant cinq ajours
disposés en quinconce. Au-dessus, prend place une corniche en
tuiles demi-rondes Quant au panneau inférieur, il présente un cadre
rectangulaire plus haut que large où s'inscrit un arc de plein cintre
outrepassé qui en s'entrelaçant avec deux demi-arcs de même forme,
détermine deux arcs brisés.
A la Grande Mosquée de Touggourt (fig. 224). le panneau
supérieur est garni d'une frise de trois arcs brisés outrepassés reposant
sur des pilastres. Une frise de carreaux de céramique le sépare de la
partie inférieure qui est meublée de trois voussures semi-circulaires.
Le minaret attenant au Mausolée de Sayyidî'l-Huwwârî. qui est de
faible hauteur, présente un panneau supérieur où prennent place
trois arcs trilobés reliés au cadre par une boucle et un panneau
inférieur meublé d'un arc polylobé entouré d'un frise de carreaux
de céramique sur trois côtés.
Le minaret de la Mosquée de Sûq al-Ghazal (fig. 174) qui a une
base rectangulaire, se compose de deux parties séparées par une
corniche. La partie inférieure est très haute. Chacune de ses faces
est percée de deux étages de deux fenêtres, tantôt rectangulaires
et tantôt en forme d'arc surhaussé. La partie supérieure est de faible
hauteur. Chacune de ses faces est percée de baies rectangulaires.
4) Tours ornées de trois panneaux rectangulaires superposés
Nous trouvons trois panneaux rectangulaires superposés à la
face Sud du minaret du Méchouar. à Djàmi' Djadid, à la Mosquée
du Bey Muh'ammad al-Kabir à Oran, à la Grande Mosquée d'Alger
et à la Mosquée d'El-Khemis.

La face Sud du minaret de la Mosquée du Méchouar présente,


au-dessous des deux panneaux qui meublent les autres faces et que
nous avons décrits précédemment, un troisième panneau garni d'un
décor qui ressemble à celui du panneau inférieur du minaret de la
Mosquée de Sayyidî'l-H'alwî et du Minaret du Campement à Oran,
c'est-à-dire, deux arcs à lambrequin parallèles entre lesquels pren-
nent place des losanges à partie supérieure en forme d'arc à lam-
brequin à deux têtes ornés de fleurons à trois lobes. Mais, au minaret
de la Mosquée du Méchouar, le panneau est entouré d'un cadre
formé de carreaux de faïence à reflets métalliques dont les uns
portent le même décor que ceux du second panneau, et les autres,
deux inscriptions.

_ 314 —
Fig. 223. — Minaret de la Mosquée du
Mechouar.

Fig. 224. — Minaret de la Grande


Mosquée de Touggourt. (D'après A.
Chehbi.)
La première est : « al-yumn wa'l-Iqbal » (le Bonheur et le
Succès).
Elle se rencontre également dans un décor peint sur enduit,
actuellement exposé au Musée de Tlemcen, et provenant d'une
maison de la ville, sur la couronne en cuivre ciselé provenant de la
Grande Mosquée de Tlemcen. sur le vase de l'Alhambra et sur un
bracelet que nous avons trouvé en septembre 1967, en fouillant la
partie Ouest de la salle de prière de la Mosquée de la Qal'a des Banî
H'ammâd (272).
La seconde inscription est une invocation. En voici la traduc-
tion :
« O ma confiance, ô mon espérance, c'est Toi le Protecteur.
Scelle mes actions par le bien ! »
Cette invocation décore également l'intérieur du porche de la
Mosquée de Sayyidî Abî Madyan (273).
A Djamf Djadid (fig. 167), le panneau supérieur est revêtu de
carreaux de céramique et le panneau médian de deux cadres rectangu-
laires. Le premier est meublé de carreaux de céramique. Dans le
second s'inscrit une horloge circulaire reliée aux côtés supérieur et
inférieur du cadre par une boucle, tandis que les écoinçons sont
tapissés de carreaux de céramique. Quant au panneau inférieur,
il présente un défoncement rectangulaire orné d'une ellipse garnie
de carreaux de céramique et entourée d'un cadre rectangulaire sans
décor.
A la Mosquée du Bey Muh'ammad al-Kabir à Oran, les trois
panneaux rectangulaires sont séparés par une corniche. Le panneau
supérieur est garni de trois arcs à cinq lobes reliés au cadre par une
boucle. Le panneau médian est tantôt meublé de deux arcs recti-
curvilignes avec, en leur milieu, un claustrum carré, et tantôt de deux
arcs recticurvilignes en forme de quille. Quant au panneau supérieur,
il est occupé par deux arcs à douze lobes (fïg. 226).

(272) Cf. R. Bourouiba, Note sur des bijoux trouvés à la Qal'a des Banî H'ammân, Bul-
letin Archéologie Algérienne, T. III, p. 355-356.
(273) Cf. R. Bourouiba, L'Art religieux musulman en Algérie, p. !63.

— 316 —
Au minaret de la Grande Mosquée d'Alger (fïg. 75), le registre
supérieur, plus large que haut, est compris entre deux corniches.
Il est meublé de trois petits panneaux rectangulaires ornés de car-
reaux de céramique disposés en damier. Le second registre, plus
haut que large, est décoré de trois arcs à sept lobes dont l'un, l'arc
médian, est percé en son milieu d'une petite niche à partie supérieure
en forme d'arc de plein cintre outrepassé inscrite dans un cadre en
forme de T renversé. Quant au panneau inférieur, il présente trois
panneaux carrés garnis de carreaux de céramique semblables à ceux
du panneau supérieur.
Au minaret d'El-Khemis, seul le panneau central est décoré de
deux arcatures géminées (274).
5) Tour décorée de quatre panneaux superposés :
Le minaret de la Mosquée de Sayyidî 'Abd al-Rah'man est orné
de quatre panneaux rectangulaires superposés. Les trois panneaux
supérieurs présentent le même décor : trois arcs en accolade sup-
portés par quatre colonnes, surmontés d'un large bandeau de car-
reaux de céramique et d'une corniche. Ils ornent toutes les faces. Le
panneau inférieur ne se voit que sur une seule face. Il est meublé
de trois niches à fond plat, en fer à cheval brisé, surmontées d'un
bandeau de carreaux de céramique semblable à celui qui décore les
trois panneaux supérieurs (fïg : 225).
6) Tour dont le décor s'organise suivant trois registres verticaux :
La Mosquée de la Qal'a des Banî H'ammad possède un minaret
unique dans le monde musulman. En effet, d'une part, il n'est
décoré que sur sa face Sud, c'est-à-dire celle qui fait face au mihrab,
et, d'autre part, son ornementation s'organise suivant trois registres
verticaux (fïg. 227).
Le registre central comporte de bas en haut :
- une porte rectangulaire de 2,70m de hauteur et de 1,40m de
largeur surmontée d'une poutre en genévrier de 25 cm de diamètre
formant linteau et d'une arcature de plein cintre appareillée en
briques disposées sur champ qui devait reposer sur des colonnes

(274) Cf. A. Bel, op. cit., p. 512.

— 317 —
engagées aujourd'hui disparues. Au-dessus de cette arcature et. la
masquant en partie, est scellée une table de pierre sculptée de 94cm
de large et de 42cm de hauteur comportant un panneau rectangulaire
central meublé de rinceaux, de palmes et de fleurons à trois lobes,
et deux cadres rectangulaires. Le cadre intérieur est étroit et garni
d'un grainetis tandis que, dans le cadre extérieur, plus large, prend
place un décor végétal semblable à celui du panneau central (fig 228).
— un arc aveugle quintilobé qui reposait sur deux colonnes
engagées.
— une baie en anse de panier qui, autrefois, était de plein cin-
tre. Cette baie est surmontée d'un arc recticurviligne.
— une fenêtre de plein cintre de 3,10m de haut et de 1,55m de
large qui, selon A. Lézine (275), était une baie rectangulaire surmon-
tée d'un tympan plein avec un meneau central qui supportait deux
tronçons d'arc en forme de V à branches curvilignes.
— une fenêtre rectangulaire de 2,27m de hauteur et 1,55m de
largeur surmontée d'un tympan semi-circulaire reposant sur deux
colonnettes. Le tympan était décoré de deux tronçons d'arc, de même
forme que les précédents. Les écoinçons des arcs étaient meublés
de mosaïque de faïence.
— un défoncement en forme d'arc à courbure continue très
proche du plein cintre, à l'intérieur duquel on voit les traces de deux
tronçons d'arcs semblables aux précédents. Cet arc s'inscrit à l'in-
térieur de deux autres arcs concentriques dont le plus grand détermi-
ne, avec les arcs des registres latéraux, une triple arcature composée
d'un grand arc de plein cintre encadré par deux petits arcs de même
forme.
Quant aux registres latéraux, ils sont ornés d'un même décor
qui comprend de bas en haut :
— une niche à fond semi-cylindrique dont la base se trouve
à une vingtaine de centimètres au-dessus de celle de la seconde
ouverture du registre central. Elle a 5m de haut et 60 cm de largeur

(275) A. Lézine, Le minaret de la Qal'a des Béni Hammad, Bulletin d'Archéologie


Algéti«"if - 1 _TT. no. 261-270...

— 318 —
Fig. 226. — Minaret de la Mosquée du
Bey Muh'ammad al-Kabir à Oran. (Photo •
mhiras.)

Banî H'ammâd.
Fig. 228. — Décor de la table de pierre Fig. 229. — Cul-de-four en coquille qui
sculptée du minaret de la Qal'a des Banî coiffe les niches du minaret de la Qal'a des
H'ammâd. (D'après G. Marçais.) Banî Hammâd. (D'après G. Marçais.)

m^^^m m^^m HH^^IH

Fig. 230. — Briques entaillées de vert, qui décoraient Fig. 231. — Céramique
les niches à fond plat du minaret de la Qal'a des Banî ornant les niches à fond plat du
H'ammâd. (D'après G. Marçais.) minaret de la Qal'a des Banî
H'ammâd. (D'après G. Marçais.)
i n t é r i e u r e et était coiffée d'un cul-de-four en coquille comptant
quatre cannelures semi-circulaires et quinze cannelures en forme
d"arc brisé (fig. 229).

— une niche à fond plat en forme d'arc s u r h a u s s é de 2,90m de


hauteur et 0,70m de largeur o r n é e de briques émaillées de vert (fig.
230).

— une seconde niche à fond plat de m ê m e forme que la p r é c é -


dente ayant 1,15m de haut et 0.75m de large, d é c o r é e d ' é l é m e n t s
de c é r a m i q u e en forme de croix (fig. 231).

Ainsi se p r é s e n t e actuellement le minaret de la Qal'a des Banî


H ' a m m â d . Comme sa partie s u p é r i e u r e s'est effondrée, nous sommes
a m e n é s à nous demander si, à l ' é p o q u e h ' a m m â d i d e . il se composait
de trois tours comme les minarets des Grandes M o s q u é e s de
K a i r o u a n (fig. 166) et de Sfax (fig. 232) qui l'ont p r é c é d é ou si
c'était un minaret à deux tours comme le seront les minarets almo-
hades, zayyanides et m é r i n i d e s .

En comparant les dimensions du minaret de la M o s q u é e de La


Qal'a des Banî H ' a m m â d et celles des tours principales des minarets
de K a i r o u a n , Sfax et de la K u t u b i y y a de M a r r a k e c h qui est le plus
ancien minaret m a g h r i b i n à deux tours, nous nous sommes rendu
compte que, m ê m e d é c o u r o n n é e , la tour de la Qal'a des Banî H ' a m -
m â d avait des p r o p o r t i o n s plus proches de celle de la K u t u b i y y a que
des tours principales de K a i r o u a n et de Sfax.

Si nous ajoutons à cela que le minaret h'ammadite est paral-


l é l é p i p é d i q u e comme celui de la K u t u b i y y a . alors que les minarets de
K a i r o u a n et de Sfax ont la forme d ' u n tronc de pyramide, nous
pouvons conclure sans t r o p grand risque d'erreur que le minaret
de la M o s q u é e de la Qal'a des Banî H ' a m m â d annonce celui de la
K u t u b i y y a et que c'est le plus ancien minaret p a r a l l é l é p i p é d i q u e à
deux tours qui ait été édifié au M a g h r i b .

II.- CRENELAGE DE LA PLATE-FORME

En ce q u i concerne la plate-forme q u i surmonte la t o u r p r i n -


cipale, deux minarets ont retenu notre attention : ceux des M o s q u é e s
d ' A w l â d a l - I m â m et de S û q al-Ghazal.

Le premier minaret a une plate-forme d é c o r é e e x t é r i e u r e m e n t


et sur ses quatre faces, de deux demi-colonnes dont le fût mesure

— 322 —
12 cm de diamètre et la base, 12 cm de longueur, 10 cm de largeur et
6 cm de hauteur.
La plate-forme du second minaret fait saillie par rapport à la
tour principale et repose sur des consoles. D'autre part, la partie
supérieure de la murette qui l'entoure présente des ajours en forme
de losanges et n'est pas surmontée de merlons.
Les autres plates-formes ne présentent aucun décor en dehors
des merlons qui les couronnent.
Quant aux merlons, ils diffèrent à la fois par le nombre, la
forme et les dimensions.
Pour ce qui est du nombre des merlons, nous avons remarqué
que le minaret de la Mosquée d'Awlâd al-Imâm n'avait que quatre
merlons d'angles dont la face extérieure est décorée d'un défonce-
ment rectangulaire de 23 cm de large et de 20 cm de hauteur.
Les autres minarets ont, outre les quatre merlons d'angles;
— vingt merlons, au minaret de la Grande Mosquée d'Alger
— seize merlons, à Djâmi' Djadid
— douze merlons, aux minarets des Mosquées du Méchouar
et de Sayyidi 'abd a 1-Rah'man
— quatre merlons, aux minarets de la Grande Mosquée de
Tafessara (276), à la Mosquée attenant au Mausolée de Sayyidî'l-
Huwwârî à Oran et à la Mosquée du Bey Muh'ammad al-Kabir
à Oran.
En ce qui concerne la forme, nous rencontrons des merlons :
— à cinq redans aux minarets des Mosquées du Méchouar
et de la Mosquée du Bey Muh'ammad al-Kabir à Oran.
à six redans au minaret de la Mosquée de Tafessara (fig.
232).
— en forme d'arc surhaussé au minaret de la Mosquée de
Sayyidi 'Uqba.

(276) Cf. Les Mosquées en Algérie, Collection Art et Culture, p. 85.

323 —
Fig. 232. — Minaret de la Grande Mosquée de Sfax. (D'après G. Marçais.)

Fig. 233. — Merlon d'angle à redans du minaret de la Mosquée de Tafessara. (Photo du


ministère de l'Information et de la Culture. Sous Direction de la Documentation et des Publi-
cations.)
Fig. 236. — Couronne de l'épi de faîtage du minaret de la Grande Mosquée de Tlemcen.
une photographie du ministère de l'Information et de la Culture. Sous-Direction de la
tation et des Publications.)
1) Forme de l'arc qui supporte le réseau losange :
L'arc soutenant le réseau losange du lanternon est :
— un arc à neuf lobes au lanternon de la Mosquée d'Agadir, de
la Grande Mosquée de Tlemcen, dans deux faces du Minaret du
Campement à Oran. Dans les deux premiers minarets, un arc de
plein cintre outrepassé s'inscrit dans l'arc lobé.
- un arc à lambrequin à une tête dont l'intérieur est tapissé de
mosaïque de faïence, aux faces Nord et Sud du minaret de la Mosquée
de SayyidïAbî Madyan et au minaret de la Mosquée de Sayyidî'l-
H'alwî.
— un arc à lambrequin à deux têtes aux faces Est et Ouest du
minaret de la Mosquée de Sayyidî Abî Madyan, dans deux faces
du Minaret du Campement à Oran et au minaret de la Mosquée de
Sayyidî'Lahsen
2) Nombre des losanges composant le réseau losange :
Nous trouvons :
— une seule rangée composée d'un losange et de deux demi-
losanges aux minarets d'Agadir, de la Grande Mosquée de Tlemcen
et de la Mosquée de Sayyidî Lahsen.
— une rangée de deux losanges au minaret du Campement à
Oran.
— trois rangées de deux losanges aux minarets des Mosquées
de Sayyidî Abî Madyan et Sayyidî'l-H'alwî.

3) Forme des losanges :

Les losanges ont une partie supérieure en forme :

— d'arc trilobé à la Mosquée de Sayyidî Lahsen et dans deux


faces du Minaret du Campement à Oran

— d'arc à cinq lobes à la Mosquée d'Agadir et à la Grande


Mosquée de Tlemcen.

— d'arc à lambrequin à une tête aux faces Nord et Sud du


lanternon des Mosquées de Sayyidî Abî Madyan et de Sayyidî'l-
H'alwî.

— 328 —
— d'arc à lambrequin à deux têtes aux faces Est et Ouest du
minaret de Sayyidî Abî Madyan, dans deux faces du Minaret du
Campement à Oran et au minaret de la Mosquée de Sayyidî Lahsen.
4) Décor des losanges :
L'intérieur des losanges qui meublent les lanternons des
Mosquées de Sayyidî Abî Madyan et Sayyidî'l-H'alwî est décoré de
mosaïque de faïence.
5) Décor de la bordure du cadre du lanfernon :
Dans certains minarets, le cadre du lanternon est garni d'une
bordure de mosaïque de faïence qui s'arrête à la retombée de l'arc
qui supporte le réseau losange. Cette bordure occupe le tiers de la
largeur du cadre à Agadir et à la Grande Mosquée de Tlemcen, et
toute la largeur du cadre aux Mosquées de Sayyidî Abî Madyan
et Sayyidî 1-H'alwî. Dans le premier minaret, elle est ornée de cercles
bruns se détachant sur fond blanc. Dans le second, elle est meublée
de deux rangées de carrés à huit pointes bruns se détachant sur fond
blanc. Dans les deux derniers, elle est garnie d'une frise de rosaces
à douze branches.

6) Merlons :
La corniche qui occupe la partie supérieure du lanternon n'est
surmontée de merlons qu'au Minaret du Campement à Oran. Dans
cet édifice, nous trouvons huit merlons à redans : quatre merlons
d'angles et quatre merlons ordinaires.
7) L a coopolette et Pépi de faîtage :
Tous les lanternons sont surmontés d'une eoupolette générale-
ment hémisphérique et d'un épi de faîtage dont la structure varie
avec les minarets.
A Agadir, on ne voit plus qu'une tige métallique. A la Grande
Mosquée de Tlemcen, il se composait d'une tige métallique, d'une
couronne et des deux boules en cuivre. La couronne est exposée au
Musée des Antiquités à Alger (fig. 236). Elle est décorée de l'inscri-
ption « al-Yumn wa'l-ïqbal » (Le bonheur et le Succès) dont nous
avons parié précédemment à propos du minaret du Méchouar. Aux
Mosquées de Sayyidî Abî Madyan et Sayyidfl-H'alwî, l'épi de
faîtage est composé d'une tige, de trois boules et d'un croissant,
et au Minaret du Campement, d'une tige et de trois boules.

— 329 —
II. LANTERNONS PA RALLELEP1PED1QUES NON
DECORES D'UN RESEA U LOSANGE
Ces lanternons présentent généralement : un arc ou une baie,
une corniche, une coupolette et un épi de faîtage.
1) Arcs ou baies ornant le lanternon :
a) Arcs :
Nous rencontrons :
— un arc de plein cintre outrepassé surmonté d'un panneau
carré à la Mosquée de Sayyidî Ibrâhîm.
— un arc trilobé à la Mosquée d'Awlâd al-Imâm
— un arc à neuf lobes, sept lobes de plein cintre outrepassé et
et deux lobes en forme d'arc brisé encadrant le lobe central de plein
cintre, à la Mosquée de Sayyidî Abï'l-H'asan. Dans ce minaret, le
réseau losange qui surmonte l'arc a été remplacé par un décor de
mosaïque de faïence formé de losanges bruns alternant avec des
losanges blancs.
— deux arcs de plein cintre outrepassés surmontés d'un oculus
à Djâmi' Djadid.
b) Baies
Nous rencontrons :
— une baie en forme d'arc de plein cintre outrepassé aux
Grandes Mosquées de Nédroma et ainsi qu'à la Mosquée du Mé-
chouar.
— une baie en forme d'arc surhaussé à la Grande Mosquée
de Touggourt.
— une baie rectangulaire surmontée d'un panneau rectangu-
laire de carreaux de céramique à la Mosquée de Sayyidî 'Abd al-
Rah'man.
2) Bordure garnissant le lanternon :
Dans certains minarets, le cadre du lanternon est garni d'une
bordure de carreaux de céramique. Cette bordure occupe toute la
largeur du cadre à la Grande Mosquée d'Alger et. les deux tiers de sa
largeur, à Djami' Djadid.

— 330 —
3) Corniche du lanternon :
Elle est double à la Grande Mosquée de Nédroma et à Djami'
Djadid, triple à la Mosquée de Sayyidî Abd al-Rahman, simple
partout ailleurs ;
Elle est parfois surmontée de merlons. C'est ainsi que nous
pouvons voir :
— douze merlons ordinaires et quatre merlons d'angles à la
Mosquée du Méchouar et à Djami' Djadid. Dans le premier monu-
ment, les merlons présentent des redans et sont plus larges à la base
qu'au sommet. Dans le second, ils sont formés de deux trapèzes
égaux superposés, reposant sur leur petite base.
— quatre merlons ordinaires et quatre merlons d'angles, à la
Grande Mosquée d'Alger et la Mosquée du Bey Muh'ammad al-
Kabir à Oran.
4) Coupolette du lanternon :
La coupolette qui coiffe le lanternon est hémisphérique aux
Mosquées de Sayyidî Abî'l-H'asan, d'Awlâd al-Imâm, de Sayyidî
Ibrâhîm, du Méchouar, de Djâmi' Djadid ainsi qu'à la Grande
Mosquée de Touggourt, et à huit pans, à la Grande Mosquée
d'Alger ainsi qu'aux Mosquées de Sayyidî Muh'ammad al-Kabîr
à Oran et de Sayyidî 'Abd al-Rah'man.
5) Epi de faîtage :
A Sayyidî Abî'l-H'asan, l'épi de faîtage se compose d'une tige
métallique, d'une couronne, de deux boules en cuivre et d'un crois-
sant. La couronne ressemble à celle qui ornait le minaret de la Grande
Mosquée de Tlemcen mais elle est ajourée.
Dans les autres mosquées, l'épi de faîtage comprend :
— une tige métallique, seulement, aux Mosquées d'Awlâd
al-Imâm, du Méchouar et de Sayyidî 'Abd al-Rah'man.
— une tige, une boule et un croissant à la Grande Mosquée
de Touggourt.
— une tige, trois boules et un croissant aux Mosquées de
Sayyidî Abî Madyan, de Sayyidî'l-H'alwî, du Bey Muh'ammad
al-Kabir à Oran et à Djâmi' Djadid.

— 331
III. - LANTERNONS NON PARALLELEPIPEDIQUES
Deux minarets à tours principales parallélépipédiques ont des
lanternons non parallélépipédiques. Ce sont les minarets des Mos-
quées de Sayyidï 'Uqba et de Sûq al-Ghazal.
Le premier se compose d'un cylindre surmonté d'un cône. Son
épi de faîtage est constitué par une tige, une boule et un croissant.
Le second se compose d'une tour cylindrique, d'une plate-
forme ajourée à sa partie supérieure, d'une seconde partie cylin-
drique de diamètre plus faible que la première, surmontée d'un
cône.

— 332 —
CHAPITRE VII

DECOR DES MINARETS A BASE OCTOGONALE


ET DES MINARETS CYLINDRIQUES
I . - MINARETS A BASE OCTOGONALE
1) Décor des tours principales :
La tour principale du minaret de la Mosquée de Sayyidî'l-
Akhd'ar (fig. 199) est composée de deux parties séparées par une
corniche. La partie inférieure est meublée de huit arcs de plein
cintre outrepassés. La partie supérieure, de plus faible hauteur,
est surmontée de seize consoles supportant la plate-forme qui n'est
pas couronnée de merlons.
La tour principale de la Mosquée du Pacha à Oran comprend,
elle aussi, deux parties séparées par une corniche. La partie in-
férieure est meublée de deux arcs à lobes entrelacés superposés
surmontés d'une frise de carreaux de céramique (fig. 237). La partie
supérieure présente, elle aussi, deux étages d'arcs à lobes entrelacés
mais elle est moins large que la précédente. Elle est couronnée par
une corniche sur laquelle repose une balustrade en fer forgé.
Les tours principales de la Mosquée extérieure de la Kasba et de
la Mosquée Ali Khodja ont leur partie supérieure ornée de carreaux
de céramique et sont couronnés de huit merlons d'angles présentant
deux lobes superposés.
La tour principale de Djâmi' Çafar (fig. 198) n'est décorée que
par une corniche formée de tuiles s'emboîtant les unes dans les
autres et huit merlons d'angles de même forme que les précédents.

— 333 —
Fig. 238. — Lanternon du minaret de la Mosquée du Pacha à
Oran. (Photo : M. Mhiras.)
2) Décor des lanternons :
Le lanternon du minaret de Sayyidî'l-Akhd'ar a une base
octogonale. Il est orné d'une corniche, de huit merlons d'angles
affectant la forme de bulbes, d'une coupolette surmontée d'un épi
de faîtage formé de deux boules, d'une longue tige et d'un croissant.
A la Grande Mosquée d'Oran, le lanternon, de base octogonale,
présente huit faces garnies de carreaux de céramique (fig. 238), une
corniche, une coupolette à huit pans et un épi de faîtage composé
d'une tige et de trois boules.
Le minaret de la Mosquée extérieure de la Kasba n'a pas de
lanternon. Celui de la Mosquée Ali Khodja est formé d'une partie
inférieure octogonale décorée de carreaux de céramique et d'une
partie supérieure conique coiffée d'un épi de faîtage composé de trois
boules en cuivre.
Le lanternon de Djâmi' Çafar a une partie inférieure cylindrique
et une partie supérieure conique.
II. - DECOR DES MINARETS CYLINDRIQUES
1 ) Décor des tours principales :
La tour principale du minaret de la Mosquée de Çalah Bey
(fig. 201) est décorée à sa partie supérieure de moulures circulaires
dont le diamètre, d'abord égal à celui de la tour, croît et atteint le
diamètre de la plate-forme qui déborde largement de chaque côté de la
tour principale.
La tour principale du minaret de la Mosquée de Sayyidî'l-
Kattani (fig. 200) présente, à sa partie supérieure, un encorbellement
meublé de denticules triangulaires et un frise d'arcs de plein cintre
qui supporte une plate-forme dont la murette est ajourée.
2) Décor des lanternons :
A la Mosquée de Salah Bey, le lanternon comprend de bas en
haut : une partie cylindrique, une corniche de même forme, un tronc
de cône surmonté d'un bulbe et un épi de faîtage orné de trois boules
et d'un croissant.
A la Mosquée de Sayyidî'l-Kattani, la partie cylindrique du
lanternon est coiffée d'un tronc de cône surmonté d'un petit tronc
de cône et s'achève par un bulbe allongé.
CONCLUSION

Les nombreuses mosquées qui ont été édifiées dans notre


pays aux différentes époques de son histoire présentent des plans
d'une grande diversité. Leurs salles de prière carrées, rectangulaires
ou de forme irrégulière ont des nefs perpendiculaires au mur du
mihrab, parallèles au mur du mihrab ou à la fois perpendiculaires et
parallèles au mur du mihrab. Certaines d'entre elles, édifiées à
l'époque ottomane se remarquent par leur grande coupole centrale.
Leurs cours, généralement disposées dans l'axe du mihrab sont
carrées, rectangulaires ou de forme irrégulière. Celles des Grandes
Mosquées de Nédroma, d'Alger et de Tlemcen à l'époque almoraride
dont les galeries latérales comptent trois nefs, sont uniques dans
le monde musulman.
L'Algérie se distingue aussi des autres pays musulmans par la
richesse des organes de support de ses mosquées. Nous y trouvons
à la fois des mosquées à piliers, des mosquées à colonnes et des
mosquées où piliers et colonnes sont harmonieusement associés.
Nos architectes ont utilisé des piliers carrés, en forme de Tou d'équer-
re, octogonaux, et des colonnes qu'ils ont employées soit isolément
soit groupées par deux, par trois ou par quatre. Notre pays, fidèle
au souvenir du Prophète et de la mosquée qu'il bâtit à Médine, est
un des rares pays musulmans où des troncs de palmiers ont été
utilisés en guise de colonnes dans une mosquée : la Mosquée de
Sayyidi 'Uqba.
Les fûts de colonnes sont d'une grande diversité puisqu'à côté
des fûts cylindriques, nous trouvons des fûts galbés, tronconiques,
cannelés, octogonaux, pentagonaux, torsadés, à partie inférieure
octogonale et à partie supérieure cannelée et des fûts d'une extrême

— 337 —
originalité comme ceux qui ornent le mihrab de Djami' Djadid et la
façade de la Mosquée Ketchaoua.

Certaines bases de colonnes sont composées uniquement


d'éléments circulaires. D'autres comportent un socle carré surmonté
d'éléments circulaires ou octogonaux. Quelques-unes d'entre elles
ne sont formées que d'éléments octogonaux.

Si les chapiteaux à une ou deux rangées de feuilles d'acanthe


de la Mosquée de Sayyidî Abî Marwân, les chapiteaux à volutes
latérales de la Qal'a des Banî H ' a m m â d et de la Grande Mosquée
de Constantine et les chapiteaux de type composite de la Grande
Mosquée de Tlemcen imitent les chapiteaux antiques, nous assistons,
à partir de l'époque almohade à la naissance de chapiteaux spécifique-
ment musulmans comme ceux des Mosquées de Sayyidî Abî'l-
H'asan, Sayyidî'l-H'alwî et de Mançûra qui présentent une partie
supérieure parallélépipédique dont le décor s'organise autour d'un
bandeau ou d'une palmette, et une partie inférieure ornée d'un
méandre.

Les chapiteaux qui ornent les mihrabs des Mosquées de Say-


yidî Abî Madyan et Sayyidî'l-H'alwî ont conservé les disques
d'angles et le quart de rond du chapiteau composite mais les ont ornés
d'un décor d'une finesse d'exécution remarquable où se mêlent
harmonieusement la flore, la géométrie et l'épigraphie. En outre,
leur partie inférieure, cylindrique, est garnie d'un méandre.

Sans égaler les précédents, les chapiteaux d'époque turque


offrent tout de même, un grand intérêt. Nous rencontrons des
chapiteaux à volutes latérales de type h'ammadite souvent ornés
de feuilles à trois lobes, de croissants ou d'une couronne de feuille
d'acanthe parfois surmontée de cannelures, des chapiteaux bulbeux
comme ceux qui décorent la Mosquée Ketchaoua, le portique
extérieur de la Grande Mosquée d'Alger et la dakka de la Mosquée
de Sayyidî'l-Akhd'ar.

Dans le domaine des arcs, l'apport de l'Algérie n'a pas été


négligeable. Nos mosquées nous offrent une riche collection d'arcs :
arcs de plein cintre, de plein cintre outrepassé, surbaissés, surhaus-
sés, brisés, iraniens, recticurvilignes, festonnés, lobés et à lambre-
quin.

— 338 —
Les éléments intermédiaires entre les chapiteaux et les arcs les
plus remarquables sont le motif serpentiforme qui donne à l'arc
lobé une silhouette si élégante, les impostes à décor épigraphique
de la Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan et les sommiers qui surmon-
tent les chapiteaux du mihrab de la Mosquée de Sayyidî Abî Madyan,
purs chefs-d'œuvre de la sculpture sur marbre.
Nous trouvons en Algérie des mihrabs à niche curviligne ou
polygonale.

Les premiers sont coiffés d'un cul-de-four orné de cannelures,


d'entrelacs Ou de panneaux rayonnant de la base. Au-dessous,
prennent place une corniche généralement garnie d'une inscription,
une frise florale ou une canneleure et un bandeau torsadé. La partie
inférieure est décorée d'arcatures, de carreaux de céramique, de
briques émaillées ou de bandeaux épigraphiques.

En ce qui concerne les seconds, l'Algérie a vu naître, à la Grande


Mosquée de Tlemcen, le premier mihrab à niche hexagonale qui
servira de modèle aux Almohades et à leurs successeurs. Elle a aussi
le privilège de posséder une riche collection de coupolettes de mih-
rabs : coupolettes à huit pans, coupolette à cannelures utilisée pour la
première fois dans l'art musulman à la Grande Mosquée de Tlemcen,
coupolettes à stalactites sur plan octogonal ou hexagonal qui présen-
tent l'originalité d'être entourées d'une corniche meublée d'un
décor épigraphique.

Les panneaux rectangulaires qui prennent place au-dessous des


coupolettes sont souvent décorés avec beaucoup de goût. Les plus
beaux sont, sans contredit, ceux du mihrab de la Mosquée de Say-
yidî Abî'l-H'asan où les éléments architecturaux, floraux et épigra-
phiques voisinent en parfaite harmonie.

Le décor des cadres des mihrabs d'Algérie s'organise autour


d'un arc d'ouverture qui peut être de plein cintre, de plein cintre
outrepassé, brisé ou à lobes entrelacés. La voussure qui entoure cet
arc est comprise entre deux arcs concentriques ou excentriques et
comprend une ou plusieurs bordures d'une infinie variété : bordures
à claveaux, bordures festonnées, bordures ornées d'une frise de
copeaux, d'un arc en coquille, d'arcs entrelacés, de moulures, d'un
décor géométrique, floral ou épigraphique.

— 339 —
Les écoinçons compris entre la voussure et la bordure rectangu-
gaire présentent souvent un décor remarquable par sa finesse,
notamment à la Grande Mosquée de Tlemcen et à la Mosquée de
Sayyidî Abî' 1-H'asan.
Les bordures rectangulaires ne manquent pas d'attrait. A côté
des bordures où se déroulent d'élégantes inscriptions cursives, des
bordures occupées par de majestueuses inscriptions coufiques, nous
rencontrons quelques bordures ornées de motifs géométriques,
floraux, architecturaux ou de carreaux de céramique.

La partie supérieure du cadre du mihrab revêt la forme d'un


arc surhaussé dans trois mosquées de Constantine et d'un rectangle,
partout ailleurs. Là encore, est mise en lumière, l'infinie adresse des
artisans qui ont sculpté le tympan du mihrab de la Mosquée de
Sayyidî'l-Kattânî, la frise d'acanthe et les arcs trilobés de la Grande
Mosquée de Tlemcen et les claustra de la Mosquée de Sayyidî
Abî'l-H'asan qui font l'admiration de tous les visiteurs.

La partie inférieure du cadre du mihrab n'est décorée que dans


trois mosquées de Tlemcen Des panneaux placés à gauche et à
droite du mihrab la garnissent et montrent à quel degré de perfection
étaient parvenus les sculpteurs sur plâtre tlemcéniens.

Si les coupoles qui ornaient la Mosquée de Sayyidî Abî Marwân


ont disparu, i l nous reste fort heureusement, la coupole qui précède le
mihrab de la Grande Mosquée de Tlemcen, la première coupole
nervée ajourée du monde musulman, célèbre aussi par sa lanterne
ornée de stalactites et l'inscription cursive qui se déroule à sa base,
premier exemple de l'emploi du cursif dans le décor des mosquées.
Nous possédons également la coupole à décor floral de la Mosquée
de Sayyidî Abî Madyan, la majestueuse coupole de Djâmi' Djadid,
la plus haute coupole d'Algérie, les coupoles et coupolettes de la
Mosquée A l i Bitchnin et de la Mosquée du Pacha à Oran qui évo-
quent celles des mosquées d'Istanbul, les coupoles des Mosquées
de Sayyidî'l-Kattâni et de Sayyidî'l-Akhd'ar, au décor si original.

La zone de transition entre le tambour de base et la coupole est


meublée d'éléments architecturaux extrêmement variés : trompes à
voussures, à stalactites, en coquille, en demi-voute d'arêtes ou pen-
dentifs.

— 340 —
Les plafonds des mosquées d'Algérie sont en bois ou en plâtre.
Tous témoignent de l'extrême ingéniosité des artistes qui les ont
sculptés.
L'Algérie a le rare privilège de posséder, à la fois, des minarets
quadrangulaires, prismatiques et cylindriques.
Les premiers sont les plus nombreux. A l'exception du minaret
de Mançûra qui possédait une rampe tournant autour d'un noyau
central creux formé de salles superposées, ce sont des minarets à
escalier et à noyau central plein.
Tous sont composés d'une tour principale et d'un lanternon.
En ce qui concerne le décor de leur tour principale, certains sont
ornés d'un grand panneau à réseau losange dont la composition
varie d'un minaret à l'autre et parfois d'une face à l'autre. Au-dessus
du réseau losange prend place un panneau rectangulaire meublé
d'arcs de diverses formes, et, au-dessous, un ou deux panneaux
rectangulaires. Le minaret de Mançûra est le seul minaret du monde
musulman où le décor de la tour principale du minaret s'associe
harmonieusement à celui de la porte. Construit en moellons siliceux
admirablement sculptés, il est sans nul doute le plus majestueux et le
plus beau des minarets d'Algérie.
Parmi les minarets dont les tours principales ne sont pas déco-
rées d'un réseau losange, les plus remarquables sont ceux de la
Qal'a des Banî H'ammâd et du Méchouar.
Le premier est, à notre avis, le plus ancien minaret parallélépi-
pédique maghribin à deux tours. Il présente l'originalité d'avoir
son décor réparti suivant trois registres verticaux et d'être décoré
de baies superposées, de niches à fond semi-cylindrique surmontées
de niche en coquille et de niche à fond plat décorées de briques
vernissées et de céramique.
Le second se distingue par ses deux étages d'arcs entrelacés et
ses carreaux de faïence à reflets métalliques.
Les merlons qui couronnent la plate-forme de la tour principale
sont des merlons à redans sauf dans trois mosquées d'Alger où ils
affectent la forme d'un arc recticurviligne.
Les lanternons des minarets quadrangulaires sont décorés d'un
réseau losange, d'arcs ou de baies, d'une corniche parfois couronnée

— 341 —
de merlons, d'une coupolette et d'un épi de faîtage qui, à la Grande
Mosquée de Tlemcen était orné d'une très belle couronne en cuivre
ciselé actuellement exposée au Musée des Antiquités d'Alger.
Les principaux minarets à base octogonale sont ceux de Djâmi'
Çafar, Sayyidî'l-Akhd'ar et de la Mosquée du Pacha à Oran.
Quant aux minarets cylindriques, nous les rencontrons seule
ment aux Mosquées de Salah Bey de Sayyidî'l-Kattâni.
Ainsi par les innovations qu'elle a apportées dans les plans,
les organes de support, les mihrabs, les coupoles, les plafonds et les
minarets, l'Algérie a montré que, tout en s'inspirant des monuments
d'Orient, d'Espagne et des autres pays du Maghrib, elle a contri
bué notablement à l'enrichissement de l'architecture religieuse
arabo-islamique.

— 342 —
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TERRASSE (H.), Islam d'Espagne, Librairie Pion, Paris, 1958.

— 344 —
TABLES DES FIGURES
Fig. 1. Plan de la Mosquée de Médine. (D'après Creswell.)
Fig. 2. Plan de la Mosquée de Médine. (D'après A. Fikry.)
Fig. 3. Plan de la Mosquée de Koufa. (D'après A. Fikry.)
Fig. 4. Pain de la Mosquée de Koufa. (D'après Creswell.)
Fig. 5. Mosquée de Wâsit'. (D'après A. Fikry.)
Fig. 6. Mosquée de Bagdad. (D'après K. Otto-Dorn.)
Fig. 7. Mosquée de la Qal'a des Banî H'ammâd.
Fig. 8. Mosquée de Mançûra. (D'après G: Marçais.)
Fig. 9. Mosquée de Sayyidî Abî Madyan.
Fig. 10. Mosquée de Sayyidî'l-H'alwî.
Fig. 11. Mosquée de Sayyidî Ibrahim.
Fig. 12. Grande Mosquée de Raqqa. (D'après Creswell.)
Fig. 13. Mosquée de 'Abd al-Rah'man I" à Cordoue. (D'après Creswell)
Fig. 14. Mosquée d'al-Mutawakkil à Samarra. (D'après Creswell?)
Fig. 15. Mosquée d'Abû Dulaf à Samarra. (D'après Creswell)
Fig. 16. Mosquée d'Ibn T'ûlûn au Caire. (D'après L. Golvin)
Fig. 17. Grande Mosquée de Sfax. (D'après A. Lézine.)
Fig. 18. Grande Mosquée de Nédroma .
Fig. 19. Grande Mosquée d'Alger.
Fig. 20. Grande Mosquée de Mascara. (D'après M. Mhiras.)
Fig. 21. Grande Mosquée de Damas. (D'après J. Hoag.)
Fig. 22. Mosquée al-Azhar. (D'après J. Hoag)
Fig. 23. Mosquée al-H'akim. (D'après A. Fikry)
Fig. 24. Mosquée de Sayyidî 'Uqba. (D'après A. Chehbi)
Fig. 25. Mosquée de Sayyidî Abî Marwân à Annaba.
Fig. 26. Mosquée du Vieux Ténès. (D'après G. Marçais)
Fig. 27. Grande Mosquée de Tlemcen.
Fig. 28. Grande Mosquée de Touggourt. (D'après A. Chehbi.)
Fig. 29. Mosquée de Salah Bey à Annaba. (D'après A. Chehbi.)
Fig. 30. Mosquée de Sidi Ramdan à Alger. Salle de prière.
Fig. 31. Djâmi' Çafar à Alger. (D'après R. Dokali)
Fig. 32. Mosquée du Pacha à Oran. Salle de prière. (D'après M. Mhiras.)
Fig. 33. Mosquée du Bey Muh'ammad al-Kabir à Oran (D'après M. Mhiras)
Fig. 34. Mosquée Ali Bitchnin à l'époque turque. (D'après G. Marçais)
Fig. 35. Plan hypothétique de la Mosquée Sûq al-Ghazal à l'époque turque.
Fig. 36. Mosquée de Sayyidî Muh'ammad al-Charif. Salle de prière.
Fig. 37. Mosquée de Sayyidî M'hammed à Belcourt. Salle de prière?
Fig. 38. Mosquée de Tafessara dans les Béni Snous. (D'après A. Bel)
Fig. 39. Mosquée al-'Ayn al-Bayd'â' à Mascara. (D'après M. Mhiras)

347
Fig. 40. Mosquée Awlâd al-Imâm à Tlemcen?
Fig. 41. Mosquée d'El-Khemis. (D'après A. Bel.)
Fig. 42. Mosquée des Béni Achir. (D'après A. Bel.)
Fig. 43. Mosquée Extérieure de la Kasba d'Alger. (D'après R. Dokali.)
Fig. 44. Mosquée de Sayyidî'l-Kattânî. Salle de prière.
Fig. 45. Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan à Tlemcen.
Fig. 46. Mosquée de Tléta dans les Béni Snous. (D'après A. Bel.)
Fig. 47. Mosquée Ketchaoua à l'époque turque. (D'après Ravoisié.)
Fig. 48. Mosquée Intérieure de la Kasba ou Mosquée Ali Khodja. (D'après R. Dokali.)
Fig. 49. Mosquée de Sayyidî'l-Akhd'ar à Constantine.
Fig. 50. Oratoire de la Qal'a des Banî H'ammâd.
Fig. 51. Salle de prière de la Grande Mosquée de Constantine.
Fig. 52. Djâmi' Djadîd ou Mosquée de la Pêcherie à Alger. (D'après R. Dokali.)
Fig. 53. Mosquée de Sayyidî 'Abd al-Rahman à Alger. (D'après R. Dokali.)
Fig. 54. Mosquée de Sayyidî'Abd al-Mulmin à Constantine. Salle de prière du premier étage.
Fig. 55. Grande Mosquée de Fès Djadid. (D'après B. Maslow.)
Fig. 56. Mosquée de Tinmal. (D'après G. Marçais.)
Fig. 57. Grande Mosquée de Tunis. (D'après A. Fikry.)
Fig. 58. Grande Mosquée de Kairouan. (D'après A. Lézine.)
Fig. 59. Mosquée de la Kutubiyya de Marrakech. (D'après G. Marçais.)
Fig. 60. Mosquée de H'assan à Rabat. (D'après G. Marçais?)
Fig. 61. Grande Mosquée de Cordoue. (D'après G. Marçais.)
Fig. 62. Mosquée Al-Aqça à El-Qods. (D'après Creswell.)
Fig. 63. Mosquée de la Qarawiyyin de Fès. (D'après G. Marçais.)
Fig. 64. Grande Mosquée de Sfax. (D'après G. Marçais.)
Fig. 65. Grande Mosquée de Sousse. (D'après Creswell.)
Fig. 66. Piliers des Mosquées d'Algérie.
Vig. 67. Piliers en forme de T et en équerre de la cour de la Grande Mosquée de Nédroma
(Photo du Ministère de l'Information et la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des
publications.)
Fig. 68. Piliers en T et cruciformes de la cour de la Mosquée de Sayyidî Abî Madyan. (D'après
une photographie du Ministère de l'Information et de la Culture. Sous-Direction de la Docu-
mentation et des Publications.)
Fig. 69. Colonnes groupées.
Fig. 70. Colonnes groupées par trois à la Mosquée de Sayyidî Abi Marwân. (D'après Berbrug-
ger.)
Fig. 71. Colonnes géminées de la cour de la Mosquée de Sayyidî Abî Marwân?
Fig. 72. Colonnes groupées par trois du mihrab de la Mosquée de Sayyidî 'Uqba. (Photo
du Ministère de l'Information et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Pu-
blications.)
Fig. 7 3. Colonnes de la salle de prière de la Mosquée de Sayyidî'Uqba. (Photo du Ministère de
CInformation et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publication.)
Fig. 74. Colonnes de Grande Mosquée de Constantine. (Photo du Ministère de l'Information
et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications).
Fig. 75. Fontaine et minaret de la Grande Mosquée d'Alger. (Photo du Ministère de l'Infor-
mation de la Documentation et des Publications.)
Fig. 76. Colonnes, arcs et plafonds de la Mosquée Sayyidî'l-Kattânî à Constantine. (Photo du
Ministère de l'Information et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des
Publications.)
Fig. 77. et 78. Bases de colonnes des Mosquées d'Algérie.
Fig. 79. Chapiteaux à feuilles terminées par une crosse.
Fig. 80. Evolution du chapiteau à feuilles terminées par une crosse et à volutes latérales. (D'après
A. Lézine.)
Fig. 81. Chapiteau de la Mosquée de Sayyidî Abî Marwân à quatre feuilles d'acanthes ornées
de digitations et d'oeillets.
Fig. 82. Chapiteau de Çabra-Mancûriyya. (D'après G. Marçais.)
Fig. 83. Chapiteau de la Mosquée de Sayyidî Abî Marwân orné d'un filet surmonté d'un cercle.

— 348 _
Fig. 84. Chapiteau de la Mosquée de Sayyidî Abî Marwân orné de stries verticales.
Fig. 85 .Chapiteau de la Mosquée de Sayyidî Abî Marwân à feuilles supérieures réunies à leurs
base par un filet.
Fig. 86. Chapiteau des trois colonnes groupées situées en avant du mihrab de la Mosquée de
Sayyidî Abî Marwân. Seul, le chapiteau de gauche est ziride et présente un quart de rond à
la partie supérieure.
Fig. 87. Chapiteau à partie inférieure tronconique de la Qal'a des Banî H'ammâd.
Fig. 88. Chapiteau de la Qal'a des Banî H'ammâd de type composite.
Fig. 89. Chapiteau de la Grande Mosquée de Cordoue.
Fig. 90. Chapiteau à volutes latérales du minaret de la Grande Mosquée de Constantine.
Fig. 91. Chapiteau à volutes latérales du minaret de la Mosquée de la Qal'a des Banî H'ammâd.
(D'après G. Marçais.)
Fig. 92. Chapiteau du mihrab i»; la Grande Mosquée de Tlemcen. (D'après G. Marçais.)
Fig. 93. Chapiteau à astragale torsadé de la Grande Mosquée de Tlemcen.
Fig. 94. Chapiteau du mihrab de la Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan.
Fig. 95. Chapiteau à droite du mihrab de la Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan.
Fig. 96. Chapiteau de la salle de prière de la Mosquée de Sayyidî'l H'alwî.
Fig. 97. Chapiteau de Mançûra conservé au Musée de Tlemcen.
Fig. 98. Chapiteau du mihrab de la Mosquée de Sayyidî Abî Marwân.
Fig. 99. Chapiteau du mihrab de la Mosquée de Sayyidî'l-H'alwî.
Fig. 100. Chapiteaux turcs des mosquées d'Algérie.
Fig. 101. Chapiteaux turcs des mosquées d'Algérie.
Fig. 102. Chapiteau du mihrab de la Mosquée Sayyidî'l-Kattânî. (Photo du Ministère de l'In-
formation et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications.)
Fig. 103. Mihrab de la Mosquée de Sayyidî'1-Akhd'ar. (Photo du Ministère de l'Information
et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications.)
Fig. 104. Chapiteau de type hafside de la salle de prière de la Mosquée de Sayyidî'l-Akhd'ar.
Fig. 105. Mihrab de type hafside de la façade de la Mosquée de Sûq al-Ghazal.
Fig. 106. Chapiteau bulbeux de la dakka de la Mosquée de Sayyidî'l-Akhd'ar. (Photo du Mi-
nistère de l'Information et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications.)
Fig. 107. Mosquée Ketchaoua. (D'après Lessore et Wyld.)
Fig. 108. Colonnes et arcs de la Mosquée Sûq al-Ghazal. (Photo du Ministère de l'Informa-
tion et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications.)
Fig. 109. Arcs utilisés dans les Mosquées d'Algérie.
Fig. 110. Arcs surhaussés et base de la coupole de Djâmi' Djadid. (Photo du Ministère de l'In-
foramtion et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications.)
Fig. 111. Arcs brisés et impostes de la Mosquée du Vieux-Ténès.
Fig. 112. Arcs brisés, impostes et tirants de la Grande Mosquée de Constantine.
Fif. 113. Arcs brisés et lobés de la Grande Mosquée d'Alger. (Photo du Ministère de Flnforma-
mation et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications.)
Fig. 114. Arcs brisés de la Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan.
Fig. 115. Arcs brisés de la Mosquée de Sayyidî Abî Madyan.
Fig. 116. Arc lobé de la Grande Mosquée de Tlemcen.
Fig. 117. Passage du chapiteau à l'arc et motif serpentiforme.
Fig. 118. Sommier de la Grande Mosquée de Constantine.
Fig. 119. Sommier de la Grande Mosquée de Tlemcen. (Photo du Ministère de FInformation
et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications)
Fig. 120. Niches de mihrabs curvilignes.
Fig. 121. Salle de prière du rez-de-chaussée de la Mosquée de Sayyidî'Abd al-Mu'min. (Photo
du Ministère de VInformation et de la Culture. Sous-Direction de la Documentaï»ân et des Pu-
blications.)
Fig. 122. Mihrab extérieur de la Mosquée de Tafessara. (Photo du Ministère de TInformation
et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications.)

_ 349 —
Fig. 123. Niches de mihrab polygonales.
Fig. 124. Cul-de-four à cannelures du mihrab de la Grande Mosquée de Constantine.
Fig. 125. Cul-de-four à cannelures du mihrab de Djâmi' al-Khâççaki. (Musée de Bagdad.)
Fig. 126. Mihrab de la Mosquée al-Dazz à Monastir. (D'après S. M. Zbis.)
Fig. 127. Mihrab du Mausolée de Sitt Kalthum. (D'après Creswell.)
Fig. 128. Cul-de-four orné d'entrelacs de la Mosquée de Sûq al-Ghazal. (Photo du Ministère
de rInformation et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications.)
Fig. 129. Mihrab de Djâmi' Djadid à Alger.
Fig. 130. Mihrab de Djâmi' 'Ayn al-Bayd'â à Mascara.
Fig. 131. Niche du mihrab de la Mosquée de Sayyidî'l-Kattânî. (D'après une photographie
du Ministère de TInformation et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Pu-
blications)
Fig. 132. Mihrab de l'oratoire du Palais du Manar de la Qal'a des Banî H'ammâd.
Fig. 133. Mihrab de la Mosquée de Sûq al-Ghazal (Photo du Ministère de l'Information et de
la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications.)
Fig. 134. Inscriptions décorant l'intérieur de la niche du mihrab de l'oratoire du Palais du
Manar de la Qal'a des Banî H'ammâd.
Fig. 135. Disposition des inscriptions ornant l'intérieur de la niche du mihrab du Palais du
Manar de la Qal'a des Banî H'ammâd.
Fig. 136. Coupolette à stalactites du mihrab de la Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan.
Fig. 137. Coupolette à stalactites du mihrab de la Mosquée Awlâd al-Imâm.
Fig. 138. Coupolette à stalaclites du mihrab de la Mosquée de Sayyidî Abî Madyan.
Fig. 139. Mihrab de la Grande Mosquée de Tlemcen.
Fig. 140. Mihrab de la Mosquée du Vieux-Ténès.
Fig. 141. Décor de la voussure du mihrab de la Mosquée Awlâd al-Imâm.
Fig. 142. Mihrab de la Grande Mosquée de Cordoue.
Fig. 143. Mihrab du Palais de l'Aljaferia de Saragosse.
Fig. 144. Mihrab de la Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan. (D'après G. Marçais.)
Fig. 145. Mihrab de la Grande Mosquée de Kairouan.
Fig. 146. Mihrab de la Mosquée de Sayyidî Abi Madyan. (Photo du Ministère de l'Informa-
tion et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications.)
Fig. 147. Mihrab de la Mosquée de Sayyidî'l-Kattânî. (Photo du Ministère de l'Information
et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications)
Fig. 148. Mihrab de la Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan. Voussure, écoinçons et bordures
rectangulaires.
Fig. 149. Mihrab de la Mosquée de Tinmal. (D'après G. Marçais.)
Fig. 150. Mihrab de la Kutubiyya de Marrakech. (D'après H. Terrasse)
Fig. 151. Mihrab de la Grande Mosquée de Tlemcen. Voussure et écoinçons.
Fig. 152. Mihrab de la Mosquée d'Ibn T'ulûn au Caire. (D'après Creswell)
Fig. 153. Mihrab de la Mosquée de la Qacba de Marrakech. (D'après H. Terrasse.)
Fig. 154. Inscription commémorative du mihrab de Djâmi' Djadid.
Fig. 155. Mihrab de la Mosquée de 'Ayn al-Bayd'â à Mascara. Début J e l'inscription commé-
morative.
Fig. 156. Mihrab de la Mosquée de 'Ayn al-Bayd'â' à Mascara. Fin de l'inscription commé-
morative .
Fig. 157. Mihrab de la Grande Mosquée de Constantine.
Fig. 158. Partie supérieure du mihrab de la Grande Mosquée de Tlemcen.
Fig. 159. Mihrab de Djâmi' Djadid. (Photo du Ministère de l'Information et de la Culture. Sous-
Direction de la Documentation et des Publications)
Fig. Mihrab de la Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan.
Fig. 161. Mihrab de l'oratoire du Palais du Manar de la Qal'a des Banî H'ammâd.
Fig. 162. Panneau gauche du mihrab de l'oratoire de la Qal'a des Banî H'ammâd.
Fig. 163. Panneau droit du mihrab de l'oratoire de la Qal'a des Banî H'ammâd
Fig. 164. La Coupole du Rocher à El-Qods.

— 350 —
Fig. 165. Grande Mosquée de Damas. Coupoles et minarets.
Fig. 166. Grande Mosquée de Kairouan. Coupoles et minaret.
Fig. 167: Coupole, voûtes en berceau et minaret de Djami' Djadid.
Fig. 168. Coupoles et minaret de la Mosquée Ali Bitchnin. (Photo du Ministère de VInformation
et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications.)
Fig. 169. Coupoles et minaret de la Mosquée de Sayyidî Abî Marwân. (D'après Berbrugger.)
Fig. 170. Dôme à godrons en zigzag de la Mosquée de Sayyidî Abî Marwân. (D'après Lessore
et Wyld.)
Fig. 171. Dôme à godrons en zigzag et de la Mosquée Qarawiyyin de Fès. (D'après G. Marçais)
Fig. 172. Dôme et minaret de la Mosquée de Sayyidî 'Uqba.
Fig. 173. Dôme à huit pans de la Mosquée de Sayyidî 'Abd al-Rahman. (Photo du Ministère
de rinformation et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications)
Fig. 174. Dôme et minaret de la Mosquée de Sûq al-Ghazal. Photo du Ministère de l'Information
et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications.)
Fif. 175. Coupole en avant du mihrab de la Grande Mosquée de Cordoue. (D'après Torres
Balbas.)
Fig. 177. Coupole de la travée adjacente au mihrab de la Grande Mosquée de Cordoue.
(D'après H. Terrasse.)
Fig. 178. Coupoles sur nervures de la Mosquée de Bâb Mardûm à Tolède. (D'après G. Marçais.)
Fig. 179. Coupole sur nervures de la Grande Mosquée de Tlemcen. Vue d'ensemble.
Fig. 180. Coupole sur nervures de la Grande Mosquée de Tlemcen. Détail.
Fig. 181. Coupole sur nervures de la Grande Mosquée de Tlemcen. Détail
Fig. 182. Coupole sur nervures zayyanide de la Grande Mosquée de Tlemcen.
Fig. 183. Coupole de la Grande Mosquée de Taza. (Cliché H. Terrasse.)
Fig. 184. Coupole de la Grande Mosquée de Fès. (D'après B. Maslow.)
Fig. 185. Intérieur du porche et base de la coupole en ruche d'abeilles de la Mosquée de
Sayyî'di Abî Madyan. (Photo du Ministère de l'Information et de la Culture. Sous-Direction
de la Documentation et des Publications.)
Fig. 186. Coupole de la Mosquée Qarawiyyin de Fès. (D'après G. Marçais.)
Fig. 187. Coupole de la salle des Abencérages à l'Alhambra de Grenade. (D'après J. Hoag.)
Fig. 188. Coupole de la Mosquée de Sûq al-Ghazal. (Photo du Ministère de rinformation et
de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications.)
Fig. 189. Coupole ajourée de la Mosquée de Sayyidî Abî Madyan.
Fig. 190. Trompe en coquille de la Grande Mosquée de Kairouan. (D'après G. Marçais.)
Fig. 191. Trompe en coquille de la Mosquée de Sayyidî'l-Kattânî. (Photo du Ministère de Fin-
formation et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications.)
Fig. 192. Plafond de la Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan. (Photo du Ministère de rinformation
et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications.)
Fig. 193. Fragment du plafond de la Mosquée de Sayyidî'l-H'alwî.
Fig. 194. Plafond de la Mosquée de Sayyidî'l-Kattâni. Treillis losange. (Photo du Ministère
de rinformation et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications.)
Fig. 195. Plafond de la Mosquée de Sayyidî'l-Kattâni. Motif décoratif en forme d'étoile à six
pointes. (Photo du Ministère de l'Information et de la Culture. Sous-Direction de la Docu-
mentation et des Publications.)
Fig. 196. Plafond de la Mosquée de Sayyidî Abî Madyan dont le décor s'organise autour
d'étoiles à six pointes.
Fig. 197. Plafond de la Mosquée de Sayyidî Abî Madyan dont le décor s'organise autour
d'étoiles à huit pointes.
Fig. 198. Minaret de Djâmi'Çafar. (Photo du Ministère de l'Information et de la Culture. Sous-
Direction de la Documentation et des Publications.)
Fig. 199. Minaret de la Mosquée de Sayyidi'l-Akhd'ar. (D'après une photographie du Minis-
tère de l'Information et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publica-
tions.)
351
Fig. 200. Minaret cylindrique de la Mosquée de Sayyidî'l-Kattânî. (Photo du Ministère de Pin-
formation et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications.)
Fig. 201. Minaret de la Mosquée de Salah Bey. (D'après A. Chehbi.)
Fig. 202. Minaret de la Mosquée de la Qal'a des Banî H'ammâd.
Fig. 203. Minaret de la Mosquée de Sayyidî Abi Marwân.
Fig. 204. Minaret de la Grande Mosquée de Constantine.
Fig. 205. Plan du minaret de la Grande Mosquée de Constantine.
Fig. 206. Plan du minaret de la Mosquée de Sidi Ramdan. (D'après A. Ballu.)
Fig. 207. Minaret de la Mosquée de la Qaçba de Marrakech. (D'après G. Marçais.)
Fig. 208. Minaret de la Mosquée d'Agadir.
Fig. 209. Minaret de la Mosquée de Hassan à Rabat. (D'après G. Marçais.)
Fig. 210. Face Sud du minaret de la Grande Mosquée de Tlemcen.
Fig. 211. Minaret de la Grande Mosquée de Nédroma. (Photo du Ministère de l'Information
et de la culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications).
Fig. 212. Minaret de la Mosquée de Sayyidî Abî'l-H'asan. (Photo du Ministère de 1Information
et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications)
Fig. 213. Minaret de la Mosquée de Mançûra.
Fig. 214. Minaret de la Mosquée de Sayyidî Abî Madyan.
Fig. 215. Minaret de la Mosquée de Sayyidî Ibrahim. (D'après une photo du Ministère de Un-
formation et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications.)
Fig. 216. Minaret de la Mosquée de Sayyidî'l-H'alwî. (Photo du Ministère de TInformation
et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications.)
Fig. 217. Minaret de la Mosquée de Sidi Ramdan. (Photo C.R.A.U.).
Fig. 218. Minaret de la Mosquée de Sayyidî Lahsen, à Tlemcen.
Fig. 219. Minaret de la Mosquée de Mançûra. Panneau à réseau losange et panneau supérieur.
(Photo du Ministère de l'Information et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et
des Publications.)
Fig. 220. Minaret de la Mosquée de Mançûra. Premier panneau situé au-dessous du panneau à
réseau losange et encorbellement surmontant la porte. (Photo du Ministère de l'Information
et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications.)
Fig. 221. Porte de la Mosquée de Mançûra. (Photo du Ministère de l'Information et de la
Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications.)
Fig. 222. Tour principale du minaret de la Mosquée de Tafessara. (D'après une photographie
du Ministère de l'Information et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des
Publications?)
Fig. 223. Minaret de la Mosquée du Méchouar.
Fig. 224. Minaret de la Grande Mosquée de Touggourt. (D'après A. Chehbi)
Fig. 225. Minaret de la Mosquée de Sayyidî 'Abd al-Rah'man. (Photo du Ministère de
l'Information et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications.)
Fig. 226. Minaret de la Mosquée du Bey Muh'ammad al Kabir à Oran. (Photo M. Mhiras.)
Fig. 227. Minaret de la Mosquée de la Qal'a des Banî H'ammâd.
Fig. 228. Décor de la table de pierre sculptée du minaret de la Qal'a des Banî H'ammâd. (D'a-
près G. Marçais.)
Fig. 229. Cul-de-four en coquille qui coiffe les niches du minaret de la Qal'a des Banî H'ammâd.
(D'après G. Marçais.)
Fig. 230, Briques émaillées de vert qui décoraient les niches à fond plat du minaret de la Qal'a
des Banî H'ammâd. (D'après G. Marçais.)
Fig. 231. Céramique ornant les niches à fond plat du minaret de la Qal'a des Banî H'ammâd.
D'après G. Marçais.)
Fig. 232. Minaret de la Grande Mosquée de Sfax. (D'après G. Marçais.)
Fig. 233. Merlon d'angle à redans du minaret de la Mosquée de Tafessara. (Photo du Minis-
tère de VInformation et de la Culture. Sous-Direction de la Documentation et des Publications.)
Fig. 234. Merlon de la Grande Mosquée d'Alger.

— 352 _
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION 5
PREMIERE PARTIE. — FORMES, DIMENSIONS ET PLANS DES MOSQUEES
D'ALGERIE 9
CHAPITRE PREMIER . — FORMES ET DIMENSIONS DES MOSQUEES
D'ALGERIE 11
/. — FORMES DES MOSQUEES D'ALGERIE ...... 11
1° Les mosquées rectangulaires 12
2° Les mosquées de forme irrégulière 12
II. — DIMENSIONS DES MOSQUEES D'ALGERIE 17
CHAPITRE II. — PLANS DES MOSQUEES D'ALGERIE 23
/. — SALLES DE PRIERE DES MOSQUEES D'ALGERIE 24
1) Formes 24
a) Salles de prière rectangulaires 24
b) Salles de prière de forme irrégulière 24
2) Dimensions 30
3) Plan des salles de prière 31
a) Salles de prière à nefs perpendiculaires au mur du mihrab 31
b) Salles de prière à nefs parallèles au mur du mihrab 41
c) Salles de prière à nefs perpendiculaires et parallèles au mur du mihrab 48
d) Salles de prière à grande coupole centrale 55
//. — LA COUR DANS LES MOSQUEES D'ALGERIE 60
1) Disposition de la cour par rapport à la salle de prière 60
2) Forme de la cour 60
3) Dimensions de la cour 61
III. -LE MIT A KHKHA R ET LES MUDJA NNA BAT 61
DEUXIEME PARTIE. — ORGANES DE SUPPORT DES MOSQUEES D'ALGERIE 67
CHAPITRE PREMIER. — PILIERS ET COLONNES 69
/. — PILIERS 71
— 355 —
1) Piliers carrés 71
2) Piliers rectangulaires 71
3) Piliers en forme de T 72
4) Piliers cruciformes 72
5) Piliers de formes diverses 73
//. — COLONNES 73
1) Fûts 80
2) Bases 90
3) Chapiteaux 94
III. — PILIERS CANTONNES DE COLONNES 124
CHAPITRE II. — ARCS ET ELEMENTS INTERMEDIAIRES ENTRE CHAPITEAUX
ET ARCS 127
/. — ARCS 127
1) Arc de plein cintre 127
2) Arc surbaissé 128
3) Àrc surhaussé 128
4) Arc de plein cintre outrepassé 128
5) Arcbrisé 131
6) Arc iranien 131
7) Arc lobé 134
8) Arc à lobes trèfles 135
9) Arc recticurviligne 135
10) Arc festonné 137
11) Arc à lambrequin 137
12) Arc en anse de panier 137
//. — ELEMENTS INTERMEDIAIRES ENTRE CHAPITEAUX ET ARCS 137
TROISIEME PARTIE. — MIHRABS DES MOSQUEES D'ALGERIE 143
CHAPITRE PREMIER. — NOMBRE ET EMPLACEMENT DES MIHRABS.
MATERIAU UTILISE POUR LA CONSTRUCTION
DES MIHRABS.
FORMES ET DIMENSIONS DE LEURS NICHES |45
I. — NOMBRE DE MIHRABS 145
II. — EMPLACEMENT DES MIHRABS 146
///. — MA TERIA U UTILISE POUR LA CONSTRUCTION DES MIHRABS ... 147
IV. — FORMES ET DIMENSIONS DES NICHES 148
1) Niches curvilignes 148
2) Niches polygonales 152
CHAPITRE II. — DECOR DES NICHES DE MIHRABS 155
/. — NICHES A CUL-DE-FOUR 155
1) Partie supérieure du cul-de-four 155
2) Partie intermédiaire Igj
3) Partie inférieure , 165
II. — NICHES A COUPOLETTE 167
1) Coupolette 167

— 356 —
2) Panneaux rectangulaires 172
3) Corniche pentagonale 174
4) Partie inférieure 174

CHAPITRE III. — DECOR DES CADRES DE MIHRABS 175

/. — DECOR DE LA PAR TIE SUPERIEURE 175


1) Arc d'ouverture 175
2) Voussure 177
3) Ecoinçons 189
4) Bordures rectangulaires 192
5) Partie située au-dessus des bordures rectangulaires 207

//. — PARTIE INFERIEURE DU CADRE 213


///. — LE MIHRAB DU PALAIS DU MANAR DE LA QAL'A
DES BANIH'AMMAD 216

QUATRIEME PARTIE. — COUPOLES, PLAFONDS ET VOUTES DES MOSQUEES


D'ALGERIE ."..221
CHAPITRE PREMIER. - COUPOLES 223
I . — NOMBRE ET DISPOSITION DES COUPOLES 223
II. — STRUCTURE ET DECOR DES DOMES 229
1) Dôme proprement dit 229
2) Tambour 234

III. — STRUCTURE ET DECOR DES COUPOLES 235


1) Coupole proprement dite 235
2) Zone de transition entre le tambour de base et la coupole 248

:HAPITRE II. — PLAFONDS ET VOUTES 255


/. — PLAFONDS 255
1) Plafonds en bois 255
2) Plafonds en plâtre 256

//. — VOUTES D'ARETES 256


///. — VOUTES EN BERCEAU 261

CINQUIEME PARTIE. — MINARETS DES MOSQUEES D'ALGERIE 263

CHAPITRE PREMIER. — NOMBRE ET POSITION DES MINARETS 265

/. — NOMBRE 266

//. — POSITION DES MINARETS 266

CHAPITRE II. — FORMES ET DIMENSIONS DES MINARETS 269

/. — FORMES 2 6 9

//. — DIMENSIONS 273


CHAPITRE III. — STRUCTURE DES MINARETS 277
/. — MINARETS A NOYAU CENTRAL PLEIN 277
II.—MINARETS A NOYAU CENTRAL CREUX 285

— 357 —
CHAPITRE IV. — DECOR DES TOURS PRINCIPALES DES MINARETS
PARALLELEPIPEDIQUES ORNEES D'UN PANNEAU
A RESEAU LOSANGE 295

/. _ PANNEAU A RESEAU LOSANGE 296


//. _ PANNEAUX SITUES AU-DESSUS DU RESEAU LOSANGE 301
///. — DECOR DELA PARTIE SITUEE AU-DESSOUS DURESEAULOSANGE 302
IV. — CRENELA GE DE LA PLA TE-FORME 308

CHAPITRE V. — DECOR DES TOURS PRINCIPALES DES MINARETS


P A R A L L E L E P I P E D I Q U E S Q U I N E SONT PAS O R N E E S
D'UN PANNEAU A R E S E A U LOSANGE 311

/. — DECOR DE LA TOUR 311


I I . — CRENELAGE DE LA PLATE FORME 322
CHAPITRE VI. — DECOR DES LANTERNONS DES MINARETS
PARALLELEPIPEDIQUES 327
/. — LANTERNONS PARALLELEPIPEDIQUES ORNES
D'UN RESEAULOSONGE 327
//. — LANTERNONS PARALLELEPIPEDIQUES NON DECORES
D'UN RESEAU LOSONGE 330
///. — LANTERNONS NON PARALLELEPIPEDIQUES 332

CHAPITRE VII. — DECOR DES MINARETS A BASE OCTOGONALE


E T DES MINARETS CYLINDRIQUES 333
I . — MINARETS A BASE OCTOGONALE 333
//. — DECOR DES MINARETS CYLINDRIQUES 335
CONCLUSION 337
BIBLIOGRAPHIE 343
TABLE DES FIGURES 347
TABLE DES MATIERES 355

— 358 —
Achevé d'imprimer sur les presses
de l'Entreprise nationale des arts graphiques
Unité de Réghaïa, 1987

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