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Données clés
Date 1865-1968
Les Lois ségrégationnistes des états du Sud visant à entraver l'application des droits
Cause constitutionnels des Afro-Américains garantis par plusieurs amendements au lendemain
de la Guerre de Sécession
Promulgation de différentes lois fédérales comme le Civil Rights Act de 1964, le Voting
Résultat Rights Act de 1965 et le Civil Rights Act de 1968 mettant fin à la ségrégation raciale sur
l'ensemble du territoire des États-Unis.
Chronologie
14 avril 1775 Création de la Pennsylvania Abolition Society
1787 Création de la Free African Society par Richard Allen et Absalom Jones
1833 fondation de American Anti-Slavery Society
1er janvier 1863 Proclamation d'émancipation du président Abraham Lincoln
6 décembre 1865. Treizième amendement de la Constitution des États-Unis
9 juillet 1868 Quatorzième amendement de la Constitution des États-Unis
30 mars 1870 Quinzième amendement de la Constitution des États-Unis
18 mai 1896 Arrêt Plessy v. Ferguson
11 juillet 1905 Création du Niagara Movement
1 juin 1909 Création de La National Association for the Advancement of Colored People
17 mai 1954 Arrêt Brown et al. v. Board of Education of Topeka
1955-1956 Rosa Parks et le boycott des bus de Montgomery
9 septembre 1957 Civil Rights Act
1959 Daisy Bates et les Neuf de Little Rock
28 août 1963 Martin Luther King et la Marche sur Washington pour l'emploi et la liberté
15 septembre 1963 Attentat de l'église baptiste de la 16e rue à Birmingham
2 juillet 1964 Civil Rights Act
4 août 1965 Voting Rights Act
12 juin 1967 Arrêt Loving v. Virginia
11 avril 1968 Civil Rights Act
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Le mouvement américain des droits civiques (en anglais : Civil rights movement) désigne les
diverses luttes et manifestations menées par des citoyens afro-américains et par des Blancs
américains abolitionnistes pour que les Afro-Américains puissent bénéficier comme tout autre
américain des droits civiques inscrits et garantis par la Déclaration d'Indépendance et la
Constitution des États-Unis sans limitation ou restriction que ce soit.
À partir de 1863, au lendemain de la Guerre de Sécession, les droits civiques les plus élémentaires
déniés auparavant aux Afro-Américains sont désormais garantis par plusieurs amendements de la
Constitution à savoir : le treizième amendement du 6 décembre 1865 abolissant l'esclavage, le
quatorzième amendement de 1868, accordant la citoyenneté à toute personne née ou naturalisée aux
États-Unis et interdisant toute restriction à ce droit, et le Quinzième amendement de 1870,
garantissant le droit de vote à tous les citoyens des États-Unis. Leurs applications sont entravées
dans les états du Sud, par les lois Jim Crow, et par les divers règlements légalisant différentes
formes de ségrégation raciale.
De façon générale, le mouvement vise l'abolition de toutes les formes de discrimination raciale
entravant l'exercice du droit de vote, l'accès à l'éducation, à l'emploi et au logement sur l'ensemble
des différents États constituant les États-Unis d'Amérique. Il commence au XVIIIe siècle avec la
fondation de la Pennsylvania Abolition Society et de la Free African Society et prend de l'ampleur
au tout début du XXe siècle avec la création de diverses organisations comme la National
Association for the Advancement of Colored People, la Conférence du leadership chrétien du Sud, la
Student Nonviolent Coordinating Committee, etc.
Le mouvement américain des droits civiques atteint son apogée entre les années 1954 et 1968,
aboutissant à l'adoption de différentes lois fédérales comme le Civil Rights Act de 1964, le Voting
Rights Act de 1965 et le Civil Rights Act de 1968 prohibant toutes les lois et réglementations
ségrégatives sur l'ensemble des États-Unis.
Les grandes figures de ce mouvement et de ses courants qui s'y rattachent sont Antoine Bénézet,
Richard Allen, James Forten, William Lloyd Garrison, Theodore Dwight Weld, Arthur Tappan,
Daniel Payne, Myrtilla Miner, Frederick Douglass, Booker T. Washington, W. E. B. Du Bois,
Oswald Garrison Villard, Mary White Ovington, Ida B. Wells, William Monroe Trotter, Asa Philip
Randolph, Ralph Abernathy, Martin Luther King, Daisy Bates, Rosa Parks, Malcolm X, Coretta
King, Angela Davis.
Le 6 mars 1775, la loge maçonnique no 441 de la British Army Lodge, initie quinze Afro-
Américains dont Prince Hall, qui avec ces quinze Afro-Américains, crée la première loge
maçonnique afro-américaine le 3 juillet 1775, l'African Lodge no 1, à sa mort en 1807 est créée la
Prince Hall Freemasonry (Grande Loge Prince Hall)34,35. En 1843, sur l’initiative de Peter Odgen,
un groupe d'Afro-Américains créent le Grand United Order of Odd Fellows in America, en 1845, la
franc-maçonnerie du Maryland ouvre ses portes aux Afro-Américains par la création de la première
loge régulière pour « personnes de couleur ». Ces sociétés fraternelles deviennent, entre autres, des
lieux de réflexion pour l'émancipation des Afro-Américains. Les églises et plus particulièrement
l'Église épiscopale méthodiste africaine de Sion (AMEZ)36 et l'Église épiscopale méthodiste
africaine (AME) avec l'édition du magazine hebdomadaire The Christian Herald, sont d'autres lieux
d'information et réflexion sur la condition des Afro-Américains et d'appels à la solidarité. Les
églises baptistes se développent aussi, mais en raison de leur autonomie locale, elles auront moins
de poids que l'AME ou l'AMEZ37.
Une élite naissante
Myrtilla Miner créatrice de la première école normale pour jeunes femmes afro-américaines
Dès 1826, des Afro-Américains, comme John Brown Russwurm ou Edward Jones (en),
commencent à être diplômés d'établissements universitaires tels que l'Oberlin College, le Amherst
College, le Bowdouin College ou la faculté de médecine de Harvard. En 1851, une Blanche de New
York, Myrtilla Miner38 crée à Washington le premier établissement d'enseignement supérieur à
destination de jeunes femmes afro-américaines afin de les former au métier d'institutrice, la Normal
School for Colored Girls39,40,41.
L'évêque de l'Église épiscopale méthodiste africaine Daniel Payne fonde l'université de Wilberforce
dans l'Ohio en 1856, il est le premier président afro-américain d'une université, poste qu'il tiendra
jusqu'en 187642.
Le fossé entre les Afro-Américains du Nord et ceux du Sud se creuse. Certes les Afro-américains du
Nord subissent également le racisme, mais ils sont protégés par des lois, ils peuvent tenir des
rassemblements, des conventions, s'organiser, avoir leur presse, constituer leurs premières élites
intellectuelles, artistiques, commerciales, industrielles, alors que dans le Sud, les Afro-américains,
mêmes libres, sont marginalisés, soumis à l'arbitraire de règlements locaux, subissant une
multiplicité d'interdits dont les premiers sont ceux de la libre expression, du droit de se réunir, de
s'instruire et de se déplacer librement43.
Frederick Douglass
La Guerre de sécession
Les hésitations
Abraham Lincoln.
William Wells Brown
Dans un premier temps, bien que le président Lincoln soit viscéralement anti-esclavagiste, en
revanche en tant que président il doit faire face aux contraintes politiques dans un contexte de
guerre civile à l'issue incertaine. Dans un premier temps il mène une politique d'émancipation
progressive basée sur le volontariat avec des compensations financières pour ménager les états
esclavagistes fidèles à l'Union : le Missouri, le Kentucky, le Maryland et le Delaware. Il lui faut
également maintenir sa majorité composée de Républicains et de Démocrates, si globalement les
Républicains sont anti-esclavagistes, en revanche, les Démocrates du nord sont divisés sur la
question comme l'ont montré l'élection présidentielle de 1860. Aussi il propose un compromis en
proposant une émancipation progressive pour les états esclavagistes avec un versement de
compensation pour les propriétaires. Pour cela il fait sa proposition auprès d'élus du Missouri, du
Kentucky , du Maryland et du Delaware, ils répondent par une fin de non recevoir et de l'autre côté
la proposition déclenche une colère des élus républicains abolitionnistes. Ne trouvant pas de
consensus, Lincoln va trancher, le 18 juin 1862, il signe une déclaration abolissant l'esclavage sur
les territoires, le 17 juillet 1862, il signe une déclaration qui devient une loi affranchissant tout
esclave fugitif. Puis avec son secrétaire d'État William Henry Seward et son secrétaire au Trésor
Salmon P. Chase il étudie le contenu d'une proclamation abolissant l'esclavage sur l'ensemble des
États-Unis qui soit prête pour janvier 1863. Les divers succès militaires contre les armées
confédérées lèvent tout obstacle. Le 31 décembre 1862, se tient au Tremont Temple (en) de Boston,
une assemblée représentative d'abolitionnistes blancs comme afro-américains, y sont présents parmi
d'autres : Frederick Douglass, William Lloyd Garrison, Harriet Beecher Stowe, William Wells
Brown, Charles Bennett Ray (en), tous sont au courant du contenu et de la date de la proclamation
présidentielle et prient pour son succès. Le 1er janvier 1863, Abraham Lincoln signe la
Proclamation d'émancipation. Si cette proclamation est une avancée certaine, elle mécontente des
élus abolitionnistes car elle ne prévoit pas l'accès à la citoyenneté américaine pour les affranchis. La
proclamation déclenche un séisme dans les états du Sud, les esclaves fuient par dizaines de milliers,
privant l'économie du sud d'une force de travail majeure110. Au fur et à mesure que les lignes
avancent dans les états du Sud, les esclaves s'enfuient des plantations et de leurs divers lieux de
travail. Divers propriétaires d'esclaves se plaignent des actes de désertion ou d'insubordination et
craignant des actes de représailles, beaucoup renonce à sanctionner ces actes. Dans certains
endroits, les propriétaires rejoignent les troupes de l'Union pour demander leur protection, tellement
ils craignent des insurrections vengeresses sanglantes. Au contraire dans l’Alabama ou la Géorgie
des Afro-Américains sont pendus par mesure de prévention de risque d'insurrection. Or les cas
d'insurrection furent marginaux, les Afro-Américains étant surtout désireux de garantir leur avenir
de personnes libres.
En 1863, l'armée des États confédérés manquant de main d"œuvre pour sa logistique fait passer une
loi pour embrigader de forces 20 000 esclaves, embrigadement qui fut un échec car il s'est opposé
aux propriétaires qui n'appréciaient guère d'être privés de leurs travailleurs et par les esclaves qui se
sont montrés récalcitrants vis à vis d'impératifs de travail plus durs que la vie sur les plantations. le
seul succès fut l'embauche de cuisiniers afro-américains à qui il était versé une solde de 15 $ par
mois ainsi que la vêture. D'autres Afro-Américains ont servi dans l'armée des États confédérés en
tant qu'aide-soignants, cocher d'ambulance, mécaniciens. de nombreux travaux de fortifications
furent également réalisés par les esclaves embrigadés, mais dès qu'ils apercevaient les troupes
nordistes, ils désertaient111.
Rappel
Lors de l'élaboration de la Constitution américaine ce sont les propriétaires des états du Sud qui sont
prospères grâce, entre autres, à leur production cotonnière et qui ont pu imposer leur droit à
posséder des esclaves contre l'avis de Pères de la Nation comme Benjamin Franklin. Mais depuis, le
Nord s'est industrialisé et s'est enrichi face à un Sud basé sur une économie agrarienne et
latifundiaire, économie menacée par les productions cotonnières du Mexique123,124,125,126. Face
à un Sud conservateur sur le déclin, de plus en plus d'Américains considèrent l'esclavage comme
inhumain et surtout incompatible avec les concepts de liberté publique et de liberté individuelle.
Cette contradiction entre les valeurs américaines et l'esclavage est souligné par le compagnon de
route d'Alexis de Tocqueville lors de son voyage aux États-Unis, Gustave de Beaumont, qui dans
son roman Marie ou l'esclavage aux États-Unis, tableau de mœurs américaines édité en 1840
souligne la contradiction entre un pays qui se revendique comme étant le modèle de la Démocratie
et un pays où l'esclavage massif existe, où les esclaves sont privés de toutes les libertés et droits
politiques, civils, naturels127. La puissance des états du Nord abolitionnistes fait redouter que ceux-
ci utilisent le pouvoir fédéral pour imposer son contrôle sur les états du Sud esclavagistes. La
question de l'esclavage se redouble d'une question de droits des états vis à vis du Congrès de
Washington.Le conflit politique et juridique sur l'esclavage s'intensifie jusqu'au milieu du
XIXe siècle, les pamphlets se multiplient et les sudistes ont bien du mal à justifier l'esclavage, la
tension trouve son dénouement avec la guerre de sécession.
L'ère de la reconstruction
Le XIVe amendement
Ces Black Codes ne sont qu'une adaptation des anciens Slaves Codes, les Républicains y voient un
retour sournois à la situation d'avant la Guerre de sécession. De plus le XIIIe amendement n'avait
pas aboli l'arrêt de la Cour suprême concernant l'affaire Scott v. Sandford qui avait jugé qu'un Afro-
Américain dont les ancêtres ont été amenés aux États-Unis et vendus comme esclaves, qu'il soit
réduit en esclavage ou libre, ne pouvait être un citoyen américain et ne pouvait pas exercer une
action en justice devant les tribunaux fédéraux, et que le gouvernement fédéral n'avait pas le
pouvoir de réglementer l'esclavage dans les territoires fédéraux acquis après la création des États-
Unis145,146,147. Pour l'abolir et permettre l'accès des Afro-Américains à la citoyenneté
américaine, le sénateur de l'Illinois Lyman Trumbull présente le Civil Rights Act de 1866 qui définit
la citoyenneté américaine avec les droits civiques qui y sont attachés, incluant les Afro-Américains
émancipés par le XIIIe amendement et garantissant l’égalité des droits civiques pour tous. Il est
adopté par le Congrès le 9 avril 1866148,149,150,151. C'est la première étape qui va conduire à
l'adoption du Quatorzième amendement qui donnera l'égalité des droits civiques aux Afro-
Américains et plus généralement à toute personne née ou naturalisée aux États-Unis et interdisant
toute restriction à ce droit. Le représentant de l'Ohio, John Bingham dépose le projet d’amendement
au mois de mars 1866152,153, il est principalement soutenu par Thaddeus Stevens et Charles
Sumner, le XIVe amendement est adopté par le Congrès le 18 juin 1866 puis ratifié le 9 juillet 1868.
Et pour éviter que les esclavagistes puissent revenir au pouvoir le XIVe amendement interdit aux
anciens élus et militaires qui ont soutenu la Confédération de se présenter au Sénat ou à la Chambre
des représentants ou à toute charge fédérale. Cet amendement est jugé imparfait par les républicains
les plus engagés dans la cause abolitionniste car il laisse de côté le droit de vote des Afro-
Américains qui fera l'objet du XVe amendement154,155,156.
Le XVe amendement
Ulysses S. Grant.
Cet amendement va s'imposer avec l'émergence du Ku Klux Klan157,158,159 qui sous la direction
de Nathan Bedford Forrest,ex-général de cavalerie de l'armée confédérée et ancien marchand
d'esclaves, va mener des actions terroristes contre les Afro-Américains et les Blancs qui les
soutiennent de 1867 à 1871. Forrest sillonne les états du Sud pour y tenir des réunions et saboter les
réunions électorales des Républicains. Chacune de ses apparitions est suivie d'une vague de
violences contre les Afro-Américains. Les membres du KKK font irruption dans leurs maisons pour
les fouetter ou les assassiner en les pendant aux arbres ou les brûlant vifs dans des cages. Certaines
femmes enceintes sont éventrées et des hommes castrés. Les Blancs du Bureau des réfugiés qui
instruisent les Afro-Américains sont également visés par le Ku Klux Klan ainsi que les
carpetbaggers. On estime que lors de cette campagne présidentielle, le KKK a assassiné ou blessé
plus de 2 000 personnes rien qu'en Louisiane. Au Tennessee, de juin à octobre 1867, il est fait part
de vingt-cinq meurtres, de quatre viols et de quatre incendies. Sous la pression de la terreur, les
comtés de Giles et de Maury se sont vidés de leurs habitants afro-américains et blancs loyaux au
gouvernement fédéral. Ces opérations terroristes ont un but empêcher les Afro-Américains et les
Blancs loyalistes de pouvoir voter ni même de s'inscrire sur les listes
électorales160,161,162,163,164,165,166. Les actions terroristes du Klan atteignent un summum
d'audace, quand le 18 mai 1870, une bande de membres du Klan font irruption dans le palais de
justice du comté de Caswell, et poignardent à mort le sénateur républicain John W. Stephens pour
ensuite aller molester et injurier sa famille167,168. D'autres élus Républicains sont assassinés : le
représentant James Martin, le sénateur de la Caroline du Sud Benjamin F. Randolph169, les
représentants Benjamin Inge, Richard Burke.
Le 4 mars 1869, Ulysses S. Grant prend ses fonctions de Président des États-Unis. Bien décidé à en
finir avec les exactions du Klan, il lance, pour parachever les Reconstruction acts, le processus qui
aboutit à l'adoption du Quinzième amendement de la Constitution des États-Unis, qui garantit le
droit de vote des Afro-Américains, amendement qu'il signe le 30 mars 1870 en proclamant « C'est
l'événement le plus important qui soit arrivé depuis la naissance de la nation [...] c'est une révolution
aussi grande que celle de 1776 », l'amendement est ratifié le 3 février 1870170,171,172,173.
Parallèlement pour compléter le quinzième amendement, le 31 mai 1870, le Congrès vote le premier
des Enforcement Acts, comme celui de 1870, pour protéger les Afro-Américains des violences qu'ils
subissent et garantir leurs droits constitutionnels. Cette première loi interdit la discrimination
pratiquée par les officiers d'état civil pour l'inscription des Afro-Américains sur les listes électorales
et prévoit le recours à l'United States Marshals Service, voire à l'armée en cas de fraudes,
d'intimidations physiques. Le 20 avril 1871, la loi Ku Klux Klan (The Klan Act) est votée au
Congrès des États-Unis pour abolir l'organisation terroriste. Plusieurs milliers de membres du KKK
sont arrêtés. La plupart sont libérés, faute de témoins, de preuves. Le Klan en tant qu'organisation
active disparaît rapidement. Il est officiellement interdit en 1877174,175. D'autres organisations
comme la White League sont alors créées par d'anciens membres du Klan. Elles continuent de
mener des campagnes de lynchage et de terreur, mais elles n'ont ni l'importance et ni l'influence du
Ku Klux Klan original176,177,178. Après la période de la Reconstruction, la plupart des institutions
des anciens États confédérés repassent sous le contrôle des Sudistes racistes et instaurent la
ségrégation raciale par les lois Jim Crow.
Les lois Jim Crow
Un titre de loi infamant
Pour entraver les nouveaux droits des Afro-Américains les États du sud utilisent deux dispositifs, le
premier est un dispositif d'intimidation par le terrorisme avec le Ku Klux Klan (KKK), l'autre légal,
réglementaire : les lois Jim Crow issues des Black Codes179,180. Ces lois dites Jim Crow désignent
les différentes lois que les États du Sud et d'autres ont mis en place pour entraver l'effectivité des
droits constitutionnels des Afro-Américains, elles commencent en 1877 et seront abolies dans la fin
des années 1960 avec l'adoption de différents lois fédérales mettant fin à la ségrégation raciale sur
l'ensemble du territoire des États-Unis : le Civil Rights Act de 1964, le Voting Rights Act de 1965 et
le Civil Rights Act de 1968.
Le terme Jim Crow trouve son origine dans la culture populaire américaine par une chanson de
1828, Jump Jim Crow , imitation caricaturale et raciste d'un esclave afro-américain créée par
l'auteur Thomas Dartmouth « Daddy » Rice (1808–1860)180.
Ida B. Wells
Booker T. Washington
À partir du constat de la ségrégation, Booker T. Washington appelle les Afro-Américains à renoncer
à leurs droits civiques et d'adopter un développement séparé, de s’appuyer sur leurs ressources
personnelles pour établir une sphère sociale, économique et culturelle, une société autarcique
parallèle à la société blanche. Solution qui lui semble préférable à des affrontements qui ne feraient
que renforcer les lois ségrégatives. Dans cette perspective il prend la direction du Tuskegee
Institute211 situé à Tuskegee dans l'Alabama dont la mission sera de former une élite afro-
américaine d'artisans, de petits industriels, de fermiers. Le projet est de multiplier des zones tenues
par des fermes entourées de tous les services nécessaires pour assurer leur développement, d'assurer
l'emploi des Afro-Américains environnant et de satisfaire leurs besoins. Son projet de
développement séparé et de maintien des Afro-américains à la ferme emporte le soutien politique et
financière de "Blancs" qui y voient une solution à la "question nègre" (Negro Problems). Sa
position aboutit au discours qu'il tient le 18 septembre 1895 lors de l'inauguration de l'Exposition
internationale des États producteurs de coton à Atlanta, discours passé à la postérité sous le nom de
Compromis d'Atlanta212,213,214,215,216,217,218.
W.E.B. Du Bois
S'organiser
Le Niagara Movement
Renaissance du Klan
William Joseph Simmons, un ex prédicateur de l'Église méthodiste révoqué pour son incompétence
et son ivrognerie notoire, s'inspire de la popularité du film Naissance d'une nation et de son
apologie du Klan pour le relancer. Le 16 octobre 1915, il réunit autour de lui trente quatre hommes
pour signer une charte qui, à la date du Thanksgiving suivant (le jeudi 25 novembre 1915), devient
la charte des Chevaliers du Ku Klux Klan (Knights of the Ku Klux Klan). Cette charte est calquée
sur un exemplaire du Prescript de 1867 du premier Ku Klux Klan, dont il a obtenu une copie262
(une version est publiée en 1917 sous le titre de Kloran263,264). La cérémonie se déroule au
sommet de la Stone Mountain en Géorgie265,266, Simmons est intronisé Grand sorcier. toujours
sous l'inspiration du film Naissance d'une nation il dresse une croix enflammée qui deviendra un
rituel du Klan. Simmons lors de cette cérémonie insiste sur le fait que cette organisation se veut être
une renaissance du premier Klan de l’ère de la Reconstruction. Il souhaite que le Klan soit un
mouvement qui puisse unifier les White Anglo-Saxon Protestant contre les forces menaçant le mode
de vie américain, ces forces étant représentées par les Afro-américains, les Catholiques, les Juifs, les
étrangers, les immigrants et tout groupe dont les traditions sont contraires au mode de vie
conservateur de l'Amérique rurale. Il reprend ainsi les thèses nativistes qui prétendent incarner les
valeurs des Pères fondateurs267,268,269,270.
Avec la multiplication des Klansmen, les nouveaux venus ne pensent qu'à pratiquer des coups de
main contre les ennemis de l’Amérique pure, qui vont de la flagellation au lynchage en passant par
le racket271,272. À Mer Rouge dans la Louisiane, des Klansmen assassinent deux Blancs qui
s'opposent à eux, en les battant à mort. À Lorena dans le Texas, c'est le shérif qui, voulant mettre fin
à une parade des Klansmen, est abattu de deux balles. Il réchappe à la mort, porte plainte, mais les
accusés sont innocentés par le jury qui dans ses attendus précise que le shérif n'avait pas le droit
« d’interférer sur une affaire qui le regardait pas », ce qui fait dire au jeune juriste Leon
Jaworski273 qu'en ce qui concerne le Klan, il n'y avait pas de justice274. L'Institut Tuskegee
(actuelle Université Tuskegee) qui tient un observatoire des actes du Klan, comptabilise
726 lynchages sur la période qui va de 1915 à 1935275.
L'Été rouge
Marcus Garvey.
Les violences du Red Summer et la montée en puissance du Klan sont des arguments pour le
nationaliste noir Marcus Garvey fondateur de United Negro Improvement Association (UNIA), qui
prône un retour vers l'Afrique. Ce qui provoque une controverse entre les Afro-Américains partisans
de l’intégration comme les membres de la NAACP. Ainsi W.E.B. Du Bois s'oppose avec vigueur à
l'africanisme de Garvey, il écrit : « Les arguments de Garvey sont clairs. Le triomphe du Klan et de
son programme conduisent les Noirs au désespoir. Garvey insiste sur le fait que la présence du Klan
et de son programme montrent l'impossibilité pour les Noirs de rester en Amérique. Bien
évidemment le Klan envoie des tracts pour soutenir Garvey et déclare que ses opposants sont des
catholiques ». Les instances afro-américaines qui défendent l'intégration écrivent au président
Calvin Coolidge en lui demandant de condamner la propagande du Klan « Nous vous demandons
de dire si le parti de Lincoln l'émancipateur vont soutenir le Sorcier impérial et sa bande
d'encapuchonnés. ». De son côté Garvey lui aussi s'adresse à Coolidge en lui écrivant « j'ai la
sympathie des quatre millions de membres de mon organisation et je ne tiens pas à entrer dans une
controverse au sujet du Klan ». Coolidge et la majorité des leaders du Parti républicain
s’abstiennent d'entrer dans la polémique. Le conseiller de Coolidge pour le Klan, Edwin Banta, lui
écrit « sans vouloir vous offenser, je vous conseille de mettre la pédale douce au sujet du Klan et
laissez les Démocrates récolter les fruits de la tempête qu'ils ont semée ». De fait c'est du côté des
Démocrates que les salves contre le Klan seront tirées, le candidat démocrate à la présidentielle
John W. Davis déclare « le Klan viole les institutions américaines, et doit être condamné au nom de
tout ce que je crois. ». Finalement le refus silencieux de Coolidge à condamner le Klan produit un
effet dévastateur en provoquant une ère de méfiance de la part de l'élite afro-américaine envers le
Parti républicain291,292.
La Renaissance de Harlem
La Renaissance de Harlem est un mouvement culturel afro-américain qui s'étend de 1918 à 1940, et
touche l'ensemble des disciplines artistiques : littérature, théâtre, musique, peinture, sculpture,
tapisserie, photographie. Le but étant de créer une esthétique afro-américaine propre, de libérer par
l'art la conscience qu'ont les Afro-Américains d'eux-mêmes, en dehors du regard des Blancs, de
briser les opinions racistes. Ce mouvement divers, grâce à son éveil culturel a fortement influencé le
mouvement des droits civiques dans la seconde moitié du XXe siècle293.
Le début de la déségrégation
L'Ordre exécutif 8802 du 25 juin 1941
Peu avant, en janvier 1941, le Président Franklin D. Roosevelt crée le 99e escadron chasse de
l'armée de l'air américaine, escadron expérimental composé d'Afro-Américains ; leur formation de
pilote de chasse se réalise au Tuskegee Institute et à l’aérodrome de Tuskegee dans l'Alabama. Le
chef de l'escadron est le capitaine Benjamin O. Davis Jr. qui deviendra le premier général afro-
américain de l'armée de l'air297.
Des militants de la NAACP, vont profiter de ces premières ouvertures pour demander une extension
dans les différentes armées298. Cette demande reposait sur le fait que sur les 2 500 000 afro-
américains masculins, recensés, en état d'être mobilisés, plus d'un million se battaient au sein des
armées américaines, représentant 11% des effectifs299. A. Philip Randolph leader syndicaliste afro-
américain fait alors pression sur le Président Franklin D. Roosevelt pour que s'organise une
commission d'enquête. En 1942, à la suite d'une lettre d'un militaire afro-américain parue dans le
Pittsburgh Courier, une campagne s'organise sous le nom de Double V campaign (en)300, un V
pour la victoire militaire sur les armées nazies et nippones et un autre V pour la victoire sur
l'esclavage et la tyrannie301, 302.
La révélation des exterminations nazies, comme l'Holocauste, par les troupes alliées montrent
jusqu’où pouvaient aboutir les politiques racistes. Profondément ébranlés bien des américains
blancs étaient disposés à revoir leur attitudes ségrégationnistes303. Cette examen de conscience est
confortée par la montée de la Guerre froide et la mise en place d'une alliance avec les démocraties
européennes et le leadership américain de monde libre, leadership qui devenait incompatible les
pratiques de la ségrégation contraire aux principes démocratique d'égalité et de liberté304.
C'est dans ce contexte de politique intérieure et extérieure qu'A. Philip Randolph rappelle au
Président Harry S. Truman : « I said, 'Mr. President, the Negroes are in the mood not to bear arms
for the country unless Jim Crow in the Armed Forces is abolished »/ Je vous le dis, monsieur le
Président, les Noirs ne sont pas d'humeur à porter les armes pour le pays sans que les lois Jim Crow
soient abolies dans les forces armées305.
Les relations entre Harry Truman et A. Philip Randolph sont au départ difficiles, Truman doutant du
patriotisme de son interlocuteur, mais finalement un consensus s'établit306.
Déjà en 1946, le lieutenant général Alvan Cullom Gillem Jr. (en) qui préside le Board for
Utilization of Negro Manpower (Bureau d'utilisation de la main d'œuvre noire), préconise la
déségrégation au sein des armées, que les sous-officiers et officiers afro-américains suivent les
mêmes cursus de formation que leurs pairs blancs307,308.
C'est ainsi, la commission préconisée par A. Philip Randolph voit le jour en 1946, par l'ordre
exécutif no 9808 du 5 décembre 1946 qui institue la President's Committee on Civil Rights (en)
(Commission présidentielle des droits civiques), elle est présidée par Charles Edward Wilson (en),
sa mission est d'enquêter et de proposer des mesures pour renforcer et protéger les droits civiques
des Américains, elle rend ses conclusions dans un rapport final en décembre 1947 intitulé To Secure
these Rights ; ses conclusions recommandent une élimination des discriminations fondées sur la
race le plus rapidement possible au sein des armées et au sein des agences gouvernementales. Dans
un premier temps le président Harry Truman signe l'ordre exécutif 9980 qui institue une
commission d'enquête qui puisse mettre fin aux discriminations raciales dans les divers services
publics fédéraux. Si les ministères et agences fédérales ont joué le jeu, en revanche l'armée reste
insensible à ce qui n'est à ses yeux qu'une recommandation, Harry Truman furieux réunit une
commission qui aboutira à la rédaction de l'ordre exécutif 9981309. Mais l'ordre exécutif 9981 sera
souvent contourné, il faut attendre la Guerre de Corée, face aux pertes massives de différents
régiments, l'état-major est obligé d'accepter et de faire appliquer la déségrégation en
1954310,311,312,313,314.
La déségrégation en marche
L'arrêt Brown et al. v. Board of Education of Topeka et al. du 17 mai 1954
Thurgood Marshall.
En 1950, la situation de la ségrégation scolaire est disparate, 17 États ont des lois établissant la
ségrégation scolaire, 16 États ont aboli la ségrégation scolaire, les autres États ont des lois qui soit
n'en parlent pas, soit ont des lois de tolérance d'un système ségrégué. La question qui se pose est
quels États ont des lois conformes à la Constitution ? Thurgood Marshall, le dirigeant du NAACP
Legal Defense and Educational Fund (en) (LDF) de la NAACP, va étudier la contradiction pour
faire sauter le verrou de la ségrégation, en s'emparant d'un cas qu'il pourra soumettre à la Cour
suprême prolongeant ses actions contre la ségrégation au sein des universités315. Thurgood
Marshall et les juristes de la LDF lancent un appel à toutes les sections de la NAACP pour les
alerter s'ils ont un cas de ségrégation et de leur en faire part.
De 1952 à 1953, plusieurs cas remontent, parmi ceux-ci, plusieurs cas vont être agrégés au cas
Brown v. Board of Education316,317.
Le jugement rendu le 1er avril 1952 reconnait la disparité de qualité du service rendu entre les
établissements afro-américains et les établissements blancs et ses conséquences malheureuses, il
établit également que s'agissant d'enseignement l'arrêt Plessy v. Ferguson ne peut être retenu, il
ordonne également l'inscription des enfants des plaignants dans les établissements jusque là
réservés aux Blancs mais il déboute les plaignants quant à savoir s'il s'agit d'une violation des droits
constitutionnels, non sur le fond mais sur la forme à cause d'un vide juridique qui ne peut être
tranché au niveau du Delaware mais par un avis de la Cour suprême319.
Paradoxalement même si la décision n'a que des effets locaux, il s'agit d'une victoire, car ce
jugement abolit la légitimité de l'arrêt Plessy v. Ferguson pour justifier la ségrégation, et remet en
cause l'un des principes fondateurs de la ségrégation prônant un développement égal mais séparé en
écrivant clairement dans ses attendus que ce principe avait été violé, violation démontrée par la
mise en évidence de l'inégalité du service rendu à l'aide d'arguments s'appuyant sur des compte
rendus d'experts et en ordonnant l'inscription d'élèves afro-américains dans des établissements
blancs320,321.
Rosa Parks.
Un long boycott
Le boycott des bus commencé le 5 décembre 1955 va continuer jusqu'au 21 décembre 1956. Les
revendications formulées par la MIA sont l'abolition des places ségréguées, et l'embauche de
chauffeur de bus afro-américains. La direction des bus ne cède à aucune des revendications, le
boycott va se durcir. La répression arrive avec l'arrestation de plus de 80 membres du MIA, le
domicile de Martin Luther King est victime d'attentats à la bombe commis par des terroristes
blancs. Le boycott cesse à la suite de l'arrêt Browder v. Gayle rendu le 13 novembre 1956 qui
déclare l'inconstitutionnalité de la ségrégation dans les bus de l'Alabama, la nouvelle ne parvint à
Montgomery que le 20 décembre d'où la fin du boycott le lendemain 21. Le rôle de Martin Luther
King quant à la gestion du boycott, sa faculté à mobiliser les foules malgré les violences policières
et terroristes, ses discours de non-violence vont le faire remarquer et marquer son ascension dans le
mouvement des droits civiques342,343.
La commission rend son rapport le 1er mars 1968, elle écarte les rumeurs de complots séditieux, ces
émeutes sont le résultat des frustrations liées aux discriminations raciales à l'embauche, à l'accès au
logement, à des inégalités socio-économiques qui deviennent insupportables. Le rapport s'inquiète
du risque d'une fracture sociale entre Noirs et Blancs et préconise un plan volontariste d'intégration
sociale et économique, mais en janvier 1969 l'accession à la présidence de Richard Nixon et d'une
administration conservatrice va enterrer le rapport, la seule réponse sera d'augmenter les forces de
police et d'améliorer leur dotation en armements pour mieux réprimer les émeutes. Paradoxalement
le rapport va devenir un best-seller et sera vendu à deux millions d'exemplaires et devient l'objet de
nombreuses études sociologiques. Encore aujourd'hui, la non prise en compte des préconisations du
rapport est toujours actuelle, laissant le sentiment d'un rendez-vous historique
manqué459,460,461,455,458.
L'arrêt Loving v. Virginia du 12 juin 1967
Articles détaillés : Mildred et Richard Loving et Loving v. Virginia.
En 1958, deux habitants de Central Point (en) Richard Loving, un Blanc, et Mildred Jeter, une
femme d'ascendance mixte afro-américaine et amérindienne, se rendent à Washington (district de
Columbia) où les mariages mixtes sont légaux. Après la célébration de leur mariage qui a eu lieu le
2 juin 1958, ils retournent à Central Point. Au petit matin du 13 juillet 1958, trois officiers de police
de Central Point, le shériff Garnett et deux de ses adjoints, pénètrent dans leur maison qui n'était pas
fermée à clé et vont jusque dans leur chambre à coucher pour les arrêter, ils sont inculpés pour avoir
violer la loi de l'État de Virginie qui interdit les mariages mixtes462.
L'un comme l'autre probablement du fait de leur jeunesse (Richard Loving a 24 ans et Mildred
Loving a 18 ans) s'étant mariés légalement n’avaient nullement conscience qu'ils ne pouvaient pas
retourner chez eux, que leur mariage était un crime contre la communauté de la Virginie. Cinq jours
après leur arrestation, ils sont libérés moyennant une caution de 1 000 $ en attendant leur procès.
Le 6 janvier 1959, ils comparaissent au tribunal devant le juge Bazile pour déterminer si oui ou non
ils sont coupables d'un crime en regard des lois de la Virginie. Après avoir plaidé dans un premier
temps "non coupable", ils changent pour plaider "coupable". Le juge Bazile les condamne à un an
de prison, puis modère son verdict en suspendant sa sentence pour une durée de 25 ans sous la
condition que le couple quitte l'État de la Virginie et n'y revienne pas durant 25 ans.
Richard et Mildred Loving s'installent à Washington, ils mettent au monde trois enfants, avec le
temps leurs familles leur manquent, aussi décident-ils de faire appel au Procureur général Robert
Kennedy, ce dernier envoie leur requête à la branche de l'Union américaine pour les libertés civiles
(ACLU) de la Virginie. L'ACLU offre gracieusement ses services au couple Loving et leur dépêche
deux avocats Bernard S. Cohen et Philip J. Hirschkop qui vont les aider à déposer un appel devant
le tribunal de la Virginie le 6 novembre 1963. Leur argument est que la loi de la Virginie bafoue le
principe de l'égale protection définie par le Quatorzième amendement.
Après une longue attente, le 22 janvier 1965 le tribunal déclare ne pas donner suite à l'appel. Les
Loving déposent alors un recours devant la Cour suprême de la Virginie, le 28 mars 1966 celle-ci
autorise les Loving à déposer leurs recours devant la Cour suprême des États-Unis. Le 12 décembre
1966 la Cour suprême des États-Unis accepte de vérifier si la décision du juge Bazile est
anticonstitutionnelle ou non. L'affaire est plaidée par Bernard S. Cohen et Philip J. Hirschkop le 10
avril 1967. L'arrêt Loving v. Virginia est rendu le 12 juin 1967, à la question « La loi contre les
mariages mixtes de la Virginie a-t-elle violé la clause de protection égale du Quatorzième
amendement ? », la Cour suprême sous la présidence du juge Earl Warren arrête à unanimité « Oui.
Dans une décision unanime, la Cour a jugé que les distinctions fondées sur la race étaient
généralement odieuses pour un peuple libre et étaient soumises à l'examen le plus rigoureux en
vertu de la clause de protection égale. La loi de Virginie, a conclu la Cour, n'avait aucun but
légitime « indépendant d'une discrimination raciale odieuse ». La Cour a rejeté l'argument de l'État
de Virginie selon lequel la loi était légitime parce qu'elle s'appliquait également aux Noirs et aux
Blancs et a conclu que les classifications raciales n'étaient pas soumises à un critère de finalité
rationnelle en vertu du Quatorzième amendement. La Cour a également jugé que la loi de Virginie
violait la clause de procédure régulière du quatorzième amendement. Le juge en chef Earl Warren
précise qu'en vertu de notre Constitution, la liberté d'épouser ou de ne pas épouser une personne
d'une autre race est une décision individuelle et ne peut être enfreinte par l'État. ». Cet arrêt annule
les condamnations envers Richard et Mildred Loving et invalide toutes les lois interdisant les
mariages mixtes encore en vigueur dans 15 États463,464,465,466,467.
Contexte
Si depuis l'adoption du Civil Rights Act du 2 juillet 1964 et du Voting Rights Act du 4 août 1965 la
ségrégation avait disparu de la loi, que les minorités avaient acquise l'équité citoyenne, l'égalité des
droits civiques, il demeure que la société, les mentalités sont encore marquées par des préjugés
racistes, préjugés qui touchent notamment l'accès à l'emploi, à l'éducation et au logement. Cette
ségrégation officieuse est à l'origine des diverses émeutes comme l'avait signalé la Commission
Kerner, émeutes qui revendique l'accès à l'emploi à des habitations décentes et à l'éducation. Les
tensions montent avec l'assassinat de Martin Luther King et la montée de l'influence de la mouvance
du Black Power et du Black Panthers Party 468,469,470. L'assassinat de Martin Luther King qui a
eu lieu de 4 avril 1968 déclenche une vague d'émeute dans plus de cent villes dont Washington.
C'est sur fond d'émeute que le Sénat débat le nouveau Civil Right Act dont le titre VIII concernant la
fin des discrimination quant à l'accès au logement sous toutes ses modalités (locataire ou
propriétaire) et les financement bancaires de l'achat de logement est autorisé à être appelé le Fair
Housing Act, et souvent il y a confusion entre les deux471.
Histoire et promulgation
Le projet de loi est déposé le 17 janvier 1967 à la Chambre des représentants par Emanuel Celler,
représentant de New York. L'objectif initial du projet de loi sur les droits civiques était d'étendre
l'équité citoyenne aux amérindiens et garantir la protection fédérale aux défenseurs des droits
civiques, qui lors des campagnes d'inscription des Afro-Américains sur les listes électorales dans les
États du Sud étaient victimes d'agressions physiques et parfois d'assassinat, mais sous la pression
des événements, le projet de loi a finalement été élargi pour lutter contre la discrimination raciale
dans le logement, raison pour laquelle il est plus communément connu sous le nom de Fair
Housing Act. Le projet de loi est adopté par la Chambre en août 1967. Le projet est discuté au Sénat
et est adopté le 11 mars 1968. Mais l'United States House Committee on Rules (en) (Comité de la
Chambre des États-Unis des règlements) diffère la publication de la loi sous la pression du sénateur
du Mississippi, William M. Colmer (en), hostile à ce genre de loi. Mais tout change avec le meurtre
de Martin Luther King et les émeutes qui s'ensuivent. Le vendredi 5 avril 1968, le président Lyndon
B. Johnson envoie une lettre au président de la Chambre des représentants, John William
McCormack, lui enjoignant de faire son possible pour que cette loi soit votée de façon définitive le
plus rapidement possible afin de montrer que le pouvoir fédéral menait une action conforme aux
positions défendues par Martin Luther King. Le Comité des règlements rejette les amendements de
William M. Colmer. Le comité a ensuite repris les propositions sur l'accès au logement proposé par
Ray John Madden (en), le représentant de l'Illinois. Une dernière tentative de faire avorter le projet
de loi en le renvoyant à nouveau au Comité a été rejetée par un vote de 229 voix contre 195. La loi
est enfin adoptée par 250 voix contre 172. Le président Lyndon B. Johnson signe et promulgue le
Civil Rights Act le 11 avril 1968472,473,474.
Contenu de la loi
Il est habituel de diviser le Civil Rights Act de 1968 en deux parties :
1. L'Indian Civil Rights Act qui comprend les titres II à VII de la loi475 dont les différentes
sections émancipent les amérindiens des lois tribales et leur garantissent l'égale protection
affirmée par le Quatorzième amendement. Ainsi aucune loi tribale ne peut aller contre les
droits constitutionnels comme le libre exercice de la religion de son choix et la liberté
d'expression, d'être protégé contre toute perquisitions, privations de liberté ou de biens
abusives, de bénéficier de procès composé d'au moins six jurés, d'être informé en cas
d'inculpation des charges retenues, d'obtenir l'assistance d'un avocat dans toutes les affaires
pénales, de ne pas être poursuivi plusieurs fois pour la même infraction, le droit de ne pas
être mis en liberté sous caution excessive, d'amendes excessives, de peines cruelles et
inhabituelles476. Cette loi mettait fin à des lois arbitraires provoquant des situations
difficiles, voire intenables pour les amérindiens en désaccord avec la gouvernance tribale,
soit ils se pliaient avec des risques d'ostracisme soit ils étaient obligés de quitter la tribu. De
plus ces lois tribales souvent conservatrices et parfois aux mains de despotes corrompus
étaient un frein à l'initiative personnelle, à l'esprit d'entreprise477.
2. Le Fair Housing Act qui comprend le titre VIII471 rend illégal le fait de refuser l'accession à
l'achat d'un logement, d'une location, l'obtention d'un prêt bancaire pour financer une
construction ou l’achat d'un logement en raison de la race, la religion, l'origine nationale ou
le sexe. L'objectif est un marché du logement unitaire, déségrégué dans lequel les
antécédents d'une personne ne restreignent plus l'accès au logement478,479.
Cette loi est la dernière pierre mettant fin aux discriminations raciales d'un point de vue juridique, et
la dernière grande étape du mouvement des droits civiques, mais la réalité montre que si le combat
législatif est globalement fini, le Civil Rights Act de 1968 n'a pas mis fin aux ghettos, ceux-ci de
1950 à 1980 ont explosé, la population afro-américaine des centres urbains est passée de
6,1 millions à 15,3 millions, au cours de cette même période, les Américains blancs ont
progressivement quitté les centre-villes pour s'installer dans les banlieues. Cette tendance a conduit
à la croissance en Amérique urbaine des ghettos, ou des communautés des centre-villes en proie au
chômage, à la criminalité et à d'autres maux sociaux. Si les élites afro-américaines ont pleinement
profité du mouvement des droits civiques et de l'affirmative action, en revanche les Afro-
Américains pauvres sont encore à attendre la sortie de leur ghetto480,481,482,483.
Influences
Le mouvement américain des droits civiques a inspiré d'autres mouvements, se réclamant de ses
méthodes d'actions non-violentes, même si les problématiques sont différentes et qu'il s'agit plus de
lutter contre des discriminations relevant de pratiques sociales que de revendications d'ordre
juridique comme l'abolition de lois ségrégatives. Un des mouvements les plus connus s'en inspirant
est la Northern Ireland Civil Rights Association, qui comme le mouvement des droits civiques
organise des marches pacifistes484. D'une façon générale tous les mouvements pacifistes luttant
soit pour obtenir des nouveaux droits comme la fin de la criminalisation de l'homosexualité ou pour
mettre fin à des discriminations sociales comme l'égalité des salaires pour les femmes prennent pour
exemple les différents mouvements pacifistes des Afro-Américains485,486,487.
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Bibliographie (sélective)
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Revues françaises
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Articles connexes
• Mouvement asio-américain
• Mouvement des droits civiques aux États-Unis de 1896 à 1954
• Rôle des quakers dans l'abolitionnisme
• Lillian Smith
• Afro-Américains
• Franklin D. Roosevelt et les droits civiques
• Histoire des Afro-Américains
• Ségrégation par les tests d'aptitude à la lecture et à l'écriture aux États-Unis
• Neuf de Little Rock
• Lynchage et loi de Lynch
• National Memorial for Peace and Justice
Liens externes
• (en-US) « Civil Rights Resource Guide » [archive], sur Bibliothèque du Congrès
• (en-US) « NAACP » [archive], sur National Association for the Advancement of Colored
People
• (en-US) « Lynching Sites Project » [archive]
• (en-US) « International Civil Rights Walk of Fame » [archive]
• (en-US) « Welcome to Blackfacts » [archive]
• (en-US) « New York Manumission Society » [archive]
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Le mouvement des droits civiques aux États-Unis (« civil rights movement ») se réfère
principalement à la lutte des Noirs américains pour l'obtention et la jouissance de leurs droits
civiques. Si on peut considérer, dans un sens large, qu'il se réfère à toute lutte pour les droits
civiques aux États-Unis, en particulier depuis la fin de la Guerre de Sécession (1861-1865) et
jusqu’à aujourd'hui, et comprenant donc l'American Indian Movement, le Chicano Movement, le
Black Panther Party, le Black feminism, le Gay Liberation Front, etc., on entend habituellement par
cette expression les luttes menées entre 1945 et 1970 afin de mettre un terme à la ségrégation
raciale, en particulier dans les États du Sud. Il s'agissait principalement d'un mouvement non violent
afin d'obtenir l'égalité de droit de tout citoyen américain, ce qui passait par l'abrogation des lois
racistes en vigueur dans les États sudistes. Cependant, certaines composantes du mouvement,
surtout après la Première Guerre mondiale, ont récusé cette méthode d'inspiration pacifiste en
appelant à l'auto-défense face à la violence des Blancs (laquelle incluait lynchages, etc.).
Symbolisé par la figure emblématique de Martin Luther King, un pasteur protestant noir et l'un des
grands fondateurs de l'usage de méthodes non violentes en politique, le mouvement des droits
civiques a eu une influence durable sur la société américaine, à la fois dans les tactiques employées
par les mouvements sociaux, la transformation durable du statut des Noirs américains, et
l'exposition au grand jour d'un racisme persistant au sein de la société, en particulier, mais pas
seulement, au Sud.
Composé d'un grand nombre de groupes divers, le mouvement était hétérogène. Au cours de la
première partie du XXe siècle, certains mouvements, tels l'Universal Negro Improvement
Association and African Communities League (UNIA) de Marcus Garvey, qui prônait le
séparatisme et le « retour aux sources », obtinrent de grand succès sans toutefois laisser d'héritage
probant. D'autres, au contraire, comme la NAACP, fondée en 1909, et qui luttait principalement sur
le terrain juridique en déposant des plaintes contre la ségrégation gouvernementale, n'ont atteint que
des résultats modestes à leurs débuts, avant d'obtenir une conquête majeure par l'arrêt rendu par la
Cour suprême en 1954 lors de Brown v. Board of Education, qui déclarait anticonstitutionnelle la
ségrégation raciale dans les écoles publiques. La complémentarité et la tension entre ces deux pôles
de la lutte pour les droits civiques, l'un insistant sur la lutte juridique et la reconnaissance par la
société WASP des droits civiques des citoyens noirs des États-Unis, l'autre mettant l'accent sur les
nécessités de s'auto-organiser et de porter la lutte dans le champ économique et culturel, a persisté
tout au long de l'existence du mouvement. La question, cruciale, de l'usage, ou non, de la non-
violence, face à la domination de la société blanche, a aussi divisé le mouvement des droits
civiques, lequel fut dès le départ soutenu par une grande partie de la communauté juive américaine
avant d'être rejointe, après-guerre, par les libéraux américains.
Ségrégation raciale
Article détaillé : Ségrégation raciale aux États-Unis.
Un Noir boit à un distributeur d'eau réservé aux « gens de couleur » à un terminal de tramway en
1939, à Oklahoma City.
Au quotidien
La décision de la Cour suprême lors de l'arrêt Plessy v. Ferguson, en 1896, officialisa la ségrégation
raciale, par le gouvernement, dans les transports publics. À cette fin, elle élabora la doctrine
« separate but equal » (séparés mais égaux) afin de se plier à la Clause de protection égale (« Equal
Protection Clause ») prévue par le Quatorzième amendement. Bien que la Cour suprême ait
auparavant cassé des statuts discriminatoires de certains États, excluant les Noirs des jurys
populaires, ou se prononçant systématiquement en faveur de leur affranchissement de leur statut
d'esclaves, et qu'elle continue à le faire dans les années suivant Plessy v. Ferguson, elle se
prononçait néanmoins en faveur de la ségrégation dans pratiquement toutes les autres sphères
publiques ou privées. Elle légalisa ainsi la ségrégation scolaire en 1908 (arrêt Berea College v.
Kentucky (en)). Beaucoup d'États, en particulier au Sud, considèrent ces jugements comme
appuyant, de fait, l'ensemble des lois Jim Crow mis en place au lendemain de la Reconstruction.
D'esclaves, les Noirs américains étaient devenus des citoyens de seconde zone, qui ne pouvaient pas
aller aux mêmes écoles que les Blancs, prendre le bus avec eux, ou boire dans la même fontaine.
Dans beaucoup de villes, ils ne pouvaient pas partager un taxi avec des Blancs, ou entrer dans un
bâtiment par la même porte que les Blancs. Ils étaient enterrés dans des cimetières distincts, et ne
pouvaient pas jurer sur la même Bible. Ils étaient aussi exclus des restaurants, des bibliothèques, des
jardins publics (où l'on pouvait lire des signes tels que « Negroes and dogs not allowed », « les
Nègres et les chiens ne sont pas admis »). Les Noirs devaient systématiquement s'effacer devant les
Blancs, en laissant le passage dans la rue, tandis que sous aucun cas un homme noir ne pouvait
regarder dans les yeux une femme blanche. On les appelait « Tom » ou « Jane », mais jamais
Monsieur, Madame ou Mademoiselle.
Bien que la Cour suprême ait déclaré anti-constitutionnelle le fait de priver de droits civiques les
Noirs, ceux-ci étaient de fait privés du droit de vote, à l'aide de « primaires blanches », d'un système
de cens électoral, d'examens d'alphabétisation, de punitions économiques, de manipulations
électorales de toutes sortes, et enfin d'une utilisation ciblée de la violence afin de les décourager de
s'enregistrer sur les listes électorales.
Carte postale représentant le lynchage de Lige Daniels, 16 ans, à Center au Texas, le 3 août 1920.
Malgré l'arrêt de la Cour suprême dans Strauder v. West Virginia de 1880, qui interdisait l'exclusion
des Noirs américains des jurys populaires, ceux-ci étaient systématiquement écartés de ces
fonctions. Ils étaient par conséquent laissés à la merci du système judiciaire blanc. Dans certains
États, tel l'Alabama, l'État utilisait le système pénal afin de rétablir une sorte de servage, en
condamnant les hommes noirs à des années d'emprisonnement, durant lesquels ils travaillaient
gratuitement pour des employeurs privés tels que la Tennessee Coal, Iron and Railroad
Company (en), une filiale de la U.S. Steel, qui payait l'État en échange de leur travail forcé.
Les punitions imposées hors du système judiciaire étaient encore plus brutales. Des milliers de
Noirs ont été victimes du lynchage par des Blancs s'autoproclamant « justiciers », parfois avec l'aide
explicite de responsables officiels, dans les États du Sud et au-delà. Ces lynchages se transformaient
parfois en véritables pogroms, ainsi lors des émeutes raciales d'Elaine en 1919 ou des émeutes
raciales de Tulsa en 1921. Les coupables de telles exactions se sentaient à ce point à l'abri de toute
poursuite judiciaire qu'ils prenaient souvent des photographies de leurs victimes, et en faisaient des
cartes postales.
Le Ku Klux Klan, qui avait à peu près disparu après une apparition brève mais brutale au début de
la Reconstruction, se reforma en 1915, en partie sous l'influence du film de D. W. Griffith,
Naissance d'une nation (Birth of a Nation), qui exaltait le premier Klan. Ils combinaient la
rhétorique raciste à la xénophobie envers les immigrants, l'antisémitisme, l'anti-Catholicisme et
l'anti-syndicalisme. À ces discours violents, ils ont ajouté l'usage systématique du lynchage et de
mises en scène spectaculaires (croix incendiées dans les quartiers noirs, etc.) visant à instaurer un
véritable climat de terreur sur la population noire. Le lynchage de Thomas Shipp et d'Abram Smith,
en 1930 dans l'Indiana, inspira la chanson Strange Fruit composée par Abel Meeropol (sous
pseudonyme), un artiste et sympathisant communiste qui adopta les enfants des époux Rosenberg
après leur exécution en 1953. Reprise par l'Afro-américaine Billie Holiday en 1939 à New York, la
chanson, qui constituait un réquisitoire émouvant contre les multiples cas de lynchage dans le Sud,
devint un hit populaire pendant la Seconde Guerre mondiale. Toujours dans les années 1930, le New
Dance Group se bat contre la ségrégation et dénonce le lynchage des Noirs dans le Sud1.
Ségrégation économique
Outre priver les Noirs de tout droit civique et de toute possible participation à l'espace public, la
société WASP maintenait aussi les Noirs dans une position subalterne au niveau économique. Les
fermiers Noirs étaient souvent liés aux propriétaires terriens, souvent cantonnés au statut de
tenanciers. Dans le secteur secondaire, les employeurs et les syndicats leur réservaient les tâches les
plus pénibles et les moins bien payées. Des fonctions modestes, tels que travailler chez la
compagnie de wagons-lits Pullman Porter ou être portier d'hôtel, devinrent des positions enviables
aux yeux de la majorité des Noirs, car ils offraient une relative stabilité de l'emploi et un salaire
correct. Les lois Jim Crow excluaient les Noirs de nombreux secteurs de la vie économique, menant
à la création d'un véritable « marché noir » au sens littéral du terme : une presse noire surgit au
Nord, tandis que les propriétaires noirs de compagnies d'assurances pour Noirs, ou de services de
croque-mort pour Noirs, devinrent de véritables notables au sein de la société noire.
Églises noires
De même, la vie religieuse s'organisa selon ces nouvelles données ségrégatives. Le rôle des Églises
afro-américaines allait bien au-delà du simple culte religieux : ils servaient aussi comme lieu de
rassemblement communautaire, de coopératives économiques, et de tribunaux populaires afin de
régler les conflits de manière autonome. La plupart des Églises noires, néanmoins, refusait de
confronter directement la domination blanche, et s'abstenait officiellement de toute politique. De
nouveaux mouvements religieux, tels que la « Holiness tradition », ou le mouvement pentecôtisme
qui se scinda selon les nouvelles divisions de couleur, renforcèrent l'apolitisme et le quiétisme de la
plupart des Noirs pratiquants.
Quatre des principaux dirigeants de la NAACP (de gauche à droite), Henry L. Moon, Roy Wilkins,
Herbert Hill et Thurgood Marshall, tiennent un poster dénonçant la politique raciste en vigueur au
Mississippi : « Stamp out Mississipp-ism! » (approximativement « Éteignons le
Mississippisme ! »). Thurgood Marshall sera le premier Noir à siéger à la Cour suprême, de 1967 à
1991.
Au tournant du siècle, on considérait, en particulier au sein de la société blanche, Booker T.
Washington comme le principal porte-parole des Noirs américains. Directeur du Tuskegee Institute,
Booker Washington prêchait un message d'autonomie, encourageant les Noirs à améliorer leurs
conditions économiques plutôt qu'à lutter pour l'égalité sociale. Ils devaient, selon lui, d'abord
« prouver » qu'ils « méritaient » celle-ci. Son autobiographie, Up from Slavery, témoigne de cette
position. Booker T. Washington acceptait publiquement les lois Jim Crow et le maintien, à court
terme, de la ségrégation raciale. En privé, il soutenait financièrement les plaintes déposées en
justice contre ces lois.
Mais la position de B. Washington ne faisait pas consensus. W. E. B. Du Bois et d'autres se sont
opposés à ses thèses modérées. L'un de ses proches associés, Monroe Trotter, fut arrêté par la police
après avoir osé défier verbalement Washington lors d'un discours public à Boston en 1905. La
même année, Trotter et Du Bois inaugurèrent le Niagara Movement, une organisation de militants
dans la ville canadienne de Niagara Falls. La réunion conclut sur la rédaction d'un manifeste
appelant au suffrage universel masculin, à l'élimination de toute forme de ségrégation raciale et à
l'extension de l'instruction publique à tous, de manière non discriminatoire (et non pas, comme le
voulait Washington, en fonction de la « vocation » ou du « mérite » individuel).
Du Bois rejoint d'autres dirigeants noirs, et des militants juifs, tels que Henry Moskowitz, Julius
Rosenthal, Lillian Wald, Rabbi Emil Gustav Hirsch puis Stephen Wise pour créer en 1909 la
National Association for the Advancement of Colored People (NAACP). Il devient alors le
rédacteur en chef du magazine de la NAACP, The Crisis. La nouvelle association se concentra au
début sur la lutte sur le terrain judiciaire contre les lois Jim Crow. Elle s'opposa avec succès à une
ordonnance de Louisville, qui ordonnait la ségrégation résidentielle (Buchanan v. Warley en 1917),
ainsi qu'à la « clause du grand-père » en Oklahoma et au Massachusetts qui excluait du droit de vote
tous les individus dont le père ou le grand-père n'étaient pas autorisés à voter au 1er janvier 1867
(Guinn v. United States)2. En outre, la NAACP menait des activités de lobbying contre
l'introduction, par le président Wilson, de la ségrégation raciale chez les fonctionnaires fédéraux (en
1913), et afin que les Noirs puissent atteindre les fonctions d'officiers dans l'armée lors de la
Première Guerre mondiale. Elle organisa une protestation à l'échelle nationale contre la projection
du film raciste de D. W. Griffith, Naissance d'une nation (Birth of a Nation), en 1915.
« New Negro »
La Première Guerre mondiale bouleversa l'expérience des Noirs américains, dont beaucoup avait
combattu en Europe au nom de la démocratie. Ils y rencontrèrent d'autres habitudes concernant les
différences de couleur, ce qui renforça leurs revendications égalitaires lors du retour au pays. Aux
États-Unis, les vétérans noirs n'ont pourtant pas été bien accueillis. Certains étaient attaqués pour le
simple fait d'oser porter leurs uniformes. Cette nouvelle expérience conduit à une nouvelle
génération de militants, bien plus combative que la précédente, et qui revendiquait l'auto-défense
face à la violence des Blancs. En 1917, Asa Philip Randolph introduit le terme de « New Negro »
(« Nouveau Nègre ») pour décrire cette expérience existentielle et politique, qui devient un lieu
commun pour décrire le nouvel esprit de militantisme et l'impatience d'obtenir l'égalité des droits.
L'African Blood Brotherhood (Confrérie de Sang Africain) s'organisa autour d'un grand nombre
d'émigrés Jamaïcains dans les années 1920. Ce groupe socialiste revendiquait l'auto-détermination
des Noirs américains, en s'appuyant sur le programme des Quatorze points du président Wilson et
son appel au respect du « droit des peuples ». Inspiré en outre par la Révolution russe, beaucoup de
leaders de l'African Blood Brotherhood ont rejoint par la suite le Parti communiste des États-Unis
d'Amérique.
De plus, un grand nombre de Noirs avait quitté les États du Sud pendant la guerre. L'effort
industriel de guerre nécessaire à la nouvelle « économie de guerre », et le manque de main-d'œuvre
dans les industries d'armement, leur offrait en effet des opportunités d'emploi stables, tandis que la
crise économique qui toucha l'économie agraire du Sud dans les années 1920 acheva de les pousser
à l' « exode ». En expansion rapide, les communautés noires du Nord étaient confrontées à des
nouveaux problèmes, parfois similaires (le racisme, la misère, la violence policière et l'hostilité
ouverte de l'administration), mais ils bénéficiaient aussi d'autres conditions politiques permettant
une bien meilleure organisation.
Scottsboro Boys
Avec le Parti communiste des États-Unis d'Amérique, la NAACP organisa la campagne de soutien
aux « Scottsboro Boys », neuf Noirs arrêtés en 1931 après une bagarre dans un train, avec des
Blancs. Accusés d'avoir violé deux femmes blanches habillées en hommes, les neuf avaient par la
suite été condamnés à mort. La NAACP et le Parti communiste se sont opposés au nom de la
stratégie de défense à adopter. Celle du Parti communiste à travers la League of Struggle for Negro
Rights et de l'International Labor Defense prévalut. La campagne judiciaire menée par l'IDL aboutit
à deux décisions majeures de la Cour suprême étendant le droit à la défense des accusés. Aucun des
neuf ne fut finalement condamné à mort, et la plupart réussirent même à être acquittés.
La défense des Boys de Scottsboro n'était qu'un des cas parmi ceux que l'ILD défendait dans le Sud.
Jusqu'au milieu des années 1930, l'ILD était le défenseur le plus énergique des droits des Noirs
appelés à comparaître devant un tribunal, et l'organisation liée à un parti la plus populaire parmi les
Noirs américains. Ses campagnes en faveur des droits de la défense des citoyens noirs fit beaucoup
pour attirer l'attention de l'opinion publique sur les conditions extrêmes auxquelles devaient se
confronter la population noire dans le système judiciaire en vigueur dans les États sudistes.
NAACP
Article détaillé : NAACP.
La NAACP se concentra principalement, entre les deux guerres, à lutter contre le lynchage des
Noirs. Elle envoya en octobre 1919 Walter White, qui devint plus tard son secrétaire général, au
Comté de Phillips, en Arkansas, afin d'enquêter sur les émeutes d'Elaine. Après qu'une attaque d'un
shérif député contre une réunion syndicale de manœuvres agricoles se solda par la mort d'un Blanc,
des troupes fédérales et des maraudeurs blancs massacrèrent plus de 200 tenanciers noirs. La
NAACP organisa alors l'appel pour les douze hommes condamnés à mort un mois plus tard, sur la
base de témoignages obtenus sous les coups et l'usage de décharges électriques. L'appel se
prolongea à la Cour suprême dans le cas Moore v. Dempsey (1923), qui aboutit à l'extension
conséquente de la surveillance des tribunaux fédéraux sur les systèmes judiciaires propres à chaque
État. De plus, la NAACP essaya aussi pendant plus d'une décennie d'obtenir une législation fédérale
interdisant les lynchages. À chaque nouveau crime haineux, elle accrochait, à la fenêtre de ses
bureaux de New York, un drapeau noir où l'on pouvait lire « A Man Was Lynched Yesterday » (« Un
homme a été lynché hier »).
S'alliant avec la Fédération américaine du travail (AFL), la NAACP réussi à empêcher la
nomination de John J. Parker à la Cour suprême. Ce dernier était opposé à la fois au droit de vote
des Noirs et au mouvement ouvrier. Cette victoire démontra à la fois les possibilités de mobilisation
de la NAACP et un premier pas vers la construction d'alliances avec le mouvement ouvrier.
Les vétérans revenant de la Seconde Guerre mondiale, qui avaient lutté contre la barbarie nazie au
nom de la liberté, revinrent, comme après la Première guerre, renforcés dans leurs convictions de
mener une lutte légitime et nécessaire au nom de l'égalité des droits. Un vétéran déclarait: « J'ai
passé quatre ans dans l'armée pour libérer un tas de Hollandais et de Français, et je vais me faire
pendre si je laisse la version alabamienne [the Alabama version] des Allemands me mettre des
coups de pied au cul [kick me around] quand je rentre à la maison. Non monsieur! Je suis entré dans
l'armée comme nègre; j'en sortirai un homme. »3
Le nombre d'adhérents de la NAACP décupla pendant ces années de guerre : de 50 000 en 1940,
elle en revendiquait 450 000 en 19464.
La nouvelle section juridique de la NAACP, dirigée par Charles Hamilton Houston et Thurgood
Marshall, entama une campagne qui dura plusieurs décennies afin d'obtenir l'annulation, par la Cour
suprême, de la doctrine « séparés mais égaux », énoncée en 1896 lors de Plessy v. Ferguson et qui
légalisa la ségrégation raciale, estimée conforme à la Constitution des États-Unis et à la déclaration
faite par les Pères fondateurs dans la Déclaration d'Indépendance de 1776 selon laquelle « tous les
hommes naissent libres et égaux en droit. » Si le régime d'apartheid en Afrique du Sud reconnaissait
officiellement mener une politique raciste, en déniant aux Noirs le statut de citoyens, en les
cantonnant dans des bantoustans, en affirmant explicitement dans la loi de 1953 (Reservation of
Separate Amenities Act) que les Noirs n'avaient pas à jouir d'égalité de traitement, la Cour suprême
américaine avait en effet prétendu que la ségrégation raciale imposée par les États du Sud après la
Reconstruction ne mettait en jeu ni le statut de citoyens reconnu aux Noirs depuis la fin de la guerre
de Sécession, ni leur égalité formelle. Ainsi se justifiait la doctrine « séparés mais égaux », au nom
d'un séparatisme strict entre la société noire et la société blanche, fondement de la ségrégation
raciale dans tous les domaines. Aussi, la lutte pour les droits civiques a été en grande partie une lutte
pour faire respecter un statut de citoyen en théorie reconnu, mais dénié dans la pratique, à tel point
que le droit de vote était légalement contourné par des dispositions abusives (impôt censitaire, etc.)
tandis que la ségrégation raciale conduisait à une inégalité flagrante entre Noirs et Blancs,
contredisant la prétendue égalité proclamée pour tout citoyen dans la Déclaration d'indépendance
(les Noirs ne devenant citoyens américains qu'après la guerre de Sécession — les Amérindiens eux-
mêmes n'obtinrent le droit de citoyenneté qu'avec l'Indian Citizenship Act de 1924 — Loi de
citoyenneté des Indiens). Dès lors, l'objectif de la NAACP était de démontrer que la ségrégation
raciale contredisait le statut de citoyen accordé aux Noirs nés en Amérique et par conséquent la
Clause de l'égalité des droits (Equal Protection Clause) inscrite dans le Quatorzième amendement.
Pour cela, au lieu d'en appeler au pouvoir législatif ou exécutif, la NAACP misa tous ses efforts sur
le pouvoir judiciaire, estimant que le Congrès était dominé par les ségrégationnistes du Sud, tandis
que la présidence ne pouvait se permettre de perdre les voix du Sud4. La première plainte déposée
par la NAACP n'attaquait pas le principe « separate but equal » directement, mais essayait plutôt de
montrer que les installations ségrégationnistes n'étaient pas, de fait, égales.
Ces modestes débuts ont permis de dévoiler la nature arbitraire des distinctions tracées par les États
afin de préserver la ségrégation, et l'impact humiliant de celle-ci. La décision historique de la Cour,
dans Brown v. Board of Education en 1954, qui jugea anticonstitutionnelle la ségrégation dans les
écoles primaires, n'était en fait que le premier pas dans le démantèlement de la ségrégation dans le
Sud, mais un pas décisif dans la mesure où cela rendait la discrimination raciale appuyée par l'État
complètement illégitime.
Avant Brown, Marshall avait essayé de plaider l'anti-constitutionnalité de la ségrégation raciale
dans Briggs v. Elliot et quelques autres plaintes. Le cas de Brown fut préparé : la section locale de
la NAACP jugea qu'Oliver Brown, assistant pasteur et père de trois filles à Topeka, faisait un
candidat idéal. On lui demanda d'inscrire ses filles à l'école blanche de la région, avant de déposer
plainte après le refus prévisible. Plus tard, cette plainte et quelques autres arrivèrent jusqu’à la Cour
suprême, où elles furent groupées sous le nom de « Brown ». Son nom fut apparemment choisi car,
le Kansas n'ayant pas fait partie des États confédérés, on estimait ainsi que cela ne cantonnerait pas
la question à un problème purement sudiste4.
Au sein de la NAACP, certains craignaient que le juge sudiste et président de la cour, Fred M.
Vinson, se déclarerait immanquablement contre toute tentative d'inverser la jurisprudence Plessy v.
Ferguson, réduisant ainsi à néant leur tentative. Ils pensaient ainsi que l'enthousiasme de Marshall
risquait d'aboutir à reconduire cette jurisprudence pour au moins encore une décennie. Ainsi, un des
avocats de la NAACP pensait qu'il valait mieux atteindre le départ à la retraite, ou le décès, de
Vinson (les juges à la Cour suprême étant nommés à vie). La Cour écouta d'abord la plainte en
décembre 1952, sans aboutir à quelque décision que ce soit. Exceptionnellement, la Cour accorda
un an aux avocats pour faire des recherches à propos des intentions des auteurs de la Clause de
protection égale incluse dans le 14e Amendement. Coup de théâtre, en septembre 1953 Vinson était
victime d'une attaque cardiaque, poussant le juge Felix Frankfurter à déclarer : « C'est la première
indication que j'ai jamais vu qu'il y a un Dieu. »5 Vinson fut remplacé par Earl Warren, connu pour
ses vues timides au sujet des droits civiques6.
Après avoir réentendu les parties civiles en décembre, Warren s'efforça de convaincre ses collègues
d'aboutir à une décision unanime renversant l'arrêt Plessy v. Ferguson de 1896. Cinq des huit juges
l'appuyaient, deux s'étaient laissé persuader par Warren que la décision n'affecterait pas
véritablement la question de la légalité de Plessy, se concentrant plutôt sur le principe d'égalité. Le
dernier, Stanley Reed, se laissa convaincre après qu'on lui suggéra qu'exprimer, seul, en tant
qu'homme du sud, un avis minoritaire (dissentiment ; la Cour suprême rédigeant, en cas de
désaccord, l'avis de la majorité, et l'avis de la minorité), pouvait être plus dangereux et incendiaire
qu'une décision unanime. En mai 1954, Warren rédigea l'avis unanime de la Cour, selon laquelle
« la ségrégation des enfants dans les écoles publiques uniquement sur le fondement de la race »
privait « les enfants du groupe minoritaire de l'égalité des chances scolaires. »
La décision, néanmoins, fut loin d'être facilement acceptée dans les États sudistes. Thomas B.
Stanley, gouverneur de Virginie, déclara ainsi qu'il « utiliserait tous les moyens légaux possibles
pour maintenir les écoles ségrégées en Virginie. » Un sondage suggéra que 13 % des policiers de
Floride seraient prêts à faire appliquer la décision de la Cour suprême, tandis que plusieurs
membres du Congrès, élus au Sud, signèrent « le Manifeste sudiste » (The Southern Manifesto)
promettant de résister à la décision à l'aide de « moyens légaux ». Cheryl Brown réussit néanmoins
à entrer en 1st grade (CP) dans une école publique blanche, première étape du « mouvement pour
les droits civiques. »7
Positions d'autres mouvements
Communauté juive américaine et mouvement des droits civiques
La majorité de la communauté juive américaine appuyait la lutte pour les droits civiques des Noirs.
Nombre de personnes du mouvement étaient d'origine juive, la plupart non-religieux, juifs libéraux
ou « juifs conservateurs » (du mouvement Massorti). De nombreux philanthropes juifs ont soutenu
financièrement la NAACP et l'ensemble du mouvement noir, ainsi que les écoles noires. L'un
d'entre eux, Julius Rosenwald, finança la création de douzaines d'écoles primaires, secondaires et
d'universités pour la jeunesse noire émancipée. Il contribua personnellement à la création de
2 000 écoles, dont l'université Howard, Dillard University et Fisk University. À un moment, 40 %
des Noirs du Sud étudiaient dans de telles écoles. L'American Jewish Committee, le American
Jewish Congress et la Anti-Defamation League appuyèrent activement le mouvement des droits
civiques.
Selon l'émission From Swastika to Jim Crow, diffusée par la PBS :
« Ainsi, dans les années 1930 et 1940, quand des professeurs juifs réfugiés
[d'Allemagne nazie] arrivaient dans des Universités noires du Sud, il y avait une histoire
d'empathie ouverte entre les Noirs et les Juifs, et la possibilité d'une collaboration
véritablement efficace. Le professeur Ernst Borinski organisait des diners durant
lesquels des Noirs et des Blancs s'asseyaient côte à côte — un acte simple mais
révolutionnaire. Des étudiants noirs sympathisaient avec la cruauté à laquelle ces
savants avaient été confrontés en Europe, et leur faisaient plus confiance qu'à n'importe
quel autre Blanc. En fait, les étudiants noirs — ainsi que d'autres membres de la société
blanche du Sud — considéraient ces réfugiés comme des sortes de personnes de
couleur8 »
Références
• (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais
intitulé « African-American Civil Rights Movement (1896–1954) » (voir la liste des auteurs).
1.
• Rosita Boisseau, « Quand la danse américaine partait en guerre contre les injustices », dans
Le Monde du 15-02-2008, mis en ligne le 14-02-2008, [lire en ligne [archive]]
• Pap Ndiaye, Les Noirs américains. En marche pour l'égalité, Gallimard, Paris, 2009, p. 45.
• « I spent four years in the Army to free a bunch of Dutchmen and Frenchmen, and I'm
hanged if I'm going to let the Alabama version of the Germans kick me around when I get
home. No sirree-bob! I went into the Army a nigger; I'm comin' out a man. »
• Ewers, Justin (March 22, 2004). « 'Separate but equal' was the law of the land, until one
decision brought it crashing down » [archive] (page 2). US News & World Report.
• « This is the first indication I have ever had that there is a God. »
• Ewers, Justin (March 22, 2004). « 'Separate but equal' was the law of the land, until one
decision brought it crashing down » [archive] (page 3). US News & World Report.
• Ewers, Justin (March 22, 2004). « 'Separate but equal' was the law of the land, until one
decision brought it crashing down » [archive] (page 4). US News & World Report.
8. Thus, in the 1930s and '40s when Jewish refugee professors arrived at Southern Black
Colleges, there was a history of overt empathy between Blacks and Jews, and the possibility
of truly effective collaboration. Professor Ernst Borinski organized dinners at which Blacks
and Whites would have to sit next to each other - a simple yet revolutionary act. Black
students empathized with the cruelty these scholars had endured in Europe and trusted them
more than other Whites. In fact, often Black students - as well as members of the Southern
White community - saw these refugees as « some kind of colored folk. », PBS, « From
Swastika to Jim Crow »
Voir aussi
Articles connexes
• Mouvement américain des droits civiques
• Ségrégation raciale aux États-Unis
• Reconstruction (États-Unis)
• Lynchage et loi de Lynch
Bibliographie
Anglophone
• (en-US) Richard Kluger, Simple Justice: The History of Brown v. Board of Education and
Black America's Struggle for Equality, Alfred A. Knopf, 12 décembre 1975, 880 p.
(ISBN 9780394472898, lire en ligne [archive]),
• (en-US) John Egerton, Speak Now Against the Day: The Generation Before the Civil Rights
Movement in the South, University of North Carolina Press, 6 novembre 1995, 768 p.
(ISBN 9780807845578)
• (en-US) Bruce Nelson, Divided We Stand: American Workers and the Struggle for Black
Equality, Princeton University Press, 18 décembre 2000, 448 p. (ISBN 9780691017327, lire en
ligne [archive]),
• (en-US) Beth Tompkins Bates, Pullman Porters and the Rise of Protest Politics in Black
America, 1925-1945, University of North Carolina Press, 1er janvier 2001, 308 p.
(ISBN 9780807849293, lire en ligne [archive]),
• (en-US) Jon Meacham, Voices in Our Blood: America's Best on the Civil Rights Movement,
Random House, 1er janvier 2001, 584 p. (ISBN 9780375758812, lire en ligne [archive]),
• (en-US) Clayborne Carson, Reporting Civil Rights, Part One: American Journalism 1941-
1963, Library of America, 6 janvier 2003, 996 p. (ISBN 9781931082280),
• (en-US) Clayborne Carson, Reporting Civil Rights, Part Two: American Journalism 1963-
1973, Library of America, 6 janvier 2003, 1066 p. (ISBN 9781931082297, lire en ligne [archive]),
Francophone
• (fr) Booker T. Washington, Up from Slavery, Ascension d'un Esclave Emancipé, Editeurs
Libres, 15 septembre 2008, 256 p. (ISBN 9782916399072),
• (fr) Doug McAdam, Freedom Summer : Luttes pour les droits civiques, Mississippi 1964,
Agone, 13 septembre 2012, 496 p. (ISBN 9782748901641),