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( Moniteur Parisien)
Journal « Le Mémorial Artésien » 11 juillet 1839 Saint Omer Pas de Calais
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redouble lorsque en prenant la loupe, on découvre, principalement dans le
feuillage des arbres, une immense quantité de détails d'une ténuité telle que
la meilleure vue ne saurait les saisir à l'œil nu. Dans le tableau de l'intérieur
de l'atelier de M. Daguerre , tous les plis du rideau et les effets d'ombre et de
lumière qu'ils produisent sont rendus avec une vérité merveilleuse. La têle
d'Homère . qui forme le principal morceau du tableau représentant plusieurs
sujets antiques, a conservé un très beau caractère ; aucun des mérites
qu'elle a dans la sculpture n'est perdu dans cette reproduction , malgré la
différence considérable de grandeur.
L'enduit sur lequel la lumière agit par le procédé de M, Daguerre est étendu
sur une planche de cuivre. Les tableaux exposés à la chambre des députés
ont neuf ou dix pouces de haut sur six ou sept pouces de large. M. Daguerre
évalue à 3 fr. 5o c la planche d'un tableau de cette grandeur. Il estime que
l'appareil nécessaire pour faire des tableaux de celle même dimension
devra , dans le principe, coûter environ 400 fr. : mais , il ne doute pas que le
perfectionnement des moyens de fabrication ne réduise bientôt ce prix d'une
manière sensible.
Journal « Le Mémorial Artésien » 22 septembre 1839 France page 6
Qu'il vienne , car dimanche aura lieu la seconde et dernière séance. Quel
que soit le temps l'opération se fera comme par un beau soleil . et si
l'épreuve manquait de vigueur, eh bien ! il ne connaîtrait pas moins ce qu'il
désire apprendre , la manipulation du Daguerréotype. et celui que le sort
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favorisera est assuré de remporter un chef- d'œuvre ; l'heure du reste offre
beaucoup plus de chances ; à onze heures et demie il est impossible , malgré
la brume qui nous enveloppe depuis plusieurs jours, que le bâtiment blanc du
nouvel hôtel de-ville ne donne pas quelque chose de satisfaisant. Tant pis
pour ceux qui exigeront la lumière éclatante de juin, ils seront forcés
d'attendre huit mois encore.
Après avoir admiré les tableaux, nous avons suivi l'opération avec un soin
scrupuleux ; en voici l'analyse : on polit la plaque destiné à devenir la toile sur
laquelle doit dessiner la lumière, avec de l'huile, de la ponce et de l'acide
nitrique ; puis, ensuite, on l'expose à de la vapeur diode, qui se dégage, sans
autre calorique, que celui de l'air environnant, d'une capsule placée au fond
d'une boîte. Quand la plaque est ainsi chargé de vapeur, et qu'elle a pris une
teinte d'un beau jaune d'or, on l'expose à la lumière. La durée de cette
exposition varie selon l'éclat du soleil ; les ruines de Saint Bertin ont été faite
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après trois quarts d'heure d'exposition. Ensuite, dans un appareil ad hoc,
cette plaque est soumise à la vapeur du mercure ; dès que le thermomètre
marque 75°, on cesse de chauffer, et on aperçoit alors le dessin se former
peut à peu; la température du mercure, redescendue à 45°, l'opération est
achevée ; il ne reste plus qu'à xer l'image, ce que l'on obtient en trempant la
plaque dans une solution d’hyposul te de soude, et en la lavant avec de l'eau
distillée.
Eh bien ! nous le demandons au plus incrédule, quand nous , qui ne
connaissions pas les moyens employés par M. Daguerre, nous pouvons,
après une seule séance, en donner ainsi l'analyse, a-t-on quelque chose à
désirer, et les nuages nous ont- ils empêché d'apprendre tout ce qu'il nous
était important de savoir ; aussi nous sommes convaincu que Dimanche, à
onze heures et demie, le salon de la Conciergerie réunira une société aussi
nombreuse que choisie et que chacun se retirera pleinement satisfait. Peu de
spectacles sont aussi instructifs et intéressants; on croirait assister aux
laborieux travaux de l'inventeur ; on est agité par l'anxiété qu'il a du ressentir
plus d'une fois durant ses nombreux essais et l’on partage ensuite la
satisfaction qu'il éprouva le jour où toutes ses tentatives furent couronnées
d'un succès éclatant on a une parcelle de ce bonheur qui a en n été sa
récompense après quinze années de veilles et de soucis.
J.D.