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26/08/2019 Bactéries qui se différencient comme des cellules souches - Sciences et Avenir

Des bactéries qui agissent comme des cellules souches pour créer des
biomatériaux intelligents

Par Nicolas Gutierrez C. le 22.08.2019 à 14h10

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Des chercheurs ont réussi - par erreur - à donner la capacité de différenciation, caractéristique des cellules souches, à
des bactéries. Une prouesse utile pour créer des biomatériaux intelligents.

Pour illustrer leur concept, les chercheurs ont utilisé des bactéries avec des plasmides exprimant une
fluorescence rouge qui donnent des bactéries fluorescentes (avec le plasmide) et des bactéries qui ont perdu ce
plasmide, et donc la fluorescence.
TH E BENNETT LAB/RI C E U N I V E R S I T Y

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La différentiation cellulaire, propre aux cellules souches et indispensable pour le développement des organismes
multicellulaires, était inexistante chez les organismes unicellulaires… jusqu'à maintenant. Des chercheurs de
l'Université Rice, aux Etats-Unis, ont développé un système qui permet aux bactéries de se différencier, comme des
cellules souches. Cette étude a été publiée dans la revue en août 2019.

Des bactéries différenciées... par erreur


, lance Sara Molinari, spécialiste en biologie synthétique à l'Université Rice, dans le Texas américain. " Pour générer
ces différents types cellulaires en partant d'une seule bactérie les chercheurs ont introduit des plasmides
supplémentaires (des structures qui contiennent de l'ADN chez les bactéries) qui devraient passer à seulement une
des cellules-filles lors de la division cellulaire (processus par lequel la bactérie se divise en deux cellules-filles),
créant une différence entre les deux cellules-filles. Cela, grâce à une protéine codée par ce plasmide, ParB, qui
avec unbras s'accroche au plasmide et avec l'autre à une autre ParB. Ainsi, tous ces plasmides se retrouvent
regroupés ensemble grâce aux interactions entre ces protéines. Du coup, lors de la division cellulaire, tous les
plasmides passent ensemble, la main dans la main, dans une seule des cellules-filles.

, avoue la chercheuse. " En intégrant la séquence de ParB dans le plasmide, la chercheuse a ajouté par erreur 17
acides aminés (les briques qui forment les protéines) à la séquence. Par chance, cet ajout accidentel améliorait la

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capacité des protéines ParB à se regrouper, regroupement qui ne se faisait plus en retirant ces acides aminés
supplémentaires.

Des bactéries qui forment des tissus


", explique Sara Molinari. Pour cela elle a intégré un gène qui confère aux bactéries la capacité de se mouvoir ainsi
qu'un gène qui réprime cette capacité, dans différents plasmides. Quand la bactérie-mère se divisait, seule une des
filles recevait ce gène répresseur, alors que l'autre devenait capable de bouger. Ces bactéries mobiles se déplaçaient
ainsi à l'extérieur de la colonie, alors que les autres restaient au centre, créant des régions différentes au sein de la
même colonie bactérienne, comme dans un tissu.

Et en augmentant le nombre de plasmides différents dans une même bactérie-mère, les chercheurs pouvaient générer
davantage de types cellulaires : ", s'enthousiasme la chercheuse. Pour le moment, les chercheurs peuvent induire
l'expression de ParB quand ils le souhaitent, choisissant le moment où les bactéries se différencient, mais l'idée est
qu'elles deviennent autonomes : "", prévoit Sara Molinari. Cela permettrait de créer des nanomatériaux qui peuvent
évoluer et s'adapter aux conditions physiologiques dans leur environnement, comme des cellules souches.

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