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L’ÉTRANGER
Sur les révoltes fondatrices
d’Albert Camus contre le mensonge,
l’injustice et la violence
MARC VERDUSSEN,
Professeur à l’Université de Louvain (U.C.L.)
5 F. BAGOT, Albert Camus – L’Étranger, Paris, P.U.F., 1993, p. 16. Sur l’image de la fatalité offerte par
L’Étranger, voy. M. BLANCHOT, Faux pas, Paris, Gallimard, 1975, pp. 248-253.
6 A. VERDE, « Délit, procès et peine dans L’Étranger d’Albert Camus », Déviance et Société, 1995, vol.
19, p. 30.
7 « L’Étranger », op. cit., p. 200.
8 Ibid., p. 181.
9 STENDHAL, Le Rouge et le Noir [1830], Paris, Folio, Gallimard, 2000, p. 599.
10 « L’Étranger », op. cit., p. 142.
11 A. ABBOU, « Le quotidien et le sacré: introduction à une nouvelle lecture de L’Étranger », in Albert
Camus: œuvre fermée, œuvre ouverte ?, Paris, Gallimard, 1985, p. 244.
12 A. CAMUS, « Le Mythe de Sisyphe », in Œuvres complètes, t. Ier, Paris, Bibliothèque de la Pléiade,
Gallimard, 2006, p. 277.
13 R. QUILLIOT, La Mer et les Prisons – Essai sur Albert Camus, Paris, Gallimard, 1970, p. 93.
14 D. SALLENAVE, Le don des morts – Sur la littérature, Paris, Gallimard, 1991, p. 119.
15 H. NYSSEN, Lira bien qui lira le dernier – Lettre libertine sur la lecture, Bruxelles, Labor, 2004,
p. 86.
16 J. DANIEL, Avec Camus – Comment résister à l’air du temps, Paris, Gallimard, 2006.
17 P. FOREST, « Albert Camus, toujours moderne », Le Monde des Livres, 5 mai 2006, p. 6.
18 R. BARTHES, Œuvres complètes, vol. 1er, Paris, Seuil, 2002, p. 478.
19 Sur l’assimilation entre Meursault et Camus, voy. E.J. HUGHES, The Cambridge Companion to
Camus, Cambridge University Press, 2006, p. 4.
27 P-G. CASTEX, Albert Camus et L’Étranger, Paris, Libr. José Corti, 1965, p. 98.
28 H.G. FRANKFURT, De l’art de dire des conneries, Paris, 10/18, 2006, pp. 73-74.
29 A. CAMUS, « Carnets 1935-1948 », op. cit., p. 814.
30 J-P. SARTRE, « Explication de L’Étranger », in Situations I, 5e éd., Paris, Gallimard, 1947, p. 103.
31 M.A. FRESE WITT et E. WITT, « The Stranger Again », in Literature and Law (ed. M.J. MEYER),
Amsterdam/New York, Rodopi, 2004, p. 1.
32 « L’Étranger », op. cit., p. 181.
33 Sur cette symétrie, voy. B.T. FITCH, L’Étranger d’Albert Camus, Paris, Larousse, 1972, pp. 134-135;
J. MACHABEIS, « L’énigme du destin dans L’Étranger de Camus », French Studies in Southern Africa,
2002, vol. 31, pp. 63-64.
34 A. CAMUS, « Le Mythe de Sisyphe », op. cit., p. 238.
35 D. SALAS, Albert Camus – La juste révolte, Paris, Michalon, 2002, p. 10.
36 O. SALAZAR-FERRER, « La fragilité du juste. Droit et révolte chez Albert Camus », Europe, 2002,
n° 876, p. 144.
Par ailleurs, au-delà des juges, c’est le droit tout entier, et partant,
l’État, que Camus met en accusation. Car lorsque les juges réalisent le
mal, c’est souvent parce que la loi les y autorise. Alors que Meursault
a enfreint une norme pénale, il est condamné pour avoir méconnu des
normes morales, ce dont témoignent à la fois le déroulement du rituel
judiciaire, le comportement des acteurs du procès et la gravité de la
peine infligée. Camus dénonce cette contamination du droit par la
morale, cette « confusion entre les ordres normatifs »48. Ce qui intéresse
l’écrivain, ce n’est donc pas tant le droit comme tel que l’idée que, dans
son énonciation ou son application, le droit « symbolise l’ensemble des
valeurs conventionnelles du monde civilisé »49.
50 I. CALVINO, Défis aux labyrinthes: textes et lectures critiques, t. II, Paris, Seuil, 2003, p. 322.
51 D. SALAS, op. cit., p. 50.
52 « L’Étranger », op. cit., p. 205.
53 A. CAMUS, Le Premier homme, op. cit., pp. 79-81.
54 D. SALAS, op. cit., p. 33.
55 P-F. SMETS, Le combat pour l’abolition de la peine de mort – Hugo, Koestler, Camus et d’autres, Bruxel-
les, Académie royale de Belgique, Classe des Lettres, 2003, pp. 60-61.
56 A. CAMUS, « Réflexions sur la guillotine », in Réflexions sur la peine capitale (avec A. KOESTLER),
Paris, Folio, Gallimard, 2002, p. 147.
57 Ibid., p. 165.
Albert Camus n’est pas un philosophe nihiliste. S’il s’élève contre les
préjugés de la société dominante, c’est en se gardant de sombrer dans
un nihilisme moral qu’il veut dépasser62. N’a-t-il pas choisi « les voies
de la raison raisonnable contre la raison raisonnante » et préféré « une
politique de l’entendement à une fuite en avant dans l’utopie »63 ?
Dans un brillant essai sur le droit et la littérature, François Ost opère
une distinction entre trois formes d’articulation entre l’un et l’autre : le 59
droit de la littérature (qui étudie la manière dont le droit règle l’écriture
littéraire), le droit comme littérature (qui applique au droit les métho-
des de l’analyse littéraire) et le droit dans la littérature (qui se penche
sur le traitement par la littérature de questions relatives au droit)67.
70 Ibid., p. 11.
71 Ibid., p. 45.
72 T. TODOROV, La littérature en péril, Paris, Flammarion, 2007, p. 89.