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Aux Etats-Unis, la longue histoire de la stérilisation forcée

Par Solène Lhénoret

Publié hier à 23h58, mis à jour à 17h24

EnquêteEn Caroline du Nord, plus de 7 600 hommes et femmes ont fait les frais,
jusqu’en 1974, d’un programme d’« intérêt public » empêchant notamment les personnes
« faibles d’esprit » de se reproduire. Cette campagne a ciblé en priorité les Afro-
Américains. Selon les spécialistes, plus de 60 000 Américains ont subi ces pratiques au
XXe siècle.

Debra Blackmon avait 13 ans, en 1972, quand deux travailleurs sociaux du comté de
Mecklenburg ont expliqué à ses parents qu’elle devait être stérilisée au plus vite.
« Gravement retardée », avaient décrété les instances médicales et judiciaires de
Caroline du Nord. Le 22 mars, l’adolescente afro-américaine a donc été conduite au
Charlotte Memorial Hospital, où un médecin a pratiqué une hystérectomie. Elaine Riddick,
elle, venait d’avoir 14 ans, en 1968, quand sa grand-mère, analphabète, a apposé un
« X » en bas d’un formulaire de consentement autorisant la stérilisation de la jeune fille
noire, tombée enceinte à la suite d’un viol. Après la naissance de son fils Tony, les
membres du conseil de l’eugénisme de Caroline du Nord avaient déclaré que la jeune
maman était « faible d’esprit » et de « mœurs légères ». Quelques années plus tôt,
en 1965, une autre adolescente afro-américaine, Nial Ruth Cox, 17 ans, avait été gratifiée
du même jugement (« feeble minded ») et forcée à subir la même opération à Plymouth,
toujours en Caroline du Nord.

Debra, Elaine, Nial… trois histoires parmi des milliers, qui racontent près de cinquante ans
d’une politique de stérilisation forcée pratiquée par la Caroline du Nord. 7 686 personnes,
des hommes et des femmes, parfois très jeunes, en ont été victimes. A l’échelon national,
les spécialistes estiment que plus de 60 000 personnes, ont subi au XXeme siècle ces
pratiques eugenistes, autorisees en trente-deux Etats a la suite d’une

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