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Mouvement américain des droits civiques

Mouvement américain pour les droits civiques

Données clés
Date 1865-1968
Les Lois ségrégationnistes des états du Sud visant à entraver l'application des droits
Cause constitutionnels des Afro-Américains garantis par plusieurs amendements au lendemain
de la Guerre de Sécession
Promulgation de différentes lois fédérales comme le Civil Rights Act de 1964, le Voting
Résultat Rights Act de 1965 et le Civil Rights Act de 1968 mettant fin à la ségrégation raciale sur
l'ensemble du territoire des États-Unis.
Chronologie
14 avril 1775 Création de la Pennsylvania Abolition Society
1787 Création de la Free African Society par Richard Allen et Absalom Jones
1833 fondation de American Anti-Slavery Society
1er janvier 1863 Proclamation d'émancipation du président Abraham Lincoln
6 décembre 1865. Treizième amendement de la Constitution des États-Unis
9 juillet 1868 Quatorzième amendement de la Constitution des États-Unis
30 mars 1870 Quinzième amendement de la Constitution des États-Unis
18 mai 1896 Arrêt Plessy v. Ferguson
11 juillet 1905 Création du Niagara Movement
1 juin 1909 Création de La National Association for the Advancement of Colored People
17 mai 1954 Arrêt Brown et al. v. Board of Education of Topeka
1955-1956 Rosa Parks et le boycott des bus de Montgomery
9 septembre 1957 Civil Rights Act
1959 Daisy Bates et les Neuf de Little Rock
28 août 1963 Martin Luther King et la Marche sur Washington pour l'emploi et la liberté
15 septembre 1963 Attentat de l'église baptiste de la 16e rue à Birmingham
2 juillet 1964 Civil Rights Act
4 août 1965 Voting Rights Act
12 juin 1967 Arrêt Loving v. Virginia
11 avril 1968 Civil Rights Act
modifier
Le mouvement américain des droits civiques (en anglais : Civil rights movement) désigne les
diverses luttes et manifestations menées par des citoyens afro-américains et par des Blancs
américains abolitionnistes pour que les Afro-Américains puissent bénéficier comme tout autre
américain des droits civiques inscrits et garantis par la Déclaration d'Indépendance et la
Constitution des États-Unis sans limitation ou restriction que ce soit.
À partir de 1863, au lendemain de la Guerre de Sécession, les droits civiques les plus élémentaires
déniés auparavant aux Afro-Américains sont désormais garantis par plusieurs amendements de la
Constitution à savoir : le treizième amendement du 6 décembre 1865 abolissant l'esclavage, le
quatorzième amendement de 1868, accordant la citoyenneté à toute personne née ou naturalisée aux
États-Unis et interdisant toute restriction à ce droit, et le Quinzième amendement de 1870,
garantissant le droit de vote à tous les citoyens des États-Unis. Leurs applications sont entravées
dans les états du Sud, par les lois Jim Crow, et par les divers règlements légalisant différentes
formes de ségrégation raciale.
De façon générale, le mouvement vise l'abolition de toutes les formes de discrimination raciale
entravant l'exercice du droit de vote, l'accès à l'éducation, à l'emploi et au logement sur l'ensemble
des différents États constituant les États-Unis d'Amérique. Il commence au XVIIIe siècle avec la
fondation de la Pennsylvania Abolition Society et de la Free African Society et prend de l'ampleur
au tout début du XXe siècle avec la création de diverses organisations comme la National
Association for the Advancement of Colored People, la Conférence du leadership chrétien du Sud, la
Student Nonviolent Coordinating Committee, etc.
Le mouvement américain des droits civiques atteint son apogée entre les années 1954 et 1968,
aboutissant à l'adoption de différentes lois fédérales comme le Civil Rights Act de 1964, le Voting
Rights Act de 1965 et le Civil Rights Act de 1968 prohibant toutes les lois et réglementations
ségrégatives sur l'ensemble des États-Unis.
Les grandes figures de ce mouvement et de ses courants qui s'y rattachent sont Antoine Bénézet,
Richard Allen, James Forten, William Lloyd Garrison, Theodore Dwight Weld, Arthur Tappan,
Daniel Payne, Myrtilla Miner, Frederick Douglass, Booker T. Washington, W. E. B. Du Bois,
Oswald Garrison Villard, Mary White Ovington, Ida B. Wells, William Monroe Trotter, Asa Philip
Randolph, Ralph Abernathy, Martin Luther King, Daisy Bates, Rosa Parks, Malcolm X, Coretta
King, Angela Davis.

Racines historiques et culturelles


Débuts avec les Quakers

Antoine Benezet fondateur de la Pennsylvania Abolition Society


L'influence des Quakers, les membres de la Société religieuse des Amis, marque probablement la
première étape historique du mouvement des droits civiques. Ils sont les premiers à militer de façon
organisée contre l'esclavage et à questionner le droit d'une personne à en posséder une autre en tant
qu'esclave. Sous l'impulsion d'Antoine Bénézet et John Woolman des actions contre l’esclavage se
créent, c'est ainsi qu'apparaît la première société antiesclavagiste américaine, la Pennsylvania
Abolition Society à Philadelphie le 14 avril 17751,2. Benjamin Franklin et Benjamin Rush les
rejoignent pour demander l'abolition de l'esclavage3. Cette première société fait des émules dans
tous les états, du Massachusetts jusqu'en Virginie, comme la New York Manumission Society fondée
en 17854,5. En 1783, le Maryland interdit la vente et l'importation des esclaves6.
Plusieurs Afro-Américains ont combattu aux côtés des insurgés lors de la Guerre d'indépendance,
on estime leur nombre à 5 000 répartis en trois régiments dirigés par des officiers afro-américains.
Plusieurs de ces soldats se sont illustrés pour leur hauts-faits militaires, et espéraient que leur
dévouement à la cause de l'Indépendance serait récompensées par l'abolition de l'esclavage7.
Malgré le poids de Benjamin Franklin devenu président de la Pennsylvania Abolition Society et
celui de toutes autres sociétés abolitionnistes qui ont présenté un mémoire au Congrès pour
l'abolition de l'esclavage et la reconnaissance de la citoyenneté des Afro-Américains8. Mais sous la
pression des riches propriétaires de plantations de la Caroline du Sud et de la Géorgie, afin d'éviter
un éclatement entre les États du Sud et ceux du Nord, un compromis est établi par l'alinéa 1 de la
section 9 de l'article premier de la Constitution des États-Unis. Il y est écrit : « L'immigration ou
l'importation de telles personnes que l'un quelconque des États actuellement existants jugera
convenable d'admettre ne pourra être prohibée par le Congrès avant l'année 1808, mais un impôt ou
un droit n'excédant pas 10 dollars par tête pourra être levé sur cette importation. »9. Cette
disposition ambiguë autorise, sans reconnaître l'esclavage, l'importation d'esclaves, et donc de façon
implicite le droit d'en posséder.
Les deux textes fondateurs des États-Unis, la Déclaration d'indépendance de 1776 et la Constitution
des États-Unis de 1787, étant équivoques, ils ne permettent ni aux esclavagistes ni aux
abolitionnistes de s'y appuyer, laissant la porte ouverte aux débats. Ainsi commence la longue
histoire des Afro-Américains dans leur quête de leur citoyenneté américaine et des droits civiques
qui y sont liés10.

Situation au lendemain de l'Indépendance


Selon le recensement de 1790, il y a 753 430 Afro-Américains, dont 59 166 sont libres pour une
population de 3 140 207 Blancs, le nombre des esclaves représente 18 % de la population
totale11,12. La grande majorité des esclaves, 89% vivent dans les États du Sud (Géorgie, Caroline
du Nord, Caroline du Sud, Virginie) là où se concentrent les plus forts besoins de main d'œuvre liés
aux grandes plantations, alors que la population d'esclaves diminue fortement dans les états du
Nord, voire disparaît complètement dans le Vermont et le Massachusetts13. Une fois que
l'indépendance fut acquise, les différents États établirent des Codes de l'esclavage (Slave Codes)
afin de pouvoir maîtriser et contrôler les esclaves et optimiser leurs travaux. Ainsi un esclave ne
pouvait ni ester en justice, ni témoigner dans un procès sauf contre un autre esclave ou un affranchi,
ne pouvaient pas signer de contrats, ne pouvaient généralement rien posséder en propre ; dans
certains États comme celui du Mississippi il leur était interdit de jouer d'un instrument de musique
ou d'apprendre à lire et écrire. L'instruction des esclaves était la plupart du temps le fait de leurs
propriétaires, de rares écoles seront accessibles aux esclaves vers les années 1840, au
contingentement limité et avec bien entendu une autorisation de leurs propriétaires qu'ils doivent
toujours avoir sur eux. Seuls les Afro-Américains libres des États anti-esclavagistes peuvent
s'instruire dans des écoles la plupart du temps ségréguées14. Les relations des esclaves aux Blancs
étaient réduites au strict minimum, lors de leur temps de repos aucune assemblée ne pouvait se tenir
sans la présence d'un Blanc, la moindre incartade était sanctionnée par le fouet et la peine de mort à
la moindre rébellion, leur liberté d'aller et venir était contrôlée par une police des esclaves. Dans
certains états, l'arbitraire des propriétaires était régulé par des tribunaux dédiés aux crimes et délits
commis par les esclaves, tribunaux où dans le meilleur des cas les jurés étaient tous blancs et dans
le pire des cas étaient aux mains des propriétaires d'esclaves, les peines étaient le plus souvent le
fouet, afin d'éviter un temps de prison pendant lequel l'esclave ne travaillerait point, la peine de
mort visait des crimes bien précis vol à main armée, viol, rébellion, cela encore pour préserver la
main d'œuvre15.

Une étape, la fin de la traite négrière


La constitution ayant mis une date butoir pour l'importations des esclaves à savoir l'année 1808, les
sociétés abolitionnistes et les Afro-Américains libres vont régulièrement faire du lobbying pour
abolir l’esclavage en même temps que l'arrêt de la traite négrière. Une première étape est franchie
en décembre 1805 quand le sénateur du Vermont, Stephen R. Bradley présente un projet de loi
visant à abolir la traite négrière à partir du 1er janvier 1808, mais après une seconde lecture, le projet
est ajourné, en février 1806, le représentant du Massachusetts, Barnabas Bidwell fait une
proposition de loi allant dans le même sens, mais qui reste lettre morte. Finalement c'est le président
Thomas Jefferson qui lors de son discours du 2 décembre 1806, reprend le projet de loi, et le 2 mars
1807 est promulgué l'Act Prohibiting Importation of Slaves qui interdit la traite négrière à partir du
1er janvier 1808, loi assortie de sanctions financières pour quiconque braverait l'interdit (amendes
allant de 800 $ à 20 000$). Malgré cela, des planteurs, des armateurs, et des marchands d'esclaves
ont continué à maintenir un marché souterrain de la vente d'esclaves. Mais si l'importation
d'esclaves est devenue illégale, en revanche les transactions d'achats et de ventes des esclaves sont
maintenues à l'intérieur des États-Unis16,17,18. Au total ce sont environ 348 000 Africains qui
auront été importés par la traite négrière aux États-Unis jusqu'en 1810, chiffre auquel il faut
rapporter une traite clandestine de 51 000 autres Africains entre 1810 et 1870 soit un total d'environ
400 000 personnes. Ne sont comptées que les personnes arrivées à bon port, ne figure pas le nombre
de morts liés aux conditions de transports19.

L'évêque Richard Allen le premier leader


Richard Allen, premier leader du mouvement des droits civiques.
C'est au XVIIIe siècle avec l'évêque Richard Allen (1760-1831)20 que remontent les premières
organisations afro-américaines de défense des droits des Afro-Américains. Cela commence par la
première association d'entraide, la Free African Society par Absalom Jones et Richard Allen, suivi
de la fondation en 1816 de l'Église épiscopale méthodiste africaine par le même Richard Allen dans
la tradition du message de John Wesley21. L'Église épiscopale méthodiste africaine se développe,
en 1820 elle compte plusieurs milliers de fidèles répandus dans différentes villes Philadelphie,
Baltimore, puis Pittsburgh et Charleston22.
Richard Allen devient dans la première moitié du XIXe siècle la figure prééminente des Afro-
Américains de Philadelphie et au-delà, aidé dans ses combats pour les droits civiques par James
Forten23.
Il publie tout au long de sa vie des pamphlets pour expliquer aux Blancs combien l'esclavage est
une chose inique24,25,26,27. Ses écrits influenceront les penseurs et leaders du mouvement des
droits civiques de Frederick Douglass jusqu'à Martin Luther King Jr.28,29.
Frederick Douglass a qualifié Richard Allen de rien de moins que l'auteur d'une nouvelle
déclaration d'indépendance fondée sur l'égalité raciale. En septembre 1893 lors de l’exposition
universelle de Chicago , Frederick Douglass rend hommage à celui qu'il estime comme un père
fondateur : « Parmi les hommes illustres dont les noms ont trouvé une place méritée dans les
annales américaines, il n'y en a pas un qui mérite qu'on le commémore pour les temps à venir ou
dont la mémoire sera plus sacrée par les générations futures d'américains de couleur que le nom et
la personnalité de Richard Allen. Il y a donc des raisons de croire que si Richard Allen était vivant
aujourd'hui malgré les améliorations socio-économiques que nous connaissons, il serait le leader de
son peuple maintenant exactement comme il l'était à son époque. ». Frederick Douglass conclut son
discours en disant « Le rêve d’Allen d’harmonie interraciale résonne toujours »30
Comme l'écrit Frederick Douglass, Richard Allen est considéré comme le premier leader
charismatique des Afro-Américains. C'est par une réflexion théologique à l'intérieur de la tradition
méthodiste et plus spécialement du message de John Wesley qu'il devient le porte-parole des droits
civiques. Son itinéraire n'est-il point semblable à ce que sera celui du pasteur Martin Luther King, Jr
qui au nom des valeurs évangéliques qu'il s'est appropriées deviendra l'icône charismatique qui
changera à jamais la politique américaine en matière de ségrégation ? Les deux hommes ont défini
l'ère de la revendication afro-américaine dans laquelle ils ont grandi. Tous deux contribué à définir
l'émancipation des Afro-Américains comme un problème quant à la démocratie et aux valeurs
fondatrices américaines. Martin Luther King a qualifié la souffrance noire de rédemptrice pour
l'âme américaine de la même manière que Richard Allen soutenait que la liberté des Afro-
Américains était le véritable baromètre du succès (ou de l'échec) de la démocratie américaine. Plus
d’un siècle et demi avant les grands mouvements américain des droits civiques, Richard Allen avait
dit aux Américains blancs que la résolution du dilemme de la liberté et de l’esclavage, de l’iniquité
raciale au pays de la prétendue liberté, raconterait l’histoire du destin de la nation : « C'est quand
notre postérité bénéficiera des mêmes privilèges que les vôtres que vous obtiendrez de meilleures
choses pour vous »31.
Situation avant la guerre de sécession
En 1860, on compte 488 000 Afro-Américains libres, principalement présents dans les régions de la
Virginie, du Maryland, de la Caroline du Nord, dans les villes de Baltimore, Washington, Mobile,
Philadelphie, Charleston, la Nouvelle Orléans, New York, Cincinnati, Boston. Dans les états du
Sud, ils sont particulièrement surveillés et contrôlés, des métiers leur sont interdits comme celui
d'employé de bureau dans la Caroline du Sud, tout comme celui de musicien, des états comme le
Tennessee, la Caroline du Nord et la Pennsylvanie leur interdisent le droit de vote, ils ne peuvent
pas s'engager ni dans l'armée ni dans les milices locales, l'accès à l'école publique leur est souvent
barré, ils ne peuvent pas témoigner dans des procès où des blancs sont mis en accusation, la
reconnaissance de la légitime défense leur est ôtée quand leur agresseur est un Blanc32. Les Afro-
Américains libres, en dehors du secteur agricole, travaillent principalement dans les domaines du
bâtiment et des travaux publics, de la confection, de la restauration, de l’hôtellerie, du petit
commerce, de la coiffure... peu à peu se constitue une élite d'enseignants, des pasteurs, de juristes,
de propriétaires agricoles et immobiliers plus ou moins riches33.

Des organisations naissantes

L'évêque Daniel Payne président de l’université Wilberforce

Le 6 mars 1775, la loge maçonnique no 441 de la British Army Lodge, initie quinze Afro-
Américains dont Prince Hall, qui avec ces quinze Afro-Américains, crée la première loge
maçonnique afro-américaine le 3 juillet 1775, l'African Lodge no 1, à sa mort en 1807 est créée la
Prince Hall Freemasonry (Grande Loge Prince Hall)34,35. En 1843, sur l’initiative de Peter Odgen,
un groupe d'Afro-Américains créent le Grand United Order of Odd Fellows in America, en 1845, la
franc-maçonnerie du Maryland ouvre ses portes aux Afro-Américains par la création de la première
loge régulière pour « personnes de couleur ». Ces sociétés fraternelles deviennent, entre autres, des
lieux de réflexion pour l'émancipation des Afro-Américains. Les églises et plus particulièrement
l'Église épiscopale méthodiste africaine de Sion (AMEZ)36 et l'Église épiscopale méthodiste
africaine (AME) avec l'édition du magazine hebdomadaire The Christian Herald, sont d'autres lieux
d'information et réflexion sur la condition des Afro-Américains et d'appels à la solidarité. Les
églises baptistes se développent aussi, mais en raison de leur autonomie locale, elles auront moins
de poids que l'AME ou l'AMEZ37.
Une élite naissante

Myrtilla Miner créatrice de la première école normale pour jeunes femmes afro-américaines
Dès 1826, des Afro-Américains, comme John Brown Russwurm ou Edward Jones (en),
commencent à être diplômés d'établissements universitaires tels que l'Oberlin College, le Amherst
College, le Bowdouin College ou la faculté de médecine de Harvard. En 1851, une Blanche de New
York, Myrtilla Miner38 crée à Washington le premier établissement d'enseignement supérieur à
destination de jeunes femmes afro-américaines afin de les former au métier d'institutrice, la Normal
School for Colored Girls39,40,41.
L'évêque de l'Église épiscopale méthodiste africaine Daniel Payne fonde l'université de Wilberforce
dans l'Ohio en 1856, il est le premier président afro-américain d'une université, poste qu'il tiendra
jusqu'en 187642.
Le fossé entre les Afro-Américains du Nord et ceux du Sud se creuse. Certes les Afro-américains du
Nord subissent également le racisme, mais ils sont protégés par des lois, ils peuvent tenir des
rassemblements, des conventions, s'organiser, avoir leur presse, constituer leurs premières élites
intellectuelles, artistiques, commerciales, industrielles, alors que dans le Sud, les Afro-américains,
mêmes libres, sont marginalisés, soumis à l'arbitraire de règlements locaux, subissant une
multiplicité d'interdits dont les premiers sont ceux de la libre expression, du droit de se réunir, de
s'instruire et de se déplacer librement43.

Theodore Dwight Weld.

Offensives du Nord émancipateur


Les idées anti-esclavagistes héritées du siècle précédent reprennent vigueur, divers intellectuels,
pasteurs, journalistes, élus, Blancs comme Afro-Américains reprennent le combat à partir de 1815.
Plusieurs livres et journaux dénoncent l'esclavage pratiqué par le Sud. L'Afro-Américain de Boston,
David Walker (abolitionniste), publie en 1829 un vibrant pamphlet appelant les esclaves à se battre
pour leur liberté, document qui aura un impact pour l'émancipation des Afro-Américains jusqu'aux
mouvements des droits civiques du XXe siècle44,45,46. Le Blanc William Lloyd Garrison47,
fondateur de l'American Anti-Slavery Society, directeur du journal The Liberator48 y publie
plusieurs articles contre l'esclavage et prône l'action non-violente49,50. Un autre membre de
l'American Anti-Slavery Society, Theodore Dwight Weld, publie en 1837 The Bible Against Slavery,
suivi en 1839 par Slavery As It Is51,52 ouvrages qui seront régulièrement réédités jusqu'à nos
jours53,54,55. Ces divers auteurs avec bien d'autres réclamant l'émancipation des Afro-Américains
ont deux arguments majeurs, le premier consiste à démontrer que l'esclavage est contraire aux
principes du christianisme, de la civilisation, des fondements de la nation américaine et le second
que l'esclavage du Sud est un foyer de guerre civile, d'émeutes, une menace à la paix civile56.

Frances E.W. Harper.


Les militants réclamant l'émancipation et le droit à la citoyenneté de plein droit des Afro-
Américains se regroupent au sein de l'American Anti-Slavery Society fondée en 1833 par William
Lloyd Garrison et Arthur Tappan qui de 1835 à 1840 passe de 400 à 2 000 sections et qui compte
200 000 adhérents57,58. Ils engagent des débats s'adressant aussi bien aux Blancs qu'aux Afro-
Américains, déclenchent des conférences dans les universités, parmi celles-ci l'Oberlin College et
l'Université Case Western Reserve vont devenir des foyers de diffusion des idées anti-esclavagistes
et émancipatrices. Les plus radicaux d'entre eux contestent la Constitution américaine et différentes
lois qui font obstruction au droit des Afro-Américains à obtenir l'égalité des droits civiques et vont
fonder le Liberty Party59,60. Ce nouveau parti, fondé en 1840 critique ouvertement la Constitution
américaine et c'est le premier parti politique qui présente un candidat, James G. Birney, à une
élection présidentielle, celles l'élection présidentielle de 1840 puis celle de l'élection présidentielle
de 1844, pour réclamer l'égalité des droits civiques pour les Afro-Américains. Le parti ne recueille
que 60 000 voix aux élections de 1844, ce qui conduit au constat qu'on ne peut se contenter d'une
plateforme politique ne proposant que la fin de l'esclavagisme, leçon dont tiendront compte les
Républicains pour l'avenir61.
James Forten.
Tout comme Myrtilla Miner, les membres de l'American Anti-Slavery Society et du Liberty party
doivent faire aux menaces, aux agressions verbales et physiques, aux boycotts et dans certains cas à
l'emprisonnement61.
Les Afro-Américains sont particulièrement actifs au sein de l'American Anti-Slavery Society, des
leaders vont émerger James Forten, Peter Williams Jr, Robert Purvis, George Boyer Vashon (en),
Abraham D. Shadd (en) et James McCrummel qui seront considérés comme les Pères fondateurs du
mouvement des droits civiques. Ils sont rejoints par d'autres membres de l’élite afro-américaine tels
que Samuel Cornish, Charles Bennett Ray (en), Christopher Rush62, James W.C. Pennington,
ensemble ils vont partager leurs idées et faire avancer la réflexion politique quant à l'émancipation
des Afro-Américains. En 1847, Frederick Douglass est élu président de l'American Anti-Slavery
Society, de la Nouvelle Angleterre. Douglass va se révéler comme un brillant orateur de la cause de
l'émancipation comme d'autres Afro-Américains et Afro-Américaines tels que Charles Lenox
Remond (en), Theodore S. Wright, John W. Jones (en), Sarah Parker Remond, Frances Harper,
Sojourner Truth, etc.63. Pour diffuser leurs idées , en dehors de leurs diverses prises de paroles, ils
vont écrire dans le premier journal afro-américain, le Freedom's Journal fondé en 1827 par John
Brown Russwurm et de Samuel Cornish, puis le The Rights of All (en), la revue The Mirror of
liberty64 de David Ruggles (en) et le The North Star (en) de Frederick Douglass65,66.

Frederick Douglass

Frederick Douglass à ses 23 ans


Frederick Douglass (1817–1895) se fait remarquer par son éloquence lorsqu'il prend la parole à la
convention anti-esclavagiste de 1841 de Nantucket dans le Massachusetts. Très vite il est présenté à
diverses associations anti-esclavagistes et invité à donner des conférences. Il mène une campagne
intense prônant l'assimilation, en s'appuyant sur deux arguments. Le premier, théologique est que
les hommes descendent tous d'un premier couple, Adam et Ève, qu'il existe donc une unité du genre
humain. Tous les hommes sont égaux en tant que créés par le même Dieu unique et par conséquent
la division du genre humain en races va à l'encontre de la providence divine et de la loi naturelle. Le
second est juridique et s’appuie sur la Constitution des États-Unis et sur la Déclaration
d’Indépendance des États-Unis. Il reprend le passage de la Déclaration où il est proclamé « Nous
tenons pour évidentes pour elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ;
ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables; parmi ces droits se trouvent la vie, la
liberté et la recherche du bonheur. Les gouvernements sont établis parmi les hommes pour garantir
ces droits, et leur juste pouvoir émane du consentement des gouvernés. »67 et de la Constitution il
cite le préambule où il est écrit « Nous, le peuple des États-Unis, en vue de former une union plus
parfaite, d'établir la justice, d'assurer la paix intérieure, de pourvoir à la défense commune, de
développer la prospérité générale et d'assurer les bienfaits de la liberté à nous-mêmes et à notre
postérité, nous ordonnons et établissons la présente Constitution pour les États-Unis
d'Amérique »68. Les Afro-Américains étant des humains aux droits inaliénables, il en déduit que
l'esclavage est contraire aux principes fondateurs des États-Unis, au républicanisme américain
comme il l'est vis à vis de la doctrine chrétienne69,70,71.

Chemin de fer clandestin


À partir de la fin du XVIIIe siècle s'établit un réseau d'aide aux esclaves fugitifs pour qu'ils puissent
se mettre à l'abri au Canada, le chemin de fer clandestin (Underground Railroad)72.
Historiquement, il commence en 1804, quand le général Thomas Boude (en) poursuit un esclave
fugitif du nom de Stephen Smith accompagné de sa mère. Quand il attrape les fugitifs à Columbia,
la population prend le parti des Smith, et Thomas Boude est obligé de les libérer. Le sentiment de
solidarité envers les fugitifs s'étend et à partir de 1819 se met en place dans la Caroline du Nord un
réseau d'aide organisé par les associations anti-esclavagistes. Le nom d'Underground Railroad
semble apparaître après 1831 avec le développement du chemin de fer reprenant l'expression
Underground Road (route clandestine) pour désigner le passage clandestin d'un fugitif du Kentucky
pour traverser la rivière de l'Ohio afin de rejoindre un état abolitionniste comme l’Ohio ou l’Illinois.
Avec le train, les voyages se font de nuit dans des wagons de marchandises, parfois aménagés. Un
réseau de Quakers s'établit pour aider les fugitifs, leur donner nourriture, couvertures, habits, argent
et les recueillir entre deux voyages. Dans un premier temps, il s'agit de conduire les fugitifs dans
des états abolitionnistes, mais des policiers et hommes de mains des planteurs les pourchassant, une
nouvelle destination s'impose, d'autant qu'en 1850 le Congrès a voté le Fugitive Slave Act qui
sanctionne tout marshal fédéral d’une amende allant jusqu’à 1 000 dollars et d'une peine
d'emprisonnement de six mois en cas de refus d’arrestation d’un esclave fugitif73,74. C'est un
Blanc, John Fairfield (en) en opposition avec sa famille esclavagiste, qui va organiser les fuites vers
un pays sûr le Canada. Arrivés au Canada, les Afro-Américains sont recueillis afin de leur trouver
un emploi, un logement et leur apprendre à lire et à écrire. De nombreux fugitifs quitteront le
Canada pour revenir dans les états du Sud et devenir des agents actifs du chemin de fer clandestin
permettant à des milliers d'esclaves de trouver la liberté, le plus connu d'entre eux étant Elijah
Anderson, surnommé le "Superintendant Général" du chemin de fer clandestin. Le gouverneur du
Mississippi John A. Quitman a déclaré qu'entre 1810 et 1850 il y aurait eu 100 000 fugitifs, soit une
perte pour les états du Sud de 30 000 000 $75,76,77,78.

Tensions entre le nord et le sud

Harriet Beecher Stowe.


Les polémiques entre esclavagistes et abolitionnistes, ne cessent de croître, les abolitionnistes font fi
du Fugitive Slave Act et continuent leurs actions d'aide aux fugitifs. La parution de La Case de
l'oncle Tom d'Harriet Beecher Stowe en 1852 se vend la première année à 300 000 exemplaires, ne
fait que durcir les tensions entre le Sud et le Nord en fustigeant la civilisation sudiste et enflamme
les abolitionnistes. Les tensions atteignent leur apogée avec John Brown qui appelle à l'insurrection
armée pour abolir l'esclavage, en 1856, à Pottawatomie Creek, lui et ses hommes tuent cinq colons
esclavagistes à coups de sabre au motif qu'ils font partie des « légions de Satan ». Il s'agit pour lui
de répondre au massacre du Kansas de 1856, où des groupes organisés par le sénateur esclavagiste
du Michigan David Atchison ont harcelé des colons non esclavagistes puis mis à sac la ville de
Lawrence. En 1859, avec l'aide de dix-huit hommes79, il s’empare d’un arsenal fédéral à Harpers
Ferry, en Virginie pour lancer l’insurrection (16 octobre 1859)80. Le raid de John Brown contre
Harpers Ferry tourne au désastre : aucun esclave ne le rejoint, Brown est grièvement blessé de
plusieurs balles, et deux de ses fils sont tués. Il est jugé à Charleston pour meurtre et trahison81
envers l'État de Virginie ; condamné à mort, il est exécuté par pendaison le 2 décembre 185979,82.
Avant son exécution, il affirme que « Si j'avais fait ce que j'ai fait pour les Blancs, ou pour les
riches, personne ne me l'aurait reproché »83. Même s'il passe pour un fanatique voire un fou, il
demeure que la cause abolitionniste possède son martyr, une véritable croisade anti-esclavagiste se
déclenche en faisant de John Brown son héros, sa pendaison devient un élément déclencheur qui
convainc l'opinion publique qu'il faut abolir l'esclavage. Les électeurs lors de l'élection
présidentielle américaine de 1860 joignent le clan Républicain dont la plateforme politique
comprend l'abolition de l'esclavage, les sudistes commencent à redouter la sécession84.

L'élection d'Abraham Lincoln


La victoire d’Abraham Lincoln85 du 6 novembre 1860 fait craindre dans les états du Sud que pour
abolir l'esclavage, le gouvernement fédéral augmente son intervention sur les affaires intérieures de
chaque État dans tous les domaines. Sans la question de l'esclavage, l'autorité de Washington eut été
débattue sereinement. Mais en même temps cette question était posée depuis trop longtemps, elle
s'est exacerbée avec le temps qui passe. Elle a ses racines même dans les débats autour de la
Constitution et des idéaux américains, depuis presque un siècle abolitionniste et esclavagistes
s'affrontent autour de deux visions différentes de la société américaine et de ses fondements. La
sécession était en germe, elle n'a pu être évitée que par des compromis temporaires qui n'ont fait
que retarder l'explosion86.

La Guerre de sécession
Les hésitations

Susie King Taylor.

Général David Hunter


Quand Lincoln arrive au pouvoir en février 1861, onze états du Sud ont fait sécession (Arkansas,
Texas, Louisiane, Mississippi, Alabama, Géorgie, Floride, Caroline du Sud, Caroline du Nord,
Tennessee et Virginie87) pour constituer les États confédérés d'Amérique88 et ont élu le sénateur du
Mississippi, Jefferson Davis, président des États confédérés qui appelle à la formation d'une armée
le 9 mars 186189,90,91,92. Le premier affrontement armé a lieu au Fort Sumter, où les armées
sudistes bombardent le fort les 12 et 13 avril 1861 cette bataille de Fort Sumter déclenche la guerre
de sécession93,94,95.
Aussitôt des Afro-Américains se présentent pour s'enrôler dans l'armée de l'Union, mais ils sont
refoulés provoquant l'incompréhension, pire sur la ligne de front des officiers nordistes repoussent
des esclaves fugitifs, certains officiers de l'Union autorisent les propriétaires d'esclaves à franchir la
ligne de front pour récupérer les fugitifs ! Il faut que la Chambre des représentants vote le 6 juillet
1861 une loi pour interdire le retour des fugitifs vers les états du Sud.
Les fugitifs franchissent par milliers les lignes de front, des camps s'établissent pour les contenir. À
partir de 1862 des associations d'aide aux fugitifs se constituent comme The Western Freedmen's
Aid Commission, The Freedmen's Aid Society (en), The Friends Association for the Relief of
Colored Freedmen, etc., toutes ces associations fusionnent en 1865 au sein de The American
Freedmen's Aid Commission96. Des églises se rassemblent dans des associations The American
Missionary Association (en)97,98 ou The United States Christian Commission (en)99 pour apporter
des aides alimentaires et vestimentaires auprès des fugitifs réfugiés et créer des écoles pour une
majorité qui n'avait pas eu droit à un minimum d'instructions. Le général Nathaniel Prentice
Banks100, établit un système d'éducation publique dans le Département du Golfe qui en 1864
comptait 95 écoles, avec 162 enseignants, dont 130 viennent des états du Sud ou sont des Afro-
Américains, dispensant des cours pour plus de 12 000 élèves101,102. Des Afro-Américains se
mettent à leur tour à créer des écoles, la personnalité la plus célèbre étant Susie Taylor qui fut la
première afro-américaine à ouvrir une école pour les esclaves fugitifs103,104,105,106.
En 1862, la question de l'enrôlement des Afro-Américains dans l'armée se résout, malgré les
hésitations du Général en chef, William T. Sherman, le général David Hunter franchit le pas en
constituant la première unité militaire afro-américaine le 1st South Carolina Volunteers107,108, il
est suivi par d'autres généraux de l'Union tels que Augustus Louis Chetlain, Lorenzo Thomas,
Benjamin Franklin Butler (homme politique)109,106.

La proclamation d'émancipation de 1863

Abraham Lincoln.
William Wells Brown
Dans un premier temps, bien que le président Lincoln soit viscéralement anti-esclavagiste, en
revanche en tant que président il doit faire face aux contraintes politiques dans un contexte de
guerre civile à l'issue incertaine. Dans un premier temps il mène une politique d'émancipation
progressive basée sur le volontariat avec des compensations financières pour ménager les états
esclavagistes fidèles à l'Union : le Missouri, le Kentucky, le Maryland et le Delaware. Il lui faut
également maintenir sa majorité composée de Républicains et de Démocrates, si globalement les
Républicains sont anti-esclavagistes, en revanche, les Démocrates du nord sont divisés sur la
question comme l'ont montré l'élection présidentielle de 1860. Aussi il propose un compromis en
proposant une émancipation progressive pour les états esclavagistes avec un versement de
compensation pour les propriétaires. Pour cela il fait sa proposition auprès d'élus du Missouri, du
Kentucky , du Maryland et du Delaware, ils répondent par une fin de non recevoir et de l'autre côté
la proposition déclenche une colère des élus républicains abolitionnistes. Ne trouvant pas de
consensus, Lincoln va trancher, le 18 juin 1862, il signe une déclaration abolissant l'esclavage sur
les territoires, le 17 juillet 1862, il signe une déclaration qui devient une loi affranchissant tout
esclave fugitif. Puis avec son secrétaire d'État William Henry Seward et son secrétaire au Trésor
Salmon P. Chase il étudie le contenu d'une proclamation abolissant l'esclavage sur l'ensemble des
États-Unis qui soit prête pour janvier 1863. Les divers succès militaires contre les armées
confédérées lèvent tout obstacle. Le 31 décembre 1862, se tient au Tremont Temple (en) de Boston,
une assemblée représentative d'abolitionnistes blancs comme afro-américains, y sont présents parmi
d'autres : Frederick Douglass, William Lloyd Garrison, Harriet Beecher Stowe, William Wells
Brown, Charles Bennett Ray (en), tous sont au courant du contenu et de la date de la proclamation
présidentielle et prient pour son succès. Le 1er janvier 1863, Abraham Lincoln signe la
Proclamation d'émancipation. Si cette proclamation est une avancée certaine, elle mécontente des
élus abolitionnistes car elle ne prévoit pas l'accès à la citoyenneté américaine pour les affranchis. La
proclamation déclenche un séisme dans les états du Sud, les esclaves fuient par dizaines de milliers,
privant l'économie du sud d'une force de travail majeure110. Au fur et à mesure que les lignes
avancent dans les états du Sud, les esclaves s'enfuient des plantations et de leurs divers lieux de
travail. Divers propriétaires d'esclaves se plaignent des actes de désertion ou d'insubordination et
craignant des actes de représailles, beaucoup renonce à sanctionner ces actes. Dans certains
endroits, les propriétaires rejoignent les troupes de l'Union pour demander leur protection, tellement
ils craignent des insurrections vengeresses sanglantes. Au contraire dans l’Alabama ou la Géorgie
des Afro-Américains sont pendus par mesure de prévention de risque d'insurrection. Or les cas
d'insurrection furent marginaux, les Afro-Américains étant surtout désireux de garantir leur avenir
de personnes libres.
En 1863, l'armée des États confédérés manquant de main d"œuvre pour sa logistique fait passer une
loi pour embrigader de forces 20 000 esclaves, embrigadement qui fut un échec car il s'est opposé
aux propriétaires qui n'appréciaient guère d'être privés de leurs travailleurs et par les esclaves qui se
sont montrés récalcitrants vis à vis d'impératifs de travail plus durs que la vie sur les plantations. le
seul succès fut l'embauche de cuisiniers afro-américains à qui il était versé une solde de 15 $ par
mois ainsi que la vêture. D'autres Afro-Américains ont servi dans l'armée des États confédérés en
tant qu'aide-soignants, cocher d'ambulance, mécaniciens. de nombreux travaux de fortifications
furent également réalisés par les esclaves embrigadés, mais dès qu'ils apercevaient les troupes
nordistes, ils désertaient111.

La participation des Afro-Américains dans l'armée de l'Union

Benjamin Franklin Butler


La proclamation de 1863, ouvre les portes de l'armée de l'Union aux Afro-Américains, ces derniers
se pressent par milliers, des figures afro-américaines comme Frederick Douglass ou Henry McNeal
Turner112,113 font des meetings pour encourager l'enrôlement des Afro-Américains. À la fin de la
guerre de sécession on compte qu'il y a eu à peu près 180 000 Afro-Américains qui ont servi dans
les troupes de l'Union (infanterie, artillerie, train, hôpitaux de campagne), soit 10% des effectifs, et
19 000 dans la marine. Les pertes se montent à 40 000 hommes. Les régiments afro-américains vont
s'illustrer lors de diverses batailles : bataille de Milliken's Bend114, au siège de Port Hudson115, au
siège de Petersburg116, à la bataille de Nashville117, à la seconde bataille de Fort Wagner118,119.
Seize soldats afro-américains seront récipiendaires de la Medal of Honor qui est la plus haute
décoration militaire décernée par les États-Unis120,121.
Combattre demandait un certain courage car lorsqu'ils étaient faits prisonniers par les Confédérés,
ils étaient la plupart du temps exécutés par pendaison ou renvoyés à leurs propriétaires qui les
accueillaient avec le fouet. Pour faire cesser cette mesure contraire aux lois de la guerre, Lincoln
avertit que toute condamnation à mort de prisonniers de guerre commise par les sudistes entraînera
l'exécution d'un prisonnier sudiste, que toute mise en esclavage d'un prisonnier nordiste entraidera
une condamnation aux travaux forcés d'un prisonnier sudiste122.
La plupart des régiments étaient sous le commandement d'officiers blancs, mais au fur et à mesure
quelques régiments furent mis sous commandement d'officiers afro-américains comme les
régiments du Corps d'Afrique fondé par le général Benjamin Franklin Butler. D'autres Afro-
Américains serviront comme chirurgiens au sein des hôpitaux de campagne ou aumôniers
militaires. Les discriminations sur le montant de la solde et les frais de vêture cesseront en 1864122.

La fin de la guerre de sécession et le refus sudiste des droits


civiques
Le XIIIe amendement
Quand le 9 avril 1865, les armées confédérées déposent les armes, c'est la victoire du Nord sur le
Sud, mais aussi de la Constitution qui met fin à toute légitimité du droit à faire sécession, et enfin
d'un repositionnement de la souveraineté de l'autorité fédérale. Lincoln est conforté dans sa
politique abolitionniste après sa Proclamation d'émancipation, il va pouvoir conclure cette guerre
civile par le XIIIe amendement. Amendement qui sera l'aboutissement de toutes les luttes
abolitionnistes menées par les Blancs et par les Afro-américains depuis la création de la
Pennsylvania Abolition Society à Philadelphie le 14 avril 1775 et par un renversement de situation
du pouvoir économique.

Rappel
Lors de l'élaboration de la Constitution américaine ce sont les propriétaires des états du Sud qui sont
prospères grâce, entre autres, à leur production cotonnière et qui ont pu imposer leur droit à
posséder des esclaves contre l'avis de Pères de la Nation comme Benjamin Franklin. Mais depuis, le
Nord s'est industrialisé et s'est enrichi face à un Sud basé sur une économie agrarienne et
latifundiaire, économie menacée par les productions cotonnières du Mexique123,124,125,126. Face
à un Sud conservateur sur le déclin, de plus en plus d'Américains considèrent l'esclavage comme
inhumain et surtout incompatible avec les concepts de liberté publique et de liberté individuelle.
Cette contradiction entre les valeurs américaines et l'esclavage est souligné par le compagnon de
route d'Alexis de Tocqueville lors de son voyage aux États-Unis, Gustave de Beaumont, qui dans
son roman Marie ou l'esclavage aux États-Unis, tableau de mœurs américaines édité en 1840
souligne la contradiction entre un pays qui se revendique comme étant le modèle de la Démocratie
et un pays où l'esclavage massif existe, où les esclaves sont privés de toutes les libertés et droits
politiques, civils, naturels127. La puissance des états du Nord abolitionnistes fait redouter que ceux-
ci utilisent le pouvoir fédéral pour imposer son contrôle sur les états du Sud esclavagistes. La
question de l'esclavage se redouble d'une question de droits des états vis à vis du Congrès de
Washington.Le conflit politique et juridique sur l'esclavage s'intensifie jusqu'au milieu du
XIXe siècle, les pamphlets se multiplient et les sudistes ont bien du mal à justifier l'esclavage, la
tension trouve son dénouement avec la guerre de sécession.

La nécessité du XIIIe amendement


La proclamation d'émancipation est une décision de guerre et juridiquement elle n'est qu'une
proclamation présidentielle, pour être effective de façon permanente, il faut qu'elle se transforme
soit en loi du Congrès soit en amendement, dans le contexte et vu le changement de droits que cela
entraînait il était nécessaire que l'abolition de l'esclavage devienne un amendement. Le 8 avril 1864,
le Sénat vote la proposition puis le 31 janvier 1865, la Chambre des représentants adopte
l’amendement après des débats houleux. Le Congrès ayant voté l'amendement il est présenté à
Abraham Lincoln qui le signe pour promulgation le 1er février 1865. Ce n'est qu'une première étape,
il faut qu'il soit ratifié pas les trois quarts des états. Lincoln ne verra pas la ratification car il est
assassiné le 15 avril 1865, la ratification est obtenue le 6 décembre 1865128,129,130,131.

L'ère de la reconstruction

Général Oliver Otis Howard.


La reddition du Général Lee est la victoire des Afro-Américains qui vont enfin tourner la page de
l'esclavage commencée il y a 250 ans. Cette défaite du Sud est aussi la victoire des sudistes
conscients que leur système économique basé sur l'esclavage les menait à une récession
économique et à une stérilisation culturelle et intellectuelle. Avec la fin de la guerre c'est une
nouvelle ère qui s'ouvre pour les États-Unis, de nouvelles organisations sociales et économiques,
l'essor de nouvelles technologie et industries. Cela commence par la reconstruction d'un Sud
dévasté, ruiné qui ne peut être résolu de façon locale mais de façon fédérale, se pose également le
problème de l'insertion socio-économique des 4 millions d'anciens esclaves, dont la majorité est
illettrée132. Cette nouvelle ère qui va durer de 1865 à 1877 porte le nom d'ère de la Reconstruction
(Reconstruction Era)133,134,135,136. En Avril 1865 Andrew Johnson succède à Abraham Lincoln,
sa première tâche est mettre en place des dispositifs pour permettre une réintégration des états
sécessionnistes au sein de l'Union. Il amnistie les Blancs du Sud qui récupèrent ainsi leurs droits
constitutionnels. Cette amnistie ne concerne ni les riches planteurs esclavagistes, ni les leaders
politiques et militaires de l'ex-Confédération. Le 3 mars 1865, sous l'impulsion du général Oliver
Otis Howard, pour assurer l'insertion sociale, professionnelle et politique des anciens esclaves, est
créé une agence fédérale : le Bureau des réfugiés, des affranchis et des terres abandonnées. Cette
agence fournit vêtements, alimentation aux Afro-Américains, mais aussi et surtout construit plus de
1 000 écoles à destination des Afro-Américains, dépense plus de 400 000 $ pour contribuer au
développement des universités historiquement noires137,138,139,140,141.

Les Black Codes


Dès que les sudistes acceptent leur réintégration dans l'Union, ils se posent le problème du contrôle
des Afro-Américains, comment limiter leurs droits tout en respectant le XIIIe amendement. C'est
ainsi que naissent de façon locale, comme le leur autorise la loi, des règlements locaux les Black
Codes142. Ces réglementations réduisaient fortement l'accès à l'emploi des Afro-Américains les
cantonnant ceux d'ouvriers agricoles ou de domestiques, ils n'avaient ni le droit de vote, ni aucun
droits civiques, n'étant pas considérés comme des citoyens. Exemple, en Caroline du Sud, les
employés Afro-américains devaient se montrer dociles, silencieux, ordonnés, logés au domicile de
leurs employeurs. Tout incartade pouvant être sanctionnée par la flagellation. Ils ne peuvent ester en
justice contre des Blancs et encore moins être juré. Tout emploi autre que celui d'ouvrier agricole ou
de domestique devait être conditionné à l'obtention d'une licence accordée par un tribunal143,144.

Le XIVe amendement
Ces Black Codes ne sont qu'une adaptation des anciens Slaves Codes, les Républicains y voient un
retour sournois à la situation d'avant la Guerre de sécession. De plus le XIIIe amendement n'avait
pas aboli l'arrêt de la Cour suprême concernant l'affaire Scott v. Sandford qui avait jugé qu'un Afro-
Américain dont les ancêtres ont été amenés aux États-Unis et vendus comme esclaves, qu'il soit
réduit en esclavage ou libre, ne pouvait être un citoyen américain et ne pouvait pas exercer une
action en justice devant les tribunaux fédéraux, et que le gouvernement fédéral n'avait pas le
pouvoir de réglementer l'esclavage dans les territoires fédéraux acquis après la création des États-
Unis145,146,147. Pour l'abolir et permettre l'accès des Afro-Américains à la citoyenneté
américaine, le sénateur de l'Illinois Lyman Trumbull présente le Civil Rights Act de 1866 qui définit
la citoyenneté américaine avec les droits civiques qui y sont attachés, incluant les Afro-Américains
émancipés par le XIIIe amendement et garantissant l’égalité des droits civiques pour tous. Il est
adopté par le Congrès le 9 avril 1866148,149,150,151. C'est la première étape qui va conduire à
l'adoption du Quatorzième amendement qui donnera l'égalité des droits civiques aux Afro-
Américains et plus généralement à toute personne née ou naturalisée aux États-Unis et interdisant
toute restriction à ce droit. Le représentant de l'Ohio, John Bingham dépose le projet d’amendement
au mois de mars 1866152,153, il est principalement soutenu par Thaddeus Stevens et Charles
Sumner, le XIVe amendement est adopté par le Congrès le 18 juin 1866 puis ratifié le 9 juillet 1868.
Et pour éviter que les esclavagistes puissent revenir au pouvoir le XIVe amendement interdit aux
anciens élus et militaires qui ont soutenu la Confédération de se présenter au Sénat ou à la Chambre
des représentants ou à toute charge fédérale. Cet amendement est jugé imparfait par les républicains
les plus engagés dans la cause abolitionniste car il laisse de côté le droit de vote des Afro-
Américains qui fera l'objet du XVe amendement154,155,156.

Le XVe amendement

Ulysses S. Grant.
Cet amendement va s'imposer avec l'émergence du Ku Klux Klan157,158,159 qui sous la direction
de Nathan Bedford Forrest,ex-général de cavalerie de l'armée confédérée et ancien marchand
d'esclaves, va mener des actions terroristes contre les Afro-Américains et les Blancs qui les
soutiennent de 1867 à 1871. Forrest sillonne les états du Sud pour y tenir des réunions et saboter les
réunions électorales des Républicains. Chacune de ses apparitions est suivie d'une vague de
violences contre les Afro-Américains. Les membres du KKK font irruption dans leurs maisons pour
les fouetter ou les assassiner en les pendant aux arbres ou les brûlant vifs dans des cages. Certaines
femmes enceintes sont éventrées et des hommes castrés. Les Blancs du Bureau des réfugiés qui
instruisent les Afro-Américains sont également visés par le Ku Klux Klan ainsi que les
carpetbaggers. On estime que lors de cette campagne présidentielle, le KKK a assassiné ou blessé
plus de 2 000 personnes rien qu'en Louisiane. Au Tennessee, de juin à octobre 1867, il est fait part
de vingt-cinq meurtres, de quatre viols et de quatre incendies. Sous la pression de la terreur, les
comtés de Giles et de Maury se sont vidés de leurs habitants afro-américains et blancs loyaux au
gouvernement fédéral. Ces opérations terroristes ont un but empêcher les Afro-Américains et les
Blancs loyalistes de pouvoir voter ni même de s'inscrire sur les listes
électorales160,161,162,163,164,165,166. Les actions terroristes du Klan atteignent un summum
d'audace, quand le 18 mai 1870, une bande de membres du Klan font irruption dans le palais de
justice du comté de Caswell, et poignardent à mort le sénateur républicain John W. Stephens pour
ensuite aller molester et injurier sa famille167,168. D'autres élus Républicains sont assassinés : le
représentant James Martin, le sénateur de la Caroline du Sud Benjamin F. Randolph169, les
représentants Benjamin Inge, Richard Burke.
Le 4 mars 1869, Ulysses S. Grant prend ses fonctions de Président des États-Unis. Bien décidé à en
finir avec les exactions du Klan, il lance, pour parachever les Reconstruction acts, le processus qui
aboutit à l'adoption du Quinzième amendement de la Constitution des États-Unis, qui garantit le
droit de vote des Afro-Américains, amendement qu'il signe le 30 mars 1870 en proclamant « C'est
l'événement le plus important qui soit arrivé depuis la naissance de la nation [...] c'est une révolution
aussi grande que celle de 1776 », l'amendement est ratifié le 3 février 1870170,171,172,173.
Parallèlement pour compléter le quinzième amendement, le 31 mai 1870, le Congrès vote le premier
des Enforcement Acts, comme celui de 1870, pour protéger les Afro-Américains des violences qu'ils
subissent et garantir leurs droits constitutionnels. Cette première loi interdit la discrimination
pratiquée par les officiers d'état civil pour l'inscription des Afro-Américains sur les listes électorales
et prévoit le recours à l'United States Marshals Service, voire à l'armée en cas de fraudes,
d'intimidations physiques. Le 20 avril 1871, la loi Ku Klux Klan (The Klan Act) est votée au
Congrès des États-Unis pour abolir l'organisation terroriste. Plusieurs milliers de membres du KKK
sont arrêtés. La plupart sont libérés, faute de témoins, de preuves. Le Klan en tant qu'organisation
active disparaît rapidement. Il est officiellement interdit en 1877174,175. D'autres organisations
comme la White League sont alors créées par d'anciens membres du Klan. Elles continuent de
mener des campagnes de lynchage et de terreur, mais elles n'ont ni l'importance et ni l'influence du
Ku Klux Klan original176,177,178. Après la période de la Reconstruction, la plupart des institutions
des anciens États confédérés repassent sous le contrôle des Sudistes racistes et instaurent la
ségrégation raciale par les lois Jim Crow.
Les lois Jim Crow
Un titre de loi infamant
Pour entraver les nouveaux droits des Afro-Américains les États du sud utilisent deux dispositifs, le
premier est un dispositif d'intimidation par le terrorisme avec le Ku Klux Klan (KKK), l'autre légal,
réglementaire : les lois Jim Crow issues des Black Codes179,180. Ces lois dites Jim Crow désignent
les différentes lois que les États du Sud et d'autres ont mis en place pour entraver l'effectivité des
droits constitutionnels des Afro-Américains, elles commencent en 1877 et seront abolies dans la fin
des années 1960 avec l'adoption de différents lois fédérales mettant fin à la ségrégation raciale sur
l'ensemble du territoire des États-Unis : le Civil Rights Act de 1964, le Voting Rights Act de 1965 et
le Civil Rights Act de 1968.
Le terme Jim Crow trouve son origine dans la culture populaire américaine par une chanson de
1828, Jump Jim Crow , imitation caricaturale et raciste d'un esclave afro-américain créée par
l'auteur Thomas Dartmouth « Daddy » Rice (1808–1860)180.

L'arrêt Hall v. DeCuir et la légalisation de la ségrégation


Les Lois Jim Crow vont pouvoir légalement se développer grâce à un arrêt de la Cour suprême.
Tout commence sur un bateau à vapeur le Governor Allen qui relie La Nouvelle Orléans dans la
Louisiane à Vicksburg dans le Mississippi. Monsieur Benson, propriétaire et capitaine du bateau
entre en conflit avec l'une de ses passagères madame DeCuir, une Afro-Américaine. Cette dernière,
pour se reposer, désire utiliser une cabine réservée aux Blancs, Benson le lui interdit, il lui dit
qu'elle doit se rendre dans la galerie des cabines réservées aux personnes de couleur. Or, cette
injonction ségrégative est contraire au XIVe amendement ratifié par la Louisiane, d'autant plus que
le bateau, naviguant sur le Mississippi et donc traversant plusieurs états, son règlement ne saurait
dépendre des diverses lois ségrégationnistes édictées par les états traversés mais des seules
décisions du Congrès de Washington. Pour savoir si la décision de la compagnie fluviale est
constitutionnelle, monsieur Hall, qui reprend le litige après le décès du capitaine Benson, présente
en 1870 l'affaire à la Cour suprême, c'est le cas Hall v. DeCuir. En 1877, la Cour suprême rend
enfin son arrêt. Dans ses attendus, la Cour suprême constate que le Mississippi traverse des états
dont certains n'ont pas ratifié le XIVe amendement, donc en toute logique, une compagnie de
transport inter-états devrait se soumettre à différentes lois contradictoires, ainsi selon l'état traversé
la discrimination ira jusqu'à refuser l’accès d'une personne de couleur, selon un autre ce sera la
mixité et enfin dans un dernier cas la ségrégation. Devant ce qui apparaît comme une entrave à la
libre circulation des entreprises de transports en commun, la Cour suprême arrête qu'à partir du
moment où une compagnie de transport en commun ouvre le même service à ses clients blancs
comme de couleur mais dans des compartiments, des cabines, des places séparées, cela est
conforme à la Constitution. Cet arrêt ouvre la porte à la ségrégation raciale et aux différentes lois
Jim Crow qui vont imposer la ségrégation non seulement dans les transports en commun (bateaux,
trains, diligences, etc.) mais dans l'ensemble des espaces et des services publics comme les écoles,
les restaurants, les toilettes, les hôpitaux, les églises, les bibliothèques, les manuels scolaires, les
salles d'attente, les salles de spectacles, les logements, les prisons, les pompes funèbres, les
cimetières, un peu partout dans le sud vont fleurir des panneaux For White Only
181,182,183,184,185.
Ségrégués de la naissance à la mort
Les lois Jim Crow limitent l'ensemble de la vie sociale, économique et politique des Afro-
Américains de leur naissance jusqu'à leur mort. En rajoutant, à la ségrégation, des restrictions aux
droits à la propriété, à établir son entreprise, à l'éducation, à se marier en dehors de sa "race", les
interactions avec les blancs sont limités au strict nécessaire professionnel. Ces lois s'appliquent
d'autant plus facilement que les juges et les forces de polices sont des Sudistes acquis aux thèses
racistes et ségrégationnistes qui invalident tout recours, toute contestation. Pour éliminer le poids du
vote des Afro-Américains dans les élections, quand le terrorisme du Klan ou de la White League est
jugé insuffisant, dans certains comtés une taxe est créée pour avoir le droit de vote, puis se
généralisent les tests pour vérifier l'aptitude intellectuelle à voter. Les questions sont d'une difficulté
inhabituelle comparées à celles posées au Blancs, comme être capable de réciter la Constitution et
ses différents amendements, ou bien les questions sont absurdes du genre « How many angels can
dance on the head of a pin / » (« Combien d'anges peuvent-ils danser sur la pointe d'une épingle ? »
ou « How many bubbles in a soap bar » (« Combien de bulles peut-on faire avec une savonnette ? ».
Seule une minorité d'Afro-Américains arrive à voter et quand elle le fait, souvent, les représailles
tombent, au mieux le fouet, au pire la pendaison sommaire ou l'exécution des votants et de leur
famille186,187,188,189,190.
Les différents mouvements et actions visant l'application des droits civiques auront pour objet
l'abrogation de ces différentes lois, notamment par la saisine de la Cour Suprême pour demander
des arrêts au sujet de situations de ségrégation pour en vérifier la constitutionnalité.

Le temps des controverses, entre séparatisme et intégration


Des femmes en première ligne
Harriet Tubman

Harriet Tubman, militante abolitionniste afro-américaine.


Après la guerre de Sécession où elle servit comme lavandière, infirmière, pisteuse et espionne pour
le compte de l'armée de l'Union, Harriet Tubman rejoint la National Woman Suffrage Association
car si le droit de vote était garanti par la Constitution, en tant que femme elle n'était pas concernée.
Là, elle y rencontre Elizabeth Cady Stanton et Susan B. Anthony. À leur contact, elle prend
conscience que la cause des suffragettes est semblable à celle des droits civiques. Le combat pour
obtenir le droit de vote des femmes vise à en finir avec l'exclusion de personnes humaines des droits
et libertés garantis par la Constitution, tout comme les lois Jim Crow excluent des personnes
humaines, les Afro-Américains, du droit de vote. La lutte pour les droits civiques s'élargit et
concerne les personnes humaines quels que soient leur sexe ou leur couleur de peau191,192,193.

Ida B. Wells

Ida Bell Wells-Barnett, journaliste et militante des droits de l'homme américaine.


Le 4 mai 1884, Ida B. Wells194 alors qu'elle voyage sur une ligne de chemin de fer de la
Chesapeake and Ohio Railway, le contrôleur du train lui ordonne d’abandonner sa place du wagon
de première classe pour femmes pour s’installer dans un wagon "Jim Crow" dans lequel sont
confinés les passagers afro-américains. Ida Wells proteste et refuse de quitter son siège, mordant au
passage le conducteur qui tentait de la déloger. Son refus, bien que moins connu, est tout aussi
important que celui de Rosa Parks195. De retour à Memphis, sa ville de résidence, elle engage
immédiatement une procédure judiciaire contre la compagnie ferroviaire. À l’issue du procès, la
compagnie est condamnée à lui verser 500 $. La Cour suprême du Tennessee casse ce premier
jugement en 1885, et condamne Ida Wells à payer les frais de justice. L’épisode, largement relayé
dans la presse, lui assure une notoriété locale, puis par ses aptitudes à rédiger des articles, sa
réputation nationale grandit doucement au sein de la communauté afro-américaine. En 1889, elle
devient copropriétaire et éditrice du Free Speech and Headlight, un journal anti-ségrégationniste
abrité par l'Église méthodiste de Beale Street à Memphis qui mènera notamment des campagnes
contre les lynchages196,197,198,199.

L'arrêt Plessy v. Ferguson ou le développement séparé légalisé


Le 10 juillet 1890, la Législature d'État de Louisiane adopte le Separate Car Act instaurant une
ségrégation pour tous les trains traversant son état. Chaque compagnie ferroviaire doit créer des
compartiments / wagons pour les Blancs et des wagons pour les Afro-Américains et empêchant le
croisement des deux populations200,201.
Les opposants à cette loi, décèle une faille dans la loi, les caractéristiques de "Blanc" ou de "Noir"
n'étaient pas définis, ainsi quid d'un citoyen de couleur de peau blanche mais ayant une ascendance
afro-américaine ? Le militant Homer Plessy202, un métis qui n'avait qu'un seul arrière-grand parent
afro-américain, achète un billet de train et prend place dans une voiture réservée aux blancs, quand
le contrôleur lui demande s'il est de couleur, Plessy lui répond qu'oui, il est alors sommé de
rejoindre un wagon réservé pour les Afro-Américains, ce qu'il refuse, il est arrêté et accusé d'avoir
violé le Separate Car Act203. Commence alors une succession de procès qui remonteront jusqu'à la
Cour suprême des États-Unis sous le titre de cas Plessy v. Ferguson dont l'arrêt en date du 18 mai
1896 légalise la ségrégation au non de "égaux, mais séparés"204,205,206.

Booker T. Washington, écrivain américain en 1895.

Ne compter que sur soi


Face à la perduration des lois Jim Crow qui seront consacrées par l'arrêt Plessy v. Ferguson et les
actes terroristes du Ku Klux Klan qui restent impunis, les leaders afro-américains comprennent qu'il
ne faut rien attendre des "Blancs" du Sud et vont proposer des solutions propres, celles-ci vont se
cristalliser autour de deux personnalités Booker T. Washington207 et W. E. B. Du Bois208,209,210.

Booker T. Washington
À partir du constat de la ségrégation, Booker T. Washington appelle les Afro-Américains à renoncer
à leurs droits civiques et d'adopter un développement séparé, de s’appuyer sur leurs ressources
personnelles pour établir une sphère sociale, économique et culturelle, une société autarcique
parallèle à la société blanche. Solution qui lui semble préférable à des affrontements qui ne feraient
que renforcer les lois ségrégatives. Dans cette perspective il prend la direction du Tuskegee
Institute211 situé à Tuskegee dans l'Alabama dont la mission sera de former une élite afro-
américaine d'artisans, de petits industriels, de fermiers. Le projet est de multiplier des zones tenues
par des fermes entourées de tous les services nécessaires pour assurer leur développement, d'assurer
l'emploi des Afro-Américains environnant et de satisfaire leurs besoins. Son projet de
développement séparé et de maintien des Afro-américains à la ferme emporte le soutien politique et
financière de "Blancs" qui y voient une solution à la "question nègre" (Negro Problems). Sa
position aboutit au discours qu'il tient le 18 septembre 1895 lors de l'inauguration de l'Exposition
internationale des États producteurs de coton à Atlanta, discours passé à la postérité sous le nom de
Compromis d'Atlanta212,213,214,215,216,217,218.
W.E.B. Du Bois

W. E. B. Du Bois, écrivain et militant pour les droits civiques américain en 1918.


Le Compromis d'Atlanta va susciter des controverses au sein des Afro-Américains, certains saluent
le réalisme de Booker T. Washington, d'autres y voient un renoncement insupportable d'autant qu'un
an après parait l'arrêt Plessy v. Ferguson, arrêt, qui pour certains, ne fait que découler du
Compromis d'Atlanta. Celui qui va formuler les analyses les plus critiques est W. E. B. Du Bois
connu pour être le premier Afro-Américain à avoir obtenu un PhD (doctorat) auprès de la
prestigieuse Université Harvard219,209,210.
W. E. B. Du Bois va redéfinir le problème de race, à partir non pas de critères biologiques mais de
critères historiques, sociaux et culturels ; pour lui la race noire désigne un peuple qui s'est façonné
en interactions avec l'environnement. Pour lui les Afro-Américains sont tels car étant le produit des
institutions américaines les plaçant en situation d'arriération culturelle permanente car la loi les met
en état de subordination, de dépendance vis-à-vis des "Blancs". Parmi les solutions proposées par
W. E. B. Du Bois, il y a celle de l'élévation culturelle des Afro-Américains, la nécessité de former
une élite afro-américaine en développant et renforçant le système universitaire mis en place depuis
la fin de la guerre de Sécession220.
En 1903, W. E. B. Du Bois publie un essai The Souls of Black Folk dans lequel figure un paragraphe
intitulé "Au sujet de Mr. Booker T. Washington et d'autres", où il rappelle le triple objectif du
Compromis d'Atlanta :
1. Renoncement au pouvoir politique
2. Renoncement aux revendications des droits civiques
3. Renoncement à l'enseignement universitaire des jeunes Afro-Américains
Pour se concentrer sur la formation professionnelles agricole, artisanale et industrielle afin de
prospérer et de s'attirer les bonnes grâces des "Blancs" du Sud.
W. E. B. Du Bois, avec honnêteté reconnait l'apport de Booker T. Washington, il sait que pour lui, le
compromis d'Atlanta n'est qu'un abandon temporaire, une stratégie pour revenir ultérieurement en
position de force à la table des négociations. Mais Du Bois montre combien ce compromis s'est
passé à un mauvais moment et fait le bilan. Les résultats de ce compromis ont affaibli la
communauté afro-américaine, l'arrêt Plessy v. Ferguson a créé un statut légal d'infériorité des Afro-
Américains rendant illusoires les promesses découlant des quatorzième et quinzième amendement
de la Constitution des États-Unis, le droit de vote dans les États du Sud n'est plus qu'une chimère et
par ailleurs les dotations financières aux universités historiquement noires se sont amenuisées. Le
compromis d'Atlanta n'a pas fait tomber les violences, les lynchages et les exactions diverses
continuent de façon impunie. W. E. B. Du Bois constate que ce sont également les "Blancs" du Sud
qui doivent être éduqués, qu'ils sont racistes parce qu'ignorants, craignant tout et rien des Afro-
Américains, et tout comme les Afro-Américains, les "Blancs" sortiront de leur racisme par la
constitution d'élites221.
W. E. B. Du Bois montre l'impasse dans laquelle mènent les positions de Booker T. Washington, en
confinant les Afro-Américains aux métiers de l’agriculture et des professions périphériques et au
renoncement de leurs droits constitutionnels222 et donc remobilise les Afro-Américains sur le droit
de vote, l'application des droits civiques découlant des amendements de la Constitution et
l'éducation des jeunes les plus méritants.

Le tournant décisif du XXe siècle


Article détaillé : Mouvement des droits civiques aux États-Unis de 1896 à 1954.

Un exemple de défiance et de déni : l'Affaire Brownsville


Bien que les soldats afro-américains avaient fait la preuve de leur loyauté, notamment par leur
participation à la guerre hispano-américaine de 1898, il demeure que la vue de militaires afro-
américains armés suscitait des frayeurs chez de nombreux Blancs. Une unité ségréguée de soldats
afro-américains, le 25th Infantry Regiment (United States) (en), après ses campagne à Cuba et aux
Philippines de 1899 à 1902, est cantonnée à Fort Brown dans les environs de Brownsville dans le
Texas. Après des rumeurs de viols, le couvre-feu est déclaré pour les soldats afro-américains à partir
du 12 août 1906.
Dans la nuit du 13 au 14 août 1906, des coups de fusil sont tirés dans une rue de Brownsville, cette
fusillade fait un mort et plusieurs blessés dont un gravement atteint à l'épaule. Bien que le
commandant du fort, le major Charles W. Penrose - un Blanc -, ait affirmé que l'ensemble des
soldats étaient restés dans leur quartiers, le maire et des citoyens blancs accusent, sans preuve, les
soldats afro-américains d'être les coupables des tirs.
Après plusieurs enquêtes présumant la culpabilité des soldats sans être capable d'apporter une
preuve, ni d'identifier des coupables, le président Theodore Roosevelt diligente une enquête pour
faire la lumière, enquête qui ne donne rien, Theodore Roosevelt et d'autres accusent les soldats de
conspirations du silence. La sanction tombe, 167 soldats afro-américains sont renvoyés de l'armée
pour conduite déshonorante, sans possibilité de bénéficier de la retraite militaire. Il est à noter que
six d'entre eux sont décorés de la Medal of Honor (la plus haute décoration militaire américaine),
treize d'entre eux ont été cités pour faits d'armes héroïques.
Cet épisode, qui a choqué bien des personnes, devient une affaire nationale tant et si bien que la
Constitution League, une organisation de défense des droits civiques, dénonce des procédures
arbitraires, des enquêtes bâclées, des accusations infondées. Une enquête est lancée par le Sénat, le
rapport final, publié en mars 1908, entérine à la majorité la thèse du complot du silence et le renvoi
des militaires, mais quatre sénateurs républicains émettent un avis contraire, estimant que les
preuves apportées ne sont pas concluantes. Une autre enquête est menée par les sénateurs Joseph B.
Foraker et Morgan G. Bulkeley. Face aux enquêtes contradictoires, aux témoignages insuffisants
voire manipulés et l'insuffisance des preuves, la production de preuves falsifiées, cette enquête
déclare les soldats innocents. En 1910, l'armée innocente quatorze soldats sans que l'on comprenne
sur quels motifs, il faut attendre 1972, pour qu'enfin la totalité des militaires soit innocentés.
Cette affaire a montré une fois de plus que les Afro-Américains ne pouvaient pas faire confiance
aux institutions car minées par une opinion majoritairement défavorable, porteuse de préjugés
racistes et plus que jamais ils devaient s'organiser pour conquérir leurs droits223,224,225,226

S'organiser
Le Niagara Movement

William Monroe Trotter, éditeur américain en 1915.


Face à la montée des crimes de haine contre les Afro-Américains, leur relégation aux marges de la
société civile, l'échec de la coopération économique attendue par le Compromis d'Atlanta, deux
intellectuels de l'élite afro-américaine, W. E. B. Du Bois et William Monroe Trotter rassemblent
autour d'eux vingt neuf professeurs, clercs et personnalités du monde des affaires afro-américains
afin d'organiser les revendications politiques, sociales, économiques et culturelles des Afro-
Américains à Buffalo dans l'État de New York, leur réunion leur étant interdite, ils franchissent la
frontière canadienne pour tenir leur assemblée à l’hôtel Erie Beach de Fort Érié, à proximité des
chutes du Niagara le 11 juillet 1905227,228,229,230,231.
À la fin de la conférence les membres du Niagara Movement rédigent une déclaration de principes
dont les points principaux sont232,233 :
• se mobiliser pour abolir les restrictions du droit de vote ;
• la suppression des barrières d'entrée à l'emploi et à la liberté d'entreprendre pour les Afro-
Américains, notamment dans les États du sud ;
• la demande d'un enseignement déségrégué et gratuit du primaire à l'enseignement
universitaire ;
• la liberté d'expression ;
• la constitution pour les tribunaux de jurys sélectionnés sans discrimination en raison de la
couleur de peau, et des sanctions pénales égales pour les Blancs comme pour les Afro-
Américains ;
• l'obtention de la protection syndicale pour tous les travailleurs Afro-Américains ;
• la lutte contre les préjugés ;
• la fin de la ségrégation au sein des transports publics ;
• la reconnaissance de la contribution des soldats afro-américains aux différents conflits.
Il est constitué divers branches à travers le pays qui seront coordonnées par W. E. B. Du Bois qui est
nommé secrétaire général du mouvement. Les adhérents passent en quelques mois de vingt neuf
membres à cent cinquante répartis sur dix sept États. Différents journaux diffusent la déclaration de
principes. Face à la montée de l'influence du Niagara Movement, Booker T. Washington tente de le
discréditer, mais le mouvement reçoit le soutien de la Constitution League, une organisation
interraciale fondée en 1904 par John Milholland ; ce dernier rencontre W. E. B. Du Bois et William
Monroe Trotter pour conforter leur visions communes. Au mois d’août 1906, le Niagara Movement
tient sa deuxième conférence à Harper's Ferry, dans l'État de la Virginie-Occidentale.
Du Bois, dans son discours d'ouverture précise ce qu'il entend par le droit à l'éducation : « Lorsque
nous revendiquons l'accès à l'éducation, nous entendons une véritable éducation. Nous croyons au
travail. Nous sommes nous-mêmes des travailleurs, mais l'éducation ne peut se limiter à
l'apprentissage professionnel. L'éducation est le développement de ses potentialités et de ses
aspirations. Nous voulons que nos enfants soient formés comme des êtres humains intelligents, et
nous nous battrons pour toujours contre toute proposition visant à éduquer les garçons et les filles
noirs pour devenir des serviteurs, des subalternes, pour la satisfaction des besoins des autres. Ils ont
le droit de savoir, de penser, d'avoir des ambitions ». Ce discours souligne la différence entre les
partisans des accommodements représentés par les « washingtoniens » et les partisans de
l'intégration socio-politique227.
Les congressistes constatent l'impossibilité de réaliser une union avec Booker T. Washington et les
« washingtoniens » malgré les échanges entre les deux parties. Le pacifisme conciliant de Booker T.
Washington est sérieusement remis en doute par les émeutes d'Atlanta de 1906 qui ont fait des
dizaines de morts234,235, position qui tranche avec celle de W. E. B. Du Bois qui y voit plus que
jamais la nécessité d'appliquer la Déclaration de principes de 1905. Peu de temps après Du Bois est
nommé directeur de la Constitution League scellant une fusion entre la ligue et le Niagara
Movement. Le Niagara Movement va connaître des débats internes qui vont l'affaiblir, notamment
en 1908, une vive querelle oppose Du Bois à William Moroe Trotter, Du Bois voulait ouvrir les
rangs du Niagara Movement aux femmes alors que Monroe Trotter estimait que c'était prématuré, le
conflit est tel que Monroe Trotter quitte le mouvement pour fonder le sien propre, la Negro
American Political League236,237,238.
Booker T. Washington en profite pour reprendre l'offensive. Lors des élections présidentielles de
1909, Booker T. Washington soutient le candidat républicain William Howard Taft alors que Du
Bois soutient le candidat démocrate William Jennings Bryan, or Taft gagne les élections avec une
forte majorité ce qui conforte les washingtonians et discrédite les membres du Niagara
Movement239.
Si le Niagara Movement, par manque d'organisation a perdu de son prestige et de son influence par
ses conflits internes, Booker T. Washington s'est réjouit un peu vite, de nouveaux alliés de Du Bois
vont apparaître. À la suite des émeutes d'Atlanta et de Springfield en 1908 (en), des Blancs de
gauche se mobilisent pour fonder le National Negro Committee (en) (NNC), association qui se
donne pour mission de lutter pour l'égalité des droits civiques des Afro-Américains, elle tient sa
première réunion à New York les 31 mai et 1er juin 1909240.
Parmi les fondateurs figurent Oswald Garrison Villard et Mary White Ovington241 qui vont jouer
un rôle majeur quant à la valorisation des thèses de Du Bois. Dans un premier temps, Oswald
Garrison Villard se rapproche de Booker T. Washington, mais ce dernier lui écrit une lettre dans
laquelle il exprime refuse de s'associer au National Negro Committee (NNC) en faisant valoir qu'il
ne souhaitait pas entraîner les Afro-Américains du Sud dans un mouvement revendicatif et
conflictuel et que la situation des Afro-Américains du Sud n'était pas la même que ceux du Nord,
O.G. Villard en prend acte et se tourne vers Du Bois dont les positions sont voisines des siennes.
Cette rupture vis à vis d'un leader tel que B. T. Washington pose question, des partisans de ce
dernier quitte le NNC, un autre membre le philosophe William James fait part de ses craintes quant
à une montée des actes racistes dans le Sud et d'autres voient dans cette rupture une remise en
question du président William Howard Taft dans son travail de relations paisibles entre le Nord et le
Sud. Mary White Ovington qui avait couvert en tant que journaliste toutes les conférences du
Niagara Movement, calme le jeu en insistant sur le fait qu'il ne s'agit nullement de disqualifier les
« washingtoniens ». Le second écueil était d'éviter une dissension entre Du Bois et Monroe Trotter,
ce dernier conscient de l'enjeu d'une alliance entre progressistes Afro-Américains et Blancs se fit
discret laissant la parole à Du Bois. Après bien des échanges les positions de Du Bois sont inscrites
dans la déclaration finale : abolition des restrictions du droit de vote, application partout des droits
constitutionnels des Afro-Américains tels que définis par les quatorzième et quinzième
amendements, liberté d'entreprendre pour les Afro-Américains et libre accès à un enseignement
déségrégué242.

L'appel du 15 avril 1909


En janvier 1909, l'abolitionniste William English Walling (en) invite dans son appartement Mary
White Ovington et le philosophe Henry Moskowitz (activist) (en). Lors de cette réunion, il est
décidé de lancer un appel pour la date anniversaire de la mort d'Abraham Lincoln, soit le 15 avril
1909 pour lancer une grande campagne autour des droits civiques. Mary White Ovington se charge
de rassembler des personnalités blanches et afro-américaines, c'est ainsi que se joignent sur le projet
deux clercs afro-américains, l'évêque Alexander Walters (en)243 de l'African Methodist Episcopal
Zion Church et du révérend William Henry Brooks pasteur de l'église méthodiste Saint Marc de
New York, Florence Kelley244, une des premières femmes diplômées de l'Université Cornell,
Lilian Wald, O.G. Villard, le rabbin Stephen Wise et la suffragette Leonora O'Reilly. Il est décidé
que cet appel aura pour but de créer une association inter-ethnique pour régler la question de la
ségrégation. Peu à peu le groupe s'étoffe, l'appartement de W.E. Walling devient trop petit, une
réunion a lieu au Liberal Club au 103 East 19° Street, en mars 1909, après bien des débats, le nom
de l'association est définie, elle s’appellera la National Association for the Advancement of Colored
People (NAACP)245. Son lancement officiel a lieu au Charity Organization Hall dans la nuit du 31
mai 1909 au 1er juin 1909 où sont assemblés des progressistes blancs et afro-américains240,246.

La National Association for the Advancement of Colored People


La NAACP, fusion du Niagara Movement et du National Negro Committee rassemble autour d'elle
des progressistes afro-américains (W.E.B. Du Bois, Ida Wells-Barnett, Archibald
Grimké (en)247,248 et Mary Church Terrel) et blancs (Mary White Ovington, Henry Moskowitz
(activist) (en)249, William English Walling250,251, Oswald Garrison Villard, Charles Edward
Russell (en)252,253,254, rassemblement qui fait que désormais la question des revendications des
droits civiques ne relève plus des seuls Afro-Américains mais devient une revendication américaine.
Les premières actions organisées pour les droits civiques
Naissance d'une nation
Lorsque sort le 8 février 1915 le film Naissance d'une nation de D. W. Griffith, adaptation
cinématographique du roman The clansman  : an historical romance of the Ku Klux Klan (L'homme
du Clan, une histoire d'amour historique du Ku Klux Klan) écrit par un fils et neveu de membres du
Klan, Thomas F. Dixon Jr., les Afro-Américains et les Blancs soucieux des droits civiques
dénoncent ce qui apparaît, en dehors de l'innovation esthétique, un film de propagande255
soulevant des polémiques violentes256.
Le journal The Crisis organe de presse de la jeune National Association for the Advancement of
Colored People (NAACP), lance une campagne de boycott, Oswald Garrison Villard y dénonce une
incitation directe au meurtre, une intention délibérée pour attiser les préjugés racistes, une insulte
contre une partie de la population, ses critiques sont reprises par la future prix Nobel de la paix,
Jane Addams qui écrit dans l'Evening Post au sujet de la seconde partie du film qu'elle donne une
image pernicieuse des Noirs, elle y dénonce la victimisation des Blancs, les falsifications
historiques. Le scientifique Jacques Loeb de l'université Rockfeller qualifie le film de glorification
de la folie meurtrière, le romancier Upton Sinclair en parle comme étant le film le plus vénéneux
qui soit, des universitaires comme l’abolitionniste Samuel McChord Crothers (en) ou Albert
Bushnell Hart démontrent que les faits rapportés dans la seconde partie du film ne sont que des
fictions corroborées par aucune source. Malgré cela, le 15 mars 1915, le National Board of Review
(commission de la censure) autorise le film après avoir obtenu la suppression de quelques séquences
parmi les plus violentes. Cette version révisée ne satisfait nullement les attentes des partisans de sa
censure comme O.G. Villard et W.E.B. Dubois de la NAACP ou la suffragette Harriot Eaton
Stanton Blatch car elle n'ôte rien à son caractère raciste. Le 30 mars 1915 le maire de New York
John Purroy Mitchel, donne raison aux détracteurs du film et demande à son tour des coupes à
l’intérieur du film, il n'obtient que la suppression de la scène finale ou les Afro-Américains sont
déportés en Afrique. Alors que le film va être projeté à Boston, Dixon avive les tensions en
déclarant que l'une de ses intentions en écrivant The clansman est de créer un sentiment d'exécration
envers les gens de couleur chez la population blanche et plus particulièrement chez les femmes
blanches. Le 17 avril 1915, alors que le film va être projeté au theâtre Tremont de Boston (en),
William Monroe Trotter, figure majeure de la communauté afro-américaine de Boston, prend la tête
d'une manifestation qui envahit la salle. Deux cents policiers sont appelés pour les évacuer, Monroe
Trotter et onze autres manifestants sont arrêtés. Devant l'hostilité envers le film, James Michael
Curley, le maire de Boston ferme la salle, le lendemain, le gouverneur du Massachusetts David I.
Walsh, lui prend le pas et promulgue une loi interdisant les films pouvant provoquer des incidents
racistes, mais sa loi est invalidée comme étant inconstitutionnelle. Parallèlement, Mary Childs
Nerney, secrétaire générale de la NAACP, écrit une lettre ouverte à la commission de la censure
pour obtenir des coupures plus significatives, qu'elles nuiraient en rien au succès du film qui
engrange des profits remarquables257,258,259,260,261.

Renaissance du Klan
William Joseph Simmons, un ex prédicateur de l'Église méthodiste révoqué pour son incompétence
et son ivrognerie notoire, s'inspire de la popularité du film Naissance d'une nation et de son
apologie du Klan pour le relancer. Le 16 octobre 1915, il réunit autour de lui trente quatre hommes
pour signer une charte qui, à la date du Thanksgiving suivant (le jeudi 25 novembre 1915), devient
la charte des Chevaliers du Ku Klux Klan (Knights of the Ku Klux Klan). Cette charte est calquée
sur un exemplaire du Prescript de 1867 du premier Ku Klux Klan, dont il a obtenu une copie262
(une version est publiée en 1917 sous le titre de Kloran263,264). La cérémonie se déroule au
sommet de la Stone Mountain en Géorgie265,266, Simmons est intronisé Grand sorcier. toujours
sous l'inspiration du film Naissance d'une nation il dresse une croix enflammée qui deviendra un
rituel du Klan. Simmons lors de cette cérémonie insiste sur le fait que cette organisation se veut être
une renaissance du premier Klan de l’ère de la Reconstruction. Il souhaite que le Klan soit un
mouvement qui puisse unifier les White Anglo-Saxon Protestant contre les forces menaçant le mode
de vie américain, ces forces étant représentées par les Afro-américains, les Catholiques, les Juifs, les
étrangers, les immigrants et tout groupe dont les traditions sont contraires au mode de vie
conservateur de l'Amérique rurale. Il reprend ainsi les thèses nativistes qui prétendent incarner les
valeurs des Pères fondateurs267,268,269,270.
Avec la multiplication des Klansmen, les nouveaux venus ne pensent qu'à pratiquer des coups de
main contre les ennemis de l’Amérique pure, qui vont de la flagellation au lynchage en passant par
le racket271,272. À Mer Rouge dans la Louisiane, des Klansmen assassinent deux Blancs qui
s'opposent à eux, en les battant à mort. À Lorena dans le Texas, c'est le shérif qui, voulant mettre fin
à une parade des Klansmen, est abattu de deux balles. Il réchappe à la mort, porte plainte, mais les
accusés sont innocentés par le jury qui dans ses attendus précise que le shérif n'avait pas le droit
« d’interférer sur une affaire qui le regardait pas », ce qui fait dire au jeune juriste Leon
Jaworski273 qu'en ce qui concerne le Klan, il n'y avait pas de justice274. L'Institut Tuskegee
(actuelle Université Tuskegee) qui tient un observatoire des actes du Klan, comptabilise
726 lynchages sur la période qui va de 1915 à 1935275.

Les actions contre le lynchage


La lutte pour l'abrogation des lois Jim Crow va se centrer sur un symbole le lynchage des Afro-
Américains, désormais on ne passe plus sous silence les actes de lynchages, la NAACP publie
régulièrement les actes de lynchages et en tient la comptabilité, et par son magazine The Crisis elle
publie des articles rapportant les faits.

Le lynchage de Mary Turner


Un lynchage va défrayer la chronique par sa barbarie, celui de Mary Turner. Cette dernière est
l'épouse de Hayes Turner, un ouvrier agricole qui a été suspecté à tort d'avoir tué son patron
Hampton Smith et qui a été exécuté sommairement à la suite d'une chasse à l'homme. Le 19 May
1918 lynchings (en), Mary Turner, alors en fin de grossesse, parce qu'elle a tenté vainement de
s'opposer au meurtre de son époux va être pendue la tête en bas à un arbre, puis aspergée d'essence
et d'huile à moteur et incendiée. Alors que Mary Turner est encore vivante, un des lyncheurs
l'éventre avec un coutelas et arrache le fœtus qui est alors piétiné et écrasé au sol, puis la foule
crible le corps de Mary Turner d'une centaine de balles276,277,278.

Le Dyer Anti-Lynching Bill


Entre 1890 et 1930, quarante États décident de mettre fin aux pratiques terroristes du lynchage. Les
mesures prises varient d'un État à l'autre, loi de protection des prisonniers une fois en détention,
dans d'autres les shérifs deviennent responsables des cas de lynchage et sont passibles de poursuites
pénales et pour d'autres encore des lois avaient établi le droit des personnes à poursuivre la ville ou
le comté pour dommages-intérêts voire demander l'intervention de la garde de l'État pour faire
disperser une foule menaçante. Mais ces divers dispositifs réglementaires étaient peu suivis dans les
États du Sud, pour éviter des lynchages publics, de véritables escadrons de la mort opéraient de nuit
pour se rendre au domicile du suspect pour accomplir leur forfait. Face à cette persistance de la
pratique du lynchage la NAACP lance une grande campagne contre le lynchage. Sous la direction
de James Weldon Johnson , la NAACP élabore un projet de loi anti-lynchage que le représentant
républicain du Missouri, Leonidas C. Dyer (en) reprend et la présente à la Chambre des
représentants en janvier 1918, la loi est adopté en 1922 mais elle est refusée par le Sénat à cause
l’obstruction des sénateurs démocrates et abandonnée279,280,281.

Se donner une identité


Booker T. Washington avait encouragé les Afro-américains à se comporter et à s'habiller comme les
Blancs, avant lui James Forten et Robert Purvis revendiquaient le fait que les Afro-Américains sont
des Américains, qu'ils ont adopté le mode de vie américain, qu'ils tiennent à leur foi chrétienne et
faisaient régulièrement appel aux principes de la Déclaration d'indépendance de 1776 disant que
tous les humains naissent libres et égaux, qu'ils sont dotés de droits inaliénables et de profiter de la
vie dans la poursuite du bonheur282,283 ; mais de fait malgré tous les efforts d'intégration,
d'assimilation, les Afro-Américains étaient dans un état de déni et de dévalorisation permanent, les
termes de « noir », « négro », « nègre », « coloré » étaient utilisés de façon péjorative, voire utilisés
comme des insultes. L'histoire passée des Noirs aussi bien en Afrique (dynastie noire égyptienne,
royaume d'Éthiopie, empire du Mali, etc.) comme l'histoire des noirs aux États-Unis sont
méconnues. Dans les écoles comme dans les universités personne n'a entendu parler de Richard
Allen, Prince Hall, de Sojurner Truth, Frederick Douglass, Daniel Hale Williams, Matthew Henson,
etc. Aussi des Afro-Américains vont prendre l'initiative d'ouvrir le chapitre de cette histoire et en
écrire les premières pages284. Celui qui inaugure l'historiographie afro-américaine est Carter G.
Woodson285,286

L'Été rouge

Membres du Ku Klux Klan défilant sur Pennsylvania Avenue à Washington en 1928.


L'expression de Red Summer (été rouge ou été couleur sang) a été donnée par James Weldon
Johnson de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP) pour
qualifier la période qui va d'avril à novembre 1919, où se produiront 25 émeutes, 97 lynchages, et
qui atteindra son point culminant avec le massacre d'Elaine (30 septembre - 1er octobre 1919), où
plus de 200 Afro-Américains trouveront la mort et cela sur fond de résurgence des actes de
terrorisme du Ku Klux Klan287,288,289,290.
Lorsque s'achève la première Guerre mondiale, avec l'armistice du 11 novembre 1918 suivi du
Traité de Versailles de 1919, 380 000 soldats afro-américains rentrent aux États-Unis pour y être
démobilisés. Ces soldats rentrent avec une envie de mettre fin aux lois Jim Crow, à la ségrégation
raciale avec la conviction que s'ils étaient bons pour porter les armes, ils étaient également bons
pour voter287.

Marcus Garvey et le panafricanisme

Marcus Garvey.
Les violences du Red Summer et la montée en puissance du Klan sont des arguments pour le
nationaliste noir Marcus Garvey fondateur de United Negro Improvement Association (UNIA), qui
prône un retour vers l'Afrique. Ce qui provoque une controverse entre les Afro-Américains partisans
de l’intégration comme les membres de la NAACP. Ainsi W.E.B. Du Bois s'oppose avec vigueur à
l'africanisme de Garvey, il écrit : « Les arguments de Garvey sont clairs. Le triomphe du Klan et de
son programme conduisent les Noirs au désespoir. Garvey insiste sur le fait que la présence du Klan
et de son programme montrent l'impossibilité pour les Noirs de rester en Amérique. Bien
évidemment le Klan envoie des tracts pour soutenir Garvey et déclare que ses opposants sont des
catholiques ». Les instances afro-américaines qui défendent l'intégration écrivent au président
Calvin Coolidge en lui demandant de condamner la propagande du Klan « Nous vous demandons
de dire si le parti de Lincoln l'émancipateur vont soutenir le Sorcier impérial et sa bande
d'encapuchonnés. ». De son côté Garvey lui aussi s'adresse à Coolidge en lui écrivant « j'ai la
sympathie des quatre millions de membres de mon organisation et je ne tiens pas à entrer dans une
controverse au sujet du Klan ». Coolidge et la majorité des leaders du Parti républicain
s’abstiennent d'entrer dans la polémique. Le conseiller de Coolidge pour le Klan, Edwin Banta, lui
écrit « sans vouloir vous offenser, je vous conseille de mettre la pédale douce au sujet du Klan et
laissez les Démocrates récolter les fruits de la tempête qu'ils ont semée ». De fait c'est du côté des
Démocrates que les salves contre le Klan seront tirées, le candidat démocrate à la présidentielle
John W. Davis déclare « le Klan viole les institutions américaines, et doit être condamné au nom de
tout ce que je crois. ». Finalement le refus silencieux de Coolidge à condamner le Klan produit un
effet dévastateur en provoquant une ère de méfiance de la part de l'élite afro-américaine envers le
Parti républicain291,292.

La Renaissance de Harlem
La Renaissance de Harlem est un mouvement culturel afro-américain qui s'étend de 1918 à 1940, et
touche l'ensemble des disciplines artistiques : littérature, théâtre, musique, peinture, sculpture,
tapisserie, photographie. Le but étant de créer une esthétique afro-américaine propre, de libérer par
l'art la conscience qu'ont les Afro-Américains d'eux-mêmes, en dehors du regard des Blancs, de
briser les opinions racistes. Ce mouvement divers, grâce à son éveil culturel a fortement influencé le
mouvement des droits civiques dans la seconde moitié du XXe siècle293.
Le début de la déségrégation
L'Ordre exécutif 8802 du 25 juin 1941

Le président Franklin D. Roosevelt.


L'Executive Order 8802 signé par Franklin Delano Roosevelt le 25 juin 1941 interdit la
discrimination ethnique ou raciale dans l'industrie de la défense américaine. Il vise également à
mettre en place un comité pour l'accès égal à l'emploi. Il s'agit de la première action fédérale à
promouvoir l'égalité des chances et à interdire la discrimination à l'embauche aux États-Unis294.

Les ordres exécutifs 9980 et 9981 du 26 juillet 1948

Le président Harry Truman.


Si dès la Guerre d'indépendance des Afro-Américains affranchis se sont battus au sein des premières
armées américaines, puis lors de la Guerre de Sécession et la Première guerre mondiale, il demeure
que la ségrégation se maintenait au sein des forces armées, il faut attendre la Seconde guerre
mondiale pour que la situation se débloque. Le 25 juin 1941, le Président Franklin D. Roosevelt
signe l'Executive Order 8802295,296 visant l’élimination de la ségrégation au sein de l'industrie
militaire américaine.

Peu avant, en janvier 1941, le Président Franklin D. Roosevelt crée le 99e escadron chasse de
l'armée de l'air américaine, escadron expérimental composé d'Afro-Américains ; leur formation de
pilote de chasse se réalise au Tuskegee Institute et à l’aérodrome de Tuskegee dans l'Alabama. Le
chef de l'escadron est le capitaine Benjamin O. Davis Jr. qui deviendra le premier général afro-
américain de l'armée de l'air297.
Des militants de la NAACP, vont profiter de ces premières ouvertures pour demander une extension
dans les différentes armées298. Cette demande reposait sur le fait que sur les 2 500 000 afro-
américains masculins, recensés, en état d'être mobilisés, plus d'un million se battaient au sein des
armées américaines, représentant 11% des effectifs299. A. Philip Randolph leader syndicaliste afro-
américain fait alors pression sur le Président Franklin D. Roosevelt pour que s'organise une
commission d'enquête. En 1942, à la suite d'une lettre d'un militaire afro-américain parue dans le
Pittsburgh Courier, une campagne s'organise sous le nom de Double V campaign (en)300, un V
pour la victoire militaire sur les armées nazies et nippones et un autre V pour la victoire sur
l'esclavage et la tyrannie301, 302.
La révélation des exterminations nazies, comme l'Holocauste, par les troupes alliées montrent
jusqu’où pouvaient aboutir les politiques racistes. Profondément ébranlés bien des américains
blancs étaient disposés à revoir leur attitudes ségrégationnistes303. Cette examen de conscience est
confortée par la montée de la Guerre froide et la mise en place d'une alliance avec les démocraties
européennes et le leadership américain de monde libre, leadership qui devenait incompatible les
pratiques de la ségrégation contraire aux principes démocratique d'égalité et de liberté304.
C'est dans ce contexte de politique intérieure et extérieure qu'A. Philip Randolph rappelle au
Président Harry S. Truman : « I said, 'Mr. President, the Negroes are in the mood not to bear arms
for the country unless Jim Crow in the Armed Forces is abolished »/ Je vous le dis, monsieur le
Président, les Noirs ne sont pas d'humeur à porter les armes pour le pays sans que les lois Jim Crow
soient abolies dans les forces armées305.
Les relations entre Harry Truman et A. Philip Randolph sont au départ difficiles, Truman doutant du
patriotisme de son interlocuteur, mais finalement un consensus s'établit306.
Déjà en 1946, le lieutenant général Alvan Cullom Gillem Jr. (en) qui préside le Board for
Utilization of Negro Manpower (Bureau d'utilisation de la main d'œuvre noire), préconise la
déségrégation au sein des armées, que les sous-officiers et officiers afro-américains suivent les
mêmes cursus de formation que leurs pairs blancs307,308.
C'est ainsi, la commission préconisée par A. Philip Randolph voit le jour en 1946, par l'ordre
exécutif no 9808 du 5 décembre 1946 qui institue la President's Committee on Civil Rights (en)
(Commission présidentielle des droits civiques), elle est présidée par Charles Edward Wilson (en),
sa mission est d'enquêter et de proposer des mesures pour renforcer et protéger les droits civiques
des Américains, elle rend ses conclusions dans un rapport final en décembre 1947 intitulé To Secure
these Rights  ; ses conclusions recommandent une élimination des discriminations fondées sur la
race le plus rapidement possible au sein des armées et au sein des agences gouvernementales. Dans
un premier temps le président Harry Truman signe l'ordre exécutif 9980 qui institue une
commission d'enquête qui puisse mettre fin aux discriminations raciales dans les divers services
publics fédéraux. Si les ministères et agences fédérales ont joué le jeu, en revanche l'armée reste
insensible à ce qui n'est à ses yeux qu'une recommandation, Harry Truman furieux réunit une
commission qui aboutira à la rédaction de l'ordre exécutif 9981309. Mais l'ordre exécutif 9981 sera
souvent contourné, il faut attendre la Guerre de Corée, face aux pertes massives de différents
régiments, l'état-major est obligé d'accepter et de faire appliquer la déségrégation en
1954310,311,312,313,314.
La déségrégation en marche
L'arrêt Brown et al. v. Board of Education of Topeka et al. du 17 mai 1954

Thurgood Marshall.
En 1950, la situation de la ségrégation scolaire est disparate, 17 États ont des lois établissant la
ségrégation scolaire, 16 États ont aboli la ségrégation scolaire, les autres États ont des lois qui soit
n'en parlent pas, soit ont des lois de tolérance d'un système ségrégué. La question qui se pose est
quels États ont des lois conformes à la Constitution ? Thurgood Marshall, le dirigeant du NAACP
Legal Defense and Educational Fund (en) (LDF) de la NAACP, va étudier la contradiction pour
faire sauter le verrou de la ségrégation, en s'emparant d'un cas qu'il pourra soumettre à la Cour
suprême prolongeant ses actions contre la ségrégation au sein des universités315. Thurgood
Marshall et les juristes de la LDF lancent un appel à toutes les sections de la NAACP pour les
alerter s'ils ont un cas de ségrégation et de leur en faire part.
De 1952 à 1953, plusieurs cas remontent, parmi ceux-ci, plusieurs cas vont être agrégés au cas
Brown v. Board of Education316,317.

Les cas Bulah v. Gebhart et Belton v. Gebhart


En 1951, Shirley Bulah était inscrite dans une école d'enseignement primaire, la Hockessin
Elementary School à Wilmington dans le Delaware, deux bus de ramassage scolaire passaient
devant son domicile, mais ils sont réservés aux Blancs, si bien que la jeune Shirley doit parcourir
chaque jour un itinéraire de 3,2 km pour rejoindre son école. Sarah Bulah demande aux services de
l'enseignement scolaire que sa fille puisse utiliser le bus de ramassage, sa demande fut refusée.
Sarah Bulah porte plainte318.
Toujours dans la région de Wilmington, à Claymont, des jeunes sont inscrits à la Howard High
School, un établissement d'enseignement secondaire ségrégué pour les élèves afro-américains,
possède des classes surchargées et est sous dotée quant au financement des activités sportives et
culturelles. Ethel Belton et sept autres parents afro-américains demandent aux services de
l'enseignemen scolairet d'agir afin d'améliorer le fonctionnement de la Howard High School qu'elle
puise bénéficier de la même qualité d'équipement et d'enseignement que les autres établissement
blancs ou que des élèves puissent s'inscrire à la Claymont High School réservée aux Blancs. Leurs
revendications sont sans suite, alors ils déposent une plainte conjointe avec Shirley Bulah auprès de
la Cour du Delaware de New Castle en arguant que ces décisions sont en violation de la clause de
protection égale du Quatorzième amendement.

Le jugement rendu le 1er avril 1952 reconnait la disparité de qualité du service rendu entre les
établissements afro-américains et les établissements blancs et ses conséquences malheureuses, il
établit également que s'agissant d'enseignement l'arrêt Plessy v. Ferguson ne peut être retenu, il
ordonne également l'inscription des enfants des plaignants dans les établissements jusque là
réservés aux Blancs mais il déboute les plaignants quant à savoir s'il s'agit d'une violation des droits
constitutionnels, non sur le fond mais sur la forme à cause d'un vide juridique qui ne peut être
tranché au niveau du Delaware mais par un avis de la Cour suprême319.
Paradoxalement même si la décision n'a que des effets locaux, il s'agit d'une victoire, car ce
jugement abolit la légitimité de l'arrêt Plessy v. Ferguson pour justifier la ségrégation, et remet en
cause l'un des principes fondateurs de la ségrégation prônant un développement égal mais séparé en
écrivant clairement dans ses attendus que ce principe avait été violé, violation démontrée par la
mise en évidence de l'inégalité du service rendu à l'aide d'arguments s'appuyant sur des compte
rendus d'experts et en ordonnant l'inscription d'élèves afro-américains dans des établissements
blancs320,321.

Le cas Davis v. Prince Edward County


La Robert Moton High Scool, un établissement secondaire ségrégué pour les élèves afro-américains
de Farmville, en Virginie était dans un état déplorable du fait d'un sous financement chronique, les
demandes de fonds supplémentaires de l'école ont été rejetées par le service de l'enseignement
scolaire du comté du Prince-Edward composé que de Blancs. Face à ces refus, le 23 avril 1951 les
élèves se mettent en grève et organisent un marche pour se rendre aux bureaux du service de
l'éducation. Ils ne sont pas reçus, ainsi commence une grève de deux semaines. Le 23 mai 1951,
deux avocats de la NAACP , Spottswood Robinson et Oliver Hill, intentent une action en justice au
nom des élèves contre le district scolaire pour que puisse bénéficier des mêmes financements
d'équipement et de fonctionnement que les autres écoles blanches. Le tribunal d'État donne tort aux
plaignants, en arguant que la mixité serait source de violence. Or un psychologue de la NAACP a
expliqué que les tensions entre élèves Blancs et Noirs étaient dues au fait que les enfants afro-
américains se dévalorisaient qu'ils n'étaient pas aussi bons ou aussi intelligents que les enfants
blancs. Malgré cela, les juges ont décidé que la ségrégation des écoles en Virginie était légale et
continuerait. Les avocats de la NAACP font appel devant la Cour de district des États-Unis qui
rejette l'appel322,323.
Le cas Briggs v. Elliott
En 1947, près de 70 % de la population du comté de Clarendon, en Caroline du Sud, était afro-
américaine. Les écoles ségréguées pour les enfants afro-américains n'étaient pas desservies par les
bus de ramassage scolaire contrairement aux écoles fréquentées par les Blancs. Un enseignant
d'école primaire afro-américaine, le révérend J.A. DeLaine, pasteur de l'Église épiscopale
méthodiste africaine et un parent d'élève Levi Pearson, écrivent au service de l'enseignement
scolaire du comté pour que les bus puissent transporter les élèves afro-américains. Leur demande
est rejetée au motif que les bus sont financés par les impôts et que les Afro-Américains ne payaient
pas beaucoup d'impôts car ils possédaient très peu de terres et ne gagnaient pas beaucoup d'argent et
que les familles blanches penseraient qu'il serait injuste d'utiliser leurs impôts pour financer un
service de ramassage scolaire pour les Afro-américains.
Face à ce refus, les parents afro-américains se cotisent pour acheter un bus scolaire d'occasion, mais
les frais d'entretien sont un gouffre financier qui met fin à cette solution alternative.
Afin de trouver une solution pour des enfants qui devaient parcourir jusqu'à 12 km pour atteindre
leur établissement, le révérend JA DeLaine par le biais de l'avocat de la section locale de la
NAACP, contacte Thurgood Marshall. Le 16 mars 1948, Harold Boulware, l'avocat local de la
NAACP, et Thurgood Marshall, déposent une plainte à la Cour de district des États-Unis, c'est
l'affaire Levi Pearson v. County Board of Education. La plainte est rejetée pour une question
technique, le révérend JA DeLaine habitant un district scolaire différent de l'école où ses enfants
allaient.
En mai 1950, le révérend JA DeLaine a pu rassembler des dizaines de parents d'élèves pour relancer
le procès auprès de la Cour de district, c'est l'affaire Briggs v. Elliott (en) du nom de Harry Briggs
un parent d'élève. Le tribunal ordonne une égalité de traitement pour le ramassage des élèves par
des bus mais ne se prononce nullement sur la constitutionnalité de la ségrégation, réduisant l'affaire
à une question technique et administrative locale. C'est pourquoi il faudra faire un recours devant la
Cour suprême324,325,326.

Le cas Brown v. Board of Education of Topeka


Dans l'État du Kansas, la loi autorisait la ségrégation scolaire pour les villes de plus de
15 000 habitants, si la mairie de la ville faisait ce choix. Mais cette ségrégation concernait
uniquement les écoles d'enseignement primaire tout en faisant de sorte que les écoles pour les
élèves afro-américains soient de même niveau de qualité que celles pour les élèves blancs et
l'admission dans les établissements secondaires était non ségrégués.
Quand durant les années 1930 , la ville de Topeka créé pour la première fois des écoles primaires
séparées, il n’y avait pas encore d’écoles secondaires puis avec le temps se sont ouvertes des classes
d'enseignement secondaire mais uniquement pour les Blancs, ce qui était contraire à la législation
du Kansas. En 1941, une famille afro-américaine lance un requête devant la cour de Justice du
Kansas qui ordonne que cesse la ségrégation des établissements d'enseignement secondaire de
Topeka. Dix ans plus tard en 1951,Oliver Brown, avec les conseils juridiques de la section locale de
la NAACP, car sa fille Linda est obligée de se rendre dans une école primaire ségréguée loin de
chez elle alors qu'à proximité, il existe une école primaire mais seulement pour les blancs. Oliver
Brown dépose plainte auprès de Cour de district des États-Unis du Kansas, contre les services de
l'enseignement scolaire de Topeka pour discrimination mais ajoute également des motifs conjoints
notamment en affirmant que les écoles primaires pour enfants afro-américains n'offraient pas la
même qualité de service rendu que celle des écoles primaires blanches et que cette disparité violait
la soi-disant la clause d'égalité de protection du XIVe amendement , qui stipule dans sa section 1 :
« Aucun État ne fera ou n'appliquera de lois qui restreindraient les privilèges ou les immunités des
citoyens des États-Unis ; ne privera une personne de sa vie, de sa liberté ou de ses biens sans
procédure légale régulière ; ni ne refusera à quiconque relevant de sa juridiction, l'égale protection
des lois ». La Cour de district reconnait que la ségrégation dans les écoles publiques a un « effet
néfaste sur les enfants de couleur » et qu'elle contribue à forger « un sentiment d'infériorité » tout en
confirmant la doctrine d'un développement séparé mais égal. Jugement paradoxal qui reconnaissait
l'inégalité de l'enseignement ségrégué tout en le maintenant327,328,329.

Le cas Bolling v. Sharpe


Gardner Bishop, le père de Judine Bishop, inscrite à la Browne Junior High de Washington (district
de Columbia), mobilise d'autres parents pour attirer l'attention du public sur la ségrégation pratiquée
dans la capitale. Si les élèves blancs bénéficiaient d'écoles confortables en revanche, les élèves afro-
américains suivaient leurs cours dans des classes bondées, au sein de bâtiments délabrés avec de
petites aires de jeux, utilisant les manuels dont les écoles blanches n'avaient plus l'usage. Le groupe
de parent d'élèves animé par Gardner Bishop organisent une grève dans l'espoir que les services
scolaires apportent les changements nécessaires. Face à des fins de non recevoir, les parents
contactent Charles Hamilton Houston pour déposer une plainte devant les tribunaux, hélas il décède
des suites d'un infarctus, l'affaire est reprise par James Nabrit Jr (en). Dans un premier temps, James
Nabrit refuse, auparavant il demande aux parents de conduire une stratégie pour tester les autorités,
c'est ainsi que les parents se rendent à nouvelle école secondaire la John Philip Sousa Junior High
School (en) pour y inscrire onze élèves afro-américains330, bien entendu l'établissement refuse
l'inscription, parmi ces élèves, il y a le jeune Spottswood Thomas Bolling qui donnera son nom à
l'affaire. Ce refus permet à James Nabrit de présenter le devant la Cour suprême et le plaide les 10
et 11 décembre 1952331,332.

L'arrêt Brown v. Board of Education du 17 mai 1954

Earl Warren président de la Cour suprême.


George Edward Chalmer Hayes, Thurgood Marshall, et James Nabrit en 1954, se félicitant de leur
victoire en 1954.
Désormais la NAACP a en sa main cinq cas montrant les contradictions entre les lois héritées de
l'arrêt Plessis v. Ferguson et la Constitution, Charles Hamilton Houston et Thurgood Marshall, deux
grands avocats de la NAACP, vont lier ces cinq cas en un seul sous le nom de Brown et al. v. Board
of Education of Topeka et al qui est déposé auprès de la Cour suprême, cas est plaidé par Thurgood
Marshall et James Nabrit le 9 décembre 1952 en faisant valoir les points suivants :
1. Que dans chacun des cas, des enfants afro-américains s'étaient vu refuser leur admission
dans les écoles fréquentées par des enfants blancs en vertu de lois exigeant ou permettant la
ségrégation selon la race.
2. Que cette ségrégation prive les plaignants (les parents) de l'égale protection des lois en vertu
du quatorzième amendement.
3. Que dans chacune des affaires sauf dans les deux cas du Delaware, un tribunal de district
fédéral composé de trois juges a refusé de donner réparation aux plaignants sur la prétendue
doctrine séparée mais égale découlant de l'arrêt Plessy v.Ferguson. En vertu de cette
doctrine, l'égalité de traitement est accordée lorsque les communautés bénéficient de
facilités substantiellement égales, même si ces facilités sont séparées. Dans le cas du
Delaware, la Cour suprême du Delaware a adhéré à cette doctrine, mais a ordonné que les
plaignants soient admis dans les écoles blanches en raison de leur supériorité sur les écoles
noires.
4. Que les écoles publiques séparées ne sont pas égales et ne peuvent être rendues égales, et
que, par conséquent, elles sont privées de la protection égale des lois garantie par le
XIVe amendement.
La Cour suprême sous la présidence du juge Earl Warren rend son arrêt le 17 mai 1954. Celui-ci
dans ses attendus fait valoir que l'arrêt Plessy v.Ferguson, ne peut être retenu pour justifier la
ségrégation scolaire car concernant non pas l'éducation mais le transport, constate « Nous arrivons
alors à la question posée: la ségrégation des enfants dans les écoles publiques uniquement sur la
base de la race, même si les installations physiques et autres facteurs "tangibles" peuvent être
égaux, prive-t-elle les enfants du groupe minoritaire de l'égalité des chances en matière d'éducation?
Nous pensons que c'est le cas. [...] Ces considérations s'appliquent avec plus de force aux enfants
des écoles primaires et secondaires. Les séparer d'autres personnes d'âge et de qualifications
similaires uniquement en raison de leur race suscite un sentiment d'infériorité quant à leur statut
dans la communauté qui peut affecter leurs cœurs et leurs esprits d'une manière durable. [...] La
ségrégation des enfants blancs et de couleur dans les écoles publiques a un effet néfaste sur les
enfants de couleur. L'impact est plus grand lorsqu'elle a la sanction de la loi, car la politique de
séparation des races est généralement interprétée comme dénotant l'infériorité du groupe noir . Le
sentiment d’infériorité affecte la motivation de l’enfant à apprendre. La ségrégation sanctionnée par
la loi a donc tendance à retarder le développement éducatif et mental des enfants noirs et à les priver
de certains des avantages qu’ils recevraient. dans un système scolaire racial intégré », et conclut :
« Nous concluons que dans le domaine de l'éducation publique, la doctrine de "séparés mais égaux"
n'a pas sa place. Les établissements d'enseignement séparés sont intrinsèquement inégaux. Par
conséquent, nous estimons que les plaignants et autres personnes dans une situation similaire pour
lesquelles les actions ont été intentées sont, en raison de la ségrégation dénoncée, privés de l'égale
protection des lois garanties par le quatorzième amendement »333,334,335.

L'arrêt Brown v. Board II du 31 mai 1955


Juridiquement l'arrêt est une victoire car elle annule toutes lois ségrégationnistes issues de l'arrêt
Plessis v. Ferguson, et prononce la fin de la ségrégation au sein des écoles publiques mais dans les
faits c'est une semi-victoire, car l'arrêt ne donne aucun calendrier sur la fin de la ségrégation laissant
sa mise en place aux procureurs généraux de chaque état336,335. C'est pourquoi est lancée une
révision de l'arrêt avec des auditions qui ont lieu du 11 au 14 avril 1955, les fait énoncés montrent
que la déségrégation des écoles varie d'état à un autre, tout en prenant en compte les réalités de la
mise en œuvre, les difficultés ne sauraient être utilisées à des fins dilatoires pour ajourner sine die
l'effectivité de la déségrégation, aussi la Cour suprême arrête que « les tribunaux peuvent estimer
qu'un délai supplémentaire est nécessaire pour exécuter la décision de manière efficace. Il incombe
aux défendeurs d'établir que ce délai est nécessaire dans l'intérêt public et est compatible avec le
respect de bonne foi le plus tôt possible. À cette fin, les tribunaux peuvent considérer des problèmes
liés à l'administration, découlant de l'état physique de l'usine scolaire, du système de transport
scolaire, du personnel, de la révision des districts scolaires et des zones de fréquentation en unités
compactes pour parvenir à un système de détermination de l'admission dans les écoles publiques sur
une base non ethnique, et la révision des lois et règlements locaux qui peuvent être nécessaires pour
résoudre les problèmes ci-dessus. Ils examineront également la pertinence de tout plan que les
défendeurs pourraient proposer pour résoudre ces problèmes et pour effectuer une transition vers un
système scolaire racialement non discriminatoire. Pendant cette période de transition, les tribunaux
conserveront leur compétence sur ces affaires ».
Avec cet arrêt de 1955, le verrou de l'arrêt Plessis v. Ferguson a sauté, ses conséquences vont
largement déborder le problème de déségrégation scolaire, mais pour cela le mouvement va
maintenant aborder le principal secteur faisant encore vivre cet arrêt à savoir les transports
publics337.
Rosa Parks et le boycott des bus de Montgomery de 1955-1956

Rosa Parks.

Martin Luther King, Jr.


La victoire des deux arrêts Brown venant de mettre à mal l'arrêt Plessis v. Ferguson comme cela
vient d'être écrit, il fallait en finir définitivement avec lui. Or cet arrêt découle du Separate Car Act
voté par l'État de la Louisiane instaurant une ségrégation pour tous les trains traversant son territoire
et que cet arrêt de 1896, légalisait la ségrégation fondée sur le principe de "égaux, mais séparés",
mais dans un contexte de transport public comme le souligne l'arrêt Brown v. Board of Education
dans ses attendus. il fallait maintenant démontrer que le principe de « égaux, mais séparés » dans les
transports publics n'était pas respecté.

Une arrestation historique


L'occasion va naître à Montgomery dans l'Alabama le 1er décembre 1955, lorsque Rosa Parks une
Afro-Américaine, adhérente de la NAACP, âgée alors de 42 ans, à la fin de sa journée de travail
comme couturière, monte dans le bus municipal comme elle le fait chaque jour pour rejoindre son
domicile. Elle s'assied sur un des sièges de la zone réservée aux Blancs, mais qui était vide. Lorsque
des passagers blancs montent, le chauffeur du bus lui demande de rejoindre la zone arrière du bus
réservée aux Noirs. Elle refuse d'obtempérer. Le chauffeur, profite d'un arrêt pour faire appel à la
police, Rosa Parks est arrêtée, conduite au commissariat, on lui prend ses empreintes digitales puis
elle est emprisonnée en attendant son jugement pour trouble à l'ordre public et infraction à la loi. De
sa prison elle téléphone à sa mère, Leona McCauley, pour la rassurer, puis un passager du bus
témoin de arrestation contacte Edgar Nixon, un avocat de la section de la NAACP locale, qui va
payer les 100 $ de sa caution pour qu'elle puisse quitter la prison en attendant son jugement. Rosa
Parks est face à un choix, soit payer l'amende de son "délit" et ne pas donner suite soit intenter un
procès contre la réglementation ségrégationniste des bus, après avoir consulté Edgar Nixon elle se
décide à porter plainte. La nouvelle de son arrestation se répand dans Montgomery, provoquant une
vague d'indignation. Le 5 décembre 1955, le jour du procès de Rosa Parks, les Afro-Américains
entament un boycott des bus largement suivi même par les enfants. Rosa Parks plaide non coupable
et est condamnée à payer une amende de 14 $ dont elle ne s'acquittera jamais. Parallèlement, les
Afro-Américains de Montgomery créent la Montgomery Improvement Association (en) (MIA) et
nomment à sa tête un jeune pasteur de Montgomery âgé de 26 ans Martin Luther
King338,339,340,341.

Un long boycott
Le boycott des bus commencé le 5 décembre 1955 va continuer jusqu'au 21 décembre 1956. Les
revendications formulées par la MIA sont l'abolition des places ségréguées, et l'embauche de
chauffeur de bus afro-américains. La direction des bus ne cède à aucune des revendications, le
boycott va se durcir. La répression arrive avec l'arrestation de plus de 80 membres du MIA, le
domicile de Martin Luther King est victime d'attentats à la bombe commis par des terroristes
blancs. Le boycott cesse à la suite de l'arrêt Browder v. Gayle rendu le 13 novembre 1956 qui
déclare l'inconstitutionnalité de la ségrégation dans les bus de l'Alabama, la nouvelle ne parvint à
Montgomery que le 20 décembre d'où la fin du boycott le lendemain 21. Le rôle de Martin Luther
King quant à la gestion du boycott, sa faculté à mobiliser les foules malgré les violences policières
et terroristes, ses discours de non-violence vont le faire remarquer et marquer son ascension dans le
mouvement des droits civiques342,343.

L'arrêt Browder v. Gayle du 5 juin 1956


Le conflit posé par Rosa Parks n'était pas nouveau, d'autres cas de maltraitance envers des Afro-
Américaines commis par des chauffeurs des bus de Montgomery existaient. Les avocats de la
NAACP, Fred Gray (en) et Charles Langford (en) contactent des victimes Aurelia Browder (en),
Susie McDonald (en), Claudette Colvin, Mary Louise Smith et Jeanatta Reese pour qu'elles portent
plainte. Jeanatta Reese du fait de pressions extérieures se retire. Dans la plainte qu'ils déposent
auprès de la Cour de district le 1er février 1956, n'ont pas tenu à ce que Rosa Parks fasse partie des
plaignantes du fait de sa notoriété et des polémiques suscitées par sa personnalité de leader de la
NAACP locale. La plainte déposée pose la question : « est-ce que la ségrégation des bus est
constitutionnelle ? ». La plainte est déposée contre le maire W. A. Gayle (en), la police de
Montgomery, la compagnie de bus la Montgomery City Lines et deux chauffeurs de bus et sous le
nom de Browder v. Gayle et l'affaire est plaidée le 24 avril 1956. Le 5 juin 1956 la Cour de district,
par deux voix contre une rend son arrêt en déclarant que la ségrégation dans les bus de l'Alabama
était inconstitutionnelle, parmi ses attendus, elle s'appuie sur l'arrêt Brown v. Board of Education du
17 mai 1954. Les divers représentants de la ville de Montgomery font appel devant la Cour suprême
qui rend son arrêt le 13 novembre 1956 qui à la question « Le tribunal de district a-t-il commis une
erreur en annulant le système de bus ségrégué au nom du principe séparé mais égal à Montgomery,
en Alabama ? » répond : « Les systèmes de transport ségrégués appliqués par le gouvernement (de
l'Alabama) violent la clause d'égalité de protection du Quatorzième amendement », l'État de
l'Alabama et la ville de Montgomery font à nouveau appel, mais la Cour suprême les déboute le 17
décembre 1956, entérinant son arrêt précédent. La nouvelle parvient à la MIA et à Martin Luther
King le 20 décembre 1956, ce dernier fait un discours qui met fin au boycott des bus le 21 décembre
1956344,345,346,347,348,349.

Le Civil Rights Act du 9 septembre 1957


À la suite des arrêts Brown v. Board of Education et Browder v. Gayle, il était nécessaire que le
Congrès vote une loi pour clarifier la portée de la déségrégation au niveau fédéral, de réviser
l'effectivité des garanties apportées par les Quatorzième et Quinzième amendements qui avaient été
largement contournés par les Lois Jim Crow et les diverses dispositions législatives mises en place
depuis l'arrêt Plessy v.Ferguson autorisant la ségrégation au nom du principe "séparé mais égal".
Certes, des arrêts mettaient fin à la ségrégation scolaire et dans les transports publics et avaient vidé
de toute portée l'arrêt Plessy v.Ferguson mais il demeuraient d'autres formes de ségrégation pour
entraver les droits constitutionnels des Afro-Américains comme les réglementations d'inscription
sur les listes électorales, de nombreux États exigeaient que les candidats passent un test de
qualification des électeurs et les questions étaient conçues de telle manière à ce que les agents des
services civils puissent éliminer la plupart des Afro-Américains qui tentaient de s'y inscrire. C'est
dans ce cadre que le Procureur général Herbert Brownell de l'administration du président Dwight D.
Eisenhower va élaborer un projet de loi qui est adopté par la Chambre des représentants le 18 juin
1957 par 286 voix contre 126. Le principal obstacle demeurait le Sénat où le groupe des
Démocrates dirigé par le sénateur Richard Brevard Russell de la Géorgie, bloquait toutes les lois en
faveurs de l'amélioration des droits civiques pour les Afro-Américains. Le sénateur de la Californie,
William Knowland (en) président du groupe des Républicains, et le sénateur de l’Illinois, Paul
Douglas Démocrate libéral, vont défendre le projet de loi, ils vont obtenir un allié du parti
Démocrate avec le sénateur du Texas Lyndon B. Johnson. Ce dernier va utiliser ses capacités
diplomatiques et son réseau d'influences pour faire adopter le projet de loi par le Sénat le 29 août
1957 par 60 voix contre 15. Le président Dwight D. Eisenhower promulgue le Civil Rights Act le 9
septembre 1957 (Public Law 85-315) . Cette loi établi une Commission des droits civiques, une
division des droits civiques au ministère de la Justice et autorise le Procureur général des États-Unis
à saisir un tribunal fédéral pour faire respecter et protéger le droit de vote des Afro-Américains, elle
interdit les actions de toute personne ayant autorité, y compris des particuliers, visant à intimider,
menacer, contraindre les Afro-Américains pour qu'ils ne s'inscrivent pas sur les listes électorales ou
de les empêcher de voter comme ils l'entendent. Bien qu’incomplète soit-elle, cette loi est un
premier pas pour la prohibition de la ségrégation, elle permet de faire un inventaire de l'ensemble
des dispositifs réglementaires ou de contraintes physiques par des personnes ou des groupes visant à
entraver les droits civiques des Afro-Américains et surtout autorise l'État fédéral à mener des
actions par voie de justice et donc par la force si nécessaire pour faire observer la déségrégation.
Elle sera complétée par le Civil Rights Act du 2 juillet 1964 et le Voting Rights Act du 4 août 1965
qui mettront fin à toutes les lois et réglementations ségrégatives sur l'ensemble des États-
Unis350,351,352,353,354.
Daisy Bates et les Neuf de Little Rock de 1957

Le Président Dwight D. Eisenhower.


Après l'arrêt Brown v. Board of Education, certains États du Sud vont se rebeller et faire des
manœuvres dilatoires pour en empêcher l'effectivité, parmi ces États figure l'Arkansas355. C'est
dans ce contexte que Daisy Bates, rédactrice en chef de l'Arkansas State Press356, va s'imposer
comme figure majeure du mouvement des droits civiques357,358.
Les événements commencent le 2 septembre 1957, avec le refus de la Little Rock Central High
School d'accepter neuf étudiants afro-américains : Minnijean Brown-Trickey, Elizabeth Eckford,
Gloria Ray Karlmark, Melba Pattillo Beals, Thelma Mothershed-Wair, Ernest Gideon Green (en),
Jefferson Thomas, Terrence Roberts (en) et Carlotta Walls LaNier (en)359.
Afin que ces étudiants ne puissent accéder à l'établissement d'enseignement secondaire, le
gouverneur Orval Faubus, mobilise la Garde nationale de l'Arkansas. Cette crise, qui va durer trois
semaines, entre dans l'histoire sous le nom des Little Rock Nine / les Neuf de Little Rock360,361.
Le 4 septembre 1957, le juge fédéral ordonne l'ouverture de la Central High School au Neuf, en
vain, la Garde nationale et une foule hostile empêche de nouveau l'entrée des adolescents362.
Le 9 septembre 1957, Martin Luther King alors président de la Montgomery Improvement
Association  (en), écrit au président Dwight D.Eisenhower pour qu'il puisse trouver une solution
rapide au conflit363, il est suivi par Woodrow Wilson Mann (en), le maire de Little Rock, favorable
à la déségrégation qui lui aussi alerte le président Dwight D. Eisenhower. Face à cette crise le
président Eisenhower négocie avec le gouverneur Orval Faubus et Woodrow Mann pour trouver une
solution à l’amiable364, mais les pourparlers aboutissent à une impasse.
Le 23 septembre 1957, Woodrow Mann envoie un télégramme au président Dwight Eisenhower
pour qu'il fasse intervenir des troupes fédérales afin de faire appliquer la loi et d'user du recours à la
force comme le prévoie le récent Civil Rights Act de septembre 1957365,366, télégramme dans
laquelle il dénonce les agitateurs mené par un stipendié d'Orval Faubus, Jimmy Karam367
Le 24 septembre, le conflit connait un premier dénouement lorsque le président Dwight Eisenhower
dessaisit le Gouverneur Faubus de toute autorité sur la Garde nationale, il renvoie celle-ci à ses
cantonnements et envoie la 101e division aéroportée pour escorter et protéger les Neuf dans
l'enceinte de la Little Rock Central High School, dénouant ainsi le conflit
Durant ces événements Daisy Bates est la porte parole des Neuf, elle les accompagne pour entrer à
la Central High School, et écrit des articles repris dans presse nationale qui feront des Neuf une
affaire internationale368,369.

La conquête des droits civiques et la fin de la ségrégation


John F. Kennedy et l'affirmative action
Le 6 mars 1961 John F. Kennedy promulgue l'Executive Order 10925 (en) qui dans sa section 302
demande aux responsables des services publics fédéraux et établissements bénéficiant de
subventions fédérales « The contractor will not discriminate against any employee or applicant for
employment because of race, creed, color, or national origin. The contractor will take affirmative
action to ensure that applicants are employed, and that employees are treated during employment,
without regard to their race, creed, color, or national origin » (« L'embaucheur ne fera aucune
discrimination à l'encontre d'un employé ou d'un candidat à un emploi en raison de sa race, de ses
croyances, de sa couleur ou de son origine nationale. L'entrepreneur prendra des mesures
volontaristes pour s'assurer que les candidats soient employés et que les employés soient traités
pendant l'emploi, sans égard à leur race, croyance, couleur ou origine nationale. »), c'est la première
fois qu’apparaît l'expression affirmative action, traduite habituellement en français par
discrimination positive. Et dans sa section 101 crée la « President's Committee on Equal
Employment Opportunity » (Commission du président sur l'égalité des chances en matière
d'emploi) dont la vice présidence est assurée par le sénateur du Texas Lyndon B.
Johnson370,371,372. Ce dernier, lorsqu'il accède à la présidence à la suite de l'assassinat de John F.
Kennedy renforcera le programme de discrimination positive en promulguant l'Executive Order
11246 (en) le 24 septembre 1965 qui confie au Secrétaire au Travail des États-Unis de vérifier et
garantir l'effectivité de la discrimination positive, passant ainsi de la recommandation à l'obligation
de faire, et les services et entreprises se doivent de publier leurs actions entreprises dans le
domaine373,374.

Martin Luther King et la Marche sur Washington pour l'emploi et la liberté du


28 août 1963

Martin Luther King à la Marche sur Washington


Le Civil Rights Act du 9 septembre 1957, comme cela est écrit plus haut, était incomplet du fait
d'une opposition de certains élus du Parti démocrate du Congrès, il était nécessaire de rédiger un
nouveau Civil Right Act qui puisse mettre fin définitivement à la ségrégation dans ensemble des
États-Unis et qui recouvre la totalité des dimensions de la vie ordinaire (politique, sociale,
culturelle, sportive, scolaire, etc.).
C'est pour faire pression sur la nouvelle administration du président John Fitzgerald Kennedy issu
du Parti démocrate, que les principales organisations afro-américaines avec à leur tête Asa Philip
Randolph, James L. Farmer, Jr., John Lewis (animateur du Student Nonviolent Coordinating
Committee), Martin Luther King (président de la Conférence du leadership chrétien du Sud) Roy
Wilkins (président de la NAACP), Whitney Young (président de la National Urban League), Bayard
Rustin (conseiller de Martin Luther King et stratège de la non-violence), Anna Arnold Hedgeman,
auxquels se joignent Walter Reuther (représentant du syndicat United Auto Workers), Joachim Prinz
(président de l'American Jewish Congress), Eugene Carson Blake (secrétaire général de la
Commission on Religion and Race of the National Council of Churches375), et Matthew Ahmann
(dirigeant de la National Catholic Conference for Interracial Justice376), Dorothy Height
(présidente du National Council of Negro Women (en) etc., se rencontrent pour mener une opération
d'envergure à l'occasion du centenaire de la proclamation d'émancipation de
1863377,378,379,380,381.
Une plateforme commune de revendications est établie :
• Adoption d'un nouveau Civil Rights Act par le Congrès ;
• Mise en œuvre immédiate de la déségrégation scolaire conformément à l'arrêt Brown v.
Board rendu par la Cour suprême ;
• Un programme de travaux publics et de formation professionnelle pour les chômeurs ;
• Une loi fédérale interdisant la discrimination raciale en matière d'embauche dans les
entreprises publiques ou privées ;
• Un salaire minimum de 2 $ l'heure à l'échelle nationale (équivalent à 17 $ en 2020) ;
• Annuler les financements fédéraux pour les programmes qui tolèrent la discrimination ;
• Application du Quatorzième amendement à la Constitution en réduisant la représentation au
Congrès des États qui maintiennent des lois ségrégationnistes ;
• Adoption d'une loi qui permettrait au Procureur général d'engager des poursuites par
injonction immédiates lorsque les droits constitutionnels des citoyens sont violés382.
Cette opération est l'organisation d'une marche sur Washington qui passe à la postérité sous le nom
de la Marche sur Washington pour l'emploi et la liberté. Elle a lieu le 28 août 1963 elle rassemble
entre 200 000 et 300 000 manifestants blancs et noirs. Elle débute au Washington Monument se
termine devant le Lincoln Memorial où Martin Luther King tient son discours historique I have a
dream (« J'ai un rêve »), rêve qui accompli serait l'accomplissement de l'œuvre émancipatrice
d'Abraham Lincoln. Cette manifestation par son ampleur et la diversité des organisations
représentées ouvre la voie au Civil Rights Act 1964383,384,385.
John F. Kennedy et l'attentat de l'église baptiste de la 16e rue à Birmingham du
15 septembre 1963

Président John F. Kennedy.


Lorsque John F. Kennedy est entré à la Maison Blanche en 1961, il doit faire face à des
manifestations qui éclatent dans le Sud dont une à Birmingham, en Alabama. Birmingham était un
lieu de tension raciale et un des hauts lieux du mouvement américain des droits civiques. Les
revendications des Afro-Américains sont en butte à George Wallace, le gouverneur de l'Alabama,
partisan farouche de la ségrégation386, qui s'oppose à déségrégation des écoles publiques malgré
l'arrêt Brown v. Board of Education. En janvier 1963, lors de son investiture au poste de gouverneur,
George Wallace déclare « Je trace la ligne dans la poussière et jette le gant aux pieds de la tyrannie,
et je dis ségrégation maintenant, ségrégation demain, ségrégation pour toujours. »387. Par ailleurs,
George Wallace a le soutien du commissaire chargé de la sécurité publique, Eugene “Bull”
Connor, connu pour son racisme et comme partisan lui aussi de la ségrégation388. Birmingham est
également le lieu d'une section très active de l'organisation terroriste le Ku Klux Klan, auteur de
différents attentats qui font surnommer Birmingham Bombingham (en)180 qui a été le théâtre entre
1947 et 1965 d'une cinquantaine d'attentats à la bombe389,390. À Birmingham plus qu'ailleurs la
population afro-américaine était victime d'entraves multiples à l'emploi et à l'inscription sur les
listes électorales, la résistance à ces dénis à ces droits constitutionnels est animée par le révérend
Fred Shuttlesworth où il a fondé l'Alabama Christian Movement for Human Rights391. Victime de
plusieurs attentats commis par les terroristes du Klan, il fait appel à Martin Luther King392,393.
C'est ainsi qu'en 1963, est lancée la Campagne de Birmingham organisée par la Southern Christian
Leadership Conference (SCLC), le Congress on Racial Equality (CORE)et l'Alabama Christian
Movement for Human Rights (en) menée par Martin Luther King, James Bevel, Ralph David
Abernathy, John Lewis et d'autres394,395,396.
Durant le mois d'avril 1963, les premiers sit-in ont lieu, malgré une décision judiciaire qui les
interdit, ce qui entraîne l'arrestation de Martin Luther King et de Raplh Abernathy à la suite d'une
manifestation pacifique le 12 avril 1963. En prison, 16 avril 1963, Martin Luther King écrit la
Lettre de la prison de Birmingham397, où il fait l'apologie de l'action non violente pour faire
aboutir les revendications des Afro-Américains398,399.
À la suite de cette lettre ouverte, du 2 au 5 mai 1963 plus de 1 000 jeunes élèves défilent, ces
manifestations sont passées dans l'histoire sous le nom de Birmingham Children's Crusade (en)400,
plusieurs enfants sont matraqués et emprisonnés401. Le 10 mai 1963 des représentants des
organisations blanches et afro-américaines de Birmingham se mettent d'accord sur un plan de
déségrégation, en réaction, le Ku Klux Klan fait éclater une bombe au domicile d'A. D. King (en),
le frère de Martin Luther King qui habite Birmingham. L'émotion soulevée par la répression de la
Campagne de la Birmingham et l'entêtement du gouverneur George Wallace amènent le président
John Fitzgerald Kennedy à prononcer un discours à la télévision le 11 juin 1963 où il appelle les
membres du Congrès à faire passer une loi garantissant l'exercice des droits civiques pour tous
quelle que soit sa couleur de peau. Le 15 septembre 1963, en rétorsion aux diverses avancées de la
déségrégation notamment dans les établissements scolaires, quatre terroristes membres du Klan
déposent une bombe à retardement dans l'escalier de l'église baptiste de la 16e rue, qui mène à salle
de catéchisme, elle éclate à 10 h 22, l'attentat a tué quatre jeunes filles (Addie Mae Collins, Carole
Robertson, Cynthia Wesley et Denise McNair) et en a blessé vingt-deux
autres402,403,404,405,406,407,408,409.

L'action décisive de Lyndon B. Johnson

Le président Lyndon Johnson et Martin Luther King, Jr.


Après assassinat du président Kennedy en novembre 1963, Lyndon B. Johnson lui succède et se
saisit immédiatement du dossier de l'égalité des droits civiques amorcé par son prédécesseur. Alors
qu'il manœuvre auprès du Congres pour obtenir une majorité, les événements vont précipiter les
choses.

Le Freedom Summer de 1964


À la suite de l'arrêt Brown v. Board of Education, la route vers le droit de vote et la fin de la
ségrégation est ouverte, c'est ainsi que l'ensemble des grandes organisations antiségrégationnistes
comme la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP), le Student
Nonviolent Coordinating Committee (SNCC) et le Council of Federated Organizations (COFO)
sous la direction notamment de Martin Luther King et de Bob Moses (en), vont lancer au cours de
l'été 1964, une vaste campagne de mobilisation pour faciliter l'inscription des Afro-Américains sur
les listes électorales410,411,412. Cette campagne va être endeuillée par un triple assassinat qui va
défrayer les chroniques américaines puis internationales. Le dimanche 21 juin 1964, trois jeunes
étudiants, un Afro-Américain, James Chaney, et deux Blancs Michael Schwerner et Andrew
Goodman, se font arrêter pour excès de vitesse par Cecil Price, membre du Klan et shérif du comté
de Neshoba ; une fois arrêtés, Price les conduit à la prison de Philadelphie (Mississippi). Price
prévient ses amis du Klan qui viennent chercher les trois étudiants. Ils les conduisent en voiture
dans un endroit éloigné et isolé et les assassinent. Leurs amis signalent leurs disparitions à la police
et comme il y a soupçon d'enlèvement, l'enquête est confiée au F.B.I. Leur disparition fait la une des
journaux413,414. Le Procureur général des États-Unis Robert Kennedy lui-même suit l'enquête.
Leur voiture calcinée est découverte le 24 juin 1964 mais pas leurs cadavres. Pour élargir les
fouilles, 400 marins de l'U.S. Navy sont mobilisés ainsi que 150 agents du F.B.I. Une équipe d'élite
du F.B.I. est dépêchée pour mener l'enquête ; après deux mois d'investigation, les agents du F.B.I.
découvrent leurs corps le 2 août 1964. Le F.B.I. interroge les divers membres du Klan, vingt-et-un
d'entre eux sont arrêtés le 4 décembre 1965415. Le 20 octobre 1967, neuf membres du Klan sont
condamnés, dont Cecil Price, Samuel Bowers, Alton Wayne Roberts, Jimmy Snowden, Billy Wayne
Posey, Horace Barnette et Jimmy Arledge. Ces meurtres de la Freedom Summer ont tellement
mobilisé l'opinion qu'elle a facilité le processus menant à la promulgation du Civil Rights Act de
1964, abolissant les lois Jim Crow et la ségrégation raciale dans l'espace public et les services
publics, qui sera suivi par la promulgation du Voting Rights Act de 1965 prohibant toute
discrimination raciale dans l'exercice du droit de vote416,417,418,419,420,421.

Le président Lyndon B. Johnson.

Le Civil Rights Act du 2 juillet 1964


Cette loi votée par le Congrès des États-Unis promulguée par le président des États-Unis le 2 juillet
1964, Lyndon B. Johnson, a pour objectif de mettre fin à toutes formes juridiques réglementaires de
ségrégations, de discriminations reposant sur la race, la couleur, la religion, ou l’origine
nationale422.
L'adoption de la nouvelle loi n'allait point de soi. À la Chambre des représentants, des tentatives
d'obstruction vont avoir lieu comme celle particulièrement remarquée d'Howard W. Smith (en),
représentant de la Virginie qui fait l'apologie de l'esclavage en citant les auteurs antiques et qui tente
de déporter les débats en introduisant un amendement qui ajouterait les discriminations envers les
femmes à la liste des catégories protégées contre la discrimination en matière d'emploi. Derrière
cette attitude aux allures progressiste, en fait Howard Smith avait voulu exactement le contraire. Il
comptait sur ses collègues pour partager son point de vue selon lequel la discrimination fondée sur
le sexe ne devait pas être prise au sérieux et que son inclusion banaliserait suffisamment le projet de
loi et assurerait son échec. Le président Lyndon B. Johnson, quant à lui, s'est opposé à
l'amendement sur le sexe de peur qu'il ne perturbe ce qui était déjà une coalition fragile soutenant
les droits civiques. Les opposants à l'amendement qui soutenaient néanmoins le projet de loi sur les
droits civiques étaient furieux. Ils ont souligné que les deux formes de discrimination étaient trop
différentes pour être incluses dans la même législation. Finalement, le projet de loi a été adopté à la
Chambre le 10 février 1964, par 289 voix contre 126 voix sous la référence H.R. 7152423,424. Cela
étant fait, la loi est présentée au Sénat 26 février 1964, où il faut obtenir les deux tiers des
100 voix425,426. Des sénateurs comme Richard Russell, Strom Thurmond, Robert Byrd, William
Fulbright et Sam Ervin mènent une campagne d'obstruction qui va durer 60 jours. En face, le vice-
président Hubert Humphrey travaille avec le leader de la minorité démocrate au Sénat, Everett
Dirksen, sénateur de l'Illinois pour acquérir les 67 voix nécessaires pour l'adoption de
l'amendement. Le 10 juin 1964 Everett Dirksen prononce un discours au Sénat, après avoir cité
Victor Hugo: «Plus fort que toutes les armées est une idée dont le temps est venu.», il rappelle que
le Parti républicain, le parti d'Abraham Lincoln, était à l'initiative des XIIIe, XIVe et XVe
amendements à l'origine de l'égalité des droits civiques. Après ce discours, un vote a lieu,
l’amendement passe avec 71 voix, quatre de plus que nécessaire, puisque 27 républicains avaient
décidé de soutenir la loi427,428.
Le 2 juillet 1964 le Président Johnson peut signer le Civil Rights Act en présence de Martin Luther
King et d'autres leaders du mouvement des droits civiques. Cette loi est majeure pour faire
disparaitre toutes les formes juridiques de ségrégation mais elle est aussi, l'ouverture à une société
inclusive qui permettra une valorisation et une reconnaissance du rôle des Afro-Américains à la
culture et aux sciences dans la société américaine429.

Le Bloody Sunday du 7 mars 1965


Des décisions vont se succéder pour renforcer le Civil Rights qui va se heurter dans son effectivité
aux manœuvres dilatoires des États du Sud pour diminuer, voire neutraliser cette loi, déclenchant
des manifestations qui virent aux émeutes du fait des violences exercées par les forces de police des
États réfractaires430.
L'État le plus rebelle est celui de l'Alabama gouverné par George Wallace, partisan intransigeant de
la ségrégation, qui s'était fait élire en 1963 avec le slogan « Ségrégation maintenant, ségrégation
demain, ségrégation pour toujours »431,432. Pour protester contre les entraves à l’application de la
loi, des militants afro-américains sous la direction d'Amelia Boynton Robinson (dont la famille était
en pointe sur la question du droit de vote depuis les années 1950)433, Martin Luther King, James
Bevel et Hosea Williams organisent ce qui deviendra les marches de Selma à Montgomery la
capitale de l'Alabama qui auront lieu les 7, 9 et 25 mars 1965434. Le 7 mars 1965 lors de la
première de ces marches, menée par Hosea Williams et John Lewis435,436, en l'absence de Martin
Luther King, 600 manifestants pour les droits civiques quittent Selma pour tenter de rejoindre
Montgomery, la capitale de l'État, afin de présenter leurs doléances au moyen d'une marche
pacifique. Ils sont arrêtés au bout de quelques kilomètres au pont Edmund Pettus par la police
locale, sous les ordres du shérif Jim Clark (sheriff)437,438,439,440 et une foule hostile de Blancs
ségrégationnistes qui les repoussent violemment à coup de matraque et de gaz lacrymogène. Près de
84 blessés ont été dénombrés dont Marie Foster (organisatrice de la marche pour le Comté de
Dallas), John Lewis, Amelia Boyton, etc441,442. Les images d'Amelia Boynton Robinson, tombée
sous les coups des policiers, et inanimée sur le pont Edmund Pettus, feront le tour du monde à la
suite de leur publication par la presse nationale443,444,445,446. John Lewis supplie le président
Lyndon B.Johnson d’intervenir en Alabama447,448. La sauvagerie de la répression policière fait le
tour du monde, ce dimanche prend le triste nom de Bloody Sunday (dimanche sanglant). Cette
marche avec la répression qui a suivi sera un des événements qui conduiront le 4 août 1965 à la
promulgation du Voting Rights Act de 1965 interdisant les discriminations raciales dans l'exercice
du droit de vote449,450.
Le Voting Rights Act du 4 août 1965
Le Voting Rights Act de 1965 contient de nombreuses clauses régulant l'administration électorale.
Les dispositions générales prévoient des garanties sur le droit de vote à l'échelle nationale. La
section 2 est une disposition générale qui interdit à tous les États et gouvernements d'État d'imposer
des lois électorales qui entraîneraient une discrimination envers une minorité, qu'elle soit raciale ou
linguistique. D'autres dispositions générales proscrivent spécifiquement les tests d'alphabétisation et
autres moyens historiquement utilisés pour priver les minorités de leurs droits. Le texte contient
aussi des dispositions spécifiques qui ne s'appliquent qu'à certaines juridictions. Une disposition
spécifique fondamentale est la Section 5, qui exige un précontrôle de certaines juridictions : ces
juridictions ont l'interdiction de mettre en place des modifications sur les procédures d'inscription
sur les listes électorale et des modalités d'organisation des élections sans l'aval du Procureur général
des États-Unis ou de la cour fédérale de district de Washington, D.C. selon lequel aucun
changement ne peut discriminer une minorité protégée451,452,453,454.

L'ordre exécutif no 1365 et la création de la National Advisory Commission on Civil Disorders,


dite Commission Kerner
Durant l'été 1967, des émeutes raciales éclatent dans différentes villes américaines et plus
particulièrement au mois de juillet à Newark et à Détroit, dans cette dernière ville le bilan de
l'émeute est de 43 morts, 1 383 bâtiments incendiés et de 7 000 arrestations, pendant le chaos de
l'émeute de Detroit, la ville est prise d'une psychose de panique, les gardes nationaux effrayés
perdaient leur sang froid tirant à tort et à travers, tuant des innocents455. Face aux risques de
déchirure de la société, le président Lyndon B. Johnson promulgue l'ordre exécutif no 1365, le 28
juillet 1967, qui instaure la National Advisory Commission on Civil Disorders / Commission
nationale consultative sur les émeutes sociales qui est présidée par Otto Kerner, le gouverneur de
l'Illinois, la commission sera connue par le grand public sous le nom de Commission Kerner. Cette
commission doit répondre à trois questions456 :
1. Qu'est-ce qui s'est passé ?
2. Pourquoi c'est arrivé ?
3. Que faut-il faire pour prévenir de genre d'événements ?
D'autres personnalités vont participer à cette commission des personnalités éminentes, Frank M.
Wolzencraft (en) (du Département de la justice), Roy Wilkins (directeur de la NAACP), John
Lindsay (le maire de New York)457,458.

La commission rend son rapport le 1er mars 1968, elle écarte les rumeurs de complots séditieux, ces
émeutes sont le résultat des frustrations liées aux discriminations raciales à l'embauche, à l'accès au
logement, à des inégalités socio-économiques qui deviennent insupportables. Le rapport s'inquiète
du risque d'une fracture sociale entre Noirs et Blancs et préconise un plan volontariste d'intégration
sociale et économique, mais en janvier 1969 l'accession à la présidence de Richard Nixon et d'une
administration conservatrice va enterrer le rapport, la seule réponse sera d'augmenter les forces de
police et d'améliorer leur dotation en armements pour mieux réprimer les émeutes. Paradoxalement
le rapport va devenir un best-seller et sera vendu à deux millions d'exemplaires et devient l'objet de
nombreuses études sociologiques. Encore aujourd'hui, la non prise en compte des préconisations du
rapport est toujours actuelle, laissant le sentiment d'un rendez-vous historique
manqué459,460,461,455,458.
L'arrêt Loving v. Virginia du 12 juin 1967
Articles détaillés : Mildred et Richard Loving et Loving v. Virginia.
En 1958, deux habitants de Central Point (en) Richard Loving, un Blanc, et Mildred Jeter, une
femme d'ascendance mixte afro-américaine et amérindienne, se rendent à Washington (district de
Columbia) où les mariages mixtes sont légaux. Après la célébration de leur mariage qui a eu lieu le
2 juin 1958, ils retournent à Central Point. Au petit matin du 13 juillet 1958, trois officiers de police
de Central Point, le shériff Garnett et deux de ses adjoints, pénètrent dans leur maison qui n'était pas
fermée à clé et vont jusque dans leur chambre à coucher pour les arrêter, ils sont inculpés pour avoir
violer la loi de l'État de Virginie qui interdit les mariages mixtes462.
L'un comme l'autre probablement du fait de leur jeunesse (Richard Loving a 24 ans et Mildred
Loving a 18 ans) s'étant mariés légalement n’avaient nullement conscience qu'ils ne pouvaient pas
retourner chez eux, que leur mariage était un crime contre la communauté de la Virginie. Cinq jours
après leur arrestation, ils sont libérés moyennant une caution de 1 000 $ en attendant leur procès.
Le 6 janvier 1959, ils comparaissent au tribunal devant le juge Bazile pour déterminer si oui ou non
ils sont coupables d'un crime en regard des lois de la Virginie. Après avoir plaidé dans un premier
temps "non coupable", ils changent pour plaider "coupable". Le juge Bazile les condamne à un an
de prison, puis modère son verdict en suspendant sa sentence pour une durée de 25 ans sous la
condition que le couple quitte l'État de la Virginie et n'y revienne pas durant 25 ans.
Richard et Mildred Loving s'installent à Washington, ils mettent au monde trois enfants, avec le
temps leurs familles leur manquent, aussi décident-ils de faire appel au Procureur général Robert
Kennedy, ce dernier envoie leur requête à la branche de l'Union américaine pour les libertés civiles
(ACLU) de la Virginie. L'ACLU offre gracieusement ses services au couple Loving et leur dépêche
deux avocats Bernard S. Cohen et Philip J. Hirschkop qui vont les aider à déposer un appel devant
le tribunal de la Virginie le 6 novembre 1963. Leur argument est que la loi de la Virginie bafoue le
principe de l'égale protection définie par le Quatorzième amendement.
Après une longue attente, le 22 janvier 1965 le tribunal déclare ne pas donner suite à l'appel. Les
Loving déposent alors un recours devant la Cour suprême de la Virginie, le 28 mars 1966 celle-ci
autorise les Loving à déposer leurs recours devant la Cour suprême des États-Unis. Le 12 décembre
1966 la Cour suprême des États-Unis accepte de vérifier si la décision du juge Bazile est
anticonstitutionnelle ou non. L'affaire est plaidée par Bernard S. Cohen et Philip J. Hirschkop le 10
avril 1967. L'arrêt Loving v. Virginia est rendu le 12 juin 1967, à la question « La loi contre les
mariages mixtes de la Virginie a-t-elle violé la clause de protection égale du Quatorzième
amendement ? », la Cour suprême sous la présidence du juge Earl Warren arrête à unanimité « Oui.
Dans une décision unanime, la Cour a jugé que les distinctions fondées sur la race étaient
généralement odieuses pour un peuple libre et étaient soumises à l'examen le plus rigoureux en
vertu de la clause de protection égale. La loi de Virginie, a conclu la Cour, n'avait aucun but
légitime « indépendant d'une discrimination raciale odieuse ». La Cour a rejeté l'argument de l'État
de Virginie selon lequel la loi était légitime parce qu'elle s'appliquait également aux Noirs et aux
Blancs et a conclu que les classifications raciales n'étaient pas soumises à un critère de finalité
rationnelle en vertu du Quatorzième amendement. La Cour a également jugé que la loi de Virginie
violait la clause de procédure régulière du quatorzième amendement. Le juge en chef Earl Warren
précise qu'en vertu de notre Constitution, la liberté d'épouser ou de ne pas épouser une personne
d'une autre race est une décision individuelle et ne peut être enfreinte par l'État. ». Cet arrêt annule
les condamnations envers Richard et Mildred Loving et invalide toutes les lois interdisant les
mariages mixtes encore en vigueur dans 15 États463,464,465,466,467.

Le Civil Rights Act du 11 avril 1968

Contexte
Si depuis l'adoption du Civil Rights Act du 2 juillet 1964 et du Voting Rights Act du 4 août 1965 la
ségrégation avait disparu de la loi, que les minorités avaient acquise l'équité citoyenne, l'égalité des
droits civiques, il demeure que la société, les mentalités sont encore marquées par des préjugés
racistes, préjugés qui touchent notamment l'accès à l'emploi, à l'éducation et au logement. Cette
ségrégation officieuse est à l'origine des diverses émeutes comme l'avait signalé la Commission
Kerner, émeutes qui revendique l'accès à l'emploi à des habitations décentes et à l'éducation. Les
tensions montent avec l'assassinat de Martin Luther King et la montée de l'influence de la mouvance
du Black Power et du Black Panthers Party 468,469,470. L'assassinat de Martin Luther King qui a
eu lieu de 4 avril 1968 déclenche une vague d'émeute dans plus de cent villes dont Washington.
C'est sur fond d'émeute que le Sénat débat le nouveau Civil Right Act dont le titre VIII concernant la
fin des discrimination quant à l'accès au logement sous toutes ses modalités (locataire ou
propriétaire) et les financement bancaires de l'achat de logement est autorisé à être appelé le Fair
Housing Act, et souvent il y a confusion entre les deux471.

Histoire et promulgation
Le projet de loi est déposé le 17 janvier 1967 à la Chambre des représentants par Emanuel Celler,
représentant de New York. L'objectif initial du projet de loi sur les droits civiques était d'étendre
l'équité citoyenne aux amérindiens et garantir la protection fédérale aux défenseurs des droits
civiques, qui lors des campagnes d'inscription des Afro-Américains sur les listes électorales dans les
États du Sud étaient victimes d'agressions physiques et parfois d'assassinat, mais sous la pression
des événements, le projet de loi a finalement été élargi pour lutter contre la discrimination raciale
dans le logement, raison pour laquelle il est plus communément connu sous le nom de Fair
Housing Act. Le projet de loi est adopté par la Chambre en août 1967. Le projet est discuté au Sénat
et est adopté le 11 mars 1968. Mais l'United States House Committee on Rules (en) (Comité de la
Chambre des États-Unis des règlements) diffère la publication de la loi sous la pression du sénateur
du Mississippi, William M. Colmer (en), hostile à ce genre de loi. Mais tout change avec le meurtre
de Martin Luther King et les émeutes qui s'ensuivent. Le vendredi 5 avril 1968, le président Lyndon
B. Johnson envoie une lettre au président de la Chambre des représentants, John William
McCormack, lui enjoignant de faire son possible pour que cette loi soit votée de façon définitive le
plus rapidement possible afin de montrer que le pouvoir fédéral menait une action conforme aux
positions défendues par Martin Luther King. Le Comité des règlements rejette les amendements de
William M. Colmer. Le comité a ensuite repris les propositions sur l'accès au logement proposé par
Ray John Madden (en), le représentant de l'Illinois. Une dernière tentative de faire avorter le projet
de loi en le renvoyant à nouveau au Comité a été rejetée par un vote de 229 voix contre 195. La loi
est enfin adoptée par 250 voix contre 172. Le président Lyndon B. Johnson signe et promulgue le
Civil Rights Act le 11 avril 1968472,473,474.

Contenu de la loi
Il est habituel de diviser le Civil Rights Act de 1968 en deux parties :
1. L'Indian Civil Rights Act qui comprend les titres II à VII de la loi475 dont les différentes
sections émancipent les amérindiens des lois tribales et leur garantissent l'égale protection
affirmée par le Quatorzième amendement. Ainsi aucune loi tribale ne peut aller contre les
droits constitutionnels comme le libre exercice de la religion de son choix et la liberté
d'expression, d'être protégé contre toute perquisitions, privations de liberté ou de biens
abusives, de bénéficier de procès composé d'au moins six jurés, d'être informé en cas
d'inculpation des charges retenues, d'obtenir l'assistance d'un avocat dans toutes les affaires
pénales, de ne pas être poursuivi plusieurs fois pour la même infraction, le droit de ne pas
être mis en liberté sous caution excessive, d'amendes excessives, de peines cruelles et
inhabituelles476. Cette loi mettait fin à des lois arbitraires provoquant des situations
difficiles, voire intenables pour les amérindiens en désaccord avec la gouvernance tribale,
soit ils se pliaient avec des risques d'ostracisme soit ils étaient obligés de quitter la tribu. De
plus ces lois tribales souvent conservatrices et parfois aux mains de despotes corrompus
étaient un frein à l'initiative personnelle, à l'esprit d'entreprise477.
2. Le Fair Housing Act qui comprend le titre VIII471 rend illégal le fait de refuser l'accession à
l'achat d'un logement, d'une location, l'obtention d'un prêt bancaire pour financer une
construction ou l’achat d'un logement en raison de la race, la religion, l'origine nationale ou
le sexe. L'objectif est un marché du logement unitaire, déségrégué dans lequel les
antécédents d'une personne ne restreignent plus l'accès au logement478,479.
Cette loi est la dernière pierre mettant fin aux discriminations raciales d'un point de vue juridique, et
la dernière grande étape du mouvement des droits civiques, mais la réalité montre que si le combat
législatif est globalement fini, le Civil Rights Act de 1968 n'a pas mis fin aux ghettos, ceux-ci de
1950 à 1980 ont explosé, la population afro-américaine des centres urbains est passée de
6,1 millions à 15,3 millions, au cours de cette même période, les Américains blancs ont
progressivement quitté les centre-villes pour s'installer dans les banlieues. Cette tendance a conduit
à la croissance en Amérique urbaine des ghettos, ou des communautés des centre-villes en proie au
chômage, à la criminalité et à d'autres maux sociaux. Si les élites afro-américaines ont pleinement
profité du mouvement des droits civiques et de l'affirmative action, en revanche les Afro-
Américains pauvres sont encore à attendre la sortie de leur ghetto480,481,482,483.

Influences
Le mouvement américain des droits civiques a inspiré d'autres mouvements, se réclamant de ses
méthodes d'actions non-violentes, même si les problématiques sont différentes et qu'il s'agit plus de
lutter contre des discriminations relevant de pratiques sociales que de revendications d'ordre
juridique comme l'abolition de lois ségrégatives. Un des mouvements les plus connus s'en inspirant
est la Northern Ireland Civil Rights Association, qui comme le mouvement des droits civiques
organise des marches pacifistes484. D'une façon générale tous les mouvements pacifistes luttant
soit pour obtenir des nouveaux droits comme la fin de la criminalisation de l'homosexualité ou pour
mettre fin à des discriminations sociales comme l'égalité des salaires pour les femmes prennent pour
exemple les différents mouvements pacifistes des Afro-Américains485,486,487.

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• James Cohen, « Communauté et citoyenneté : le double visage de la conscience noire »,
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Articles connexes
• Mouvement asio-américain
• Mouvement des droits civiques aux États-Unis de 1896 à 1954
• Rôle des quakers dans l'abolitionnisme
• Lillian Smith
• Afro-Américains
• Franklin D. Roosevelt et les droits civiques
• Histoire des Afro-Américains
• Ségrégation par les tests d'aptitude à la lecture et à l'écriture aux États-Unis
• Neuf de Little Rock
• Lynchage et loi de Lynch
• National Memorial for Peace and Justice

Liens externes
• (en-US) « Civil Rights Resource Guide » [archive], sur Bibliothèque du Congrès
• (en-US) « NAACP » [archive], sur National Association for the Advancement of Colored
People
• (en-US) « Lynching Sites Project » [archive]
• (en-US) « International Civil Rights Walk of Fame » [archive]
• (en-US) « Welcome to Blackfacts » [archive]
• (en-US) « New York Manumission Society » [archive]
• Ressource relative à la bande dessinée
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• (en) Comic Vine
• Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes
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• Dizionario di Storia [archive]
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de 1896 à 1954

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Le mouvement des droits civiques aux États-Unis («  civil rights movement ») se réfère
principalement à la lutte des Noirs américains pour l'obtention et la jouissance de leurs droits
civiques. Si on peut considérer, dans un sens large, qu'il se réfère à toute lutte pour les droits
civiques aux États-Unis, en particulier depuis la fin de la Guerre de Sécession (1861-1865) et
jusqu’à aujourd'hui, et comprenant donc l'American Indian Movement, le Chicano Movement, le
Black Panther Party, le Black feminism, le Gay Liberation Front, etc., on entend habituellement par
cette expression les luttes menées entre 1945 et 1970 afin de mettre un terme à la ségrégation
raciale, en particulier dans les États du Sud. Il s'agissait principalement d'un mouvement non violent
afin d'obtenir l'égalité de droit de tout citoyen américain, ce qui passait par l'abrogation des lois
racistes en vigueur dans les États sudistes. Cependant, certaines composantes du mouvement,
surtout après la Première Guerre mondiale, ont récusé cette méthode d'inspiration pacifiste en
appelant à l'auto-défense face à la violence des Blancs (laquelle incluait lynchages, etc.).
Symbolisé par la figure emblématique de Martin Luther King, un pasteur protestant noir et l'un des
grands fondateurs de l'usage de méthodes non violentes en politique, le mouvement des droits
civiques a eu une influence durable sur la société américaine, à la fois dans les tactiques employées
par les mouvements sociaux, la transformation durable du statut des Noirs américains, et
l'exposition au grand jour d'un racisme persistant au sein de la société, en particulier, mais pas
seulement, au Sud.
Composé d'un grand nombre de groupes divers, le mouvement était hétérogène. Au cours de la
première partie du XXe siècle, certains mouvements, tels l'Universal Negro Improvement
Association and African Communities League (UNIA) de Marcus Garvey, qui prônait le
séparatisme et le « retour aux sources », obtinrent de grand succès sans toutefois laisser d'héritage
probant. D'autres, au contraire, comme la NAACP, fondée en 1909, et qui luttait principalement sur
le terrain juridique en déposant des plaintes contre la ségrégation gouvernementale, n'ont atteint que
des résultats modestes à leurs débuts, avant d'obtenir une conquête majeure par l'arrêt rendu par la
Cour suprême en 1954 lors de Brown v. Board of Education, qui déclarait anticonstitutionnelle la
ségrégation raciale dans les écoles publiques. La complémentarité et la tension entre ces deux pôles
de la lutte pour les droits civiques, l'un insistant sur la lutte juridique et la reconnaissance par la
société WASP des droits civiques des citoyens noirs des États-Unis, l'autre mettant l'accent sur les
nécessités de s'auto-organiser et de porter la lutte dans le champ économique et culturel, a persisté
tout au long de l'existence du mouvement. La question, cruciale, de l'usage, ou non, de la non-
violence, face à la domination de la société blanche, a aussi divisé le mouvement des droits
civiques, lequel fut dès le départ soutenu par une grande partie de la communauté juive américaine
avant d'être rejointe, après-guerre, par les libéraux américains.

Aux origines de la ségrégation aux États-Unis : La


reconstruction (1865-1877)
Article détaillé : Reconstruction après la guerre de Sécession.
Après la Guerre de Sécession (1861-1865), dont l'un des enjeux fut l'abolition de l'esclavage dans
les États du Sud, le gouvernement fédéral a étendu les droits légaux des Noirs. Le Congrès vota en
1865 le treizième amendement à la Constitution, ratifié par les États, qui abolissait l'esclavage.
Celui-ci, néanmoins, n'accordait ni la citoyenneté ni, a fortiori, des droits égaux aux Afro-
Américains. Le quatorzième amendement, voté en 1868 et également ratifié, leur accorda la
citoyenneté. Les Noirs nés aux États-Unis jouissaient désormais de l'égalité devant la loi, tandis que
le quinzième amendement, en 1870, accorda le droit de vote à tous les individus de sexe masculin,
quelle que soit leur « race ». Lors de la reconstruction (1865-1877), les troupes du Nord occupèrent
le Sud et imposèrent cette nouvelle législation avec l'aide du Freedmen's Bureau (Bureau des
Hommes libres). Plusieurs Noirs affranchis occupèrent des positions plus importantes dans la
société, y compris électorales (élection de George Washington Williams en Ohio).
La reconstruction prit fin avec le compromis de 1877 entre les élites blanches du Nord et celles du
Sud. Le compromis appelait au retrait des troupes fédérales, permettant ainsi aux Blancs du Sud (en
majorité des WASPs) de réinstaurer des pratiques de discrimination raciale. En échange, ils
promettaient de soutenir Rutherford B. Hayes, candidat des États du Nord, à la présidence, contre
son adversaire Samuel Jones Tilden. Nombre de Noirs du Sud ont répondu à ce nouvel état des
choses en quittant massivement le Sud, dans ce qui a été appelé l'Exode du Kansas de 1879.
Les Républicains radicaux, qui avaient été responsables de la reconstruction, ont tenté d'éliminer, au
moyen du droit, les discriminations raciales publiques et privées. Mais la Cour Suprême mit un
terme à ces initiatives, en jugeant lors des Civil Rights Cases (Cas sur les Droits Civiques), en 1883,
que le 14e amendement n'autorisait pas le Congrès à mettre hors-la-loi la discrimination raciale
opérée par des individus ou des entreprises privées.

Ségrégation raciale
Article détaillé : Ségrégation raciale aux États-Unis.

Un Noir boit à un distributeur d'eau réservé aux « gens de couleur » à un terminal de tramway en
1939, à Oklahoma City.

Au quotidien
La décision de la Cour suprême lors de l'arrêt Plessy v. Ferguson, en 1896, officialisa la ségrégation
raciale, par le gouvernement, dans les transports publics. À cette fin, elle élabora la doctrine
« separate but equal » (séparés mais égaux) afin de se plier à la Clause de protection égale (« Equal
Protection Clause ») prévue par le Quatorzième amendement. Bien que la Cour suprême ait
auparavant cassé des statuts discriminatoires de certains États, excluant les Noirs des jurys
populaires, ou se prononçant systématiquement en faveur de leur affranchissement de leur statut
d'esclaves, et qu'elle continue à le faire dans les années suivant Plessy v. Ferguson, elle se
prononçait néanmoins en faveur de la ségrégation dans pratiquement toutes les autres sphères
publiques ou privées. Elle légalisa ainsi la ségrégation scolaire en 1908 (arrêt Berea College v.
Kentucky (en)). Beaucoup d'États, en particulier au Sud, considèrent ces jugements comme
appuyant, de fait, l'ensemble des lois Jim Crow mis en place au lendemain de la Reconstruction.
D'esclaves, les Noirs américains étaient devenus des citoyens de seconde zone, qui ne pouvaient pas
aller aux mêmes écoles que les Blancs, prendre le bus avec eux, ou boire dans la même fontaine.
Dans beaucoup de villes, ils ne pouvaient pas partager un taxi avec des Blancs, ou entrer dans un
bâtiment par la même porte que les Blancs. Ils étaient enterrés dans des cimetières distincts, et ne
pouvaient pas jurer sur la même Bible. Ils étaient aussi exclus des restaurants, des bibliothèques, des
jardins publics (où l'on pouvait lire des signes tels que « Negroes and dogs not allowed », « les
Nègres et les chiens ne sont pas admis »). Les Noirs devaient systématiquement s'effacer devant les
Blancs, en laissant le passage dans la rue, tandis que sous aucun cas un homme noir ne pouvait
regarder dans les yeux une femme blanche. On les appelait « Tom » ou « Jane », mais jamais
Monsieur, Madame ou Mademoiselle.
Bien que la Cour suprême ait déclaré anti-constitutionnelle le fait de priver de droits civiques les
Noirs, ceux-ci étaient de fait privés du droit de vote, à l'aide de « primaires blanches », d'un système
de cens électoral, d'examens d'alphabétisation, de punitions économiques, de manipulations
électorales de toutes sortes, et enfin d'une utilisation ciblée de la violence afin de les décourager de
s'enregistrer sur les listes électorales.

Droit pénal et lynchages

Carte postale représentant le lynchage de Lige Daniels, 16 ans, à Center au Texas, le 3 août 1920.
Malgré l'arrêt de la Cour suprême dans Strauder v. West Virginia de 1880, qui interdisait l'exclusion
des Noirs américains des jurys populaires, ceux-ci étaient systématiquement écartés de ces
fonctions. Ils étaient par conséquent laissés à la merci du système judiciaire blanc. Dans certains
États, tel l'Alabama, l'État utilisait le système pénal afin de rétablir une sorte de servage, en
condamnant les hommes noirs à des années d'emprisonnement, durant lesquels ils travaillaient
gratuitement pour des employeurs privés tels que la Tennessee Coal, Iron and Railroad
Company (en), une filiale de la U.S. Steel, qui payait l'État en échange de leur travail forcé.
Les punitions imposées hors du système judiciaire étaient encore plus brutales. Des milliers de
Noirs ont été victimes du lynchage par des Blancs s'autoproclamant « justiciers », parfois avec l'aide
explicite de responsables officiels, dans les États du Sud et au-delà. Ces lynchages se transformaient
parfois en véritables pogroms, ainsi lors des émeutes raciales d'Elaine en 1919 ou des émeutes
raciales de Tulsa en 1921. Les coupables de telles exactions se sentaient à ce point à l'abri de toute
poursuite judiciaire qu'ils prenaient souvent des photographies de leurs victimes, et en faisaient des
cartes postales.
Le Ku Klux Klan, qui avait à peu près disparu après une apparition brève mais brutale au début de
la Reconstruction, se reforma en 1915, en partie sous l'influence du film de D. W. Griffith,
Naissance d'une nation (Birth of a Nation), qui exaltait le premier Klan. Ils combinaient la
rhétorique raciste à la xénophobie envers les immigrants, l'antisémitisme, l'anti-Catholicisme et
l'anti-syndicalisme. À ces discours violents, ils ont ajouté l'usage systématique du lynchage et de
mises en scène spectaculaires (croix incendiées dans les quartiers noirs, etc.) visant à instaurer un
véritable climat de terreur sur la population noire. Le lynchage de Thomas Shipp et d'Abram Smith,
en 1930 dans l'Indiana, inspira la chanson Strange Fruit composée par Abel Meeropol (sous
pseudonyme), un artiste et sympathisant communiste qui adopta les enfants des époux Rosenberg
après leur exécution en 1953. Reprise par l'Afro-américaine Billie Holiday en 1939 à New York, la
chanson, qui constituait un réquisitoire émouvant contre les multiples cas de lynchage dans le Sud,
devint un hit populaire pendant la Seconde Guerre mondiale. Toujours dans les années 1930, le New
Dance Group se bat contre la ségrégation et dénonce le lynchage des Noirs dans le Sud1.
Ségrégation économique
Outre priver les Noirs de tout droit civique et de toute possible participation à l'espace public, la
société WASP maintenait aussi les Noirs dans une position subalterne au niveau économique. Les
fermiers Noirs étaient souvent liés aux propriétaires terriens, souvent cantonnés au statut de
tenanciers. Dans le secteur secondaire, les employeurs et les syndicats leur réservaient les tâches les
plus pénibles et les moins bien payées. Des fonctions modestes, tels que travailler chez la
compagnie de wagons-lits Pullman Porter ou être portier d'hôtel, devinrent des positions enviables
aux yeux de la majorité des Noirs, car ils offraient une relative stabilité de l'emploi et un salaire
correct. Les lois Jim Crow excluaient les Noirs de nombreux secteurs de la vie économique, menant
à la création d'un véritable « marché noir » au sens littéral du terme : une presse noire surgit au
Nord, tandis que les propriétaires noirs de compagnies d'assurances pour Noirs, ou de services de
croque-mort pour Noirs, devinrent de véritables notables au sein de la société noire.

Églises noires
De même, la vie religieuse s'organisa selon ces nouvelles données ségrégatives. Le rôle des Églises
afro-américaines allait bien au-delà du simple culte religieux : ils servaient aussi comme lieu de
rassemblement communautaire, de coopératives économiques, et de tribunaux populaires afin de
régler les conflits de manière autonome. La plupart des Églises noires, néanmoins, refusait de
confronter directement la domination blanche, et s'abstenait officiellement de toute politique. De
nouveaux mouvements religieux, tels que la « Holiness tradition », ou le mouvement pentecôtisme
qui se scinda selon les nouvelles divisions de couleur, renforcèrent l'apolitisme et le quiétisme de la
plupart des Noirs pratiquants.

Entités du mouvement pour les droits civiques


Mouvement Niagara et fondation de la NAACP

Quatre des principaux dirigeants de la NAACP (de gauche à droite), Henry L. Moon, Roy Wilkins,
Herbert Hill et Thurgood Marshall, tiennent un poster dénonçant la politique raciste en vigueur au
Mississippi : « Stamp out Mississipp-ism! » (approximativement « Éteignons le
Mississippisme ! »). Thurgood Marshall sera le premier Noir à siéger à la Cour suprême, de 1967 à
1991.
Au tournant du siècle, on considérait, en particulier au sein de la société blanche, Booker T.
Washington comme le principal porte-parole des Noirs américains. Directeur du Tuskegee Institute,
Booker Washington prêchait un message d'autonomie, encourageant les Noirs à améliorer leurs
conditions économiques plutôt qu'à lutter pour l'égalité sociale. Ils devaient, selon lui, d'abord
« prouver » qu'ils « méritaient » celle-ci. Son autobiographie, Up from Slavery, témoigne de cette
position. Booker T. Washington acceptait publiquement les lois Jim Crow et le maintien, à court
terme, de la ségrégation raciale. En privé, il soutenait financièrement les plaintes déposées en
justice contre ces lois.
Mais la position de B. Washington ne faisait pas consensus. W. E. B. Du Bois et d'autres se sont
opposés à ses thèses modérées. L'un de ses proches associés, Monroe Trotter, fut arrêté par la police
après avoir osé défier verbalement Washington lors d'un discours public à Boston en 1905. La
même année, Trotter et Du Bois inaugurèrent le Niagara Movement, une organisation de militants
dans la ville canadienne de Niagara Falls. La réunion conclut sur la rédaction d'un manifeste
appelant au suffrage universel masculin, à l'élimination de toute forme de ségrégation raciale et à
l'extension de l'instruction publique à tous, de manière non discriminatoire (et non pas, comme le
voulait Washington, en fonction de la « vocation » ou du « mérite » individuel).
Du Bois rejoint d'autres dirigeants noirs, et des militants juifs, tels que Henry Moskowitz, Julius
Rosenthal, Lillian Wald, Rabbi Emil Gustav Hirsch puis Stephen Wise pour créer en 1909 la
National Association for the Advancement of Colored People (NAACP). Il devient alors le
rédacteur en chef du magazine de la NAACP, The Crisis. La nouvelle association se concentra au
début sur la lutte sur le terrain judiciaire contre les lois Jim Crow. Elle s'opposa avec succès à une
ordonnance de Louisville, qui ordonnait la ségrégation résidentielle (Buchanan v. Warley en 1917),
ainsi qu'à la « clause du grand-père » en Oklahoma et au Massachusetts qui excluait du droit de vote
tous les individus dont le père ou le grand-père n'étaient pas autorisés à voter au 1er janvier 1867
(Guinn v. United States)2. En outre, la NAACP menait des activités de lobbying contre
l'introduction, par le président Wilson, de la ségrégation raciale chez les fonctionnaires fédéraux (en
1913), et afin que les Noirs puissent atteindre les fonctions d'officiers dans l'armée lors de la
Première Guerre mondiale. Elle organisa une protestation à l'échelle nationale contre la projection
du film raciste de D. W. Griffith, Naissance d'une nation (Birth of a Nation), en 1915.

« New Negro »
La Première Guerre mondiale bouleversa l'expérience des Noirs américains, dont beaucoup avait
combattu en Europe au nom de la démocratie. Ils y rencontrèrent d'autres habitudes concernant les
différences de couleur, ce qui renforça leurs revendications égalitaires lors du retour au pays. Aux
États-Unis, les vétérans noirs n'ont pourtant pas été bien accueillis. Certains étaient attaqués pour le
simple fait d'oser porter leurs uniformes. Cette nouvelle expérience conduit à une nouvelle
génération de militants, bien plus combative que la précédente, et qui revendiquait l'auto-défense
face à la violence des Blancs. En 1917, Asa Philip Randolph introduit le terme de « New Negro »
(« Nouveau Nègre ») pour décrire cette expérience existentielle et politique, qui devient un lieu
commun pour décrire le nouvel esprit de militantisme et l'impatience d'obtenir l'égalité des droits.
L'African Blood Brotherhood (Confrérie de Sang Africain) s'organisa autour d'un grand nombre
d'émigrés Jamaïcains dans les années 1920. Ce groupe socialiste revendiquait l'auto-détermination
des Noirs américains, en s'appuyant sur le programme des Quatorze points du président Wilson et
son appel au respect du « droit des peuples ». Inspiré en outre par la Révolution russe, beaucoup de
leaders de l'African Blood Brotherhood ont rejoint par la suite le Parti communiste des États-Unis
d'Amérique.
De plus, un grand nombre de Noirs avait quitté les États du Sud pendant la guerre. L'effort
industriel de guerre nécessaire à la nouvelle « économie de guerre », et le manque de main-d'œuvre
dans les industries d'armement, leur offrait en effet des opportunités d'emploi stables, tandis que la
crise économique qui toucha l'économie agraire du Sud dans les années 1920 acheva de les pousser
à l' « exode ». En expansion rapide, les communautés noires du Nord étaient confrontées à des
nouveaux problèmes, parfois similaires (le racisme, la misère, la violence policière et l'hostilité
ouverte de l'administration), mais ils bénéficiaient aussi d'autres conditions politiques permettant
une bien meilleure organisation.

Marcus Garvey et la UNIA

Marcus Garvey en 1924


Articles détaillés : Universal Negro Improvement Association et Marcus Garvey.
Au Nord, l'Universal Negro Improvement Association and African Communities League (UNIA) de
Marcus Garvey prit une part importante dans l'organisation de ces nouvelles communautés, ainsi
que dans le mouvement internationaliste « New Negro » du début des années 1920 (les « Roaring
Twenties »). Le mouvement dirigé par Garvey s'opposait aux thèses assimilationistes soutenues par
la plupart des organisations du mouvement des droits civiques, au premier chef desquelles la
NAACP. Garvey formula au contraire un programme de « Nationalisme noir aux États-Unis »
(«  Black nationalism ») qui encourageait l'indépendance économique des Noirs au sein du système
ségrégationniste américain, la création d'une Église orthodoxe africaine, avec un Jésus noir et une
Vierge noire au lieu du Jésus blanc des Églises noires, et une campagne en faveur d'un « retour en
Afrique. » En ce sens, il peut être considéré comme l'un des fondateurs de l'Afro-Américanisme, qui
insiste sur les racines africaines des Noirs américains, descendants d'esclaves victimes de la traite
des noirs — ce point est contesté à l'intérieur du mouvement noir américain pour des raisons
variées, dont la difficulté d'un quelconque « retour... » et des possibilités de trouver des racines,
dans un peuple donné, en Afrique, en raison du métissage historique qui a eu lieu par la suite. La
popularité de Marcus Garvey devint énorme, ce dernier attirant des milliers de sympathisants, aussi
bien aux États-Unis que dans les Caraïbes. La UNIA, très bien implantée dans les communautés
noires du Nord des États-Unis, a pu revendiquer onze millions de membres.
Marcus Garvey mélangeait des thèmes hétérogènes, un appel utopique au retour aux sources, la
construction d'une identité Afro-américaine, et le constat réaliste de l'existence, de fait, de la
ségrégation raciale, qui l'a conduit au séparatisme. Il mélangeait des éléments du discours de
Booker Washington, en faveur de l'autonomie et de l'acception de la situation de fait, avec les
«  gospel of success  » (« gospels du succès ») si populaire dans l'Amérique blanche des années
1920, sans oublier une composante anti-colonialiste et l'abandon de tout espoir en de possibles
réformes de la société blanche américaine. Son mouvement attira au début beaucoup de radicaux
nés à l'étranger, souvent associés aux socialistes et à l'African Blood Brotherhood. Mais beaucoup
d'entre eux ont été exclus ou simplement éloignés du mouvement lorsque Garvey les soupçonna de
vouloir en prendre le contrôle.
Le mouvement s'effondra finalement aussi vite qu'il s'était crée. En 1922, le gouvernement fédéral
réussi à faire condamner Garvey pour fraude postale liée à la gestion financière de la « Black Star
Line ». Sa sentence fut modifiée, et Garvey a finalement été déporté en Jamaïque, d'où il était
originaire, en 1927. Bien que son mouvement n'ait pas survécu à son éloignement, il inspirera
d'autres mouvements similaires, prônant l'autonomie et le séparatisme, parmi lesquels Father Divine
et la Nation of Islam, fondée en 1930 par Wallace Fard Muhammad. Ce dernier aurait été un
membre du Moorish Science Temple of America, une secte musulmane, créée en 1913, qui
attribuait des origines maures aux Noirs américains, et l'une des premières organisations des Black
Muslims.

Scottsboro Boys
Avec le Parti communiste des États-Unis d'Amérique, la NAACP organisa la campagne de soutien
aux « Scottsboro Boys », neuf Noirs arrêtés en 1931 après une bagarre dans un train, avec des
Blancs. Accusés d'avoir violé deux femmes blanches habillées en hommes, les neuf avaient par la
suite été condamnés à mort. La NAACP et le Parti communiste se sont opposés au nom de la
stratégie de défense à adopter. Celle du Parti communiste à travers la League of Struggle for Negro
Rights et de l'International Labor Defense prévalut. La campagne judiciaire menée par l'IDL aboutit
à deux décisions majeures de la Cour suprême étendant le droit à la défense des accusés. Aucun des
neuf ne fut finalement condamné à mort, et la plupart réussirent même à être acquittés.
La défense des Boys de Scottsboro n'était qu'un des cas parmi ceux que l'ILD défendait dans le Sud.
Jusqu'au milieu des années 1930, l'ILD était le défenseur le plus énergique des droits des Noirs
appelés à comparaître devant un tribunal, et l'organisation liée à un parti la plus populaire parmi les
Noirs américains. Ses campagnes en faveur des droits de la défense des citoyens noirs fit beaucoup
pour attirer l'attention de l'opinion publique sur les conditions extrêmes auxquelles devaient se
confronter la population noire dans le système judiciaire en vigueur dans les États sudistes.

NAACP
Article détaillé : NAACP.
La NAACP se concentra principalement, entre les deux guerres, à lutter contre le lynchage des
Noirs. Elle envoya en octobre 1919 Walter White, qui devint plus tard son secrétaire général, au
Comté de Phillips, en Arkansas, afin d'enquêter sur les émeutes d'Elaine. Après qu'une attaque d'un
shérif député contre une réunion syndicale de manœuvres agricoles se solda par la mort d'un Blanc,
des troupes fédérales et des maraudeurs blancs massacrèrent plus de 200 tenanciers noirs. La
NAACP organisa alors l'appel pour les douze hommes condamnés à mort un mois plus tard, sur la
base de témoignages obtenus sous les coups et l'usage de décharges électriques. L'appel se
prolongea à la Cour suprême dans le cas Moore v. Dempsey (1923), qui aboutit à l'extension
conséquente de la surveillance des tribunaux fédéraux sur les systèmes judiciaires propres à chaque
État. De plus, la NAACP essaya aussi pendant plus d'une décennie d'obtenir une législation fédérale
interdisant les lynchages. À chaque nouveau crime haineux, elle accrochait, à la fenêtre de ses
bureaux de New York, un drapeau noir où l'on pouvait lire « A Man Was Lynched Yesterday » (« Un
homme a été lynché hier »).
S'alliant avec la Fédération américaine du travail (AFL), la NAACP réussi à empêcher la
nomination de John J. Parker à la Cour suprême. Ce dernier était opposé à la fois au droit de vote
des Noirs et au mouvement ouvrier. Cette victoire démontra à la fois les possibilités de mobilisation
de la NAACP et un premier pas vers la construction d'alliances avec le mouvement ouvrier.
Les vétérans revenant de la Seconde Guerre mondiale, qui avaient lutté contre la barbarie nazie au
nom de la liberté, revinrent, comme après la Première guerre, renforcés dans leurs convictions de
mener une lutte légitime et nécessaire au nom de l'égalité des droits. Un vétéran déclarait: « J'ai
passé quatre ans dans l'armée pour libérer un tas de Hollandais et de Français, et je vais me faire
pendre si je laisse la version alabamienne [the Alabama version] des Allemands me mettre des
coups de pied au cul [kick me around] quand je rentre à la maison. Non monsieur! Je suis entré dans
l'armée comme nègre; j'en sortirai un homme. »3
Le nombre d'adhérents de la NAACP décupla pendant ces années de guerre : de 50 000 en 1940,
elle en revendiquait 450 000 en 19464.
La nouvelle section juridique de la NAACP, dirigée par Charles Hamilton Houston et Thurgood
Marshall, entama une campagne qui dura plusieurs décennies afin d'obtenir l'annulation, par la Cour
suprême, de la doctrine « séparés mais égaux », énoncée en 1896 lors de Plessy v. Ferguson et qui
légalisa la ségrégation raciale, estimée conforme à la Constitution des États-Unis et à la déclaration
faite par les Pères fondateurs dans la Déclaration d'Indépendance de 1776 selon laquelle « tous les
hommes naissent libres et égaux en droit. » Si le régime d'apartheid en Afrique du Sud reconnaissait
officiellement mener une politique raciste, en déniant aux Noirs le statut de citoyens, en les
cantonnant dans des bantoustans, en affirmant explicitement dans la loi de 1953 (Reservation of
Separate Amenities Act) que les Noirs n'avaient pas à jouir d'égalité de traitement, la Cour suprême
américaine avait en effet prétendu que la ségrégation raciale imposée par les États du Sud après la
Reconstruction ne mettait en jeu ni le statut de citoyens reconnu aux Noirs depuis la fin de la guerre
de Sécession, ni leur égalité formelle. Ainsi se justifiait la doctrine « séparés mais égaux », au nom
d'un séparatisme strict entre la société noire et la société blanche, fondement de la ségrégation
raciale dans tous les domaines. Aussi, la lutte pour les droits civiques a été en grande partie une lutte
pour faire respecter un statut de citoyen en théorie reconnu, mais dénié dans la pratique, à tel point
que le droit de vote était légalement contourné par des dispositions abusives (impôt censitaire, etc.)
tandis que la ségrégation raciale conduisait à une inégalité flagrante entre Noirs et Blancs,
contredisant la prétendue égalité proclamée pour tout citoyen dans la Déclaration d'indépendance
(les Noirs ne devenant citoyens américains qu'après la guerre de Sécession — les Amérindiens eux-
mêmes n'obtinrent le droit de citoyenneté qu'avec l'Indian Citizenship Act de 1924 — Loi de
citoyenneté des Indiens). Dès lors, l'objectif de la NAACP était de démontrer que la ségrégation
raciale contredisait le statut de citoyen accordé aux Noirs nés en Amérique et par conséquent la
Clause de l'égalité des droits (Equal Protection Clause) inscrite dans le Quatorzième amendement.
Pour cela, au lieu d'en appeler au pouvoir législatif ou exécutif, la NAACP misa tous ses efforts sur
le pouvoir judiciaire, estimant que le Congrès était dominé par les ségrégationnistes du Sud, tandis
que la présidence ne pouvait se permettre de perdre les voix du Sud4. La première plainte déposée
par la NAACP n'attaquait pas le principe « separate but equal » directement, mais essayait plutôt de
montrer que les installations ségrégationnistes n'étaient pas, de fait, égales.
Ces modestes débuts ont permis de dévoiler la nature arbitraire des distinctions tracées par les États
afin de préserver la ségrégation, et l'impact humiliant de celle-ci. La décision historique de la Cour,
dans Brown v. Board of Education en 1954, qui jugea anticonstitutionnelle la ségrégation dans les
écoles primaires, n'était en fait que le premier pas dans le démantèlement de la ségrégation dans le
Sud, mais un pas décisif dans la mesure où cela rendait la discrimination raciale appuyée par l'État
complètement illégitime.
Avant Brown, Marshall avait essayé de plaider l'anti-constitutionnalité de la ségrégation raciale
dans Briggs v. Elliot et quelques autres plaintes. Le cas de Brown fut préparé : la section locale de
la NAACP jugea qu'Oliver Brown, assistant pasteur et père de trois filles à Topeka, faisait un
candidat idéal. On lui demanda d'inscrire ses filles à l'école blanche de la région, avant de déposer
plainte après le refus prévisible. Plus tard, cette plainte et quelques autres arrivèrent jusqu’à la Cour
suprême, où elles furent groupées sous le nom de « Brown ». Son nom fut apparemment choisi car,
le Kansas n'ayant pas fait partie des États confédérés, on estimait ainsi que cela ne cantonnerait pas
la question à un problème purement sudiste4.
Au sein de la NAACP, certains craignaient que le juge sudiste et président de la cour, Fred M.
Vinson, se déclarerait immanquablement contre toute tentative d'inverser la jurisprudence Plessy v.
Ferguson, réduisant ainsi à néant leur tentative. Ils pensaient ainsi que l'enthousiasme de Marshall
risquait d'aboutir à reconduire cette jurisprudence pour au moins encore une décennie. Ainsi, un des
avocats de la NAACP pensait qu'il valait mieux atteindre le départ à la retraite, ou le décès, de
Vinson (les juges à la Cour suprême étant nommés à vie). La Cour écouta d'abord la plainte en
décembre 1952, sans aboutir à quelque décision que ce soit. Exceptionnellement, la Cour accorda
un an aux avocats pour faire des recherches à propos des intentions des auteurs de la Clause de
protection égale incluse dans le 14e Amendement. Coup de théâtre, en septembre 1953 Vinson était
victime d'une attaque cardiaque, poussant le juge Felix Frankfurter à déclarer : « C'est la première
indication que j'ai jamais vu qu'il y a un Dieu. »5 Vinson fut remplacé par Earl Warren, connu pour
ses vues timides au sujet des droits civiques6.
Après avoir réentendu les parties civiles en décembre, Warren s'efforça de convaincre ses collègues
d'aboutir à une décision unanime renversant l'arrêt Plessy v. Ferguson de 1896. Cinq des huit juges
l'appuyaient, deux s'étaient laissé persuader par Warren que la décision n'affecterait pas
véritablement la question de la légalité de Plessy, se concentrant plutôt sur le principe d'égalité. Le
dernier, Stanley Reed, se laissa convaincre après qu'on lui suggéra qu'exprimer, seul, en tant
qu'homme du sud, un avis minoritaire (dissentiment ; la Cour suprême rédigeant, en cas de
désaccord, l'avis de la majorité, et l'avis de la minorité), pouvait être plus dangereux et incendiaire
qu'une décision unanime. En mai 1954, Warren rédigea l'avis unanime de la Cour, selon laquelle
« la ségrégation des enfants dans les écoles publiques uniquement sur le fondement de la race »
privait « les enfants du groupe minoritaire de l'égalité des chances scolaires. »
La décision, néanmoins, fut loin d'être facilement acceptée dans les États sudistes. Thomas B.
Stanley, gouverneur de Virginie, déclara ainsi qu'il « utiliserait tous les moyens légaux possibles
pour maintenir les écoles ségrégées en Virginie. » Un sondage suggéra que 13 % des policiers de
Floride seraient prêts à faire appliquer la décision de la Cour suprême, tandis que plusieurs
membres du Congrès, élus au Sud, signèrent « le Manifeste sudiste » (The Southern Manifesto)
promettant de résister à la décision à l'aide de « moyens légaux ». Cheryl Brown réussit néanmoins
à entrer en 1st grade (CP) dans une école publique blanche, première étape du « mouvement pour
les droits civiques. »7
Positions d'autres mouvements
Communauté juive américaine et mouvement des droits civiques
La majorité de la communauté juive américaine appuyait la lutte pour les droits civiques des Noirs.
Nombre de personnes du mouvement étaient d'origine juive, la plupart non-religieux, juifs libéraux
ou « juifs conservateurs » (du mouvement Massorti). De nombreux philanthropes juifs ont soutenu
financièrement la NAACP et l'ensemble du mouvement noir, ainsi que les écoles noires. L'un
d'entre eux, Julius Rosenwald, finança la création de douzaines d'écoles primaires, secondaires et
d'universités pour la jeunesse noire émancipée. Il contribua personnellement à la création de
2 000 écoles, dont l'université Howard, Dillard University et Fisk University. À un moment, 40 %
des Noirs du Sud étudiaient dans de telles écoles. L'American Jewish Committee, le American
Jewish Congress et la Anti-Defamation League appuyèrent activement le mouvement des droits
civiques.
Selon l'émission From Swastika to Jim Crow, diffusée par la PBS :
« Ainsi, dans les années 1930 et 1940, quand des professeurs juifs réfugiés
[d'Allemagne nazie] arrivaient dans des Universités noires du Sud, il y avait une histoire
d'empathie ouverte entre les Noirs et les Juifs, et la possibilité d'une collaboration
véritablement efficace. Le professeur Ernst Borinski organisait des diners durant
lesquels des Noirs et des Blancs s'asseyaient côte à côte — un acte simple mais
révolutionnaire. Des étudiants noirs sympathisaient avec la cruauté à laquelle ces
savants avaient été confrontés en Europe, et leur faisaient plus confiance qu'à n'importe
quel autre Blanc. En fait, les étudiants noirs — ainsi que d'autres membres de la société
blanche du Sud — considéraient ces réfugiés comme des sortes de personnes de
couleur8 »

Mouvement ouvrier et droits civiques


Avec quelques exceptions comme l'Industrial Workers of the World, le mouvement ouvrier
américain avait exclu les Noirs. Bien que les leaders radicaux qui avaient organisé le mouvement
lors des grèves à Chicago et à Kansas City pendant la Première Guerre mondiale, ainsi que
l'industrie de l'acier durant la grève de 1919, s'efforçaient d'y faire participer les ouvriers noirs, ils
ne parvinrent pas à convaincre le reste des ouvriers de l'importance de l'unité du mouvement. Avec
l'échec de ces deux tentatives, le mouvement ouvrier et la communauté noire sont retournés à leurs
habituelle méfiance réciproque.
Ce gouffre entre les deux mondes se combla peu à peu dans les années 1920 et 1930. Asa Philip
Randolph, depuis longtemps membre du Parti socialiste d'Amérique (Socialist Party of America),
prit la tête de la nouvelle Confrérie des Wagons-Lits Porters (Brotherhood of Sleeping Car Porters,
BSPC) à sa fondation en 1925. Randolph dut faire face non seulement à l'opposition de la firme
Pullman, mais aussi de la presse et des Églises noires, qui recevaient des fonds de la compagnie de
trains. C'est finalement en joignant son programme politique aux intérêts de la communauté
spécifiquement noire que Randolph put gagner à son côté nombre de voix dans la société noire. Le
syndicat réussi à être reconnu par Pullman en 1935, après dix ans de luttes, et obtint un contrat de
négociations avec la firme en 1937.
La BSPC de Randolph était le seul syndicat dirigé par un Noir au sein de la Fédération américaine
du travail (AFL), la confédération syndicale américaine, en 1935. Après la scission du Congrès des
organisations industrielles (CIO), Randolph décida de rester à l'intérieur de l'AFL, bien que la CIO
lui faisait des appels insistants et s'ouvrait davantage aux ouvriers noirs. Mais Randolph pensait
qu'il valait mieux, pour la cause des cheminots noirs, rester à l'intérieur de l'AFL qui regroupait les
autres syndicats de cheminots. Il devint l'avocat insistant de la cause noire au sein de l'AFL,
critiquant à chaque occasion les lois Jim Crow. D'autres membres de la BSPC, tels qu'Edgar Nixon,
ont joué par la suite des rôles cruciaux au sein du mouvement des droits civiques.
Du côté de la CIO, beaucoup d'unions, notamment les emballeurs (Packinghouse Workers), l'United
Auto Workers dans le secteur automobile, ou les Mine, Mill and Smelter Workers (métallurgistes)
firent de la lutte pour les droits civiques un élément important de leur stratégie et de leurs priorités
durant les négociations sociales. Le Transport Workers Union of America, syndicat des camionneurs
qui avait alors des liens étroits avec le Parti communiste, prit part à une coalition avec Adam
Clayton Powell Jr., la NAACP et le National Negro Congress pour attaquer la discrimination de
l'emploi dans les transports publics à New York au début des années 1940.
Durant la Seconde Guerre mondiale, la CIO éleva la voix en faveur des Noirs, s'opposant à toute
discrimination raciale dans l'industrie de l'armement. En même temps, ils devaient combattre le
racisme dans leurs propres rangs, en mettant fin à des grèves entamées par des ouvriers blancs qui
refusaient de travailler avec des collègues noirs. Bien que la plupart de ces « grèves haineuses »
furent courtes, une grève sauvage en Philadelphie, en 1944, qui commença lorsque le gouvernement
fédéral ordonna la compagnie privée de transport de mettre fin à la ségrégation raciale, dura deux
semaines. Elle ne prit fin qu'avec l'intervention armée, décidée par le président Roosevelt, qui fit
arrêter les leaders de la grève.
Randolph et la BSPC alla encore plus loin, en menaçant une marche sur Washington en 1942 si le
gouvernement ne rendait pas illégal la discrimination raciale dans l'industrie de l'armement. Il
voulait limiter la marche aux Noirs afin de conserver une direction noire au mouvement, et fut
lourdement critiqué par la gauche pour son insistance au sujet des droits pour les Noirs au beau
milieu de la guerre. Réussissant à obtenir des concessions substantielles de la part de
l'administration F. D. Roosevelt, il décida d'annuler la marche.

Références
• (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais
intitulé « African-American Civil Rights Movement (1896–1954) » (voir la liste des auteurs).
1.
• Rosita Boisseau, « Quand la danse américaine partait en guerre contre les injustices », dans
Le Monde du 15-02-2008, mis en ligne le 14-02-2008, [lire en ligne [archive]]
• Pap Ndiaye, Les Noirs américains. En marche pour l'égalité, Gallimard, Paris, 2009, p. 45.
• «  I spent four years in the Army to free a bunch of Dutchmen and Frenchmen, and I'm
hanged if I'm going to let the Alabama version of the Germans kick me around when I get
home. No sirree-bob! I went into the Army a nigger; I'm comin' out a man. »
• Ewers, Justin (March 22, 2004). « 'Separate but equal' was the law of the land, until one
decision brought it crashing down » [archive] (page 2). US News & World Report.
• «  This is the first indication I have ever had that there is a God. »
• Ewers, Justin (March 22, 2004). « 'Separate but equal' was the law of the land, until one
decision brought it crashing down » [archive] (page 3). US News & World Report.
• Ewers, Justin (March 22, 2004). « 'Separate but equal' was the law of the land, until one
decision brought it crashing down » [archive] (page 4). US News & World Report.
8. Thus, in the 1930s and '40s when Jewish refugee professors arrived at Southern Black
Colleges, there was a history of overt empathy between Blacks and Jews, and the possibility
of truly effective collaboration. Professor Ernst Borinski organized dinners at which Blacks
and Whites would have to sit next to each other - a simple yet revolutionary act. Black
students empathized with the cruelty these scholars had endured in Europe and trusted them
more than other Whites. In fact, often Black students - as well as members of the Southern
White community - saw these refugees as « some kind of colored folk. », PBS, « From
Swastika to Jim Crow »

Voir aussi
Articles connexes
• Mouvement américain des droits civiques
• Ségrégation raciale aux États-Unis
• Reconstruction (États-Unis)
• Lynchage et loi de Lynch

Bibliographie
Anglophone
• (en-US) Richard Kluger, Simple Justice: The History of Brown v. Board of Education and
Black America's Struggle for Equality, Alfred A. Knopf, 12 décembre 1975, 880 p.
(ISBN 9780394472898, lire en ligne [archive]),
• (en-US) John Egerton, Speak Now Against the Day: The Generation Before the Civil Rights
Movement in the South, University of North Carolina Press, 6 novembre 1995, 768 p.
(ISBN 9780807845578)
• (en-US) Bruce Nelson, Divided We Stand: American Workers and the Struggle for Black
Equality, Princeton University Press, 18 décembre 2000, 448 p. (ISBN 9780691017327, lire en
ligne [archive]),
• (en-US) Beth Tompkins Bates, Pullman Porters and the Rise of Protest Politics in Black
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(ISBN 9780807849293, lire en ligne [archive]),
• (en-US) Jon Meacham, Voices in Our Blood: America's Best on the Civil Rights Movement,
Random House, 1er janvier 2001, 584 p. (ISBN 9780375758812, lire en ligne [archive]),
• (en-US) Clayborne Carson, Reporting Civil Rights, Part One: American Journalism 1941-
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• (en-US) Clayborne Carson, Reporting Civil Rights, Part Two: American Journalism 1963-
1973, Library of America, 6 janvier 2003, 1066 p. (ISBN 9781931082297, lire en ligne [archive]),

Francophone
• (fr) Booker T. Washington, Up from Slavery, Ascension d'un Esclave Emancipé, Editeurs
Libres, 15 septembre 2008, 256 p. (ISBN 9782916399072),
• (fr) Doug McAdam, Freedom Summer : Luttes pour les droits civiques, Mississippi 1964,
Agone, 13 septembre 2012, 496 p. (ISBN 9782748901641),

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