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LE FLAMBEAU

DU SENS ULTIME

Djamgoeun Kontrul

Version sommairement révisée sur la base du tibétain et de la précédente traduction de Judith


Hanson en 1980

13 août 2001
INVOCATION

Au trois Marpa, Mila et Dagpo, qui sont à l’origine d’une lignée d’une centaine
de siddhas,
Au Glorieux Kagyupa, Tusoum Khyenpa, qui reçut d’eux la transmission orale,
A Vadiradhara, détenteur du Rosaire d’Or des "Joyaux qui exaucent les
souhaits",
Au puissant Padma Nyndjé, je rends hommage (1)
Parfait Bouddha tout à fait excellent
Nous ayant pris en charge, en cette vie et au-delà
Accordez-moi, ainsi qu’à tout être vivant,
La grâce de réaliser le mode d’être des phénomènes.

LES QUATRE PRATIQUES PRELIMINAIRES COMMUNES

Dans ce chapitre d’entrée en matière, sont présentées quatre observations


fondamentales dans la pensée bouddhiste. Ce sont les « quatre idées qui tournent
l’esprit vers la religion ». Nous sommes encouragés à les méditer - à réfléchir à leur
signification et à la façon dont elles affectent notre vie. Cette pratique contemplative
est appelée les « Quatre Préliminaires Communs ». Il est présumé qu’une fois que
nous avons tout à fait intériorisé ces pensées, notre esprit se détourne des
préoccupations mondaines à court terme et s’oriente vers celles (à long terme) de la
religion, ce qui nous fournit une base pour un engagement toujours plus profond dans
la pratique du Dharma. Voici ces quatre pensées :
1. « Le précieux corps humain », qui donne une juste appréciation de la valeur unique
de l’existence humaine. L’existence humaine est unique car les facultés physiques,
verbales et mentales d’un être humain sont exceptionnelles et le nantissent de qualités
uniques pour choisir et suivre une action constructive. La naissance humaine a de la
valeur parce que l’état de Bouddha - existence illuminée dotée d’une valeur ultime -
peut être apprécié et réalisé plus facilement par un être humain que par n’importe quel
autre.
Ces idées sont présentées en opposant tout d’abord les capacités humaines à celles
moins fortunées (« les huit états défavorables ») ; notre propre situation idéale est
alors comparée à celle d’autres êtres de condition humaine mais assujettis à certaines
conditions déshumanisantes (« les seize conditions défavorables »). Les bienfaits
spéciaux (« les dix bénédictions ») et les responsabilités inhérentes à l’existence
humaine sont ensuite envisagés.
2. « L’impermanence » nous confronte à l’imminence de la mort et au simple fait que
nos espoirs de faire durer nos jouissances actuelles au-delà du moment présent sont
sans fondement. Nous sommes exhortés à utiliser notre crainte de la mort comme
motivation pour notre pratique du Dharma. La religion n’est pas présentée comme
échappatoire à la mort, mais comme antidote aux expériences effrayantes qui,
habituellement, précèdent, accompagnent et suivent la mort.
3. « L’action, la cause et les effets ». Selon la doctrine bouddhique du karma, une
« action » est tout ce que l’on fait, dit ou pense. Une « cause » est l’émotion ou
l’intention qui motive un acte, un « effet » est une expérience qui provient d’un acte et
de son intention. Les effets sont rarement vécus avant la vie suivante ou même
beaucoup plus tard.

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On considère que les actes ont un effet cumulatif, et chaque individu « transporte »
son accumulation particulière de vie en vie. Cette accumulation explique que l’on
demeure dans l’existence cyclique, le samsara. Le samsara persiste jusqu’à ce que
nous ayons expérimenté toutes les conséquences de nos actes et cessé d’en créer de
nouvelles.
On groupe les actes en deux classes principales selon la nature de leurs motivations
et de leurs résultats. Ils ne sont pas considérés comme bons ou mauvais de par leur
valeur intrinsèque. Les actes « samsariques » sont ceux motivés par l’ignorance et par
les émotions perturbatrices (tib: nyon-mongs-pa ; skt : klesha) qu’engendre
l’ignorance. Le type de renaissance particulier que nous subissons dépend de la
qualité plutôt « saine » ou « malsaine » de nos actions antérieures. Les actes
« neutres » ont des résultats négligeables. Les actes peuvent être également qualifiés
de « méritoires » ou de « non-méritoires » selon qu’ils conduisent à une existence
samsarique supérieure ou inférieure.
L’autre catégorie principale d’actes, les « actes qui mènent à la Libération », consiste
en actions saines dont la motivation est le désir de se libérer du samsara. bien que
des actes salutaires résulte une certaine félicité, le bonheur samsarique n’est pas
d’une grande valeur, car trop fragile. Seule la Libération offre un bonheur durable.
La façon dont Kontrul Rimpoché traite la doctrine du karma vise à nous convaincre
d’éviter les actions nuisibles et de cultiver celles qui sont salutaires. Bien que la
pratique religieuse finisse par détruire les « racines » émotionnelles de l’acte
samsarique, le simple contrôle du comportement est considéré comme un bon début.
4. « La structure défectueuse du samsara » nous conforte dans la conviction
croissante que la Libération est le seul but valable. L’existence samsarique est
dévalorisée systématiquement. On découvre que tous ses aspects sont emplis de
souffrance et dépourvus de satisfaction durable. Même le monde humain, exalté
auparavant comme le plus richement pourvu, est présenté comme celui qui contient la
plus grande variété de souffrances.

PROLOGUE
Chacun de nous a obtenu un corps humain. La condition nécessaire pour
s’engager sur la voie du Dharma est de tourner notre pensée vers le Dharma
(2). Dans ce but, nous devons avoir une profonde confiance et foi fondée sur la
compréhension des qualités des 3 Joyaux (3). Outre cette confiance, nous
devons être motivés par la méditation sur l’impermanence. Si nous ne prenons
pas en considération la mort et l’impermanence, une base solide ne pourra pas
se développer. L’impermanence se développe en s’appuyant sur une pleine
connaissance de la rareté (de cette existence humaine avec ses) possibilités et
ses bénédictions, c’est la base des quatre pratiques préliminaires communes.

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I. LE PRECIEUX CORPS HUMAIN

LES HUIT CONDITIONS DEFAVORABLES D’EXISTENCE, EN LESQUELLES LES


INDIVIDUS SONT DESAVANTAGES.

Méditez tout d’abord ainsi : considérez les avantages de cette rare existence
humaine pourvue des huit libertés et des dix richesses, plus précieuse qu’un
joyau qui exauce les souhaits ! Réfléchir pourquoi il est si difficile à trouver :
1. Les êtres dans les états infernaux souffrent de la chaleur et du froid sans le
moindre répit.
2. Les esprits avides sont tourmentés par la faim et la soif.
3. Les animaux sont stupides et d’esprit opaque, incapables d’une quelconque
compréhension ni connaissance.
4. Les barbares, nés dans ces nombreux pays voisins que n’a pas touchés le
Dharma (ils sont beaucoup plus nombreux que les pays bouddhistes), n’ont
jamais entendu le mot dharma.
5. Les dieux de longue vie, qui demeurent dans les sphères du Désir, de la
Forme ou du Sans Forme, sont distraits par leur amour des plaisirs mondains
et du samadhi, et n’ont pas d’intérêt pour le Dharma (4).
6. Les hétérodoxes et ceux qui ont le dégoût naturel pour le Dharma,
professent des idées fausses.
7. Pour ceux qui naissent dans un âge sombre dans lequel aucun Bouddha
n’est apparu et où les attributs des Trois Joyaux n ont aucun renom, le monde
est un lieu de désolation.
8. Les sourds et les débiles ne tournent pas leurs pensées vers le Dharma.
Aucun de ces êtres n’est assez fortune pour pratiquer le Dharma. Tous sont
tourmentes par leurs actes passés. C’est ce que l’on entend par « ne pas avoir
le loisir ni l’occasion (de pratiquer) ».
Vous qui n’êtes né dans aucun des huit états défavorables en lesquels les
individus (5) sont désavantagés, vous détenez les huit sortes de chance.
Cependant, bien que vous ayez obtenu un corps humain capable de pratiquer
le Dharma, pour que votre pratique soit efficace, il faut d’abord que vous soyez
libre des seize conditions défavorables.

LES SEIZE CONDITIONS DEFAVORABLES

Huit conditions défavorables dues aux circonstances actuelles

(1) Parce que le poison des cinq émotions (6) est extrêmement puissant,
l’individu est perturbé mentalement, (2) sous l’influence de compagnons qui le
corrompent, (3) de vues et de pratiques fausses, ou encore (4) sujets à une
paresse extrême. (5) En raison d’actes nuisibles antérieurs, un flot d’obstacles
arrive maintenant. (6)- L’individu tombe sous la dépendance d’autrui en tant
qu’esclave ou serviteur, (7) entre dans le Dharma pour des motifs non religieux,
tels la peur de la mort, le manque de ressources régulières en nourriture et en

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vêtements, ou (8) s’est engage dans le Dharma sans sincérité, par intérêt pour
le profit et la renommée.

Huit conditions défavorables de l’esprit qui n’est pas un réceptacle pour


le Dharma

(1) L’individu éprouve de grands désirs, il est très attaché à son corps, à sa
richesse, etc. (2) Comme son caractère est extrêmement grossier, tous ses
actes sont médiocres. (3) Le maître expose-t-il longuement les souffrances des
mondes inférieurs (7) qu’il n’éprouve pas de crainte. (4) Le maître expose-t-il
les bienfaits de la Libération qu’il n’a pas foi en elle. (5) Sa nature se complet
dans l’action négative. (6) Il est autant enclin à pratiquer le Dharma qu’un chien
à manger de l’herbe. (7) Il endommage la « racine » de son vœu de
Bodhisattva et de ses autres vœux (8). (8) Il brise ses engagements sacrés (9)
envers son Lama et ses compagnons du Dharma.
Si vous aviez été soumis à ces seize conditions défavorables, le Dharma ne se
développe pas dans le courant de notre être. Puisque cela vous aurait pousse
à agir de façon à renaître dans les mondes inférieurs, réjouissez-vous d’être
libres de ces conditions défavorables et apprenez a vous en préserver à
l’avenir.

LES DIX BENEDICTIONS DU PRECIEUX CORPS HUMAIN

Les cinq richesses personnelles

(1) Nous avons obtenu un corps humain qui n’est assujetti à aucun des huit
états défavorables. (2) Nous sommes nés dans un pays où le Dharma est
répandu. (3) Comme nos yeux et nos autres organes sensoriels sont intacts,
nous pouvons comprendre tout ce qui est enseigné. (4) Nous ne sommes pas
mêlés aux hérétiques, nous sommes engagés sur la voie du Bouddha, nous
n’avons pas commis les 5 incommensurables. (5) Nous avons une profonde
confiance en les Trois Joyaux.

Les cinq richesses extérieures

(1) Bien que la formation et la dissolution périodiques et fréquentes des


nombreux mondes de cet univers rendent difficile l’apparition d’un Bouddha, le
Bouddha Shakyamouni est apparu en notre ère ! (2) Bien que soient venus les
Pratyékabouddhas (10) et d’autres maîtres qui ne prêchaient pas le Dharma,
maintenant cet excellent maître enseigne le Saint Dharma, dans sa profondeur
et son ampleur. (3) La doctrine du Bouddha n’a pas décliné, mais elle persiste.
(4) Elle a de nombreux disciples. (5) Des personnes bienveillantes donnent
nourriture, véhéments et autres denrées nécessaires au maintien des
conditions favorables pour la pratique religieuse, à ceux qui, observant les
vicissitudes de la vieillesse, de la maladie, etc., ont pris la détermination de
quitter le samsara. Ceux qui pratiquent le Dharma ne sont donc pas indigents.

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POURQUOI LE CORPS HUMAIN EST PRECIEUX

Il est difficile à obtenir

Tous les êtres sensibles ont une tendance naturelle à commettre des actes
nuisibles (11) ; très peu agissent de façon bénéfique. Même parmi le petit
nombre qui le fait, la capacité d’une conduite éthique, telle que le requiert
l’acquisition d’un corps humain, est très peu fréquente. Il en résulte que les
êtres des trois classes inférieures sont aussi nombreux que les grains de
poussière sur la terre, alors que les dieux et êtres humains sont extrêmement
rares.
De plus, un corps humain qui vit selon le Dharma est très difficile à obtenir ! Il
est impossible de compter tous les insectes qui vivent sous un rocher ; mais il
est possible de compter tous les hommes qui vivent dans tout un empire! Si
peu d’êtres humains pratiquent le Dharma! Parmi eux, ceux qui le pratiquent
d’une façon correcte sont aussi rares que les ‘étoiles qui brillent en plein jour.

Il est facile à perdre

Ce corps est menacé par de nombreuses circonstances qui peuvent lui être
fatales, telles le feu, l’inondation, le poison, les armes, les influences
planétaires néfastes, la foudre, les précipices, etc. - cependant nous ne savons
jamais quand elles vont arriver ! Peu de conditions sont favorables à la survie.
Comme la seule différence entre la vie et la mort est l’expiration ou l’inspiration
d’un seul souffle rauque, ce corps est plus facilement détruit qu’une bulle d’eau.
Nous ne retrouverons plus jamais un précieux corps humain tel que celui-ci. Ne
le laissez pas se gâcher ! Si vous aviez un corps d’animal, les moyens de
réaliser l’Illumination seraient hors de votre portée. Vous ne sauriez pas réciter
un seul « Mani » (12), mais vous auriez la capacité d’accomplir le genre d’actes
qui mène à la renaissance dans les mondes inférieurs.

Grandeur de sa finalité

Grâce à ce corps humain nous avons la possibilité de réaliser totalement l’état


de Bouddha : ceci est un objectif élevé. Jusqu’à maintenant, nous ne lui avons
pas accordé une grande valeur, mais l’avons gaspillé en vain. Les hommes
mondains, soucieux de leur bien-être, peuvent supporter les difficultés qu’ils
rencontrent dans les affaires et autres. Mais lorsque nous rencontrons des
difficultés dans notre lutte pour atteindre le but ultime de la vie - la Libération -
nous manquons complètement d’énergie. Nous sommes dégénérés, dissipés
et trompés par Mara (13). A partir de ce jour, méditez de façon répétée sur la
pensée, « Je dois me consacrer exclusivement à la pratique de la religion ! Je
dois donner un sens à cette vie ! ».
D’une façon générale, quelqu’un qui continue un travail commencé est appelé
« porteur-de-karma ». Il y a une continuité de sa pratique du Dharma dans sa

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vie précédente. Il est enclin maintenant à placer sa confiance en le Dharma et
le Lama et à étudier. Ceci est le signe du réveil d’un karma positif ».
Mais celui qui agit de façon nuisible en cette vie, en renaissant, sera
« emporté » dans les mondes inférieurs, non vers un corps humain, comme
continuité du karma de cette vie
Extrait du Kshitigarbha Soutra (14):
Il existe dix sortes d’êtres samsariques pour lesquels une véritable naissance
humaine est difficile à obtenir. Qui sont-ils ? Ce sont : (1) ceux qui n’ont pas
cultivé les sources de l’action saine (15) ; (2) ceux qui n’ont pas accumulé le
mérite nécessaire ; (3) ceux qui suivent l’exemple de compagnons qui les
corrompent ; (4) ceux dont les ‘émotions perturbatrices persistent ; (5) ceux qui
ne redoutent pas de souffrir dans les vies futures ; (6) ceux qui sont troubles
par des émotions perturbatrices ; (7) ceux qui sont paresseux, distraits et
oublieux de la pratique du Dharma ; (8) ceux qui adoptent la doctrine du
Bouddha sans la mettre en pratique ; (9) ceux qui adhérent à des vues fausses,
ou (10) qui les soutiennent tout à fait, fermement attaché.
Faites attention à tout ceci !
Ce corps humain est d’une grande importance: sans parler de mépriser les
autres en disant: je suis le plus grand, je suis érudit, je suis noble, saint.
Etant donné que tous les êtres vivants possèdent la potentialité de l’état de
Bouddha (16), c’est faire erreur que de mépriser même le plus petit insecte.
Il est dit que lorsque la tendance à condamner les autres est arrivée à pleine
maturité, en cette vie, vous perdrez ce que vous chérissez.
Dans la vie prochaine, vous renaîtrez soit parmi les esprits avides, soit en tant
qu’être humain réduit à l’esclavage.
En particulier, puisqu’aux êtres ordinaires (tels que nous-mêmes) il manque les
connaissances suprasensorielles (17) (des êtres spirituellement avancés), nous
ne savons pas qui peut être un Arhat, qui peut être un Bodhisattva, ni comment
de tels êtres peuvent enseigner le Dharma, ni quelles méthodes spéciales ils
peuvent utiliser pour aider les êtres sensibles.
Etant vous-mêmes ignorants, ne jugez pas les autres ! Puisqu’il est dit que
celui qui méprise un Bodhisattva souffrira les supplices de l’enfer durant de
nombreux kalpas, ne négligez pas la gravité de la moindre plaisanterie
désagréable aux dépens d’autrui.
Les personnes dont la foi vacille, dont l’intuition est limitée, qui sont
aisément détournées du droit chemin par leurs compagnons et qui ont peur des
enseignements profonds, progresseront graduellement, guidées sur la voie
progressive, menées pas à pas par un Lama aux méthodes habiles. Avant de
pouvoir être instruites en la « vue » et la « méditation » (18) elles doivent
parachever et intégrer les Deux Accumulations (19).
Par contre les personnes capables d’une Illumination instantanée - dont la
sagesse est vaste, et grande la compassion, qui sont emplies d’une foi et d’une
dévotion inflexibles, dépourvues de désir et d’attachement, qui ne pensent
qu’au Dharma et trouvent un plaisir particulier dans les doctrines profondes - de
telles personnes ont simplement besoin d’un enseignement qui introduise
immédiatement à la nature ultime de la réalité, et peuvent se dispenser des
visualisations et autres pratiques employées dans la « voie des moyens » (20).
Fin de la parenthèse.

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II. L’IMPERMANENCE

En ce qui concerne la méditation sur l’impermanence, il y a cinq vers racines


provenant de la tradition Kadampa.

1. Penser que rien ne dure, que tout change.

Le monde extérieur est d’abord créé, puis il persiste et finalement il est détruit
par le feu et l’eau et il n’en subsiste pas même un atome de poussière.
L’an dernier, cette année, hier, aujourd’hui, les mois et les années passent très
vite.
Tous les êtres vivants sont également impermanents.
Moi-même quand j’étais un bébé, j’avais un certain aspect; puis enfant j’en ai
eu un autre, ensuite adolescent un autre encore et maintenant à l’âge mûr je
suis comme çà.
En ce qui concerne la mort, entraînez-vous en réfléchissant que chaque jour,
chaque mois qui passent nous rapproche de plus en plus du terme.

2. Penser que beaucoup d’autres sont morts

Parmi ceux qui sont plus âgées, plus jeunes ou du même âge que vous, en se
rappelant ceux qui sont déjà morts à ce jour, ils sont beaucoup plus nombreux
que ceux qui sont encore en vie.
Tiens, celui-ci est mort, tiens, celui-là aussi n’est plus que poussière et il n’y a
pas plus d’une poignée qui meurent de vieillesse.
La plupart, sans même s’en rendre compte, ni être conscients, ils ont été
emportés brutalement. Bien que heureux et insouciants, ils sont tout de même
partis.
Parmi ceux qui ne sont pas morts, ceux qui étaient élevés sont tombés, ceux
qui étaient en bas se sont élevés, les pauvres sont devenus riches, les riches
pauvres, etc.
Quoi que nous voyions, quoi que nous entendions, puisque rien n’échappe à
cette seule impermanence, quand cela nous arrivera-t-il à nous même?
Mais dites-vous bien que cela vous arrivera un jour!
Entraînez-vous à réfléchir sur le fait qu’ayant un peu de temps maintenant, il
faut absolument s’appliquer au saint dharma avec diligence.

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3. réfléchir sans cesse aux nombreuses causes de mort.

Comme il y a de nombreuses causes de mort - telles que chutes, les accidents,


la foudre, les crises, les obstructions intestinales, et autres - nous ne savons ni
comment ni quand cela nous nous arrivera.
Mais tant que nous avons du karma, cela nous arrivera inéluctablement. Nous
ne savons pas non plus dans quelles circonstances notre mort surviendra. Cela
peut provenir de notre nourriture, de nos biens, de nos vêtements, de nos amis,
de nos serviteurs, etc.
Puisque le moment de la mort est incertain, entraînez-vous énergiquement à
réfléchir à ce que vous deviendrez après la mort.
Le Bodhisattva-pitaka « la Corbeille des Bodhisattvas » décrit les neuf causes
de mort subite :
1 - consommer une nourriture non appropriée
2 - manger encore bien qu’étant rassasié
3 - manger avant d’avoir digéré le repas précédent
4 - se retenir d’aller à la selle
5 - ne pas écouter le docteur ou l’infirmier quand on est malade
6 - être frappé par un démon virulent
7 - prendre des émétiques à mauvais escient
8 - faire des efforts physiques violents de façon inconsidérée
9 - s’adonner à l’activité sexuelle sans retenue.
Donc, Soyez attentif!

4. Entraînez-vous à réfléchir à ce qui se passera au moment de la mort

La mort n’étant ni désirée ni souhaitée, elle arrive toujours à un moment


inopportun, telle une fatalité. Pour celui qui a fait le mal, en ayant commis dans
sa vie des actions négatives, au moment de la mort, l’agonie est insupportable
et particulièrement la sensation de perdre la vie est cause de terreur. De
nombreuses hallucinations trompeuses s’élèvent; parce que nous n’avons plus
le contrôle de l’esprit et du corps, tout ce qui s’élève dans l’esprit est démesuré.
Une disposition d’esprit non vertueuse, même bénigne, par la force de l’esprit
du moment de la mort conduit sans aucun doute à une renaissance inférieure.
Puisque cela dépend donc de notre entraînement actuel, exercez-vous au
dharma dès maintenant.
Même la puissance spirituelle des Bouddhas ne peut empêcher une vie de
s’épuiser, alors que dire de l’efficacité des « pratiques destinées à prolonger la
vie » telles que les divinations, les rituels, les médecines, les examens, les
accumulations d’offrandes de biens et de nourriture.
Puisque la mort est inévitable, si vous voulez être sans regret à ce moment là,
employez-vous dès maintenant

5. Réfléchir à ce qui se passe après la mort

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Après la mort, quand bien même vous seriez un monarque universel, vous ne
pourrait emporter avec vous pas même une seule bouchée de nourriture, ou un
morceau de vêtement, ou un peu de vos biens; vous ne pourrez pas être
accompagné ne serait-ce que du dernier de vos serviteurs.
Votre cadavre sera enveloppé dans un suaire et attaché avec des cordes. Sa
vue provoquera la nausée chez tous et après quelques jours, il n’en restera
plus rien.
L’esprit impuissant sera emporté comme une plume au vent. Il sera à la dérive
dans le passage dangereux de bardo terrifiant.
Il errera sans but dans l’autre monde vers une destination inconnue. Suivant
ses actions positives et négatives, il n’y a aucun moyen de se défaire du mal
qui a été accompli.
Même si le saint dharma et la vertu sont utiles, si vous ne vous exercez pas
maintenant avec vigilance, à ce moment (de la mort) il n’y aura personne pour
vous le prêter ou vous les donner.
Méditez ainsi.
En bref, dès maintenant, il est absolument indispensable de pratiquer le
dharma et ce dharma ne doit pas être simplement laisser en l’état. il doit être
intégré et pour être intégrer, il faut méditer. Lorsque vous aurez ainsi obtenu la
stabilité, au moment de la mort vous serez satisfait et tous les autres parleront
de vous comme d’un pratiquant pur et vous serez un objet de vénération.
Voilà ce qui est nécessaire!
Un tel est mort, c’est affreux!
Lorsque cela arrive quelque part, tout le monde dit: « lama pensez à lui (priez
pour lui) » sans vous rendre compte que cela peut aussi vous arriver
rapidement.
Bien que nous sachions que nous devons mourir un jour, nous ne nous
pensons pas mortel immédiatement. Nous savons que le moment de la mort
est incertain mais nous ne l’avons pas intégré. Lorsque nous sommes
confronté à des situations adverses, nos sommes trompés par une vision
mondaine et nous nous engageons dans toutes sortes de comportements
contraire au dharma;
Puisque tout ceci est vain et maintenant que la moitié de notre vie est écoulée,
le seigneur de la mort est à notre porte, il faut se rendre compte que tout est
déjà quasiment fini, disons-nous qu’il faut se détacher sans plus attendre des
nourritures, possessions, biens, vêtements, réputations et canalisons nos
corps, parole, esprit dans la voie du dharma.
Ceux qui meurt dans l’oisiveté ou bien ceux dont l’esprit est préoccupé par le
passé et le futur, ceux-là à quoi pensent-ils?
Disons nous, quel dommage qu’ils n’aient pas peur de la mort.
Ayons toujours conscience de l’urgence et de l’éphémère.

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III. LA LOI DE CAUSALITE

La loi des « actes, causes et effets » contient le message fondamental de la


collection illimitée des enseignements du Bouddha ; elle est donc extrêmement
profonde et vaste. Seule une personne qui a atteint la réalisation de « l’unique
saveur » (27), aura élucidé ses doutes sur la loi des actes, causes et effets.
Les gens ordinaires ne la comprennent pas véritablement. Mais d’une manière
générale voici ce qui résume tout : une action vertueuse produit un résultat
agréable, une action néfaste produit un résultat désagréable.
Nous discuterons d’abord des causes et des effets du samsara, puis des
causes et des effets de la Libération.

LES ACTIONS QUI MENENT AU SAMSARA

L’accumulation des actions négatives est la racine de la souffrance dans le


samsara. Les émotions perturbatrices sont à l’origine des actions négatives.
L’ignorance à cause de laquelle une personne se chérit elle-même est
responsable des émotions perturbatrices. L’opacité mentale est l’origine de
l’ignorance et de toute ‘émotion perturbatrice. En raison de l’opacité mentale,
nous ne savons d’où vient le samsara, ce qu’est sa nature, quelles sortes
d’actes, de causes et de résultats sont bénéfiques, lesquelles sont nuisibles,
etc : nous sommes dans l’obscurité.
Si le maître, par exemple, explique (la nature de la réalité), il se peut que, après
avoir écouté ce qu’il dit et y avoir réfléchi à ce sujet, nous arrivions a une
compréhension conceptuelle. Néanmoins, tout comme il arrive que nous
laissions notre imagination rêver d’un pays que nous n’avons jamais visité,
quand nous appliquons des conceptualisations à (la réalité ultime), qui n’est
pas une « chose » (28), nous jouons simplement avec des concepts.
Par ce même processus, nous appliquons le terme de « soi » à ce qui n’est pas
(un soi solide et séparé) et nous nous attachons alors à ce « soi ». Sur ces
bases, le doute sur la réalité ultime (29) et bien d’autres attitudes faussées
apparaissent.
L’attachement à tout ce qui soutient le « soi », comme le corps, la richesse, etc,
et, par conséquent, l’orgueil, la jalousie et l’avidité grandissent alors. L’aversion
envers ce qui est « autre », et par conséquent, la colère violente, la malice et
autres émotions apparaissent.
Si nous sommes libres des trois poisons des émotions (l’opacité mentale,
l’attachement et l’aversion), nos actes n’accumuleront pas (de résultats
karmiques). Comme il n’est pas de résultats sans actions, nous devons faire
notre possible pour arracher ces trois racines de l’errance dans le samsara.
Pour résumer ce point de « l’action qui mène au samsara » l’action néfaste,
détaillée dans les « dix actes néfastes », mène à la renaissance dans les
mondes inférieurs ; l’action vertueuse, comprenant la générosité et autres, si
elle n’est pas motivée par le désir de réaliser le nirvana, mène à la renaissance
dans les mondes supérieurs en tant que dieu ou ‘être humain.

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L’action stagnante (30), comme le samadhi auquel on s’attache, mène à la
renaissance (en tant que dieu) dans le monde de la Forme ou le monde Sans
Forme.
En résumé, jusqu’à ce que nos tendances à la conceptualisation aient été
épuisées, ce type continu d’accumulation karmique se perpétuera, et l’illusion
qu’est le samsara s’éternisera.
Une personne stupide, dont la méditation est vide, dit : « Ah ! J’ai compris (la
nature ultime de l’esprit). Je n’ai pas à me faire de souci au sujet de mes actes
et de leurs conséquences ». Un tel individu est un grand voleur de la doctrine
(31).

Les actions néfastes

Il existe dix actions néfastes


1- N’ôtons pas la vie consciemment à quelque être vivant que ce soit, pas
même à une fourmi, car quand il s’agit de la vie, il n’y a ni grand ni petit (32).
2- Ne prenons pas secrètement la propriété d’autrui lorsqu’elle ne nous a pas
été proposée.
3- Ne nous laissons pas aller à avoir des relations sexuelles avec un partenaire
qui ne convient pas : quelqu’un qui a pris des vœux ou qui est marié à
quelqu’un d’autre ; à un moment qui ne convient pas :
quand notre femme est enceinte ; dans un endroit qui ne convient pas : près
d’un Lama, d’un temple ou d’un stoupa ; d’une façon qui ne convient pas : par
voie orale ou anale. Ce sont les quatre actes sexuels incorrects.
Tout ce qui vient d’être énuméré constitue les trois actes néfastes physiques.
4- Ne mentons pas sciemment : ne disons pas ce qui n’est pas vrai.
5- Ne calomnions pas : ne disons pas ce qui créera la discorde.
6 - Ne parlons pas mal d’autrui: ne traitons pas un homme de voleur ni d’idiot et
ne lui faisons pas de peine en exposant cruellement ses fautes.
7 - Ne nous engageons pas dans des discussions oiseuses sur les problèmes
d’armement ou d’affaires, sur les femmes, ne prenons pas part aux chansons,
aux danses et aux plaisanteries frivoles, etc. Ce sont les quatre actes néfastes
de la parole.
8 - Ne convoitons pas l’argent d’un autre, son épouse, sa réputation, etc., en
pensant, « Oh, si seulement moi j’avais cela ! ».
9 - N’ayons pas de malveillance envers les autres : c’est-à-dire, ne soyons pas
mécontents de leur bonheur ni de leur bonne fortune.
10 - N’entretenons pas de vues fausses : C’est-à-dire, ne doutons pas de
l’existence des vies passées et futures ; de l’action, de la cause et du résultat ;
ni des qualités particulières des Trois Joyaux. Ce sont les trois actes néfastes
de l’esprit.
En résumé, quand chacune de ces dix actions néfastes aura atteint sa pleine
maturité, nous renaîtrons dans les mondes inférieurs. Même si nous renaissons
dans le monde humain, ayant ôté la vie, la nôtre sera tranchée, ayant volé,
nous serons pauvres. Puisque tous ces actes entraînent beaucoup de
souffrances, évitons-les. Dissuadons les autres de les commettre ; regrettons
ceux que nous avons commis.

Le Flambeau du Sens Ultime 12


Les actions vertueuses

C’est le contraire de l’acte néfaste.


1 - Au lieu de tuer, sauvons la vie des êtres.
2 - Au lieu de voler, distribuons notre propre nourriture et notre propre argent.
3 - Préservons une conduite ‘éthique que l’on nous regarde ou non.
4 - Disons la vérité.
5 - Réparons les querelles dues à la calomnie.
6 - Usons de paroles douces.
7 - Discutons de sujets utiles.
8 - Réjouissons-nous de la bonne fortune des autres.
9 - Pensons seulement à leur bien.
10 -Quand nous entendons les conceptions d’une autre école religieuse, ne les
dénigrons pas, mais maintenons simplement notre foi en la parole du Bouddha.
Tels sont les dix actes vertueux. Faisons de notre mieux pour les mener à bien.
Recommandons aux autres de faire de même. Réjouissons-nous de ce qui a
déjà été fait. La conséquence en sera que nous vivrons longtemps dans les
mondes supérieurs, en profitant de nombreux plaisirs.

Les actions ni vertueuses ni néfastes

Nous pourrions « tuer le temps » en marchant, en bougeant, en dormant ou en


restant assis : actes sans efficacité, qui ne sont ni vertueux ni néfastes, et qui
mûrissent sans produire de bonnes ni de mauvaises expériences. Mais, comme
de tels actes ne font que gaspiller cette vie humaine, au lieu de perdre nos
potentialités en des divertissements frivoles, faisons un effort conscient pour
consacrer notre temps exclusivement aux actions vertueuses. Evitons de
commettre, par inadvertance des actions néfastes même minimes, en nous
souvenant que « même une petite dose de poison peut être fatale ». Ne
sous-estimons pas le pouvoir d’une action vertueuse même minime, en nous
souvenant que « suffisamment de grains d’orge finiront par remplir un sac ».

Les huit qualités célestes

Nous devons développer une personnalité dotée des fameuses « huit qualités
célestes », base de l’accumulation de beaucoup de mérite dans les vies
futures. Ce sont : (1) Une longue vie, puisque nous avons cesse de nuire aux
autres ; (2) Un corps agréable, puisque nous avons offert des lampes, des
vêtements, etc. ; (3) Une noble naissance, puisque nous avons humblement
rendu hommage au Lama et aux frères en religion ; (4) La puissance que
donne la richesse, puisque nous avons donné à des érudits pauvres, aux
malades, et aux nécessiteux tout ce dont ils manquaient ; (5) Une parole
respectée, puisque nous avons seulement parlé de façon constructive ; (6) Un
grand pouvoir et de l’influence, puisque nous avons fait d’excellentes offrandes

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 13


et prières aux Trois Joyaux et à nos parents ; (7) Un corps mâle, puisque nous
nous sommes fait l’ami des hommes et avons sauvé des animaux de la
castration, et (8) toutes les sortes de force en abondance, puisque nous nous
sommes fait l’ami serviable des autres sans espoir de remplir des obligations
religieuses. Cultivons (la conduite qui) nous donnera ces qualités.
Une fois que nous n’avons plus aucun désir pour le samsara, nous devons
apprendre à abandonner sa cause : l’acte néfaste. Que l’on nous regarde ou
non, ne trichons pas sur l’accomplissement de ces actions ou d’autres actions
vertueuses, ni sur l’observance des vœux, des engagements sacrés et autres
actes qui mènent à l’Eveil.

LES ACTIONS QUI MENENT A LA LIBERATION

Pour atteindre la Libération, nous devons d’abord ‘être une personne qui
observe sans faillir la conduite morale parce qu’elle est absolument décidée à
quitter le samsara. Nous réaliserons ainsi le samadhi dans lequel l’attention
demeure fixée en un point. Le résultat en sera que, par la sagesse qui réalise
« l’absence de soi », nous connaîtrons les caractéristiques générales et
spécifiques de l’impermanence, de la souffrance, de la vacuité, etc. Les actions
accumulées auparavant, qui obstruent maintenant le progrès spirituel, seront
effacées. Elles ne reviendront pas. Lorsque notre souffrance sera enfin
épuisée, nous laisserons reposer (notre esprit) en la réalisation qui transcende
les extrêmes, appelée « Libération ». Atteindre la « Libération », ou le
« Nirvana », ne signifie pas changer d’endroit ni devenir quelqu’un d’autre.

CONCLUSION

En quelques mots : le résultat d’une action vertueuse est le bonheur ; le résultat


d’une action néfaste est la souffrance, et rien d’autre. Ces effets ne sont pas
interchangeables : quand vous plantez du sarrasin, vous obtenez du sarrasin ;
quand vous plantez de l’orge, vous obtenez de l’orge.

Actions et Intentions

Tuer un être vivant pour l’offrir aux Trois Joyaux, ou battre et insulter quelqu’un
« pour son bien », sont des exemples d’actions dont l’intention est « blanche »,
mais la mise en pratique « noire ».
Construire un temple par désir de renommée, ou s’instruire poussé par un
esprit de compétition, sont des exemples d’action dont l’intention est « noire »,
mais la mise en pratique « blanche » ; de même si l’on prétend être moine par
crainte d’être dans l’embarras - il est dit que toutes ces actions sont nuisibles et
doivent être rejetées comme si elles étaient du poison. Cela étant, que devons
nous dire d’actions qui sont tout à fait néfastes ?
Réjouissons nous des actions vertueuses ; confessons (33) les actions
nuisibles, etc. Si nous ne les détruisons pas avec ces antidotes, les actions que

Le Flambeau du Sens Ultime 14


nous avons faites arriveront à maturité pour nous seuls, non pour les autres. Il
n’est pas possible qu’elles soient perdues ou épuisées même après de
nombreux kalpas.
Qui plus est, les actions ne cessent de s’accroître, y compris celles qui naissent
des motivations les plus infimes. Il se peut que nous tuions sous l’emprise
d’une colère féroce, ou que nous sauvions un homme condamné par pure
bienveillance. Les actes majeurs s’accroissent démesurément. Même les
paroles et les actes vertueux ou nuisibles dus à une faible motivation, sont
multiplies par cent et par mille. Si nous-mêmes n’avons pas agi ni eu
d’intentions, il est impossible que les actes d’autrui nous affectent. Ainsi, si
nous pouvons vivre en respectant la loi de la « cause et des effets » qui fut
exposée par le Bouddha lui-même, il nous sera absolument impossible d’être
rejetés dans les mondes inférieurs, aussi pervers que d’autres puissent être.
Examinons chacune de nos propres fautes, aucune de celles d’autrui. Voyons
les autres comme purs. Puisque telle est la racine de toute la doctrine de la
« cause et des effets », elle a ‘été hautement estimée par les grands Kagyupas
(34).

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 15


IV. LA STRUCTURE DEFECTUEUSE DU SAMSARA

LES ETRES DES ENFERS

Les huit enfers brûlants


Pour ceux qui naissent dans les huit enfers brûlants, toutes les montagnes et
vallées sont embrasées comme le fer chauffé au rouge. Les rivières et les lacs
sont du cuivre et du bronze en fusion. Des arbres tombe une pluie d’épées et
d’autres armes tranchantes. Les habitants ne profitent jamais d’un moment de
repos, mais ne cessent d’être massacrés par des bêtes sauvages et d’horribles
démons.
La vie dans l’enfer Avici est la plus douloureuse de toutes. Même le Bhagavan
(35) ne supporte pas de parler de ces souffrances. Car il est dit que, lorsqu’il le
fait, les Bodhisattvas pleins de miséricorde vomissent du sang et approchent
dangereusement de la mort.

Les huit enfers froids


Pour ceux qui naissent dans les enfers froids, toutes les montagnes et les
vallées sont neige et glace. A cause du vent froid, mordant, et des tempêtes de
neige, leurs corps sont couverts de fines crevasses. Tant que leur vie d’un
billion d’années n’est pas écoulée, ils meurent encore et encore pour renaître
aussitôt et supporter à nouveau la même souffrance.

Les enfers divers


Les souffrances expérimentées par ceux qui sont dans les enfers
« particuliers » et « périphériques » sont aussi terribles que les autres.

Les esprits avides


Les esprits avides ne peuvent jamais trouver à manger ni à boire. Tourmentés
sans répit par la faim et la soif mais ne trouvant que glaires et morve, ils
s’épuisent dans leur recherche sans espoir. Nus, ils brûlent l’été et gèlent
l’hiver. Lorsqu’il pleut, des étincelles tombent et les brûlent. Ils voient l’eau
comme du pus et du sang. Des flammes jaillissent de leurs articulations
disloquées. Ils se battent et se frappent continuellement, chacun pensant que
l’autre est son ennemi. Ils peuvent vivre durant quinze mille années humaines.

Les animaux
Les animaux du grand océan sont aussi nombreux que les particules d’orge
maltée dans le tchang. Ils survivent en se mangeant les uns les autres.
Constamment tourmentés par la peur, ils errent, portés par les vagues.
Les animaux qui vivent en des lieux montagneux aussi sont malheureux,
craignant sans cesse l’approche de quelque ennemi. Ils se tuent les uns les
autres.
Quant aux animaux domestiques, ils sont attelés à la charrue ou tués pour leur
viande et leur peau. Ils sont ignorants. En plus des souffrances de l’ignorance,
ils souffrent autant de chaleur et du froid que les êtres infernaux et les esprits
avides.

Le Flambeau du Sens Ultime 16


Les dieux
Les dieux de la sphère du Désir sont distraits par la vie agréable qu’ils y
mènent et leur vie s’épuise sans penser au Dharma. Sept jours du monde des
dieux avant la fin de leur vie, ils perçoivent cinq présages de mort. Ils voient
leur lieu de naissance à venir dans les enfers ou ailleurs et ressentent la
souffrance de leur propre chute, comme le poisson qui se débat sur le sable
chaud.
Lorsqu’ils ont épuisé leur potentiel d’actes positifs, même les dieux des quatre
dhyanas (37) et du monde sans Forme ressentent un affaiblissement de leur
samadhi et tombent graduellement.

Les asouras
Comme les asouras sont naturellement jaloux de la splendeur des dieux, ils
font la guerre sans répit contre eux. Comme leur accumulation de mérite est
faible et qu’ils n’aiment pas le Dharma. Ils sont vaincus dans les batailles, et
souffrent intensément quand ils sont tués et mutilés.

Les humains
La souffrance de la naissance dans le monde humain ressemble à celle d’un
petit oiseau emporté par un faucon. La souffrance de la vieillesse est
semblable à celle d’une chamelle qui perd son petit. La souffrance de la
maladie est comme celle d’un coupable qui va en prison. La souffrance de la
mort est semblable à celle d’un homme poursuivi par le bourreau. Chacune de
ces souffrances se divise en cinq sortes.

Les cinq souffrances de la naissance


A cause de la douleur intense qui l’accompagne, (1) la naissance comporte la
souffrance de naître.
Parce que toute personne qui net a « semé les graines » des émotions
perturbatrices, (2) la naissance peut amener la tendance à accroître les
émotions et à mal agir. Parce qu’elle est suivie de la vieillesse, de la maladie et
de la mort, (3) la naissance est la base de la souffrance. Parce que les
‘émotions perturbatrices grandissent progressivement et que nous accumulons
des actions, (4) la naissance est le terrain des émotions perturbatrices. A cause
de la momentanéité et de l’impermanence, (5) la naissance implique la
souffrance d’être impuissant face à la destruction.

Les cinq souffrances de la vieillesse


Les souffrances de la vieillesse comprennent (1) le teint terne de la peau, (2) la
détérioration du corps, (3) la baisse de la force d’énergie, (4) l’altération des
sens et (5) le déclin des jouissances matérielles.

Les cinq souffrances de la maladie


Les souffrances de la maladie comprennent (1) la dépression de l'esprit
s'accroît, (2) le corps se transforme naturellement, (3) il est impossible de
profiter des objets agréables, (4) être contraint de subir des traitements

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 17


désagréables et (5) la proximité du moment où l'on sera séparé du principe
vital.

Les cinq souffrances de la mort


Les cinq souffrances de la mort comprennent : (1) la séparation des richesses,
(2) du pouvoir, (3) des serviteurs et des amis, (4) et même de son propre corps,
et (5) une violente angoisse.

La souffrance de ne pas trouver ce que l’on cherche


Vous faites dans ce but tant d’efforts que vous en perdez toute considération
pour le mal, la souffrance et les paroles blessantes que vous infligez aux
autres, avec le désir de gagner la nourriture, l’argent ni la renommée que vous
l’obteniez ou non.

La souffrance de ne pas garder ce que l’on a


Redouter la venue d’un ennemi, d’un voleur ou d’un bandit violent ; être
abandonné, avec les étoiles pour seul couvre-chef et la gelée pour bottes ; être
épuisé par un excès de travail ; avoir l’esprit inquiet en craignant de ne pas
garder jusqu’au bout, ou en ayant peur de ne pas réussir à faire quelque chose.

La souffrance de la séparation de ce qui est cher


La perte de personnes essentielles comme les parents, la famille proche, les
serviteurs, les disciples, etc. ; le déclin de la richesse et de la puissance ; la
perte d’une grosse somme d’argent ; l’angoisse due à la calomnie que l’on s’est
attirée par des actions mauvaises ou la jalousie d’autrui.

La souffrance de rencontrer l’indésirable


Affronter la maladie, les querelles, les sentences de la loi, un animal mortel,
des médisances, des rumeurs néfastes , des gens qui agissent mal, qui
prennent ce qui les arrange et donnent ce qui est mal.
Les huit catégories de souffrance décrites ci-dessus sont principalement ce que
rencontrent les êtres humains.

LES TROIS TYPES DE SOUFFRANCE COMMUNS A TOUS LES ETRES DU


SAMSARA (38)

La souffrance de la souffrance
En résumé, les souffrances ressenties par les êtres des mondes inférieurs et la
douleur causée par la maladie, les commérages malfaisants etc., vécues par
les dieux et les hommes constituent la souffrance de la souffrance.

La souffrance du changement
Quand on a une longue vie, des richesses, un samadhi mondain, la vie semble
très agréable. Mais bientôt, en raison de l’impermanence, survient la souffrance
du changement.

Le Flambeau du Sens Ultime 18


La souffrance de toute existence conditionnée
La base ou le réceptacle des deux sortes de souffrance mentionnées ci-dessus
sont rassemblés dans les cinq skandhas (39) ou agrégats. Ceci est la
souffrance inhérente à toute existence conditionnée.
Trouvant leur origine dans les cinq skandhas, les nombreuses sortes de
souffrance des trois mondes se manifestent. Ainsi, que vous soyez de
naissance noble ou humble, vous ne pouvez échapper à la nature même du
samsara : les trois sortes de souffrance. Même si votre vie semble heureuse et
que vous ayez un corps (en bonne santé), une maison, des amis, des
serviteurs - ce ne sont que des souffrances déguisées, semblables à de la
nourriture offerte à une personne qui a la nausée, ou semblable à la fête
qu’offrirait le bourreau à un condamné à mort.
Détournez-vous de la convoitise. Déracinez l’attachement ! Détruisez le désir
(d’existence conditionnée) dans ses fondations ! Réfléchissez aux grands
bienfaits et qualités de la Libération qui sont à l’opposé de tous ces défauts et
désavantages. Puis, avec diligence, appliquez les méthodes qui permettent
d’atteindre l’Illumination (expliquées dans la suite du texte).

CONCLUSION

D’une façon générale, on trouve les Quatre Préliminaires Ordinaires dans


toutes les instructions traitant du chemin progressif qui mène à l’Illumination.
Notre version est fondée sur le système d’Atisha, connu sous le nom de
« chemin progressif pour les trois sortes d’aspirants à la religion ». Celui-ci fut
mis au point par Nyam-mé Dagpo qui a rassemblé les deux courants des
systèmes Kadampa et du Mahamoudra.
Si nous ne travaillons pas avec persévérance à la compréhension de ces
quatre idées fondamentales, au lieu d’étayer les pratiques de méditation (qui
suivent), nous ne ferons que fortifier les « huit dharmas mondains » (40).
La base du Dharma tout entier est le rejet mental de l’intérêt porté à cette vie.
Tous les pratiquants d’aujourd’hui n’ont pas coupé l’attachement à cette vie.
Leur esprit ne s’est pas détourné du désir. Ils n’ont pas renoncé à la nostalgie
de la famille, des amis, des compagnons et des serviteurs. Nous n’avons pas
restreint, même un tant soit peu, notre désir de nourriture, de vêtements et de
conversation. Nous n’avons rien compris à la véritable nécessité de nous
appliquer à agir vertueusement : on se trompe sur le dharma et on se trompe
soi-même ! Nous ne considérons pas dans quelle mesure notre pratique a
réduit les émotions perturbatrices mais seulement le nombre de mois et
d’années que nous y avons travaille. Nous considérons les fautes d’autrui mais
non les nôtres. Nous sommes fiers de quelques petites qualités. Nos pensées
s’égarent en trivialités telles que notre réputation et nos distractions. Nous nous
abandonnons à des bavardages futiles. Nous pensons pouvoir réaliser un
double objectif dharmique et mondain, alors qu’en fait pas un seul de ces buts

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 19


n’a été atteint. Nous avons négligé dès le début de penser à l’impermanence et
nous obtenons le retour de notre propre mentalité vulgaire.
Le Lama Excellent de Drikhung a dit : « Les (Quatre Pratiques) Préliminaires
(communes) sont plus profondes que la véritable pratique (du Mahamoudra) »
(41). Il vaut mieux, de nos jours, par conséquent, développer ces Quatre
Préliminaires dans le courant de notre être, même de façon limitée, plutôt que
de pratiquer toutes les récitations et méditations des quatre classes de tantras.
Celui qui pratique le Dharma en laissant son esprit dans l’état ordinaire triche
avec lui-même et avec les autres, et il gaspille sa vie humaine.
En résumé, s’il nous manque la détermination nécessaire pour quitter le
samsara, toute la méditation (que nous pouvons faire dans notre retraite dans
la montagne) n’aura d’autre résultat qu’accumuler un tas d’excréments à flanc
de montagne ! Considérez donc les souffrances du samsara et l’incertitude du
moment de la mort, et développer un état d’urgence autant que possible.
On dit que la foi d’une personne qui est entrée dans le chemin de la religion
diminuera si Mara a semé des obstacles sur son passage. Un signe de
l’emprise de Mara est d’examiner les fautes du Lama ou de l’ami spirituel (42).
Il examine les fautes chez la plupart des gens qui pratiquent le Dharma, il
fréquente des gens ordinaires (43), se sent dégagée d’une application assidue
des enseignements, se satisfait des plaisirs mondains et manque de dévotion
et de respect pour les Trois Joyaux. Une telle personne devrait penser aux
grandes qualités du Lama et des Trois Joyaux et apprendre à voir purs ceux
qui pratiquent le Dharma. Voir les défauts des autres indique que nos propres
actes ont été impurs. Cela revient exactement ‘à voir notre propre visage sale
dans un miroir.
Ne nous mêlons pas aux gens ordinaires et n’écoutons pas leur parole
Souvenons-nous du caractère décevant des plaisirs de ce monde D’une
manière générale, si nous n’avons pas foi, nous ne développerons pas de
qualités « blanches ». La foi doit donc précéder toute pratique religieuse. Bien
qu’il y ait de nombreuses sortes de foi, une profonde confiance et un respect
sincère pour les Trois Joyaux se retrouvent dans toutes.
Faire l’expérience des vicissitudes de la vie et de la mort, de la maladie, des
démons, des accidents et des mauvaises circonstances, écouter les
biographies des grands Saints et les histoires relatant les vies antérieures du
Bouddha favorisera le développement de la foi. Engendrons la foi en les
considérant en pensée quotidiennement.
Certains semblent avoir une grande foi en présence de leur Lama, mais la
perdent quand ils en sont séparés. Par moments, ils ont foi ; puis, cela passe.
Quand ils reçoivent les enseignements ou les cadeaux qu’ils désiraient, ou
qu’ils sont torturés par les démons de la maladie ou d’autres infortunes, ils
éprouvent une grande foi. Ensuite, ils n’en ont plus. Ils n’éprouvent pas de
confiance du fond du cœur en un Lama-racine particulier ni en un
enseignement profond mais ils en rejettent souvent un pour en suivre un autre.
Refusons d’agir ainsi. Apprenons à développer une foi inébranlable. Cessons
de rechercher les fautes chez les autres. Intériorisons (les enseignements déjà
expliqués). Puis, lorsque certaines qualités spirituelles apparaîtront dans le
courant de notre être, nous comprendrons vraiment ces instructions. Nous
aurons une certitude absolue en ce qui concerne le Dharma. Lorsque nous

Le Flambeau du Sens Ultime 20


considérons la bonté du Lama, nous ferons alors l’expérience de la dévotion et
du respect spontanés envers lui. Toutes les grandes qualités associées à la
voie spirituelle surgiront donc spontanément sans aucun effort de notre part.

NOTES
1- Marpa (1012-97), son disciple Milarépa (1052-1123) et son disciple Dagpo
ou Gampopa (1079-1153) furent des personnages importants dans les débuts
du Bouddhisme au Tibet. C’est sur leur oeuvre que Tusourn Khyenpa
(1110-93) fonda l’école Karma Kagyu. Il est reconnu en tant que premier
Karmapa, à la tête de la lignée.
Le « Rosaire d’Or des Joyaux-qui-exaucent-les-Souhaits » est la lignée du
Mahamoudra dont la source est le Bouddha Vadjradhara (Dordjé Tchang),
symbole Karma Kagyu de l’Illumination suprême.
Sitou Padma Nyindjé (1774-1853) fut le Lama-racine ou principal maître
spirituel de Kongtrul.
2- C’est-à-dire, la doctrine bouddhiste.
3- Les Trois Joyaux : le Bouddha, le Dharma et la Sangha. Voir chapitre 2.
4- Les dieux de la sphère du Désir sont attachés aux plaisirs mondains. Les
dieux des deux autres sphères s’attachent aux plaisirs plus subtils du samadhi
(méditation). Voir e Kosa », chap. 3, p. 6 et 7, 172 et 173 ; chap. 8, 217 et 218.
5- rang-rgyud : « courant de notre être ». Le Bouddhisme ne considère pas
l’individu comme une « entité » qui forme une unité (Sanskrit : # atman »)
enfermée dans un corps mortel, mais comme un « courant » toujours
changeant d’événements psycho-physiologiques.
6- L’orgueil, le désir-attachement, l’aversion, la jalousie, et la confusion ou
opacité mentale.
7- Le monde des enfers, celui des esprits et celui des animaux.
8- Tous les voeux (sdorn-pa) comprennent une clause essentielle ou e
racine ». Endommager celle-ci brise les vœux.
9- dam-tshig. Tous les serments sacrés et toutes les promesses, appelées
« engagements sacrés » ou « liens sacrés » dans le Vadjrayana. Ceux-ci
comprennent : (1) le lien, ou relation privilégiée formée avec le Lama lorsqu’on
reçoit de lui des instructions ou initiations ; (2) le lien formé lorsque le disciple
reçoit une initiation, le lien créé entre ce dernier et le yidam (voir chap. 2, note
10).
Par la suite, ce yidam et les méditations s’y rapportant seront le principal centre
d’intérêt de la pratique du disciple.
10- Un Pratyékabouddha est quelqu’un qui médite afin d’atteindre l’Illumination
pour son propre bénéfice. Dans le Mahayana, il est considéré comme inférieur
à un Bodhisattva. qui œuvre pour aider tous les êtres à atteindre l’état de
Bouddha.
11 - Cette tendance est fondée sur l’ignorance (ma-rig-pa, Skt : avidya), la
condition fondamentale qui définit les êtres sensibles. De l’ignorance s’élèvent
trois sortes d’émotions (nyon-mongs-pa ; Skt : klesha) : l’attachement,
l’aversion et l’opacité mentale, qui inspirent les actes nuisibles.
12- C’est-à-dire, le mantra « OM MANI PEME HOUNG ».

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 21


13- Mara : (1) personnification des facteurs qui entravent ou empêchent la
pratique du Dharma,; (2) démon qui met la foi en danger (Lama) ; (3) les quatre
Maras, décrits par H. V. Guenther comme « _certains facteurs limitatifs qui ont
une influence étouffante sur la vie », Jewel Ornament, p. 199 et’200.
Une excellente étude de Mara se trouve dans l’oeuvre de T. 0. Ling, Buddhism
and the Mythology ofEvil. London : Allen and Unwin, 1%2.
14- ‘Phags-pa sa’i snying-po’i mtshan brgya-rtsa-brgyad gzung-shags dang
bcas-pa.bKa’-‘gyur, p. 327, 506. OEuvre dévotionnelle.
15- Le non-attachement, la non-aversion, et la clarté mentale.
16- Voir D. S. Ruegg, Théorie du Tathagatagarbha et du gotra. Paris : Ecole
Française d’Extrême Orient, 1%9.
17 - mngon -shes ; Skt : abhijna.
« Il y a six cognitions et facultés supra-sensibles : ... les pouvoirs miraculeux
(telles que se multiplier, traverser les murs, etc) ;-entendre des voix humaines
et divines au loin et tout prés ; connaître les pensées d’autrui ; se souvenir de
vies antérieures ; voir les êtres qui meurent et se réincarnent ; et la conscience
que tous les éléments perturbateurs ont perdu le pouvoir de nous maintenir à
un niveau inférieur. » H. V. Guenther, Jewel Ornament. p. 52.
18- La « vision » (Ita, Skt : darshana) : perception de la nature des choses. La
« méditation » (sgorn, Skt : bhavana) : concentration attentive sur ce qui a été
perçu. Voir Jewel 0 rnament, p - 84.
19- (1) L’accumulation de mérite (bsod-nam-kyi tshogs). (2) L’accumulation de
sagesse (ve-shes-kyi tshogs). Le i mérite » se réfère à l’action qui donne du
mérite. La « sagesse » est la sagesse transcendante : voir les choses telles
qu’elles sont. Cette double accumulation est requise préalablement à toute
pratique de méditation plus avancée. Voir chapitre 4.
20- thabs-lam ; Skt : upaya-marga : approche habituelle de l’Illumination,
chemin progressif qui utilise des visualisations, des prières et des mantras, etc.
(Lama).
21- Byang-chub sems-dpa’i sde-snod Soutra Mahayana des débuts contenant
la doctrine des Six Perfections. Fait partie du groupe de Ratnakouta, « bKa’ »,
p. 760 (12)
22- La divination (mo) et l’exorcisme (gto) étaient des pratiques méditatives
courantes au Tibet. Le démon causant la maladie était tout d’abord identifié par
divination, puis il était exorcisé. (LPL).
23- ‘khor-los sgyour-paï rgyal-po ; Skt : chakravartin. Voir chapitre 4, note 19.
24- Il en est ainsi parce que le cadavre a été abandonné aux vautours, pratique
commune dans les régions montagneuses du Tibet (LPL).
25- Le bardo est l’état traversé entre la mort et l’entrée dans une matrice,
période pendant laquelle une personne ordinaire agit conformément à ses
actions passées et n’est pas capable d’exercer librement sa volonté. L’errance
et l’impuissance sont symbolisées par la plume «’individu) ballottée par le vent
(du karma). Un individu qui est préparé à ces expériences ne reste pas
impuissant et peut atteindre directement l’Illumination depuis le bardo au lieu
d’aller vers une nouvelle conception. CE The Tibetan Book of the Dead, traduit
par Francesca Fremantle et Chôgyam Trungpa, Berkeley: Shambala 1975.

Le Flambeau du Sens Ultime 22


26- ïlg-rten-gyi snang-ba : déformations sous lesquelles les choses nous
apparaissent ordinairement, à cause de notre ignorance et de notre émotivité.
Accrues particulièrement en période de tension (Lama).
27- ro-gcig : la troisième des quatre étapes de la réalisation du Mahamoudra.
Selon H. V. Guenther : « Une-seule-saveur » est l’expérience de tout ce qui
apparaît comme étant vacuité, mais non dans le sens que tout phénomène est
simple illusion et qu’il n’est aucun besoin d’action sérieuse. Au contraire,
« une-seule7saveur » est l’intérêt spontané porté aux diverses situations de la
vie que l’homme rencontre. Cet intérêt a été purifié de tout investissement
personnel par les phases précédentes du processus de concentration, et donc
convient plus à une activité bénéfique. Cependant... cette étape n’est pas la
réalisation finale ». Naropa, p. 195.
28- La réalité ultime n’est pas une « chose » qui peut être comprise à travers
des concepts. Elle est vide (stong-pa ; Skt : shounya), ou ouverte.
29- L~ doute concernant la réalité ultime, c’est-à-dire la nature ultime de la
réalité, amène les gens ordinaires à regarder les différents facteurs de leur
existence, reliés très vaguement entre eux et toujours changeants, comme si
ceux-ci formaient un « soi » ou un égo permanent, uni et solide. Cette
appréhension fausse favorise l’émotivité qui mène aux actions néfastes,
support de cette « entité » non-existante.
30- mi-gyo-pa’i las; Skt: aninjya-karma. Voir Kosa, chap.3, p.84; chap.4, p.106.
31- Quelqu’un qui confond le vide mental de la m6ditatioa infructueuse avec la
réalisation de la vacuité ou de l’ouverture, nature ultime de l’esprit (sems-gyi
gnas lugs : nature ultime de la réalité dans la terminologie mentaliste des
Kagyupas), déforme ou « vole » l’esprit de la doctrine. (Lama)
32- Il s’agit particulièrement des animaux. Il est plus grave de tuer un être
humain qu’un animal. (Lama)
33- Pour la confession (shags), voir chapitre 2, n. 47 et chapitre 3, p. 84-85.
34- Eminents Lamas Kagyupas du passé.
35- Lit. : « Vainqueur », c’est-à-dire le Bouddha.
36- « ... ses vêtements deviennent souillés ; ses guirlandes de fleurs se fanent ;
la transpiration coule des aisselles ; une odeur nauséabonde se dégage de son
corps et il n’est plus satisfait de son siège. » H. V. Guenther, Jewel Ornament,
p. 68.
37- C’est-à-dire le monde de la Forme.
38- La première est l’expérience de la douleur elle-même Il la seconde est
l’anxiété fondée sur la fugacité des expériences plaisantes ; la troisième est la
misère « latente » dans toute existence samsarique, puisque tous les êtres
devront vivre toutes les sortes de souffrance expliquées dans cette section.
39- Les cinq skandhas (lit., agrégats): les cinq composants psychophysiques de
la vie individuelle ou, d’une manière plus générale, les cinq facteurs présents à
tout moment de la vie relationnelle. Ceux-ci comprennent des facteurs internes
autant que des facteurs externes, c’est-à-dire:
1. la forme et la couleur,
2. la sensation,
3. la perception /idéation,
4. les formations mentales,
5. les consciences.

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 23


Voir H. V. Guenther, Jewel Ornament, p. 199 et Chôgyam Trungpa, Myth of
Freedom, Berkeley : Shambala 1976, p. 20-23, traduit en français sous le titre
Le mythe de la liberté, éditions du Seuil, collection « Sagesses », voir p. 32-35.
40- chos-brgyad : les intérêts d’une personne mondaine : 1. le profit, 2. la perte,
3. la célébrité, 4. l’anonymat, 5. la calomnie, 6. la louange, 7. le bonheur, 8. la
souffrance.
41 - Pour un débutant, ces préliminaires sont beaucoup plus accessibles et
donc plus puissants que les méditations avancées du Mahamoudra. Elles sont
donc une condition préalable essentielle à la pratique du Mahamoudra. (Lama)
42- C’est-à-dire le maître ou conseiller religieux.
43- C’est-à-dire les gens qui ne connaissent pas le Dharma.

Le Flambeau du Sens Ultime 24


PREMIERE DES QUATRE PRELIMINAIRES NON ORDINAIRES

LA PRISE DE REFUGE ET
LE DEVELOPPEMENT DE L’ESPRIT D'EVEIL

La visualisation

Tout d’abord la visualisation progressive du refuge:


Le lieu est une terre pure vaste et ouverte. Au milieu d’une prairie d’herbe
verte, qui se redresse lorsqu’on marche dessus et parsemée de nombreuses
fleurs, se trouve un lac dont l’eau est dotée des huit qualités. [L’air] est empli
des sons mélodieux du gazouillis d’oiseaux divins. Au milieu du lac se trouve
l’arbre qui accomplit tous les souhaits, il ploie sous les feuilles, les fruits et les
fleurs faits de joyaux. Son tronc unique à la racine, se divise en cinq branches,
avec une au centre et les autres dans les quatre directions, elles se déploient
comme une ombrelle. Au milieu de la branche centrale, se trouve un trône fait
de substances précieuses, soutenu par huit lions et recouvert de tissus de
qualité divine et de valeur inestimable.
Dessus, il y a un lotus à mille pétales et un disque de pleine lune, au centre
duquel se tient celui qui est en essence notre lama racine et en apparence
Dorjé Tchang, le corps de couleur bleue semblable à un ciel d’automne. il a un
visage et deux bras, dans la main droite il tient un vajra d’or et dans la gauche
une cloche d’argent qui sont croisés au niveau du cœur. Son regard est
paisible, il est parfaitement orné des treize ornements paisibles tel que le
diadème, les boucles d’oreille et autres. Il porte une chemise faite de soieries
multicolores et une robe rouge. Il est assis les jambes dans la posture
adamantine. Son corps est orné des marques et signes et flamboie de lumière
éblouissante. Son esprit est bienheureux (nous considérant avec
bienveillance).
Nous le méditons ainsi.
Au dessus de sa tête, s’étage progressivement (les lamas de la lignée du
Mahamoudra) : Pema Nyingdjé Ouangpo, Mipam Tcheudroup Gyamtso, Dudul
Dordjé, Tcheukyi Djoungné, Djangtchoup Dordjé, Tcheukyi Teundroup, Yéché
Dordjé, Yéché Nyingpo, Tcheuying Dordjé, Tcheukyi Ouangtchouk,
Ouangtchouk Dordjé, Keuntcho Yenla, Mikyeu Dordjé, Sangyé Nyenpa,
Tcheudrak Gyamtso, Peldjor Teundroup, Djampel Sangpo, Tongoua Teunden,
Rigpeil Relda, Dechin Chekpa, Katcheu Ouangpo, Reulpeil Dordjé, Yeunten
Dordjépel, Rangdjoung Dordjé, Orgyenpa Rintchenpel, Droupchen Pakchi,
Pomdra Seunam Dordjé, Drogueun Retchen, Sangyé Drak, Tusoum Khyenpa,
Nyam-mé Dagpo, Djé’tsun Mila, Marpa Lotsa, Maitripa, Chawari, Pagpa
Loudroup, Saraha, Lodreu Rintchen et Dorjé Tchang, les uns au-dessus des
autres.
Dans l’espace, entre ciel et terre, siègent les « Six Ornements » de
Djambouling, Tilopa, Naropa et les lamas érudits et accomplis de l’Inde et du

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 25


Tibet, les Drikhoung, Drougpa, Tsalpa et Taloung, et d’autres; ils sont là
comme des nuées amoncelées.
Sur la branche Est, sur un lotus, un soleil et un cadavre, se trouvent Dordjé
Pamo avec Khorlo Demtchog, Gyè pa Dordjé (Hevadjra) et Sangoua Dupa
(Gouhyasamadja), Gyouma Tchenpo (Mahamaya), Sangyé Teupa
(Vadjrakapalin) et Dordjé Denchi (Tchatour-Vadjrasana), Dranag (Kala-ari),
Dongdroug (Shanmoukha), et Dordjé Djikjé (Vadjrabhairava), Du-kyi Khorlo
(Kalatchakra) et tous les yidams des quatre ou six classes de tantras entourés
d’une infinité de divinités.
Sur la branche de droite, sur un trône de lion, un lotus et une lune se trouve
notre maître, Shakyamouni, entouré des mille Bouddhas de ce kalpa
favorable(11) et de tous les autres Bouddhas des trois temps et des dix
directions (12).
Sur la branche derrière sont les douze divisions des enseignements du
Dharma, et particulièrement les volumes du Mahayana et des différents tantras
du mantra secret. Leur rabat doré multicolore et chatoyant nous faisant
face(13). Ils vibrent du son naturel des voyelles et des consonnes.
Sur la branche de gauche siègent les protecteurs des trois familles et d’autres
comme les huit fils ainés, les Bodhisattvas de l’aire fortunée, les deux
suprêmes, Ananda (le parfaitement joyeux), les seize anciens et d’autres (14).
La sangha du grand et du petit véhicule les bodhisattvas, les shravakas les
pratyekas en nombre incalculable.
Dans l’intervalle au-dessous, se trouve les protecteurs de sagesse du dharma
avec à leur tête Bernakchen, Rangdjoungma, Chachipa, Chadroupa, les Dakas
et les Dakinis, en nombre inconcevable (15).
Nous sommes debout en face de cette assemblée, avec à droite notre père
principal et à gauche notre mère, à la tête de tous les êtres jusqu’aux confins
de l’espace, et en particulier des ennemis qui nous haïssent, des forces qui
nous nuisent, ceux qui veulent se venger, les créanciers des dettes karmiques
que nous avons contractées depuis des temps sans commencement, tous les
démons, les élémentaux réunis en une multitude, agissant comme leur guide,
nous tous au complet, nous exprimons le respect du corps par les mains
jointes, le respect de l’esprit par l’aspiration, le respect de la parole par la
récitation du refuge dont le son résonne comme une vibration. En ayant
conscience du sens des mots que nous récitons, nous prenons refuge sans
que l’esprit ne soit distrait par autre chose et nous répétons 100 ou 1.000 fois
ou plus (16).
A la fin, nous prenons les vœux de bodhisattvas. Puis, les objets de refuge
avec leur trône, siège, etc., fondent en lumière et se dissolvent en nous. Dans
la conscience que les corps, parole, esprit éveillés et nos propres corps, parole,
esprit sont indifférenciés, nous laissons reposer l’esprit en lui-même.

EXPLICATION DU SENS

En ce monde, nous sommes à la recherche de source d’une refuge et de


protection capable de nous défendre contre les craintes qui causent la peur
comme les « tseunpo » (esprits puissants) et d’autres.

Le Flambeau du Sens Ultime 26


Nous-mêmes, durant cette vie, les vies futures et dans l’état intermédiaire, nous
continuellement tourmentés par d’innombrables peurs et ainsi nous sommes
plongés dans l’océan de souffrance du cycle des existences, sans opportunité
de s’en libérer. Nos parents, nos amis, les dieux , les nagas, les puissants,
personne n’a le pouvoir de nous en protéger.
Puisque nous sommes incapable de nous protéger par notre propre foerce, il
n’y a pas d’autre choix que de chercher refuge. Et hormis les trois Rares et
Sublimes, il n’y a rien qui ait la faculté de nous tirer hors du samsara.
Afin de protéger les autres, il nous faut obtenir la liberté pour nous-mêmes.

Les six sources de Refuge

Ce qui est appelé les trois Rares et Sublimes ce sont le Bouddha, le dharma et
la sangha, auxquels est ajoute dans le système des mantra les trois Racines.
Le Lama est la racine de l’influence spirituelle(24). Le Yidam est la racine des
accomplissements spirituels(25). Les Dakinis et les protecteurs sont la racine
de toute l’activité éveillées(26).Ces trois aspects sont compris dans les trois
Rares et Sublimes.
En relation avec le mantrayana tout les aspect du refuge sont inclus dans le
seul lama racine.
le Bouddha, c’est la dimension du Dharmakaya (le corps absolu), qui connaît
toutes choses pour ce qu’elles sont, ceci correspond à la dimension du
Sambhogakaya doté des « cinq certitudes » et le Nirmanakaya s’exerce par un
art , par naissance (ordinaire) ou sublime.
Tels sont les trois corps ou « kayas » (27).
Le dharma se réfère à l’enseignement sous l’aspects des termes, des mots,
des lettres et son expression orale forme la transmission.
La base, c’est l’essence telle qu’elle du dharmadatou (la sphère des
phénomènes); le fruit, c’est la vérité de la cessation et la vérité du chemin, les
aspects qui mènent à l’éveil. Ceci constitue le « dharma de la réalisation »
Ainsi le dharma se compose de deux aspects, celui de la réalisation et celui de
la transmission.
La sangha véritable (30) est composée des Bodhisattvas « qui ne régresseront
pas » (8°terre), et au niveau relatif (31) elle est composée des Shravakas, des
Pratyekabouddhas et des Arhats.
Puisque le Bouddha est celui qui sait ce qui doit être adopté, et ce qui doit être
abandonné, prenons le Bouddha comme guide.
Puisque cet enseignement est ce qui doit être mis en pratique, prenons le
dharma comme voie.
Puisque nous sommes ignorant de la manière de prendre cette voie, il est
nécessaire d’agir selon la pratiques et les instructions orales des êtres
supérieurs, donc prenons la sangha comme compagnons.
Arrivé au terme du chemin, nous n’avons plus besoin du dharma ni de la
sangha, car notre esprit et celui des Bouddhas sont devenus d’une seule et
même saveur; à la fin, seul le Bouddha demeure comme refuge ultime.
Dans le cadre d’une approche théorique, il existe un système de définition très
précis pour définir ce que sont les trois Joyaux et il y a beaucoup de discussion
entre ce qu’est ou n’est pas source de refuge. Cependant, pour celui qui

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 27


s’applique uniquement à la pratique, et pour celui qui cherche a établir des
habitudes vertueuses, à part la foi et l’aspiration qui stimulent le courant de
l’être de toutes les manières, ces raisonnements ne sont pas nécessaires.
Au niveau relatif, il existe des supports visuels pour faire naître la confiance.
Dans les soutras, il est fait mention du « Bouddha à placer devant soi ». Les
statues et les stoupas symbolisent le Bouddha; ceci implique que les volumes
des soutras et des tantras sont véritablement le dharma et la sangha des êtres
ordinaires, qui suivent une conduite éthique, sont médités eux aussi comme
étant les Rares et Sublimes. De cette façon, nous prenons refuge avec foi et
aspiration.
Par conséquent, prendre refuge en le petit véhicule ou dans des conditions
mondaines (32) n’apportera pas le refuge authentique et les réels bienfaits
n’apparaîtront pas. Il est donc de la plus grande importance de méditer avec
l’idée de « prendre refuge, depuis maintenant jusqu’à l’obtention de l’éveil, avec
tous les êtres qui sont aussi illimités que vaste est l’espace ». De cette façon,
nous prenons refuge à la manière du grand véhicule.

Les quatre conditions spéciales pour prendre Refuge

Dans le soutra de « la réminiscence des trois Joyaux », il est dit que pour que
la prise de refuge soit authentique, il faut qu’elle comporte les quatre points clés
suivants et qu’il est nécessaire de les comprendre.
v Connaître les qualités des Rares et Sublimes
v Connaître la supériorité du Bouddha, du dharma et de la sangha par rapport
aux enseignants non-bouddhistes, aux voies erronées et aux communautés
de tirtikas
v La raison de cette compréhension nous permet de nous engager
sincèrement dans le refuge
v Au prix même de notre propre vie, ne cherchons pas d’autre refuge que les
trois Rares et Sublimes

Il n’est pas suffisant de prendre refuge en répétant la formule et par le simple


fait de dire les mots (après le lama). Il faut avoir confiance du fond du cœur en
les Rares et Sublimes. Si l’on a confiance, il est impossible que la compassion
de Rares et Sublimes ne nous protège pas. Lorsque le karma négatif, qui doit
inévitablement mûrir dans cette vie, apparaît, même s’il semble que la
compassion des Rares et Sublimes ait été vaincue, si l’on garde vraiment
confiance, il est certain que cette protection s’appliquera dans les vies futures.
Si, quand le moindre désagrément s’élève, nous disons, « oh, les trois Rares et
Sublimes n’ont pas de compassion ou bien nous plaçons nos espoirs dans les
divinations, les rituels, les examens médicaux, ceci est le signe d’un petit esprit.
Même si au niveau relatif (dans cette vie même), la compassion des trois Rares
et Sublimes n’apparaît pas, la faute nous incombe, c’est de n’avoir pas su prier.
Il est impossible que la bénédiction des Rares et Sublimes n’existe pas. C’est
pour cela, qu’à tout moment, par le rappel des qualités des trois Sublimes,
nous devons nous efforcer de prier et de méditer avec confiance.
N’accumulons pas de négativités en critiquant et par des paroles futiles. Avec
la compréhension que tous ceux qui portent la robe jaune représentent le

Le Flambeau du Sens Ultime 28


support des corps, parole et esprit éveillés, considérons les véritablement
comme les Rares et Sublimes, faisons des prosternations et des offrandes
avec foi et aspiration.
Restaurons les anciens supports des trois Joyaux et construisons en de
nouveaux; ne les posons pas à même le sol ni dans des endroit dangereux. Il
ne convient vraiment pas de vivre du commerce de statue, ni de les placer en
gage, etc. Il ne faut pas enjamber le moindre morceau d’écriture ou le plus petit
fragment de tsa-tsa (34).
En nous souvenant de la bonté (des trois Joyaux et du lama), par le corps, la
parole et l’esprit, nous leur rendons hommage, les louons et leur faisons des
offrandes avec une attitude respectueuse.
En nous souvenant de leur compassion, établissons tous les êtres dans le
refuge et considérons les grandes qualités des trois Sublimes.
En nous souvenant des bienfaits, méditons le refuge six fois jour et nuit.
En nous souvenant des désavantages du samsara, n’abandonnons pas les
objets de refuge, même au péril de notre vie.
Par le rappel dû à une grande confiance, quoi qu’il s’élève, la joie ou la
souffrance, les hauts et les bas, à chaque fois tournons nous seulement vers
les Rares et Sublimes sans se laisser décourager.

Les préceptes

En bref, ayant pris refuge en le Bouddha, (1) ne nous en remettons pas à des
divinités mondaines. Ayant pris refuge en le Dharma, (2) abandonnons toute
action et intention malveillantes envers les êtres. Ayant pris refuge en la
Sangha, (3) ne nous associons pas aux tirtikas et à ceux qui sont en accord
avec eux. (35).
Dans cette compréhension du refuge, si la pratique est authentique, elle inclue
la plupart des pratiques du chemin progressif des soutras et des tantras.
Si la pratique du refuge n’est pas un tant soit peu intégrer (dans le courant de
l’être), quand bien même nous parlerions de vacuité en termes sophistiqués,
cela n’ouvre que sur le grand précipice de la voie erronée.

Les résultats de la prise de refuge

Si nous pratiquons la prise de refuge continuellement sans jamais en être


séparé, nous sommes considérés comme bouddhistes. Nos erreurs mineures
sont purifiées, les graves seront allégées. Nous ne seront pas affecter par les
obstacles des humains et des non humains. Toutes les sources de vertu telles
que les vœux, les récitations, etc., se développeront de plus en plus. Si nous
tournons véritablement notre esprit vers trois Joyaux, nous n’irons pas dans les
états inférieurs, même si nous y sommes poussé.
Dans le soutra du « Lotus Blanc »(le Bouddha dit) : « Pour celui qui adopte
mon enseignement, qu’il soit laïque ou un prétendu moine (37), il atteindra au-
delà de la souffrance complètement, dans la sphère sans reste, en l’espace de
ce kalpa fortuné; aucun ne sera laissé pour compte! » Ainsi a-t-il dit.

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 29


Ceci est un bref énoncé sur la prise de refuge avec les explications et les
grands bienfaits s’y rapportant.

LE DEVELOPPEMENT DE L’ESPRIT DE L’EVEIL

Le développement de l’esprit d’éveil (Bodhichitta) accompagne la prise de


refuge.
Généralement, une fois que les pensées d’un individu se sont tournées vers le
Dharma, il ne suivra le chemin du Dharma que s’il développe l’esprit de l’éveil.
S’il ne le développe pas, il ne suivra pas le chemin du Dharma. Que ses actes
vertueux aient été nombreux ou limités, une fois qu’il a acquis les moyens
d’atteindre l’état de Bouddha (38), il est dit s’être engagé sur le chemin.
Comment serait-il possible de mesurer le mérite accumulé par les actions
vertueuses entreprises avec l’esprit de l’Eveil ? Même des actes courants
deviennent le moyen d’atteindre l’état de Bouddha (lorsqu’ils sont
accompagnés de l’esprit de l’Eveil). Ainsi un soutra dit :
« Si vous désirez parachever le parfait Etat de Bouddha, point n est besoin de
bien pratiquer divers aspects du Dharma, mais un seul. Lequel ? L’esprit de
l’Eveil. »

LES DEUX BODHICHITTA

Il y a deux sortes de Bodhichitta : la relative et l’ultime. Puisqu’elles sont la


base des « quatre -vingt-quatre -mille enseignements du Dharma » (39), il est
difficile d’en donner une explication concise. En ce moment, quand vous êtes
plongés dans la méditation, vous n’avez aucun besoin des nombreux
enseignements sur les deux types de Bodhichitta. Mais si vous désirez en
savoir davantage à leur sujet, étudiez les six œuvres de référence courantes de
l’école Kadampa (40), et d’autres textes.
En résumé, la Bodhichitta relative est essentiellement compassion. La
Bodhichitta ultime est essentiellement sagesse. Le développement de la
deuxième sorte de Bodhichitta dépend de la première. Padampa (41) disait
« un poisson ira à l’eau mais non à la terre sèche ; la réalisation ne s’élèvera
pas en l’absence de compassion ». « De même, la Bodhichitta ultime,
réalisation de véritable nature non déformée des phénomènes, dépend de la
Bodhichitta relative. Une personne qui n’a pas encore réalisé (la nature ultime
des choses) mais qui a éveillé* la force d’une compassion authentique sera tout
‘à fait capable d’œuvrer avec son corps, sa parole et son esprit pour le bien
d’autrui.

Le développement de la Bodhichitta relative : le vœu de Bodhisattva

Le Flambeau du Sens Ultime 30


Puisque la présence ou l’absence de la Bodhichitta relative détermine seule la
présence ou l’absence de Bodhichitta en soi, on doit d’abord trouver un moyen
de la développer. On doit employer des pratiques spécifiques pour engendrer
ses aspects d’ « aspiration » et de « persévérance ».
Une personne aux facultés supérieures l’engendre en récitant simplement trois
fois le vœu de Bodhisattva avec sincérité et intelligence, alors qu’elle se trouve
face à n’importe quelle représentation (des Trois Joyaux) (42).
Une personne de compréhension moyenne devrait recevoir le vœu d’un maître
spirituel qui appartient à une lignée ininterrompue (de transmission de ce vœu).
Le mieux est ensuite de réciter ce vœu six fois pendant la journée et six fois le
soir ; ou bien il est bon de le réciter au début et à la fin de chacun des quatre
moments de la journée ; il est encore acceptable qu’il ne soit récité qu’une fois
pendant la journée et une fois dans la nuit.

La Bodhichitta d’aspiration et d’application

Engendrer la Bodhichitta de l’aspiration signifie penser constamment:


« J’atteindrai l’état de Bouddha omniscient pour le bien de tous les êtres
vivants ». L’aspiration, c’est comme désirer se rendre quelque part.
Engendrer la Bodhichitta de la mise en œuvre c’est accomplir des actions
vertueuses qui permettront de réaliser cette promesse, en pensant : « Dans ce
but, j’appliquerai les instructions de la méditation du Mahamoudra Sahadja »
(43). La mise en œuvre c’est comme se mettre réellement en chemin.
(Dans la pratique du Refuge (44) avant de dissoudre les sources de Refuge,
nous récitons le vœu de Bodhisattva trois fois. Devant cette assemblée
excellente, nous engendrons ainsi la Bodhichitta de l’aspiration, tout comme
l’ont fait les Bouddhas et Bodhisattvas du passé. Puis nous engendrons la
Bodhichitta de la mise en œuvre en pensant : « Tout comme ils l’ont fait, je dois
engendrer la Bodhichitta et m’entraîner à chacun des stades des six
Perfections (45) pour le bien de mes parents - tous les êtres sensibles ».
Puis, nous méditons joyeusement sur le fait que nous avons engendré l’attitude
de l’Eveil (et nous récitons les prières où l’on se réjouit).
Nous pensons alors que d’autres louent notre réalisation, et nous prions (pour
la génération universelle de la Bodhichitta et pour les Quatre
Incommensurables).
Nous laissons ensuite les sources de Refuge se fondre en nous.
Nous renouvelons souvent notre vœu de Bodhisattva en le récitant tout en
pensant que le trône-des-lions, surmonté d’un lotus sur lequel repose un disque
de lune, et notre maître Shakyamouni entouré de la Sangha composée des
Huit Fils, des Seize Anciens, des Bodhisattvas, des Shravakas et des
Pratyekabouddhas sont véritablement présents dans le ciel devant nous.
Enfin, nous demeurons dans la non-conceptualisation.

L’apprentissage de la Bodhichitta de l’aspiration

Garder le vœu de Bodhisattva


L’apprentissage du développement de la Bodhichitta est immense, puisqu’il
comprend tout acte et toute pratique religieuse. Mais il suffit de dire que

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 31


l’apprentissage de la Bodhichitta de l’aspiration comprend (le respect du vœu
de Bodhisattva).
1) Abandonner mentalement les êtres sensibles et (2) adopter des attitudes
contraires à la Bodhichitta déracinent et détruisent le vœu de Bodhisattva. Il est
donc essentiel de rejeter ces deux attitudes une fois que l’on a pris le vœu.
Entretenir des idées mauvaises comme « même si j’ai l’occasion de vous aider,
je ne le ferai pas », ou être empli de haine, d’envie ou de colère envers autrui,
sans faire attention au nombre d’êtres sensibles qui sont en jeu, telle est la
transgression appelée « abandonner mentalement les êtres sensibles ».
De même, penser : « Je ne peux rien faire moi-même pour m’aider ou aider les
autres ! Je ferais mieux de devenir un homme du monde ordinaire. Atteindre le
parfait Etat de Bouddha est si difficile qu’il importe peu que j’engendre la
Bodhichitta ou non ! Je ne peux vraiment pas aider qui que ce soit » ; adopter
l’attitude d’un Shravaka ou d’un Pratyekabouddha, qui ne s’intéresse qu’ à son
propre bien-être ; penser : « Les bienfaits de la Bodhichitta ne sont pas si
grands que cela » ; ou relâcher le vœu - toutes ces attitudes sont contraires à
la Bodhichitta.
Si nous ne corrigeons pas ces attitudes dans les trois heures qui suivent, le
voeu est rompu (46). Redoutons les toujours ! Au cas où elles apparaissent
inconsciemment, une confession (47) immédiate réparera le vœu.
Pour résumer, ne laissons jamais se détériorer l’attitude excellente : le désir
d’établir jusqu’à ses ennemis et jusqu’aux démons maléfiques en l’état de
Bouddha. Même des fautes aussi graves que les pires inconduites aux yeux
d’un Shravaka (48) ne peuvent détruire la Bodhichitta. Accomplissez donc le
plus d’actes vraiment bénéfiques que vous le pouvez. Même si vous êtes
incapables (d’aider réellement les autres), maintenez toujours l’intention de les
aider à l’avenir.

Se souvenir de la Disposition de l’Eveil


Il est bon de rejeter les « quatre actions noires » qui amèneraient à oublier la
disposition de l’Eveil dans toutes les existences à venir et d’entretenir les
« quatre actions blanches » qui amèneront ‘à se rappeler cette disposition.
La première action noire est de mentir consciemment afin de tromper un lama
ou un autre être vénérable. Qu’il soit trompe ou non, que nous parlions
abondamment ou peu, c’est une erreur que de calomnier ou de mentir, même
pour plaisanter.
(La première action blanche est de dire la vérité en toute circonstance).
La seconde action noire est d’amener les autres a regretter d’avoir bien agi. Il
est bon de les amener à regretter les actions néfastes mais (les bonnes
actions) ne sont pas regrettables. C’est une erreur, qu’on ait réussi ou non à
provoquer le regret (de leurs actes vertueux).
La deuxième action blanche est de faire tout notre possible pour encourager
tous les êtres à suivre les trois yanas (49) (surtout le Mahayana) et à accomplir
de bonnes actions. Poussons-les à prier en vue d’atteindre la suprême
Illumination.

Le Flambeau du Sens Ultime 32


La troisième action noire est d’utiliser ne serait-ce qu’une seule parole critique
en public ou en privé contre un être qui a engendre, même si ce n’est que
verbalement, la Bodhichitta. (En effet, en développant la Bodhichitta) il s’est
joint aux Bodhisattvas.
La troisième action blanche est de louer plutôt que de condamner des êtres
même ordinaires. Puisque tous les êtres possèdent « la nature potentielle de
Bouddha » et sont pour nous une base d’acquisition des accumulations et de
purification des voiles, il a été dit qu’ils ne diffèrent pas des Bouddhas.
La quatrième action noire est de tricher avec qui que ce soit par le corps, la
parole ou l’esprit, de tromper ou de duper, pour servir nos propres intérêts.
La quatrième action blanche est de faire du bonheur d’autrui notre souci
personnel en souhaitant établir tous les êtres sensibles en un état béni et
heureux durant leurs vies présentes et futures. Nous devrions toujours parler
sincèrement, comme un père à son fils.
En résumé, tout (ce que l’on doit faire pour engendrer la Bodhichitta de
l’aspiration) est compris dans cet énoncé : « Donner tout profit et toute victoire
aux autres ; accepter toute perte et toute défaite pour soi-même ».
Comme c’est l’intention du vœu de Bodhisattva qui est très importante,
essayons de garder la Bodhichitta continuellement à l’esprit dans tout ce que
nous faisons et tout ce que nous disons. Puisqu’accroître les deux
Accumulations mène au développement continu de la Bodhichitta, entraînons-
nous à le faire.

La pratique de la Bodhichitta d’application

1. Accomplir les dix tâches du Bodhisattva

Extrait du Sagaramitaparipiitcha Soutra (50)


« Il est dit qu’un Bodhisattva a dix tâches. Elles sont:
1. Maintenir sa foi qui est la racine, et se fier à son maître spirituel
2. Etudier avec diligence tous les aspects du Saint Dharma
3. Accomplir avec énergie des actions vertueuses, poussé par un désir
authentique (d’aider les autres), et ne jamais abandonner (cette œuvre)
4. Eviter soigneusement toute action futile
5. Aider les êtres sensibles à atteindre la maturité spirituelle, sans attachement
au mérite que l’on accumule par ce fait
6. S’en tenir au Saint Dharma sans se soucier de sa vie ni de son corps
7.N’être jamais satisfait de la somme des mérites que l’on a accumulée
8.Développer la connaissance transcendante avec assiduité
9.Se souvenir toujours du but suprême
10.Poursuivre le chemin que l’on a choisi à l’aide des moyens habiles. »

Il est bon de travailler assidûment à la réalisation de ces tâches. Quant à


l’apprentissage de la mise en action : tout comme un fermier qui veut une
bonne récolte ne doit pas se contenter de semer son grain mais doit aussi le
cultiver, de même nous qui voulons atteindre l’état de Bouddha ne pouvons

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 33


nous contenter de le souhaiter. Nous devons aussi accomplir toutes sortes
d’actes de Bodhisattva au mieux de nos capacités.

2. La pratique des Six Perfections

1. Faire des dons;


2. Observer une conduite morale juste;
3. Pratiquer la patience;
4. Exercer son énergie;
5. Cultiver la concentration dans la méditation;
6. Cultiver la sagesse.
Pratiquons ces Six Perfections.
En résumé, « il n’y a rien dans (les Six Perfections) que le Bouddha et ses fils
(51) n’aient Pratiqué » ; accomplissons ainsi toutes sortes d’actes vertueux et
contemplons avec joie ceux des autres.

3. L’application des Quatre Incommensurables

Appliquer les Quatre Incommensurables c’est penser à tous les êtres sensibles,
infinis comme le ciel, sans distinction entre « ennemi », « ami », ou
« indifférent » avec les (quatre dispositions) suivantes :
1. L’amour : le désir d’établir tous les êtres en un état de bonheur dont ils
n’ont pas encore joui et de les établir dans la cause du bonheur, l’action
vertueuse ;
2. La compassion : le désir de les libérer de la souffrance dès aujourd’hui et
d’ôter la cause de leur souffrance, l’action nuisible ;
3. La joie (de prendre part): se réjouir du bonheur physique et mental
d’autrui;
4. L’équanimité : l’attitude selon laquelle, de tous les êtres sensibles qui sont
tous comme notre mère, aucun n’est plus important ni moins important
qu’un autre. Aucun attachement n’est ressenti envers l’un ni aucune
aversion envers un autre, de près ni de loin. Tous sont considérés comme
égaux.
Telles sont les Quatre Incommensurables.
Une fois que nous avons commencé la pratique du Mahayana, appliquer (les
Quatre Incommensurables,) l’essence du Dharma, devrait devenir notre
principal souci.
Selon les instructions des Kadampas, réfléchir sur la relation entre certaines
causes et leurs effets amène à développer l’amour et les trois autres qualités.
Nous pouvons penser:
« Je dois atteindre l’Illumination avant toute chose ».
« Je dois engendrer la disposition de l’Eveil, cause (de la réalisation de l’état de
Bouddha) ».
« La compassion est la cause du développement de la disposition de l’Eveil ».
« L’amour est la cause de la compassion ».
Le souvenir de la bonté témoignée dans le passé est la cause (de l’amour) ».

Le Flambeau du Sens Ultime 34


« La considération du fait que tous les êtres sensibles ont été mes parents
m’amène (à me souvenir de leur bonté) ».
« C’est ainsi que je dois réfléchir ».
« L’ayant fait, je dois d’abord me rappeler la bonté de ma mère en cette vie et
méditer sur l’amour. Puis, je dois étendre cette attitude à tous les êtres
sensibles qui vivent et respirent ».

Les deux « racines de la dégénérescence » sont :


1. Prétendre être un Bodhisattva en espérant être considéré comme un
« bon bouddhiste », et obtenir ainsi nourriture, vêtements, ou renommée,
ou espérer paraître meilleur qu’autrui ;
2. Agir de façon hypocrite et se donner le titre d’ « être Réalisé » ou de
Siddha. L’antidote à appliquer est de méditer sur la rareté des
opportunités et des bénédictions (d’une existence humaine) et sur
l’impermanence.
Accomplir quelques bonnes actions ou pratiquer la religion simplement parce
qu’on désire obtenir le bonheur divin ou humain dans les vies à venir est
contraire à la Bodhichitta. (L’antidote à appliquer est de) penser à la cause et
aux effets, et à la structure défectueuse du samsara.
Penser seulement à son propre bien-être plutôt qu’au bonheur des autres est
ignorer l’essentiel.
(L’antidote à appliquer est de) méditer que nous échangeons nos propres
(actions bénéfiques et notre propre bonheur) contre (les actes nuisibles et la
souffrance) d’autrui (52). Ceci est très important.
De plus, (il est bon de se souvenir que) tous les êtres sensibles sont
semblables à nous, en ce sens qu’ils veulent le bonheur, et non la souffrance.
Comme nous, ils n’ont pas de nature propre véritable.
Comme nous sommes seuls et que les ‘êtres sensibles sont nombreux, ils ne
sont pas seulement nos égaux, mais ils sont beaucoup plus importants que
nous. Par conséquent, ne jouons pas seulement avec cette idée, mais ayons
confiance et soyons déterminés dans notre intention d’établir tous les êtres
dans l’état de Bouddha une fois que nous l’aurons nous-mêmes atteint.
Pour que ce soit efficace, ne nous chérissons pas nous-mêmes, mais
considérons tout être sensible comme beaucoup plus important que nous.
Nous devons être prêts à supporter de grandes souffrances pour faire le
bonheur des autres, réfléchir intensément a ce qui est leur bien et agir
uniquement en ce sens.
De nos jours, alors même que nous accomplissons quelques actes bénéfiques,
la plupart d’entre nous le faisons pour notre propre profit. Accomplir la tâche qui
nous a été octroyée pour notre propre bien ne nous mènera nulle part.
Nous devons bouger, marcher, dormir et être assis, et bien évidemment,
pratiquer la méditation, avec la seule intention d’aider autrui.

4. Le don et la prise en charge

Quand nous sommes assaillis par la maladie ou les esprits, tourmentés par les
commérages ou par un jaillissement d’émotions perturbatrices, prenons sur
nous les infortunes de tous les êtres sensibles. Comprenant que nos actions

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 35


passées sont la cause (de la douleur présente), ne soyons pas déprimés quand
le malheur s’abat sur nous, mais prenons sur nous toute la souffrance d’autrui.
Dans le bonheur, utilisons richesse, influence et mérite pour accomplir des
actions bénéfiques. Ne restons pas assis sans rien faire, mais utilisons notre
corps et notre parole de façon bénéfique, en priant pour le bonheur de tous les
êtres.
En résumé, ne mêlons notre intérêt personnel à aucun de nos actes, mais
reconnaissons la valeur de notre pratique du Dharma à l’efficacité qu’elle a de
couper notre attachement à un ego.
En inspirant par le nez, nous absorbons la masse noire de toute la souffrance,
des actes nuisibles et des voiles de tous les ‘êtres et nous la laissons se
dissoudre en notre, cœur. En expirant par le nez, nous envoyons les « rayons
blancs » de tout le mérite et de tout le bonheur accumulés depuis des temps
sans commencement. Pensons que lorsque tous les êtres sensibles les
recevront, ils atteindront l’état de Bouddha. Méditons joyeusement, et récitons
continuellement :
Quand je suis heureux, puisse mon mérite se répandre sur autrui !
Puisse sa bénédiction emplir le ciel !
Quand je suis malheureux, puissent toutes les souffrances de tous les êtres
être miennes !
Puisse l’océan de souffrance se dessécher !
Sur notre lit de mort même, quand nous ne pouvons accomplir d’autre pratique,
passons notre temps à pratiquer le don et la prise en charge aussi longtemps
que nous pouvons respirer.
Quand nous sommes soumis à des malheurs tels que la maladie, les
perturbations du mental, les disputes et les procès, ne blâmons pas les autres.
Tenons-nous en pour responsables, pensons qu’ils sont simplement dus à
notre propre attachement à un ego.
Puisque (tous les êtres sensibles) - ennemis, amis et ceux qui ne sont ni 1’un ni
l’autre - nous fournissent la base de la méditation (du don et de la prise en
charge) et nous aident à nous débarrasser de nos actions nuisibles et des
voiles de notre esprit, pensons à leur très grande bonté.
Ne disons et ne faisons rien simplement pour que les autres nous croient
libérés de l’attachement à l’ego. Tous nos actes doivent être purs comme le
Vinaya.
Ne discutons pas des fautes d’autrui. Comprenons que leurs « fautes » sont en
fait nos propres projections impures. N’attirons pas l’attention sur les faiblesses
humaines, n’usons pas d’un langage injurieux ni de mantras féroces contre des
êtres non-humains (53) ni contre d’autres créatures. Ne laissons pas aux autres
les tâches pénibles et ne leur faisons pas faire le travail désagréable qui nous
revient.
C’est une erreur que de se réjouir de la défaite d’un adversaire, d’être heureux
de la mort d’un ennemi et de contempler le profit que l’on tire de la maladie
d’un concurrent. Sans nous soucier de l’état de notre santé ni de notre faculté
de faire face aux paroles blessantes, méditons sur l’esprit de l’Eveil. Méditons
avec application (en engendrant la compassion pour) ceux envers qui nous en
éprouvons difficilement, tels les ennemis et les créatures qui multiplient les
obstacles.

Le Flambeau du Sens Ultime 36


Régularisons une pratique sporadique due à notre incertitude sur le Dharma.
Etant donné que c’est notre propre avantage de pratiquer, ne nous glorifions
pas des difficultés que nous traversons.
Lorsque d’autres nous blessent en prêtant attention à nos fautes, en nous
humiliant, en nous battant ou en ayant un grand accès de colère contre nous,
ne répondons pas mais méditons simplement avec compassion.
Ne faisons jamais étalage de nos états d’âmes heureux ou malheureux.
Si nous n’endurons pas le moindre sacrifice ou n’apportons aucune aide à
autrui, nous n’avons rien compris au développement de l’Attitude de l’Eveil.
Echanger (nos actions bénéfiques et notre bonheur) contre (les actions
néfastes et la souffrance) des autres est un moyen habile particulièrement
puissant ; appliquons-le avec grande détermination.

RESULTATS DU DEVELOPPEMENT DE L’ESPRIT DE L’EVEIL

Le seul développement de l’esprit de l’Eveil suffit à purifier d’innombrables


actions néfastes et fait s’accroître démesurément les actions bénéfiques. Le
mérite acquis en un instant de Bodhichitta l’emporte sur (le mérite que l’on
accumulerait en) offrant à chacun des Bouddhas, en aussi grand nombre qu’il y
a de grains de sable dans le Gange, de vastes mondes entièrement emplis de
pierres précieuses. Il n’est pas besoin de mentionner sa grâce illimitée ; elle est
le cœur du Dharma tout entier.

La conduite ultérieure : les deux sortes de conduite morale qui


conviennent à un Bodhisattva

Puisque toutes les activités des Bodhisattvas, telles les six Perfections ont pour
seule source la compassion, ne disons pas : « Voici de nombreux mois que je
médite », ni « Comme cet être qui souffre est pitoyable ». Cultivons une grande
compassion, constante et pénétrante, pour tous les êtres, sans préférence ni
partialité.
(Cultivons ces deux sortes de conduites morales :)
1. Cultivons toutes sortes d’actions bénéfiques pour le bon développement
de notre pratique spirituelle. C’est la « conduite morale qui rassemble les
dharmas bénéfiques ».
2. Persuadons les autres êtres sensibles d’accomplir tous les actes
bénéfiques qui conviennent à leur propre développement spirituel. Ceci
est la « conduite morale qui profite aux autres ».
Votre vœu de Bodhisattva couvre tout ce qui entre dans ces deux catégories de
conduite morale ; il est donc bon de les pratiquer toutes deux. Il est dit que pour
un Bodhisattva ne pas agir ainsi est une défaillance. Quoi qu’il arrive,
engageons-nous donc dans des activités bénéfiques et encourageons les
autres à faire de même.
Quiconque ressent qu’il’est suffisant de s’en tenir à l’une (des deux), ne fait que
s’accrocher à une expérience méditative insignifiante qui ne résistera pas aux
circonstances adverses (54). Une telle conduite est issue de l’ignorance des
paroles du Bouddha et des biographies spirituelles des saints.

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 37


NOTES

1. Voir ‘Phags-lam, 107/5 - 108/3. Cette section de la liturgie décrit la


visualisation.
2. Chaque détail est le plus beau qui existe ; par exemple, l’eau est fraîche,
bonne, douce, claire, sans aucune impureté, elle apaise l’estomac et
nettoie la gorge. Dans la pensée indienne antique, l’arbre -qui -accomplit -
tous -les-souhaits, qui porte tous les fruits que l’on désire, symbolise la
puissance en ce monde (voir chap. 4, n. 24). Ici, la confiance en les
sources de Refuge visualisées dans cet arbre comblera le désir le plus
élevé d’un humain, la réalisation de l’état de Bouddha.
3. Le Vadjra (Tib : rDorje) et la cloche tenus dans les mains croisées au
niveau du cœur, symbolisent l’intégration de la sagesse (le vadjra) et de la
compassion (la cloche).
4. Les huit joyaux et les cinq vêtements de soie portés par les Bouddhas et
les Bodhisattvas symbolisent généralement l’influence enrichissante et
stimulante du Sambhogakaya.
5. Jambes croisées, pied gauche sur la cuisse droite, pied droit sur la cuisse
gauche.
6. L’apparence physique traditionnelle d’un Bouddha, comprenant les lobes
d’oreilles longs, les doigts palmés, etc.
7. Ces lamas constituent la lignée du Mahamoudra jusqu’à l’époque de
Djamgoeun Kontrul. Nous avons mis à jour la liste qui suit en ajoutant les
six noms des membres de cette lignée les plus récents.
1) Norbou Teundroub (Nor-bu Don-grub, né vers 1870) : disciple de
Djamgoeun Kontrul. Il fut le Lama-Racine de Kalou Rimpotché et
aussiTun des maîtres du seizième Karmapa, Rangdjoung Rigpeil
Dordjé, (Rang-byung rig-paï rDordie, né en 1924). D’après Kalou
Rimpotché, lorsque Lama Norbou trépassa, son corps se fondit en un
magnifique arc-en-ciel dans l’espace.
2) Djamgoeun K’yentsé Eusser (Jam-mgon mKhyen-brtse ‘Od-zer, né en
1899): deuxième incarnation de Djamgoeun Kontrul.
3) Padma Ouangtchok (Padma dBang-mchog rGyal-po, 1854-?) : le
dixième Sitou Rimpotché.
4) K’akyab Dordjé (mKha’-Khyab rDorje, 1845-1924) : le quinzième
Karmapa.
5)’Yeunten Gyamtso (Ngag-dbang Yon-tan rGya-mtsho, aussi connu
sous le nom de Djamgoeun Kontrul, 1813-99) : le nom donné à Kontrul
lors de son ordination comme moine Karma Kagyu en 1833. C’est le
nom dont il signe ce texte.
6) Tektchok Dordjé (Theg-mchog rDorje, 1797-1845) : le quatorzième
Karmapa.
7) Pema Nyindjé Ouangpo (Padma Nyin-byed, 1774-1853) : le neuvième
Sitou Rimpotché, Lama-Racine de Kontrul.

Le Flambeau du Sens Ultime 38


8) Mipam Tcheudroup Gyamtso (Mi-pham Chos grub rGya-mtsho, vers
1750): le dixième Chamar tulkou (Zhwa-dmar: « bonnet rouge »), lignée
dont la source est le Bouddha Amitabha.
9) Dudul Dordjé (bDud-dul rDorje, 1733-97): le treizième Karmapa.
10)Tcheukyi Djoungné (Situ Chos-kyi ‘byung-gnas, 1700-75) : le huitième
Sitou Rimpotché aussi connu sous le nom de bs-Tan-paï Nyin-byed. Il
fonda le monastère de Palpung en 1727.
11)Djangtchoup Dordjé (Dyang-chub rDorje, 1703-1732) : le douzième
Karmapa.
12)Tcheukyi Teundroup (dPal-chen Chos-kyi don-grub, aussi connu sous
le nom de rNam-rol mchog-pa, 1695-1732) : le huitième Chamar tulkou,
ou Chamarpa.
13)Yéché Dordjé (Ye-shes rDorje, 1675-1702): le onzième Karmapa.
14)Yéché Nyingpo (Ye-shes sNying-po, aussi connu sous le nom de
Padma Gargi dbang-phyug, 1639-94): le septième Chamarpa.
15)Tcheuying Dordjé (Chos-dbyings rDorje, 1604,74): le dixième
Karmapa.
16)Tcheukyi Ouangtchouk (Chos-kyi dbang phyug, 1584-1635) : le
sixième Chamarpa.
17)Ouangtchouk Dordjé (dBang-phyug rDorje, 1556-1603) : le neuvième
Karmapa, principal auteur de Phags-lam bgrod-paï shing-rta, la liturgie
de ces pratiques.
18)Keuntcho Yenla (dKon-mchog Yan-lag, 1525-83) : le cinquième
Chamarpa.
19)Mikyeu Dordjé (mi-bskyod rDorje, aussi connu sous le nom de
Chosgrags dPal-bzang, 1507-54): le huitième Karmapa.
20)Sangyé Nyenpa (Sangs-rgyas mNyen-pa, aussi connu sous le nom de
bKra-shis dPal-‘byor, vers 1450) : le quatrième Sitou, maître de Mikyieu
Dordjé et élève du quatrième Chamar Rimpotché.
21)Tcheudrak Gyamtso (Chos-grags rGya-mtsho, 1454-1506) : le
septième Karmapa.
22)Peldjor Teundroup (dPal-‘byor Don-grub, vers 1400) : premier Gyeltsab
Rimpotché et proche disciple du sixième Karmapa.
23)Djampel Sangpo (Jam-dpal bZang-po, vers 1400) : un éminent Lama
Karma Kagyu.
24)Tongoua Teunden (mThong-ba Don-ldan, 1416-53): le sixième
Karmapa.
25)Rigpeil Relda (Rig-paï ral-gi, aussi connu sous le nom de
Ratnabhadra, vers 1400): un maître du Mahamoudra.
26)Déchin Chekpa (De-bzhin gshegs-pa, 1384-1415) : le cinquième
Karmapa, célèbre pour les hauts faits de magie par lesquels il dissuada
l’Empereur Yung-Lo d’envahir le Tibet. Le même empereur offrit à
Déchin Chekpa la coiffe noire qui devint la caractéristique des
Karmapas.
27)Katcheu Ouangpo (mKhaspyod dBang-po, 1350-1505) : le deuxième
Chamar Rimpotché.

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 39


28)Reulpeil Dordjé (rol-pa’i rDordje, 1340-83): le quatrième Karmapa,
connu pour ses pouvoirs magiques et comme le maître du fondateur
des Gelougpas, Tsongkhapa.
29)Yeunten Dordjépel ~gYung-ston rDordje-dpal, aussi connu comme
gYungston-pa, 1283-?): un maître du Mahamoudra.
30)Rangdjoung Dordjé (Rang-byung rDordje, 1284-1339) : le troisième
Karmapa.
31)Orgyenpa Rintchenpel (Orgyan-pa Rin-chen-dpal, aussi connu sous le
nom de rGod-tsang-pa ou mGon-po rDordje, 1229-1309 ou
1189-1258) :fondateur de la branche Teu (sTod) de la lignée Drougpa
(‘Brug-pa) Kagyu.
32)Droupchen Pakchi (Grub-chen Pagshi ou Karma Pakchi, 1206-83) : le
deuxième Karmapa, premier de cette lignée à visiter la Chine, où il
stupéfia les taoistes par son adresse à la magie et au débat.
33)Pomdra Seunam Dordjé (sPom-brag bSod-nams rDordje, aussi connu
sous le nom de sPom-brag-pa vers 1100): un maître du Mahamoudra.
34)Drogueun Retchen Sangyé Drak (‘Gro-mgon Ras-chen Sangs-rgyas
grags, vers 1100) : le premier Sitou Rimpotché.
35)Tusoum Khyenpa (Dus-gsum mkhyen-pa, 1110-93): le premier
Karmapa. Voir H. E. Richardson, « The Karma-pa sect », JRAS, 1958:
139-64.
36)Nyam-mé Dagpo (mNyam-med Dags-po, aussi connu comme
sGam-po-pa, 1709-1153): l’auteur et maître Kagyupa renommé.
37)Djétsun Mila (rJe-btsun Milà, ou Milarépa: 1052-1135): le grand Yogui.
38)Marpa Lotsa (Mar-pa Lo-tsa-wa, aussi connu sous le nom de
Lho-brag-pa, 1012-96): Marpa le traducteur, Lama de Milarépa.
39)Maitripa (vers 1150): maître indien à la fois d’Aticha et de Marpa.
40)Chawari (Chavaripa, vers 657) : un Mahasiddha indien, dont on dit qu’il
instaura le culte de Vadjrayogini, si important dans l’école Kagyu. Voir
T. Schmid, « the Eighty-Five Siddhas ». Stockholm : Rapports-de la
« Scientific Expédition to the Northwestern Provinces of China » partie
8, vol. 7, p. 60 et planche 5.
41)Pagpa Loudroup (‘Phags-pa kLu-grub ou kLu-grub sNying-po, vers 645
après J.C. ?): un autre mahasiddha indien, voir Schmid, « Siddhas », p.
20-27.
42)Saraha (vers 633 après J.C.) : le mahasiddha indien, renommé pour
ses dohas ou chants tantriques. Voir H.V. Guenther, « Royal Song of
Saraha ». Seattle : Université de Washington, 1%9.
43)Lodreu Rintchen (bLo-gros Rin-chen, dates inconnues) : un siddha
indien inspiré directement par Vadjradhara. (Lama)
La source de cette lignée est, bien-sûr, Vadjradhara.
8. Six grands maîtres Indiens : Aryadeva, Asanga, Vasoumitra, Dignaga,
Dharmakirti, et Nagendra.
9. Quatre subdivisions de la lignée Kagyupa.
10.Divinités tutélaires ou de méditation. Généralement, un yidam représente
le Bouddha tel qu’il est vu par un être ordinaire à un moment précis de son
évolution spirituelle, servant ainsi de moyen pour approcher ce but lointain.
Un disciple acquiert un yidam en recevant l’initiation de cette divinité, en

Le Flambeau du Sens Ultime 40


pratiquant sa méditation, en récitant son mantra et en le priant. Chacun se
spécialise dans le groupe de pratiques associées à un yidam particulier qu’il
choisit avec l’aide de son Lama pour convenir à ses propres besoins et à sa
disposition.
Le problème des yidams et de leur fonction est complexe. Les groupes de
yidams aussi bien que certains siddhis associés à chacun d’eux varient d’un
texte à l’autre. Mais d’une manière générale, méditer sur les yidams
mentionnés ici, aussi bien que sur d’autres divinités essentielles, dissipe les
voiles de l’esprit. Ceci amène la possibilité de pratiquer différents yogas par
lesquels la vie ordinaire, teintée des cinq poisons (l’orgueil, le désir
-attachement, 17aversion, la jalousie et la confusion) est transformée en une
existence Illuminée dotée des cinq sagesses transcendantes (la sagesse’
transcendante du Dharmadatou, de clarté semblable au miroir, de l’équanimité,
de la discrimination et des accomplissements). (Lama)
Vadjravarahi et Tchakrasamvara (rDorje Phagmo et ‘Khorlo bDemchog) sont
les principaux yidams féminin et masculin de la lignée Kagyu.
11.Un kalpa fortuné est une ère en laquelle un Bouddha apparaît. (Lama)
12.« Les trois temps » : le passé, le présent et l’avenir. « Les dix
directions » : le nord, le sud, l’est, l’ouest, les quatre intermédiaires, le
zénith et le nadir de l’univers bouddhiste traditionnel. (LPL)
13gdong-khra : tissu rectangulaire, portant le titre, qui est drapé au bout d’un
livre Tibétain. Les livres sont empilés avec ce bout tourné vers l’avant
pour que l’on puisse les identifier facilement.
14« Maîtres des Trois Familles » : Mandjoushri (Bodhisattva de la sagesse),
Vadjrapani (Bodhisattva de la réalisation spirituelle) et Avalokiteshvara
(Bodhisattva de la Compassion).
Les autres « Huit Fils » ou principaux Bodhisattvas sont Kshitigarbha,
Sarvanivaranavishkambhi, Akashagarbha, Maitreya et Samanthabadra.
Les « Deux Excellents Disciples » étaient les principaux disciples de
Shakyamouni, Sharipoutra et Maudgalyayana. Ananda était l’intime du
Bouddha.
Les « Seize Anciens » étaient des disciples de Shakyamouni qui
prêchèrent le Dharma dans différents pays après la mort du Bouddha.
15.Ces trois catégories sont appelées « divinités de sagesse » (ye-shes-kyi
lha) parce qu’elles personnifient certains aspects des êtres Illuminés.
Mahakala à six bras personnifie par exemple l’aspect irrité
d’Avalokiteshvara, le Bodhisattva de la compassion.
Les Dharmapalas aident à purifier les obstacles à la pratique que
rencontre le disciple, et paraissent donc souvent menaçants jusqu’à ce
que ceux-ci aient été surmontés. Tout comme pour le yidam, le disciple et
son Lama choisissent le Dharmapala qui. convient le mieux à ses besoins,
il reçoit l’initiation puis pratique les rituels de cette divinité.
Dordjé Bertchen (rDorje Ber-can ou Ber-nag-che) est le principal
Dharmapala Kagyupa, c’est une forme de Mahakala.

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 41


Ces Dharmapalas éveillés se distinguent ainsi des « divinités
mondaines » (jig-rten-paï lha), démons samsariques qui ne sont pas des
sources de Refuge.
Les Dakas (divinités masculines) et les Dakinis (divinités féminines)
partagent certaines des fonctions des dharmapalas. Dakinis et yoginis
sont des Bodhisattvas féminins qui servent quelquefois de messagers
entre les êtres ordinaires et les êtres Illuminés. Voir R.
Nebesky-Woykôwitz, Oracles and Demons of Tibet, S’Gravenhage :
Mouton, 19,56, particulièrement p. 3 à 202.
16.Voir ‘Phags-lam, 108/3 - 6. Le vœu de Refuge, engagement verbal
envers les six sources de Refuge et envers le but qu’ils personnifient, est
récité en exécutant de grandes prosternations. Puisque les récitations
prennent plus de temps que les prosternations et que toutes deux doivent
être faites en tout 111 111 fois, les récitations qui manquent peuvent être
ajoutées soit après avoir terminé toutes les prosternations, soit après
chaque session de prosternations. (Lama)
Le vœu de Refuge que l’on trouve dans Phags-lam est le plus élaboré de
plusieurs versions tibétaines. Les versions indiennes plus anciennes
invoquaient seulement le Bouddha, le Dharma et la Sangha. Il se peut
que le Lama ait été ajouté par les Tibétains. L’invocation des trois autres
sources donne la marque spécifique d’un vœu du Vadjrayana.
L’élaboration du vœu de Refuge par les Tibétains reflète le fait que,
contrairement aux bienheureux Bouddhistes des débuts qui rencontrèrent
réellement Shakyamouni et qui purent pratiquer guidés seulement par les
Trois Joyaux, les hommes de notre époque rencontrent de grands
obstacles à la pratique et ont besoin de toutes les sources de Refuge
possibles. (Lama)
17.Voir ‘Phags-lam, 108/6 - 190/1. Le vœu de Bodhisattva est un
engagement verbal à atteindre l’Illumination pour le bien de tous les êtres,
en pratiquant les Six Perfections (voir p. 106 - 109 et n. 45, ci-dessous) et
les autres aspects de la formation d’un Bodhisattva. Voir p. 60 - 68.
18.Voir ‘Phags-lam, 109/1 - 3. Le pratiquant se réjouit, car en prenant le vœu
de Bodhisattva, il s’est engagé sur la voie des Bodhisattvas.
19.Voir ‘Phags-lam 109/3 - 4.
20.Voir ‘Phags-lam 109/4 - 6.
21.Abrégé dans ‘Phags-lam, 109/6 - 7. Voir p. 64-66.
22De façon plus précise, le corps, la parole et l’esprit de tous les êtres
Illuminés se fondent en lumière en Vadjradhara. Puis Vadjradhara se fond
en lumière et pénètre notre corps, notre parole et notre esprit. (Lama)
23.« Par la vertu de ma pratique, Puissé-je bientôt atteindre le Mahamoudra,
Et établir tous les êtres sensibles, sans exception, En ce même état. »
Ceci est l’une des nombreuses prières de dédicace des mérites que l’on peut
utiliser après toute pratique, en insérant le nom du but de la pratique à la place
de « Mahamoudra ». La dédicace, ou partage des mérites, vient à la fin de
toutes les pratiques du Mahayana. Elle accroît l’efficacité de toute pratique en

Le Flambeau du Sens Ultime 42


la transformant, d’un acte samsarique en un acte qui mène à la Libération.
(Lama)
Toute pratique religieuse fait accumuler du mérite par le méditant. Mais s’il
essaie de garder ce mérite pour lui, il peut inconsciemment le détruire, ne
serait-ce que par un accès de colère ou en s’exprimant en paroles blessantes.
Par contre, le mérite qui a été dédié à tous les êtres ne peut être détruit par
quelque acte qu’il commette. (Lama)
24.La bénédiction (byin-rlabs): processus par lequel un individu introduit un
peu de son accumulation de mérite dans le « courant de l’être d’une autre
personne ». La faculté d’accorder la bénédiction dépend à la fois du degré
de réalisation spirituelle de celui qui la donne et de la foi de celui qui la
reçoit. Celui qui la donne est habituellement le Lama-racine dont il est dit
que la bénédiction contient celle de toutes les sources de Refuge réunies.
Bien que les expériences à venir soient largement conditionnées par les actes
présents, la bénédiction du Lama-racine peut partiellement les modifier ;
c’est-à-dire qu’elle peut créer les conditions favorables à la maturation de toute
prédisposition spirituelle que nos actions passées peuvent avoir engendrée,
nous donnant l’inspiration et l’énergie dont nous avons besoin pour commencer
la pratique. De cette façon, à moins que nos actes aient été extrêmement
nuisibles, la bénédiction du Lama peut nous aider à vaincre les émotions
perturbatrices et autres obstacles. (Lama)
Le Lama utilisa cette comparaison : « Comme le soleil, l’Illumination est
toujours présente. Tout comme les rayons du soleil focalisés à travers une
loupe peuvent brûler un morceau de papier, l’Illumination, « concentrée » par la
bénédiction du Lama peut détruire les émotions perturbatrices. La bénédiction
du Lama nous aide ainsi à réaliser le Bouddha potentiel qui est en nous tous ».
(Lama)
25.Siddhi : réalisation ou pouvoir. Ordinaires, ils comprennent l’influence
dans la société et la richesse. Suprêmes ou spéciaux, c’est la réalisation
spirituelle, telle la compréhension du Mahamoudra.
Tout Yidam peut conférer ces deux types de siddhis à quiconque reçoit
l’initiation, médite, récite les mantras et les prières se rapportant au yidam.
(Lama)
26.L’activité des Bouddhas : application des siddhis. Pour les êtres
ordinaires, c’est l’activité spirituelle du corps, de la parole et de l’esprit, qui
comprend : répandre le Dharma et appliquer les préceptes du Bouddha.
(Lama). Pour les Bouddhas, « elle est définie dans les écritures comme le
courant ininterrompu de réalisation spontanée des voeux de la Bodhi ».
(LPL)
Les quatre sortes d’activité des Bouddhas, que Dechoung Rimpotché
définit comme « quatre façons de maîtriser notre situation dans le
samsara, équivalant aux siddhis ordinaires et pouvant se manifester
comme un sous-produit du siddhi suprême », sont : 1. la mise à terme des
circonstances difficiles ; 2. l’accroissement de la richesse, de l’intelligence,
de l’accumulation de mérite, de la durée de la vie et autres commodités
samsariques d’un grand prix ; 3. l’autorité et l’influence sur toutes les

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 43


sortes d’êtres ; 4. la dispersion efficace des perturbations dues aux
phénomènes samsariques.
Les yogis d’autrefois développèrent ces techniques à un degré étonnant -
ils pouvaient voler à travers les airs, etc. - c’est moins courant aujourd’hui.
Mais ces performances ne sont rien comparées au développement de la
Bodhichitta, véritable but de notre pratique ». (Déchoung Rimpotché, lors
d’une entrevue le 20 février 1975)
27.sku-gsum. Les trois kayas ne sont pas des corps physiques, mais le
symbole des trois façons d’agir des Bouddhas, trois « normes
existentielles » que nous espérons réaliser par la pratique spirituelle.
Le Nirmanakaya (sprul-sku, prononcé tulkou) représente les divers rôles
que peut jouer un Bouddha parmi les êtres ordinaires. Par exemple, il
peut apparaître comme quelqu’un exerçant un art ou doué d’un talent
artistique (bzo-paï sprulsku) ; comme un être apparemment ordinaire tel
Karmapa ; ou comme un Bouddha né à un moment donné, tel
Shakyamouni. Ce dernier est le type « suprême » de Nirmanakaya
(mchog-gi sprul-sku). (Lama). On l’appelle souvent le Nirmanakaya, le
«corps de transformation » ou # corps illusoire » (sgyu-lus) à cause de sa
faculté d’apparaître et de fonctionner exactement comme les êtres qui
l’entourent. Celui-ci permet au Bouddha de communiquer avec toutes
sortes d’êtres et de les influencer de façon tout à fait efficace.
Le Samghogakaya (longs-spyod rdzogs-pa’i sku) symbolise l’activité du
Bouddha parmi les grands Bodhisattvas. Les « cinq certitudes » le
concernant sont : 1. le Bouddha du Samghogakaya réside exclusivement
dans les sphères des Bouddhas les plus élevées où il 2. apparait
seulement en tant que Sambhogakaya et 3. n’enseigne que le Mahayana,
tout en étant 4. entouré uniquement de Bodhisattvas du dixième degré. 5.
Il y demeure jusqu’à ce que le samsara soit vide. (Lama)
On qualifie parfois le Sambhogakaya de x stimulant » (srog-tsol), car il
incite les êtres à réaliser l’état de Bouddha. Le symbole iconographique
de cette fonction enrichissante consiste à peindre les Samghogakayas
comme des personnes royales merveilleusement parées.
Le Dharmakaya (chos-sku), le seul des trois à être considéré comme
ultimement réel et donc impossible à comprendre au travers de concepts,
est la conscience transcendante pure (ye-shes), dépourvue de toute
caractéristique.
28.lung-gi chos : comprend toutes les écritures qui doivent être lues,
apprises et appliquées. (Lama)
29.rtogs-pa’i chos : la réalisation qui vient avec l’état de Bouddha.
30.La communauté des êtres pleinement Illuminés. (Lama)
31.La communauté de ceux qui ont pris Refuge ou l’ordination, et des
Shravakas, Pratyekabouddhas et Arhats qui n’ont pas encore atteint le
plein Eveil. (Lama)
32.La manière du Hinayana : 1. prendre Refuge en ceux qui ne sont pas
pleinement Illuminés, tels les Arhats, les Shravakas et les

Le Flambeau du Sens Ultime 44


Pratyekabouddhas ; 2. prendre Refuge pour notre sécurité personnelle ou
notre propre Libération. La façon mondaine : prendre Refuge en des êtres
samsariques tels les dieux et les démons. (Lama)
33.Symboles (rten, littéralement, « contenant »). sku-rten : statue ou image
qui dans un certain sens « contient » le corps du Bouddha ; gsung-rten :
livre ou aphorisme qui « contient » sa parole ; thugs-rten ou mchod-rten
(Skt. stoupa) -réceptacle abritant des reliques d’un Bouddha ou d’un autre
être Illuminé qui représente l’esprit du Bouddha. (Lama)
34.tsa-tsa : stoupas miniatures ou petites silhouettes de Bouddhas et
d’autres êtres Illuminés, faites d’argile ou d’os en poudre provenant d’un
animal que l’on a mangé, compressé dans un moule.
35.Ces trois interdictions contiennent la clause essentielle ou « racine » du
vœu de Refuge. Si elles sont transgressées, le vœu est rompu. Selon
Kalou Rimpotché, e hétérodoxes » veut dire ici les gens irreligieux,
c’est-à-dire ceux qui doutent de la possibilité de la Libération, de
l’existence des êtres Illuminés, etc.
36.Dam-pai Chos padma dkar-po.bKa’-gyur P-781
37.Les fidèles laïques (dge-bsnyen ; Skt. upasaka) sont ceux qui ont pris
Refuge et fait vœu d’observer quelques-uns ou l’ensemble des cinq
préceptes qui interdisent le meurtre, le vol, le mensonge, l’inconduite
sexuelle et l’absorption d’intoxicants.
Les « Moines déguisés » sont ceux qui ne respectent pas leurs vœux
monastiques. (LPL)
38.C’est-à-dire la disposition de l’Eveil (Bodhichitta).
39.« Quatre-vingt-quatre-mille » est le nombre traditionnel qui désigne les
enseignements du Bouddha en leur ensemble.
40.bKa’-gdams gshung-drug : six livres utilisés par cette école pour préparer
les moines et les entraîner à la méditation. Ils comprennent : 1. Les
BouddhaJatakas (sKyes-rabs.bKa’., p. 748) ; 2. une version extensive du
Dhammapada, appelée Oudanavarga (Tshoms.bKa’., p. 992 ; bsTan-gyur,
p. 5600) ; 3. Le Bodhitcharyavatara de Shantideva (Byang-chub
spyodjug.bsTan., p. 5272) ; 4. Siksasamoutchaya (bsLap-pa kun-las
btus-pa.bsTan., p. 5336) ;5. Bodhisattvabhoumi et Shravakabhoumi
(Dyang-chub sems-dpaï sa et Nyan-thos-pa’i sa. bsTan., p. 5538 et
5537) ; 6. Mahayanasutralamkara (Theg-chen mdo-sde-rgan. gov
bsTan., p. 5521). (LPL)
41.Padampa était un professeur Kadampa du onzième siècle.
42.Un être supérieur n’a aucun besoin de recevoir le vœu de Bodhisattva
d’un Lama. Il suffit qu’il le récite trois fois devant les représentations des
Trois Joyaux, ou en les visualisant dans le ciel. Cependant on conseille
généralement aux disciples de recevoir ce vœu bénéfique autant de fois,
et d’autant de Lamas que possible. (Lama)
43.Comme le Mahamoudra (Sahadja) est la pratique la plus élevée de ce
système, il est utilisé ici pour illustrer la « persévérance », ou application
de l’esprit de l’Eveil, la Bodhichitta.

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 45


44.En engendrant la Bodhichitta, même séparément de la pratique du
Refuge, on visualise les sources de Refuge devant soi pour qu’elles soient
les témoins du vœu de Bodhisattva.
45.Les Six Perfections (pha-rol tu phyin-pa ; Skt. paramita) : Six « fonctions
transcendantes » ou groupes d’attitudes et d’actions qui aident à nous
mener (phying-pa) à l’ « autre rive » (pha-rol tu), c’est-à-dire l’état de
Bouddha. Voir HV. Guenther, Jewel Ornament, p. 148 à 231, et chap. 4,
ci-dessous.
46.On enfreint fréquemment les vœux par des actes manifestes. Cependant,
le vœu de Bodhisattva est particulièrement fragile, puisqu’il peut être brisé
par la simple pensée.- Pour préserver ce voeu, il est essentiel d’avoir
conscience en permanence de ses propres pensées. (Lama)
47.shags prononcé « cha ». Il y en a deux sortes
1. spyi-shags ou Confession générale, et
2. nyes-Itung-shags, Confession d’un méfait particulier, comme d’avoir rompu
le vœu de Bodhisattva. Il n’est pas nécessaire de se confesser à son Lama
ni à aucune autre personne. La confession se fait face à des symboles des
sources de Refuge ou en les visualisant, et :
1. en reconnaissant le méfait;
2. en le regrettant sincèrement;
3. en prenant la résolution de ne plus jamais le commettre.
Certaines longues prières peuvent être récitées après la Confession de la
rupture du vœu de Bodhisattva, mais la prière du développement universel de
la Bodhichitta (‘Phags-lam, 109/3-4) suffit.
Après la confession, il convient de visualiser les sources de Refuge qui se
fondent en lumière, puis en nous-mêmes. Laissons ensuite notre esprit reposer
sans conceptualisation, aussi longtemps que possible. (Lama)
48.Tuer, voler, mentir au sujet de sa réalisation spirituelle et faire abus des
plaisirs sexuels. (LPL)
49.Un yana est un style de cheminement religieux particulier, ou voie. Il
s’agit ici du Shravakayana, du Pratyekabouddhayana et du Mahayana.
50. bLo-gros rgya-mtsho zhus-paï mdo.bKa’, p. 819.
51.Les Bodhisattvas.
52.bdag-gzhan mnyam-brje. Pour les instructions détaillées de cette
pratique, voir Kontrul, Theg-pa chen-po blo-sbyong don bdun-ma,
gDams-ngag-mdzod, vol. 3. Delhi: N. Lungtoi et N. Gyaltsan, 1971, fols.
181-213, traduit en anglais par Ken Mc Leod sous le titre : A Direct Path
to Enlightment. Vancouver : Kagyu Kunkhyab Chöling, 1975. Voir aussi
ci-dessous, « le Don et la Prise en Charge ».
53.mi-ma-yin : esprits désagréables qui peuvent apparaître sous forme
humaine.
54.N’ayant pas médité avec une attitude correcte, une telle personne ne
développera pas la Bodhichitta et n’en viendra pas à agir comme un
Bodhisattva. (LPL). L’ « expérience méditative insignifiante »
(nyams-myong mag-mog) est celle d’une personne qui cultive seulement
la première sorte de conduite morale, c’est-à-dire les actions bénéfiques
(particulièrement la méditation) qui ne concernent qu’elle.

Le Flambeau du Sens Ultime 46


SECONDE DES QUATRE PRELIMINAIRES NON ORDINAIRES

Deuxièmement, le guide des cent syllabes


qui purifient les actions négatives et les voiles.

PROLOGUE

D’une manière générale, il existe deux mantras de cent syllabes.


Selon le tantra de « l’établissement des trois samayas », il y a le cent syllabes
du Tathagata et, selon ce qui est expliqué dans de nombreuses classes de
tantras, [le cent syllabes] de Dorjé Sempa.
En ce qui concerne Dorjé Sempa, il existe deux [formes] de cent syllabes : le
[mantra de]cent syllabes qui rassemble toutes les familles paisibles, dans
lequel on utilise comme mantra le nom de l’infinité des divinités supra-
mondaines et, selon ce qui est dit dans les tantras tel que le tantra de
« l’Insurpassable Abhidharma », il existe aussi le [mantra de] cent syllabes du
Hérouka courroucé.
Selon les différents types [de mantras], ils ont un nombre de syllabes qui est
plus ou moins cent ; cependant, [étant donné qu’ils appartiennent à] la même
famille de mantras, ils sont connus tous comme les cent syllabes.
Parmi eux, c’est la visualisation du [mantra de] cent syllabes de Dorjé Sempa
paisible qui est expliquée ici.
Pour cela, il existe [le mantra] en accord avec le yoga [tantra] qui est la
méditation sur l’aspect du yab seul comme monarque universel et celui en
accord avec anoutara [la méditation sur l’aspect] de l’union coïncidente.
Ici, la pratique et la méditation s’effectuent selon le système du yoga [tantra].

INSTRUCTIONS DE PRATIQUES

Visualisation et mantra

Ainsi, au-dessus de notre tête - nous-même, sous notre aspect ordinaire - de la


syllabe PAM apparaît un lotus et de la syllabe A, un siège de lune, sur lequel la
syllabe HOUNG se transforme en un vajra blanc à cinq pointes marqué en son
centre d’une syllabe HOUNG. De celle-ci émanent des rayons de lumière qui
font offrande aux Arias et accomplissent le bienfait des êtres. Ils se réintègrent
et de leur complète transformation apparaît Dorjé Sempa, qui est indifférencié
du lama-racine, le corps de couleur blanc avec un visage et deux bras. Dans la
main droite, il tient au niveau du cœur un vajra à cinq branches, dans la
gauche, une cloche d’argent qu’il appuie contre sa hanche. Il demeure dans la
posture du bodhisattva, la jambe droite étendue, la gauche repliée ; il a une

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 47


chemise et une robe faites de soieries multicolores. Il est parfaitement paré des
attributs paisibles tels que le diadème de joyaux et d’autres. Ses cheveux sont
liés en chignon au-dessus de sa tête et, à la pointe [de sa chevelure] se tient le
lama Mikyeupa (Akshobya), symbolisant le maître de famille. Son corps est
orné des marques et des signes, il en émane une infinité de rayons de lumière
et il est clair, semblable au reflet de la lune sur l’eau, dépourvu de nature
propre. A ses trois lieux sont les trois syllabes.
Au niveau du cœur, sur un lotus et une lune, se trouve la syllabe HOUNG
blanche, entourée par la guirlande du mantra de cent syllabes, de couleur
blanche. Les syllabes, faisant face à l’extérieur et commençant devant,
tournent vers la droite formant une spirale à la manière d’un serpent lové. Elles
émanent des rayons de lumière qui invitent les Bouddhas des dix directions et
des trois temps avec leurs fils, puis ils se dissolvent. Nous considérons [les
syllabes] comme étant devenues l’essence qui rassemble les Rares et
Sublimes et nous prions pour que nos voiles et nos fautes soient purifiées.
De chacune des syllabes germe de la guirlande du mantra dans le cœur [de
Dorjé Sempa] s’écoule un nectar de sagesse qui remplit tout son corps. [Le
surplus], débordant à la manière d’un trop plein, s’écoule de l’orteil du pied droit
comme un liquide blanchâtre et pénètre par le sommet de notre tête.
Toutes les actions négatives et les voiles, tels que les ruptures et les
endommagements de samayas accumulés depuis des temps sans
commencement dans toutes nos vies, etc., [se présentent] sous forme de suie
et de goudron, toutes les maladies sous forme de pue, de sang et de lymphe,
tous les problèmes mentaux sous forme d’insectes répugnants, ainsi que notre
corps physique fait de chair et de sang, tout cela est emporté comme des
déchets par un flot puissant, expulsé par les orifices des organes sensoriels et
par les pores et va se dissoudre dans la base d’or puissante.
Notre corps pur se remplit de nectar de sagesse, le surplus déborde, nous
pensons qu’il vient toucher les pieds de Dorjé Sempa.
Visualisons encore et encore ce processus.
Il est dit que si l’on est distrait par autre chose, même si l’on récite [le mantra]
pendant un kalpa, il n’y aura pas de résultat. Donc, faisons le sans être distrait
un seul instant, en récitant les cent ou les six syllabes, ni lentement, ni
rapidement, à allure modérée, dans une continuité légère ; [en récitant toutes
les syllabes] sans rien omettre (litt. : de manière pure).
A la fin, on joint les mains en récitant la prière et les mots de la confession :
geun po de nyi...
Ceci ravit le cœur du lama Dorjé Sempa et il nous sourit en disant : « fils de
noble lignée, toutes tes actions négatives , tes voiles tes fautes et tes chutes
sont purifiées à partir d’aujourd’hui. Nous ayant ainsi confirmé [rassuré, inspiré],
il font en lumière et se dissout en nous. En pensant que nos corps, parole,
esprit sont devenus indifférenciés des Corps, Parole, esprit de Dorjé Sempa,
nous demeurons sans référence.
A la fin de la session, nous dédions la vertu.

Signes de succès dans la pratique

Le Flambeau du Sens Ultime 48


Les signes de purifications des actes négatifs sont expliqués dans les textes de
références. Les signes particuliers : le corps est plus léger, on a besoin de peu
de sommeil, on est en bonne santé, la conscience est claire, les expériences et
les réalisations s’élèvent spontanément, etc...

EXPLICATION DU SENS

Ce qui est à comprendre : d’une manière générale, il faut rejeter les actions
négatives et accomplir la vertu. Seul le parfait Bouddha a reconnu exactement
ce qui devait être abandonné et pratiqué, et il l’a enseigné aux autres. Le fait
d’avoir confiance dans ces enseignements (litt., sa parole), de les pratiquer et
de les intégrer en soi, c’est l’essence du but.

La cause et les effets


Que ce soit une action vertueuse ou néfaste, même si elle est minime au
moment de la cause, elle se sera amplifiée au moment du fruit.
Le fruit des actions nuisibles, c’est les états inférieurs ; le fruit de la vertu, c’est
les états heureux, ceci pour chacun [des actes]. Le karma que nous avons créé
nous-mêmes ne s’épuisera pas et nous ne pouvons éprouver celui que nous
n’avons pas créé.

La source de toute les actions


En conséquence, le karma qui s’élève sous l’influence des trois [poisons], le
désir-attachement, la haine-aversion et la stupidité, et qui n’apparaît pas
véritablement en paroles ou en actes physiques, c’est le karma mental ;
lorsqu’il apparaît véritablement, c’est le karma physique ou verbal ; et donc,
toute action procède nécessairement, d’abord, de l’esprit.
A ce sujet il est dit que l’apparition des mondes obscurs, vient de la racine de
l’esprit négatif.
Ces actions négatives sont connues comme étant les cinq incommensurables,
les cinq presque pareils, les dix actes non-vertueux, les quatre fautes graves,
les huit attitudes contraires etc.
il y a les fautes et les transgression à l’encontre des trois vœux : soit que nous
les commettions nous-mêmes, soit que nous incitions les autres à les
commettre, soit que nous nous réjouissions qu’elles soient commises, soit que
nous en fassions l’éloge, etc..
En résumé, les fautes et les transgressions que nous avons accumulées depuis
des vies sans commencement, sans en être conscient, sans le ressentir,
forment un fardeau semblable à une montagne. De plus, maintenant [dans
cette vie], la plupart de nos intentions et de nos actes au travers du corps, de la
parole et de l’esprit sont influencés uniquement par les trois poisons, ainsi,
nous n’accumulons que davantage de fautes et de voiles.
Ces négativités font que dans cette vie même, nous sommes méprisés et
critiqués par les dieux et les hommes. Il apparaît beaucoup de circonstances
indésirables. Nos divinités protectrices nous quittent et les esprits et les forces
interférantes cherchent l’occasion de nous nuire. Nous faisons partie des êtres
négatifs. Nos relations sont frappées par les négativités et les voiles et elles

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 49


rencontrent des situations néfastes, [elles sont malchanceuses]. Même nos
rêves portent toutes sortes de mauvais signes. Notre esprit est malheureux. Il
surgit des circonstances adverses provoquant la mort ou de graves maladies.
Au moment de la mort, nous éprouvons les souffrances et la terreur de
l’agonie. Même dans l’état intermédiaire, nous sommes sous l’emprise
d’hallucinations violentes. Même après la mort, selon la force grande, moyenne
ou petite de nos fautes, nous éprouverons pendant longtemps les souffrances
intenses des trois états infortunés. Et si nous renaissons dans les mondes
supérieurs, notre vie sera brève, avec beaucoup de maladies ; des ennemis et
des conflits apparaîtront, sans que nous en ayons provoqué l’occasion. Dans
notre pays, il y aura de mauvaises récoltes, des épidémies et des guerres, etc.
Puisque le résultat est conforme à la cause, nous serons enclins aux actions
négatives et nous ne trancherons pas le flot de la souffrance qui continuera à
s’accroître.
Lorsque nous visons notre propre intérêt, nous croyons qu’il faut accomplir des
actions négatives, pensant qu’il ne peut en être autrement, ceci n’est pas vrai.
C’est soit pour protéger nos amis ou vaincre nos ennemis, soit pour obtenir des
richesses ou une réputation, soit pour de la nourriture ou des vêtements, etc.
Quelle que soit la quantité de biens que nous pouvons amasser, au moment de
la mort, cela n’aura pas une once d’utilité, que dire de la réputation, des
jouissances, des enfants, du conjoint, etc. A ce moment nous ne pourrons pas
emmener un seul morceau de nourriture, de vêtement, pas même notre corps,
nous errerons seul dans les états infortunés . La souffrance du résultat des
actions négatives ne peut pas être partagée avec quelqu’un d’autre, nous
devons l’éprouver nous-mêmes.
Les ennemis se transforment en amis, les amis deviennent des ennemis, en
plus nous avons la capacité d’accomplir des actes négatifs sans difficulté, de
ce fait nous sommes vaincus par les Maras (sous l’influence de forces
nuisibles), et les démons mentaux nous rendent fous.
Bien que nous soyons dans un état de grande stupidité et d’ignorance, nous ne
nous souvenons pas d’un seul mot des désavantages [d’agir de façon
négative] ; maintenant [dans cette vie], nous sommes quelqu’un qui ne veut
rien entendre, ni faire. Ne soyons pas comme cela.
Demandons-nous : aurons-nous le temps de purifier nos fautes, puisque le
moment de la mort dans cette vie et dans ce corps est incertain ? Et, une fois
mort, lorsque nous n’aurons pas la moindre possibilité d’action, quelle sera la
souffrance des états inférieurs pour nous-mêmes ? Eprouvant de la honte vis-
à-vis de nous-mêmes, nous ne pouvons rester tranquille (indifférent). Il faut
méditer jusqu’à ce que l’esprit soit mal à l’aise.
Si la faute demeure secrète et cachée, elle va se multiplier de plus en plus, car
la graine de l’action négative reçoit l’engrais et l’eau de la tromperie. Etant
conscient de nos défauts, sans les dissimuler, si nous en parlons et les
révélons aux autres, ils ne se développeront pas et leur force déclinera. C’est
ce qui est appelé « mettre un terme par la vérité ».
En outre, si nous nous efforçons au moyen des méthodes de purification avec
un regret et une confession sincère, les fautes seront éradiquées et purifiées
sans difficulté. Donc, si nous possédons l’habileté des moyens, un seul acte
vertueux peut vaincre un monceau de négativités.

Le Flambeau du Sens Ultime 50


LA CONFESSION

Le fait de dire : j’ai fait cette faute, ceci est la reconnaissance. En éprouver un
remords intense, l’esprit en souffrance, ceci est la confession. Envers ceux qui
sont exempt de telles négativités, soyons admiratif et ayons du respect.
Pour les négativités que nous avons nous-mêmes commises, soyons triste et
honteux, parlons en ouvertement. Disons sincèrement [à Dorjé Sempa en tant
que lama-racine] : considérez moi avec compassion et amour, et accordez moi
la purification de ce karma. Ceci est le sens de la confession.

Les quatre forces

Voir que les fautes commises antérieurement sont comme avoir bu du poison,
et les rejeter fortement, c’est la force du renoncement. Ensuite, prendre le
ferme engagement de ne pas recommencer au prix même de sa vie, c’est la
force de [la résolution] de se détourner des actions nuisibles. Prendre refuge et
développer l’esprit d’éveil, c’est la force du support. Pratiquer toutes les vertus
possibles au moyen des visualisations qui purifient les actions négatives, tels
les antidotes connus sous le nom des six voies etc., c’est la force de l’activité
de l’antidote totale [qui porte complètement remède]. Il est nécessaire
d’appliquer l’ensemble de ces quatre forces.
Ainsi, si nous ne regrettons pas les actes négatifs commis antérieurement, le
seul fait de procéder à la confession, ne purifiera pas ces négativités. Si nous
ne prenons pas l’engagement de renoncer [à ces actes], la confession et les
actions vertueuses n’auront pas de sens. Par rapport à cent mille confessions
sans prendre refuge ni développer l’esprit d’éveil, une seule confession en
prenant vraiment refuge avec l’esprit d’éveil aura une force de purification des
négativités plus puissante. Par rapport à une confession des fautes pendant
des années avec refuge et esprit d’éveil, la confession produite en un seul jour
par le confer d’une initiation aura une plus grande puissance de purification des
négativités. C’est pourquoi, il faut toujours accroître la force du support. Il en va
de même pour la capacité de purification et le développement de la vertu.

Les six voies des remèdes :

Réciter les mantras qui purifient les voiles tels que ceux de Eupamé
(Amithaba), Menla, Mitrougpa (Akshobya), etc., ainsi que les noms des
Bouddhas et des bodhisattvas, et les réciter aussi aux autres. Ceci est le
premier point.
Eriger des statues et des stoupas, [imprimer] des textes sacrés ; ceci est le
deuxième point.
Faire des offrandes devant les trois supports, servir[respecter] la sangha, offrir
des mandalas, et lorsque l’on est engagé dans le vajrayana, faire des offrandes
de tsoks, des pratiques de mandala [de yidam] et plus spécialement, faire
offrande au lama des cinq choses qui le réjouissent (respect, foi, obéissance et
pratiquer le dharma) ; ceci est le troisième point.

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 51


Réciter les soutras et les tantras énoncés par le Bouddha, tels que le soutra de
la Prajnaparamita et celui de la Libération ; ceci est le quatrième point.
Réciter les dharanis et les mantras profonds tels que le cent syllabes du
Tathagata, Kunrig (Vairocana), Mitrougpa (Akshobya), et d’autres ; ceci est le
cinquième point. Croire dans l’essence du Tathagata (essence de la nature de
Bouddha), méditer sur le sens du non-ego. Pratiquer la récitation [du mantra]
dans la dimension non-conceptuelle des trois cercles : la négativité et les voiles
de ce qui est à purifier, le mantra de la divinité qui purifie et celui qui effectue la
purification. [Pratiquer] le yoga véritable de la vacuité profonde. Dans la post-
méditation, s’habituer à la certitude que tout est irréel, semblable à une illusion
magique. Ceci est le sixième point.

Le remède suprême

Bien que toutes [ces méthodes] soient correctes et conduisent toutes au point
essentiel, produisant une activité qui détruit complètement les causes et les
effets des actes négatifs ; ici, dans le but de purifier immédiatement les voiles
et les négativités grossières qui font obstacle au développement des
expériences et des réalisations du Mahamoudra qui est la pratique principale, il
est donné cet enseignement sur la récitation et la méditation de Dorjé Sempa.
Parce qu’ils sont récents, les voiles et les fautes accumulés dans cette vie
même sont un voile épais pour les expériences. Particulièrement, les attitudes
contraires aux trois vœux et plus spécialement celles qui vont à l’encontre des
samayas des Corps, Parole et Esprit du lama, sont des fautes et des
transgressions extrêmement graves. Aller à l’encontre des autres samayas du
vajrayana, profiter des donations ou faire du commerce de statue pour gagner
sa vie, créent des interférences qui voilent les expériences antérieures et
empêchent les nouvelles. Afin de purifier ceci, seul le mantra de cent syllabes
de Dorjé Sempa est le remède suprême.
Comme dit Djowo Athisha : « il s’élève continuellement de nombreuses fautes
et transgressions subtiles en relation avec le vajrayana ; par exemple, si l’on
essuie un mandala placé dans un lieu poussiéreux, immédiatement il se
recouvre de poussière. Comme on lui demandait, alors ne viendra-t-il jamais le
moment où la voie sera développée en nous ? Il répondit, le vajrayana possède
de nombreux moyens habiles, même s’il y a de nombreuses fautes et
transgressions subtiles, par toutes sortes de moyens , à l’instant même elles
peuvent être purifiées. C’est pourquoi, il est donné une explication détaillée de
la récitation et de la méditation des cent syllabes.

Les bienfaits

D’autre part, les innombrables bienfaits relatifs et ultimes sont expliqués d’une
même voix dans les tantras anciens et nouveaux. Le sens en est exprimé de
manière résumée dans un texte de référence indien où il est dit : la nature des
cinq sagesses omniprésentes des dharanis, du mantra et du moudra, la
construction de stoupas et de mandalas, tout cela équivaut à une seule
récitation des cent syllabes. Il n’existe pas de mérite pareil à celui-ci. Quel
mérite pourrait être plus excellent que celui des cent syllabes, a dit [le

Le Flambeau du Sens Ultime 52


Bouddha]. Tous les Bouddhas, aussi nombreux que les particules de
poussière, disent qu’il est l’ornement.
Et encore :
Celui qui garde les cent syllabes ne connaîtra pas de mort prématurée, n’aura
ni maladies, ni souffrances.
Celui qui garde les cent syllabes, ne connaîtra ni la pauvreté, ni la misère,
même ses ennemis s’épuiseront et tous ses désirs s’accompliront
complètement.
Celui qui garde les cent syllabes, s’il souhaite un fils, l’obtiendra, s’il souhaite
des richesses, les obtiendra, s’il n’a pas de lieu, en trouvera un.
Si l’on souhaite une longue vie, on doit porter sur soi les cent syllabes.
Lorsque sa vie semblera être épuisée, il profitera facilement de trois cents
années supplémentaires.
Il connaîtra le bonheur dans cette vie même, et à la mort, il transmigrera en
Déwatchen.
Celui qui garde les cent syllabes, ne sera pas tourmenté par les dakinis, les
élémentaux, les zombies et les maladies congénitales (démons contaminant),
les maladies mentales et l’amnésie.
Et même s’ils ont commis de graves transgressions, ils verront véritablement le
Bouddha.
S’ils récitent les cent syllabes du mantra secret, même les idiots obtiendront
l’intelligence, même les malchanceux deviendront fortunés, les circonstances
contraires et la souffrance seront détruites.
Même s’ils ont commis les cinq actes incommensurables, ils pourront être
purifiés par la récitation des cent syllabes.
Dans cette vie et dans les suivantes, ils obtiendront l’intelligence d’un
monarque universel, et finalement, ils entrerons dans la libération et il
obtiendrons la boudhéité.
Il est dit : si l’on s’exerce à ce [mantra], les fautes et les transgressions
mineures et moyennes seront purifiées ; même les graves s’amenuiseront et
petit à petit seront purifiées.
D’une manière générale, si l’on développe la confiance dans la loi de causalité,
il est impossible que le remords des action négatives n’apparaisse pas. A ce
moment là, il surviendra une confession authentique.
Bien qu’il soit impossible que les expériences et les réalisations n’apparaissent
pas après que le courant de l’être soit purifié ; cependant, nous autres
pratiquants monastiques qui accomplissons seulement superficiellement, à voix
haute des rituels vites faits, sans confiance, ni remords et autres qualités
authentiques, les expériences et les réalisations sont pareils aux poils sur la
carapace d’une tortue. Il semble que cela soit la cause essentielle !

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 53


Le Flambeau du Sens Ultime 54
Figure 2 : Représentation traditionnelle des principales caractéristiques de l'Univers idéal.

a. la montagne de fer h. les mondes des devas


b. l'océan i. le soleil
c. les sept remparts de montagnes j. la lune
d. les sept lacs k. Videha (Lupapo) et ses satellites
e. le Mont Mérou l. Djamboudvipa (Dzambouling) et ses satellites
f. la cité de Vishnou m. Godaniya (Palangtcheu) et ses satellites
g. le palais d'Indra n. Outtara-Kourou (Draminyen) et ses satellites

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 55


TROISIEME DES QUATRE PRELIMINAIRES NON ORDINAIRES

Troisièmement : les Instructions sur le Mandala


qui parachève les deux Accumulations

COMPOSITION D'UN MANDALA

Lorsque le mandala est fait de matière précieuse ou autre qu’il soit petit n’est
pas un défaut. Quand il est fait d’une matière ordinaire comme l’argile ou le
bois, il doit être grand. Si l’on est démuni, une planche de bois, une pierre plate
ou autre conviendra et si l’on ne peut même pas se procurer cela , seule
l’imagination [ du mandala ] suffira. L’essentiel est que la visualisation soit
vaste. Il faut deux mandalas, le plus précieux ou le plus grand sera le mandala
d’accomplissement et l’autre le mandala d’offrande.
Les tas seront constitués au mieux de matériaux précieux tels que d’or ou
d’argent, de conques ou de coquillages dans une version moyenne et au pire
de graines propres telles que l’orge, le riz ou autre, lavées et teintées avec de
l’eau safranée. Si l’on en a les moyens, celles-ci seront renouvelées à chaque
fois, sinon on rafraîchira en ajoutant de nouvelles graines.
Après avoir terminé [la pratique], les graines ne seront consommées par soi-
même, mais devrons être offerte aux trois joyaux.

Installation du mandala d’accomplissement

En visualisant le mandala d’accomplissement, on l’essuie trois fois, puis on le


consacre et on le purifie par : amrita et sobawa. De la dimension de vacuité,
l’essence du mandala devient un vaste palais fait de substance précieuses
avec toutes les caractéristiques aux complets. En son centre, on médite les
cinq groupes du refuge comme dans la pratique du refuge. Il n’est pas
nécessaire de méditer le lac et l’arbre qui accomplit tous les souhaits. Méditez
les gardiens du dharma dans les espaces intermédiaires.
Depuis les trois syllabes-germe aux trois lieux de toutes les divinités, émanent
des rayonnements lumineux, invitant depuis leurs lieux naturels les
innombrables entités de sagesse. Confiant qu’ils fusionnent non-duels,
demandez-leur de demeurer sur le support posé devant vous sur une tablette
recouverte et surélevée. Si vous en avez les moyens, placez autour les cinq
offrandes.
Si vous ne pouvez pas vous procurer un mandala d’accomplissement ou dans
le cadre d’une pratique quotidienne, imaginez les objets d’offrande dans
l’espace devant vous.

Composition et visualisation du Mandala d’offrande

Le Flambeau du Sens Ultime 56


Ensuite, prenez le mandala d’offrande dans la main gauche avec des fleurs
dans la main droite, puis tout en récitant les cent syllabes, essuyez la poussière
avec la partie inférieure du poignet en tournant trois fois vers la droite. Méditez
que les maladies physiques et mentales, les actes négatifs et les voiles, toutes
les impuretés quelles qu’elles soient, de vous et des autres, du monde animé et
inanimé qui constituent la saisie sujet-objet, sont totalement purifié et éliminés.
Pour symboliser la nature de l’esprit comme étant immaculée, il faut essuyer
soigneusement afin qu’il ne reste pas la moindre trace de saleté ni d’impureté.
De manière générale, étant donné que le mandala est un tendrel important, il
faut faire notre possible pour utiliser des matériaux purs et pratiquer avec
propreté.

Visualisation et composition du mandala en trente-sept points

En général, il existe deux représentations de l’univers, celle enseignée dans le


Kalatchakra et celle des enseignements de l’Abhidharma. Etant donné que le
Mahamoudra est l’essence ultime de toutes les classes de tantras, pour les
préliminaires, nous pouvons méditer indifféremment l’une des deux.
Cependant, ici, nous nous référons au système de l’Abhidharma parce qu’il est
le plus connu.
Lorsque nous récitons : om benza boumi... nous aspergeons [la base du
mandala] d’eau safranée, si nous en avons, pour symboliser qu’elle est
humectée de la [rosée] de bodhicitta. Nous méditons que le mandala est le
fondement d’or vaste et précieux, lisse comme la paume de la main, recouvert
de l’océan tournoyant, aux eaux lustrales dotées des huit qualités. Si nous
n’avons pas [d’eau] nous parsemons [la base] de pétales de fleur. Il est
acceptable de ne pas méditer le mandala de l’eau, du feu et du vent sous la
base.
Avec la récitation om benza ré ké... disposez l’enceinte des montagnes de fer
en parsemant des grains [de riz] sur le pourtour [du mandala], en tournant vers
la gauche. Méditez ceci comme étant l’établissement de l’enceinte des
montagnes de fer à langues de flamme, appelées « tête de cheval », (nom de
ces montagnes qui sont faites de langues de feu).
A ce point, selon certaines sources, en récitant houng, on pose une goutte
d’eau safranée ou un cercle de fleur au centre [du mandala], mais ce n’est pas
le cas dans ce système de pratique.
De même, il existe des versions où la montagne axiale et les autres éléments
apparaissent chacun de syllabes-germes ; mais ici, il faut méditer [selon le
système] du parfait rappel instantané.
Puis, on associe la récitation du texte avec le développement du sens de la
méditation. Au milieu de l’océan, se dresse la masse de la montagne axiale,
posée sur quatre marches ; elle a la forme d’un cube qui va en s’élargissant
vers le haut. La face Est est faite de cristal, la face Sud de lapis-lazuli, la face
Ouest de rubis, la face Nord d’émeraude. La partie de l’océan, du ciel et des
continents reflètent la couleur de chacune de ces faces dans la direction
correspondante.

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 57


Autour, se trouvent les sept montagnes d’or qui encadre [la montagne axiale]
dont la hauteur est la moitié de la précédente, (en commençant par le plus
proche de la montagne axiale). Les montagnes sont appelées Nyaching dzin,
sheulda dzin, sengdeng tchen, tanadouk, tana, namdu et moukyu dzin
Entre elles, se trouvent les lacs tourbillonnants dont l’eau est dotée des huit
qualités et ils sont remplis des multiples richesses des nagas tel que l’arbre qui
exauce tous les souhaits et d’autres.
A l’extérieur, se trouve à l’Est, le continent Lupapo, blanc et semi-circulaire ; au
Sud, Dzambouling, jaune, en forme de trapèze ; à l’Ouest, Palangtcheu, rouge
et rond ; au Nord, Draminien, vert et carré. Chacun de ces continents est
entouré, à droite et à gauche par des sous-continents, de forme et de couleur
identiques au [continent] principal. A l’intérieur de ces continents, sur la
montagne axiale et dans les différents coins de l’espace se trouvent : la
montagne de pierres précieuses faite de diamants, de lapis-lazuli, de saphirs,
l’émeraude, de perles, d’or, d’argent et de cristal de roche ; la forêt d’arbres aux
souhaits inconcevables, d’où tombe une pluie de tut ce que l’on peut désirer ; le
troupeau de vaches d’abondance, des poils desquelles apparaît tout ce que
l’on souhaite ; la moisson spontanée (litt. : non cultivée) inépuisable, qui apaise
la faim.
Il y a aussi les sept attributs précieux du monarque universel :
la roue à mille rayons, faite de l’or du fleuve Djambou ;
le joyau à huit facettes qui illumine comme les rayons du soleil produisant une
pluie de tout ce que l’on désire à une grande distance ;
la reine agréable à regarder, qui possède les trente-deux qualités féminines ;
le ministre au physique et à l’intelligence exceptionnels qui peut voir les trésors
cachés [sous terre] ;
l’éléphant, gris-cendré, recouvert d’un filet d’or, dont les sept membres sont
solides et pouvant se déplacer dans tout l’espace sans limite ;
le sublime cheval dont le pelage est de la couleur du paon, pouvant faire le tour
des quatre continents en l’espace d’un instant ;
le général habile et possédant soixante-quatre pouvoirs magiques ;
le vase aux grands trésors qui donne une abondance inépuisable de sept pierre
précieuses, tel le saphir.
il y a aussi, la déesse blanche de la grâce, avec les deux poings de vajra
appuyés sur les hanches ;
la déesse jaune des guirlandes, tenant des guirlande de fleurs et de joyaux ;
la déesse rose du chant, tenant une vina ;
la déesse verte de la danse, dansante ;
la déesse jaune des fleurs, tenant un bouquet de fleurs ;
la déesse bleue de l’encens, tenant un encensoir ;
la déesse rouge pâle de la lumière, tenant une lampe à beurre ;
la déesse verte des parfums, tenant une conque remplie d’eau parfumée.
Dans le ciel, au nord-est, il y a le mandala de cristal de feu du soleil et dans le
ciel sud-ouest, le mandala de cristal d’eau de la lune, qui possède une essence
rafraîchissante.
Le palais des planètes et des constellations scintillent de tous ses feux.

Le Flambeau du Sens Ultime 58


Sur la montagne axiale, au milieu, il y a le palais du « Complètement
Victorieux » (Indra) et dans la cité Tanadouk (agréable à voir), « Les Tous
Puissants » (nom des 32 dieux de l’entourage d’Indra).
Dans les quatre directions, il y a les quatre parcs, tel que le « Chingta natsok »
et d’autres ; les arbres des souhaits, tel que le « Yong du teul » ; la pierre plate
appelée « Armoric » (pierre noire) ; le « tcheu zang » lieu de rencontre des
dévas.
Au-dessus, s’étageant dans le ciel, sur des nuages de substances précieuses,
s’entendent les domaines des dieux, tel Tabdrel, Ganden, etc., avec leurs
innombrables possessions.
Puis, dessous et entre tout ceci, se trouvent les huit symboles de bon augure :
la précieuse ombrelle, les poissons d’or, le vase le lotus, la conque blanche qui
s’enroule vers la droite, le nœud infini, la bannière de la victoire et la roue.
Il y a également, les huit substances de bon augure : le miroir, le vermillon, la
conque blanche, le médicament - giwam, l’herbe - dourwa, le fruit -bilwa, le
yaourt et la moutarde blanche.
Les sept attributs semi-précieux : la précieuse couche, le trône, le coussin,
l’épée, les chaussures, la peau de serpent et les vêtements.
Les substances spéciales qui prolongent la vie : toutes les sortes de remèdes
qui dissipent la maladie, telle « les six bonnes choses », etc., les substances
énergétiques et d’accomplissement, le nectar essentiel, le vase pur et d’autres.
Les substances qui apportent sagesse et renommée : l’épée, le livre, la vina,
les cymbales et autres.
Les substances d’offrandes merveilleuses : la pluie de fleurs arc-en-ciel, l’étang
d’eau parfumée, la forêt de lotus, l’oiseau magique, la biche et d’autres.
Les cinq qualités sensorielles : visuelle, auditive, olfactive, gustative, tactile.
Ainsi, que des divinités d’accumulation et des déesses [présentes tout autour].
En résumé, rassemblez mentalement et offrez toutes les possessions au
complet des dieux et des hommes qui emplissent l’espace et toute la
multiplicité des offrandes qui n’appartiennent à personne dans les dix
directions.
Cent fois dix milliard d’un tel [univers], composé de la montagne axiale, des
quatre continents et autres, constitue un trichiliocosme. Remplissez toutes les
terres pures innombrables des nuages d’offrandes de Samantabhadra. Offrez
sans restriction, au lama et aux trois Joyaux corps, richesses, parents, amis,
racines de vertu, tous ce qui vous appartient à vous et à tous les êtres.
Faites des souhaits pour obtenir la réalisation de l’éveil sans obstacle et
l’accomplissement du Mahamoudra, dans cette vie même.
Offrez ainsi, en synchronisant la visualisation avec [le mouvement de] la main
[qui dispose] les tas et pendant l’offrande, mentalement, faites continuellement
des souhaits.
Lorsque l’on fait la pratique d’accumulation du mandala s’il est difficile de faire
mentalement toute cette visualisation, on peut simplement offrir avec une plus
de précision la base, l’enceinte des montagnes de fer, la montagne axiale, les
quatre continents, le soleil et la lune et avec tout univers, les offrandes qui
remplissent tout l’espace.
Il existe différents systèmes plus ou moins élaborés depuis [l’offrande en] cinq
tas jusqu’à celle en trente-sept. Ici, la pratique s’effectue en trente-sept tas, et

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 59


pour cela, il est nécessaire de recevoir une transmission visuelle sur la manière
[de procéder]. Cependant, lorsque l’on comptabilise les accumulations, on fait
seulement [la version en] sept tas.
A la fin, depuis les objets d’offrande, médités sur le mandala
d’accomplissement, émanent de la lumière qui, en touchant vous-même et tous
les êtres, parachève complètement les deux accumulations.
Puis, imaginez que les divinités fondent en lumière et se dissolvent en vous.
[Ensuite], dédiez la vertu.

Les signes de succès

La manière dont apparaissent les signes de parachèvement des deux


accumulations, en expériences véritables ou en rêves, est expliquée dans le
texte de référence (le Ngédeun Gyamtso). Plus particulièrement, si notre esprit
se tourne naturellement vers le dharma et que nous accomplissons sans effort
des actions spirituelles, ceci est le signe authentique.

Explication du sens

Lorsque la véritable méditation du mahamoudra s’est développée, la réunion


de toutes les accumulations et la purification des voiles y sont incluses.
Cependant, tant que l’accumulation de mérite préalable est absente, la
véritable méditation ne se développera pas. Ils sont peu nombreux ceux qui ont
accumulé de la vertu et possède un karma.positif. Car, quiconque a franchit le
seuil du dharma et développé un peu de foi, aura certainement dans le courant
de son être une tendance à la vertu ; mais, tout comme une petite étincelle
aura des difficultés à s’enflammer sans des conditions propices, pareillement,
[de telles tendances] ne pourront se développer immédiatement. Ainsi, tant que
les racines de vertu ne seront pas véritablement éveillées, les expériences et
les réalisations n’apparaîtrons pas ; même si elles se développent un peu, elles
ne pourront s’accroître. Ainsi, en développant de nouvelles racines de vertu
spécifiques, l’éveil des tendances antérieures sera stimulé et dès que le
courant de notre être aura atteint la maturité, cela produira de grandes vagues
d’expériences et de réalisations.

LES ACCUMULATIONS

D’après les commentaires appelés Semdrel, il y a trois types d’accumulation :


la générosité, les moyens habiles et les souhaits forment l’accumulation de
mérite ; l’éthique, la patience et la diligence constituent l’accumulation de la
discipline ; l’absorption méditative, la connaissance supérieure, la force et la
conscience primordiale représentent l’accumulation de sagesse.

Le Flambeau du Sens Ultime 60


Dans les soutras, il est fait mention de deux accumulations : la générosité et la
discipline sont l’accumulation de mérite ; la connaissance supérieure forme
l’accumulation de sagesse et la patience, la diligence et l’absorption méditative
appartiennent aux deux [accumulations].
Cependant, si ces [accumulations] ne sont pas dirigées par la bodhicitta, elles
ne sont qu’un karma méritoire [ordinaire], cause de renaissance supérieure ;
elles ne seront pas cause de libération. Mais, si elles sont dirigées par la
bodhicitta, elles créeront un karma de libération des renaissances supérieures
qui conduira à l’éveil. De plus, si elles sont associées à la vue complètement
libre des trois cercles, elles constituent alors l’accumulation sans souillure et
sont les véritables moyens d’obtenir l’éveil.

Les Six Perfections

1 . Les trois générosités


La générosité matérielle : elle consiste à donner, autant qu’on en a les moyens,
de la nourriture, des vêtements, des objets, voire même de l’encre et du papier
pour écrire ; ou au moins ne pas laisser quelqu’un de démuni partir sans rien.
Développons la pensée qu’à l’avenir, lorsque nous aurons la condition de
monarque universel ou autre, nous ferons don de tout, de notre corps comme
de nos richesses.
La générosité contre la peur : elle consiste à donner des remèdes contre les
maladies, à protéger des influences négatives (les esprits nuisibles : deun), à
guider dans les passages dangereux, à escorter dans les lieux effrayants, à
repousser les obstacles à la pratique et à la discipline. Il faut pratiquer
concrètement autant que l’on peut la protection contre ce qui peut nuire : les
condamnations, les ennemis, les voleurs, les animaux féroces, les quatre
éléments, etc. Ensuite, il faut pratiquer les souhaits pour avoir la capacité de
protéger également contre les souffrances des états infortunés.
La générosité spirituelle : si vous avez la capacité d’expliquer le dharma, il faut
le faire autant que votre connaissance vous le permet, de manière à être utile
aux autres maintenant et ultimement, sans attendre de reconnaissance et sans
orgueil. Si vous n’en êtes pas capable, récitez à haute voix les soutras énoncés
par le Bouddha, avec la conviction d’expliquer le dharma aux être humains et
non-humains.

2. Les trois disciplines


La discipline qui accomplit le bien des êtres : après avoir développer l’esprit
d’éveil, on accomplit autant qu’on en est capable, tout ce qui peut être utile aux
autres ; et il faut produire de grandes vagues de souhaits pour, un jour,
accomplir ce que l’on ne peut faire au moment. Il n’est pas suffisant de n’être
personnellement souillé par aucune faute ni transgression.
3. Les trois patiences
La patience qui ignore le mal causé par les autres, tels les insultes, les coups,
les blessures, le vol, la ruine, etc.

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 61


La patience qui supporte la souffrance du manque de circonstances favorables
à la pratique du dharma, tels que la maladie, la peine, la faim, la soif,
l’épuisement ou la fatigue.
La patience de la certitude au sujet du dharma : la capacité mentale d’accepter
[le dharma], sans peur, tels que les profonds moyens habiles des tantras, les
grandes vagues d’activités des Bouddhas et des Bodhisattvas, et le sens de la
vacuité libre d’élaborations mentales, etc.
Méditez sur cela.
4. Les trois diligences
La diligence du courage : c’est celle du bodhisattva qui est heureux dans la
vertu. Elle implique de ne jamais être négligeant, pensant que telle action
vertueuse est trop insignifiante pour être accomplie, et ne jamais se décourager
pensant que telle autre est trop vaste pour être accomplie par soi-même.
La diligence de l’application : elle s’exerce, au moment où l’on est engagé dans
la vertu, sans relâchement jusqu’à être arrivé au terme [de l’activité entreprise].
La diligence qui ne se détourne pas : après s’être engagé [dans la pratique],
même si les bienfaits ou les signes de chaleur n’apparaissent pas et que le fruit
n’est pas obtenu, il faut pratiquer, sans se décourager, dans de plus en plus
grandes difficultés.
5. L’absorption méditative
L’absorption méditative qui est l’entraînement parfait du corps et de l’esprit,
c’est le dharma visible [dans cette vie] qui nous rend heureux.
L’absorption méditative qui est la réalisation manifeste des qualités, telle que la
clairvoyance, les miracles et d’autres.
L’absorption méditative qui accomplit le bien des êtres en s’appuyant sur la
force du samadhi.
Ces trois formes [d’absorptions] dépendent toutes d’une stabilité mentale sans
défaillance. La pacification étant la base de toutes les qualités, il est
indispensable de la maîtriser parfaitement. Pour cela, il faut isoler l’esprit et
ceci provient de l’isolement du corps, qui lui naît de la diminution des projets et
de l’activité. Pour ce faire, il faut avoir peu de désir et savoir se contenter du
tout venant en relation à la nourriture, les vêtements, l’habitat et le confort. En
bref, les racines de la pacification mentale sont : avoir peu de désir et faire
preuve de contentement.
6. La connaissance supérieure
La connaissance supérieure qui est la connaissance de l’ultime par la
réalisation du mode d’être de la vacuité.
La connaissance supérieure qui est la connaissance du relatif par l’intégration
[du sens] de la cause, du résultat et de l’interdépendance.
La connaissance supérieure qui connaît ce qui est bénéfique aux autres par les
quatre voies méritoires qui rassembles [les êtres].

Le Flambeau du Sens Ultime 62


Il y également les trois connaissances supérieures de l’écoute, de la réflexion
et de la méditation ; pratiquons les toutes autant que nous en sommes
capables.

Les résultats de l'acquisition des deux accumulations par la pratique des


six perfections
Ainsi, par la réunion des accumulations, au niveau relatif, il apparaît comme
résultat d’innombrable fruits qui sont ceux des bonheurs des dieux et des
hommes. Au niveau ultime, lorsque les deux accumulations et les six paramitas
sont parachevées, s’élève la boudhéité qui connaît toute chose.
L'accumulation de mérite par l'offrande en sept branches
Ne croyez pas que l’absence de biens matériels ou de conditions favorables
empêchent la pratique des accumulations. Il est enseigné qu’une foi intérieure
et une conscience de sagesse sont des moyens inconcevables de réunir les
accumulations de mérite.
Si l’on fait jaillir un esprit d’éveil authentique, par la seule offrande à sept
branches, tous les voiles sans exception seront épuisés et les deux
accumulations seront aussi vastes que l’espace.
Ainsi, il est dit qu’une seule prosternation apporte dix bienfaits : le teint pur, la
beauté, une parole respectée, l’ascendant sur l’entourage, l’amitié des dieux et
des hommes, la compagnie d’êtres authentiques, une grande radiance
physique, la richesse, une renaissance supérieure et l’obtention de la libération.
Il est enseigné que celui qui accomplit une prosternation avec un grand respect
obtiendra autant de renaissances comme monarque universel qu’il y a de
particules comprise entre [la surface couverte par] ses cinq membres étendus
[sur le sol] jusqu’à la base d’or.
Il est dit encore, que celui qui joint simplement les mains vers les trois joyaux,
obtiendra dix bienfaits, tels qu’un corps pur, un grand entourage, etc.
De nombreuses descriptions similaires sont données dans les soutras.
Tous les grands « Guéshés » de la précieuse lignée Kadampa, s’exerçaient
uniquement à la prière à sept branches à l’exception de toute autre pratique
spirituelle. Bien que cette transmission ait été celle des grands Kagyupas,
jusqu’à l’Incomparable Dhagpo (Gampopa), il semble que cette transmission se
soit progressivement perdue. De nos jours, nous ne voyons plus la nécessité
de parfaire les accumulations comme base ; et même si nous le faisons un
peu, notre foi et notre diligence sont tellement faibles que nous n’arrivons pas à
faire la pratique du rassemblement des accumulations.
Les supports des corps, parole, esprit que nous possédons, sont recouverts de
poussière. Certains êtres grossiers les recouvrent même de leurs chaussures
sales ou de leurs vêtements pouilleux. Si nous possédons des bols d’offrande
ou un autel nous les laissons à l’abandon ; mais nous prenons soin de laver
notre tête et ce corps inutiles. Nous n’avons jamais offert aux Trois Joyaux une
seule fleur avec une pure intention [empreint] de vacuité et de compassion. Il

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 63


est pourtant dit que tant que nous n’avons pas récité une seule prière à sept
branches, il n’y a aucun mérite en nous. D’où vient ce mérite ? La cause du
mérite est la réunion des accumulations.
Quand bien même nous possédons un seul grain de riz, s’il est comestible
nous le mangeons, mais s’il ne l’est pas nous l’offrons. Même ceux qui ne
manquent de rien, qui ont or, argent, soieries fines, chevaux, bétail et autres, se
disent nécessiteux, n’ayant aucune fortune ; « je n’ai rien d’autre à offrir que
cela » et se vantent d’avoir offert une petite lampe à beurre et un peu de
nourriture. Tout cela trompe les Trois Joyaux et ne peut en aucun cas
constituer un mérite. Il est donc très important de faire l’accumulation de mérite
en fonction de ses moyens.
Dans tous les soutras et les tantras, il est expliqué que rien n’est plus profond
comme accumulation de mérite que la prière à sept branches. Chaque branche
de la prière crée un mérite supérieur à la précédente ; ainsi, l’offrande [est
supérieure] par rapport aux prosternations, la reconnaissance des fautes par
rapport à l’offrande, la réjouissance par rapport à la reconnaissance des fautes,
ainsi de suite. Quelque soit la forme extensive ou réduite que l’on pratique, cela
convient ; mais il est important d’être conscient du sens de ce que l’on récite,
uniquement prononcer les mots c’est se tromper soi-même.

CONCLUSION
Au moment [de la pratique] de l’offrande, il est enseigné qu’il n’existe pas de
plus grand mérite que celle de l’offrande du mandala qui est comme l’offrande
d’une main tendue [généreuse]. Parce [cette offrande] inclue tous les aspects
des six paramitas, toutes les qualités de celles-ci apparaissent naturellement.
Les innombrables bienfaits du mandala sont expliqués ailleurs [dans d’autres
sources]. Dans le soutra appelé kang bou tsék pa, il est dit que par la simple
pratique du mandala, on régnera sur le monde des dieux et sur les quatre
continents. Ainsi, le fait d’oindre d’eau safranée et d’offrir des fleurs nous ferra
renaître parmi les quatre types de protecteurs du monde des dieux, etc.
En résumé, parce qu’elles constituent les moyens supérieurs de parfaire
rapidement les accumulations, ces instructions sur le mandala profond font
partie des enseignements sur les préliminaires.
Actuellement, quelque soit la fierté que nous tirons de ce que nous sommes
capables d’offrir, cela ne dépasse pas une offrande quantifiable en cent, mille,
dix mille, cent mille, etc. ; et en pensant « moi, j’ai offert tant et tant », cette
saisie sur soi-même, ou bien l’espoir d’une bonne réputation et autres
souilleront d’autant l’offrande ; il y a également l’attente de la considération du
lama. Même les destinataires de l’offrande n’excèdent pas le nombre de cent
ou mille.
L’offrande du mandala est la plus vaste car elle incluse toutes les richesses
emplissant l’espace animé et inanimé. Elle n’est pas souillée par l’orgueil et
autres qui pense « je suis celui qui a offert ce qui est émané de mon esprit ».
Elle ne fait pas naître l’attente d’être reconnu par les Trois Joyaux.

Le Flambeau du Sens Ultime 64


Ayant imaginé les Trois Joyaux des dix directions et les quatre temps, on fait
l’offrande vers un objet pur et vaste ; ainsi, par ces moyens, il n’y a aucune
accumulation qui ne puisse être parachevée, c’est pourquoi, il faut s’y efforcer.
De plus érigeons de nouveaux supports des corps, parole, esprit éveillés, des
temples et restaurons les anciens. Honorons et servons la Sangha. Si nous
sommes démunis, balayons le temple, faisons des prosternations et des
circumambulations. Faisons des louanges et des prières. Il est même enseigné
que simplement joindre les mains en imaginant le Bouddha ou offrir une fleur
vers le ciel, constitue un mérite illimité.
Vous qui n’avez pas pris naissance dans un mauvais corps, pareil aux
animaux, incapable de quoi que ce soit, ne sachant pas distinguer le bien du
mal ou le sachant, être cependant incapable de réciter un seul mani ; vous qui
avez obtenu un corps humain doté des liberté et des acquisitions, ne perdez
pas l’occasion de pratiquer le dharma et ne laissez pas cette vie s’épuiser en
vain. Il est très important de créer autant que possible des tendances
vertueuses

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 65


Le Flambeau du Sens Ultime 66
De haut en bas et de gauche à droite:
bx°n-mo-rin-po-Ce. Bon-po-rin-po-Ce. dmg-dpon-rin-po-Ce.
la précieuse reine le précieux ministre le précieux général
aKor-lo--rin-po-Ce. òG-po-rin-po-Ce. nor-bu--rin-po-Ce. [-mCog-rin-po-Ce.
la précieuse roue et le précieux éléphant le précieux joyau et le précieux cheval

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 67


bÐ-Sis-pai-[gs-bYd.

rin-po-Ceai-g¸¥gs. gser-N. bum-p.


a. L'ombrelle de joyaux b. Les poissons d'or c. Le vase

pV. ¸¥G-dkr-gys-aÌil.
d. Le lotus e. La conque blanche

dpl-beau. Yl-mXn. aKor-lo.


f. Le noeud magnifique g. La bannière de victoire h. La roue

Le Flambeau du Sens Ultime 68


bÐ-Sis-pai-šs-bYd.

me-loG\. li-Ñi. ¸¥G-dkr


a. Le miroir b. La teinture vermillon c. La conque blanche

gi-wM. ¸Õ_.
d. Le kiwam e. L'herbe dourva
(Bézoard, médicament à base de concrétions
retirées de l'estomac de ceratains ruminants)

bi¿. Zo. yuGs-dkr


f. Le fruit bilva g. Le yaourt h. Les graines de moutarde
blanche

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 69


QUATRIEME DES PRELIMINAIRES NON ORDINAIRES

LE GOUROU YOGA QUI


ACCORDE RAPIDEMENT LA GRACE

Après avoir terminé avec succès les étapes de l’engagement, de la purification et de


l’accumulation (c’est-à-dire les trois Pratiques Préliminaires précédentes), le disciple
est presque prêt à commencer les pratiques du Mahamoudra. Il n’a plus à remplir que
deux conditions préalables:
1. Recevoir l’autorisation et la capacité de pouvoir faire ces pratiques. Celle-ci ne
peut être conférée que par un Lama qui l’a lui-même reçue.
2. Etablir une relation plus étroite avec ce Lama et être admis symboliquement
dans sa lignée.
Les recevoir toutes les deux contient la « bénédiction » promise à celui qui pratique le
Gourou-Yoga. Ce rituel est donc le dernier Préliminaire à la pratique du Mahamoudra.
Etant donné que ce rituel comprend la réception des quatre initiations données par le
Lama visualisé en tant que Bouddha Vadjradhara, le disciple doit avoir la conviction
inébranlable que son gourou est réellement le Bouddha. Kontrul est conscient du fait
que cette conviction devra être développée graduellement et il fournit de nombreuses
techniques pour le faire.
La pratique du Gourou -Yoga comprend :
1. S’asseoir jambes croisées et réciter un mantra de purification.
2. Se visualiser comme Vadjravarahi (Dordjé Pamo).
3. Visualiser Vadjradhara en pensant qu’il est notre Lama-racine siégeant juste
au-dessus de notre tête, entouré de divers Lamas et d’autres Sources de
Refuge, et chanter la liturgie qui contient cette description.
4. Leur adresser des prières.
5. Réciter la prière aux Sept Branches du Rituel tout en imaginant que l’on
accomplit réellement ces offrandes.
6. Prier que l’on puisse réaliser la théorie des trois Bouddha-kayas.
7. Réciter la longue prière aux Lamas de la lignée du Mahamoudra.
8. Réciter la courte prière aux Lamas de la lignée du Mahamoudra.
9. Prier le Lama de nous accorder ses diverses bénédictions.
10.Réciter trois fois l’ensemble de la prière des quatre « Manam katang » et
plusieurs fois l’invocation de Karmapa.
11.Réciter le nombre de fois désiré pour la session la prière à six vers par laquelle
on demande les bénédictions.
12.Prier le Lama que l’on puisse recevoir les quatre initiations ; visualiser le
confer des initiations et le résultat qui découle de chacune.
13.Visualiser que le Lama se fond en lumière puis en nous-mêmes.
14.Laisser l’esprit reposer.
15.Dédier les mérites.
Pour parachever la pratique du Gourou-Yoga il faut réciter la prière à six vers un total
de 111111 fois.

La Méditation

Le Flambeau du Sens Ultime 70


Nous méditons que tout « se fond dans la vacuité » grâce au mantra de
« Sobaoua » (1). Nous émergeons ensuite de la vacuité, sous la forme de
Vadjravarahi (Dordjé Pamo), debout sur un cadavre, un lotus rouge et un soleil
(2).
Comme nous n’avons pas encore purifié tous les voiles, accomplir le
Gourou-Yoga sous notre forme ordinaire ne nous apporterait aucune
bénédiction. Mais l’accomplir en tant que yidam facilitera l’accueil rapide et aisé
de la gràce. Il est donc boin (en pratiquant le Gourou-Yoga), de concentrer
notre attention sur le yidam qui nous attire.
Vadjravarahi est la mère qui engendra tous les Bouddhas. Elle est en essence
le Mahamoudra, qui apparaît sous la forme de Sahadja. Elle appartient à une
famille de yoginis au cœur particulièrement chaleureux envers les êtres
sensibles. Par elle, la grâce peut donc être reçue rapidement. Il est
particulièrement propice (de se visualiser comme Vadjravarahi en pratiquant
cette méditation), puisqu’elle était le yidam (3) secret des grands Maîtres
Marpa, Mila et Dagpo. Agissons comme ils l’ont fait.
Au sommet de notre tête, ou dans le ciel devant nous, siège notre propre
Lama-racine tel qu’il apparaissait dans la Prise de Refuge. Il est l’essence de
tous les Bouddhas des trois temps. Sous la forme de Vadjradhara, il est assis
sur un siège de lotus et de lune, sur un trône incrusté de joyaux soutenu par
huit lions et recouvert de soies précieuses.
Les Lamas Kagyupa siègent (sur sa tête) et s’étagent en colonne à partir de
notre Lama-racine (sous l’apparence de Vadjradhara) jusqu’à Vadjradhara lui-
même. Autour de cette colonne s’assemblent des Lamas des lignées
Drikhoung, Drougpa, Tchalpa et Taloung (qui sont des branches de la lignée
Kagyu), et d’autres Lamas des traditions de la méditation (5) ... un véritable
océan de siddhas. Ils sont entourés de nuages de Lamas qui ont transmis la
Grande Perfection, les Six Yogas, le Chemin et le Résultat et Chidjé Tcheuyul
(6) ; ainsi que des Lamas de la discipline intellectuelle (7).
Nous pensons que l’aspect damtsig et l’aspect yeshé (8) de chacun des
yidams, Bouddhas et Bodhisattvas, dakas, dakinis et dharmapalas qui
entourent les Lamas, sont fondamentalement indissociables.
Avec une sincérité et une aspiration profondes, nous récitons clairement (la
prière à Vadjradhara et aux autres Sources de Refuge), qui commence par
« Maître Illuminé ... » (9).
(Puis nous récitons la prière aux Sept Branches du Rituel qui commence par
« A vous qui venez des mondes des Bouddhas les plus élevés ... » (10) et la
prière (pour la réalisation des trois corps des Bouddhas (11).
Nous récitons ensuite les prières longues et les prières courtes (12) aux Lamas
de la lignée du Mahamoudra. (Nous récitons d’abord la longue prière (13) qui
prend fin avec la prière pour la réalisation du Mahamoudra (14).
(Puis nous récitons la prière courte et prions pour recevoir la grâce (15).
(Nous récitons les prières indiquées ci-dessous chaque fois que nous
pratiquons cette méditation :)
Nous récitons d’abord la prière des quatre « Manam » (16) (au moins trois fois).
Nous récitons l’invocation-vadjra du grand Seigneur Tussoum Khyenpa (17)
(cent fois ou plus).

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 71


Nous récitons la prière-à-six-vers demandant les bénédictions (18) à plusieurs
reprises, sans laisser nos pensées vagabonder.
Nous récitons la prière demandant les quatre initiations, qui commence par
« Vous, les glorieux et saints Lamas ... » (19).
Une fois que nous en avons récité (le début), les divinités qui entourent (les
Lamas de la lignée) se fondent en lumière. Cette lumière est absorbée en les
Lamas de la lignée. Les Lamas de la lignée se fondent graduellement en
lumière les uns dans les autres, puis en la forme de notre Lama-racine.
Du front (de notre Lama-racine), qui est en essence l’union de toutes les
Sources de Refuge, de la lumière blanche irradie alors. Elle nous pénètre entre
les sourcils, et purifie les voiles du corps, tel qu’avoir pris la vie et autres (actes
nuisibles qui ont été commis par le corps dans le passé). Nous avons reçu
l’initiation du Vase (20). Nous sommes maintenant capables de commencer la
méditation de la Phase de Développement (21). Le résultat en est que nous
devenons un fortuné, un Nirmanakaya.
De la même façon, de la lumière rouge irradie de la gorge du Lama. Elle se
fond en notre propre gorge, purifiant les voiles de la parole, tels les mensonges
(dits dans le passé). Nous avons reçu l’initiation secrète. Nous pouvons
maintenant pratiquer la méditation Tsa-Loung (22). Ainsi, nous sommes un
fortuné, un Sambhogakaya.
Du cœur du Lama, la lumière bleue irradie et est absorbée en notre propre
cœur. Elle ôte nos voiles mentaux, comme les vues erronées. Nous avons reçu
l’initiation-des-deux-connaissances-Transcendante-et-Supréme. Nous pouvons
maintenant pratiquer la méditation Nyom-djoug (23) grâce à laquelle nous
devenons un fortuné, un Dharmakaya.
Des trois localisations (du corps du Lama) de la lumière blanche, rouge et
bleue irradie et est absorbée en notre front, en notre gorge et en notre cœur.
Elle purifie les voiles de notre mental, de nos ‘émotions et de notre attachement
à la méditation (24) qui obscurcissent les trois portes (25). Nous avons reçu la
quatrième initiation. Nous pouvons pratiquer le Mahamoudra (26), la méditation
de la non-séparation de la sagesse et de la vacuité. Ceci fait de nous un
fortuné, un Svabhavikakaya.
Une fois de plus, comblé par la ferveur de notre dévotion et de notre respect,
notre Lama souriant joyeusement se fond en lumière (27). Cette lumière nous
pénètre par le sommet de la tête, et est absorbée en notre cœur. Nous
pensons que l’esprit du Lama et notre propre esprit sont devenus indissolubles,
et nous laissons notre esprit reposer aussi longtemps que possible, non-
obstrué par la conceptualisation, juste tel qu’il est en son état naturel.
Aussitôt que nous émergeons de cet état libre de toute conception, nous
pensons que toutes les apparences sont les diverses formes du gourou. Tous
les sons sont sa parole qui est libre de consonance propre. Toutes les pensées
qui s’élèvent et vont en tous sens sont la manifestation spontanée de
saconscience-vadjra. Nous dédions le mérite.

LA PRATIQUE ENTRE LES SESSIONS DE MEDITATION

Entre les sessions de méditation, quand nous marchons, imaginons que nous
faisons des circumambulations autour du Lama assis sur un lotus et une lune

Le Flambeau du Sens Ultime 72


dans le ciel à notre droite. Quand nous mangeons et buvons, imaginons que
nous donnons notre nourriture et notre boisson (qui se sont fondus en amrita)
au Lama qui siège sur un lotus rouge en notre gorge. Nous méditons que toute
notre parole est prière, que toutes nos activités, même marcher et s’asseoir,
sont une offrande au Lama.
En nous endormant nous essayons de visualiser la forme de notre Lama (à peu
prés de la taille d’un doigt) assis au niveau de notre cœur. De la lumière irradie
de lui, remplit notre corps et la pièce. Quand nous nous réveillons, nous
imaginons que notre Lama siège au sommet de notre tête, et nous le prions
avec foi et respect. Nous le faisons chaque fois que nous sommes assis.
Aussitôt que nous avons fini de construire une nouvelle maison, de faire de
nouveaux habits, etc., offrons-les au Lama soit véritablement, soit
mentalement.
Quand la maladie nous frappe, imaginons que l’amrita s’écoule de la petite
forme du Lama siégeant sur la partie de notre corps qui souffre, et qu’elle nous
purifie complètement de la maladie. Méditons dans la joie que toutes les
méthodes pour soigner les maladies, les mauvaises actions et les voiles, sont
venues de la bénédiction du Lama. Même quand une apparition démoniaque
se manifeste, imaginons que c’est le jeu de l’activité de Bouddha du Lama qui
nous encourage à réagir sainement. En résumé, imaginons que toutes les
expériences agréables sont la bénédiction du Lama. Méditons que toutes les
expériences douloureuses sont la compassion du Lama (28). Il est essentiel
d’utiliser de telles expériences pour accroître notre dévotion et notre respect et
de ne pas chercher ailleurs de remède (à la souffrance) (29).

EXPLICATION DU SENS

L'importance de recevoir le grâce du lama

Il est bon maintenant de comprendre ceci :


En général, pour suivre le Mantrayana et le Vadjrayana, spécialement pour
recevoir les instructions de la méditation de la Phase d’Achèvement, nous
devons d’abord recevoir la grâce du Lama. Tant que nous ne l’avons pas
reçue, nous ne sommes pas sur le vrai chemin.
Il est dit qu’un disciple qui éprouve une dévotion et un respect intenses envers
un maître du Vadjrayana pleinement qualifié (30) avec lequel il a formé un lien
sacré réalisera le siddhi suprême et ceux de ce monde sans rien faire d’autre.
Mais quelqu’un qui manque de dévotion et de respect envers le Lama, même
en accomplissant un grand nombre de pratiques de Nyendroub (31) aux
yidams des quatre tantras, n’obtiendra aucun siddhi suprême.
Pour ce qui est des siddhis de ce monde, il n’obtiendra ni une longue vie, ni la
richesse, ni la puissance, etc., même s’il fait tous ses efforts. Tout ce qu’il
accomplira aura été à grand peine. C’est la voie « non-profonde » (32).
Par contre, s’il développe une dévotion et un respect authentique, tous les
obstacles seront écartés, déracinés et chassés de son chemin ; il n’obtiendra
les siddhis suprêmes et mondains que par cette méthode. C’est pourquoi nous
l’appelons le « chemin profond du Gourou-Yoga ».

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 73


LES QUALITES POSITIVES OU NEGATIVES D’UN MAITRE ET D’UN DISCIPLE

Un maître ou un disciple qui a des défauts aussi graves que de manquer de


compassion, d’être facilement en colère, d’être malveillant, vindicatif ou
orgueilleux, d’être attaché à son argent, à sa propriété, à sa famille, etc., de
manquer de discipline en parole ou en action ou de faire beaucoup d’éloge de
lui-même, devrait être rejeté.
En particulier, il faut absolument éviter (un maître qui commet les erreurs de
conduite suivantes), car un tel maître ne peut nous conférer que la e
bénédiction » de Mara:
1. Expliquer ou démontrer à une foule de personnes communes (des
pratiques comme) Tsa-Loung ou la méditation du Mahamoudra, ou celles
qui emploient des mantras, ou l’essentiel de la profonde Phase
d’Achèvement ;
2. (se glorifier en prétendant posséder) des instructions que n’ont pas les
autres et répandre sur la place publique des enseignements de la
profonde philosophie et de la pratique du Mantrayana;
3. se conduire de façon désordonnée;
4. formuler la perspective philosophique ultime (33)
5. convoiter l’argent et la propriété appartenant aux Trois Joyaux,
6. être extrêmement faux et hypocrite
7. donner des initiations et instructions qui n’appartiennent à aucune
tradition ;
8. s’adonner aux plaisirs de l’alcool et du sexe
9. enseigner une doctrine qui va à l’encontre du Dharma, en paroles de sa
propre invention, parce qu’il ne sait comment enseigner le vrai chemin.
Un maître ne devrait pas former de relation étroite avec un disciple qui manque
de foi, qui rompt les engagements sacrés, qui flatte les nouvelles
connaissances, qui ne tient pas en place, etc., à moins que, le disciple ne
s’améliore peu à peu.
Les caractéristiques d’un Lama sont discutées longuement dans les soutras et
les tantras. Un Lama ne doit pas laisser sa foi et ses engagements sacrés se
détériorer, il doit accomplir de nombreux Nyendroub, et bien connaître les
pratiques, il doit avoir peu d’intérêt pour les huit dharmas mondains (34) et
pratiquer lui-même tout enseignement avant de l’expliquer aux autres.
Le minimum pour un disciple est d’avoir foi, d’être capable de garder ses
engagements sacrés, et de toujours éviter la mauvaise compagnie.

LA RELATION DE LAMA A DISCIPLE

Avant de requérir des instructions du Dharma ou une initiation d’un maître,


examinons ses qualités ; mais, une fois que nous avons reçu de lui (une
instruction et une initiation), même s’il affiche les quatre actes immoraux (35),
nous n’avons plus le droit de perdre foi en lui, de médire de lui, d’examiner ses
qualités ou de le traiter de quelqu’autre manière qu’avec dévotion et respect.
Il est dit :

Le Flambeau du Sens Ultime 74


Une fois que l’on a écouté ne serait-ce que de brefs propos,
Si l’on manque de respect pour son Lama,
On renaîtra en tant que chien cent fois
Et ensuite comme boucher. »

En ces temps, il est impossible de trouver un Lama qui se soit débarrassé de


tous les défauts et qui ait porté à la perfection les grandes qualités. Même s’il
était possible de trouver un tel Lama, sans la vision pure nous prendrions ses
grandes qualités pour des défauts, tout comme Devadatta (36) voyait des
défauts dans le Bhagavan.
Puisque la plupart des gens, de nos jours, ne sont « riches » qu’en mauvaises
actions, nous prenons souvent des grandes qualités pour des défauts, et les
défauts pour de grandes qualités. Puisque nous considérons souvent ceux qui
ne peuvent ni montrer ni préserver leurs qualités religieuses comme e dignes
de respect » (37), il nous est difficile de reconnaître réellement les qualités de
qui que ce soit en les examinant.
Tout comme la forme d’une tsa-tsa (38) est déterminée par le moule avec
lequel elle est faite, un Lama - surtout un maître du Mahamoudra - qui n’a
atteint aucune réalisation, est incapable d’amener son disciple aux sommets de
la réalisation (39). Après avoir reçu la transmission (40) de la lignée Nyam-mé
Dagpo, du Seigneur Tussoum Khyenpa, de Chang-tsalpa, God-tsangpa ou d’un
autre (maître du Mahamoudra), pensons au Lama en lequel notre foi est la plus
grande en le voyant comme notre Lama-racine, et prions-le. Si nous agissons
ainsi, nous recevrons sa bénédiction. Ceci a été promis !
Comme le Bouddha a prophétisé que le grand Nyam-mé Dagpo répandrait les
enseignements du Mahamoudra, il est particulièrement important pour
quelqu’un qui s’intéresse à la pratique du Mahamoudra d’avoir foi en Djetsun
Gampopa. De plus, cette personne doit méditer sur le caractère inséparable de
(Gampopa) et de son propre Lama-racine (41). S’il considère comme son
propre Lama-racine quiconque a reçu la grâce de la lignée comme de père (42)
en fils, il trouvera ceci satisfaisant. Il n’aura aucun besoin d’examiner les
qualités de son Lama (43).
Un tel examen n’est pas nécessaire même en ce qui concerne les autres
Kagyupas. Tous les Lamas d’autrefois - les grands qui reçurent la transmission
- ont transféré leur réalisation, leur conscience ultime à leurs disciples. Ainsi,
tous ces Lamas ont la faculté de bénir les autres.
Même si nous n’entendons pas le Dharma directement d’un Lama aussi
célèbre que ces « pères et fils », considérons tout Lama qui a atteint la
réalisation comme notre Lama-racine, et nous recevrons la grâce.

Penser au Lama en tant que Bouddha

En réalité, notre Lama peut être un être ordinaire ou une manifestation d’un
Bouddha ou d’un Bodhisattva. Mais si nous pouvons le prier en méditant qu’il
est le Bouddha, tous les Bouddhas, Bodhisattvas et yidams pénètrent alors le
corps, la parole et l’esprit de notre maître du Vadjrayana et œuvreront pour le
bien de tous les êtres.
D’après le « Moukhagama » de Mandjoushri (44):

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 75


« Tous ceux qui méprisent un futur Vadjradhara
Ont du mépris pour moi ; je les abandonne donc. »
Et plus loin
« C’est moi qui habite le corps du gourou
Moi qui reçois les offrandes des aspirants.
Ils me font plaisir, ainsi leurs voiles karmiques sont purifiés ! (45) ».

Ainsi, faire plaisir à son Lama-racine, c’est faire plaisir à tous les Bouddhas. Le
maltraiter est comme maltraiter tous les Bouddhas. Lui présenter des offrandes
nous vaut le mérite de présenter des offrandes à tous les Bouddhas et de
purifier les voiles.
Beaucoup de soutras et de shastras disent que notre réalisation de siddhi
dépend entièrement du Lama, et qu’un bénéfice énorme croîtra de notre
dévotion et de notre respect témoignés en lui présentant des offrandes.
Dans les tantras il est dit :
« Cent mille visualisations de la forme d’une divinité accomplies cent mille fois,
Ne sont pas comparables à une visualisation sans distraction de la forme du
Lama.
Cent billions de pratiques de Nyendroub accomplies cent mille fois, ne sont pas
aussi puissantes qu’une prière au Lama offerte sincèrement trois fois.
Quelqu’un qui accomplit la phase d’achèvement de la méditation durant un
kalpa et le fait vingt mille fois, n’est pas comparable à quelqu’un en l’esprit
duquel le Lama apparaît ne serait ce qu’une fois. »
Extrait du « Pradipodyotana » (46):
« Fils de bonne famille, le mérite accumulé en honorant un pore du corps du
maître est plus grand que tous les mérites accumulés en vénérant le
corps-vadjra, la parole et l’esprit de tous les Bouddhas Bhagavans des dix
directions.
Si tu demandes « Pourquoi est-ce ainsi ? »
Fils de bonne famille, la disposition de l’Eveil (que possède le maître) est le
cœur même de la connaissance transcendante de tous les Bouddhas ! »

D’une manière générale, il n’y a pas de différence entre notre relation avec un
Lama qui nous a enseigné les soutras du Hinayana et du Mahayana et un
Lama dont nous avons reçu les transmissions et instructions des tantras du
Mantrayana. La seule différence est que notre relation avec ce dernier a plus
d’importance (47) que notre relation avec le premier.
Il dépend de nous que l’on dise ou non que notre Lama est l’objet de notre part
de la première transgression (48), que l’on dise ou non que le lien sacré entre
lui et nous est brisé. Cela ne dépend pas du fait que notre Lama soit ou ne soit
pas notre Lama-racine.
Aussitôt que nous demandons à un Lama une initiation du Mantrayana, il existe
une connexion religieuse entre nous. Nous ne devons pas commettre la
première transgression envers un tel Lama. Aussitôt que nous demandons à un
Lama quelque enseignement que ce soit du Soutrayana ou du Mantrayana, il
est donc très important d’éviter l’inconduite. Bien que les Lamas de la lignée ne
soient pas le Lama-racine et qu’il n’y ait aucune connexion religieuse entre

Le Flambeau du Sens Ultime 76


nous, eux non plus ne doivent jamais être l’objet de notre médisance ou de
quelque transgression que ce soit.
D’une manière générale, n’examinons pas les défauts des êtres sensibles.
Sachant qu’ils sont nos mères, pensons à eux avec gratitude, bienveillance et
compassion. En particulier, cessons d’examiner les défauts de ceux qui ont
passé la porte du Dharma. Sachant que nous sommes tous « sur le même
navire » (49), concentrons nous sur leurs qualités et cultivons avec compréhen-
sion, la joie, la dévotion et le respect pour eux ; mais surtout, n’examinons pas
les défauts de notre Lama.
Extrait de l’Arya Chraddhabaladhanava-taramoudra Soutra (50):
« Il est beaucoup plus grave de médire d’un seul Bodhisattva (51) que de
voler toutes les possessions de tous les êtres sensibles en ce trichiliocosme et
de détruire tous les stoupas. Quelqu’un qui déprécie et critique un Bodhisattva,
sans égard pour les circonstances, renaîtra dans l’Enfer Hurlant (52). Son
corps sera haut de cinq cents yodjanas et aura cinq cents tètes, et cinq cents
socs de charrue couperont chacune de ses langues!»
C’est en général une faute d’une importance incalculable que de dire du mal
des êtres estimables, en particulier, des Bodhisattvas, et plus encore, des
personnes aussi importantes que les yogis du Mantrayana. De plus, nous ne
savons pas qui peut être digne d’estime ou un yogi bouddhiste. Il est dit que
seul un Bouddha Parfaitement Accompli peut percevoir de façon précise les
capacités spirituelles d’autres individus. Une avalanche d’injures sur qui que ce
soit balaye ainsi nos propres qualités et les fait disparaître. Examiner les fautes
des autres est la cause même de notre propre ruine. Nous ne devons chercher
de fautes qu’en nous-mêmes 1
Ceux qui n’ont pas foi en le Lama, même lorsqu’il est présent, et qui ne
considèrent pas les pratiquants du Dharma comme purs rencontreront
inévitablement ce qu’ils désirent le moins. Les autres les verront comme leurs
ennemis. Ils mourront dans des circonstances désagréables. Ils souffriront de
mauvais présages au moment de la mort. Ils seront la cible des insultes de
tous.
Ceux qui avec respect placent leur confiance en le Lama et considèrent tous
les autres comme purs gagneront bonheur et renommée sans effort. Ils seront
loués par tous. Ils mourront dans des circonstances plaisantes, ils verront et
entendront des signes auspicieux au moment de la mort, etc.
Les grands Kagyupas ont dit:
« Si vous voyez votre Lama comme un Bouddha, vous recevrez la grâce
du Bouddha. Si vous le voyez comme un Bodhisattva, vous recevrez la grâce
d’un Bodhisattva. Si vous le voyez comme un siddha, vous recevrez la grâce
d’un siddha. Si vous le voyez comme une personne ordinaire - un bon ami
spirituel - telle est la bénédiction que vous recevrez. Si vous n’éprouvez aucune
dévotion ni respect envers lui, vous ne recevrez absolument aucune
bénédiction ».
Il n’y a aucun Bouddha où que ce soit qui soit autre que notre Lama-racine. Il
est l’union des Trois Joyaux des dix directions et des trois temps. Toutes les
grandes qualités illimitées des Trois Joyaux sont la manifestation de la
créativité du Lama-racine. De plus, toute personne, où que ce soit, qui œuvre
pour le bien des êtres sensibles, tout comme le soleil, la lune, les élixirs, les

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 77


médicaments, les bateaux et les ponts - tout ceci est la manifestation de
l’activité du Lama.

Les Quatre pensées dont il faut se pénétrer

1. Considérons toute personne qui nous a donné des initiations,


transmissions et instructions ou même la faculté de lire, comme un aspect
de la forme de notre Lama-racine. En peu de mots, décidons qu’il est un
Bouddha.
2. Les Bouddhas, yidams et grands Lamas Kagyu sont vraiment merveilleux.
Mais nous n’avons pas reçu d’enseignement d’eux directement ; nous ne
les avons pas entendus parler. Même si nous les rencontrions, ils ne
peuvent rien faire de plus pour nous que ce que notre Lama a fait.
D’innombrables Bouddhas du passé sont entrés dans le Nirvana ;
d’innombrables Bouddhas du présent résident dans les dix directions. Il
existe un nombre illimité de Bouddhas, Bodhisattvas, Lamas et yidams.
Cependant, nous n9avons pas été assez fortunés pour rencontrer un seul
d’entre eux, même dans un rêve 1 Mais notre propre Lama-racine nous
enseigne la façon complète et infaillible d’atteindre l’état de Bouddha en
un seul corps, en une seule vie. Il est certain que même si nous mourrions
en essayant de lui rendre sa bonté, ce ne serait pas possible.
3. Quand le Lama s’intéresse à nous et, nous donne des enseignements du
Dharma et nous fait des cadeaux, nous pensons à lui. Lorsqu’il est loin,
nous l’oublions. Quand nous sommes soumis à la maladie ou à des
événements désagréables, nous pensons à lui. Nous ne pensons pas à
lui quand nous sommes heureux. Ce n’est pas la bonne façon de nous
conduire. En mouvement, en marchant, en dormant, assis, heureux ou
malheureux, ne pensons jamais à nul autre que le Lama.
4. Il ne convient pas de penser au Lama simplement une fois de temps en
temps et de réciter « Je prends refuge », ou de compter les prières
occasionnelles que nous lui faisons. Prions-le les cheveux dressés sur la
tête, et des larmes de désir coulant le long de notre visage. Notre esprit
deviendra clair, les apparences ordinaires cesseront et l’expérience de la
méditation viendra sans effort. Ceci est la force de l’aspiration ardente.
Quand ces quatre pensées auront pris de la force, nous recevrons la grâce du
Lama. Nous posséderons alors la dévotion et le respect authentiques qui
peuvent provoquer la réalisation subite.
Le secret pour recevoir rapidement la grâce est la méditation sur le Lama
comme étant le Bouddha. De plus, si nous pratiquons la méditation du
Mahamoudra, pensons au Lama comme à un Dharmakaya (53) sans
ornements. Si nous voulons une longue vie, pensons à lui en tant qu’Amitayus
ou. Tara Blanche (54). Si nous désirons guérir une maladie, pensons à lui
comme Bhaishadja-gourou (55). Il est l’ennemi de tous les démons.
Considérons-le comme inséparable de la Divinité Principale de tout mandala
tantrique sur lequel nous méditons. Il est ainsi le « Seigneur du Mandala » (56).

CONCLUSION

Le Flambeau du Sens Ultime 78


Si nous appliquons les instructions qui précèdent nous pratiquerons réellement
le Gourou-Yoga.
Ne pas apprécier la bonté du Lama révèle un manque d’estime pour le
Dharma. Si cette estime. nous fait défaut, toute notre pratique du Dharma sera
futile et ne nous attirera aucune qualité, quels que soient nos efforts. Si, à
cause du manque d’estime, nous adoptons le point de vue arrogant qu’il est
impossible au Lama d’acquérir de grandes qualités, ou si nous prenons une
attitude de défi selon laquelle il est impossible pour nous de le faire, nous
méditons avec une attitude faussée. Comme nous avons commis la première
transgression, tout le mérite accumulé auparavant est balayé ! Le respect du
Lama et du Dharma viendront d’eux-mêmes si nous apprécions la bonté du
Lama. Toutes les qualités positives nous reviendront alors de façon spontanée,
sans effort de notre part.
Si des sentiments de dévotion et de respect authentiques ne nous viennent pas
facilement, faisons des Offrandes aux Trois Joyaux, servons la Sangha et
faisons toutes les actions bénéfiques par le corps et la parole qu’il nous est
possible de faire. Il est dit que si après avoir agi ainsi, l’on médite et l’on prie
(« Puisse tout mérite que j’ai pu accumuler inspirer de profonds sentiments de
dévotion et de respect »), ces sentiments s’élèveront certainement. Une
personne dont la dévotion et le respect sont grands accomplit de grandes
actions bénéfiques. Une personne dont la dévotion et le respect sont moyens
accomplit des actions bénéfiques moyennes. Une personne dont la dévotion et
le respect sont minimes accomplit des actions bénéfiques minimes.
Naropa, Maitripa, Mila, Djayoulpa (57) et d’autres obtinrent des siddhis
uniquement en endurant des épreuves par amour pour leur Lama. Nous ne
sommes pas capables d’en faire autant. La dévotion et le respect sans
simulation ne viennent pas facilement, mais ils peuvent réellement être appris
graduellement lorsqu’on est guidé par la prière.

LA VOIE DE LA DEVOTION

Il y a quatre branches à la voie de la dévotion.

1. Ne voir aucune faute en son Lama


La perception dépourvue de foi de Bouddhajnanapada (58), l’amena à voir
Mandjoushri comme un moine qui avait des enfants. Cette façon de voir
l’empêcha d’atteindre le siddhi suprême. De même, notre propre attitude
mentale nous amène à voir des fautes en notre Lama. Comment un Bouddha
peut-il avoir des défauts ? Quoi qu’il fasse, laissez-le faire. Même si vous voyez
votre Lama avoir des relations sexuelles, raconter des mensonges, etc.
méditez calmement ainsi: "Tels sont les moyens habiles insurpassables de
mon Lama pour former les disciples. Par ces méthodes il a amené beaucoup
d’êtres sensibles à la maturité spirituelle et à la Libération. Ceci est cent fois,
mille fois plus merveilleux que de préserver une conduite morale pure. Ceci
n’est pas une duperie ni de l’hypocrisie mais le mode de conduite le plus
élevé."

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 79


En particulier, quand il nous réprimande, pensons : « Il détruit mes mauvaises
actions. » Quand il nous frappe, pensons : « Il chasse les démons qui entravent
mon progrès spirituel. »
Considérons principalement que notre Lama nous aime comme un père aime
son fils, Son amitié est toujours sincère. Il est très bon. S’il parait mécontent ou
indiffèrent envers nous, pensons que c’est la rétribution qui ôtera le reste de
nos voiles karmiques. Essayons de faire plaisir au Lama en le servant de toutes
les façons possibles.
En deux mots, ne voyons aucune faute en notre Lama.

2. Apprécier les aspects positifs de toutes ses actions

Extrait des paroles des grands Kagyupas :


Toutes les actions de ce précieux et parfait Lama, Quelles qu’elles soient, sont
bonnes. Tout ce qu’il fait est excellent. Entre ses mains le travail, maléfique
d’un boucher Est bon, et apporte des bienfaits aux bêtes, Inspiré par la
compassion pour toutes.
Quand il s’unit sexuellement de façon impropre, Ses qualités s’accroissent, et
s’élèvent comme renouvelées, Montrant que les moyens et la sagesse ont été
réunis.
Ses mensonges qui nous dupent, Ne sont que les signes habiles par lesquels il
nous Guide sur le chemin de la liberté.
Lorsqu’il vole, les biens volés se changent en denrées nécessaires pour
soulager la pauvreté de tous.
Quand un tel Lama réprimande Ses paroles sont de puissants mantras Pour
faire disparaître la détresse et les obstacles.
Ses coups sont des bénédictions Qui accordent les deux siddhis et réjouissent
tous les hommes fervents et respectueux.
Ainsi qu’il est dit ci-dessus, apprécions les aspects bienfaisants de toutes ses
actions.

3. Cultiver uniquement la dévotion et le respect, libre d’espoir et de crainte (59)

Méditons sur le Lama avec dévotion et vénération, sans souci de savoir si nos
actes vont lui plaire ou lui déplaire. Ne nous attendons pas à réaliser le siddhi
suprême ; ne craignons pas (de ne pas le réaliser). Que nous soyons pris par
sa compassion ou non, que nous réalisions des siddhis ou non, cultivons
simplement la dévotion et la révérence, sans aucun espoir ni crainte.
4. Penser toujours à son Lama avec affection

Un laïc de la meilleure catégorie fait toujours de son mieux pour aider son
maître en privé, en public et entre les deux. Un tel homme est une « personne

Le Flambeau du Sens Ultime 80


de cette vie », (quelqu’un qui ne se soucie que de ce qui peut arriver dans les)
quelques mois ou années à venir.
(Les soucis d’une personne religieuse sont à long terme.) Jusqu’à ce que nous
atteignions l’Illumination, tous nos espoirs et tous nos rêves dépendent de
notre Lama. Tout degré de bonheur ou de prospérité que nous trouvons en
cette vie, dans les vies à venir et dans le bardo n’est rien que la bonté du
Lama.
Comme notre acquisition de qualités du Dharma dépend uniquement du Lama,
pensons que toutes nos actions par le corps, la parole et l’esprit sont des
services que nous lui rendons. Pensons toujours à notre Lama avec affection et
prions pour que sa vie soit longue, pour que grandissent le bien qu’il fait et son
activité religieuse.
Si l’on fait confiance au Lama en adoptant ces deux attitudes, on atteindra
certainement la Libération.
La pratique (de la voie de la dévotion) est entièrement comprise dans les deux
directives suivantes :
1.Faisons tout ce que le Lama nous dit de faire ;
2.Faisons tout ce que le Lama veut que nous fassions.
Avec notre corps, faisons prosternations et circumambulations, écrivons,
cousons, faisons des courses, allons chercher de l’eau et balayons.
Avec notre parole, offrons des prières et louons-le. Faisons en sorte que
d’autres connaissent les qualités de notre Lama. Demandons-lui ce que lui
aimerait que nous fassions, dans un langage doux, poli et direct. Que ce soit en
public ou en privé, ne prononçons jamais une parole de dénigrement.
Dans notre esprit, cultivons seulement la dévotion, le respect et la perception
pure (60), sans la tache de la moindre pensée faussée. Si, en raison de notre
mauvais karma, des pensées inappropriées s’élèvent, arrétons-les
immédiatement, et ne les exprimons jamais par la parole ni par des actions.
Si, à cause de nos mauvaises actions passées, nous allons à l’encontre de ses
désirs, confessons-nous sincèrement et offrons lui notre corps et nos
possessions. Récitons le mantra de cent syllabes (de Vadirasattva), des prières
propitiatoires et des confessions. Nous ne devons pas nous réjouir de partager
la moindre nourriture, ni de parler de façon amicale avec quelqu’un qui va à
l’encontre des désirs du Lama. Il est dit que si nous nous lions d’amitié avec
quelqu’un qui méprise notre Lama, c’est aussi mauvais que si nous-mêmes
éprouvions un tel mépris, même si ce n’est pas ce que nous ressentons.
Nous ne devons pas être mesquins. Nous devons donner à notre Lama tout ce
qui nous appartient qui ait de la valeur pour lui ou qui lui plaise. Mais nous ne le
faisons pas. Lorsque nous avons des biens de valeur - des choses excellentes
et chères comme de jeunes chevaux, du bétail, etc. - nous les gardons pour
nous-mêmes. Nous offrons nos plus mauvaises possessions au Lama en lui
disant combien elles sont merveilleuses 1 Nous demandons n’importe quelle
initiation et enseignement que nous désirons, sans égard pour leur profondeur.
S’il ne nous l’accorde pas, nous le regardons avec des yeux malheureux et
nous disons : « Mais j’ai eu tant de bonté pour vous .! »
Au lieu de ressentir de la gratitude envers ce Lama, qui nous a donné des
enseignements du Dharma et des instructions, nous disons : « Je lui ai fait une
grande faveur en lui demandant des instructions et en l’écoutant ! »

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 81


Si nous ne nous rendons pas compte du fait que c’est pour notre propre bien
que nous faisons des offrandes et rendons service au Lama, si nous
présentons des offrandes fiers et satisfaits de nous-mêmes, il aurait mieux valu
ne pas faire d’offrandes du tout 1

SIGNES DE SUCCES DANS LA PRATIQUE

Les traités qui font autorité dans cette tradition-ci dévoilent la nature des signes
(comme la vraie réalisation, l’expérience dans la méditation et les rêves) qui
indiquent que, parce que nous avons développé la véritable dévotion et le
véritable respect, nous avons reçu la grâce. En particulier, les huit dharmas
mondains ne nous semblent plus attirants, et notre esprit est détaché des
préoccupations de cette vie.
Les meilleurs signes sont les aperçus de réalisation dont nous faisons
l’expérience lorsque notre conscience est dépouillée totalement et retrouve sa
clarté et son ouverture naturelle.
Comme notre faculté de pratiquer le Mahamoudra, la véritable méditation sur le
fondement, dépend de notre réception de la grâce, il est dit :
Ne courez pas d’une traite vers le calme et la sagesse. Cultivez d’abord en
vous-mêmes un terrain propice aux qualités bienfaisantes.

NOTES

1. Récitons « Om Soba Oua Choudda Saroua Dharma Soba Oua Chouddo


Ham » comme dans la pratique du Mandala, et puis visualisons que toute
chose se fond dans la vacuité (Lama).
2. Vadjravarahi (Dordjé Pamo) est le principal yidam de l’école Kagyu.
3. Un yidam secret est un yidam dont l’identité n’est pas révélée aux autres
ainsi s’accroît la grâce reçue par le méditant (Kalou Rimpotché).
4. Voir ‘Phags-lam, 113/1-2.
5. Sgrub-brgyud: utilisé pour caractériser les lignées Kagyu et Nyingma
(LPL).
6. La grande Perfection, les Six Yogas, et le Chemin et le Résultat sont des
pratiques clefs des lignées Nyingma, Kagyu et Sakya respectivement.
Chidjè Tcheuyul (Zhi-byed gcod-yul) ou « Tcheu » fut amené de l’Inde au
Tibet par Phadampa (XIème siècle). C’était devenu la principale pratique
de la lignée Chidjépa (Zhi-byed-pa) qui s’éteignit lorsque cette pratique fut
adoptée par toutes les écoles principales.
Le rituel de Tcheu comprend que l’on coupe symboliquement la croyance
pernicieuse en un * moi » (LPL). On peut lire la description d’un témoin de
ce rituel dans le livre d’A. David-Neel Mystiques et magiciens du Tibet.
Paris : Plon. Pour l’histoire des Chidjépas voir G. N. Roerich, Blue Annals.
Calcutta : Asiatic Society, 1953, bks 12, 13.

Le Flambeau du Sens Ultime 82


7. blo-sbyong-brgyud : tradition qui met l’accent sur le développement de la
Bodhichitta. Ce type d’entraînement de l’esprit fut développé par Atisha et
particulièrement souligné par la lignée Kadampa et leurs successeurs, les
Gelougpas.
8. Voir chapitre 4, n. 8.
9. Voir ‘Phags-lam, 113/2-4.
10. Voir ‘Phags-lam, 113/4-6.
11. Voir ‘Phags-lam, 113/6-114/1.
12. Le mieux est de réciter les deux prières à chaque session de la
pratique du Gourou-Yoga. Cependant, comme toutes deux ont la même
fonction, le méditant peut réciter la longue prière une fois par jour, et la
courte aux sessions suivantes (Lama).
13. Voir ‘Phags-lam, 114/1-116/3. Cette prière magnifique consiste en
vingt-sept strophes à quatre vers. A chaque strophe le nom d’un Lama, ou
de plusieurs, est mentionné. Celui-ci est suivi d’une description des
qualités de ce Lama ou de ses accomplissements, en langage religieux
élevé. Le dernier vers de chaque strophe finit par le refrain : « Je vous
adresse ma prière : accordez-moi la suprême Connaissance Innée 1 »
Pour l’explication de ce terme, voir h. V. Guenther, Naropa, p. 25, n. 3.
Il manque à l’édition gDams-ngag-mdzod de ‘Phags-lam les cinq strophes
compilées depuis la mort de Kontrul. Pour la liste complète des maîtres du
Mahamoudra, se référer au chapitre 2, n. 7.
14. Voir ‘Phags-lam, 116/3-5.
15. Voir ‘Phags-lam, 116/6-117/3.
16. Voir ‘Phags-lam, 117/4-6. Cette prière est appelée prière des
quatre Manam parce que chaque ligne commence par: « Tous les êtres
en assemblée aussi vaste que l’espace furent mes mères successives
(ma-rnams)... »
17. Voir ‘Phags-lam, 117-6. « Karmapa Tchenno (mkhyen-no) » :
« Karmapa, pense à moi, vois ma souffrance ». Ceci est récité de façon
répétée, comme un mantra, tout en visualisant ou en pensant à l’un des
Karmapas ou à tous. Si vous avez rencontré Sa Sainteté, pensez à lui
(Lama).
18. Voir ‘Phags-lam, 117/6-7. Ceci doit être récité en tout 111 111
fois. Après l’avoir récité le nombre de fois désiré pour la session, nous
continuons avec la prière suivante (Lama).
19. Voir ‘Phags-lam, 118/1-6..Les six strophes de cette prière sont
bien décrites dans le commentaire de Kontrul.
Initiation ou ouang (dbang) désigne généralement un rituel public au cours
duquel le Lama confère l’autorité et la faculté d’utiliser une technique
spécifique du Vadjrayana. Ici, les Quatre Initiations sont reçues en privé
durant la méditation, alors qu’aucun Lama n’est présent en personne.
Cependant, d’après Kalou Rimpotché, elles doivent avoir été conférées
auparavant au cours d’un rituel extérieur. Virtuellement tout rite d’initiation
du Vadjrayana accomplit ceci. Ainsi l’initiation d’Avalokiteshvara ou de
Tara permet aussi au disciple de pratiquer le Gourou-Yoga.
D’après Kalou Rimpotché, chaque initiation a trois aspects:

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 83


a. la base (Tib. : gzhi) : le rite lui-méme
b. le chemin (lam): la méditation ;
c. le résultat (‘bras-bu) : la faculté de pratiquer efficacement et d’atteindre
le but suprême de la pratique.
Le résultat immédiat de ces Quatre Initiations est la faculté de recevoir le
Mahamoudra qui t fait ressortir » les instructions, au cours duquel le Lama
démontre directement la nature de l’esprit.
Le résultat ultime est la réalisation de la nature de l’esprit et l’accomplissement
des quatre Bouddha-kayas, de la façon suivante :
a. La réalisation de la nature ouverte (stong-pa) de l’esprit mène au
Dharmakaya
b. La réalisation de la nature claire (gsal-ba) de l’esprit mène au
Sambhogakaya ;
c. La réalisation de la nature sans entrave (ma-gags-pa) de l’esprit mène
au Nirmanakaya.
d. La réalisation de toutes trois ensemble mène au Svabhavikakaya
(Kalou Rimpotché, en entrevue, le 4 novembre 1974).
Une initiation crée un lien étroit entre le disciple et le Lama, aussi bien qu’entre
le disciple et le yidam ou autre être Illuminé dont la méditation est le sujet de
l’initiation. Dénigrer ou négliger l’un ou l’autre est une faute grave (Lama).
20. L’initiation du Vase purifie et raffine l’individu, lui permettant de
visualiser clairement les formes pures des Divinités dans la Phase de
Développement de la méditation (voir plus loin).
21. La Phase de Développement (bskyed-rim) est le stade conceptuel
(dmigs-bcas) d’une méditation du Vadjrayana. Elle est suivie de la Phase
d’Achèvement (rdzogsrim) non-conceptuelle (dmigs-med). Voir Beyer, Cult
of Tara, p. 100-43.
Dans la Phase de Développement, l’objet de la méditation (le Lama, le
yidam, etc.) est d’abord visualisé comme présent, puis visualisé « en
action ». Dans cette méditation-ci, l’ « action » est le fait de conférer les
Quatre Initiations, symbolisé par les rayons de lumière de couleur qui
émanent de la forme du Lama pour être absorbés dans le corps du
méditant.
Dans la Phase d’Achèvement, le méditant dissout la visualisation et
repose dans l’état sans conceptualisation, expérience de la vacuité qui
vient au moment de la dissolution de la visualisation.
Selon Kalou Rimpotché, au cours de la Phase de Développement, nous
établissons des schémas de pensées bénéfiques en substituant des
apparences et des concepts purs et sains à d’autres formés au hasard et
de façon malsaine. Comme nous avons « produit » la visualisation
nous-mêmes, nous ne la prenons pas pour quelque chose de substantiel
ou d’ultimement réel. (Nous essayons de garder ce point de vue pendant
toutes nos rencontres avec les apparences du samsara.) Dans la Phase
d’Achèvement, nous dissolvons cette visualisation jusqu’à ce qu’il n’en
reste rien. Ceci peut mener directement à la réalisation de la vacuité et du
Mahamoudra (conférence publique donnée à Vancouver le 19 février
1975).

Le Flambeau du Sens Ultime 84


22. Tsa-Loung (rtsa-rlung) : pratique yogique dans laquelle les
« canaux » (rtsa) et leurs « courants » (r1ung) sont visualisés à l’intérieur
du corps. Voir M. V. Guenther, Naropa, p. 46, n. 1, p. 158-74 et,.p.
27Cr-72.
23. Kalou Rimpotché explique la méditation de Nyom-djoug
(snyom-‘joug « mélange des égaux ») de la façon suivante :
« Recevoir véritablement l’initiation qui permet de méditer sur le * mélange
des égaux » signifie que l’on a la permission et la faculté de contrôler
totalement le rtsa, r1ung et thig-le, et de pratiquer la méditation yab-yum.
Il se peut que cette dernière porte sur la méditation de deux yidams,
comme Tchakrasamvara (qui symbolise les moyens habiles et la
compassion) et Vadjravarahi (la sagesse ou l’ouverture) en yab-yum
(union sexuelle). Cette méditation peut encore porter sur une seule
divinité comme Tchakrasamvara. En ce cas, on imaginerait l’union de
l’aspect clair (,gsal-ba) de l’esprit du yidam, qui représente les moyens
habiles avec son aspect ouvert (stong-pa), qui représente la sagesse
(Entrevue, le 4 novembre 1974)
Le résultat de cette pratique comprend l’expérience de la grande joie et de la
sagesse transcendante (ye-shes) qui culmine dans l’Illumination suprême, le
Dharmakaya.
H. V. Guenther, citant Gampopa et Padma Karpo, explique que la méditation
de Nyom-djoug est celle qui comprend l’union avec une Karmamoudra, ou
véritable femme ; grâce à ceci le même résultat est réalisé que ci-dessus. Voir
H. V. Guenther, Naropa, p. 269-70.
24. Les voiles de l’esprit (Tib. : shes-grib) : l’ignorance ou opacité
mentale. Les voiles des émotions (nyon-grib) : les émotions
perturbatrices. Les voiles de l’attachement à la méditation
(snyom-jug-grib) : l’attachement à la joie et à la tranquillité du samadhi.
Ceci voile le but ultime - la Libération de tous les êtres -et amène à
renaître en tant que dieu. Les arhats, qui mènent le samadhi à la
perfection, sont considérés par les Mahayanistes comme étant
particulièrement sujets à ce genre de voile qui les maintient dans l’attitude
Hinayana (Lama).
25. Les trois portes : le corps, la parole et l’esprit.
26. Le mahamoudra (phyag-rgya-chen-,poi): but: et pratique
suprêmes de l’école Kagyu. C’est le sujet des dix dernières pages de
notre texte, qui ne sont pas traduites. La base théorique du Mahamoudra
est expliquée par Guenther dans Naropa, p. 222-35.
27. Si nous avons une grande foi en lui, nous pourrons visualiser
maintenant que la forme de notre propre Lama se fond en lumière. Sinon,
il prendra simplement la forme de Vadjradhara (Lama).
28. Il n’est pas possible d’éviter entièrement les résultats douloureux
de nos actions passées. Mais le Lama peut hâter leur venue pour que
nous en fassions l’expérience maintenant plutôt que plus tard. En tant
qu’êtres humains en contact avec le Dharma et notre Lama, nous
sommes beaucoup plus en mesure de faire face à l’adversité que nous
pourrions l’être plus tard, lors de renaissances inférieures. Les

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 85


expériences douloureuses peuvent ainsi être l’expression de la
compassion du Lama (LPL).
29. Quand nous pratiquons le Gourou-Yoga, il vaut mieux faire de
notre Lama le centre de toute notre pratique (LPL).
30. Un maître du Vadjrayana, ou maître-vadjra, est un maître qui a
reçu des initiations, étudié, atteint une certaine réalisation et est capable
d’enseigner le Vadjrayana (Lama).
31. Nyendroub (bsnyen-grub) : récitation de mantras et
accomplissement de rituels concernant un yidam. L’accomplissement de
grands nombres de telles pratiques est profondément respecté dans la
tradition tibétaine.
32. C’est le contraire de la « voie profonde du Gourou-Yoga » décrite
en ce chapitre, qui résulte en la réalisation spontanée des deux sortes de
siddhi.
33. Comme elle ne peut être formulée verbalement, toute tentative de
le faire n’est que pure distorsion.
34. Voir chapitre 1, n. 40.
35. Tuer, voler, mentir et l’inconduite sexuelle.
36. Devadatta, le cousin jaloux de Shakyamouni, est le scélérat dans
les récits traditionnels de la vie du Bouddha. Voir Foucher Life of the
Buddha p. 212-14.
37. skyes-bu dam-pa ; Skt : satpourousha. Selon Edgerton, ceci
désigne « ... une sorte d’équivalent profane des Bodhisattvas, » par
exemple Vimalakirti.
38. Voir chapitre 2, n. 34.
39. Un Lama qui n’a pas atteint la réalisation ne peut offrir qu’une
aide limitée à un disciple. Il ne peut le guider jusqu’à la réalisation
complète (Lama).
40. Loung (lung): cérémonie grâce à laquelle un gourou confère
l’autorisation de lire, étudier, et pratiquer les enseignements d’un texte
particulier. Il le fait en lisant le texte à voix haute très rapidement pendant
que celui qui reçoit écoute. Dans la plupart des cas cette lecture rituelle
est incompréhensible. La cérémonie du loung peut être ou ne pas être
suivie d’une explication du texte. Le gourou doit d’abord lui-même avoir
reçu cette autorisation dans une cérémonie similaire. La cérémonie du
loung est peut-être un vestige de la transmission purement orale des
paroles du Bouddha telle qu’elle se pratiquait couramment avant que les
écritures n’aient été notées (LPL). Vu ainsi, le loung serait un moyen
d’établir l’authenticité d’un texte comme étant la parole du Bouddha.-
41. C’est-à-dire, pensons que notre Lama-racine est en essence
pareil à Gampopa ou à tout autre membre de la lignée du Mahamoudra, à
laquelle il appartient.
42. « Père » désigne ici Gampopa (LPL).
43. Ceci parce que son Lama-racine possédera alors les qualités de
Gampopa et de sa lignée.
44. ‘Byams-dpal zhal-lung : texte indien de Bouddhajnanapada
(Sangs-rgyas Ye-shes), bsTan, p. 2717.

Le Flambeau du Sens Ultime 86


Selon Dechoung Rimpotché, Bouddhajnanapada pratiquait tellement la
méditation de Mandjoushri que Mandjoushri en personne lui donna ce
texte dans une vision.
45. Dans ces deux strophes, c’est Vadjradhara qui parle. « Futur
Vadjradhara » désigne le Lama.
46. sGron-ma gsal-ba.bsTan, p. 2650. Texte indien de Candrakirti qui
traite du Gouhyasamadja tantra.
47. Notre Lama dans le Vadjrayana est une personne très importante
(yul-gnyanpo) de notre vie. Tout ce que nous faisons en relation avec lui
aura de grandes conséquences, bonnes ou mauvaises. Les actes en
relation avec un maître du Hinayana ou du Mahayana ne sont pas aussi
puissants (LPU
48. C’est la première des quatorze « transgressions-racines »
(rtsa-Itung) du Vadjrayana. Une seule suffit à détruire le lien sacré
(dam-tshig) entre nous et notre Lama du Vadjrayana. Ces quatorze
transgressions -racines sont les suivantes
1. Médire d’un Lama ou le déprécier
2. Violer les préceptes du Bouddha
3. Se mettre en colère envers nos compagnons du Vadjrayana
4. Abandonner la bienveillance
5. Abandonner l’attitude de l’Eveil
6. Dénigrer les enseignements des autres écoles
7. Divulguer des enseignements secrets
8. Avoir du mépris pour notre nature de Bouddha essentielle
9. Dire du mal de la vacuité
10. Se lier d’amitié avec de mauvaises personnes
11. Ne pas contempler la vacuité
12. Se disputer avec les autres
13. Négliger nos engagements sacrés
14. Dire du mal des femmes, qui sont la source de la sagesse.
Voir Beyer Cult of Tara, p. 405. Seule la première est discutée dans notre
texte.
Il y a aussi huit « transgressions secondaires ». Voir Cult of Tara, p. 405, et J.
D. Willis, The DiamondLight, New-York: Simon and Schuster, 1973, p. 100-106.
49. Toute personne qui a commencé à pratiquer le Dharma s’est
embarquée sur le « navire » en partance pour l’Illumination. Un esprit
d’amour et de soutien les uns envers les autres quelles que soient les
circonstances aidera à assurer le succès de la traversée. (Lama)
50. ‘Phags-pa dad paï stobs-skyed-pa la ïug-pa phyag-rgya’i mdo.
bKa’ p. 867.
51. Ici, « Bodhisattva » signifie « Lama ».
52. Ngu-‘bod; skt. : Raurava: l’un des huit enfers chauds, dont le nom
reflète les cris de douleurs de ses habitants ;
53. Le Dharmakaya est nu (rjen-pa) parce qu’il est visualisé sans les
ornements et riches vêtements du Sambhoga et du Nirmanakaya. Ceci
représente le fait que le Dharmakaya est purement au-delà du samsara et
ne peut être caractérisé en termes tirés du samsara.

13 août 2001 Le Flambeau du sens ultime 87


54. Beaucoup de rituels pour prolonger la vie sont concentrés sur le
Bouddha Amitayus ou le yidam Tara. Voir Beyer Cult of Tara, p. 363-398.
55. Bhaishadjagourou (Tib. : sMan-bla, prononcé « Menla ») est le
« Bouddha Médecin » invoqué dans les rituels de guérison.
Dans cette section, Kontrul nous pousse à voir le Lama comme le
Bouddha et à choisir dans la grande variété des symboles du Bouddha
celui qui a le plus de sens pour nous personnellement. Ceux qui sont
avancés spirituellement peuvent considérer le Lama comme le
Dharmakaya ; les personnes ordinaires le considéreront comme le
symbole du Bouddha qui se rapproche le plus de leur intérêt, par
exemple, une longue vie, la richesse, etc.
56. Le Lama est appelé « Seigneur du Mandala » parce que : 1. le
Lama mène son disciple à travers la pratique du mandala (kyilkor, voir
chap. 3, n. 20), le familiarisant avec tous ses symboles de l’Illumination ;
2. le Lama est considéré comme non-séparé de la « Figure Principale »,
symbole central de l’Illumination dans le mandala, qui représente
l’intégration de toutes les figures qui l’entourent.
57. Djayoulpa (Bya-yul-pa): maître Kadampa du onzième siècle (LPL).
58. Voir n. 44 ci-dessus.
59. Kontrul nous pousse à éliminer les trois émotions perturbatrices
l’attachement (l’attente d’une récompense), l’aversion (la crainte de la
punition ou de la déception) et l’opacité mentale (le désintérêt). Il nous est
demandé de transformer l’opacité mentale en dévotion et en respect, sans
être motivé par l’attachement ou l’aversion.
60. dag-snang : voir les choses de façon précise, sans imposer de
jugement de valeur. Guenther appelle ceci « l’instantanéité esthétique,
pure et non-contaminée ». Voir H. V. Guenther Tantric View ofLife.
Berkeley: Shambala, 1972, p. 27-28.

COLOPHON
Ceci fut écrit à la demande de Djetsun Lama Karma Eusel Gyourmé, qui
désirait une description des visualisations et une explication des Quatre
Pratiques Préliminaires au Mahamoudra qui soient faciles à lire, complètes et
claires. C’est un texte qui apporte un supplément à celui du neuvième Karmapa
Océan du Sens Ultime (1).
Moi-même n’ai atteint aucune réalisation et n’ai aucune fausse prétention d’être
original, mais j’ai fondé cette œuvre sur les aphorismes des grands.
• Ecrit par le faux renonçant (2) Karma Ngawang Yeunten Gyamtso, âgé
de trente-et-un ans, au centre de retraite Kunzang Détchen du monastère
de Papoung. Puisse ceci servir à répandre les enseignements ! Puisse
son mérite être partagé par tous !

NOTES
1. Nges-don rgya-mtsho.
2. spong-ba-paï zol-can : terme traditionnel de dénigrement de soi.

Le Flambeau du Sens Ultime 88

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