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Hôtel de Hilbert

Le nombre d’éléments d’un ensemble s’appelle le cardinal. Et depuis le XVIIIe siècle,


on utilise ce symbole ∞ pour représenter le cardinal de ℕ : |ℕ|= ∞.
L'histoire de l'Hôtel de M. ROBERT met en évidence le concept fascinant des
paradoxes de l'infini.
Pour continuer, il va falloir se familiariser avec le concept de bijection.

Définition
● Une injection est une application entre deux ensemble dans laquelle chaque
élément de l’ensemble d’arrivée est en correspondance au maximum avec un
seul élément de l’ensemble de départ.
● Une surjection est une application entre deux ensemble dans laquelle chaque
élément de l’ensemble d’arrivée est en correspondance au minimum avec un
élément de l’ensemble de départ.
● Une bijection est une application entre deux ensemble dans laquelle chaque
élément de l’ensemble d’arrivée est en correspondance avec un et un seul
élément de l’ensemble de départ.

Remarque
1. Une bijection est une application qui est à la fois injective et surjective.
2. Dans une bijection, il y a autant d’élément dans l’ensemble de départ que dans
l’ensemble d’arrivée. On peut établir de bijection que si les deux ensemble on
le même cardinal1.

Prenons par exemple l’ensemble des nombres pairs


P et celui des impairs I : Il suffit d’ajouter 1 à chaque
nombre pair pour obtenir chaque nombre impair. Il
existe donc une bijection et donc leurs cardinaux
sont égaux |P|=|I|.
De même avec l’ensemble des nombres pairs P et
l’ensemble des nombres entiers naturel ℕ : En
multipliant chaque entier naturel par 2 on trouve
successivement chaque nombre pair. Il existe alors
une bijection et ainsi leurs cardinaux sont égaux
|P|=|ℕ|.

Pour en revenir à l’histoire, l’hôtel de M.ROBERT qui gère un hôtel avec un nombre
infini de chambres, chacune numérotée par un entier naturel. Lorsqu'un nouveau client
arrive à l'hôtel, M.ROBERT, pour loger tout le monde, demande à chaque personne de
se déplacer dans la chambre suivante. Le client dans la chambre 1 doit aller dans la
chambre 2, celui dans la chambre 2 ira dans la 3, etc. Le client de la chambre n doit
ainsi se rendre dans la chambre n+1. La chambre 0 est donc maintenant libre et le
nouveau client va pouvoir y loger. On va pouvoir donc dire :
|ℕ|+1=|ℕ| ou ∞ + 1 = ∞

1
https://www.youtube.com/watch?v=ItZCRnMJBOs Pour les définitions et les remarques
Mais voilà qu’un bus avec une infinité de personnes
à son bord arrive, M.ROBERT, pour loger tout le
monde, demande à chaque client de se déplacer dans
la chambre qui porte le numéro double de sa chambre
actuelle. Le client de la chambre 1 doit aller dans la 2,
celui de la chambre 2 ira dans la 4, et ainsi de suite.
Le client de la chambre n doit ainsi se rendre dans la
chambre 2n. Les chambres 2n+1 sont donc
maintenant libérés et les clients vont pouvoir si
installé.
On va pouvoir donc dire que |ℕ|+|ℕ|=|ℕ| ou ∞ + ∞ = ∞. Ce qui semble assez
logique ; comment pourrait-on imaginer plus grand que l’infini. Et pourtant Georg
Cantor publie en 1871 un article qui prouve qu’il existe plusieurs infinis différents.
Pour les besoins de sa démonstration, Cantor considère un intervalle de l’ensemble
des réels, ce qui sont compris entre 0 et 1. Si l’ensemble des réels était aussi
nombreux que celui des entiers naturels, on pourrait établir une bijection entre les
deux. Mais ce n’est pas le cas2.

Pour l’illustrer, revenons à notre hôtel, qui s'est complètement vidé. Et c’est un bus
d’un tout autre type qui se présente à M.ROBERT, dans ce bus les passagers sont
infiniment serrés, puisque les passagers sont numérotés non pas par un nombre entier
naturel, mais de tous les nombres réels de l’intervalle ]0;1[. Regardons ce qu’il se
passe quand M.ROBERT essaye de loger tous les passagers : la chambre 0 accueille le
passager ⅓, la chambre 1 accueille π-3, la chambre 2 accueil √2, la chambre 3 accueil
0.5, et ainsi de suite. Et pourtant, même en essayant de loger tout le monde, on se
heurtera à un problème : si on pioche la première décimale du premier client, la
deuxième décimale du deuxième client, la troisième du troisième client, et ainsi de
suite. Avec tous ces chiffres, on compose un nouveau nombre dont on va modifier
chaque chiffre en y ajoutant 1. Le nouveau nombre est donc différent du premier
nombre à cause de sa première décimale, différent du deuxième à cause de sa
deuxième décimal, différent du troisième à cause de sa troisième décimale, etc.
Le nombre que l’on vient d’obtenir est donc différent de tous ceux qui figure dans la
liste des clients logés. Quelle que soit la liste, on peut toujours trouver un nombre réel
qui n’y figure pas.
Il n’y a donc pas de bijection possible entre l’ensemble des réels et des entiers
naturels. Il y a plus de nombres réels dans l’intervalle ]0;1[ que d’entiers naturels.
L’ensemble des réels ℝ et donc plus grand que celui des entiers naturels ℕ ou
|ℝ|>|ℕ|3.

2
https://youtu.be/N_cDA6tF-40
3
https://youtu.be/o79bss3Hc60

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