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Lycée Chikh Aziz El-haddad

Classe : 2°AS LE Composition n°3 de français

TEXTE :

Le général sortit.
La minuscule planète lui parut plus glacée, plus désolée, plus rébarbative encore
que dans ses souvenirs. Chaque fois qu'il le contemplait, ce décor le déprimait
davantage.
Stérile, dénuée de toute valeur économique ou stratégique, cette planète
présentait toutes les qualifications nécessaires pour servir de terrain neutre et
d'emplacement à un échange de prisonniers. D'ailleurs, si elle restait neutre,
c'était uniquement parce que personne ne la jugeait digne d'être annexée. La
lointaine étoile qui était son soleil luisait faiblement dans le ciel. Le roc sombre
et nu rampait vers un horizon proche. L'air glacé fendait comme une lame les
narines du général.
Il n'y avait ni collines ni vallées. Rien, absolument rien... qu'une étendue de
rochers interminablement plate qui s'étalait de tous côtés sur la face de ce
monde comme une immense aire d'atterrissage.
C'était les Fièvres qui avaient suggéré le choix de cette planète, le général
s'en souvenait, et cela seul aurait suffi à la rendre suspecte. Mais, à ce stade des
négociations, la Terre n'était plus en état de discuter. Recroquevillé sur lui-
même, le général sentait le souffle glacé de l'appréhension lui lécher le cou.
Chaque instant qui passait semblait prêter davantage à cette planète l'apparence
d'un piège gigantesque.
Mais il se dit qu'il devait se tromper. Rien dans l'attitude des Fivres ne pouvait
donner matière à soupçons. Ils avaient même fait preuve d'une certaine
magnanimité. Ils étaient libres de poser leurs conditions - pratiquement
n'importe lesquelles - et la Confédération aurait bien été obligée de les
accepter. Car la Terre avait besoin de temps, à n'importe quel prix. Elle devait
être prête quand aurait lieu la seconde manche... dans cinq, dans dix ans ou
davantage.
Mais les Fivres n'avaient rien exigé, ce qui était incroyable. Cependant, pensa
le général, il ne fallait pas oublier que leurs desseins étaient impénétrables.
Le camp se repliait sur lui-même dans l'obscurité : quelques tentes, un
groupe électrogène, l'astronef qui attendait, prêt à décoller, et, à côté de lui, le
patrouilleur piloté par le prisonnier Fiver.
Cet appareil illustrait parfaitement l'abîme qui séparait les Fivers et les
humains. Il avait fallu aux Fivers trois jours de palabres pour expliquer que le
patrouilleur et le pilote devaient leur être retournés. Nul appareil, dans la
galaxie entière, n'avait été l'objet d'examens aussi minutieux que celui-là.
Mais on n'avait pas pu en tirer grand-chose. Et, malgré les efforts des
psychologues, le prisonnier Fiver s'était montré moins bavard encore. Tout était
calme, presque désert. Deux sentinelles faisaient les cent pas. Le général se
dirigea d'un pas rapide vers la tente du médecin.
Clifford
D.
SIMAK,
La
Croisade
de l'idiot,
1960,
Trad. E.
Gilles,
Éd.
Denoël.
Les
Fivers :
des
extraterre
stres
Sentinell
e :
militaire,
soldat
chargé de
surveillan
ce et de
protectio
n d’un
lieu…
Patrouille
ur :
navire de
guerre
utilisé
pour la
surveilla
nce,
l’escorte
et la
chasse.

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