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Université Ferhat Abbas-Sétif 1 Institut d’architecture et des sciences de la terre 1ère année Architecture 2023-2024

Résumé 7 : Architecture Paléochrétienne


Plan du résumé
1. Introduction.
2. L’Église symbole de l’architecture paléochrétienne.
3. Devenir de la ville antique, des équipements publics et de l’habitat.

1. Introduction
L’architecture paléochrétienne s’est détachée de l’architecture romaine, notamment de la
basilique judiciaire, et son cadre géographique coïncide avec celui de l’Empire romain. Une
architecture qui s’est développée du IVe siècle à la première moitié du VIIe siècle. En effet, le
christianisme primitif était mal disposé à l’égard des représentations iconographiques de Dieu et des
cérémonies qui se déroulaient dans les temples où dieux et empereurs sont adorés côte à côte. À
mesure que le nombre de fidèles augmentait, le christianisme changeait de visage. Le culte se
développa, prit plus de consistances, et toute une liturgie s’élabora nécessitant des lieux de culte
plus vastes que les salles de réunion dans les maisons privées. La légalité reconnue de leur religion
par Constantin (édit de Milan) arriva au bon moment. Favorisé par l’empereur plus que les autres
cultes, le christianisme s’appliqua alors à afficher son triomphe en se dotant d’installations
matérielles et en développant une architecture spécifiquement adaptée aux besoins de leur culte.
2. L’église symbole de l’architecture paléochrétienne
Les temples romains n’étant pas adaptés pour recevoir un nombre important de fidèles, c’est la
basilique romaine, bâtiment destiné à la justice et aux transactions commerciales, qui est choisie,
toutefois quelques aménagements sont nécessaires (BARRAL I ALTER, 1997). La basilique
réaménagée en église était précédée d’une grande cour couverte, encadrée de tous les côtés par un
portique. Au milieu de la cour, appelée atrium, se dressait une fontaine où les fidèles se purifiaient
avant leur entrée dans l’église. À l’intérieur, le plan de la basilique romaine a connu peu de
modifications. Nous retrouvons la nef principale flanquée sur chaque côté d’une nef latérale et
parfois même de deux nefs latérales dans les grandes basiliques. La nef principale se distinguait par
rapport aux nefs latérales par une hauteur plus importante et par une grande abside semi-circulaire
qui la termine. L’abside, qui existait déjà dans certaines basiliques romaines, a connu peu de
changements mis à part l’arc triomphal qui l’ouvrait sur la nef principale. Pour souligner le
caractère sacré de l’abside, son sol était un peu plus élevé que celui de la nef et elle était richement
ornée de peintures et de mosaïques.
Dans les plus grandes basiliques, un
vaisseau, appelé transept, s’étendant
transversalement, s’intercale entre l’arc
triomphal et l’abside. Ce transept était
généralement aussi élevé que la grande
nef et approximativement aussi large. Le
transept prendra de l’ampleur dans les
basiliques construites et l’on aboutit à la Illustration 1 : Église
forme cruciforme comme c’était le cas à à plan basilical
Saint-Pierre, édifiée à Rome en 330. (Basilique Saint-Pierre)
Le plan de la basilique modifiée ou construite montre clairement une organisation
processionnelle avec comme point d’orgue l’abside où siège en général le clergé et qui fait face à
l’entrée au terme d’une séquence axiale imposante. Il fallait montrer au croyant le chemin dans sa
recherche de Dieu et le lui faire parcourir. C’est un chemin orienté qui conduit progressivement du
monde extérieur, celui des ténèbres vers celui de la lumière, le sanctuaire. Tous les moyens
architecturaux et décoratifs servaient exclusivement à manifester d’une manière visuelle que, plus
on avançait vers l’enceinte consacrée de l’autel, plus la sainteté augmentait. Par l’alignement des
colonnes et la suite ininterrompue des architraves, le regard est très fortement attiré vers l’abside.
En somme, le plan basilical suit une perspective horizontale et se développe autour d’un axe central.
Les premiers chrétiens ont aussi élevé des bâtiments caractérisés par des plans circulaires et

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polygonaux. Dans ces bâtiments, tout s’ordonne autour d’un axe vertical et pour souligner cet axe,
une coupole surmontait les églises à plan circulaire et polygonal. Ce plan convenait particulièrement
bien aux baptistères et aux chapelles funéraires. Dans les
deux cas, nous sommes en présence de bâtiments où
l’intérêt du fidèle devait être fixé sur un même point
central, sans orientation particulière. Au baptistère, c’était
la cuve baptismale et dans la chapelle funéraire c’était un
sarcophage ou plus fréquemment l’autel (MAMES, 1965).
Le plan des baptistères et chapelles funéraires, tout
d’abord isolé, devait à partir du VIe siècle prendre une
importance prédominante dans les églises byzantines,
comme on le verra dans la deuxième partie de ce chapitre.
La conception théologique du pouvoir impérial fait de Illustration 2 : Église à plan centré (Sainte-Constance)
l’empereur « représentant » de Dieu sur terre et la
conversion des couches supérieures de la société
entraînèrent la multiplication des constructions religieuses.
L’église s’éloigna alors de sa simplicité initiale et les
vieilles idées de l’Antiquité, pour qui la grandeur et la
magnificence des constructions étaient des symboles de
puissance, réapparurent. Outre la décoration des façades,
certaines églises s’étaient dotées de tours carrées ou
rondes. À Saint-Apollinaire-in-Classe (534 - 549), il y avait
un campanile isolé tandis qu’à Turmanin en Syrie, deux
petites tours rectangulaires étaient incorporées au bâtiment.
Il est vraisemblable que la construction des tours devait
servir à montrer le chemin de l’église. Donc, une
architecture religieuse qui présente des caractéristiques
régionales et dont la complexité indique la richesse des
commanditaires (CHOISY, 1964). Avec le temps, les
principales églises tendent à s’organiser en complexes qui
comprennent des annexes liturgiques tels que des sacristies,
un baptistère, des bâtiments servant à l’assistance et à
l’accueil, des dépendances économiques et la demeure du
clergé (MARROU, 1977). Ce développement entraînera des
conséquences sur l’aspect de la ville antique. Illustration 3 : Saint-Appolinaire-in-Classe

3. Devenir de la ville antique, des équipements publics et de l’habitat.


L’anarchie politique au sein de l’Empire romain aux IIIe et IVe siècles et les invasions barbares1
provoquent une certaine éclipse de la vie urbaine. Ce climat d’insécurité pousse les citadins à se
retrancher derrière d’étroits corselets de murailles élevés rapidement, ce qui engendre une brusque
contraction du territoire urbain (Mumford, 1964). L’expansion du christianisme provoque aussi une
série de bouleversements de l’espace urbain. Comme les premières églises étaient établies hors les
murailles des villes, elles génèrent des faubourgs et parfois même des villes. Dans ces lieux, le
dessin des rues est irrégulier et extrêmement varié, tant sous l’influence du site qu’en raison du fait
que d’anciens chemins se soient transformés en rues. Les recherches menées sur les villes de cette
période concluent que jusqu’au XIIe siècle, la naissance et la croissance des villes s’effectuaient
selon deux grands processus : développement linéaire le long d’une route ou d’une rivière ;
attraction par un noyau urbain ou par un édifice majeur (château, monastère, église). L’église, seule
ou en complexe, devient donc un nouveau pôle d’attraction au détriment des équipements publics
romains. Ces derniers vont connaître des fortunes diverses, du maintien à la transformation voire

1
Nom donné par les Grecs à tous les peuples, y compris les Romains, restés en dehors de leur civilisation, puis par les
Romains à tous ceux qui ne participaient pas à la civilisation gréco-romaine. Source le Petit Larousse.

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l’abandon total (Mumford, 1964). Les grands thermes souffrirent de la rupture des aqueducs ou du
manque d’entretien. Les plus petits étaient sans cesse réparés et entretenus, mais avec le temps ils
tendaient à se réduire à leur fonction thermale. Les édifices de spectacle, tels que les cirques, sont
restés en usage pour les courses de chars. Tandis que les amphithéâtres n’accueillaient plus les
combats de gladiateurs, interdits par l’église, mais seulement la chasse aux animaux sauvages.
Enfin, les temples s’ils n’étaient pas abandonnés et utilisés comme carrière pour les églises, ils
étaient convertis en sanctuaires chrétiens.
En ce qui concerne l’habitat, les formes héritées de l’Empire romain n’ont pas connu beaucoup de
changement. Les villas2 et les immeubles de plusieurs étages ont
continué à exister. L’habitat des premiers chrétiens, notamment les
apôtres, avait comme principe directeur la vie en communauté
(BARRAL I ALTER, 1997). Un mode de vie communautaire qui a
engendré le développement de catacombes. Ces dernières consistent
en la construction de passages souterrains avec des rangées d’alcôves
pour les corps dans des chambres décorées de peinture, à thème
parfois biblique, et ce dès le IIIe siècle.
L’église, abri du culte chrétien dans sa forme basilical ou centré, a
repris les modèles de la basilique et des tholoi romains tout en y
apportant quelques modifications. C’est pratiquement le seul legs de
l’architecture paléochrétienne. Car la condition indispensable au
développement des arts est qu’il existe un gouvernement qui les
soutient et les protège. Ces conditions étaient présentes dans
l’ancienne partie orientale de l’Empire romain, qui sous le nom de
Byzance va permettre le développement des initiatives artistiques et Illustration 4 : Les catacombes
architecturales.

Sources : CHOISY, A. (1964), Histoire de l’architecture, Paris, Ed. Vincent, Fréal et Cie.
BARRAL I ALTER, X. (1997), Haut Moyen-Âge : de l’antiquité tardive à l’an 1000, Cologne, Taschen.
MAMES, E.O. (1965), From Cave to Cathedral, Londres.
MARROU, H. I. (1977), Décadence romaine ou antiquité tardive ? IIIe-VIe siècle, Paris, Seuil.
MUMFORD, L. (1964), La cité à travers l’histoire, Paris, Seuil.
ENCYCLOPÉDIE UNIVERSALIS pour les illustrations

2
Les villas ont continué à se développer surtout dans la campagne avec la désertion des villes par les riches à cause des
invasions germaniques. L’autre facteur qui a permis le développement des villas c’est l’émergence d’une nouvelle
classe de dignitaires composée par les hauts représentants de l’église (MARROU, 1977).

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