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Revue

2022/2 de Droit Comparé


du Travail
et de la Sécurité Sociale
R E V U E SOUTENUE PAR L’INSTITUT DES SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES DU CNRS

JURISPRUDENCE SOCIALE
COMPARÉE
La protection jurisprudentielle du salarié lanceur d'alerte
Coordination par Alexandre Charbonneau et Allison Fiorentino
Avec les contributions de :
Alexandre Charbonneau & Allison Fiorentino (Introduction), Urwana Coiquaud & Jeanne
Pérès (Canada), Adriana Orifici (Australie), Joël Colonna & Virginie Renaux-Personnic
(France), Francisco Javier Arrieta Idiakez (Espagne), Mariana Ferrucci Bega & Bruno Louis
Maurice Guérard (Brésil), Riccardo Maraga (Italie), Vladimir Tobón Perilla (Colombie),
Lauren Kierans (Irlande), Abigail Osiki (Afrique du Sud)

JURISPRUDENCE SOCIALE
INTERNATIONALE
Commentaire
Lou Thomas - La mise en œuvre des accords européens : une autonomie a minima des
partenaires sociaux

Actualités
Organisation Internationale du Travail
Organisation des Nations Unies
Union Européenne

LITTÉRATURE DE DROIT SOCIAL


COMPARÉ
Cinzia Carta & Gratiela-Florentina Moraru - Le droit du travail au-delà des frontières
nationales : les principaux débats en 2018-2019-2020

CHRONIQUE BIBLIOGRAPHIQUE
Achim Seifert - Isabel Ramos Vázquez, La formación del derecho obrero en el Reino Unido, Francia
y España antes de la primera guerra mundial, Universidad de Jaén, Thomson Reuters Aranzadi, 2020
António Monteiro Fernandes - Alberto Arufe Varela, El personal laboral de la Unión Europea,
Ed. Atelier, Barcelona, 2020
Alexandre Charbonneau - Jean-Pierre Le Crom et Marc Boninchi (dir.), La chicotte et le pécule. Les
travailleurs à l’épreuve du droit colonial français (XIXe-XXe siècles), Presses Universitaires de Rennes,
2021

COMPTRASEC - UMR 5114 - CNRS - UNIVERSITÉ DE BORDEAUX


Revue de Droit Comparé du Travail et de la Sécurité Sociale
Membres du Conseil scientifique
N. Aliprantis (Grèce), G.-G. Balandi (Italie), U. Becker (Allemagne), U. Carabelli (Italie), J. Carby Hall (Royaume-
Uni), A.  Cissé Niang (Sénégal), L. Compa (États-Unis), W. Däubler (Allemagne), P. Davies (Royaume-Uni),
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(Japon), J.-C. Javillier (France), P. Koncar (Slovénie), M.  Nasr-Eddine Koriche (Algérie), A.-M. Laflamme
(Canada), R. Le Roux (Afrique du Sud), A. Lyon-Caen (France), A. Monteíro Fernandes (Portugal), A. Montoya
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G. Trudeau (Canada), C. Vargha (Bureau International du Travail), M. Weiss (Allemagne), A. Zheng (Chine).

Directeur de la publication
Philippe Martin, COMPTRASEC (UMR CNRS 5114), Université de Bordeaux.

Rédactrice en Chef
Isabelle Daugareilh, COMPTRASEC (UMR CNRS 5114), Université de Bordeaux.

Rédacteur en Chef adjoint


Alexandre Charbonneau, COMPTRASEC (UMR CNRS 5114), Université de Bordeaux.

Chargée d'édition
Marie-Cécile Clément, COMPTRASEC (UMR CNRS 5114), Université de Bordeaux.

Mise en page
Corinne Blazquez, Maison des Sciences de l'Homme d'Aquitaine (MSHA).

Membres du Comité éditorial


Pablo Arellano Ortiz (Organisation Internationale du Travail - Université Pontifica de Valparaiso PUCV - Chili),
Jérôme Porta (COMPTRASEC - Université de Bordeaux - France), Eri Kasagi (CNRS - Université de Bordeaux -
France), Risa L. Lieberwitz (Université de Cornell – États-Unis), Pascale Lorber (Université de Leicester -
Royaume-Uni), Yuki Sekine (Université de Kobé - Japon), Achim Seifert (Université Friedrich Schiller de Iéna –
Allemagne) et Ousmane O. Sidibé (Mali).

Correspondants du réseau d’Actualités juridiques internationales


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(République du Congo - Congo Brazzaville), I. Yankhoba Ndiaye et M. Gaye (Sénégal), N. Mzid et A. Mouelhi
(Tunisie)
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n Asie-Océanie  : D. Allen, S. McCrystal et T. Walsh (Australie), A. Zheng (Chine), J. Park (Corée du Sud),
G. Davidov (Israël), S. Dake, M. Iwamura, E. Kasagi, H. Nagano, Y. Sekine et Y. Shibata (Japon), S. Taweejamsup
(Thaïlande) et Tuấn Kiệt Nguyễn (Vietnam).
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(France), C. Papadimitriou et A. Stergiou (Grèce), T. Gyulavári et K. Rúzs Molnár (Hongrie), M. O’Sullivan
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(Suède) K. Pärli et A. Meier (Suisse), K. Doğan Yenisey et M. Sur (Turquie).
REVUE
2022/2

revue soutenue par l’institut des sciences humaines et sociales du cnrs

COMPTRASEC - UMR 5114 - CNRS - UNIVERSITÉ DE BORDEAUX


International Association of Labour Law Journals - IALLJ
La Revue de droit comparé du travail et de la sécurité sociale est membre de
l’« International Association of Labour Law Journals », réseau d’échange de publications,
d’idées, de développements juridiques et économiques.

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Diritto delle Relazioni Industriali (Italie)
Diritti lavori mercati (Italie)
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Europäische Zeitschrift für Arbeitsrecht : EuZA (Allemagne)
European Labour Law Journal (Belgique)
Giornale di Diritto del lavoro e relazioni industriali (Italie)
Industrial Law Journal (Royaume-Uni)
Industrial Law Journal (Afrique du Sud)
International Journal of Comparative Labour Law and Industrial Relations (Pays-Bas)
International Labour Review (OIT)
Japan Labor Review (Japon)
Labour and Social Law (Biélorussie)
Labour Society and Law (Israël)
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Lavoro e Diritto (Italie)
Pécs Labor Law Review (Hongrie)
Revista de Derecho Social (Espagne)
Revue de Droit comparé du travail et de la sécurité sociale (France)
Revue de Droit du Travail (France)
Rivista giuridica del lavoro e della sicurezza sociale (Italie)
Russian Yearbook of Labour Law (Russie)
Temas Laborales (Espagne)
Zeitschrift für ausländisches und internationales Arbeits - und Sozialrecht (Allemagne)
SOMMAIRE 2022/2

JURISPRUDENCE SOCIALE COMPARÉE


La protection jurisprudentielle du salarié lanceur d’alerte
Coordination par Alexandre Charbonneau et Allison Fiorentino

p. 6 Alexandre Charbonneau et Allison Fiorentino


Un aperçu comparatif de la protection jurisprudentielle des
lanceurs d’alerte

p. 10 Urwana Coiquaud et Jeanne Pérès


Le salarié lanceur d’alerte au Québec

p. 20 Adriana Orifici
Le grand écart entre la loi et la jurisprudence sur la protection
des lanceurs d’alerte en Australie

p. 30 Joël Colonna et Virginie Renaux-Personnic


La Cour de cassation face au salarié lanceur d’alerte

p. 40 Francisco Javier Arrieta Idiakez


La protection pécuniaire du lanceur d’alerte en droit espagnol

p. 50 Mariana Ferrucci Bega et Bruno Louis Maurice Guérard


La protection du lanceur d’alerte au Brésil

p. 60 Riccardo Maraga
Quel avenir pour la protection des lanceurs d’alerte en Italie ?

p. 74 Vladimir Tobón Perilla


La dénonciation des cas de harcèlement moral par des lanceurs
d’alerte en Colombie

p. 84 Lauren Kierans
La jurisprudence en matière de lancement d’alerte en Irlande

p. 94 Abigail Osiki
L’interprétation par le juge sud-africain de la loi sur les
divulgations protégées
SOMMAIRE 2022/2

JURISPRUDENCE SOCIALE INTERNATIONALE

COMMENTAIRE
p. 104 Lou Thomas
La mise en œuvre des accords européens : une autonomie a minima
des partenaires sociaux

ACTUALITES DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES


p. 116 Baptiste Delmas ~ OIT - L’OIT, cheffe d’orchestre du monde d’après ?
p. 120 Elena Sychenko ~ ONU - L’analyse des observations finales adoptées
par les deux comités des droits de l’homme de l’ONU en 2021
p. 124 Hélène Payancé ~ UE - Exclusion des employés de maison de la
protection contre le chômage et discrimination indirecte fondée sur le
sexe

LITTÉRATURE DE DROIT SOCIAL COMPARÉ


p. 130 Cinzia Carta et Gratiela-Florentina Moraru
Le droit du travail au-delà des frontières nationales : les principaux
débats en 2018-2019-2020

CHRONIQUE BIBLIOGRAPHIQUE
p. 156 Achim Seifert
Isabel Ramos Vázquez, La formación del derecho obrero en el Reino
Unido, Francia y España antes de la primera guerra mundial, Universidad
de Jaén, Thomson Reuters Aranzadi, 2020
p. 164 António Monteiro Fernandes
Alberto Arufe Varela, El personal laboral de la Unión Europea,
ed. Atelier, Barcelona, 2020
p. 168 Alexandre Charbonneau
Jean-Pierre Le Crom et Marc Boninchi (dir.), La chicotte et le pécule.
Les travailleurs à l’épreuve du droit colonial français (XIXe-XXe siècles),
Presses Universitaires de Rennes, 2021
JURISPRUDENCE
SOCIALE COMPARÉE

La protection jurisprudentielle
du salarié lanceur d’alerte

Coord. par Alexandre Charbonneau et Allison Fiorentino


La protection jurisprudentielle du lanceur d’alerte

LA PROTECTION DU LANCEUR D’ALERTE AU BRÉSIL

Mariana Ferrucci Bega


Avocate, Professeure des universités, Centro Universitário do Distrito Federal ,
Brasilia*

Bruno Louis Maurice Guérard


Fonctionnaire fédéral, professeur, traducteur, Centro Universitário do Distrito
Federal , Brasilia

RÉSUMÉ
Cet article analyse les normes et jurisprudences brésiliennes qui font référence au lanceur
d’alerte dans le cadre des relations de travail. Historiquement, la référence au lanceur d’alerte
s’est développée sous l’influence du droit américain, avec le False Claims Act de 1863 et le
Sarbanes-Oxley Act de 2002. Toutefois, cette question a pris une nouvelle dimension suite à
plusieurs scandales de corruption survenus autour de l’année 2014, qui ont secoué le pays et
révélé des collusions illégales entre une partie de la classe politique, des fonctionnaires et des
grandes entreprises privées, brésiliennes ou étrangères. Plusieurs de ces affaires de corruption
ont été révélées grâce à la mobilisation active de lanceurs d’alerte salariés au sein des entreprises
concernées. Néanmoins, à l’exception de quelques projets de loi limités, le Brésil n’a pas encore
de législation claire et uniforme sur cette question. Ceci s’avère problématique et oblige les
spécialistes du droit à s’appuyer sur différentes lois, mesures et jurisprudences nationales, ainsi qu’à
interpréter un certain nombre de conventions internationales signées par le pays. Après l’adoption
de la directive n°2019/1987 de l’Union européenne, les juristes brésiliens ont tourné leurs regards
vers l’Europe pour clarifier et initier la mise en œuvre d’un cadre juridique uniforme, stable et
efficace, aussi bien dans les services publics que dans le secteur privé.

Mots-clés : Lanceur d’alerte, Brésil, charge de la preuve, normes, jurisprudences


et effectivité.

ABSTRACT
This article analyses the Brazilian norms and jurisprudence that refer to whistleblowing in the
context of labour relations. Historically, the whistleblower principle was developed under the
influence of American law, with the False Claims Act of 1863 and the Sarbanes-Oxley Act of 2002.
However, the issue of whistleblowing took on a new dimension following the various corruption
scandals that shook the country around 2014 and revealed illegal collusion between part of the
political class, public officials and large private companies, both Brazilian and foreign. Some of
these corrupt structures were only discovered thanks to the active participation of whistleblowers
employed in these companies. Nevertheless, with the exception of a few limited bills, Brazil does
not yet have clear and uniform legislation on this issue. This is problematic and forces legal experts
to rely on different national laws, measures and jurisprudence, as well as interpreting a number of
international conventions signed by the country. Since 2019, with the Council of Europe Directive
No. 2019/1987, Brazilian lawyers have looked to Europe to clarify and initiate the implementation of
a uniform, stable and effective legal framework, both in the public and private sectors.

Keywords: Whistleblower, Brazil, Burden of Proof, Standards, Case Law and


Effectiveness.

* Bourse de recherche de « Coordenação de Aperfeiçoamento de Pessoal de Nível


Superior » (CAPES), ORCID: https://orcid.org/0000-0002-7020-1882

50 REVUE DE DROIT COMPARÉ DU TRAVAIL ET DE LA SÉCURITÉ SOCIALE - 2022/2


Brésil

A
u Brésil, le régime applicable au lanceur d’alerte a, dans un premier
temps, été influencé par la législation des États-Unis, à savoir le False
Claims Act de 1863 qui définit le cadre d’action du Whistleblower1, et le
Sarbanes-Oxley Act de 2002 qui prolonge ce cadre, tout en apportant une
protection au lanceur d’alerte. Ce thème est relativement récent dans le
système juridique brésilien et, de façon générale, reste cantonné aux champs du droit
pénal et de la procédure pénale, voire du droit administratif. Il est encore très largement
absent du monde de l’entreprise et du droit du travail, malgré les enjeux évidents que l’on
peut caractériser du fait de la connaissance que des salariés peuvent avoir d’infractions
ou de dysfonctionnements qui ont cours dans leur environnement de travail.

Par ailleurs, la conception juridique du lanceur d’alerte est sous-tendue par une
définition du terme et une perception historico-culturelle fort complexes. En effet, le
mot portugais « denunciante » ou « informante » possède une charge négative pour le
sens commun, qui peut être rapprochée du terme de « délateur », voire du « mouchard »
dans le langage familier. Il faut rappeler que la population brésilienne a, tout au long
du XXème siècle, vécu sous le joug de régimes répressifs et autoritaires où ces termes
avaient une signification très concrète2.
Tout ceci ne contribue pas à clarifier une problématique difficile à analyser, surtout
après les polémiques causées par des dénonciations qui ont touché de nombreuses
entreprises brésiliennes et étrangères. Toutefois, il est déjà possible de définir le lanceur
d’alerte  comme celui ou celle qui, dans un cadre professionnel, a eu connaissance de
pratiques, irrégulières, illicites ou illégales ; il s’agit donc d’un tiers, véritable Homo Juridicus3,
qui aspire à la dignité et participe à la limitation de l’ordre souvent totalisant de l’économie.
En tant que tiers-sachant - personne se trouvant en possession d’informations importantes
du fait de sa profession ou d’une fonction institutionnelle -, il joue le rôle de porte-parole
du corps social institué qui, par le biais d’une appréhension et d’une compréhension
d’un phénomène, veut transformer la société4. Ainsi, ce tiers, en principe de bonne
foi, doit non seulement voir son action encadrée par la loi, mais aussi soutenue par le
système juridico-administratif dans la mesure où, au-delà de l’alerte lancée, il fournit des
preuves qui, en raison de la complexité des systèmes économiques, seraient difficiles à
obtenir d’une autre manière.
Le lanceur d’alerte participe donc à la mise en œuvre des politiques publiques de
lutte contre la corruption, la fraude et le crime, tout en transcendant les politiques de
« compliance » entrepreneuriales, puisqu’il évite des écueils inhérents à ces mécanismes

1. « Lanceur d’alerte » dans la langue de Shakespeare. Ce terme anglais est fréquemment repris par
les juristes brésiliens.
2. Le dernier en date étant une dictature militaire d’avril 1964 à mars 1985.
3. A. Supiot, Homo Juridicus - Essai sur la fonction anthropologique du Droit, Paris, Édition du Seuil,
2005.
4. C. Castoriadis, L’institution imaginaire de la société, Paris, Édition du Seuil, 1999.

RDCTSS - 2022/2 51
La protection jurisprudentielle du lanceur d’alerte

internes de détection et de prévention5. En somme, il contribue à l’effectivité de ce que


sous-tend la politique de « compliance », c’est-à-dire « l’ensemble des processus destinés
à assurer qu’une entreprise, ses dirigeants et ses salariés, respectent les normes juridiques
et éthiques qui leur sont applicables »6. Par ailleurs, il rend possible une intervention de
l’État face à la toute-puissance du marché, surtout lorsque ce dernier outrepasse ce que
le droit interdit.
Toutefois, le lanceur d’alerte soulève aussi un dilemme moral qui peut être formulé
ainsi  : «  est-il possible d’écarter le principe de loyauté, le devoir de réserve et la
déontologie devant le constat d’une violation de la loi ? ». Ici, il nous semble que seule
une clarification du cadre juridique applicable au lanceur d’alerte permettra de modérer
la réponse à cette question et de dynamiser son potentiel. Au Brésil, la Stratégie nationale
de lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent (ENCCLA)7, ainsi que l’organisation
« Transparency International »8, abondent dans ce sens en affirmant qu’il faut mettre en
œuvre une régulation qui stimule le rôle de lanceur d’alerte, même si les questions de
procédures, à l’exemple de la charge de la preuve, de la protection de la personne et de
la réception effective de la norme, ne sont pas encore tout à fait prises en compte.
Cet article entend présenter les normes, les principes juridiques et les jurisprudences
brésiliennes qui apportent actuellement au lanceur d’alerte un cadre pour agir et une
protection au sein des structures administratives ou entrepreneuriales qui l’emploient.
Après avoir montré les insuffisances du droit brésilien sur le sujet et le régime probatoire
défavorable au lancement d’alerte (I), il s’agira de montrer comment la jurisprudence a
réagi pour renforcer la protection accordée au lanceur d’alerte, sous l’influence notable
des instruments internationaux (II).

I - LE STATUT INCERTAIN DU LANCEUR D’ALERTE EN DROIT


BRÉSILIEN
De fait, en raison d’une histoire juridique ouverte sur le monde, souvent
contrebalancée par des intérêts économiques et financiers internes, le Brésil peine à
uniformiser et à clarifier des principes et des normes juridiques capables d’encadrer les
différentes problématiques soulevées par le lanceur d’alerte (A). À cet égard, la question
de la charge de la preuve sera étudiée dans le cadre du droit du travail et du dialogue
nécessaire entre les Codes de procédures civile et pénale en vigueur au Brésil (B).

5. Par exemple : il révèle l’omerta et la passivité qui prédominent quand il s’agit d’avertir les autorités
publiques d’une fraude ; il propose une solution face à la difficulté d’apporter une réponse interne
aux infractions détectées, puisque l’entreprise n’est pas une juridiction.
6. «  La fonction de compliance en entreprise  », Édition Législative Lefebvre Dalloz, 2019  : https://
www.editions-legislatives.fr/fonction-compliance-en-entreprise#:~:text=La%20compliance%20
regroupe%20l’ensemble,%C3 % A9thiques%20qui%20leur%20sont%20applicables
7. Acronyme brésilien de Estratégia Nacional de Combate à corrupção e à Lavagem de Dinheiro.
8. M. Terracol (Transparency International) et I. Nowers (Whistleblowing International Network),
«  Les pays de l’Union Européenne prennent-ils au sérieux la protection des lanceurs d’alerte  ? »,
Transparency International  France, 2021 (https://transparency-france.org/actu/les-pays-de-lunion-
europenne-prennent-ils-au-serieux-la-protection-des-lanceurs-dalertes/) : « Une législation robuste
est essentielle pour protéger les lanceurs d’alerte et faire en sorte que les signalements de préjudice
soient pris en compte ».

52 REVUE DE DROIT COMPARÉ DU TRAVAIL ET DE LA SÉCURITÉ SOCIALE - 2022/2


Brésil

A - Les insuffisances de la législation brésilienne


Ainsi, la Convention interaméricaine contre la corruption de 1996, promulguée
par décret présidentiel9 en 2002, constitue l’un des premiers textes sur lequel le Brésil
s’est appuyé pour lancer les bases d’une structure juridico-normative adaptée au
lanceur d’alerte. Toutefois, ce n’est que dix ans plus tard que les lois n°12.683/201210
et n°12.846/201311 ont pu permettre la mise en œuvre de mesures adaptées pour
répondre aux effets de la corruption, le secteur privé n’ayant pour sa part pris conscience
de cette nécessité que récemment, après avoir été affecté par une série de scandales
retentissants12.
À ce jour, seule la loi n°13.608/201813 peut s’apparenter à une législation propre au
lanceur d’alerte. Le plan anticorruption du Bureau du contrôleur général (CGU)14, défini
dans le cadre du Comité interministériel de lutte contre la corruption, s’appuie ainsi sur
ce texte de loi, en plus de citer le décret exécutif n°10.153 de 2019 (en partie modifié par
le décret n°10.890 de 2021), qui fournit des mécanismes de protection de l’identité et
des données du lanceur d’alerte. En outre, cet organe de contrôle du pouvoir exécutif
considère que pour pouvoir faire respecter cette législation, en plus de nouvelles
procédures, il faut adapter la plateforme numérique «  Fala.BR  »15. Tout cela va dans le
sens de Rios Rodrigo Sànchez16 qui affirme que, pour mettre en place un système de
prévention efficace contre la corruption, un juste équilibre entre les différentes mesures
et les garanties individuelles fondamentales (dont l’intégrité et la dignité de la personne)
doit être trouvé, le lanceur d’alerte figurant comme le maillon indispensable d’un contrôle
légalement défini et accepté.

9. Décret n°4.410 de 2002.


10. Cette loi, qui porte sur les crimes de blanchiment d’argent, prévoit à son art. 10, incise III, d’adopter
des politiques, des procédures et des contrôles internes.
11. Cette loi prévoit à son art. 7, incise VIII, qu’au moment de l’analyse et des sanctions, l’existence
de mécanismes et de procédures internes de contrôle et d’encouragement à la dénonciation
d’irrégularités seront prises en compte.
12. Comme dans le cas des entreprises Oderbretch, OAS et Petrobrás, toutes impliquées dans des
affaires de corruptions révélées par l’opération « Lava Jato » de la Police Fédérale du Brésil.
13. La loi n°13.608/2018 (modifiée par la loi n°13.864/2019) précise certaines dispositions concernant
le traitement des dénonciations et les récompenses offertes pour toutes informations susceptibles
de contribuer aux enquêtes de police. Il faut ici mettre en exergue les articles 4 (paiement de
récompenses en liquide) ; 4 - A (mise en place d’unités de défense en charge des alertes et de
la protection du lanceur d’alerte) ; 4 - B (protection de l’identité et accord formel de l’intéressé) ;
et 4 - C (protection contre toute mesures de rétorsion, indemnisation en cas de dommages et
montant de la récompense).
14. Acronyme de l’institution Controladoria-Geral da União.
15. Plateforme destinée à traiter les alertes lancées par des personnes ayant connaissance
d’irrégularités commises par des entreprises contre l’Administration publique fédérale  : CGU,
Comitê Interministerial de Combate à Corrupção: Plano Anticorrupção, Brasília, décembre 2020,
p. 29.
16. R. R. Sànchez, « Criminalidade Intraempresarial, Sistemas de Denunciação Interna e suas
Repercussões na Seara Penal: o Fenômeno do Whistleblowing », Revista Brasileira de Ciências
Criminais, vol. 137, novembre 2017, p. 89. Ces mesures sont : 1) la diminution des possibilités de
délits ; 2) la certitude d’une punition ; 3) la prise de conscience d’un besoin de contrôle social ;
4) la mise en place de systèmes de contrôle ; et 5) l’approfondissement des réflexions éthiques.

RDCTSS - 2022/2 53
La protection jurisprudentielle du lanceur d’alerte

Toutefois, en dépit de ses nombreuses avancées, cette loi présente également un


volet critique, à savoir la possibilité d’obtenir une récompense pouvant aller jusqu’à
hauteur de 5% du total des valeurs récupérées. En effet, dans ce cas, le lanceur d’alerte
cesse d’être un tiers désintéressé ou tiers intéressé par le seul bien public, pour devenir
tiers bénéficiaire, avec un risque de marchandisation, de négociation préalable avec
les fauteurs, voire de chantage. Seule l’analyse souvent subjective de la bonne ou de la
mauvaise foi permettant de séparer le bon grain de l’ivraie…
L’ensemble de ces éléments appellent déjà à quelques conclusions s’agissant des
effets et des conséquences de l’action du lanceur d’alerte sur les différentes structures
du droit brésilien. Tout d’abord, il faut comprendre qu’en plus des enquêtes internes, le
lanceur d’alerte, qui a des liens17 avec l’entreprise fautive, doit être considéré comme
un instrument de contrôle des pratiques entrepreneuriales et d’effectivité du droit. En
outre, il représente un point de rupture puisque, sous de nombreux aspects, il permet
une délégation de la procédure pénale, voire sa privatisation, dans la mesure où, à partir
du moment où l’entreprise réalise une enquête interne - sur des faits ayant une dimension
délictuelle -, elle « joue le rôle » de la police judiciaire, même si elle ne la remplace pas
(encore). Pour Adán Nieto Martíns18, ces enquêtes en tant « qu’entrées » pénales devraient
d’ailleurs bénéficier des mêmes droits et garanties que ceux attribués aux enquêtes de
police judiciaire, d’autant plus que, pour la procédure pénale brésilienne, ces dernières
ne sont pas des préalables nécessaires pour que le Parquet traite le cas. À cela, il faut
ajouter que l’action du lanceur d’alerte génère un débat sur le devoir de réserve - un droit
protégé au Brésil par le Code pénal19 -, ce qui a pu être interprété dans certaines affaires
comme une sorte de « rupture de contrat ».
Néanmoins, à partir d’une analyse logique découlant des principes de la «  juste
cause  »20 et de la «  bonne foi  », la jurisprudence21 ne laisse aucun doute quant à
l’impossibilité de poursuite, à partir du rejet de l’illicéité de la conduite imputée. Ici, le
TRT de la 15ème Région, à la demande du Parquet de l’État de São Paulo, a considéré
qu’un lanceur d’alerte ne pouvait pas être poursuivi pénalement pour avoir dénoncé des
risques susceptibles d’occasionner des accidents du travail et que, même si les preuves
fournies ne pouvaient pas être prises en compte pour vice de forme (non-observation
du principe du contradictoire), sa bonne foi ne saurait en aucun cas être mise en doute.
Au final, le lanceur d’alerte est la preuve que l’entreprise, lorsqu’elle est confrontée à
des irrégularités n’a pas le droit au silence au nom du « nemo tenetur se detegere », car ce
qui vaut pour la personne ne l’est pas nécessairement pour la personne juridique, au nom
de l’intérêt collectif et public auquel elle est liée.

17. Ces liens ne peuvent pas être ceux d’une personne chargée d’une enquête interne, d’un
audit, d’un contrôle d’irrégularité, ou autres.
18. A. Nieto Martín, « Problemas fundamentales del compliance y el Derecho Penal », in L. Kuhlen
et al., Compliance y Teoría del Derecho Penal, Madrid, Marcial Pons, 2013, p. 46.
19. Art. 153 (révélation du secret), 154 (violation du secret professionnel) et 325 (violation du
secret professionnel du fonctionnaire) du Code pénal.
20. Ibid., art. 153 et 154.
21. Jugement rendu en appel par le Tribunal Régional du Travail de la 15ème Région (État de
São Paulo - Campinas). TRT 15ª Reg, Nº 00797-2006-094-15-00-8-RO.

54 REVUE DE DROIT COMPARÉ DU TRAVAIL ET DE LA SÉCURITÉ SOCIALE - 2022/2


Brésil

B - Le lanceur d’alerte et la charge de la preuve


Dans le prolongement des éléments analysés ci-dessus, il convient d’approfondir la
notion d’« exercice de la preuve », qui regroupe une série de procédures. Cette notion
juridique fondamentale constitue l’un des piliers du droit constitutionnel22, à savoir la
régularité de la procédure et la présomption d’innocence.
Au Brésil, la question de la charge de la preuve est complexe car, en plus de dépendre
de certaines conditions liées aux parties et à une situation donnée, elle change aussi
selon le champ et le moment de la procédure appliquée. Ainsi, conformément à l’article
373 du Code de procédure civile (CPC), la charge de la preuve appartient au requérant
qui doit prouver les faits présentés et démontrer qu’il a légalement le droit à ce qu’il
prétend. Le défendeur, quant à lui, n’e supporte la charge de la preuve que pour le fait
qui empêche, modifie ou annule le droit du requérant. Sans cela, la justice ne peut pas
s’appliquer, la charge de la preuve n’étant pas un droit ou un devoir mais, comme sa
dénomination l’indique parfaitement dans la langue française, une charge nécessaire à la
confirmation d’une demande, d’une défense ou à la conviction du magistrat.
Pour le droit du travail, le texte de la Consolidation des Lois du Travail23 (CLT), en son
article 818, reprend la teneur des deux premières incises de l’article 373 du CPC, ce qui, à
un stade initial, a le mérite d’être clair, aussi bien pour les entreprises que pour les salariés.
Toutefois, les choses se compliquent à la lecture des autres paragraphes de l’article 373
du CPC, qui établissent une inversion de la charge de la preuve. Au paragraphe 1er, le
premier cas d’inversion de la charge de la preuve s’applique lorsqu’il est impossible - ou
très difficile - pour une partie de présenter les preuves de ses allégations, l’autre étant
mieux à même de les produire. Le magistrat peut alors décider d’une inversion de la charge
afin de faciliter leur obtention24. Le deuxième cas, prévu au paragraphe 3e, découle de
l’autonomie de la volonté des parties qui, préalablement, en auront fait la convention. Or
pour des raisons évidentes de hiérarchie, de soumission et de déséquilibre contractuel,
l’article 818 de la CLT ne prend en considération que le premier cas.
Le Code de procédure pénale, quant à lui, suit sensiblement la même logique,
c’est-à-dire que la charge de la preuve retombe sur celui qui allègue les faits, le juge pouvant
cependant ordonner la production anticipée de preuves urgentes et substantielles, ou
diligenter un complément d’enquête pour clarifier des questions importantes25. Dans
tous les cas, lorsqu’une procédure pénale est déclenchée à partir d’éléments fournis
par le lanceur d’alerte, la charge de la preuve revient au Parquet, surtout si ces faits
concernent la défense d’intérêts individuels indisponibles, diffus, collectifs ou sociaux.
En effet, la Constitution brésilienne de 198826 prévoit que seul le Parquet est en charge de
l’accusation et qu’il supporte donc la charge de la preuve, la partie accusée n’ayant bien
évidemment pas d’obligations du fait des principes de la procédure et de la présomption
d’innocence.

22. Conformément à l’art. 5, incises LIV et LVII, de la Constitution de 1988.


23. Au Brésil, il existe une structure judiciaire qui ne traite que des relations de travail. Il s’agit de
la Justice du travail avec, en dernière instance, le Tribunal Supérieur du Travail (TST). En cas de
lacune, cette justice « spéciale » doit suivre de façon subsidiaire les règles du CPC ou d’autres lois.
24. Conformément aux prévisions du § 2e du même article.
25. Conformément à ce qui est prévu à l’art. 156 de ce Code.
26. Voir les art. 127 et 129 de la Constitution Fédérale de 1988.

RDCTSS - 2022/2 55
La protection jurisprudentielle du lanceur d’alerte

Par conséquent, la charge de la preuve place souvent le lanceur d’alerte dans une
position où il se trouve incapable de confirmer ses allégations, d’autant plus qu’il est en
porte-à-faux par rapport à son institution ou entreprise. Néanmoins, et en conséquence
d’une réflexion herméneutique sur la structure du droit brésilien, il est possible de trouver
une solution à cette problématique spécifique grâce au CPC, qui met l’accent sur une
distribution dynamique de la charge de la preuve, et à un certain nombre de décisions
jurisprudentielles, à l’exemple de celles du Tribunal Supérieur de Justice (STJ)27. Dans
le cadre de cette décision, le rapporteur a considéré que l’inversion de la charge de la
preuve faisait partie de l’instruction processuelle, c’est-à-dire de la procédure, ce qui
motive une distribution dynamique de celle-ci dès l’instruction.
Dès lors, il semble évident qu’une connaissance purement théorique du droit, même
si elle est indispensable, ne suffit pas dans la mesure où toute réponse équilibrée ne peut
venir que d’une praxis spécifique. Enfin, il faut ajouter que l’article 6 du CPC, dans une
optique de recherche de solution effective des litiges, impose aux parties un devoir de
coopération quant à la production des preuves nécessaires à la formation de la conviction
du magistrat 28, qui peut toujours prendre des initiatives probatoires.

II - VERS UNE MEILLEURE PROTECTION DU LANCEUR D’ALERTE ?


Les protections accordées au lanceur d’alerte dans le but de préserver son anonymat
et d’empêcher toute forme de rétorsion ont été mises à mal en jurisprudence au nom
du respect de certains principes de procédure, puis réaffirmées (A). Les instruments
internationaux ont également une influence importante sur l’approche brésilienne (B).

A - Les hésitations jurisprudentielles


Il faut avant tout se poser la question suivante : « À quoi peut bien servir la charge
de la preuve si la personne qui la produit est soumise à des pressions insoutenables ? ».
De fait, sans lanceur d’alerte, pas de preuve et sans preuve pas de charges, d’enquêtes,
d’instructions, de jugements, donc de condamnations et de réparations ! Voilà pourquoi,
l’obligation de vigilance faite aux autorités et la protection due à la personne, conditions
sine qua non d’une loi destinée au lanceur d’alerte, sont incontournables. La CGU n’affirme
d’ailleurs pas autre chose lorsqu’elle déclare « qu’en cas de dénonciations, il est fondamental
que l’État garantisse la protection du dénonciateur de bonne foi »29. Ainsi, au-delà d’une
relation de confiance que le lanceur d’alerte doit entretenir avec les pouvoirs publics, il est
indispensable que la structure administrative protège son identité et son intégrité face
aux puissances qu’il affronte. Actuellement, au Brésil, il n’existe pas de norme qui traite
spécifiquement du lanceur d’alerte, à l’exemple de la directive n°2019/1937 de l’Union
européenne. Néanmoins, la loi n°13608/2018, ainsi que démontré ci-dessus, établit un
droit de protection de son identité, tout en combattant d’éventuelles représailles.

27. Superior Tribunal de Justiça (STJ). Voir notamment STJ : REsp 1.286.273-SP, Rapporteur : Ministre
Marco Buzzi, Quatrième Chambre, décision rendue à l’unanimité, jugement du 8 juin 2021.
28. Jurisprudence du STJ : REsp 1.846.649-MA, Rapporteur : Ministre M. A. Bellizze, Deuxième Section,
décision rendue à l’unanimité, jugement du 24 novembre 2021.
29. GCU : https://www.gov.br/cgu/pt-br/centrais-de-conteudo/campanhas/integridade-publica/prote
cao-ao-denunciante

56 REVUE DE DROIT COMPARÉ DU TRAVAIL ET DE LA SÉCURITÉ SOCIALE - 2022/2


Brésil

D’autre part, le décret précité n°10.153/2019 prévoit, à son article 3, incise II,
une «  pseudonymisation  »30 des données du lanceur d’alerte, lesquelles sont sous la
responsabilité de l’administration publique. Par ailleurs, il convient d’ajouter que des
mécanismes de traçabilité systématique des fonctionnaires ayant accès à ses données
sont également prévus. La loi n°13.709/2018, article 7, incise I, prévoit également
que le lanceur d’alerte devra expressément consentir au traitement de ses données
personnelles, ce qui comprend leur transfert d’un service administratif ou judiciaire à
l’autre. Par conséquent, ce cadre juridique met en place un traitement, tout du moins en
théorie, qui impose au pouvoir public un devoir de respect et de protection du lanceur
d’alerte. De fait, en cas de non-respect de l’anonymat ou de la « pseudonymisation » par
un fonctionnaire, celui-ci devra répondre de ses actes, conformément à la loi n°8.429/92
qui, dans son article 11, interdit la diffusion d’informations confidentielles et secrètes31.
Dans la pratique, les alertes peuvent être transmises de façon anonyme et sûre par
le biais de la plateforme « Fala.BR ». Ce système, utilisé par les services de contrôle et/ou
d’inspection, s’appuie sur les principes constitutionnels de la transparence et de l’accès
à l’information, régulés par les lois 12.527/201132 et 13.460/201733. Dans tous les cas,
la protection de l’identité est liée aux droits de la personne et à la préservation de sa
dignité, qui sont à la base de l’ordre constitutionnel brésilien. Ainsi, le lanceur d’alerte ne
peut pas voir sa personne exposée à la vindicte de ceux qu’il dénonce de bonne foi, et
qui détiennent souvent une puissance politique, économique, voire médiatique, pouvant
l’exposer non seulement à des persécutions, mais aussi à des représailles psychologiques
et/ou physiques.
Même si les lois et les règlements cités vont dans le bon sens, il n’en a pas toujours
été ainsi, de nombreux intérêts et pressions aboutissant à mettre à mal la préservation de
l’identité du lanceur d’alerte. Par exemple, en 2003, la Cour Suprême brésilienne34 (STF)
a déclaré l’inconstitutionnalité d’une partie du paragraphe 1 de l’article 55 du règlement
de la Cour des comptes, qui prévoyait de préserver l’identité du lanceur d’alerte, faisant
jurisprudence quant à la levée de l’anonymat. En dépit du fait que cette décision peut
être comprise et analysée dans une optique constitutionnelle, au nom des principes
d’accès à l’information, de l’égalité des parties ou du droit de réponse, elle a fini par
aller à l’encontre de différents dispositifs normatifs postérieurs. Cette Cour a donc revu
ses positions et, dans un jugement de 201835 qui cite la loi n°13.608/2018, a décidé que

30. Traduction directe du néologisme portugais « pseudonimização » qui définit le traitement au moyen
duquel une donnée ne peut plus être associée à un donneur d’alerte, si ce n’est par l’intermédiaire
d’une information additionnelle contrôlée dans un environnement sûr. Voir art. 13, § 4, de la loi
n°13.709/2018 (Loi Générale de Protection des Données Personnelles - LGPD).
31. De façon complémentaire, si un agent de l’État est lui-même en lanceur d’alerte, le devoir de
confidentialité auquel il est légalement tenu sera modéré, conformément aux prévisions de
l’art. 126-A de la loi n°12.527/2011.
32. Cette loi tardive, qui démontre la culture du secret et les habitudes d’un État historiquement
autoritaire, régule le principe de l’accès à l’information prévu aux art. 5, incise XXXIII, 37 et 216 de
la Constitution.
33. Il s’agit du Code de défense des usagers des services publics, qui réglemente la participation, la
protection et la défense de leurs droits.
34. Supremo Tribunal Federal (STF), MS 24405/DF, jugement rendu le 3 décembre 2003.
35. STF, AP 1030 AgR/DF 24405/DF, jugement rendu le 25 septembre 2018. Cette décision concerne
une retentissante affaire de blanchiment d’argent réalisée par un député fédéral.

RDCTSS - 2022/2 57
La protection jurisprudentielle du lanceur d’alerte

la protection du lanceur d’alerte devait être préservée, puisque cela n’empêche pas la
Défense d’avoir accès aux preuves fournies par l’accusation.
Au final, dans le cadre du droit du travail, une décision de 2019, énoncée par le Ministre
José Roberto Freire Pimenta, Rapporteur du Tribunal Supérieur du Travail, rappelle que
les procédures judiciaires et d’enquêtes correspondent à des phases différentes d’une
même affaire. L’enquête est une procédure administrative qui a caractère d’instruction
et n’admet pas la contradiction dans la mesure où elle ne produit pas de preuve absolue,
mais seulement relative, d’où la possibilité de préserver l’anonymat du lanceur d’alerte36.

B - L’influence des instruments internationaux : l’affaire Fazenda


Brasil Verde
Force est de constater que le Brésil, après avoir signé des conventions et des traités
internationaux ayant pour but de créer des mécanismes protégeant les lanceurs d’alerte
(fonctionnaires et particuliers)37, a peu évolué sur certaines questions. De fait, il n’existe
toujours pas à ce jour de loi spécifique sur le sujet.
Certes, des avancées ont eu lieu quant à la protection de l’intégrité physique et
morale de ceux qui, avec courage, affrontent les irrégularités dont ils sont les témoins.
Toutefois, certains obstacles subsistent, mais ne sont pas insurmontables, comme le
démontre le cas emblématique Fazenda Brasil Verde.
Dans cette affaire, jugée en 2016 par la Cour interaméricaine des Droits de l’Homme,
l’État Brésilien a été condamné pour, entre autres choses, ne pas avoir respecté la durée
raisonnable de la procédure, les protections dues à la personne, à l’intégrité et à la liberté
des travailleurs ruraux, ainsi que pour ne pas avoir pris en compte les dénonciations de
conditions de travail assimilables à de l’esclavage, formulées par des lanceurs d’alerte
pauvres de la «  Fazenda Brasil Verde  ».Ce cas, qui a débuté en 1988 après une alerte
rapportée à la Police fédérale brésilienne, a atteint son paroxysme en 2000, lorsque
deux jeunes s’étant échappés de ce latifundio38 de production de viande bovine ont
dénoncé les irrégularités dont ils avaient été témoins ; des irrégularités non reçues par le
commissaire, absent à cause du Carnaval. Ces deux jeunes, ne sachant plus quoi faire, ni
à qui s’adresser, sont restés plusieurs jours à dormir dans les rues.
Il est important d’ajouter ici que la Police fédérale n’est pas la seule institution
publique en cause puisque, du fait du nombre de délits révélés et de l’importance de
l’entreprise dénoncée39, le système judiciaire a tergiversé quant à la compétence de
différentes Cours. D’autre part, pendant l’instruction, la direction de l’entreprise a semblé

36. TST, RR 1747-80.2012.5.02.0002. Ce jugement a annulé une décision qui exigeait que le Parquet
révèle l’identité d’un lanceur d’alerte. Le rapport de ce spécialiste du droit de la procédure, qui a
fait unanimité, démontre que la préservation et la protection du lanceur d’alerte ne sont pas un
obstacle à l’application des principes qui fondent une décision.
37. À l’exemple de la Convention interaméricaine contre la corruption, ou de la Convention des
Nations Unies contre la corruption dont l’art. 33 met l’accent sur la protection des personnes qui
communiquent des informations (cas du lanceur d’alerte).
38. Exploitation agricole pratiquant l’agriculture extensive.
39. Le propriétaire de cet immense latifundio est considéré comme l’un des plus grands producteurs
de viande bovine du Brésil, avec un troupeau de plus de 200.000 têtes : https://rciararaquara.com.
br/agronegocio/o-verdadeiro-rei-do-gado-brasileiro-ele-tem-mais-de-200-mil-cabecas/

58 REVUE DE DROIT COMPARÉ DU TRAVAIL ET DE LA SÉCURITÉ SOCIALE - 2022/2


Brésil

(stratégie ou non ?) ne pas être au courant des délits commis, en particulier des mauvais
traitements, des violences et des disparitions de personnes.
La Cour interaméricaine des Droits de l’Homme a décidé à l’unanimité que l’État
brésilien avait violé les garanties judiciaires de diligence et de durée raisonnables de la
procédure, ainsi que le droit à la protection des victimes, à la personnalité juridique, à la
vie, à l’intégrité et à la liberté de la personne.
Elle a donc condamné le Brésil, entre autres choses, à reprendre les enquêtes et la
procédure pénale dans un délai raisonnable afin de punir les responsables ; à publier la
sentence au Journal Officiel, dans un quotidien de grande circulation nationale et sur un
site internet officiel ; à faire en sorte qu’aucune prescription ne soit appliquée au délit
d’esclavage ou conditions analogues  ; à payer des indemnisations  ; et, à présenter un
rapport sur les mesures adoptées quant au respect de cette sentence40.
En somme, toute cette affaire fait apparaître au moins quatre problèmes quant à
l’absence de normes spécifiques adaptées au lanceur d’alerte au Brésil :
1) Au-delà de la mise en place de mécanismes de contrôle, l’entreprise doit bénéficier
d’un retour d’informations ;
2) La complexité des différentes activités développées, privées ou publiques, indique la
nécessité d’instaurer un contrôle et un traitement effectifs des alertes ;
3) Les pouvoirs publics tardent à suivre certaines évolutions, aussi bien pour des raisons
culturelles et historiques d’exclusion, d’autoritarisme et de corruption, que pour des
questions de procédures ;
4) La société, qui doute et suit rumeurs et manipulations de toutes sortes, souvent par
ignorance, considère l’espace public comme un lieu de suspicions et d’impuissances
collectives face à une criminalité financière et/ou politique compétente et fort bien
organisée.

Conclusion
Ces problèmes d’effectivité et de légitimité normatives ne seront réglées que
si des passerelles sont mises en place entre les différents champs du droit et des
sciences sociales, seuls capables de prendre en compte tous les aspects de cet acteur
insuffisamment compris, tout du moins au Brésil, qu’est le lanceur d’alerte.Ensuite, et il
s’agit là d’un aspect non pas légal mais culturel, il faut modifier la vision que la population
a du lanceur d’alerte, par le biais d’informations qui expliquent son action en faveur du
bien public et collectif. Ce changement ne pourra être réel que si le marché y participe et
si la question de la récompense offerte au lanceur d’alerte est revue, puisque critiquable
et critiquée.
Enfin, il s’avère nécessaire que les autorités publiques brésiliennes donnent plus de
visibilité aux instruments existants, à l’exemple de la plateforme «  Fala.BR  » quasiment
inconnue de la population, faute d’information suffisante.

40. Corte Interamericana dos Direitos Humanos, Caso Trabalhadores da Fazenda Brasil Verde VS.
Brasil, Sentence du 20 octobre 2016 : https://www.corteidh.or.cr/docs/casos/articulos/seriec_318_
por.pdf

RDCTSS - 2022/2 59
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BCLR = Bulletin of Comparative Labour Relations (Belgium)
CLELJ = Canadian Labour & Employment Law Journal (Canada)
CLLPJ = Comparative Labor Law & Policy Journal (United States)
DRL = Derecho de las Relaciones Laborales (Spain)
DLM = Diritti Lavori Mercati (Italy)
E&E = Employees & Employers: Labour Law & Social Security Review (Slovenia)
EuZA =Europäische Zeitschrift für Arbeitsrecht (Germany)
ELLJ = European Labour Law Journal (Belgium)
DLRI = Giornale di Diritto del Lavoro e delle Relazioni Industriali (Italy)
ILJ = Industrial Law Journal (UK)
IJCLLIR = Giornale di Diritto del Lavoro e delle Relazioni Industriali (Italy)
ILR = International Labour Review (ILO)
JLR = Japan Labor Review (Japan)
JCP = Juris-Classeur Périodique (France)
LD = Lavoro e Diritto (Italy)
OIT = Revue internationale de travail
PMJK = Pécsi Munkajogi Közlemények (Pecs Labour Law Journal) (Hungary)
RL = Relaciones Laborales (Spain)
RDS = Revista de Derecho Social (Spain)
RDCTSS = Revue de Droit Comparé du Travail et de la Sécurité Sociale (France)
RDT = Revue de Droit du Travail (France)
RGL= Rivista Giuridica del Lavoro e della Previdenza Sociale (Italy)
TL = Temas Laborales (Spain)
ZIAS = Zeitschrift für ausländisches und Internationales Arbeits und Sozialrecht
(Germany)
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Brexit et protections sociales des citoyens de l’UE au Royaume-Uni
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« Breque dos Apps » : La grève nationale des travailleurs des
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liberté d’association
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sanitaire ? Travail et de la Sécurité Sociale
Marcel Zernikow
Le droit du travail maritime cubain à l’épreuve d’une possible 4 numéros par an
ratification de la CTM 2006 ~3 éditions papier (en français)
Yadira de las Cuevas Potrony ~1 édition électronique (en anglais)
Le déploiement des tribunaux du travail en République démocratique
du Congo 2022/1
Aubin Mabanza N’Semy Etudes
« Licenciements Facebook » : protection de la vie personnelle des Actualités Juridiques Internationales
salariés et utilisation des réseaux sociaux en dehors des heures de
travail
Adrienn Lukács
2022/2
Jurisprudence Sociale Comparée
Nouvelles formes de sécurité sociale en Amérique latine post Jurisprudence Sociale Internationale
Covid-19
Leopoldo Gamarra Vílchez
Littérature de droit social comparé
Chronique bibliographique
Le licenciement collectif dans le droit du travail brésilien après la
réforme de 2017
Augustin Emane & Glauco Bresciani Silva 2022/3
Influences de la Convention relative aux droits des personnes Dossier thématique
handicapées sur le droit et les politiques pour les personnes en Actualités Juridiques Internationales
situation de handicap au Japon
Hidekazu Inagawa & Hitomi Nagano 2022/4
Le revenu de base universel, source d’inspiration pour penser l’avenir Studies
des systèmes de protection sociale ? Un contre-agenda Thematic Chapter
Daniel Dumont Comparative Labour Case Law
International Legal News
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Pour plus d’informations
à paraître 2022/3 http://comptrasec.u-bordeaux.fr/revue-
de-droit-compare-du-travail-et-de-la-
Dossier thématique securite-sociale

L’économie sociale et solidaire


Coordination par Isabelle Daugareilh et Mathieu de Poorter Contact
revue.comptrasec@u-bordeaux.fr
Actualités Juridiques Internationales

40 euros
ISSN 2117-4350

COMPTRASEC - UMR 5114 - CNRS - UNIVERSITÉ DE BORDEAUX

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