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PALAIS ET MOSQUÉES :

UN URBANISME VOLONTARISTE

Archéologie préventive a permis un important essor de la recherche ; aujd, regard renouvelé sur la vie
urbaine islamique en al-Andalus. Pour période almohade, nombreux vestiges et autant de recherches
→ sites urbains désertés qui nous livrent donc les vestiges de la période.

Site urbain en exemple : Séville.

Séville : capitale almohade en al-Andalus (la grande capitale étant Marrakech). Ville la + importante de
la péninsule. Cité qui est bien connue pour la période, qui voit transformation complète de la cité. Garde
une importance majeure après la période islamique (port de départ vers le Nouveau Monde) qui modifie
aussi son aspect. Image de Séville à l’époque almohade nous paraît donc kaléidoscopique. Effort
d’interprétation.

Renouveau archéologique : mi-1990s. Avant, période antique était la seule ou presque étudiée ; traces
de la ville antique difficiles à trouver du fait de l’accumulation des sédiments (+4m de profondeur), etc.

Séville préalmohade : une ville encore peu connue

VIIIe-XIIe : période encore peu connue → info lacunaires de l’archéologie. Ville qui ne permet pas de
saisir l’évolution entre le HMA et le MA islamique, contrairement à d’autres cités.

De la cité romaine (hispalis) à la ville islamique (ishbiliyya)

Sinstalle sur un promontoir (14m d’altitude p/r au niveau du réseau hydrographique) pour se préserver
des crues — ce qui rend difficile pendant longtemps la conquête de nouveaux territoires.. Cité qui se
dév au bord du fleuve.

Conservation des murailles antiques. On sait peu de choses de la période : monument conservé mais
remanié, première grande mosquée de Séville (mosquée d’Ibn ‘Adabbas).
• construite sous ordre d’Ibn ‘Adabbas, magistrat (cadi)
• datée précisément grâce à fut de colonne : inscription indiquant 829-830
• mosquée monumentale donc construite tardivement dans cette importance cité → peut-être
faible présence de musulmans ?
Restitution axonométrique montre qu’elle est basique (nefs perpendiculaires au mur de la qibla comme
à Cordoue, etc), manifestation d’une trad architecturale. Minaret à l’opposé de la salle de prière — plutôt
tradition abasside. Dimensions assez réduites : devient rapidement insuffisante face à l’essor
démographique.

Transformée en Eglise san Salvador, ne reste que les vestiges d’arcades de la cour, disparition de la
salle de prière.

Une première expansion à compter de l’époque des Taifas (1010-1091) puis durant le règne des
Almoravides
Capitales régionales s’affirment pendant cette période de déconcentration du pouvoir → Séville
s’affirme.

Croissance continue. Globalement peu de vestiges, plus encore sous les Almoravides, hiatus. Extention
de la ville dépendant des bras du fleuve, vers l’ouest → contraintes topographiques.

Urbanistion intense et programme urbanistique d’ampleur almohade : nouvelles murailles, etc →


suffisamment large pour permettre accueil de tout le monde jusqu’au XXe siècle (!!) : larges secteurs
sous almohades laissés comme jardins, donc laissent place. Témoigne de l’ambition du projet.

Ambition aussi manifestée par les grands travaux, dont terrassements :


• implantation notamment de la nouvelle grande mosquée
• nouvelle zone palatine
• assèchement de l’un des bras du fleuve : ne reste que des marécages en voie d’aterrissement
Moyens humains conséquents et renouvellement de l’implantation urbaine durant la période.

Apparition d’infrastructure hydraulique : égoûts, maisons… remodelage complet de la ville.

Séville almohade : une polt d’urbanisation très ambitieuse et digne du califat

Population de Séville défavorable à l’arrivée des conquérants : stabilisation du pouvoir almohade prend
quelques années, apaisement vers 1150. Début de la polt urbanistique pendant règne deuxième calife,
Yusuf : décide de faire la ville dont il a été gouverneur la ville majeure d’al-Andalus, vers 1170. Travaux
se poursuivent sous Ya’kûb, puis début XIIIe malgré défaites, jusqu’à son abandon par almohades en
1229 jusqu’à arrivée chrétienne en 1244.

Deux souverains marquent donc de leur empreinte la cité : deux personnages mis en avant par les
textes, dont chronique princière (racontant les hauts-faits des souverains).
→ [voir ppt] : livre nombreuses infos sur construction de la grande mosquée avec évolutions, chantier,
etc. Période bien documentée.
Archéologie aussi intense dans le périmètre urbain.

Les murailles de Séville : la définition d’un immense périmètre fortifié

Muraillles qui succèdent au précédent noyau protectif de petit périmètre. Maintenant, gigantesque
superficie : définie par muraille de +6km long.
[éléments chrono voir ppt]

Eléments qui permettent de déterminer la phase de construction : style, techniques, etc.


Majorité de la construction au plus fort du chantier impérial, 1171-1198. Après cela, qlq aménagements
ponctuels, jusqu’à l’inondation (1201) qui oblige à une importante reconstruction, visant aussi à
renforcer la protection de la ville tandis que la menace chrétienne se fait + pressante.

Aujd, seuls vestiges partiels de la muraille, en particulier au niveau de la zone palatine (est). A l’iverse,
sud à proximité du fleuve a bcp souffert.
Comparaison par rapport à d’autres villes de la même époque : certes, secondaires au niveau polt,
éco… mais montre bien écart très important. Ville-capitale qui reçoit toute l’attention des souverains.

Un ensemble conservé partiellement et très restauré

Erreur de datation pendant longtemps : pensée que c’était antique… ce qui a garanti sa protection. erk.
Techniques qui, dans un second temps, interprétées comme étant celles des almoravides.
→ seulement depuis env. 30 ans, études approfondies qui montrent homogénéité des techniques, des
formes, etc, qui ne correspondent pas à une longue période, et qui renvoient à d’autres exemples datés
de l’époque almohade.

Eléments rectilignes (pas de courbe à cause du coffrage…) jalonnés par des tours disposées
régulièrement le long des courtines. Ensemble des tours au plan carré / rectangulaire : muraille
initialement aux douzes portes.
Conservation des merlons surmontés de pyramidons, du coffrage…

Montre une très grande maîtrise du procédé constructif de la tabbiya. Ainsi, pour se protéger de
l’humidité du sol qui montre par capilarité, on n’utilise plus la même technique des soubassements, mais
on fait couler un béton servant de semelle de fondation hydrofuge n’obligeant pas à ajouter la
traditionnelle couche de pierre.
→ mélanges +/- riches en chaux, en terre… alternance pisé / béton.

La Torre Blanca, dans le secteur de la Macarena

Apparition en certains points de la muraille de plans + complexes : tours présentant des plans en P, en
saillie. Forme irrégulière témoignant d’une réflexion sur qst de la circulation entre courtines, chemins de
ronde, tours.

Complexification de l’architecture militaire : dév d’une conception organique des parties de l’enceinte
en anticipant les mouvements, apparition d’une vraie chambre de tir dans les tours, avec ses archères
(= meurtrières, fenêtres de tir).

Tours en saillie : contrainte de la forme orthogonale, donc création d’un plan de tour qui se rapproche
du cercle / demi-cercle pour permettre une défense active avec moyens de riposte. + grand dynamisme.
Apparition donc de tours polygonales : ex: Torre de la Plata.
→ tendance de l’archi almohade à la complexification des formes et perfectionnement des processus
défensifs.

L’édification de la Torre del Oro (1221-1222)

Consécration : construction de la Torre del Oro (1221-1222), grande tour détachée des murailles pour
garantir l’approvisionnement en eau, mais aussi rôle de phare fluvial.

Plan dodécagonal (= douze côtés), avec un monumental soubassement en pierre de taille. Maîtrise du
béton n’empêche pas aussi celle de la taille de pierre. Escalier intérieur qui constitue axe central de la
tour, avec salles aux voûtes complexes pour éviter les charpentes — et donc, incendies.

Dans contexte de contrôle du califat sur la péninsule face aux autres pouvoirs (chrétiens), défenses
supplémentaires avec construction d’un avant-mur.
→ apparition qui est peut-être à liée à celle des avant-murs en campagne.

Séville almohade : une nouvelle grande mosquée pour la capitale

Rapidement, grande mosquée ne l’est pas assez : nouveau bâtiment de culte envisagé dès les
almoravides, mais fait finalement sous les almohades.

La Grande Mosquée almohade de Séville : une fondation bien documentée

Grande mosquée entre zone palatine et reste de la ville. Vers 1172, par architecte Ahmad ibn Bâsû.
Chantier long et éprouvant (... bon… rien à voir avec les cathédrales…) → 10 ans après début, ouverture
malgré inachèvement des portiques et de la cour.
→ finie avec le minaret en 1198.

Transformation toutefois sous domination chrétienne : construction d’une cathédrale qui supprime la
salle de prière, mais conservation du minaret devenant le clocher de la cathédrale, et portiques de la
cour & plan conservés. Entrée monumentale axiale (dans axe du mihrab) dans la mosquée laisse aussi
des traces.

Restitution numérique :
• immense salle de prière : env. 17.000 fidèles (150x100m), plan barlong
• grand minaret, saillie, intersection des deux zones
• avant du mur de la qibla ponctué de cinq coupoles → renforcement des signes de piété de ceux
se présentant comme les vrais musulmans

DES OBJETS SIGNIFIANTS : LES MONNAIES ISLAMIQUES


Monnaie : objet de circulation au-delà des frontières des Etats ayant frappé les monnaies ; sort de ses
monnaies sera différent selon le lieu ; indice sur la puissance économique de l’état ; culture ; datation ;
témoigne aussi du degré de monétarisation qui informe sur la dimension fiscale de l’Etat (problème de
l’impôt en nature) mais aussi puissance symbolique de la monnaie avec puissance de propagande —
et de commerce, échanges… informe sur ces flux.

Les monnaies islamiques : un outil pour la connaissance de l’évolution


des idées politico-religieuses en terre d’Islam

Système monétaire

Début du VIIe siècle (début de l’Islam), dév d’un nouveau système monnétaire tranchant avec les
émissions monnétaires pré-islamiques : les monnaies sont aniconiques, ce qui n’est pas le cas des
premières décennies du pouvoir ummayen. Devient la règle de presque toutes les règles de la monnaie
pour le MA et époque moderne : rupture visuelle radicale — car toutes les monnaies du proche-orient
comportaient des figures, étaient iconiques.
→ question qui va de pair avec la question de l’image et des icônes.
Permet de voir comment le pouvoir islamique se détache du modèle impérial pré-islamique, qu’il soit
byzantin, romain ou sassanide. Illustration du phénomène d’apparition de nouvelle société islamique —
pas au sens de musulmane (car nombreux sont les peuples non-musulmans), mais dans une nouvelle
civilisation avec pouvoir musulman et dont la dimension n’est pas du tout que religieuse, mais surtout
culturelle, dans les faits sociaux… autre modèle de société.

Technique de frappe des monnaies

L’approvisionnement : certaines régions sont riches… ou non, en matière première.


Frappe de la monnaie :
• fonte du métal découpé en petit disque appelé “flan de métal”
• déposé sur le coin d’avers (effigie) lui même sur coin inférieur / dormant
→ avers : effigie, où il y a la figure (ou le nom de l’émetteur, face)
• presse du coin de revers avec au dessus coin supérieur mobile (ou trousseau) sur lequel on
frappe
→ revers : autres infos
Pour petite monnaie, pas de frappe mais moule (moins précis) avec un “moule-monnaie”

Les monnaies et l’Arabie jusqu’aux conquêtes du VIIe siècle

Pas de pouvoir central ni d'État, donc pas de puissance émettrice de monnaie ; premiers musulmans
utilisent donc monnaie d’ailleurs. Quand les musulmans se retrouvent à gouverner depuis un empire
impérial, doivent ou inventer une nouvelle monnaie (difficile) ou d’adopter les monnaies préexistantes
(choix pris par pragmatisme).

Utilisation — conservation de monnaies lors de la construction de l’empire islamique

Circuits monétaires complexes récupérés auprès des deux anciens empires (byzantins et sassanides).
Monnaies qui diffusent beaucoup, tout autour de la Méditerranée et jusqu’à la Chine.
• côté byzantin : talon monétaire = monnaie d’or, avec iconographie officielle et religion :
o revers : piédestal et croix
o avers : portrait de l’empereur & héritier coiffés d’une couronne avec une croix
→ témoigne de l’ambition de diffuser le christianisme
• côté sassanide : talon monétaire = monnaie d’argent (pour raisons de ressources), appelé en
vieux persan “draham” (héritage grec suite aux conquêtes d’Alexandre)
Les musulmans gardent ainsi les deux dès 640s : tri-métallisme dans le monde islamique grâce à un
établissement d’un système de conversion et création d’une menue monnaie en bronze.

Conservation de ce monnayage de propagande chrétienne et sassanide zoroastriste : pragmatisme


avant idéologie, et islam n’a pas encore sa position de pouvoir — tentent de faire adhérer à la nouvelle
foi, moment de construction de la religion.

Avant la transformation radicale des monnaies, quelques évolutions de la monnaie déjà en circulation
:

• monnaie byzantine :
• monnaie d’or (solidus / denarius) : très forte lisibilité de la croix, et trois figures (dirigeant
Héracliuse et ses deux héritiers de part et d’autre) ; deux portent le diadème surmonté
d’une croix)
o parfaite propagande chrétienne
o mais “denarius” donne “dinar”
• monnaie de cuivre (follis) : même démarche
o donne en arabe “fals” (donne in fine flouze)
→ bien une forte continuité

• monnaie sassanide d’argent (draham/drachme) :


o sur l’avers : dirigeant en buste, de profil, visage barbu et moustachu au lourd collier et
plastron ; coiffé d’une couronne avec symboles régaliens dans l’icono sassanide (qu’on
a aussi dans l’icono islamique) : ailée, croissant de lune
o buste représentant dernier souverain sassanide, le shâhanshâ (= Roi des Rois)
Khosrow II
o drahma ⇒ dirham en arabe
o symbole de propagande zoroastriste :
▪ religion officielle de l’empire qui s’est transformé en dualisme fondé par
Zoroastre / Zarathoustra
▪ clergé dans les temples du feu qui doivent alimenter ce même feu de l’autel
→ ce qui est représenté sur le revers : feu divin avec deux petits personnages
voilés (car il ne doivent polluer par la salive ou la sueur le feu sacré)
Reprise de l’icono sassanide. ex: Dôme du Rocher, Jérusalem, décor du registre supérieur du tambour
→ ailes sassanides stylisées, qui montre qu’on utilise ses symboles dans un contexte islamique
(réappropriation ?)

De l’imitation à la création : programme iconographique et politique


d’une nouvelle monnaie

Imitation — de nouvelles frappes imitant les monnaies préislamiques

Lorsqu’il y a besoin de frapper à nouveau des pièces, modèle conservé… en grande partie, et dans un
premier temps seulement. Nouvelles pièces montrant pour la première fois la langue arabe — qui ne
fait qu’indiquer le lieu de la frappe.

ex: fals umayyade anonyme (cuivre) → imitation d’une pièce byzantine :


• figuration de l’empereur, du M au revers…
• mais à gauche de la figure (dans le champ), indication du lieu de frappe (légende périphérique)
Dissociation — arabisation et adaptations iconographiques

Monnaies arabo-byzantines et arabo-sassanides

Premiers signes d’une arabisation des monnaies avec références à l’islam : domine toujours la ref des
pré-isamiques, mais les aspects les plus contradictoires sont gommés.
Même si elles ont toujours comme modèle le monnayage pré-islamique, début de transformation avec
intervention sur l'iconographie : monnaies “arabo-byzantines” ou “arabo-sassanides” → volonté
d’atténuer le caractère zoroastrien ou chrétien : dénaturation de l’iconographie en lui faisant perdre sa
charge religieuse.
→ mais pas encore une iconographie propre : prise conscience, petit à petit, d’une identité propre à
mesure que la religion devient de plus en plus indépendante.

Très différent de l’histoire du christianisme : processus qui se fait sur le temps très long — alors que
l’islam émerge et s’impose vite, immédiatement à la tête d’un empire, d’où besoin de créer une identité
propre qui passe par les arts visuels, ce qui est lent (cf. Révolution française)
→ monnaie permet de rendre compte de ces évolutions.

Volonté d’individualiser et de différencier les monnaies → création de ce type de monnayage particulier


avec les monnaies “arabo-byzantines” ou “arabo-sassanides”. Longue phase, dès 670, jusqu’à la
dernière décennie du VIIe siècle avec arabisation croissante.

ex: Dirham umayyade au nom de Mu’âwiya :


• représentation du calife à la mode sassanide — logique car l’empire a été écrasé dans les
années 640, contrairement aux byzantins qui continuent la lutte, donc + faisable de reprendre
cette iconographie : ce n’est plus le Roi des Rois sassanides
• inscription centrale à l’avers :
o nom de Mu’âwiya en pehlevi (vieux persan) pour éviter une confusion, montrer à ces
peuples dominés que le pouvoir a changé de face et de mains
o inscription marginale à l’avers en arabe : “au nom de Dieu” (basmala, formule liminaire
par laquelle on commence une sourate, un chap du Coran, un verset… invocation
islamique par laquelle on appelle le dieu unique) → bien un détournement symbolique
de la monnaie
• sur le revers : stylisation des motifs qui fait de l’autel du feu une représentation toute autre,
presque abstrait (ressemble à une fleur…) → gommer toute signification pour effacer le
zoroastrisme
ex: imitation umayyade du solidus d’Heraclius et Heraclius Constantin :
• disparition de la croix : barre horizontale enlevée du haut du podium (revers), plus de croix sur
les diadèmes (avers)
• plus en position d’accepter les symboles religieux autres que l’islam : disparition des signes de
ce modèle byzantin, // signes zoroastristes

Prise de conscience progressive des instances dirigeantes musulmanes de leur différence avec les
autres religions : mise en avant des références au mot “mu’min” (=croyant) que “muslim” (= musulman)
dans Coran.
Selon Fred Donner, au début, le mouvement initié par Mohammed est oeucuménique : rassembler tous
les croyants derrière un monothéïsme, sans vouloir nécessairement se distinguer des juifs et chrétiens,
plutôt les faire évoluer : condamtation d’une trinité, etc → appel aux chrétiens et juifs à venir. Pendant
longtemps, installation près des lieux de cultes juifs et chrétiens pour permettre une conversion et un
rassemblement. Mais communautés monothéïstes antérieures ne se convertisseur pas, évolution
rapide de ce qu’est l’islam pour les musulmans, càd non pas LE monothéïsme, mais le TROISIEME
monothéïsme (le vrai, mais un parmi d’autres).
Dans les monnaies se voit donc cette progressive différenciation, qui // l’hypothèse de Donner de la
progressive différenciation des autres monothéismes.

Un moment clef dans la définition d’un type monétaire islamique

Les années 680 : ummayades ont pris le pouvoir 20 ans avant et mettent en place le système
dynastique. Permettent d’écarter la possibilité d’un pouvoir électif. Marqué nulle part dans le Coran :
innovation ummayade et retour à un ordre impérial pour assurer une stabilité. Confisquent le pouvoir —
ce qui ne plaît pas aux descendants des compagnons du prophète ou aux pieux musulmans, avec cette
famille dont les ancêtres sentent un peu le soufre…

A la Mecque, grand général ‘Abd Allâh ibn al-Zubayr, décide de prendre le titre de calife : déclare
que la famille ummayade n’est pas plus légitime que lui, descendant des compagnons, et leader des
familles des héritiers du prophète. A en effet une forte légitimité religieuse par les lieux saints de l’islam
et par ses soutiens.
Situation difficile pour les ummayades, qui perdent l’Arabie et doivent rapatrier leurs alliés ;
heureusement ont les régions riches, mais face à une scission territoriale.

Moment donc de 2e guerre civile (seconde fitna, “discorde”), empêchent le pèlerinage à la Mecque…
situation bloquée jusqu'à Abd … qui restaure l’entièreté de l’empire.

Devient réformateur de l’Etat ; trace de cette lutte fratricide dans les monnaies → accélération du
caractère religieux des monnaies, expression idéologique.

• al-Zubayr :
o dirham 1 :
▪ inspiration perse car proximité territoriale
▪ apparition d’inscriptions à contenu religieux : “basmala”, puis “Émir des
croyants” en pehlevi (= ancien perse) → phrase à destination des perses ⇒ al-
Zubayr revendique pour la première fois le titre de Califat sur la monnaie ce
que les ummayades n’avaient pas encore fait
▪ “regardez, ce que j’écris : mon adversaire ne le fait pas, donc ça veut dire que
c’est moi”
o dirham 2 :
▪ sur l’inscription de la profession de foi musulmane : unicité de Dieu et
attestation de la prophétie muhammadienne
▪ devient ensuite systématique sur les monnaies musulmanes
o dirham 3 :
▪ frappé en Iran oriental, loin du lieu de pouvoir : à la fois milieu persan et arabe
→ volonté de faire basculer ses troupes jusqu’alors alliées aux ummayades
▪ avers = basmala, revers = date (pas un hasard : marquer le début du règne) et
formulaire religieux en insistant sur la profession de foi musulmane
▪ première apparition de la shahâda
▪ mais pas en arabe, toujours en pehlevi — par incapacité ? par volonté
de parler aux non-arabophones ?
Grandes évolutions monétaires qui ne sont donc pas dues à l’Etat mais à son concurrent, qui se
présente ainsi comme garant de la foi musulmane, etc. Monnaies deviennent immédiatement des
moyens de propagande : pouvoir symbolique pour porter un discours religieux.

Après défaite de al-Z, les ummayades ont retenu la leçon : recherche d’une nouvelle iconographie. Donc
dans un premier temps, ne suppriment pas les images, veulent en créer une autre : nouvelles formes
visuelles pour correspondre à l’empire et la religion.
→ se fait pendant règne Abd al-Malik, précisément entre 691 et 695, avant l’abandon pur et simple de
l’iconographie.

Affirmation — reformulation du contenu religieux et recherches


iconographiques

Années 690 : mouvement d’unification des monnaies des anciennes provinces byzantines et
sassanides, après la longue période de bimétallisme maintenu par pragmatisme.

Période de reformulation allant de paire avec évolutions étatiques et architecturales. Règne Abn al-
Malik : premier à faire construire grand monument à la gloire de l’islam, le Dôme du Rocher à Jérusalem,
symbole du début de l’islam.
Plus de logique d’intégration, mais une logique de distinction et de confessionnalisation : construction
de mosquées comme monuments.

Dôme du Rocher : double du Saint Sépulcre mais version musulmane. 691-692. Très longue inscription
de sa fondation, mais aussi rupture majeure : aniconisme. Première occurrence de l’aniconisme en
contexte religieux (à distinguer de l’espace privé).
→ origine de l’aniconisme : le Prophète à la Mecque détruit les icônes — mais exception de Marie, donc
bien une ambiguité ; éléments qui laissent toutefois entendre que l’aniconisme s’impose assez vite dans
l’islam.

Ce nouveau paradigme naissant n’empêche pas la considération de mettre des figures sur la monnaie
(monnaie iconique) : tiraillement entre passé et prospection.
→ la décennie 690 est la période du tiraillement.

Tâtonnements et inventions : nouveau langage figuratif ?

Dinar ummayade 1 :
• toujours inspiration byzantine, mais :
o bâton avec une boule → difficile interprétation
o 3 figures sans diadème avec croix
• revers sur le pourtour : affirmation de l’unicité divine → contre la trinité chrétienne : mouvement
de distinction
• mais type toujours proche du précédent

Dinar ummayade 2 :
• avers :
o une seule figure, avec épée et barbu
o ce qui ressemble à un voile de tête (serré sur front et derrière la tête) ou cheveux longs
o vêtements longs : peuvent évoquer style byzantin comme d’Arabie
o ne correspond pas à l’iconographie byzantine
• monnaie datée : 695-696 → appelée “type du calife debout” (peu probable qu’il s’agisse du
Prophète car aniconicité)
• pourtour complètement en arabe et plus en pehlevi :
o dans les réformes, arabisation de la langue de l’Etat — car jusqu’alors, dans les anciens
domaines byzantins et sassanides, le grec etle persan étaient parlés jusque dans
l’administration : marque début de l’officialisation de l’arabe comme langue d’Etat.
Affirmation comme pouvoir singulier, arabe, musulman.
S’affichent maintenant comme pouvoir religieux : ce qui garantit la légitimité de l’Empire.

Dinar ummayade 3 :
• autre essai officiel : bâton avec cercle
• montre le tâtonnement dans le style
• inscription qui ne laisse plus de doute : «Il n’y a de Dieu que Dieu, Muhammad est l’envoyé de
Dieu »
Nouvelle forme aniconique

Abandon, enfin, d’un tout nouveau type d’émission monétaire ne contenant que de l’écriture.
Changement en seulement quelques années, 5 dernières années du VIIe s. D’abord en or puis en
argent, les pièces sont aniconiques, manifestant une volonté de rupture. Passage à une véritable
révolution symbolique et visuelle. Ce qui tient lieu d’image du pouvoir, c’est l’écriture — la parole de
Dieu en particulier. Parole divine devient l’expression / le langage visuel du pouvoir : la parole divine
devient le symbole de l’empire.

Arrivée à terme du processus de différenciation. Rôle donc majeur des ummayades qui avancent dans
le noir, pas de modèle les précédant sur lequel s’appuyer. Manière de légitimer l’empire, symbole de
l’islam et des ummayades, de leur puissance, et de leur prétention à rivaliser avec les empires
opposants — surtout l’empire byzantin.

ex: dînâr ummayade anonyme, 696-697


• anonymes → plus d’indication du règne (en l'occurrence pendant ‘Abd al-Malik)
• affirmation de l’unicité divine contre la trinité chrétienne
• revers : sourate (verset du Coran)

Monnaie qui illustre centralisation de la frappe monétaire, qui diffuse dans tout l’Empire, fin des ateliers
en Iran et Egypte frappant des modèles alternatifs.
Pas de textes / chroniques / histoire officielle qui permette de nous renseigner : on ne sait pas les
intentions des acteurs historiques. Possible que l’empereur ne veuille pas mettre son nom sur les pièces
car juxtaposé aux paroles divines, mais peu probable car le fait dans le dôme du Rocher… Impossible
de savoir.

ex: dirham ummayade anonyme


• argent → même principe que les dînârs
• mention de l’atelier
L’arabe remplace toute autre langue : s’inscrit dans la réforme de l’Etat voulue par ‘Abd al-Malik voulant
arabiser et islamiser l’administration de l’Etat. Pas l’empire des ummayades ou d’une tribu, par chance
: introduction d’une rupture pour montrer que le monde a changé avec son nouveau message religieux.
Monnaies de transition “arabo-latines”

Cas particulier des monnaies de transition “arabo-latines” dans les provinces occidentales de l’Empire
ummayade (Maghreb, al-Andalus)

Monnaies de transition à l’Ouest. Surtout sur des monnaies d’or. ex:

• solidus ummayade anonyme :


o frappées en “Africa”, actuelle Tunisie et Maghreb
o date non pas selon l’Hégire mais selon calendrier latin, càd 705-706
o même message d’unicité de Dieu à l’avers et au revers

• solidus anonyme 715-716 :


o même profession de foi en arabe
o légende circulaire avers (abrégé comme pour l’arabe, en enlevant les voyelles) →
“solidus frappé en Afrika en 96”
o légende circulaire revers :
▪ “in nomine domini” = “au nom du seigneur” → traduction littérale de bismillah,
pas une expression chrétienne
▪ traduction de la monnaie à l’intention des populations locales latines — mais
peut-être aussi pour les populations latinistes au-delà de l’empire, comme en
Sicile encore byzantine
• solidus ummayade anonyme en al-Andalus : aussi bilingue…

La continuité de l’émission monétaire ummayade : sous les abbassides

Dînâr abbasside anonyme :


• même si ont abattu la dynastie précédente, restent fidèles au modèle établi ; mêmes légendes
• cependant, réapparition des noms des souverains

Quelques monnaies annoncent même le futur successeur pour assurer la relève et la continuité du
pouvoir au sein de la dynastie. Contradiction entre épigraphie (al-Mahdi Muhammad) et date de frappe
(770, règne de son père al-Mansûr). Pas de règle de primogéniture : le premier fils n’a pas la priorité,
donc toujours nombreux prétendants au trône ; proclamation publique permet de légitimer un
successeur.
• proclamation publique dans le palais
• encore + radical : le faire frapper dans la monnaie

L’ARCHITECTURE RELIGIEUSE

Aux origines de la mosquée


Considérations générales

La qibla

Architecture des mosquées : pas de prescription quant à la l'archi de la mosquée. Seule prescription
sur les croyants, sur l'un des cinq piliers de l'islam, càd la prière.

• prière exige d'être en état de pureté rituelle avec purification préalable --- d'où nécessité des
moyens de le faire.
• prière progressivement orientée vers la Mecque (initialement vers Jérusalem). Prière appelée
qibla. Quelle que soit l'architecture, il faut que l'orientation soit respecté.
→ d'où valorisation de sciences qui permettent l'orientation, avec établissement de règles de calcul,
création de la boussole, etc.

Au coeur de la Mecque : kaaba, soit centre du monde autour duquel tourne les croyants.

Luxe de précautions n'a pas empêché les erreurs de calcul et d'orientation. Édifices parmi les plus
prestigieux qui ont parfois des orientations complètement fausses pour plusieurs raisons : erreurs,
idéologie, etc. Maj au début, mais aussi dans des édifices plus tardifs.

Compromis passés avec topographie urbaine

ex: mosquée al-Aqmar, Le Caire : le long d'une des rues les + passantes, avec façade de la mosquée
alignée sur la rue, mais cette dernière ne correspond pas à la qibla. Solution de l'architecte : façade
oblique par rapport à la salle de prière dans la mosquée en question. Édifice en discordance avec le
parcellaire englobant — ou s'il ne l'est pas, c'est que c'est ce parcellaire qui s'est calqué à la mosquée.
ex: mosquée du Shâh, Iran : discordance totale → coude dans la mosquée qui mène à la salle de
prière.

Plusieurs types de mosquées

Mur de la qibla : vers lequel on se tourne pour la prière, identifié par une niche au milieu du mur, appelée
mihrab. Regards parallèles vers le mur, mais pas vers le mihrab pour prier. Parfois plusieurs mihrab.
Meuble dans les grandes mosquées pour la prière en commun : sorte de chaire, escalier en bois sur
lequel on monte pour prononcer un discours à portée religieuse (pfs polt mais peu au MA).
Cour bordée de portiques pour protéger des intempéries.
Minaret : tour qui n’est pas nécessairement au même endroit, et initialement pas une tour : apparition
vers la fin de la période abbasside. Lieu d’appel à la prière 5x /jour.

Idée de la mosquée comme architecture

Pas de prototype du début de l’islam : premiers lieux de prière dans le Coran nont pas été conservés et
on ne sait pas à quoi ils ressemblaient, car Mecque et Médine constamment reconstruits, etc, étant lieux
de pélerinage.
Selon textes religieux dans la tradition prophétique, càd 2nde source scripturelle de l’islam mais fixée
après vie du prophète, donc toujours pb de fiabilité. Description de la maison du prophète à Médine en
622 : maison devenant le lieu de réunion des musulmans pour la prière, donc est une mosquée pour
les fidèles.
On n’a rien, aucun élément matériel. Conquêtes militaires dont celles à Kûfa, avec sa mosquée (638),
peut-être avec modèle ; mais édifice connu que par les textes. Mosquée par croyants sortis d’Arabie.

Mosquée de Kûfa & autres sur modèle similaire :


• espace délimité avec fossé ou palissade
• espace presque vide de construction : pas vraiment une cour car pas d’enceinte
• vaste espace découvert pour les fidèles
• côté de la qibla : partie découverte avec matériaux légers (bois) et autres (briques, pierre)
• une partie habitée (= zulla) avec pas de mur, et fossé sur trois côtés, pour accueillir les fidèles
lors des intempéries, etc
Déjà en germe la bipartition de la salle de prière vs. cour. Idée de l’ordonnancement déjà-là : donc
modèle de la mosquée vient d’Arabie, mais dont nous manquons d’indices matériels clairs.

Début du règne ummayade, affirmation de l’empire et centralisation politique ; immenses richesses de


l’Etat, mais aussi progressive prise de conscience du caractère singulier de l’islam par rapport aux
autres monothétismes avec identité islamique.
De paire avec naissance d’une architecture islamique : va vers la monumentalisation des lieux de
l’islam.

ex: 2e état de la mosquée de Kûfa, 670


• division entre deux espaces : cour véritable dans une enceinte murée, en briques, entourée de
portiques et supports avec récupération d’éléments architecturaux chrétiens pour les colonnes
• espace couvert + profond que les autres, qui ressemble à une salle sans en être une car
toujours pas de mur : tout de même évolution vers une structuration de l’espace intérieur, une
couverte, l’autre une cour
• pas de mihrab

Orientation : permet en général de deviner la zone géographique (quand elle est bien orientée).
Emergence d’un modèle de mosquée influencé par le modèle paléochrétien

La question du modèle

Naissance du premier type architectural pour la mosquée, reprenant le modèle du proche-orient


hellénistique et byzantin : inspiration de l’église chrétienne et de sa basilique, ainsi que du modèle né
en Arabie imposant des transformations du modèle paléochrétien.

Quand sortent d’Arabie, modèle de lieu de culte, mais pas d’exemple de monumentalité : empruntent
cet aspect aux civilisations qu’ils supplantent. Architecture paléochrétienne le permet, mais pas l’archi
sassanide (pas de monumentalité). Inspiration de l’église.

Importance du plan basilical dans la tradition architecturale chrétienne

ex: Qalblozeh (Syrie)


• division intérieure de l’espace, avec deux registres d’arcades soutenant la toiture
• subdivision tripartite définie par des colonnades : définit les nefs (nef centrale menant à l'abside,
puis deux nefs latérales
Deux autres basiliques... Saint-Apollinaire le Neuf, Ravenne ; Église Saint-Paul hors-les-murs, Rome
→ dans cette dernière, possible d’agrandir avec autres nefs latérales.

Époque tardo-antique et début époque byzantine, adoption dans tous les lieux d’assemblée du plan
basilical.
ex: synagogue Beth Alpha (VIe s)
→ caractère universel du plan basilical.

Donc, on le retrouve dès les premières réalisations monumentales de la période ummayades ; en Syrie
et Palestine, reconstruction de grands sanctuaires en mosquées gigantesques, remplaçant les
constructions mineures de bric et de broc. Période de monumentalisation.
→ pouvoir estime nécessaire de rendre visible l’islam en tant que nouvelle religion monothéiste : égaler,
voire supplanter les monuments chrétiens et juifs.

La Mosquée de Damas (Syrie), 706-714


Implantation sur un plan antique

Bipartition spatiale avec cour entourée de portiques sur trois côtés donnant sur façade d’une salle
fermée, salle de prière avec qibla. Cour à l’opposé du mur de la qibla.
Ici, salle particulièrement allongée (= plan barlong → grande largeur p/r à profondeur), pas de modèle
carré mais rectangulaire. Dû à plusieurs choses :
• implanté à l’intérieur d’un plan antique
• quatre tours (à la base des minarets + tardifs) d’avant, cathédrale chrétienne étant initialement
un temple à Jupiter : superposition dans le temps de traditions cultuelles

Agencement architectural

Arcades et édifice hypostyle

Trois mihrabs. Toujours les entrées monumentales de l’époque antique. Salle de prière subdivisée nette
avec hiérarchie des espaces. Pour identifier les nefs dans un plan, chercher les liens entre les colonnes
:
• quand trait plein, au niveau du sol
• quand tirets, relié plus haut → arcades…
Ici, arcades parallèles au mur de la qibla. Espaces intermédiaires non pas surmontés par des arcs, donc
vue dégagée : trois nefs côte à côte (nef intermédiaire entre les deux autres).
→ il faut donner leur orientation p/r au mur de la qibla, càd parallèles.
Salle hypostyle (= dont la couverture est portée par une multitude de supports).
Quatre grands piliers sur lesquels viennent buter les fils d’arcades : relient ces piliers
perpendiculairement aux nefs. Permettent de positionner une coupole au milieu, et constituent une
septième nef (= nef axiale), perpendiculaire au mur de la qibla servant à monumentaliser la partie
centrale : selon un principe d’axialité, permet de mener au mur de la qibla creusé du mihrab. Servait
pour les cérémonies (cf. textes qui parlent des processions, etc).
Donc subdivision dans la salle de prière : évolution par rapport au début des mosquées avec introduction
d’une hiérarchie spatiale, dès 1ère décennie du VIIIe s.

Plan et dimension rituelle

Dans les cas des églises et synagogues, pas de plan barlong car regards concentrés sur un seul et
même endroit (autel) → spectacle scénique avec performance ; ici, logique de la pratique cultuelle
islamique, càd regarder vers la Mecque, donc besoin de faire de longues files ; performance collective
tournée vers un ailleurs, se projeter vers la Mecque.

Comme dans les églises et synagogues, parfois / souvent partition genrée au sein de la salle de prière,
mais cela dépend de la configuration des locaux. Précepte que les femmes doivent prier derrière les
hommes, mais difficile à dater et de savoir quand / si c’est appliqué pendant les 4 premiers siècles
(jusqu’au X, XIe s).

Les mosaïques

Mosquée de Damas aussi connue pour sa conservation de décors de mosaïque byzantine. Surtout
visible dans l’une partie ouest des portiques, avec mosaïques à fond d’or et décor caractéristique, décor
bucolique… Avant l’incendie des débuts années 1890 qui a ravagé l’édifice, toute la mosquée, tout
l’intérieur et tous les portiques étaient décorés de la sorte ; sommes faramineuses investies dans la
décoration. Priorité pour l’état ummayade : fait partie de la polt impériale pour rivaliser avec les grands
monuments byzantins.

Décor riche et luxuriant, avec qualité des mosaïques, sans figures contrairement à tous les décors
paléochrétiens, mais des arbres, etc. Aniconisme (abs figures humaines ou animales) dans les
monuments religieux (et non dans les palais ! à la même époque, il y en a partout).
Mosaïques ont donné lieu à un débat quant à leur signification :
• carte de l’empire ? représentation des villes, etc… → colle pas
• une des premières formulations du paradis coranique, càd lieu de verdure mais aussi
architecture palatine qui correspond aux édifices décrits dans le Coran

Autres exemples

Mosquée de Resafa
Sergiopolis Resafa : situé en actuelle Syrie avec grand sanctuaire de Saint Serge (église très
importante). se greffe sur ce contexte écclésial une mosquée, illustrant un principe de contiguïté des
monuments de culte → proximité immédiate des mosquées avec autres lieux de culte.

Mosquée à cour et salle de prière hypostyle, salle de prière de plan barlong même si l’ensemble du
bâtiment ne l’est pas. Alternance de supports (colonnes et piliers de plan rectangulaire) ; tiretets qui
manifestent la présence d’arcades parallèles au mur de la qibla et définissent des nefs. Trois nefs
parallèles au mur de la qibla ; malgré espace, pas d’arcades perpendiculaires qui bordent l’allée centrale
— qui n’est donc pas une nef. D’où dans la restitution, pas de nef perpendiculaire (= nef axiale) qui
s’affirme dans la toiture en élévation (deux pans). Malgré l’allée centrale qui mène au mihrab visible par
la largeur, pas une nef. Espace entre colonnes → travée. Travée centrale/médiane et travées des
extrémités, qui sont les prolongements des portiques, sont plus larges que les travées latérales — et
par conséquent, par souci de proportions, plus hautes.

Mosquée du palais, Qasr al-Hayr al-Sharqî (720-730)


Résidence des élites ummayades ; intégrée au palais, dans période de multiplication des constructions.
Plan + complexe : conjugue les nefs parallèles au mur de la qibla et axiales. Pas de coupole au-dessus
de la nef axiale mais bien inspiration de la mosquée de Damas.

La Grande Mosquée al-Aqsâ de Jérusalem


Implantée sur une plateforme artificielle remblayée ; mosquée à l’extrémité sud de l’esplanade
anciennement juive, appelée en arabe “al-Haram al-Sharif”. Secteur avec une hauteur bien moins
élevée du sol. Sous-sol très sensible aux tremblements de terre, donc mosquée plusieurs fois détruite.
Ici, aspect différent de celui d’à l’origine lors de sa première construction au VIIIe s.

Du fait de son histoire, son importance et sa situation géographique, plusieurs spécificités :


• Absence d’une cour — ou plutôt, elle est sur le reste de l’esplanade
• Trois nefs médianes perpendiculaires, trois nefs de part et d’autre parallèles au mur de la qibla
→ rappel d’un plan basilical
• Nef axiale plus haute que le reste et s’achève par une coupole

Restitution hypothétique d’un plan de la salle de prière originelle. Salle hypostyle, plan barlong, nefs
TOUTES perpendiculaires au mur de la qibla. Rythme des travées variables : supports + proches et pas
même dimension quand proches du mur de la qibla. Lignes d’arcades parallèles, mais pas un espace
continu, donc pas une nef.
Importance cruciale du plan basilical — ce qui n’est pas anodin à Jérusalem, etc. Dans la tradition
architecturale paléochrétienne pour la concurrencer. Arcades qui servent comme moyens
architectoniques de tous les côtés de la coupole : les lignes d’arcades ont donc un rôle architectonique
de canalisation des poussées de la coupole. Solution pragmatique face à un problème concret
d’équilibre des forces, mais qui crée une rupture visuelle / une incohérence (mais qui sommes nous
pour critiquer ce brave homme…).
Coupole pas située au même endroit qu’à Damas, soit au milieu et non proche du mihrab. Montre que
le positionnement de la coupole n’est pas encore fixe, mais il en faut une. La solution choisie rejoint
finalement les basiliques, avec renforcement au niveau du transept (croisée des nefs et de l’abside).
→ // transept.

Anticipation d’une tendance qui s’affirme : la coupole dans mosquées ultérieures se trouve devant le
mihrab pour souligner son importance. Idée en germe.
Seul édifice de l’époque omeyyade qui présente toutes ses nefs perpendiculaires au mur de la qibla,
mais conséquences très grandes car reprise du modèle partout, dès lors.

L’empire des premiers Abbassides et les monuments religieux

Période qui se caractérise par apparition de monuments partout dans l’empire, grâce à pouvoirs locaux
et Etats qui cherchent à s’affirmer sur le plan matériel, qui font donc construire des mosquées, etc.
Monuments s’inspirant de ce qui s’est fait en Irak entre mi-VIIIe et IXe s, car coeur du monde abbasside
(Badgad (= mais aucun vestige), Samarra, etc).

La grande Mosquée d’Abû Dulaf à Samarra

Samarra : deuxième capitale → nombreux monuments du IXe car seulement capitale de 836-892
(fondation à abandon) → repart à Bagdad, monuments laissés. Importants car produits dans cadre
d’une archi officielle, impériale : destinés à accueillir grand nombre de fidèles (centaines de milliers).
Marquent les esprits qui servent d’inspiration dans les autres provinces, même si modèle irakien
combiné aux conditions et traditions locales.
ex: mélange héritage sassanide, héritage romain… → identité propre.

Mosquée d’Abû Dulaf, Samarra, construction 859

Paradigmatique. Proportions énormes (long = 400m) → les 2 + gdes mosquées de l’époque médiévale
à Samarra. Enceinte extérieure : large espace vide de construction pour accueillir fidèles ne pouvant
entrer dans la mosquée même. Mur d’enceinte en brique crue a fondu par manque d’entretien.

Typique période abbasside :


• piliers = portiques autour de la cour → rectangulaire allongée dans le sens de la qibla
• cour = essentiel de l’espace : + imp superficie que les espaces couverts
• salle de prière bien barlong → mais pas grande
Pas de colonnes car pas de romains : piliers (= tradition sassanide).
Organisation des nefs et arcades :
• arcades perpendiculaires au mur de la qibla → 16 nefs de part et d’autre de la nef axiale
• deux nefs au niveau des portiques
• pour portiques opposés à salle de prière → trois travées
• nef axiale + large que les autres, donc probablement plus haute → continuer la trad des
ummayades
• deux nefs parallèles au mur de la qibla → vient renforcer la hiérarchie, mais différemment qu’à
l'époque ummayade : dégage visuellement le mur de la qibla, plus d’espace, donc réaffirmer
son importance en essayant de former une unité visuelle (espace réservé aux dignitaires)
• donc profondeur de la salle (= espace hypostyle) : cinq travées et espace des deux nefs

Axe longitudinal du mihrab (en bas) au minaret (en haut).

Piliers et arcs en brique cuite : ont résisté (contrairement à la brique crue).

La Grande Mosquée de Kairouan (836)

Reconstruite en 836 puis travaux pendant IXe siècle. Extrémité du califat abbasside sous dynastie arabe
vassale (gouverneurs), les Aghlabides (800-909) qui règnent au nom des Abbassides. Influencé par
Orient pour leur capitale, Kairouan, d’où inspiration de l’Iran.
→ pas inspi de Samarra car vient d’être fondée…
Inspiration des édifices irakiens : cour rectangulaire allongée dans l’axe du mihrab, minaret dans l’axe
et opposé au mur de la qibla. Salle de prière :
• nef axiale → deux coupoles
• arcades perpendiculaires au mur de la qibla → 8 et 8 nefs de part et d’autre de la nef axiale
• toutes viennent buter contre nef parallèle au mur de la qibla → plan en T
o surélévation de la toiture qui la laisse appairaître
o même largeur des deux grandes nefs → permet de placer la coupole devant le mihrab
Deux dernières travées qui sont isolées par des arcades plus importantes, faisant de la pièce un espace
barlong & ouvrant sur la cour.

Colonnes et non piliers : toutes les colonnes et chapiteaux sont des remplois, magnifique musée de l’art
antique. Structure qui est fragile, d’où organes de raidissages. Plan irakien, matériaux en brique cuite
typique irakienne (et non la pierre), et bien des éléments architecturaux autres (byzantins, romains,
grecs).

En //, influence de l’architecture chrétienne mais déjà assimilé : plus une question d’imiter le transept
mais de reprendre un plan de mosquée.
Plan trapézoïdal, avec contreforts (à l’extérieur) irréguliers pour aider à maintenir les murs.
Grande mosquée d’Ibn Tûlûn, Fustât (Egypte)

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