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Présentation :
voyagera beaucoup, et s'inspirera de ses voyages pour écrire des pièces comme "Combat de
nègres". B.M Koltés est un des grands auteurs français de théâtre, il a écrit " Roberto
Zucco ", " le retour au désert " etc ... Il meurt en 1989
*Personnellement :
Résume :
Roberto Zucco , dangereux criminel qui vient de tuer son père s'évade le soir même de son
arrestation. Débute alors une cavale jalonnée de meurtres, à commencer par celui de sa
mère , et de rencontres dont la plus importante est celle de la Gamine , qu'il viole et qui ,
pourtant , s'éprend de lui . Mais Zucco l'abandonne car il s'enfuit toujours, il traverse le
square où, après une prise d'otages, il tue un jeune garçon. Pendant que les meurtres
s'enchaînent, la Gamine entreprend tout ce qu'elle peut pour le revoir et n'hésite pas à le
dénoncer à la police. Elle sera donc l'agent de la chute de Zucco et causera son arrestation.
Mais une fois encore, à peine arrêté, Zucco s'évade puis disparaît, englouti dans une
tempête solaire apocalyptique. .
Critique :
Ici la pièce met en scène l'histoire réelle de Roberto Zucco ( à la base, Roberto Succo ) ,
dans le personnage de Zucco on retrouve des traits du héros grec Samson , car Roberto se
fait piéger par une femme tout comme Samson . Cette pièce est sombre . Le héros , n'a
parlera alors de hasard quotidien dans le choix de ses victimes. Le lecteur est voué à une
incompréhension totale de ce personnage autant par ses actes , sa psychologie que par fait
qu'il ne parle que très peu . Va se mêler un sentiment d'attachement à cette personne des
plus mystérieuses et qui pourtant va commettre jusqu'à quatre meurtres ( la Gamine qui se
fait violer par le héros s'éprend de lui ) . Personnellement , je me suis éprise facilement de
ce " meurtrier " grâce à sa personnalité des plus mystérieuses . Koltés retrace avec son
grand talent , l'histoire d'un assassin sans motivation ... une histoire où le mystère reste
entier ...
Bernard-Marie Koltès est vu comme l'un des tragédiens les plus importants du théâtre français
contemporain, c'est un homme qui fait prendre vie à des personnages principaux issus de
minorités. Il a écrit au total 9 pièces de théâtre, Roberto Zucco aura été sa dernière oeuvre qui
s'articule comme son testament littéraire. Cette fiche de lecture sera divisée en trois parties. Pour
commencer, nous ferons un résumé détaillé de l'oeuvre, puis nous présenterons les personnages
centraux de l'histoire et enfin nous parlerons des thèmes évoqués dans la pièce.
Résumé de l'oeuvre
Les personnages
Les thèmes
Résumé de l'oeuvre
La pièce s'ouvre sur l'évasion de Roberto Zucco, qui a été emprisonné après avoir assassiné son
père. On suit son périple fait de crimes en tous genres, en commençant par le meurtre de sa mère.
S'ensuit le viol de la « gamine » qui avoue quelques scènes plus tard « je suis malheureuse et je
suis heureuse, j'ai beaucoup souffert, mais j'ai pris beaucoup de plaisir à cette souffrance-là ».
On suit Zucco qui continue sa cavale, il croise un inspecteur qu'il tue. Puis on retrouve la gamine
qui cherche l'évadé parce qu'elle est tombée amoureuse de lui. Elle finit dans un commissariat,
car elle l'avait reconnue sur un avis de recherche, elle finit par donner son identité aux policiers,
ces derniers lui proposent de devenir une prostituée pour pouvoir le retrouver. Ensuite, on se
retrouve dans un parc avec le protagoniste principal et la dame élégante, celui-ci fini par la
menacer avec un pistolet pour récupérer sa voiture, il tue son fils devant elle et d'autres figurants
assistent à la scène. On arrive à l'avant-dernière scène, on retrouve la gamine, les policiers devant
le lieu du meurtre de l'inspecteur pour attendre le retour de Zucco. La gamine le voit passer et le
reconnaît. Enfin, dans la dernière scène on retrouve Zucco en train de s'échapper de prison, on
pourrait pensait à une boucle sans fin qui pourrait se répéter à l'image de Fin de partie de Samuel
Beckett, cependant Koltès rompt la boucle avec un protagoniste qui se suicide.
Les personnages
La pièce fait appel à plus d'une trentaine de personnages, mais nous nous pencherons que sur
deux d'entre eux : Roberto Zucco, le personnage principal et la gamine qui s'est éprise de lui.
Roberto Zucco est un personnage qui s'évade de prison, on le suit dans sa cavale. Au fur et à
mesure qu'il rencontre des personnages, on nous fait comprendre qu'il ne ressemble pas à un
meurtrier. On se retrouve avec un personnage qui est le seul de la pièce à avoir son propre nom,
ce qui le met en avant alors que l'on est face à quelqu'un qui veut juste ne pas se faire remarquer,
voire devenir invisible. On ne connaît pas vraiment son histoire, l'auteur nous propose juste de
suivre son périple avec une opinion neutre, sans jugement. On le suit au fil de ses crimes qui le
mènent à son propre suicide.
La gamine est la cadette d'une fratrie de trois, elle a un frère qui est protecteur et un poil machiste
et une soeur présentée comme une vierge prude et avec un sentiment protecteur envers la gamine,
mais celui-ci tombera en miettes quand cette dernière lui apprend qu'elle s'est fait violer par
Zucco, qu'elle est tombée amoureuse de lui et sa volonté de le retrouver. Pour la gamine, ce qu'il
lui a fait aura transformé toute sa vie. Elle revendique devant sa soeur être devenue une femme, et
les rencontres qu'elle fera susciteront auprès des autres personnages des remises en question au
même titre que s'ils avaient croisé Zucco.
Les thèmes
On suit l'histoire de Zucco, mais pas seulement, chaque personnage secondaire rend la pièce plus
complexe en exposant certains problèmes sociétaux. On remarque que les personnages
secondaires remettent en cause leur condition et cela à partir du moment où ils sont touchés
directement ou indirectement par notre protagoniste principal. En nous exposant les crimes
commis par Zucco, la pièce nous fait remettre en question les fondements de la vie et de la mort,
l'auteur nous amène à une remise en question de la société, mais aussi une remise en question de
nous-mêmes en tant qu'individu.
Roberto Zucco
Roberto Zucco est une pièce de théâtre de Bernard-Marie Koltès écrite en 1988 et parue en
1990, inspirée librement de l'histoire d'un tueur en série italien, Roberto Succo, croisée à
l'histoire d'une « gamine », jeune fille en perdition.
Cette pièce provoqua un scandale lors de ses premières représentations, parce qu'elle se
fondait en partie sur des événements réels, tragiques, et encore récents.
Historique
La pièce de Bernard-Marie Koltès est créée à la Schaubühne de Berlin en avril 1990, dans
une mise en scène de Peter Stein1,2,3. C'est l'ultime œuvre écrite par le dramaturge. Celui-
ci est mort en avril 1989, entre l'écriture de la pièce en 1988, et sa création mondiale à
Berlin en avril 19901,2,3. Il l'a écrite rapidement, après être tombé en arrêt, dans le métro,
devant un avis de recherche d'un criminel impliqué dans plusieurs faits divers. Le visage de
l'homme a retenu son attention4.
Bernard-Marie Koltès laisse aller son imagination sur ce parcours sans s'intéresser
davantage à l'histoire réelle de l'homme recherché. Koltès se savait malade du sida. Le
temps était devenu précieux pour lui, et cette pièce est sa dernière façon de s'exprimer au
théâtre, en contant un cheminement tragique qui conduit à une mort enfin acceptée1,5.
Bernard-Marie Koltès se serait également inspiré de la prise d'otages de Gladbeck de 1988
pour une des scènes6.
La pièce est reprise en France, au TNP de Villeurbanne, le 5 décembre 1991, dans une mise
en scène de Bruno Boëglin7.
Résumé
Les scènes évoquent des actes du criminel Robert Succo, mais la succession des faits n'est
pas la même et la mise en correspondance est quelquefois sans objet. La pièce de Bernard-
Marie Koltès est une sorte de chemin de croix en quinze stations, quinze scènes, un chemin
qui conduit à l'évasion suprême, la mort. Quinze scènes dont certaines ne sont que des
s’entremêle avec celle d’une jeune fille, appelée « la gamine ». La pièce commence par la
découverte de l’évasion de Roberto Zucco par deux gardiens. L'évadé va chez sa mère, qui
lui dit ne plus le supporter depuis qu’il a tué son père, et qu’elle l’a évacué de ses pensées. Il
gamine qu'il a séduite (ou agressée, on ne sait pas), qui vit entre un frère et une sœur, à côté
de parents enlisés dans une vie médiocre. Elle s'échappe et cherche à le retrouver durant
toute la pièce, dans le quartier fictif du « Petit Chicago ». L’ayant reconnu sur un avis de
police, rencontre un vieil homme dans le métro, provoque une bagarre dans un bar puis
dans un parc, prend une femme et son enfant en otage et, sans raison, abat l'enfant. Il
s'enfuit avec la femme. Il est en quelque sorte dénoncé par l'amour de la gamine : sous le
regard des policiers, en effet, celle-ci, l'apercevant, se précipite sur lui et l'embrasse. Les
policiers l'interceptent. Il avoue ses crimes et se reconnaît pour la première fois comme un
tueur. À compter de ce moment Zucco s'identifie à ses actes La pièce se termine alors qu’il
est de nouveau arrêté et qu’il cherche à s’enfuir par le toit de la prison où l'on le voit en
silhouette en contre-jour. Une voix crie « Il tombe ! ». C'est fini, Roberto Zucco s'est élancé
sa propre troupe qui se nomme "Le théâtre du Quai. Dès 1972, il signe L'Héritage, qui est
diffusé sur France Culture, avec Maria Casarès. Il lit des mystiques et se passionne pour la
littérature russe. L'année 1977 est celle de la création du monologue La Nuit avant les forêts
au festival off d'Avignon. 1983 marque le début de sa collaboration avec Patrice Chéreau,
rencontré quatre ans plus tôt, avec la création de Combat de nègre et de chiens au Théâtre
des Amandiers ; puis, en 1986, de Quai Ouest, et Dans la solitude des champs de coton en
1987. Il écrit en 1988 Le Retour au désert. La même année, il achève Roberto Zucco, qui ne
sera mis en scène qu'après sa mort. En avril 1989, il meurt du sida, à quarante et un ans.
Résumé
Roberto Zucco est un dangereux criminel qui vient de tuer son père s'évade de son lieu
d'incarcération (prison-asile) le soir même de son arrestation. Ceci s'en suit alors d'une
dont la plus importante est celle de la "Gamine" , qu'il viole et qui , pourtant , s'éprend de
lui . mais Zucco l'abandonne car il fuit toujours , il traverse le quartier mal famé du Petit
Chicago où il assassine un inspecteur , il se retrouve dans un square où , après une prise
d'otages , il tue un jeune garçon . Pendant que les meurtres s'enchaînent , la "Gamine"
entreprend tout ce qu'elle peut pour le revoir et n'hésite pas à le dénoncer à la police . Elle
sera donc l'agent de la chute de Zucco et causera son arrestation . Mais une fois encore , a
peine arrêté , Zucco s'évade puis disparaît , englouti dans une tempête solaire
apocalyptique...
Le fait divers
Roberto Succo naît le 3 avril 1962 à Mestres (près de Venise), d'un père policier et d'une
mère tricoteuse à domicile. Au sein de de cette famille de condition modeste et sans histoire,
Succo passe une enfance paisible jusqu'au 9 avril 1981, soir ou il tue sa mère puis son père
avant de prendre la fuite. Il est arrêté et condamné à 10 ans de prison, qu'il doit purger
l'année 1986. D'avril 1987 à janvier 1988, il va faire règner la terreur dans le Sud-Est de la
entre les différents meurtres, qu'elle attribue à des tueurs séparés et Succo.
C'est l'assassinat de l'inspecteur Michel Morandin en janvier 1988, à Toulon qui premet de
l'identifier et un avis de recherche est diffusé dans toute la France et en Italie. Une jeune
femme du nom de Sabrina révèle qu'elle a été sa maîtresse et qu'il s'appelle Roberto Succo,
ce dernier est arrêté en Vénétie le 28 février 1988. Quelques jours après son arrestation et
après avoir multiplié les provocations à la presse, il trompe la vigilance des gardiens et
grimpe sur le toit de la prison d'où il se laisse tomber sous l'oeil de centaines de caméras. Il
est de nouveau déclaré schizophrène, mis sous étroite surveillance, et le 23 mais 1988 il se
Si Bernard-Marie Koltès prend ce fait divers pour matière, il est plus intéressé par la
légende qui enveloppe ce personnage : “Je ne savais pas grand chose de cet homme, j'avais
quatre articles de journaux. Je n'ai pas fait de recherches. Pour moi, c'est un mythe et cela
doit rester un mythe”. En modifiant la première ligne du patronyme du serial killer (le “S”
mère, le viol de la Gamine sont autant d'épisodes du fait divers, mais la façon dont Koltès
les évoque leur confère une dimension surnaturelle. L'intrigue de Roberto Zucco est
détachée de tout réalisme. Elle s'inscrit dans la tradition des grands mythes dont elle
reprend la logique fabuleuse. Koltès fait de Zucco le double et la version contemporaine des
grands héros. Ainsi, come Samson perdu par Dalila, Zucco est trahi par la Gamine (cf. le
puissance de bête sauvage et dans son role de gardien du labyrinthe (le vieil homme dans le
métro).
Pour qu'ils puissant êtres considérés comme mythiques, autrement dit devenir universels,
Koltès met en place un système et un traitement particulier des personages : aucun d'entre
eux à part Zucco n'a de nom . Chacun est désigné par sa fonction (Le mac, L'inspecteur...)
ou son lien de parenté (La mère, Le frêre...). Chaque personage devient le symbole et le
Pour Koltès, l'histoire de Roberto Succo revêt une portée symbolique qui s'avère révélatrice
Rimbaud la fuite et la révolte, Roberto Zucco symbolise une particularité propre à l'homme
contemporain : l'irresponsabilité.
Les personnages
Roberto Zucco est un meurtrier en cavale, dont la dimension tragique relève à la fois de
mythique.
La gamine est prisonnière de sa famille, on comprend qu’elle se fait violer par Zucco mais
se prend d’amour pour lui. Elle part à la recherche de Zucco et tombe dans la déchéance
physique et morale, et finira par causer la perte de Zucco comme Dalila avec Samson.
Niveau
Scène qui ne relève pas de grande difficulté accéssible à des qualifications 1et 2
Pistes de travail
· étude de photographie des corps des personnages dans plusieurs mises en scène
· registre comique des badauds et policier, présent ou non sur scène dans la scène
finale
· comment traiter la scène finale ? les élèves feront des propositions de mise en scène de
· l’impulsivité de Zucco, travail sur le vécu du personnage qu’est-ce qu’un corps
Bernard Marie Koltès, publiée en 1988 et jouée pour la première fois en 1990 alors que son auteur
était mort des suites du SIDA. Ce personnage a été inspiré à l'auteur dramatique par un véritable
criminel, un tueur en série, Roberto Succo qui a perpétré plusieurs crimes dont ceux de sa mère et
de son père. La pièce débute sur l'évasion de prison de l'assassin. Revenant de nuit chez sa mère
pour récupérer son treillis, sa mère lui oppose une vive résistance. Roberto entre de force. Débute
alors un dialogue entre la mère et le fils qui souligne leur difficulté à communiquer. Quels aspects de
Zucco apprenons-nous à découvrir ? Tout d'abord, nous verrons d'après ses gestes et ses répliques
comment il nous apparaît comme un héros tragique pour ensuite étudier l'attitude de sa mère à son
égard.
Souvent les héros des tragédies sont des êtres violents, soit de façon héréditaire, soit par hybris,
orgueil. Nous connaissons déjà la brutalité de Zucco par le tableau 1 où il est décrit comme parricide
et comme une « bête furieuse », « une bête sauvage » : il peut faire penser à une figure mythique
bien connue : celle du Minotaure. La didascalie qui ouvre l'extrait étudié insiste sur cette violence « il
défonce la porte ». Il a selon sa mère de « grandes mains fortes ». Cette force annonce la
comparaison avec le rhinocéros dans la fin du récit ou avec des héros bibliques « Samson » et «
Goliath » auxquels Zucco est identifié dans le dernier tableau par « les voix ».. Le fait qu'il réclame
plusieurs fois son « treillis » , « son pantalon de combat » prouve qu'il part en guerre. Ses impératifs
durs « bouge-toi », « dépêche-toi » montrent aussi sa bestialité : les mots sont sans doute criés
puisque sa mère lui demande de parler plus doucement « Ne crie pas ! ». Sa brutalité est à son
apogée dans le meurtre de la fin du tableau « la serre, elle gémit ». Après avoir été parricide « tu as
tué ton père » (répété deux fois par la mère), il devient matricide et cela sur scène. Enfin, sa violence
est totalement gratuite : il ne tue pas pour obtenir quelque chose. Même si sa mère finit par lui
donner le treillis, il la tue et son meurtre n'est pas non plus motivé par l'argent « je ne veux pas
d'argent ». Ce qui peut troubler le spectateur, c'est l'absence de sens de ces meurtres. Mais on ne
b)Son ambiguité.
Séquence IV :
Roberto Zucco
Tiré du tableau II, ce passage présente Roberto Zucco, héros éponyme de la dernière pièce
de BernardMarie Koltès, publiée en 1988 et jouée pour la première fois en 1990 alors que
son auteur était mort des suites du SIDA . Ce personnage a été inspiré à l’auteur
dramatique par un véritable criminel, un tueur en série, Roberto Succo qui a perpétré
plusieurs crimes dont ceux de sa mère et de son père. La pièce débute sur l’évasion de
prison de l’assassin. Revenant de nuit chez sa mère pour récupérer son treillis,sa mère lui
oppose une vive résistance. Roberto entre de force. Débute alors un dialogue entre la mèreet
le fils qui souligne leur difficulté à communiquer. Quels aspects de Zucco apprenons-nous
àdécouvrir ?
Tout d’abord, nous verrons d’après ses gestes et ses répliques comment il nous apparaît
comme un héros tragique pour ensuite étudier l’attitude de sa mère à son égard.
Souvent les héros des tragédies sont des êtres violents, soit de façon héréditaire, soit par
hybris, orgueil. Nous connaissons déjà la brutalité de Zucco par le tableau 1 où il est décrit
comme parricide et commeune « bête furieuse », « une bête sauvage » : il peut faire penser à
une figure mythique bien connue :celle du Minotaure. La didascalie qui ouvre l’extrait
étudié insiste sur cette violence « il défonce la porte ». Il a selon sa mère de « grandes mains
fortes ». Cette force annonce la comparaison avec le rhinocéros dans la fin du récit ou avec
des héros bibliques « Samson » et « Goliath » auxquels Zucco est identifié dans le dernier
tableau par « les voix »..Le fait qu’il réclame plusieurs fois son « treillis », « son pantalon de
combat » prouve qu’il part en guerre. Ses impératifs durs « bouge-toi », « dépêche-toi »
montrent aussi sa bestialité : les mots sont sans doute criés puisque sa mère lui demande de
parler plus doucement « Ne crie pas ! ». Sa brutalité est à son apogée dans le meurtre de la
fin du tableau « la serre, elle gémit ». Après avoir été parricide « tu as tué ton père » (répété
deux fois par la mère), il devient matricide et cela sur scène. Enfin, sa violence est
totalement gratuite : il ne tue pas pour obtenir quelque chose. Même si sa mère finit par lui
donner le treillis, il la tue et son meurtre n’est pas non plus motivé par l’argent « je ne veux
pas d’argent ». Ce qui peut troubler le spectateur, c’est l’absence de sens de ces meurtres.
b) Son ambiguïté.
questions que pose la mère dans la tirade « Pourquoi ? », « Comment ? ». Même celle qui
lui a donné le jour, elle insiste sur cet accouchement : elle répète « accoucher » et « sortir de
moi » ne sait pas qui il est vraiment. Il est aussi victime puisque sa mère le renie de façon
brutale, lui rappelle qu’il était maudit dès son enfance « quand tu étais au berceau ». Cela
rappelle une forme de fatalité présente dans le mythe d’Œdipe avec l’expression « on
l’abandonne ».
D’ailleurs sa mère ne lui annonce-t-elle pas à la façon d’un devin « Est-ce que tu vas me
tuer ? » ? Il oscille entre la tendresse, une certaine forme de douceur que l’on retrouve dans
son nom qui ressemble au nom italien du sucre « zucchero » qui se manifeste par le
changement de ton et notamment l’apostrophe par trois fois « maman » , par ses gestes « la
Il aspire au calme et à la pureté puisqu’il aime la laverie automatique (mais ce lieu est aussi
N’est-ce pas aussi une caractéristique de la tragédie comme le souligne le Prologue dans la
pièce Antigone d’Anouilh ? « C’est propre la tragédie. Et surtout, c’est reposant ».Cette
Ainsi peut-être doit-on comprendre que Bernard-Marie Koltès remet en cause n’importe
Le spectateur voit qu’elle est troublée par la gentillesse de son fils. D’ailleurs, même si elle
le renie, elle ne cesse de l’appeler par son prénom « Roberto ». On a même l’impression que
puisqu’aux deux adjectifs employés par Zucco « doux et gentil », la mère répond par
quand elle dénoncera Zucco. Elle qui veut absolument « oublier » ne peut s’empêcher
d’avoir de la nostalgie pour « cet enfant si sage ». Est-ce pour cela qu’elle ne veut pas lui
donner son treillis ? Elle insiste sur sa saleté « sale », « dégueulasse », « sale », « tout froissé
». Ne réagit-elle pas inconsciemment comme une mère soucieuse de l’apparence de son fils
? Et n’est-ce pas cela qui énerve Roberto ? Ou bien ne supporte-t-il pas qu’elle veuille l’ «
Elle cherche à éloigner son fils : elle emploie deux fois l’impératif « N’approche pas de moi
Beaucoup de négations tendent à éliminer de sa vie son fils, « je ne peux pas », « je ne veux
pas ».
par « Je t’oublie, je t’ai oublié ». La reprise avec le passé composé insiste sur la rapidité
qu’a la mère à renier son fils. Ainsi, c’est elle qui signe en quelque sorte son arrêt de mort
car c’est elle qui fait de Roberto un orphelin. « Tu es fou » résume bien la difficulté qu’ont
La folie de Roberto est mise en avant par plusieurs adjectifs « fou » ( qui rime d’ailleurs
avec « doux »), « dingue », « fou », par des métaphores verbales « tu dérailles », « un train
qui a déraillé ».
Et on comprend le désir qu’a eu Koltès de renommer Succo Zucco avec le Z qui porte en lui
fils : n’a-t-elle pas posé la question « Ton quoi ? » parce qu’elle ne comprend pas pourquoi
son fils a besoin de ce vêtement qu’elle dévalorise par une expression grossière « cette
saloperie ». Mais en même temps le spectateur ne comprend pas non plus pourquoi la mère
qui avoue avoir peur de son fils « tu me fais peur » refuse de lui donner son treillis. Son
obstination est tout aussi incompréhensible que celle de Roberto. Grâce à cette deuxième
scène, nous apprenons à mieux cerner la personnalité du protagoniste de la pièce que nous
matricide (lui qui a déjà à son actif un parricide) l’élève au rang de héros tragique dans la
lignée d’un Néron. Suivra-t-il le chemin que lui a annoncé sa mère « l’abîme » en
Il n'est pas étonnant que Bernard-Marie Koltès, écrivain fasciné par les mythes antiques et
bibliques (n'a-t-il pas appelé un de ses tableaux Dalila, du nom de l'héroïne de la Bible qui a
enlevé la force du géant Samson ?) ait voulu donner au dénouement de sa pièce sur un
personnage hors-norme Roberto Zucco l'allure de l'épisode final de la Bible : l'Apocalypse.
Ce mot d'origine grecque signifie « révélation » mais a pris pour nous plutôt le sens de fin
du monde qui fait peur. a)Des conditions météorologiques irréelles. La didascalie « Le soleil
monte, brillant, extraordinairement lumineux. Un grand vent se lève » met en scène les
forces naturelles qui vont modifier le cours du tableau. On assiste à un spectacle qui
s'oppose à la scène d'exposition qui se passait dans l'obscurité puisqu'une des didascalies
donne l'heure « à midi » : il s'agit donc bien du zénith. Personnifié et même érotisé (« C'est
le sexe du soleil ») (Et on se souviendra que dans la scène initiale, le gardien disait que «
c'était dans le sexe que se logeait l'instinct meurtrier ») le soleil y occupe le premier plan : il
symbolise le côté solaire de Zucco .Mais il peut aussi être considéré comme une métonymie
du personnage : désireux de retourner à l'état de nature, comme le souligne aussi sa nudité
« torse et pieds nus » Roberto est l'être des éléments puisqu'il est même capable de
déclencher u
Séquence IV
: Roberto Zucco
Roberto Zucco.
Tout au
ans le tableau 15, onretrouve le décor du début de la prison car Zucco vient d'être
réincarcéré. Comme dans la 1èrescène, à peine est-il enfermé qu'il s'échappe. Au milieu des
voix de gardiens et de prisonniers,en plein midi, il apparaît torse nu sur les toits de la prison
en même temps que se lève unetempête solaire. Nous verrons en quoi le dénouement de
cette pièce permet de montrer latransformation du personnage.
Nous étudierons d’abord par quels moyens l’auteur nousmontre une scène d’apocalypse,
sorte de fin du monde. Ensuite, nous verrons que Zucco
Il
( n’a
-t-
enlevé la force du géant Samson ? ) ait voulu donner au dénouement de sa pièce sur un
personnage hors-
révélation » mais a pris pour nous plutôt le sens de fin dumonde qui fait peur.
ne des
à midi »
et mêmeérotisé ( «
») le soleil y occupe le premier plan : il symbolise le côté solaire de Zucco .Mais il peut aussi
être considéré commeune métonymie du personnage : désireux de retourner à l'état de
nature, comme le souligneaussi sa nudité « torse et pieds nus » Roberto est l'être des
éléments
fin du monde selon la Bible ( et que l’on retrouve dans tous les films d’anticipation du typ
, d’ailleurs «
il vous suivra ». Ici, le message est plus important que le héros lui-même comme cela se
passesouvent dans des textes religieux.
b) Avènement et révélation.
Cette idée qui fait de Zucco une sorte de dieu nous est suggérée par la référence à Mithra
encitation au début de la pièce. Mithra est un dieu iranien qui a
et sur le cours du monde et qui fut l’objet d’un culte aussi important que le Dieu des
Chrétiens dans la
Rome antique. Ce dieu était entouré de plus de mystères que le Dieu des Chrétiens, ce qui
peutexpliquer le choix de Koltès, attiré par les réalités énigmatiques.
D’abord Zucco
l’Apocalyps
e, dernier livre de la Bible, (ouvrage déjà convoqué dans les lignes précédentesavec les
personnages de Samson et Dalila
première partie de la Bible). Les références à la religion chrétienne sont très présentes
aussi
avec l’év
ocation un peu parodique de la Croix de Jésus « Tout est bien cloué ». Cette dernièrescène
est à lire comme une métaphore : en effet, si elle reprend le thème de la scène
initiale,l'évasion, ici, ce n'est plus le Zucco meurtrier qui s'échappe en pleine nuit, mais un
personnage
quicaractérise progressivement Zucco pour le faire accéder à son statut final de dieu .
Avantnotre extrait, il était «
faiblesses. Alors
» qui s'inscrit dans la liturgie de Mithra et quene comprennent pas les auditeurs « le quoi ?
» le place lui-même dans une situation divinefavorisée aussi par le symbolisme du décor : «
le sommet des toits », « il grimpe au sommetdu toit », « il arrive au sommet » qui montre
son ascension. Sa nudité aussi fait penser à une
plus humain. b)
Le sacre de Zucco repose sur un ultime renversement. Sa chute qui est annoncée de façon
presque au ralenti ( ce qui rappelle que Koltès adorait le cinéma « Zucco vacille » , « il
vatomber », « tu vas te casser la gueule », « il va tomber », « il tombe » n'entraîne pas sa
mortmais sa consécration héroïque.
voix qui ne voyait pas grand-chose auparavant. Est-il vraiment tombé ? Ou est-il
montéailleurs ?Ce dénouement tragique et nécessaire marque la fin de Roberto qui rejoint
la liste des hérosmythiques : « Cet homme (Succo) tuait sans aucune raison. Et c'est pour
cela que, pour moi,c'est un héros. Il est tout à fait conforme à l'homme de notre siècle, peut-
être même aussi àl'homme des siècles précédents. Il est le prototype même de l'assassin qui
tue sans raison. Et
la manière dont il perpétue ses meurtres nous fait retrouver les grands mythes » . Parallèle
à lamontée du soleil et consécutive au déchaînement des éléments, sa mort est le symbole
d'une passation de pouvoir et d'une métamorphose fabuleuse. La chute ouvre à la survie de
Zucco :débarrassé de son corps, i
grâceaussi au talen
férence explicite à la chute d'Adam et Ève dans laGenèse, livre premier de la Bible qui sont
condamnés par Dieu à sortir du Paradis. MaisKoltès en fait le contraire
gement moral
Sa mort paraît même être un soulagement pour lui.Cette scène finale consacre l'héroïsation
de Zucco et même sa divinisation. Koltès fait mourir
son héros, comme c’est arrivé dans la réalité mais plutôt que d’en faire un échec, il
letransforme en forme d’apothéose. Zucco devient un personnage hors du commun, qui
échappeà l’ennui et à la réalité sordide bien symbolisés par l’image de la prison.
Zucco est-il le seulcriminel à avoir subi une transformation aussi positive grâce à la
littérature ? Est-il une sorte
de double de Koltès qui, par la littérature, échappe à un quotidien qui l’ennuie et le révolte
Roberto Zucco le meurtre de la mère LA scène 2Page 3Elle voit le bébé qu'elle a mis au
monde avec le CL de la naissance berceaux2 (25/26).Ce spectacle est rendu encore plus
vivant avec l’insistance sur le CL du regard Vu, yeux, regard surveillé, pas lâché, vu, vois,
reconnaisUne période bâtie sur une construction anaphorique de subordonnées de
condition: « si je n'avais pas accouché de toi... », « si je ne t'avais pas vu sortit... », « si je
n'avais pas posé... » aboutit à un constat au conditionnel« je croirais » dont la valeur plus
annonciatrice qu'hypothétique, amplifie la forme négativequi le complète « ce n'est
pas mon fils qui est devant moi... »« Pourquoi cet enfant, si sage pendant
vingt-quatre ans,... ...est-il devenu fou brusquement ?» Ceparallélismemarque la
rupture.Comment as-tu quitté les rails Roberto ? Qui a posé un tronc d'arbre sur
ce chemin si droit pour te fairetomber dans l'abîme ? »On est encore ds l’expositionLe
portrait de RZ par sa mère donne à voir le perso qu’on avait imaginé jusque là = scène des
gardiens.«Pourtant je te reconnais»: Portrait que l’on donne à voir (théâtre)Portrait
physique et moral: mais en même tps très peu caractérisé.Portrait orienté: ironie tragique:
«caresser le cou de ta mère» menace, peurProfondément divisé, le personnage ne se
recoupe plus. L'adverbe adversatif« pourtant » qui ouvre une 2ème phase semble annuler
un instant cette orientation, d'autant que l'énumérationavec des déterminants possessifs
apparaît comme une reconstruction de l'identité contestée. Morcelée, son identité donne
lieu à une synecdoque: le portrait énumère les différentes parties du corps de Zucco
« ton corps, ta taille, la couleur de tes cheveux, la couleur de tes yeux, la forme de
tes mains, ces grandes mains... » mais leur addition ne produit pas d'unité identitaire et
le chute de la phrase est sans appel et revient sur le meurtre initial du père « ton père,
que tu as tué ». (On remarque ici la présence du couple récurrent dans l'œuvre Éros /
Thanatos: les mains de Zucco caressent « le cou de [sa mère » et serrent celui de [son] père
»).Le portrait n'est plus une pièce d'identité mais le signe d'une identité en pièces.Cette
brèche dans l’identité de RZ on la retrouve ds la métaphore de la laverie: Nettoyer la
faute // Mac BethLaverie douceur, calme, tranquille femmes (symbdouceur ms =nt symb
sexe)
Roberto Zucco le meurtre de la mère LA scène 2Page 6accomplit le reniement par lequel
elle supprime symboliquement son fils : « Je t'oublie, Roberto, je t'ai oublié ». (encore
une fois insistance « Je t'oublie / je t'ai oublié »). La dernière phrases quitte le registre
métaphorique et la tournure impersonnelle du « on » pour accomplir le reniement
revendiqué à travers une double reprise du « je »et du verbe oublierPassage de «on»
(valeur élargie) à «je»Passage du pst au PC(accompli)Parole performative. Oublier x3
37/38: Rythme ternairemontre qqch de définitif: clot l’acteAssonance en «i»:Sonorités
désagréables: signal d’un danger(On l’oublie, Je t’oublie, Je t’ai oublié, Oublier dis
treillis)La mère occulte ce qu'il lui a dit Je t'ai oublié =/= oublie maman.Mais RZ lui
demande d'oublier le meurtre et la mère l'oublie lui.(Oublie (16), oublier (18) Je t'ai
oublié =/= oublie maman.)Circularité dans le texte.Parole performativeZucco se retrouve
donc orphelin avant d'avoir tué sa mère, comme si celle-ci était la meurtrière du
meurtrier.C)De l'amour familial au langage familier.1ère tirade de RZ «maman»
Vocabulaire assez simple et enfantin.22/ 41 Tu me l'as juré => contraste enfant / adulte.
Parole performativeLe monologue et la tirade sont des caractéristiques majeures de
l'écriture koltésienne : elles rappellent la primauté accordée par l'auteur à un théâtre
à lire et à entendre. Ici, cette 1ère grande tirade développe une fonction symbolique
et une charge émotionnelle fortes puisqu'il s'agit d'un reniement filial : Zucco a tué son
père et, pour cet acte, sa mère tue verbalement son fils. Avant même qu'il ne devienne
matricide, Zucco a rompu, par son meurtre initial, tous ses liens filiaux : son origine,
son existence lui sont ici déniées.Dans ce tableau, la violence n'est pas attachée à
Zucco. Elle ressortit à la mère et au langage dont elle use. L'impossibilité du dialogue
filial se traduit par la transformation de la tirade de la mère en monologue et par sa
violence verbale : la parole de l'amour filial glisse vers un langage familier, âpre, vulgaire ;
la mère multiplie les insultes à l'adresse de son fils : « malade »,« cinglé » :
l'incommunicabilité s'affirme par les insultes répétées de la mère lance à son fils.La
mère donne des ordres, refus de tendresse (Impératifs et négations)
Roberto Zucco le meurtre de la mère LA scène 2Page 7Ne crie pasNe m’approche pasNe
sois pas gentilAu contraire RZ rassure: relation inversée: N’aie pas peurDifférents
niveaux de langues: Soutenu: porter le deuil (11)Courant «maman» Familier: dégueulasse
(3), dingue (7), dérailles ( 7), vieux (7)A la fois relation intime ms distanceÀ la violence
langagière va succéder la violence physique puisque, après avoir été renié par elle, le fils va
tuer la mère, le matricide étant ici la conclusion logique du dialogue impossible entre
deux êtres pour qui le langage demeure une étrangeté absolue et un péril
redoutable.III)Larenaissancedelatragédie.Lieu de la rupture, le langage défait les liens
familiaux et ouvre à un renouveau tragique dont le principal épisode, l'hybris, subit
ici un renversement inédit.A) La terreur sans fureur.La matricide obéit à l'hybris. 1er
épisode de toute action tragique, l'hybris renvoie depuis l'Antiquité grecque à la
démesure de tout héros mythique : se sentant surhumain et invincible, il défie la loi,
notamment par le meurtre.Zucco défie la loi familiale mais chez lui, l'hybris répond
au paradoxe d'une terreur sans fureur dans la mesure où, loin d'être un
emportement furieux, le meurtre correspond au contraire à un moment d'apaisement. Le
matricide est un geste empreint de douceur : pour tuer sa mère, Zucco la caresse (voir
didascalie finale), et tuer devient synonyme de sérénité.Gradation= La tendresse mène à
l’horreur du meurtreEros /thanatosS’approcheCaresseEmbrasse
Roberto Zucco le meurtre de la mère LA scène 2Page 9L'hybrisest une notion grecque que
l'on peut traduire par « démesure ». C'est un sentiment violent inspiré par les passions
et plus particulièrement, par l'orgueil. Les Grecs lui opposaient la tempérance, ou
modération. Dans la Grèce antique, l'hybris était considérée comme un crime. Elle
recouvrait des violations comme les voies de fait, les agressions sexuelles et le vol de
propriété publique ou sacrée.La religion grecque antique ignore la notion de péché tel
que le conçoit le christianisme. Il n'en reste pas moins que l'hybris constitue la
faute fondamentale dans cette civilisation. Elle est à rapprocher de la notion de Moïra, qui
signifie en grec à la fois « destin », « part », « lot » ou « portion ». Les anciens
concevaient en effet le destin en termes de partition. Le destin, c'est le lot, la part de
bonheur ou de malheur, de fortune ou d'infortune, de vieou de mort, qui échoit à
chacun en fonction de son rang social, de ses relations aux dieux et aux hommes.
Or, l'homme qui commet l'hybris est coupable de vouloir plus que la part qui lui est
attribuée par la partition destinale. La démesure désigne le fait de désirer plus que
ce que la juste mesure du destin nous a attribué.Le châtiment de l'hybris est la
némésis(« destruction »), le châtiment des dieux qui a pour effet de faire se rétracter
l'individu à l'intérieur des limites qu'il a franchies. Si l'hybris est donc le mouvement
fautif de dépassement de la limite, la némésis désigne le mouvement inverse de la
rétractation vengeresse.La Moïra est la loi de partition qui impose à chacun une part de
bien et de mal, de fortune et d'infortune, de bonheur et de malheur, de vie et de mort, qu'il
est du devoir de l'individu de respecter. Transgresser la mesure assignée par le destin est
commettre l'hybris, faute fondamentale sanctionnée par la némésis ou le châtiment
des Dieux