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UFR d’Economie

MICROECONOMIE
Licence Sciences Economiques 1e année
Microéconomie 2

PLAN DU COURS

Partie 1 Comportement du consommateur

Chapitre 1 Préférences, utilité et choix


Référence : R. Pindyck, D. Rubinfeld, Chapitre 3 § 1-6
Chapitre 2 Demande de biens et offre de travail
Référence : R. Pindyck, D. Rubinfeld, Chapitre 4 § 1-4 et 6, chapitre 14 § 1.5

Partie 2 Comportement du producteur

Chapitre 3 La représentation de la production


Référence : R. Pindyck, D. Rubinfeld, Chapitre 6
Chapitre 4 Les coûts de production
Référence : R. Pindyck, D. Rubinfeld, Chapitre 7 § 1-4 et 7
Chapitre 5 Profit, offre de biens et demande de travail
Référence : R. Pindyck, D. Rubinfeld, Chapitre 8 § 1-7, chapitre 9 § 6, et chapitre 14 §
1.1-1.4
Microéconomie 3

Partie 2 Comportement du producteur


Microéconomie 4

Chapitre 3
La représentation de la production
Questions et exercices

1. La productivité marginale du travail peut-elle augmenter à court terme si l’on utilise


de plus en plus de cet input ? Pourquoi ?
A court terme, seul le travail constitue un facteur variable. La productivité marginale
du travail est susceptible d’augmenter initialement car, quand il y a plus de
travailleurs, chacun est en mesure de se spécialiser sur un aspect du processus de
production dans lequel il est particulièrement qualifié. Par exemple, en restauration
rapide, s’il n’y a qu’un seul travailleur, il doit préparer les hamburgers, les frites et
sodas, ainsi que prendre les commandes. Seulement quelques clients peuvent être
servis en une heure. Avec deux ou trois travailleurs, chacun est en mesure de se
spécialiser, et le produit marginal (nombre de clients servis par heure) est susceptible
d’augmenter à mesure que nous passons d’un à deux puis à trois travailleurs.
Finalement, il y aura suffisamment de travailleurs et il n’y aura plus de gains de
spécialisation. À ce point, le produit marginal va commencer à diminuer.
Pour comprendre cette idée, on peut également prendre le célèbre exemple de la
« manufacture d’épingles » qu’Adam Smith utilise, dans la Richesse des nations
(1176), pour illustrer les effets de la division du travail :
Imaginons qu’il n’y ait au départ, dans la manufacture, qu’un seul travailleur qui
s’occupe de fabriquer les épingles à nourrice et de faire les 20 tâches nécessaires pour
fabriquer une épingle (couper le fil, enrouler le file, le coupé, modifier la forme,
mettre les épingle dans une boîte, mettre les étiquette sur les boîtes…). Dans ce cas, on
peut largement augmenter la production en embauchant d’avantage de travailleurs. Si
l’on a deux travailleurs, ceux-ci peuvent se répartir le travail entre fabrique d’épingle
et mise en boîte, par exemple. A 3, c’est encore mieux, puis 4, 5 jusqu’à 20(qui
correspond au nombre de tâches pour fabriquer une épingle).
A partir de 20, en revanche, l’apport d’un travailleur devient de moins en moins
important jusqu’à avoir une influence négative sur la production, quand la productivité
marginale devient décroissante : trop de monde dans la petite manufacture d’épingles
nuit à la production !
2. Des isoquantes peuvent être convexes ; linéaires, ou coudées. Que vous enseigne la
forme des courbes d’indifférence sur la nature de la fonction de production ? Sur le
TMST ? La forme d’une isoquante peut-elle être croissante ? Expliquez.
Des isoquantes convexes indiquent que certaines unités d’un input (facteur de
production) peuvent être remplacées par une unité de l’autre input, le niveau de
production étant maintenu constant. Dans ce cas, le TMST est décroissant lorsque
nous nous déplaçons vers le bas le long de l’isoquante. Cela indique qu’il devient de
plus en plus difficile de remplacer un input par un autre tout en gardant la production
inchangée, en raison de la loi des rendements marginaux décroissants.
Des isoquantes linéaires impliquent que la pente (ou le TMST) est constante. Cela
signifie qu’il est toujours possible d’échanger le même nombre d’unités d’un input
contre une unité de l’autre input en maintenant constant l’output. Les inputs sont
parfaitement substituables dans ce cas.
Des isoquantes coudées impliquent que les inputs sont parfaitement complémentaires,
et l’entreprise produit avec une fonction de production à proportions fixes. Dans ce
Microéconomie 5

cas, l’entreprise ne peut pas renoncer à un input en échange de l’autre en maintenant le


même niveau de production (par exemple, renoncer à une voiture pour obtenir un
chauffeur de taxi supplémentaire n’a pas de sens, car il faut toujours un chauffeur pour
un taxi). Autre exemple, une entreprise peut avoir besoin d’exactement 4 unités de
capital pour chaque unité de travail, auquel cas un input ne peut pas se substituer à
l’autre.
Une isoquante croissante signifie que si une entreprise augmente deux inputs, l’output
(la production) reste le même. En règle générale, si l’entreprise augmente tous les
inputs, elle peut produire plus d’outputs. Une isoquante ne peut donc pas être
croissante
3. Deux isoquantes peuvent-elles se couper ?
Non, deux isoquantes ne peuvent pas se couper.
Supposons deux isoquantes qui se coupent en un point A. En A, évidemment, la
quantité de K et L est identique puisque c’est un point d’intersection. Pourtant, le
niveau de production est différent : il y a un niveau de production propre à la première
isoquante (q1) et un niveau propre la seconde isoquante (q2).
La même combinaison A de (L, K) permet d’obtenir deux niveaux de production
différents. Or, si une entreprise peut utiliser A pour produire q2 > q1, pourquoi
utiliserait-elle cette même combinaison pour obtenir un niveau de production
inférieur ? Cela constituerait un gaspillage des ressources à sa disposition.

4. Des rendements décroissants pour une fonction de production à un seul facteur et des
rendements d’échelle constants sont-ils compatibles ? Expliquez.
Les rendements décroissants et les rendements d’échelle sont des concepts
complètement différents. Il est donc tout à fait possible d’avoir des rendements
décroissants du travail, par exemple, et des rendements d’échelle constants. Les
rendements décroissants pour une fonction de production à un seul facteur sont dus au
fait que tous les autres inputs sont fixes. Ainsi, on utilise de plus en plus de facteurs
variables, les suppléments de production deviennent de plus en plus petits, car il n’y a
pas de hausses dans les autres facteurs. La notion de rendements d’échelle traite de
l’augmentation de la production lorsque tous les facteurs sont augmentés dans la
même proportion. Bien que chaque facteur en lui-même possède des rendements
décroissants, la production peut plus que doubler, moins que doubler, ou exactement
doubler lorsque tous les facteurs doublent. La différence est que, avec des rendements
Microéconomie 6

d’échelle, tous les inputs sont augmentés dans la même proportion et aucun input n’est
fixé.

5. Supposez qu’un fabricant de chaises produise à court terme (avec son équipement et
son installation actuelle). Le fabricant a constaté les niveaux de production suivants,
correspondant à différents nombres de travailleurs :

Nombre de Nombre de chaises PMoyL PmarL


travailleurs
1 10 10 10
2 18 9 8
3 24 8 6
4 28 7 4
5 30 6 2
6 28 4.7 -2
7 25 3.6 -3

a. Calculez la productivité moyenne et la productivité marginale du travail pour


cette fonction de production.
Voir les deux dernières colonnes du tableau.
Rappel :
Production q
PMoyL = =
Travail L
DProduction Dq
PmarL = FL » =
DTravail DL
b. Cette fonction présente-t-elle des rendements du travail décroissants ?
Oui, cette fonction de production présente des rendements du travail
décroissants. La productivité marginale du travail, la production
supplémentaire due à chaque travailleur supplémentaire, diminue à mesure que
le fabricant augmente le nombre de travailleurs, ce qui commence à se produire
avec la deuxième unité de main-d’œuvre.
c. Expliquez intuitivement ce qui pourrait rendre négative la productivité
marginale du travail.
Ici, la productivité marginale du travail est négative à partir de L > 5. Cela peut
découler de la congestion de la main-d’œuvre de l’usine (voir réponse à la
question 1). Puisque plus de travailleurs utilisent le même montant fixe de
capital, une baisse de l’efficacité et des quantités produites est possible.

6. . Une entreprise produisant des puces électroniques a une fonction de production dont
certaines propriétés apparaissent dans le tableau ci-dessous :
Microéconomie 7

Quantité de travail Production totale Productivité. Productivité.


marginale du moyenne du
travail travail
0 0 - -
1 45 45 45
2 120 75 60
3 180 60 60
4 228 48 57
5 273 45 54, 6
6 270 -3 45

a. Complétez les cases manquantes (cf cases remplies en rouge)


b. Représentez les trois fonctions. Que remarquez-vous ?

300

250

200
Production totale

150
Productivité.
marginale du travail
100
Productivité. moyenne
du travail
50

0
0 1 2 3 4 5 6
-50

La productivité moyenne est croissante lorsque la productivité marginale est


supérieure à la productivité moyenne (jusqu’à L=3). La contribution d’une unité
supplémentaire de travail à la production est telle qu’elle fait augmenter la
production moyenne. C’est l’inverse quand la productivité marginale est
décroissante. Les deux courbes se coupent au maximum de la productivité
moyenne (en L=3).
Voir section 2 du cours sur la productivité du travail.

7. Vrai ou faux ? Justifiez vos réponses :


a. Le long terme correspond à une période pendant laquelle tous les facteurs de
production utilisés ne sont pas variables.
Faux : au contraire, à long terme, tous les facteurs sont variables.
b. La courbe de coût moyen est décroissante lorsque le coût marginal est inférieur
au coût moyen.
Microéconomie 8

Vrai, cf exercice précédent


c. La productivité marginale est croissante.
Faux : elle peut l’être pour certaines valeurs (faibles) de l’input mais ensuite
elle devient en général décroissante (loi des rendements marginaux
décroissants).
d. Le TMST est décroissant le long d’un isoquante. Vrai (cf cours section 3 sur la
substitution des facteurs de production)
8. Pour chacun des exemples suivants, tracez une isoquante représentative. Que pouvez-
vous déduire sur le TMST dans chacun des cas ?
a. Une entreprise peut n’embaucher que des employés à temps plein pour
produire son bien, ou bien une combinaison d’employés à temps plein et
d’employés à temps partiel. Pour chaque employé à temps plein qu’elle laisse
partir, si l’entreprise veut conserver son niveau de production, elle a besoin
d’embaucher un nombre croissant de travailleurs à temps partiel
Plaçons les travailleurs à temps partiel sur l’axe vertical et les travailleurs à
plein temps sur l’axe horizontal. La pente de l’isoquante mesure le nombre de
travailleurs à temps partiel qui peut être échangé pour un travailleur à plein
temps, la production étant maintenue constante. Au point A, l’isoquante coupe
l’axe de plein temps, car il est possible de produire uniquement avec des
travailleurs à plein temps et sans travailleurs à temps partiel. Lorsque nous
montons le long de l’isoquante et que nous renonçons à des travailleurs à plein
temps, nous devons embaucher de plus en plus de travailleurs à temps partiel
afin de remplacer chaque travailleur à temps plein. La pente augmente (en
valeur absolue) à mesure que nous montons le long de l’isoquante. L’isoquante
est donc convexe, et il y a une diminution du taux marginal de substitution
technique.

b. Une entreprise a besoin d’exactement deux travailleurs à temps plein pour faire
fonctionner chaque machine de son usine.
Aucune substitution n’est possible entre inputs puisqu’une seule combinaison
est possible pour pouvoir produire une quantité donnée. La production ne peut
augmenter que si les quantités d’inputs utilisées augmentent toujours dans les
mêmes proportions. Si la quantité de travail utilisé double, il faut que le
nombre de machines double aussi, si l’on veut augmenter la production. La
fonction de production est à proportions fixes (2 unités de travail pour 1 unité
Microéconomie 9

de K) et les isoquantes sont coudées (en forme de L). Le TMST est infini (ou
indéterminé) le long de la partie verticale de l’isoquante et vaut 0 dans la partie
horizontale.
c. Pour atteindre un niveau de production donné, une entreprise peut employer
indifféremment des travailleurs à temps plein ou à temps partiel, sachant que
chaque travailleur à temps plein exécute le travail de deux travailleurs à temps
partiel.
Si l’entreprise peut toujours échanger 2 unités de travail à temps partiel contre 1
unité de travail à plein temps, le TMST du plein temps par rapport au temps partiel
est constant et égal à 2 et l’isoquante est linéaire.
9. Les fonctions suivantes présentent-elles des rendements d’échelle croissants, constants
ou décroissants ? Qu’arrive-t-il au produit marginal de chaque facteur lorsqu’on
augmente l’utilisation de ce facteur, la quantité de l’autre facteur restant constante ?
Calculez le TMST pour chacune d’entre elles.
a. q = 3L + 2K
b. q = (2L + 2K)1/2
c. q = 3LK2
d. q = L1/2K1/2
e. q = 4L1/2 + 4K
Chap.6, exercice 7 + ;TMST = : a. 3/2; b. 1 ;c. ½ (K/L) ;d. K/L ;e. ½L-1/2
Microéconomie 10

Chapitre 4
Les coûts de production
Questions et exercices
1. Le propriétaire d’un petit commerce fait lui-même sa comptabilité. Comment
mesureriez-vous le coût d’opportunité de son travail ?
Son coût d’opportunité est le revenu qu’il aurait gagné s’il avait alloué ce temps à une
autre activité (par exemple, faire de la publicité pour son entreprise, élargir sa
clientèle, etc.)

2. Vrai ou faux ?
a. Si le propriétaire d’une entreprise ne se verse pas de salaire, alors le coût
comptable est nul mais le coût économique est positif.
Vrai. Il n’y a pas de transaction et donc pas de coût comptable. Par contre, le
propriétaire de cette entreprise pourrait avoir un autre emploi (par exemple,
être cadre dans une autre entreprise, etc.) et il y a donc un coût économique
positif, qui reflète le coût d’opportunité du temps du propriétaire. Ce coût
économique est le montant gagné par le propriétaire dans le meilleur emploi
alternatif.

b. Une entreprise qui a un profit comptable positif n’a pas nécessairement un


profit économique positif.
Vrai. Le profit comptable ne tient compte que des coûts monétaires explicites.
Le profit économique pourrait être négatif lorsque les coûts d’opportunité sont
pris en compte. En effet, les ressources de l’entreprise ne sont pas
nécessairement allouées de façon optimale.

c. Si une entreprise recrute un travailleur au chômage, le coût d’opportunité de


l’utilisation de ses services est nul.
Faux. Pour le travailleur, le coût d’opportunité de ce travail est le loisir ou
encore d’autres emplois. Pour l’entreprise, le coût d’opportunité d’embaucher
ce travailleur est l’embauche d’un autre travailleur, l’investissement dans la
recherche et le développement (R&D), ou toute autre activité dans laquelle elle
aurait pu investir plutôt que d’engager de ce travailleur.

3. Un fabricant d’ordinateurs découvre que le TMST du travail au capital est nettement


plus élevé que le rapport du coût d’utilisation du capital au coût du travail. Comment
devrait-il modifier son utilisation de capital et de travail pour minimiser ses coûts de
production ?
La question indique que le TMST du travail au capital = FK /FL > r/w.
Il s’ensuit que FK/r > FL/w. Ces deux ratios doivent être égaux pour que les coûts
soient minimisés. Le fabricant d’ordinateurs obtient plus de production supplémentaire
par euro dépensé en capital que de production supplémentaire par euro dépensé en
travail ; il doit donc utiliser plus de capital et moins de travail pour minimiser le coût
de production.
Microéconomie 11

4. Si une entreprise bénéficie d’économies d’échelle jusqu’à un certain niveau de


production, que peut-on dire de la forme des coûts moyens de long terme ?
Quand une entreprise bénéficie d’économies d’échelle, la courbe de coût moyen de
long terme est décroissante. Quand les coûts augmentent proportionnellement à la
production, la courbe de coût moyen de long terme est horizontale. On peut donc dire
que la courbe de coût moyen de long terme est coudée: d ’abord elle baisse, puis
ensuite elle est horizontale, lorsque que la production augmente.

5. a. Complétez le tableau suivant :


Unités Coût Coût Coût Coût Coût fixe Coût Coût total
produites fixe variable total marginal moyen variable moyen
moyen

0 100
1 125
2 145
3 157
4 177
5 202
6 236
7 270
8 326
9 398
490
10

-Le coût fixe (CF) est le coût qui doit être payé peu importe le niveau de production. Il est
donc forcément de 100.
-Le coût variable (CV) varie en fonction du niveau de production. Pour un niveau de
production q donné, CV = CT – CF.
-Le coût total moyen (CTM) est le coût total divisé par le niveau de production: CT/q.
-Le coût fixe moyen (CFM) correspond au coût fixe divisé par le niveau de production: CF/q.
-Le coût variable moyen (CVM) correspond au coût variable divisé par le niveau de
production: CV/q.
-Pour un q donné, le coût marginal (Cm) correspond au coût de la dernière unité produite.
Donc Cm(q)=CT(q)-CT(q-1).

On peut donc maintenant trouver toutes les valeurs du tableau :

Unités Coût Coût Coût Coût Coût fixe Coût Coût total
produites fixe variable total marginal moyen variable moyen
moyen
Microéconomie 12

0 100 0 100 - - - -
1 100 25 125 25 100 25 125
2 100 45 145 20 50 22,5 72,5
3 100 57 157 12 33,3 19 52,3
4 100 77 177 20 25 19,25 44,3
5 100 102 202 25 20 20,4 40,4
6 100 136 236 34 16,7 22,7 39,3
7 100 170 270 34 14,3 24,3 38,6
8 100 226 326 56 12,5 28,3 40,8
9 100 298 398 72 11,1 33,1 44,2
100 390 490 92 10 39 49
10

b. Tracez sur un graphique comportant les coûts en ordonnée et la quantité produite


en abscisse, le coût marginal, le coût variable moyen et le coût moyen.

6. La fonction de coût de court terme d’une entreprise d’automobiles est donnée par : C =
400 + 110q où C est le coût total (en milliers d’euros) et q la quantité produite (en
milliers d’unités).
a. Quel est le coût fixe de l’entreprise ?
CF = 400. 000 € (le coût total lorsque q=0).
b. Si l’entreprise produit 100 000 voitures, quel sera son coût variable moyen ?
Le coût variable moyen dépend-il ici du nombre d’unités produites ?
CV = 110q. Ici q = 100, donc CVM = CV/q = 11.000/100 = 110 (donc 110.000
€).
Microéconomie 13

On a CVM = 110q/q = 110, donc indépendant ici du nombre d’unités


produites.
c. Quel est son coût marginal ? Dépend-il du nombre d’unités produites ?
On a Cm = 110, (la dérivée de C par rapport à q). Le Cm est ici indépendant du
nombre d’unités produites, et il est égal au coût variable moyen (CVM). Ceci
découle du fait que la fonction de coût est linéaire. Ce ne serait plus le cas si
elle était non-linéaire (par exemple, C= 400+ 110q2).
d. Pour une production de 100.000 voitures, quel est le coût fixe moyen ?
On a CFM = 400/100 = 4.
e. Supposons que l’entreprise emprunte de l’argent pour agrandir son usine. Son
coût fixe augmente de 100.000 €, mais son coût variable moyen passe à 90.000
€ pour q = 1000. Il faut maintenant prendre en compte dans le coût total le coût
des intérêts. Supposons que chaque augmentation du taux d’intérêt d’un point
de pourcentage augmente le coût total de 6000 €. Déterminez la nouvelle
fonction de coût.
On a maintenant :
1. Un coût fixe de 500 (c’est-à-dire, 400 + 100)
2. Un coût variable de 90q
3. Un coût des intérêts de : 6i
D’où la nouvelle fonction de coût total : C = 500 + 90q + 6i

7. Vous dirigez une entreprise dont vous avez calculé le coût fixe, marginal et moyen.
a. Supposez que le gouvernement vote un impôt forfaitaire sur le type
d’entreprise que vous dirigez. Comment chacun de vos coûts sera-t-il affecté ?
Cet impôt forfaitaire est un coût fixe, puisqu’il ne varie pas avec le nombre
d’unités produites. Le coût fixe total augmentera donc à CFT1=CFT0 + T, où
CFT0 est le coût fixe initial et T est le montant de cet impôt forfaitaire. Cet
impôt forfaitaire n’affecte ni le coût marginal ni le coût variable, car il ne varie
pas avec nombre d’unités produites. Par contre, cet impôt augmente le coût
fixe moyen et le coût total moyen de T/q.

b. Qu’en est-il si le montant de l’impôt est proportionnel au nombre d’unités


produites ?
Si cet impôt est perçu sur chaque unité produite (un impôt de t par unité), le
coût variable augmentera de tq, mais le coût fixe ne changera pas. Le coût
variable moyen augmentera donc de t et le coût total moyen augmentera aussi
de t. Notons aussi que, puisque le coût total augmente de t pour chaque unité
supplémentaire produite, le coût marginal augmente aussi de t.

c. Vous vendez votre production au prix unitaire P. Qu’en est-il de chacun des
coûts si le montant de l’impôt est proportionnel au chiffre d’affaire
Le chiffre d’affaire est Pq. Cet impôt sera donc égal à tPq, où t est l’impôt par
unité vendue. Le coût variable augmente donc de tPq, alors que le coût
marginal et le coût variable moyen augmentent de tP.
Microéconomie 14

8. Vous dirigez une usine qui produit des moteurs en utilisant des équipes d’ouvriers et
des machines. La technologie est représentée par la fonction de production suivante : q
= 5KL où q est le nombre de moteurs par semaine, K le nombre de machines, L le
nombre d’équipes de travailleurs. Chaque machine a un coût d’utilisation de 10.000 €
par semaine et chaque équipe d’ouvriers est payée 5000 € par semaine. Le coût de
fabrication des moteurs comprend le coût des machines, des travailleurs, plus 2000 €
par moteur pour la matière première. Votre usine possède 5 machines.
a. Quelle est votre fonction de coût de production d’une quantité q ? Quels sont
les coûts moyens et marginaux pour q moteurs ? Comment les coûts moyens
varient-ils avec la quantité produite ?
A court terme, K=5 , puisque l’usine possède 5 machines. La fonction de
production de court terme est donc q = 5(5)L = 25L. Ceci implique que pour
un niveau de production q, le nombres d’équipe d’ouvriers employés est 𝐿 =
#
$%
.
La fonction de coût de production d’une quantité q est donnée par la somme
des coûts du capital, du travail et des matières premières :
CT(q) = rK+wL+2000q = (10 000)(5) + (5000)(q/25) + (2000)(q).
Ce qui se réduit à
CT(q) =50 000 + 2200q.
Le coût moyen pour q moteurs est donc
CM(q)= CT(q)/q=(50 000 + 2200q)/q.
Le coût marginal pour q moteurs est donc
𝑑𝐶𝑇
𝐶𝑚(𝑞 ) = = 2200.
𝑑𝑞
On voit que le coût marginal est constant (2200 € par moteur) et que le coût
moyen diminue à mesure que la quantité produite q augmente parce que le coût
fixe moyen (du capital) diminue.

b. Combien d’équipes d’ouvriers sont nécessaires à la production de 250


moteurs ? Quel est le coût moyen par moteur ?
On sait q = 25L. Donc pour produire 250 moteurs, L=q/25=250/25=10
équipes d’ouvriers sont nécessaires.
Le coût moyen par moteur est alors
CM(q)=(50 000 + 2200x250)/250=2400.

c. On vous demande de donner votre avis sur la façon de concevoir une nouvelle
unité de production. Quel rapport K/L cette nouvelle unité doit-elle utiliser si
elle veut minimiser le coût total de production d’une quantité q quelconque ?
On ne suppose plus que K est fixé à 5. La fonction de production est
q=F(K,L)=5KL. K et L peuvent maintenant être variés pour trouver la
combinaison (K,L) qui minimise les coûts de production d’une quantité q. La
règle de minimisation des coûts est donnée par
Microéconomie 15

𝐹1 𝑤
=
𝐹2 𝑟
56(2,1) 56(2,1)
où 𝐹1 = 51 = 5𝐾 est la productivité marginale du travail et 𝐹2 = 52 =
5𝐿 est la productivité marginale du capital. En effet, en regardant F(K,L), on
voit que quand L augmente d’une unité, la production augmente de 5K et
quand K augmente d’une unité, la production augmente de 5L.
Donc
𝐹1 5𝐾 𝐾
= =
𝐹2 5𝐿 𝐿
et
𝑤 5000 1
= =
𝑟 10 000 2
et donc la règle de minimisation devient
2 <
1
= $.
On doit donc utiliser un ratio capital/travail de ½ et ce ratio est le même pour
toute quantité produite q.

9. La fonction de production d’une entreprise est q = 10L1/2K1/2. Le coût d’une unité de


travail est de 20 €, celui d’une unité de capital de 80 €.
a. L’entreprise produit actuellement 100 unités et a calculé que les quantités de
travail et de capital qui minimisent ses coûts sont de 20 et 5 respectivement.
Faites une représentation graphique à l’aide d’isoquantes et de droites
d’isocoût.
Le point de coordonnés (L1,K1) sur la figure ci-dessous, avec L1 = 20 et K1 = 5,
est le point où sont minimisés les coûts de production de q1=100 unités. On
peut vérifier que q = 10L1/2K1/2 = 10(20)1/2(5)1/2=100.
L’isoquante (courbe brune) représente les combinaisons de travail et de capital
générant une production de q1 = 100 unités.
On sait aussi que le coût de ces 100 unités est de (20)20€ + (5)80€ = 800€.
L’équation de la droite d’isocoût reliant A à B est donc
K = 800/80 – (20/80)L = 10 - (1/4)L.
Microéconomie 16

b. L’entreprise veut augmenter sa production à 140 unités. Si le capital est fixe à


court terme, quelle quantité de travail l’entreprise devra-t-elle utiliser ? faites
une représentation graphique et déterminez le nouveau coût total de
l’entreprise.
Pour produire 140 unités quand le capital est fixe à K=5, il faut utiliser 𝐿 =
<> $
= @ = 39,2 unités de travail. Sur la figure ci-dessous, ce point se trouve aux
√%
coordonnés (L3, K1), avec L3 = 39,2, K1=5 et q2=140.
Le coût associé à ce niveau de production est maintenant de (39,2)20€ +
(5)80€=1184€. L’équation de la droite d’isocoût reliant E à F est donc
K = 74/5 – (1/4)L.
Microéconomie 17

c. Déterminez graphiquement les nouvelles quantités optimales de long terme de


capital et de travail pour une production de 140 unités.
Le point de coordonnés (L2,K2) sur la figure précédente représente ce point
optimal. Ici, l’entreprise choisit le niveau de travail et de capital qui lui permet
d’atteindre la droite d’isocoût la plus basse (la droite reliant C à D) tout en
restant sur l’isoquante q2 (et donc en produisant 140 unités).

d. Après avoir calculé le TMST pour cette fonction, donnez les quantités
optimales de capital et de travail nécessaires à la production de 140 unités.
F(L,K) = 10L1/2K1/2 . Le taux marginal de substitution technique est
𝐹1 5𝐿F</$ 𝐾 </$ 𝐾
𝑇𝑀𝑆𝑇 = = =
𝐹2 5𝐿</$ 𝐾 F</$ 𝐿
On égalise maintenant le TMST et le ratio des prix des facteurs :
𝐾 𝑤 20 1
= = =
𝐿 𝑟 80 4
Nous avons deux inconnues (K et L), donc nous avons besoin d’une deuxième
équation (la fonction de production 140 = 10L1/2K1/2). La première équation
nous donne K = L/4, que l’on remplace dans la deuxième équation :
<
< 𝐿 $
140 = 10𝐿$ J K
4

Ceci nous donne L=28 et K = 28/4 = 7. Ces valeurs sont celles du point (L2,K2)
sur la figure précédente.
Microéconomie 18

Chapitre 5
Profit et offre de biens

Questions et exercices
1. Pourquoi une entreprise subissant des pertes choisirait-elle de continuer à produire
plutôt que de fermer ?
L’entreprise subit des pertes si ses recettes sont inférieures à ses coûts totaux. Si ses
revenus sont supérieurs aux coûts variables, mais inférieurs aux coûts totaux,
l’entreprise devrait choisir de produire à court terme (même si elle subit une perte)
plutôt que de fermer. En effet, si l’entreprise ferme, elle sera bloquée avec son coût
fixe et n’aura pas de recettes (sa perte sera donc égale à ses coût fixe). D’autre part, si
elle continue à produire et si ses recettes sont supérieures à ses coût variables, elle
pourra payer une partie de son coût fixe et sa perte sera donc inférieure à ce qu’elle
serait si l’entreprise fermait. A long terme, tous les coûts sont variables et donc tous
les coûts doivent être couverts si l’entreprise choisit de rester active.

2. Vrai ou faux ?
a. A l’équilibre de long terme, toutes les entreprises de la branche font un profit
nul.
Toutes les entreprises obtiennent un bénéfice économique nul à long terme. La
théorie de la concurrence parfaite suppose explicitement qu’il n’existe pas de
barrières à l’entrée ou à la sortie. En entrée libre, les profits positifs entraînent
de nouveaux arrivants. A mesure que ces entreprises entrent, la courbe d’offre
se déplace vers la droite, entraînant une baisse du prix d’équilibre du produit.
Les entrées s’arrêtent et l’équilibre est atteint, lorsque les profits tombent à 0.
Certaines entreprises peuvent avoir un plus grand profit comptable parce que,
par exemple, elles possèdent une meilleure source d’un input, mais leurs
bénéfices économiques sont les mêmes. Supposons qu’une entreprise puisse
extraire un input à 2 euros le kilogramme, alors que toutes les autres
entreprises de la branche doivent payer 3 euros le kilogramme.
Comparativement à ces dernières, notre entreprise a un avantage de coûts
comptables et un bénéfice comptable supérieur. Mais elle doit tenir compte
qu’il y a un coût d’opportunité associé à l’utilisation de son input, car d’autres
entreprises sont prêtes à payer jusqu’à 3 euros le kg pour lui en acheter. Elle
doit donc inclure 1 euro par kg – le coût d’opportunité pour utiliser son propre
input plutôt que de le vendre à d’autres entreprises. De ce fait, son coût
économique et son profit économique sont les mêmes que ceux des autres
entreprises de la branche.

b. Une entreprise devrait toujours produire à un niveau auquel le coût moyen de


long terme est minimal.
Faux.
A long terme, en concurrence parfaite, les entreprises produisent au point où le
coût moyen de long terme est minimal. Par contre, à court terme, il peut être
optimal de produire à un niveau différent. En effet, si le prix est au-dessus du
Microéconomie 19

prix d’équilibre de long terme, l’entreprise maximise le profit de court terme


en produisant une quantité plus grande que celle qui minimise le coût moyen
de long terme. Dans la figure, PL est le prix d’équilibre à long terme et qL est le
niveau d’output qui minimise le coût moyen de long terme. Si le prix augmente
à P’ dans le court terme, l’entreprise maximisera son profit en produisant q’ >
qL, puisque c’est le niveau d’output tel que le coût marginal de court terme est
égal au prix.
c. Le surplus du producteur est égal au profit économique.
Faux :
Profit économique = RT – CT = RT – CF – CVT
Surplus du producteur = RT – CVT

3. Le tableau suivant indique le prix (en euros auquel une entreprise peut vendre une
unité de bien, ainsi que le coût total de production.
a. Complétez le tableau.
Unités P R C Π Cm Rm P R Rm Π
produites P=60 P=60 P=60 P=50 P=50 P=50
q

0 60 0 100 -100 50 0 -100


1 60 60 150 -90 50 60 50 50 50 -100
2 60 120 178 -58 28 60 50 100 50 -78
3 60 180 198 -18 20 60 50 150 50 -48
4 60 240 212 28 14 60 50 200 50 -12
5 60 300 230 70 18 60 50 250 50 20
6 60 360 250 110 20 60 50 300 50 50
7 60 420 272 148 22 60 50 350 50 78
8 60 480 310 170 38 60 50 400 50 90
9 60 540 355 185 45 60 50 450 50 95
60 600 410 190 55 60 50 500 50 90
10
60 660 475 185 65 60 50 550 50 75
11

c. Indiquez ce qui arrive au choix de production et au profit si le prix passe de 60 à


50 euros.
A un prix de 60 euros, l’entreprise doit produire 10 unités (q=10) pour maximiser
son profit (190 euros). C’est aussi le point le plus proche où le prix est égal au coût
marginal sans que le coût marginal soit supérieur au prix. Par contre, à un prix de
50 euros, l’entreprise doit produire 9 unités (q=9) pour maximiser son profit (95
euros). Donc, quand le prix baisse de 60 euros à 50 euros, sa production baisse de
10 à 9 unités et le profit baisse de 190 à 95 euros.
Microéconomie 20

d. Supposons que le prix reste fixé à 60 euros. Qu’arrive-t-il au choix de production


et au profit si le coût fixe de production passe à 150, puis 200 euros ? Qu’en
déduisez-vous à propos de l’effet des coûts fixes sur les choix de production de
l’entreprise ?
Unités P R C Π Cm C Π C Π
produites P=60 P=60 F=150 F=150 F=200 F=200
q
0 60 0 100 -100 150 -150 200 -200
1 60 60 150 -90 50 200 -140 250 -190
2 60 120 178 -58 28 228 -108 278 -158
3 60 180 198 -18 20 248 -68 298 -118
4 60 240 212 28 14 262 -22 312 -72
5 60 300 230 70 18 280 20 330 -30
6 60 360 250 110 20 300 60 350 10
7 60 420 272 148 22 322 98 372 48
8 60 480 310 170 38 360 120 410 70
9 60 540 355 185 45 405 135 455 85
60 600 410 190 55 460 140 510 90
10
60 660 475 185 65 525 135 575 85
11

Dans les trois cas, avec des coûts fixes de 100, 150 et 200, l’entreprise produit 10
unités, puisque c’est le point où le prix est le plus proche du coût marginal, sans
que ce dernier soit supérieur au prix. Les coûts fixes n’ont pas d’influence sur la
quantité produite, puisqu’ils n’ont pas d’influence sur le coût marginal. Un coût
fixe plus élevé entraîne une basse du profit, mais le profit maximal est obtenu au
même niveau de production (ici, q=10).

e. Après avoir tracé les courbes de coût pertinentes, déterminez la courbe d’offre de
court terme de l’entreprise.

Les courbes de coût pertinentes sont présentées dans cette table.

Unités C Cm CVT CFT CVM


produites
q
0 100 0 100

1 150 50 50 100 50,0

2 178 28 78 100 39,0

3 198 20 98 100 32,7

4 212 14 112 100 28,0


Microéconomie 21

5 230 18 130 100 26,0

6 250 20 150 100 25,0

7 272 22 172 100 24,6

8 310 38 210 100 26,3

9 355 45 255 100 28,3

410 55 310 100 31,0


10
475 65 375 100 34,1
11

La courbe d’offre de l’entreprise à court terme est sa courbe de coût marginal quand ce
dernier est supérieur au coût variable moyen. L’entreprise produit 8 unités ou plus
selon le prix du marché et ne produit rien quand q est entre 0 et 7, puisque pour ces
quantités, le coût marginal est inférieur au coût variable moyen. L’entreprise minimise
alors ses pertes en ne produisant rien à court terme.

4. La fonction de coût total (en euros) d’une entreprise opérant sur un marché
concurrentiel est C(q) = 450 + 15q + 2q2.
a. Quelles sont ses fonctions de coût fixe, de coût moyen et de coût marginal ?
Tracez les sur un même graphique.
CF = 450; CM = 450/q +15 + 2q; Cm = 15 + 4q.

b. Si le prix unitaire de marché est de 115 euros, déterminez la quantité produite


par l’entreprise, puis son profit ainsi que le surplus du producteur.
L’entreprise produit une quantité telle que le prix est égal au coût marginal:
115=15+4q et donc q=25. Le profit est de 𝜋 = 115 × 25 − 450 − 15 × 25 −
2 × 25$ = 800 euros.
Le surplus du producteur est égal au profit plus les coûts fixes. On peut aussi
trouver le surplus du producteur graphiquement en calculant l’aire au-dessous
du prix et au-dessus de la courbe de coût marginal :
SP=0.5(25)(115-15)=1250 euros.
c. Une taxe locale de 1 euro par unité vendue est imposée à l’entreprise (et à elle
seulement). Cette taxe affectera-t-elle les courbes de coût de l’entreprise, et si
Microéconomie 22

oui, comment ? Comment la taxe affectera-t-elle le prix, la production et le


profit ?
Cette taxe causera un déplacement de toutes les courbes de coût (sauf celles
fondées uniquement sur des coûts fixes) vers l’extérieur. Le coût total devient
donc CT+tq, le coût moyen devient CM+t et le coût marginal devient Cm+t.
Ici, notons que t=1.
L’entreprise est preneuse de prix dans un marché concurrentiel et donc lui
imposer la taxe (à elle seule) ne change pas le prix du marché. La courbe
d’offre de court terme d’une entreprise est la courbe de son coût marginal (au-
dessus du coût variable moyen) et cette courbe s’est déplacée vers la gauche.
La quantité offerte par cette entreprise baisse donc pour tout niveau de prix (et
ses profits sont également réduits pour chaque niveau de production).

d. Dans quelles conditions les consommateurs paieront-ils la majeure partie de la


taxe ? Qu’est-ce qui détermine la fraction d’une subvention qui bénéficie aux
consommateurs ?
Le poids d’une taxe et les bénéfices d’une subvention dépendent de l’élasticité
de la demande et de l’offre. Si la valeur absolue du rapport de l’élasticité de la
demande et de l’élasticité de l’offre est faible (grand), le poids d’une taxe est
supporté principalement par les consommateurs (producteurs). De façon
analogue, le bénéfice d’une subvention revient le plus souvent aux
consommateurs (producteurs) quand la valeur absolue du rapport de l’élasticité
de la demande et de l’élasticité de l’offre est faible (grand).

e. Pourquoi une taxe crée-t-elle une perte sèche ? Qu’est-ce qui détermine
l’importance de cette perte ?
Une taxe crée une perte sèche en augmentant artificiellement le prix au-dessus
du prix de marché et en diminuant ainsi la quantité d’équilibre. Cette
diminution de la quantité réduit les surplus des consommateurs et des
producteurs. L’importance de cette perte est déterminée par l’élasticité de la
demande, l’élasticité de l’offre et la taille de la taxe. Plus l’offre et la demande
sont élastiques et plus grande est la taxe, alors plus importante est la perte
sèche.

5. Parmi les projets de taxes qui sont régulièrement examinés figure une taxe
additionnelle sur les alcools distillés. La taxe ne s’appliquerait pas à la bière.
L’élasticité-prix de l’offre d’alcools distillés est de 4, celle de la demande est de -0,2.
L’élasticité prix croisée de la demande de bière par rapport aux alcools distillés est de
0,1.
a. Si cette taxe est mise en place, qui en supporterait la majeure partie : les
fournisseurs d’alcool ou les consommateurs ? Pourquoi ?
Les consommateurs supporteront la majeure partie de la taxe, puisque l’offre
est très élastique alors que la demande est très inélastique. La proportion de la
OP > >
taxe supportée par les consommateurs est O FO = >FFR.$ = >.$ ≈ 0.95.
P Q

b. En supposant que l’offre de bière est infiniment élastique, comment cette


nouvelle taxe affecterait-elle le marché de la bière ?
Avec une hausse du prix de l’alcool (suite à la mise en place de la taxe),
certains consommateurs voudront substituer la bière à l’alcool, puisque
l’élasticité croisée est positive. Cela déplacera la courbe de demande pour la
bière vers le haut. L’offre de bière étant infiniment élastique (courbe d’offre
Microéconomie 23

horizontale), le prix d’équilibre de la bière ne changera pas et la quantité de


bière consommée augmentera.
6. Comparez les stratégies d’embauche de deux entreprises sur le marché du travail,
l’une ayant un pouvoir de monopole et l’autre concurrentielle. Laquelle embauche le
plus de salariés ? Laquelle paie le plus ?
Puisque la décision d’embaucher un travailleur supplémentaire signifie que le
monopsone doit payer un salaire plus élevé à tous les travailleurs (et non
seulement au dernier travailleur embauché), sa courbe de dépense marginale se
situe au-dessus de la courbe d’offre des facteurs (la courbe de dépense
moyenne). La quantité de facteurs maximisant le profit du monopsone
(correspondant au point où la courbe de recette marginale coupe la courbe de
dépense factorielle marginale) est inférieures à la quantité choisie par une
entreprise concurrentielle (correspondant au point où la courbe de dépense
moyenne coupe la courbe de demande). On suppose que les deux entreprises
ont la même courbe de demande de travail. Par conséquent, le monopsone
embauche moins de salariés et le salaire payé est inférieur au salaire sur le
marché concurrentiel.

7. Une entreprise utilise le travail comme seul facteur de production pour produire q
selon la fonction de production q = 8L1/2. Le produit est vendu 150 € l’unité et le
salaire horaire est de 75 €.
a. Déterminez la quantité de travail qui maximise le profit, ainsi que la quantité
vendue, q, dans ce cas. Quel est le profit maximal ?
On détermine la fonction de profit en fonction des facteurs et on calcule la
condition nécessaire de premier ordre pour trouver la quantité optimale de
travail.
𝜋 = 𝑅𝑇 − 𝐶𝑇 = 𝑝𝑞 − 𝑤𝐿
𝜋 = 150(8𝐿R.% ) − 75𝐿
𝑑𝜋
= 600(𝐿FR.% ) − 75 = 0
𝑑𝐿
600$
𝐿= = 64
75$

La quantité de travail qui maximise le profit est de 64 et la quantité produite


est donc q = 8(641/2)=64.
Le profit est 𝜋 = 𝑝𝑞 − 𝑤𝐿 = 150(64) − 75(64) = 4800 euros.

b. Supposez maintenant que l’entreprise (et elle seule) soit taxée de 30 euros par
unité de produit et que le taux de salaire soit subventionné de 15 € de l’heure.
Supposez aussi que l’entreprise opère sur un marché concurrentiel. Trouvez les
nouvelles quantités de travail et d’output qui maximisent le profit. Quel est le
montant de ce dernier?
Après le paiement de la taxe, l’entreprise reçoit 150 – 30 = 120 euros par unité
de produit. Après réception de la subvention, le coût du facteur est maintenant
de 75 - 15 = 60 euros par unité de travail.
Microéconomie 24

En procédant comme en (a), on obtient :


𝜋 = 𝑅𝑇 − 𝐶𝑇 = 𝑝𝑞 − 𝑤𝐿
𝜋 = 120(8𝐿R.% ) − 60𝐿
𝑑𝜋
= 480(𝐿FR.% ) − 60 = 0
𝑑𝐿
480$
𝐿= = 64
60$

La quantité de travail qui maximise le profit est de 64 et la quantité produite


est donc q = 8(641/2)=64.
Le profit est 𝜋 = 𝑝𝑞 − 𝑤𝐿 = 120(64) − 60(64) = 3840 euros.

c. Au lieu des taxes et subventions précédentes, ce sont maintenant les profits qui
sont taxés de 20%. Mêmes questions qu’au a. dans ce cas.
Ici, le profit après imposition est égal à 80% de la différence entre la recette
totale et le coût total.
En procédant comme en (a), on obtient :
𝜋 = 0.8(𝑅𝑇 − 𝐶𝑇) = 0.8(𝑝𝑞 − 𝑤𝐿)
𝜋 = 0.8(150(8𝐿R.% ) − 75𝐿) = 120(8𝐿R.% ) − 60𝐿
𝑑𝜋
= 480(𝐿FR.% ) − 60 = 0
𝑑𝐿
480$
𝐿= = 64
60$

La quantité de travail qui maximise le profit est de 64 et la quantité produite


est donc q = 8(641/2)=64.
Le profit est 𝜋 = 𝑝𝑞 − 𝑤𝐿 = 120(64) − 60(64) = 3840 euros.
Exercice 9 :

Quentin Tarantino produit des films en utilisant des caméras et des acteurs. La production de
films peut être décrite par la fonction suivante :
$ <
( ) ( )
𝑦 = 𝑓 (𝑥< ; 𝑥$ ) = 9𝑥< 𝑥$\
\

où 𝑥< et 𝑥$ représentent respectivement le nombre d'acteurs employés et le nombre de


caméras utilisées.

1. Après avoir rappelé la définition des rendements d'échelles, indiquez la nature des
rendements d'échelles de Quentin.

Les rendements d’échelles mesurent la variation de la production qui résulte d’une


variation de la quantité utilisée de tous les facteurs, dans les mêmes proportions. Ces
Microéconomie 25

rendements d’échelles sont dits respectivement croissants, décroissants ou constants,


lorsque la production augmente de façon plus que proportionnelle, moins que
proportionnelle ou dans les mêmes proportions que les facteurs de production utilisés.

La nature des rendements d’échelle est déterminée par ce que l’on appelle le degré
d’homogénéité de la fonction de production.

Rappel :

Une fonction 𝑓 est homogène de degré k, si et seulement si :

𝑓(𝜆𝑥< , 𝜆𝑥$ , … , 𝜆𝑥b ) = 𝜆c 𝑓(𝑥< , 𝑥$ , … , 𝑥b )

Dans notre cas,

𝑓(𝜆𝑥< , 𝜆𝑥$ ) = 9(𝜆𝑥< )$/\ (𝜆𝑥$ )</\ = 𝜆< 𝑓(𝑥< , 𝑥$ )

La fonction de production est homogène de dégré 1. Les rendements d’echelle sont


donc constants.

Remarque :

Ici la fonction de production est de type « Cobb-Douglas », c’est-à-dire, de type


𝑓(𝑥< , 𝑥$ ) = A𝑥< d 𝑥$ e . Son degré d’homogénéité est donc égal à la somme de ses
exposants (α + β), avec α = 2/3 et β = 1/3.

2. Après avoir rappelé sa définition, calculez la productivité marginale des acteurs et des
caméras utilisés dans la production de film.

La productivité marginale d’un facteur de production correspond au supplément de


production qui résulte de l’utilisation d’une unité supplémentaire de celui-ci. Elle est
mesurée par la dérivée de la fonction de production en fonction du facteur considéré.

Ici,

hi(gj, gk ) F</\ </\


𝑃𝑚g< = hgj
= 6𝑥< 𝑥$

hi(gj, gk ) $/\ F$/\


𝑃𝑚g$ = hgj
= 3𝑥< 𝑥$

3. Calculez et interprétez économiquement le TMST de 𝑥< à 𝑥$ .

Le TMST du facteur 𝑥< au facteur 𝑥$ mesure la quantité de 𝑥$ à laquelle il faut


renoncer pour garder le même niveau de production, lorsqu’on utilise une unité de 𝑥<
supplémentaire :

F</\ </\
𝑃𝑚g< 6𝑥 𝑥$ 2𝑥$
𝑇𝑀𝑆𝑇g<,g$ = = <$/\ F$/\ =
𝑃𝑚g$ 3𝑥< 𝑥$ 𝑥<
Microéconomie 26

$gk
Il faut donc renoncer à gj
unité de 𝑥$ pour garder le même niveau de production,
lorsqu’on utilise une unité de 𝑥< supplémentaire.

4. Soit 𝑝< et 𝑝$ les prix des facteurs de production 𝑥< et 𝑥$ . Présentez le programme de
minimisation des coûts de Quentin.

min 𝑝< 𝑥< + 𝑝$ 𝑥$


gj ,gk

$/\ </\
𝑠𝑐. 𝑦 = 𝑓(𝑥< ; 𝑥$ ) = 9𝑥< 𝑥$

5. Déterminez les demandes conditionnelles de facteurs pour les acteurs et les caméras.

La fonction de demande conditionnelle d’un facteur de production donne, pour chaque


niveau de prix des facteurs et pour chaque niveau de production, la quantité de celui-ci
permettant de minimiser les coûts.

Pour déterminer cette fonction de demande conditionnelle, pour nos deux facteurs, il
faut commencer par exprimer les quantités optimales de ceux-ci que Quentin choisira,
c’est-à-dire,

𝑃𝑚g< 𝑝<
𝑥<∗ , 𝑥$∗ tel que 𝑇𝑀𝑆𝑇g<,g$ = =
𝑃𝑚g$ 𝑝$

Ici
2𝑥$
𝑇𝑀𝑆𝑇g<,g$ =
𝑥<

On a donc

2𝑥$∗ 𝑝<
𝑥<∗ , 𝑥$∗ tel que =
𝑥<∗ 𝑝$

et

2𝑝$ 𝑥$∗
𝑥<∗ =
𝑝<


𝑝< 𝑥<
𝑥$ =
2𝑝$

En intégrant chaque expression dans la fonction de production on obtient les fonctions


conditionnelles de demande de facteurs suivantes :

Pour obtenir la fonction de demande conditionnelle de 𝑥< , on intègre 𝑥$∗ dans 𝑦 :


Microéconomie 27

$/\ 𝑝< 𝑥< </\


𝑦 = 9𝑥< ( )
2𝑝$

1 2𝑝$ </\
𝑥< = 𝑦 J K
9 𝑝<

Pour obtenir la fonction de demande conditionnelle de 𝑥$ , on intègre 𝑥<∗ dans 𝑦 :

2𝑝$ 𝑥$∗ $/\ </\


𝑦 = 9( ) 𝑥$
𝑝<

1 𝑝< $/\
𝑥$ = 𝑦 J K
9 2𝑝$

6. Pour un prix unitaire des acteurs 𝑝< = 3 et un prix des caméras 𝑝$ = 12, calculez les
quantités optimales d’intrants utilisés par Quentin pour n’importe quel niveau de
production.

Pour trouver les quantités optimales d’inputs avec les informations dont nous
disposons, il suffit de remplacer dans les fonctions de demande conditionnelle le prix
des facteurs de production :

Pour le facteur 𝑥< :

1 2 ∗ 12 </\
𝑥< = 𝑦 J K
9 3

1
⇔ 𝑥< = 𝑦(8)</\
9
2
𝑥< = 𝑦
9

Pour le facteur 𝑥$ :

$/\
1 3
𝑥$ = 𝑦 J K
9 2 ∗ 12

1 1 $/\
⇔ 𝑥$ = 𝑦 J K
9 8
1 1
⇔ 𝑥$ = ∗ 𝑦
9 4
𝟏
⇔ 𝒙𝟐 = 𝒚
𝟑𝟔

7. La maison de production de Quentin lui impose de produire 36 films cette année.


Quelles quantités de caméras et d'acteurs doit-il alors utiliser pour maximiser son
profit ?
Microéconomie 28

Le prix du film et la quantité produite étant donnés à Quentin, la seule variable sur
laquelle ce dernier peut agir pour maximiser son profit est son coût total, à travers le
choix des quantités de facteurs de production. Il va choisir celles qui minimisent son
coût total.

Là encore, il suffit de remplacer les informations dont nous disposons dans les
fonctions de demande conditionnelle :

Pour le facteur 𝑥< :

𝟐 ∗ 𝟑𝟔
𝒙𝟏 = =𝟖
𝟗

Pour le facteur 𝑥$ :

𝟑𝟔
𝒙𝟐 = =𝟏
𝟑𝟔

8. Représentez la situation décrite à la question précédente sur un graphique.

Graphiquement, la résolution du programme de Quentin consiste à trouver la


combinaison de facteurs de production qui se situe au point de tangence entre
l’isoquante correspondant à un niveau de production 𝑦 = 36 et une droite d’isocoût.

9. Suite à une surcharge de travail, Quentin quitte sa maison de production et décide de


se retirer définitivement du cinéma. Martin Scorsese est engagé pour le remplacer.
Soit la fonction de cout total de Martin :

𝐶𝑇(𝑦) = 2𝑦 $ − 4𝑦 + 32

Indiquez l’échelle minimum efficace et le seuil de rentabilité de Martin.


Microéconomie 29

L’échelle minimum efficace correspond au niveau de production qui permet de


minimiser le coût moyen de production.

Il faut donc exprimer le coût moyen en fonction de 𝑦 et trouver le niveau de


h•€
production 𝑦 qui le minimise, c’est-à-dire, 𝑦 tel que h• = 0.

𝐶𝑇(𝑦) 32
𝐶𝑀 = = 2𝑦 − 4 +
𝑦 𝑦

𝜕𝐶𝑀
= 2 − 32/𝑦 $
𝜕𝑦

L’échelle minimum efficace est telle que : 2 − 32/𝑦 $ =0 ⇔ 𝒚 = 𝟒

L’échelle minimum efficace de Martin est de 4 films. Pour ce niveau de production, le


•„(>)
coût moyen est de > =12 euros.

Le seuil de rentabilité correspond au prix qui égalise le minimum du coût moyen,


c’est-à-dire, p=12

10. Déterminez la fonction d'offre de Martin.

La fonction d’offre de Martin lui permet de déterminer la quantité de films produits 𝑦 ∗


maximisant son profit. Cette quantité est telle qu’il égalise son coût marginal au prix
du film.

𝜕𝐶𝑇
𝐶𝑚 = = 4𝑦 − 4
𝜕𝑦

La fonction d’offre de Martin est donc telle que :

𝑝 = 4𝑦 ∗ − 4
Microéconomie 30

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