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ESPACES DE BANACH
Plan
I : Exemples
1) Définition
2) Cas de la dimension finie
3) Exemples en dimension infinie
II : Propriétés
1) Propriété de Cauchy pour les fonctions
2) Fonction uniformément continue et suite de Cauchy
3) Séries de vecteurs
III : Propriété de Baire
1) Définition
2) Le théorème de Banach-Steinhaus
IV : Le théorème de Hahn-Banach
1) Prolongement d'une forme linéaire
2) Le théorème de Hahn-Banach
Exercices
1) Enoncés
2) Solutions

I : Exemples

1- Définition
Un espace vectoriel normé sur R ou C (E, || ||) est dit espace de Banach s'il est complet pour la
distance associée à sa norme1. Dans un tel espace, il y a équivalence entre suite convergente et suite
de Cauchy, une suite de Cauchy (un) de E vérifiant la propriété :
  > 0,  N,  n  N,  p  N, || un – up || < .

Voir L3/METRIQUE.PDF pour la définition d'un espace complet et ses propriétés. On y montre en
particulier que :
dans tout espace métrique, toute suite de Cauchy est bornée.

dans un espace métrique complet, toute intersection décroissante  Fn d'une suite de fermés
n=1
Fn non vides dont le diamètre tend vers 0 est non vide.

1
Dans son livre Un mathématicien aux prises avec le siècle, Laurent Schwartz raconte : "Lorsque j'étais en Pologne en
1959, j'avais été intrigué par un tramway portant l'écriteau « Banach ». On m'expliqua que son terminus était la place
Banach [...]. Pour le principe, me suis-je dit, je vais le prendre. Or ce fut impossible parce qu'il était ... complet. Cette
petite histoire remportait tous les ans le même succès, et les élèves se souvenaient ainsi de la définition des espaces de
Banach. A l'étranger, ce type d'astuce ne faisait pas rire, et était même parfois reçu dans un silence glacial, ce qui est
profondément désagréable. Il semble qu'il s'agisse là d'humour exclusivement français !" 
-1-
^
tout espace métrique E se plonge dans un unique espace métrique complet E dans lequel E
^
est dense. E s'appelle le complété de E.

2- Cas de la dimension finie


R et C sont complets. La démonstration est donnée dans L1/SUITES.PDF
Pour tout n, Rn et Cn sont complets. D'une manière générale, tout espace vectoriel de de dimension
finie sur K = R ou C est complet. Deux démonstrations en sont données dans
L2/EVNORME.PDF, qui utilisent le théorème de Bolzano-Weierstrass ou la notion de compact. On
en donne une troisième ci-dessous, en même temps qu'on redémontre le théorème d'équivalence des
normes en dimension finie.
Soit E un espace vectoriel de dimension finie muni d'une norme N. Soit (e1, ..., en) l'une de ses
n n
bases. Si x =  xi ei. Posons N1 =  xi . Montrons que N et N1 sont équivalentes.
i=1 i=1

On a déjà, pour tout x de E :


n n
N(x) = N( xi ei)   xi N(ei)  CN1(x) avec C = Sup {N(ei) | 1  i  n}
i=1 i=1

La réciproque se fait par récurrence sur n. Si dim(E) = 1, E est isomorphe à K et la norme N est
proportionnelle à la valeur absolue ou au module, qui est identique à N1 en prenant 1 comme base
de K. Les deux normes sont donc équivalentes. De plus, K est complet.
Supposons la propriété d'équivalence des normes démontrées et la complétude prouvée pour tout
espace de dimension n – 1. Montrons-la pour E.
n
Commençons par l'équivalence des normes. Soit i l'application : x =  xiei  xi et Hi = Ker(i).
i=1

Les Hi sont de dimension n – 1 , donc d'après l'hypothèse de récurrence, les Hi sont complets. Etant
complets dans (E, N), ils sont également fermés. L'ensemble Fi = Hi + ei = {x + ei | x  Hi}, translaté

n
de Hi est également fermé, et de même l'union finie Fi. Or 0 n'appartient à aucun Fi, donc
i=1

n'appartient pas à  Fi, donc il n'est pas adhérent à cette union pour la norme N. Il existe donc  > 0
n

i=1

tel que B(0, )  ( Fi) =  (la boule étant définie par la norme N). Il en résulte que :
n

i=1
 i,  yi  Hi, N(yi + ei)  
car yi + ei  Fi donc yi + ei  B(0, ). Si x est un élément de E dont une composante xi est non nulle,
on a :
xk
x =  xkek + xiei = xi( ek + ei) de la forme xi(yi + ei), yi  Hi
ki ki xi

donc N(x) = xi N(yi + ei)  xi 


N(x)
donc xi 

-2-
nN(x)
donc N1(x) 

On a ainsi prouvé l'équivalence des deux normes. Quant à la complétude, elle se montre d'abord
pour la norme N1. En effet, si on a une suite de Cauchy pour N1, alors chaque composante de la
suite dans la base (e1, ..., en) est une suite de Cauchy dans K, donc converge, donc la suite de
vecteurs converge également pour N1. Puis, l'équivalence des normes permet d'en déduire que, si on
a une suite de Cauchy pour une norme N, alors c'est une suite de Cauchy pour N1, donc elle
converge pour N1, donc elle converge pour N.

Dans un espace de dimension infinie, le fait qu'une suite de Cauchy est convergente peut être mis en
défaut comme nous le verrons dans le paragraphe suivant. Ainsi, la question de savoir si un espace
vectoriel normé est de Banach se pose uniquement pour les espaces de dimension infinie.

3- Exemples en dimension infinie


EXEMPLE 1 :
Soit l(R) l'ensemble des suites réelles bornées, muni de la norme suivante :
|| (am)mN || = Sup am
mN

Alors l (R) est un Banach. En effet, considérons une suite de Cauchy dans cet espace. Il s'agit donc
de suite de suites. Notons a(n) = (amn)mN le terme général de cette suite. Considérons, pour chaque
m, la suite (amn)nN d'indice m. Pour tout n et p, on a :
amn – amp  || a(n) – a(p) ||
Comme (a(n))nN est une suite de Cauchy dans l(R), il en résulte que, pour tout m, (amn)nN est
une suite de Cauchy dans R. Elle est donc convergente, vers une limite lm :
lm = lim amn
n
On obtient ainsi une suite l = (lm)mN. Cette suite est bornée. En effet, dans l(R), la suite (a(n))nN
est de Cauchy, donc est bornée :
 M,  n, || a(n) ||  M
donc :
 n,  m, amn  M
donc, en faisant tendre n vers l'infini :
 m, lm  M
Enfin, la suite (a(n))nN converge vers l dans l(R). En effet, la suite (a(n))nN étant de Cauchy
dans l(R), on a :
  > 0,  N,  n  N,  p  N, || a(n) – a(p) ||  
donc
  > 0,  N,  n  N,  p  N,  m, amn – amp  
donc, en faisant tendre p vers + :
  > 0,  N,  n  N,  m, amn – lm  
donc :

-3-
  > 0,  N,  n  N, Sup amn – lm  
mN
donc :
  > 0,  N,  n  N, || a(n) – l ||  
ce qui signifie bien que lim a(n) = l dans l(R).
n
La même démonstration s'applique à l(C), espace vectoriel des suites complexes bornées.

EXEMPLE 2 :
Soit E = C0([a, b]) l'espace des fonctions continues sur un segment [a, b], muni de la norme
|| f || = Sup { f(x) , x  [a, b]}, à valeurs réelles ou complexes. Alors cet espace est un Banach. La
démonstration est comparable à celle de l'exemple 1. Soit (fn) une suite de Cauchy. Alors :
  > 0,  N,  n  N,  p  N, || fn – fp ||  
donc :
  > 0,  N,  n  N,  p  N,  x, fn(x) – fp(x)  
Il en résulte, que, pour tout x, la suite (fn(x)) constitue une suite de Cauchy dans R ou C, donc
converge vers un nombre que nous noterons f(x). Si on fait tendre p vers l'infini dans la dernière
inégalité, on obtient :
  > 0,  N,  n  N,  x, fn(x) – f(x)  
ce qu'on peut écrire encore sous la forme :
  > 0,  N,  n  N,  x, || fn – f ||  
ce qui signifie que f est la limite de fn pour la norme || ||. Il reste à montrer que f est élément de E,
i.e est continue, pour conclure que E est complet. Ce dernier point est démontré dans le chapitre
L2/SUITESF.PDF portant sur les suites et séries de fonctions : la limite d'une suite de fonctions
continues qui converge uniformément sur un intervalle est continue sur cet intervalle.

EXEMPLE 3 :
De même, soit E = C1([a, b]] l'espace vectoriel des fonctions continûment dérivables sur [a, b] à
valeurs réelles, muni de la norme N(f) = f(a) + || f ' || = f(a) + Sup{ f '(x) , x  [a, b]}. Il s'agit
d'un Banach. En effet, soit (fn) une suite de Cauchy pour la norme N. Comme f(a)  N(f), il en
résulte que (fn(a)) est une suite de Cauchy dans R, donc converge. De même, comme || f ' ||  N(f),
la suite (fn') est une suite de Cauchy dans (C0([a, b], || ||) qui est un espace de Cauchy d'après
l'exercice précédent, donc elle converge uniformément vers une fonction continue g. Ainsi, (fn) est
une suite de fonctions de classe C1 telle que (fn(a)) converge et que la suite des dérivées converge
uniformément vers une fonction continue g. Le théorème de dérivation des suites de fonctions (voir
L2/SUITESF.PDF) permet de conclure que la suite (fn) converge uniformément sur le compact
[a, b] vers la primitive G de g qui prend la valeur lim fn(a) en a. G est C1 et lim N(fn – G) = 0.
n n
Puisque toute suite de Cauchy de E converge dans E, E est un Banach.

EXEMPLE 4 :
Soit (E, || ||) un Banach, X un espace vectoriel topologique et C(X, E) l'espace vectoriel des
fonctions continues bornées de X dans E. E est muni de la distance d(u, v) = || u – v ||
On a vu dans L3/METRIQUE.PDF que C(X, E) est un espace complet pour la distance :
-4-
(f, g) = Sup d(f(x), f(y)) = Sup || f(x) – f(y) ||
xX xX
Pour montrer que C(X, E) est un Banach, il suffit de remarquer que  est issu de la norme suivante :
|| f || = Sup || f(x) ||
xX
Dans le cas où X = [a, b] et E = R (ou C), on retrouve le fait que C0([a, b]) est un Banach.
Dans le cas où X = N et E = R (ou C), on retrouve le fait que l(R) (ou l(C)) est un Banach, une
suite x = (xn) étant vue comme la fonction x : n  N  xn. On prend sur N la topologie discrète de
sorte que tout élément x de l(R) est une fonction bornée nécessairement continue sans vérification
supplémentaire.

EXEMPLE 5 :
Considérons R[X] muni de la norme N suivante :
n
si P =  ak Xk, N(P) = Sup ak
k=0 0kn
n
1
Pour tout n, prenons Un =  k + 1 Xk. Il s'agit d'une suite de Cauchy pour la norme N. En effet,
k=0

p
1 1
pour p  n, Up – Un =  k + 1 Xk dont la norme vaut n + 2 et qu'on peut rendre plus petit que tout
k=n+1

1
 strictement positif pour p  n  . Cependant, (Un) ne converge pas dans R[X]. En effet, si la

1
limite L existait, avec L de degré N, pour n > N, Un – L possèderait le terme XN+1, donc on
N+1
1
aurait N(Un – L)  qui ne tend pas vers 0 quand n tend vers l'infini. Donc R[X] n'est pas
N+1
complet.

1
Quant à la quantité  Xk qu'on pourrait proposer comme limite, elle n'est pas un polynôme.
k=0 k + 1

(R[X], N) est isométrique à l'espace vectoriel c00(R) des suites réelles nulles à partir d'un certain

rang, au moyen de l'isométrie qui, à un polynôme P =  ak Xk, associe la suite a = (ak)k0. On munit
k0

c00(R) de la norme || a || = Sup ak .


k0

EXEMPLE 6 :
Soit E l'espace vectoriel des fonctions continues sur [0,1], munie de la norme dite de la convergence
en moyenne :
1
|| f ||1 = 
 f(t) dt
0
Considérons la suite de fonctions (fn) définies par :

-5-
1
fn(x) = n( n – 1)x sur [0, ]
n
1 1
fn(x) = – 1 sur [ , 1]
x n
On pourra vérifier que, pour p > n :
3 1 1 1 1 1
|| fn – fp ||1 = ( – ) – ( – )
2 n p 2 n p
de sorte que la suite (fn) est de Cauchy pour la norme || ||1. Cependant, elle ne converge vers aucune
fonction continue sur [0,1]. Elle converge bien simplement sur [0, 1] vers la fonction
0 si x = 0

(x) =  1
– 1 si x  0 , mais cette fonction n'est pas continue en 0. Autrement dit, il faudrait se
 x
placer dans l'espace plus grand L1([0, 1]) des fonctions intégrables sur [0, 1] pour espérer qu'une
suite de Cauchy converge.

EXEMPLE 7 :
L'espace L1(R) des fonctions intégrables sur R au sens de Lebesgue muni de la norme :

|| f || = 
 f(x) dx
–
est un Banach. Une des présentations de l'intégrale de Lebesgue consiste d'ailleurs à définir L1(R)
comme le complété de l'espace vectoriel E des fonctions continues à support compact (i.e. nulles en
dehors d'un intervalle borné) muni de la norme précédente (l'intégrale de la fonction continue étant
alors celle de Riemann).

EXEMPLE 8 :
Un espace préhilbertien qui est complet s'appelle un espace de Hilbert. Le chapitre
L3/HILBERT.PDF leur est dédié.

PROPOSITION
Soit F un Banach et E un espace vectoriel normé. Soit L(E, F) l'espace vectoriel des applications
linéaires continues de E dans F muni de la norme subordonnée aux normes de E et F. Alors L(E, F)
est un Banach.

On souligne que, dans le contexte de ce chapitre, L(E, F) est l'espace vectoriel des applications
linéaires continues de E dans F. Quant à l'espace vectoriel de toutes les applications linéaires de E
dans F, continues ou non, on le désignera par Hom(E, F), espace vectoriel des homomorphismes de
E dans F.

On rappelle que la norme sur L(E, F) subordonnée aux normes de E et F est définie par :
|| f(x) ||
||| f ||| = Sup { , x  E, x  0}
|| x ||
= Sup {|| f(x) ||, x  B(0, 1)} où B(0, 1) est la boule unité de E
= Sup {|| f(x) ||, x  S} où S est la sphère unité de E
||| f ||| est le plus petit rapport de Lipschitz de f. (Voir L2/EVNORME.PDF)

Démonstration :
-6-
 Soit une suite de Cauchy (fn) dans L(E, F). Pour tout x de E, on a donc :
|| fn(x) – fp(x) ||  ||| fn – fp ||| || x ||
ce qui montre que (fn(x)) est une suite de Cauchy dans F qui est complet, donc convergente vers une
limite qu'on notera f(x).
Comme, pour tout n, tout (x, y) de E2, et tout scalaire , fn(x + y) = fn(x) + fn(y), un passage à la
limite donne f(x + y) = f(x) + f(y) ce qui montre que f est linéaire.
En outre, la suite (||| fn |||) étant de Cauchy est bornée, donc  M,  n, ||| fn |||  M, donc
 x  B(0, 1), || fn(x) ||  M. En passant à la limite, on obtient || f(x) ||  M ce qui prouve que f est
continue et donc élément de L(E, F).
Enfin :
  > 0,  N,  n  N,  p  N,  x  B(0, 1), || fn(x) – fp(x) ||  
et en faisant tendre p vers l'infini, on obtient :
  > 0,  N,  n  N,  x  B(0, 1), || fn(x) – f(x) ||  
donc :
  > 0,  N,  n  N, ||| fn – f |||  
ce qui montre que (fn) converge vers f dans L(E, F).

COROLLAIRE
On appelle espace dual topologique l'espace L(E, K) où K = R ou C, corps de l'espace vectoriel
E. On le note E'. C'est un Banach.

E' est donc l'espace vectoriel des formes linéaires continues de E dans K. E' est inclus dans
E* = Hom(E, K), espace vectoriel de toutes les formes linéaires, continues ou non, de E dans K. E*
s'appelle le dual algébrique de E. K étant complet, E' est un Banach d'après la proposition
précédente. La norme sur E' est définie comme suit. Pour tout   E', on a :
| (x) |
|||  ||| = Sup { , x  0}
|| x ||
= Sup {| (x) |, x  B(0, 1)} où B(0, 1) est la boule unité
= Sup {| (x) |, x  S} où S est la sphère unité

PROPOSITION
^
Tout espace vectoriel normé (E, || ||) se plonge dans un unique Banach E dans lequel E est dense.

Démonstration :
^
 Il suffit de prouver que le complété E de E peut être muni d'une structure d'espace vectoriel
normé. Rappelons comment est construit le complété de E. On forme l'ensemble SCE des suites de
Cauchy sur E. On y définit une relation d'équivalence :
(an)nN R (bn)nN  lim || an – bn || = 0
n
^
Le complété E de E est l'ensemble quotient SCE/R de SCE par cette relation d'équivalence. Il reste
^
à prouver que E est un espace vectoriel normé.
SCE est un espace vectoriel. Il n'est pas difficile en effet de vérifier que la somme de deux suites de
Cauchy de E est une suite de Cauchy, de même que le produit d'une suite de Cauchy par un scalaire.

-7-
Soit H le sous-espace vectoriel de SCE constitué des suites de limites nulles. On a, pour toutes
suites de Cauchy (an) et (bn) :
(an)nN R (bn)nN  lim || an – bn || = 0  (an – bn)nN  H
n
^
Ainsi, la relation d'équivalence R est définie par le sous-espace vectoriel H, et E n'est autre que
SCE/H. On a montré que L3/QUOTIENT.DOC qu'un tel espace pouvait être muni d'une structure
^ ^
vectorielle, la projection canonique SCE  SCE/H étant linéaire. Si a^ et b sont deux éléments de E,
^ ^ ^
représentés par les suites de Cauchy a = (an) et b = (bn), alors on pose a^ + b = (a + b), et a^ = (a).
^ ^
E est par ailleurs muni d'une norme. Si a^ est élément de E, représenté par la suite de Cauchy
a = (an), on pose :
|| a^ || = lim || an ||
n
La limite existe car la suite (|| an ||) est de Cauchy dans R (utiliser || an || – || ap ||  || an – ap ||), et on
vérifie qu'elle ne dépend pas du représentant choisi dans la classe d'équivalence a. ^ Il n'est pas
^
difficile de montrer qu'on a ainsi défini une norme sur E. Par exemple :
|| a^ || = 0  lim || an || = 0  a  H  a^ = 0
n
^ ^ ^
ou || a^ + b || = || (a + b) || = lim || an + bn ||  lim || an || + || bn || = || a^ || + || b ||
n n
^
^ b) ^
Enfin, cette norme est associée à la distance (a, = || a^ – b || = lim || an – bn ||, qui est
n
^ ^
précisément la distance sur E qui étend la distance sur E et pour laquelle E est complet.

Cette proposition permet de multiplier les exemples à l'infini. Prendre un espace vectoriel normé
quelconque. S'il n'est pas de Banach, on aura un exemple de Banach en prenant son complété. S'il
est de Banach, on aura un exemple de non-Banach en prenant un sous-espace vectoriel non fermé
(puisqu'une partie d'un espace complet est un espace complet si et seulement si elle est fermée).

II : Propriétés

1- Propriété de Cauchy pour les fonctions


On dispose pour la convergence des fonctions d'un critère comparable à celui des suites de Cauchy.

PROPOSITION
Soit f une application d'une partie U d'un espace vectoriel normé E à valeurs dans un Banach F.
Soit a un point adhérent à U. Alors il y a équivalence entre :
(i) lim f(x) existe
xa
xU
(ii)   > 0,  r > 0,  x  B(a, r)  U,  y  B(a, r)  U, || f(x) – f(y) || < 

Démonstration
i)  ii)
Si l est la limite, alors :
-8-
  > 0,  r > 0,  x  B(a, r), || f(x) – l || < /2
donc  x  B(a, r),  y  B(a, r), || f(x) – f(y) || = || f(x) – l + l – f(y) ||  || f(x) – l || + || l – f(y) || < 

ii)  i)
On utilise la caractérisation séquentielle des limites. Pour montrer que lim f(x) existe, il suffit de
xa
xU
montrer que, pour toute suite (xn) de U convergeant vers a, lim f(xn) existe. Prenons donc une
n
suite (xn) dans U, convergeant vers a. Montrons que (f(xn)) est une suite de Cauchy. On a :
 r > 0,  N,  n  N, || xn – a || < r (*)
or   > 0,  r > 0,  x  B(a, r)  U,  y  B(a, r)  U, || f(x) – f(y) || <  (**)
donc si on applique (*) avec le r donné dans (**), et x = xn, y = xp avec n  N et p  N, on a :
  > 0,  N,  n  N,  p  N, || f(xn) – f(xp) || < 
F étant un Banach, la suite (f(xn)) converge vers une limite que nous noterons l. Cette limite ne
dépend pas de la suite (xn) choisie. Si (yn) est en effet une autre suite de limite a, le même
raisonnement montrera que (f(yn)) converge vers une limite l'. Mais on aura l = l' en considérant la
suite imbriquée (f(x0), f(y0), f(x1), f(y1), f(x2), f(y2), ...) qui doit aussi converger. On aura alors
lim f(x) = l.
xa
xU

2- Fonction uniformément continue et suite de Cauchy


On rappelle deux propriétés, démontrées dans le chapitre L3/METRIQUE.PDF, mais que nous
énonçons ici lorsque les espaces métriques sont des espaces vectoriels normés.

PROPOSITION
(i) Soit f définie sur une partie A d'un espace vectoriel normé et uniformément continue.
Alors l'image par f d'une suite de Cauchy est une suite de Cauchy.
(ii) Si, de plus, f est à valeurs dans un espace vectoriel de Banach F, alors f se prolonge de

manière unique en une application uniformément continue sur A.

La proposition (ii) permet par exemple de définir l'intégrale d'une fonction continue f : [a, b]  F
où F est un espace de Banach, ce que nous décrivons brièvement ci-après. Soit E l'espace des
fonctions bornées sur un segment [a, b] à valeurs dans F. E est muni de la norme :
|| f || = Sup { || f(x) ||, x  [a, b]} (où || f(x) || est la norme dans F de f(x)).
Soit A le sous-espace des fonctions en escalier définie sur [a, b] à valeurs dans F. Pour chaque  de
A, il existe une subdivision a = a0 < a1 < ... < an = b telle que la restriction de  à chaque ]ai, ai+1[
b n
soit constante, égale à un vecteur i de F. On peut définir I() =   (ai – ai–1) i, dont
 (t) dt = i=1
a
on montre qu'elle ne dépend pas de la subdivision choisie. L'application I de A dans F est une

application lipschitzienne, donc uniformément continue. Elle se prolonge en une application sur A,
– b
que nous continuerons à noter I. Pour f dans A, on définit ainsi  f(t) dt = I(f). Le sous-espace
a

vectoriel des fonctions continues sur [a, b] à valeurs dans F est contenu dans A, ce qui permet de
-9-

définir l'intégrale d'une fonction continue. Plus généralement, on peut montrer que A est constitué
des fonctions ayant une limite à droite et à gauche de chaque point, appelées fonctions réglées.

3- Séries de vecteurs
Soit  un une série de vecteurs d'un espace de Banach (E, || ||). Cette série converge si et seulement
n
si la suite des sommes partielles Sn =  uk converge, donc si et seulement si la suite (Sn) est de
k=0

Cauchy. Il en résulte le critère de convergence des séries suivant :


p
 un converge    > 0,  N,  n  N,  p  n, ||  uk || < 
k=n+1

DEFINITION
Une série de vecteurs  un est dite normalement convergente si la série  || un || converge.

On dispose alors du théorème suivant :


PROPOSITION
Dans un espace de Banach E, on dispose alors de l'implication suivante :
 un converge normalement   un converge

Démonstration :
 En effet, si la série  un converge normalement, alors  || un || converge, donc la suite des
sommes partielles forme une suite de Cauchy, donc :
p
   > 0,  N,  n  N,  p  n,  || uk || < 
k=n+1

donc, par inégalité triangulaire :


p p
  > 0,  N,  n  N,  p  n, ||  uk ||   || uk || < 
k=n+1 k=n+1

donc la suite des sommes partielles de  un est de Cauchy dans E complet, donc  un converge.

EXEMPLES :
 La proposition généralise le fait qu'une série de fonctions normalement convergente sur un
intervalle est uniformément convergente sur cet intervalle. Voir L2/SUITESF.PDF.

 Soit u un endomorphisme continu défini sur un Banach E, et tel que ||| u ||| < 1, ou ||| u ||| est la
norme d'endomorphismes subordonnée à la norme de E (voir L2/EVNORME.PDF). Alors Id – u est

inversible,  un converge et est égal à (Id – u)–1.
n=0

En effet, la norme d'endomorphisme vérifie la propriété :  n  N, ||| un ||  ||| u |||n. La série


 ||| u |||n étant convergente (géométrique de raison strictement inférieure à 1), il en est a fortiori de
même de  ||| un |||, de sorte que la série  un converge normalement. Enfin :

- 10 -
  
(Id – u) o  un =  un –  un+1 = Id
n=0 n=0 n=0


un
On peut de même définir l'exponentielle d'un endomorphisme continu par exp(u) =  pour
n=0 n!

un
tout endomorphisme u continu sur un espace de Banach. En effet, la série  est normalement
n!

||| u |||n ||| un |||
convergente, puisque  n!
= exp(||| u |||) converge. Donc, a fortiori, 
n!
est aussi
n=0


Mn
convergente. On note de même exp(M) =  , exponentielle de matrice, pour toute matrice
n=0 n!

carrée M. On peut se demander si exp(A)  exp(B) = exp(A + B) pour toutes matrices A et B de


même taille. Nous devons alors faire le produit de deux séries. On utilise les résultats vus dans le
paragraphe sur les produits de Cauchy de deux séries (voir L2/SERIES), et qui restent valables en
remplaçant valeur absolue ou module par norme. On a :
 
An Bn
exp(A)  exp(B) =    n!
n=0 n! n=0

 n
Ap Bn–p
=    (n–p)!
n=0 p=0 p!


1  n n
=  n!   p  ApBn–p
n=0 p=0

et l'on reconnaît un binôme de Newton à condition que les matrices A et B commutent. Donc, si
A et B commutent :

(A + B)n
exp(A)  exp(B) =  n!
= exp(A + B)
n=0

Ce résultat est faux si A et B ne commutent pas.


On a donc en particulier exp(M)  exp(–M) = exp(O) = I, où O est la matrice nulle, donc exp(–M)
est égal à (exp(M))–1. Le calcul de exp(M) est particulièrement facile lorsque M est diagonale. Si
 01 0 00 ...... 00   exp( 1) 0 0 ... 0

M=
 2  , alors exp(M) =
 0 exp(2) 0 ... 0 
. Si M n'est pas diagonale
 ... ...   ... ... 
 0 0 ... 0 p   0 0 ... 0 exp(p) 
mais semblable à une matrice diagonale, (i.e. M = P–1DP) alors, Mn = P–1DnP et
exp(M) = P–1exp(D)P.

t n Mn
Plus généralement, pour t réel, on a  n!
= exp(tM). Ces matrices interviennent dans la
n=0

résolution de systèmes différentiels linéaires. On montre que si V : R  Rn est une fonction de


classe C1 vérifiant V'(t) = MV(t) et V(0) = V0, alors la solution est V(t) = exp(tM)V0.

- 11 -
Dans un espace normé de dimension infinie qui n'est pas un Banach, on peut avoir une série de
vecteurs  un normalement convergente, sans qu'elle soit convergente. Munissons par exemple
R[X] de la norme suivante :
n n
N(  anXn) =  an
k=0 k=0

Xn Xn 1
La série  2 est alors normalement convergente puisque N( 2 ) = 2, terme général d'une série
n n n
convergente, mais la série diverge. En effet, s'il existait un polynôme P de degré p vers lequel
n
Xn Xk
converge la série 
n2
, alors, pour n > p, N(P –  2 ) devrait tendre vers 0 quand n tend vers
k=0 k

1
l'infini, mais cette quantité est supérieure à .
(p + 1)2

III : Propriété de Baire

1- Définition
On dit qu'un espace topologique E est de Baire si toute intersection dénombrable d'ouverts denses
est dense :



( n, On ouvert et On = E)   On = E
n=1
Par passage au complémentaire, un espace est de Baire si et seulement si toute réunion dénombrable
de fermés d'intérieur vide est d'intérieur vide.
o o
( n, Fn fermé et Fn = )  ( Fn) = 
n=1
 o
On rappelle en effet que, pour toute partie A d'un espace topologique, ( A )c = (Ac), où c désigne le
complémentaire. Ci-dessus, on passe de la première définition à la seconde en prenant Fn = Onc.
On peut aussi utiliser les contraposées. Dans un espace de Baire, si une intersection dénombrable
d'ouverts n'est pas dense, l'un des ouverts n'est pas dense. Dans un espace de Baire, si une réunion
dénombrable de fermés n'est pas d'intérieur vide, l'un des fermés n'est pas d'intérieur vide.

Une partie incluse dans une réunion dénombrable de fermés d'intérieur vide est dite maigre (ou de
première catégorie). Dans un espace de Baire, une partie maigre est donc d'intérieur vide.
 o
A maigre   (Fn)nN, A   Fn et  n, Fn est fermé et Fn = 
n=0
Le complémentaire B d'une partie maigre A vérifie :
 o
B maigre   (Fn)nN, B   Fn et  n, Fn est fermé et Fn = 
c c
n=0
 o
  (Fn)nN,  Fnc  B et  n, Fnc est ouvert et (Fn)c = E
n=1
 –
  (Fn)nN,  Fnc  B et  n, Fnc est ouvert et Fnc = E
n=1

- 12 -


  (On)nN,  On  B et  n, On est ouvert et On = E
n=1
 B contient une intersection d'ouverts denses
Dans un espace de Baire, une telle partie B est dense.

THEOREME DE BAIRE
(i) Tout espace métrique complet est de Baire. En particulier, tout Banach est de Baire.
(ii) Tout espace topologique localement compact est de Baire.

La propriété de Baire étant purement topologique et le fait d'être complet étant lié à la métrique, il
serait plus juste de dire que tout espace topologique E, dont la topologie peut être définie par une
métrique pour lequel E est complet, est un espace de Baire.

Démonstration :

 (i) : Soit E espace métrique complet et (On)n1 une famille d'ouverts denses. Soit O =  On, x 
n=1
E et  > 0. Il s'agit de montrer que B(x, )  O  .
Comme O1 est dense,  y1  B(x, )  O1, qui est un ouvert, donc il existe une boule ouverte de
centre y1 incluse dans B(x, )  O1, et une boule fermée Bf(y1, r1) de rayon r1 plus petit incluse dans
cette boule ouverte. On peut supposer en outre que r1  1, et on a Bf(y1, r1)  B(x, )  O1. Posons
r0 = .
Comme O2 est dense,  y2  B(y1, r1)  O2, qui est un ouvert, donc il existe une boule ouverte de
centre y2 incluse dans B(y1, r1)  O2, et une boule fermée Bf(y2, r2) de rayon r2 plus petit incluse
1
dans cette boule ouverte. On peut supposer en outre que r2  , et on a donc
2
Bf(y2, r2)  B(y1, r1)  O2.
On itère, construisant ainsi une suite (yn) d'éléments de E et de nombres (rn) tels que :
1
 n  1, rn 
n
 n  1, Bf(yn, rn)  B(yn–1, rn–1)  On
On a donc en particulier Bf(yn, rn)  Bf(yn–1, rn–1). Ces boules forment une suite décroissante de

fermés dont le diamètre tend vers 0. Donc, E étant complet, il existe y élément de 
n=1
Bf(yn, rn).

Comme, pour tout n, Bf(yn, rn)  On, on a y   On. De plus, y  B(y1, r1)  B(x, ). Donc y  B(x,
n=1
)  O. On a ainsi montré que O est dense.

 (ii) : Dans le cas où l'espace E est localement compact, on modifie légèrement la démonstration
précédente, en remplaçant les boules par des voisinages et en particulier, en remplaçant Bf(yn, rn) par
un voisinage compact de yn. On obtient une suite décroissante de compacts non vides donc son
intersection est non vide.

EXEMPLES :

- 13 -
 Un exemple simple d'espace qui n'est pas de Baire est donné par Q, qui est dénombrable. Notons

Q = {qn | n  1}. Prendre On = Q \ {qn}. Tous les On sont des ouverts denses, mais  On = . On
n=1
remarque que Q n'est pas complet, ni localement compact.

 Soit f : R  R dérivable. Alors il existe un intervalle ouvert non vide sur lequel f ' est bornée.

En effet, soit FN = {x,  n,
f(x +1/n) – f(x)
n
 N} = 
n=1
{x,
f(x +1/n) – f(x)
n
 N}. FN est un fermé

f(x +1/n) – f(x)


comme intersection des parties {x,  N} qui sont des fermés, chacun étant l'image
n
f(x +1/n) – f(x)
réciproque du fermé [0, N] par l'application continue x  . Par hypothèse, pour tout
n
f(x +1/n) – f(x)
x, la suite ( ) converge, donc est bornée. Donc tout x appartient à l'un des FN. Donc
n

 FN = R. R étant de Baire,et d'intérieur non vide, l'un des FN est d'intérieur non vide. Il existe
N=1
donc un intervalle I ouvert non vide tel que I  FN. Pour tout x de I, en passant à la limite, on obtient
f '(x)  N.

2- Le théorème de Banach-Steinhaus
Considérons deux espaces normés E et F et (uj)jJ une famille infinie (par exemple une suite)
d'applications linéaires de E dans F. Comparons les propriétés suivantes, où l'ordre des
quantificateurs change :
(i)  M  R,  x  E,  j  J, || uj(x) ||  M || x ||
(ii)  x  E,  M  R,  j  J, || uj(x) ||  M || x ||
(iii)  j  J,  M  R,  x  E, || uj(x) ||  M || x ||
(iv)  x  E,  j  J,  M  R, || uj(x) ||  M || x ||
La propriété (iv) ne présente aucun intérêt particulier. Elle est triviale si x = 0 et sinon tout aussi
|| u (x) ||
triviale en prenant M = j . M dépend de j et de x.
|| x ||
La propriété (iii) exprime que toutes les applications linéaires uj sont lipschitziennes, donc
continues. On a ||| uj |||  M et M dépend de j.
La propriété (ii) exprime que, pour tout x, la famille (uj(x))jJ est bornée en norme par le nombre
M || x ||. M dépend de x.
La propriété (i) exprime que la quantité M du (ii) ne dépend pas de x, et aussi que le coefficient de
Lipschitz du (iii) ne dépend pas de j. Autrement dit, la famille (||| uj |||)jJ est majorée par le même
nombre M.
On a donc (i)  ((ii) et (iii)). On s'intéresse à la réciproque ((ii) et (iii))  (i). Dans le cas où E est
de dimension finie, il est inutile de supposer (iii) car une application linéaire dont l'espace de départ
est un espace vectoriel normé de dimension finie est nécessairement continue.

PROPOSITION

- 14 -
Si E est un espace vectoriel normé de dimension finie, et (uj)jJ une famille d'applications linéaires
de E dans un espace vectoriel normé F. Alors il y a équivalence entre :
(i)  M  R,  j  J, ||| uj |||  M
(ii)  x  E, (|| uj(x) ||)jJ est bornée

Démonstration :
p
 Il suffit de montrer (ii)  (i). Soit (e1, ..., ep) est une base de E. Alors, pour x =  xi ei élément de
i=1

la boule unité de E, et pour tout j  J :


p p p p
|| uj(x) || = ||  xi uj(ei) ||   xi || uj(ei) ||  Max xi   || uj(ei) ||  Cte   || uj(ei) ||
i=1 i=1 1ip i=1 i=1

où Cte est un majorant de Max xi = N1(x), quantité bornée sur la boule unité de E, en vertu de
1ip
l'équivalence des normes en dimension finie. Mais pour chaque i, d'après (ii), la famille (|| uj(ei) ||)jJ
est bornée. Soit Mi un majorant. On a alors, pour tout x dans la boule unité de E, et pour tout j de J :
p
|| uj(x) ||  Cte   Mi
i=1

donc
p
||| uj |||  Cte   Mi
i=1

Le majorant ne dépend pas de j. On a donc prouvé que la famille (||| uj |||)jJ est bornée par la
p
quantité M = Cte   Mi, ce qui prouve (i).
i=1

Si E est de dimension infinie, l'implication ((ii) et (iii))  (i) est généralement fausse. Par exemple,
E R
prendre E = R[X] avec || P || = Max ak si P =  ak Xk et, pour tout j entier, uj : . Alors,
k k P  jaj
pour tout P, la suite (uj(P)) tend vers 0 (elle est nulle dès que j dépasse deg(P)) donc la suite est
bornée donc (ii) est vérifié. Par ailleurs, le lecteur vérifiera que ||| uj ||| = j donc (iii) est vérifié, mais
pas (i).

Cependant, si E est un Banach, l'implication ((ii) et (iii))  (i) est de nouveau vraie, comme pour la
dimension finie. Nous intégrons ci-dessous l'hypothèse (iii) dans le préambule du théorème.

THEOREME DE BANACH-STEINHAUS
Si E est un Banach, et (uj)jJ une famille d'applications linéaires continues de E dans un espace
vectoriel normé F. Alors il y a équivalence entre :
(i)  M  R,  j  J, ||| uj |||  M
(ii)  x  E, (|| uj(x) ||)jJ est bornée

Démonstration :
 On a déjà vu que (i)  (ii).
- 15 -
 Supposons (ii). Pour tout N entier, posons :
FN = {x |  j, || uj(x) ||  N}
=  {x | || uj(x) ||  N}
jJ
FN est l'ensemble des x pour lesquels la famille (|| uj(x) ||)jJ est bornée par le nombre N. Chaque
partie {x | || uj(x) ||  N} est fermée, comme image réciproque du fermé [0, N] par l'application
continue x  || uj(x) ||. Donc FN est un fermé comme intersection de fermés. Or l'hypothèse (ii)
traduit le fait que tout x de E est élément d'un certain FN. Autrement dit :

E =  FN
N=1

E est d'intérieur non vide, donc il en est de même de  FN. E étant un Banach, c'est un espace de
N=1
Baire, donc l'un des FN est d'intérieur non vide. Soit donc N tel que FN soit d'intérieur non vide. Il
existe x0  E et r > 0 tel que la boule fermée Bf(x0, r) est incluse dans FN. Alors, pour tout y de
norme inférieure ou égale à 1, on a :
x0  Bf(x0, r)  FN donc  j, || uj(x0) ||  N
x0 + ry  Bf(x0, r)  FN donc  j, || uj(x0 + ry) ||  N
donc  j, || uj(ry) ||  2N (inégalité triangulaire)
2N
donc  j, || uj(y) || 
r
2N
donc  j, ||| uj |||  =M
r
et le (i) est prouvé.
Dans ce cas, les uj sont équicontinues, dans le sens où :
  > 0,  x0  E,   > 0,  x  E,  j  J, || x – x0 || <   || uj(x) – uj(x0) || < 
Prendre  =  .
M

On voit que la démonstration de (ii)  (i) repose sur le fait que l'un des FN est d'intérieur non vide.
On peut donc utiliser la fin de la démonstration précédente pour obtenir la variante suivante du
théorème de Banach-Steinhaus :
COROLLAIRE 1
Soit E un espace vectoriel normé,et (uj)jN une famille d'applications linéaires continues de E dans
un espace vectoriel normé F. Soit A l'ensemble des x de E pour lesquels (|| uj(x) ||)jJ est bornée.
Alors :
ou bien A est une partie maigre de E
ou bien A n'est pas maigre et dans ce cas, A = E et les uj sont équicontinues

Démonstration :
 Avec les notations précédentes, on a :
A = {x | (|| uj(x) ||)jN est bornée}
= {x |  N,  j, || uj(x) ||  N}
= {x |  N, x  FN}

=  FN
N=1

- 16 -
Si A n'est pas maigre, l'un des FN est d'intérieur non vide et la fin de la démonstration précédente
prouve le (i)  M,  j, ||| uj |||  M, (donc les uj sont équicontinues). De plus, comme (i)  (ii),
A = E.

COROLLAIRE 2
Soit E un Banach,et (un)nN une suite d'applications linéaires continues de E dans un espace
vectoriel normé F, convergeant simplement sur E vers une application u. Alors u est une application
linéaire continue et la convergence est uniforme sur tout compact de E.

Démonstration :
 On prend ici J = N, la famille (uj) étant la suite (un).
La convergence simple signifie que, pour tout x de E, lim un(x) = u(x). Le fait que u soit linéaire
n
s'obtient par simple passage à la limite à partir de la linéarité des un. Par exemple :
u(x) = lim un(x) = lim un(x) =  lim un(x) = u(x)
n n n
et de même pour u(x + y).
La suite (un(x))nN étant convergente, elle est bornée, et ceci pour tout x. Donc (ii) est vraie. Donc
(i) aussi. Ainsi :
 M,  n, ||| un |||  M
donc
 M,  n,  x, || un(x) ||  M || x ||
donc, en faisant tendre n vers l'infini :
 M,  x, || u(x) ||  M || x ||
ce qui prouve que u est continue. On a également, pour tout n, ||| un – u |||  2M, ce qui prouve que la
famille (un – u) est aussi équicontinue.
Enfin, le fait que la convergence soit uniforme sur tout compact résulte d'un théorème d'Ascoli,
démontré dans un exercice de L3/TOPOLOG.PDF, et appliqué ici à la suite (un – u).

Le théorème de Banach-Steinhaus permet de montrer qu'une suite (un) d'applications linéaires est
équicontinue, alors même que les ||| un ||| peuvent être délicates à calculer, en utilisant le fait que les
|| un(x) || sont bornées pour tout x d'un Banach E (ou sinon pour tout x d'une partie non maigre).
On peut aussi utiliser la contraposée. Si la suite (||| un |||) se calcule facilement et est non bornée,
l'ensemble A des x tels que la suite (|| un(x) ||) est bornée, est une partie maigre. Donc son
complémentaire, ensemble B des x tels que la suite (|| un(x) ||) est non bornée, est dense si E est un
Banach. En particulier B  . Cela peut permettre de prouver l'existence non évidente d'objets.
Malheureusement, cette existence est non constructive et ne permet généralement pas de décrire
explicitement un tel objet.

EXEMPLES :
 Soit c00(R) l'espace vectoriel des suites réelles x = (xn) nulles à partir d'un certain rang :
 N,  n > N, xn = 0
On munit c00(R) de la norme || x || = Sup xn . On a vu plus haut que c00(R) n'est pas un espace
nN
de Banach. Montrons que c00(R) ne vérifie pas la propriété de Baire ni le théorème de Banach-
Steinhaus.

- 17 -
n
Pour tout n, soit un : c00(R)  R définie par un(x) =  xk. un est linéaire, continue, de norme n + 1.
k=0

n
En effet, un(x)   xk  (n + 1) || x ||, donc ||| un |||  n + 1. Pour la suite x = (1, 1, ..., 1, 0, 0, ...)
k=0

constituée de n + 1 coefficients 1, on a un(x) = (n + 1) || x ||, ce qui prouve que ||| un ||| = n + 1.


Posons F = {x  c00(R) |  n, un(x)  1}. Pour tout n, {x  c00(R) | un(x)  1} est fermé comme
image réciproque de [0, 1] par l'application continue un . F est fermé comme intersection de ces
fermés. F est d'intérieur vide. En effet, soit x  F et r > 0. Montrons qu'il existe y  B(x, r) et y  F.
Si les termes de x s'annulent au-delà du rang N, il suffit de prendre :
y = (x0, x1, ..., xN, r, r, ..., r, 0, 0, ...)
N
où le nombre n de r est tel que un+N(y) =  xk + nr > 1.
k=0

On a c00(R) =  mF. En effet, pour tout x, la suite (un(x))nN est stationnaire, donc bornée donc il
m=1
x
existe m tel que :  n, un(x)  m, donc  F donc x  mF.
m
c00(R) est donc réunion dénombrable d'ensembles fermés d'intérieur vide. c00(R) est donc maigre
dans lui-même. Son intérieur étant égal à lui-même donc non vide, il ne vérifie pas la propriété de
Baire.
c00(R) ne vérifie pas non plus le théorème de Banach-Steinhaus. Pour tout x, (un(x))nN est bornée,
mais (||| un |||) ne l'est pas.

Les un sont toutes continues, et pour tout x, lim un(x) existe et vaut  xk = u(x). Ainsi, la suite (un)
n k=0

converge simplement vers u. u est une application linéaire, mais n'est pas continue. En effet, si on
1 1 1 1 1
prend xn = ( , , ..., , 0, 0, ...), avec n termes , alors || xn || = donc lim xn = 0, mais u(xn) = 1
n n n n n n
pour tout n.

 Soit E = C0([0, 1]) l'espace vectoriel des fonctions continues sur [0, 1] à valeurs dans R, muni de
la norme || f || = Sup f(x) . E muni de cette norme est un Banach. Soit a  [0, 1[. Considérons
x[0,1]
1 1
la suite de formes linéaires un : f  E  n(f(a + ) – f(a)), définies pour n  . Pour tout n, on a :
n 1–a
un(f)  2n || f ||
ce qui prouve que tous les un sont des formes linéaires continues et que ||| un |||  2n. On a en fait
||| un ||| = 2n, comme on le voit en prenant pour f la fonction continue affine par morceaux, valant – 1
1 1
sur [0, a], 2n(x – a) – 1 sur [a, a + ] et 1 sur [a + , 1]. Pour cette fonction, on a || f || = 1 et
n n
un(f) = 2n. Ainsi, la suite (||| un |||) n'est pas bornée. Il en résulte que l'ensemble B des fonctions f,

- 18 -
pour lesquelles (un(f)) n'est pas bornée, est le complémentaire d'une partie maigre de E, et en
particulier est dense, puisque E est un Banach. Pour un tel f, la suite (un(f)) n'étant pas bornée
diverge quand n tend vers l'infini, et en particulier, la fonction f ne peut être dérivable en a. On a
ainsi montré que l'ensemble des fonctions continues sur [0, 1] non dérivables en a est dense dans
l'espace vectoriel des fonctions continues sur [0, 1] muni de la norme de la convergence uniforme.

IV : Le théorème de Hahn-Banach
Le théorème décrit dans ce paragraphe s'applique à tous les espaces vectoriels normés réels ou
complexes, qu'ils soient des Banach ou non.

1- Prolongement d'une forme linéaire


PROPOSITION
Soit (E, || ||) un espace vectoriel normé, F un sous-espace vectoriel distinct de E, f une forme
linéaire continue sur F de norme subordonnée ||| f |||, a un vecteur n'appartenant pas à F,
G = F  Vect(a). Alors, on peut prolonger f en une forme linéaire continue sur G avec la même
norme subordonnée.

Démonstration :
 On traite d'abord le cas où le corps de base est R. Soit  réel et posons g(x) = f(x) si x  F et
g(a) = , ce qui définit par linéarité un prolongement linéaire g de f à G :
 x  F,    R, g(x + a) = f(x) + 
Reste à montrer qu'on peut choisir  de façon que le prolongement de f soit continu, en conservant
la même norme. On veut que :
 x  F,    R, g(x + a)  ||| f ||| || x + a ||
On aura alors ||| g |||  ||| f |||, mais par ailleurs, on ne peut avoir ||| g ||| < ||| f ||| puisque g|F = f.
L'inégalité désirée est trivialement vérifiée pour  = 0 par définition de ||| f |||. On peut donc supposer
  0, et remplacer x par x :
 x  F,    R*, g(x + a)  ||| f ||| || x + a ||
On peut alors simplifier par  , ce qui donne l'inégalité plus simple :
 x  F, g(x + a)  ||| f ||| || x + a ||
  x  F, – ||| f ||| || x + a ||  g(x + a) = f(x) +   ||| f ||| || x + a ||
  x  F, – ||| f ||| || x + a || – f(x)    ||| f ||| || x + a || – f(x)
On trouvera un tel  si :
 (x, y)  F2, – ||| f ||| || x + a || – f(x)  ||| f ||| || y + a || – f(y) (***)
car il suffira de prendre  entre Sup (– ||| f ||| || x + a || – f(x)) et Inf (||| f ||| || y + a || – f(y))
xF yF
Or :
(***)  f(y) – f(x)  ||| f ||| || x + a || + ||| f ||| || y + a ||
 f(y – x)  ||| f ||| (|| x + a || + || y + a ||)
ce qui est bien vrai car :
f(y – x)  f(y – x)  ||| f ||| || y – x || = ||| f ||| || y + a – x – a ||  ||| f ||| (|| x + a || + || y + a ||)
Ainsi, on peut trouver . Le prolongement n'est pas nécessairement unique si :
Sup (– ||| f ||| || x + a || – f(x)) < Inf (||| f ||| || y + a || – f(y))
xF yF

- 19 -
car alors tout  compris entre ces deux valeurs convient.

 On traite maintenant le cas où le corps de base est C. Si f est une forme linéaire sur F, alors Re(f)
est une forme linéaire sur F, considéré comme espace vectoriel réel, où Re désigne la partie réelle.
On a, pour tout x de F :
f(ix) = if(x)
donc
Re(f(ix)) = Re(if(x)) = – Im(f(x))
donc
f(x) = Re(f(x)) – iRe(f(ix))
Ainsi, Re(f) permet de reconstituer f. Prenons pour g un prolongement continu de Re(f) au sous-
espace vectoriel G = F  Vect(a), de même norme que Re(f), comme fait précédemment, le corps de
base étant R, et considérons la fonction h : G  C suivante :
 u  G, h(u) = g(u) – ig(iu)
Alors h est une forme linéaire. On a en effet :
 (u, v)  G2, h(u + v) = h(u) + h(v) car c'est vrai pour g
et, pour tout  =  + i  C, avec  = Re(),  = Im(), et tout u de G :
h(u) = g(u) – ig(iu)
= g(u + iu) – ig(iu – u)
= g(u) + g(iu) – ig(iu) + ig(u)
= g(u) + g(iu) – ig(iu) + ig(u) car g est R-linéaire
= g(u) – ig(iu) + g(iu) + ig(u)
= h(u) + ih(u)
= h(u)
h est un prolongement de f à G, puisque, pour x  F :
h(x) = g(x) – ig(ix)
= Re(f(x)) – iRe(f(ix))
= f(x)
Enfin, h est continue, avec la même norme que f car, pour tout u de G, choisissons  complexe de
module 1 tel que h(u) = h(u). On a alors :
h(u) = h(u) = h(u)  R
donc :
h(u) = Re(h(u)) = g(u)
 ||| g ||| || u || = ||| g ||| || u || car  = 1
 ||| Re(f) ||| || u|| car ||| g ||| = ||| Re(f) |||
Mais ||| Re(f) |||  ||| f ||| car, pour tout x de F, Re(f(x))  f(x)  ||| f ||| || x ||, donc :
h(u)  ||| f ||| || u ||
donc ||| h |||  ||| f|||, et comme h|F = f, on a ||| h ||| = ||| f|||

EXEMPLE :
 Soit E = l(R) l'espace vectoriel des suites réelles bornées muni de la norme :

- 20 -
|| (xn)n N || = Sup xn
nN
Soit F le sous-espace vectoriel des suites convergentes. Soit a la suite de terme général (–1)n. Soit
G = F  Vect(a). Soit f la forme linéaire définie sur F par :
 x = (xn)  F, f(x) = lim xn
n
f est continue de norme 1 car :
 x  F, f(x) = lim xn = lim xn  Sup xn = || x ||
n n nN
avec égalité pour les suites constantes. La proposition de prolongement énonce que f se prolonge en
une forme linéaire sur G de norme 1. Le prolongement consiste à attribuer une valeur  bien choisie
comme image de la suite ((–1)n). Plus précisément, reprenons l'encadrement vu plus haut :
 x  F, – ||| f ||| || x + a || – f(x)    ||| f ||| || x + a || – f(x)
Ici, ||| f ||| = 1. L'inégalité devient :
 x = (xn)  F, – || x + a || – lim xn    || x + a || – lim xn (****)
n n
Or, si l est la limite de x, on a lim x2n + (–1)2n = l + 1 donc :
n
l + 1 = lim x2n + (–1)2n  || x + a ||
n
et également, lim x2n+1 + (–1)2n+1 = l – 1 donc :
n
l – 1 = lim x2n+1 + (–1)2n+1  || x + a ||
n
On en déduit que l + 1  || x + a || car l + 1 est égal à l + 1 ou à l – 1 . Par conséquent, pour
vérifier l'inégalité (****), il suffit que :
 l  R, – l – 1 – l    l + 1 – l
 – 1    1si l = 0
  l  R,  – 1 – 2l    1si l > 0
 – 1    1 – 2lsi l < 0
 –11
Cette condition est également nécessaire comme on le voit en prenant x identiquement nulle.
Ainsi, un prolongement g continu de f à F  Vect(a) est donné par :
 g(x) = lim xn si (xn) converge
 n
 g(a) = pour a = ((–1)n) ,   [–1, 1]
 nN

Il y a donc autant de prolongement possible que de valeurs de . Un cas particulier est donné par
 = 0, pour lequel g peut être définie comme la limite au sens de Césaro (voir théorème de Césaro
dans les exercices de L1/SUITES.PDF) :
y + y2 + ... + yn
 y = (yn)  G, g(y) = lim 1
n n
valide aussi bien pour les éléments x de F que pour la suite a de terme général (–1)n. Pour   0, on
peut interpréter g comme une généralisation du théorème de Césaro dont la démonstration est
laissée au lecteur :
1 n
 y = (yn)  G, g(y) = lim
n
 (1 + (–1)k) yk
n k=1
- 21 -
On vérifiera que, si la suite y est convergente, g(y) est égale à sa limite, si pour y = a, g(a) = .

2- Le théorème de Hahn-Banach
Il s'énonce comme généralisation du prolongement précédent à l'espace tout entier.

THEOREME
Soit (E, || ||) un espace vectoriel normé, F un sous-espace vectoriel distinct de E, f une forme
linéaire continue sur F de norme subordonnée ||| f |||. Alors, on peut prolonger f en une forme
linéaire continue sur E avec la même norme subordonnée.

La démonstration, qui, repose sur l'axiome du choix, est admise. Le fait d'utiliser cet axiome se
traduit, dans la plupart des cas, par l'impossibilité de donner explicitement ce prolongement.
L'intérêt d'un tel théorème est donc purement théorique.

EXEMPLE :
 Soit E = l(R) l'espace vectoriel des suites réelles bornées muni de la norme :
|| (xn)n N || = Sup xn
nN
Soit F le sous-espace vectoriel des suites convergentes. Soit f la forme linéaire de norme 1 définie
par :
 x = (xn)  F, f(x) = lim xn
n
Alors, il est possible de prolonger f sur l(R) tout entier en une forme linéaire g continue de norme
1. g pourrait s'interprêter comme la définition d'une limite généralisée qu'on pourrait attribuer à
toute suite bornée, mais comme on n'a pas d'expression explicite de g, son utilisation concrète est
fort limitée.

L'exemple précédent est un peu artificiel. Voici des applications plus intéressantes du théorème de
Hahn-Banach :

PROPOSITION
Soit E un espace vectoriel normé.
(i) Soit x un élément de E. Alors il existe une forme linéaire  de norme subordonnée égale à
1 telle que (x) = || x ||.
(ii) Soit x un élément deE. Si, pour toute forme linéaire continue , on a (x) = 0, alors
x = 0.
(iii) Soient x et y deux éléments de E. Alors on a x  y si et seulement si il existe une forme
linéaire continue  telle que (x)  (y).
(iv) L'espace E s'injecte naturellement et façon isométrique dans son bidual E".
(v) Soit A une partie de E. Alors A est borné si et seulement si, pour toute forme linéaire
continue , (A) est borné.

Si E un espace vectoriel normé, on rappelle que son dual topologique E' est l'espace vectoriel des
formes linéaires continues sur E. E' est lui-même un espace vectoriel normé, la norme d'une forme
linéaire continue étant subordonnée à la norme de E (et à la valeur absolue ou au module sur le
corps de base R ou C). Donc E' admet lui-même un dual topologique noté E" est appelé le bidual
topologique de E. Il s'agit de l'espace vectoriel des formes linéaires continues sur E'.
- 22 -
Démonstration :
 (i) : Si x = 0, l'affirmation est triviale. Supposons donc x  0. Considérons la droite D engendrée
par x et la forme linéaire  définie sur D par (x) =  || x ||.  est continue et |||  ||| = 1. D'après le
théorème de Hahn-Banach,  se prolonge en une forme linéaire continue sur E de norme
subordonnée toujours égale à 1.

 (ii) : On prend comme cas particulier de forme linéaire  la forme définie en (i). On a :
0 = (x) = || x ||
donc x = 0.

 (iii) : On raisonne sur la contraposée du (iii) : x = y si et seulement si, pour tout forme linéaire
continue , (x) = (y). La condition est évidemment nécessaire. Son caractère suffisant se montre
en appliquant le (ii) à y – x. On dit que l'espace dual E' sépare les points de l'espace E.

 (iv) : Soit x  E. On lui associe un élément de E" noté ^x défini par :


   E', ^x() = (x)
Le fait que l'application x  E  ^x  E" est une application linéaire, se montre sans difficulté. Le
(ii) exprime par ailleurs que cette application est injective. Il reste à montrer que c'est une isométrie,
i.e. que la norme de ^x en tant que forme linéaire sur E' est précisément égale à || x ||. Si x = 0, alors ^x
aussi. Considérons le cas où x  0. Pour tout  de E', on a :
^x() = (x)  |||  ||| || x ||

donc ^x est lipschitzienne de rapport || x ||, donc ||| ^x |||  || x ||, où ||| ^x ||| est le plus petit rapport de
Lipschitz de ^x. Prenons maintenant la forme linéaire définie en (i). On a |||  ||| = 1 et :
^x() = (x) = || x || = |||  ||| || x ||

Cela prouve que le rapport de Lipschitz de ^x est supérieur ou égal à || x ||, et donc qu'on a bien
||| ^x ||| = || x ||.
En général, l'image de E est différente de E", en particulier si E n'est pas un Banach, puisque E" en
est un en tant que dual d'un espace vectoriel normé. L'Exo.3) donne également comme exemple
l'espace E = c0(R) des suites convergeant vers 0 et qui est un Banach, pour lequel le bidual
E" = l(R) des suites bornées est plus gros.

 (v) : On se place dans E', qui est un Banach, et soit F = R ou C le corps de base de E. On
applique le théorème de Banach-Steinhaus à la famille (^x)xA d'applications linéaires continues de
E' dans F. Ce théorème énonce qu'il y a équivalence entre :
 M  R,  x  A, || x || = ||| ^x |||  M
   E', (^x())xA = ((x))xA est bornée
ce qui n'est rien d'autre que l'équivalence entre :
A est borné
   E', (A) est borné

- 23 -
Exercices

1- Enoncés
Exo.1) Soit l1(R) l'ensemble des suites réelles a = (am)mR telles que  am converge. On pose :

|| a ||1 =  am
m=0

a) Montrer que || || est une norme.


b) Montrer que l1(R) muni de cette norme est un Banach

Exo.2) Soit c0(R) l'espace des suites réelles a = (am)mR de limite nulle, muni de la norme suivante :
|| a || = Sup am
mN
a) Montrer qu'il s'agit d'un Banach.
b) Montrer qu'il s'agit du complété de l'espace vectoriel c00(R) des suites nulles à partir d'un
certain rang, muni de la norme correspondante.

Exo.3) Les espaces c0(R), l1(R) et l(R) sont définis avec leur norme dans les Exo.1), Exo.2) et
I.3.Exemple 1).
a) On considère l'application  qui, à b = (bn)nN élément de l1(R), associe la forme linéaire
(b) sur c0(R) définie par :

 a = (an)nN  c0(R), (b)(a) =  an bn
n=0

Montrer que  est un isomorphisme isométrique de Banach entre l1(R) et le dual topologique de
c0(R).
b) On considère l'application  qui, à c = (cn)nN élément de l(R), associe la forme linéaire
(c) sur l1(R) définie :

 b = (bn)nN  l1(R), (c)(b) =  bn cn
n=0

Montrer que  est un isomorphisme isométrique de Banach entre l(R) et le dual topologique de
l1(R).

Exo.4) Soit X un espace normé, X' son dual topologique, (xn) une suite de X, (n) une suite de X'.
a) Montrer qu'il y a équivalence entre :
(i) (xn) est bornée
(ii)    X', ((xn)) est bornée
d'abord dans le cas où X est de dimension finie, puis dans le cas général (Indication : dans le cas
général, utiliser l'Exo.3 et appliquer le théorème de Banach-Steinhaus dans le dual topologique de
X).
b) Montrer que (iii)  (iv), avec :
(iii) lim xn = 0
n
- 24 -
(iv)    X', lim (xn) = 0
n
et que (iv)  (iii) est vrai en dimension finie, mais peut-être faux sinon, y compris si X est un
Banach.
c) Montrer que (v)  (vi), avec :
(v) (n) est bornée
(vi)  x  X, (n(x)) est bornée
et que (vi)  (v) dans le cas où X est un Banach.
d) Montrer que (vii)  (viii) avec :
(vii) lim n = 0
n
(viii)  x  X, lim n(x) = 0
n
et que (viii)  (vii) est vrai en dimension finie, mais peut-être faux sinon, y compris si X est un
Banach.

Exo.5) Soit E = C0([0, 1]) l'espace vectoriel des fonctions continues sur [0, 1] à valeurs réelles muni
de la norme de la convergence uniforme : || f || = Sup f(x) . On considère les formes linéaires
x  [0,1]
suivantes, de E dans R :
1 1 n–1 k
un(f) =  f(t) dt –  f( )
 n k=0 n
0
a) Montrer que les un sont continues et que, pour tout n  1, ||| un ||| = 2.
b) Rappeler pourquoi, pour tout f, lim un(f) = 0
n
c) Montrer qu'il existe une partie B dense de E, telle que, pour tout f de B, un(f) n'est pas un
1
O( ).
n

Exo.6) Soit (E, || ||) un espace vectoriel normé et F un sous-espace vectoriel fermé de E. Sur
l'ensemble quotient E/F (dont on notera x + F les éléments), on définit :
N(x + F) = Inf || x + y ||
yF
a) Montrer N est un norme définissant la même topologie que la topologie quotient.
b) Si E est un Banach, E/F est-il un Banach ?

Exo.7) Soit E un espace vectoriel normé, E' son dual topologique et F un sous-espace vectoriel. Soit
a un élément de E. Montrer l'équivalence entre :
(i) a est adhérent à F
(ii)  f  E', f|F = 0  f(a) = 0

Exo.8) a) Soit E un espace vectoriel normé, F un sous-espace vectoriel fermé de E tel que F  E, a
un élément de E qui n'appartient pas à F. Montrer que F  Vect(a) est fermé.
b) Soit  une forme linéaire définie sur un espace vectoriel normé E. Montrer que  est
continue si et seulement si Ker() est un fermé de E.

- 25 -
1
c) Soit E = C0([0, 1]) muni de la norme N(f) = 
 f(t) dt, et soit  la forme linéaire définie
0
par (f) = f(0). Montrer que  n'est pas continue. Trouver f tel que f soit adhérent à Ker() sans
appartenir à Ker().

Exo.9) Soit (X, d) un espace métrique et E = C(X, R) l'espace vectoriel des fonctions continues
bornées de X dans R. On a vu dans l'exemple 4 du I-3) que E est un Banach lorsqu'on le munit de la
norme :
|| f || = Sup f(x)
xX
Soit a un point de X. A tout x de X, on associe la fonction x : X  R définie par :
 z  X, x(z) = d(x, z) – d(a, z)
a) Montrer que :  x  X, x  E
b) Montrer que l'application  : x  X  x  E est une isométrie.
En particulier  est injective. Cet exercice fournit une autre démonstration de l'existence du
complété de X. Il suffit d'injecter X dans E au moyen de l'application  et de prendre pour complété
l'adhérence de (X) dans E. E étant un Banach, cette adhérence est un espace complet.

Exo.10) Soit c0(R) l'espace vectoriel des suites complexes de limite nulle, et c(R) l'espace vectoriel
des suites complexes convergentes. On munit ces deux espaces de la norme :
 a = (an)nN, || a || = Sup an
nN
et du produit terme à terme :
(an)nN  (bn)nN = (anbn)nN
Ils forment alors chacun une algèbre normée. c(R) est une algèbre unitaire, le neutre e pour le
produit interne étant la suite constante égale à 1. Cette suite n'appartient pas à c0(R), et c0(R)
n'admet pas de neutre pour le produit.
On appelle morphisme de c0(R) dans R toute forme linéaire continue  (application linéaire
continue de c0(R) dans R) vérifiant de plus :
 a  c0(R),  b  c0(R), (ab) = (a)(b)
On appelle morphisme de c(R) dans R toute forme linéaire continue  vérifiant de plus :
 a  c(R),  b  c(R), (ab) = (a)(b) et (e) = 1
On note respectivement Mor(c0(R)) et Mor(c(R)) l'ensemble de ces morphismes sur chacun des
deux espaces.
a) Déterminer explicitement les éléments de Mor(c0(R)) et Mor(c(R)). Vérifier qu'il existe
une bijection naturelle entre ces deux ensembles.
b) On munit Mor(c0(R)) d'une topologie, la plus faible rendant continue pour chaque a de
c0(R) l'application   Mor(c0(R))  (a). On procède de même pour Mor(c(R)). Montrer que les
deux espaces topologiques ainsi obtenus sont des compacts homéomorphes, et qu'ils sont aussi

homéomorphes à N, compactifié d'Alexandrov de N. (Voir L3/TOPOLOG.PDF pour la notion de
compactifié d'Alexandrov).

- 26 -
  
c) On considère l'algèbre C(N) des fonctions continues sur N. Montrer que C(N) est
isomorphe en tant qu'algèbre à c(R) et que cet isomorphisme est une isométrie lorsqu'on munit

C(N) de la norme || f || = Sup f(x) .

xN
Cet exercice illustre dans un cas particulier une dualité dite de Gelfand entre la catégorie d'un
certain type d'algèbres commutatives unitaires et la catégorie des espaces compacts.

2- Solutions
Sol.1) a) ne pose pas de difficulté.
b) Considérons une suite de Cauchy dans cet espace. Notons a(n) = (amn)mN le terme
général de cette suite. Comme dans le cas de l(R) donné dans le cours, on considére pour chaque
m la suite des composantes (amn)nN. Pour tout n et p, on a :
amn – amp  || a(n) – a(p) ||1
Comme (a(n))nN est une suite de Cauchy dans l(R), il en résulte que, pour tout m, (amn)nN est
une suite de Cauchy dans R. Elle est donc convergente, vers une limite lm :
lm = lim amn
n
On obtient ainsi une suite l = (lm)mN. Vérifions que  lm est convergente. Comme la suite
(a(n))nN est de Cauchy dans l1(R), elle est bornée. Donc :
 M,  n, || a(n) ||1  M
donc :

 M,  n,  amn  M
m=0

En particulier,
k
 M,  n,  k,  amn  M
m=0

donc, en faisant tendre n vers l'infini :


k
 M,  k,  lm  M
m=0

k
La suite des sommes partielles  lm croît avec k et est majorée par M. Donc elle converge. Donc
m=0

 lm converge.
Vérifions enfin que lim a(n) = l dans l1(R). La suite (a(n))nN étant de Cauchy, on a :
n
  > 0,  N,  n  N,  p  N, || a(n) – a(p) ||1  
donc :

  > 0,  N,  n  N,  p  N,  amn – amp  
m=0

- 27 -
A fortiori :
k
  > 0,  N,  n  N,  p  N,  k,  amn – amp  
m=0

donc, en faisant tendre p vers l'infini :


k
  > 0,  N,  n  N,  k,  amn – lm  
m=0

puis, en faisant tendre k vers l'infini :



  > 0,  N,  n  N,  amn – lm  
m=0

autrement dit :
  > 0,  N,  n  N, || a(n) – l ||1  
ce qui est bien la définition de lim a(n) = l.
n

Sol.2) a) Puisque c0(R)  l(R) et que l(R) est un Banach, il suffit de montrer que c0(R) est
fermé dans l(R), puisque toute partie fermée d'un espace complet est un espace complet. Soit
(a(n))nN une suite de c0(R) convergeant vers une limite l = (lm)mN. Il s'agit de montrer que
l  c0(R). Pour tout n, notons a(n) = (amn)mN. Soit  > 0. Comme on a lim a(n) = l, on a :
n
 N,  n  N, || a(n) – l ||  
et en particulier || a(N) – l ||  . Donc :
 m, amN – lm  
Comme a(N) = (amN)mN est une suite de limite nulle, on a :
 M,  m  M, amN  
donc :
 m  M, lm  lm – amN + amN  2
ce qui prouve que lim lm = 0.
m
b) Il suffit de prouver que c00(R) est dense dans c0(R). Pour toute suite a = (an) de c0(R),
prendre la suite dans c00(R) dont le terme général est a(n) = (a0, a1, ..., an, 0, 0, 0, 0, etc.). On a :
|| a(n) – a || = Sup ap
p>n
Comme a est une suite de limite nulle, on a :
  > 0,  N,  n  N, an  
A fortiori :
  > 0,  N,  n  N,  p  n, ap  
donc
  > 0,  N,  n  N, Sup ap  
p>n
donc
  > 0,  N,  n  N, || a(n) – a ||
- 28 -
donc
lim a(n) = a
n
donc a est adhérent à c00(R), et c00(R) est bien dense dans c0(R).
Si on reprend l'exemple 5 du I-3) en se plaçant dans c00(R), la suite (Un) de c00(R) définie par :
1 1 1
 n, Un = (1, , , ..., , 0, 0, 0, ...)
2 3 n+1
1 1 1 1 1
converge vers l = (1, , , ..., , , , ...) élément de c0(R).
2 3 n+1 n+2 n+3

Sol.3) a) (b) est bien définie, car si a = (an) est une suite de limite nulle, elle est bornée, et si
b = (bn) est une suite telle que  bn converge, la suite a étant bornée, on a aussi  an bn
convergente. Il est trivial de vérifier que (b) est une forme linéaire.
Elle est continue car lipschitzienne :
  
(b)(a) =  an bn   an bn  || a ||  bn = || a || || b ||1
n=0 n=0 n=0

donc on a ||| (b) |||  || b ||1, où |||  ||| est le plus petit rapport de Lipschitz de .
Par ailleurs, prenons pour a = (an) la suite définie par :
 1 si n  N et bn  0
an =  –1 si n  N et bn < 0
 0 si n > N
on a :
N
(b)(a) =  bn  ||| (b) ||| || a ||  ||| (b) |||
n=0


En faisant tendre N vers l'infini, on obtient || b ||1 =  bn  ||| (b) |||. On a donc finalement
n=0

|| b ||1 = ||| (b) ||| pour tout suite b. Cela prouve que  est une isométrie de l1(R) sur un sous-espace
vectoriel du dual topologique de c0(R), et qu'en particulier,  est injective.
Il reste à montrer que  est surjective. Soit donc  une forme linéaire continue sur c0(R). Si en est la
suite identiquement nulle sauf son n-ème terme qui vaut 1, posons bn = (en). Pour une suite a dont
les termes sont nuls au delà du (N + 1)-ème terme, on a :
N
a=  an en
n=0

donc,  étant linéaire :


N N
(a) =  an (en) =  an bn
n=0 n=0

Mais une suite a quelconque de c0(R) est la limite pour || || de ses suites tronquées au N-ème
terme aN = (a0, a1, a2, ..., aN, 0, 0, 0, ...). On a donc pour tout élément a de c0(R), et  étant
continue :

- 29 -
N 
(a) = ( lim aN) = lim (aN) = lim  an bn =  an bn
N N N n=0 n=0

Par ailleurs, en prenant; comme plus haut la suite a définie par :


 1 si n  N et bn  0
an =  –1 si n  N et bn < 0
 0 si n > N
N
on a (a) =  bn  |||  ||| pour tout N, ce qui prouve que  bn converge. Il en résulte que
n=0

 = (b) avec b = (bn)  l1(R), et que  est bien surjective.


b) La démarche est analogue au a). On montrera successivement que (c)(b) est la somme
d'une série convergente, que (c) est linéaire, qu'elle est continue avec :
(c)(b)  || b ||1 || c ||
ce qui montre que ||| (c) |||  || c ||.
Prendre ensuite pour b la suite dont tous les termes sont nuls sauf le n-ème qui vaut 1. On a alors :
(c)(b) = cn  ||| (c) ||| || b ||1 = ||| (c) |||
ce qui prouve que,  n, cn  ||| (c) |||, donc || c ||  ||| (c) ||| et donc || c || = ||| (c) |||. Ainsi,  est
une isométrie de l(R) sur un sous-espace vectoriel du dual topologique de l1(R).
Il reste à montrer que  est surjective. Pour  forme linéaire continue sur l1(R), prendre comme au
a) les mêmes suites en, poser cn = (en) et adapter la fin de la démonstration du a).
L'exercice prouve donc que le bidual topologique de c0(R) ne redonne pas c0(R) comme c'est le cas
dans un espace vectoriel euclidien ou un espace de Hilbert, mais l'espace l(R) qui est plus gros. De
même, le bidual de l1(R) est le dual de l(R) et est difficile à décrire explicitement. Il contient
l1(R) mais est plus gros. Ainsi, dans le IV-2 relatif au théorème de Hahn-Banach, on a montré
l'existence d'une forme linéaire continue f sur l(R) telle que, pour tout suite convergente x = (xn),

f(x) = lim xn. f ne peut se définir à partir d'un élément a = (an) de l1(R) sous la forme f(x) =  anxn
n n=0

car cette expression change de valeur si on modifie la valeur de xn pour un n tel que an  0, alors que
lim xn reste le même.
n

Sol.4) a) L'implication (i)  (ii) est facile. En effet, si (xn) est bornée et  continue, on a :
 M,  n, || xn ||  M
donc
 n, (xn)  |||  ||| || xn ||  M |||  |||
donc la suite ((xn)) est bornée.
Réciproquement, soit d'abord X de dimension finie, munie d'une base (e1, ..., ep). Prenons pour  les
éléments de la base duale (e1*, ..., ep*). On rappelle que ei*(x) est la composante de x selon ei,
p
autrement dit, x =  ei*(x)ei. Par hypothèse, pour toute forme linéaire , la suite ((xn))nN est
i=1

- 30 -
p
bornée. Donc, pour tout i, la suite (ei*(xn))nN est bornée. Donc la suite ( ei*(xn) )nN est bornée.
i=1

p
Donc la suite (N1(xn))nN est bornée, où N1 est la norme définie par N1(x) =  ei*(x) . Par
i=1

équivalence des normes, on en déduit que la suite (|| xn ||) est bornée.
Soit maintenant X espace vectoriel normé de dimension quelconque. soit E = X' le dual topologique
de X, qui est un Banach, soit F = K, et, pour tout n, soit :
un : E  F
  (xn)
un n'est autre que la forme linéaire x^n, élément du bidual X" de X, vu dans l'Exo.3. On y a montré
que ||| un ||| = ||| x^n ||| = || xn ||. Il suffit alors d'appliquer le théorème de Banach-Steinhaus, E = X' étant
un Banach. Par hypothèse, pour tout , la suite (un()) est bornée, donc la suite (un) est
équicontinue, autrement dit :
 M,  n, ||| un |||  M
et comme ||| un ||| = || xn ||, on a bien montré que la suite (xn) est bornée.
b) Si (xn) converge vers 0 et si  est une forme linéaire continue, alors ((xn)) converge vers
0.
Si X est de dimension finie de base (e1, ..., ep) et si (iv) est vrai, alors en prenant la base duale, on a,
p p
pour tout i, lim ei*(xn) = 0 donc lim  ei*(xn) ei = 0. Mais  ei*(xn) ei = xn. Donc lim xn = 0.
n n i=1 i=1 n
Cette réciproque est fausse en général si X est de dimension infinie. Prenons X = c0(R) qui est un
Banach. L'Exo.4) montre que X' = l1(R). Prenons la suite de X dont le terme général est x(n) = (0, 0,
..., 0, 1, 0, ..., ) où le seul terme non nul est 1 situé à la n-ème place. (x(n)) ne converge pas vers 0
puisque || x(n) || = 1. Mais si on prend une forme linéaire continue  définie par la suite (bn) telle

que  bn converge et, pour tout a = (an) dans X, (a) =  anbn, alors, pour tout n, (x(n)) = bn de
n=0

limite nulle. Ainsi, (iv) est vérifié, mais pas (iii).


c) Ce n'est que le théorème de Banach-Steinhaus dans le cas où l'espace d'arrivée F est le
corps de base de E.
d) Si ||| n |||  0, comme || n(x) ||  ||| n ||| || x ||, on a évidemment || n(x) ||  0.
Réciproquement, soit X de dimension finie. Prenons une base (e1, ..., ep) de X et (e1*, ..., ep*) sa
p
base duale. Pour tout  de X', on a  =  (ei) ei*. D'après l'hypothèse (viii), pour tout i, la suite
i=1

p
(n(ei)) tend vers 0, donc la suite (  n(ei) ei*) aussi, donc la suite (n) aussi.
i=1

Cette réciproque est fausse en général si X est de dimension infinie. Prenons X = c0(R) et
X' = l1(R). Prenons la suite de X' dont le terme général n est associé à la suite (0, 0, ..., 0, 1, 0, ..., )
où le seul terme non nul est 1 situé à la n-ème place. Pour tout a = (an) de X, on a n(a) = an qui
converge vers 0 par définition de c0(R). Mais ||| n ||| = 1. Donc on a (viii), mais pas (vii).

- 31 -
Un autre contre-exemple est donné par la suite (un) de l'Exo.6).
Pour résumer :
(xn) est bornée     X', ((xn)) est bornée sans condition
lim xn = 0     X', lim (xn) = 0 réciproque en dimension finie
n n
(n) est bornée   x  X, (n(x)) est bornée réciproque si X est un Banach
lim n = 0   x  X, lim n(x) = 0 réciproque en dimension finie
n n

Sol.5) a) Il n'est pas difficile de montrer que, pour tout f, un(f)  2 || f ||, ce qui prouve que les un
sont continues et que ||| un |||  2. Pour montrer que ||| un ||| = 2, prendre des fonctions f de norme 1
pour lesquelles un(f) est aussi proche de 2 que possible. Si on pouvait prendre des fonctions
k
continues par morceaux, il suffirait de prendre f telle que f( ) = – 1 pour 0  k < n et f = 1 ailleurs.
n
On aurait alors || f || = 1 et un(f) = 2. Cependant, f n'est pas continue. On la modifie donc légèrement
1
pour satisfaire cette dernière hypothèse. Soit  < et f continue telle que :
2n
k
 k  {0, ..., n}, f( ) = –1
n
k–1 k
 k  {1, ..., n},  x  [ + , – ], f(x) = 1
n n
k–1 k–1 k k
f est affine sur [ , + ] et sur [ – , ] (et donc comprise entre – 1 et 1)
n n n n
Ci-dessous une représentation graphique de f lorsque n = 3 :

1 n–1 k 1
On a || f || = 1,  f( ) = –1 et f(t) dt = 1 – 2n donc un(f) = 2 – 2n donc ||| un |||  2 – 2n. Si
n k=0 n 
0
fait tendre  vers 0, on trouve ||| un |||  2, et donc ||| un ||| = 2.
n–1 1
 f(n) est une somme de Riemann associée à f. La limite de ces sommes est 
1 k
b)
n  f(t) dt
k=0
0
quand n tend vers l'infini.
c) Puisque, pour tout n, ||| un ||| = 2, la suite de terme général ||| nun ||| n'est pas bornée. E étant
complet, le corollaire 1 du théorème de Banach-Steinhaus permet de conclure qu'il existe une partie
dense B (complémentaire d'une partie maigre) telle que, pour tout f  B, la suite (nun(f)) n'est pas
1
bornée. Donc pour un tel f, (un(f)) n'est pas un O( ).
n
- 32 -
1
Dans L1/INTEGRAL.PDF, on démontre le b), et on montre que, si f est C1, alors un(f) = O( ).
n

Sol.6) a) Cette question est comparable à l'Exo.12 de L3/TOPOLOG.PDF. F est un sous-groupe de


E qui agit sur lui de façon isométrique, le transformé de x  E par y  F étant x + y. L'orbite de x par
cette action n'est autre que x + F. Si on pose (x + F, y + F) = N(x – y + F), alors on montre dans le
dit exercice que  est une distance sur E/F qui lui confère la même topologie que la topologie
quotient. Nous ne referons pas la démonstration qu'il suffit d'adapter. Il reste à montrer que N est
une norme. On utilise le fait que  est une distance.
N(x + F) = 0  (F, x + F) = 0
x+F=F élément nul dans E/F
N(x + y + F) = (x + y + F, F)  (x + y + F, y + F) + (y + F, F)
 (x + F, F) + (y + F, F)
 N(x + F) + N(y + F)
Si  = 0, N(x + F) = N(F) = 0
Si   0, N(x + F) = Inf || x + y ||
yF
y
=  Inf || x + ||
yF 
y
=  Inf || x + y || en renommant en y
yF 
=  N(x)
b) Supposons que E soit un Banach. On va montrer que E/F est un Banach. Soit (xn + F) une
suite de Cauchy dans E/F. On a donc :
  > 0,  M,  n  M,  p  M, N(xn – xp + F) < 
donc
  > 0,  M,  n  M,  p  M,  z  F, || xn – xp + z || < 
On va construire dans E une suite (yn) extraite de (xn) modulo F, qui est de Cauchy.
1
Pour m  1, on prend  = m–1. Alors :
2
1
 Mm,  n  Mm,  p  Mm,  zm  F, || xn – xp + zm || < m–1
2
On peut en outre supposer que les Mm forment une suite strictement croissante. On a donc, pour tout
m, en prenant n = Mm et p = Mm+1 :
1
 zm  F, || xMm – xMm+1 + zm || < m–1
2
On pose y1 = xM1 et pour tout m  2, ym = xMm – z1 – z2 – ... – zm–1. On a donc, pour tout m :
1
|| ym – ym+1 || < m–1
2
La suite (ym) est de Cauchy de E, car, pour p  m :
|| yp – ym ||  || yp – yp–1 || + || yp–1 – yp–2 || + ... + || ym+1 – ym ||
1 1 1 1
 p–2 + p–3 + ... + m–1  m–2
2 2 2 2
qu'on peut rendre plus petit que  pour p  m assez grand. E étant un Banach, la suite (ym) converge
vers une limite l. Donc, la projection canonique de E sur E/F étant continue, la suite (xMm + F)

- 33 -
converge vers l + F. La suite de Cauchy (xn + F) admettant une sous-suite qui converge, elle est elle-
même convergente (voir L3/METRIQUE.PDF/III-2). On a donc montré que E/F est un Banach.

Sol.7) Montrons (i)  (ii). Soit a adhérent à F. a est donc limite d'une suite (xn) de F. Si f est une
forme linéaire continue nulle sur F, on a :  n  N, f(xn) = 0, donc, en passant à la limite, f(a) = 0.
Montrons (ii)  (i). Par l'absurde, si a n'est pas adhérent à F, alors  r > 0, B(a, r)  F = , donc :
 y  F, || y – a ||  r
Soit G = F + Vect(a). Soit g la forme linéaire définie sur G par :
  x  F, g(x) = 0

 g(a) = 1
Vérifions que g est une forme linéaire continue :
 x  F,    K, g(x + a) = g(x) + g(a) = 
et, pour   0 :
x x
|| x + a || =  || + a || =  || a – y || avec y = – F
 
 r
1
Il en résulte que g(x + a)  || x + a || (y compris pour  = 0), de sorte que g est une forme
r
1
linéaire continue sur G de norme inférieure ou égale à . D'après le théorème de Hahn-Banach, elle
r
se prolonge en une forme linéaire continue sur E, mais celle-ci est nulle sur F et non nulle en a, ce
qui est contradictoire avec l'hypothèse.

Sol.8) a) a  F et F est fermé, donc  r > 0 , B(a, r)  F =  donc :


 x  F, || a – x ||  r
Soit maintenant y adhérent à F  Vect(a). Utilisant la caractérisation séquentielle des fermés, il
existe donc une suite (xn) dans F et une suite (n) dans le corps de base R ou C telles que
y = lim xn + na. Etant convergente, la suite (xn + na) est de Cauchy, donc, avec le r ci-dessus :
n
  > 0,  N,  n  N,  p  N, || xn + na – xp – pa || < r
Montrons que la suite (n) est de Cauchy. Soit  > 0. Appliquons l'inégalité précédente, pour n et p
supérieurs ou égaux à N :
|| xn + na – xp – pa || < r
donc || xn – xp + (n – p)a || < r
Si n – p = 0, on a évidemment n – p < . Si n – p  0, on a :
xn – xp r
|| + a || <
n – p n – p
xn – xp
Mais x = –  F et || a – x ||  r, donc :
n – p
r
r<
n – p
donc n – p < 

- 34 -
Ainsi, (n) est de Cauchy, donc converge vers une limite l. Comme (xn + na) converge vers y, il en
résulte que (xn) converge vers y – la. Comme, pour tout n, xn  F et que F est fermé, cette limite
y – la est élément de F. Donc y = (y – la) + la  F  Vect(a).
Donc F  Vect(a) est fermé.
b) Si  est continue, alors Ker() = –1({0}) est fermé comme image réciproque du fermé
{0} de K = R ou C par l'application continue .
La réciproque est comparable au a) ou à l'Exo.8). Si F = Ker() est fermé, soit a  F et donc tel que
(a)  0. On a alors E = F  Vect(a). Quitte à diviser a par (a), on peut supposer que (a) = 1.
Comme F est fermé, a n'est pas adhérent à F donc :
 r > 0, B(a, r)  F = 
donc :
 x  F, || a – x ||  r
ou encore, en changeant x en – x :
 x  F, || a + x ||  r
Pour tout y = x + a de E, avec x  F, et   0, on a :
x x
|| y || = || x + a || =  || a + ||   r car  F
 
Donc :
1
  || y ||
r
relation trivialement vraie pour  = 0. Mais  n'est autre que (y), donc :
1
(y)  || y ||
r
1
ce qui signifie que  est continue, avec |||  ||| 
r
c) Pour gn(t) = (1 – t) , on a gn  0 pour N, mais (gn) = 1 ne tend pas vers (0) = 0. Donc 
n

n'est pas continue.


1 1
Ker() n'est donc pas fermé. Prendre f(t) = 1 – t et fn(t) = nt sur [0, ], fn(t) = 1 – t sur [ , 1].
n+1 n+1
f n'appartient pas à Ker() car (f) = 1  0, les fn appartiennent à Ker() et la suite (fn) converge vers
f pour la norme N quand n tend vers +. Donc f est adhérent à Ker().

Sol.9) a) x est continue car les applications z  d(x, z) et z  d(a, z) le sont. En outre, x est bornée
car :
 z  X, x(z) = d(x, z) – d(a, z)  d(a, x)
b) Il s'agit de montrer que, pour tout x et tout y de X, on a d(x, y) = || x – y ||. Or, pour tout
z de X :
x(z) – y(z) = d(x, z) – d(a, z) – d(y, z) + d(a, z) = d(x, z) – d(y, z)  d(x, y)
donc || x – y ||  d(x, y)
De plus :
x(x) – y(x) = d(x, x) – d(a, x) – d(y, x) + d(a, x) = d(x, y)
donc || x – y || = d(x, y)

- 35 -
Sol.10) a) Pour tout entier naturel n, soit n la suite dont tous les termes sont nuls, sauf le n-ème qui
vaut 1. n est élément de c0(R) et de c(R). On a n2 = n, et pour m  n, nm = 0.
Si  est un morphisme de c0(R), on a :
 n, (n) = (n2) = (n)2 donc, pour tout n, (n) = 0 ou (n) = 1
 n  m, 0 = (0) = (nm) = (n)(m) donc,  n  m, (n) = 0 ou (m) = 0
Par conséquent, on a :
ou bien  n, (n) = 0. On notera  cette application .
ou bien,  n, (n) = 1 et cet n est unique. On notera n cette application .
n n
Tout suite a = (an)nN de c0(R) est la limite, pour || ||, des suites  akk. En effet, a –  akk est la
k=0 k=0

suite dont les termes entre les rang 0 et n inclus sont nuls, les termes au-delà du rang n étant
identiques à ceux de la suite a. Donc :
n
|| a –  akk || = Sup { ak , k > n}
k=0

quantité qui tend vers 0 quand n tend vers l'infini du fait que lim an = 0.
n
Comme les morphismes sont supposés continus, on a :
ou bien  =  et alors :
n n n
(a) = ( lim  akk) = lim (  akk) = lim  ak (k) = lim 0 = 0
n k=0 n k=0 n k=0 n
ou bien  = n pour un certain entier n, et alors :
m m m
n(a) = n( lim  akk) = lim n(  akk) = lim  ak n(k) = lim an = an
m k=0 m k=0 m k=0 m
Ainsi, nécessairement, un morphisme de c0(R) est ou bien l'application  identiquement nulle, ou
bien l'application n qui, à une suite, associe son n-ème terme. Réciproquement, il n'est pas difficile
de vérifier que chacune de ces fonctions est un morphisme de c0(R). On n'oubliera de vérifier que
les n sont effectivement continus.
On a donc Mor(c0(R)) = {n, n  N}  {}, en bijection avec N  {}.

Si  est un morphisme de c(R), alors sa restriction à c0(R) est un morphisme  de c0(R), donc
l'une des applications trouvées ci-dessus. Toute suite a de c(R) se décompose de manière unique
sous la forme a = b + e, où b  c0(R),   R, e la suite constante égale à 1. Cette décomposition
s'obtient en prenant  = lim an et b = a – e, de limite nulle. On a alors :
n
(a) = (b) + (e) = (b) +  puisque  est la restriction de  à c0(R), et (e) = e.
Si  = , alors (a) =  = lim an
n
Si  = n, alors (a) = bn +  = (an – ) +  = an.
Ainsi, nécessairement, un morphisme de c(R) est ou bien l'application lim associant à une suite sa
limite, ou bien les n précédemment définis. Réciproquement, on vérifiera que chacune de ces
fonctions est un morphisme de c(R).

- 36 -
On a donc Mor(c(R)) = {n, n  N}  {lim}, en bijection avec N  {lim} ou à N  {}.
b) Soit   Mor(c0(R)). Une prébase de voisinages de  est donné par :
V(, a, ) = {  Mor(c0(R)), (a) – (a) < } a  c0(R),  > 0
1
Pour  = n, a = n et  = , on a :
2
1 1
V(, n, ) = {  Mor(c0(R)), (n) – 1 < }
2 2
= {  Mor(c0(R)), (n) = 1}
car on a vu que l'image de n par tout morphisme ne peut valoir que 0 ou 1, et 0 est exclu.
= {n}
car le seul morphisme valant 1 en n est n.
Cela prouve que les n sont des points isolés dans Mor(c0(R)). La démonstration est identique et il
en est de même si on considère les n comme éléments de Mor(c(R)).
Pour  = , on a :
V(, a, ) = {  Mor(c0(R)), (a) – (a) < }
= {  Mor(c0(R)), (a) < }
= {}  {n, n(a) < }
= {}  {n, an < }
Comme toute suite a de c0(R) tend vers 0,  N,  n  N, an < , donc :
{}  {n, n  N}  V(, a, )
Réciproquement, {}  {n, n  N} est aussi un voisinage de  en prenant par exemple la suite a
1 1
des et  = . Les {}  {n, n  N} ainsi obtenus forment une base de voisinages de . Cela
n N–1
prouve que  est adhérent à toute partie {n, n  N}.

Comme N est constitué de points isolés n et que son compactifié d'Alexandrov N consiste à lui
ajouter un point dit à l'infini , dont une base de voisinage est donnée par [N, +[  {}, on voit

que la topologie de Mor(c0(R)) correspond à celle du compactifié N = N  {}, avec
l'homéomorphisme n  n et   .

Considérons maintenant dans Mor(c(R)) les voisinages du morphisme lim :


V(lim, a, ) = {  Mor(c(R)), (a) – lim(a) < }
= {lim}  {n, n(a) – lim(a) < }
= {lim}  {n, an – lim(a) < }
Par définition de la limite, la condition an – lim(a) <  est vérifiée dès que n est assez grand. On
trouve le fait qu'un voisinage de lim contient une partie {lim}  {n, n  N}. On conclut comme

précédemment, avec l'homéomorphisme n  n et   lim entre N et Mor(c(R)).

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c) Soit f une fonction continue sur N. Les entiers n étant des points isolés, f(n) prend une valeur
réelle quelconque. Cependant, la continuité de f doit être assurée en . On a doit donc avoir :
  > 0,  W voisinage de ,  x  W, f(x) – f() < 
Puisque tout voisinage de  contient une partie du type [N, +[, N  N, on peut se limiter à ce
type de partie, et f doit vérifier :
  > 0,  N,  n  N, f(n) – f() < 
ce qui exprime que lim f(n) = f().
n

On définit alors une application f  C(N)  (f(n))nN la démonstration précédente prouvant que la
suite (f(n)) est convergente. Cette application est bijective, la réciproque étant définie en
prolongeant f par continuité en  par f() = lim f(n). Il n'est pas difficile de vérifier qu'il s'agit d'un
n
morphisme d'algèbres. Il s'agit d'une isométrie car :
|| f || = Sup { f(x) , x  N  {}}
= Sup { f(x) , x  N} car f()  Sup { f(x) , x  N} par continuité
= || (f(n)) ||

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