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L’ADORATION,

Une priorité absolue


Par Michel Bohrer - Promesses n° 156, Avril-juin 2006

Une priorité absolue

Plus que jamais, l’église est consciencieusement organisée


et ses programmes sont bien remplis. Mais ce qui lui
manque terriblement, c’est l’adoration. Nous avons perdu
la vision de la grandeur de Dieu, de sa majesté et de sa
sainteté. « Que ceux qui aiment ton salut disent sans
cesse : Exalté soit l’éternel ! » (Ps 40.17). Jésus n’est-il pas
venu sur terre « pour transformer les rebelles en
adorateurs » ? (E.W. Tozer)

La « définition » de l’adoration
Adorer Dieu, c’est lui attribuer la valeur suprême, car lui
seul est absolument digne (Ps 96.7-8). Pour Tozer, adorer,
c’est « ressentir dans son cœur », « exprimer ce que l’on
ressent » (l’ose-t-on encore dans nos milieux ?), c’est
s’approcher de Dieu avec un sentiment de profonde crainte
remplie d’admiration.

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En fait, la Bible ne définit pas l’adoration, mais elle emploie
plusieurs verbes pour en décrire les manifestations. Parmi
ceux-ci, dans le Nouveau Testament :
– proskuneô : se prosterner, se courber et baiser la main.
Pratiquement, s’incliner et se prosterner devant Dieu pour
contempler sa majesté, sa grandeur.
– sebomai : craindre, révérer. Pratiquement, craindre
Dieu, avoir un profond respect et une admiration sans limite
pour Dieu.
– latreuô : servir, rendre un service religieux.
– aineô : louer, témoigner verbalement ou par écrit de
notre grande estime envers quelqu’un.
– hymneô : chanter les louanges de quelqu’un.
Ainsi, louer et adorer Dieu incluront tour à tour
la célébration, par nos lèvres, de tout ce qu’il est et de ce
qu’il fait ; notre prosternation devant lui, dans une attitude
d’humiliation produite par la conscience de sa grandeur ;
le don de notre vie entière à Dieu, notre mise à son service.

La priorité de l’adoration
Le petit catéchisme de Westminster définit ainsi le but de
notre vie : « Le but principal de la vie de l’homme est de
glorifier Dieu et de trouver en lui son bonheur éternel. » De
la Genèse à l’Apocalypse, nous retrouvons ce thème :
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l’homme a été créé pour adorer Dieu (Gen 22.5 ; Deut 6.5 ;
11.13 ; 30.6 ; Rom 11.36 ; 1 Cor 10.31 ; Col 1.16 ; Apoc
4.10-11). Dieu a créé l’homme à son image (Gen 1.26-27)
pour l’aimer, l’adorer et le servir. L’apôtre Paul déclare à
trois reprises que nous avons été appelés à célébrer sa
gloire ( éph 1.6,12,14). L’homme (le chrétien inclus) qui
n’adore pas Dieu devient un idolâtre : il adorera une autre
personne ou autre chose que Dieu.

L’essence de l’adoration
« Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l’adorent l’adorent
en esprit et en vérité. » (Jn 4. 24)

– « En esprit » : du plus profond de notre cœur, soumis


au Saint-Esprit, avec un cœur entier pour Dieu et des
pensées centrées sur Dieu. Seul le Saint-Esprit peut nous
conduire dans une adoration véritable (Phil 3.3).
– « En vérité » : la Parole de Dieu est la vérité (Jean
17.17). Notre adoration doit être basée sur la révélation de
Dieu dans la Bible.

L’expression de l’adoration
L’adoration comprend tous les aspects de la vie du chrétien.
Tout appartient à Dieu (1 Cor 10.31). Il n’y a pas de

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dichotomie entre le sacré et le séculaire : « à l’ éternel la
terre et ce qu’elle renferme, le monde et ceux qui
l’habitent » (Ps 24.1). Nous devons vivre de telle façon qu’
« en toutes choses Dieu soit glorifié par Jésus-Christ » (1 Pi
4.11).
Il y a deux niveaux d’adoration :
– L’adoration personnelle : Face aux circonstances
adverses de la vie, l’ écriture nous enseigne à ne pas
répondre par l’amertume ou la colère, mais à développer
une attitude de reconnaissance ( éph 4.31-32 ; Col 3.8,12-
17) : « Rendez grâces en toutes choses, car c’est à votre
égard la volonté de Dieu en Jésus-Christ » (1 Th 5.18).
Aucune situation permise par Dieu ne nous donne le droit
de nous plaindre ou d’être amers (1 Cor 10.13). C’est alors
que notre vie deviendra un chant de louange à Dieu.
– L’adoration dans l’église : L’apôtre Paul insiste sur
l’aspect communautaire de l’adoration. La personne qui
adore est membre du corps de Christ. Il n’y a donc pas de
place pour insister sur ses préférences personnelles.
D’ailleurs, Dieu est plus concerné par notre attitude de
coeur que par la forme que prend notre adoration (ordre
du culte, instruments de musique, etc.). Rappelons-nous
que le but de l’adoration n’est pas l’expérience subjective
du croyant ; son but est d’attribuer à Dieu toute la gloire
qui lui est due. De plus, chaque croyant a un rôle dans le
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culte d’adoration. Séparer la communauté en une personne
qui parle et un corps d’auditeurs passifs est une idée
étrangère au Nouveau Testament. Dans l’ église primitive,
l’accent était mis sur le fait que les croyants étaient tous
ensemble (Act 1.14 ; 2.46 ; 4.24 ; 5.12 ; 15.25). Il y avait
unité de cœur et d’esprit (Ac 4.32).

Les conditions pour une adoration véritable


– Une coupure d’avec les idoles de ce siècle :
autosatisfaction, matérialisme, recherche des honneurs.
Impossible dans ce cas de connaître Dieu intimement.
– Une juste motivation : recherchons-nous Dieu pour ce
qu’il peut nous donner, ou pour ce qu’il est ? Combien
souvent Dieu est déçu parce que nous le recherchons pour
de mauvaises raisons.
– Le besoin pour chacun de nous de préparer notre cœur :
si nous négligeons cet aspect, la présence de Dieu sera
moins ressentie, et il n’y aura pas de joie (Ps 24.3-5).

Ce qui met l’adoration en danger


– Placer l’organisation de l’église avant l’adoration.

– Vouloir tout expliquer (c’est le danger du rationalisme


évangélique) et tout maîtriser. Sommes-nous encore

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capables d’être émerveillés par la personne de Dieu ? Cela
va nous conduire à une sainte passion pour Dieu et notre
prochain.

– Tout ministère ou toute activité chrétienne qui ne


découle pas d’un esprit d’adoration.

Quelques applications pratiques


pour un culte d’adoration selon le
Nouveau Testament dans nos églises
– Le culte doit être centré sur Dieu . L’accent ne sera
donc pas mis sur soi (mes besoins) ou sur les autres (leurs
besoins), mais sur la personne de Dieu. Pratiquement, cela
signifie que nous veillerons à ce qu’il n’y ait pas toujours
quelqu’un en chaire qui parle, mais que les fidèles aient
l’opportunité durant le culte de s’approcher de Dieu et de
l’adorer. Un bon préalable serait de réserver 5 minutes
avant le culte pour permettre aux frères et sœurs de
s’asseoir en silence et de se placer devant Dieu pour
préparer leur cœur.

– Le culte doit être centré sur la Parole de Dieu.


Évitons deux extrêmes : d’une part, celui où la prédication
devient l’unique but du rassemblement des chrétiens ;
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d’autre part, celui où le partage et la communion fraternelle
prennent la place de la prédication. L’un et l’autre ont leur
place.

– Le culte est l’affaire de toute l’assemblée, pas


seulement du pasteur et du président de culte (lorsqu’il y
en a un). Tous les membres, avec les dons que le Seigneur
a donnés à chacun, devraient avoir la possibilité d’avoir une
part active dans le déroulement du culte – louange, prières,
lectures bibliques, exhortation, témoignage, etc. (Col 3.16)
Le culte ne doit pas être rigide et le Saint-Esprit doit avoir
la liberté d’agir et d’intervenir.

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