Vous êtes sur la page 1sur 5

Belgique 

: des métisses demandent


réparation à l'État pour son passé colonial
Par Le Figaro avec AFP
Publié il y a 2 heures

Les cinq plaignantes à l'ouverture du procès contre l'État belge pour «crimes contre
l'humanité» HADRIEN DURE / Belga / AFP

Arrachées à leurs mères noires au Congo pendant la période coloniale, cinq femmes
réclament à l'État belge des indemnisations, invoquant les précédents canadien et australien.

La Belgique fait face à son histoire coloniale. Cinq femmes métisses arrachées à leurs
mères noires au Congo il y a environ 70 ans exigent à partir de ce jeudi 14 octobre, des
réparations à l'État belge, accusé devant le tribunal de Bruxelles de «crimes contre
l'humanité» pour des faits commis sous l'ère coloniale.

Les titres du matinNewsletter

Tous les jours

Recevez chaque matin, l'actualité du jour : politique, international, société...

Adresse e-mail

À l'âge de deux, trois ou quatre ans, ces femmes, qui sont aujourd'hui grands-mères, ont été
retirées de force à leur famille maternelle, puis placées dans une institution religieuse située
«parfois à des centaines de kilomètres», a expliqué Me Michèle Hirsch, avocate de Léa,
Monique, Simone, Noëlle et Marie-Josée, toutes nées de l'union entre une mère congolaise
et un homme blanc, présentes à l'audience entourées de proches.

À lire aussiLa Belgique s'engage à rendre des œuvres spoliées à la République


Démocratique du Congo

«Je les appelle par leur prénom, car leur identité leur a été enlevée. Elles ont été sans voix
pendant près de 70 ans, incapables de raconter», a lancé l'avocate. «Durant la
colonisation, le métis était considéré comme une menace pour la suprématie de la race
blanche, il fallait l'écarter», a relaté Me Hirsch, parlant d'un «système généralisé» mis en
place par l'État belge.

Un procès historique
Les avocats de l'État devaient ensuite prendre la parole. Ils contestent les faits et la
qualification retenue par les plaignantes. Les «crimes contre l'humanité» sont
imprescriptibles en droit belge, comme les crimes de génocide et crimes de guerre. Ce
procès est le premier en Belgique à mettre en lumière le sort réservé aux métis nés dans les
anciennes colonies belges (Congo, Rwanda, Burundi), jamais officiellement recensés mais
dont le nombre est généralement estimé autour de 15.000. La plupart des enfants nés de
l'union entre une femme noire et un homme blanc n'étaient pas reconnus par leur père, et ne
devaient se mêler ni aux blancs, ni aux Africains. Conséquence pour beaucoup : la mise
sous tutelle de l'État et le placement en orphelinat moyennant le versement de subventions à
ces institutions, généralement gérées par l'Église catholique.

À lire aussi«Regrets» du roi belge sur la colonisation: à Kinshasa, entre satisfaction et


demandes de réparations

«À l'école, on nous traitait de “café au lait”. Nous n'étions pas acceptés», s'est souvenue
une des plaignantes, Simone Ngalula, lors d'un entretien avec l'AFP en septembre 2020.
«On nous appelait “les enfants du péché”. Un Blanc ne pouvait pas épouser une Noire.
L'enfant né de cette union était un enfant de la prostitution», a raconté Léa Tavares
Mujinga, née d'un père portugais et enlevée à l'âge de 2 ans dans les années 1940.

«Les excuses, c'est facile, mais quand on pose un acte il


faut l'assumer»
Aux yeux des plaignantes, les excuses formulées en 2019 au nom de l'État par le premier
ministre belge doivent être suivies de réparations. Charles Michel, désormais président du
Conseil européen, avait alors reconnu «une ségrégation ciblée», et déploré des «pertes
d'identité» avec la séparation des fratries, y compris au moment des rapatriements en
Belgique après l'indépendance du Congo en 1960. «On nous a détruites. Les excuses, c'est
facile, mais quand on pose un acte il faut l'assumer», a soutenu Monique Bitu Bingi, lors
d'une conférence de presse avec les quatre autres plaignantes avant le procès.

Elle a dénoncé «un deuxième abandon», lorsque après l'indépendance, ces fillettes n'ont pas
pu monter dans les camions de l'ONU pour être rapatriées avec les Occidentaux. L'autorité
du nouveau pouvoir congolais était contestée, des heurts ont éclaté, certaines disent avoir
été victimes d'abus sexuels de la part des rebelles. Toutes réclament aujourd'hui à la justice
belge «une somme provisionnelle de 50.000 euros» et la nomination d'un expert pour
évaluer leur préjudice moral. Jeudi, les plaidoiries devant le tribunal civil de Bruxelles ne
devaient pas excéder trois ou quatre heures. Le jugement sera mis en délibéré et ne devrait
pas être rendu avant plusieurs semaines. Michèle Hirsch défend les plaignantes au côté de
Christophe Marchand, avocat de la famille de l'ex-premier ministre congolais assassiné
Patrice Lumumba, dans une autre procédure encore en cours à Bruxelles.

Les précédents australien et canadien


Ils citent en exemple les dédommagements promis par les autorités canadienne et
australienne pour réparer le placement forcé, pendant des décennies, des enfants
autochtones dans des pensionnats ou des familles blanches. En août dernier, l'Australie
avait annoncé un grand plan de près d'un milliard de dollars australiens (620 millions
d'euros) pour tenter de combler le fossé qui existe entre la population d'origine indigène et
le reste des citoyens d'ici 2031. La mesure phare résidait dans la promesse de verser une
indemnisation de 75.000 dollars (46.000 euros) à ceux que l'on nomme la «génération
volée». Il s'agit des enfants d'Aborigènes australiens et d'Indigènes du détroit de Torrès
enlevés de force à leurs parents entre 1910 et 1970 pour être placés dans des familles
d'accueil blanches. Au total, 378,6 millions de dollars seront alloués à ces indemnisations.
Après les excuses, il s'agit de passer des «paroles» aux «actes», avait dit en substance le
premier ministre Scott Morrison, décrivant ces politiques officielles d'assimilation comme
une période «honteuse» de l'histoire du pays.

À lire aussiJustin Trudeau appelle les Canadiens à reconnaître les torts causés aux
Autochtones

En 2007, le Canada avait entamé une démarche similaire en approuvant un processus


d'évaluation indépendant, né d'un règlement global de plusieurs actions collectives. Le but :
réparer les torts infligés à des générations d'enfants autochtones, envoyés dans des
pensionnats spécialisés créés dans les années 1820. Environ 150.000 enfants des Première
Nations ainsi que des enfants inuits ou métis y avaient été emmenés pour faire «sortir
l'Indien de l'enfant». En mars 2021, un rapport faisait état de 38.276 réclamations et de 3,23
milliards d'indemnisations attribuées.

Fin septembre dernier, le gouvernement fédéral de Justin Trudeau avait été débouté par la
Cour fédérale, alors qu'il demandait une révision des conditions d'indemnisations.

https://www.lefigaro.fr/faits-divers/saint-jean-de-luz-un-ter-percute-4-personnes-et-fait-3-
morts-et-un-blesse-grave-20211012 200 personnes se sont rassemblées mercredi soir
devant la gare de Saint-Jean-de-Luz, à l'appel d'associations locales d'aides aux migrants,
pour rendre hommage aux victimes de ce drame.

Les trois migrants morts fauchés par un train mardi matin près de Saint-Jean-de-Luz,
s'étaient mis sur les voies pour échapper à d'éventuels contrôles, a indiqué le procureur de
Bayonne Jérôme Bourrier mercredi soir, citant le témoignage d'un quatrième rescapé aux
enquêteurs.

Les titres du matinNewsletter

Tous les jours

Recevez chaque matin, l'actualité du jour : politique, international, société...

Adresse e-mail
À lire aussiMigrants : Darmanin prône le «modèle grec» des camps fermés

Mardi, vers 05h00 du matin, trois migrants, très probablement de nationalité algérienne,
sont morts fauchés par un TER vers la gare de Saint-Jean-de-Luz, alors qu'ils semblaient se
reposer sur les voies. Un quatrième homme avec eux, également algérien, très grièvement
blessé dans l'accident, s'est exprimé succinctement ce mercredi, depuis son lit d'hôpital, a
précisé le procureur à une correspondante de l'AFP.

À lire aussiCalais : 200 personnes pour une marche blanche en hommage à un jeune
migrant décédé

Il a confirmé aux enquêteurs de la police judiciaire de Bayonne que le groupe avait


emprunté les voies ferrées pour échapper à d'éventuels contrôles de police. Selon ce
rescapé, les quatre hommes s'étaient arrêtés pour se reposer, se sont endormis et n'ont pas
vu le train arriver. L'homme n'a en revanche pas été en mesure de donner les identités des
trois victimes. «Le petit groupe s'était constitué un peu plus tôt en Espagne et ils ne se
connaissaient pas les uns les autres», a expliqué le procureur.

Ce mercredi soir, environ 200 personnes se sont rassemblées devant la gare de Saint-Jean-
de-Luz, à l'appel d'associations locales d'aides aux migrants, pour rendre hommage aux
victimes de ce drame.

Selon Amaia Fontang, présidente d'Etorkinekin, un collectif qui fédère 13 groupes


d'accompagnements des migrants au Pays basque, interrogée mardi par l'AFP, le drame est
survenu après «une journée de pression policière importante dans plusieurs points du Pays
basque», qui «pourrait expliquer que ces migrants aient cherché à se réfugier à un endroit
pour être tranquilles». «Le seul centre de transit pour primo-arrivants» se trouve à
Bayonne, à plus de 30 km de la frontière espagnole, a ajouté cette militante associative.

À lire aussiQuinze migrants morts noyés au large de la Libye

Migrants en situation irrégulière


Parmi les migrants, «trois d'entre eux auraient fait l'objet d'une procédure d'irrégularité de
séjour en Espagne» en juin et l'un, âgé de 21 ans, avait déjà fait l'objet d'un dossier
d'expulsion. Sur les lieux du drame, à Ciboure, petite ville de quelque 6500 habitants juste
au sud de Saint-Jean-de-Luz, la police a retrouvé cinq documents d'identité, ce qui
complique sa tâche, a souligné le procureur. «Il peut y avoir une cinquième personne, au
regard du nombre de documents administratifs retrouvés». «Il est tout à fait possible que
ces personnes aient franchi la frontière ce jour-là mais on ne peut pas être catégorique», a-
t-il dit. «Nous sommes un territoire frontalier. Il est assez fréquent que certaines personnes
circulent sur les voies», a-t-il ajouté, évoquant une «pression migratoire constante».

L'Espagne est l'une des principales portes d'entrée en Europe pour les migrants et le Pays
basque est l'un des importants points de passage, théâtre de drames comme en août et en
mai derniers, avec la mort de deux migrants qui tentaient de traverser le fleuve frontière
Bidassoa pour passer en France. «C'est courant d'en voir sur les bas-côtés des routes, des
autoroutes ou des voies de chemin de fer», reconnaît pour l'AFP le maire de Ciboure,
Eneko Aldana-Douat. «Sur la bande littorale (basque), ils sont surtout de passage, ils ne
s'arrêtent pas généralement». «Il nous arrive d'en prendre en course de temps en temps,
raconte un chauffeur de taxi à l'AFP. Généralement, ils nous demandent de les laisser à
Bayonne. Il y a des Nord-Africains, des Subsahariens, des Asiatiques, même des Indiens.
C'est pas très difficile de monter sur les voies».

À lire aussiÉboulement à Massy : le trafic SNCF a repris, une enquête judiciaire en cours

Les problématiques «sont les mêmes» qu'en Italie, estime Eric Marrocq, secrétaire régional
Nouvelle Aquitaine du syndicat de policiers Alliance. «On est sur un couloir
d'étranglement avec un flux migratoire entrant mais également sortant... : On renvoie des
gens en Espagne qui sont immédiatement renvoyés en France». «Quel que soit le résultat
de l'enquête, nous, on reste dans l'affirmation que la route des migrations doit être
sécurisée, de la frontière à la destination finale», a souligné à l'AFP Amaia Fontang
présidente de la fédération Etorkinekin (qui réunit 13 groupes locaux d'accompagnement
des migrants).

Vous aimerez peut-être aussi