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Histoire du cinéma

second semestre

***

Le cinéma classique
années 30, 40, 50

06.02

Lubitsch

Rattraper quinze premières minutes du cours.

Exemple 1 : L’éventail de Lady Windermere, Lubitsch

La question des regards : très difficile dans le cinéma


L’intérêt du découpage c’est créer du lien entre les images : qui regarde qui ?
A partir du moment où il y a du découpage, ce n’est plus seulement deux individus ensemble.

Eisenstein parle de figure de rhétorique. = figure de style pour le cinéma


= façons de faire dans le montage, qui sont légèrement décalées par rapport au seul fait de
montrer.
Tout comme en littérature il y a des figures de style qui sont légèrement décalées par rapport à la
façon normale de parler

Extrait : Ici, cette femme est seule au milieu de tous les hommes, et on voit successivement se
retourner tous les hommes sur elle. Ca sert à renforcer le sens. Pas apporter un sens nouveau.

Ce plan large sur les 7 personnages a été complètement déconstruit tout au long de la séquence
par un plan sur chaque personnage simultanément.

Lubitsch se spécialise d’abord dans les comédies musicales. Avec Maurice Chevalier et
Jeannette Mc Donald, couple de danseurs qui ont un succès considérable.

- 1934 : La veuve joyeuse. Opérette qui a été très souvent adaptée au cinéma et au théâtre.
Lubitschen fait non seulement une comédie musicale mais une comédie sophistiquée.
Sophisticated comedy : un type de comédie qui repose sur le brio des dialogues, subtilité des
relations entre personnages.

A partir de La veuve joyeuse, il abandonne les comédies musicales. Il a aussi abandonné les films
en costume.

Pendant 14 ans, il ne fait plus que des comédies. Jusqu’à son dernier film.

A voir :

- Angel, 1937, avec Marlene Dietrich. C’est à partir de ce film que Truffaut fait des analyses de la
« Lubitsch touch », le style Lubitsch.
- The shop around the corner, 1940. N’était jamais sorti en France, on l’a reçu très tardivement
dans les années 80/90. Un film formidable avec James Stewart
- Ninotchka, scénario Billy Wider, qui deviendra à son tour un grand cinéaste de comédie
- To be or not to be, 1942, son chef d’oeuvre, à voir absolument.
- La folle ingénue

Lubitsch’s touch : C’est le seul cinéaste de l’histoire qui a droit à une expression à lui.
Car il y a une cohérence de mise en scène et de ton dans tous ses films.
—> Suggérer au lieu de montrer : les sentiments, les désirs, les jalousies…
Ou passer par des objets. Il partage avec Hitchcock cette passion des objets pour signifier. Ex
ici : la perle, les bagues…
Les objets ont une connotation érotique.
Ellipses : on ne montre pas l’essentiel, on le suggère avant ou après. Ca fait participer le
spectateur à l’efficacité dramatique.

Ex : La veuve joyeuse. Un soldat garde la porte des appartements du roi. Le roi sort de ses
appartements, salue le garde, et s’éloigne. Le garde en profite pour rejoindre la reine dans ses
appartements. Et le roi s’aperçoit qu’il a oublié son épée, donc il fait demi-tour. Il rentre dans ses
appartements et ferme la porte. La musique enfle, on attend qu’un scandale arrive. (Lubitsch est le
spécialiste des portes fermées pendant que le spectateur devine ce qui se passe à l’intérieur). Tout
à coup le roi sort comme si de rien n’était. —> Le suspens retombe. Mais au moment où il met sa
ceinture avec son épée il s’aperçoit qu’elle est trop courte pour son gros ventre, il s’aperçoit que ce
n’est pas la tienne, il retourne furieux dans les appartements et s’aperçoit qu’on l’a trompé.

—> Procède en deux temps, nous laisse croire qu’il y a qqch, la tension monte, mais elle
retombe, et là du coup on est surpris parce qu’un deuxième rebondissement arrive.

Exemple 3 : To be or not to be, début du film

To be or not to be : Le grand film de Lubitsch. Tourné au tout début de la guerre, Lubitsch a du


mal à le monter. Un film sur la gestapo et les résistants. Ca passe par une troupe de comédiens
qui vont jouer aux résistants. Il y a chez Lubitsch une confusion volontaire entre des acteurs qui
jouent des rôles et des résistants ou des nazis qui jouent un rôle historique.

Tout le film de Lubitsch joue sur le jeu des apparences.

Il invente un cinéma qui ne joue plus des effets de façade (lumières, contrastes, montage).
C’est qqch qui est bcp plus subtil, qui passe par le récit donc par le découpage, les jeux de
regard, le hors champ, les ellipses, ce qu’on voit et qu’on ne voit pas… C’est un cinéma
beaucoup plus sophistiqué.

Hitchcock

Anglais, on a tendance à l’oublier vu l’importance de sa carrière américaine.


Commence par écrire des cartons d’intertitre.
Lui il arrive beaucoup plus tard aux US.

* Période anglaise : une quinzaine de films

- Les 39 marches (relève du film d’action)


- Une femme disparaît (comédie, c’est à partir de ça qu’il développe cette idée du prétexte à
l’action)

* Période américaine

En 1940 il est appelé aux US pour tourner l’adaptation d’un roman à succès : Rebecca.

Comme Lubitsch, il s’intègre très vite au système des studios, devient un réalisateur
demandé. On est dans la période classique donc les metteurs en scène ne font pas tout ce qu’ils
veulent. Mais parmi les metteurs en scène qui arrivent à réaliser leurs propres projets et qui ont
une certain main mise sur leur carrière, il y a Hitchcock.
Il invente des systèmes de mise en scène.

Il a inventé ce qu’il appelle la « direction de spectateurs ». Au lieu de la direction d’acteurs.

Amener le spectateur à regarder ceci plutôt que cela, à penser ou attendre ceci plutôt que cela.

Tout son travail de metteur en scène va consister à mettre en scène des personnages dans leurs
relations entre eux, mais aussi à intégrer le spectateur dans ce schéma dramatique. Comme
Lubitsch.

Hitchcock et Lubitsch sont des metteurs en scène qui font intervenir le spectateur dans la
dramaturgie, en jouant avec leurs attentes.

Différence suspens // surprise. On met deux persos autour d’une table, on met une bombe sous
la table. Si on prévient le spectateur qu’il y a une bombe sous la table, pendant toute la discussion
il va attendre que la bombe explose, et on n’a pas besoin de la faire exploser à la fin, on a gagné
une scène avec une tension dramatique.
Alors que si on ne prévient pas le spectateur, on a trois minutes de conversation qui ne servent à
rien, et la bombe explose à la fin, on a certes un coup de théâtre, mais on a eu toute une scène
avant sans intensité dramatique.

—> Le suspens repose sur l’attente du spectateur.


Lubitsch l’utilise pour servir la comédie, Hitchcock pour servir le thriller.

C’est lui qui invente le thriller tel qu’on le connaît aujourd’hui.

Là encore, tout tourne autour du regard.

Regard = désir = meurtre. Le regard déclenche le désir, qui est très souvent assimilé à un
meurtre.

Ex :

- Fenêtre sur cour : regarder, dramaturgiquement, c’est l’équivalent de tuer


- Psychose : le propriétaire du motel soulève un tableau pour regarder la femme qui prend sa
douche, le regard amène le désir qui amène le meurtre.

Exemple 1 : La loi du silence

Hitchcock joue sur des regards d’humiliation et de culpabilité.

La culpabilité est un thème très fort chez Hitchcock.


Les persos se font arrêter ou ont des pb à cause de cette culpabilité.
Montgomerry Cliff, grand acteur studio des années 50.
Prêtre qui reçoit les aveux d’un meurtrier mais ne peut pas divulguer ce qu’il a entendu.
Quand le mauvais coupable est arrêté pour ce meurtre, le prêtre ne sait plus quoi faire.

Jeu de regards
Travail très classique sur la foule, le personnage au milieu de la foule, puis le gros plan sur son
visage.

Le personnage est coincé. Scénographie.

Son visage est suréclairé.


Oeil du policier qui regarde ailleurs. C’est un peu lourd mais c’est toute la logique d’Hitchcock : où
se dirige le regard.

* Scène de fin du procès, où il est déclaré non coupable :

Comme chez Lubitsch, un travail par les regards. On comprend qu’il a une histoire d’amour avec la
femme, juste par des regards.

Dans ces deux extraits, on voit un travail un peu différent, moins spectaculaire que dans ses
grands thrillers les plus connus :

- Les enchaînés, avec Ingrid Bergman et Carry Grant. Un des films les plus tranchants d’un point
de vue psychologique, du point de vue du suspens.
- Vertigo, considéré comme son chef-d’oeuvre. Jeu sur le regard et les apparences. Un des plus
grands films de l’histoire du cinéma.
- La mort aux trousses, le film d’action par excellence dans son oeuvre. Le film qui met les
persos en mouvement. Plus proche du film d’espionnage que du film policier.
- Psychose, petit film à petit budget : noir et blanc, acteurs pas très chers… Et il réinvente le film
d’horreur.
- Les oiseaux, encore un film avec un fort sous-texte moral. Un film sur une liaison entre deux
personnages qui est condamnée par leur entourage. L’attaque des oiseaux comme un
châtiment pour les punir. Dimension extrêmement symbolique de l’oeuvre d’Hitchcock.

C’est dans ce réseau de regards que se situe son travail.


Psychose : c’est l’histoire d’un voyeur.
Fenêtre sur cour : c’est l’histoire d’un témoin.

En tant que spectateur, on a le réflexe de se dire que le regard des persos à l’écran ressemble à
notre regard à nous. Hitchcock met en scène notre regard, la façon dont nous jugeons (bcp de
scènes de justice ou de gens qui jugent d’autres gens, ou d’enquêtes).

Comme Lubitsch s’est spécialisé dans la comédie sophistiquée, Hitchcock se spécialise dans le
film policier ou le film d’espionnage.

Film policier : c’était des genres mineurs à Hollywood.


Il y avait des genres nobles : adaptations d’oeuvres littéraires, biographies, films
historiques… Genres qui se rapprochaient de la culture noble (peinture, littérature).

Genres les moins nobles : films de boxes, films policiers… qui plaisaient au plus grand
nombre.

Donc c’est assez étonnant, il a du succès, une liberté de choix, mais il n’a pas cherché à en
sortir.

Alors il est allé un peu du côté des films en costume, mais ceux-là il les a lui-même produits :
quand il travaille pour lui-même il essaye un peu de sortir de son genre de prédilection.

Les oiseaux : scène où elle attend sa pote devant l’école et tous les oiseaux s’accumulent.
Un bon exemple de reaction shot : elle suit le vol d’un oiseau, et on a un premier regard un peu
inquiet. Mais nous, on n’a pas encore découvert l’accumulation d’oiseaux.
Reaction shot = montrer sur le visage d’un personnage l’émotion que doit ressentir le personnage
par contagion.
Ca peut être la surprise, le soulagement, l’inquiétude…

Reaction shot = c’est l’inverse de l’effet Kouletchov, où le spectateur plaque une émotion
sur le personnage.

Ca, c’est très Hitchcockien. L’inquiétude du personnage s’ajoute à notre propre inquiétude.
Et ça a été préparé par la première inquiétude du personnage, qui nous a mis en situation et nous
fait réagir plus fortement.

—> CCL : deux cinéastes qui viennent d’europe, spécialisés dans des genres, intègrent le
spectateur à la mise en scène.
27/02

Jean Renoir

(…)

Jean Renoir a une totale liberté pour faire ce qu’i veut gâce à sa reconnaissance.

Il travaille avec Catherine Hesling. Le dernier modèle d’Auguste Renoir, et elle devient la
première actrice de Jean Renoir. Elle devient sa maitresse puis sa femme.

Elle a, elle aussi, des prétentions artistiques, et cherche à expérimenter. Dans les années 20, ils
tournent des films expérimentaux, comme La petite marchande d’allumettes… Contraste noir
et blanc, jeu sur le rythme, montage, situations pathétiques. Films qu’on peut oublier ajd et
auxquels on s’intéresse pcq ce sont des films de Renoir.

Puis arrive le parlant, et tout le monde de Renoir va se transformer radicalement, avec deux
films en particulier :

- 1931, La chienne, avec Michel Simon.

Renoir tourne un film très réaliste qui se passe dans les quartiers populaires de Paris. Une
population et des situations dramatiques qui sont typiquement réalistes. = Description de la réalité
qui s’attache aux éléments non nobles, non prestigieux, non spectaculaires. C’est aussi ce
qu’on appelle une étude de moeurs = aller voir comment vivent ces gens là.

La Chienne est une réussite cinématographique. Renoir peint ce petit monde par des gestes, des
détails, des éléments de décor. Il compose un réalisme très puissant. Mais en même temps, il
impose une distance entre le monde et le spectateur. Le film s’ouvre sur un rideau de
marionnettes, comme on ouvre le rideau d’une scène de spectacle. On a un guignol qui vient
présenter l’histoire. Idem à la fin. Tout au long de la carrière de Renoir, on retrouve cette dualité.

Il dit qu’il n’a jamais su choisir entre la réalité et l’artifice.

La Chienne est son premier film grand public après ses oeuvres expérimentales des années 20.

Toutes les années 30 sont des années de réussite, un peu inégales, mais avec des films très
importants.
- Boudu sauvé des eaux, 1932

Là encore, film très réaliste. Clochard qui tente de se suicider en plein milieu de Paris et qui est
recueilli par un libraire de luxe. Critique des milieux « bobo » et hymne à la liberté anarchisante.

Mélange captation (enregistrement direct de la réalité, avec le jeu de Michel Simon, très
charnel), et puis représentation (personnages qui jouent leur rôle, décors de studio). —> On
retrouve toujours ces deux composantes chez Renoir.

- Tony, 1935

Un film tourné en provence = décors naturels, très rare à l’époque. Ca coûte beaucoup plus
cher d’aller tourner à l’extérieur qu’en studio. Une époque où il y a une quinzaine de studios en
France.

Ce film annonce le néo-réalisme : ce courant qui se développe dans les années 40 en Italie, en
particulier avec Visconti, l’assistant de Renoir pour Tony.

- Le crime de Monsieur Lange, 1936

Film écrit par Prévert. A l’époque ça n’est pas le poète qu’on connaît (il ne publiera ses poèmes
qu’à la fin des années 40). A l’époque il écrit des pièces de théâtre, il appartient au groupe
Octobre, groupe de militants politiques qui fait du théâtre.

Histoire d’un ouvrier d’une imprimerie qui est amené à tuer son patron qui est un violeur.

1936 = l’année du front populaire, donc d’un bouleversement politique très important en france.

Il y a dans ce film à un moment donné un travelling à 360 degrés. Au moment où le salarié tue le
patron. Comme si tout le monde rejoignait ce geste, approuvait ce meurtre. Façon de Renoir de
participer à la lutte des classes.

- La grande illusion, 1937

Son film le plus connu, le plus dynamique et emballant. Un groupe de prisonniers pendant la
WWII qui va de camp en camp. On se rend compte que les liens entre gens d’une classe sociale
équivalente sont plus forts qu’inter classes sociales. Malgré les différences de nationalités.

- La règle du jeu, 1939

Deux semaines de partie de chasse en Sologne dans un petit manoir, où les relations sociales
sont complexes. La règle du jeu amoureux. La maitresse de maison est amoureuse d’un jeune
aviateur. Mais aussi la règle du jeu social.
—> découvrir Renoir : commencer par Boudu sauvé des eaux, La grande illusion, et La
règle du jeu. Gradation en terme de complexité.

Extrait de Boudu sauvé des eaux : les badauds sont des vrais badauds qui regardent le tournage

Max Ophuls

Metteur en scène de théâtre, chassé au début des années 20 pcq il est juif.

S’installe en France années 30. Fait des films très personnels avec d’autres gens de l’école
allemande, en particulier des chef op qui créent des lumières très singulières. Ophuls les utilise
d’une manière très personnelle avec une mise en scène très fluide. Ce qu’il a apporté au cinéma
et qui est encore une de ses influences majeures c’est la fluidité de la mise en scène, de la
caméra. Le fait qu’il vienne d’Allemagne y est pour qqch.

Cf Murneau : le cinéma déchainé. Cette façon de rendre mobile la caméra.


Ophuls reprend ça. Il est aussi très influencé par le théâtre. Le théâtre allemand des 20s est
très expérimental et novateur. Au théâtre il apprend à faire bouger ses comédiens. Il y apprend
notamment l’utilisation des escaliers pour apporter du vertical au lieu d’en rester à
l’horizontal.

Arrivée aux US avant de rentrer en France dans les années 50 : son grand moment créatif.

Aux US il a du mal à s’intégrer, contrairement à renoir qui est tout de suite très sollicité par les
studios.

Ophuls a peu de sollicitations, les scénarios n’aboutissent pas. Il met du temps à tourner 4 films à
Hollywood, entre 1940 et 1949. Il tourne son chef-d’oeuvre, Lettre d’une inconnue, 1948.

—> Un film formidable tiré d’une longue nouvelle de Stephan Zweig.

- Lola Montes

Son dernier film, son seul en couleur : Lola Montes. Polémique. Lettre ouverte d’autres artistes
pour le défendre. Le film est alors monté autrement et modifié. Truffaut écrit un célèbre
article, Lola au bucher, où il dénonce le sort fait à ce chef d’oeuvre, film extrêmement novateur
dans sa construction narrative, les mouvements de caméra, l’utilisation de l’écran large (c’est
l’époque du cinémascope). Couleurs différentes, stratifiées en différentes couches horizontales.
Un sommet du cinéma, plus complexe que ses autres films.
Ses personnages principaux sont souvent des femmes, et on adopte leur point de vue.

- Le plaisir

A influencé Boogy nights de Paul Thomas Anderson avec le long plan dans la boite de nuit.
Citation.

***

Le cinéma japonais

—> Suite du cours : prémisses du cinéma moderne et cinéma japonais.

- Influence du burlesque hollywoodien, même si on ne pense pas tout de suite à ça.

- Un cinéma très réceptif à l’expressionnisme, dans le cinéma noir et blanc et muet. —>
Contrastes noir et blanc, effets de lumière, effets de gestuelle (Kurosawa).

A eu du mal à passer au parlant, grande résistance de cinéastes comme Ozu. Ne fait son
premier parlant qu’en 36, comme chaplin.

Ce sont des films de genre, comme beaucoup de films américains. Films de sabre, films en
costume, films historiques, « films du quotidien » (traduction vague) = films d’employés du
quotidien, qui sont l’équivalent de nos films réalistes.

Et aussi des films d’auteur.

A l’époque, ni l’Europe ni les US ne sont touchés par ces films ou ne les reçoivent. Il y a
seulement quelques acteurs qui vont arriver aux US ou en Europe.

C’est au lendemain de la 2GM qu’on découvre deux réalisateurs : Akira Kurosawa et Kenji
Mizoguchi. C’est en raison de la présence US au Japon. —> Le cinéma japonais est plus
influencé par des adaptations d’oeuvres occidentales (Kurosawa adapte des pièces de
Shakespera).
Et il s’exporte en occident.

Dès le début des années 50, on découvre ces films, et on les admire. Très vite, ils représentent
une sophistication, des formes très différentes.

Kurosawa et Mizoguchi obtiennent nombre de récompenses (Oscar à Hollywood, des Lion


d’or 5 années de suite à Venise…) —> Découverte de masse.

A partir de ce moment, le cinéma japonais va influencer considérablement les cinéastes


occidentaux. Parfois par sa subtilité, parfois au contraire par son côté spectaculaire (la manière
de filmer les combats en particulier).

Ex : influence entre qqn comme Kurosawa, Sergio Leone puis Quentin Tarantino dans les années
90. L’un influence le suivant.

Akira Kurosawa

Il a une formation de peintre/graphiste, comme presque tous les cinéastes japonais.


Calligraphie. Dans les 80s, plusieurs affiches du festival de cannes sont de Kurosawa.

1/ Pendant la guerre, films de genre, très souvent des films noirs :

- L’ange ivre
- Chien enragé : film policier.
- Vivre

Kurosawa est très influencé par les films noirs américains qui arrivent après la guerre jusqu’au
japon.

Il découvre un tout jeune acteur, qui devient son acteur fétiche : Toshiro Mifune.

Son film le plus connu : Rashomon. Un homme qui se fait tuer par des brigands dans une forêt.
Le film raconte le procès. Chaque protagoniste, y compris le mort, raconte ce qui s’est passé. Et
les 4 ou 5 témoignages sont complètement différents.

Sa grande oeuvre la plus connue : Les sept samourais. 10 ans après, remake américain, les 7
mercenaires.

2/ Dans les années 60, Kurosawa tourne bcp d’adaptations :

- L’araignée (Macbeth)
- L’idiot (Dostoievski)
—> Ca permet à Kurosawa de se construire un prestige, une image de marque.

Ses derniers chef d’oeuvre datent des 70/80s, à une période où il a bcp de mal à tourner.

- Dodes kaden : un film stupéfiant, qui se passe sur un immense terrain vague. Un film
expressionniste en couleur, c’est assez rare. Un film très sombre, qui joue sur l’expression
dramatique. Dodes kaden = le bruit que fait un adolescent qui se prend pour un conducteur de
tramway.

- Dersou oudala : un des premiers films écologistes. Splendide. Film produit par les soviétiques.

- Ran : produit par un français

- Rêves : produit par Spielberg et Lucas.

—> Il a beaucoup de mal à ce moment là à tourner au Japon. En tout cas on voit bien la
dimension internationale de son cinéma. Mais ça fait partie de son pb avec la société
japonaise : les japonais trouvent qu’il a une dimension un peu trop internationale.

—> Un immense cinéaste. Un cinéaste épique : il filme des combats, des guerriers, des situations
historiques. Grande attention à la chorégraphie (mouvements des corps, gestes, ralentis,
montages très perfectionnés, gestes répétitifs). Un metteur en scène de l’action.
Mais c’est aussi (en particulier dans Ran, un film d’une beauté plastique extraordinaire) un
cinéaste plastique. Très spectaculaire dans l’image.

Cf extrait de Vivre, 1952. Vient de donner lieu à un remake anglais cette année.

Kenzi Mizoguchi

Lié à une réception patrimoniale du japon. Beaucoup de films en costumes. Très attaché aux
formes traditionnelles de la culture japonaise. Il filme des pièces de théatre, des études de
moeurs qui se passent dans l’histoire japonaise.

Formation de peintre et de calligraphe.

Commence à partir des années 20. Fait plus de 80 long métrages, un record dans l’histoire du
cinéma.

Essentiellement des histoires de femmes, persos féminins subissant l’oppression.


Pour pouvoir condamner le sort des femmes, il est obligé de passer par des films en costume,
sinon ça serait trop mal reçu s’il dénonçait la société jap contemporaine.

Actrice fétiche de Mizoguchi : Kinuyo Tanaka.

Ses chef d’oeuvre sont plutot ses films des 50s, années où on découvre ses films, notamment au
festival de venise.
- Le destin de Mme Yuki
- La vie de Oharu femme galante
- Les contes de la lune vague après la pluie (film avec lequel on l’a découvert en occident)
- Les amants crucifiés

Mise en scène chez Mizoguchi :

Très différent de Kurosawa. On pourrait le comparer à Renoir en France. Un découpage et un


montage beaucoup plus discrets que chez Kurosawa. C’est plus fluide, plus discret. Des
recadrages : quand la caméra bouge pour montrer un autre élément du plateau au lieu de faire un
cut puis un autre plan. Plan très célèbre dans les contes de la lune vague après la pluie : un des
personnages meurt au combat, la caméra fait un panoramique, on voit le perso qui meurt pendant
que la caméra passe sur lui, mais elle ne s’y arrête pas, et va se retrouver ailleurs. Comme si on
ne le voyait qu’accidentellement, elle n’insiste pas, ne dramatise pas.

Mikio Naruse

Beaucoup de films quotidiens lui aussi. Destins féminins. Mères de familles, commerçantes,
prostituées…

Filme qqn qui est en phase d’etre exclu de la société : ex : qqn qui va prendre sa retraite. Une
femme qui a passé la trentaine sans etre mariée.

Yasujiro Ozu

Aujourd’hui considéré comme le plus « japonais » des cinéastes, découvert très tard en
occident (1978 en France, plus de 15 ans après sa mort).

Commence dans les années 20, muet nourri de cinéma hollywoodien.

Premier film parlant en 1936.


Charles tesson, célèbre critique français, a analysé la manière dont les persos se servent de leur
éventail, chacun à sa façon

- Il était un père : histoire d’une femme qui approche la trentaine et refuse de se marier.
Ozu fera un remake de ce film plus tard.

- Voyage à Tokyo, son film le plus célèbre. Un couple de personnes âgées qui va à Tokyo
voir ses enfants.

Ozu a tourné tous ses films en noir et blanc sauf les 6 derniers.

Ses 6 derniers films sont en couleur, dont 4 sont des remake de ses propres oeuvres. C’est
assez passionnant.

- Fleurs d’équinoxe, 1958


- Bonjour ! 1959
- Le goût du saké 1962.
-

Extrait : Il était un père.


Caractéristique des films d’Ozu : on a des inserts sur des objets inertes, du quotidien. Qui à la
fois posent un décor, mais en même temps viennent s’introduire dans la vie des personnages. Ce
ne sont pas des objets qui ont une fonction dramatique, mais ils viennent ponctuer le film.

Gestes de la canne à pêche, du père et du fils, totalement harmonieux, jusqu’au moment où il


annonce à son fils qu’il a le mettre en pension, et à partir de là ils n’agitent plus leurs cannes à
pêche dans le même sens, qqch de disharmonieux s’introduit entre eux.

Ozu surcadre très souvent ses personnages. Il les écrase, les fige. ex : ici c’est le père qui est
figé, rigide, qui ne veut pas sortir de ses principes ni de ce cadre.

Film sur le concours de pets.

Un cinéaste qui invente une manière de faire, un type de mise en scène, que personne n’utilisait
jusque là ni ne réutilisera par la suite. Il compose un monde dans lequel le moindre geste et le
moindre signe fait sens. D’une très grande subtilité.

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