Vous êtes sur la page 1sur 5

L'expression Q & A est généralement l'abréviation de « questions et

réponses », en anglais (Question & Answers).

PAR
BRIANNA HANSEN,

1
Comment définissez-vous le bonheur ? D’après vous, en quoi est-il lié à
la productivité de votre équipe ? Vos employés et collègues sont-ils
heureux ? Ces réponses concernent bien plus que les émotions et les
interactions au quotidien. Elles influent directement sur le chiffre d’affaires
et la culture de votre entreprise. Alors que nous faisons de notre mieux
pour nous libérer de toute distraction et menons des recherches sans fin
sur la manière d'obtenir un avantage sur les concurrents, nous en oublions
le plus grand stimulateur de la productivité et l’avantage concurrentiel par
excellence : un environnement de travail positif.

Nous avons discuté avec Shawn Achor, auteur sur le bonheur,


cofondateur et PDG de GoodThink, et conférencier sur TED, de
l'importance du bonheur sur le lieu de travail et de l'impact
scientifiquement prouvé de la positivité sur une entreprise. Découvrez
l'intégralité de l'entretien ci-dessous :

1.Comment définissez-vous le bonheur ? Cette définition


change-t-elle au fur et à mesure que nous vieillissons ?

Nous devons redéfinir ce que signifie le bonheur. Les Grecs anciens


définissaient le bonheur comme étant « la joie ressentie en s'efforçant
d'atteindre notre potentiel ». Cela modifie notre quête du bonheur. La joie
est quelque chose que vous pouvez ressentir même lorsque la vie n'est
pas toujours facile, même lorsqu’une situation est déplaisante.

Et la joie est quelque chose que nous ressentons et qui nous élève vers
notre potentiel ou croissance. Nous nous rapprochons de notre potentiel
lorsque nous évoluons dans nos relations, ou dans notre appréhension du
monde, ou en tant qu'êtres humains altruistes et compatissants. L'opposé
du bonheur n'est pas le malheur.

Le malheur peut nous encourager à faire des changements positifs.


L'opposé du bonheur est l'apathie, la perte de joie dans notre vie. À mon
avis, cette définition ne change pas au fil du temps.

2. Comment pouvons-nous faire une distinction entre le


bonheur à long terme et des périodes temporaires de plaisir
et de réussite ?

Ayant voyagé dans 51 pays au cours des cinq dernières années, j'ai appris
deux choses : chaque personne a une définition différente du bonheur,
mais ce qui mène au bonheur est universel. Lorsque nous mesurons le

2
bonheur, nous permettons aux personnes d'utiliser leurs propres
définitions.

Tout comme avec la douleur dans un hôpital, il n'existe pas de dolorimètre


auquel nous pouvons vous brancher. Il en va de même pour le bonheur.
Votre sentiment d'être heureux est directement lié au bonheur que vous
ressentez Mais ce qui crée le bonheur est universel. L'accompagnement
social et les connexions sont les plus grands indicateurs prévisionnels du
bonheur à long terme.

Pendant mes recherches, j'ai découvert qu'il y a une corrélation de 0,7


entre le bonheur et l'accompagnement social (ce qui est incroyablement
élevé) ; c'est plus que la corrélation qui existe entre le tabagisme et le
cancer ! Le bonheur, au niveau universel, est un choix basé sur la manière
dont nous percevons la réalité dans laquelle nous nous trouvons. C'est
pour cela que certaines personnes peuvent être heureuses, même en
vivant dans la pauvreté, et que certaines personnes riches sont
malheureuses.

Les États-Unis ont parfaitement compris que nous devons rechercher le


bonheur plutôt que la simple réussite, mais les États-Unis ont un long
chemin à parcourir pour atteindre le bonheur de certains pays moins
développés économiquement qui réalisent que des liens sociaux solides,
l'exercice physique, profiter de la nature et ne pas jouer le jeu du
matérialisme, sont essentiels au bonheur.

J'ai l'espoir que, pour les écoles et les entreprises, nous cessions d'utiliser
la formule « si tu réussis, tu seras heureux », car cette formule ne
fonctionne pas. Nous devons plutôt réaliser que le bonheur favorise la
réussite d'une nation et celle des individus.

3. Quels sont les obstacles qui empêchent les personnes


d'expérimenter le bonheur ?

L'obstacle le plus important réside dans le fait que la plupart des


personnes pensent qu'elles ne peuvent pas changer. La majorité de la
population pense que l'on nait optimiste ou pessimiste, et que l'on ne peut
pas changer.

Cette conception a 20 ans de retard sur la science réelle. Nous savons


désormais que, certes, les gènes semblent prédire des niveaux de
bonheur, d'intelligence et de réussite en moyenne, mais que cela est dû
au fait que la personne moyenne ne va pas à l’encontre de son héritage
3
génétique. Nous nous libérons rarement de nos gènes en créant des
habitudes volontaires conçues pour exercer notre cerveau à agir
différemment.

Si vous analysez cette même recherche qui « prouve » que les gènes ont
leur importance, vous remarquerez toute une série d’observations
prouvant que les gènes ne doivent pas avoir le dernier mot. C'est la
recherche que nous devons partager avec le monde entier. Nous pouvons
échapper à l'emprise que nos gènes et notre environnement exercent sur
notre bonheur. Le bonheur peut être un choix.

4. Quels sont les 3 conseils que vous donneriez à quelqu'un


qui lutte pour trouver le bonheur à long terme ?

4.1 Exprimez votre gratitude chaque jour lorsque vous vous brossez
les dents. Des chercheurs ont découvert que le fait de trouver trois
nouvelles choses pour lesquelles vous êtes reconnaissant chaque jour
permet de faire évoluer considérablement les personnes sur l'échelle de
l'optimisme.

4.2 Écrivez chaque jour une note ou un e-mail positif pour


complimenter ou remercier quelqu'un. Si vous rédigez cette petite note,
même pendant moins de deux minutes, cette routine quotidienne est
reconnue pour augmenter considérablement votre score de lien social.
Des chercheurs ont découvert que le lien social permet de prédire votre
durée de vie, tout autant que l'obésité et le tabagisme. 3. 15 minutes de
cardio par jour ou trois fois par semaine pendant 30 minutes équivaut à
prendre un antidépresseur.
5. Si le bonheur conduit à la réussite (et non l'inverse),
comment pouvons-nous agir sur le lieu de travail pour
améliorer le bonheur général des employés ?

Le résumé de mon article paru dans la revue Harvard Business Review


est le suivant : le meilleur avantage concurrentiel dans l'économie
moderne est un cerveau positif et engagé. Le cerveau humain positif
dispose d’un avantage déloyal sur ce même cerveau négatif ou neutre.

Lorsque nous positivons, nous obtenons 31 % d'augmentation de la


productivité, 40 % de probabilité d'obtenir une promotion, 23 % de
symptômes liés au stress en moins, 37 % de ventes en plus, et la liste est
encore longue. Dans mon livre « Before Happiness » (Avant le bonheur),

4
je décris la recherche du point X qui montre que nous accélérons pour
parvenir à un objectif dès que nous nous rapprochons de la réussite.

Pour prendre l'exemple d'une entreprise, pensez à un café qui offre une
carte vous permettant d'avoir un café gratuit dès que vous avez acheté
10 cafés. Cette stratégie fonctionne bien mieux si vous aidez le client à
sentir qu'il a fait de grands progrès. Vous devrez par exemple acheter
12 cafés, mais vous recevez deux timbres gratuits. Dans le premier cas,
vous démarrez à 0 % de votre objectif. Dans le second cas, vous avez
déjà atteint 18 %.

Ainsi, lorsque vous définissez des objectifs de ventes, des objectifs de


produits, ou même lorsque vous faites des listes de contrôle, veillez à
toujours indiquer la progression. Chaque élément de progression perçue
agit comme un accélérateur de réussite pour le cerveau. Le point sensible
dans un marathon se situe dans le dernier kilomètre de la course. C'est là
que se trouvent les équipes médicales, car votre corps reçoit une dose si
importante d'accélérateurs neurochimiques que certaines personnes ne
peuvent pas les assimiler.

Bien entendu, nous ne voulons pas que les personnes aient une crise
cardiaque, mais cela montre le pouvoir de la réussite perçue. Au travail,
nous pouvons utiliser certains de ces accélérateurs pour propulser la
croissance. Le bonheur est un choix, mais les dirigeants et les entreprises
peuvent faciliter ce choix en offrant une formation sur la manière d'élever
la positivité dans l'environnement de travail, en créant des engagements
sociaux, et en félicitant les individus de manière sincère.

Mon travail consiste à utiliser la science pour convaincre les entreprises


que le meilleur avantage concurrentiel dans l'économie moderne est une
population active positive et engagée. Ceux qui font ce constat s'attachent
à contribuer à cultiver des environnements de travail positifs, ce qui fait du
bonheur un avantage.

6. Quelle est la nouvelle tendance importante qui, selon


vous, n'est pas suffisamment prise en compte ?

Les gènes et l'environnement définiront votre bonheur, sauf si vous


modifiez consciemment votre état d'esprit et vos habitudes. Si vous
choisissez la dernière solution, votre bonheur ne restera plus sous
l'emprise de vos gènes, de votre enfance et de votre environnement. Le
bonheur n'est pas la croyance que nous n'avons pas besoin de changer,
c'est la croyance que nous pouvons le faire.
5

Vous aimerez peut-être aussi