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Bonjour à tous. Aujourd’hui je vais parler de Sebastian Salgado. Ce photographe brasilien qui
réside maintenant en France, est connu par ces images documentaires qui provoquaient et
continuent à provoquer une réaction forte chez les connaisseurs de la photographie et chez
les gens simples qui sont loin de l’art. La plupart des critiques d’art et des rédacteurs des
éditions caractérisent les œuvres de Salgado comme un exemple remarquable de l’artistique
anthropologie et de la photographie sociale. En effet ses photos montrent très souvent
l’homme dans un état de désastre, de travail dur ou d’une catastrophe, cependant
aujourd’hui je voudrais me concentrer sur une autre perception de ses œuvres, si vous voulez
sur le coté pas évident, mais qui découvre pour nous un entendement plus profond. En
réalité les sujets sociaux de ses projets est un certain aspect extérieur qu’on aperçoit d’abord,
il n’est qu’une forme derrière laquelle se trouve un autre contenu. Ce coté pas évident c’est
un regard mythologique qui remplit les images de Salgado et le développement de ce regard
est venu à exprimer une mythologie nouvelle au niveau du langage visuel.
Je vais illustrer ça par un exemple suivant. Imaginez un terrain où il y a un champ, une rivière
– un lieu que vous aimez, que vous estimez beaucoup. Le soir après une journée chaude vous
allez vous baigner, vous entrez dans la rivière, vous plongez dans l’eau – elle vous donne la
fraicheur attendue, vous entendez un poisson bondir hors de l’eau, le chant des oiseaux, la
stridulation des sauterelles, tout est éclairé par le soleil doux du couchant, le vent porte
l’arôme des herbes – c’est-à-dire vous vous trouvez en dedans d’un écosystème. Puisque
vous n’êtes pas simple observateur mais vous agissez et vous existez en dedans, vous en
faites partie. Mais imaginez qu’après votre baignade en quittant le rivage vous remplissez
une bouteille d’eau de rivière. Juste tout à l’heure vous étiez dans cette eau, vous nagiez là,
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vous vous sentiez son attouchement, son odeur, et maintenant elle se trouve dans une
bouteille. Vous apportez cette bouteille chez vous, la placez sur la table. Où est-il maintenant
cet écosystème dont vous faites partie il n’y a pas longtemps ? C’est l’eau dans la bouteille
qui est l’écosystème ? Non. C’est justement l’eau dans la bouteille. Maintenant il y a vous-
même et il y a un certain objet de votre attention – l’eau dans la bouteille. Qu’est-ce qui a
changé ? C’est votre perception qui s’est changé. Lorsque vous vous sentiez comme une
partie de cet écosystème « la rivière », vous n’étiez pas avec elle en relations « sujet-objet »,
au moins telle perception était affaiblie. Mais en ce moment, lorsque l’eau de rivière est dans
la bouteille sur votre table, elle n’est plus une rivière. Vous avez emporté de cet écosystème
une partie et la partie a cessé d’être le tout. Peut-être vous avez fait cela pour prendre avec
vous quelque souvenir de ce lieu, de vos émotions, mais tout ce que vous avez faite – vous
avez retiré une quantité de la substance. C’est tout écosystème en plénitude qui est le vivant,
et lorsqu’on le sépare en objets ils deviennent pour nous une matière inerte.
Deuxième aspect du paradigme mythologique c’est notre liaison avec la réalité. Lorsque tous
les phénomènes sont perçus comme le vivant, cela engendre notre place en dedans d’un
grand écosystème appelé « le monde ». Grace à notre faculté de la conscience on devient
telle partie de ce système qui prend une fonction d’un intermédiaire, autrement dit celui qui
est capable de découvrir et de passer à travers soi toutes les connexions du système.
Métaphoriquement et par le langage poétique ça peut être exprimé par une histoire d’Adam
qui dans le jardin d’Eden donnait les noms aux animaux.
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Enfin le troisième aspect du paradigme mythologique consiste à une idée de « génesis ».
L’univers et tout l’être ont une genèse. Dans le modèle de conscience mythologique c’est la
création du monde. Évidemment la genèse est aussi une question principale dans les sciences
naturelles, mais là elle ne trouve pas une décision. La physique contemporaine admet comme
la réalité seulement le matérielle. Puisque l’approche scientifique nie le domaine de la
métaphysique et donc une genèse de l’univers se trouve dans la matière c’est dans ce cas
que cette question n’arrive pas à une décision car la matière se crée par elle-même.
Ces photos sont une partie d’un grand projet réalisé par Salgado en 86. C’est une histoire de
la mine d’or brasilienne Serra Pellada. Ici le photographe ne cherche pas à montrer les
relations entre les gens, bien que dans un pareil endroit, où travaillent cinquante mille
personnes en même temps, les relations seront très visibles – de l’amitié jusqu’à l’hostilité
et la haine. Au lieu de cela l’auteur se concentre sur une tâche différente – montrer ces
événements comme une fresque au sujet de l’existence de l’homme où le mythe de Sisyphe
commence à jouer un rôle principal. Ce mythe antique décrit une histoire du roi Sisyphe qui
comme punition pour avoir triché les dieux était éternellement condamné à rouler un
énorme rocher sur une montagne. Dans ce moment quand Sisyphe l’avait traîné jusqu’au
sommet, le rocher tombait inévitablement. Ces gens s’agissant à la mine, ils ne sont pas
esclaves, ce n’est pas le boulot des prisonniers, chacun d’eux sont arrivé librement pour
tenter sa chance à s’enrichir et cependant tous ces gens sont asservis par le désir de l’or.
Voici une des photographies centrales – en quelque sorte une quintessence du projet. Un
homme, son sac aux épaules rempli de terre, sort de la fosse par un escaliers en bois. Tout le
presse : son sac, l’espace bouché sans le ciel, une zone sombre en haut au côté opposant de
la carrière. Même ce fait que le mouvement de l’homme se dirige de droite à gauche lui
donne plus de difficulté, il est presque figé – quelque chose, peut-être l’espace-même de la
carrière, lourd et collant, l’arrête dans son mouvement, et il est resté dans un pas inachevé,
balançant au bord d’un escarpement. Et seulement la main d’inconnu – pas le sauvetage mais
un espoir – apparait presque à la bordure de cadre. Elle semble étrange, même impossible,
d’un ton de terre elle vient de nulle part, mais elle existe. Est-ce que cela n’est pas un mythe
antique vu par l’auteur à notre époque industrielle ? Dans cette vie chacun est dans la
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position de Sisyphe. Indépendamment de notre métier nous tous sont dans notre propre
mine. Déjà avoir élever notre rocher au sommet nous le regardons avec confusion tomber
en bas.
Je vais citer Salgado lui-même : « Lorsque je me suis approché du bord d’une énorme fosse
tous mes cheveux se sont dressés. Je n’ai jamais vu rien de pareil. Devant moi dans quelques
fractions d’une seconde s’est déroulée toute histoire de la civilisation : la construction des
pyramides, le tour Babel, la mine du roi Solomon. Il n’était pas entendu aucun mécanisme,
j’entendais seulement des voix sourdes de cinquante mille d’homme, se trouvant dans cette
fosse. Des conversations, des exclamations, un grommellement mêlés avec des bruits d’une
travail lourde. C’est comme j’ai déplacé au début des temps. Il me semblait d’entendre l’or
chuchotant dans l’âmes de ces hommes ».
Voilà cette photo d’un autre grand projet de Salgado « Les autres Amériques » représente
une femme âgée avec deux enfants. Ils se sont arrêtés au seuil d’un portillon insolite. C’est
une entrée dans un espace spécial, qui semble à ne pas appartenir à ce monde – il se termine
ici. Qui sont-ils – cette femme et deux enfants ? Pourquoi se sont-ils arrêtés à cette frontière
fragile ? Ils semblent venir à quelqu’un qui reste en dehors du cadre, peut-être pour lui
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rappeler quelque chose qu’il a oublié. Ils sont eux-mêmes ce rappel – leurs corps figés contre
le ciel crépusculaire. Dans leurs regards il y a une question adressée à cet inconnu mais peut-
être à nous. Alors la photographie commence à nous raconter quelque chose qui dépasse
des objets visibles, commence à parler de quelque chose cachée, de quelque chose qu’il nous
faut comprendre – comprendre comme une métaphore. On cesse à voir des choses
habituelles – une pente en herbe, une clôture faite des matériaux improvisée, une femme et
des enfants – on commence à deviner un sens. La généralisation apparaissant dans cette
photo est liée surtout avec ce portillon étrange – sans palissade il prend un sens nouveau et
énigmatique. Mais pas seulement cela – aussi l’instant exacte dans lequel est fait ce pris de
vue et l’espace vide du cadre – tout donne cette impression d’une frontière – entre les
mondes et entre les temps.
Voilà dans cette photo du même projet « Les autres Amériques » on voit un homme ivre qui
semble dans en état presque inconscient – ses yeux sont brumeux mais il voit encore quelque
chose. Il est enveloppé dans les peaux d’un lama et filmé en raccourci d’un gros plan, et
derrière lui plus haut des enfants sont debout. Dans un moment tout bascule. On a
l’impression que cet homme il se trouve sous terre, comme si une ligne des peaux noirs c’est
une tranchée archéologique qui dévoile quelque chose secret. Cet homme il est déjà mort,
quoiqu’il existe il est séparé du monde de vivant, il est dans un autre espace, et de haut, du
monde de vivant, les enfants le regardent – ses propre enfants. Quatre adolescents le
regardent avec peur ou ironie. Ils s’appuient sur ce royaume de mort – il n’est pas encore le
temps à aller vers lui, maintenant ils sont à l’autre côté, mais ce royaume est déjà ici, ils sont
reliés par un cordon ombilical invisible mais solide.
Dans les photos de Salgado se présentent souvent ces deux aspects – ils créent la plénitude
du tableau, changent notre propre regard sur les choses habituelles. Cette vision pose devant
nous une question qui dépasse déjà les œuvres de l’auteur. Pourquoi avons-nous besoin
d’une telle vue ? Qu’est-ce qu’il nous donne ? Je ne veux pas dire le regard du photographe-
même qu’on découvre dans ces œuvres. Mais pourquoi cette perception du monde extérieur
dans notre existence ?
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Mais revenons aux œuvres de Sebastian Salgado. L’un des projets les plus importants et qui
est devenu un tournant pour lui, s’appelle « Exodus ». Ce mot latin signifie l’exode et nous
renvoie à une des parties de la Bible. Salgado travaillait sur ce projet pendant six ans en
Afrique, Europe, Moyen et Extrême Orient. Ces photos sont pleines de l’amer, de la
souffrance, de l’horreur – mais aussi c’est une métaphore d’un état de l’homme moderne et
du paradigme de notre civilisation – le résultat inévitable de ces trois tendances dont je viens
de parler : la matérialisation, la rationalité et l’individualisme. On ne peut pas regarder ces
photos sans douleur, mais ce n’est pas leur caractéristique complète : paradoxalement en
démontrant les désastres du génocide ou de la pauvreté, ces photos sont remplies de beauté.
A cause de cela on a beaucoup critiqué Salgado, on lui reprochait l’esthétisation et le
formalisme. Il répondait à ces attaques : « Si dans ces pays où les gens sont en pauvreté la
lumière est moins beau ? Si ces gens-là sont moins dignes ? » Ces mots expriment une idée
importante. Le but de ses projets n’était pas à montrer la souffrance, mais en nous provoquer
la compassion et par cela un entendement de notre destination, si vous voulez – le sens de
notre vie.
Ce travail sur le projet « Exodus » a marqué un tournant dans la vie de Salgado. Il a cessé de
photographier, il a refusé l’œuvre de sa vie, il a démissionné la vocation d’artiste qui
dépeigne ce monde. Voilà comment il a exprimé ça : « Nous sommes des animaux sans pitié
– nous les hommes. Notre histoire c’est une histoire des guerres, c’est une histoire sans fin,
une histoire des répressions, une histoire de la folie. J’en suis revenu sans des restes de la foi
dans le salut de l’humanité. On ne mérite pas de vivre, personne ne mérite pas de vivre ».
Fin de citation.
Cependant l’histoire de Sebastian Salgado n’en pas finit. Depuis quelques années de silence
il est revenu à son art. Ce sont les arbres qui l’ont guéri. Après être arrivé au Brésil à la ferme
de son père, il a trouvé un sol desséché et la forêt atlantique complètement abattue qui était
là-bas à l’époque de son enfance, et alors il a commencé à replanter la forêt. Pendant vingt
ans en créant une fondation intitulée « Institut de Terre » qui a attiré de gros
investissements, il a planté dans la vallée de la rivière deux et demie millions des arbres. Le
terrain s’est transformé. Les oiseux sont revenus dans les forêts, mille types d’animaux. Il est
arrivé une renaissance.
Mais Salgado n’est pas revenu à cette photographie sociale qui l’a rendu célèbre. Il a
commencé à filmer un nouvel projet qui montrait l’homme dans son état initial, non
corrompu par la civilisation. Ce projet s’intitule « Genesis » et cela signifie « l’origine ».