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Inanna
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Symboles
Inanna/Ishtar a pour animal-attribut le lion. Son symbole le plus
courant est une étoile ou une étoile inscrite dans un disque,
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symbolisant son rôle de divinité astrale . Son nombre était le 15,
ce qui correspond à la moitié du nombre 30 attribué à son père
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Nanna/Sîn (soit le nombre de jours dans un mois lunaire « idéal ») .
L'origine de la déesse Inanna/Ishtar est impossible à déterminer avec certitude car elle se produit à des
époques pour lesquelles la documentation écrite est absente, et la documentation archéologique trop limitée
pour bien connaître l'univers religieux. Elle se produit dans le contexte culturel spécifique des régions
méridionales de la Mésopotamie du IVe millénaire av. J.-C. et du début du IIIe millénaire av. J.-C., qui
voient coexister deux principaux groupes parlant des langues sans parenté, le sumérien, un isolat
linguistique dominant au Sud, et l'akkadien, une langue sémitique dominante au Nord (les peuples
sémitiques étant par ailleurs implantés dans le Nord mésopotamien et en Syrie). Bien qu'il y ait des
différences culturelles entre les deux groupes, ils évoluent en symbiose depuis longtemps et de nombreux
échanges culturels ont eu lieu entre eux, avec une prééminence pour l'élément sumérien. L'histoire
d'Inanna/Ishtar est marquée par la rencontre de ces deux peuples : Inanna est une déesse du pays de Sumer,
tandis qu'Ishtar est d'origine sémitique.
En sumérien, Inanna était interprété comme dérivant de nin.an.a(k), « Dame du Ciel » ou « Reine du
Ciel ». Mais rien ne démontre qu'il s'agisse bien de l'origine du nom. Th. Jacobsen avait proposé que le nom
signifie en fait « Dame des grappes de dattes », dans une interprétation naturaliste de la religion originelle de
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Sumer, proposition qui n'a pas vraiment rencontré d'écho . Inanna est en particulier la déesse tutélaire
de la ville d'Uruk, qui est la plus importante du pays de Sumer à ces époques, et dont le rayonnement s'est
étendu sur les régions voisines. C'est dans ce contexte qu'elle apparaît pour la première fois, dans les textes
les plus anciens connus, datés de la fin du IVe millénaire av. J.-C., et c'est d'ailleurs la plus ancienne divinité
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sumérienne clairement attestée . Elle a déjà manifestement un aspect astral, lié à la planète Vénus, et
semble être une déesse liée à la fertilité en même temps que celle octroyant la royauté à Uruk, peut-être dans
une variante ancienne du thème du « Mariage sacré » entre le roi et la déesse, si on suit l'interprétation du
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vase d'Uruk qui veut qu'il représente les offrandes que lui fait le souverain d'Uruk .
Le nom Ishtar (peut-être plutôt Ashtar ou Eshtar à l'origine) a quant à lui assurément une origine sémitique,
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qui pourrait provenir de la racine ʾṭr « être riche », mais cela reste sujet à débat . La forme originelle du
nom semble masculine ou neutre (ʿaṯtar, ʿaštar), et sa forme féminine a donné en pays ouest-sémitique
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(Ougarit, Phénicie) le nom du pendant local d'Ishtar, Astarté . Un équivalent de ces déesses apparaît
d'ailleurs sous le nom Aštar dans les textes archaïques du royaume syrien d'Ebla, au xxive siècle av. J.-C. Il
s'agit là encore d'une déesse vue comme une manifestation de la planète Vénus. Il est couramment
considéré que l'aspect guerrier est un attribut de la sémitique Ishtar, puisqu'il est surtout affirmé à partir du
moment où une dynastie d'origine sémitique prend le pouvoir, la dynastie d'Akkad, au xxive siècle av. J.-C.,
avec l'apparition de la figure Ishtar-Annunītum (« Ishtar de la bataille »). Mais les modalités de la rencontre
et surtout de l'assimilation de ces deux déesses pour lesquelles on postule des fonctions bien différentes n'est
pas sans poser problème, d'autant plus que dès les premiers temps il semble bien y avoir eu plusieurs
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variantes des déesses Inanna et Ishtar, ce qui rend tout scénario simplificateur peu probable . Ainsi, il
semblerait qu'il ait existé une troisième déesse, nommée Inin ou Innina, d'origine sémitique et selon toute
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vraisemblance distincte d'Inanna , qui serait plus précisément liée à l'aspect martial (son nom dériverait de
la racine signifiant « bataille »), qui réapparaîtrait postérieurement avec l'épithète Annunītum (issu de la
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même racine) .
Il y a manifestement un ensemble de déesses similaires dont l'origine remonte à des temps pré-historiques
qui ne peuvent être approchés par la recherche, ayant potentiellement une origine commune, mais qui sont
dès les débuts de l'époque historique éclatées en une myriade de manifestations locales d'Inanna/Ishtar, dont
chacune semblerait présenter des aspects propres qui l'individualisent par rapport aux autres, même si cela
transparaît rarement de façon claire dans la théologie. Cela n'a pas empêché dès la même époque
l'émergence d'une déesse Inanna/Ishtar sans assise locale, qui apparaît assurément dans la littérature
religieuse comme une figure unique, à la personnalité certes complexe mais pas forcément sans cohérence,
qui aurait alors assimilé les traits de plusieurs de ces déesses. Cette tension entre niveau local et niveau
supra-régional est courante dans les religions polythéistes antiques, et explique pourquoi il est très difficile
d'identifier l'origine des divinités majeures, puisqu'on repère aussi bien des dynamiques d'agrégation de
traits de plusieurs divinités dans une seule, que de dispersion d'une divinité originelle en plusieurs variantes
locales plus ou moins spécifiques. Pour T. Abusch, favorable à l'idée selon laquelle Inanna-Ishtar serait le
produit de la réunion de plusieurs déesses aux aspects similaires, elle aurait été à l'origine une figure mêlant
une vaste gamme de pouvoirs liés à la fertilité et à la mort, dont la personnalité aurait évolué pour devenir
une divinité des polarités, réunissant en elle d'autres couples d'opposés (amour et guerre, ordre et désordre,
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normes et subversions, etc.) . Pour d'autres (G. Selz et J. Goodnick Westenholz notamment), l'assimilation
de la déesse à la planète Vénus serait son aspect le plus important, qui expliquerait l'agrégation des
caractères de différentes déesses dont le seul point commun serait le lien avec cet astre. De plus, l'aspect
bipolaire de la divinité découlerait du mouvement de cet astre, qui apparaît deux fois dans le ciel, le matin et
le soir. Inanna/Ishtar serait ainsi avant tout la « Dame du Ciel », une déesse ayant notamment la faculté de
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réunir ce qui s'oppose .
Quelles que soient ses origines, Inanna/Ishtar est, dès les périodes archaïques, les premières à pouvoir offrir
un panorama d'ensemble du monde religieux mésopotamien, la principale déesse de la Mésopotamie. Cela
pourrait résulter du rayonnement d'Uruk à la fin du IVe millénaire av. J.-C., qui aurait progressivement
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incité à identifier les principales déesses locales à la déesse de cette cité . Il est possible qu'à cette période
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Inanna d'Uruk ait été la destinataire d'un culte commun aux principales cités du pays de Sumer . Inanna
apparaît en tout cas dès le milieu du IIIe millénaire av. J.-C. dans les listes divines parmi les principales
divinités de Sumer : en sixième position dans celle d'Abu Salabikh, et en troisième position (après Anu et
Enlil) dans celle de Shuruppak. Inanna/Ishtar dispose en tout cas de plusieurs lieux de culte dans le Sud et le
Nord, et est déjà la déesse tutélaire de plusieurs villes majeures : Uruk, mais aussi Kish, la principale entité
politique du pays de langue akkadienne, Zabalam ; elle est importante dans les grandes cités de Lagash et
Nippur. Elle est une divinité majeure à
Akkad et en quelque sorte la divinité
tutélaire de la dynastie de l'empire
d'Akkad, et occupe sans doute déjà la
même position à Ninive et Assur ainsi
qu'à Mari où son temple a livré un
Objets de culte matériel archéologique impressionnant.
(encensoirs, autels en Dans la théologie, elle apparaît souvent Sceau-cylindre avec empreinte
forme de maison, avec le statut de pourvoyeuse de la représentant une scène de
statuettes) mis au jour 24 présentation d'un fidèle devant Ishtar,
royauté .
dans les niveaux période paléo-babylonienne (xviii e –
e
archaïques du temple La suprématie d'Ishtar s'affirme dans xvii siècle av. J.-C.). Metropolitan
d'Ishtar à Assur, milieu les siècles suivants. Au début du Museum of Art.
du IIe millénaire av. J.-C., son nom
e
III millénaire av. J.-C., akkadien sert pour former un terme
musée de Pergame. synonyme de « déesse », ištaru (pl.
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ištarātu) ou ištartu . Ishtar est donc
non seulement la principale déesse de
Mésopotamie, mais elle est devenue la déesse mésopotamienne par
excellence, occultant la plupart des autres figures féminines du
panthéon, qui sont parfois présentées comme des manifestations
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d'Inanna/Ishtar . Cette concentration contraste avec le fait que
les autres grandes déesses du panthéon sumérien (Ninhursag,
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Nisaba, Nammu, Ereshkigal, etc.) voyaient leur rôle décliner ,
Ishtar, celle qui était déjà la plus importante, restant la seule figure Vase en pierre inscrit, dédié à Inanna
féminine des panthéons mésopotamiens à occuper un rôle de de Zabalam sous le règne de Rîm-
premier plan (avec, dans une moindre mesure, la déesse-guérisseuse Sîn de Larsa (1822–1763 av. J.-C.).
Gula), et devenant l'incarnation de la déesse voire de la femme dans Musée de l'Institut oriental de
la tradition mythologique mésopotamienne à partir de cette période. Chicago.
Au xviie siècle av. J.-C., le roi Ammi-ditana de Babylone consacre
un hymne à la gloire d'Ishtar qui figure parmi les plus belles pièces
du genre en Mésopotamie ancienne, dont voici le début :
Célébrez la Déesse, la plus auguste des Déesses !
Honorée soit la Dame des peuples, la plus grande des dieux !
Célébrez Ishtar, la plus auguste des déesses,
Honorée soit la Souveraine des femmes, la plus grande des dieux !
- Elle est joyeuse et revêtue d'amour.
Pleine de séduction, de vénusté, de volupté !
Ishtar-joyeuse revêtue d'amour,
Pleine de séduction, de vénusté, de volupté !
- Ses lèvres sont tout miel ! Sa bouche est vivante !
À Son aspect, la joie éclate !
Elle est majestueuse, tête couverte de joyaux :
Splendides sont Ses formes ; Ses yeux, perçants et vigilants !
- C'est la déesse à qui l'on peut demander conseil
Le sort de toutes choses, Elle le tient en mains !
De Sa contemplation naît l'allégresse,
La joie de vivre, la gloire, la chance, le succès !
- Elle aime la bonne entente, l'amour mutuel, le bonheur,
Elle détient la bienveillance !
La jeune fille qu'Elle appelle a trouvé en Elle une mère :
Elle la désigne dans la foule, Elle articule son nom !
- Qui ? Qui donc peut égaler Sa grandeur ?
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— Hymne d'Ammi-ditana de Babylone à Ishtar, traduction de J. Bottéro .
Ishtar reste la principale déesse des royaumes mésopotamiens du Ier millénaire av. J.-C.. En Assyrie, deux
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de ses hypostases, Ishtar de Ninive et Ishtar d'Arbèles, sont vues comme les protectrices du souverain et
de son royaume, tout en étant manifestement perçues chacune comme une divinité à part entière
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indépendante de l'autre . À Babylone, Ishtar dispose d'importants lieux de culte dans la ville même et
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de nombreux autres dans les grandes villes du royaume, à commencer par Uruk .
Ishtar partage de nombreux points communs avec d'autres déesses du Proche-Orient ancien, avec lesquelles
elle partage parfois des origines communes, ou bien qu'elle a influencées en profitant du rayonnement de la
culture mésopotamienne sur les régions voisines.
Les divinités des panthéons sémitiques comme Ashtar à Ebla et surtout Astarté à Ougarit et chez les
Phéniciens partagent manifestement une origine commune avec leur quasi-homophone Ishtar, et sont
comme elles des manifestations de la planète Vénus, sans doute aussi des divinités ayant un aspect guerrier
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ou chasseur (elles ont également pour animal-symbole le lion) . Ishtar présente également des similarités
avec une autre déesse ouest-sémitique, Anat, qui a elle aussi pour épithète « Dame/Reine du Ciel » et est
également identifiée comme étant la planète Vénus tout en ayant les caractères de déesse de la fertilité, de
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l'amour, de la chasse . Le culte de ces déesses ouest-sémitiques est par ailleurs attesté dans la Bible
hébraïque, et leur figure ainsi que celle d'Ishtar se retrouve dans celle de la « Reine du Ciel (en) » dont le
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culte, répandu chez les Judéens du vie siècle av. J.-C., est dénoncé par le prophète Jérémie . Elle est
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présente peut-être aussi des similitudes avec la déesse Ashera .
La déesse grecque Aphrodite, qui est également associée à la planète Vénus et la sexualité, est
manifestement influencée par ces déesses (Astarté en particulier), et peut-être même d'origine proche-
orientale. Mais les influences religieuses entre le Proche-Orient et la Grèce restent difficile à étudier, en
raison de la diversité des chemins qu'ont pu prendre ces influences
(sans doute Chypre, aussi l'Anatolie, la Phénicie). Aphrodite n'est
en tout cas pas attestée dans les textes mycéniens, ce qui semble
plaider en faveur d'une apparition tardive de cette déesse dans le
monde grec et rendrait donc plausible une introduction récente
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depuis l'Est . Néanmoins il y a également des traits distinctifs entre
les deux divinités, qui témoignent de l'intégration d'éléments
proprement grecs à cette figure divine lorsqu'elle a été introduite
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dans ce pays .
Dans l'espace élamite, il n'y a pas vraiment de divinité d'origine locale qui semble correspondre à
Inanna/Ishtar (dont le culte était du reste implanté à Suse), même si des liens sont possibles avec Pinikir et
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Kiririsha, impossibles à confirmer en raison du peu d'informations dont on dispose sur celles-ci . Chez les
Perses, il est possible que la figure d'Ishtar ait eu une influence sur la déesse Anahita, associée elle aussi à
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l'amour et à la fertilité (c'est l'avis de M. Boyce) .
Un beau poème est dédié à l'aspect astral de la déesse par le roi Iddin-Dagan d'Isin :
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— Hymne d'Iddin-Dagan à Inanna
Le récit de l'Exaltation d'Ishtar relate comment le dieu céleste Anu l'élève parmi les autres divinités du Ciel,
à savoir le Soleil et la Lune, et la surnomme « Ishtar des étoiles » (Ishtar-kakkabi), nom utilisé à plusieurs
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reprises dans la documentation cunéiforme pour évoquer l'aspect astral de la déesse :
Pour Sîn et pour Shamash, (par) le jour et la nuit, il y eut deux parts égales ; […]
À cette place, Ishtar, hausse-toi
à la royauté de tous.
O Innin, sois, toi, la plus brillante d'entre eux,
et qu'ils t'appellent « Ishtar-des-étoiles » !
Que, souverainement, à côté d'eux,
se change ta place en la plus haute.
Que, lors de la garde même de Sîn et de Shamash,
rayonnante soit ta splendeur ;
que l'éclatant flamboiement de ta torche
au milieu du ciel s'allume !
Comme parmi les dieux, tu n'as personne qui t'approche,
que les peuples t'admirent !
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— Exaltation d'Ishtar, traduction de René Labat
Son lien avec cet astre apparaissant dans le ciel deux fois par jour à deux endroits différents (à l'est et à
l'ouest) a fait qu'elle a été adorée sous ses deux aspects à Uruk à la fin du IVe millénaire av. J.-C., avec les
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épithètes húd « matin » et sig « soir » . Ce pourrait être son aspect originel, la source de sa personnalité
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complexe et « bipolaire » . En tout cas, au Ier millénaire av. J.-C., il est courant que Vénus soit considérée
comme « bi-sexuée », masculine au matin et féminine au soir, ou l'inverse suivant les traditions. Elle occupe
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une place importante dans l'astrologie . L'invisibilité partielle de la planète Vénus, associée à
Ishtar/Inanna, pendant la nuit était aussi interprétée comme un voyage aux Enfers en compagnie du dieu
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solaire Shamash, son frère .
Si elle a sans doute eu dans les temps anciens un rôle concernant la fertilité des plantes et des animaux,
Inanna s'affirme dans les textes de la fin du IIIe millénaire av. J.-C. comme une déesse liée à l'amour puis de
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plus en plus à la sexualité, et non pas la fécondité .
De nombreux hymnes et chansons d'amour en sumérien s'intéressent ainsi à sa relation avec son époux, le
dieu-berger Dumuzi (Tammuz en pays sémitique), le couple divin devenant un modèle pour ce qui relève
de la séduction et de la sexualité. Ces récits se présentent souvent sous la forme d'un jeu de séduction entre
Inanna, présentée comme une jeune fille de bonne famille très belle, séductrice et disposant de beaux atours,
en émois devant son promis, qui éveille en elle des sentiments enthousiastes et des désirs sexuels, et Dumuzi
qui cherche à gagner son cœur en lui faisant la cour, et à l'épouser, en accord avec les conventions sociales.
Cette union a un lien symbolique manifeste avec la fertilité, qui doit découler de l'union des deux divinités,
qui ressort de manière claire dans les écrits liés au thème du « Mariage sacré » qui s'appuie sur cette
tradition mythologique et qui présentent Inanna comme la garante du succès des récoltes et du croît des
troupeaux. La contrepartie se trouve dans les récits consacrés à la descente d'Inanna aux Enfers et à la mort
de Dumuzi qui en découle, marquant (pour un temps) la fin de cette prospérité, et renvoyant sans doute au
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cycle des saisons .
Statue fragmentaire de
femme nue, mise au jour
dans le temple d'Ishtar
de Ninive, avec dédicace
d'Assur-bel-kala (1073-
1056 av. J.-C.). British
Museum. Déesse nue, sans doute
Inanna/Ishtar dans sa fonction
de déesse de l'amour et de la
sexualité, détail d'un vase
exhumé à Larsa (« vase
d'Ishtar »), début du
IIe millénaire av. J.-C., musée
du Louvre.
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— Chant nuptial pour Inanna et Dumuzi .
Le caractère sexuel d'Inanna/Ishtar est progressivement plus prononcé. Elle est alors la patronne du désir
sexuel, des relations sexuelles, et est invoquée dans des prières visant à obtenir l'amour d'un être désiré, de
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même que dans des rituels visant à lutter contre l'impuissance sexuelle ou pour enfanter . Dans ses
temples, on lui dédiait des objets votifs manifestement en rapport avec la sexualité à ces mêmes fins,
notamment des triangles pubiens : de nombreux exemplaires en terre cuite ont été mis au jour dans son
temple à Assur, et l'inventaire du trésor du temple de la déesse Ishtar de Lagaba mentionne une vulve en or
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et huit en argent . Les nombreuses représentations en terre cuite de femmes nues et de couples en pleins
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ébats sont couramment rattachées au culte d'Ishtar , mais en fait cela n'est pas évident, le sens exact de ces
œuvres restant débattu, d'autant plus qu'elles n'ont que rarement été mises au jour dans des temples
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d'Inanna/Ishtar . Parmi les autres divinités liées à l'amour et la sexualité dont la personnalité était voisine
de celle d'Inanna/Ishtar, peut être mentionnée Nanaya ou Nanâ, dont le lieu de culte principal se trouvait
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également à Uruk .
On a beaucoup débattu sur l’existence ou non d’une « prostitution sacrée » dans les temples de la déesse, à
partir du témoignage de Hérodote sur une telle pratique en Assyrie et sur les différents aspects de la
personnalité et du culte d’Ishtar liés à la sexualité et la prostitution. Il semblerait que les sanctuaires de la
déesse soient bien associés, directement ou au moins indirectement, à de telles activités, puisqu’il y a des
attestations de desservants de temples d’Ishtar percevant des revenus liés à la prostitution (il pourrait
néanmoins s'agir d'offrandes versées par des prostituées à leur déesse tutélaire), et qu'un texte de Nuzi
semble montrer qu’une fille est donnée par son père en gage au temple local de la déesse dans le but de
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servir comme prostituée . Il faudrait alors réinterpréter la littérature et les objets liés à la fonction sexuelle
de la déesse comme liés à cet aspect de son culte et à sa valorisation. Mais cela reste encore très mal connu
et débattu. Il conviendrait notamment d'éclairer la fonction exacte d'une partie des desservants d’Ishtar,
certains comme les assinnu(m) et les kurgarrû(m), accomplissant lors des rituels des chants et des danses,
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étant peut-être des travestis (ou bien des hermaphrodites) , d’autres comme les kezertus étaient des femmes
servant apparemment de musiciennes mais ont aussi pu être des sortes de « courtisanes ».
Ce patronage et ce personnel indiquent qu'Ishtar devient parfois une divinité liée aux marges, avec un
potentiel subversif. En témoigne le fait qu'elle n'est plus présentée comme une jeune promise se pâmant
devant son promis et espérant son mariage en accord avec les bonnes mœurs, mais plutôt comme une
croqueuse d'hommes, jamais associée durablement à un compagnon masculin, ses partenaires connaissant
par ailleurs souvent un destin funeste. Un hymne hourro-hittite décrit ainsi la déesse sous son aspect de
patronne de l'amour et du désir comme pouvant aussi bien être à l'origine de l'amour entre un homme et une
femme (« Un homme et sa femme qui s'aiment et portent leur amour à son accomplissement : cela a été
décidé par toi, Ishtar »), mais également des adultères, et évoque le fait que la déesse elle-même a causé la
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68
perte de nombre de ses amants (« Ishtar : tu as dévoré tes époux ») . Dans l’Épopée de Gilgamesh, le
héros rejette violemment les avances de la déesse en énumérant ses amants qui ont connu la perdition à
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cause d'elle .
Dans le mythe Inanna et Ebih, Ishtar prend elle-même les armes pour combattre la redoutable montagne
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Ebih, exploit égalant ceux du grand dieu guerrier Ninurta . Dans le Poème d'Agushaya, elle est présentée
sous son jour le plus belliqueux, querelleur, que les autres dieux cherchent à canaliser. Ce texte proclame
que « la fête d'Ishtar, c'est de guerroyer, d'entrechoquer les combattants, d'exciter les officiers, de déchaîner
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les troupes » et qu'« on l'a dotée de mâle courage, d'exploits et de vigueur » . Ce mythe semble faire
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référence dans sa dernière partie à des rituels de danses (gūštu) guerrières liées au culte d'Ishtar .
Cet aspect est couramment imputé à une origine sémitique, car il ne
semblerait pas avoir concerné originellement la déesse Inanna, et
serait un développement particulièrement accentué à l'époque
d'Akkad par les souverains de cet empire, qui vénéraient Ishtar
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d'Akkad, ou « Ishtar de la bataille », Annunītum , qui devint plus
tard une déesse indépendante, vénérée également à Sippar-
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Amnanum . Ishtar apparaît dans la glyptique de la période
d'Akkad sous un aspect martial et triomphal, portant des armes sur
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son dos et parfois ailée . Dans la documentation de Mari d'époque
amorrite, la déesse est également une des divinités guidant les
armées en campagne, et des troupes transportaient des statues la
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représentant . Cette fonction martiale est également très prononcée
dans les variantes assyriennes de la déesse, surtout Ishtar d'Arbèles.
Elle était particulièrement appréciée des souverains par sa capacité à
Détail d'une impression de sceau-
cylindre de la période d'Akkad : la
octroyer la victoire, et ce n'est pas anodin que cet aspect fut plus
déesse Ishtar ailée et portant des valorisé dans les royaumes les plus martiaux.
armes sur son dos, accompagnée de
ses attributs, un lion qu'elle tient en
laisse et l'étoile à huit branches.
Une faiseuse de rois
Musée de l'Oriental Institute de
Chicago.
Ishtar était une déesse
couramment associée à la
royauté (elle est souvent
désignée comme une « Dame » ou une « Reine »), et apparaît
même à plusieurs reprises comme une pourvoyeuse de cette dignité,
ce qui d'ordinaire était réservé aux dieux masculins. Cet aspect fut
24
très affirmé au IIIe millénaire av. J.-C. pour Inanna . Plusieurs
souverains des cités-État de Sumer se présentaient alors comme
choisis par la déesse, ou plus précisément comme aimés par elle.
Ainsi d'E-anatum de Lagash, qui affirme dans une de ses
inscriptions célébrant ses triomphes que « la déesse Inanna, parce
qu'elle l'aime, elle lui a octroyé la royauté sur Kish en plus de la
souveraineté sur Lagash », et dans l'inscription de la stèle des
vautours qu'il est l'« époux aimé d'Inanna ». Cela se retrouve
également à l'époque des rois d'Akkad, qui ont particulièrement
affirmé leur lien avec Inanna : Naram-Sîn se présente à son tour Amulette en bronze représentant la
comme l'aimé et l'époux de la déesse. Sous les souverains de la déesse Ishtar assise sur un trône
troisième dynastie d'Ur, cette théorie politique culmine dans les supporté par un lion ailé, face à un
textes liés au thème du Mariage sacré, qui a peut-être également fidèle. Période néo-assyrienne.
donné lieu à une cérémonie : dans ces récits, le souverain, assimilé
au dieu Dumuzi, devient l'époux d'Inanna, et l'amour qu'il reçoit de
la déesse puis son union physique avec elle (et donc la démonstration de sa virilité) le légitiment et assurent
la prospérité du royaume (les mythes auxquels ces rites font référence étant avant tout liés à la thématique de
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la fertilité) .
La relation entre la déesse et le roi prend donc un caractère sexuel affirmé dans ces textes, en particulier
dans un chant déclamé par la déesse relatant son union charnelle du roi Shulgi (qui prend progressivement
la place de Dumuzi dans le récit) et comment elle le conforte dans sa fonction souveraine.
Lorsque sur le lit il m'aura caressée,
Alors je caresserai mon seigneur,
je décréterai un sort agréable pour lui !
Je caresserai Shulgi, le fidèle berger,
je décréterai un noble destin pour lui !
Je caresserai ses reins,
et je lui décréterai comme destin le pastorat du pays ! […]
Dans la bataille, je serai ta guide,
Au combat, je porterai ton arme telle un écuyer,
À l'assemblée, je serai ton avocate,
Pendant les campagnes, je serai ton inspiration.
80
— Hymne à Shulgi
De même, dans le mythe d'Enmerkar et le seigneur d'Aratta, deux rois se disputent les faveurs d'Ishtar et,
ainsi, la supériorité politique qui en découle. Voici comment le roi d'Aratta voit les choses:
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Lui (Enmerkar), il demeurera avec Inanna près du rempart ,
Tandis que moi je coucherai avec elle dans mon splendide palais d'Aratta !
Lui s'allongera près d'elle sur une simple couche conjugale
Tandis que moi je coucherai avec elle dans le doux repos d'un lit précieux !
Lui ne contemplera Inanna qu'en rêve
Tandis que moi je parlerai avec elle, à ses pieds, la brillante !
82
— Enmerkar et le seigneur du pays d'Aratta .
Pour ceux qui considèrent qu'il y avait effectivement des rites de Mariage sacré et qu'il ne s'agissait pas que
d'une construction intellectuelle, au cours de celui-ci le roi se déplacerait à Uruk, sur sa barque royale.
Revêtu de son habit et de sa perruque de cérémonie, il célébrerait alors, dans la chambre du temple de la
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déesse représentée par la lukur (en sumérien, « servante du temple », « hiérodule »), son union sacrée
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avec Inanna . Après la période de la troisième dynastie d'Ur, sous la première dynastie d'Isin, ce serait
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plutôt dans le palais royal de la capitale que le rite avait lieu . Se poserait également la question de savoir
si cette cérémonie avait lieu tous les ans ou lors de l'intronisation du roi. Ce n'est plus, là, un rite de fertilité,
symbolisé par une relation ponctuelle, mais un lien permanent qui s'établit comme celui du mariage.
L'objectif du rituel est surtout de légitimer le roi en lui construisant un lien personnel avec les dieux et, à
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travers lui, son peuple .
La théorie politique qui avait cours durant la période de la troisième dynastie d'Ur disparaît dans les textes
après le début du IIe millénaire av. J.-C. pour être supplantée par une autre : Inanna/Ishtar n'est plus l'amante
des rois, mais leur protectrice lors des batailles. C'est donc son rôle guerrier qui devient plus valorisé dans
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l'idéologie politique . Cela se retrouve loin de Mésopotamie, puisque l'Apologie de Hattusili III, texte du
e
xiii siècle av. J.-C. relatant l'ascension politique d'un prince hittite devenu roi de ce pays, attribue celle-ci à
la bienveillance d'Ishtar (ou Shaushka dans ce pays sous forte influence hourrite) :
« Ishtar, ma Dame, a continué à m’élever échelon après échelon. J’étais prince et je devins
Chef de la garde royale. Chef de la garde royale, je devins Roi de Hakpis. Roi de Hakpis,
je devins alors Grand Roi. Finalement, Ishtar, Ma Dame, avait mis à ma merci ceux qui
(me) jalousaient, (mes) ennemis, et mes opposants à la cour. Certains moururent par l’épée,
d’autres moururent leur jour (i.e. le jour prévu par le destin) : tous furent finis. Ishtar, Ma
Dame, m’avait donné la royauté sur la pays hittite. »
86
— Apologie de Hattusili III .
La proximité entre Ishtar et des souverains apparaît une dernière fois à l'époque néo-assyrienne
(viie siècle av. J.-C.), avec les figures d'Ishtar de Ninive et Ishtar d'Arbèle, plusieurs fois présentées comme
30
des protectrices des souverains assyriens , et même comme leurs mères ou nourrices qui les ont choisi
87
pour exercer leur rôle . La relation entre le roi et la déesse est donc plutôt de type maternel, et non pas
88
nuptial ou sexuel, cet aspect d'Ishtar étant apparemment moins prononcé en Assyrie voire absent .
En contrepartie, plusieurs inscriptions royales et traités assyriens, dans leurs sections de malédictions
destinées à ceux qui se lèveraient contre la volonté des rois d'Assyrie, confèrent à Ishtar la faculté inverse de
défaire les rois, dans le cas suivant en provoquant leur perte de virilité et leur faiblesse, parfois en les
90
transformant en femmes (voir plus bas), pour causer finalement leur défaite au combat :
La déesse Ishtar,
Maîtresse des luttes et batailles,
(Qui) a désigné mon tour de gouverner,
Puisse-t-elle le changer d'homme à femme,
Puisse-t-elle faire diminuer sa virilité !
Qu'elle lui inflige la défaite de son pays !
Qu'il ne puisse faire face à son ennemi ! […]
Qu'elle le livre à ses ennemis !
91
— Inscription du roi Tukulti-Ninurta Ier .
Ishtar peut par ailleurs être vue comme une déesse de la marginalité, ni valorisée pour son rôle d'épouse ou
de mère conforme à l'idéal social mésopotamien et représenté par bien d'autres déesses, mais plutôt associée
à la sexualité ou aux conflits. Le culte d'Ishtar semble renvoyer à son anormalité et à la confusion qu'elle
jette dans l'ordre établi, ayant un aspect carnavalesque, impliquant des personnages à la sexualité ambiguë
(et du reste mal comprise par les chercheurs modernes : ce sont peut-être des travestis, ou bien eunuques, ou
67
des hermaphrodites), une inversion des valeurs . Une autre interprétation serait que ces cérémonies de
6
travestissement soient des rites initiatiques impliquant des jeunes hommes .
Plusieurs textes confèrent quoi qu'il en soit à Ishtar la faculté d'inversion de la destinées des personnes,
illustrée à plusieurs reprises par sa capacité à transformer les hommes en femmes et vice-versa :
95
— Hymne d'Ishme-Dagan d'Isin en l'honneur d'Inanna
Ishtar est donc tantôt un facteur d'ordre, tantôt un facteur de désordre, une garante des conventions sociales
96
ou bien une représentante des marges subversives de la société . Pour R. Harris, Ishtar « réunit en elle les
97
polarités et les contraires, et par la suite elle les transcende » . Il reste cependant compliqué de dégager une
fonction générale à la déesse au-delà de ces fonctions diverses et paradoxales, pour tenter de les réconcilier,
si tant est qu'il y ait lieu de le faire. Certains mettent plus en avant le fait que cette déesse soit pensée en tant
que femme par les élites masculines de la Mésopotamie antique, et qu'elle reflète donc leur vision (et par
bien des aspects leur crainte) de la femme, de la féminité (hors l'aspect maternel) et de la sexualité féminine,
d'où sa complexité. Elle serait donc à comprendre sous le prisme de l'altérité. J.-J. Glassner, étudiant la
fonction de « maîtresse des inversions » qu'a la déesse Inanna/Ishtar, liée à sa féminité, considère
qu'Inanna/Ishtar est « l'image d'une femme libre, d'un idéal féminin, qui accompagne le parcours de toute
une vie, à l'exclusion de la naissance […] dont l'exhibition permet d'expulser la femme totalement libre,
6
égale de l'homme, qui a le parler haut, du champ du social et de la vie réelle » . Z. Bahrani propose une
interprétation voisine insistant surtout sur le fait qu’Ishtar en tant que femme est « autre qu’un homme » :
dans la société patriarcale mésopotamienne, elle représente l’essence de la féminité, et par là ce qui est vu
comme l’altérité par excellence, symbole de tous les excès et de ce qui est hors de contrôle. Elle a la
capacité de détruire l’ordre social, mais permet aussi d’en tracer les limites, au moins d’un point de vue
98
rhétorique, en permettant d’identifier ce qui est normal et ce qui est anormal .
Littérature mythologique
La personnalité expansionniste d'Inanna se retrouve dans le mythe sumérien Inanna et Enki. La déesse rend
visite au dieu Enki, qui dispose des pouvoirs appelés me en sumérien, qui sont en quelque sorte les savoirs
caractéristiques de la civilisation, archétypes de tout ce qui existe, et parvient à lui dérober après l'avoir
105
enivré au cours du banquet donné en son honneur .
Ishtar a également été la protagoniste d'autres récits mythologiques qui ont disparu ou bien n'ont jamais été
couchés par écrit : le passage de l’Épopée de Gilgamesh (sixième tablette) dans lequel le héros repousse les
avances de la déesse énumère plusieurs de ses amants maudits, parmi lesquels Tammuz qui est bien connu,
un jardinier nommé Ishullanu dont l'histoire rappelle celle de Shukaletuda bien qu'elle semble être
différente, ou encore un étalon, qui est également mentionné par des allusions dans d'autres textes, qui
semblent indiquer l'existence d'une tradition sur les amours entre la déesse et un cheval ; en revanche ses
110
relations avec un oiseau et un lion mentionnés dans le même passage sont sans parallèle connu .
Littérature épique
La littérature épique mésopotamienne est constituée par un ensemble de récits mettant en scène des héros
humains, dans lesquels les dieux interviennent souvent, mais en tant que personnages secondaires à divers
moments de l'intrigue. Inanna/Ishtar était présente dans plusieurs de ces récits.
En tant que déesse principale d'Uruk, Inanna apparaît dans deux textes appartenant à la geste d'un des rois
semi-légendaires de cette cité, Enmerkar, intitulés Enmerkar et le seigneur d'Aratta et Enmerkar et En-
suhgir-ana et tournant autour de la rivalité entre la cité d'Uruk et celle d'Aratta, située dans les montagnes
iraniennes (l'emplacement exact n'a pas été retrouvé si tant est que cette cité ait effectivement existé). Cette
opposition tourne dans les deux cas autour de la déesse, qui disposait d'un temple dans les deux cités, ce qui
faisait que les deux rois se disputaient sa préférence, et le choix de la déesse déciderait duquel des deux
aurait la primauté sur l'autre. Dans le premier, Enmerkar décide de restaurer le grand temple de sa « sœur »
Inanna et demande pour financer cette entreprise que le roi d'Aratta lui envoie un tribut, qui indiquerait sa
soumission. Le roi d'Uruk triomphe après une série d'épreuves qui montrent qu'il a été choisi par la déesse.
Le second récit suit une trame similaire, s'achevant par la victoire symbolique d'Enmerkar sur En-suhgir-ana
d'Aratta, qui reconnaît le choix de la déesse à la fin : « Tu es le seigneur bien-aimé d'Inanna, toi seul est
exalté. Inanna t'as assurément choisi pour son giron sacré, tu es son bien-aimé. Depuis l'ouest jusqu'à l'est,
111
tu est le grand seigneur, je suis seulement ton second . » Ces récits, composés probablement sous la
dynastie d'Ur III (elle-même originaire d'Uruk), s'inscrivent dans la théologie politique de l'époque faisant
des rois les aimés d'Inanna, qui garantissait la prospérité à leur royaume et leur triomphe sur leurs
112
adversaires .
Cette idéologie se retrouve dans un autre texte écrit vers la même époque, ayant pour héros un des plus
grands souverains de l'histoire mésopotamienne passé au statut de personnage semi-légendaire, Sargon
d'Akkad. Ce récit, dont le nom moderne est Sargon et Ur-Zababa, décrit l'ascension de Sargon, qui
renverse le roi Ur-Zababa de Kish avant de fonder son empire. Son destin lui est annoncé au début du texte
par une apparition de la déesse Inanna dans un de ses rêves : « Sargon se coucha non pas pour dormir, mais
il se coucha pour rêver. Dans le rêve, la divine Inanna noyait Ur-Zababa dans une rivière de sang. » Les
différentes tentatives entreprises par Ur-Zababa pour contrer ce présage se révèlent, comme toujours dans ce
genre de récit, infructueuses en raison du soutien indéfectible d'Inanna, et l'élu des dieux finit par
113
triompher .
Le plus célèbre récit épique mésopotamien, l’Épopée de Gilgamesh, comprend également un passage où
intervient Ishtar, qui est à l'origine du retournement de l'intrigue de l'épopée. Ces épisodes sont contenus
dans la tablette VI de la version standard du récit. Après le triomphe de Gilgamesh et de son acolyte Enkidu
face au démon Humbaba, la déesse, séduite par le héros, lui propose de s'unir à elle en lui promettant monts
et merveilles, en dernier lieu la domination du Monde. Gilgamesh rejette violemment ses avances en
évoquant le destin funeste des amants passés de la déesse :
69
69
— Épopée de Gilgamesh, traduction de J. Bottéro
C'est donc l'aspect négatif et destructeur de la déesse de l'amour qui apparaît ici. Humiliée par cet affront, la
déesse demande à son père le grand dieu Anu d'envoyer le Taureau céleste contre Gilgamesh, mais celui-ci
115
le terrasse avec l'aide d'Enkidu, qui à l'issue du combat adresse une dernière provocation à la déesse . Ce
triomphe est à l'origine de la mort d'Enkidu, décidée par les grands dieux, qui cause le désarroi de
Gilgamesh et l'incite à partir à la quête de l'immortalité.
Hymnes et prières
Plusieurs prières pénitentielles et conjuratoires anonymes, témoignant d'une piété plus privée, étaient
122
dédiées à Ishtar . Certaines d'entre elles accompagnaient des offrandes, ou bien s'inscrivaient dans le
cadre d'un rituel d'exorcisme visant à repousser le mal. C'est le cas de l'une des mieux conservées, connue
par des manuscrits en akkadien mais aussi une version fragmentaire en hittite, dont l'introduction d'une des
123
versions décrit le déroulement du rituel durant lequel elle devait être prononcée :
« En un endroit où l'on n'est pas allé, tu balaieras le toit ; tu aspergeras d'eau pure ; tu
disposeras quatre briques (entre lesquelles) tu entasseras des copeaux de peuplier ; tu y
mettras le feu ; tu y verseras des aromates, de la fine farine, du cyprès ; tu feras une libation,
sans te prosterner. Tu réciteras trois fois cette incantation ; face à (l'étoile d')Ishtar, tu te
prosterneras ; puis tu partiras sans regarder derrière toi. »
124
124
— Prière à Ishtar, traduction de R. Labat .
Après avoir loué la grandeur de la déesse, le texte de la prière en question contient une série de suppliques
visant à ce que la déesse, qui s'est détournée du fidèle et l'a affligé d'un mal, soit à nouveau favorable envers
celui-ci :
125
— Prière à Ishtar, traduction de R. Labat .
La question se pose de savoir dans quelle mesure ces divinités étaient considérées comme différentes et
donc avec une individualité propre, tout en étant la manifestation d'une divinité unique, avec un substrat
commun partagé par toutes ces variantes. Il est courant dans les textes de voir figurer côte-à-côte plusieurs
de ces Ishtars locales et qui disposent parfois de temples indépendants dans une même ville (à Babylone
notamment). Dans beaucoup de cas la théologie ne laisse pas voir de différence entre ces variantes, qui en
feraient des figures proprement originales, mais certaines hypostases locales présentent bien des aspects plus
affirmés que d'autres, en particulier le couple Ishtar d'Arbèles-Ishtar de Ninive en Assyrie qui semblent bien
30, 31
vues comme étant des divinités indépendantes . Ainsi la fonction guerrière est plus prononcée chez
Ishtar d'Arbèles et d'Akkad, Ishtar de Ninive a une fonction guérisseuse, mais ces trois déesses ne sont pas
ou très peu liées à l'amour et la sexualité à la différence d'Inanna/Ishtar d'Uruk et de Babylone, et d'une
manière générale l'Inanna/Ishtar de la mythologie. Du reste certains sanctuaires sont consacrés à des
incarnations d'un aspect précis de la déesse (« Ishtar des étoiles » pour l'aspect astral, « Ishtar de la bataille »
pour la guerre, la « Reine flamboyante », Šarrat nipḫi, en Assyrie récente).
Uruk
Uruk est le lieu de culte le plus durablement associé à Inanna/Ishtar, puisque son culte y est attesté dès la fin
du IVe millénaire av. J.-C., parmi les plus anciens documents écrits. La déesse, vénérée sous différentes
formes (« Inanna du matin » et « Inanna du soir », deux formes liés à son aspect astral, « Inanna des
Enfers » et Inanna-NUN), et disposant
apparemment de plusieurs temples (le
« temple d'Inanna », èš-inanna,
peut-être déjà le « temple du Ciel », é-
an) est mentionné dans plusieurs
textes de distributions d'offrandes.
Inanna d'Uruk est dès ces époques une Tablette de comptabilité
divinité majeure de Sumer, sans doute d'Uruk, Uruk III (c. 3200-
parce qu'Uruk est alors la plus 3000 av. J.-C.) :
puissante cité de ce pays. L'autre enregistrement d'une
divinité principale d'Uruk aux périodes livraison de produits
postérieures, le dieu céleste An, n'est céréaliers pour une fête
La déesse Inanna, à côté de ses 127
pas attesté avec assurance pour cette de la déesse Inanna .
étendards (deux hampes bouclées
période, mais l'est assurément pour la Musée de Pergame.
en roseau), se voit présenter des 128
offrandes. Registre supérieur du
suivante . La déesse est alors
symbolisée par un étendard qui a la
vase d'Uruk, Uruk III (c. 3200-3000
av. J.-C.). Musée national d'Irak.
forme d'une hampe bouclée en roseau, qui apparaît dans les
représentations artistiques, comme le grand vase d'Uruk. Le site de
l'É-anna, qui a fait l'objet de nombreuses fouilles, présente en tout
cas une séquence archéologique remarquable, puisque ses niveaux les plus anciens, de la seconde moitié du
IVe millénaire av. J.-C., forment un groupe monumental sans équivalent pour cette période (niveaux V
et IV). La fonction des édifices n'est cependant pas assurée, et il est probable qu'on y trouvait aussi bien des
lieux profanes que sacrés. Le site devient assurément un lieu essentiellement cultuel au début du
129
IIIe millénaire av. J.-C., s'il ne l'est pas déjà dès la fin du précédent (niveau III) .
Les sources du IIIe millénaire av. J.-C. sont plus explicites sur le culte d'Inanna
d'Uruk et son importance. Son temple a dès lors le nom qu'il aura durant la
131
majeure partie de son histoire, « Temple du Ciel », É-anna . Plusieurs récits
sumériens, notamment les hymnes d'Enheduanna, évoquent comment la déesse
aurait été introduite dans ce sanctuaire : une tradition veut qu'elle ait supplanté
An et pris sa place dans le temple qui était auparavant le sien ; une autre qu'elle
132
ait été amenée depuis le Ciel par un être mythologique (apkallu) . En tout
cas, l'Eanna est l'un des temples mésopotamiens les plus estimés, et il est
régulièrement restauré par les souverains qui placent Uruk sous leur coupe, qui
133
ont laissé de nombreuses inscriptions relatant ces travaux . Se développe
autour de 3000 av. J.-C. une haute terrasse caractéristique des lieux de culte de
cette période, surplombée plus tard par un temple. Le sanctuaire est remanié
par le roi Ur-Namma d'Ur III vers 2100 av. J.-C., pour être notamment doté de
Inscription d'Ur-Nammu sa ziggurat, entourée par une enceinte imposante comprenant probablement la
commémorant la cella de la divinité. Cette organisation reste en plus durant le millénaire suivant,
reconstruction de même si le lieu de culte est délaissé lors de l'abandon d'Uruk (et de plusieurs
l'Eanna. Texte : « Pour la grandes villes de l'extrême-sud mésopotamien) entre le xviie et le xive siècle
déesse Inanna, Dame de av. J.-C. Le culte ne reprend que progressivement après cela, comme en atteste
l'Eanna, sa dame, Ur-
la construction d'un petit temple par le roi kassite Kara-indash au remarquable
Nammu, mâle puissant, 134
décor à briques moulées .
roi d'Ur, roi des pays de
Sumer et d'Akkad, a Un projet de remaniement ambitieux est entrepris à la fin du viie siècle av. J.-C.
construit et restauré son par le roi assyrien Sargon II et poursuivi par son ennemi Merodach-Baladan II
130
temple pour elle . » quand il domine temporairement Uruk. De nouveaux murs sont construits,
entourant plusieurs cours, et deux chapelles dédiées à Ishtar et Nanaya sont
érigées aux pieds de la ziggurat. L'organisation du complexe architectural reste
identique durant la période néo-babylonienne et le début de la
période achéménide (vie – ve siècle av. J.-C.). Pour le vie et le début
du ve siècle av. J.-C., l'activité du temple est documentée par de
nombreuses tablettes, relatives notamment à sa richesse
économique : plus de 10 000 hectares de terres arables, plus de
100 000 ovins, aussi une grande quantité de dépendants,
notamment les « oblats » (širku), sortes de serfs, marqués de l'étoile
d'Ishtar symbolisant le fait qu'ils avaient été voués à la déesse. Le
sanctuaire périclite néanmoins à l'époque achéménide, au début du
e 135 Ruines de l'Eanna, dominées par la
v siècle av. J.-C. . À cette période ou juste après au début de
l'ère des Séleucides, se produit un bouleversement dans le panthéon ziggurat d'Ishtar.
d'Uruk, puisqu'Anu reprend la place prééminente et se voit doté
d'un nouveau temple qui devient le sanctuaire principal de la ville,
136
dont dépend celui d'Ishtar, également nouveau et appelé Irigal, qu'elle partage avec Nanaya .
Le culte de l'É-anna tel qu'il ressort des nombreuses tablettes exhumées à Uruk pour les périodes néo-
babylonienne et achéménide présente les aspects classiques d'un culte divin mésopotamien. Ishtar d'Uruk
est la déesse majeure, mais elle est entourée de plusieurs acolytes, redoublant du reste des aspects de sa
137
personnalité, en premier lieu Nanaya . Ishtar et ces déesses reçoivent de nombreuses offrandes
alimentaires quotidiennes lors de repas pris le matin et le soir, qui sont aussi bien abondantes que diverses
138
(des céréales, des fruits, notamment des dates, de la viande, du poisson, du lait, des gâteaux, etc.) ,
vêtements et ornements luxueux pour sa statue de culte, mis en valeur notamment lors de cérémonies
139
d'habillement . Les fêtes venant scander le calendrier cultuel de la ville sont rarement associées
directement à Ishtar, même s'il est probable que plusieurs lui étaient au moins en partie consacrées. Le culte
d'Uruk comprenait alors de nombreuses fêtes comme dans les autres grands sanctuaires mésopotamiens :
néoménie (eššešu), fête de la veille nocturne (bayātu), fête de la préparation des timbales (rikis lilissi),
140
voyages divins (ṣidītu) . À la fin du IIIe millénaire av. J.-C. est attestée une fête relevant de ce dernier
type, comprenant manifestement des processions, la fête du bateau du Ciel (sumérien ezem-má-anna), qui
fait référence à l'embarcation utilisée par Inanna pour se rendre à Eridu dans le mythe Inanna et Enki ; elle
141
dure au moins cinq jours pendant lesquels la déesse reçoit de nombreuses offrandes . Une fête attestée
par une description d'époque hellénistique commence dans le temple d'Ishtar, où sont réunies d'autres
142
(statues de) déesses, puis une procession part en direction du temple de la fête akitu où s'achève le rituel .
Akkad
Cet aspect guerrier de la déesse se retrouve au vie siècle av. J.-C. dans les inscriptions du roi babylonien
Nabonide célébrant la reconstruction du temple d'Ishtar d'Akkad :
« C'est pourquoi, Ishtar d'Akkad, déesse du combat, regarde joyeusement cette maison (son
temple), la demeure que tu aimes, et ordonne que je vive ! Parle chaque jour en présence de
Marduk, le roi des dieux, du prolongement de mes jours et de l'accroissement de mes
années ; va à mon côté là où il y aura mêlée et bataille, pour que je tue mes adversaires et
que j'abatte mes ennemis ! »
— Prière de Nabonide de Babylone à Ishtar d'Akkad, à l'issue de la reconstruction de son
146
temple, traduction de M.-J. Seux .
Ninive
La déesse de Ninive est durant plusieurs siècles l'une des principales divinités de la Mésopotamie du Nord.
Elle apparaît dans la documentation écrite sous la dynastie d'Ur III, au xxie siècle av. J.-C., sous le nom
Šauša, qui est manifestement une variante ancienne du nom de la déesse en hourrite employé au
IIe millénaire av. J.-C., Shaushka. Ninive est en effet restée durant la majeure partie de cette période
dominée par une population hourrite. Les souverains amorrites qui dominèrent la ville épisodiquement
assimilèrent cette déesse à Ishtar, à l'image de Samsî-Addu d'Ekallâtum et Hammurabi de Babylone au
e
xviii siècle av. J.-C. et il en fut de même pour toutes les populations sémitiques de la région par la suite. La
déesse de Ninive connut une popularité croissante à l'époque du royaume hourrite du Mittani (xve –
e
xiv siècle av. J.-C.), dont elle était la principale divinité au côté du dieu de l'orage Teshub, son frère suivant
la théologie locale. Les lettres du roi mitannien Tushratta retrouvées à tell el-Amarna en Égypte indiquent
qu'il a envoyé la statue de la déesse en Égypte. Vers cette même époque, son culte est introduit en pays
hittite, par le biais de l'influence hourrite, même si la prépondérance de la culture lettrée mésopotamienne
(donc de la langue akkadienne) fait qu'on y écrivait aussi bien son nom par le logogramme IŠ-TAR
emprunté à l'akkadien, que phonétiquement Shaushga. En tout état de cause la différence de nature entre les
deux déesse était ténue. De toutes les variantes locales d'Ishtar/Shaushga attestées dans les textes hittites,
celle de Ninive (souvent appelée « reine de Ninive ») est la plus courante aux côtés de celle de Samuha, et
elle dispose de lieux de culte dans des villes hittites, notamment la capitale Hattusa. À la fin de l'empire
hittite, Ishtar/Shaushga prend une place majeure, puisqu'elle est la divinité protectrice du roi Hattusili III et
devient sous son fils Tudhaliya IV la principale déesse du panthéon officiel après la Déesse-soleil
d'Arinna/Hebat. Ishtar de Ninive est par ailleurs invoquée dans de nombreux rituels magiques hittites pour
guérir des maladies, mais en revanche elle ne présente par les aspects astraux et martiaux traditionnels
42
d'Ishtar, qui semblent plutôt réservés à sa variante de Samuha . Dans le cycle de Kumarbi, principal
groupe de textes mythologiques hourrites qui nous soit parvenu, Shausga/Ishtar est présente à plusieurs
reprises, et y est mentionnée explicitement comme la « reine de Ninive », jouant un rôle de séductrice (en
usant de ses charmes et de ses talents de chanteuse et musicienne) pour aider son frère Teshub à vaincre ses
ennemis, avec des succès divers : si elle réussit à charmer le serpent Hedammu, en revanche ses attraits ne
147
sont d'aucun secours pour lutter contre le géant Ullikummi, qui est sourd et aveugle .
Quand Ninive est intégrée dans l'empire assyrien à partir du
e
xiv siècle av. J.-C., la déesse locale devient appelée Ishtar (ou Issar). Elle
conserve sa place de divinité de premier plan, son temple étant l'un des
plus importants du royaume, et expliquant sans doute en grande partie le
prestige de Ninive en Assyrie, alors qu'elle ne devient capitale qu'à la fin
29
de l'histoire de ce pays, vers 700 av. J.-C. . Mais elle doit de plus en plus
30
partager sa position avec Ishtar d'Arbèles . Le temple d'Ishtar de Ninive,
situé sur le tell principal de Ninive, Kuyunjik, était appelé en sumérien é-
maš-maš ou é-meš-meš (sens inconnu) fut restauré à de nombreuses
reprises durant l'histoire assyrienne, à partir d'un plan antérieur issu des
travaux d'aménagement de Samsî-Addu vers 1800 av. J.-C. C'est un
temple rectangulaire d'environ 106 × 55 mètres d'orientation sud-
ouest/nord-est, dont la cella n'a pas été dégagée. Y était associée une
ziggurat dont les ruines avaient disparu au moment des fouilles. Ishtar de
Ninive disposait par ailleurs d'un temple consacré à la fête akitu, ayant lieu
au Nouvel An dans les principales villes mésopotamiennes, qui se trouvait
également sur le tell de Kuyunjik et d'un autre dans les faubourgs de la Ishtar armée, sous le symbole
148
cité . de l'étoile, détail d'une
impression d'un sceau-
cylindre d'époque néo-
Arbèle assyrienne (vers
800 av. J.-C.). Cabinet des
L'autre grande déesse assyrienne médailles.
était Ishtar d'Arbèle, ville
correspondant à l'actuelle Erbil,
située dans le Kurdistan irakien. Le grand temple de l'Ishtar locale
était appelé « Maison de la Dame du pays » (é-gašan-
kalamma) et disposait d'une ziggurat. Les inscriptions de plusieurs
rois assyriens mentionnent la restauration du sanctuaire, qui n'est
connu que par les textes dans la mesure où le site ne peut être
fouillé car recouvert par la ville moderne. La déesse disposait
également d'un temple destiné à la fête akitu qui se déroulait en son
honneur, dans une localité voisine de la ville appelée Milqia. Ishtar
Stèle représentant Ishtar d'Arbèles, d'Arbèles est surtout mentionnée dans les textes en tant que soutien
Tell Ahmar, viii e siècle av. J.-C. des souverains néo-assyriens de la première moitié du
e
Musée du Louvre. vii siècle av. J.-C., Assarhaddon et Assurbanipal, notamment en
lien avec leurs victoires militaires car la déesse semble avoir un
aspect guerrier très prononcé. Ils y célébrèrent des rituels de
triomphe, appelés « entrée dans la ville » (ērab āli) lors de leurs plus éclatantes victoires, notamment celles
contre l’Égypte et l'Élam. Plusieurs tablettes documentent comment la déesse communiquait avec eux pour
leur manifester leur soutien, par le biais de deux variantes de divination : le prophétisme et
149
l'oniromancie .
Le clergé des différents temples d'Ishtar existant en Assyrie comprenait des prophètes et prophétesses
(raggimu et raggintu) qui étaient régulièrement « possédés » par la déesse qui transmettait un message
adressé au souverain par leur intermédiaire, suivant une tradition bien implantée dans le Nord
mésopotamien durant l'Antiquité. Ceux du temple d'Ishtar d'Arbèles sont les mieux documentés, et semblent
avoir eu une importance particulière. Ils transmettaient régulièrement des messages garantissant le soutien de
la déesse au souverain, celle-ci étant alors considérée comme une des principales divinités protectrices des
rois aux côtés du grand dieu national Assur et d'Ishtar de Ninive, garantissant avant tout leurs triomphes
militaires. Les prophéties étaient donc rapportées au roi et plusieurs tablettes ont ainsi conservé leur
150
contenu , ainsi celle-ci destinée à Assarhaddon :
« Assarhaddon, roi des pays, ne crains rien ! Le vent qui soufflait contre toi, n'ai-je point
brisé ses ailes ? Tes ennemis, partout, rouleront devant tes pieds comme des pommes
(mûres) du mois de Siwan (au printemps). Je suis la Grand Dame, je suis Ishtar d'Arbèles,
qui, devant tes pieds, détruira tes ennemis ! Quelles sont les paroles que je t'ai dites et
auxquelles tu n'as pu te fier ? Je suis Ishtar d'Arbèles ! Je surveille tes ennemis et te les
livrerai ! Moi, Ishtar d'Arbèles, je marche devant toi et derrière toi ! Ne crains rien ! Toi, tu
seras dans la joie, moi, je serai dans les peines. Je vais de l'avant. Reste là !
De la bouche du (prophète) Ishtar-la-tashiat, d'Arbèles. »
— Prophétie inspirée par la déesse Ishtar d'Arbèles, garantissant sa protection au roi
151
Assarhaddon .
Par ailleurs plusieurs textes du règne d'Assurbanipal évoquent comment Ishtar d'Arbèles prenait contact
avec lui en suscitant des rêves chez des « voyants » (šabrû), qui jouaient de fait un rôle similaire à celui des
prophètes. Ainsi, une de ses inscriptions relate que, la veille d'une bataille cruciale contre l'Élam, il pria la
déesse de lui accorder son secours, et elle apparaît en rêve à un de ses voyants, qui lui décrit sa vision à son
réveil :
« La Déesse Ishtar qui réside à Arbèles entra. Des carquois pendaient à sa droite et à sa
gauche, elle tenait dans sa main un arc, et elle avait dégainé une épée acérée afin de
combattre. Tu te tenais devant elle, pendant qu'elle te parlait comme une mère à un enfant.
Ishtar, la divinité la plus élevée, t'appela et te donna l'ordre suivant : « Tu prévois de faire la
guerre - J'irai où tu souhaites aller ! » […] Elle t'abrita de sa douce embrassade, protégeant
tout ton corps. Du feu illuminait son visage, et elle partit furieusement et impétueusement
pour défaire son ennemi, se dirigeant vers Teumman, le roi d'Élam, qui l'avait mise dans
une colère noire. »
152
— Inscription d'Assurbanipal .
Babylone
D'autres rituels impliquant Ishtar sont contenus dans le corpus intitulé « Love Lyrics » lors de sa première
publication, qui en fait n'a rien de chants d'amour : de ce que l'on saisi de ces textes fragmentaires, ils
renvoient à un rituel, sans doute accompli par les assinnu et kurgarrû du clergé de la déesse, décrivant un
triangle amoureux entre Marduk, le grand dieu de Babylone, sa parèdre Sarpanitu, et Ishtar de Babylone qui
y joue le rôle de la séductrice menaçant le couple. Plusieurs passages sont des complaintes de Sarpanitu
envers Ishtar, qu'elle maudit de façon qu'elle ne puisse s'unir à son époux : dans un passage, elle lui souhaite
de tomber du toit du temple où elle rencontre Marduk une fois la nuit tombée ; dans d'autres, plus explicites
sur la nature physique des relations amoureuses entre le dieu et Ishtar et littéralement pornographiques, elle
souhaite qu'Ishtar ne puisse obtenir des tissus pour laver ses parties génitales (« à présent qu'on dise aux
femmes de Babylone : « Les femmes ne vont pas donner de chiffon, pour essuyer sa vulve, essuyer son
vagin. » ») puis qu'un chien vienne en bloquer l'accès (« Dans tes parties génitales dans lesquelles tu as tant
confiance, je ferai rentrer un chien et il en interdira fermement l'entrée »). Il s'agit donc de rituels mettant en
scène Ishtar sous son aspect séducteur, tentatrice qui parvient à ses fins, maudite par l'épouse trompée et
jalouse, sans manifestement impliquer la responsabilité de l'époux infidèle ; ils avaient peut-être pour but de
156
lutter contre une rivale en amour .
Postérité et réceptions
Antiquité
Les dernières attestations de l'existence de fidèles d'Ishtar semblent se trouver dans des inscriptions du
e
ii siècle de notre ère trouvées à Hatra, en Mésopotamie du Nord, où le nom de la déesse se trouve dans
157
l'onomastique locale et qui mentionnent peut-être aussi la déesse Ishtar d'Arbèles .
En fait, ce sont d'autres déesses qui lui sont similaires dont le culte a mieux résisté dans les périodes
antérieures à la christianisation puis à l'islamisation du Moyen-Orient : dans le nord mésopotamien (Hatra et
Assur) on retrouve une déesse qui évoluait auparavant dans l'ombre d'Ishtar, Nanaya (de plus en plus
appelée simplement Nana) qui connaît même une remarquable expansion dans le monde iranien et jusqu'en
158
Asie centrale , tandis que le culte d'Astarté et surtout d'Atargatis (la « Déesse syrienne » évoquée en
particulier par Lucien de Samosate) reste ancré dans l'espace syro-levantin. La figure d'Inanna/Ishtar
persiste donc d'une certaine manière dans ces déesses qui lui sont proches et qu'elle a influences, ainsi que
dans d'autres (Anahita, Aphrodite, Vénus). Et comme les autres déesses astrales sémitiques qualifiées de
« Reine du Ciel » (Anat, Astarté), son culte a influencé celui de la Vierge Marie dans le christianisme
36
naissant (en particulier dans la secte des Collyridiens) et jusqu'à nos jours .
Le nom de la déesse Ishtar réapparaît dans des incantations inscrites en araméen sur des bols d'incantations
mandéens exhumés dans le Sud mésopotamien et datés des alentours des ve – vie siècle, parmi les démons
que l'on cherchait à combattre (aux côtés de la démone Lilith), ce qui indique que son statut a évolué avec le
développement des nouvelles religions. Le terme pourrait plutôt renvoyer à son sens secondaire, celui de
« déesse ». On trouve dans un bol la mention d'une « Istar d'Akat », qui semble être la dernière attestation
159
d'Ishtar d'Akkad .
Période contemporaine
Dans l'Irak contemporain, la figure d'Ishtar a parfois été utilisée à des fins politiques. Son symbole, l'étoile à
huit branches, figure ainsi sur le drapeau et l'emblème du pays sous le régime du général Abdel Karim
161
Kassem (1959-1963), représentant la minorité assyrienne du pays .
La déesse se retrouve dans plusieurs œuvres de la culture contemporaine, alors que les divinités
mésopotamiennes y sont largement ignorées. Y sont surtout retenues de la mythologie antique deux aspects
162
de la déesse : sa beauté et sa personnalité farouche .
Ainsi, dans le domaine de la musique symphonique, le compositeur Vincent d'Indy (1851-1931) a composé
163
en 1896 un poème symphonique intitulé Istar, variations symphoniques , et Michael Nyman a composé
en 1992 le Self-laudatory hymn of Inanna and her omnipotence pour le consort de violes Fretwork et le
164
contre-ténor James Bowman (cette œuvre sera reprise en 2015 par le contre-ténor Paulin Bündgen et
l'ensemble Céladon). Le poète irakien Badr Shakir al-Sayyab (1926-1964) s'inspira dans certaines de ses
165
compositions du thème mythologique des amours d'Inanna et de Dumuzi . Autre hommage moderne,
Ishtar est une des 1 038 femmes représentées dans l'œuvre contemporaine The Dinner Party de Judy
Chicago, aujourd'hui exposée au Brooklyn Museum. Cette œuvre se présente sous la forme d'une table
triangulaire de 39 convives (13 par côté). Chaque convive étant une femme, figure historique ou mythique.
Les noms des 999 autres femmes figurent sur le socle de l'œuvre. La déesse Ishtar est la troisième convive
166
de l'aile I de la table .
Les astronomes ont par ailleurs nommé en l'honneur de la déesse un des deux continents qu'ils ont
167, 168
découvert sur la planète Vénus à laquelle elle était associée, appelé Ishtar Terra .
La déesse se retrouve également dans des œuvres littéraires comme le roman graphique Sandman de Neil
169
Gaiman , des séries télévisées (Hercule, Stargate SG-1, aussi des références possibles dans Buffy contre
170
les vampires) , des jeux vidéo (Fate/Grand Order, décliné en anime).
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Goddess Inanna in Archaic Uruk », dans NIN: Journal of Gender Studies in Antiquity 1, 2000,
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15. Selz 2000, p. 30-32 ; Goodnick Westenholz 2007, p. 333-335.
16. Selz 2000, p. 32-33 ; Goodnick Westenholz 2007, p. 336.
17. Avis contraire émis par (en) I. J. Gelb, « The name of the goddess Innin », dans Journal of
Near Eastern Studies 19, 1960, p. 72-79.
18. Selz 2000, p. 33-35.
19. Abusch 1999, p. 454-455.
20. Selz 2000, p. 37-39.
21. Goodnick Westenholz 2007, p. 345 : « son aspect le plus archaïque et basique de
dimorphisme astral est la source des ambiguïtés et des contradictions de son personnage, y
compris son androgynie apparente » (« her most archaic and basic aspect of astral
dimorphism is the source of the ambiguities and contradictions in her character including her
apparent androgyny »).
22. Goodnick Westenholz 2007, p. 336.
23. Goodnick Westenholz 2007, p. 335.
24. (en) J. G. Westenholz, « King by Love of Inanna - an image of female empowerment? », NIN:
Journal of Gender Studies in Antiquity, no 1,2000, p. 91-94.
25. (en) The Assyrian Dictionary of the Oriental Institute of the University of Chicago, Volume 7 I-
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26. Selz 2000, p. 33.
27. Ce déclin est un phénomène important dans l'histoire de la religion mésopotamienne,
d'interprétation difficile, cf. (en) W. G. Lambert, « Goddesses in the pantheon: A reflection of
women in society ? », dans J.-M. Durand (dir.), La femme dans le Proche-Orient antique,
XXXIIIe Rencontre assyriologique internationale, Paris, 7-10 juillet 1986, Paris, 1987,
p. 125-130 et (en) P. Michalowski, « Round about Nidaba: on the early goddesses of
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Divine Multiplicity in the Ancient Near East, Boston, Berlin et Munich, 2015, p. 141-199
propose plus largement que le panthéon néo-assyrien ait compris une classe de déesses
appelées Ishtar : « Ištar goddesses comprised a special class of deity in the Neo-Assyrian
world » (p. 197).
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le rôle de ces objets dans la lutte contre l’impuissance, cf. par exemple la prière traduite dans
Seux 1976, p. 440 (commentaire p. 434 note h). Néanmoins (en) J. Assante, « Bad Girls and
Kinky Boys? The Modern Prostituting of Ishtar, Her Clergy and Her Cults », dans T. S. Scheer
(dir.), Tempelprostitution im Altertum: Fakten und Fiktionen, Berlin, 2009, p. 29-30 limite la
symbolique de ces objets à la représentation de la féminité de la déesse.
60. Cf. par exemple Black et Green 1998, p. 144.
61. Cf. (en) J. A. Scurlock, « Lead plaques and other obscenities », dans NABU 1, 1993, n°20.
62. (en) J. Cooper, « Prostitution », dans Reallexicon der Assyriologie 11, Berlin, 2006, p. 17-18.
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the Economy », dans Ugarit Forschungen 38, 2006, 631-663 offre un panorama détaillé des
arguments en faveur de cette thèse. Même avis dans D. Charpin, La vie méconnue des
temples mésopotamiens, Paris, 2017, p. 135-161 et (en) M. Stol, Women in the Ancient Near
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sacrée en Mésopotamie, un mythe historiographique ? », dans Revue de l'Histoire des
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remettre en cause la réalité de la prostitution en Mésopotamie ancienne, thèse peu suivie.
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Girls and Kinky Boys? The Modern Prostituting of Ishtar, Her Clergy and Her Cults », dans T.
S. Scheer (dir.), Tempelprostitution im Altertum: Fakten und Fiktionen, Berlin, 2009, p. 23-54 y
voit de son côté des acteurs d'un culte martial (« cult warriors »). (en) I. Peled, « assinnu and
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111. Black et al. 2004, p. 3-11.
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113. Black et al. 2004, p. 40-44.
114. Bottéro propose cette traduction conjecturale du nom de l'oiseau appelé allalu en akkadien,
et dont le piaulement aurait pu s'entendre comme « mes ailes ! » (kappî !). Il y aurait là selon
lui un trait étiologique.
115. (en) A. R. George, The Babylonian Gilgamesh Epic: Introduction, Critical Edition and
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aussi (en) R. Harris, Gender and Aging in Mesopotamia : the Gilgamesh Epic and Other
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116. Black et al. 2004, p. 315-320.
117. Par exemple Black et al. 2004, p. 77-99.
118. Seux 1976, p. 39-42.
119. Labat 1970, p. 240-247.
120. Labat 1970, p. 250-252 ; Seux 1976, p. 497-501.
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123. Labat 1970, p. 253-257. Seux 1976, p. 186-194 la considère plutôt comme une prière
pénitentielle.
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Bibliographie
Sources
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(en) Jeremy Black, Graham Cunningham, Eleanor Robson et Gábor Zólyomi, Literature of
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Voir aussi
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Articles connexes
Porte d'Ishtar
Vase d'Ishtar
Isis, équivalent chez les Égyptiens
Ashtoreth, équivalent chez les Phéniciens
Astarté ou Athtart à Ougarit
Shaushka ou Shaushga chez les Hourrites
Astarté en langue punico-phénicienne,
Istar, variations symphoniques