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Thèse de doctorat/ PhD Thesis

Citation APA:

Desclin, J. (1969). Etude histophysiologique et expérimentale de la section d'androgènes par l'ovaire chez la souris (Unpublished doctoral dissertation).

Université libre de Bruxelles, Faculté de Médecine – Médecine, Bruxelles.

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UNIVERSITÉ DE BRUXELLES

FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE

Etude histephpologipe et eipérimeDtale


de la sécrétion d’androgénes par l’ovaire
chez la souris
PAR

Jean DESCLIN

TH77
THÈSES ANNEXES

E Les hormones gonadotropes hypophysaires n’influencent pas


la vitesse des processus spermatogénétiques chez le rat.
2. Le diagnostic cytologique des cellules gonadotropes de l’hypo­
physe chez la truie est entièrement confirmé par les dosages
biologiques effectués à partir de cet organe.

3. Un même centre hypothalamique antérieur préside à la modé­


ration de la secrétion de prolactine et à la stimulation de l’ovu­
lation chez le rat.
UNIVERSITÉ DE BRUXELLES

FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE

l^luÉ liistopli.vÉI»|jpe et ei;périinentale


de lii sérrétiuii d’androfènes par l'ovaire
àu la souris
PAR

Jean DESCLIN

1969
SOMMAIRE

Pages

AVANT-PROPOS ..................................................................................................... 5

INTRODUCTION..................................................................................................... Il
1. Les androgènes ovariens............................................................................... Il
2. Les glandes sous-maxillaires ....................................................................... 14

MATERIEL ET METHODES............................................................................... 19

Animaux d’expérience ...................................................................................... 19


Techniques histologiques................................................................................... 19
Technique histométrique..................................................................................... 20

RECHERCHES PERSONNELLES....................................................................... 25

1 l e partie : réactions des glandes sous-maxillaires a différentes sti­


mulations HORMONALES.......................................................... 25
A. Effet du propionate de testostérone au cours du temps .......... 25
B. Effet du traitement par le benzoate d’œstradiol .......................... 27
C. Effet d’un traitement combiné par la testostérone et l’œstradiol . 28
D. Action d’un traitement par la progestérone............................. 29
E. Effet d’un anti-androgène de synthèse........................................ 30
F. Effet de l’acétate de cyprotérone chez le mâle aprèscastration 32
G. Action d’un traitement combiné thyroxine + cyprotérone ........ 35
H. Action du traitement par testostérone et prolactine associées .... 37
Résumé et conclusions de la première partie.......................................... 39

2® partie : production expérimentale d’androgènes par l’ovaire de la


SOURIS................................................................................................. 41
I. La greffe d'ovaire chez le mâle castré ................................................ 41
a) La greffe d’ovaire dans le pavillon de l’oreille.............................. 41
b) Greffe ovarienne sous la capsule du rein ...................................... 46
f) La greffe intra-splénique de l’ovaire ............................................ 50
d) La greffe d’ovaire chez des mâles castrés mis en parabiose avec
un castrat............................................................................................. 54
2. La stimulation de Tovaire chez la femelle............................................. 57
a) La masculinisation par injection de testostérone peu après la
naissance ............................................................................................. 57
b) Les androgènes chez les femelles en parabiose avec un castrat 60
c) La stimulation des ovaires par des injections d’hormones
gonadotropes....................................................................................... 64
4 JEAN DESCLIN

d) Influence de la greffe hypophysaire de longue durée.................. 68


e) Effet d’un traitement combiné par la gonadotropine sérique et
la métopyrone..................................................................................... 71
/) Administration d’acétate de cyprotérone à des souris gestantes 73
g) Action d’une injection unique de méthanesulfonate d’ergocornine
dans le post-partum ........................................................................... 75
h) Effets du traitement par un inhibiteur de la 3-fl-hydroxy-sté-
roïde déshydrogénase chez la souris en lactation ........................ 80

DISCUSSION ............................................................................................................. 83

RESUME ET CONCLUSIONS............................................................................. 101


Avant-propos

On sait que chez la plupart des Mammifères, le comportement


œstral et des modifications caractéristiques de la paroi vaginale
coïncident avec la présence de follicules mûrs dans l’ovaire. On en
avait déduit que ce sont probablement les follicules qui élaborent
les œstrogènes. Quant à la progestérone, sa sécrétion coïncide
presque toujours avec la présence d’un corps jaune ovarien. C’est
donc aux cellules lutéiniques qu’a été attribuée la sécrétion des
hormones progestatives.
Cependant, l’ovaire sécrète également des hormones androgènes,
et bien que les données que nous possédons soient encore incer­
taines, la majorité des auteurs pensent qu’il faut en rechercher
l’origine dans le tissu interstitiel.
Dès l’isolement des composés stéroïdiens par les chimistes, les
histologistes se sont efforcés d’adapter à leur domaine les méthodes
chimiques de caractérisation des stéroïdes. Toute une série de
réactions histochimiques ont été mises au point. C’est ainsi que de
soi-disant réactions positives pour les stéroïdes furent obtenues au
niveau des inclusions graisseuses contenues dans les cellules du
corps jaune, du tissu interstitiel, et des thèques internes des folli­
cules. La granulosa folliculaire ne réagissant jamais positivement
à aucune des réactions, c’est finalement aux thèques seules qu’on
attribua le rôle d’élaborer des œstrogènes et, dès 1943, Dempsey et
Bassett concluaient que les inclusions graisseuses des cellules thé­
cales contenaient des stérols et des cétostéroïdes.
De grands espoirs avaient été fondés sur ces méthodes histo­
chimiques. On pensait mettre en évidence, au niveau cellulaire, les
hormones elles-mêmes. Ces espoirs furent cependant déçus lors­
qu’on montra que des lipides contenant des radicaux aldéhydiques
(et connus sous le nom de plasmals) et d’autres produits d’auto­
oxydation d’esters non saturés de cholestérol pouvaient également
être responsables de certaines de ces réactions. Comme le souligne
Lison (1957), les réactions soi-disant spécifiques des stéroïdes ne
6 JEAN DESCLIN

sont pas valables. Il n’existe pas encore de méthode histochimique


qui démontre de façon concluante la présence de stéroïdes sexuels :
dans des coupes histologiques les inclusions lipidiques sont cons­
tituées par des mélanges de lipides très divers, dont l’ensemble peut
réagir positivement à un certain nombre de tests histochimiques;
il n’est cependant pas possible d’affirmer que ces réactions posi­
tives prouvent la présence de stéroïdes hormonaux dans les enclaves
cellulaires; il serait encore bien plus hasardeux d’assigner aux
tissus contenant de telles inclusions graisseuses le rôle de la synthèse
de ces substances.
Rappelons encore que la Uquor foUiculi, dont on a extrait de
nombreux stéroïdes en abondance, n’a jamais donné que des réac­
tions négatives au moyen des tests dits « de stéroïdes ».
Plus récemment, des techniques nouvelles d’histo-enzymologie
ont vu le jour. Elles tendent de mettre en évidence, à l’échelon
cellulaire, des enzymes intervenant à différents niveaux du méta­
bolisme des stéroïdes. L’enzyme le mieux étudié par ces tech­
niques est la A 5-3 ^-ol-stéroïde déshydrogénase, qui intervient
notamment dans la transformation de la pregnenolone en proges­
térone, étape importante de la biosynthèse des stéroïdes surrénaliens
et gonadiques (Hitzeman, 1962; Saillie, 1965; Baloch, 1966).
Utilisant divers substrats stéroïdiens, on a pu localiser dans les
ovaires diverses activités enzymatiques en rapport avec le méta­
bolisme des hormones sexuelles (Hart et ai, 1966; Deane et
Rubin, 1965). Ces nouvelles méthodes semblent ouvrir des pers­
pectives prometteuses pour l’avenir. Des doutes peuvent toutefois
persister quant à la spécificité des enzymes ainsi détectés pour les
substrats stéroïdiens qu’on leur fournit, et il est déconcertant de
confronter ces observations histo-enzymologiques avec les données
biochimiques sur le métabolisme in vitro des stéroïdes : elles appa­
raissent fort contradictoires (Bjersing et Carstensen, 1964, 1967;
Ryan et Short, 1965).
De nombreuses données expérimentales déjà anciennes ont forcé
les chercheurs à nuancer leurs opinions et à assouplir quelque peu
le schéma trop rigide dans lequel les thèques internes fabriquent les
œstrogènes, le corps jaune élabore de la progestérone, et le tissu
interstitiel sécrète les androgènes.
En effet, dès 1927, A.S. Parkes montrait que l’ovaire de souris
irradiée continuait de secréter des œstrogènes pendant plusieurs
semaines, bien que ne contenant plus de follicules reconnaissables.
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 7

On sait aussi depuis longtemps que des substances progestatives


doivent être sécrétées avant l’ovulation, soit donc avant même la
formation d’un corps jaune actif : chez de nombreuses espèces en
effet, on admettait que le comportement œstral normal nécessite
non seulement la présence d’hormones œstrogènes, mais aussi celle
de progestérone.
Des observations plus récentes ont entièrement confirmé cette
hypothèse en prouvant la présence de progestérone et de ses méta­
bolites dans le liquide folliculaire, ainsi que dans le sang veineux
sortant de l’ovaire dès avant l’ovulation. Pour une revue de l’en­
semble de ces travaux, le lecteur se référera aux exposés de W.C.
Young (1961) et de P. Eckstein (1962).
D’autre part, on a montré, chez le porc, que la granulosa est
capable de synthétiser des stéroïdes et qu’elle possède un certain
nombre d’enzymes spécifiques nécessaires à plusieurs étapes de
cette biosynthèse (Bjersing et Carstensen, 1967).
Au cours de ces dernières années, les biochimistes se sont attaqués
au problème de la biosynthèse des hormones stéroïdes dans l’ovaire.
Pas à pas, ils ont pu reconstituer les chaînons les plus probables
de la biosynthèse des différents stéroïdes sexuels. Fournissant, à
des tranches ou à des homogénats de fragments ovariens in vitro,
divers substrats stéroïdiens, ils ont montré que le corps jaune, de
même que l’interstitielle, ainsi que le follicule (ensemble de la gra­
nulosa et de la thèque) sont capables de synthétiser un grand
nombre de stéroïdes sexuels différents.
Suivant les biochimistes, les étapes les plus probables de la
biosynthèse des œstrogènes impliquent comme point de départ la
progestérone, puis sa transformation en androgènes, qui subissent
eux-mêmes une réaction d’aromatisation pour se transformer en
œstrogènes (voir les revues de K. Savard, 1965; R.T. Dorfman,
1965; K.J. Ryan, 1961). On pourrait donc être tenté de dire :
puisque les stéroïdes ovariens se transforment les uns dans les
autres, les différents constituants ovariens sont tous capables de
fabriquer toutes les hormones stéroïdes sexuelles. Pareille conclu­
sion serait extrêmement décevante pour le morphologiste attaché
à la notion qu’à toute fonction doit correspondre une structure,
que toute fonction doit avoir un substrat morphologique.
D’ailleurs, les biochimistes eux-mêmes estiment qu’à chaque
constituant cellulaire ovarien bien défini doit correspondre une
fonction hormonale particulière (K. Savard, 1965). L’histophy-
8 JEAN DESCLIN

siologie ovarienne présente des particularités remarquables. Comme


les autres glandes endocrines, l’ovaire est sous la dépendance des
hormones hypophysaires. Mais, contrairement au testicule, à la
thyroïde et au cortex surrénalien, dont les tissus récepteurs sont des
tissus permanents au sens morphologique du terme, l’ovaire subit
au cours du cycle sous l’influence des hormones hypophysaires,
des modifications spectaculaires de sa structure avec l’apparition
d’organites nouveaux et temporaires, les corps jaunes.
Les biochimistes estiment qu’il faut nettement distinguer deux
effets differents des hormones gonadotropes : d’une part leur
influence sur la croissance et la maturation des follicules, et sur la
formation du corps Jaune; d’autre part, le contrôle qu’elles exer­
cent sur la stéroïdogénèse dans chacune de ces structures isolées.
Nous pensons, quant à nous, que cette distinction est arbitraire,
et que le morphologiste doit tenter d’accorder les informations
biochimiques avec les observations morphologiques. 11 ne faut pas
oublier que les données des biochimistes, dont l’importance est
certainement capitale, montrent ce qu’un tissu déterminé est ca­
pable de faire, sans nécessairement démontrer ce qu’il fait réelle­
ment dans les conditions physiologiques.
Les recherches qui seront exposées ici ont été entreprises dans
cette optique. Nous n’avons pas voulu résoudre tous les problèmes
posés par l’histophysiologie ovarienne. Nous nous sommes limité
à un aspect restreint de ce domaine très vaste. Nous nous sommes
borné à l’étude de la sécrétion ovarienne d’hormones androgènes.
Deux raisons majeures ont déterminé notre choix : premièrement,
la sécrétion d’androgènes par l’ovaire est beaucoup moins bien
connue que celle des hormones femelles classiques; deuxièmement,
cette sécrétion d’hormones mâles ovariennes ne devient vraiment
manifeste que dans des conditions très particulières. Ceci, tout en
ayant l’avantage de limiter le champ des investigations possibles,
permettait en outre d’espérer qu’à des circonstances exception­
nelles correspondraient des images ovariennes plus spécifiques que
celles observées habituellement.
Nous avons donc réuni un certain nombre de circonstances
physiologiques et expérimentales ayant en commun la propriété
de provoquer une sécrétion d’androgènes ovariens, et nous avons
tenté de déterminer les caractéristiques histologiques et cytolo­
giques ovariennes propres à ces états. Parmi ces circonstances,
certaines avaient déjà été étudiées par d’autres que nous, mais avec
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 9

des résultats discordants, tandis que d’autres circonstances n’avaient


pas été abordées auparavant.
Enfin, nous avons esquissé une interprétation des images histolo­
giques observées dans le contexte des connaissances actuelles de la
biosynthèse des stéroïdes.
Introduction

1. — Les androgènes ovariens

La présence d’hormones mâles chez la femelle a longtemps posé


une énigme et la production d’androgènes par l’ovaire est restée
de nombreuses années insoupçonnée. Cette situation était proba­
blement due au manque de tissus cibles (ou organes récepteurs
sensibles) pour les hormones mâles dans l’organisme femelle. Les
premières indications concernant ces hormones apparemment para­
doxales chez la femelle ont été livrées par des observations de
clinique humaine (Bulloch et Sequeira, 1905; R. Meyer, 1930)
qui ont montré que des tumeurs surrénaliennes et ovariennes peu­
vent entraîner la virilisation. Depuis lors, en ce qui concerne la
pathologie humaine, nos connaissances ont progressé à pas de
géant, grâce surtout au développement des techniques chimiques
de dosage des stéroïdes et de leurs métabolites dans les urines et
dans le sang. Nous ne pouvons citer ici les innombrables travaux
déjà anciens ayant trait à ce sujet. On en trouvera la liste dans les
revues de Parkes (1950), Ponse (1955), Bastenie et Franckson
(1955), R.T. Hile ((1962), R.E. Scully (1963).
Pourtant, en ce qui concerne l’expérimentation animale, les
dosages chimiques n’ont pas encore détrôné les méthodes de dosage
biologique qui demeurent les plus sensibles ; en effet, les quantités
d’hormone à déceler sont souvent beaucoup trop faibles, surtout
si l’on s’adresse aux rongeurs de laboratoire, qui représentent le
matériel le plus couramment utilisé.
Les androgènes ovariens endogènes provoquent des réactions
analogues à celles produites par l’administration d’hormones mâles
exogènes. On peut les énumérer comme suit : la masculinisation
du clitoris, de la forme générale du corps, et du comportement
sexuel; la stimulation des glandes préputiales, la stimulation des
prostates ventrales femelles, chez les animaux qui en possèdent;
la disparition de la zone X de la surrénale; des modifications du
12 JEAN DESCLIN

myomètre chez la souris, consistant en un épaississement fibreux


de la couche externe de ce myomètre.
Ces réactions aux androgènes ne sont pas toutes spécifiques, et,
en tous cas, leur estimation quantitative est difficile ou même
impossible. Ainsi, quand la femelle possède une prostate rudimen­
taire, la sensibilité de ce récepteur est beaucoup plus faible que
celle de son homologue mâle (D. Price, communication person­
nelle).
On a donc souvent fait appel à des artifices de technique expéri­
mentale, et transplanté des ovaires chez des mâles soit entiers,
soit castrés, et étudié la réaction de leurs récepteurs sexuels à la
présence de greffons ovariens. Inversément, des récepteurs mâles
ont été greffés chez des femelles, et l’activité androgénique de
l’ovaire a été déduite de l’étude histologique du greffon récepteur.
La production d’androgènes par l’ovaire a ainsi pu être observée
chez quatre catégories d’animaux :
l** Survenant spontanément chez la femelle normale;
2° Chez des femelles traitées par des gonadotropines;
3° Chez des castrats des deux sexes porteurs de greffons ovariens;
4° Chez des femelles atteintes de tumeurs ovariennes virilisantes.
La masculinisation spontanée des femelles a été observée chez
le cobaye (Lipschutz, 1942; Guyenot et Duszinska-Wietrzy-
KOWZKA, 1935; Bacsich et Wyburn, 1946). Elle coïncidait en
général avec la présence d’ovaires kystiques. Un état analogue a
été décrit chez la vache, où la sécrétion d’hormones mâles paraît
atteindre un maximum coïncidant avec la maturation des corps
jaunes ou la présence de kystes lutéiniques (Gassner, 1952; Nal-
BANDOV, 1952).
Chez la souris, la zone X de la surrénale qui disparaît chez le
mâle à la puberté, disparaît également chez la femelle lors de la
première gestation (Howard, 1927; Deanesly, 1928; Chester
Jones, 1952).
Dans cette espèce, la gestation provoque non seulement la dégé­
nérescence de la zone X surrénalienne, mais aussi la multiplication
du nombre des mitoses dans les transplants de vésicules séminales
(Takewaki, 1941, 1951).
Chez le rat, Burrill et Greene (1941, 1939) observent la stimu­
lation des prostates ventrales pendant la gestation et la lactation,
mais si les femelles en lactation sont castrées, ce phénomène est
aboli (Price, 1944). Chez les rattes normales qui possèdent une
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 13

prostate ventrale rudimentaire, cet organe s’atrophie après l’ova­


riectomie (Hernandez, 1943).
La stimulation ovarienne provoque l’apparition d’hormones
mâles : chez le cobaye, soit après irradiation par les rayons X, soit
par injection de gonadotropines, soit encore après ablation sub­
totale des ovaires (Steinach et Kuhn, 1931; Lipschutz, 1933;
Guyenot, Ponse et Wietrzykowska, 1932; Papanicolaou et
Falck, 1934; Guyenot et Naville-Trolliet, 1936; Falck et
Papanicolaou, 1936). Chez la souris, Peeifeer et Hooker (1942)
masculinisent le clitoris et la paroi utérine par des injections de
sérum de jument gravide. Chez ce même rongeur Mc Phail et
Read (1942) observent la disparition de la zone X après traitement
par le sérum de jument gravide (PMS) ou la gonadotropine chorio­
nique humaine. Ces derniers résultats n’ont été que partiellement
confirmés par Chamorro (1943, 1946) car il n’obtint de sécrétion
d’androgènes qu’à la suite d’injections de PMS uniquement.
Chez le rat, l’administration soit de sérum de jument gravide,
soit de gonadotropines chorioniques, à des animaux adultes ou
bien encore immatures, provoque la sécrétion d’androgènes par les
ovaires, qui subissent une lutéinisation marquée des thèques et du
tissu interstitiel (Burrill et greene, 1939; Bradbury et Gaens-
BAUER, 1939; Marx et Bradbury, 1940; Korenschevski, 1939;
Price, Mann et Lutwak-Mann, 1949, 1955; Rennels, 1951).
L’ovaire greffé chez un castrat peut, lui aussi, fabriquer des
hormones mâles; chez la souris (De Jongh et Korteweg, 1935;
Hill, 1937 a, h; Hill et Strong, 1940; Takewaki, 1939; Idz-
KOWSKi et Starkey, 1942) et chez le rat (Deanesly, 1938;
Hernandez, 1943; Katsch, 1950; Bielchowski et Hall, 1953;
L. Desclin, 1955; Kullander, 1956, 1958; Kawashima, 1960;
Lampton et Miller, 1940).
C’est principalement chez le rat qu’on a établi une corrélation
entre la structure de l’ovaire et sa fonction androgénique. Celle-ci
a en général été attribuée aux thèques fortement lutéinisées. 11 faut
cependant noter que des greffes ovariennes contenant des thèques
ainsi modifiées ne sont pas toujours masculinisantes (L. Desclin,
1938; Pfeiffer, 1936; Kawashima, 1960).
Le rôle des thèques lutéinisées est primordial pour les uns, qui
n’accordent pas de fonction androgénique aux corps jaunes, alors
que pour d’autres, ce sont les corps jaunes qui jouent un rôle im­
portant dans l’élaboration des hormones mâles.
14 JEAN DESCLIN

Enfin, il existe plusieurs types de tumeurs ovariennes qui don­


nent naissance à des syndromes de virilisation, et qui sont bien
connus en pathologie humaine (Scully, 1963).
Toutefois, peu de travaux ont été consacrés à la souris, et un
nombre encore plus restreint de recherches ont tenté d’établir une
corrélation entre la fonction androgénique et la structure histo­
logique de l’ovaire chez cette espèce. De plus, l’absence de récep­
teurs mâles chez la souris femelle a fortement réduit les possibilités
d’investigation. La greffe de récepteurs mâles chez la femelle est
toujours une méthode aléatoire : le pourcentage de reprise des
greffons est très variable, car il existe chez cette espèce animale un
phénomène génétique d’histo-incompatibilité de l’organisme femelle
pour les tissus d’origine mâle. L’étude histologique de tels récep­
teurs greffés est souvent difficile, étant donné leur état inégal de
conservation. Nous avons personnellement observé que la prostate
de la souris se prête mal à une étude histologique quantitative. En
effet, l’épithélium glandulaire de cet organe est constitué de cellules
cubiques dont la hauteur ne varie que très faiblement en fonction
des stimulations hormonales. Quant aux vésicules séminales, elles
ne réagissent que fort lentement aux androgènes, et leur seuil de
sensibilité à ces hormones est relativement élevé.
Nous avons donc voulu nous adresser à un autre tissu récepteur,
moins bien connu peut-être, mais dont l’étude nous paraissait
prometteuse. 11 s’agit des glandes salivaires sous-maxillaires.

2. — Les glandes salivaires sous-maxillaires

Les glandes sous-maxillaires constituent une des quatre paires


de glandes salivaires présentes chez la souris. Leur disposition
anatomique et leur structure histologique ont été revues en détail
par J. Raynaud (1960), et nous n’y reviendrons que brièvement.
La cytologie de la glande sous-maxillaire a été minutieusement
décrite par Tupa (1926) et plus récemment par Raynaud.
Rappelons ici qu’il s’agit d’une glande tubulo-acineuse dans
laquelle, intercalé entre les acini et les tubes excréteurs, se trouve
un segment appelé segment séreux ou tube à grains. Ce tube à
grains est formé de cellules dont le développement et l’activité
sécrétoire sont plus ou moins marqués.
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 15

Ce sont les observations de Lacassagne (1940a) qui, les pre­


mières, ont démontré l’existence d’un dimorphisme sexuel très
spectaculaire des glandes sous-maxillaires, qui est sous la dépen­
dance des hormones mâles : les tubes à grains sont développés au
maximum chez les souris mâles adultes, et forment la partie la plus
importante du parenchyme glandulaire; chez les femelles vierges
au contraire, les tubes à grains sont peu développés et ils n’occu­
pent qu’une fraction réduite du tissu de la glande maxillaire. La
castration des mâles entraîne la régression du segment à grains des
tubes, conférant ainsi à la glande salivaire une structure histologique
se rapprochant de celle observée chez les femelles. Inversément.
l’administration de testostérone s’oppose à l’involution des tubes
à grains consécutive à la castration, et elle confère aux glandes
femelles le type mâle. Ces premières observations ont été am­
plement confirmées par la suite (Lacassagne, \9AQb et c;
Fekete, 1941; Chaulin-Serviniere, 1942; Raynaud, 1943; Feyel-
Cabanes, 1947; Woolley, 1959; Looijen et Muhlbock, 1952;
Harvey, 1952). Parallèlement à ces observations purement mor­
phologiques, d’autres, d’ordre enzymologique, sont venues les
étayer. On a montré un parallélisme entre l’activité amylolytique
et protéasique des glandes sous-maxillaires et le développement
des tubes à grains (Raynaud et Rebeyrotte, 1949, 1950; Looijen
et Muhlbock, 1952; Muhlbock, 1953; Harvey, 1957; Chrétien,
1965, 1966). On a d’autre part extrait des glandes sous-maxillaires
de la souris un facteur stimulant la croissance de tissu nerveux
cultivé in vitro (Levi-Montalcini et Angeletti, 1961). La teneur
des glandes salivaires en ce facteur est beaucoup plus élevée chez
les mâles que chez les femelles, et on a réussi à le localiser au niveau
des tubes à grains par des techniques d’immunofluorescence
(Caramia, Angeletti et Levi-Montalcini, 1963).
Il semble donc qu’on dispose là d’un nouveau récepteur d’hor­
mones mâles, d’autant plus favorable qu’il est présent dans l’un
et l’autre sexe : il devrait pouvoir fournir une solution aux diffi­
cultés techniques que nous avons déjà évoquées.
Ainsi, Lacassagne (I940(>) obtint, par injection d’œstrogènes
à des souris mâles, une castration hormonale; il montra que le
diamètre moyen des tubes à grains des sous-maxillaires diminue
proportionnellement aux doses d’hormones injectées. Causse et
Lacassagne (1942) ont même établi qu’il était possible d’exprimer
l’état de développement des tubes séreux par une donnée numé­
16 JEAN DESCLIN

rique ; dessinant le contour des tubes, ils ont mesuré les surfaces
occupées respectivement par les tubes et par les acini dans une
préparation histologique, et calculé le rapport de ces surfaces. Ce
rapport tubuli/acini est fonction du sexe de l’animal et peut être
utilisé pour déceler l’influence de traitements hormonaux. De
même Luckmann (1961) a mesuré le rapport tubuli/acini au
moyen d’une méthode histométrique simple.
Pourtant, la glande sous-maxillaire de la souris n’a été que très
peu utilisée pour déceler des androgènes. Pour quelles raisons en
a-t-on négligé les possibilités ? La complexité apparente de la
réponse des tubes à grains à diverses stimulations hormonales a
sans doute provoqué une certaine méfiance à l’égard de ce récep­
teur, dont la spécificité a pu paraître douteuse. C’est là qu’il faut
chercher, selon nous, la cause du peu d’intérêt que cette glande a
suscité.
En effet, si la glande sous-maxillaire réagit aux hormones mâles,
plusieurs chercheurs affirment avoir observé des modifications
histologiques des tubes séreux sous l’influence des œstrogènes
(JUNQUEIRA et ai, 1949, Swigart et al., 1965), de la progestérone
(Junqueira et al., 1949; Raynaud, 1960) et même du cholestérol
(Feyel-Cabanes, 1947). Pour Raynaud (1960), les œstrogènes et
aussi la cortisone provoqueraient une hypertrophie des acini.
De plus, la thyroxine, elle aussi, provoque l’hypertrophie des
tubes à grains de la sous-maxillaire (Arvy et Gabe, I950r/;
Raynaud, 1950; Luckmann, 1957, 1961). Cependant, l’action de
la thyroxine ne semble pouvoir s’exercer qu’en présence des surré­
nales (Raynaud, 1955), et il n’y a pas apparemment de relation
quantitative entre la dose injectée et la réaction des glandes sali­
vaires. Pour Arvy et Gabe (1950(>), les œstrogènes s’opposeraient
à l’action de la thyroxine sur les glandes sous-maxillaires. Les
observations de ces deux chercheurs n’ont pu être confirmées par
Raynaud (1960).
De même, l’action de la progestérone n’a pu être observée ni par
Muhlbock (1963), ni par Dota (1961) et l’influence des œstrogènes
a paru nulle à Fergusson et Visscher (1953).
Ces travaux laissent supposer que des influences hormonales
multiples peuvent agir sur la morphologie des glandes sous-
maxillaires. Il pourrait donc paraître hasardeux d’utiliser ces
glandes comme récepteur d’hormones mâles.
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 17

Cependant, Brown-Grant et Taylor (1963) ont montré qu’il


existe une relation linéaire entre le logarithme de la dose de testos­
térone injectée et la réponse de la sous-maxillaire : cet organe
pourrait par conséquent servir à un dosage quantitatif des
androgènes.
Enfin, malgré les doutes qu’on pourrait avoir quant à la spéci­
ficité de la réponse de la sous-maxillaire aux hormones mâles,
quelques travaux ont utilisé ce récepteur pour en déceler la présence.
Ainsi, Chamorro (1946), stimulant les ovaires de souris vierges
par des injections de sérum de jument gravide concluait à la forma­
tion d'androgènes par ces ovaires d’après l’aspect masculinisé des
sous-maxillaires. Frantz et Kirschbaum (1949) ont utilisé la
réaction des sous-maxillaires pour déceler la production d’andro­
gènes par des tumeurs surrénaliennes. Ces deux auteurs estiment
que cette réaction, chez la souris, est plus sensible que celle des
vésicules séminales. Le même récepteur a paru favorable à
ces auteurs pour déceler la production d’hormones mâles par
des ovaires soit tumoraux, soit stimulés par des gonadotropines
(Kirschbaum et Frantz, 1949). De même, Huseby (1961) s’est
servi de ce récepteur pour mettre en évidence des androgènes
produits par des tumeurs testiculaires. Ces chercheurs n’ont tou­
tefois pas tenté de standardiser le test en le rendant quantitatif,
et se sont contentés d’évaluations subjectives de l’aspect des sous-
maxillaires.
Enfin, Green (1957) a observé l’hypertrophie des tubes séreux
des glandes sous-maxillaires chez des souris auxquelles il avait
transplanté des tumeurs ovariennes.
Il existe également un dimorphisme sexuel des glandes sous-
maxillaires chez le rat (Lacassagne, 1940c), mais il est moins
prononcé que chez la souris, et se prête moins bien à l’analyse
histométrique. Il a néammoins permis à Taillard et Veyrat (1947)
de mettre en évidence la sécrétion d’androgènes par les ovaires de
rats soumis à Faction des gonadotropines chorioniques.
L’utilisation des glandes salivaires sous-maxillaires de la souris
comme récepteur d’hormones mâles nous paraissait donc promet­
teuse, notamment pour l’étude des androgènes d’origine ovarienne.
Il nous est cependant apparu indispensable de vérifier au préalable
les réponses de cet organe à diverses stimulations hormonales
contrôlées, avant d’accorder une confiance justifiée à ce nouveau
récepteur.
-f

s i
Matériel et méthodes

Toutes nos observations ont été faites chez la souris {mus mus-
culus). La plupart des animaux employés ont été des souris de
souche génétiquement pure C57BL, obtenues en 1960 au Antoni
van Leeuwenhoek Laboratorium à Amsterdam, et maintenues
depuis lors en consanguinité par reproduction uniquement entre
frères et sœurs de mêmes portées.
En plus de ces souris génétiquement homozygotes, nous avons
utilisé des souris Swiss Albinos lorsque la consanguinité n’était pas
exigée par les conditions expérimentales. Toutes les souris, main­
tenues à un nombre maximum de quatre par cage, ont reçu un
même régime alimentaire constitué d’aliment commercial sous
forme de comprimés, et l’eau de boisson leur était donnée sans
restriction. Les conditions d’éclairement et de température ambiante
ont été maintenues constantes pour l’ensemble des animaux.
Différentes hormones ou combinaisons hormonales ont été
administrées à ces animaux, en général sous forme d’injections
sous-cutanées, mais parfois également sous forme d’implants sous-
cutanés.
Toutes les interventions chirurgicales ont été pratiquées sous
anesthésie générale par injection intra-péritonéale d’Avertine
(tribromo-éthanol), méthode qui s’est avérée la plus maniable chez
la souris.
Dans toutes les expériences où des greffes ont été pratiquées,
les donneurs de greffons étaient des animaux immatures de sexe
femelle.
Les parabioses ont été pratiquées sur souris C57BL de mêmes
nichées selon une technique analogue à celle de Bunster et
Meyer (1933).
Dans les différentes catégories expérimentales, les observations
histologiques ont porté sur les glandes sous-maxillaires, les ovaires,
le tractus génital, les surrénales. Tous ces organes ont été prélevés
au moment du sacrifice, et immédiatement fixés dans divers fixa­
teurs histologiques. Le fixateur le plus généralement utilisé a été le
20 JEAN DESCLIN

liquide de Bouin-Allen, qui s’est avéré le plus favorable à la plupart


des organes étudiés, et notamment pour les glandes sous-maxil­
laires. On a cependant aussi fait appel au Bouin-Hollande addition­
né de sublimé, et au liquide de Helly.
Les organes prélevés ont été fixés, puis enrobés et coupés selon
les techniques histologiques courantes. Les ovaires et les surrénales
ont été débités en coupes sériées à SfJ. d’épaisseur.
Les glandes sous-maxillaires ont été colorées par le bleu de
méthazol et le PAS, ce qui assure un contraste maximum entre les
tubes et les acini; les tubes ainsi que les granulations qu’ils con­
tiennent, prennent une forte teinte bleu-vert, tandis que les acini,
grâce à leur abondant contenu zymogène, se colorent très vivement
en pourpre par le PAS. La même technique de coloration a été
employée pour les ovaires et surrénales, complétée cependant par
une contre-coloration cytoplasmique par l’Orange G et une colo­
ration nucléaire par le Kernechtrot (Nuclear fast red). Les autres
colorations utilisées ont été le trichrome de Masson et la méthode
tétrachrome au bleu d’alizarine acide mise au point par Herlant
(1960) pour la cytologie du lobe antérieur de l’hypophyse.

Technique d’étude histométrique


DES GLANDES SOUS-MAXILLAIRES

Lors de recherches antérieures, nous avions utilisé la planimétrie


pour établir les surfaces occupées par les tubes et les acini dans les
coupes histologiques de glandes sous-maxillaires (Desclin Jr., 1958).
Il était possible de cette façon de déterminer ce que nous avons
appelé l’indice tubulaire caractéristique des sous-maxillaires chez les
souris femelles vierges, chez des mâles, et chez différentes catégories
d’animaux expérimentaux. Cette méthode, bien que précise et
fidèle, présente des inconvénients très importants : en effet, elle
exige que l’image, convenablement agrandie, de la coupe à étudier,
soit projetée sur papier, puis soigneusement dessinée. Ceci doit en
général se faire en chambre obscure, car les sources lumineuses
habituellement disponibles ne permettent pas d’obtenir une image
grossie 200 à 220 fois lisible dans un éclairage ambiant même
atténué. Une fois le dessin obtenu, il faut encore mesurer le rapport
des surfaces occupées respectivement par les tubes et les acini : ceci
soit en découpant de façon très précise le papier suivant le tracé
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 21

du dessin (Causse et Lacassagne, 1942) et en pesant les fragments


ainsi obtenus; soit en mesurant directement ces surfaces au moyen
du planimètre (Desclin, 1960). Cette dernière méthode est extrê­
mement longue : à partir du moment où la coupe est confectionnée,
jusqu’au moment où le rapport tubuli/acini est calculé, il faut
compter plusieurs heures, et ce, pour chaque animal ! Nous avons
donc mis au point une autre méthode histométrique, plus rapide
et par conséquent d’utilisation plus aisée. Il s’agit en fait d’une
modification de la méthode décrite par Chalkley (1943). Cet
auteur adapte à son microscope un oculaire dans le champ duquel
sont disposés quatre points : l’un d’entre eux sert au repérage, les
trois autres se superposant sur l’un ou l’autre des constituants
tissulaires observés dans la préparation. On note sur quel cons­
tituant tissulaire se projette chaque point, et on répète cette opéra­
tion un grand nombre de fois, sur des champs répartis au hasard
dans la préparation. Après avoir ainsi exploré un nombre suffisant
de champs microscopiques, les surfaces relatives occupées par les
différents constituants tissulaires sont établies d’après les nombres
de points comptés au niveau de ces constituants. Bien que plus
rapide que les méthodes précédemment décrites, cette technique est
cependant encore longue, et assez fatiguante pour l’œil. Nous avons
préféré employer un microscope projetant l’image sur un écran de
verre dépoli (lanamètre de Reichert). Sur l’image ainsi agrandie,
nous avons posé une feuille transparente de même dimensionss,
sur laquelle sont répartis, de façon régulière, 37 points. On explore
un nombre suffisant de champs (agrandissement de 500) et on
compte le nombre de points superposés soit aux acini, soit aux
tubes (fig. 1). On calcule alors le rapport de ces deux nombres.
Nous avons pu établir que ce rapport cesse de fluctuer, pour une
même glande salivaire, à partir d’un minimum de 500 points comp­
tés dans le constituant le moins abondant du tissu. Cette valeur
correspond aux constatations faites par Chalkley sur d’autres
tissus par sa méthode originale. Nous avons pu également cons­
tater que le rapport tubuli/acini déterminé par cette technique sur
des coupes auparavant mesurées par planimétrie correspond, à
moins d’I % près, aux valeurs précédemment établies. Cette mé­
thode remplace donc avantageusement la planimétrie.
Il n’est pas nécessaire que les points soient placés au hasard sur
la feuille transparente ; il suffit que ce soit toujours la même
feuille qui soit employée pour toutes les mesures. En général, pour
22 JEAN DESCLIN

Fig. I. La technique histoniétrique utilisée pour établir le rapport Tubuli/Acini dans


les glandes sous-maxillaires. On distingue les points noirs dessinés sur la feuille trans­
parente superposée à l’écran du « Lanamètre ».

compter un total de 500 points dans le constituant le moins abon­


dant, en explorant des champs qui ne se recouvrent pas, il faut
parcourir la presque totalité d’une coupe intéressant les deux
glandes sous-maxillaires. L’importance de la surface ainsi couverte,
de même que le nombre élevé de points par champ excluent la
possibilité, même involontaire, de choix pouvant influencer le
résultat des mesures. Par précaution cependant, nous avons tou­
jours évité de pratiquer des mesures sur des coupes dont nous
connaissions l’origine au préalable. Par ailleurs, nous avons parfois
pratiqué des mesures deux fois, par deux personnes différentes, et
les résultats obtenus ne différaient pas de 1 %.
Tous les résultats des mesures histométriques ont été soumis à
l’analyse statistique au moyen de l’analyse de variance. L’homo­
généité des variances a été vérifiée au préalable par le test de
Thompson et Merrington (1943-46). Dans un certain nombre de
cas, on a dû recourir à la transformation logarithmique des données
originales. Dans deux cas, on a fait appel à un test « t » approché
(Snedecor, 1961). (Les figures 2a et 2b illustrent bien le dimor­
phisme sexuel des glandes sous-maxillaires).
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 23

Fig. 2a. Glande salivaire sous-maxillaire d'une souris femelle témoin. Les tubes
séreux sont peu développés et ne contiennent pas de sécrétion (Bleu de méthazol-PAS)

Fig. 2b. Glande salivaire sous-maxillaire d’une souris mâle témoin. Développement
important des tubes séreux dont les cellules contiennent d'abondantes granulations
de sécrétion.
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Recherches personnelles

Première partie

RÉACTIONS DES GLANDES SOUS-MAXILLAIRES


A DIFFÉRENTES STIMULATIONS HORMONALES

A. — Eefet, au cours du temps,


d’une dose unique de propionate
DE testostérone CHEZ LA FEMELLE

L’action des androgènes sur les glandes sous-maxillaires de la


souris femelle est bien connue, et nous avons rappelé dans l’intro­
duction les travaux qui ont décrit ce phénomène. Pourtant, nous
n’avons pu retrouver dans la littérature aucune donnée quanti­
tative valable concernant les effets d’une dose unique de testos­
térone au cours du temps. Il nous est apparu important de combler
cette lacune, afin de déterminer le temps de réponse optimum de ce
récepteur d’androgènes.
On a utilisé pour cette expérience 48 souris femelles « Swiss »
âgées de 46 jours. 12 d’entre elles ont reçu une injection sous-cuta­
née d’huile, les autres une injection sous la peau de la région anté­
rieure du cou d’une solution de 500 g.g de propionate de testos­
térone dans 0,005 ml d’huile. Les injections ont été faites au moyen
d’une seringue micrométrique calibrée. Les animaux ont été tués
par groupes de 4 dès le 2® jour suivant l’injection et jusqu’au
10® jour.
L’examen histologique des glandes salivaires nous a permis de
confirmer les descriptions déjà rapportées par Raynaud à ce
sujet : dès 48 heures après l’injection de testostérone, si le calibre
des tubes séreux n’a que très légèrement augmenté, d’une façon
décelable seulement par l’histométrie, il faut par contre noter une
prolifération de ces tubes, et l’apparition d’un certain nombre de
26 JEAN DESCLIN

mitoses dans leurs parois. Ces mitoses sont les plus abondantes le
3® jour après l’injection, pour devenir ensuite fort rares. Dès le
deuxième jour, on peut observer à la base des cellules séreuses à
grains une concentration d’inclusions ribonucléiques qui persistent
jusqu’au 10® jour. Les grains de sécrétion sont les plus denses vers
le 5® jour, mais ils persistent encore les jours suivants et deviennent
plus gros, si bien qu’on peut en retirer l’impression d’une activité
sécrétoire plus intense. En réalité, après le 5® jour, la surface occupée
par les tubes par rapport aux acini commence déjà à diminuer, et
l’aspect des cellules à grains bourrées de grosses granulations
résulte problablement de la coalescence de ces inclusions.
L’bistométrie montre donc (voir graphique) que la réaction
maximum de la glande salivaire a lieu le 5® jour après l’injection de
la testostérone. La régression qui s’installe ensuite est très nette,
mais n’est pas encore complète au dixième jour (fig. 3 et tableau 1).

Une injection unique de 500 de propionate


de testostérone

Fig. 3. Dans ce graphique, les traits verticaux situés de part et d’autre de chaque
point représentent l’erreur type de la moyenne. Chaque point a été obtenu à partir
de 4 animaux, sauf pour le jour 0, où le nombre d’animaux est de 12.
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 27

Tableau I. Action d'une injection unique de testostérone

.lour Indice Nombre Jour Indice Nombre

0 24,7 ! 2,1 12 6 20,5 ± 5,8 4

T 36,5 L 2,3 4 7 60,5 ± 9,1 4

3 49,9 ± 4,2 4 8 48,0 - 3,9 4

4 52,4 1 5,6 4 9 50,3 ± 7,2 4

5 79,9 3,0 4 10 44,0 ± 3,0 4

B. — Effet du traitement

PAR LE BENZOATE D’ŒSTRADIOL

Nous avons vu, lors du rappel de l’historique des observations


sur les glandes sous-maxillaires, qu’il existe des opinions divergentes
quant à l’action, directe ou indirecte, des œstrogènes sur ces glandes.
Désirant utiliser les glandes sous-maxillaires comme récepteurs
d’hormones ovariennes, il était important de vérifier nous-même
l’influence des œstrogènes sur l’histométrie des sous-maxillaires.
A cet effet, nous avons employé 27 souris femelles C57BL âgées
de 2 mois, dont 9 servant de témoins, 9 autres reçurent un implant
sous-cutané de 50 ggde benzoate d’œstradiol dans un comprimé de
cholestérol, et les 9 dernières reçurent deux de ces mêmes implants
au lieu d’un seul. Tous les animaux ont été tués 20 jours après
l’implantation. Les cycles vaginaux de tous les animaux ont été
suivis depuis la semaine précédant l’intervention jusqu’à la fin de
l’expérience.
Comme l’indique très clairement l’histométrie (voir tableau II)
le traitement par un œstrogène n’a aucunement influencé la glande
sous-maxillaire, à aucune des deux doses employées.
Par ailleurs, le traitement a provoqué un œstrus vaginal perma­
nent, contrairement à ce qu’on peut observer chez le rat, où les
œstrogènes sont lutéotrophiques et entraînent une pseudo­
gestation (L. Desclin, 1935). Cette dernière constatation est à
rapprocher de celles rapportées par Dewar (1957) qui ne parvint
pas plus que nous à provoquer une activation des corps jaunes
cycliques de la souris par l’administration de substances œstrogènes.
28 JEAN DESCLIN

Tableau II. Implants de Benzoate d'œstradiol

Indices tubulaires moyens

Témoins 50 Y 100 Y

24,1 ! 0,76 27,0 ± 1,03 24,0 ± 0,73

n = 9 « = 9 n = 9

Interprétation statistique :
Témoin versus traités :
F = 1,96 pour 1/24 DL non significatif
50 Y versus 100 y = 6,2 pour 1/24 DL non significatif.

C. — Effet d’un traitement combiné


PAR LA testostérone ET L'ŒSTRADIOL

Si les œstrogènes sont sans action sur les tubes à grains chez la
femelle, chez le mâle par contre, ils en provoquent l’atrophie
(Lacassagne, 1940). 11 peut s’agir dans ce cas soit d’une castration
hormonale du mâle, soit d’un antagonisme direct entre hormones
mâles et femelles au niveau des glandes salivaires. Par ailleurs, on
a pu observer, sans toutefois en mesurer l’intensité, une action des
œstrogènes sur la partie acineuse de la sous-maxillaire (Raynaud,
I960). Les acini s’hypertrophieraient sous l’influence des hormones
femelles injectées à l’animal. S’il en était bien ainsi, les œstrogènes
devraient modifier l’indice tubulaire ; en effet, cet indice est le
rapport tubuli/acini qui devrait diminuer si la valeur en dénomina­
teur augmente. L’utilité de l’indice tubulaire pour déceler de faibles
quantités d’hormones mâles en présence de fortes quantités
d’œstrogènes serait dans ce cas très douteuse.
11 était donc nécessaire d’étudier la réponse des glandes salivaires
à un traitement mixte androgène-œstrogène.
20 souris femelles C 57BL âgées de 75 Jours ont été employées.
Elles ont toutes reçu, sous la peau de la région antérieure du cou,
une injection de 500 |i.g de propionate de testostérone dans 0,005 ml
d’huile. Dix de ces animaux ont reçu en outre, en même temps que
la testostérone, une injection de 250 [xg de benzoate d’œstradiol,
répétée les 2® et 4® jours après la première piqûre. Les 20 animaux
ont été tués le 5® jour suivant la première injection, temps de réponse
optimum à la testostérone, comme nous l’avons montré plus haut.
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 29

L’histométrie des glandes sous-maxillaires montre nettement


(voir tableau 111) qu’il n’existe ni antagonisme ni synergie entre la
testostérone et l’œstradiol au niveau des tubes séreux des glandes
sous-maxillaires. Ces constatations confirment les observations de
Ferguson et VisscHER (1953) qui ont employé des doses plus
faibles que les nôtres.

Tableau III. Traitement combiné testostérone + œstradiol


Indices tubulaires moyens

Testostérone Testostérone I œstradiol

51,6 :r 3,6 52,8 ± 2,2

/î = 10 « - 10

Interprétation statistique : Test «/» de Student-Fisher approché (Snedecor, 1961) :


/ = 1,45 pour 9 DL : non significatif.

D. — Action d’un traitement par la progestérone

La progestérone n’a d’effet androgénique sur les glandes génitales


annexes du mâle castré que si elle est administrée à doses massives.
(Parkes, 1950; Price, Mann et Lutwak-Mann, 1955). Pour
Raynaud (1960), la progestérone provoque l’hypertrophie des
tubes séreux des sous-maxillaires, phénomène qui n’a pu être
observé par Oota (1961). 11 était nécessaire de vérifier si la proges­
térone, administrée à des doses capables de maintenir la gestation
chez des animaux castrés, pouvait provoquer dans les glandes
salivaires de la souris une hypertrophie des tubes à grains compa­
rable à celle qui survient chez des animaux gravides.
24 souris femelles vierges C 57BL âgées de 3 mois ont été utilisées.
Elles ont été réparties en 3 groupes de 8 animaux : les témoins,
recevant pendant 16 jours consécutifs une injection sous-cutanée
d’huile; les traités, recevant dans les mêmes conditions 2,5 mg de
progestérone, et des animaux traités de la même façon, mais
ovariectomisés au préalable. Tous les animaux ont été sacrifiés le
lendemain de la dernière injection.
Comme on peut le voir dans le tableau IV, le traitement par la
progestérone n’a eu aucun effet sur l’histométrie des glandes sous-
30 JEAN DESCLIN

maxillaires, aussi bien en présence qu’en l’absence des ovaires.


Ceci est en bon accord avec les constatations de Oota (1961) qui
n’avait expérimenté que sur souris ovariectomisées.

Tableau IV. Traitement par la progestérone

Indices tiilubloires moyens

Témoins Traitées entières Traitées castrées

23,4 ± 1,3 23,9 ± 1,3 23,3 ± 1,4

// = 8 n = 8 n = 8

Il n'y a manifestement pas de différence significative entre ces trois moyennes

E. — Action d’une substance progestative de synthèse

À ACTIVITÉ anti-androgénique,

LE SH 714 (acétate de cyprotérone)

Récemment, en étudiant les effets secondaires d’une nouvelle


substance progestative de synthèse, une équipe de chercheurs alle­
mands a mis en évidence les remarquables propriétés anti­
androgéniques de ce nouveau produit fabriqué par les laboratoires
Schering à Berlin, l’acétate de 6-chloro-A 6-1, a méthylène-17
a hydroxy-progestérone, d’abord dénommé SH 714, puis acétate
de cyprotérone.
Le SH 714, administré à des rattes gravides du 16® au 19® jour
de la gestation, féminise les fœtus mâles et empêche la masculini­
sation des fœtus par la testostérone injectée à la mère (Hamada,
Neumann et Junkmann, 1963; Neumann et Kramer, 1964).
Injectée à des rats adultes, cette substance provoque l’atrophie des
testicules et des glandes génitales mâles annexes. Chez le castrat,
le SH 714 s’oppose au retour à l’état normal des glandes génitales
accessoires sous l’influence des hormones mâles (Neumann,
Richter et Gunzel, 1965). Cet antagoniste des androgènes semble
exercer ses effets au niveau périphérique, par une sorte de compé­
tition avec les androgènes eux-mêmes pour les récepteurs mâles
(Junkmann et Neumann, 1964).
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 31

Il était hautement intéressant de vérifier si cette substance a une


action décelable également dans les glandes sous-maxillaires. En
effet, dans l’affirmative, l’acétate de cyprotérone serait alors sus­
ceptible de démontrer la nature androgène éventuelle d’un stimulus
observé au niveau des glandes salivaires.
Pour cette expérience, nous avons utilisé 28 souris femelles
vierges de souche pure AR3 âgées de 4 à 5 mois. Elles ont été
réparties en quatre groupes de 7 animaux constitués comme suit :
un groupe témoin, comprenant des femelles recevant tous les deux
jours une injection sous-cutanée d’huile; un groupe recevant tous
les deux jours par voie sous-cutanée 500 g.g de SH 714, un troisième
groupe traité par 500 gg de propionate de testostérone, et enfin des
animaux traités simultanément par la testostérone et le SH 714 à

Tableau V. Traitement testostérone acétate de cyprotérone

Indices tubulaires moyens.

Témoins Cyprotérone Testostérone Testostérone


f cyprotérone

26,4 1 2,0 25,8 1,1 130,7 : 10,2 83,3 ± 6,6

H - 7 n = l n = 1 n = 7

Analyse de variance (après transformation logarithmique des données)

Sommes Carrés
Source de variation des carrés DL moyens F

Testostérone versus pas de


testostérone.................. 25612675803 1 25612675803 811,8***
Cyprotérone versus
témoins ........................ 12291566 1 12291566 0,39
Testostérone versus 1348522II4 1 1348522114 42 7***
Testostérone + cypro­
térone
Blocs ............................ 1121066211 6 186844368,5 5,92**
Erreur .............................. 567892273 18 31549570

Totaux .............................. 28662447967 27

Valeur seuil de F pour I et 18 DL : à 0,001 ; 15,38


6 et 18 DL : à 0,01 : 4,01
à 0,001 : 6,35
32 JEAN DESCLIN

raison de 500 (x de chacune des deux substances injectées tous les


deux jours. Les souris ont reçu au total 6 injections et ont été
sacrifiées le lendemain de la dernière piqûre. Dès le début de l’expé­
rimentation, les animaux ont été répartis, en fonction de leur poids,
en 7 blocs « randomizés » comprenant chacun des exemplaires de
chaque traitement.
L’histométrie des glandes sous-maxillaires (tableau V) et l’analyse
statistique des résultats obtenus montrent clairement que le SH 714
n’a, isolément, aucune action androgène sur les glandes salivaires.
Cette substance diffère en cela d’autres produits à activité anti­
androgénique qui sont, par eux-mêmes, plus ou moins masculini­
sants (Dorfman et Stevens, 1950).
Par contre, lorsque le SH 714 est injecté en même temps que la
testostérone, il en diminue très nettement les effets sur la glande
sous-maxillaire, et agit donc, au niveau de ce récepteur, comme un
anti-androgène puissant.
Les frottis vaginaux, pratiqués chez tous les animaux en expé­
rience, ont montré que le SH 714, en présence comme en l’absence
de testostérone, provoque un diœstrus permanent, et l’histologie a
montré une mucification de la paroi vaginale chez les souris traitées.
11 s’agit donc bien d’une substance à propriétés progestatives,
dépourvue, à la dose utilisée, d’activité androgénique, mais douée,
par contre, d’une nette activité anti-androgénique se marquant par
une diminution appréciable du diamètre des tubes séreux des
glandes sous-maxillaires.

F. — Effet du traitement par l’acétate de cyprotérone

DANS LES JOURS QUI SUIVENT IMMÉDIATEMENT


LA CASTRATION CHEZ LE MÂLE

Si, chez la femelle, la réponse des tubes séreux à la stimulation


androgénique est très rapide, chez le mâle par contre, la suppression,
de cette stimulation hormonale n’entraîne qu’une régression fort
lente des tubes à grains, puisqu’elle n’est complète que vers 50
jours après l’intervention (Oota, 1961, et observations personnelles
inédites). On peut donc se demander si, après la castration, une
sécrétion résiduelle d’hormone mâle ne persisterait pas, continuant,
au moins pendant un certain temps, à influencer ces récepteurs très
sensibles que sont les glandes sous-maxillaires. Une autre hypo­
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 33

thèse pouvait être formulée; il se peut que la glande sous-maxillaire,


une fois stimulée, ne puisse régresser que lentement, à une vitesse
inhérente à sa structure même. Nous citons l’expérience suivante
parce qu’elle est susceptible de nous éclairer sur le mécanisme
d’action des hormones stéroïdes sur les tubes à grains.
32 souris mâles (C57BL) âgées de 75 jours ont été employées.
22 souris ont été castrées, dont 10 ont reçu, dès le lendemain de
l’opération, et pendant 10 jours consécutifs, une injection sous-
cutanée de 500 gg d’acétate de cyprotérone. Tous les animaux ont
été tués le lendemain de la dernière injection. Les résultats de
l’histométrie des glandes salivaires et leur analyse statistique sont
consignés dans le tableau VI.
Contrairement à notre attente, au lieu d’accélérer l’involution
des tubes à grains consécutive à la castration, ou encore au lieu de
n’affecter en rien cette régression, le traitement par l’acétate de
cyprotérone a, dans une certaine mesure, maintenu un niveau
d’activité plus élevé des tubes.

Tableau VI. Effets de la cyprotérone après castration chez le mâle

Indices tubulaires moyens

Témoins Castrés Castrés traités

124,2 ± 2,1 50,0 1 1,9 68,6 ! 2,0

n 10 n - 12 n 10

Interprétation statistique : Analyse de variance

Sommes des Carrés


Source de variation Carrés DL moyens F

Témoins versus castrés . . . 29696,4 1 29696,4 671,8***

Castrés versus
Castrés traités .................. 1867,5 1 1867,5 42,25***

Erreur................................ 1283,1 29 44,2

Totaux .............................. 32847,0 31

Valeur de F au seuil de signification 0,001 et pour 1 et 29 DL = 13,39.


34 JEAN DESCLIN

Le phénomène rapporté ici ne peut être attribué à l’action sti­


mulante directe de la cyprotérone sur les sous-maxillaires. En effet,
injecté seul, ce produit n’a aucune action sur le segment séreux
chez la femelle, comme nous l’avons montré plus haut. Administré
simultanément avec la testostérone, il en diminue très nettement
les effets masculinisants. Une action indirecte par le détour d’une
stimulation surrénalienne peut également être écartée, puisqu’une
telle stimulation n’a pu être observée chez la femelle. Quel pourrait
alors être le mécanisme en cause ? Pour les auteurs qui ont étudié
les propriétés de ce nouveau progestatif synthétique (Hamada et ai,
1963; Neumann et al, 1964, 1965; Junkmann et Neumann, 1964),
l’activité anti-androgénique s’exercerait par la compétition entre
la cyprotérone et les hormones mâles au niveau périphérique,
c’est-à-dire au niveau des organes récepteurs. Parmi ceux-ci, on
peut ranger tous les tissus susceptibles de réagir à la présence
d’androgènes (Neumann et Elger, 1965; Neumann, 1966;
Neumann et al, 1966).
Nous pouvons donc formuler l’hypothèse suivante : les andro­
gènes présents chez le mâle se fixeraient, entre autres, sur les
cellules du segment séreux des glandes sous-maxillaires. Après
castration, qui supprime tout apport nouveau d’hormone mâle,
les androgènes fixés seraient progressivement transformés et les
métabolites résultants excrétés.
La cyprotérone pourrait entrer en compétition avec les androgènes
non seulement au niveau où ils se fixent primitivement, mais aussi
au niveau des différents chaînons métaboliques du catabolisme de
ces hormones. Ce fait aurait cette conséquence que les androgènes
déjà fixés dans l’organisme, ne trouvant plus d’accepteurs pour
leur évolution métabolique normale, resteraient bloqués sous forme
active, et leur durée d’action dans les récepteurs serait ainsi pro­
longée. Nous n’avons pas pu observer ce phénomène sur les
vésicules séminales, mais leurs réactions aux hormones mâles
peuvent être différentes de celles des glandes salivaires. Les glandes
génitales annexes de la souris ne sont pas un tissu favorable à
l’étude de la cyprotérone (Neumann, 1965).
En rapport avec les hypothèses que nous venons de formuler,
signalons encore ici les observations de Charreau et Villee (1968)
qui montrent clairement que les glandes sous-maxillaires métabo­
lisent des hormones stéroïdes.
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 35

G. — Eefet du traitement par la thyroxine

ASSOCIÉE À l’acétate DE CYPROTÉRONE

Les hormones mâles ne sont pas les seules substances capables


de stimuler les tubes à grains des sous-maxillaires, et la thyroxine,
pour autant qu’elle soit injectée à des souris dont les surrénales
sont intactes, provoque des réactions analogues à celles obtenues
au moyen de la testostérone (Raynaud, 1960). Cependant, en
même temps que la stimulation des sous-maxillaires, l’administra­
tion de thyroxine entraîne l’hypertrophie des surrénales, et la
surrénalectomie abolit l’effet de l’hormone thyroïdienne sur les
glandes salivaires. Il nous a donc paru nécessaire de vérifier si
l’effet stimulant de la thyroxine ne s’exercerait pas par l’intermé­
diaire d’une hormone mâle, éventuellement sécrétée par le cortex
surrénalien. Rappelons qu’au cours d’expériences antérieures
nous avons démontré que les surrénales, stimulées par l’ACTH,
sont capables de fabriquer des androgènes dont l’action se reflète
au niveau des sous-maxillaires par une hypertrophie des tubes
séreux (Desclin Jr, 1959). Nous avons donc traité des souris avec
de la thyroxine et l’acétate de cyprotérone combinés, afin de voir
si cet anti-androgène modifie la réponse des sous-maxillaires au
traitement par la thyroxine.
30 souris femelles vierges C57BL âgées de 3 mois ont été utilisées,
réparties en 3 groupes de 10 animaux. Le premier groupe n’a reçu
qu’une injection quotidienne de sérum physiologique et a donc
servi de témoin; les animaux du second groupe ont reçu pendant
10 jours consécutifs une injection sous-cutanée de 5 y de L- thyro­
xine. La dissolution de la thyroxine purissime a eu lieu chaque
jour immédiatement avant l’emploi. Les animaux du troisième
groupe ont reçu, outre la thyroxine, une dose de 500 y d’acétate de
cyprotérone par voie sous-cutanée, et ce également pendant 10
jours consécutifs. Tous les animaux ont été tués le lendemain de la
dernière injection.
Les résultats de l’histométrie des glandes salivaires et leur analyse
statistique sont consignés dans le tableau VIL Ils nous permettent
de confirmer l’action de la thyroxine sur les tubes à grains de la
sous-maxillaire. Mais ils montrent en outre que la cyprotérone
n’exerce qu’une action antagoniste modérée vis-à-vis de la thyro­
xine. L’inhibition bien que légère que nous constatons n’en est
cependant pas moins significative.
36 JEAN DESCLIN

Tableau VII. Traitement combiné thyroxine-cyprotérone

Indices tnhiilaires moyens

Témoins Thyroxine Thyroxine ^ Cyprotérone

23,4 ± 0,5 50,9 ;L 1,3 45,5 ± 1,3

n = 10 n = 10 /; - 10

Inlerprétation statistique : Analyse de variance (donnée.s transformées en logarithmes)

Sommes Carrés
Source de variation des carrés DL moyens F

Thyroxine versus
Témoins.......................... 6469668028 1 6469668028 484,7***

Thyroxine versus
thyroxine + cyproté­
rone ................................ 120005904 1 120005904 8,99**
Erreur................................ 360386712 27 13347656

Totaux .............................. 6950060644 29

Valeurs de F pour 1 et 27 DL au seuil 0,001 = 13,61


0,01 = 7,68

Plusieurs hypothèses sont susceptibles d’expliquer cette inhi­


bition partielle. Tout d’abord, la cyprotérone pourrait être un
antagoniste direct et spécifique de la thyroxine. L’antagonisme
spécifique que ce stéroïde présente envers les androgènes, et le mode
d’action de cet antagonisme (Neumann, 1966), rendent cette
première hypothèse peu vraisemblable.
On peut d’autre part supposer que la thyroxine stimule le
cortex surrénalien par le détour hypophysaire. Une telle action de
la thyroxine sur les surrénales a été démontrée chez le rat et la
souris, et on a montré que l’hypophysectomie abolit ce phénomène
(D’Angelo et Grodin, 1964). Nous n’avons pas, avec la dose
d’hormone thyroïdienne employée, observé d’augmentation du
poids des surrénales, mais le traitement par la cyprotérone entraîne
une diminution pondérale très nette de ces glandes (voir tableau
VIII).
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 37

Tableau VIII. Traitement thyroxine-cyprotérone

Poids des surrénales

Témoins Thyroxine Thyroxine -f cyprotérone

6,47 ± 0,262 mg 6,43 i 0,180 4,16 1 0,275


n = W « = 10 n = 10

Analyse de variance

Sommes Carrés
Comparaisons des carrés DL moyens F

Thyroxine vs témoins .... 0,08 1 0,08 0,16


Cyprotérone vs ................
Thyroxine.......................... 34,96 1 34,96 69,92***
Erreur................................ 13,50 27 0,50

Totaux .............................. 48,54 29

L’action de la thyroxine sur les glandes sous-maxillaires paraît


donc être double : d’une part, elle aurait une influence stimulante
directe qui ne serait pas inhibée par la cyprotérone, et qui serait de
loin la plus importante; d’autre part, elle stimulerait la sécrétion
surrénalienne d’androgènes, qui, eux seraient inhibés par l’acétate
de cyprotérone. Cette sécrétion d’hormones mâles d’origine surré­
nalienne serait, dans le cas présent, assez discrète, puisque l’inhi­
bition de l’indice tubulaire des sous-maxillaires n’atteint que 10 %
au maximum.
11 ne nous est pas possible actuellement d’expliquer la diminution
pondérale des surrénales consécutive au traitement anti-andro­
génique, ni de préciser si cette action est directe ou s’exerce par
l’intermédiaire de l’hypophyse.

H. — Effet du traitement par la testostérone


ASSOCIÉE À LA PROLACTINE

Chez le rat castré, plusieurs auteurs ont montré que la prolactine


agit en synergie avec la testostérone sur les glandes accessoires du
tractus génital mâle; chez le rat hypophysectomisé, les injections
38 JEAN DESCLIN

simultanées de prolactine et de ICSH provoquent une augmentation


pondérale de la prostate ventrale plus importante que celle obtenue
après traitement par ICSH seul. 11 semble d’ailleurs que les diffé­
rentes glandes accessoires mâles puissent répondre de façon très
variable selon les races des rats employés (Price et Williams-
Ashmann, 1961). Des observations comparables ont été faites sur
les vésicules séminales chez le cobaye (Antliff, Prasad et Meyer,
1960).
Plus récemment, et cette fois chez la souris, on a montré que des
greffes hypophysaires sécrétant de la prolactine augmentent la
réponse pondérale des vésicules séminales du castrat au traitement
par la testostérone (Bartke, 1967).
Au cours de recherches antérieures (Desclin Jr, 1958), nous
avions montré une stimulation des tubes séreux des glandes sous-
maxillaires pendant la gestation et la lactation chez la souris. Or,
on sait que, dans ces états physiologiques particuliers, de la prolac­
tine est sécrétée en abondance soit par le placenta, soit par le lobe
antérieur de l’hypophyse. De plus, nous avons montré qu’admi­
nistrée à dose lutéotrophique, la prolactine provoque la « mascu­
linisation » des glandes sous-maxillaires chez la souris femelle
intacte (Desclin Jr, I960).
11 convenait donc de vérifier si la prolactine n’a pas d’effet direct
sur les tubes séreux des glandes sous-maxillaires, ou bien encore
si elle ne potentialise pas les effets des androgènes à ce niveau.
44 souris femelles C57BL de 110 à 115 jours ont été utilisées.
Toutes ont été castrées, puis réparties en 4 groupes de 11 animaux
chacun. Tous les animaux ont reçu, dès le 4® jour après l’inter­
vention, et pendant 5 jours consécutifs, deux injections sous-cuta-
nées : l’une de 0,05 ml de sérum physiologique, l’autre de 0,005 ml
d’huile d’arachide, cette dernière au moyen d’une seringue micro­
métrique calibrée. Dans les autres groupes, ces solvants contenaient
soit 30 U.l. de prolactine (*), soit 50 y de propionate de testos­
térone, soit ces deux hormones. Toutes les souris ont été tuées le
surlendemain de la dernière injection.
On trouvera dans le tableau IX les résultats indiqués par l’histo-
métrie des glandes salivaires, ainsi que leur analyse statistique.

(9 La prolactine ovine NIH-PS3 a été gracieusement fournie par le Professeur


WiLHELMi,du National Institutes of Health, Bethesda, USA
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 39

Tableau IX. Effets du traitement combiné testostérone-prolactine

Indices tubulaires moyens

Testostérone
Témoins Prolactine Testostérone t prolactine

25,2 ni 0.68 25,6 rr 0,54 60,3 i 1,65 53,8 J 2,02

n = Il /I = Il rt = 11 n = Il

Interprétation statistique : Analyse de variance (après transformation logarithmique


des données).

Sommes Carrés
Source de variation des carrés DL moyens F

Testostérone...................... 14431098361 1 14431098361 864***


Prolactine.......................... 10999000 1 10999000 0,65
Interaction ........................ 33591318 1 33591318 2,01
Erreur................................ 668013411 40 16700335

Totaux .............................. 15143702090 43

Valeurs critiques de F pour 1 et 40 D.L. :


Seuil 0,05 : 4,08
0,01 : 7,31
0,001 ; 12,61

Nous pouvons en tirer les conclusions suivantes ;


1° La prolactine n’a, par elle-même, pas d’action directe visible
sur le segment à grains des tubes séreux des glandes sous-
maxillaires;
2“ La prolactine ne modifie aucunement la réponse des glandes
sous-maxillaires au traitement par le propionate de testostérone.

Résumé et conclusions de la première partie expérimentale

1“ Les tubes séreux des glandes sous-maxillaires réagissent très


rapidement au traitement par l’hormone mâle, et cette réaction
atteint un maximum 5 jours après l’administration d’une dose
unique de testostérone.
40 JEAN DESCLIN

2° Le benzoate d’œstradiol est inactif sur le développement des


tubes à grains des glandes sous-maxillaires, et il n’antagonise pas
l’action de l’hormone mâle à ce niveau.
3° La progestérone n’a pas d’influence sur l’« indice tubulaire »
des glandes salivaires chez la souris femelle, que ce soit en pré­
sence ou en l’absence des ovaires.
4° La cyprotérone, anti-androgène puissant, inhibe très nette­
ment les effets de la testostérone au niveau des glandes sous-
maxillaires chez la femelle. Paradoxalement, lorsque cette substance
est injectée dans les jours qui suivent la castration chez le mâle,
elle ralentit l’involution des tubes séreux, action que nous inter­
prétons comme un blocage des androgènes fixés à ce niveau.
5° La prolactine n’a aucune influence sur l’histométrie des glan­
des sous-maxillaires, et elle ne modifie en rien la réponse de ces
organes au traitement par l’hormone mâle, contrairement à ce qui
a été observé par d’autres au niveau des récepteurs sexuels mâles
classiques.
6° La thyroxine est, comme l’hormone mâle, capable de pro­
voquer une hypertrophie des tubes séreux des glandes sous-
maxillaires. Cette action n’est cependant que très faiblement
influencée par l’administration d’un anti-androgène, ce qui la
distingue très nettement de l’hormone mâle.
Complétant les études déjà faites par d’autres chercheurs, et que
nous avons évoquées dans l’introduction, ces observations person­
nelles, dont nous aurons encore l’occasion de discuter la significa­
tion, nous permettent de penser que les glandes sous-maxillaires
de la souris sont un matériel favorable à la mise en évidence de
quantités même faibles d’hormones mâles.
Les hormones mâles influençant la structure des glandes sous-
maxillaires peuvent être d’origine exogène, lors de traitements
hormonaux, par exemple, mais elles peuvent aussi être d’origine
endogène. Or chez la femelle, un des organes susceptibles de pro­
duire des hormones mâles est l’ovaire et les glandes sous-maxil-
laires doivent permettre une étude aisée de cette sécrétion mâle
paradoxale.
C’est ce problème qui sera abordé dans la seconde partie expé-
mentale.
Deuxième partie :

PRODUCTION EXPÉRIMENTALE D’ANDROGÈNES


PAR L’OVAIRE DE LA SOURIS

Introduction

Toutes les expériences qui ont été entreprises dans le but de


provoquer la sécrétion d’hormones mâles par l’ovaire, et qui
seront décrites dans les pages qui vont suivre, ont tenté de soumettre
les ovaires à des stimulations diverses plus ou moins intenses.
Certaines des modalités expérimentales que nous avons choisi
d’employer avaient déjà été exploitées par d’autres chercheurs,
mais, ainsi que nous l’avons fait remarquer dans l’introduction,
avec des résultats souvent discordants. C’est le cas notamment
pour les expériences portant sur les greffes d’ovaires, et également
sur la stimulation des gonades femelles par des gonadotropines
d’origine exogène.
Par ailleurs, l’influence de l’œstrus permanent, réalisé soit par la
parabiose, soit par le traitement précoce par la testostérone, sur
la sécrétion ovarienne d’androgènes, n’a jamais fait l’objet d’au­
cune étude chez la souris.
Enfin, le rôle que jouent les corps jaunes dans l’élaboration des
androgènes ovariens, et l’influence que la prolactine peut exercer
sur cette sécrétion n’ont été étudiées par aucun chercheur à notre
connaissance. Nos résultats antérieurs (Desclin Jr, 1960) en ce
domaine nous ont naturellement conduit aux expériences sur les
ovaires lutéinisés rapportées ici.

1. — La grefee d’ovaire chez le mâle castré

(a) Les greffes d’ovaire dans le pavillon de l’oreille (fig. 4a


et 4b).

Comme nous l’avons signalé dans l’introduction, il est généra­


lement admis que les greffes ovariennes, soit chez le mâle castré,
soit chez la femelle ovariectomisée, sécrètent des androgènes. Les
Fig. 4a. Fragment d’un greffon ovarien placé dans le pavillon de l’oreille chez un
mâle castré. On peut observer plusieurs follicules hémorragiques et une masse impor­
tante de tissu théco-interstitiel. Temps de greffe : 6 mois.
(Bleu de méthazol-PAS-Kernechtrot-Orange G).

Fig. 46. Détail du greffon illustré en 4o. On aperçoit les cellules thécales hyper­
trophiées, dont certaines ont un cytoplasme « hyalinisé ». Dans le haut de la figure
s’observent des cellules de la granulosa. Les masses sombres sont des amas de cellules
bourrées d’inclusions céroïdes fortement PAS-positives.
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 43

expériences sur lesquelles repose cette notion ont été entreprises


soit sur le cobaye, soit sur le rat, ou encore sur la souris. Quand on
passe en revue la littérature concernant ce sujet, on s’aperçoit que
les résultats sont souvent contradictoires d'un expérimentateur à
l’autre et aussi d’une espèce animale à l’autre. C’est pourquoi nous
avons repris nous même une série d’expériences de greffes ovarien­
nes chez la souris mâle castrée, dans différentes conditions expé­
rimentales.
44 souris C57BL mâles âgées de 18 Jours ont été castrées. 21
d’entre elles ont reçu, au moment de l’intervention, dans le pavillon
de l’oreille, une greffe sous-cutanée d’un ovaire provenant d’un
animal immature. A titre de comparaison, 28 mâles entiers ont été
utilisés d’autre part. Tous les animaux ont été tués 6 mois après la
greffe.
Déjà lors de l’autopsie, nous avons pu constater une atrophie
complète des glandes génitales accessoires chez tous les animaux
castrés, bien que les greffons ovariens se soient tous très bien déve­
loppés. Cette appréciation subjective a été confirmée par l’histo-
métrie des glandes sous-maxillaires, qui montre qu’il n’y a aucune

Tableau X. Greflfes ovariennes auriculaires chez le castrat mâle


Indices tubulaires

Témoins normaux Castrés Castrés greffés

129,3 ± 2,9 36,6 .! 1,05 36,9 J 1,03

n = 28 n = 23 n = 21

Analyse de variance (données transformées log.)

Sommes Carrés
Source de variation des carrés DL moyens F

Témoins versus tous les


autres ............................ 512294721 1 512294721 1579 ***
Castrés-grefïés versus cas­
trés ................................ 22734 1 22734 0,07
Erreur................................ 22379737 69 324344

Totaux .............................. 534697192 71

Seuil de F à 0,001 pour 1 et 69 DL : F = 11,97


44 JEAN DESCLIN

différence entre les castrats suivant qu’ils portent une greffe ova­
rienne ou non (voir tableau X et fig. 5a).
L’étude histologique des greffons ovariens permet de noter un
certain nombre de caractéristiques propres à ces greffons : tout
d’abord l’absence complète de corps jaunes, qui est constante;

Fig. 5a. Vésicule séminale d’une souris mâle castrée porteuse d’un greffon ovarien
intra-auriculaire. Epithélium cubique au repos. Nette réaction fibreuse autour des
glandes, traduisant la présence d’hormones œstrogènes. (Masson).

Fig. 5b. Détail d’une vésicule séminale placée au contact d’un greffon ovarien intra-
splénique chez un mâle castré. Forte stimulation androgénique.
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 45

Fig. 5c. Vésicule séminale d’un mâle castré porteur d’un greffon ovarien et mis en
parabiose avec un partenaire castré. Stimulation androgénique nette.

ensuite l’atrésie folliculaire massive, qui porte sur toutes les caté­
gories de follicules. On peut constater la présence de nombreux
follicules hémorragiques, dont la granulosa est en voie de dispa­
rition. La masse du greffon est principalement constituée de cor­
dons cellulaires formés de grands éléments probablement dérivés
des thèques. Ces cellules sont fortement hypertrophiées et vacuo-
lisées, acquérant ainsi un aspect spongiocytaire. Une forte propor­
tion de ces cellules subit une sorte d’hyalinisation cytoplasmique,
qui pourrait prêter à confusion avec l’aspect de cellules lutéiniques.
C’est peut-être ce que certains auteurs ont interprété comme des
images de lutéinisation thécale. Les cellules de la granulosa sont,
elles-aussi, très fortement vacuolisées, et elles se chargent progres­
sivement d’inclusions vivement PAS-positives, pour se transformer
graduellement en très gros amas, souvent plurinucléés, bourrés de
pigments céroïdes (fig. 4b).
Dans aucun de ces greffons, nous n’avons pu observer de lutéi­
nisation, soit de la granulosa, soit des thèques, telle qu’elle a été
décrite chez le cobaye par Ponse (1955) et chez le rat par
Deanesly (1938).
Ces ovaires, s’ils ne sécrètent pas d’hormones mâles, ainsi qu’on
peut en conclure de l’histométrie des glandes sous-maxillaires, sont
46 JEAN DESCLIN

cependant actifs et élaborent des œstrogènes : les vésicules sémi­


nales, bien que possédant un épithélium atrophique et inactif,
présentent l’hyperplasie fibreuse caractéristique de la présence
d'hormone femelle.

(b) Greffe ovarienne sous la capsule du rein (fig. 6a et 6b).

Les auteurs qui ont observé une sécrétion d’androgènes par des
greffes ovariennes aussi bien chez la souris que chez le rat (Hill,
1937; Hernandez, 1943), ont attribué à la température régnant au
niveau des greffons une importance prépondérante sur leur activité
androgénique. Le pavillon de l’oreille est beaucoup plus soumis
aux fluctuations de température ambiante que ne l’est la cavité
abdominale. Par contre, les conditions de revascularisation et de
reprise des greffons nous paraissent devoir être bien meilleures au
niveau d’un organe situé dans l’abdomen, tel que le rein par
exemple.
62 souris mâles C57BL âgées de 50 jours ont été utilisées. Elles
ont toutes été castrées, et ont reçu une greffe d’ovaire sous la cap­
sule du rein. Chez 22 d’entre elles, on a placé une greffe hypophy­
saire à côté du greffon ovarien. 20 autres souris ont reçu une
injection sous-cutanée quotidienne de 20 U.l. de prolactine du 90®
au 120® jour de leur vie. Tous les animaux ont été tués le 121® jour
de leur vie.

Fig. 6a. Greffon ovarien sous la capsule du rein chez un mâle castré. On notera
la présence de follicules à tous les stades de développement, et l’absence de corps
jaunes.
LES ANDROGENES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 47

Fig. 6b. Détail de la figure 6a. Le tissu théco-interstitiel bien développé est constitué
par des cellules fortement vacuolisées et contenant de nombreuses inclusions chro­
mophiles. Les cellules plus sombres visibles sur la droite du cliché sont des cellules
de la granulosa qui se chargent progressivement d'inclusions PAS-positives.
(Bleu de méthazol-PAS-Kernechtrot-Orange G).

L’histométrie des glandes sous-maxillaires (tableau XI) montre


que, pas plus que les greffons auriculaires, les greffons placés sous
la capsule du rein n’ont eu d'activité androgénique. Toutefois, en
présence d’une greffe d’hypophyse, ou encore sous l’influence d’un
traitement par la prolactine, les tubes à grains des glandes salivaires
ont été nettement stimulés : dans ces circonstances expérimentales,
des androgènes sont sécrétés. La stimulation observée est un peu
plus accentuée dans le cas des greffes hypophysaires que dans
celui des animaux traités par la prolactine; ceci est aisément
explicable : le traitement par injections n’a duré que la moitié du
temps de la greffe, et était discontinu, alors qu’une greffe hypo­
physaire chez la souris apporte une sécrétion continue abondante
de prolactine spécifique (Muhlbock et Boox, 1959).
L’examen histologique des greffons hypophysaires a montré une
reprise excellente de tous les organes greffés; la masse des greffons
est essentiellement constituée de cellules très riches en ribonucléines
et contenant quelques granulations érythrosinophiles après colo­
ration par le tétrachrome de Herlant (1960), qui sont les cellules
48 JEAN DESCLIN

Tableau XI. Greffes ovariennes sous la capsule du rein

liu/ices tubulaires moyens

Castrés + greffe d’ovaire Castrés ^ greffe


Castrés 4- greffe d’ovaire + hypophyse d’ovaire l hypophyse

29,9 ± 0,63 43,4 ± 1,14 39,8 ± 1,20

n = 20 U = 22 n = 20

Analyse de variance (données transformées log.)

Sommes Carrés
Source de variation des carrés DL moyens F

Témoins versus greffe


hypophysaire et prolac­
tine .................................... 27537165 1 27537165 107,9»**
Injections de prolactine
versus greffe hypophysaire 1607872 1 1607872 6,3*

Erreur................................ 15043580 59 254975

Totaux .............................. 44188617 61

Valeurs critiques de F pour I et 59 DL : au seuil 0,001 : 11,8


0,01 : 7,1
0,05 : 4

à prolactine décrites chez le rat par J.L. Pasteels (1963) (fig. 7).
Les glandes mammaires de ces animaux témoignent très visible­
ment de la présence de prolactine : leurs acini sont bien développés,
et déplissés par la sécrétion lactée, alors qu’en l’absence du greffon
hypophysaire les acini sont peu nombreux et fermés (fig. 8a et 86).
Dans ces expériences, la reprise des greffons ovariens est parfaite.
Ils sont généralement mieux développés sous la capsule rénale que
dans le pavillon de l’oreille. Bien que l’atrésie folliculaire soit, ici
aussi, importante, elle est nettement moins accusée que dans l’expé­
rience précédente; on note une hypertrophie du tissu théco-
interstitiel également moins intense que dans les cas précédents,
et on ne peut plus observer cette sorte d’hyalinisation des cyto­
plasmes que nous avions décrite (fig. 66).
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 49

Fig. 7. Greffon hypophysaire sous la capsule du rein chez un mâle castré porteur
d’un greffon ovarien. Le greffon est constitué presque uniquement par des cellules à
prolactine, très riches en ribonucléoprotéines, et contenant parfois encore des
granulations érythrosinophiles caractéristiques.
(Tétrachrome au bleu d'alizarine acide selon Herlant).

Fig. Sa. Glande mammaire d’une souris mâle castrée porteuse d’un greffon ovarien.
Développement faible des canaux galactophores (Trichromique de Masson).
50 JEAN DESCLIN

Fig. 8h. Glande mammaire d’une souris mâle porteuse d’un greffon hypophysaire
et d’un greffon ovarien. Stimulation marquée des acini qui sont déplissés et con­
tiennent du lait (Trichromique de Masson).

Dans les cas où un greffon hypophysaire était présent, ou bien


après injections de prolactine, une nouvelle structure fait son
apparition dans les greffons ovariens : on observe dans tous ces
greffons un certain nombre de corps jaunes, de taille inférieure à
celle des corps jaunes cycliques. Ces formations lutéiniques sont
composées de très grandes cellules à noyau vésiculeux, semblables
à celles qu’on peut observer dans les corps jaunes de la gestation.
11 s’agit donc de tissu lutéinique d’aspect très actif. L’origine de
ces cellules semble bien se trouver dans la granulosa des follicules
qui se lutéinisent sans se rompre, c’est-à-dire qu’il n’y a pas à
proprement parler d’ovulation véritable. Très souvent, on peut
observer une couronne de cellules thécales hypertrophiées autour
des amas lutéiniques, ce qui permet d’affirmer que les cellules
thécales ne participent pas directement à la formation de ces corps
jaunes (fig. 9a et 9b).

c) La greffe splénique de l’ovaire (fig. lOo et 10/>).

La greffe de l’ovaire dans le territoire de la circulation porte


hépatique présente l’intérêt de soustraire l’organisme et en parti­
culier l’hypophyse, à l’action des hormones stéroïdes produites par
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 51

Fig. 9a. Greffon ovarien sous la capsule du rein chez un mâle castré. A gauche de
la masse ovarienne et en contact avec elle, on aperçoit le greffon hypophysaire inséré
en même temps sous la capsule rénale. Dans l’ovaire, on distingue entre les follicules
plusieuis amas constitués de tissu lutéinique.

Fig. 9b. Détail de la figure 9a. Cellules lutéiniques hypertrophiées, à limites bien
visibles. Aspect de tissu lutéinique actif.
52 JEAN DESCLIN

Fig. IOo. Greffe double d'ovaire et de vésicule séminale dans la rate chez un mâle
castré. Le greffon ovarien, en forme de croissant, se trouve à droite et au dessous des
vésicules séminales fortement distendues par une abondante sécrétion (Trichro-
mique de Masson).

Fig. lOA. Détail du cliché précédent. Le greffon ovarien est rempli d’abondants
amas cellulaires, composés d'éléments d’aspect spongiocytaire et ayant la morphologie
de cellules de la granulosa.
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 53

le greffon. En effet, dans cette éventualité, ces stéroïdes sont plus


ou moins complètement détruits au niveau du foie selon les espèces
animales. L’hypophyse de tels animaux est comparable à celle de
castrats, et elle stimule le greffon splénique de façon continue et
intense, sans en subir de freinage en retour. On a montré, chez le
rat, que l’ovaire, ainsi greffé dans la rate, sécrète des hormones
mâles (L. Desclin, 1955; Kullander, 1956). Ce phénomène n’a
pas, à notre connaissance, été recherché chez la souris; chez cette
espèce par ailleurs, la structure du greffon ovarien n’est pas super­
posable à ce que l’on peut observer chez le rat (Li et Gardner,
1947; Vivien, 1948-1949).
14 souris mâles C57BL âgées de 2 mois ont été castrées, et ont
reçu, sous la capsule de la rate, un greffon ovarien provenant d’un
donneur immature. En même temps, on a placé à côté de cet ovaire
un fragment de vésicule séminale immature comme récepteur
d’hormones mâles; ceci a été rendu nécessaire par le fait que les
récepteurs mâles périphériques ne sont plus influencés par un
greffon intra-splénique. Tous les animaux ont été sacrifiés 3 mois
après l’intervention.
A l’autopsie, on constate au niveau de la rate une volumineuse
prolifération qui distend la capsule splénique. Les glandes génitales
accessoires mâles in situ sont complètement atrophiques.
L’examen histologique des greffons montre les deux organes
côte à côte, bien développés : les vésicules séminales, d’aspect
kystique, à cause de la distension provoquée par l’accumulation
d’une abondante sécrétion; et l’ovaire, contenant souvent un
certain nombre de follicules hémorragiques. Les vésicules séminales
greffées ont certainement subi la stimulation par des hormones
mâles ; leur développement est important, elles sont bordées par
un épithélium sécrétoire au niveau duquel on peut déceler des
signes manifestes d’activité (fig. 5b), alors que les mêmes organes
in situ sont complètement au repos. Comme on pouvait s’y attendre,
les glandes salivaires in situ sont, elles aussi, du type observé chez
les castrats.
Ce qui caractérise la structure des greffons ovariens intra-
spléniques, c’est la présence, à côté du tissu théco-interstitiel,
d’importants amas cellulaires ressemblant à des éléments de la
granulosa (fig. IO/>). Les cellules qui les composent possèdent un
cytoplasme entièrement rempli de fines vacuoles conférant à ces
cellules un aspect spongiocytaire caractéristique. Par ailleurs, il
54 JEAN DESCLIN

subsiste des follicules de toutes dimensions, dont un certain


nombre sont le siège d’hémorragies.
Entre les proliférations ayant l’aspect de granulosa, on retrouve,
comme dans les greffons auriculaires, les cellules thécales formant
de nombreux cordons anastomosés. Ces cellules se distinguent
aisément des autres : leur cytoplasme hypertrophié est irrégu­
lièrement spumeux, et contient de nombreuses inclusions granu­
laires de nature probablement phospholipidique. Dans un certain
nombre de ces cellules, ces inclusions, colorables par le bleu de
méthazol, s’agglomèrent entre elles pour former de grosses gouttes
homogènes, qui finissent par occuper l’entièreté du cytoplasme.
Ces cellules perdent alors leur colorabilité par le bleu de méthazol,
et leur cytoplasme présente un aspect homogène et translucide,
comme hyalinisé. Aperçues au faible grossissement, et dans des
préparations colorées par le trichromique de Masson par exemple,
ces cellules pourraient être confondues avec des cellules lutéiniques.
Toutefois, leur noyau aux contours très irréguliers, et l’aspect très
particulier de leur cytoplasme les distinguent nettement des cellules
de corps jaune. Il s’agit vraisemblablement d’un aspect particulier
traduisant l’épuisement des cellules thécales à la suite d’une stimu­
lation intense et continue par les hormones gonadotropes.
Contrairement à ce qu’on observe chez le rat, il n’y a pas de corps
jaunes reconnaissables dans aucun des greffons spléniques. Il n’y
a pas non plus d’image rappelant une transformation lutéinique
des thèques, telle qu’on l’a décrite pour les greffes ovariennes chez
d’autres espèces et en d’autres localisations (Ponse, 1955).

cl) La greefe d’ovaires chez des mâles castrés mis en parabiose

AVEC UN CASTRAT.

Ce qui caractérise les greffes d’ovaire chez le mâle castré, c’est


leur stimulation constante plus ou moins intense par les gonado-
tropines hypophysaires de l’hôte porte-greffe. Dans les expériences
précédentes, c’est certainement le greffon intra-splénique qui subit
la stimulation gonadotrope la plus marquée. Ceci est sans doute
dû à l’absence de freinage hypophysaire par les stéroïdes du greffon,
qui sont détruits au niveau du foie.
11 existe une autre modalité expérimentale permettant d’obtenir
une stimulation gonadotrope intense, sans action en retour sur
l’hypophyse. Il s’agit de la parabiose avec un castrat. Quand deux
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 55

animaux, dont l’un est castré, sont mis en parabiose, les gonades
du partenaire intact sont soumises à l’action continue des gona-
dotropines hypophysaires du partenaire castré qui traversent la
barrière parabiotique. Les hormones stéroïdes, par contre, sont
arrêtées par cette barrière, et ne peuvent donc pas freiner l’hyper­
sécrétion gonadotrope du castrat. Si le partenaire entier est du
sexe femelle, il entre très rapidement en œstrus permanent, et ses
ovaires s’hypertrophient. Ils sont dépourvus de corps jaunes chez
la souris (Takewaki, 1936), ou fortement lutéinisés pendant les
premières semaines chez le rat (Johnson, 1958). Dans ces expé­
riences de parabiose, le partenaire entier de sexe femelle peut être
remplacé par un castrat du sexe mâle auquel on a greffé un ovaire.
Les modifications subies par le greffon à la suite de la parabiose
sont superposables à celles observées dans l’ovaire in situ chez la
femelle parabiotique. Ce schéma expérimental présente l’intérêt de
permettre la confrontation entre l’histologie des glandes génitales
accessoires mâles et celle des glandes sous-maxillaires.
20 souris mâles âgées de 2 mois ont été castrées. Le même Jour,
10 d’entre elles ont reçu, sous la capsule du rein, une greffe ova­
rienne. Le lendemain de cette intervention, on a pratiqué les para-
bioses par couples, obtenant ainsi 10 couples formés chacun de deux
frères castrés dont l’un était porteur d’un greffon ovarien. Tous
les couples parabiotiques ont été sacrifiés 32 Jours plus tard. Pour
l’analyse statistique des résultats de l’histométrie des glandes sous-
maxillaires, les couples parabiotiques ont été employés comme
« blocs randomizés » (voir tableau XII).
L’histométrie des glandes salivaires montre clairement la pré­
sence d’hormones mâles chez les parabiontes porteurs d’un greffon,
alors que chez leurs partenaires castrés les tubes à grains sont
complètement atrophiés. L’examen des glandes génitales acces­
soires, en particulier des vésicules séminales, permet de constater
une certaine stimulation chez les porteurs de greffon, confirmant
ainsi les données fournies par l’étude des glandes salivaires, (fig. 5c)
En ce qui concerne la structure des greffons ovariens, ce qui
frappe immédiatement, c’est le développement spectaculaire des
follicules (fig. 11). Les greffons sont en majeure partie constitués
de très grands follicules, souvent kystiques, et souvent hémorra­
giques. La granulosa des follicules est très bien conservée et, là où
les follicules sont hémorragiques, on peut souvent observer des
îlots de cellules dérivées de la granulosa qui ont subi une transfor-
56 JEAN DESCLIN

Tableau Xll. Parabioses entre deux castrats mâles dont l’un est porteur d’un greffon
ovarien.
Indices tubulaires moyens

Castrés Castrés greffés d’ovaire

30,03 i 1,98 50,34 I 3,14

n = 10 n = 10

Analyse de variance (données transformées log.)

Sommes Carrés
Source de variation des carrés DL moyens F

Greffe ovarienne .............. 2557417280 1 2557417280 48,2***


Couples parabiotiques.. .. 1024279729 9 113808859,7 2,14
Erreur................................ 477007923 9 53000880

Totaux .............................. 4058704932 19

Valeur critique de F pour I et 9 DL au seuil 0,001 : 22,86

Fio. 11. Greffon ovarien placé chez un mâle castré mis en parabiose avec un castrat
de même sexe. Stimulation folliculaire intense avec foyers hémorragiques. Absence
de corps jaunes (Masson).
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 57

mation lutéinique. 11 se forme ainsi de petits amas, dispersés au


sein du tissu ovarien, de cellules lutéiniques, qu’on ne rencontre pas
dans le cas des autres greffons, à moins qu’ils ne soient soumis à
l’action de la prolactine.

11. — La stimulation de l’ovaire chez la femelle

a) Les androgènes chez la femelle « masculinisée » par injec­

tion DE PROPIONATE DE TESTOSTÉRONE PEU APRÈS LA NAISSANCE.

Lorsque l’ovaire est greffé chez une souris mâle castrée, il ne


contient de corps jaune que tout à fait exceptionnellement, ou à
la suite de conditions expérimentales particulières. Cette absence
de corps jaunes est explicable par la déficience de la décharge
périodique du LH hypophysaire, et par l’absence consécutive
d’ovulation. La cause première de cet équilibre particulier entre
hypophyse et gonade semble bien résider au niveau de l’hypotha­
lamus : dans les jours qui suivent immédiatement la naissance,
l’hypothalamus, s’il n’est pas soumis à l’action d’une gonade mâle
reste indifférencié, c’est-à-dire femelle, et manifeste une activité
cyclique dès le moment de la puberté. Par contre, si l’hypothalamus
du nouveau-né subit l’influence d’une gonade mâle, il se différencie
irréversiblement dans le sens mâle et, à l’installation de la puberté,
n’exerce plus sur les fonctions gonadotropes de l’hypophyse qu’une
influence continue, acyclique.
On a comparé l’œstrus permanent survenant chez la femelle
après injection de stéroïdes sexuels à la naissance avec l’œstrus
permanent induit par des lésions électrolytiques de l’hypothalamus,
ou encore avec la situation observée chez les mâles castrés porteurs
de greffons ovariens.
Nous avons voulu dès lors vérifier s’il était possible de « mascu­
liniser » des souris femelles en leur injectant de la testostérone à
la naissance, et dans l’affirmative, déterminer si cet état s’accom­
pagne d’une androgénie accrue.
73 souris femelles C57BL ont reçu, le 5*^ jour après la naissance,
une injection sous-cutanée de I mg de propionate de testostérone
dans 0,005 ml d’huile. Elles ont toutes été sacrifiées à l’âge de 90
jours. Dès l’ouverture de l’orifice vaginal, les cycles œstraux ont
été suivis par des frottis vaginaux quotidiens. Sur l’ensemble des
58 JEAN DESCLIN

souris, 16 ont montré des cycles œstraux réguliers normaux, et ont


par conséquent été choisies comme témoins. Toutes les autres ont
montré une kératinisation permanente de la paroi vaginale. 17
d’entre elles ont été castrées à l’âge de 60 jours. Sur les 73 souris,
9 femelles présentant également une kératinisation vaginale persis­
tante, mais ne possédant, lors de l’autopsie, qu’un tractus génital
complètement au repos, ont été éliminées de nos observations.
La castration des souris en œstrus permanent n’a pas supprimé
la kératinisation vaginale. Ce fait confirme les observations de
Gardner (1959) et de Leathem (1962) et prouve que les modifi­
cations vaginales provoquées par un traitement précoce avec des
stéroïdes sexuels sont irréversibles, et indépendantes de la présence
des ovaires. Par conséquent aussi, la cytologie vaginale chez ces
animaux n’est plus un critère valable de l’activité ovarienne.
Cependant, chez ces souris, les cornes utérines étaient distendues
par un abondant liquide et présentaient l’aspect caractéristique de
l’œstrus prolongé; la castration a entraîné l’atrophie utérine chez

Tableau XIII. Femelles en œstrus permanent par injections de testostérone dans les
jours qui suivent immédiatement la naissance.

Indices tubulaires moyens

Témoins Œstrus permanent Ovariectomisées

2.1,9 ± 0,39 30,6 t 0,44 23,6 rr; 0,50

n 16 « = 31 n = 17

Analyse de variance (données transformées log.)

Sommes Carrés
Source de variation des carrés DL moyens F

Témoins versus traités.. . . 5479318,90 1 5479318,90 47,76***


Œstrus permanent versus
ovariectomisés.................. 14302935,69 1 14302935,69 124,67***
Erreur................................ 6997993,90 61 114721,21

Totaux .............................. 26780248,49 63

Valeur critique de F pour 1 et 60 DL au seuil 0,001 : F = 11,97


LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 59

17 souris, démontrant ainsi qu’il s’agissait réellement d’un œstrus


permanent, et non d’une simple métaplasie de la paroi vaginale.
L’histométrie des glandes sous-maxillaires de ces animaux révèle
une légère stimulation androgénique chez les animaux « mascu­
linisés » qui disparaît après la castration (voir tableau XIII).
Macroscopiquement, les ovaires des animaux en œstrus perma­
nent sont petits et blanchâtres, nettement différents des ovaires
d’animaux normaux. A l’examen microscopique, on note une
atrésie folliculaire massive, ayant pour conséquence la présence
d’un très abondant tissu interstitiel formé de cellules thécales modé­
rément hypertrophiées, parmi lesquelles se trouvent de nombreux
amas de cellules bourrées de pigments céroïdes et très vivement
PAS-positives. 11 y a quelques grands follicules cavitaires côte à
côte avec des follicules immatures. On n’observe aucun corps jaune

Fig. 12a. Ovaires d'une souris, cyclique bien qu'ayant reçu une injection de testo­
stérone peu après la naissance. Présence de petits follicules et de corps jaunes.
Comparer avec le cliché 12 h.

Fig. I2h. Ovaires d’une femelle en œstrus permanent par injection post-natale de
testostérone. Quelques grands follicules, atrésie folliculaire importante, absence
complète de corps jaunes.
( PAS-hématoxyline).
60 JEAN DESCLIN

et pas non plus de cellules lutéiniques dispersées. Chez les animaux


qui, malgré les injections, continuèrent à avoir des cycles réguliers,
on peut observer des corps jaunes et des follicules à tous les stades
de leur développement; le tissu interstitiel n’est que modérément
développé (fig. Ma tt 12b).
Nous répéterons que l’image ovarienne observée chez les femelles
en œstrus permanent ressemble très fort à celle des greffons dans
le pavillon de l’oreille chez les mâles castrés, à cette différence près
que chez les femelles les follicules, mieux conservés, ne sont jamais
hémorragiques, et les cellules interstitielles sont moins stimulées.

b) Les androgènes chez les femelles en parabiose avec un

CASTRAT.

Une autre méthode pour provoquer l’œstrus permanent chez la


souris est de la mettre en parabiose avec un castrat. Dans ce cas, le
partenaire femelle du couple parabiotique entre en œstrus permanent
quelques jours après l’opération, et les ovaires hypertrophiés ne
contiennent pas de corps jaunes (Takewaki, 1936).
On a utilisé 38 souris (C57BL x CBA) Fj et (C57BL x DBAf)
Fj, réparties comme suit : des femelles normales témoins; des
femelles dont on transplanta les ovaires sous la peau au contact
des glandes sous-maxillaires; des femelles mises en parabiose
pendant 28 jours avec un castrat; des femelles à ovaires transplantés
sous la peau et mises en parabiose avec un castrat pendant 28
jours (groupes 1, 2, 3, 4 respectivement ; voir tableau XIV).
L’histométrie des glandes sous-maxillaires montre que la simple
transplantation des ovaires n’entraîne pas, après 6 semaines,
d’hypertrophie des tubes séreux dans les glandes salivaires.
Les animaux soit normaux, soit à ovaires transplantés, et mis en
parabiose entrent en œstrus permanent dès le 5*^ ou 7® jour après la
mise en parabiose. A l’autopsie, les ovaires sont fortement hyper­
trophiés, les capsules ovariennes et les cornes utérines sont disten­
dues par un liquide clair. Les glandes sous-maxillaires de ces
animaux montrent une stimulation androgénique nette (tableau
XIV) (fig. Ma et Mb).
Il faut noter ici que la stimulation androgénique était moins
marquée dans le cas où les ovaires étaient transplantés au contact
des glandes salivaires, ce qui peut paraître paradoxal.
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 61

Tableau XIV. Femelles en parabiose avec un castrat

Indices tubulaires moyens

Parabiotiques Parabiotiques à
Témoins Ovaires transplantés ovaires in situ ovaires transplantés
I II III IV

20,03 ± 0,56 20,28 _t 1,06 44,3 i. 1,56 35,2 ± 1,23

n = 13 n = 1 II = 9 /) = 9

Analyse de variance (données transformées log.)

Sommes Carrés
Source de variation des carrés DL moyens F

Entre groupes .................. 840342,40 3 280114,13 127***


Erreur................................ 74561,18 34 2192,94

Totaux .............................. 914903,58 37

Valeur critique de F pour 3 et 34 DL au seuil 0,001 : F + 6,9


Signification des différences entre moyennes individuelles (Test de Duncan, 1955)
P inférieur à 0,01 pour I et II vs III et IV, non significatif pour I vs IL

Fig. 13a. Glande salivaire sous-maxillaire de souris femelle témoin. Comparer la


dimension des tubes séreux ici et dans le cliché suivant.
(Bleu de méthazol-PAS-Kernechtrot-Orange G).
62 JEAN DESCLIN

Fig. I3è. Glande sous-maxillaire chez une femelle en parabiose avec un castrat.
Hypertrophie des tubes séreux indiquant la présence d'hormones mâles.

Fig. 14. Ovaire in situ chez une femelle en parabiose avec un castrat. L’image
observée est superposable à celle obtenue chez des mâles mis dans des conditions
comparables (Masson).
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 63

Fig. I5o. Greffon ovarien au contact des glandes sous-maxillaires chez une femelle
castrée mise en parabiose avec un castrat. On constate la présence de nombreux corps
jaunes.
(PAS-hématoxyline-Orange G).

Fig. 156. Détail du cliché précédent. Le haut et le bas du cliché montrent deux corps
jaunes d’âges différents, mais tous deux en voie de régression. Entre eux, on observe
des cellules théco-interstitielles à cytoplasme spumeux clair.
64 JEAN DESCLIN

La Structure des ovaires est ditférente suivant qu’ils ont été


laissés en place ou bien transplantés. Tous présentent un dévelop­
pement extrême des follicules, dont certains sont parfois hémor­
ragiques (fig 14), mais cette dernière caractéristique est beaucoup
plus fréquente dans les transplants. En effet, chez 6 des 9 femelles
à ovaires transplantés, on peut observer de beaux corps jaunes
typiques ainsi que des amas de cellules lutéiniques dispersées
(fig. 15a, 15b). 11 ne semble pas y avoir d’atrésie folliculaire marquée,
et il n’y a que très peu de cellules chargées de pigments céroïdes.
Contrastant avec la structure de ces transplants, les ovaires in situ
ne contiennent aucun corps Jaune; les thèques, si elles sont com­
posées de cellules hypertrophiées et vacuolisées, ne sont pas
lutéinisées.

c) La stimulation des ovaires par des injections d’hormones

GONADOTROPES.

Plusieurs chercheurs ont, à différentes reprises, signalé la sécrétion


d’androgènes par l’ovaire soumis à l’action des hormones gonado­
tropes. Nous avons déjà rappelé ces travaux dans l’introduction
à la présente étude. Nous avons cependant constaté que peu d’au­
teurs se sont efforcés d’établir une corrélation entre la structure
de ces ovaires et leur activité androgénique. C’est pourquoi nous
avons jugé utile de reprendre des expériences de ce type.
30 souris femelles C57BL âgées de 2 mois ont été utilisées. 10
n’ont reçu aucun traitement, et ont servi de témoins; 10 autres ont
reçu tous les deux jours un total de 10 injections sous-cutanées de
100 U.l. de gonadotropine chorionique humaine (HCG) (*); les
10 souris restantes ont reçu, selon le même calendrier 100 U.L de
gonadotropine extraite du sérum de jument gravide (PMS). Tous
les animaux ont été tués le lendemain de la dernière injection.
A la suite du traitement par HCG, les ovaires ne sont pas aug­
mentés de volume, et les cornes utérines sont atrophiées, filiformes.
Par contre, les injections de PMS provoquent une hypertrophie
ovarienne spectaculaire (fig. 16<3, b), et les cornes utérines, bien que
n’étant pas distendues par du liquide, sont fortement épaissies;
leur aspect rappelle celui observé immédiatement après la mise-bas.

(‘) Gonadotropine chrorionique : « Pregnyl » Organon. Gonadotropine sérique :


« Gestyl » Organon.
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 65

Fig. 16a. Ovaires d’une souris ayant reçu des injections de gonadotropine HCG.
Ces ovaires sont de petite taille, et contiennent de nombreux petits corps Jaunes.
(Bleu de méthazol-PAS-Kernechtrot-Orange G).

0,5mm
Fio. 166. Un seul des deux ovaires d'une souris ayant reçu des injections de gona­
dotropine PMS. Hypertrophie ovarienne importante. La presque totalité du tissu
ovarien est constituée de grosses masses lutéiniques.

L’analyse statistique des mesures histométriques pratiquées sur


les glandes sous-maxillaires révèle que le traitement par PMS a
provoqué la formation d’androgènes, alors que HCG s’est montré
inefficace à ce point de vue (tableau XV).
L’aspect histologique des ovaires est également dilférent suivant
qu’ils ont été soumis au traitement par HCG ou par PMS. Après
injections de HCG, les ovaires, de taille réduite, sont constitués
d’un très grand nombre de corps jaunes, à côté desquels persistent
66 JEAN DESCLIN

Tableau XV. Influence des injections de gonadotropines

Indices tubulaires moyens

Témoins Injections d'HCG Injections de PMS

23,24 : 0,28 23,49 ± 0,42 36,97 r 1,1

n = 10 n = 10 n = 10

Analyse de variance (données transformées log.)

Sommes Carrés
Source de variation des carrés DL moyens F

PMS ..................................... 26103010,5 1 26103010,5 291,9***


HCG..................................... 9288,1 1 9288,1 0,104
Erreur................................... 2413798 27 89399

Totaux ................................. 28526096 29

Valeur critique de F pour 1 et 27 DL au seuil de probabilité 0,001 ; 7,68

quelques follicules à tous les stades de leur maturation. Lorsqu’on


examine les corps jaunes de plus près, on constate qu’ils sont de
deux types : les uns sont formés de cellules de taille moyenne
fortement vacuolisées, les autres sont constitués de cellules nette­
ment plus petites, à cytoplasme beaucoup plus dense et colorable
et ne contenant pas de vacuoles. Ces images correspondent toutes
à des corps jaunes en voie de régression, et il semble donc qu’il
s’agisse de tissu lutéinique inactif. En ce qui concerne le tissu théco-
interstitiel, il est modérément développé et constitué de cellules
d’aspect spumeux contenant d’abondantes inclusions de nature
probablement phospholipidique (fig. 17a).
Sous l’influence du traitement par PMS, les ovaires atteignent
une très grande taille, et sont constitués essentiellement de grosses
masses lutéiniques de formes arrondies et bien délimitées, qu’il est
impossible de distinguer de corps jaunes normaux. Parmi ces masses
compactes ne subsistent plus que quelques rares follicules imma­
tures et, de temps en temps, un follicule hémorragique déjà forte­
ment lutéinisé.
Fig. Ma. Détail d'un ovaire prélevé chez une femelle traitée par la gonadotropine
HCG. Le haut du cliché, de même que la partie inférieure gauche, sont occupés par
du tissu lutéinique d'aspect inactif. Le coin inférieur droit du cliché montre un amas
de cellules thécales.

Fig. 176. La quasi-totalité du tissu ovarien prélevé chez les femelles traitées par la
gonadotropine PMS est constituée par des masses de tissu lutéinique, dont les cellules
ont un aspect très actif.
68 JEAN DESCLIN

L’aspect cytologique de tous les corps jaunes est le même : il


s’agit de grandes cellules polyédriques à cytoplasme dense et
finement granuleux, et à grand noyau vésiculeux. Ces images sont
superposables à celles des corps jaunes gestatifs, et il s’agit donc de
tissu lutéinique très actif (fig. \lb).
Le tissu théco-interstitiel est peu abondant, et constitué de
cellules un peu plus grandes et à cytoplasme plus dense qu’après
stimulation par HCG.

d) Influence de la greffe hypophysaire de longue durée sur

l’activité androgénique de l’ovaire.

Nous savons que la gestation et la lactation s’accompagnent


d’une sécrétion accrue d’androgènes par l’ovaire chez la souris
(Desclin Jr, 1958, Dota, I960). Par ailleurs, nous avons rapporté
plus haut nos observations sur l’action soit de la prolactine, soit
des greffons hypophysaires sur l’activité androgénique de greffons
ovariens chez le mâle castré.
Nous avons donc vérifié si l’action prolongée de la prolactine
provoque l’apparition d’androgènes chez la femelle. Pour ce faire,
nous avons greffé une hypophyse sous la capsule du rein chez 8
femelles C57BL âgées de 40 jours; nous savons que cette technique
permet d’obtenir une sécrétion continue et importante de prolactine.
Les souris ont été tuées 11 mois plus tard, 11 femelles normales de
même âge ont servi de témoins. Des frottis vaginaux pratiqués
périodiquement ont permis de constater chez les animaux porteurs
d’un greffon hypophysaire une succession de cycles longs, consis­
tant en une suite de pseudo-gestations; ceci était la preuve que
les greffons avaient repris une fonction efficace.
Chez 6 de ces animaux, la paroi vaginale était mucifiée au moment
de l’autopsie, témoignant ainsi de la présence de progestérone, et
indirectement de prolactine.
L’histométrie des glandes sous-maxillaires démontre une « mas­
culinisation » nette de ces récepteurs chez les porteurs de greffe
(tableau XVI).
En ce qui concerne la structure des ovaires, on peut observer, et
ceci uniquement chez les porteurs d’un greffon hypophysaire, des
corps jaunes composés de cellules lutéiniques d’aspect très actif,
et dont la vascularisation est très fortement développée (fig. 18,
\9a et \9b).
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 69

Tableau XVI. Action de la greffe hypophysaire de longue durée

Indices tubulaires moyens

Témoins Greffés d’hypophyse

23,0 : 0,34 37,3 i 0,62

n --- 8 /) - Il

Analyse de variance (données originales)

Sommes Carrés
Source de variation des carrés DL moyens F

Greffe hypophysaire......... 2896 1 2896 1440***


Erreur................................... 34,2 17 2,01

Totaux ................................. 2930,2 18

Valeur critique de F pour I et 17 DL au seuil de probabilité 0,001 : 15,72

0.5 mm

Fig. 18. Ovaire d’une femelle porteuse d'un greffon hypophysaire sous la capsule
du rein. Volumineux corps jaunes (11 mois de greffe).
Fig. 19a. Détail d’un corps jaunedu cycle chez une souris témoin. Cellules lutéiniques
petites, à limites cellulaires mal visibles : aspect inactif.

Fig. I9è. Corps jaune sous l’influence de la prolactine sécrétée par un greffon hypo­
physaire sous la capsule du rein. Cellules lutéiniques hypertrophiées, à limites bien
visibles. On notera l'hyperémie importante du tissu. Aspect de tissu lutéinique très
actif.
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 71

Dans les deux groupes d’animaux, l’atrésie folliculaire est très


marquée mais d’importance sensiblement égale; nous l’attribuons
à l’âge déjà avancé (plus de 12 mois) pour cette souche de souris.
Conséquence de cette atrésie, le tissu théco-interstitiel occupe un
volume important des ovaires, mais il est composé de cellules qui
ne paraissent pas particulièrement stimulées.

e) Effet d’un traitement combiné par la gonadotropine

SÉRIQUE ET LA MÉTOPYRONE.

Nous avons vu que la gonadotropine extraite du sérum de


jument gravide provoque, en même temps que la lutéinisation mas­
sive des ovaires, la production d’androgènes par ces organes. Nous
avons voulu vérifier si cette action serait ou non renforcée par un
traitement simultané par la métopyrone. On sait en effet que
cette substance inhibe non seulement la 11-hydroxylase dans le
cortex surrénalien (Liddle et al., 1958), mais aussi la 19-hydroxylase
(Griffiths, 1963). Cette dernière enzyme semble indispensable à
une des étapes de la synthèse des œstrogènes à partir des androgènes
(Longchampt et al., I960). Il semble bien en effet que l’hydroxy-
lation de l’atome de carbone en position 19 doive nécessairement
précéder la réaction d’aromatisation qui donne naissance aux
œstrogènes.
40 souris C57BL femelles de 2 mois ont servi pour cette expé­
rience. Elles ont été réparties en 10 « blocs randomizés » compre­
nant chacun les 4 traitements suivants : un témoin, injecté de sérum
physiologique, un animal recevant 50 U.I. de PMS, un animal
recevant 50 U.l. de PMS et 4 mg de métopyrone, et un animal
recevant ce même traitement double, mais ayant été préalablement
castré. Les animaux ont reçu un total de 11 injections et ont été
tués le lendemain de la dernière piqûre.
Les aspects macroscopiques des ovaires et des cornes utérines
après traitement par PMS seul ou après PMS et métopyrone ne
sont guère différents l’un de l’autre : les ovaires sont très gros,
mûriformes et congestifs et les cornes utérines sont fortement
épaissies.
A l’échelle histologique ou cytologique, la métopyrone ne pro­
voque pas de modifications ovariennes spectaculaires : la lutéini­
sation semble un peu plus intense, et les cellules lutéiniques sont
d’une taille légèrement plus grande sous l’influence du traitement.
72 JEAN DESCLIN

Leur cytoplasme est plus spumeux, paraissant rempli d’un très


grand nombre de fines vacuoles. On note également une grande
abondance de tissu lutéinique en voie de régression, et qui progres­
sivement se mélange au tissu interstitiel. Ce phénomène de lutéolyse
est nettement moins marqué chez les animaux injectés avec le seul
PMS.
L’analyse statistique des mesures histométriques pratiquées sur
les glandes sous-maxillaires de ces animaux montre que le PMS,
comme nous l’avions déjà constaté antérieurement, provoque l’appa­
rition d’androgènes, et que cette «masculinisation» s’accentue
encore sous l’influence de la métopyrone. La sécrétion d’androgènes
est évidemment abolie par la castration (voir tableau XVII).

Tableau XVII. Traitement par PMS et métopyrone combinés

Indices tubulaires moyens

Castrats + PMS Entiers + PMS


Témoins + métopyrone Entiers t PMS + Métopyrone

23,1 d 0,29 23,5 H 0,18 35,6 i 0,60 46,3 J 0,75

A7 ^ 10 n = 10 « — 10 n -- 10

Analyse de variance (données transformées log.)

Sommes Carrés
Source de variation des carrés DL moyens F

Témoins et castrés
versus entiers traités......... 5803931448 1 5803931448 2508***
Témoins versus castrés ... 3353805 1 3353805 1,45
PMS versus PMS +......... 650039422 1 650039422 280,9***
métopyrone ........................
Blocs ..................................... 66036356 9 7337372,8 3,17**
Erreur................................... 62481173 27

Totaux ................................. 6585842204 39

Valeurs critiques de F pour a) 1 et 27 DL au seuil 0,001 : F = 13,61


6) 9 et 27 DL au seuil 0,01 :F= 3,14
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 73

f) Administration d’acétate de cyprotérone à des souris

GESTANTES.

Au cours de précédentes recherches (Desclin Jr, 1958), nous


avons pour la première fois décrit la « masculinisation » des glandes
sous-maxillaires qui survient chez la souris pendant la gestation
et la lactation. Nous avons montré que les modifications des glandes
sous-maxillaires observées pendant la lactation, sont provoquées
par une sécrétion ovarienne, car elles disparaissent après castration.
Nos résultats ont été confirmés depuis par Oota (1961) qui a en
outre montré l’origine ovarienne de la « masculinisation » gravi­
dique des glandes salivaires : la castration de souris gestantes, dont
la gestation est maintenue par un traitement progestéronique,
entraîne la régression des tubes séreux. La nature androgénique
des facteurs ovariens en cause n’a toutefois pas été démontrée avec
certitude. C’est pourquoi nous avons voulu vérifier si l’acétate de
cyprotérone, anti-androgène puissant et spécifique, modifie l’aspect
des glandes sous-maxillaires pendant la gestation.
13 souris « Swiss » âgées de 2 '/2 mois primigestes ont reçu du
8® jour au 18® Jour de la gestation une injection sous-cutanée

Tableau XVIII. Action de la cyprotérone chez les souris en gestation


Indices tubulaires moyens

G<-stantes + acétate
Gestantes de cyprotérone

37,8 ± 1,3 25,9 : 0,77

n == 11 n - 13

Analyse de variance (données transformées log.)

Sommes Carrés
Source de variation des carrés DL moyens F

Gestantes normales
versus injectées ................. 1572784742 1 1572784742 49,59*»*
Erreur ................................. 697768224 22 31712646

Totaux ................................. 2270462966 23

Valeur critique de F pour I et 22 DL au seuil 0,001 : F 14,38


74 JEAN DESCLIN

quotidienne de 500 y d’acétate de cyprotérone. Elles ont été tuées


le 19® jour. 11 autres souris gravides n’ont reçu que des injections
huileuses inactives, et ont servi de témoins pour les précédentes.
Le traitement n’a en aucune manière entravé le cours normal de
la gestation. A l’autopsie, nous n’avons constaté aucune différence
macroscopique entre les traités et les témoins.
Le tableau XVIII montre que les glandes salivaires ont réagi
très nettement à l’administration de cyprotérone, et que la « mas­
culinisation » due à la gestation est quasi totalement inhibée.
Nous devons signaler ici l’aspect histologique des ovaires chez
ces animaux ayant reçu de la cyprotérone. En effet, alors que chez
les témoins, on n’observe dans les ovaires au 19® jour de la gesta­
tion qu'une seule génération de corps jaunes, tous composés de
cellules lutéiniques identiques d’aspect, chez les animaux traités,
par contre, on peut observer deux générations de corps jaunes.
Les uns, les plus gros, sont composés de cellules de grande taille,
et sont manifestement les plus récents; les autres, plus petits et
parfois en voie de fragmentation, sont constitués de cellules extrê­
mement vacuolisées, dilatées par de grosses gouttes lipidiques. Les
cellules lutéiniques composant les corps jaunes les plus récents
sont de plus petite taille que leurs homologues chez les souris
témoins (fig. 20 et 21 ).

Fig. 20. Ovaire d’une souris gestante et traitée par des injections d’acétate de cypro­
térone. A côté des volumineux corps jaunes gestatifs, on observe la présence de masses
lutéiniques plus petites et très peu colorables.
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 75

Fig. 21. Détail de la figure 20. On observe dans la moitié gauche du cliché une partie
d'un corps jaune de gestation d'aspect normal. Dans la moitié droite du cliché, par
contre, on note la présence d'une masse composée de cellules lutéiniques très forte­
ment hypertrophiées et vacuolisées. Cet aspect n'est pas observable normalement au
I9‘'jour de la gestation.

Un aspect analogue peut être observé chez des femelles vierges


auxquelles on a injecté de la cyprotérone : dans les ovaires de tels
animaux également, on peut rencontrer un certain nombre de corps
Jaunes subissant, en même temps que la lutéolyse, une sorte d’hy­
pertrophie graisseuse des cellules lutéiniques.

g) Action d’une injection unique de méthanesulfonate d’er-

GOCORNINE DANS LE POST-PARTUM.

Nous savons que, chez la souris, la lactation coïncide avec une


sécrétion marquée d’androgènes par l’ovaire (Desclin Jr, 1958;
OoTA, 1961), et que ces hormones mâles disparaissent après l’ova­
76 JEAN DESCLIN

riectomie. Jusqu’à présent toutefois, le constituant ovarien res­


ponsable de l’élaboration de ces facteurs masculinisants n’a pas
été identifié. L’administration d’ergocornine dans le post-partum
est une méthode expérimentale susceptible de fournir des indications
sur le rôle éventuellement joué par les corps jaunes dans la produc­
tion d’hormones mâles. En effet, l’ergocornine injectée à la souris
pendant la période de vie libre de l’œuf inhibe son implantation
(Carlsen et al., 1961). Il semble que cette inhibition de l’implan­
tation soit due à une interruption de la sécrétion hypophysaire de
prolactine entraînant à son tour l’inactivation des corps jaunes et
la lutéolyse (Zeilmaker, 1962).
Nous avons donc administré au quatrième jour du post-partum
(le jour de la mise-bas étant le jour 0) Img de méthanesulfonate
d’ergocornine en solution dans l’alcool à 50“ à I I souris femelles
« Swiss » primipares âgées de 3 mois. 14 autres souris en lactation
n’ont reçu qu’une injection d’alcool. Les animaux ont continué à
allaiter leurs jeunes, qui ont été répartis entre les différentes mères
à raison de 7 petits par nichée. Les mères ont été tuées le 15“ jour
du post-partum.

Tableau XIX. Effet d'une injection d'ergocornine le jour 4 du post-partum

Indices tubulaires moyens

Lactation normale Lactation 4 ergocornine

38,0 - 1,31 31,5 r 1,48

n =- 14 /! = 11

Analyse de variance (données originales)

Sommes Carré
Source de variation des carrés DL moyen F

Traitement .......................... 262,76 1 262,76 8,02


Erreur................................... 695,83 23 30,25

Totaux ................................. 958,59 24

Valeur critique de F pour 1 et 23 DL au seuil 0,01 : F = 7,88


LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 77

Le lendemain et le surlendemain de l’administration d’ergocor-


nine, un certain nombre de jeunes souriceaux durent être remplacés
par d’autres, plus vigoureux, et provenant d’autres nichées ; l’ergo-
cornine a un effet néfaste sur la sécrétion lactée; l’absence de lait
dans l’estomac des Jeunes, visible par transparence au travers de la
paroi abdominale le confirme. Néammoins, le remplacement de
quelques souriceaux a suffi à assurer une succion plus intense et à
maintenir la lactation.
L’aspect macroscopique des ovaires et des cornes utérines est
identique chez les animaux injectés et chez les témoins : les ovaires
sont petits, et les cornes utérines sont filiformes.
Cependant, l’histométrie des glandes sous-maxillaires montre
une légère diminution du taux des androgènes chez les souris ayant
reçu une injection d’ergocornine (tableau XIX).
La structure histologique de la paroi vaginale ne permet pas
d’observer les modifications consécutives au traitement par l’ergo-
cornine : chez tous les animaux en effet, la paroi vaginale est cons­
tituée de deux assises de cellules cubiques, image comparable à
celle observée chez des castrats. Cet aspect traduit l’absence de
quantités décelables d’œstrogènes, avec comme corollaire l’impos­
sibilité pour la progestérone de se manifester.
L’aspect histologique des ovaires a cependant subi des modi­
fications à la suite de l’injection d’ergocornine. Chez les témoins.

0,5 mm
Fig. 22a. Ovaires prélevés le 15®^ jour de la lactation. Les corps jaunes de lactation,
légèrement moins chromophiles que les corps jaunes gestatifs, sont de volume sensi­
blement égal à celui des corps jaunes de la gestation.
78 JEAN DESCLIN

Fig. 22b. Ovaires prélevés le 15*' jour de la lactation. Une injection d’ergocornine
le 4® jour. Seuls persistent les corps jaunes gestatifs. Sous le hile de l’ovaire de droite,
on observe les restes discrets de trois corps jaunes de lactation.

on observe la présence de deux générations de corps jaunes : les


corps Jaunes gestatifs, qui sont les plus grands, composés de cellules
devenant plus ou moins fusiformes et dont le cytoplasme dense est
acidophile. Il s’agit de tissu lutéinique en voie de régression. Les
autres corps jaunes sont ceux qui résultent de l’ovulation surve­
nant dans les 48 heures qui suivent la mise-bas, ce sont les corps
jaunes de lactation. Ils sont de taille inférieure à celle des corps
jaunes gestatifs, et composés de grandes cellules à noyau vésiculeux,
dont le cytoplasme est parsemé de nombreuses et fines vacuoles
qui confèrent à ces cellules un aspect spongiocytaire.
Ces derniers corps jaunes sont absents chez les animaux en
lactation ayant reçu de l’ergocornine. En cherchant attentivement
dans toutes les coupes sériées d’ovaires, on peut de temps en temps
retrouver des débris de tissu lutéinique fortement lysé, qui sont
probablement les seuls témoins de l’ovulation du post-partum. Ces
images prouvent donc bien que l’ergocornine a effectivement en-
trainé la lyse des corps jaunes de lactation. Quant aux corps ges­
tatifs, inactifs à ce moment, ils ne paraissent pas affectés par le
traitement (fig. 22a, 22b; 23a, 23b).
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 79

Fig. lia. Corps jaune au 15“-’ Jour de la lactation. Grandes cellules d’aspect
spongiocytaire.

Fig. 236. Corps jaune au 15® jour de la lactation, après une injection de méthane-
sulfonate d’ergocornine le quatrième jour. Lutéolyse avancée.
80 JEAN DESCLIN

h) Effets du traitement par un inhibiteur de la 3-/9-hydroxy-


STÉROIDE DÉSHYDROGÉNASE, CHEZ LA SOURIS EN LACTATION.

Le F6060, ou bis (p-hydroxyphényl)-cyclohexylideneméthane, a


été synthétisé par Miquel et al. (1963). On a montré que ce produit
inhibe très fortement l’oxydation de la prégnénolone en proges­
térone in vitro (Larsson et Stensson, 1967). C’est une substance
très faiblement œstrogénique, puisqu’elle n’a, chez les rongeurs de
laboratoire, qu’environ le millième de l’activité de l’œstradiol; elle
présente l’intérêt de supprimer les effets de la progestérone dans
le test de Clauberg chez le lapin (Hanngren et ai, l965o) et
d’inhiber l’implantation de l’œuf fécondé. On a montré que le
F6060 va s’accumuler sélectivement au niveau de certaines glandes
endocrines, et tout particulièrement dans les corps jaunes gravidi­
ques chez la souris (Hanngren et al., 19656).
Nous avons injecté 10 souris « Swiss » primipares de 2 mois et
demi dès le lendemain de la mise-bas et pendant 8 jours, avec 1 mg
de F6060 dissout dans un mélange à parties égales d’alcool et de
propylèneglycol. 10 témoins en lactation n’ont reçu que le solvant.
Tous les animaux ont été sacrifiés le lendemain de la dernière
injection.
La lactation n’a apparemment pas été affectée par ce traitement,
car les jeunes se sont développés normalement.
A l’autopsie, on note une légère stimulation œstrogénique visible
au niveau des cornes utérines, qui sont modérément dilatées.
L’histologie des parois vaginales chez les animaux traités montre
une prolifération de l’épithélium, qui subit un début de kératini­
sation. Chez aucun des animaux traités on ne peut déceler la pré-

Tableau XX. Effets du traitement par le F6060 pendant la lactation

Indices tubulaires moyens

Lactation normale Lactation + F6060

39,7 1 0,23 23,5 -i 0,76

/ï = 10 n = 10

Valeur critique de « t » pour 9 DL ; = 4.781


La valeur trouvée pour l est de 20,3 (approximation du test « / » de Student-Fisher,
selon Snedecor, 1961).
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 81

Fig. 24o. Corps jaune de lactation normale au 9‘‘ jour du post-partum. Cellules
lutéiniques arrondies ou ovalaires, à limites parfois encore imprécises.

Fig. 24h. Corps jaune de lactation au 9‘' jour du post-partum. Animal ayant été
traité par le F6060. Cellules lutéiniques plus grandes que chez le témoin.
82 JEAN DESCLIN

sence de progestérone sous forme de mucification vaginale, alors


qu’un certain nombre de témoins ont une paroi vaginale mucifiée.
En ce qui concerne l’histologie ovarienne, on constate une
légère augmentation de la taille des cellules lutéiniques dans les
corps jaunes de lactation, à la suite du traitement par le F6060.
Les corps jaunes gestatifs ne semblent pas subir de modifications
(fig. 24a, 24b).
Contrastant avec les modifications ovariennes discrètes, les
glandes salivaires, elles, réagissent beaucoup plus nettement au
traitement : le F6060 inhibe totalement la masculinisation due à
la lactation (voir tableau XX).
Discussion

L’interprétation des résultats que nous avons obtenus nécessite


la discussion de plusieurs points.
1° Pouvons-nous considérer les glandes sous-maxillaires de la
souris comme un récepteur spécifique des androgènes? S’il en est
ainsi,
2° Sommes-nous en droit d’affirmer leur origine ovarienne?
3° Quels sont les constituants ovariens qui sont la source des
hormones mâles?
4“ Sous l’influence de quels stimuli les androgènes ovariens
sont-ils sécrétés ?

La spécificité de la réaction des glandes sous-maxillaires

AUX HORMONES MÂLES

A) Testostérone et thyroxine.

Nos mesures histométriques ont montré que, parmi les prépa­


rations hormonales que nous avons administrées à des souris,
seules la testostérone et la thyroxine provoquent une hypertrophie
des tubes à grains dans les glandes sous-maxillaires. Ces effets
morphologiques, bien que dus à deux hormones totalement diffé­
rentes n’ayant entre elles aucune parenté de structure, sont appa­
remment de qualité identique, et rien ne permet de les distinguer
l’un de l’autre.
Nous avons d’autre part montré que l’acétate de cyprotérone,
antagoniste puissant des hormones mâles au niveau de tous les
récepteurs sexuels, exerce un freinage également sur les glandes
salivaires. Cette substance inhibe dans une large mesure la stimu­
lation des tubes séreux par la testostérone : injectée à poids égal
avec cette hormone, elle réduit d’à peu près la moitié la réaction
des glandes salivaires; par contre elle n’influence que très peu la
réaction à la thyroxine et n’en diminue les effets que d’environ
10 % au maximum.
S’il n’est donc pas possible, au simple examen des préparations
histologiques de glandes salivaires, de décider de la nature soit
84 JEAN DESCLIN

androgène soit thyroïdienne du stimulus, l’injection de cyproté-


rone permet cependant de dire s’il s’agit effectivement d’une sti­
mulation androgénique.
11 n’est peut-être pas inutile de rappeler ici que la thyroxine
semble évoquer au niveau des glandes salivaires des réactions dont
l’intensité varie peu, qu’il s’agisse de doses plus ou moins physio­
logiques ou bien de quantités énormes pour une souris (40 (xg)
(Raynaud, I960). Par contre, il existe une relation linéaire entre
le logarithme de la dose de testostérone injectée et la réponse des
glandes sous-maxillaires (Brown-Grant et Taylor, 1963).
Le rôle que joue, dans le déterminisme de la structure des glandes
sous-maxillaires, la thyroïde fonctionnant physiologiquement est
certainement beaucoup plus discret que celui exercé par le testicule
(Luckman et Kirschbaum, 1954); signalons d’autre part que l’ad­
ministration prolongée de produits anti-thyroïdiens à des mâles
immatures n’influence pas de façon décelable le développement
des tubes à grains (Luckman, 1956).

B) Stéroïdes surrénaliens et anabolisants.

D’autres hormones que la thyroxine et les androgènes peuvent-


elles influencer la structure des sous-maxillaires? Pour Raynaud
(1960) certains corticoïdes surrénaliens non androgéniques déter­
mineraient également une hypertrophie des tubes séreux. Ces
observations sont cependant en désaccord avec les résultats de
plusieurs chercheurs qui n’ont obtenu aucun effet, ni morpholo­
gique, ni enzymologique sur les tubes à grains après des injections
soit de cortisone, soit de désoxycorticostérone (Baker, 1952;
Muhlbock, 1953; Bixler et ai, 1956). Mais la surrénale, soit
tumorale, soit stimulée par la corticotropine hypophysaire est
capable de sécréter des androgènes, qui provoquent, outre la dispa­
rition de la zone X surrénalienne (Deanesly, 1958). l’hypertrophie
des tubes séreux des sous-maxillaires (Frantz et Kirschbaum,
1949; Baker, 1952; Desclin Jr, 1960).
Brown-Grant et Taylor estiment que les glandes sous-
maxillaires ne peuvent servir comme critère d’activité androgénique.
Ces auteurs observent en effet une sensibilité des glandes sous-
maxillaires aussi grande à la 17-a-éthyl-19 nor testostérone
qu’à la testostérone elle-même. Or le premier de ces stéroïdes est
considéré comme un anabolisant puissant, tandis que son activité
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 85

androgénique est faible. Brown-Grant et Taylor suggèrent donc


d’utiliser les glandes sous-maxillaires bien plus comme test d’activité
anabolique que comme indicateur d’androgènes.
La distinction entre substances anabolisantes et androgènes, qui
nous a toujours paru arbitraire, n’a, pensons-nous, de raison d’être
qu’en clinique humaine; en ce qui concerne l’expérimentation
animale, cette distinction ne garde que peu de signification. Les
variations pondérales de la prostate et des vésicules séminales sont
en général prises comme critères d’activité androgénique, alors
que les variations de poids du muscle releveur de l’anus et de la
musculature squelettique refléteraient plus fidèlement les fluctua­
tions de l’activité anabolisante. Les récepteurs biologiques utilisés
peuvent cependant donner des réponses très divergentes d’une
espèce animale à l’autre.

C) Œstrogènes.

Les mesures que nous avons pratiquées après injections ou im­


plantations de benzoate d’œstradiol nous permettent d’affirmer
que les œstrogènes ne provoquent pas de modifications morpho­
logiques visibles dans les glandes sous-maxillaires, et n’entravent
pas l’action de la testostérone. Par conséquent, ils ne risquent pas
de fausser les mesures dans les cas où des conditions expérimentales
particulières provoqueraient une production accrue d’hormones
femelles aussi bien que d’hormones mâles.

D) Progestérone.

L’activité androgénique de la progestérone n’est détectée qu’à


très fortes doses, et en employant un test hypersensible, tel que la
teneur en acide citrique de la prostate ventrale du rat (Price et ai,
1955). Cette activité est de toute manière trop faible pour être
décelable au niveau des glandes salivaires. Les doses de proges­
térone que nous avons injectées suffisent à maintenir la gestation
chez des souris ovariectomisées (Robson, 1938; Smithberg et
Runner, 1956; Oota, 1961) et n'influencent pourtant pas les tubes
séreux : la progestérone n’a donc pas d’action sur les tubes à grains,
et ce n’est pas cette substance qui est responsable de la masculini­
sation des souris gravides (Desclin Jr, 1958; Oota, 1961). Ces
observations confirment les résultats antérieurs de Muhlbock
86 JEAN DESCLIN

(1953), mais sont en désaccord avec ceux de Raynaud (I960), qui


a signalé en outre la dégénérescence de la zone X après traitement
par la progestérone. Nous n’avons retrouvé de modifications nota­
bles ni des tubes séreux ni du cortex surrénalien après traitement
progestéronique.

E) Prolactine.

Les glandes sous-maxillaires, à la différence de la prostate ven­


trale du rat (Price et Williams-Ashmann, 1961), des vésicules
séminales de cobaye (Antliff et ai, 1960) ou de la souris (Bartke,
1967), ne sont pas inffuencées par la prolactine, qui ne renforce
pas non plus l’action de la testostérone à leur niveau. A ce point
de vue, ce sont donc des récepteurs plus spécifiques que les glandes
sexuelles annexes.

La détection des hormones mâles endogènes chez la femelle

La plupart des modalités expérimentales que nous avons rap­


portées dans ce travail ont entraîné une « masculinisation » des
glandes sous-maxillaires. De ce fait, l’utilité de cet organe pour
déceler des hormones mâles produites par l’organisme femelle
nous paraît bien établie.
Seules les greffes d’ovaires chez la souris mâle castrée n’ont pas
occasionné d’hypertrophie des tubes séreux, alors qu’on admet
généralement que de pareils greffons sont masculinisants (revue
par Hill, 1962). Cette opinion n’est toutefois pas admise par tous,
et des observations négatives ont aussi été rapportées (Pfeiffer,
1936; Desclin, L., 1938; Kawashima, 1960). Nos propres résultats
confirment ces observations négatives. De plus, les images histo­
logiques des prostates et vésicules séminales n’ont montré aucune
stimulation androgénique, corroborant ainsi les données fournies
par l’histométrie des sous-maxillaires. Par contre, les greffes sous
la capsule rénale, les parabioses, l’administration de gonadotro-
pines ou de prolactine, et, dans une moindre mesure, l’œstrus
permanent par androgénisation post-natale, ont tous conduit à une
réponse nette des glandes salivaires.
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 87

L’Origine ovarienne des androgènes mis en évidence

PAR LES SOUS-MAXILLAIRES

Par elle-même, la « masculinisation » des glandes sous-maxil­


laires ne permet pas de préciser l’origine des hormones mâles res­
ponsables ; la qualité de la réaction des tubes séreux est apparem­
ment constante, quelle que soit la structure chimique de l’androgène
actif.
Dans les expériences que nous avons rapportées, deux organes
peuvent être la source des androgènes décelés : l’ovaire et le cortex
surrénalien.
Chez les mâles castrés porteurs d’un greffon ovarien, la mascu­
linisation n’est apparue qu’en présence de prolactine, fournie soit
par des injections d’hormones d’origine ovine, soit par une isogreffe
hypophysaire.
Or, nous savons que la prolactine est lutéotrophique chez la
souris (Dresel, 1935) et que, dans cette espèce, comme chez le rat
(L. Desclin, 1950; Everett, 1954), l’isogreffe d’hypophyse semble
ne sécréter exclusivement que de grandes quantités de prolactine
(Muhlbock et Boot, 1959, Boot et al., 1962). L’isogreffe d’hypo­
physe chez la souris semble même un moyen beaucoup plus efficace
que les injections répétées de prolactine hétérospécifique pour
obtenir un effet lutéotrophique (Browning et White, 1966).
Au cours de recherches antérieures (Desclin Jr, 1960), nous
avions observé que les injections de prolactine à des souris femelles
intactes provoquent l’apparition d’androgènes, confirmant ainsi les
résultats de Chester-Jones (1951). Dans le présent travail, nous
avons constaté que la prolactine n’a aucune action de ce genre chez
des femelles ovariectomisées, alors que la greffe d’hypophyse, chez
des femelles entières cette fois, provoque l’androgénie.
Il nous semble donc que, aussi bien chez les castrats mâles
porteurs de greffons ovariens et hypophysaires que chez les femelles
soumises à l’action de la prolactine, l’origine des androgènes soit
à rechercher dans l’ovaire plutôt que dans les surrénales.
Dans le cas des parabioses entre deux mâles castrés (fig. 25), dont
l’un porte un greffon ovarien, l’origine des hormones mâles nous
apparaît sans ambiguïté : en effet, chacun des deux partenaires para-
biotiques sert de témoin à l’autre. Ils ne diffèrent l’un de l’autre
que par la présence du greffon ovarien, et seul le porteur de greffon
présente des signes d’androgénie. Les œstrogènes sécrétés par le
88 JEAN DESCLIN

greffon ne peuvent influencer les glandes sous-maxillaires ni


directement (Lacassagne, 1940; Chamorro, 1946) ainsi que nous
l’avons nous-même montré, ni indirectement par le détour des
surrénales : il faut donc bien que ce soit le greffon ovarien qui
sécrète des substances masculinisantes.

Fig. 25. Schéma résumant quelques unes des situations expérimentales conduisant
à la production d’androgènes par l'ovaire chez la souris.
I : Parabiose entre deux mâles castrés dont l’un est porteur d’un greffon ovarien
sous la capsule du rein.
II : Parabiose entre une femelle normale et un mâle castré. Sous l’influence des
gonadotropines hypophysaires de son partenaire, la femelle entre en œstrus
permanent.
III : Parabiose entre une femelle castrée et une femelle dont les ovaires ont été trans­
plantés au contact des glandes sous-maxillaires. Comme dans le cas précédent,
le partenaire possédant des ovaires entre en œstrus permanent.
IV : Mâle castré porteur d’un greffon intra-splénique. Les hormones élaborées par
le greffon sont détruites au niveau du foie et ne pénètrent pas dans la circula­
tion générale.
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 89

La greffe ovarienne au niveau de la rate présente elle aussi une


situation expérimentale claire : la vésicule séminale placée à son
contact montre des signes indiscutables de stimulation androgé­
nique, alors que les récepteurs périphériques sont au repos complet :
la greffe splénique est donc la seule source possible d’androgènes
décelables.
Chez les femelles ayant reçu de la testostérone le 5® jour de la
vie, et montrant une kératinisation vaginale persistante, nous avons
montré que la castration supprime l'androgénie : ceci montre bien
que l’ovaire est, dans ce cas également, responsable de l’élabora­
tion des hormones mâles.
Dans nos expériences de parabioses entre souris femelles les
conditions expérimentales sont comparables à celles qui ont été
décrites pour les parabioses entre mâles, et ici comme là, c’est
l’ovaire que nous rendrons responsable de l’androgénie (fig. 25).
L’action de la gonadotropine extraite du sérum de Jument gravide
ne peut, elle non plus, s’exercer que par l’intermédiaire des ovaires;
même lorsqu’elle est renforcée par l’injection de métopyrone, cette
gonadotropine devient inefficace après ovariectomie. L’adminis­
tration de métopyrone seule à des souris n’entraîne aucune modi­
fication de leurs glandes sous-maxillaires par rapport aux témoins :
ceci n’exclut pas, mais rend très peu probable une intervention
éventuelle de la surrénale dans la masculinisation plus marquée
survenant après injection de métopyrone. Remarquons que l’admi­
nistration de métopyrone ne provoque pas l’accumulation de
stéroïdes à 19 atomes de C dans la surrénale de la souris (Ertel
et Ungar, 1968).
L’origine ovarienne des androgènes produits pendant la gesta­
tion a été démontrée par d’autres (Oota, 1961), et nous avons
établi dans le présent travail, que la masculinisation gravidique est
bien due à des hormones mâles, car elle est antagonisée par la
cyprotérone.
Quant à l’androgénie de la lactation, nous n’y revenons pas,
puisque sa cause ovarienne a déjà été démontrée chez la souris
(Desclin Jr, 1958).

Quelles sont les parts respectives des thèques, granulosa et tissu


interstitiel dans l’élaboration des hormones mâles ?
Sauf deux exceptions (la greffe dans l’oreille chez le mâle castré
et la stimulation par la gonadotropine choriale chez la femelle) les
90 JEAN DESCLIN

différentes modalités expérimentales que nous avons décrites con­


duisent à l’apparition d’hormones mâles. Au cours de ces expé­
riences, nous pouvons, arbitrairement, distinguer deux grandes
catégories d’ovaires : d’une part ceux qui ne contiennent pas de
corps jaunes, et d’autre part ceux qui sont lutéinisés.
Les ovaires masculinisants dépourvus de corps Jaunes se ren­
contrent chez les femelles en œstrus permanent, soit par parabiose
avec un castrat, soit par « androgénisation » post-natale. l,es
greffons intraspléniques chez le mâle ne contiennent pas non plus
de tissu lutéinique.
Parmi tous les animaux masculinisés, les femelles stérilisées par
une injection post-natale de testostérone paraissent sécréter le
moins d’androgènes. Les follicules sont peu nombreux et, en
général, ne sont que de deux types : soit très petits et immatures,
soit de grande taille, proches de la rupture. Si, dans les ovaires de
ces souris, le tissu interstitiel semble très abondant, c’est qu’il
occupe un volume relatif important au sein d’un ovaire petit dans
son ensemble. Ce tissu interstitiel provenant d’une atrésie follicu­
laire massive, est composé de cellules thécales qui ne sont que
faiblement stimulées. Signalons que chez le rat, Weisz et Lloyd
(1965) ont observé une conversion très fortement accrue de la
progestérone en androstène-dione et testostérone par l’ovaire
d’animaux stérilisés par les androgènes à la naissance.
Dans le cas des parabioses, les cellules thécales sont certainement
hypertrophiées, mais elles n’occupent qu’un volume relatif réduit
dans le parenchyme ovarien. Le constituant ovarien le plus abon­
dant, ce sont ici les follicules, dont le développement est très forte­
ment exagéré.
Dans les greffons intra-spléniques, ce sont les amas cellulaires
dont la structure rappelle très fortement celle de la granulosa qui
présentent le plus grand développement.
Cette première série d’images ovariennes présente donc les
caractéristiques suivantes ; l’hypertrophie du tissu théco-interstitiel,
accompagnée dans certains cas d’un développement exagéré de la
granulosa des follicules. La seule hypertrophie thécale ne semble
pas conduire à la production d’hormones mâles, alors que l’hyper­
plasie de la granulosa coïncide apparemment avec la masculini­
sation plus ou moins intense des glandes sous-maxillaires.
A l’exception du traitement par HCG, qui provoque la lutéini­
sation sans entraîner la secrétion d’androgènes, nous constatons
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 91

la présence d’hormones mâles dans tous les cas où les ovaires sont
lutéinisés et qui composent la deuxième catégorie d’ovaires que
nous distinguons.
Quand des androgènes sont sécrétés de façon décelable, on
observe dans les ovaires du tissu lutéinique composé de grandes
cellules à cytoplasme dense, acidophile ou très colorable par le bleu
de méthazol, et à grand noyau vésiculeux; il s’agit de cellules com­
parables à celles qui forment les corps jaunes soit de gestation,
soit de lactation : il s’agit donc de tissu lutéinique actif.
Par contre, l’administration d’HCG donne naissance à des corps
jaunes composés de cellules soit fortement vacuolisées, soit denses
mais plus petites et aplaties, à noyaux irréguliers et fripés. Ce sont
là des images correspondant à des corps jaunes en voie de régres­
sion, et qui physiologiquement, ne sont certainement pas actifs.
Nous rapprocherons de cette expérience les cas de parabioses
entre femelles dont les ovaires ont été transplantés sous la peau.
Chez ces animaux, 6 transplants sur 9 contenaient des corps jaunes
d’aspect inactif. Il est intéressant de noter que ces animaux étaient
moins « masculinisés » que leurs homologues à ovaires in situ, où
la stimulation folliculaire était plus intense.
Notons encore que la destruction, au moyen d’ergocornine, des
corps jaunes de lactation, est suivie d’une diminution du taux
d’androgènes présents au cours du post-partum.
L’injection de F6060, dont Larsson et Stensson (1967) ont
observé l’action inhibitrice sur la transformation de la prégnénolone
en progestérone, et dont Hanngren et ai, (l965/>) ont démontré
l’accumulation spécifique dans les corps jaunes, abolit complète­
ment la « masculinisation » gravidique.
Enfin, bien que nous ne puissions décider actuellement s’il s’agit
là d’une action directe ou indirecte sur l’ovaire, rappelons que
l’acétate de cyprotérone, anti-androgène actif à tous les niveaux,
ne provoque dans la gonade femelle de modifications morpholo­
giques que dans les seuls corps jaunes.
Cette série d’observations désigne clairement le tissu lutéinique
comme la source des androgènes.
En conclusion, dans les deux catégories d’ovaires que nous avons
relevées, à l’élaboration d’androgènes correspondent aussi bien le
développement important de la granulosa folliculaire que la forma­
tion de tissu lutéinique actif. Par conséquent nous sommes amenés
à accorder à ces deux constituants ovariens d’ailleurs étroitement
92 JEAN DESCLIN

apparentés l’un à l’autre, un rôle prédominant dans la synthèse


des androgènes. Pouvons-nous en conclure que ce sont ces tissus
qui sécrètent effectivement les hormones mâles?
Jusqu’ici, suivant une opinion classique, c’est aux thèques in­
ternes qu’on attribue l’élaboration des androgènes (revues dans
PoNSE, 1955, 1958; Parkes, 1966).
Cependant, l’hypertrophie thécale et la lutéinisation du tissu
théco-interstitiel ne s’accompagnent pas nécessairement d'une
sécrétion accrue d’hormones mâles : dans les ovaires de cobaye
stimulés par les gonadotropines hypophysaires (Guyenot et
Naville-Trolliet, 1946), dans les greffons ovariens chez le rat
mâle castré (L. Desclin, 1938; Kawashima, I960) ou encore,
comme nous l’avons nous-même observé, dans les greffons ovariens
placés dans l’oreille des souris mâles castrées, l’hypertrophie
thécale est manifeste et pourtant aucune masculinisation ne
s’ensuit.
D’autre part, nous n’observons pas d'hypertrophie théco-
interstitielle dans les ovaires fortement lutéinisés et masculinisants
de la gestation, de la lactation ou encore de souris traitées par la
prolactine ou le sérum de jument gravide.
De même, chez le rat mâle castré à la naissance et porteur d’un
greffon ovarien, on n’observe aucune hypertrophie ni lutéinisation
thécale dans le greffon; ce dernier, fortement masculinisant, pré­
sente une image histologique normale et contient des corps jaunes
(Kawashima).
Cependant, le problème du siège intra-ovarien de l’élaboration
non seulement des hormones mâles, mais aussi des autres hormones
stéroïdes est très complexe, et les différences éventuelles existant
entre espèces animales n’en facilitent pas la solution.
Falck (1959), puis Falck et al. (1962) ont décrit la formation
de stéroïdes sexuels dans des micro-transplants ovariens chez la
ratte castrée. Pour ces chercheurs, l’élaboration des hormones
sexuelles nécessiterait la collaboration étroite des différents cons­
tituants tissulaires ovariens. Les hormones mâles pourraient faire
exception à cette règle et provenir de l’interstitielle seule.
Ces observations ont été précisées par des études plus récentes
chez différentes espèces animales chez lesquelles une taille plus
élevée des ovaires a permis l’analyse et le dosage des stéroïdes par
des méthodes biochimiques. C’est ainsi que chez la jument, granu-
losa et thèques collaborent probablement à l’élaboration des
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 93

différentes hormones ovariennes, mais les rôles respectifs de ces


tissus ne sont pas encore bien définis (Short, 1962, 1964). Cepen­
dant, chez ce même animal, les seules cellules de la granulosa ou
du corps jaune sont capables, in vitro, de sécréter de la proges­
térone, des œstrogènes et des androgènes (Channing, 1966). Chez
la truie, la granulosa peut jouer un rôle important dans la formation
des androgènes (Bjersing et Carstensen, 1964, 1967). Dans l’espèce
humaine, la granulosa des follicules participe certainement aussi
à la biosynthèse des stéroïdes (Forleo et Collins, 1964; Ryan et
Petro, 1966).
Par conséquent, dans les ovaires masculinisants non lutéinisés
nous accorderons un rôle important à la granulosa folliculaire,
dont le développement très marqué paraît nécessaire à l’apparition
d’hormones mâles. Nous ne sommes toutefois pas en mesure de
décider si ce tissu est à lui seul responsable de cette secrétion, ou
s’il coopère avec le tissu théco-interstitiel et, même pour les défen­
seurs de cette deuxième hypothèse, il n’est pas encore possible de
définir les rôles respectifs de la granulosa et des thèques dans la
séquence des différentes étapes de la biosynthèse des stéroïdes
ovariens (Short, 1964). Il semble d’ailleurs que diverses voies
métaboliques soient possibles, dépendant probablement du tissu
où elles se déroulent (Forleo et Collins, 1964; Ryan et Petro,
1966; Crise et Rennels, 1967).
Envisageons à présent le rôle du corps jaune dans l’activité
androgénique de l’ovaire.
Appelgren (1967) a montré par histoautoradiographie l’accu­
mulation de cholestérol, prégnénolone et progestérone radioactifs
dans les corps jaunes de la souris. Chez le rat, la lutéinisation
massive des ovaires favorise très fortement la formation d’andros-
tènedione aux dépens de la progestérone (Crise et Rennels, 1966,
1967).
Chez la souris, l’ovaire in vitro transforme la progestérone en
androstènedione et testostérone. A poids égal d’ovaire, cette pro­
duction de testostérone est quatre fois plus élevée dans les ovaires
de gestation que dans les ovaires cycliques (Vinson et Chester-
Jones, 1963).
Si nous rapprochons ces données de la littérature de nos propres
résultats chez la souris, nous sommes en droit de dire que les
ovaires lutéinisés sécrètent des androgènes, et que ces hormones
mâles sont, selon toute vraisemblance, élaborées par les corps
94 JEAN DESCLIN

jaunes actifs : en effet, la destruction de ces corps jaunes, ou l’inhi­


bition du métabolisme ultérieur de la progestérone diminue ou
même supprime totalement l’androgénie. Par contre, la masculi­
nisation est renforcée lorsque l’hydroxylation des stéroïdes en posi­
tion 19 est inhibée, empêchant ainsi la réaction d’aromatisation et
la transformation des androgènes en œstrogènes : ce fait est à rap­
procher du déficit enzymatique constaté dans les ovaires humains
dans certains cas du syndrome de Stein-Leventhal (Mahesh et al.,
1962; Axelrod et Goldzieher, 1967).

Quels sont les stimuli qui amènent les ovaires

A SÉCRÉTER DES HORMONES MÂLES ?

Certains auteurs ont pensé que l’abaissement de la température


à laquelle l’ovaire est soumis provoque à son niveau la sécré­
tion d’hormones mâles (Hill, 1937, 1962; Lampton et Miller,
1940; Hernandez, 1943). Cette opinion n’est pas partagée par
Deanesly (1938), ni par nous" même, car aucun des greffons ova­
riens sous-cutanés n’a montré de capacité androgénique accrue,
alors qu’une telle localisation soumet l’ovaire à une température
nettement plus basse qu’en position abdominale normale.
Si l’on excepte la gestation et la lactation, toutes les conditions
expérimentales auxquelles nos animaux ont été soumis se carac­
térisent par des conditions anormales de stimulation gonadotrope
agissant sur les ovaires. La cause de la masculinisation nous paraît
donc résider dans un déséquilibre entre hypophyse et ovaires. Ce
déséquilibre est manifeste dans le cas des parabioses et des greffes
spléniques, où l’hypophyse, libérée du freinage qu’exercent sur elle
les stéroïdes ovariens, sécrète en permanence une grande quantité
d’hormones gonadotropes. Un tel déséquilibre est moins évident
dans le cas des souris stérilisées par la testostérone à la naissance,
ou chez les mâles castrés porteurs d’un greffon ovarien. Il existe
cependant, puisque, malgré un développement folliculaire normal
ou même exagéré, il n’y a ni ovulation ni lutéinisation.
Ce déséquilibre existe bien chez les castrats greffés d’ovaire : en
effet quand ces animaux sont mis en parabiose avec une femelle
normale, cette dernière montre rapidement des perturbations du
cycle œstral, consistant principalement en un allongement des
périodes d’œstrus. Ce fait démontre qu’il existe chez le mâle castré
porteur d’un greffon ovarien un excès d’hormone gonadotrope qui
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 95

passe chez le partenaire parabiotique intact; par contre, deux


femelles normales mises en parabiose continuent à avoir des cycles
œstraux réguliers et indépendants chez les deux partenaires, sans
la moindre synchronisation.
Si le déséquilibre hypophyso-ovarien est aisément décelable, il
est plus difficile de déterminer les parts respectives qu’y prennent
les deux facteurs gonadotropes FSH et LH. Les images ovariennes
observées chez les parabiotiques et dans les greffons intra-spléniques
plaident en faveur d’une stimulation FSH exagérée accompagnée
d’une stimulation LH continue.
Le cas des souris stérilisées par injection de testostérone implique
cependant un déséquilibre différent des deux hormones gonado­
tropes. Si ces animaux présentent une kératinisation vaginale indé­
pendante des hormones ovariennes (Gardner, 1959; Takasugi,
1963, 1964), nous avons toutefois montré qu’ils sont en œstrus
permanent vrai, et donc comparables aux rattes traitées par la tes­
tostérone de façon analogue (Greene et ai, 1938, 1939; Barra-
CLOUGH, 1961). Chez des rattes ainsi stérilisées, les taux des gona-
dotropines totales sont abaissés par rapport à la normale, de même
que le taux du facteur LH (Matsuyama et ai, 1965), bien que les
ovaires transforment de façon accrue la progestérone en œstrogènes
et en androgènes (Weisz et Lloyd, 1965).
Chez nos souris rendues stériles par la testostérone à la naissance,
la petite taille des ovaires suggère une diminution en valeur absolue
du facteur FSH, et l’absence de lutéinisation implique que la gona-
dotropine LH n’est plus libérée cycliquement. Nos observations
concordent donc avec les résultats obtenus chez le rat.
Cependant, même si les deux hormones gonadotropes sont
sécrétées en quantités plus faibles que la normale, l’histologie ova­
rienne semble bien démontrer qu’il y a un excès relatif d’hormones
folliculo-stimulantes par rapport à l’hormone de lutéinisation.
Lorsque nous avons injecté des gonadotropines, la masculini­
sation n’a été obtenue qu’à la suite du traitement par la gonado-
tropine extraite du sérum de jument gravide (PMS). On sait que
cette hormone a une activité biologique comparable à celle d’un
mélange des hormones hypophysaires FSH et LH (Rowlands,
1949). Par contre, la gonadotropine chorionique humaine, dont
l’activité biologique se rapproche davantage de celle du LH hypo­
physaire, n’a provoqué aucune androgénie décelable. Ce fait est en
accord avec les observations de Pfeiffer et Hooker (1942), de
96 JEAN DESCLIN

Chamorro (1946) et de Frantz et Kirschbaum (1949). A ce point


de vue, la souris se distingue très nettement du rat (voir revue dans
PoNSE, 1955).
Dans tous les travaux qui ont conclu à la sécrétion d’androgènes
par le tissu théco-interstitiel stimulé par les gonadotropines, on a
utilisé des préparations gonadotropes très impures, possédant les
deux activités biologiques FSH et LH dans des rapports non pré­
cisés. Signalons cependant que des ovaires, prélevés chez des souris
hypophysectomisées, auxquelles on administre des injections de
LH purifié, synthétisent in vitro une quantité accrue d’androstène-
dione à partir de progestérone (Loufti et ai, 1962).
Toutes les expériences que nous avons décrites plus haut portaient
sur des souris possédant leur propre hypophyse. Or, outre les hor­
mones gonadotropes, cette hypophyse peut secréter de la prolac­
tine. A la suite d’une abondante sécrétion ovarienne d’œstrogènes,
il est vraisemblable que cette libération de prolactine s’accroisse
chez la souris (Kerr, 1943) comme cela a été démontré chez le rat
à de nombreuses reprises (voir revue dans Meites, 1961). La pro­
duction, chez la souris, de tumeurs hypophysaires sécrétant de la
prolactine, par un traitement œstrogénique, est connue depuis
longtemps (Gardner, 1948; Cramer et Horning, 1936; Kwa,
1961).
Dans nos expériences, où les taux d’œstrogènes sont souvent
élevés, nous ne pouvons par conséquent pas exclure une éventuelle
influence de la prolactine sur la production d’androgènes par
l’ovaire.
Les ovaires androgéniques lutéinisés observés dans nos expé­
riences sont sous l’influence de la prolactine ; après injections de
cette hormone, ou greffe d’une hypophyse, ou encore pendant la
gestation et la lactation. Par contre, l’interruption de la sécrétion
hypophysaire de prolactine au moyen d’ergocornine entraîne la
diminution de l’androgénie, et les abondants corps Jaunes inactifs
apparus à la suite des injections d’HCG n’ont pas provoqué l’appa­
rition d’androgènes. La prolactine, injectée à des animaux entiers
entraîne leur masculinisation (Desclin Jr, 1958), alors qu’elle est
inefficace chez les ovariectomisés. Cette action de la prolactine a
également été suggérée par les travaux de Chester-Jones (1951)
au moyen de la zone X surrénalienne. Cet auteur a observé l’action
masculinisante de la prolactine d’origine placentaire, mais n’est pas
parvenu à déceler une action comparable de la prolactine hypophy­
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 97

saire. Nous pouvons aussi rapprocher nos résultats de ceux obtenus


par Browning et Kwan (1964) chez des souris traitées par l’auro-
thioglucose. Chez ces animaux, les auteurs observent, en même
temps qu’une sécrétion accrue et continue de prolactine, la dispa­
rition de la zone X surrénalienne.
En conclusion, nous dirons que les ovaires sécrètent des andro­
gènes de façon décelable dans deux conditions distinctes : les unes
expérimentales ou pathologiques, les autres physiologiques.
Les conditions expérimentales sont caractérisées par des anoma­
lies de la sécrétion des gonadotropines hypophysaires, c’est-à-dire
une perturbation quantitative du rapport entre les hormones FSH
et LH; nous pensons que nos observations plaident en faveur d’une
augmentation relative du FSH par rapport au LH.
Les conditions physiologiques sont représentées par la gestation
et la lactation, qui toutes deux s’accompagnent d’une sécrétion
importante de prolactine.
Cette prolactine semble bien, elle aussi, favoriser la sécrétion
ovarienne d’androgènes. Jusqu’à présent, la seule influence recon­
nue de la prolactine sur l’ovaire est son action lutéotrophique, qui
n’a d’ailleurs été démontrée que dans un petit nombre d’espèces
animales : chez le rat (Lahr et Riddle, 1936), la souris (Dresel,
1935), le mouton (Domanski et ai, 1967) et le hamster (Choudary
et Greenwald, 1967). A notre connaissance, le rôle que pourrait
jouer la prolactine dans la biosynthèse des androgènes ovariens
n’a été étudié chez aucune espèce animale. L’influence de la pro­
lactine n’a pas été non plus étudiée en ce qui concerne le méta­
bolisme des autre stéroïdes, bien que chez le lapin, espèce où la
prolactine n’est pas lutéotrophique, cette hormone semble in­
fluencer le métabolisme stéroïdien du tissu théco-interstitiel
(Hilliard et al., 1968). La prolactine pourrait également jouer un
rôle dans l’apparition de phénomènes de masculinisation chez la
vache (Gassner, 1952, Nalbandov, 1952).

Analogies entre nos observations expérimentales

ET LA CLINIQUE HUMAINE
Le SYNDROME DE StEIN-LEVENTHAL

Ce syndrôme est caractérisé par l’absence d’ovulation et la


stérilité chez les femmes qui en sont atteintes; il s’accompagne en
même temps de signes d’hyperœstrogénie relative et d’un hirsu­
98 JEAN DESCLIN

tisme plus ou moins prononcé. L’élaboration anormalement accrue


d'androgènes par l’ovaire a été démontrée à de nombreuses reprises
dans ce syndrome (Mahesh et Greenblatt, 1964). Les deux andro­
gènes principalement augmentés qui ont été retrouvés dans ces
ovaires sont l’androstène-dione et la déhydroépiandrostérone. Des
déficits enzymatiques ont été postulés pour expliquer l’apparition
en quantités anormales de ces stéroïdes : l’insuffisance d’aroma­
tisation conduit à l’accumulation d’androstènedione, et nous avons
montré chez la souris qu’un tel mécanisme est effectivement pos­
sible, puisque le traitement par la métopyrone, qui inhibe l’hydro-
xylation en C19 indispensable préalablement à l’aromatisation
accroît l’androgénie.
Dans certains cas de syndrome de Stein-Leventhal, on a postulé
une déficience ovarienne en 3-p-ol-stéroïde-déshydrogénase, con­
duisant à l’accumulation de déhydroépiandrostérone, et provoquant
ainsi la virilisation.
Chez nos souris au contraire, l’administration de F6060, qui
inhibe cette stéroïde-déshydrogénase, supprime la masculinisation.
Deux hypothèses peuvent expliquer ce résultat.
La première hypothèse supposerait que la transformation de la
prégnénolone en progestérone, bloquée par le F6060, serait la
seule voie métabolique possible conduisant à la formation d’an­
drogènes dans l’ovaire de la souris.
La seconde hypothèse admettrait l’existence de deux voies méta­
boliques distinctes, et aussi de deux 3-3-ol-stéroïde-déshydro-
génases différentes; l’une ayant pour substrat la prégnénolone,
qu’elle transformerait en progestérone, l’autre utilisant la déhy­
droépiandrostérone pour former de l’androstènedione. Chez la
souris, ces deux enzymes seraient inhibées simultanément par le
F6060. En faveur de l’hypothèse de deux enzymes différentes, si­
gnalons les expériences de Crise et Rennels (1966, 1967) qui cons­
tatent, chez le rat, la transformation accrue de déhydroépiandros­
térone en androstènedione après stimulation et lutéinisation des
ovaires par la gonadotropine LH; l’oxydation de la prégnénolone
en progestérone n’est par contre que peu modifiée par ce traitement.
Dans l’espèce humaine, Kase (1964a) envisage également deux
voies métaboliques possibles pour la formation des androgènes
ovariens. Cet auteur estime par ailleurs que le seul déséquilibre
entre hypophyse et gonades suffit à expliquer l’androgénie du
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 99

syndrome de Stein-Leventhal (Kase, 1964è), et nous avons vu que,


chez la souris du moins, il en est bien ainsi.

Le syndrome de Forbes et Albright

Ce syndrome est caractérisé par l’aménorrhée, la galactorrhée,


l’augmentation du taux sanguin de prolactine, et un certain degré
d’hirsutisme (Forbes et al., 1954). Un certain nombre de cas sont
rapportés dans la littérature, où, malgré l’aménorrhée, la galac­
torrhée s’accompagne d’une légère augmentation des œstrogènes,
des androgènes, et d’une hyperplasie hypophysaire avec sécrétion
accrue de prolactine (Langeron et Barbry, 1955; Bromberg et
Bercovici, 1954; Pecora et Servi, 1957; Takatani et al., 1967).
Bien que dans les cas où l’hirsutisme a été constaté, l’origine des
androgènes n’ait pas été précisée, il serait intéressant de déterminer
le rôle de l’ovaire dans la biosynthèse de ces androgènes. Nous
avons vu en effet que la prolactine, chez la souris, provoque la
masculinisation par l’intermédiaire des ovaires lutéinisés.
RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS

U Par méthode histométrique, nous avons étudié les réactions


des glandes sous-maxillaires de la souris à différents traitements
hormonaux : testostérone, œstradiol, ou ces deux substances com­
binées, progestérone, thyroxine et prolactine. Nous avons aussi
observé l’action sur ces glandes d’un stéroïde anti-androgène :
l’acétate de cyprotérone.

2° Ces observations sur la glande sous-maxillaire nous ont


permis de conclure que cet organe répond spécifiquement à l’hor­
mone mâle, et peut être utilisé comme récepteur d’androgènes
dans des conditions expérimentales bien définies.

3" Des greffes d’ovaire ont été pratiquées chez le mâle castré,
soit dans le pavillon de l’oreille, soit sous la capsule du rein, ou
encore dans la rate. Contrairement aux observations d’autres cher­
cheurs, nous n’avons décelé d’activité androgénique que dans les
seuls greffons intra-spléniques.

4° Chez le mâle castré, les greffons ovariens ne manifestent


d’activité androgénique que quand ils sont stimulés par les gona-
dotropines hypophysaires d’un partenaire parabiotique castré, ou
bien s’ils sont soumis à l’influence de la prolactine soit exogène soit
libérée par un greffon hypophysaire.

5“ Chez la souris femelle, l’injection de testostérone au 5® jour


de la vie entraîne, au moment de la maturation sexuelle, la kérati­
nisation permanente de la paroi vaginale et l'hypertrophie des
cornes utérines. Cet état s’accompagne d’une masculinisation mo­
dérée des glandes salivaires. L’ovariectomie supprime cette andro­
génie et entraîne l’atrophie utérine, mais reste sans action sur la
kératinisation vaginale.

6° Les souris femelles mises en parabiose avec un castrat de l’un


ou l’autre sexe entrent rapidement en œstrus et se masculinisent,
alors que le partenaire parabiotique castré ne montre aucun signe
d’androgénie.
102 JEAN DESCLIN

7° Seule la stimulation des ovaires par la gonadotropine PMS


provoque l’apparition d’androgènes, alors que la gonadotropine
HCG est totalement sans action.

8° L’administration de métopyrone renforce l’effet androgénique


des injections de PMS, vraisemblablement en inhibant de manière
partielle la transformation des androgènes en œstrogènes, et en
provoquant ainsi l’accumulation de ces androgènes.

9° Ce sont bien des androgènes que les ovaires sécrètent au cours


de la gestation, puisque la « masculinisation » gravidique est in­
hibée par l’acétate de cyprotérone.

10“ En présence d’un greffon hypophysaire assurant un apport


continu de prolactine, les ovaires sécrètent des hormones mâles.

11“ L’injection d’ergocornine dans le post-partum entraîne la


disparition des corps jaunes de lactation et la diminution de l’an­
drogénie de la lactation.

12“ L’inhibition par le F6060 de l’oxydation de la prégnénolone


en progestérone supprime la masculinisation observée pendant la
lactation.

13“ Histologiquement, deux types d’ovaires masculinisants sont


observés : les uns ne contiennent pas de corps jaunes, et montrent
à côté du tissu théco-interstitiel stimulé, une croissance massive des
follicules et de ce fait un développement important de la granulosa.
La seule hypertrophie du tissu théco-interstitiel ne paraît pas suf­
fisante à provoquer l’apparition d’hormones mâles mais doit
s’accompagner de cette croissance folliculaire. L’autre type d’ovaire
masculinisant se caractérise par la présence de corps jaunes actifs.
Les ovaires bourrés de corps jaunes d’aspect inactif ne sont pas
androgéniques.

14“ Il semble bien que les ovaires puissent sécréter des hormones
mâles en quantités accrues dès que l’équilibre normal entre les
facteurs hypophysaires FSH et LH est perturbé en faveur du facteur
FSH.

15“ La prolactine favorise certainement l’élaboration d’hor­


mones mâles par le corps jaune de la souris.
REMERCIEMENTS

Nous voudrions remercier ici nos Maîtres, les professeurs R.


CoRDiER et M. Herlant. C’est le professeur R. Cordier, direc­
teur du Laboratoire d’Histologie, qui nous a fait découvrir et aimer
cette discipline, qui nous y a initié, et qui, depuis lors, n’a cessé de
nous prodiguer ses conseils éclairés. Le professeur M. Herlant
nous a fait partager son enthousiasme pour l’histophysiologie des
glandes endocrines; c’est grâce à son expérience en ce domaine et
aux encouragements qu’il nous a constamment témoignés que le
présent travail a pu être mené à bien.
Nous tenons aussi à remercier Monsieur le professeur L. Martin
pour l’aide qu’il a bien voulu nous apporter dans la partie statis­
tique de nos recherches.
L’iconographie illustrant notre étude a été réalisée grâce à la
compétence de M. A. Demeire, photographe de la Faculté de
médecine. Nous l’en remercions vivement.
Summary and Conclusions

1° The reactions of the submandibular glands (SMG) of the


mouse to several hormonal treatments were studied by means of a
histometrical method. Testosterone, œstradiol, either separately or
in combination, and also progestérone, thyroxin and prolactin
were used. The action of the anti-androgenic compound cyprote-
rone acetate on the SMG was also observed.

20 The observed modifications of the structure of the SMG


provide evidence that this organ reacts specifically to male hor­
mone and can be used as a target organ for androgens in well
defined experimental conditions.

30 Ovaries were transplanted into castrated males, either into

the ear, or under the kidney capsule, as well as into the spleen. In
our experiments, androgénie activity of the grafts could be detected
in the intra-splenic location only.

40 In the castrated male, ovarian grafts secrete androgens only

when stimulated by the pituitary of a gonadectomized parabiotic


partner, or when under the influence of prolactin supplied by in­
jections or by pituitary isografts.

5° In the female mouse, the injection of testosterone on day 5 of


life induces persistent vaginal cornification and uterine hypertrophy
at the onset of puberty. At the same time, the SMG undergo typical
changes indicating the presence of moderate amouts of male hor­
mone. Ovariectomy suppresses the uterine and salivary changes,
but does not influence the vaginal cornification.

6“ Female mice parabiotically united with a gonadectomized


partner of either sex exhibit very rapidly a persisting vaginal œs-
trus, along with « masculinisation » of their SMG, while the cas­
trated partners do not show any evidence of androgen sécrétion.

1° PMSG stimulation of the ovaries brings about « masculini-


zation » of the SMG, whereas HCG treatment is ineffective in this
respect.
LES ANDROGÈNES OVARIENS CHEZ LA SOURIS 105

8° Metapyrapon treatment enhances the androgénie action of


PMSG injections, probably by inhibiting, at least partially, the
conversion of ovarian androgens into œstrogens, and thus inducing
the accumulation of androgens.

9“ During gestation, the ovaries secrete male hormone, since the


SMG changes typical of pregnancy are inhibited by cyproterone
acetate.

10° Ovaries secrete male hormones when chronically stimulated


by the presence of a prolactin secreting pituitary isograft.

11° The injection of ergocornin during the post-partum period


induces ovarian luteolysis and lowers the androgen sécrétion by
the ovaries during lactation.

12° Inhibition of the conversion of pregnenolone into proges­


térone by compound F6060 suppresses the ovarian androgen sé­
crétion during lactation.

13° As far as the histological structure is concerned, the androgen


secreting ovaries can show two different aspects ;
a) the ovaries devoid of corpora lutea, showing, along with sti­
mulated interstitial tissue, a massive growth of the follicles and
a prominent development of the granulosa layers. The thécal
or interstitial tissue hypertrophy alone is not sufficient to pro­
duce signs of androgen sécrétion; it should necessarily be
accompanied by follicular growth and hypertrophy in order to
obtain signs of androgénie activity.
b) Ovaries containing active corpora lutea secrete male hormone,
whereas those containing only numerous inactive corpora lutea
are devoid of androgénie activity.

14° The ovaries seem able to produce elevated amounts of male


hormone whenever the normal balance between pituitary FSH
and LH is disturbed and there is a relative increase of FSH.

15° Prolactin enhances androgen sécrétion by the corpus luteum


in the mouse.
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Imprimé en Belgique par Vaillant-Carmanne, S.A., Liège.


D/1969/Desclin, éditeur
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