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Histoire critique de l’architecture : la dynastie des Omeyyades/-10-2010

INTRODUCTION
Dans une civilisation nouvelle, fondée sur une religion naissante, l’expression
artistique et architecturale ne se conçoit pas dans un héritage culturel à partir
duquel s’élaborent les formes d’une esthétique originale. Le premier art islamique et
tributaire de la pensée et des créations gréco-romaines.

Les grands sites antiques subsistent en majeur partie, après avoir été adapté aux
usages du christianisme. Mais outre le patrimoine antique, la principale source
d’inspiration des premières décennies de l’Islam repose sur les acquis du monde
byzantin

UN HERITAGE CONSIDERABLE :

Une véritable frénésie de bâtir avait saisi les chrétiens au lendemain des
persécutions, avec les créations qui virent le jour à Constantinople et dans l’empire
chrétien d’orient (330-630) ; on citera les églises, telles que le saint- sépulcre à
Jérusalem et la basilique saint- jean baptiste à Damas

C’est surtout au VI siècle, que l’architecture byzantine atteint un extraordinaire


apogée, dont saint- Sophie, cette superbe église exprime le génie des byzantins dans
la perfection de l’art
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Le thème du plan central, adopté dans les créations ayant fonction de martyrium,
est illustré par des constructions rondes et octogonales ; cette formule qui dérive
des mausolées romains, se perpétuent dans l’art islamique avec le dôme du rocher
et dans les édifices funéraires

L’héritage byzantin est perceptible également dans la modénature et le décor, dont


l’art omeyyade fera un usage admirable tant à Jérusalem qu’à Damas ; ces influences
ne s’expliquent pas seulement par la perpétuation des formes et des techniques,
mais aussi par le fait que les musulmans ont ménagé les églises comme lieu de prière
avant d’édifier leurs mosquées, où une familiarisation avec le langage formel des
chrétiens.

Cour N° : 01 Enseignante : Benchikha. L


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Histoire critique de l’architecture : la dynastie des Omeyyades/-10-2010

L’ETAPE PRECLASSIQUE
Durant cette phase, l’empire islamique s’étendait de l’océan atlantique jusqu’à
l’Inde, dont les monuments les plus célèbres de l’architecture y ont été réalisé

Cette phase est caractérisée par :

 L’adoption des formes et des techniques de construction diverses existantes


avant l’émergence de l’islam
 L’influence de l’architecture byzantine, cela à démontrer une ressemblance
dans les motifs, les formes existantes dans l’architecture des différentes
provinces
 La disponibilité de tout un héritage gréco-romain et d’une communauté
grecque composée d’intellectuel, architectes, artistes et artisans, cela a fait
que, les arabes les appellent pour l’édification de leurs monuments

Mais, pour bien démontrer ces influences architecturales, on a opté pour l’étude
de quelques dynasties appartenant à cette phase

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LA PERIODE DES OMEYYADES


Damas « paradis de l’orient, seau de l’Islam », telle est l’invocation que le voyageur
Ibn Jubayr fait débuter la description de la capitale des omeyyades.

On assiste à une progression de l’architecture islamique, car les omeyyades ont


investi beaucoup d’argent pour la construction des palaces et des mosquées

Les édifices construits durant cette période, ont démontré le génie des omeyyades à
fusionner l’ensemble des différents styles, en créant un nouveau vocabulaire
architectural

En urbanisme, beaucoup de villes ont été marquées par les traditions byzantines et
romaines

A titre indicatif ; la coupole du Rocher qu’on va étudier reflète ce vocabulaire de


l’héritage puisqu’elle partage une grande ressemblance avec les grands sanctuaires
byzantins

Création du style omeyyade


Pour mieux faire fusionner les cultures des masses conquises et celles des
conquérants, et pour attirer vers l’Islam de nouveaux convertis, ils faudra que les
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souverains arabes adoptent un langage architectural s’inspirant des formes et des
techniques en usage à pour les monuments qui faisaient l’éclat du christianisme ;
cette métamorphose ne deviendra possible que lorsque la capitale du monde arabe
passera de Médine à Damas, décision prise en 660 par le calife Muawiya, fondateur
de la dynastie omeyyade.

Cette dynastie a mis en place les bases pour le développement futur de l’architecture
islamique, en regroupant les modèles appartenant à plusieurs cultures Donc, la
genèse de l’art des omeyyades est considéré comme un contexte créatif. Pourquoi ?
parce que la volonté de quitter l’Arabie pour installer la cour du calife dans une
antique cité du proche orient s’avèrera fondamentale pour l’avenir du monde
islamique et en particulier de son art.

Certains historiens la considèrent comme une civilisation traditionnelle et nouvelle


en même temps :

 Nouvelle ; puisqu’elle a su chercher des formes culturelles et intellectuelles


répondant aux exigences du nouveau peuple
 Traditionnelle ; parce que les formes générées étaient cherchées dans les
formes anciennes des provinces conquises

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Les principales constructions de l’époque omeyyade


 Reconstruction de la mosquée du prophète
 Le dôme du Rocher
 La grande Mosquée de Damas
 La Mosquée de Koufa en 637
 Le Palais Qasr El-Haïr, 8ème S
 Le Palais Qasr Harana en 710

L’évolution de la mosquée sous les omeyyades


La mosquée est le principal et le vieil édifice de l’architecture islamique, car elle est :

 Le cœur de la cité islamique


 Le lieu de la prière
 Le lieu de la réunion des fidèles
 Le centre du pouvoir

L’exemple qui démontre avec excellence outre toute cette richesse fonctionnelle, la
richesse de l’équilibre, de la beauté et du symbolisme, tout en lisant l’austérité et la
simplicité des formes et des éléments est la Mosquée du Prophète à Médine

Le dôme du Rocher 4

Jérusalem –alQods- reçut le premier chef d’œuvre de l’architecture de la civilisation


islamique : La coupole du Rocher célèbre entre tous les monuments de la ville
sainte; construite entre 687 et 792 (60ans après la mort du prophète)

Elle présente la beauté et la richesse des œuvres byzantines de Jérusalem, telle que :

 L’église de Saint Sépulcre

Elle est aussi le contrepoids des églises chrétiennes (byzantines), symbole des
musulmans face aux juifs et aux chrétiens ; donc, après Mecque et Médine,
Jérusalem est devenue la troisième ville musulmane

A cette époque, elle démontre la vraie jonction entre l’art byzantin et celui
musulman

Son architecture est une merveille géométrique, copiée dans de nombreuses églises
d’Europe

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Sa genèse
Ils ont bâti entre le rocher qui forme le sommet du Mont Moriah et l’endroit où
s’élève la mosquée d’El-Aqsa un simple oratoire en bois, dont sa ma sse domine
l’esplanade du temple (alharam acharif)

Quand au dôme qui recouvre le rocher sacré, fut construit à l’époque des
omeyyades ; afin de favoriser le pèlerinage des fidèles à Jérusalem

Le rocher est sacré pour trois raisons :

 En souvenir d’Abraham pour y sacrifier son fils


 A cause du temple de Salomon dont le saint se trouvait en ce lieu
 Le Prophète avait été transporté lors de la nuit de son ascension au Ciel
(verset de la Sourate 17)

Son architecture
Le dôme du rocher comporte une disposition architecturale unique dans l’art de
l’islam et qui se rattache au type byzantin (de l’église à coupole centrale et à
déambulatoire octogonal)

C’est un bâtiment octogonal à l’extérieur (le harem) et cylindrique à l’intérieur, dont 5


le plan apparait comme une variante dérivée de la structure des églises byzantines

Dans ses formes et ses proportions, le Dôme du Rocher est inspiré du Saint-
Sépulcre. Le diamètre intérieur du Saint Sépulcre est de 20,9m et son dôme est à une
hauteur de 21,5m. Les dimensions correspondantes pour le Dôme du Rocher sont de
20,3m et 20,5m.

 Au niveau de la coupole

La coupole est faite de double calotte de bois, recouverte d’une couche de métal
doré ; elle donne l’impression que cette coupole acquiert toute la puissance
rayonnante ; caractéristique des monuments islamiques

Les proportions de la coupole entre son diamètre et sa hauteur correspondent à la


section d’or des mathématiciens grecs

 Au niveau du plan

Le dôme est une véritable rotonde octogonale, dont deux carrés inscrit dans le
cercle ; ceci donne un polygone étoilé

L’intersection des deux carrés donne les quatre piliers qui supportent et tiennent la
coupole
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Les quatre portails, se situent au niveau des quatre points cardinaux : une situation
symbolique de l’édifice au centre de la terre

Le nombre total des piliers et colonnes est de 40 ; un nombre sacré ; le nombre des
saints, les piliers spirituels du monde à chaque époque

Donc, le plan est la synthèse :

 Cercle et carré
 Mouvement et repos
 Temps et espace
 La sphère céleste du dôme se mariant au cristal terrestre de l’octogone

Cela indique que cet art est l’art de faire le multiple ou le diversifié à l’unité Le centre
du monde pour les musulmans est la Kaaba, mais à Jérusalem c’est Mont Moriah
c'est-à-dire le centre de la mosquée, déterminée par la géométrie convergente vers
son centre, ce qui reflète les référence de l’époque précédent celle des omeyyades ;
ce qui nous laisse à dire que cette mosquée est la jonction entre l’art des byzantins
et celui des musulmans

Synthèse
Le dôme du Rocher présente : l’harmonie, l’équilibre, la perfection du plan et de la 6
volumétrie, parce que son tracé est basé sur toute une série de propriétés
géométriques précises qui font un véritable réceptacle de l’ésotérisme
mathématique, les nombres sont une méthode d’appréhension de la réalité

Le symbolisme comme critère qualitatif réside dans le passage :

 Du carré au cercle
 De la terre au ciel
 Et par conséquent l’union du corps à l’âme

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La grande Mosquée de Damas


Le calife El-Walid érigea entre 706 et 715 dans sa capitale Damas la grande mosquée
dite des Omeyyades, édifiée sur le Téménos antique

Cette mosquée est une référence originale du style des omeyyades, inspirée dans
l’ensemble de la mosquée du Prophète, en transposant ce modèle en forme
monumentale dont:

 Une mosquée plus large que profonde


 Présence des éléments d’appel horizontaux : minbar et mihrab
 Présence des éléments d’appel verticaux : minaret et coupole

La grande mosquée s’inscrit dans un rectangle, constituée par les murs d’enceinte
d’un ancien temple hellénique et élevée sur l’emplacement d’une église de Saint
Jean baptiste

Mais tous les éléments dont la mosquée est composée sont visiblement faits à sa
taille

La partie la plus byzantine voir « romaine »de l’édifice, est constituée par le transept
qui coupe les nefs de l’oratoire et accuse l’axe du mihrab en reliant ce dernier à la
cour ; un aspect nettement basilical, exprimant le transfert symbolique impérial 7
romain au califat des omeyyades

Son architecture
 Sur le plan fonctionnel

Cette structure est essentiellement :

 Dictée par les pratiques


 Traduit le mouvement du fidèle dans la mosquée où
 La nef médiane imposante : met en valeur l’axe de la direction,
c'est-à-dire mettre en valeur le point focal de la mosquée -
délimité par l’entrée et le mihrab- cela fait naitre le premier
mouvement celui de la reconnaissance de la Qibla

Cette direction est l’axe de symétrie qui donne au plan une certaine régularité
exigée, dictée par l’alignement des fidèles en rangés

 Les nefs transversales : qui oriente le deuxième mouvement ;


celui de l’alignement des fidèles de part et d’autre parallèle à
la Qibla

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 L’évolution en largeur : cette évolution est conforme aux


exigences de la prière, ce qui valorise les premières rangés

 Sur le plan culturel


Cette structure est déterminante puisque :
 Elle traduit la notion de direction de l’islam, dynamique et non figée,
notion de l’illimité et de l’indéterminé
 La nef médiane : est un repère d’ordre pratique ; elle offre un axe
longitudinal qui interrompt l’axe transversal des trois nefs ; ceci crée
une croisée d’axes qui fait naitre une structure pluridirectionnelle,
accentuée par :
 Des repères horizontaux
 Des repères verticaux : minaret et coupole

C’est une traduction de la notion islamique de direction illimitée à l’image de la


puissance divine

 Sur le plan architectural


On assiste à une régularité et une symétrie bien précise ; résultat d’une
maitrise parfaite de la géométrie, où les dimensions du plan sont conformes
au nombre d’or
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Cette œuvre est dynamique et animée par :
 Le jeu de contraste entre :
 Ombre et lumière : oratoire et cour
 Plein et vide : colonnes à deux étages qui donne une
extraordinaire perspective de jeu animé
 Une croisée de nefs qui rompe la monotonie d’un seul axe
 Le sol plat qui donne une vue continue symboliquement et
réellement, en l’absence d’une hiérarchie
 La lumière ; une étude judicieuse par rapport à la série des baies
percées qui permet de la conduire jusqu’à la croisée des nefs
 Une simple arcade bâtie selon de justes proportions possède le vertu
de transformer l’espace d’une réalité purement quantitative en une
réalité qualitative

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Synthèse
L’espace de la grande mosquée de Damas est comme résorbé dans l’ubiquité de
l’instant présent; résultant d’une progression en largeur

Cette mosquée est une vraie leçon d’équilibre entre une beauté et simplicité,
reflétant la richesse symbolique de la mosquée du Prophète

C’est pourquoi la lecture d’un édifice est primordiale pour en Comprendre la


signification profonde

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