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L1S1 TD Ini*a*on à la géographie

Séance 3 : Géographie des migra4ons

Document 1 : extraits Akoka, Karen. 2018. « Réfugiés ou migrants ? Les enjeux poli*ques
d’une dis*nc*on juridique ». Nouvelle revue de psychosociologie 25 (1): 15-30.

« Crise des réfugiés », « crise des migrants » : ces expressions dont on ne compte plus les
occurrences dans les médias comme dans les discours publics sous-entendent que nous
assisterions à une augmenta*on inédite et exponen*elle du nombre d’étrangers arrivant en
Europe, qui meVrait en danger ses équilibres économiques et sociaux. Pudiquement cachée
derrière le terme flou de « crise », l’idée d’un trop-plein s’est ainsi largement imposée malgré
l’importante produc*on scien*fique qui montre, toutes disciplines confondues, à quel point
ceVe représenta*on est fausse 1. C’est pourtant autour de ce cadrage erroné que les pouvoirs
publics élaborent leurs « solu*ons » aussi variées dans leurs formes (agir sur les causes de
départ ; poli*que de dissuasion ; poli*que de répression...) qu’analogues dans leur objec*f :
réduire le nombre de migrants
[…]
Si les années 1950-1980 sont une période d’interpréta*on souple de la Conven*on de Genève
et de grande porosité entre les catégories, l’image du réfugié de ceVe période restée dans la
mémoire collec*ve est celle du dissident individuellement menacé, incarné par la figure du
refuznik sovié*que. Et c’est en par*e à par*r de cet archétype du réfugié, largement éloigné
de ce que fut la réalité quo*dienne de l’asile à ceVe période, que s’est construite la figure du
« faux » réfugié d’aujourd’hui : celui qui ne serait pas individuellement persécuté mais qui
chercherait à échapper au « mieux » à des violences collec*ves et au pire à la misère
économique. »
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Document 4 : extrait :, Camille Schmoll. 2020. Les damnées de la mer. Femmes et fron:ères en Méditerranée. Cahiers libres. Paris: La
Découverte.
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Document 6 : extrait Marie Bassi et Shoshana Fine. 2013. « La gouvernance des flux
migratoires “indésirables” ». Hommes & migra*ons. Revue française de référence sur les
dynamiques migratoires, no 1304 (octobre): 77-83.

« En plus de la société civile organisée, les migrants développent des pra*ques de résistance.
Leur par*cipa*on à la gouvernance des fron*ères est illustrée par leurs stratégies face aux
règles européennes en ma*ère d’asile. Selon la Conven*on européenne de Dublin, l’État
responsable du traitement de la demande d’asile est celui sur lequel le migrant a posé le pied
pour la première fois. Pour éviter d’être iden*tés et renvoyés dans les pays par lesquels ils sont
entrés dans l’UE (Grèce et Italie essen*ellement) et qui ont un système d’asile très faible, voire
inexistant, les migrants reconstruisent parfois leur iden*té biographique et biologique.
Certains mu*lent leurs doigts pour ne pas être iden*tés par Eurodac et expulsés ; d’autres
empruntent la na*onalité de pays où ils ne peuvent être renvoyés (avec lesquels aucun accord
de réadmission n’a été signé ou bien là où ils risquent d’être persécutés20). “Pour survivre à
Calais, tu dois jouer avec ton iden*té. Ici, tout le monde est pales*nien ; c’est le moyen le plus
sûr pour ne pas être expulsé” (Égyp*en, trentenaire). “Tu peux faire ça avec de la colle, tu peux
brûler tes empreintes avec des clous très chauds ou à l’acide sulfurique... selon moi, ça fait
moins mal que d’être renvoyé en Grèce” (Soudanais de 27 ans, Calais). Bien que ces réac*ons
désespérées puissent être considérées comme des actes de résistance, il s’agit d’ac*ons
individuelles qui ne visent pas à faire évoluer les poli*ques actuelles : les migrants ne
contestent pas leur catégorisa*on d’“indésirables”. Pourtant ces ac*ons individuelles
contraignent les États à modiier leurs pra*ques. Ainsi, la France n’accepte pas d’examiner les
demandes d’asile formulées par un migrant aux empreintes illisibles ou lui refuse le statut de
réfugié (une pra*que informelle, contraire au droit interna*onal et na*onal). Les États et les
individus sont donc dans une rela*on d’interac*on et de négocia*on permanente. »

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