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« La civilisation inconsistante contre les Korowaïs »

Par Varlan Liviu et Vieru Anastasia Publié le 23/03/2020 à 9:00, le defi.fr

Le séjour de Zazie chez les Korowaï au sein du programme Rendez-vous en terre


inconnue (France 2), diffusé le 30 juin 2009 et suivi par près de 5.1 millions de
téléspectateurs, révèle l’hypocrisie de la société moderne et le non respect de la
dernière tribu voilée pendant des siècles par les denses forets de l’Amazonie.

Depuis 2004, sur France 5, puis sur France 2, on diffuse l’émission assez bien connue et aimée par
la plus part des français « Rendez-vous en terre inconnue », anciennement appelée « En terre
inconnue ». Aujourd’hui, elle est présentée par Raphaël de Casabiancal, mais, auparavant, c’était
Frédéric Lopez qui devait emmener une célébrité vers une destination inconnue, pour une période de
deux ou trois semaines, à la rencontre d'un peuple inconnu. En outre, c’est Frédéric Lopez qui est
également à l'origine du concept.

Pour la 11ème série, Frédéric Lopez, étant encore l’animateur de l’émission, a choisi la chanteuse
Zazie et la destination Papouasie occidentale, aux confins de l'archipel indonésien. C'est au milieu
des nuages que les invités apprennent leur destination finale.

Cependant, pour arriver à la destination, qui est toujours l'un des plus inaccessibles de la planète,
plusieurs jours de voyage sont nécessaires, (ce qu’on accentue des dizaines de fois pendant
l’émission) !

Ainsi, après des longues distances parcourues, Zazie et l'équipe découvrent le clan de Ndahi. Ndahi
et les siens sont des Korowaï, un peuple de chasseurs-cueilleurs qui vivent isolés et dont l’existence
était cachée jusqu’au 1978. C'est une tribu qui a pratiqué le cannibalisme, qui habitent dans des
maisons construites en haut des arbres, s'appuyant sur un savoir-faire transmis de père en fils et qui
n'avait jusqu'alors jamais vu de femmes blanches.

Le but de cette émission c’est de faire découvrir aux téléspectateurs un peuple lointain, dont la
culture et les traditions sont menacées par un mode de vie moderne. Cette trouvaille à lieu grâce au
regard de la personnalité invitée, qui fait confiance aux organisateurs et qui accepte de s'envoler dans
une région ignorée.
En découvrant la tribu Korowaï, l’aventure comparée par Zazie elle-même comme « une jolie
mélodie à l’intérieur », on présente à travers les séquences spécialement sélectionnées une image
plutôt dangereuse et désespérée de la vie d’une peuplade.

Un premier aspect qui dévoile le voyeurisme de la série c’est la représentation des Korowaï, qui
est orientée sur leur physique et pas sur leur liaison avec la nature et leurs vertus morales. De cette
manière, leur nudité, mise en évidence pendant toute l’émission, évoque l’absence de la civilisation.
Cela présente aux téléspectateurs une humanité acculturée, asociale et inapte à vivre avec autrui.

On expose une ethnie unique et fascinante ou une caricature des vestiges d’homo sapiens ?

Même si cela est une réalité et les Nadhi ne disposent pas de vêtements, préférant vraiment les
pièces confectionnées par eux-mêmes pour couvrir seulement de petites parties du bas du corps, la
représentation de femmes au corps à moitié nu demeure la discrimination sexuelle avec une
perturbation de l’intimité !

De plus, les cinéastes ont préféré nous coller une mélodie au TAM-TAM omniprésente,
redondante et franchement, agaçante au bout d’une heure, car elle ne permettait pas de saisir le
silence étouffant et inquiétant de Dame Nature de la forêt amazonienne. Ensuite, les cadreurs ont
réussi à nous donner le tableau triste des gens qui n’ont rien que des cabanes perchées au sommet
des arbres, surplombant les terres humides de la côte méridionale, et pour qui, fumer constitue l’une
des activités journalières bien-aimées non seulement pour les hommes, mais également pour les
femmes et parfois, même pour les enfants. Les lumières toujours sombres, les petits dialogues
tournés vers les thèmes comme le cannibalisme, les guerres entre les tribus et la mort des enfants à
cause de leur habitat sauvage mettent en garde les spectateurs.

En bref, la tragédie d’Itolom et de sa femme Guido est soulignée tout au long de l'aventure. On
parle tout le temps du fait qu’ils ont perdu deux enfants, le deuxième tué par un serpent, ce qui est
vraiment horrible et douloureux pour les parents, pourtant ce n’est pas la peine de la transformer
dans un spectacle ou dans une téléréalité, afin de susciter les émotions du public. C’est un manque
d'humanité et notamment de tact! On joue sur les sentiments et le malheur des autres!

Effectivement, on nous impose une vision affreuse, repoussante de ses gens, en montrant toutes
leurs difficultés pour se nourrir ; leurs blessures sur le corps ; les maisons sans aucun confort et plein
de toiles d'araignées et d’insectes et, surtout le travail physique dur et dangereux auquel ils sont
supposés chaque jour. Bouffonnerie et duplicité, pas d’autre mots pour les décrire !
Une questionne pour les tourneurs du film : Par quoi sont-ils attirés de vivre dans la forêt ? Est-ce
que la nature joue un rôle primordial ?

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