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Préface
Le patrimoine culturel et civilisationnel islamique constitue le répertoire et la mémoire
vivante incarnant le génie créateur de la Oumma et véhiculant ses valeurs pérennes et les
fondements de son identité propre qui la distingue de toutes les autres civilisations et
cultures. La tradition architecturale représente à cet égard l’une des contributions les plus
riches et les plus magnifiques que la civilisation islamique apporte au patrimoine
universel. L'architecture islamique, avec ce qu’elle recèle comme valeurs esthétiques et
artistiques, témoigne de façon éclatante de la splendeur de notre civilisation, du talent et
de l’esprit inventif dont nos architectes, nos maîtres maçons et nos savants ont toujours
fait preuve. Ce génie créateur hors du commun a donné naissance, au fil des siècles, à des
monuments et autres merveilles d'architecture qui défient le temps et que l’on peut
admirer un peu partout dans le monde, qu’il s’agisse des établissements religieux et
culturels comme les mosquées, les “ribats” (les forteresses) et les citadelles, ou des
institutions scientifiques et d’enseignement telles les médersas et les mosquées-
universités.
L’Organisation islamique pour l’Éducation, les Sciences et la Culture -ISESCO- et
l’Association mondiale de l’Appel islamique -AMAI-, conscientes du rôle joué par ces
monuments architecturaux, et désireuses de faire découvrir toute la richesse de ce
formidable patrimoine, ainsi que de mettre en évidence sa contribution à l’architecture
mondiale et d’en préserver la spécificité et la valeur artistique, ont œuvré, à travers leurs
programmes de coopération successifs, pour la sauvegarde de ces monuments
architecturaux en contribuant à leur restauration et en sensibilisant au rôle que ces édifices
ont joué au fil des temps dans le rayonnement de la culture islamique. Ainsi, outre leur
soutien aux travaux de restauration, les deux organisations avaient élaboré des études
visant à développer l’architecture islamique et les arts qui s’y rattachent ainsi que les
méthodes d’enseignement de ces disciplines. Elles entendent de ce fait conserver la
spécificité de l’art architectural islamique et faire prendre conscience aux musulmans, et
plus particulièrement aux jeunes générations, de la singularité et de la beauté
exceptionnelle de cet art, tout en oeuvrant à sa modernisation afin de l’adapter aux
évolutions de l'architecture mondiale.
C’est dans cette perspective que l’ISESCO, en collaboration avec l’AMAI, publie la
présente étude, réalisée par Dr Afif Bahnassi, grand expert et éminent chercheur. Ce
travail propose une vision méthodologique pour développer l’enseignement de
l’architecture islamique en se fondant à la fois sur des sources traditionnelles, en
l’occurrence la référence civilisationnelle islamique, et sur des données modernes mettant
à contribution les innovations dans ce domaine. L’approche adoptée allie la rigueur
scientifique et la richesse documentaire à la simplicité et à l’élégance du style.
2
Nous espérons que ce travail, par la grâce de Dieu, apportera une contribution des plus
utiles aux étudiants, aux intellectuels et au public désireux de découvrir cet aspect
merveilleux et original de la civilisation islamique que constitue l’architecture.
l islamique -AMAI-
3
n
que matière à proprement parler dans les
niversités des pays islamiques. Ceci tient au
sont pas clairement définis dans le cursus
ouvrage est justement de remédier à cette
es traits de l'approche islamique en matière
cture en tant que discipline théorique, d'une
ue et créatrice à laquelle se livrent aussi bien
architecture. Le second volet a été consacré,
influencé par les préceptes de l'islam et la
nt nettement perceptibles dans les bâtiments
l. Cette étroite corrélation est le premier trait
ensuite la dimension humaine en tant que
ique. Ce concept réfère à l’ensemble des
le bâtiment pour être conforme aux critères
ublée de la fonction esthétique qui fait du
uvre d'art dont les formes matérielles et les
t de sérénité.
pour objet d'exhumer les faits architecturaux
utôt de réfléchir à la manière dont il faut
ers le futur et soucieux d'y incorporer les
ogrès fulgurants qui marquent le monde
es les questions de l'authenticité et de la
.
au domaine de la création artistique sera
e qui permette de concilier ces deux pôles
rant moderniste. Pour illustrer cette tentative
tes arabes comme Hassan Fathi et celles de
naux venus récompenser leur attachement à
aident à mieux appréhender les conditions
rmule de conciliation, que ce soit au niveau
critères de sélection pour primer les projets
nasi
I
ectural islamique
lamique
mains du maçon traditionnel qui donna libre
t son appartenance sociale et religieuse pour
, ce maçon s’érige par son génie en école et
11
’enceinte du sanctuaire.
direct.
m Ani-al-Hammam", qui est un traité sur les
e propreté, d’intimité et d’hygiène auxquels
à le moyen le plus sûr de prêter aux bains
taines maladies. Il y a aussi la prestation de
istratif, l’aménagement de vestiaires, d’une
d’architecture qui président à la construction
s canalisations d’eau et la multiplication des
ur éclairage du bain.
rtiments qui vont du froid au chaud sec en
munir les usagers du bain des brusques
hitecture 16
ctroyé à l’architecture son cachet spécifique.
ait de reconstituer le soubassement théorique
s.
res.
nous les empreintes. »
es habitations en milieu rural, Al-Masoudi a
es vertus et des avantages qu’on pourrait lui
es paramètres à respecter en milieu urbain,
bâtiments soient adaptés à l’environnement
le vent. Il a en outre parlé de la nécessité
visionnement des habitants, de veiller au
en eau potable, et de mettre en place un
et techniques de construction, la mesure des
turelles du bâtiment.
II
fit des architectes du monde islamique ou
s 23
hitecture islamique
ment par la revivification de la conscience
bien navrant de voir que notre culture
’histoire de l’architecture occidentale que de
et électronique).
ne qui a été imposé par l’expansion de
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et les minbars étaient décorés de motifs
ou de pierre. Non figuratifs, ces ornements
rchitectural islamique qui tendait plus vers
ât frapper la représentation figurative. En
s palais omeyyades d’Amra, d’Al-Hir Ouest
ne : Présentation et analyse
a modernité en architecture serait Ali Basha
wfiqiyya. Il a été frappé par la tendance de
ance a commencé du temps de Mohamed Ali
ion moderniste. Mais c’est Hassan Fathi(15)
modernité en pratique et non plus seulement
pauvres, instinctivement conscients de leurs
es conditions de leur habitat et qui réalisent
créativité, loin de toute règle géométrique et
mple expression, ils réalisent les dômes et les
il qui leur servait à mesurer les diamètres de
hi dit à ce propos : "Les habitants de chaque
urs besoins environnementaux et la manière
et sanitaires. Ils ont hérité cette conscience
éférence authentique en la matière”.
de la brique résiste au temps et constitue le
on esthétisme, sa solidité et son coût réduit".
a rive ouest du Nil, en face de Luxor est une
elle a été portée à l’écran.
nnés dans le célèbre livre de Fathi intitulé :
sieurs langues. Dans ledit projet, Fathi a mis
es, l’ont rendu célèbre de par le monde et lui
41
ge qui met le plus nettement en évidence
rix du projet architectural, en 1988, décerné
Dans le rapport du jury, on peut lire : "Le
ensions géométriques proportionnelles aussi
r les blocs architecturaux principaux. Toutes
ntent d’excellents rapports géométriques et
be glorieux au présent algérien".
r une colline d’Alger dominant la mer. Il est
bassin d’eau. Le rez de chaussée est entouré
s par des colonnes couronnées sur le mode
hra et dans les palais de l’Alhambra. Cette
r le style colonial que l’occupation française
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prise en compte de la dimension humaine et
é le contraste entre les styles islamique et
une certaine neutralité, ce qui le rend tout à
nce physique et morale, ainsi qu’une certaine
dont la civilisation et l’architecture lui sont
des théoriques
es et aux objectifs des prix d’architecture
s une architecture islamique contemporaine
ont toujours besoin d’être appuyés par les
ns nationales peuvent combler à travers leurs
octroyés par le Roi Fahd, il en est un qui
ffectuée par des jeunes architectes et des
III
ctural islamique au sein des universités en vue
l’architecture
é pour l’enseignement de l’art architectural 47
enseignement au sein du monde islamique afin
son authenticité islamique et son unité dans un
hir les valeurs humaines et civilisationnelles, et
rchitectural
he du patrimoine architectural islamique est la
51
e l’art architectural islamique et a analysé
es vestiges ou les monuments encore en place
as, du Caire, du Kairouan et de Fès, ou les
scientifique" et "touristique" préservant ainsi la
Cordoue, la Mosquée du Shah à Ispahan et le
igieuse ou urbaine.
stinguée par son respect de la fonction et du
re
théoriques et pratiques aident l’étudiant dans
données culturelles, économiques, sociales et
est d’amener l’étudiant à exécuter ses plans
e des talents demeure le moyen efficace pour
e du futur. Cette architecture ne doit pas être
s plus que le patrimoine n’est un modèle pour
ous permet de sauvegarder notre identité, car
en sera d’autant plus renforcé que nous en
sine qua non pour ressusciter le patrimoine
éations individuelles. Le temps des courants
nt désormais partie intégrante de l’art et de
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maîtres de l’architecture dans chaque pays
termes communs en matière d’architecture, à
our les architectes et les études en architecture.
alistes pour la collecte, la normalisation, la
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ulman productif doit être menée parallèlement
ecte, en préparant les esprits à l’acceptation de
ulement de susciter des sentiments passionnés
out de vulgariser les notions de la culture
sant connaître ses joyaux et ses spécificités à
vient aussi d’organiser, sur une vaste échelle,
qui visent à mettre en exergue l’importance de
IV
les valeurs nobles des arts islamiques
n en matière d’art
loi n’ont pu aborder avec la rigueur requise ni
tation figurative qui a été remise à l’ordre du
n des orientalistes, puis ensuite par les docteurs
rapporteurs de Hadith comme Annawawi, qui
e cette représentation figurative.
t du se référer au Hadith suivant : "Au jour du
r la création de Dieu s’exposent au plus sévère
nt la même idée sans spécifier les motifs de la
émis par des grammairiens comme Abu Ali
ammaire pour affirmer que la prohibition n’est
e forme humaine. L’intérêt de cette interdiction
qui relèvent de l’impiété. L’autre justification 62
endre être capable de représenter les créatures,
de représentation reconnue exclusivement au
otamment "les signes divins", "Al-Imtae wa
Tawhidi ne soutient pas un avis favorable à la
es ses formes divines, naturelles ou humaines.
des imams ni à ceux des docteurs de loi, mais
credo monothéiste et les prescriptions divines
est égal".
uligne le principe monothéiste qui caractérise
Toute chose est une manifestation de Dieu, sa
t Dieu". Voilà pourquoi il n’est pas permis
parenter à quelque image que ce soit. Il est
ers de l’art pictural occidental qui a représenté
lui donnant l’image d’un vieillard s’attelant à
e Dieu était assez proche de la figure de Zeus,
ecque.
e l’on accorde à Dieu ne sont pas assez vastes
vine, au même titre que toutes les figurations
présenter Dieu". Et d’ajouter que l’Homme est
is, sa raison et son intuition peuvent l’aider à
orme à travers Ses créatures et leurs mystères,
et le Dernier, le Manifeste et le Sous-jacent”
, en étant imperceptible à la vue humaine, est
ents, ses parties.
dith, Abou Hayyan soutient que la prohibition
nt sur le principe de l’unicité de Dieu et de la
tion de Dieu ne peut pas être assujettie à des
i réfère à Dieu par des moyens rationnels, en 63
on ni par le nom ni par la forme, animé d’un
edo du monothéisme.
t l’anthropomorphisme et attribué à Dieu une
appréhender. Ainsi, Abou Hayyan Tawhidi
nditions qui procèdent du dogme monothéiste,
mme. Il affirme à ce propos : "Lorsqu’il (le
utorisé à user de formules métonymiques pour
res humains, sommes forcés d’agir ainsi parce
er, de l’adorer, de le prier, de le craindre et de
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vers le sud, selon que l’on se situe à l’est ou à
V
urs de l’histoire et de la civilisation islamiques
tion religieuse ?
nes
doine pour exprimer les valeurs islamiques. La
hitectural ayant servi la pensée monothéiste "En
ention des Hommes est bien celui de la Mecque,
ction pour l’Univers" (Al- Imrane, 96).
weit, 1982).
Khitat wal Aathar, Dar Sader, Beyrouth.
du Al Jahiz: Tarbii wa tadwir.
aa, al-Hayawan, Rissalat al-Tarbii wal Tadwir.
Muqabasat, al-Imtaa wa al-Muanassa, Rissalat
athi.
modernité dans notre livre "Al Hadata wa ma
eyrouth.
mme le premier écrivain à s'intéresser au livre