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26/10/2018 Attention, les murs ont des yeux… - Sciences et Avenir

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Attention, les murs ont des yeux…


Par Franck Daninos le 25.10.2018 à 11h39

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Des chercheurs ont développé un système d’émission d’ondes permettant de repérer un objet
placé dans une pièce aveugle. Au coeur du dispositif, un métamatériau qui affine la
reconnaissance des formes. Un extrait de 860.

Des ondes qui restituent la forme d'un objet.


© BR UNO BOURGEOIS

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dans le recoin d’une maison. Il n’apparaît dans aucun champ de vision, ni celui d’un
observateur, ni celui d’une caméra de surveillance. Et il n’émet aucun signal. Dans le jargon des
physiciens, il s’agit d’un objet "non collaboratif", par opposition aux téléphones portables, par
exemple, qui diffusent des ondes électromagnétiques et peuvent ainsi être localisés. Pourtant,
des chercheurs de l’Institut Langevin, le laboratoire ondes et images de l’École supérieure de
physique et de chimie industrielles de la ville de Paris, et de l’université Duke, en Caroline du
Nord (États-Unis) sont parvenus à repérer cet objet indétectable ! Un exploit qui ouvre la voie à

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de nombreuses applications comme la gestion automatisée d’inventaires ou, dans le domaine


de la surveillance et du renseignement, le suivi discret d’objets précieux ou de personnes dans
des espaces clos.

, explique Geoffroy Lerosey, chercheur à l’Institut Langevin et directeur de Greenerwave, jeune


pousse spécialisée dans l’optimisation des réseaux de télécommunications. Dans des endroits
confinés comme une pièce ou un grand bâtiment, ces objets baignent en effet dans un champ
d’ondes particulièrement complexe. Celui-ci résulte d’une ribambelle d’ondes
électromagnétiques (Wi-Fi, Bluetooth, 4G, ondes lumineuses ou hertziennes…) qui, telles des
boules de billard, sont réfléchies sur toutes les surfaces, réverbèrent et interfèrent entre elles.
Et personne n’était jusqu’à présent capable de localiser ces objets dans pareil « bruit de fond »
en dépit des nombreuses solutions imaginées, comme quadriller la totalité d’une salle avec des
dizaines de capteurs aussi coûteux qu’encombrants. Ou encore utiliser une antenne émettant
des ondes dans une gamme très large de fréquences réfléchies de manière différente sur l’objet
recherché. Cette dernière solution permettrait, en théorie, de reconstituer une empreinte
spectrale de la position de l’objet et ainsi de le localiser. Mais ces signaux à large bande perdent
rapidement de l’énergie à mesure qu’ils rencontrent des obstacles et interfèrent avec les ondes
de fréquences similaires, Wi-Fi ou Bluetooth notamment. Leur intensité et leur précision se
révèlent ainsi beaucoup trop faibles pour être exploitées.

La solution développée par les chercheurs de l’Institut Langevin se révèle , selon Philipp del
Hougne, doctorant à l’institut, qui a participé à ces travaux. » Introduite à l’intérieur d’une
pièce, celle-ci produit des ondes radio de 2,5 gigahertz précise l’expert. » Mais pour que le
dispositif fonctionne, il faut absolument ajouter un élément clé dénommé « métamatériau » .
Découvertes il y a une quinzaine d’années, ces structures composites possèdent des propriétés
électromagnétiques qui n’existent pas à l’état naturel.

Elles permettent de contrôler et manipuler toutes sortes d’ondes grâce à de minuscules


architectures métalliques qui se répètent. indique Geoffroy Lerosey» On obtient alors
suffisamment d’informations pour reconstituer des signatures uniques et déterminer si un
objet non collaboratif a été introduit.

Ainsi, dans leur démonstration de principe, les chercheurs ont montré qu’ils pouvaient repérer
un petit bloc triangulaire quel que soit son emplacement, voire trois blocs simultanément a
fortiori», s’enthousiasme Philipp del Hougne. Il sera même possible, par la suite, grâce à un
algorithme d’intelligence artificielle améliorant la reconnaissance des formes et le traitement
des données, de scanner des systèmes dynamiques, le changement de posture d’un individu par
exemple. Plusieurs demandes de brevet ont été déposées.

Les propriétés uniques des métamatériaux Conçu par la société Greenerwave, le


métamatériau que les physiciens français et américains ont utilisé est formé d’un réseau de
composés électroniques - diodes et résonateurs - espacés périodiquement. À l’état « passif »,
il se comporte comme une plaque de métal réfléchissant les ondes radio. Mais ses
propriétés changent totalement lorsqu’on lui applique une tension, par l’intermédiaire
d’un câble ou d’un système de communication sans fil. Il inverse en effet le champ
électrique des ondes radio qui le percutent, les signaux réémis se trouvant alors en «
déphasage » avec les signaux incidents. La géométrie de la pièce se trouve ainsi…
virtuellement modifiée ! explique Geffroy Lerosey, chercheur à l’Institut Langevin et
directeur de Greenerwave.

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