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incommensurables
par Buddhagupta
Se concentrer sur les êtres innombrables entraîne des accumulations, des qualités et
une sagesse primordiale incommensurables.
Fils de noble famille, les êtres qui vivent dans un espace de la taille d’une roue
de char, visibles à un Tathāgata, sont extrêmement nombreux. Mais les dieux
et humains peuplant les systèmes de mondes des milliards d’univers ne sont
pas ainsi : les domaines de ces êtres imperceptibles sont innombrables.
Comme ces innombrables domaines ne peuvent être appréhendés, on dit que les
êtres sont innombrables.
Vous vous demandez peut-être comment vous concentrer et méditer sur les êtres
innombrables lorsque vous cultivez les incommensurables.
Tous les êtres des trois mondes tournent en rond depuis des temps sans
commencement, séjournant tantôt dans les plus hautes sphères, tantôt dans les bas-
fonds, sous l’influence de leur karma individuel. Puisqu’il n’y en a pas un seul qui, au
cours de cette errance, n’a pas compté parmi nos proches des centaines, voire des
milliers de fois, dites-vous : « ce sont mes êtres chers! » Puis, demeurez dans
l’équanimité, en étendant les quatre incommensurables à tous les êtres. C’est ce que
l’on appelle se concentrer sur les êtres innombrables.
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Fils de noble famille, faire une offrande à celui qui médite sur le samādhi de
l’amour bienveillant et qui ne s’est toujours pas levé de son siège, crée
d’incommensurables mérites.
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L’amour bienveillant
Au stade de la « conduite dévouée », un bodhisattva fait l’expérience des « quatre
facteurs d’analyse définitive » : l’atteinte de l’apparence, l’amélioration de
l’apparence, l’engagement exclusif dans la signification de l’ainsité, et le samādhi
ininterrompu. Pour les bodhisattva qui font l’expérience de ces quatre facteurs
d’analyse définitive, les dieux, les humains, les preta et autres, de même que les
mondes des êtres des enfers, sont tous directement perceptibles à leurs facultés
accrues. Quand ils voient ces dieux, ces humains et ces autres êtres, y compris ceux
des mondes inférieurs dont la nature même est la souffrance, les bodhisattva
ressentent une compassion particulièrement poignante à leur égard. En même temps,
ils se rendent compte que ces êtres tournent en rond dans le saṃsāra depuis des
temps sans commencement, et que par conséquent, tous ces êtres sans exception ont
été leurs proches. Ils ressentent alors un grand amour envers tout un chacun, avec
autant de bienveillance que s’il s’agissait de leurs propres enfants. Ils aspirent à ce
que tous les êtres soient libérés de la souffrance et ne connaissent que le bonheur, et
ils agissent dans leur intérêt à tous. C’est ce qu’on appelle l’amour bienveillant tourné
vers les êtres sensibles.
Mais comment les personnes ordinaires, peu familières avec cette approche, doivent-
elles aborder l’entraînement ? Voici les étapes à suivre pour méditer sur l’amour
tourné vers les êtres quand on est débutant.
Les êtres sont de trois sortes : 1) ceux que l’on chérit ; 2) ceux qui nous indiffèrent ; 3)
ceux qui nous déplaisent. Les premiers peuvent être à leur tour divisés en trois, selon
l’intensité de ce que l’on ressent : grande, moyenne, légère. De même, on peut diviser
en trois sous-groupes ceux qui nous laissent de marbre et ceux qui nous rebutent,
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pour un total de neuf catégories.
De cette façon, nous pouvons nous entraîner à nous concentrer sur tous les êtres,
qui, depuis des temps sans commencement, nous ont été chers et ont même été nos
propres parents. Ainsi, même si nous ne pensons d’abord qu’aux membres de notre
famille actuelle, nous pouvons graduellement étendre notre pratique jusqu’à ce
qu’elle ne connaisse aucune limite.
La compassion
La compassion inspirée par les êtres qui souffrent est le désir compatissant de chasser
la souffrance de tous les êtres, qui sont tourmentés par les trois souffrances (la
souffrance de la souffrance et les autres) ou les huit souffrances (celle de la naissance
et ainsi de suite).
La compassion inspirée par les êtres qui agissent mal est le désir compatissant de
remédier à toutes les mauvaises actions des êtres dont la conduite n’est pas
vertueuse, puisqu’elles sont la cause ou la racine des souffrances dont nous venons
de parler.
La compassion inspirée par les êtres qui ne sont pas complètement libérés parce que les
conditions nécessaires leur font défaut est dirigée vers ceux qui ne peuvent entendre le
Dharma, faute d’avoir un enseignant spirituel. Comme il est dit dans un tantra, «
ceux qui ne suivent pas un enseignant, qui n’entendent pas le Dharma, et qui ne sont
pas libérés, le sont par la compassion. »
La joie empathique
La joie empathique consiste à se réjouir des différentes richesses que possèdent les
êtres : les richesses matérielles, le Dharma, et le bonheur.
La joie empathique axée sur les parfaites accumulations est la joie que nous ressentons
envers nos propres vastes récoltes de mérites.
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La joie empathique axée sur la saveur du Dharma sacré est celle que l’on ressent quand
nous (et les autres) goûtons au Dharma par l’écoute, la contemplation et la
méditation.
L’équanimité
Ceux qui agissent pour le bien des êtres sensibles devraient avoir une attitude
équitable envers les chanceux et les malheureux. Au lieu de faire une discrimination,
en œuvrant uniquement au bien des privilégiés et en faisant fi des infortunés, nous
devrions agir au bénéfice des uns et des autres, à parts égales.
Même si quelqu’un qui vous attire enduisait votre corps de parfum, de santal et ainsi
de suite, vous caressait et vous traitait avec admiration et déférence, vous ne devez
pas jubiler ou vous attacher à de tels plaisirs. À l’inverse, même si un ennemi vous
malmenait et vous frappait violemment, ne vous laissez pas envahir par la colère.
Sans vous concentrer sur la souffrance, accueillez avec joie la douleur subie. C’est ce
que l’on appelle l’équanimité libre du bonheur et du chagrin devant le plaisir et la
douleur.
SI un ami chantait votre éloge avec des mots doux, en vous couvrant de compliments,
vous ne devriez pas être transporté ou vous croire plus important qu’autrui. À
l’inverse, si un ennemi révélait au grand jour vos défauts, vous ne devriez pas être
peiné ou déprimé. C’est ce que l’on appelle l’équanimité libre du bonheur et du
chagrin devant la louange et la critique.
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mes qualités ! » C’est ce que l’on appelle l’équanimité libre du bonheur et du chagrin
devant la reconnaissance et la méconnaissance de nos qualités.
Ceci conclut Un commentaire détaillé sur les quatre incommensurables composé par
Buddhagupta.
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ISSN 2753-4812
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