Vous êtes sur la page 1sur 353

Licence eden-19-7-6224024-7-105602476-24953654 accordée le 28

janvier 2023 à 6224024@7.com


TRILOGIE DE LA ROTA
DU MÊME AUTEUR

Les Origines de la Genèse et l'enseignement des Temples de l'ancienne


Egypte.
Cures magiques au xxe siècle, nouv. éd. complétée. Omnium Littéraire.
La Langue sacrée.
Post-mortem, nouv. éd. Omnium Littéraire.
Radiations des formes et cancer, nouv. éd. D angles.
Traitement à distance par radiations, nouv. éd. Dangles.
Gnomologie. Enseignements et expériences des anciennes écoles initia-
tiques. Omnium Littéraire.
Premiers pas en radiesthésie thérapeutique.

Tous droits de reproduction, adaptation et traduction réservés pour tous pays.


E N E L

TRILOGIE
DE LA ROTA

Trois traités:
ESSAI D'ASTROLOGIE CABBALISTIQUE
ROTA ou la ROUE CÉLESTE
MANUEL de la CABBALE PRATIQUE

123 figures et tableaux dans et hors-texte

Nouvelle édition

LYON
Paul DERAIN
128, rue Vauban
I

ESSAI
D'ASTROLOGIE CABBALISTIQUE
Au C.H.C.

Mon cher Ami,

Permettez-moi de vous dédier ce livre comme témoignage de ma profonde


reconnaissance du concours éclairé que vous avez bien voulu me prêter dans la
mise au point de mon ouvrage. Ce n'est que grâce à vous, grâce à votre amitié
éprouvée, qu'il a pu voir le jour, en français du moins.
Il est l'enfant de nos entretiens si pleins d'intérêt, de ces longues soirées
d'hiver, quand nous vivions hors des cadres du temps et de l'espace dans les abîmes
vertigineux de la pensée antique.
C'est vous qui m'avez suggéré de faire part au public de ces quelques idées,'
que vous trouviez parfois originales.
Mais, vous le savez comme moi, il n'y a rien de nouveau dans ce que je dis
ici ; bien au contraire : tout cela est très vieux, même ancien. Je n'ai rien inventé,
je me suis servi de documents autant contemporains qu'anciens, dans lesquels j'ai
seulement remis les points sur les i, et dont j'ai fait quelques déductions logiques.
Ce qui distingue cet ouvrage d'autres, traitant la même question, c'est son
orientation. J'ai tâché de reconstituer l'ancien point de vue sur l'Astrologie, comme
science sacrée et occulte. Je me suis efforcé de démontrer que cela avait sa raison
d'être, même plus, que cela était important, qu'en lui enlevant cette partie on la
privait de son âme, ne laissant qu'une carcasse morte.
C'est un travail très difficile que nous avions entrepris surtout dans notre
siècle matérialiste.
Ebranler les assertions de la science officielle, démontrer que, dans l'Univers,
il est des choses qui échappent à notre calcul, aux réflexions humaines, enfin, assurer
que ce quelque chose est l'essentiel, car c'est la vie même — quelle tâche ingrate !
Vous vous en rendez compte aussi bien que moi. Ai-je réussi ? Je ne le sais pas.
C'est au lecteur d'en juger.
AVANT-PROPOS

Ce livre ne saurait être considéré comme un traité d'Astrologie.


Il a été écrit pour réagir contre des tendances erronées.
Actuellement, ceux qui pratiquent l'Astrologie se sont écartés de la
voie de la tradition et se confinent presque uniquement dans le domaine
astronomique.
On repousse avec dédain la partie occulte de la Science Millénaire et
supra-humaine, on veut l'expliquer par le calcul et l'étudier dans le cadre
des trois dimensions...
Cette méthode n'est admissible que pour une partie seulement de
l'Astrologie : son squelette astronomique, Mais est-ce là toute l'Astrologie ?
Il s'en faut.
L'Astrologie comporte deux domaines :
1° La partie astronomique ; 2° La partie cabbalistique.
Les astrologues contemporains, asservis à la science officielle, ne
reconnaissent que la première partie et rejettent nettement la seconde
comme un laissé pour compte, un souvenir des temps obscurs.
Pour eux, les sages de l'Antiquité qui s'adonnaient à l'Astrologie
cabbalistique étaient plongés dans l'erreur. Cependant, il semble enfantin
de songer à prévoir le futur avec les misérables moyens de la science
moderne. Cette dernière peut évidemment contrôler certaines manifestations
des lois de la nature, mais elle est loin de les comprendre dans leur ensemble
et encore plus loin d'en reconstituer la chaîne.
La Vie, dans ses modalités infinies, échappe à la science et c'est en
vain qu'à l'aide de calculs astronomiques on espère élucider la question
primordiale de l'existence de l'homme.
Cette question relève entièrement de l'Astrologie qui l'étudié dans
les trois plans.
D'autre part, sans base religieuse, l'Astrologie n'est qu'un vulgaire
jeu de hasard.
Parfois, on entend dire qu'un tel, parmi les astrologues contemporains,
avait prédit avec succès un événement d'ordre quelconque. Naturellement,
cela donne à ses présages un air d'infaillibilité.
Mais, si vous lui demandez de vous indiquer le pourcentage de ses
prédictions dûment contrôlées, il vous répondra, s'il est de bonne foi,
que ce dernier est extrêmement faible et qu'il considère ses résultats
heureux comme des coïncidences ou des rencontres dues au hasard.
Il sait fort bien que malgré toute la précision apportée dans ses
opérations, il n'est jamais certain de ses pronostics.
J'affirme qu'il est impossible aux mathématiciens et aux astronomes,
malgré leur bagage scientifique et la connaissance qu'ils peuvent avoir
des positions précises des astres, de résoudre les problèmes qui dominent
les calculs humains.
Tout esprit désintéressé qui a voulu approfondir l'Astrologie contem-
poraine dite scientifique, et étudier sous cet angle les lois de la vie, a
toujours éprouvé des déceptions.
Prenons un exemple dans un autre domaine de la Science.
Nous pouvons observer les manifestations de la force connue sous le
nom d'électricité, contrôler quelques-unes de ses applications, mais
sommes-nous fixés sur sa nature ?
Pouvons-nous dire que nous connaissons toutes ses propriétés ? Non.
Nous avons l'impression que cette électricité fait partie des forces
multiples qui déterminent et entretiennent la vie de l'Univers et qu'elle
se retrouve dans tout ce qui nous entoure.
Or, cette opinion ne repose sur aucun raisonnement scientifique et,
bien que la science fasse quotidiennement de nouvelles découvertes,
elle ne saurait prétendre à la connaissance totale de cette force qui joue,
parmi tant d'autres, un rôle important dans la nature.
Une telle connaissance d'ailleurs est hors des possibilités de l'intelli-
gence humaine.
La Science actuelle fait preuve d'une vanité puérile en voulant
enfermer dans le champ de son action la Nature infinie avec ses lois
impénétrables.
L'homme, hélas ! ressemble à un aveugle qui se trouve dans une
enceinte murée. Il se heurte sans cesse contre les murs de sa prison ; il
les touche, les frôle avec attention, observant et étudiant chaque fissure,
chaque aspérité, sans pouvoir arriver à s'évader du lieu fatal et sans savoir
ce qui existe en dehors de ces limites infranchissables.
Nous devons étudier notre fatale demeure dans tous ses détails avec
l'opiniâtreté et la minutie de l'aveugle.
Nous percevons la lumière, la chaleur, les diverses émanations qui nous
parviennent de l'au-delà du mur sans jamais arriver à franchir ce dernier.
Il en est de même en Astrologie. On peut mettre sur pied une char-
pente astronomique, avec toute la précision désirable, mais les conclusions
que nous en dégagerons ne nous donneront jamais entière satisfaction.
Il y a là quelque chose qui échappe à notre calcul, quelque chose qui
semble appartenir à un autre plan, exigeant d'autres procédés qu'une
simple figure et des opérations sur l'écliptique.
Cet inconnu — qui est l'essentiel — se trouve au-dessus de la région
du Savoir : il appartient au domaine de la Foi.
C'est pourquoi les Sages de l'Antiquité considéraient l'Astrologie
comme une des sciences sacrées étroitement liées au culte ; pour cette
raison, ils la cachaient sous le voile du Mystère.
Ce n'étaient pas les spéculations d'ordre mathématique qu'il fallait
soustraire à la curiosité des foules, mais bien ce qui dépassait les bornes
des connaissances humaines, ce qui touchait aux lois immuables de la
Nature émanant du plan spirituel divin.
Notre époque de matérialisme avancé nous éloigne de la religion ;
nous nous moquons de son rituel que nous jugeons ridicule et inutile,
sans soupçonner jusqu'à quel point il est indispensable.
Le rituel chrétien n'est que l'héritage d'une religion très ancienne.
Il remonte aux premiers âges de l'humanité. Les fondateurs de ce rituel
savaient combiner les vibrations du plan matériel pour obtenir les accords
vibratoires des plans supérieurs.
Le rituel était d'ordre humain, mais les résultats qu'il permettait
d'obtenir étaient d'ordre supra-terrestre.
Toutes les branches de la Science étaient reliées à la religion et rele-
vaient en quelque sorte de cette dernière.
Enfin, la religion, lorsqu'il le fallait, franchissait les bornes imposées
au savoir de l'homme pour agir sur les lois fondamentales de la Nature
avec lesquelles elle était en parfaite harmonie (i).
En publiant cet ouvrage, il n'est pas dans mes intentions de dévoiler
ce qui doit rester caché. L'Astrologie est une science occulte : elle doit
rester telle.
Je me suis efforcé seulement de faire saisir la parenté de l'Astrologie
avec la. Sagesse Antique dont quelques enseignements, à travers la Cabbale,
sont arrivés jusqu'à nous.
Celui qui, ayant des aptitudes à l'Initiation, voudra étudier sincère-
ment cette science vitale et saura regarder par-dessus les œillères du savoir
officiel, trouvera ici quelques directives propres à l'aider dans s on
ascension sur la spirale qui mène à l'Absolu.

(i) Animas nostras partes esse cœli (Pline : Histoire naturelle, II).
PREMIÈRE PARTIE

ASTROLOGIE ASTRONOMIQUE

CHAPITRE PREMIER

EXPOSÉ PRÉLIMINAIRE

L'Astrologie ou science des astres appartient au domaine des sciences


les plus anciennes. Il est difficile de dire d'une façon précise où et quand
elle est née, car on trouve des traces de son existence dans l'histoire et
les textes connus des plus vieilles civilisations.
Les prêtres de la Chaldée, de l'Egypte, de la Perse et de l'Inde
étudiaient les mouvements des astres. D'après leurs observations, ils
avaient institué la division du temps, division qui a survécu jusqu'à nos
jours, et organisé la vie des peuples dont ils étaient les guides.
Certaines de leurs conclusions ont formé les bases de notre science
actuelle qui s'est bornée à les développer. Toutefois, il nous est difficile
de juger de l'évolution complète de l'ancienne science par les seuls vestiges
parvenus jusqu'à nous.
Quoi qu'il en soit, il est à peu près certain que les fondateurs des
religions et des civilisations les plus rapprochées de notre ère tels que
Moïse, Pythagore, Platon et d'autres encore, avaient reçu l'Initiation dans
les temples de l'Egypte, ces foyers de la Sagesse antique.
Derrière le voile de l'ésotérisme le plus sévère, celui qui, trempé
moralement par de dures épreuves, avait été jugé digne, recevait l'initiation
aux mystères de la science sacrée, conservée depuis des siècles dans les
sanctuaires.
L'homme, cette image de Dieu, possédait alors un savoir étendu qu'il
oublia dans la suite après s'être enlisé dans la matière.
En ces temps éloignés, le Verbe humain possédait la force réelle de
création, car il était encore en harmonie avec la nature et il appelait ainsi
à la vie les forces nécessaires pour incarner sa pensée.
Nous trouvons dans les anciennes écritures quelques données sur
cette langue primitive dite Adamique ou Wattan, totalement oubliée par
l'homme ayant perdu la voie indiquée par son Créateur.
" A u commencement (en principe) était le Verbe", dit Saint Jean.
Ces mêmes paroles avaient été dites quelques milliers d'années avant
lui par le Créateur de la Sagesse égyptienne, Hermès-Tot, que les Grecs
appelaient Trismégistos (trois fois grand).
« Et le Verbe de Dieu ébranla l'Univers, et tandis qu'elle se mettait
en mouvement, la lumière s'irradia et parurent les formes infinies de la
Vie. » (i)
Ainsi la Vie est le Verbe Divin manifesté.
Le premier homme avant le péché originel, c'est-à-dire avant qu'il se
soit plongé dans la matière et rivé à la chaîne des passions terrestres, possé-
dait le don Divin du Verbe qui, comme celui de son prototype, le Créateur
de l'Univers, avait puissance de création. C'est pourquoi Moïse le rapporte
dans le livre de la Genèse : « Et l'Eternel Dieu forma de la terre tous les
animaux des champs et tous les oiseaux des cieux ; et il les fit venir vers
ALPHABET COMPARATIF

(i) Hermes Trismegistos : Poimandres.


A d a m , p o u r v o i r c o m m e n t il les n o m m e r a i t , e t q u e t o u t n o m q u ' A d a m
d o n n e r a i t à c h a c u n d e s ê t r e s v i v a n t s f û t s o n n o m ». ( G e n è s e I I , 19).
A p r è s le p é c h é o r i g i n e l , l ' h o m m e p e r d i t ce d o n D i v i n c a r , e n g a g é
d a n s l a f a u s s e v o i e p o u r l a q u e l l e il a v a i t o p t é , i l s ' e n é t a i t s e r v i p o u r
le m a l .
A p a r t i r d e ce m o m e n t , c o m m e n c e n t ses v a i n e s r e c h e r c h e s d u V e r b e
c r é a t e u r , r e c h e r c h e s q u i se p o u r s u i v e n t j u s q u ' à n o s j o u r s à t r a v e r s les
siècles e t les c i v i l i s a t i o n s . M a i s ce V e r b e r e s t e i n a c c e s s i b l e c a r l ' h o m m e ,
d a n s ses i n v e s t i g a t i o n s , l ' a b o r d e d u c ô t é m a u v a i s , c ' e s t - à - d i r e d u c ô t é
matériel.
L ' e f f o n d r e m e n t d e s g r a n d e s c i v i l i s a t i o n s , la c o n f u s i o n d e s l a n g u e s ,
a i n s i q u e d ' a u t r e s m a l h e u r s , f u r e n t les r é s u l t a t s d e c e t t e o r i e n t a t i o n n é f a s t e .
La puissance de l'Esprit appartient seulement à ceux qui, parallèlement
à elle, o n t d é v e l o p p é la p e r f e c t i o n d e l ' â m e .
S e l o n l ' e n s e i g n e m e n t d e s A n c i e n s , l ' h o m m e — M i c r o c o s m e — e s t le
prototype de l'Univers — Macrocosme.
D e m ê m e q u e l ' h o m m e e s t f o r m é d e t r o i s é l é m e n t s : le c o r p s , l ' e s p r i t
e t l ' â m e q u i r é u n i t les d e u x p r e m i e r s , l ' U n i v e r s e s t é g a l e m e n t f o r m é d e
l ' E s p r i t ( D i e u ) , d u C o r p s (le m o n d e v i s i b l e ) e t d e l ' â m e ( l ' h o m m e u n i v e r s e l ,
A d a m - E v e , l ' h u m a n i t é ) , d o n t la m i s s i o n e s t d e t r a n s m e t t r e les l o i s d e
l ' E s p r i t - D i e u au m o n d e et de le g o u v e r n e r .
C e t t e i d é e a b s t r a i t e d e la t r i n i t é d e la c o n s t i t u t i o n d e l ' H o m m e - U n i v e r s
et de l'action r é c i p r o q u e des é l é m e n t s c o m p o s a n t cette trinité a été pré-
s e n t é e d ' u n e f a ç o n o r i g i n a l e p a r P a p u s à l ' a i d e d ' u n e f i g u r e t r è s s i m p l e (1).
Il r e p r é s e n t e l ' h o m m e c o m m e u n e v o i t u r e a t t e l é e , c o n d u i t e p a r u n
c o c h e r . L a v o i t u r e s y m b o l i s e le c o r p s ; le c o c h e r , l ' e s p r i t ; le c h e v a l , l ' â m e .
L e c o c h e r d i r i g e le v é h i c u l e , le f a i t m a r c h e r , a r r ê t e r , t r a n s m e t t a n t a i n s i sa
v o l o n t é à la v o i t u r e p a r l ' i n t e r m é d i a i r e d u c h e v a l q u i la t r a î n e .
L a m ê m e i d é e p e u t a u s s i ê t r e t r a d u i t e p a r t r o i s c e r c l e s q u i se p é n è t r e n t
partiellement.
C h a q u e c e r c l e r e p r é s e n t e les é l é m e n t s c o r r e s p o n d a n t s d u m i c r o c o s m e
e t d u m a c r o c o s m e . Il g a r d e s o n i n d é p e n d a n c e t o u t e n e m p i é t a n t s u r les
cercles voisins.
C e t t e f i g u r e r é p o n d b i e n à ce q u e n o u s v o u l o n s d é m o n t r e r .
E n effet, il n ' e s t p a s p o s s i b l e d ' i n d i q u e r o ù f i n i s s e n t , d a n s l ' h o m m e ,
les p h é n o m è n e s d e l ' e s p r i t e t o ù c o m m e n c e n t c e u x d e l ' â m e , n o n p l u s
q u e d e f i x e r la d é m a r c a t i o n e n t r e les p h é n o m è n e s d e l ' â m e e t c e u x d u c o r p s .
Il e n e s t d e m ê m e d a n s le M a c r o c o s m e e n ce q u i c o n c e r n e la t r a n s i t i o n
d u m o n d e d e s i d é e s a u m o n d e d e s f o r c e s , e t d e ce d e r n i e r a u m o n d e d e s
f o r c e s m a n i f e s t é e s d o n t n o u s n e p o u v o n s f i x e r les l i m i t e s p r é c i s e s .
U n e r e m a r q u e i m p o r t a n t e s ' i m p o s e a v a n t t o u t : la l o i d e la T r i n i t é
e s t à l a b a s e d e l ' U n i v e r s . C e t t e l o i d e la T r i n i t é d a n s l ' U n i t é e s t la f o r m u l e
essentielle s u r laquelle r e p o s e t o u t e la vie d u C o s m o s . « L e n o m b r e trois
r è g n e p a r t o u t d a n s l ' U n i v e r s et l ' U n i t é est s o n c o m m e n c e m e n t (principe) »
(2), dit Zarathoustra.
Cette loi nous est parvenue à travers toutes les religions basées sur la
Trinité d'un seul Dieu.
Le culte préhistorique du soleil, de la lune et de la terre s'est développé
chez les Indous dans celui de Brahma, Vischnou et Shiva. Chez les Egyp-

(1) Papus : Traité élémentaire de Magie pratique.


(2) Commencement ou principe est pris dans le même sens que Saint Jean dans son
évangile 1 : « En arché ».
■Wf:-

tiens : Osiris, Ra, Phta. Enfin, chez les Chrétiens : Dieu le Père, le Fils et le
Saint-Esprit. Ces diverses appellations correspondent dans l'enseignement
de Hermès-Tot aux « Principe, Verbe, Vie » ou le Verbe Divin Incarné (i).
La Cabbale, ou tradition orale, qui nous est parvenue par les textes
hébraïques, mais dont l'origine se perd dans la nuit des temps, représente
l'enseignement occulte des Sanctuaires de l'ancienne Egypte, transmis par
Moïse aux grands prêtres hébreux.
La Cabbale émet cette formule du ternaire dans l'explication de la
construction occulte de l'alphabet dont la base est constituée par trois
lettres : Aleph qui correspond au monde divin ; Mem, au monde physique ;
et Schin, au monde spirituel.
Dans le plan inférieur, les mêmes lettres correspondent aux trois
éléments principaux de l'Univers : l'air, l'eau et le feu. « Trois mères :
aleph, mem, schin » (2).
Ainsi la première loi de l'Univers est celle de la Trinité qui porte en
ctle-même la seconde loi, celle de l'équilibre : « Trois mères : Aleph,
Mem, Schin, leur trait fondamental : la coupe de la justice, la coupe de
la culpabilité et la loi qui fixe l'équilibre entre elles » (3).
De ces deux lois dérivent les deux lois suivantes : la loi du Septenaire
et la loi du Duodénaire.
Sept est formé par deux ternaires qui, considérés chacun comme une
seule unité, l'un positif, l'autre négatif, sont équilibrés par l'unité placée
entre eux.
« Des sept, trois contre trois et un fixe l'équilibre entre elles. » (4)
Cela constitue la troisième loi fondamentale, celle de la gamme uni-
verselle qui apparaît dans toute la création (sept planètes, sept couleurs,
sept notes, sept jours de la semaine, etc...).
« Sept et non six, sept et non huit. Scrute-les, pose la chose comme
il le faut et mets le Créateur à sa place », dit le Sepher Ietzirah (5).
Enfin, la loi des douze (duodénaire) se compose de quatre ternaires
placés aux quatre points cardinaux de la croix astrologique (Orient,
Occident, Nord, Sud).
Comme on le voit, le total de ces lois donne le nombre 22 (3 + 7 + *2)
qui représente le nombre des lettres de l'alphabet sacré établi en correspon-
dance avec les grandes lois de l'Univers.
Une autre combinaison, 3 + 7, forme la base de notre numération ;
les Sephiroth de la Cabbale : « Les dix nombres, vingt-deux lettres et quatre
signes astronomiques des temps composent la gamme et la conclusion de
la Cabbale. C'est simple comme un jeu d'enfant et compliqué comme le
problème le plus difficile » (6).
Pour le moment, je n'irai pas plus loin, me proposant de revenir sur
ces considérations symboliques, à peine ici effleurées, afin de poser les
principes fondamentaux sur lesquels est basée l'Astrologie.
Tout d'abord, je citerai quelques mots très profonds de Fabre d'Olivet :
« Moïse suivait dans son exposition la méthode des prêtres égyptiens qui

(1) L'idée est le Père, le Verbe est son Fils. Ils sont liés indissolublement dans l'Eternité
et leur union est la Vie. — Hermes Trismegistus : Poimandres.
(2) Sepher Ietzirah, III, 1.
(3) Sepher Ietzirah, II, i.
(4) Sepher Ietzirah, IV, 5.
(5) Sepher Ietzirah, IV, 4.
(6) Eléments de la Kabbale (Eliphas Lévi).
avaient trois manières d'exprimer leur pensée. La première était claire et
simple, la seconde symbolique et figurée, la troisième sacrée ou hiérogly-
phique. Ils se servaient, à cet effet, de trois sortes de caractères, mais non
pas de trois dialectes, comme on pourrait le penser. Le même mot prenait à
leur gré le sens propre, figuré ou hiéroglyphique. Tel était le génie de leur
langue. Héraclite a parfaitement exprimé la différence de ces trois styles,
en les désignant par les épithètes de parlant, signifiant et cachant. Les deux
premières manières, c'est-à-dire celles qui consistaient à prendre les mots
dans leur sens propre ou figuré, étaient oratoires ; mais la troisième, qui ne
pouvait recevoir sa forme hiéroglyphique qu'au moyen des caractères dont
les mots étaient composés, n'existait que pour les yeux, et ne s'employait
qu'en écrivant » (i).
Ce qui précède indique que la traduction de la Genèse qui nous est
parvenue (traduction du premier sens) ne peut être considérée comme
elle devrait l'être, c'est-à-dire comme l'étude la plus précieuse capable
de dévoiler à l'homme tous les mystères de la création accessibles à sa
compréhension.
Revenons à l'Astrologie.
La gamme universelle se compose des sept planètes, savoir : le Soleil,
Vénus, Mercure, la Lune, Saturne, Jupiter et Mars.
Le fait que l'homme a découvert quelques autres planètes ne change
rien dans l'harmonie architecturale de l'Astrologie. Ces dernières planètes
se placent au-delà des marges de la gamme fondamentale comme l'ultra-
violet et l'infra-rouge se rangent au-delà de la gamme du spectre, comme
les notes des gammes supérieures forment des octaves avec celles de la
gamme principale.
Voici comment Hermès-Tot, décrivant la vision qu'il avait eue, fait
dériver de la loi de la Trinité la loi de la gamme universelle : « La Pensée
et le Verbe Divin créent la manifestation de la Toute-Puissance. De cette
Toute-Puissance émanent sept esprits qui travaillent dans sept cercles et
dans ces cercles sont enfermés tous les êtres qui habitent dans le monde.
La manifestation des sept esprits dans ces cercles s'appelle le Destin.
Ces cercles eux-mêmes sont enfermés dans la Pensée Divine qui les pénètre
à tout instant » (2).
Cet enseignement incomparable nous montre Dieu invisible, éternel,
Tout-Puissant, sur une hauteur infinie, incompréhensible à notre faible
raisonnement et, sous lui, les sept génies détenteurs de sa volonté, exécu-
teurs du Destin.
Cet enseignement est la base de toute l'Astrologie, science sacrée et
doublement occulte.
Les saintes Ecritures nous apprennent l'existence des anges, esprits
haut placés, intermédiaires entre Dieu et l'homme, apparus à diverses
reprises sur la terre comme messagers chargés de transmettre à l'homme
la Volonté Divine.
Les Sages de l'Antiquité affirmaient que Dieu gouvernait la vie des
hommes par ces esprits supérieurs. Ils en cherchaient et en trouvaient les
preuves dans les phénomènes visibles de la nature.
Le cercle du Zodiaque leur était un livre ouvert où ils lisaient l'image
de la prédestination et les indications du Destin représentées par les lettres
flamboyantes des astres.

(1) Fabre d'Olivet : Langue hébraïque restituée, II, 24.


(2) Hermes Trismegistos : Poimandres.
Les douze signes du Zodiaque sont les douze frontières de l'Univers
d'après le « Sepher Bereschit ».
Ces signes imaginés par les Sages et adoptés par l'astronomie sont
disposés sur un cercle dont le plan coupe l'équateur terrestre aux deux
points équinoxiaux, et qui est divisé en douze parties égales correspondant
aux douze constellations zodiacales.
Dans ce cercle se meuvent les sept planètes passant d'un signe à un
autre et, pour cette raison, nommées par les Anciens : astres errants, par
contraste avec les constellations du Zodiaque qui sont fixes.
C'est dans cette zone que vit, selon la tradition, l'Ame du Monde pour
régner d'après la Volonté Divine sur toutes les manifestations de la Vie.
Ainsi que je l'ai exposé plus haut, il y a sept esprits supérieurs qui
transmettent la volonté du Créateur et gouvernent tous les phénomènes
vitaux constatés dans le monde visible. Leurs noms sont : Michaël, Anaël,
Raphaël, Gabriel, Cassiel, Sahiel et Samaël. Chacune de ces entités fait
rayonner dans la Vie des émanations qui lui sont propres. Les sept planètes
de la gamme universelle sont leurs signes visibles car chacune d'elles est
attachée à l'un de ces Esprits.
Ainsi, d'après la doctrine astrologique, telle ou telle configuration de
planètes dans le cercle zodiacal est le reflet d'une configuration similaire
des influences spirituelles qui gouvernent ces planètes.
Pour réaliser cette donnée, il faut donc, avant tout, établir la carte
céleste d'un moment envisagé, carte qui sera le reflet visible des influences
combinées des Esprits.
Cette première opération, qui consiste à déterminer les longitudes
des planètes, se fait par des calculs astronomiques.
Cette représentation précise du ciel à un moment déterminé, per-
mettant de déchiffrer les différentes influences des Esprits à ce même
instant, se nomme horoscope.
Un horoscope peut être calculé soit à l'heure de la naissance d'un
être humain, soit au début d'un événement quelconque.
%||Un horoscope tracé pour un moment déterminé de la vie d'un homme
ou d'un peuple s'appelle Révolution.
Quand la position astronomique des astres au moment voulu est
déterminée et que le thème de l'horoscope est dressé, on procède à une
deuxième opération, qui consiste en calculs cabbalistiques donnant finale-
ment des nombres fatidiques. Ces derniers déterminent l'individu et font
comprendre les combinaisons des influences planétaires sur le sujet auquel
s'applique l'horoscope.
On dit « influences planétaires » pour simplifier ; car il faut entendre
par là les influences des esprits dont les planètes sont seulement les forces
visibles. Si on n'effectuait pas ce dernier travail, l'horoscope serait incomplet,
car il ne donnerait que certaines combinaisons d'influences pour un
moment déterminé, mais non pour une personne définie. Un tel horoscope
répondrait à un certain type d'homme né sous une certaine configuration,
mais il ne saurait se rapporter à la personnalité en cause.
La seconde opération individualise l'horoscope, la résultante des
influences célestes se concentrant sur un être déterminé. Autrement dit :
un certain homme né dans un milieu déterminé avec des qualités et des
défauts innés comportant tel futur, conséquence naturelle des éléments
qui précèdent, ne pouvait pas naître à un autre instant que celui auquel
il est né pour être tel qu'il est.
Enfin la troisième et dernière opération est la lecture de l'horoscope,
c'est-à-dire le moyen de le déchiffrer et de l'interpréter.
On y arrive par l'étude des combinaisons des influences astrales et
cabbalistiques du thème. Il existe des tables spéciales pour faciliter le
déchiffrement des influences astrales, mais je dois dire que pour pouvoir
lire un horoscope sans négliger les plus petits détails qui parfois en
changent complètement le sens, il est indispensable de posséder d'abord
une longue pratique et en second lieu l'intuition.
Chacun peut ériger un thème, chacun peut le lire, mais... pour beau-
coup cela ne sera qu'un travail à peine ébauché et des détails infimes,
dont l'importance est capitale, passeront souvent inaperçus.
J'ajoute, remarque importante, que l'Astrologie n'enseigne pas que
le destin est imminent et inéluctable, car on tomberait alors dans le fata-
lisme et l'homme ne serait considéré que comme une roue dans la machine
universelle — ce qui n'est pas.
Au contraire, l'Astrologie définit avec une grande précision le type, le
caractère de l'homme et les tendances qui le conduiront à tels ou tels
événements. Elle lui indique les épreuves qu'il devra subir dans le courant
de la vie, épreuves qui modèleront son esprit et forgeront sa volonté ;
elle représente en quelque sorte le lit dans lequel doit s'écouler son existence
mais qu'il peut quitter par un effort de son libre arbitre pour éviter un
malheur ou une faute qui le menacent. De là l'utilité de l'étude de l'Astro-
logie car, ayant la notion de son avenir, l'homme pourra détourner les
coups du destin ou, tout au moins, se préparer à les recevoir.
« Potest qui sciens est multos stellarum effectus avertere, quando ea
noverit, ac se ipsum ante illorum eventum preparare. » (Ptolomée Centi-
loquium, app. V).
CHAPITRE II

MAISONS SOLAIRES

On a vu dans le chapitre précédent que le thème de l'horoscope est


une exposition de signes et de nombres qui, dans leurs combinaisons,
correspondent aux émanations mystérieuses des forces gouvernantes de
la vie de l'Univers et de l'homme en particulier.
Ces signes, interprétés selon les méthodes des anciens sages, per-
mettent de prévoir, dès le moment de la naissance de l'homme, les épreuves,
les périls et les succès qui l'attendent au cours de son existence. Pour
représenter les signes du Zodiaque, les Anciens ont imaginé des signes
conventionnels, dont se sert l'astronomie contemporaine (Fig. i.)

FIGURE 1
L e s P l a n è t e s s o n t r e p r é s e n t é e s s u r la m ê m e l i g u r e .

C e s s i g n e s s y m b o l i s e n t les i d é e s a u x q u e l l e s ils c o r r e s p o n d e n t .

P o u r d r e s s e r le t h è m e h o r o s c o p i q u e les a s t r o l o g u e s t r a ç a i e n t u n

c e r c l e q u ' i l s d i v i s a i e n t e n d o u z e p a r t i e s é g a l e s d e 300 c h a c u n e . C e s o n t les


m a i s o n s solaires.

C e c e r c l e f o n d a m e n t a l e s t o r i e n t é d e telle s o r t e q u e l ' O r i e n t est à

g a u c h e , le N o r d e n b a s , l ' O c c i d e n t à d r o i t e et le S u d e n h a u t d e la f i g u r e .

C e s q u a t r e p o i n t s se n o m m e n t : P o i n t s c a r d i n a u x d e l ' h o r o s c o p e .

L e s m a i s o n s s o n t d i s p o s é e s d e f a ç o n q u e la I soit à l ' O r i e n t et les

s u i v a n t e s d a n s le s e n s c o n t r a i r e à c e l u i d e s a i g u i l l e s d ' u n e m o n t r e . ( V o i r

f i g u r e 2).
L e c e r c l e d e s m a i s o n s s o l a i r e s est fixe.

L e s m a i s o n s q u i se t r o u v e n t s u r les p o i n t s c a r d i n a u x , c ' e s t - à - d i r e I,

I V , V I I e t X s o n t a p p e l é e s m a i s o n s c a r d i n a l e s . L a m a i s o n X q u i se t r o u v e

a u z é n i t h e s t le p o i n t c u l m i n a n t d e la c a r t e , M i l i e u d u C i e l o u M C ; t a n d i s

q u e la m a i s o n I V q u i lui est o p p o s é e est le F o n d d u C i e l o u F C . L e c e r c l e

z o d i a c a l se m e u t c o n c e n t r i q u e m e n t d a n s le c e r c l e fixe d e s m a i s o n s s o l a i r e s

et les s i g n e s p a s s e n t s u c c e s s i v e m e n t d ' u n e m a i s o n à la s u i v a n t e . Si le

s i g n e d u B é l i e r se t r o u v e d a n s la m a i s o n I, la m a i s o n V I I est o c c u p é e p a r

le s i g n e d e la B a l a n c e et ainsi d e suite. L e s i g n e q u i o c c u p e la m a i s o n I

— c e l u i q u i se l è v e à l ' h o r i z o n ( d i a m è t r e E . O . ) a u m o m e n t d e la n a i s -

s a n c e — r e ç o i t la d é s i g n a t i o n d e s i g n e ascendant ( A s ) ( f i g u r e 2).
L e s m a i s o n s II, V , V I I I e t X I se n o m m e n t succédentes et les m a i s o n s

III, V I , I X , X I I , cadentes.

C h a q u e m a i s o n a u n e s i g n i f i c a t i o n q u i lui e s t p r o p r e et d o n t la c o l o -

r a t i o n e s t f o n c t i o n d u s i g n e q u i l ' o c c u p e e t d e s p l a n è t e s q u i s ' y t r o u v e n t .

L a m a i s o n I r e n s e i g n e s u r la d u r é e d e la v i e d u sujet, s u r s o n t e m p é -

r a m e n t , ses f a c u l t é s i n t e l l e c t u e l l e s .

L a m a i s o n I I i n d i q u e s o n é t a t d e p r o s p é r i t é m a t é r i e l l e , les b i e n s q u ' i l

p e u t g a g n e r o u a c q u é r i r .

L a m a i s o n I I I é t a b l i t ses r a p p o r t s a v e c ses p r o c h e s p a r e n t s (frères,

s œ u r s ) e t m e n t i o n n e les v o y a g e s d e c o u r t e d u r é e q u ' i l est a p p e l é à e n t r e -

p r e n d r e . %

L a m a i s o n I V — p o i n t c a r d i n a l N — a trait à ses a s c e n d a n t s et à

t o u t c e q u i e s t c a c h é , i g n o r é , a i n s i q u ' à ses b i e n s i m m o b i l i e r s .

L a m a i s o n V n o u s p e r m e t d e lire les p r é d i c t i o n s d e b o n h e u r , n o u s

d o c u m e n t e s u r les plaisirs e t s a t i s f a c t i o n s et s u r la d e s c e n d a n c e .

L a m a i s o n V I i n d i q u e les m a l a d i e s p l u s o u m o i n s g r a v e s d u s u j e t ,

les d é s a g r é m e n t s q u ' i l a u r a a v e c ses s u b o r d o n n é s , d o m e s t i q u e s o u v o i s i n s ,

s u i v a n t s o n r a n g social.

L a m a i s o n V I I — p o i n t c a r d i n a l — fixe s u r les l i a i s o n s d e t o u t e

s o r t e , le m a r i a g e e n p a r t i c u l i e r , e t a u s s i s u r l e u r s a n t i p o d e s : q u e r e l l e s ,

h a i n e s , g u e r r e s . '

L a m a i s o n V I I I i n d i q u e le g e n r e d e m o r t d u sujet, les h é r i t a g e s o u
les d o n s à r e c e v o i r .

L a m a i s o n I X c o n c e r n e les q u e s t i o n s r e l i g i e u s e s e t les l o n g s v o y a g e s
s u r t e r r e o u s u r m e r .

L a m a i s o n X , p o i n t c u l m i n a n t d u t h è m e S, é c l a i r e s u r le d e s t i n

h e u r e u x o u m a l h e u r e u x d u s u j e t , la p o s i t i o n , les s u c c è s o u les h o n n e u r s

q u i l ' a t t e n d e n t . C e t t e m a i s o n a n n o n c e é g a l e m e n t l ' é l é v a t i o n e t la c h u t e .

L a m a i s o n X I e s t r e l a t i v e a u x a m i t i é s et p r o t e c t i o n s .

E n f i n , la m a i s o n X I I d é f i n i t les g r a n d s m a l h e u r s d e l ' e x i s t e n c e : p o u r -

s u i t e s , p r i s o n , c a p t u r e , exil, etc... E l l e i n d i q u e a u s s i les e n n e m i s c a c h é s


et l e u r s m a c h i n a t i o n s .
D ' a p r è s c e q u i p r é c è d e o n p e u t d i v i s e r les m a i s o n s s o l a i r e s e n m a i s o n s

h e u r e u s e s , m o y e n n e s et m a l h e u r e u s e s .

L e s m a i s o n s I, II, V I I et X s o n t o r d i n a i r e m e n t h e u r e u s e s .

L e s m a i s o n s III, I V , I X , X I , m o y e n n e s . L a m a i s o n V r e n f e r m e les

p o s s i b i l i t é s d e b o n h e u r . A u c o n t r a i r e la m a i s o n V I e s t u n r é c e p t a c l e d e
m a l h e u r s .

E n f i n les m a i s o n s V I I I e t X I I s o n t n e t t e m e n t m a l h e u r e u s e s .

D e p r i m e a b o r d , il s e m b l e i n c o m p r é h e n s i b l e q u ' o n p u i s s e d o n n e r les

s i g n i f i c a t i o n s q u i p r é c è d e n t a u x m a i s o n s , a i n s i q u e l ' o r d r e d a n s l e q u e l
elles se s u i v e n t . P a r e x e m p l e , p o u r q u o i la m a i s o n V I I I d o n n e - t - e l l e d e s

i n d i c a t i o n s s u r la m o r t d u sujet, a l o r s q u ' i l a u r a i t é t é p l u s l o g i q u e d e les

a t t r i b u e r à la m a i s o n X I I , f i n d u t h è m e ? M a i s e n é t u d i a n t p l u s a t t e n -

t i v e m e n t l ' a r c h i t e c t u r e d e la t h é o r i e a s t r o l o g i q u e , o n c o m p r e n d l ' o r d r e

c o n s t r u c t i f s t r i c t e m e n t l o g i q u e s u r l e q u e l elle s ' a p p u i e .

L e s d o u z e m a i s o n s s o l a i r e s s o n t d i s p o s é e s a u x d o u z e p o i n t e s d ' u n e

é t o i l e i n s c r i t e d a n s le c e r c l e e t f o r m é e p a r 4 t r i a n g l e s . L e s s o m m e t s d e

c h a c u n d e c e s t r i a n g l e s o c c u p e n t u n p o i n t c a r d i n a l d u t h è m e (fig. 2).

C e s t r i a n g l e s s y m b o l i s e n t le t e r n a i r e r é p é t é q u a t r e fois, c ' e s t - à - d i r e

la loi f o n d a m e n t a l e d e la T r i n i t é d i v i n e m a n i f e s t é e d a n s le q u a t e r n a i r e d u

m o n d e v i s i b l e . C ' e s t c e q u ' o n a p p e l l e e n a s t r o l o g i e les q u a t r e t r i g o n e s

d é r i v é s d e la T r i n i t é ( d o n t l ' u n i t é se r é p è t e ) . L e n o m s a c r é d e q u a t r e lettres .

e s t s o n s y m b o l e .

L e p a s s a g e (la t r a n s i t i o n ) e s t l ' u n i o n d u C r é a t e u r ( T r i n i t é ) a u c r é é

( q u a t e r n a i r e ) .

J e m e p r o p o s e d ' a i l l e u r s d e r e v e n i r s u r c e t t e q u e s t i o n e n t e m p s

o p p o r t u n .

L a v i e d e l ' h o m m e p e u t ê t r e d i v i s é e e n q u a t r e p h a s e s : l ' e n f a n c e , la

j e u n e s s e , l ' â g e m û r e t la vieillesse.

C h a c u n e d e c e s p h a s e s c o n t i e n t e n e l l e - m ê m e t r o i s é l é m e n t s : 1° l a

r é c e p t i o n , 20 la m a n i f e s t a t i o n d e ce q u i a é t é r e ç u , 30 le r é s u l t a t d e c e t t e

m a n i f e s t a t i o n q u i d é t e r m i n e telles o u telles c i r c o n s t a n c e s o u c r é e c e r t a i n s

r a p p o r t s e n t r e le s u j e t e t ses s e m b l a b l e s . L e s A n c i e n s f i g u r a i e n t d a n s

c h a c u n d e c e s t r i a n g l e s l ' u n e d e s p h a s e s d e la v i e a v e c ses c a u s e s , les m a n i -

f e s t a t i o n s e t les effets d e c e s d e r n i è r e s . L e s d o u z e m a i s o n s c o m p r e n a i e n t

a i n s i t o u t e l ' e x i s t e n c e d e l ' h o m m e d a n s s o n d é v e l o p p e m e n t g r a d u e l (1).

D è s sa n a i s s a n c e , l ' i n d i v i d u se d é v e l o p p e d ' a b o r d c o m m e u n ê t r e

q u e l c o n q u e s e l o n les lois p h y s i o l o g i q u e s d e s o n e s p è c e . C ' e s t p o u r c e t t e

r a i s o n q u e les a p t i t u d e s , les q u a l i t é s et les d é f a u t s i n n é s s o n t i n d i q u é s

d a n s la m a i s o n I. — S o m m e t d u t r i a n g l e E ( O r i e n t ) .

E n m ê m e t e m p s q u e l ' e n f a n t g r a n d i t e t se d é v e l o p p e p h y s i q u e m e n t ,
la n a t u r e d e s o n â m e c o m m e n c e à se m a n i f e s t e r . L e s p a r e n t s lui d o n n e n t

o u n o n les p r e m i è r e s n o t i o n s r e l i g i e u s e s .

M a i s t o u t c e q u i vit, é t a n t i s s u d e D i e u , d o i t s u b i r u n e é v o l u t i o n

p h y s i q u e e t s p i r i t u e l l e p o u r b o u c l e r le c y c l e d e s a c o u r s e e n v u e d e se

r é i n t é g r e r d a n s s o n C r é a t e u r .

C e t t e c o u r s e d e l ' â m e est s y m b o l i q u e m e n t r e p r é s e n t é e p a r les v o y a g e s

t e r r e s t r e s d e l ' h o m m e i n c a r n é , q u i lui p e r m e t t e n t d ' a g r a n d i r ses h o r i z o n s

et d e d é v e l o p p e r s o n i n i t i a t i v e . O n c o m p r e n d d o n c le p o u r q u o i d e la

r é u n i o n e n m a i s o n I X d e s q u e s t i o n s r e l i g i e u s e s et d e s v o y a g e s . C e t t e m a i s o n

est p l a c é e a u s o m m e t d u s e c o n d a n g l e d u t r i a n g l e e n v i s a g é p l u s h a u t .

(1) Ce qui suit a été composé selon divers auteurs.


Ayant fixé dans la vie ses caractéristiques physiques et spirituelles,
l'homme exerce sa pensée et prolonge sa famille pour accomplir l'ordre du
Créateur qui a dit selon la Genèse : « Croissez et multipliez ».
Cette représentation est réalisée dans la maison V qui termine le
premier trigone (3e angle). (Voir fig. 2).
Ayant atteint le développement complet de ses aptitudes innées,
l'homme s'efforce d'occuper une position sociale correspondant à sa
naissance. Sera-t-il heureux ou malheureux ? Deviendra-t-il célèbre ou
restera-t-il dans l'ombre ? S'élèvera-t-il ou perdra-t-il ce qu'il possédait au
départ ? Toutes ces éventualités sont enfermées dans les mains du Destin.
Il peut influencer ou modifier plus ou moins ce dernier selon le développe-
ment spirituel qu'il a acquis dans la première phase de son existence.
Cette position sur le plan social, résultat de son développement pen-
dant sa vie en famille, est indiquée dans la maison X (sommet du second
triangle).
Dans la maison VI (second angle), nous trouvons des renseignements
sur la place que l'homme va occuper dans la vie. Nous verrons s'il peut
s'élever au-dessus de ses pareils ou tomber plus bas, s'il doit lutter pour
l'existence et subir certaines maladies corporelles.
La maison II qui termine le deuxième triangle renseigne sur le bien-
être futur du sujet ou sur sa misère.
Poursuivant son développement complet, l'homme doit affirmer ses
rapports avec ses semblables et manifester ses instincts sexuels qui doivent
fatalement le conduire au mariage. Ces manifestations de la vie de relation
peuvent lui être profitables ou préjudiciables. La maison VII renseignera
sur tout ce qui précède. (Sornmet du 3e triangle).
Après avoir réalisé ses liaisons de famille et les associations que
nécessite sa situation, il s'attache par des liens solides à sa parenté la plus
proche, les frères et sœurs. Indication qui nous est donnée par la maison III
qui occupe le 2e angle du 3e triangle. Mais, comme cette maison est opposée
à la IXe, nous trouvons là des renseignements sur les voyages de faible
importance et les petits écarts de la vie normale.
Le sentiment qui suit celui issu des liens du sang appartient au
domaine de l'amitié. Pour atteindre une position honorable, les amis sûrs
et les protecteurs sont indiqués. Ils sont surtout indispensables dans les
moments difficiles de la vie. Le sujet trouvera-t-il de véritables amis dans
les jours d'infortune et de puissants protecteurs pour le hausser au-dessus
de la foule ? La réponse à ces questions se lira dans la maison IX qui
termine le 3e triangle.
Bien qu'à première vue la vie de l'homme puisse sembler heureuse,
elle comporte toujours des moments pénibles, des épreuves, des déceptions,
des chagrins et parfois des pertes de fortune et de position. Cela est égale-
ment une des conséquences de l'hérédité physique et morale. Souvent
cette hérédité joue un rôle décisif durant toute l'existence. La maison IV
— point cardinal N — qui est au sommet du 4e triangle, nous donne des
indications à ce sujet. De plus, cette maison contient les choses secrètes
et inattendues concernant le sujet ainsi que les indications propres à
développer son jugement.
La maison XII met en vedette les malheurs qui peuvent s'abattre sur
l'homme le plus heureux en apparence.
Enfin la mort qui termine notre voyage terrestre est marquée dans la
maison VIII qui ferme le 4e triangle.
Voilà le cercle dans lequel se meuvent les sept astres, flambeaux
visibles des sept esprits de la vision d'Hermès-Tot.
Rappelons-nous ces chiffres importants : 3, 4, 12, 7.
Le ternaire Divin multiplié par le quaternaire incarné donne les
douze signes du Zodiaque. Le ternaire additionné au quaternaire donne le !
nombre 7, nombre de la gamme universelle. j
D'après l'enseignement d'un des Pères de l'Eglise, Saint Denis l'Aéro- !
pagite (1), versé dans l'Astrologie, les anges ou esprits élevés ont pour
mission de protéger l'homme et de l'aider dans son évolution vers le bien.
Ainsi les anges qui gouvernent la ire maison s'efforcent de détruire le mal
et d'attirer le bien sur la route de la, vie humaine. Ceux de la 2e maison
diminuent l'effet des séductions qui assaillent l'homme. Ceux de la 3e
maison l'aident dans sa lutte avec les éléments visibles. Ceux de la 4e portent
nos prières "et nos bonnes œuvres' devant l'autél du Tout-Puissant. Ceux
de la 5e nous ouvrent la voie dé la Purification. Ceux de la 6e éclairent -
notre intelligence. Ceux de la 7e nous révèlent en songe ce qui est suscep-
tible d'éleyer notre âme: Ceux de la 8e nous détournent du péché qui 1
tue en nous notre principe spirituel. Ceux de la ge nous font chercher
en Dieu notre unique salut. Ceux de la 10e nous consolent dans le malheur J
et nous soutiennent dans l'adversité. Ceux de la 11e diminuent nos épreuves ;
quand ils nous voient à bout de forces. Enfin, ceux de la 12e réveillent !
notre conscience quand nous avons commis quelque faute. j
D'après cette conception, nous sommes entourés d'êtres supérieurs j
qui nous soutiennent durant notre voyage, nous protègent dans le danger,
nous orientent vers la véritable voie du progrès.
Il semble extraordinaire qu'avec une aussi puissante assistance l'homme
puisse tomber 'dans l'abîme du mal. Mais il ne faut pas oublier la formi- '
dable puissance des instincts terrestres, le Na-hash de la Genèse qui l'attire
vers le péché:
L'équilibre entre l'esprit et le corps se perd, le corps domine enfin
et, il faut un sérieux effort de volonté pour faire redresser la balance.
Celui qui cherche la lumière et la vérité reçoit une assistance féconde
des forces célestes sur le sentier escarpé qui le mène vers le progrès. Celui
qui préfère les ténèbres se forge lui-même une fâcheuse destinée qui
l'écrasera de son poids dans cette vie et dans l'au-delà. %

(1) Dionysii Areapagitae : De cœlesti hierarchia.


CHAPITRE I I I

SIGNES DU ZODIAQUE

Ainsi que nous l'avons vu, le cercle du Zodiaque, avec ses douze signes,
symbolise la manifestation de la Trinité Divine dans le monde visible
limité par les quatre points de la croix astrologique.
Les signes du Zodiaque se groupent en quatre ternaires qui gouvernent
les quatre éléments de la Nature : l'air, l'eau, le feu et la terre. Ces quatre
ternaires zodiacaux se nomment en Astrologie : trigones.
Le trigone de l'air est formé par les signes : Gémeaux, Balance,
Verseau ; celui de l'eau par Cancer, Scorpion, Poissons ; celui du feu par
Bélier, Lion, Sagittaire ; celui de la terre par Taureau, Vierge, Capricorne.
Les signes du Zodiaque qui appartiennent au même trigone Qnt des
qualités similaires et typiques de la nature correspondante. Ces qualités
rayonnçnt et agissent sur le moride inférieur et sur le caractère de l'homme
en particulier. ;
Les Anciens considéraient les signes dp. Zodiaque comme des hiéro-
glyphes dans lesquels ils déchiffraient les combinaisons des influences des
hauts Esprits qui régnaient sur eux. j
Dans la table qui suit, j'ai énuméré :
io les esprits dominant les jsignes zodiacaux des religions égyptiennes
■et grécb-romaines ;
20 les douze familles symboliques d'Israël représentées par les douze
pierres mystérieuses de l'Ephod du Grand-Prêtre de Jérusalem (Exode 28)
(Planche I).
Celui qui voudra étudier l'Astrologie d'après les écrits de la tradition
rencontrera différentes spécifications adoptées par les Anciens et concer-
: nant les signes du Zodiaque et leurs combinaisons.
Les voici :
Signes du printemps : Bélier, Taureau, Gémeaux.
Signes de l'hiver : Capricorne, Verseau, Poissons.
Signes de l'automne : Balance, Scorpion, Sagittaire.
Signes de l'été : Cancer, Lion, Vierge.
Signes équinoxiaux : Bélier, Balance.
Signes du Solstice : Cancer, Capricorne.
Signes du Nord : Bélier, Taureau, Gémeaux, Cancer, Lion, Vierge.
Signes du Sud : Balance, Scorpion, Sagittaire, Capricorne, Verseau,
Poissons.
Signes fixes : Taureau, Lion, Scorpion, Verseau.
Signes doubles : Gémeaux, Vierge, Sagittaire, Poissons (i).
Signes masculins : Bélier, Gémeaux, Lion, Balance, Sagittaire, Verseau.
Signes féminins : Taureau, Cancer, Vierge, Scorpion, Capricorne,
Poissons.
Les Bêtes : Bélier, Taureau, Lion, ainsi que la partie postérieure
(Ille décan) du Sagittaire et du Capricorne (i). Rampantes : Cancer,
Scorpion, Poissons. Humains : Gémeaux, Vierge, Balance, ainsi que la
partie antérieure des Sagittaire et Verseau (ier décan). Quadrupèdes :
Bélier, Taureau, Lion, Sagittaire, Capricorne. Royaux : Bélier, Lion,
Sagittaire. Violents : Bélier, Balance, Scorpion, Capricorne, Verseau.

(i) Cela se comprend de soi-même si on observe les signes tels que les Egyptiens les
représentaient.

REMARQUE. — Dans ce tableau, les correspondances hébraïques sont prises il,


1
Dangereux : Gémeaux, Balance, Verseau, surtout s'ils se trouvent sur l'un
des points cardinaux. Passionnés : Bélier, Taureau, Lion, Scorpion, Capri-
corne. Le signe du Taureau provoque l'obstination et la persévérance.
Si les signes du Capricorne et du Verseau se trouvent en Xe maison,
l'influence des esprits qui les domine s'accroît.
Ces conventions les plus usuelles exposées, il me paraît utile de
présenter dans un tableau l'influence des 36 esprits qui gouvernent les
36 décans selon l'enseignement des Anciens et qui constituent une sorte
de lien entre les esprits du Zodiaque et ceux des planètes. (Planche II).
Les influences des décans sur l'homme n'ont rien d'absolu. Ils donnent
certaines directives qui peuvent être développées ou modifiées par l'action
combinée des différentes planètes dans le thème horoscopique.
Il est utile de remarquer les liaisons naturelles des influences des
génies planétaires avec celles des décans, liaisons formant comme une
base sur laquelle les combinaisons capricieuses des planètes vont broder
le dessin compliqué du curriculum vitae. Graphiquement, ces combinaisons
sont indiquées figure 2.

tiseigttement des occultistes, qui diffère de celui du Sepher letzirah.


PL. II - LES 36 DÉCANS E T LEURS SIGNIFICATIONS
CHAPITRE I V

PLANÈTES

« Sept planètes dans le monde : Saturne, Jupiter, Mars, Soleil, Vénus,


Mercure et la Lune (i). Sept jours dans le temps, sept jours dans la semaine,
sept ouvertures dans le corps de l'homme et de la femme » (2). Sept cou-
leurs de l'arc-en-ciel, sept notes de la gamme, etc...
Le nombre sept est le nombre fondamental de la manifestation Divine
dans le monde. « Sept et non six, sept et non huit ». Bien garder ces règles
en mémoire, car cette loi universelle sert de base à l'Astrologie avec tous
ses développements ultérieurs et ses adaptations. Cette gamme universelle
divise tout l'Univers visible en sept faces ainsi que toutes les manifestations
accessibles à notre intelligence incarnée.
La gamme de sept est le principe essentiel sur lequel est basé la table
des correspondances qui, pénétrant dans les profondeurs les plus obscures
de la nature inanimée, va en s'élevant à travers toutes les phases de la vie
jusqu'aux sommets accessibles à notre intelligence. Là, brillent sur la
couronne à sept faces les noms des esprits supérieurs des planètes,
exécuteurs dans l'Univers du Destin arrêté par Dieu.
L'homme physique et spirituel, avec ses défauts, ses maladies, ses fai-
blesses, ses tendances, est également soumis à cette loi fondamentale dont
la connaissance et l'adaptation l'aident à se poser en harmonie avec l'Univers.
La santé du corps, l'équilibre de l'âme, le bonheur de l'homme
dépendent de la compréhension de cette harmonie universelle. Elle lui
donne la faculté d'accorder son être avec la Nature. L'homme qui a le
sentiment de la beauté — manifestation visible de l'harmonie — se rap-
proche de sa source lumineuse : la Vérité, essence de la beauté et de
l'harmonie. Il atteint déjà le bonheur le plus grand, bonheur qui est le
but de son existence terrestre et le couronnement de ses efforts.

(1) Les Assyriens avaient adopté l'ordre suivant : Soleil, Vénus, Mercure, la Lune,
Saturne, Jupiter, Mars. Cet ordre fut conservé dans le système de Ptolémée et dans le Talmud.
(2) Sepher Ietzirah, IV, 6.
Schéma de la G a m m e Universelle (Pl. 1
S c h é m a d e la G a m m e Universelle (Pl. III)
La table précédente est le schéma de la gamme universelle. Les élé-
ments qui la composent sont empruntés à de nombreux ouvrages et surtout
à la Cabbale. (Planche III).
Nous n'avons fait figurer dans cette table que quelques exemples de
chaque genre de manifestation de la vie de l'Univers. Le lecteur désireux
d'étudier de près cette question devra consulter différents ouvrages de
magie ou de sciences occultes où il trouvera des indications sur les corres-
pondances dans la nature (i). J'ignore s'il existe un livre traitant cette
question importante. Sur les plantes, lire un excellent travail de Sédir :
Les plantes magiques, dans lequel il systématise les plantes d'après les planètes
qui les gouvernent et donne des règles intéressantes d'adaptation en accord
avec les lois de l'harmonie universelle.
Ainsi qu'il a été dit plus haut, l'homme est composé de trois éléments :
l'esprit, l'âme et le corps. Bien que de nature différente, ces derniers élé-
ments sont indissolublement unis pour manifester l'être couronnant la
création : l'homme. Chaque partie composant ce ternaire incarné vit de
sa vie propre suivant certaines lois qui réagissent le plan auquel elle
appartient.
L'homme avec son intelligence terrestre ne peut concevoir et étudier
que des lois gouvernant le plan matériel inférieur auquel appartient son
corps. Parfois, il peut encore soupçonner quelque loi du plan auquel
appartient son âme, le plan astral. Mais il ne sait rien et ne peut comprendre
les lois du plan le plus élevé, le plan spirituel auquel appartient son esprit.
C'est le domaine sacré de la religion. Nous croyons sans pouvoir rien
vérifier. Parfois cependant nous percevons des manifestations de ce plan
supérieur se reflétant dans la matière, manifestations qui sont pour nous
les indications les plus précieuses.
Ainsi comme je l'ai dit dans le chapitre premier, l'Astrologie, en étu-
diant les mouvements et les combinaisons des astres visibles, met en
lumière les oracles des esprits élevés, démontre leur influence sur le plan
inférieur, celui des reflets et des incarnations.
Les influences planétaires se manifestent sur le caractère de l'homme,
sur son individualité ainsi que sur son extérieur, manifestation de
l'homme intérieur dans le monde incarné.
Les influences des esprits mettent comme une empreinte sur l'enve-
loppe matérielle de l'homme, à tel point, qu'il est souvent possible de
juger d'après elle à quel type d'influence astrale il appartient, autrement
dit à quelle note de la gamme universelle correspond sa résonance.
Les sciences d'observation, physiognomie, phrénologie et chiromancie
sont basées sur cette considération.
Plus loin je donnerai quelques-uns des traits caractéristiques distin-
guant les types planétaires. Mais il importe surtout de noter que l'homme
recevant à sa naissance un faisceau d'influences émanant de plusieurs
planètes, il est très rare de rencontrer un type planétaire pur. Cependant,
en observant avec attention l'extérieur d'un sujet, on peut déterminer les
signes qui l'apparentent à un des types connus.
Je connais plusieurs cas où cet examen a permis de découvrir avec
une certaine précision les événements principaux de la vie de la personne
en cause et de définir son caractère.

(i) Agrippa : Philosophie occulte. — Albert le Grand : Des secrets des vertus des herbes, des
pierres, bestes. — Dorvault : Officine de Pharmacie pratique. — Piobb : Formulaire de Haute Magie, etc.
TYPES PLANÉTAIRES

SOLEIL. — Donne à l'homme un air énergique, hautain, belle cheve-


lure, barbe brune fournie. Beaux yeux expressifs, regard élevé, tête ronde
portée un peu en arrière. Corps bien proportionné, taille moyenne.
VÉNUS. — Donne un air doux, jeune, agréable. Barbe touffue,
cheveux blonds ou bruns ; yeux très expressifs et passionnés ; regard
agréable, tête bien proportionnée ; corps d'une belle structure, taille
moyenne.
MERCURE. — Présente un air vif, impatient ; barbe peu garnie,
cheveux foncés ; yeux petits et brillants ; tête petite et intelligente ; corps
maigre et nerveux, taille plutôt faible.
LUNE. — Air mou, lymphatique ; barbe rare, cheveux foncés ;
yeux sombres ; regard étonné. Tête de forme un peu irrégulière ; corps
assez fort et mal proportionné ; taille plutôt élevée.
SATURNE. — Air froid, triste, sombre. Barbe et cheveux noirs ;
yeux enfoncés dans les orbites ; regard froid tourné vers le sol ; corps long
et maigre.
JUPITER. — Donne un air gai et jeune ; barbe peu garnie ; cheveux
châtains ; yeux clairs ; regard ouvert ; tête ovale et importante ; corps
gros avec du ventre ; taille moyenne.
MARS. — Communique un air vif, actif, bouillant ; barbe courte
mais bien garnie ; cheveux plutôt clairs ; yeux très ouverts, regardant au
loin et droit devant eux ; tête petite, énergique ; corps musclé ; pas de
ventre ; taille moyenne ou au-dessus, très souvent balafré.
Les descriptions qui précèdent sont incomplètes mais donnent une
idée sur la manière de déchiffrer un type planétaire en observant le physique
de l'homme.
L'empreinte des influences astrales est inscrite sur l'ensemble du
monde sublunaire régi par la gamme universelle. Ainsi dans le règne
minéral, première phase du développement, c'est la cristallisation.
Dans le règne végétal qui représente la seconde étape de la Vie, les
qualités caractéristiques commencent à se développer, le mode de propa-
gation, etc...
Dans le monde animal, dernière phase du développement, celle qui
prépare l'âme pour la réception du souffle divin, l'empreinte s'affirme par
les instincts qui différencient les divers échelons de l'échelle zoologique.
CHAPITRE V

LES ASPECTS

Les esprits planétaires ou Anges, qui influencent l'univers visible et


l'homme en particulier en l'aiguillant sur la voie du progrès, se nomment
(d'après les Chaldéens) : Michaël, Anaël, Raphaël, Gabriel, Cassiel, Sahiel
et Samaèl (i).
Chez les Egyptiens, ils correspondent aux esprits : Pi-Ra, Su-Roth,
Hermès-Tot, Pi-loch, Rem-Pha, Pi-Zeues et Hertoz ; tandis que chez les
lndous ce sont les sept Dévas et chez les Perses, les sept Amchaspand.
Enfin nous retrouvons les sept mêmes esprits dominants dans la religion
chrétienne sous la forme des sept archanges que Saint Jean avait vus devant
le Trône du Tout-Puissant.
Comme on le voit la loi des sept a été conservée à travers les siècles,
comme celle de la Trinité, par toutes les religions évoluées.
Avant d'aller plus loin, je reviens en quelques mots sur la matière
essentielle des chapitres précédents qu'il importe de bien se rappeler.
Les influences invisibles, spirituelles des Esprits des planètes sont
écrites dans le livre céleste en caractères flamboyants : les astres qui,
d'après la Genèse, ont été créés par l'Eternel pour éclairer l'intelligence
de l'homme.
Visiblement ils éclairent son corps et, invisiblement, par les influences
des Esprits qui les gouvernent, ils orientent son esprit.
L'Astrologie nous permet de déchiffrer l'influence des Esprits plané-
taires par les combinaisons de leurs signes visibles : les Astres. Il en est
de même en ce qui concerne les signes du Zodiaque.
Les planètes sont appelées astres errants, pour les différencier de
celles des constellations zodiacales qui sont dites : fixes (le cercle zodiacal
est mobile dans celui des maisons solaires, mais les constellations ou signes
sont immuables dans leurs positions réciproques).

(i) D'après certains auteurs, Cassiel est remplacé par Oriphiel et Sahiel par Zachariel.
Les planètes en passant d ' u n e m a i s o n à u n e autre et d ' u n signe à u n
a u t r e , se g r o u p e n t p a r f o i s à p l u s i e u r s d a n s u n e m ê m e m a i s o n , o u f o r m e n t
telle o u telle figure p a r suite de l ' a n g l e qu'elles p r é s e n t e n t d e u x à deux.
Ces c o m b i n a i s o n s d i v e r s e s se n o m m e n t a s p e c t s .
Ces d i f f é r e n t s a s p e c t s s o n t f i g u r é s p a r des s i g n e s e t a p p e l l a t i o n s
c o n v e n t i o n n e l s . Ainsi on dit des planètes q u i s o n t dans u n e m ê m e m a i s o n
qu'elles sont en conjonction.
Si d e u x p l a n è t e s se t r o u v a n t d a n s d e u x m a i s o n s d i f f é r e n t e s s o n t s é p a -
r é e s p a r u n e s e u l e m a i s o n l e u r a s p e c t e s t d i t : sextile. Si d e u x m a i s o n s les
s é p a r e n t , l ' a s p e c t se n o m m e q u a d r a t u r e . E n f i n si elles s o n t s é p a r é e s p a r
t r o i s m a i s o n s , l ' a s p e c t e s t n o m m é t r i g o n e . Si u n e p l a n è t e se t r o u v e d a n s
u n e m a i s o n o p p o s é e à celle q u i e s t o c c u p é e p a r l ' a u t r e ( m a i s o n I et V I I
p a r e x e m p l e ) , l ' a s p e c t s ' a p p e l l e o p p o s i t i o n ( v o i r f i g u r e n ° 3 e t t a b l e 4).
Les aspects planétaires o n t u n e très g r a n d e i m p o r t a n c e dans l'inter-
p r é t a t i o n d ' u n h o r o s c o p e . Il a r r i v e s o u v e n t q u e l ' i n f l u e n c e b i e n f a i s a n t e
d ' u n e des planètes bénéfiques est modifiée p a r u n aspect défavorable d ' u n e
planète maléfique et réciproquement. Ainsi l'impression que d o n n e u n
h o r o s c o p e a u p r e m i e r c o u p d ' œ i l p e u t se m o d i f i e r p a r s u i t e d e l ' e x a m e n
des aspects.

FIGURE 3

L'influence qu'une planète donnée aurait pu présenter dans un thème


peut être augmentée, diminuée, modifiée suivant les aspects qu'elle reçoit
des autres planètes.
Règle générale, on considère le Soleil, Vénus et Jupiter comme ayant
une influence bénéfique ; Saturne et Mars une influence maléfique ;
Mercure est changeant selon les aspects qu'il reçoit et la place qu'il occupe. ,
Il est bon avec les astres bienfaisants et mauvais avec les malfaisants.
Enfin la Lune a une influence spéciale et très particulière sur l'homme.
Nous en reparlerons dans un chapitre consacré à ce sujet.
En parcourant le cercle zodiacal, les planètes passent d'une maison à
une autre et d'un signe au suivant, et selon le point qu'elles occupent, leur
importance varie ainsi que l'influence qu'elles exercent sur le sort de
l'homme.
Chaque planète a des signes favoris conformes à sa nature. Le signe
favori de la planète se nomme son trône, elle gouverne ce signe. Dans
d'autres, la planète peut être en exaltation ou en chute, ou enfin en exil.
L'influence d'une planète qui occupe son trône ou son signe d'exalta-
tion, augmente. Au contraire, si elle occupe les signes de l'exil ou de la
chute, elle perd beaucoup de son influence.
La table suivante montre les rapports des planètes avec les différents
signes du cercle zodiacal. (Tableau 4).
On voit que le signe de l'exil se trouve opposé à celui du trône ainsi
que celui de la chute est en opposition avec celui de l'exaltation. Dans
les divers traités on lit souvent que telle planète est maîtresse de telle
maison. Cela veut dire dans le thème que la maison en question est occupée
par le signe du Zodiaque dont la planète est la maîtresse. Exemple : si le
Sagittaire (dans une nativité diurne) se trouve en maison IV, on dit que
le maître de cette maison est Jupiter.
Il n'est pas nécessaire que le maître soit dans sa maison ; il peut, par
exemple, se trouver en maison II (ou dans une autre).
Ceci est très important, car l'influence du maître de la maison est
marquée dans l'horoscope alors même que dans le thème il n'occupe pas
son trône.

FIGURE 4
CHAPITRE V I

DES INFLUENCES PLANÉTAIRES

Dans ce chapitre, je vais montrer les modifications subies par les


influences planétaires selon les lieux qu'elles occupent sur le Zodiaque
et d'après les répercussions qu'elles exercent les unes sur les autres.
Dans le cercle zodiacal, il existe une sorte de bande appelée la voie
brûlée, qui coupe ce cercle presque diamétralement. Elle est comprise d'un
côté entre les 180 des Gémeaux et le 20 du Cancer et de l'autre, entre le
270 du Sagittaire et le 20 du Capricorne (fig. 5). En entrant dans cette
bande, une planète bénéfique perd de son influence et une planète maléfique
devient plus nocive.
Une bonne planète qui est en Quadrature ou Opposition avec Saturne
ou Mars reçoit une mauvaise influence qui agit sur sa radiation bien-
faisante dans le thème.

FIGURE 5
Si d e u x p l a n è t e s o c c u p e n t le t r ô n e o u le s i g n e d ' e x a l t a t i o n l ' u n e d e

l ' a u t r e ( p a r e x e m p l e V é n u s e n V e r s e a u e t S a t u r n e e n T a u r e a u o u J u p i t e r

d a n s la V i e r g e e t M e r c u r e d a n s le C a n c e r ) , o n d i t q u e ces p l a n è t e s s o n t

e n p e r m u t a t i o n et, d a n s c e cas, elles m o d i f i e n t r é c i p r o q u e m e n t l e u r


i n f l u e n c e o r i g i n e l l e .

O n d i t d ' u n e p l a n è t e q u ' e l l e e s t e n réception q u a n d , s e t r o u v a n t d a n s sa

m a i s o n d'exil, elle r e ç o i t u n a s p e c t q u e l c o n q u e d ' u n e a u t r e p l a n è t e d o n t

c e t t e m a i s o n e s t le t r ô n e o u le l i e u d ' e x a l t a t i o n . ( E x e m p l e : V é n u s e n

S c o r p i o n a s p e c t é e p a r M a r s ) . E n d ' a u t r e s t e r m e s , l ' i n f l u e n c e d e la p l a n è t e

e n exil et e n r é c e p t i o n se t r o u v e m o d i f i é e p a r la p l a n è t e q u i l ' a s p e c t e .

O n r e n c o n t r e s o u v e n t u n e p l a n è t e p l u s h a u t e q u ' u n e a u t r e . C e l a v e u t

d i r e q u e la p r e m i è r e o c c u p e u n e p l a c e p l u s r a p p r o c h é e d e la m a i s o n X

q u i e s t a u z é n i t h d e l ' h o r o s c o p e .

PLANCHE IV
Une autre expression est usitée fréquemment pour marquer qu'une
planète donnée est orientale ou occidentale par rapport au Soleil. Pour
définir cette position on imagine une droite traversant le signe occupé
par le Soleil et le signe opposé. On voit de quel côté se trouve la planète
en question. Le côté oriental s'entend de celui qui est opposé à l'ordre
des signes zodiacaux.
Nous donnons ici deux tables qui servent à comparer les influences
planétaires et qui résument ce qui précède. La première table indique les
maisons et positions pour lesquelles l'influence d'une planète augmente ;
la seconde table, le contraire.
Le résultat définitif de ces augmentations ou diminutions d'influence
s'exprime par le signe + dans le premier cas et le signe — dans le second.
En additionnant toutes les valeurs positives desquelles on retranche les
termes négatifs on obtient la somme positive ou négative d'une planète
déterminée que nous pouvons comparer avec la somme d'une autre.
Bien entendu, plus la somme afférente à une planète est élevée, plus
l'influence de cette dernière est importante dans le thème. Ces calculs
élémentaires précisent la planète qui possède la plus grande influence sur
l'horoscope donné. (Planche IV).
Une planète qui a la plus grande somme d'éléments positifs est
nommée le maître de l'horoscope.
D'après la tradition, chaque année est gouvernée par une planète
déterminée appelée maître de l'année. On trouve cette planète dans les
tables ci-jointes établies par cycles de 36 ans. Dans chaque cycle la pre-
mière année est gouvernée par la planète du cycle et les suivantes par les
autres planètes dans l'ordre mentionné au chapitre IV, savoir : Soleil,
Vénus, Mercure, Lune, Saturne, Jupiter, Mars. (Planche V).

MODE D'EMPLOI DE LA FIGURE

Cherchons, par exemple, le maître de l'année 1927.


Ainsi qu'on le voit dans le tableau des Cycles, l'année
1909 est gouvernée par Mars. Partons de Mars sur la
figure et comptons les années sur les pointes : 1909-Solcil,
1911-Vénus et ainsi de suite jusqu'à 1927 qui sera gouvernée
par la Lune.

FlGURF. 6

Connaissant la planète dominant le cycle il est facile à l'aide de l'étoile


à sept pointes (voir fig. 6) de trouver le maître de l'année cherchée.
Les génies des cycles répandent leur influence sur toutes les années
du cycle de 36 ans, et par suite nuancent l'action du génie de l'année
considérée.
Cette étoile était employée par les mages non seulement pour déter-
miner le génie qui gouverne une année quelconque, mais aussi dans tous
les cas où il fallait se rendre compte d'une influence planétaire (1). Cette
étoile, attribut indispensable des temples anciens, des mages et des astro-
logues, était en or.

(1) Par exemple, pour les heures magiques, ils parcouraient la circonférence de la figure,
tandis que pour les jours de la semaine ils suivaient les rayons de l'étoile.
PLANCHE V

SATURNE
1-35, 253-288, 505-540, 757-792., 1009-1044, 1261-1296, 1513-1548,
1765-1800.

VÉNUS

37-72, 289-324, 541-576, 793-828, 1045-1080, 1297-1332, 1549-1584,


1801-1836.

JUPITER
73-108, 325-360, 577-612, 829-864, 1081-1116, 1333-1368, 1585 1620,
1837-1871.

MERCURE
109-144, 361-396, 613-648, 865-900, 1117-1152, 1369-1404, 1621-1656,
1873-1908.

MARS
145-180, 397-432, 649-684, 901-936, II 53-II88, 1405-1440, 1657-1692,
1909-1944.

LUNE
181-216, 433-468, 635-720, 937-972, 1189-1224, 1441-1476, 1693-1728,
1945-1980.

SOLEIL
217-252, 459-564, 721-756, 973-1008, 1225-1260, 1477-1512, 1729-1764,
1981-2016.

NOTA. — Chaque planète ouvre et ferme le cycle de 36 années.


CHAPITRE VII

LA L U N E

J'ai consacré un chapitre spécial à la Lune à cause de son influence


considérable sur la terre et sur l'homme en particulier ; influence qui peut
être observée par tout le monde et qui n'a rien d'occulte. On connaît
l'influence de la Lune sur les marées et sur les plantes (i). Ainsi les jardi-
niers ne font pas de semis de légumes en lune croissante ayant remarqué
que les plantes fleurissent avant complet développement et offrent ainsi
une valeur alimentaire nulle.
Par contre les semis de fleurs sont faits en lune croissante et par suite
les fleurs deviennent plus belles. L'influence de la Lune sur l'homme et
l'animal est également reconnue. Le clair de lune provoque la nervosité,
les animaux sont excités, ils paraissent ressentir quelque chose d'anormal
comme s'ils subissaient l'influence d'une force de l'au-delà.
Enfin les somnambules manifestent une agitation extraordinaire dès
qu'un rayon de lune traverse leurs fenêtres. Ils quittent alors leur lit
comme s'ils étaient attirés par une force invisible et cherchent à monter
vers cet astre étrange.
On les a vus circulant sur des gouttières au mépris des lois de l'équi-
libre et de la gravité. Il faut prendre garde de ne pas les réveiller. En
communication avec la Lune, ils obéissent à des lois inconnues aux autres
mortels et qui leur permettent des déplacements jugés impossibles par la
science officielle. Et, grâce à ces mêmes lois, ils regagnent leur lit sains
et saufs.
Mais, si par malheur on brise cette chaîne qui les guide et les sou-
tient, si on les réveille, ils perdent incontinent cette faculté astrale et
redeviennent de faibles êtres humains envahis par la terreur et attirés
vers le sol.

(i) Les jardiniers disent que la nouvelle lune fait monter les plantes.
Toutes ces influences étranges ont été constatées depuis des siècles
et l'homme primitif lui-même leur prêtait une très grande importance.
La Lune et le Soleil furent les premiers dieux de l'humanité dans sa période
d'enfance.
L'étude de la nature avait donné aux anciens sages la certitude qu'il
existait une seule loi qui gouvernait toute la création, loi qui plaçait à la
base de toute chose l'Unité-Principe (Arché). Mais dès que cette unité
prend naissance et, pour qu'elle puisse exister, un opposé est nécessaire.
Moi, principe positif actif, je ne puis être qu'à la condition d'ad-
mettre l'existence du principe négatif — passif — le non-moi. C'est la
première division de l'unité (principe) en deux éléments distincts, division
qui engendrera toutes les divisons subséquentes jusqu'à l'infini (i).
Dans l'horoscope, le principe actif de l'unité était représenté par le
soleil, source de vie qui incessamment féconde la terre-mère. Cette terre
représentait le principe passif, féminin, terme second ; Eve, ou celle qui
était fécondée, produit sans trêve toutes les manifestations de la vie.
L'enseignement de l'Astrologie était géocentrique, la terre était
considérée comme un centre d'où l'initié pouvait déchiffrer les hiéro-
glyphes du rouleau céleste. Les sages, dans ces conditions, avaient décidé
de considérer la Lune comme l'image de la terre sur le tableau astral, son
satellite, l'enfant issu de sa chair.
La division universelle des sexes et la fécondation incessante consti-
tuent la vie de l'Univers. De là l'importance énorme attribuée à la Lune par
les sages de l'Antiquité, elle représentait pour eux la Mère-nature fécondée.
Chaque pas important dans la vie, chaque opération magique exi-
geaient pour être assurés du succès, le choix correct du moment propice,
c'est-à-dire le moment où les astres étaient disposés d'une façon favorable.
La Lune, dans ce concert astral, jouait le principal rôle. L'influence de ses
différentes phases était l'objet d'une étude détaillée et c'est ainsi que le
tableau des opérations magiques pour chaque jour du mois lunaire est
parvenu jusqu'à nous.
Les deux phases principales sont : 1° de la naissance à la pleine lune ;
2° de la pleine lune à la fin du mois lunaire.
En règle générale, les Sages considéraient que la lune croissante émet
une influence bienfaisante pour toutes sortes d'opérations claires et dans
l'horoscope humain ; tandis que la lune décroissante est plutôt favorable
pour les opérations de ténèbres, et dans le thème horoscopique, elle
accroît les influences des planètes maléfiques.
Il va sans dire que cette règle générale n'a pas un caractère absolu.
Elle peut subir des modifications résultant des combinaisons des différentes
planètes dans le thème.
La figure 7 présente une ancienne table lunaire indiquant le passage
de la lune d'un signe à l'autre pendant le cours du mois lunaire. Ce
tableau servait aux Anciens à connaître le lieu (longitude) de la Lune
au moment d'une nativité.
On possède des tables plus récentes et plus précises pour effectuer
ces calculs mais la méthode reste la même, c'est-à-dire que pour déchiffrer
un horoscope et en dégager les nuances, il est indispensable de connaître
non seulement l'endroit précis qu'occupait la Lune, mais aussi à quel point
de son cours elle se trouvait.

(1) Selon les doctrines anciennes.


CYCLE MENSUEL DE LA LUNE
(FIGURE 7)

La valeur de l'arc parcouru par la Lune en un jour


est indiqué en degrés, minutes et secondes.
Lire dans le sens contraire du mouvement des aiguilles
d'une montre.
Ainsi, le douzième jour du mois lunaire, la Lune par-
court un arc compté 21° 55' 44" du Lion à 4° 7' 1" de
la Vierge.
DEUXIÈME PARTIE

ASTROLOGIE CABBALISTIQUE

CHAPITRE 1

L'ANTIQUE SAGESSE

Quand on a tout scruté, tout examiné à travers un microscope, tout


analysé, on annonce gravement que ce que nous ne pouvons pas voir et
expliquer, n'existe pas. Tel est le processus de la science contemporaine et sa
définition. Cette affirmation nous est formulée sur un ton doctoral et
hautain.
La science actuelle affecte le mépris des sciences occultes qu'elle ne
peut comprendre par les méthodes en usage. Elle n'admet pas que toutes
ces sciences anciennes ont servi de départ à son développement ; elle les
a exploitées physiquement, matériellement, et leur véritable esprit lui a
échappé. Elle a enseveli ce dernier dans la matière. Le minerai d'or, qu'on
avait avec tant de peine séparé de la terre qui l'entourait, a été perdu
dans le sable et l'œuvre entière est à recommencer.
Les progrès visibles de la science moderne sont purement matériels
et vont à l'encontre des directives données à l'homme par le Créateur.
Au lieu de libérer l'esprit de la matière en épurant cette dernière pour
la faire évoluer, la science actuelle étudie la matière en vue de l'employer
pour l'homme dans le domaine utilitaire. La lumière s'est voilée de plus
en plus et nous sommes entourés de ténèbres. Le trouble des âmes, les
mouvements purement instinctifs, l'athéisme sont les résultats de ce travail
entâché d'erreur. Et, comme Adam ayant succombé devant Na-hash, a
perdu la possibilité de contempler son Créateur, ainsi qu'il perdit la parole
créatrice (i), l'humanité actuelle n'ayant comme unique objectif que le
bonheur terrestre, se prépare un triste avenir. ]La science, si développée en
apparence, et si orgueilleuse, disparaîtra, emportée par le Destin qu'elle
s'est elle-même créé. Et rien ne survivra de cette civilisation matérialiste.
Ce n'est pas la première fois que des civilisations plus importantes

(i) Adam s'était plongé dans la matière où il se débattait vainement.

Licence eden-19-7-6224024-7-105602476-24953654 accordée le 28


janvier 2023 à 6224024@7.com
m ê m e q u e la n ô t r e , d i s p a r a i s s e n t . L e u r s v e s t i g e s t é m o i g n e n t d e l e u r
g r a n d e u r et de leur d é v e l o p p e m e n t . Les m o n u m e n t s q u e n o u s d é c o u v r o n s
n o u s é t o n n e n t n o n s e u l e m e n t p a r leurs plans m a j e s t u e u x et esthétiques,
mais aussi p a r leur construction parfaite ; chose d ' a u t a n t plus étonnante
q u e n o u s n ' y a v o n s j a m a i s r e n c o n t r é le v e s t i g e d ' a u c u n i n s t r u m e n t d e
p r é c i s i o n , s o i t p o u r e f f e c t u e r d e s m e s u r e s s o i t p o u r o b s e r v e r les a s t r e s .
P r e n o n s p a r e x e m p l e l ' E g y p t e . J e ne parlerai pas des p y r a m i d e s o u d u
S p h i n x — m o n u m e n t s g r a n d i o s e s e t m y s t é r i e u x d o n t le b u t e t l ' o r i g i n e
r e s t e n t i g n o r é s . J ' a p p e l l e r a i l ' a t t e n t i o n d u l e c t e u r s u r le t e m p l e d ' A b u -
S i m b e l q u i e s t t r è s p e u c o n n u e t p e u f r é q u e n t é p a r les t o u r i s t e s p a r s u i t e
d e sa s i t u a t i o n s u r le t e r r i t o i r e N u b i e n , b i e n a u - d e s s u s d e s c a t a r a c t e s d u
Shellal. C e t e m p l e e s t c r e u s é d a n s la m a s s e r o c h e u s e d e la r i v e g a u c h e d u
N i l . S o n e n t r é e e s t e n c a d r é e p a r q u a t r e f i g u r e s c o l o s s a l e s taillées e n h a u t -
r e l i e f d a n s le r o c h e r m ê m e e t q u i s e m b l e n t g a r d e r la p o r t e d e l ' h y p o g é e .
C e l l e - c i , d ' u n e g r a n d e h a u t e u r , s e m b l e r e l a t i v e m e n t p e t i t e à c ô t é d e ces
sculptures.

(FIGURE 8) TEMPLE D'ABU SIMBEL

La première salle où l'on accède par cette porte a la forme d'un vaste
rectangle. Le plafond est soutenu par d'énormes colonnes, espèce de caria-
tides. Il est orné de nombreux hiéroglyphes enluminés de couleurs très
délicates dont le secret de préparation est perdu. Comment ces peintres
avaient-ils pu colorier ces dessins compliqués dans l'obscurité ? car le jour
pénètre seulement par l'unique porte et la majeure partie de la salle est
presque obscure. De quelle lumière diposaient-ils pour qu'aucune trace de
fumée ne vienne détériorer ces peintures si douces ? Quand quelque rare
touriste vient visiter ce temple éloigné, les guides arabes l'accompagnent
avec des torches dont les fumées encrassent malheureusement les coloris
précieux qui avaient gardé leur fraîcheur pendant des siècles...
Mais ce temple miraculeux provoque d'autres étonnements. L'enfilade
des salles aboutit au sanctuaire au centre duquel se trouve une pierre
cubique qui servait d'autel. Les portes qui se suivent et l'autel sont disposés
de telle façon que les jours des équinoxes le soleil en se levant projetait
ses rayons sur l'autel.
Quels sont les ingénieurs qui sans aucun appareil, sans le secours de
calculs compliqués pouvaient accomplir ce travail merveilleux ? Comment
avaient-ils pu tracer et tailler dans le roc un chef-d'œuvre de cette
importance ?
Ce qui nous est parvenu de leurs institutions, de leurs religions, nous
remplit d'admiration pour leur sagesse et leur connaissance profonde
de l'âme humaine.
Il est certain que les masses populaires présentaient en général un
niveau de développement spirituel peu élevé, mais leurs guides, par contre,
se tenaient à des hauteurs inaccessibles pour nous. L'antique sagesse se
transmettait dans une civilisation de génération en génération, et l'origine
de cette sagesse se perd dans la nuit des temps. J'insiste sur cette dernière
affirmation qui, j'en suis sûr, choquera nos savants officiels. Ceux-ci
enseignent que la civilisation égyptienne ne remonte pas au-delà de
6.000 ans avant notre ère.
Cette assertion peut-elle être acceptée ?
Voici quelques preuves de nature à contrarier les dires de nos acadé-
miciens. Platon, dans un de ses dialogues, « Le Timée », rapporte
l'entretien de Solon avec un hiérophante égyptien qu'il questionne sur la
culture égyptienne. Il s'étonne naturellement que celle-ci ait atteint un
tel développement alors que tout le reste du monde connu était plongé
dans la barbarie, sans en excepter la Grèce.
L'hiérophante lui explique que l'Egypte, grâce à sa position exception-
nelle et n'ayant subi aucun cataclysme, a pu conserver la Sagesse pendant
environ 50.000 ans.
D'autre part, Lenormand rapporte que dans certains manuscrits
datant de la IVe dynastie, c'est-à-dire 4.000 ans avant J.-C., il est dit que les
Egyptiens, par suite d'un hasard heureux, avaient découvert le Sphinx,
enseveli sous les sables et oublié par de nombreuses générations. La même
remarque s'applique à la grande Pyramide de Ghisah, dite « de Khéops » (1).
La légende, qui attribue sa construction aux Juifs pendant leur captivité
en Egypte, ne peut être admise que comme une légende. Il se peut qu'ils
aient été employés à certaines constructions d'adaptation pour en faire
des tombes royales, mais c'est tout.
D'autre part, les Pyramides avaient été bâties pour servir de tombeaux.
Ceci est exact par rapport au plus grand nombre des pyramides dispersées
le long de la rive gauche du Nil, mais ne l'est nullement pour la Grande
Pyramide de Ghisah. Pour cette dernière, tout prouve le contraire, ses
dimensions particulières, son orientation précise d'après les points cardi-
naux, sa disposition par rapport au Sphinx et enfin la parfaite ventilation
qui, naturellement, n'avait pas été faite à l'intention d'un mort. On ne
trouve rien de pareil dans aucune autre pyramide, dont la construction
commençait par la taille dans le roc de la chambre funéraire avec les
passages y menant. On la recouvrait ensuite par un tas de rebuts : pierres,
graviers formant un monticule que l'on recouvrait d'une couche de pierres
taillées lui donnant la forme extérieure d'une pyramide. Tandis que la
Grande Pyramide de Ghisah est bâtie entièrement de pierres taillées,
polies et ajustées avec la plus grande précision. Plus tard, les Egyptiens
enterrèrent leurs morts dans des rochers et c'est devenu la règle générale

(1) En langue hiéroglyphique pyramide, PR-MS signifiait « sortir à la naissance » et


aussi « ressusciter ». Sphinx, Chepera signifiait « devenir », « prendre forme ».
a u t e m p s d u N o u v e l E m p i r e ( t o m b e s r o y a l e s d e la V a l l é e d e s R o i s , t o m b e s
des n o b l e s à G o u r n a h , etc.).
U n e discussion sur cette page d'histoire m'entraînerait hors d u cadre
q u i l i m i t e ce t r a v a i l . J e m e p r o p o s e d ' a i l l e u r s d ' é c r i r e u n o u v r a g e s u r m e s
recherches a r c h é o l o g i q u e s e n E g y p t e et de jeter q u e l q u e lumière sur cette
q u e s t i o n si c o n t r o v e r s é e .
J ' a i , p l u s h a u t , r e p r o d u i t les o p i n i o n s d e d e u x s a v a n t s a p p a r t e n a n t à
d e s é p o q u e s d i f f é r e n t e s e t t r è s é l o i g n é e s l ' u n e d e l ' a u t r e . C e p e n d a n t , je
vais essayer de t r o u v e r e n E g y p t e m ê m e des d o n n é e s susceptibles de n o u s
r e n s e i g n e r s u r l ' a n c i e n n e t é d e la c u l t u r e é g y p t i e n n e .
D a n s le t e m p l e d e D e n d e r a h s i t u é a u b o r d d u N i l a u n o r d d e l ' a n c i e n n e
T h è b e s , il y a v a i t u n p l a f o n d ( i ) d o n t les h i é r o g l y p h e s r e p r é s e n t a i e n t l ' é t a t
d u c i e l à u n m o m e n t p r é c i s . D ' a p r è s le Z o d i a q u e s c u l p t é s u r ce p l a f o n d
n o u s c o n s t a t o n s q u ' a u m o m e n t d e c e t é v é n e m e n t le S o l e i l se t r o u v a i t d a n s
le s i g n e d e la B a l a n c e , à l ' é q u i n o x e d e p r i n t e m p s , e t les h i é r o g l y p h e s q u ' o n
r e t r o u v e d a n s ce t e m p l e n o u s e n s e i g n e n f q u e les a s t r o n o m e s é g y p t i e n s
a v a i e n t o b s e r v é q u e le S o l e i l é t a i t r e v e n u t r o i s f o i s d a n s ce m ê m e s i g n e
d e la B a l a n c e . Q u e s i g n i f i e c e t t e r e m a r q u e ?

(FIGURE 9) - ZODIAQUE DU TEMPLE DE DENDERAH


Partie centrale
(Egypte)

(1) Actuellement, ce plafond se trouve à la Bibliothèque Nationale à Paris.


O n s a i t q u e le S o l e i l p a s s e d ' u n s i g n e d u Z o d i a q u e à u n a u t r e a u
m o m e n t d e l ' é q u i n o x e d e p r i n t e m p s à c a u s e d e l ' i n c l i n a i s o n d e l ' a x e d e la
terre p a r r a p p o r t à l'écliptique. Ce passage c o m p o r t e d a n s c h a q u e signe
u n e s t a t i o n d e 2 l 60 a n s ( d ' a p r è s les E g y p t i e n s ) ce q u i c o r r e s p o n d p o u r u n
d e g r é à 72 a n s e t p o u r u n e a n n é e z o d i a c a l e à 2 5 . 9 2 0 a n n é e s e x a c t e m e n t .
N o s a s t r o n o m e s , a v e c leurs i n s t r u m e n t s de précision, s'écartent de
q u e l q u e s a n n é e s s e u l e m e n t d e ces c h i f f r e s ; les u n s e n p l u s , les a u t r e s e n
m o i n s . C e c i p r o u v e j u s q u ' à q u e l p o i n t ce c a l c u l e s t d i f f i c i l e à é t a b l i r e t
p e u t - ê t r e m ê m e q u e c e s o n t les E g y p t i e n s q u i o n t r a i s o n (1).
F a i s o n s la s y n t h è s e d e ces d o n n é e s . N o t r e c a l e n d r i e r a c t u e l f u t é t a b l i e t
i m p o s é q u a n d le S o l e i l , à l ' é q u i n o x e d u p r i n t e m p s , se t r o u v a i t d a n s le s i g n e
d u V e r s e a u , e t c o m m e , e n t r e c e s i g n e e t c e l u i d e la V i e r g e , o n c o m p t e six
signes, cela r e v i e n t à d i r e q u ' i l s ' é t a i t é c o u l é e n v i r o n 14.000 a n n é e s d e p u i s
le m o m e n t o ù le S o l e i l a v a i t p a r c o u r u les s i g n e s q u i s é p a r e n t la V i e r g e d u
V e r s e a u . M a i s c o m m e , s e l o n les E g y p t i e n s , c e f a i t s e p r o d u i s a i t p o u r l a
troisième fois, nous avons donc 26 + 26 + 14, ce qui donne environ
65.000 ans et plus, compte tenu des écarts possibles, puisque nous ne savons
pas exactement le degré du signe où était le Soleil au moment envisagé !
Cette remarque confirme les paroles que Platon prêtait à l'hiérophante.
D'autre part, les savants hindous confirment en tous points les calculs
égyptiens et attribuent également 25.920 ans à l'année zodiacale. Toutefois
ils vont encore plus loin dans la nuit des temps, étant donné que leur
Yuga est le produit arithmétique précis de cette année zodiacale. Ainsi le
Khali-Yuga, qui vaut 518.400 ans, est égal à 20 années zodiacales; le
Dwapahra-Yuga vaut 40 années zodiacales ; le Tuba-Yuga, 60 années
zodiacales et ainsi de suite jusqu'au Mahra-Yuga qui répond à 200 années
zodiacales.
Il est impossible de ne pas s'incliner devant l'édifice formidable de la
Sagesse ancienne. Aussi un de nos savants contemporains lui rend hommage
en ces termes : « L'enseignement de Pythagore bien avant la civilisation
hellénique se perd dans la nuit des temps. Il enseigne dès lors le système
de Copernic. Il avait été initié aux sciences occultes issues des sanctuaires
sacrés d'Asie et d'Egypte, qu'à son tour il dévoila aux élus des savants

(1) On sait que l'axe de la terre éprouve un balancement conique qui provient de son
imparfaite rondeur. Les deux extrémités de son axe, idéalement prolongé, se déplacent suivant
un cercle sur la voûte céleste. Pour accomplir une de ces oscillations la terre emploie 26.000 ans
environ. Les siècles accumulent les déviations annuelles insensibles et finissent par nous avertir
du balancement de la terre par la variation des pôles célestes.
Nous qualifions de polaire l'étoile qui avoisine l'axe terrestre prolongé. C'est aujourd'hui
l'étoile terminale de la queue de la Petite-Ourse. A mesure que l'axe en décrivant son cercle
de 26.000 ans correspond à d'autres points du ciel, la polaire se renouvelle donc. A l'époque
reculée de la IVe dynastie égyptienne, la polaire était l'Alpha du Dragon. Depuis, l'axe terrestre
a peu à peu abandonné cette constellation pour se mettre en face de la Petite-Ourse. Pendant
deux siècles et demi encore, il continuera à se rapprocher de la polaire actuelle jusqu'à la distance
d'un demi-degré ; puis il s'éloignera pour parcourir graduellement de nouvelles régions du ciel.
Dans 12.000 ans, la plus belle étoile de notre ciel d'été, Véga de la Lyre, sera devenue la Polaire.
Le point Gamma ou point vernal est le point de rencontre de l'Ecliptique et de l'Equateur
céleste, où, dans sa marche annuelle apparente, le Soleil passe d'un hémisphère dans l'autre.
Ce point n'est pas immuable par rapport aux constellations. Ses variations de marche corres-
pondent au déplacement de l'axe terrestre, qui décrit un cône complet en 25.900 ans. C est
le phénomène de la précession des Equinoxes.
Dans le système apparent du ciel, le point Gamma ou point équinoxial « précède » chaque
année d'un angle très faible sa position de l'année précédente, c'est-à-dire qu'il recule sur le
Zodiaque d'une année zodiacale en 25.900 ans et de la valeur d'un signe tous les 2.000 ans
environ par rapport aux constellations.
g r e c s . Ces s c i e n c e s se t r a n s m e t t a i e n t d e l ' u n à l ' a u t r e e t s o n t p a r v e n u e s
j u s q u ' à n o u s c o m m e s u r u n fil t r è s m i n c e , e t d o n t q u e l q u e s p a r c e l l e s o n t
p u être recueillies par l'histoire » (i).
L e s t e m p l e s a n c i e n s é t a i e n t les c o n s e r v a t e u r s fidèles d e c e t t e s c i e n c e
s a c r é e , g r â c e à l a q u e l l e ils p o u v a i e n t c r é e r ces g r a n d e s c i v i l i s a t i o n s . D a n s
ces t e m p l e s é t a i t e n f e r m é l ' h é r i t a g e d e la s a g e s s e h u m a i n e d e p u i s ses
origines. Cette sagesse, adaptée a u d é v e l o p p e m e n t spirituel des masses,
d e v e n a i t le f o n d e m e n t d e s r e l i g i o n s q u i r é g l a i e n t t o u t e la v i e d e s p e u p l e s .
L e s a r t i s t e s , i n g é n i e u r s , m é d e c i n s , a r c h i t e c t e s , e n u n m o t t o u s les
g e n s c u l t i v é s , r e c e v a i e n t l ' i n s t r u c t i o n d a n s ces m ê m e s t e m p l e s .
L e r é g i m e é c o n o m i q u e , l ' é d u c a t i o n des masses, l'orientation de la
S c i e n c e e t d e l ' A r t , le g o u v e r n e m e n t d u p e u p l e . . . t o u t ! é t a i t d a n s les
m a i n s d e s h i é r o p h a n t e s . L a c o n d u i t e d e s affaires e t d e s m a s s e s p r o c é d a i t
d e la R e l i g i o n , g a r d i e n n e d e la c o n n a i s s a n c e s u p r ê m e d e s l o i s d e l ' U n i v e r s
e t t o u j o u r s e n h a r m o n i e a v e c la n a t u r e .
T o u t e s les c o n n a i s s a n c e s é t a i e n t c o n s e r v é e s d a n s les s a n c t u a i r e s e t t o u t
adepte, qui en était digne, p o u v a i t être initié dans u n e b r a n c h e d u savoir,
m a i s il d e v a i t p r o u v e r ses a p t i t u d e s e t s a d i g n i t é p a r u n e s é r i e d ' é p r e u v e s .
L e s s c i e n c e s a p p l i q u é e s , la p h i l o s o p h i e é t a i e n t e n v e l o p p é e s d ' é s o t é -
risme et hors d'atteinte d u vulgaire.
L e m o t l a t i n o c c u l t e (occultus) a d e u x s i g n i f i c a t i o n s : l ' u n e v e u t d i r e
s e c r e t e t l ' a u t r e , m y s t é r i e u x . C o m m e o n v i e n t d e le d i r e , t o u t e s les c o n n a i s -
sances étaient voilées de secret mais toutes n'étaient pas mystérieuses. Ce
d e r n i e r q u a l i f i c a t i f s ' a p p l i q u a i t s e u l e m e n t à la H a u t e S a g e s s e d o n t p o u v a i t
p r o f i t e r celui qui, p a r de l o n g u e s é p r e u v e s , s'était t r a n s f o r m é e n récipient
d i g n e de c o n t e n i r cette dernière et qui avait p r o u v é q u e rien a u m o n d e
n e p o u r r a i t l u i f a i r e d i v u l g u e r le m y s t è r e o u l ' e m p l o y e r p o u r le m a l .
L ' A s t r o l o g i e s ' a p p a r e n t e à ces d e u x g e n r e s d e s c i e n c e . D ' u n c ô t é e l l e
é t u d i e les p o s i t i o n s d e s a s t r e s , c ' e s t l ' A s t r o n o m i e ; d e l ' a u t r e c ô t é e l l e
e s t u n e s c i e n c e s a c r é e q u i r e ç o i t les R é v é l a t i o n s D i v i n e s t r a n s m i s e s p a r
ses m e s s a g e r s , E s p r i t s p l a n é t a i r e s .
L a p r e m i è r e p a r t i e , celle d e s s c i e n c e s a d a p t a b l e s , n e f a i t p a s l ' o b j e t
d e c e t o u v r a g e . J ' a r r i v e d o n c à la S c i e n c e d e u x f o i s o c c u l t e , e n t e n d a n t p a r
c e t t e e x p r e s s i o n la s c i e n c e s u p r ê m e m y s t é r i e u s e q u i é t a i t g a r d é e s o u s les
sept sceaux d u secret. C ' e s t u n e sagesse s u p r ê m e de laquelle Saint P a u l
parle : « Sagesse D i v i n e occulte et mystérieuse que D i e u avait prédestinée
a v a n t les siècles p o u r n o t r e g l o i r e » (2).
C e t t e s c i e n c e r a y o n n e d a n s l ' e s p a c e i n f i n i d e l ' U n i v e r s , é c l a i r a n t ses
lois f o n d a m e n t a l e s . E l l e p é n è t r e e n m ê m e t e m p s d a n s les p r o f o n d e u r s les
p l u s o b s c u r e s d e l ' ê t r e h u m a i n , s u i v a n t t o u t e s les m a n i f e s t a t i o n s d e s o n
â m e s u r la s p i r a l e s p i r i t u e l l e d e l ' E v o l u t i o n . C e u x q u i s ' é t a i e n t c o n s a c r é s à
c e t t e s c i e n c e a v a i e n t v a i n c u la m o r t c a r ils p o u v a i e n t v o i r a u d e h o r s e t a u -
d e l à d u c a d r e d e s v i e s t e r r e s t r e s . L e u r F o i é t a i t la C e r t i t u d e . C e u x - l à é t a i e n t
les f o n d a t e u r s d e s c u l t e s , les g u i d e s d e s p e u p l e s d a n s l e u r d é v e l o p p e m e n t
e n h a r m o n i e a v e c la n a t u r e e t s o u m i s à ses l o i s é t e r n e l l e s .
D a n s les t e m p s a n c i e n s c e t t e S a g e s s e S u p r ê m e se t r a n s m e t t a i t o r a l e -
m e n t ( d e m a i n e n m a i n ) à c e l u i q u i é t a i t j u g é a p t e e t d i g n e d e la r e c e v o i r .
Cet e n s e i g n e m e n t était p r o g r e s s i f , et c o r r e s p o n d a i t a u x aptitudes d u sujet
et a u x phases successives de l'initiation.

(1) Painlevé : Revue de Paris, 15 avril 1922.


(2) Saint Paul : Ier Epître aux Corinthiens, II, 7.
Ceux qui s'adonnaient à ce t r a v a i l g r a n d i o s e v i v a i e n t r e t i r é s d u
m o n d e d o n t ils m é p r i s a i e n t les attractions. T o u t e leur existence s'écoulait
dans u n labeur persévérant et assidu, d o n t la r é c o m p e n s e s'affirmait p a r
u n e c o m p r é h e n s i o n sans cesse c r o i s s a n t e de la b e a u t é i n t é g r a l e de l'har-
m o n i e universelle.
Celui qui a v a n ç a i t dans cette Science devait p r o g r e s s e r e n vertu,
c a r il e s t i m p o s s i b l e à c e l u i q u i e s t e n l i s é d a n s le t e r r e - à - t e r r e , d e c o n t e m p l e r
la L u m i è r e .
A u s s i c e l u i q u i a v a i t o b t e n u la S a g e s s e S u p r ê m e e t la V e r t u r e c e v a i t
la P u i s s a n c e .
La sagesse transmise aux h o m m e s p a r des demi-dieux m y t h i q u e s d o n t
l e s t r a d i t i o n s p o p u l a i r e s o n t p e r p é t u é les l é g e n d e s p o é t i q u e s é t a i t s o u s -
t r a i t e a u x r e g a r d s p a r u n v o i l e o c c u l t e . L a f o u l e r e c e v a i t les reflets d e c e t t e
s a g e s s e , s o u s u n e f o r m e c o m p r é h e n s i v e p o u r elle, p a r l ' i n t e r m é d i a i r e d e s
r e l i g i o n s . Ces d e r n i è r e s c o n t e n a i e n t l ' i d é a l e t l ' a r t q u i d e v a i e n t é d u q u e r
les h o m m e s e n m a r c h e v e r s la B e a u t é E t e r n e l l e . A i n s i t o u t e la v i e d e s
p e u p l e s é t a i t c o n d u i t e p a r les I n i t i é s e n h a r m o n i e a v e c la n a t u r e , c o m m e
d a n s le l i t d ' u n f l e u v e q u i d e v a i t les m e n e r à l ' é v o l u t i o n s p i r i t u e l l e p r é -
d e s t i n é e p a r le C r é a t e u r .
T a n t q u e l ' h u m a n i t é d a n s sa p é r i o d e d ' e n f a n c e e t d e j e u n e s s e o b é i t
p a s s i v e m e n t a u x g u i d e s c o n s c i e n t s d e la r o u t e à s u i v r e , e l l e p r o g r e s s a e n
d é v e l o p p a n t ses a p t i t u d e s i n n é e s , e t e n a p p l i q u a n t la L o i D i v i n e . Ainsi
la S c i e n c e e t la c i v i l i s a t i o n é t a i e n t f l o r i s s a n t e s .
M a i s , q u a n d l ' h u m a n i t é , a r r i v é e à l ' â g e m û r , se d é t o u r n a d e ses
g u i d e s , e t se c o n s i d é r a c o m m e a s s e z f o r t e p o u r s e d é v e l o p p e r s e l o n ses
p r o p r e s a s p i r a t i o n s , elle s ' é c a r t a i n f a i l l i b l e m e n t d u c h e m i n d e l ' é v o l u t i o n
s p i r i t u e l l e , a t t i r é e p a r les s é d u c t i o n s m a t é r i e l l e s . T o u t e s ses f o r c e s e t s o n
intelligence furent employées à l'accroissement d u b o n h e u r terrestre.
A i n s i e l l e r é p é t a la f a u t e c o m m i s e p a r le p r e m i e r h o m m e , f a u t e q u i a v a i t
p r é c i p i t é ce d e r n i e r d e la p o s i t i o n d ' u n ê t r e s u p é r i e u r — i m a g e d e D i e u —
a u n i v e a u d ' u n d e m i - a n i m a l n e c h e r c h a n t q u ' à s a t i s f a i r e ses d é s i r s c o r p o r e l s .
A l o r s s u r v i n t la c r i s e f a t a l e . L a c i v i l i s a t i o n s ' é t e i g n i t e t la r a c e a u p a r a v a n t
si f o r t e e t si v i g o u r e u s e se t r o u v a e n é t a t d e r é g r e s s i o n .
N o u s a v o n s s o u s n o s y e u x les r e s t e s d e q u e l q u e s - u n e s d e c e s r a c e s
m o u r a n t e s . P r e n o n s p a r e x e m p l e la race n o i r e q u i f u t autrefois à u n d e g r é
élevé de l'échelle é v o l u t i v e et q u i est a c t u e l l e m e n t dans u n état v o i s i n
de l'animalité.
L a race r o u g e , e n c o r e plus ancienne, a g o n i s e sous nos yeux.
L ' h u m a n i t é a g a r d é le s o u v e n i r d ' u n e c a t a s t r o p h e , l ' é c r o u l e m e n t d e la
T o u r d e B a b e l e t la c o n f u s i o n d e s l a n g u e s , à l a s u i t e d e l a q u e l l e l ' h o m m e
perdit c o m p l è t e m e n t l'ancienne Sagesse Universelle.
J o b , q u i v é c u t 1.000 a n s a v a n t J . - C . , s e l a m e n t e a p r è s c e t é v é n e m e n t :
« O ù d o n c , dit-il, est cette Sagesse ? O ù a-t-elle d i s p a r u ? » D e p u i s ,
l ' h o m m e e s s a i e e n v a i n d e la r e c o n s t i t u e r d a n s sa b e a u t é p r e m i è r e d ' a p r è s
les v e s t i g e s q u i s u b s i s t e n t d a n s les l é g e n d e s d e s d i f f é r e n t s p e u p l e s , m a i s
e l l e r e s t e i n a c c e s s i b l e à t o u s c e u x q u i c h e r c h e n t à la f a i r e r e n a î t r e p o u r
des b u t s matériels...
Ainsi, c o m m e o n l'a v u , la Sagesse a n c i e n n e , p o u r être g a r d é e occulte,
se t r a n s m e t t a i t o r a l e m e n t p a r d e s i n i t i a t i o n s s u c c e s s i v e s .
P l u s t a r d o n a i m a g i n é d e la f i x e r d a n s d e s é c r i t u r e s h i é r o g l y p h i q u e s ,
c o n n u e s s e u l e m e n t d e s i n i t i é s . D e p l u s ces h i é r o g l y p h e s p o s s é d a i e n t p l u -
sieurs significations qui étaient révélées à l'adepte a u f u r et à m e s u r e de
s o n é v o l u t i o n s p i r i t u e l l e . C e s i n s c r i p t i o n s s y m b o l i q u e s se r e t r o u v e n t d a n s
l ' a n c i e n n e E g y p t e , c h e z les A s s y r i e n s , les C h a l d é e n s e t les I n d o u s . U n e
p a r t i e d e la S a g e s s e a n c i e n n e a v e c d e s d o n n é e s s u r la C r é a t i o n d u m o n d e
e t l ' E v o l u t i o n p r é d e s t i n é e d e l ' h o m m e se r e t r o u v e d a n s les l i v r e s s a i n t s
d e la C h a l d é e , d a n s les V é d a s e t d a n s le P e n t a t e u q u e d e M o ï s e . M a i s
t o u t e s ces d o n n é e s s o n t p u r e m e n t t h é o r i q u e s e t n e l i v r e n t a u c u n e d e s l o i s
p e r m e t t a n t d e g o u v e r n e r les f o r c e s d e l ' U n i v e r s .
Les livres de Moïse, qui n o u s s o n t p a r v e n u s au c o m p l e t et qui o n t par
c o n s é q u e n t u n e très g r a n d e valeur, c o m p o r t e n t d e u x parties, l ' u n e D i v i n e ,
l ' a u t r e h u m a i n e . L a p a r t i e h u m a i n e a t r a i t a u x lois, a u x r è g l e s h y g i é n i q u e s ,
a u g o u v e r n e m e n t d u p e u p l e , etc... L a p a r t i e D i v i n e q u e M o ï s e a v a i t
e m p r u n t é e d a n s les s a n c t u a i r e s é g y p t i e n s o ù il r e ç u t s o n i n i t i a t i o n , d o n n e
les t h è s e s c a p i t a l e s d e la C r é a t i o n d u m o n d e e t d e s l o i s q u i le g o u v e r n e n t .
C e s l i v r e s a v a i e n t é t é é c r i t s c o n f o r m é m e n t à l ' e n s e i g n e m e n t des P r ê t r e s
é g y p t i e n s p o u r g a r d e r à la S a g e s s e s o n é s o t é r i s m e e t p r é s e n t a i e n t t r o i s
significations compréhensibles par l'Initié selon son degré d'évolution.
U n d e ces l i v r e s , la G e n è s e (le S e p h e r B e r e s c h i t ) p e u t ê t r e c o n s i d é r é
c o m m e le l i v r e s c i e n t i f i q u e e t p h i l o s o p h i q u e le p l u s r e m a r q u a b l e q u i a i t
é t é j a m a i s é c r i t . D a n s ce l i v r e les l o i s c r é a t r i c e s d e l ' U n i v e r s s o n t e x p o s é e s
a v e c u n e p r é c i s i o n m a t h é m a t i q u e . Il e x p l i q u e é g a l e m e n t la n é c e s s i t é d e
l ' i n v o l u t i o n d e l ' E s p r i t D i v i n p a r l ' h o m m e d a n s la m a t i è r e a f i n d e d o n n e r
la v i e à c e t U n i v e r s e t l ' é v o l u t i o n c o n s é c u t i v e d e c e t E s p r i t c o m m e b u t d e
la v i e h u m a i n e . E n r é s u m é , d a n s ce l i v r e e x t r a o r d i n a i r e se t r o u v e c o n c e n t r é e
t o u t e la S a g e s s e q u i p e u t ê t r e r e ç u e p a r l ' h o m m e .
M a i s l ' e s s e n c e d e c e t t e S a g e s s e , les clés a u m o y e n d e s q u e l l e s l ' h o m m e
p o u v a i t se l ' a s s i m i l e r , e t a p p r e n d r e a i n s i à g o u v e r n e r les l o i s d e la N a t u r e ,
t o u t cela a v a i t été d o n n é o r a l e m e n t p a r M o ï s e a u x a d e p t e s d i g n e s d e
r e c e v o i r e t d e g a r d e r la d o c t r i n e . Ce s a d e p t e s é t a i e n t liés p a r d e s s e r m e n t s
t e r r i b l e s ( M o ï s e a v a i t s u i v i la r è g l e d e s m a î t r e s é g y p t i e n s ) .
A l ' o r i g i n e , c e t e n s e i g n e m e n t o c c u l t e se t r a n s m e t t a i t d e la m ê m e
m a n i è r e , m a i s q u a n d v i n r e n t les t e m p s m a l h e u r e u x p o u r I s r a ë l il f a l l u t se
décider à confier aux écritures certaines parties de cette tradition. L ' e n -
s e m b l e d e c e t t e d e r n i è r e , é c r i t e à d i f f é r e n t e s é p o q u e s , c o n t i e n t la t h é o r i e
e t la p r a t i q u e d e l ' a n c i e n e n s e i g n e m e n t . Il e s t p a r v e n u j u s q u ' à n o s j o u r s
sous le n o m de Cabbale (i).
L a partie t h é o r i q u e de l'ancienne Sagesse est c o n t e n u e dans deux
l i v r e s d e la C a b b a l e : le S e p h e r I e t z i r a h o u l i v r e d e la c r é a t i o n , e t le
S e p h e r H a - Z o h a r , le c h a r c é l e s t e . Ce s d e u x l i v r e s a i d e n t à c o m p r e n d r e le
P e n t a t e u q u e d e M o ï s e . L a p a r t i e s e c r è t e e s t e n f e r m é e d a n s les c l a v i c u l e s
d e S a l o m o n . Ce s d e r n i è r e s p r o v i e n n e n t d e l ' a n c i e n T a r o t o u R o t a E g y p t i e n ,
o ù d a n s des i m a g e s s y m b o l i q u e s et des h i é r o g l y p h e s , est c o n d e n s é e t o u t e
la C a b b a l e p r a t i q u e .
A p r è s la d i s p e r s i o n d e s d i x t r i b u s d ' I s r a ë l , la S a g e s s e A n t i q u e a v a i t
é t é p e r d u e . E l l e n e s ' é t a i t c o n s e r v é e q u e c h e z les C h a l d é e n s p o u r p a s s e r
e n s u i t e d a n s la t r i b u d e J u d a s p a r les p r o p h è t e s D a n i e l e t E s d r a s .
S a i n t - Y v e s d ' A l v e y d r e r e c o n n a î t q u e la C a b b a l e e s t u n r e s t e p r é c i e u x
de l'ancienne Sagesse.
D a n s ce q u i s u i t , je d o n n e r a i u n a p e r ç u d e s p o i n t s p r i n c i p a u x d e
ces d e u x d i v i s i o n s d e la C a b b a l e , b a s e d e s s c i e n c e s o c c u l t e s o c c i d e n t a l e s .

(i) Le mot Cabbale, d'après Saint Yves d'Alveydre, a deux significations selon la manière
dont il est écrit : 1° il signifie : tradition orale (littéralement, ce qui se passait de main en main) ;
2° il veut dire : Puissance Suprême, insinuant par là que celui qui possédait la Sagesse Suprême
obtenait ipso facto la Suprême Puissance.

Licence eden-19-7-6224024-7-105602476-24953654 accordée le 28


janvier 2023 à 6224024@7.com
CHAPITRE II

T H É O R I E D E LA CABBALE

Il serait prétentieux de chercher à donner dans un cadre très réduit


l'exposé complet d'une science qui fut l'objet d'ouvrages volumineux
écrits par des auteurs éminents et versés dans la question.
Je me bornerai à esquisser les traits caractéristiques de cette théorie
cosmique qui fixe la position de l'homme dans l'Univers, but des lignes
qui vont suivre.
Les lecteurs désireux d'approfondir la Cabbale trouveront plus loin
une liste d'ouvrages fondamentaux se rapportant à cette doctrine.
La théorie de la Cabbale comporte plusieurs livres :
I. La Tora qui contient la Machora (Tradition) qui explique la science
occulte des lettres, et la Michna (ce qui doit être étudié) qui
commente les lois.
II. Le Talmud, qui réunit les deux parties précédentes et qui énonce
les lois proprement dites.
III. Le Sepher Ietzirah (i) ou le livre de la création.
IV. Le Sepher Ha-Zohar (2) ou char céleste.
Je négligerai le Talmud et me contenterai d'étudier quelques para-
graphes de la Michna et de la Machora pour éclairer le système de la Cabbale.
Ce qui a servi de base au présent travail c'est le Sepher-let^jrah qui
traite de la création du monde, des lois qui le régissent et dont j'ai donné
une idée sommaire au début de ce livre. De plus, on trouve dans le Sepher
Ietzirah la loi du système décimal, « Les Sephiroth », dont il sera question
dans un des chapitres suivants.
Il est extrêmement difficile de trouver une bonne traduction du
Sepher Ietzirah et c'est pour cette raison que j'en ai donné le mot à mot.
(Voir IIIe Partie).

(1) La traduction en a été faite par Mayer Lambert.


(2) Trad. Jean de Pauly, éditée par Lafuma Giraud.
L a C a b b a l e est u n s y s t è m e p h i l o s o p h i q u e c o m p o r t a n t toutes les
s c i e n c e s , d o n t e l l e e s t la b a s e e t d o n t e l l e f o r m u l e les lois.
S é d i r , d a n s ses « Q u e s t i o n s t h é o s o p h i q u e s », d o n n e u n e i d é e t r è s
c l a i r e e t p r é c i s e d u G é n i e d e la C a b b a l e . J e r e g r e t t e d e n e p a s a v o i r s o u s
la m a i n cet o u v r a g e d o n t j'aurais cité a v a n t a g e u s e m e n t quelques extraits.
Ce q u i suit est inspiré de l ' o u v r a g e de Sédir.
La Cabbale expose que l'essence de toute création repose sur trois
f o r c e s , d o n t la m o y e n n e e n e s t le p r i n c i p e d e v i e . C e p r i n c i p e a c t i f a p p a r a î t
e t s e d é m o n t r e d a n s l ' i n d i v i d u a l i s a t i o n d e l ' ê t r e d è s q u e celle-ci e s t
a c c o m p l i e e n acte.
L ' a c t e d e l ' ê t r e i n d i v i d u e l e s t d i f f é r e n t d e c e l u i d e la f o r c e ( c e n t r i f u g e )
qui l'a séparé de l'Unité Divine.
C e t t e f o r c e q u i p a r t i c i p e à la c r é a t i o n d e l ' E t r e n ' e s t q u ' u n e é n e r g i e
p r i m o r d i a l e d e la N a t u r e — u n e s o r t e d ' i n s t i n c t a v e u g l e . L a s é p a r a t i o n
d e l ' ê t r e ( d e l ' U n i t é D i v i n e ) se p r o d u i t i n d é f i n i m e n t e t s a n s cesse. E l l e
c r o î t c o m m e la f o r c e c e n t r i f u g e j u s q u ' à ce q u ' e l l e p a r v i e n n e à s o n p o i n t
culminant...
L ' i n d i v i d u a l i s a t i o n e s t a c c o m p l i e ; à p a r t i r d e ce m o m e n t , l ' ê t r e l a n c é
d a n s l e C o s m o s s ' e f f o r c e p a r ses p r o p r e s m o y e n s d e se r é u n i r a u P r i n c i p e
d o n t i l e s t i s s u . C ' e s t la « R é i n t é g r a t i o n ».
L ' i d é a l e t l ' a b o u t i s s e m e n t d e la v i e i n d i v i d u e l l e c o n s i s t e n t e n l ' U n i o n
de cette dernière e n Dieu.
P o u r a t t e i n d r e ce b u t s u p r ê m e , il f a u t q u e l ' i n d i v i d u a l i t é r e n o n c e en
q u e l q u e sorte, e t d e s o n p l e i n gré, à sa v i e p e r s o n n e l l e . L e b o n h e u r idéal
p o u r u n ê t r e a i n s i é v o l u é c o n s i s t e d o n c d a n s l ' u n i o n d e l ' ê t r e a v e c le
non-être.
L a C a b b a l e e n s e i g n e q u e t r o i s m o n d e s c o n s t i t u e n t la V i e :
I. - N e c h a m a : M o n d e i n t é r i e u r , e s p r i t , d a n s le m i c r o s c o s m e . L e s
ê t r e s é l e v é s q u i v i v e n t d a n s ce m o n d e se r a p p r o c h e n t d e D i e u à u n p o i n t
t e l q u e la f o r c e c e n t r i f u g e v i t a l e e s t s o u s la d é p e n d a n c e d u D i v i n , ce q u i
l e u r p e r m e t d e p é n é t r e r d a n s la V i e s a n s ê t r e a t t i r é s e t d o m i n é s p a r c e t t e
dernière.
I I . - Kouach : M o n d e i n t e r m é d i a i r e , ê t r e s i n v i s i b l e s à l ' h o m m e , l ' â m e
d a n s le m i c r o c o s m e .
I I I . - Nephesch : M o n d e e x t é r i e u r o u v i s i b l e , le c o r p s d e l ' ê t r e o ù la
force centrifuge est à son apogée.
C h a q u e être p o s s è d e en lui-même cette trinité :

(FIGURE 10)

Nechama qui le rattache à la Source Divine où il vit dans un monde


idéal ; Nephesch qui lui donne la vie individuelle et matérielle. Ces deux
mondes vivent respectivement dans les deux courants de forces.
Or-Halchor : la lumière émanée, involution.
Or-Haho^er : la lumière reflétée, évolution.
La vie est éternellement attirée vers l'Unité ; les êtres élémentaires
ne sont capables d'aucune vie spirituelle ; ils s'élèvent sans pouvoir se
développer. Chez eux l'extérieur ne s'abîme pas dans l'intérieur ; le réel,
dans l'idéal.
L'être qui couronna la création et qui, par son initiative, participe à
cette création continue, est l'homme.
Il est prototype de l'Univers, car les éléments dont il est formé appar-
tiennent aux trois mondes.
L'homme intérieur, spirituel, c'est Celem-Elohim (le spectre de
Dieu) ; l'homme extérieur, matériel, c'est D'Mut-Elohim.
L'homme universel se compose de trois parties, douze organes et
soixante-douze membres.
Le développement de tous ces éléments c'est l'histoire de la création
et de l'évolution en vue du retour en Dieu, après quoi le peuple sacré
« et tout l'Univers entreront dans l'Amour Eternel ».
La mission d'Adam était double :
I. - Travailler dans le jardin de l'Eden.
II. - Se garder des forces des ténèbres.
Si l'homme avait obéi, l'union des deux Adams — divin et matériel —
aurait été éternelle et toute la nature évoluerait avec lui. Fortifié en Dieu,
Adam aurait pu continuer sans égoïsme son développement extérieur (i).
Cette fin avait pour but d'amener l'être créé à la compréhension de son
non-être, compréhension qu'il devait atteindre inévitablement.
Alors devait apparaître la « Gloire », destinée à la culture intérieure
(spirituelle) du Jardin, et ensuite le Saint-Esprit (Ruach-Hacodech) pour
annoncer la « Grande Fête » !
Mais le serpent (Na-hasch) fit naître dans le cœur de l'homme l'amour
pour l'existence matérielle. A partir de ce moment, l'équilibre des pôles de
la vie fut rompu. Le principe de compression s'engourdit et le principe de
dilatation (expansion) devint chaotique (2). C'est ainsi que la mesure
d'amour et de miséricorde se transforma en mesure de sévérité.
Par suite, l'homme ayant commis le péché originel créa sa vie actuelle
où la matière domine et où l'esprit travaille pour satisfaire les appétits
toujours grandissants des désirs inférieurs.
Mais revenons à la Cabbale.
Les forces actives Divines pénètrent en diminuant graduellement dans
les différents plans de la création. La Bible définit trois périodes de cette
diminution de la manifestation divine. Le Zohar développe sa doctrine
en décrivant quatre mondes consécutifs émanant de la Source.
1. - Olam Acilut. — Monde de l'émanation (Acel veut dire s'écouler
ou se séparer d'une entité-origine). C'est un labeur interne, où le possible
(ayn : rien) devient le réel.
2. - Olam Bria. — Monde de la création (du mot Bara qui veut dire :
provenir de soi-même). Ce monde constitue le mouvement centrifuge par
lequel l'esprit quittant sa sphère supérieure se manifeste en tant qu'esprit
mais sans présenter un caractère net d'individualité. Le Zohar décrit ce
monde en le comparant à une tente qui recouvre « l'Unité indivisible ».

(1) Fabre d'Olivet : Caïn.


(2) Jacob Boehme : Passage de la lumière aux ténèbres.
B i e n q u e c e t t e t e n t e s o i t m o i n s b r i l l a n t e q u e l ' U n i t é d o n t elle p r o v i e n t ,
elle e s t e n c o r e t r o p l u m i n e u s e p o u r p o u v o i r ê t r e r e g a r d é e !
3. - L e t r o i s i è m e m o n d e e s t c e l u i d e s f o r m a t i o n s . O l a m I e t z i r a h
( i a z a r : f o r m e r ) . C ' e s t le m o n d e d e s p u r s e s p r i t s , d e s ê t r e s i n t e l l i g e n t s .
C ' e s t le m o u v e m e n t p a r l e q u e l l ' E s p r i t se m a n i f e s t e e t se d i v i s e e n u n e
foule d'esprits individuels.
4. - E n f i n , le q u a t r i è m e m o n d e e s t c e l u i d e la r é a l i s a t i o n : O l a m A s s i a .
( d e a s s a : r é a l i s e r ) . C ' e s t l ' U n i v e r s o u le m o n d e v i s i b l e .
L a B i b l e n o u s e n s e i g n e q u e le m o u v e m e n t d ' i n v o l u t i o n D i v i n e d e s c e n d
é t e r n e l l e m e n t d u s o m m e t d e l ' E x i s t e n c e v e r s le p o i n t le p l u s b a s , m a i s
e l l e r e s t e m u e t t e s u r les s u i t e s d e la M a n i f e s t a t i o n .
L e Z o h a r n o u s e x p o s e q u e le m o u v e m e n t d ' i n v o l u t i o n e s t s u i v i d ' u n
m o u v e m e n t d ' é v o l u t i o n q u i r a m è n e l ' E s p r i t D i v i n à sa S o u r c e . Ce
m o u v e m e n t d e r e t o u r e s t le b u t a u q u e l a s p i r e t o u t ê t r e .
Les p u r s esprits d e s c e n d e n t d u m o n d e des f o r m a t i o n s dans celui des
réalisations, et r e v i e n n e n t dans leur patrie d'origine après avoir d é v e l o p p é
e n p r o j e c t i o n t o u t e s les q u a l i t é s d o n t ils p o s s è d e n t les g e r m e s .
L ' â m e , s ' i l le f a u t , p a s s e r a p a r d e m u l t i p l e s e x i s t e n c e s p o u r f a i r e
é c l o r e ces g e r m e s e n d e s p l a n t e s q u i d o n n e r o n t d e b e a u x f r u i t s . E l l e
r é a l i s e r a a i n s i le c y c l e d e s r é i n c a r n a t i o n s .
S e l o n la C a b b a l e , l ' h o m m e ( m i c r o c o s m e ) , p r o t o t y p e d e l ' u n i v e r s
( m a c r o c o s m e ) , se c o m p o s e d e t r o i s p a r t i e s , s a v o i r : le c o r p s q u i v i t d a n s
le m o n d e v i s i b l e , l ' â m e q u i a p p a r t i e n t a u m o n d e d e s m o u v e m e n t s e t d e s
s e n s a t i o n s e t l ' E s p r i t q u i r é s i d e d a n s le m o n d e d e s é m a n a t i o n s o u d e s
i d é e s é m a n é e s . Ce s p a r t i e s s o n t d é s i g n é e s p a r : N e p h e s c h , R o u a c h ,
N e c h a m a . C h a c u n e d e ces d e r n i è r e s e s t c o n s t a m m e n t e n r a p p o r t d ' é c h a n g e s
a v e c le m o n d e a u q u e l elle a p p a r t i e n t .
U n c a b b a l i s t e é r u d i t , C h a r l e s L e i n i n g e n , c o m m e n t a n t les t e x t e s , e x p o s e
q u e ces t r o i s p a r t i e s n c s o n t p a s n e t t e m e n t s é p a r é e s . Il f a u t se les r e p r é -
senter c o m m e une transition graduelle de l'une à l'autre de m ê m e q a e
les b a n d e s s u c c e s s i v e s d e s c o u l e u r s d u s p e c t r e q u i p r é s e n t e n t d e s z o n e s
d o u b l e m e n t polarisées.
P a r t a n t d u c o r p s , la f o r m e la p l u s i n f é r i e u r e — N e p h e s c h — p a s s a n t
p a r R o u a c h p o u r a t t e i n d r e N e c h a m a a u s o m m e t , o n o b s e r v e t o u t e s les
g r a d a t i o n s c o m m e e n a l l a n t d e s t é n è b r e s v e r s la l u m i è r e , o n t r a v e r s e la
r é g i o n c r é p u s c u l a i r e . V o i l à à g r a n d s t r a i t s l ' e x p o s é d e la t h é o r i e d e la
C a b b a l e c o n c e r n a n t l ' U n i v e r s e t la m i s s i o n d e l ' h o m m e . D a n s u n c a d r e
a u s s i r é d u i t il n ' e s t p a s p o s s i b l e d ' e x p o s e r u n s y s t è m e p h i l o s o p h i q u e d ' u n e
telle a m p l e u r .
J e n ' a i p u e n d o n n e r q u ' u n e i d é e s u c c i n c t e p e r m e t t a n t la c o m p r é -
h e n s i o n des chapitres suivants.
(FIGURE II)
CHAPITRE III

LA CABBALE PRATIQUE

Ainsi qu'on l'a vu plus haut, la Cabbale ne peut être considérée comme
une branche quelconque des sciences humaines, c'est « la Science de la
vie et de la mort » (i). En l'étudiant, l'homme commence à comprendre
les lois sacrées qui gouvernent l'Univers, son rôle, sa mission dans la Vie.
Les Cabbalistes enseignent que les signes des alphabets sacrés sont
les images exactes des forces créatrices du Cosmos.
D'après Moïse, la langue adamique ou Wattan était basée sur ce prin-
cipe, car ses lettres représentaient exactement l'idée qu'elles exprimaient.
Nous retrouvons des traces de cette langue perdue dans les écritures
brahmaniques des Ecoles d'Initiation supérieure. La langue araméenne
des anciens documents hébreux est en harmonie complète avec les grandes
lois qui régissent le monde. Sa représentation nous est parvenue sous
forme de lettres sacrées.
Dans la première partie de ce travail j'ai indiqué sommairement
comment les 22 lettres renferment toutes les lois de l'Univers. Je ne puis
m'étendre comme je le voudrais sur un tel sujet étant donné le but de
ce livre, cependant je dois dire que le dessin des lettres de la langue
araméenne correspond exactement aux lois envisagées.
Ces lettres sont issues de l'Unité, commencement (principe Arché),
qui en se divisant et s'associant en 22 combinaisons, créent l'infini des
manifestations universelles, ainsi que des mêmes 22 lettres se forment
le nombre infini des mots du langage.
La base de l'alphabet est la lettre iod — Unité-Principe — en valeur
numérique : 10, c'est-à-dire l'Unité entourée de l'infini. L'hiéroglyphe
de toutes les autres lettres de l'alphabet n'est qu'une combinaison du iod.
De plus, chaque lettre possède différents sens non seulement au point de

(1) Reuchlin : De Cabbala.


v u e p h o n é t i q u e o u n u m é r i q u e , mais u n sens abstrait o u é s o t é r i q u e s'élevant
g r a d u e l l e m e n t v e r s les p l a n s s u p é r i e u r s . E n f i n , elle e s t c o u r o n n é e p a r
u n n o m D i v i n qui lui c o r r e s p o n d .
E n o p é r a n t a v e c ces l e t t r e s c o m m e a v e c des e m p r e i n t e s v i s i b l e s d e s
f o r c e s d e l ' U n i v e r s , l e C a b b a l i s t e a g i t s u r les f o r c e s m ê m e s . C e t t e r è g l e
s e r t d e b a s e à t o u s les r i t e s d e H a u t e M a g i e .
Il e s t c o m p r é h e n s i b l e q u ' i l n ' a i t é t é é c r i t q u e t r è s p e u d e c h o s e e n ce
q u i c o n c e r n e la C a b b a l e p r a t i q u e .
A l ' o r i g i n e , a i n s i q u e je l ' a i d é j à d i t , les s e c r e t s d e l ' a d a p t a t i o n p r a t i q u e
d u S a v o i r se p a s s a i e n t d e « m a i n e n m a i n » a u c o u r s d e s i n i t i a t i o n s
c o n s é c u t i v e s ( L e m o t C a b b a l e v i e n t d e K e b b e l , ce q u i se p a s s e d e m a i n
en main).
P l u s t a r d , q u a n d v i n r e n t d e s t e m p s m a l h e u r e u x e t d a n s la c r a i n t e d e
v o i r se p e r d r e c e t t e s c i e n c e s u p r ê m e , o n p r i t le p a r t i d e l ' é c r i r e . M a i s elle
f u t e n v e l o p p é e de voiles s y m b o l i q u e s , de figures secrètes p o u r e n o b s c u r c i r
la f o r m e afin d ' e m p ê c h e r les p r o f a n e s d ' e n p é n é t r e r le s e n s .
C e t t e p a r t i e d e la C a b b a l e p r a t i q u e , q u i f u t f i g u r é e , p o r t e le n o m d e
« C l a v i c u l e s d e S a l o m o n », c a r , d ' a p r è s la t r a d i t i o n , c ' e s t s o u s le r è g n e d e
ce R o i - m a g e q u e l ' o n f u t o b l i g é d e r e c o u r i r à la r e p r é s e n t a t i o n d e l ' a n c i e n n e
tradition, qui jusqu'alors s'était transmise oralement.
C e s c l a v i c u l e s r e p r é s e n t e n t 36 m é d a i l l e s a v e c 72 h i é r o g l y p h e s f i g u r a n t
différents s y m b o l e s e n écriture h é b r a ï q u e o u à l'aide des l a n g u e s sym-
boliques.
Ces i n s c r i p t i o n s r e p r é s e n t e n t p o u r la p l u p a r t les n o m s D i v i n s e t
c e u x d e s A n g e s é l e v é s . C e s clés, a v e c q u e l q u e s c h a n g e m e n t s , s ' e m p l o i e n t
p a r les M a g e s e n q u a l i t é d e t a l i s m a n s .
A f i n d e c a c h e r le s e n s r é e l d e la C a b b a l e a u x p r o f a n e s , les A n c i e n s
usaient de différents m o y e n s hiéroglyphiques.
D a n s la M i c h n a (1) c e t h i é r o g l y p h e e s t a p p e l é « l ' A r ô m e d e la
S a g e s s e ».
U n d e s p r o c é d é s d ' o c c u l t a t i o n d u s e n s v r a i é t a i t la t r a n s m u t a t i o n d e s
l e t t r e s , o u f u s i o n d e q u e l q u e s m o t s e n u n seul.
Ailleurs, o n employait u n e sorte de c r y p t o g r a m m e cabbalistique en
r e p r é s e n t a n t u n m o t c o m m e u n e s o m m e de plusieurs n o m b r e s à l'aide de
l a q u e l l e o n t r o u v a i t les l o i s c a c h é e s . C e t t e f o r m e d e C a b b a l e a v a i t s o n
emploi en Astrologie.
P o u r d o n n e r u n e idée des divers procédés qui précèdent, suivent
q u e l q u e s e x e m p l e s e m p r u n t é s à M o l i t o r (2).
E x e m p l e I. — D a v i d d a n s s o n t e s t a m e n t à s o n fils S a l o m o n d i t :
« Il m ' a m a u d i t p a r d e c r u e l l e s m a l é d i c t i o n s ». N . i. M . R . E . T z . E . T . o u ,
e n f a i s a n t a b s t r a c t i o n d e s v o y e l l e s s e l o n la p r a t i q u e d e l ' h é b r e u a n c i e n ,
n o u s a v o n s le m o t : N . M . R . T z . T . , ce q u i s i g n i f i e : « Il m ' a a p p e l é ».
R e c o n s t i t u a n t les m o t s q u i a v a i e n t s e r v i à la f o r m a t i o n d e ce d e r n i e r , o n a :
N — oef — adultère.
M — o h a b i — m o h a b i t e , c a r D a v i d é t a i t le fils d e R u t h .
R — o t z e a t h — assassin.
T z — o r e r — affreux.
T — o h e r a — abject.
E x e m p l e I I . — L e p r e m i e r m o t d u l i v r e d e la G e n è s e , E n a r c h é , a u

(1) Michna : tradition orale des anciens Hébreux qui avait été transcrite par Judas le
Saint et qui s'était développée plus tard dans le Talmud.
(2) Molitor : Philosophie de la Tradition.
commencement (ou en principe), en hébreu : Bereschit — se décomposant
en deux mots — Berre : « Il a créé ou il a dit » (i) et Shit — six. C'est
ainsi que Moïse détermine d'emblée les six puissances élémentaires qui
agirent pendant les six jours de la création symbolique.
Ces deux citations appartiennent au domaine de la cryptographie
synthétique.
Exemple III. — Transmutation de lettres : Dieu dit dans le livre de
l'Exode : « J'enverrai devant toi, mon Ange (Malahi) ». En changeant la
disposition des lettres, nous obtenons le nom de l'Ange préposé à la
défense du peuple d'Israël — Michael (2).
La Cabbale possède de nombreux systèmes hiéroglyphiques, tels que
par exemple : la table de Tzirouf qui sert à transposer les lettres d'après
certaines règles, la table de Shemamphorash d'un emploi précieux en
Astrologie cabbalistique. Je me limiterai à ces deux systèmes. Cette
dernière table est composée des versets 19, 20 et 21 du livre de l'Exode,
versets comportant chacun 72 lettres.
En combinant d'une façon précise les lettres des premiers mots de
ces trois versets, on obtient 72 racines, auxquelles on ajoute les terminaisons
de El ou Iah, qui sont elles-mêmes des noms de Dieu. Ces combinaisons
des 72 noms Divins se nomment le Shemamphorash et elles sont en
harmonie avec ces paroles de la Bible : « Mon ange ira devant vous,
regardez-le, car il porte sur lui « Mon grand nom ».
La table qui suit est empruntée en grande partie à Lenain (3) avec
certaines modifications que j'ai jugées indispensables pour reconstituer
l'idée exacte de la Cabbale. (Table VI).
La figure 12 donne la clef permettant l'application du Shemam-
phorash à l'Astrologie.

(1) Car dire et créer en hébreu s'expriment par le même mot, ce qui affirme une fois de
plus la force créatrice du Verbe.
(2) La lettre aleph peut être indifféremment employée comme a ou comme e.
(3) Lenain : La Science cabbalistique.
(FIGURE 12)
T A B L E D E S 72 G É N I E S
(SHEMAMPHORASH)
Licence eden-19-7-6224024-7-105602476-24953654 accordée le 28
janvier 2023 à 6224024@7.com
N O T E SUR LE SCHEMAMPHORASH

Si on compare le Schemamphorash au livre des Chances chinois, le


Yi-King, on trouve dans ce dernier 64 combinaisons des hexagrammes,
tandis que le Schemamphorash se compose de 72 combinaisons, donc
8 de plus correspondant aux 8 Pa-Kua, ou trigrammes de base chinois.
D'autre part si on compare le Yi-King aux Arcanes de la Cabbale, on
constate la différence suivante : dans la Cabbale, les Arcanes majeurs sont
au nombre de 22 et les Arcanes mineurs au nombre de 56, donnant un
total de 78. Ce nombre dépasse celui des hexagrammes du Yi-King de
14 ou 2X7.
En comparant les aphorismes des Arcanes (donnés dans la 3e partie
de cette Trilogie) à ceux des combinaisons correspondantes du Yi-King,
nous constatons une similitude frappante. Par exemple, l'aphorisme du
Ier Hexagramme chinois, « le Créateur », est semblable à celui du ier
Arcane majeur, « le Mage ». Le second Hexagramme, élément féminin,
correspond au 2e Arcane, « la Porte du Temple » (ou selon la dénomi-
nation médiévale « la Sagesse »), et ainsi de suite.
En se basant sur ces similitudes, il ne faut pas déduire que l'une de
ces écoles ait emprunté l'enseignement à l'autre, mais il faut supposer
que toutes les deux avaient reçu les principes d'un centre commun et a-
vaient été développés selon leur caractère particulier. Je recommande la
lecture des ouvrages de M. Churchward sur le « Continent Lémurien »
(The lost Continent of Mu, The Children of Mu, The Symbols of Mu), ouvrage
qui soulève le voile sur l'origine commune de toutes les civilisations
anciennes émanant d'un seul centre et se propageant aussi bien à l'Ouest
qu'à l'Est.
CHAPITRE I V

LA MATHÉMATIQUE CABBALISTIQUE

Eliphas Lévi dit que « la Cabbale pourrait être appelée la mathé-


matique de la pensée humaine. Elle est l'algèbre de la foi ; elle résout
les problèmes de l'âme comme des équations en découvrant l'inconnu ».
Elle donne aux idées la précision et la netteté des nombres, grâce à cette
particularité de l'ancien hébreu où chaque lettre possède une valeur
numérique.
Ainsi, chaque mot présente en même temps une somme susceptible
de diverses interprétations. En jugeant mathématiquement les mots
hébraïques, mots qui, ainsi que nous l'avons dit, présentent des combi-
naisons visibles de lettres-forces, le Cabbaliste découvre la loi des arrange-
ments qui ont créé tel ou tel sujet.
Tous les nombres dérivent de l'Unité (Arché) et ne sont que ses
divisions et multiplications dans l'Infini. Ils peuvent donc tous être réduits
à cette unité primordiale qui les contient déjà en elle-même.
La numération a pour base les dix premiers nombres.
Ils contiennent l'infini et embrassent toutes les lois mécaniques de
l'Univers.
En réalité, il n'existe que neuf nombres fondamentaux, car 10 est
déjà le retour à l'Unité. On comprend aisément que dans la langue
hébraïque, les nombres i et iooo sont représentés par la même lettre.
Ces dix nombres de base portent le nom de Sephiroth (sephiroth :
numération). Cette base primitive et unique ne comporte que 9 nom-
bres + l, transition ou passage à la série suivante 9 unités + 1, transition
à la dizaine et ainsi de suite, ainsi 9 x 10 + 10 = 100. Nouvelle transition.
Le nombre 9 est le nombre culminant manifesté sur la terre par le
Créateur, c'est le nombre supérieur pouvant être compris par l'Incarné.
« Dix et non neuf », dit le Sepher-Ietzirah, car 9 est la fin de la
création et dix est le passage à l'ordre supérieur. « Dix et non onze »...
car onze est inaccessible à notre compréhension. Il est le second nombre
du plan supérieur qui nous est fermé et c'est pour cette raison qu'il ne
saurait être envisagé dans nos calculs. Pour nous en servir nous devons le
réduire à 10 + i, c'est-à-dire à notre système terrestre.
Comme notre science est limitée par les trois dimensions, mais parce
qu'elle pressent l'existence d'une quatrième — transition permettant
l'accès aux plans supérieurs — notre calcul se limite à 9 et ne fait que
poser 10, l'unité du calcul supérieur.
Il convient de remarquer que ces dix nombres ou Sephiroth de la
Cabbale ne sont pas considérés seulement comme chiffres ou nombres
appartenant au domaine purement mathématique. Ils contiennent tout un
système philosophique basé sur la loi de l'équilibre.
Neuf exprime trois Trinités. Chacune représente le principe actif,
le principe passif, et le point d'équilibre entre ces deux derniers. Dix
indique le retour dans l'unité, vers le Principe de vie, vers le Créateur.
Ce système merveilleux nous démontre la loi d'involution qui pénètre
toute la matière visible, dont le point culminant est neuf : couronne de
la Création.
Nous pouvons vérificr cette loi dans tout ce qui nous entoure. Enfin
dans le nombre dix, nous possédons la certitude de l'évolution définitive
vers le Principe Primordial qui termine le cycle des incarnations.
Ce système philosophique a servi de base, sous une forme ou sous
une autre, à la plupart des religions anciennes.
Les Brahmanes hindous, les Egyptiens, les Grecs possèdent leurs
symboles séphirothiques correspondant exactement à ceux des Hébreux.
Ces symboles, selon l'évolution plus ou moins élevée des peuples, se
traduisent par des figures abstraites ou matérielles, mais dont les principes
sont les mêmes.
Partout, la base développée et perceptible pour l'homme est neuf ;
le nombre dix est le passage au plan supérieur. Onze est l'inconnu suprême.
(Voir le tableau comparatif des Sephiroth appartenant aux trois
grandes religions).
Résumons, avant d'aller plus loin, les lois fondamentales sur lesquelles
est bâtie la Cabbale.
Les 32 voies de la Sagesse du Sepher Ietzirah se composent des
22 lettres plus les 10 Sephiroth. Bien que 10 soit compris dans les
22 lettres, il en a été volontairement extrait afin de faire comprendre la
différence qui existe entre le Calcul et les Lois Universelles.
Les 22 lettres qui expriment les lois proprement dites, lois de la
Création, se composent ainsi : 3 + 7 + 12.
3 répond à la loi d'équilibre, 7 à la loi de la gamme universelle ; 12
s'exprime par 3 X 4 (les 4 trigones du Zodiaque).
Mais ces deux dernières lois découlent de la première.
7, c'est 3 équilibré contre 3 et 12, c'est 3 placé aux quatre points
cardinaux de la croix astronomique, afin de démontrer que l'équilibre
universel sert de support à toute la Création.
D'autre part, 3 est indivisiblement compris dans l'Unité. C'est la
Trinité de la religion chrétienne, où le Père est le Principe primordial, le
Fils : le Verbe, l'action, et le Saint-Esprit : la Vie, résultat de cette action.
C'est lui qui pénètre au fond de la Création pour ramener l'Esprit
égaré dans la matière à son Principe, à son Père Eternel.
Pour donner un exemple des procédés de mathématique cabbalistique,
prenons par exemple le nom Adam dont les significations numériques des
(Figure 13) i .v SCHÉMA DES SEPHIROTHS
lettres sont respectivement : mem — 40 — Daleth — 4 — Aleph — 1.
En additionnant ces chiffres nous obtenons la somme 45. Mais, cette somme
doit être réduite aux chiffres de base, ce qui s'exprime par 4 + 5 = 9.
Or, nous avons vu que le chiffre 9 est l'expression de la combinaison
suprême de notre monde, le développement supérieur de l'Unité — Arché,
car le nombre suivant : 10, nous ramène à cette Unité. Mais, comme
l'homme créé à l'image de Dieu est le point culminant et définitif de la
Création, ce nombre 9 lui correspond totalement.
Le nombre 9 se perd dans l'Unité pour produire l'homme, cet esprit
incarné « qui réunit en lui deux mondes », dit Ch. Leiningen (1). « C'est
naïf et profond, comme la Vérité et comme la Nature » (Eliphas Lévi) (2).
La table suivante donne les significations numériques des lettres
hébraïques ainsi que leur clef cabbalistique.
En opérant cabbalistiquement avec les mots (sommes), les Anciens
obtenaient des révélations qui, rapprochées des données du thème horos-
copique, précisaient les événements de la vie des peuples et des individus.
Ces opérations cabbalistiques, comme l'a dit Eliphas Lévi, « sont
simples comme un jeu d'enfant et compliquées comme le problème le plus
ardu ».

TABLEAU DONNANT LES SIGNIFICATIONS NUMÉRIQUES


DES LETTRES HÉBRAIQUES
AINSI QUE LEUR CLEF CABBALISTIQUE

Lettres. Périodes Chiffre cabb. de la période


___ — , - j ~
,.: ï T 4 y P ! X . 4 . 7 .... ' 3
1 ; 4 . 7 . 10 . 40 . 70 . 100 . ! !
4 \
3 n n 3 3 9 -j | 2 . 6 . e .... j 6
2 .'5 . 8 . 20 . 50 . 80 . 200 . ! !

J , > D 5 si/ .... S 9


3 . « . 9 . 30 . 60 , 90 . 300 . 1 j
I !

(1) Le Sphinx, avril 1887.


(2) Initiation, 1891,
CHAPITRE V

LA MAGIE

Avant de poursuivre l'exposé des questions concernant strictement


l'Astrologie ancienne, il est indispensable d'entretenir le lecteur sur l'une
des sciences occultes également basée sur la Cabbale, science que les
Sages antiques prenaient comme pierre angulaire de leurs religions et
sur laquelle s'appuient encore les religions contemporaines.
Je sais d'avance que les prêtres vont rejeter cette affirmation et pour-
tant les symboles de tout rituel sont nés de cette science, qui est la Magie.
Ce mot : Magie, paraît effrayant au profane et évoque des images de
sorciers, de messes noires, de pactes avec le diable.
Au Moyen-Age, il suffisait d'être accusé de pratiques magiques pour
être torturé et brûlé vif.
Néanmoins cette science occulte qui, comme sa sœur l'Astrologie,
se perd dans la nuit des temps, est arrivée à nous à travers toutes les
persécutions et c'est d'elle, la maudite, que toutes les religions tiennent
leurs rituels.
En notre siècle matérialiste les persécutions contre la Magie sont
peut-être plus violentes qu'au Moyen-Age.
Il est vrai qu'on n'envoie plus ses adeptes au bûcher, mais on les
couvre de ridicule. Les savants officiels s'en détournent avec dédain,
car elle n'entre pas dans le champ de leur microscope.
Les prêtres, ignorant son rôle dans les religions qu'ils professent, en
parlent avec haine.
Ces deux états d'esprit basés sur l'ignorance ne sauraient atteindre
la Magie. L'homme actuel veut tout savoir, démonter, disséquer pour
comprendre l'action de la vie comme dans une machine qui n'est que son
œuvre. Partant, l'incompréhensible, l'invisible, l'occulte n'existent pas.
Pourtant si l'humanité daignait pénétrer dans le Sanctuaire, n'y
trouverait-elle pas « l'Oiseau bleu » qu'elle cherche en vain partout ?
Seuls, ceux qui sont dignes pourraient entrer dans le lieu sacré ; par
contre ceux dont l'évolution est insuffisante ne sauraient en ouvrir les
portes et moins encore en connaître les secrets.
La Magie, cette science « méprisable », enseigne comment, grâce
aux correspondances universelles, l'homme agissant sur les manifestations
visibles du plan physique, peut mettre en mouvement les forces corres-
pondantes du plan astral et, par ces dernières, entrer en relations avec le
plan supérieur divin.
Tout rituel repose sur ces principes et conduit à des résultats iden-
tiques, de ce chef il est magique.
Etudions la question.
Qu'est-ce qu'un rituel ? N'est-ce pas une combinaison, un assemblage
de certains mots scandés d'une façon précise, de certains gestes, de fumi-
gations... toutes choses instituées depuis des siècles, répétées par des
milliers d'êtres et devenues des lois indestructibles ?
Le prêtre, accomplissant le rituel, crée dans le monde des forces des
vibrations qui se propagent dans le monde supérieur.
Il est compréhensible que le geste, le cérémonial adoptés et consacrés
de tout temps par une infinité d'officiants constituent une force dont la
puissance est considérable.
Eliphas Lévi affirme que le rituel de la religion catholique est une
représentation de la Haute Magie organisée et réglée par le symbolisme
et la hiérarchie.
Il faut donc rejeter toute prévention contre la Magie, culte démo-
niaque, et la regarder sans préjugé comme la Science qui nous enseigne
à nous servir des lois de correspondance universelle, lois révélées par
l'ancienne Sagesse et plus particulièrement par la Cabbale.
La Magie, comme d'ailleurs toutes les religions, a pour but de
gouverner l'homme spirituel. C'est un des rayons de forces que ce dernier
rencontre sur la route accidentée qui le mène vers le Progrès prédestiné
par le Créateur.
Dans la Magie, comme dans les religions, il s'est trouvé des gens
qui se sont égarés hors de la vraie Voie et sont tombés dans le domaine
de la superstition et du fanatisme.
Dans l'Antiquité, au Moyen-Age et même de nos jours, nombreux
furent les adeptes qui voulurent utiliser les forces surnaturelles pour des
fins personnelles.
De là naquirent de fausses doctrines, sortes d'hérésies, qu'on rencontre
dans les grimoires du Moyen-Age, dans lesquels il est parfois difficile de
découvrir le grain de vérité.
La basse magie, ou magie noire, sort de ces superstitions et a pour
but d'acquérir des biens matériels à l'aide des forces astrales.
Ces pratiques coupables ont provoqué dans le monde des profanes
la méfiance, la peur et souvent l'hostilité contre la Magie.
La haine des Chrétiens envers les Hébreux joue aussi un certain rôle
dans cette réprobation. Ceux-ci sont accusés d'emprunter l'aide des forces
surnaturelles pour nuire au Christianisme ainsi que de créer des symboles
magiques hostiles à celui des Chrétiens : la Croix.
Cette opinion résulte évidemment de ce fait que l'ancienne Sagesse
nous a été transmise par la Cabbale hébraïque, ce qui fait supposer au pro-
fane que cette dernière, de création juive, est l'ennemie du Christianisme.
J'espère avoir exposé avec suffisamment de clarté le rôle des écritures
hébraïques, intermédiaire précieux entre tous et par lequel nous furent
transmis les restes de l'ancienne Sagesse. Cette dernière ne cherche nulle-
ment à atteindre le Christianisme ; au contraire, en faisant comprendre
les lois sublimes de la nature, elle ne peut que fortifier notre foi et la
morale chrétienne.
Les Juifs, mus par l'orgueil, se sont efforcés de monopoliser cette
Sagesse suprême, mais en vain, car elle reste inaccessible et incompré-
hensible pour eux. S'ils s'étaient laissés pénétrer par la Doctrine, leurs
yeux se seraient ouverts à la lumière, le voile de leurs erreurs serait tombé
et le sceau de Salomon couronné par la Croix grouperait toute l'humanité
dans une pensée commune.
Poursuivant ce but lumineux, Adam, les yeux ouverts, guidé par
une compréhension intégrale, brisant les chaînes de la sensualité, rem-
porterait enfin la victoire finale sur Na-hash, et marcherait sans hésitation
vers la Lumière. Sa foi se changerait en certitude et la récompense serait
proche.
Mais cet idéal est loin d'être atteint et l'homme cloué à la terre, erre
dans les ténèbres de l'ignorance, ballotté d'une rive à l'autre par des
forces inconnues.
La Science et la Foi ont emprunté des directions absolument diffé-
rentes, s'efforçant en vain de trouver chacune la vérité perdue.
(FIGURE 15)
CHAPITRE VI

LES G R A N D S ARCANES

Il a été dit plus haut que le sens occulte de la Cabbale est exprimé
dans les clefs ou clavicules de Salomon, appelées aussi clefs du Tarot (i).
« Qui croirait, dit Eliphas Lévi, que le livre ayant inspiré toutes les
théories et les symboles religieux s'est conservé et nous est parvenu sous
la forme d'un jeu composé de cartes étranges ». Et pourtant cela est ainsi.
Notre jeu de cartes contemporain n'est que le Tarot transformé. Il diffère
de ce dernier par des couleurs spécifiant chaque symbole et par ce fait que
chaque couleur comporte 13 cartes au lieu de 14.
Cependant, en Espagne et en Italie, on trouve encore le Tarot primitif
de 14 cartes avec les signes initiaux déformés pendant le Moyen-Age, mais
qu'on peut facilement reconstituer.
Le jeu mystérieux qui était connu à l'époque médiévale se nommait
« l'Ombre de l'homme ». Le Tarot était alors couramment employé et
l'est encore à présent par les diseurs de bonne aventure qui en tirent
parfois des présages extraordinaires et vrais.
Le Tarot ancien se compose de 78 lames dont 22 arcanes majeurs
et 56 arcanes mineurs.
Court de Gébelin a trouvé dans les 22 arcanes du Tarot le symbolisme
des Mystères Egyptiens et attribue leur composition à Hermès Trismégiste,
appelé aussi Tot.
Il est certain qu'on peut trouver sur les monuments de l'ancienne
Egypte la figuration de la plupart des lames des arcanes majeurs imprimée
hiéroglyphiquement, ce qui justifie l'opinion émise par l'auteur précité.
Celui qui écrit ces lignes est convaincu que le Tarot remonte à une

(1) Tarot ou Rota, ancien mot égyptien qui se rapporte aux roues célestes qui constituent
le mécanisme de la Nature. Ces rotas correspondaient aux Ophanims des anciens Hébreux et
aux Chérubins des Chrétiens.
A n t i q u i t é e n c o r e p l u s é l o i g n é e e t q u e les E g y p t i e n s l ' a d o p t è r e n t à u n e
é p o q u e q u ' i l e s t difficile d e p r é c i s e r .
C h a q u e l a m e d u T a r o t p o r t e d e s i m a g e s s y m b o l i q u e s d o n t les
m o i n d r e s détails o n t u n e signification précise.
C h a q u e l a m e d e s g r a n d s a r c a n e s c o r r e s p o n d à l ' u n e d e s 22 l e t t r e s
de l ' a l p h a b e t sacré, à l'indication n u m é r i q u e de cette dernière et à u n
signe d u Z o d i a q u e o u d ' u n e planète.
C e l u i q u i s a v a i t d é c h i f f r e r le s e n s e x a c t c a c h é s o u s les s y m b o l e s
p o s s é d a i t les m o y e n s d ' a d a p t a t i o n d e la S a g e s s e s u p r ê m e p e r m e t t a n t d e
g o u v e r n e r les f o r c e s d e l ' U n i v e r s .
D a n s u n h o r o s c o p e , les p r é s a g e s i n d i q u é s p a r les g r a n d s a r c a n e s
c o n d u i s e n t à l ' u l t i m e c o n c l u s i o n et a u x révélations précieuses c o n c e r n a n t
le p l a n s u p é r i e u r .

(FIGURE 16)
Les arcanes mineurs s o n t divisés e n quatre g r o u p e s de 14 lames chacun.
ier G r o u p e o u couleur, le Sceptre o u b â t o n — leurs présages se
r a p p o r t e n t à l'action de la sagesse de l ' h o m m e placé au milieu des épreuves
terrestres.
2me G r o u p e , la C o u p e - représente les désirs, les passions, les plaisirs,
les entraînements et les espoirs — forces animiques jouant u n rôle capital
dans la vie de l ' h o m m e .
3 me G r o u p e , le Glaive ou l'épée — symbole du travail, de la lutte,
contre les obstacles, les déceptions, les dangers multiples et les difficultés
qui jalonnent le trajet de la vie.
4me G r o u p e , le Sicle (1) — présages c o n c e r n a n t la prospérité ma-
térielle de l ' h o m m e .
Le tableau p r é c é d e n t i n d i q u e c o m m e n t sont disposés les arcanes dans
le cercle fatidique de Saturne, que je p r e n d s à titre d'exemple (Fig. 16).
Il m e reste à soulever u n coin d u voile qui cache les 22 arcanes
majeurs. Ce que je vais exprimer ici p r é s e n t e r a une certaine obscurité et
sera incomplet. Le lecteur c o m p r e n d r a , je l'espère, les raisons qui m'inter-
disent de parler davantage. Il n ' e s t pas possible de d i v u l g u e r ce qui a
été gardé secret p e n d a n t de n o m b r e u x millénaires.
Celui qui veut, et qui est digne de savoir, est p r ê t à recevoir la plus
haute des Sciences. Il d é c o u v r i r a seul le c h e m i n de la compréhension.
S'il n ' y p a r v i e n t pas c'est que son é v o l u t i o n est insuffisante. Le fruit
t o m b e q u a n d il est m û r .
Cependant, sans trahir le secret, essayons en quelques mots d'expli-
quer ce q u e symbolisent les g r a n d s arcanes dans le plan inférieur.
D a n s la Planche V I I (Les g r a n d s arcanes) je d o n n e les 22 grandes
clefs de la Sagesse suprême, c o m m e o n les appelait dans les T e m p l e s
initiatiques de l'ancienne E g y p t e , et, parallèlement, les appellations qu'elles
r e ç u r e n t au M o y e n - A g e . Ces dernières o n t été reproduites par Papus
dans son Tarot des Bohémiens.
J ' i n d i q u e aussi quelques c o r r e s p o n d a n c e s de ces clefs dans le Cosmos.
Mes travaux sur la q u e s t i o n m ' o n t c o n d u i t à a d o p t e r les appellations
et significations anciennes qui m e semblent plus correctes.
Condensant en quelques phrases les significations des arcanes m a j e u r s ,
nous dégagerons la pensée d o m i n a n t e qui sert de base à la Magie et aux
grandes doctrines religieuses. Le m ê m e texte fait pressentir le b u t de la
vie humaine.
La v o l o n t é de l ' h o m m e (I) éclairée par la Sagesse (II), et manifestée
par l'action (III), réalise (IV) son p o u v o i r qui p e u t être dirigé judicieuse-
m e n t o u n o n , selon l ' I n t u i t i o n (V) dans le cercle tracé par les lois de
l'Univers. L ' h o m m e ayant subi l'épreuve (VI) qui lui avait été imposée
par la V o l o n t é D i v i n e , entre, par la Victoire (VII) en possession de sa
création et, réalisant son E q u i l i b r e (VIII) sur l'axe de la Prudence (IX),
régularise les oscillations de la F o r t u n e (X).
Sa Force (XI), purifiée p a r le Sacrifice (XII), par lequel l ' h o m m e se
p r o s t e r n e v o l o n t a i r e m e n t sur l'autel de l'expiation, l'amène à vaincre la
mort. Sa T r a n s f o r m a t i o n (XIII) D i v i n e , en l'élevant de la t o m b e vers le
Progrès infini, o p p o s e son Initiative - ( X I V ) immortelle aux embûches
universelles d u D e s t i n (XV).
Le temps est mesuré p a r les Chutes ( X V I ) , mais après chacune de

(1) Sicle : ancienne pièce de monnaie.


PL. VIII - LES GRANDS

celles-ci, il aperçoit la lueur de l'Espoir (XVII) ou le Crépuscule (XVIII)


de la réception. L'homme poursuit constamment ce qui lui échappe et le
Soleil du Bonheur (XIX) ne s'éclairera pour lui qu'après le Renouvelle-
ment (XX) de son être par la mort qui ouvrira devant lui un champ
beaucoup plus vaste à sa volonté, à sa sagesse, à son action.
Toute volonté qui se laisse entraîner par des impulsions matérielles
et par de bas instincts se refuse d'elle-même à sa liberté et se voue à
l'Expiation (XXI) de ses fautes.
Par contre, toute volonté qui se réunit à Dieu en accomplissant ses
lois de Vérité et de Justice participe, dès cette vie, au Pouvoir Divin sur
le monde et ses créatures et c'est en ceci que réside la Récompense éternelle
(XXII) des esprits vainqueurs (1).

(1) D'après Christian : Histoire de la Magie.

Licence eden-19-7-6224024-7-105602476-24953654 accordée le 28


janvier 2023 à 6224024@7.com
ARCANES
CHAPITRE VII

LA CLEF UNIVERSELLE

La pratique et la théorie de l'ancienne Cabbale sont réunies dans un


seul mot, mot sacré dont la possession complète donnerait un pouvoir
illimité à celui qui le comprendrait et saurait l'employer. Ce mot, que
les Hébreux avaient hérité de l'Egypte, n'était confié qu'au Grand-Prêtre.
Ce dernier ne pouvait le prononcer qu'une seule fois par an, à voix basse,
dans le Sanctum Sanctorum, au milieu des acclamations du peuple.
Mais avec la destruction du temple et la disparition de l'Arche
d'Alliance, la possession du mot sacré fut perdue et remplacée par le nom
du Tetragrammaton qui ne présente que la forme extérieure du nom
suprême. Ce nom renferme toutes les lois de l'Univers. Il explique entre
autres le Tetractis Pythagoricien. Il était aussi le cri d'extase (i) des
bacchantes antiques qui en le prononçant déformé n'en comprenaient pas
la portée réelle.
Essayons, dans la mesure du possible, de nous rendre compte de la
construction de ce mot.
C'est le nom trois fois sacré Ieve, dont il s'agit, ainsi que le lecteur
l'a certainement soupçonné. Il est composé de trois lettres Vau-Hé-Iod,
car la quatrième n'est que la répétition de la seconde. Ainsi se trouve
posée d'emblée la loi principale de la Création, celle de la Trinité — le
Ternaire. Le second Hé est le passage du ternaire au quaternaire ; c'est
la réalisation du Verbe Divin dans la forme.
On peut se faire une idée de ce qui précède en examinant le cercle
Zodiacal.
Celui-ci comporte 4 trigones auxquels correspond un même nombre
de couleurs. Air : jaune ; Eau : bleu ; Feu : rouge ; Terre : vert.
Trois de ces couleurs sont dites couleurs mères : le jaune, le bleu,
le rouge. Le vert est une couleur composée du jaune et du bleu.

(1) Evohé.
Les 3 lettres du ternaire I.E.V., plus 4 lettres du quaternaire I.E.V.E.
donnent 7, le nombre de la gamme universelle.
D'autre part 3 X 4 = 12, les douze signes du Zodiaque avec toutes
leurs correspondances. Ce dernier nombre peut encore être obtenu autre-
ment en changeant les positions respectives des quatre lettres du Ieve selon
les règles de la Cabbale énoncées plus haut. Nous obtenons ainsi 12 combi-
naisons ou mots nouveaux. Ces douze combinaisons correspondent aux
douze tribus symboliques des Hébreux, aux douze pierres mystérieuses de
l'Ephod du Grand-Prêtre à l'aide desquelles il obtenait les oracles dont
parle la Bible.
D'un autre côté, en étudiant les valeurs numériques des lettres for-
mant le nom sacré, nous voyons que le Iod = 10, le Hé = 5 et le Vau = 6
dont la somme est 21, réalisant la gamme universelle considérée sous
l'angle du ternaire. C'est aussi le nombre des lettres de l'alphabet sacré,
car ainsi que nous l'avons vu dans l'étude du Tarot, la vingt-deuxième
lettre est équivalente à o. 22 ne peut être compris par l'incarné parce qu'il
exprime 11 au binaire, nombre qui est hors de notre plan terrestre.
Le nom sacré est en même temps la clef des Sephiroth dont la table
donnée par Kircher est schématiquement représentée ci-après.
La table des Sephiroth (1) est utilement complétée par quelques
significations des noms correspondant aux 10 nombres.
1 — Kether : Principe impérissable de l'Etre Absolu dans lequel
se produit la fermentation de la vie.

CORRESPONDANCES DES PIERRES PRÉCIEUSES


AVEC LES SIGNES DU ZODIAQUE
(PLANCHE VIII)

(1) IIe partie, chap. IV.


SCHÉMA DE KIRCHER
(FIGURE 17)

2 — Hochma : Lien indissoluble entre l'Esprit et l'Ame de l'Univers.


3 — Bina : Union des principes masculin et féminin qui enfantent
éternellement l'Univers vivant.
4 — Chezed : Le déroulement (déploiement) de l'Univers (Arché).
Son écoulement dans le Temps et l'Espace.
5 — Gebura : Dieu, reflété dans un des dieux de l'Antiquité ; dieux
des Géants, des demi-dieux.
6 — Tiferet : Manifestation du Septenaire. Victoire du Tétragramme.
7 — Nezach : Dieu, dieux du Septenaire, triomphe.
8 — Hod : Fécondateur par la lumière astrale se dilatant dans le
quaternaire, puis son retour vers le Principe éternellement caché d'où
émane cette lumière (Hé — Vau — Schin) (Nature fécondée).
9 — Iezod : Quatrième multiplication de l'Unité. Principe créateur
du Futur changeant indéfiniment (1).
Disparition définitive de la matière condensée par le retour de la
production subjective.
10 — Malcut : Mort de la mère enceinte de Vie, loi immanente qui
arrête avec une force soudaine le mouvement de l'échange éternel dès
qu'un être s'objective (2).

(1) Panta rei de Héraclite.


(2) Voir Revue Psyché : Esprit des Séphiroth, par Enel, novembre 1927.
Les adaptations vraiment géniales du nom sacré sont innombrables.
Je n'envisagerai ici que celles qui se rapportent à l'Astrologie.
Essayons d'interpréter l'adaptation astrologique du nom sacré et
de nous rendre compte de sa puissance dans la résolution du problème
concernant le présage horoscopique.
Les Sages enseignent que le mécanisme universel est mû par les
Ophanim ou la Rota, roue mystérieuse et symbolique. Chez les Anciens
Grecs cette Rota se représentait ainsi :

(FIGURES 18)

Comme on le voit ce sont les lettres alpha et oméga de l'Apocalypse


qui forment le plan d'appui de cette figure, le commencement et la fin.
En haut c'est le T ou le Tau Sacré des Egyptiens, image d; la Croix
primitive, signe de l'Eternité.
En bas c'est le P = R latin, signifiant le renouvellement perpétuel
de la nature, la vie naissant de la mort.
Le Sphinx, chez les Egyptiens, figurait la même idée, animal à tête
d'homme, au corps de lion, aux ailes d'aigle avec l'arrière-train du bœuf.
Démembré par le christianisme, il a donné les 4 animaux du Nouveau
Testament parlant, rugissant, chantant et beuglant.
Partant toujours de la même idée (loi de base, le quaternaire dérivé
du ternaire), c'est Ieve, nom sacré et flamboyant que nous retrouvons
sous diverses formes à travers les siècles et les religions.
La Roue mystérieuse de la Rota représentée en mouvement donne
naissance au Swastika des Indous.
Tournant dans le cercle Zodiacal, à travers les 4 trigones q îi forment
les douze signes, cette Rota-spirale se teint de la couleur des signes par
lesquels elle passe en les influençant à son tour par les forces dont elle
est le résultat.
Les combinaisons qui dérivent des actions réciproques des forces
créatrices de la Rota, des signes du Zodiaque et des planètes qui s'y trouvent,
varient à l'infini.
Les deux schémas qui suivent démontrent ce qui précède.
La première figure présente la combinaison du thème horoscopique
avec la Rota immobile.
Les signes du Zodiaque agissent chacun suivant sa nature. Les
planètes expriment des forces potentielles ; leurs aspects mutuels déter-
minent la valeur de leurs influences. La place qu'elles occupent dans tel ou
tel signe vient modifier à son tour l'intensité et même la nature de l'influence
qu'elles rayonnent.
La planète se teint de la couleur du signe dans lequel elle se meut.
Ces constatations nous permettent d'envisager dès à présent un nombre
considérable de combinaisons.

(FIGURE 19) ROTA FIXE

Mettons maintenant la Rota en mouvement. Les forces créatrices de


l'Univers interviennent dans les combinaisons du thème envisagées ci-
dessus, les modifiant, les renforçant ou les annulant, mais, dans tous les
cas, permettant la construction de l'horoscope dans des conditions précises
et harmonieuses (1).
L'être vivant placé dans ce tourbillon de forces reçoit l'empreinte,
pour mieux dire, la teinte du signe où il naît, mais à travers le prisme
des aspects planétaires.
Il est projeté dans la vie, à un moment précis, par la force centrifuge
de la Rota.
Ainsi celui qui voudra interpréter un horoscope devra, premièrement,
étudier avec soin les différentes influences planétaires et zodiacales concen-
trées sur l'individu envisagé afin de définir sa teinte. Puis s'efforcer de
déchiffrer les présages des forces cosmiques qui à un instant marqué

(1) La figure de la Rota en mouvement peut être assimilée à la pièce d'artifice connue
sous le nom de soleil. Les courbes suivies par les étincelles projetées sont analogues à celles
que parcourent les lettres du nom sacré.
l'ont jeté, lui, un individu déterminé, à la place qui lui convient dans le
Monde, forces qui élaborent son être complet et son rôle dans la vie.

(FIGURE 20) ROTA EN MOUVEMENT

T r i g o n e d'air, jaune — de feu, rouge — d'eau, bleu — de terre, vert.

1
On se rappelle que les 22 lettres représentent les symboles des forces
de la nature. Ces lettres, ainsi que nous l'avons vu précédemment, sont
divisées en trois septenaires dont chacun est le développement d'une des
lettres de la clef universelle dans les innombrables manifestations de la
Création. Par suite, elles forment trois roues secondaires gouvernées
chacune par une des lettres du nom sacré, ainsi que le montre le schéma
suivant.
ROTAS SECONDAIRES

Mais comme tout être, tout événement, toute pensée, tout acte dans
le temps et l'espace, ne peuvent être exprimés que par les 22 lettres, on
se rend compte que, pour pouvoir déchiffrer les présages d'un thème,
il faut d'abord établir les combinaisons des lettres créatrices du sujet
(appelées lettres ou nombres fatidiques), puis les faire jouer dans le thème
selon la règle de la Rota.
C'est ainsi que les Astrologues de l'Antiquité en étudiant les influences
planétaires et zodiacales combinées avec les lois immanentes du mécanisme
de la nature — lois exprimées symboliquement par les nombres fatidiques —
obtenaient leurs oracles et lisaient dans le Futur aussi bien que dans le
Passé.

Licence eden-19-7-6224024-7-105602476-24953654 accordée le 28


janvier 2023 à 6224024@7.com
TROISIÈME PARTIE

« L'Etre est le nombre enveloppé et les êtres,


le nombre dissipé. »
PLOTIN, Les Ennéades.

Le lecteur a pu juger que tout cet ouvrage est presque entièrement


basé sur le Sepher Ietzirah. Comme il est assez difficile de trouver une
traduction correcte de ce document, j'ai jugé utile d'en donner une
— effectuée d'après un original très ancien.
Ainsi qu'on s'en rendra compte, le Sepher Ietzirah est un écrit aussi
précieux qu'universel, traitant de toutes les questions primordiales de la
Vie de l'Univers et de son prototype — l'homme.
Il a suscité des commentaires nombreux et ceux qui voudraient le
creuser y trouveraient toujours de nouvelles lumières.
Cet ouvrage ne constituant pas un enseignement cabbalistique, je
me suis borné à faire appel à la Cabbale dans une mesure strictement
réduite à l'intelligence de ma thèse astrologique, m'interdisant d'avoir toute
discussion qui pourrait m'entraîner loin du but que je me suis imposé.
La traduction précitée — mot à mot — ne comporte donc aucun
commentaire. Je me contente d'en extraire une synthèse astrologique.
Je me propose de faire paraître prochainement un livre sur la Cabbale
où je discuterai le texte du Sepher de mon point de vue personnel, tout
en utilisant les études entreprises jusqu'à ce jour.
TRADUCTION LITTÉRALE DU SEPHER
IETZIRAH ET SA SYNTHÈSE ASTROLOGIQUE

CHAPITRE I

1. — C'est par trente-deux voies, belles, sages, que Jah, Ieve Sabaoth-
Dieu d'Israël, Dieu Vivant et Roi Eternel, El-Schaddaï, Miséricordieux,
Pardonnant, Elevé, séjournant dans l'Eternité, dont le nom est haut et
saint, traça (créa) son univers par trois Sepharim (numérations), Sepher,
Sephor et Sipour (i).
2. — Dix nombres (Sephiroth) immatériels (abstraits). Vingt-deux
lettres du fondement : trois mères, sept doubles, douze simples.
3. — Dix nombres (Sephiroth) immatériels : d'après le nombre des
dix doigts, cinq contre cinq, mais l'alliance de l'unité entre eux (2).
4. — Dix nombres (Sephiroth) immatériels : dix et non neuf, dix et
non onze — comprends par ton entendement et entends par ta compré-
hension, mets-les à l'épreuve, scrute-les, pose-les chacun comme il faut
et mets le Créateur à sa place.
5. — Dix nombres (Sephiroth) immatériels, ils ont dix qualités
infinies : la profondeur du commencement, la profondeur de la fin, la pro-
fondeur du bien, la profondeur du mal, la profondeur de la hauteur, la
profondeur de la profondeur, la profondeur de l'orient, la profondeur de
l'occident, la profondeur du nord et la profondeur du sud. Seul, Notre
Seigneur Dieu, Roi Fidèle, règne au-dessus de tous dans sa demeure, dans
l'Eternité.
6. — Dix nombres (Sephiroth) immatériels : leur regard (3) comme
la foudre qui étincelle, leur fin est infinie et Son mot vers eux est : s'enfuir

(1) Ces trois mots en hébreu s'écrivent de la même façon : Rech, Phé, Samedi, et veulent
dire : calcul, livre, récit des nombres. Aberdanès traduit ces trois mots par : Ecriture, Nombre,
Verbe. Un Cabbaliste russe, Troubitch, par : Sepher, numération ; Sippour, parole ; Sephor,
écriture. Le Verbe Divin est son Ecriture, la Pensée Divine, sa parole ; ainsi la pensée, la parole
et l'écriture de Dieu ne sont pas trois choses différentes comme chez l'homme, mais une seule.
(2) Suivent ici quatre mots qui sont incompréhensibles.
(3) C'est-à-dire leur rayonnement.
et revenir (i) et, à son ordre, ils courent comme le vent et s'inclinent
devant son trône.
7. — Dix nombres (Sephiroth) immatériels. Leur fin est en puissance
d'être dans leur commencement, comme la flamme est en puissance d'être
dans le charbon, car Dieu est seul et II n'a pas de second, et quel nombre
peux-tu nommer avant Un ?
8. — Dix nombres (Sephiroth) immatériels : le premier, l'Esprit du
Dieu Vivant, que le Nom de l'Eternel soit béni et loué, l'Esprit -et le
Verbe constituent le Saint-Esprit.
10. — Le deuxième, le Souffle (éther) de l'Esprit. Il traça (créa) et
forgea (façonna) par lui vingt-deux lettres du fondement, trois mères,
sept doubles et douze simples, mais seul est l'Esprit en elles (2).
II. — Le troisième, l'Eau de l'Ether. Il traça (créa) et façonna d'elle
le chaos (le Bohu et Tohu), l'humidité et la terre glaise ; les traça en
forme d'une plate-bande, les façonna en une sorte de mur, les entoura d'une
espèce de caniveau et versa sur eux de la neige et elle devint de la terre,
car il est dit : Il dit à la neige : « Sois de la terre ». (Job, 36-6).
12. — Le quatrième, le Feu de l'eau. Il traça et en façonna le trône
de gloire, les Ophanims, les Seraphins, les Saintes Bêtes et les Anges
serviteurs. De tous les trois (éther, eau et feu) il établit son domaine, car
il est dit : « Tu te vêts de la lumière comme d'un habit, Tu étends le ciel
comme une tente, Tu établis au-dessus des eaux Tes hautes demeures, Tu
crées les nuages pour Ton char ; Tu marches sur les ailes du vent, Tu te
sers des Esprits comme messagers (Anges), la flamme (3) est Ton serviteur.
13. — Il choisit trois lettres parmi les simples d'être symbolique-
ment (4). Trois mères : Aleph, mem, schin et les plaça dans Son Grand
Nom et définit par elles six directions de l'Espace.
La cinquième. La hauteur dirigée vers le haut (5) est scellée du Nom :
I V E.
La sixième. La profondeur dirigée vers le bas est scellée du Nom :
E I V.
La septième. L'Orient dirigé en avant est scellé du Nom : V I E.
La huitième. L'Occident dirigé en arrière est scellé du Nom : V E I.
La neuvième. Le Sud dirigé à droite est scellé du Nom : I E V.
La dixième. Le Nord dirigé à gauche est scellé du Nom : E V 1 (6).
14. — Tels sont les dix nombres (sephiroth) immatériels : le premier,
l'Esprit du Dieu vivant : le souffle (éther) de l'Esprit, l'eau de l'Ether, le
feu de l'eau, le haut, le bas, l'Orient, l'Occident, le Sud et le Nord.

(1) Apparemment ceci correspond à Jezechiel (I, 19) : « Et les bêtes s'enfuient et
reviennent comme la foudre étincelante ».
(2) Autre version : « De l'Ether furent créées les quatre parties du monde : le Nord, le
Sud, l'Orient et l'Occident ».
(3) Hiéroglyphe égyptien : Serpent mordant sa queue.
(4) Destinées à êtrè symboliquement trois mères.
(5) Les six derniers Sephiroth selon le S.I. ce sont les six mesures : haut, bas, Orient,
Occident, Sud, Nord, qui sont toutes terminées par un nom de Dieu pour montrer que Dieu
est partout.
(6) Remarquer les six combinaisons du ternaire dans le nom sacré Iev où l'élément de
passage, le second Hé ne paraît pas encore. L'importance du système décimal est aussi mis en
évidence par Platon : « Dix sacré qui détient la clef de toute chose » (Prière à la Tetractis).

Licence eden-19-7-6224024-7-105602476-24953654 accordée le 28


janvier 2023 à 6224024@7.com
Comme on le sait, les Sephiroth de la Cabbale représentent à la fois la numération décimale
et les attributs mystérieux de Dieu pénétrant jusqu'aux profondeurs extrêmes de la Création.
Ces deux domaines qui, à première vue, paraissent n'avoir rien de commun, sont cependant
étroitement liés et se complètent l'un l'autre si l'on veut parvenir à la compréhension de la
Cosmogénie.
Par les dix nombres on conçoit la Création symbolique en six jours ainsi que le rôle de
l'homme, point culminant et définitif, couronnant l'acte merveilleux de la Divinité.
Les dix attributs ont donné naissance aux dix commandements, formant ainsi le cadre
dans lequel doit se développer l'existence de l'homme dans sa marche vers le progrès.
Les dix nombres constituent la mathématique et la mécanique de l'Univers. Ils symbo-
lisent le tissu sur lequel vient se développer la broderie réalisée par les attributs.
Cet ensemble nous donne le dessin admirable et complet de la vie du Cosmos.
Essayons de jeter un peu de lumière sur ce qui vient d'être dit.
Les Sephiroth forment trois groupes différents bien que reliés entre eux.
Premier groupe : trois Sephiroth supérieurs, Kether, Chochma et Binah, manifestation
des Principes Divins.
C'est l'idée dominante de toute religion développée, c'est la Trinité de la religion chrétienne,,
Dieu, l'Inconnu, le Tout-Puissant, l'Aïn-Soph de la Cabbale ne peut être conçu par
l'intelligence de l'homme.
Rappelons-nous l'allégorie de la Genèse : « L'homme, après avoir commis le péché
originel, s'était caché. Il ne pouvait plus contempler le visage de Dieu ».
L'homme, tombé dans la matière, ne peut voir ni comprendre l'Absolu.
Dieu, dans sa sagesse suprême, se fait sentir par l'Intelligence omnisciente émanée de la
Couronne dominant toute la Création.
Les attributs sephirothiques gouvernent le monde en lui imposant leurs lois immuables.
Le chiffre trois est au sommet de l'Œuvre Divine.
Mais qu'est-ce que le chiffre trois ?
C'est la première division qui crée la vie, c'est le binaire équilibré, c'est le pôle positif
et le pôle négatif de l'aimant avec son point neutre, c'est l'union de l'homme et de la femme,
c'est enfin la loi fondamentale de l'équilibre qui est à la base de la Nature entière, comme nous
l'avons déjà exposé dans la lIe partie de cet ouvrage.
Les trois premiers commandements du Décalogue qui ont trait à Dieu correspondent
au ternaire divin. Ils enseignent que Dieu est seul, que rien parmi les choses créées ne peut le
remplacer et que l'homme ne peut prendre en vain le nom de Jehovah (Exode 20 : I, 7).
Le deuxième groupe est formé par les six Sephiroth, dits de construction.
Ils répondent aux six jours symboliques de la Création, réalisation dans le monde créé
des principes émanés du ternaire suprême.
Ce groupe peut être lui-même scindé en deux groupes secondaires formant chacun, selon
la loi fondamentale, un ternaire équilibré.
La différence essentielle entre ces groupes secondaires et leur prototype consiste en ce
fait que dans le ternaire primordial, l'équilibre est un principe émané des pôles — le ternaire
est né équilibré — tandis que les ternaires du deuxième groupe représentent des réalisations
s'équilibrant après le choc. Ici on doit envisager l'effet et non la cause.
C'est pour cette raison que le ternaire supérieur est figuré par un triangle dont le sommet
est dirigé vers le haut, tandis que les ternaires du second groupe sont symbolisés par des triangles
avec les sommets orientés en sens inverse. Ces schémas donnent ainsi une idée exacte du point
de l'équilibre dans les deux cas dont il vient d'être question.
La première Sephire du second groupe, Chezed, correspond au quatrième commandement
qui ordonne le travail pendant six jours et le repos au septième.
Ce commandement répond bien aux six sephiroth de construction, quant au septième
et dernier il en sera parlé plus loin.
Les commandements qui suivent précisent les phases différentes du travail de l'esprit,
les écorces ou péchés dont il doit se libérer en vue de jouir d'un repos mérité après le travail.
La quatrième et la cinquième Sephire (Chezed et Geburah) sont équilibrées par la sixième,
Tiphereth.
Dans la création, c'est le premier jour qui correspond à Chezed — la Lumière. Mais
qu'est-ce que la Lumière ?
C'est la manifestation initiale de la Vie, la première vibration, le mouvement originel.
Le second jour correspond à Geburah, jour pendant lequel a été conçue l'idée de l'étendue.
Ces deux jours donnent naissance au troisième, Tiphereth, première réalisation du mouve-
ment dans l'espace, l'eau, la terre et une manifestation consécutive de la Vie universelle, le
règne végétal.
C'est la fragmentation et l'individualisation du principe de la Vie qui débute ici, car les
herbes et les arbres ont dû porter semences et fruits, selon leur espèce (i).
Mais cette individualisation n'est pas encore complète car elle est « selon leur espèce »
et non selon l'individu.
Le développement doit encore franchir différentes phases de la vie animale pour arriver
à son point ultime, à l'individu complet, possesseur de son libre arbitre, l'Homme.
Enfin, d'un autre point de vue, Tiphereth exprime la Beauté sur laquelle s'équilibrent
les trois premiers Sephiroth et qui symbolisent un Idéal placé au centre de l'Œuvre Divine.
Dans le cycle créateur, Nezah, septième Sephire, correspond à la création des astres.
Cela peut à priori sembler étrange. Il n'en est rien et on verra par la suite que ce Sephiroth
est bien à la place qui lui convient.
Le lecteur se rappelle que la traduction de la Bible (la Vulgate) n'est pas correcte et s'éloigne
souvent du sens exact du livre de Moïse, expression de la sagesse parfaite.
Le premier mot « au commencement » ne donne pas une idée juste de ce que voulait
dire l'auteur. En grec on lit : « En arché, c'est-à-dire en principe » (2).
Toute la création des six jours symboliques était faite « en principe » et non matériellement
comme on pourrait le croire.
« Ainsi, pour réaliser la vie individualisée il fallait donner à cette dernière un foyer où elle
pouvait puiser les forces vitales nécessaires.
Personne n'ignore l'influence du Soleil sur la vie terrestre. Nous avons exposé plus haut
les effets des planètes sur notre globe, effets aussi nécessaires à la vie que l'air respirable.
D'autre part, la création sidérale est représentative de la division du temps, inséparable
de la vie terrestre.
Cette division du temps, instituée par l'homme, est basée sur le mécanisme universel.
Il est dit dans la Genèse (3) que les astres ont été créés pour « éclairer l'intelligence de
l'homme ». Il en est bien ainsi, car, de tout temps, ces foyers lumineux ont attiré sa curiosité.
En observant leurs mouvements, il a pu jalonner ses recherches dans l'espace : recherches qui
le faisaient planer au-dessus de la terre, lui permettaient de s'affranchir de la matière et de suivre
la voie du progrès tracée par le Créateur.
Aussi voyons-nous que la création des astres attribuée à Nezach est d'une logique évidente.
L'oeuvre divine poursuit son développement dans Hod, la huitième Sephire, où l'indivi-
dualisation de la vie universelle continue et forme les poissons et les oiseaux.
Enfin avec Jezod se termine la création des animaux et comme point terminal et culminant :
l'homme.
Cette neuvième Sephire, Jezod, c'est le fondement, la base de la création ; l'homme Adam
en est comme le Zenith, son roi ; c'est l'Esprit incarné.
Le chiffre de l'homme correspond à celui de la Sephire qui détermine et termine le
Travail Divin. Après quoi, il faut revenir au commencement, à l'unité.
Rappelons-nous qu'en hébreu Adam : 40 + 4 + 1 = 4 + 5 = 9.
Toute la Création aboutit à la pénétration dans la matière de l'Etincelle Divine et par
suite à sa purification.
Ce processus accompli, l'Etincelle se libérant de son individualité retournera à sa Source.
Le sens de la Vie est la conclusion de ce qui précède.
C'est pour cette raison que Dieu a placé l'homme en dehors et au-dessus de tout ce qui
avait été créé, « car l'homme était créé à l'image de Dieu » (4).

(1) Genèse.
(2) Pour la traduction de la Genèse, voir Fabre d'Olivet : La langue hébraïque restituée.
(3) Genèse, I, 15.
(4) Genèse, I, 21.
Les cinq Sephiroth de construction développent les lois de l'Univers, les attributs qui
leur correspondent formant sa Vie.
Mais, la sixième, la base, celle dont le nombre remonte au point culminant, oriente les
précédentes, car, en elle, s'est incarné l'Esprit Divin individualisé qui possède une parcelle du
Ternaire Supérieur. Cet Esprit par son libre arbitre (Aïcha) devra équilibrer son intelligence,
sa sagesse (Aïch) pour conduire le royaume qui lui a été confié par son Créateur au progrès
prédestiné.
Et ce royaume est symbolisé par la dixième Sephire, Malchut, qui, à elle seule, forme
le troisième et dernier groupe.
Son nombre est dix parce que dix c'est l'unité et que son but est le retour à la Source.
Le développement complet de la Création était atteint dans la neuvième Sephire. Dans la
dixième, l'Esprit ayant totalement pénétré la matière et atteint son individualisation maxima,
revient à son Origine.
Malchut correspond au septième jour de la Création, c'est le jour du repos. C'est le repos
de l'Esprit après le Labeur et le retour à l'Unité primordiale.
Aïn-Soph, en haut ; Malchut en bas.
Quod Superius tot usque inferius.
Et tout est dans l'Unité et est l'Unité même.
CHAPITRE II

1. — Les vingt-deux lettres de la fondation : trois mères, sept doubles


et douze simples. Trois mères (i) aleph, mem, schin. Leur trait essentiel,
la coupe de la rectitude, la coupe de la culpabilité et la loi établissant
l'équilibre entre ces dernières (2).
Aleph, Mem, Schin : mem, muet ; schin, sifflante ; aleph, éther
(air, aer) qui fixe l'équilibre entre eux (3).
2. — Vingt-deux lettres : Il les traça, les façonna, organisa leurs
combinaisons et leurs permutations, et créa par elles tout ce qui est créé
et tout ce qui doit être créé.
3. — Vingt-deux lettres de la fondation. Il les traça par la voix, les
façonna par l'Esprit, les fixa par la bouche en cinq places : les lettres aleph,
hé, gimel, haïn, dans la gorge ; les lettres heth, iod, beth, koph, dans le
palais ; daleth, teth, lamed, vau, tau, dans la langue ; zaïn, samech, schin,
resh, tzadé, dans les dents ; phé, mem, nun, kaph, dans les lèvres.
4. — Vingt-deux lettres de fondation. Il les fixa sur la Sphère en une
sorte de mur en 231 rangs (permutations ou transpositions) et la sphère
tourne en avant et en arrière et le signe de cela est : cela ne peut pas être
plus haut que satisfaction (plaisir), et cela ne peut pas être plus bas que
peste (plaie) (4).

(1) Ces trois lettres hébraïques, A, M, SH, Aleph, Mem, Schin, étant lues comme le
sanscrit, c'est-à-dire de gauche à droite, donnent S H M A, racine de Schéma. A noter, d'autre
part, que le ternaire primaire chez les Brahmanes se compose des lettres A, U, M.
(2) Thèse, antithèse et synthèse.
(3) Mem est la principale lettre de la racine Maim (eau) ; les poissons qui y habitent sont
muets. Schin est la principale lettre de la racine esch (feu), élément sifflant. Aleph — aer — air,
élément intermédiaire. Ainsi toutes les lettres de l'alphabet se divisent en trois groupes : muettes,
sifflantes et moyennes.
(4) Remarquer que les deux mots se composent des mêmes lettres permutées : Ain,
kaph, beth et Kaph, beth, aïn.
5. — Comment les a-t-il tracées et effectuées les combinaisons et les
transpositions ? Une lettre avec toutes et toutes les lettres avec une, deux
avec toutes et toutes avec deux et ainsi de suite et il se trouve 231 rangs.
Ainsi tout ce qui a été créé et tout le Verbe a la même origine.
6. — Il créa quelque chose du chaos et fit quelque chose de rien, et
trancha de grandes colonnes de l'air immense et voici le signe : une lettre
avec toutes et toutes avec une. Il contempla, transposa, créa tout ce qui
est créé et tous les mots de la même façon et le signe de cela est : vingt-
deux objets dans un corps.
CHAPITRE III

1. — Trois mères : Aleph, mem, schin ; leur trait fondamental : la


coupe de la justesse, la coupe de la culpabilité et la loi qui établit l'équilibre
entre elles. Trois mères : Aleph, mem, schin, constituent le grand mystère,
majestueux, occulte et scellé par six sceaux et d'elles sortirent l'air, l'eau
et le feu (aer, maim, esch) ; de ceux-ci provinrent les pères et de ces derniers
les enfants.
■ 2. — Trois mères : Aleph, mem, schin ; Il les traça, façonna, établit
les combinaisons et les transpositions, le pesa et créa par elles les trois
mères : aleph, mem, schin ; dans l'Univers, aleph, mem, schin ; dans l'année
(dans le temps) et trois mères dans le corps de l'homme et de la femme.
3. — Trois mères : Aleph, mem, schin dans l'univers ; ce sont l'air,
l'eau et le feu ; le ciel est créé du feu, la terre de l'eau et l'air de l'éther
(souffle) et tient la place centrale entre eux.
4. — Trois mères : Aleph, mem, schin ; dans l'année : temps chaud,
temps froid et temps pluvieux. Le temps chaud est créé du feu, le temps froid
de l'eau ; le temps pluvieux de l'éther et occupe la place médiane entre eux.
5. — Trois mères : Aleph, mem, schin, dans le corps de l'homme et
de la femme : la tête, le ventre et la poitrine. La tête est créée du feu, le
ventre de l'eau et la poitrine de l'éther et tient le milieu entre eux.
6. — Il désigna la lettre Aleph pour régner sur l'éther, la couronna
avec une couronne, fit les combinaisons et créa par elles : l'air dans le
monde, le temps pluvieux dans l'année et la poitrine dans le corps de
l'homme par la combinaison : aleph, mem, schin et dans le corps de la
femme par la combinaison aleph, schin, mem.
7. — Il désigna la lettre « mem » pour régner sur les eaux, la cou-
ronna avec une couronne, il fit les combinaisons et créa par elles : la terre,
dans le monde, le ventre dans le corps de l'homme par la combinaison :
mem, aleph, schin, et dans celui de la femme par la transposition, mem,
schin, aleph.
8. — Il désigna la lettre schin pour régner sur le feu et la couronna
avec une couronne ; il fit les combinaisons et créa par elles : le ciel dans le:
monde, le temps chaud dans l'année et la tête dans le corps de l'homme
par la combinaison : schin, me m, aleph et dans celui de la femme par la
combinaison : schin, aleph, mem.

Aleph, d'après le Sepher Ietzirah, symbolise l'air, aer, c'est le principe masculin, actif.
Aleph renferme synthétiquement toutes les lettres de l'alphabet et en particulier les deux
autres lettres mères — graphiquement elle représente les premières manifestations de la Création,
chose dont nous parlerons plus loin.
La lettre mem, principe féminin, passif, symbole de l'eau (i).
Hiéroglyphiquement, elle représente l'acte du Créateur, quand il sépara les eaux d'en haut
des eaux d'en bas pour créer le firmament et les mers (2).
Enfin le caractère de la troisième lettre mère Schin masculine et déductive, symbolise le
feu (3).
L'hiéroglyphe a conservé l'idée des langues de feu, qui s'élèvent de la surface des eaux
après le choc initial. Ainsi qu'on l'a vu, ces trois lettres mères forment le Ternaire Divin, la
Trinité de la religion chrétienne. C'est la première loi universelle qui est étroitement liée à la
seconde — celle de l'équilibre. « Les trois mères, leur trait essentiel — la coupe de la rectitude,
la coupe de la culpabilité et la loi établissant l'équilibre entre elles », dit le S. I. (4).
Mem et Schin sont créées d'Aleph et équilibrées par Aleph, l'Unité, l'Arché. Dans le corps
humain (microcosme), Schin (rouge), régit la tête, c'est le « feu sacré », l'Aish (Aleph-iod-
Schin), principe intellectuel constituant l'homme (5).
Le Mem (bleu) régit l'abdomen avec ses organes et les membres. C'est l'usine de l'orga-
nisme qui agit passivement. Il reçoit de l'extérieur la nutrition et la fait assimiler à l'organisme
entier pour assurer la vie animale ou végétale de l'Etre. En même temps, Mem régit les organes
de relation avec le monde physique et caractérise cette partie de l'organisme de laquelle et
au moyen de laquelle tout se fait.
Enfin Aleph (jaune) tient l'équilibre entre Schin et Mem. Cette lettre gouverne la poitrine,
le rythme de la respiration et de l'épuration du sang — la Vie de l'Etre.
Comme on se le rappelle, Aleph est le signe de l'air — aer.
Pas d'air, pas de vie.
Le Ternaire Divin se développe en quaternaire dans le monde matériel. Le feu s'élève
en haut, l'eau retombe en bas et l'air occupe le milieu entre elles. S.I., VI, 3.
La terre est créée de l'eau. S. I., III, 3. *
Le quatrième élément, la terre (vert) se développa plus tard quand l'Univers créé en
principe développa ses forces cosmiques : l'Astral, qui fut ensuite projeté dans la matière par
l'homme Universel (Adam).
Le ternaire divin créa le quaternaire (réalisation) et par 9, Adam, se manifestèrent les
douze points des quatre trigones 3 : 4 = 9 : 1 2 .
Le macrocosme et le microcosme constituent des éléments semblables. Voici ce qu'en dit
la Genèse : « Adam était créé par Dieu pour travailler la substance adamique — élément homo-
gène similaire à Adam ». (Fabre d'Olivet, op. cit. II, chapitre II, 5.)
L'étude du microcosme nous conduit à la compréhension du macrocosme. D 'ailleurs, les
savants contemporains commencent dans certains domaines à trouver, non sans étonnement,
que les Anciens avaient parfois raison. Récemment un article du Dr Lavezzari paru dans
l'Homœopathie Française (6 juin 1927), vint confirmer nos dires. L'auteur, en analysant les
différentes fonctions du corps humain, démontre qu'elles sont en parfaite analogie avec celles
de l'Univers.

(1) C'est la racine MA, la matière passive, chose de laquelle et par laquelle tout se fait :
c'est l'eau. D'autre part, MA exprime la femme, la mère. C'est le premier mot articulé par
l'enfant dans presque toutes les langues. Remarque euphonique curieuse : en français : mer
et mère.
(2) Genèse, I, 7. Et dividit aquas ab aquis, quae superius sint quae inferius.
(3) C'est la racine Esh, c'est le son sifflant du feu.
(4) S. I., chap. II, 1.
(5) Cette racine s'est formée de Ech, feu, et Aï, centre précis d'activité. (Voir Fabre d 'Oli- ;
vet : Langue hébraïque restituée, V, I.) |
CHAPITRE I V

1. — Sept doubles : beth, gimel, daleth, kaph, phé, resh, tau, pré-
sentent deux prononciations : symboles de douceur (souplesse) et de rigi-
dité, de force et de faiblesse. Sept doubles : beth, gimel, daleth, kaph,
phé, resh, tau, leur base : la sagesse, la richesse, la fécondité, la vie, la
domination, la paix, la beauté.
2. — Sept doubles : beth, gimel, daleth, kaph, phé, resh, tau, d'après
leur prononciation et d'après leurs changements : à la sagesse correspond
la bêtise ; à la richesse, la pauvreté ; à la fécondité, la stérilité ; à la vie,
la mort ; à la domination, l'esclavage ; à la paix, la guerre ; à la beauté, la
laideur.
3. — Sept doubles : beth, gimel, daleth, kaph, phé, resh, tau, le
haut et le bas, l'orient et l'occident, le nord et le sud, et le Saint Temple
est au centre et soutient tout.
4. — Sept doubles : beth, gimel, daleth, kaph, phé, resh, tau, sept
et non six, sept et non huit : examine-les, pose (ou place) l'objet comme
il faut et mets le Créateur à sa place.
5. — Sept doubles : beth, gimel, daleth, kaph, phé, resh, tau. Il
les traça, les façonna, effectua les combinaisons et les transpositions, les
pesa et créa par elles sept étoiles (planètes) dans le monde ; sept jours
dans le temps ; sept ouvertures (portes) dans le corps de l'homme et de
la femme.
6. — Sept étoiles dans le monde : Saturne, Jupiter, Mars, le Soleil,
Vénus, Mercure, la Lune (1) ; sept jours dans le Temps sont les sept

(1) L'ordre des planètes adopté par les Babyloniens était différent : le Soleil, Vénus,
Mercure, la Lune, Saturne, Jupiter, Mars. Cet ordre fut conservé dans le système de Ptolémée
ainsi que dans le Talmud.
Ces deux théories sont les mêmes, mais elles ne partent pas du même astre.
Ceux qui connaissent les heures planétaires employées en Magie savent qu'au cours de
la semaine toutes les planètes passent successivement à la première heure tout en conservant
leur rang.
Par exemple, le Dimanche, jour du Soleil, la première heure s'appliquera au Soleil et les
suivantes à la succession exprimée plus haut.
jours de la semaine ; sept ouvertures dans le corps de l'homme et de la
femme qui sont deux yeux, deux oreilles, deux narines et la bouche.
7. — Il désigna la lettre beth pour gouverner (régner) sur la sagesse
et la couronna avec une couronne, effectua les combinaisons et par celles-
ci créa la Lune dans le monde, le Dimanche dans l'année et l'œil droit
dans le corps de l'homme et de la femme.
8. — Il désigna la lettre ghimel pour régner sur la richesse et la cou-
ronna avec une couronne, fit les combinaisons et créa par elles Mars dans
le monde, Lundi dans l'année et l'oreille droite dans le corps de l'homme
et de la femme.
9. — Il désigna la lettre daleth pour régner sur la fécondité et la
couronna avec une couronne et fit les combinaisons et créa par elles, le
Soleil dans le monde, Mardi dans l'année et la narine droite dans le corps
de l'homme et de la femme.
10. — Il désigna la lettre kaph pour régner sur la vie ; la couronna
avec une couronne, fit les combinaisons et créa par elles Vénus dans le
monde, Mercredi dans l'année et l'œil gauche dans le corps de l'homme
et de la femme.
11. — Il désigna la lettre phé pour régner sur la domination; la
couronna avec une couronne, fit les combinaisons et créa par elles
Mercure dans le monde, Jeudi dans l'année et l'oreille gauche dans le
corps de l'homme et de la femme.
12. — Il désigna la lettre resh pour régner sur la paix et la couronna
avec une couronne, fit les combinaisons et créa par elles Saturne dans le
monde, Vendredi dans l'année et la narine gauche dans le corps de
l'homme et de la femme.
13. — Il désigna la lettre tau pour régner sur la beauté, la couronna
avec une couronne, fit les combinaisons et créa par elles Jupiter dans le
monde, Samedi dans l'année et la bouche dans le corps de l'homme et
de la femme.
14. — Sept doubles : beth, gimel, daleth, kaph, phé, resh, tau.
Par elles sont tracés sept mondes, sept siècles, sept terres, sept mers, sept
rivières, sept déserts, sept jours, sept semaines, sept années simples,
sept années de Samedis (1), sept années des jubilés et le Saint Temple.
Pour cela « Il aima le sept » (septénaire) sous tout le ciel (dans l'Univers).
15. — Deux pierres bâtissent deux maisons ; trois pierres bâtissent
six maisons ; quatre pierres bâtissent vingt-quatre maisons ; cinq pierres
bâtissent cent vingt maisons ; six pierres bâtissent sept cents maisons ;
sept pierres bâtissent cinq mille quarante maisons ; et plus loin, va et
compte ce que ta bouche ne peut prononcer ni ton oreille entendre (2).

Le samedi, jour de Saturne, on aura l'ordre du Sepher. Chaque jour de la semaine c'est
la planète du jour qui présidera à la première heure. Mais l'ordre respectif des planètes reste
le même par rapport l'un à l'autre.
Pour l'ordre des planètes consulter l'étoile à 7 pointes des Mages, IIe partie de cet ouvrage.
Il semble bien que la Kabbale a adopté cet ordre de planètes afin de souligner que le centre
de l'équilibre est le Soleil représenté par le Tau.
Il est évident que dans la transcription du S. I. il a été commis une erreur en attribuant
au Tau la correspondance de Jupiter et non au Soleil, centre de l'équilibre de notre système
et qui, dans l'ordre planétaire de la Kabbale, occupe sa place naturelle.
Cette erreur est involontaire ou volontaire si l'auteur a voulu occulter le sens exact du
l i v r e . .
(1) Expression ayant rapport à l'année juive.
(2) Ce verset donne la règle des transpositions.
Dans le microcosme les sept doubles représentent les organes de la tête de l'homme.
Ainsi elles appartiennent à la région du Schin.
Remarque curieuse : les organes doubles sont représentées par des lettres dont l'hiéro-
glyphe est de forme analogue: l'œil droit, le beth et l'œil gauche le caph ; la narine droite, le
daleth et la narine gauche, le resh. Enfin l'oreille gauche est bien représentée par le phé, tandis
que la droite l'est par le gimel, hiéroglyphe qui se rapproche le plus du phé.
Le centre d'équilibre, l'organe par lequel entre le souffle de vie et sort le Verbe, est
représenté par la lettre Tau.
Nous avons ici le cycle de Vie entre l'Aleph et le Tau. Aleph fait battre le cœur, respirer
les poumons pour donner la vie à l'incarné, mais c'est par le Tau que rentre l'air matériel.
D'un autre côté, la Vie, donnée par Aleph, se manifeste par le Tau — le Verbe.
Derechef nous retrouvons l'Alpha et l'Oméga, le commencement et la fin qui se mani-
festent d'une manière très nette dans l'incarné.
Chaque lettre des sept est nommée double, car elle porte en elle-même la qualité et le
défaut, le + et le — .
C'est le monde du libre arbitre, de l'initiative humaine qui peut orienter un événement
vers le bien ou vers le mal.
Par contre, les douze lettres, dites simples, sont celles que l'homme ne saurait influencer.
Elles sont les douze frontières dans lesquelles viennent se développer toutes les manifestations
de la Vie du Microcosme et du Macrocosme.
En Astrologie, la succession des signes du Zodiaque est invariable et ils influencent
l'homme naissant dans un ordre de rapports absolument fixes. Il n'en est pas de même des
planètes dont les positions les unes par rapport aux autres sont variables à l'infini. Elles indivi-
dualisent et impressionnent profondément l'homme en lui donnant un caractère personnel.
Car, en somme quelles sont les dominantes dans la vie de l'homme ?
Ce ne sont pas ses fonctions physiologiques qui échappent à sa volonté, mais bien sa
pensée, son verbe, ses décisions dont il est le maître incontesté.
C'est le domaine du Schin où se développent les forces des sept doubles. C'est l'union de
l'Ais-Aisha, le ternaire divin, l'IEV, avec lequel elles s'accordent et résonnent comme les cordes
d'un instrument de musique.
CHAPITRE V

1. — Douze simples : hé, vau, zaïn, heth, tet, yod, lamed, nun,
samesh, haïn, tzade, koph. Leur fondement : la parole, la pensée, la marche,
la vue, l'ouïe, l'action, la copulation, l'odorat, le sommeil, la colère, l'appétit,
le rire.
2. — Douze simples : hé, vau, zaïn, heth, tet, yod, lamed, nun,
samesh, haïn, tzade, koph. Douze frontières diamétrales : la frontière du
Haut-Orient, la frontière du Nord-Est, la frontière du Bas-Orient, la
frontière du Haut-Sud, la frontière du Sud-Est, la frontière du Bas-Sud,
la frontière du Sud-Ouest, la frontière du Haut-Ouest, la frontière du Bas-
Ouest, la frontière du Nord-Ouest, la frontière du Bas-Nord (i). Elles
vont à l'infini (à l'Eternel) et cela est la frontière du Monde.
3. — Douze simples : hé, vau, zaïn, heth, tet, yod, lamed, nun,
samesh, haïn, tzade, koph. Il les traça, façonna, fit les combinaisons et les
transpositions, pesa et créa par elles les douze signes du Zodiaque dans
le monde, les douze mois de l'année, les douze guides (chefs) dans le corps
de l'homme et dans celui de la femme.
4. — Douze signes du Zodiaque : le Bélier, le Taureau, les Gémeaux,
l'Ecrevisse, le Lion, la Vierge, la Balance, le Scorpion, le Sagittaire, le
Capricorne, le Verseau, les Poissons.
5. — Douze mois de l'année : Nissan, Jar, Sivan, Tammaze, Ar,
Hellul, Tichry, Hechvan, Kisler, Tevet, Chevat, Avar.
6. — Douze guides dans le corps de l'homme et de la femme : deux
mains, deux pieds, deux reins, la bile, les boyaux, le foie, l'estomac :
« Kerkevok » ; l'estomac : « Keva » (2) ; la rate.
7. — De la première (probablement du premier groupe de trois
lettres), il désigna la lettre hé pour régner sur la parole et la couronna

(1) Il y a là probablement une erreur puisqu'il n'y a que onze frontières, la frontière du
Haut-Nord étant omise, volontairement ou non.
(2) Cette division de l'estomac en deux parties était observée par les Romains : « Stomachus
et cargo ».
d ' u n e c o u r o n n e , fit les c o m b i n a i s o n s e t c r é a p a r elles le s i g n e d u B é l i e r
d a n s le m o n d e , N i s s a n d a n s l ' a n n é e e t la j a m b e d r o i t e d a n s le c o r p s d e
l ' h o m m e e t d e la f e m m e .
D u p r e m i e r ( g r o u p e ) il d é s i g n a la l e t t r e vau p o u r r é g n e r s u r la p e n s é e
e t fit les c o m b i n a i s o n s e t c r é a p a r elles le s i g n e d u T a u r e a u d a n s le m o n d e ,
J a r d a n s l ' a n n é e e t le r e i n d r o i t d a n s le c o r p s d e l ' h o m m e e t d e la f e m m e .
D u p r e m i e r ( g r o u p e ) il d é s i g n a la l e t t r e z a i n p o u r r é g n e r s u r la
m a r c h e , la c o u r o n n a d ' u n e c o u r o n n e e t fit les c o m b i n a i s o n s e t c r é a p a r
e l l e s le s i g n e d e G é m e a u x d a n s le m o n d e , S i v a n d a n s l ' a n n é e e t la j a m b e
g a u c h e d a n s le c o r p s d e l ' h o m m e e t d e la f e m m e .
8. — D u s e c o n d ( g r o u p e ) il d é s i g n a la l e t t r e heth p o u r r é g n e r s u r la
v u e e t la c o u r o n n a a v e c u n e c o u r o n n e e t fit les c o m b i n a i s o n s e t c r é a p a r
elles le s i g n e d u C a n c e r d a n s le m o n d e , T a m a z e d a n s l ' a n n é e e t la m a i n
d r o i t e d a n s le c o r p s d e l ' h o m m e e t d e la f e m m e .
D u s e c o n d ( g r o u p e ) il d é s i g n a la l e t t r e teth p o u r r é g n e r s u r l ' o u ï e
e t la c o u r o n n a a v e c u n e c o u r o n n e e t fit les c o m b i n a i s o n s e t c r é a p a r elles
le s i g n e d u L i o n d a n s le m o n d e , A r d a n s l ' a n n é e e t le r e i n g a u c h e d a n s
le c o r p s d e l ' h o m m e e t d e la f e m m e .
D u s e c o n d ( g r o u p e ) il d é s i g n a la l e t t r e y o d p o u r r é g n e r s u r l ' a c t i o n e t
la c o u r o n n a a v e c u n e c o u r o n n e e t fit les c o m b i n a i s o n s e t c r é a p a r elles le
s i g n e d e la V i e r g e d a n s le m o n d e , H e l l u l d a n s l ' a n n é e e t la m a i n g a u c h e
d a n s le c o r p s d e l ' h o m m e e t d e la f e m m e .
9. — D u t r o i s i è m e ( g r o u p e ) il d é s i g n a la l e t t r e lamed p o u r r é g n e r
s u r la c o p u l a t i o n , la c o u r o n n a a v e c u n e c o u r o n n e e t fit les c o m b i n a i s o n s
e t c r é a p a r elles le s i g n e d e la B a l a n c e d a n s le m o n d e , T i c h r y d a n s l ' a n n é e
e t la b i l e d a n s le c o r p s d e l ' h o m m e e t d e la f e m m e .
D u t r o i s i è m e ( g r o u p e ) il d é s i g n a la l e t t r e noun p o u r r é g n e r s u r
l ' o d o r a t , la c o u r o n n a a v e c u n e c o u r o n n e e t fit les c o m b i n a i s o n s e t c r é a
p a r elles le s i g n e d u S c o r p i o n d a n s le m o n d e , H e c h v a n d a n s l ' a n n é e et
les b o y a u x d a n s le c o r p s d e l ' h o m m e e t d e la f e m m e .
D u t r o i s i è m e ( g r o u p e ) il d é s i g n a la l e t t r e samech p o u r r é g n e r s u r le
s o m m e i l , la c o u r o n n a d ' u n e c o u r o n n e e t fit les c o m b i n a i s o n s e t c r é a p a r
elles le s i g n e d u S a g i t t a i r e d a n s le m o n d e , K i s l e r d a n s l ' a n n é e , l ' e s t o m a c -
K e v a d a n s le c o r p s d e l ' h o m m e e t d e la f e m m e .
10. — D u q u a t r i è m e ( g r o u p e ) il d é s i g n a la l e t t r e a y n p o u r r é g n e r s u r
la c o l è r e , la c o u r o n n a d ' u n e c o u r o n n e e t fit les c o m b i n a i s o n s e t c r é a p a r
elles le s i g n e d u C a p r i c o r n e d a n s le m o n d e , T e v e t d a n s l ' a n n é e e t le f o i e
d a n s le c o r p s d e l ' h o m m e e t d e la f e m m e .
D u q u a t r i è m e ( g r o u p e ) il d é s i g n a la l e t t r e t z a d é p o u r r é g n e r s u r
l ' a p p é t i t (la n u t r i t i o n ) , la c o u r o n n a d ' u n e c o u r o n n e e t fit les c o m b i n a i s o n s
e t c r é a p a r elles le s i g n e d u V e r s e a u d a n s le m o n d e , C h e v a t d a n s l ' a n n é e
e t l ' e s t o m a c - K o r k e v o k d a n s le c o r p s d e l ' h o m m e e t d e la f e m m e .
D u q u a t r i è m e ( g r o u p e ) il d é s i g n a la l e t t r e koph p o u r r é g n e r s u r le
r i r e , l a c o u r o n n a d ' u n e c o u r o n n e e t fit les c o m b i n a i s o n s e t c r é a p a r elles
le s i g n e d e s P o i s s o n s d a n s le m o n d e , A d a r d a n s l ' a n n é e e t la r a t e d a n s le
c o r p s d e l ' h o m m e e t d e la f e m m e .
Il les fit d a n s le g e n r e d ' u n e a u g e , les p l a ç a c o m m e u n m u r , les d i s p o s a
c o m m e en temps de guerre.
Les douze simples représentent les quatre trigones du Zodiaque dans le Macrocosme.
Elles ne sont pas équilibrées sur un point quelconque, car leur stabilité est naturelle et leurs
rapports mutuels fixés immuablement. Elles forment, ainsi qu'on l'a dit, la zone dans laquelle
viennent se développer les manifestations de la vie. Cette zone les influence d'une façon ou
d'une autre, suivant le lieu dans lequel l'événement se réalise, mais le déterminisme est invariable.
Dans le Microcosme, les douze simples appartiennent au domaine de la lettre Mem, gou-
vernant les organes de la vie végétative de l'homme et les membres qui sont les agents de liaison
du corps avec le monde physique.
CHAPITRE V I

1. — Telles sont les trois mères, Aleph, Mem, Schin ; d'elles sont nés
trois pères : l'air, l'eau et le feu ; et des pères, les enfants. Trois pères avec
leurs enfants, sept étoiles avec leur armée, et douze frontières diamétrales.
2. — La preuve de cela, les témoins fidèles : le monde, l'année (le
temps), le corps, douze, sept et trois chefs : le dragon, la sphère et le cœur.
3. — Trois mères, Aleph, Mem, Schin ; l'air, l'eau, le feu : le feu
(monte) en haut, l'eau en bas et l'air prend le milieu entre les deux ; le
signe de cela : le feu porte l'eau ; mem, muette ; schin, sifflante ; aleph
(aër) air, qui occupe le milieu entre eux. Le dragon est au milieu comme
un roi sur son trône (sans mouvement) (1), la sphère dans l'année, comme
un roi dans son royaume ; le cœur dans le corps comme un roi à la guerre.
4. — Dieu opposait une chose contre une autre (Eccl. 7, 14), le bien
contre le mal, et le mal contre le bien ; le bien (2) du bien ; le mal du mal ;
le bien met à l'épreuve le mal, et le mal (en fait autant) du bien ; le bien
est pour les bons et le mal pour les méchants.
5. — Des trois, chacun se tient séparément : une justifie, l'autre
accuse et le troisième fixe l'équilibre entre les deux.
Des sept (planètes, etc...) trois contre trois et une fixant l'équilibre
entre elles.
Les douze sont rangées comme à la guerre : trois amis, trois ennemis ;
trois ressuscitent (raniment), trois tuent. Trois amis, le cœur et les oreilles ;
trois ennemis, le foie, la bile et la langue ; les trois qui raniment, les deux
narines et la rate ; les trois qui tuent, deux ouvertures principales et la
bouche ; et Dieu Roi Fidèle, règne sur tous, éternellement dans Sa Sainte
demeure. Seul Dieu au-dessus des trois, trois au-dessus des Sept, Sept
au-dessus des Douze et tous sont reliés entre eux.

(1) Il est possible que l'auteur fasse ici allusion à la constellation du Dragon, ou, d'après
certaines croyances anciennes d'origine chinoise, à l'axe du monde autour duquel se déplaçaient
tous les astres.
(2) Provenant. -
6. — Telles sont les vingt-deux lettres par lesquelles Ehié, la, levé,
Elohim, Heloïm, levé, Ieve-Zebaoth, Aeloïm-Zebaoth, Schaddaï, Seigneur
avait créé et fait par elles tout ce qui a été créé et tout ce qui doit être créé.
7. — Quand notre père Abraham (qu'il dorme en paix) vint, il regarda,
vit et comprit et scruta et traça et façonna et la création lui réussit car il
est dit : « Et les âmes qu'il fit dans le Haran » (Genèse, 12- 5). Ensuite,
Dieu créateur se dévoila devant lui et l'assit sur son sein et le baisa sur la
tête et l'appela : « Abraham mon ami » et conclut l'alliance avec lui et
avec sa postérité pour toujours, car il est dit : « Et il crut au Seigneur et
il attribua cela à sa droiture » (Genèse 15-6), et il conclut l'alliance avec lui
entre les dix doigts de ses mains et cela est l'alliance de la langue, et entre
les doigts de ses pieds et cela est l'alliance de la circoncision, et il lia les
vingt-deux lettres de la Loi sur la langue et il lui dévoila son mystère ;
il les étendit à travers l'eau, les brûla sur le feu, souffla dessus avec l'éther,
balaya par les sept, les conduisit par-dessus les douze (signes du Zodiaque).
SYNTHÈSE A S T R O L O G I Q U E D U S. I.

Ainsi que le lecteur s'en est rendu compte, le S. I. contient dans ses
allégories, ses nombres et ses correspondances toutes les sciences cosmo-
logiques, ainsi que leurs reflets sur l'homme, prototype de l'Univers.
Ce qui concerne le Macrocosme s'applique au Microcosme, de même qu'en
étudiant l'homme nous étudions l'Univers.
Laissant de côté les nombreuses questions que pose le S.I., cet ouvrage
surhumain dont j'ai essayé de donner un mot à mot exact avec les commen-
taires indispensables, nous allons tenter de reconstituer l'idée de la
Création, idée inséparable du but que se propose ce livre.
Négligeons le système des Sephiroth, base de la numération, dont
nous avons parlé dans un chapitre précédent et étudions les lois de la
Création exposées par le S. I. et leurs hiéroglyphes dans la langue sacrée.
Les trois lettres mères constituent le ternaire Universel.
Aleph a créé l'air (couleur jaune), Mem, l'eau (couleur bleue) et
Schin, le feu (couleur rouge).
Ces trois éléments ont formé l'Univers comme les trois couleurs le
spectre. La création au ternaire fut la création en principe. Le passage du
ternaire au quaternaire, quand parut la terre, le quatrième élément, fut la
transmutation du principe en réalité. Le IEV devient IEVE.
Les trois éléments essentiels sont équilibrés et le poin t de cet équilibre
est Aleph.
Ainsi les trois lettres mères représentent la Trinité prototype, base
de toutes les lois et dont le trait caractéristique est l'équilibre parfait,
c'est-à-dire l'unité.
Ainsi que je l'ai dit plus haut, la lettre créatrice de l'alphabet sacré
est le iod, unité dans l'Eternité.
C'est la première manifestation de l'idée-lumière. C'est le choc de la
première vibration dans les ténèbres du Non-être qui se trouve graphique-
ment démontré par la structure de la lettre iod.
La manifestation complète du triomphe de la Divinité Tau est déjà
contenue dans Aleph, première lettre de l'alphabet, comme une graine
contient en potentiel, en germe, l'arbre entier avec ses branches, ses feuilles
et ses fruits.
Ainsi cette lettre, la première de l'alphabet, symbole de l'air, renferme
potentiellement tout l'alphabet et le développement complet de la langue.
C'est pour cette raison que nous allons étudier sa construction, prototype
des autres lettres hébraïques.
Figurant le symbole de l'air, Aleph présente une coloration générale
jaune, mais la loi dominante de la création étant le ternaire, il faut observer
la formation de cette lettre sous l'angle du ternaire. Le iod (jaune)
agissant sur la promatière (bleu), la sort de l'état passif (inerte). Le choc
de ces deux éléments donne le feu rouge comme résultante.
Ainsi la première lettre Aleph est la manifestation initiale du
ternaire (i).
Point d'équilibre des deux autres éléments du ternaire primordial,
la lettre Aleph renferme en principe (en potentiel) les germes de ces
éléments tout en figurant elle-même le symbole de l'air.
La seconde lettre mère, Mem, est le symbole de l'eau, couleur bleue,
et la troisième est celui du feu, couleur rouge, Schin.
Ainsi qu'on l'a vu, il est facile de dégager de ces lettres, comme des
suivantes d'ailleurs, les principes du ternaire. Celui qui a compris l'idée
créatrice des lettres peut aisément reconstituer leur structure.
Voyons maintenant comment il est possible de faire comprendre
l'idée principale de la création que nous divulgue le S. 1.
L'indéfini iod se manifeste en iod-hé et iod-hé-vau, ce qui produit
7 iod ou les sept vibrations au premier mouvement de la spirale, mouvement
figuré par les sept lettres doubles (2). En même temps, le mouvement de
la spirale se produisant dans la sphère du iod, c'est-à-dire dans le binaire
cosmique à deux foyers, produit le mouvement ellipsoïdal de la première
division de la vie de l'Univers (3).
L'un des foyers est occupé par le Soleil, de qui émane l'énergie vitale,
l'autre, par un agglomérat d'énergie passive condensée (4).
Les sept tours de spirale encadrés dans l'ellipsoïde binaire de notre
monde déterminent 21 points occupés par des lettres créatrices dans leur
ordre, représentant trois groupes produisant les chiffres cabbalistiques,

(1) Le lecteur se rappelle que selon le S. I. l'air aurait formé l'eau et celle-ci le feu
(S. I., I-II, 12), ce qui est mis en lumière dans la première lettre de l'alphabet.
(2) Il convient d'observer que le iod, principe créateur, se développe en iod hé, c'est-à-
dire en ternaire, puis en iod hé vau, c'est-à-dire en quatre iod : le quaternaire. Le passage du
premier élément du schéma au deuxième élément (iod hé), puis au troisième (iod-hé-vau) donne
naissance d'une ligne à l'autre à une spirale.
D'autre part, la figure schéma 22 contient la somme entière des 22 lettres, c'est-à-dire la
lettre synthétique tau. En effet, la ligne horizontale qui souligne le iod indéfini symbolise le
principe passif ou la matière, et la ligne verticale, le principe actif qui la pénètre.
(3) Cette figure est bien connue depuis des siècles chez les Chinois. Ils la nomment :
Yn-Yang. (Différenciation entre deux polarités : passive : In, et active : Iang, réalisant à elles
deux l'unité universelle).
(4) La théorie de l'antipode sombre du Soleil a été exposée par un astronome russe, le
Baron Firx, qui prétend avoir déterminé le point exact où il se trouve dans l'espace bien que
non encore découvert. Selon lui, cet astre sombre peut être observé au télescope chaque année
pendant quelques secondes seulement dans la région de l'Amérique du Sud. D'après la sédui-
sante théorie présentée par cet astronome, chaque astre lumineux, comme le soleil, possède
un astre antipode. D'autre part, le mouvement du Soleil s'effectuerait autour d 'un centre et
serait contrebalancé par l'antipode sombre. Enfin, la mécanique céleste serait uniquement
basée sur ce système de contrepoids.
Cette curieuse théorie s'accorde avec certaines conceptions de la Cabbale. J 'en fais mention
à titre purement documentaire. ,
(FIGURE 22) SCHEMA DE LA SYNTHESE

i groupes dont les séries se prolongent à l'infini. (Voir chapitre : Mathéma-


tique de la Cabbale).
Le mouvement de la spirale universelle est représenté par la figure
; précédente considérée comme la synthèse astrologique du S. 1.
En analysant cette figure, nous voyons que les 21 lettres occupent
leurs places respectives sur les 21 points de la spirale et correspondent
aux signes Zodiacaux et aux nombres. La vingt-deuxième lettre, le Tau,
occupe le foyer de la vie, le Soleil. Elle reflète le Tau Sacré et inconnu,
t placé au-dessus de notre monde.
i
La lettre Beth symbolise la Lune (Voir Première Partie, chap. VII),
c'est-à-dire le Principe Passif dans le monde.
La lettre Caph symbolise Vénus dans le sens Vénus-Uranie ou le
« Cosmos ».
Les autres lettres et signes occupent leurs places originelles. Elles
sont séparées en leur milieu par le signe du Cancer qui figure l'hiéroglyphe
exact du mouvement cosmique et binaire de l'Univers.
Saturne, qui se trouve au Nadir de la croix Cosmique est formé
par cette croix traversée par la lettre Resh (i), d'où son hiéroglyphe
(matière condensée).
Tous ces signes, avec leurs colorations originelles, s'influencent
réciproquement par le spectre central, ce qui détermine leurs couleurs
caractéristiques, dont nous retrouvons les correspondances dans les
pierres précieuses.
Le mot couleur ne doit pas être interprété ici seulement dans son
acceptation propre. Il exprime également les traits caractéristiques qui
définissent l'identité des gemmes.
On pourrait donner un développement considérable aux idées que je
viens d'exposer et qui se dégagent du S. I. Mais il convient de se limiter.
Celui qui veut et qui peut saura à la clarté de la lumière intérieure faire
reculer les horizons de la Vraie Science.

(1) La lettre Resh, « resh qui a créé Satutne ». Voir chap. IV, verset 12 du Sepher Ietzirah.
BIBLIOGRAPHIE

AGRIPPA C. — Philosophie occulte.


BERASCHOT. — Gemara Babylonienne.
BOEHME J. — De la triple Vie de l'Homme.
DIONYSI AREOPAGITOE. — De Coelesti Hierarchia.
ECKARTSHAUSEN. — La Science des Nomhres.
ELIPHAS LÉVI. — Dogme et Rituel de Haute Magie.
FABRE D'OLIVET. — La Langue hébraïque restituée.
FIRMICUS. — Traité des Mathématiques célestes.
FLUDD R. — Tractatus Apologeticus.
FLUDD R. — De Astrologia.
FRANCK A. — Dictionnaire philosophique.
GOPALA AIER B. A. — The Chronology of Ancient India.
STANISLAS DE GUAITA. — Œuvres.
MARC HAVEN. — Articles parus dans l'Initiation.
HERMES TRISMEGISTE. — Poimandres. - Asclepios.
J. A. L. — Mystères des Destinées.
JUNCTIN DE FLORENCE. — Speculum Astrologiae.
KETMIA VERE. — Le Compas des Sages (manuscrit).
KIRCHER. — Œdipus Mgyptiacus.
KUNRATH H. — Amphitheatrum Sapientiae Œternae.
LACURIA. — Les Harmonies de l'Etre exprimées par les nombres.
LENAIN. — La Science cabbalistique.
LŒB. — Cabbale.
MATERNUS J.-F. — Mathématiques occultes.
MAURY A. — Magie et Astrologie.
MEYER LAMBERT. — Commentaires sur le Sepher Ietzirah (par Gaon Saadya
de Fayoum).
MOISE. — Lévitique.
MOLITOR J.-F. — Philosophie de la Tradition.
MORIN DE VILLEFRANCHE. — Astrologia Gallica.
OSWALD. — Philosophie de la Nature.
PASCAL. — Les Lois de la Destinée.
PAPUS. — Le Tarot des Bohémiens. - La Cabbale.
PARACELSE I. — De Natura rerum.
PTOLÉMÉE. — Centiloque.
REUCHLIN. — De Cabbala.
SAINT YVES D'ALVEYDRE. — Archéomètre.
SEPHER HA ZOHAR, trad. Jean de Pauly.
SEDIR. — Le Fakirisme hindou.
TALMUD.
VURGEY. — L'Ame, les sept Principes de l'Homme et Dieu.
Manuscrits anciens, p r o p r i é t é de l'auteur, o u consultés dans plusieurs bibliothèques
d'Orient.
P o u r les textes bibliques, c o n s u l t e r l'édition de la Société biblique b r i t a n n i q u e (1888,
Vienne).
II

ROTA
OU
« LA ROUE CÉLESTE »
INTRODUCTION

« O v r a delle R o t e m a g n e che drizzou.


Ciascum seme ad aleum fine, s e c o n d o che stelle
son c a m p a g n e ».
DANTE (Purgatoire, X X V , 109.)

Tout d'abord, j'adresse de vifs remerciements aux lecteurs de mon


livre « Essai d'Astrologie Cabbalistique » pour l'accueil bienveillant qu'ils
ont fait à cet ouvrage. Les nombreuses lettres que j'ai reçues témoignent
de l'intérêt qu'ont provoqué des idées, filles de l'Ancienne Sagesse. Je me
suis rendu compte que ces dernières, brièvement exposées dans « l'Essai »,
devaient être développées.
Le travail que je présente aujourd'hui n'est pas un traité d'Astrologie,
mais est, néanmoins, étroitement lié avec « l'Essai » dont il étudie certaines
questions qui n'ont pu être traitées aussi amplement que je l'aurais désiré
dans un livre se rapportant à une seule branche de la science antique,
l'Astrologie. Les pages qui suivent commentent l'évolution du Verbe
dans l'hiéroglyphe et expliquent comment on retrouve les lois qui régissent
l ' U n i v e r s . C e s p a g e s s ' a d r e s s e n t à c e u x q u i s o n t m û r s p o u r r e c e v o i r

l'enseignement ésotérique.
Dans notre siècle matérialiste où tout le labeur du cerveau humain
est orienté vers le maximum de confort matériel avec le minimum d'effort
pour réaliser un paradis terrestre, les masses rejettent toute spiritualité, et
la devise : « Panem et circenses » régit l'humanité entière. Mais à côté de cet
asservissement à la matière subi par la collectivité, il y a des élus que ne
contente pas la science officielle qu'ils jugent insuffisante. Ils sentent que
la vérité est ailleurs. Ils cherchent d'autres voies, d'autres lumières.
La foi, la religion sont en butte aux coups de l'athéisme et ne peuvent
garder la place qu'elles occupaient jadis dans l'âme de l'homme actuel.
Ce dernier a progressé et considère qu'il ne peut plus se contenter de
mythes bons pour des enfants. Pourtant ceux qui ont pu garder une foi
intacte sont les plus heureux.
Mais l'homme actuel est comme Saint Thomas : il veut tout scruter,
tout expliquer, se rendre compte de tout.
Mon but n'est pas de critiquer les dogmes religieux, mais, au contraire,
de les renforcer en glissant sous leurs édifices chancelants la base solide
et millénaire de la science antique, qui était étroitement liée avec la religion
dont elle dérivait.
Croire et savoir ne faisaient qu'un pour les Initiés, car leur science
constituait les fondements de la croyance du peuple dont ils conduisaient
les destins. Et cette croyance recevait des preuves incontestables de leur
savoir.
La religion et la science marchaient de pair, nées toutes deux de la
révélation.
De ce point de vue, on peut dire que la religion était scientifique, et
la science, religieuse. Aussi, les thèses basiques de la création du monde,
comme par exemple celle du Ternaire équilibré, entrèrent dans toutes les
conceptions religieuses et parvinrent jusqu'à nous sous la forme du dogme
mystérieux de la Sainte Trinité. Cette idée lumineuse pour les anciens
Initiés devint un mystère qu'il ne faut pas discuter sous peine d'ébranler
la foi. Les matérialistes disent que c'est une absurdité, comme ils proclament
que toute religion n'est qu'un narcotique pour les peuples. Mais, par quoi
a-t-on remplacé ces dogmes, qu'on croit avoir réduits à rien avec tant de
facilité ?
Par des hypothèses fumeuses issues de l'orgueil humain ! Les décou-
vertes de la science actuelle lui démontrent l'absurdité de ces hypothèses
et font s'écrouler cet édifice laborieusement élevé sur du sable. Elle en
poursuit la reconstruction à l'aide de nouvelles hypothèses... Seuls, les
enseignements de l'ancienne Sagesse survivent à travers les siècles, ensevelis
sous des apparences diverses.
Le Sphinx, les Pyramides, les Ziggurath des Babyloniens, l'Alphabet
sacré des Hébreux, enfin la Sainte Trinité des Chrétiens, en sont des
expressions indéniables en même temps que des preuves de la Révélation.
Ces monuments constituent les mailles éparpillées dans diverses doctrines
d'une chaîne unique, qui suit la marche de l'humanité à travers les siècles.
Le matérialisme qui règne dans le monde mène l'humanité à sa perte.
Toute idée spiritualiste a disparu ; la bête gronde dans l'homme prête à
le déchirer et à le précipiter dans l'abîme du vice et des ténèbres morales.
C'est en vain que les représentants des diverses religions cherchent
à le rappeler à la lumière et à réveiller en lui la foi, «ils crient dans le désert».
Les oreilles des hommes-bêtes sont sourdes et ne les entendent plus.
La science athée, qui mène l'humanité actuelle, a fait sombrer la religion.
C'est pourquoi ceux qui ont pu conserver « la lampe brûlante dans
les ténèbres » doivent élever la voix pour appeler sur le chemin de la
lumière les hommes épris de vérité.
Les temps sont venus pour découvrir partiellement les choses qui sont
restées ensevelies sous les voiles du mystère pendant des siècles et per-
mettre ainsi aux chercheurs vertueux de s'orienter vers l'évolution suprême.
Le lecteur attentif trouvera dans ce livre des idées et des théories qu'il
cherchera en vain ailleurs. De ce point de vue, ce travail est initiatique.
L'intérêt n'est pas dans la compilation, mais bien dans certaines
données, publiées pour la première fois. Celles-ci sont dispersées dans
l'ouvrage, mais celui qui voudra et qui sera mûr pour les recevoir, trouvera
et reconstruira l'idée dominante de la doctrine.
J'ai dit beaucoup et peu. Beaucoup, car, avant moi, il n'en a été dit
autant sur certains sujets. Peu, car rien n'a été divulgué de ce qui peut être
utilisé comme force nocive.
Je n'ai rien découvert. Ce que j'ai reçu, je le donne, et je le donne,
car je suis autorisé à le faire.
Mon seul but est que ce livre aide à réveiller dans l'homme l'Esprit
Divin et que ceux qui cherchent une issue, qui étouffent et se débattent
dans la matière, trouvent ici des jalons qui leur permettent le retour vers
la lumière de la Source Eternelle.
CHAPITRE I

EXPOSÉ GÉNÉRAL

Dès son apparition sur cette planète, l'homme étonné admire ou craint
les phénomènes du monde qui l'entourent ; puis, il les scrute, s'efforce
de leur donner des causes et de les soumettre à un certain ordre.
L'homme primitif était très près de la nature, il sentait la vie qui
l'entourait, mais sans la comprendre.
Un phénomène quelconque lui semblait un miracle qu'il était tenté de
considérer comme une manifestation de la Divinité.
C'est ainsi qu'est née la conception du bien et du mal. Tout ce qui
semblait agréable et salutaire à l'homme lui paraissait une émanation d'un
dieu bienveillant ; par contre, ce qui l'effrayait ou lui causait une douleur
ne pouvait être que le geste d'un dieu nocif.
Ainsi, le Soleil, ce foyer de lumière et de chaleur, s'apparente à une
entité bienfaisante opposée à celle de la nuit, génératrice de toutes sortes
de dangers.
La raison humaine s'efforça d'abord de classer les phénomènes et plus
tard de leur donner une explication. Mais l'homme, en progressant, s'écarte
de plus en plus de la nature ; ses théories erronées le rendent orgueilleux
et détruisent en lui la crainte sacrée.
Les Sages de l'Antiquité préhistorique, j'entends ceux qui étaient pré-
destinés par le Créateur pour guider l'humanité, avaient reçu, par révélation,
la connaissance des principes ayant servi de base au développement du
monde cosmique.
J'insiste sur cette thèse. La révélation avait-elle été directe de Dieu
au premier homme ? ou les demi-dieux mythiques des Ecritures avaient-ils
agi comme des intermédiaires ayant mission de développer l'œuvre créatrice
en imposant aux humains certaines lois fondamentales ? Quoi qu'il en soit,
l'étude comparée de toutes les religions primitives permet d'affirmer que
ces dernières ont puisé à la même source.
Dans la suite des temps, ces religions évoluèrent en masquant ces
principes fondamentaux sous des voiles particuliers à chaque race.
Ces différenciations amenèrent, par voie de conséquence, le nationa-
lisme dans les différents concepts religieux.
Aujourd'hui, dans un siècle imbu de théories matérialistes, la Science
s'oppose à la religion et déclare la guerre au dogme.
Prenant comme base des axiomes douteux, la Science contemporaine
prétend tout démontrer en dehors de Dieu, niant de parti-pris tout ce qui
échappe à sa compréhension. Mais, comme le principe primordial de toute
création, la Vie ne se prête pas à ses investigations, elle est prête à nier
celui-ci. En effet, en assimilant la Vie à une force spirituelle indépendante
de notre monde physique, les savants devraient admettre l'existence de la
Source de cette Vie qui se confond avec l'Etre suprême.
Nous vivons ; tout vit ; gloire à la Source unique, à la Vie Eternelle !
Le matérialisme nous conduit tout droit à l'athéisme, au communisme
et à tous les malaises sociaux dont souffre l'humanité présente. Nous
sommes acculés dans une impasse et nous cherchons en vain une issue.
Si cette situation persiste, nous risquons d'être écrasés par de nouvelles
vagues humaines ayant suivi les mêmes fausses routes.
Le salut n'est possible qu'en empruntant une autre voie. Que le lecteur
veuille bien me suivre. Nous allons retourner sur nos pas et nous efforcer
de trouver dans l'anciti.ne Sagesse des lueurs qui nous guideront vers le
progrès spirituel.
J'ai dit plus haut que les bases des anciennes religions étaient
communes. Je vais essayer de le prouver.
Envisageons la Création. Chacun connaît le récit mythique du livre
de la Genèse. Mais, on ignore généralement que ce livre traduit de l'hébreu
a perdu son sens ésotérique par suite de l'impossibilité que présente la
langue hébraïque d'être rendue dans nos langues purement phonétiques.
Abandonnons pour le moment cette considération et examinons la légende
de la création dans son sens exotérique — celui qui nous est parvenu —
et comparons-le à la même légende égyptienne.
Selon certains hiéroglyphes égyptiens (i), la création se produisit
ainsi : Avant le commencement de la manifestation du pouvoir créateur,
il y avait l'abîme, Nom, au-dessus duquel planait l'Esprit de Dieu, Atoum.
Il se dit à lui-même : « Viens vers moi » et « un fut deux ». Or, du principe
de l'Unité émane celui de la Dualité, l'affirmation et la négation, l'attraction
et la répulsion, le masculin et le féminin, etc... Ainsi, la première mani-
festation fut la division de l'unité en deux pôles opposés — le binaire.
« Et ils (ces deux pôles de l'Unité, de l'Unique Dieu créateur) créèrent
le soleil, Ra ». Dans la Genèse hébraïque, Dieu, dans son acte créateur,
est appelé JEloïm, ce qui veut dire « Nous les dieux ».
L'Esprit primordial qui existait « avant les temps », Atoum des ;
Egyptiens, correspond à Ain-Soph de la Cabbale hébraïque.
N'est-ce pas le même nom sacré de Dieu qui est constamment répété
dans les temples du Thibet : Aoum-Aoum ? L'origine paraît la même.
La composition du nom Atoum est aussi extraordinaire que profonde.
C'est l'Aleph joint au Tau, la première et la dernière lettre de l'alphabet
sacré, l'Alpha et l'Oméga de l'Apocalypse. « Je suis l'Alpha et l'Oméga,
le commencement et la fin », dit Dieu dans la vision de Saint Jean.
Aleph et Tau sont réunis par la lettre Vau (ou), qui exprime le lien

(i) Inscription relevée sur un sarcophage thébain.


des choses, à la lettre Mem, la mère physique de toute création (Ma, la
mère dans toutes les langues) (i).
Ainsi ressort d'emblée l'idée de Dieu, Vie de toute chose créée. Il
conquis l'abîme : Nom, les ténèbres, le non-être, la négation. La lettre « n »,
qui caractérise ce nom, est celle de la négation dans presque toutes les
langues développées. (« Son lo spirito que nega », dit Méphistophélès).
D'un autre côté, pour que l'acte créateur et actif, positif, puisse se
manifester, il lui faut l'opposition du passif et du négatif, comme il a fallu
les ténèbres pour que la lumière puisse se manifester, le non-être pour que
l'être resplendisse. C'est pour cela que les Hébreux considèrent la racine
NOM comme l'image du nœud qui réunit l'être et le néant en vivifiant
ce dernier.
Ainsi, la première manifestation de la Création — d'après les enseigne-
ments égyptiens — fut le dédoublement : « Un fut deux ». L'enseignement
de la Genèse, sous une autre forme, est identique : « Et Dieu sépara la
lumière des ténèbres ». Le premier acte fut donc celui d'introduire l'oppo-
sition des deux pôles. Ainsi furent créés le matin et le soir du premier jour.
Cet acte se continue plus loin dans la division des eaux, « celles en haut
de celles en bas ». Puis les eaux furent séparées de la terre.
D'après la doctrine égyptienne, l'acte de division du créateur Atoum
se développe ainsi : il tire de lui-même un premier couple d'enfants, Shou
l'air, et Tefnut le vide. Ceux-ci produisent un second couple Geb (la terre)
et Nout (le ciel).
Ainsi, après le premier principe de l'unité de Dieu, principe de base
de toutes les anciennes religions, aussi bien que de la religion chrétienne,
vient celui de la division : « Je suis Un, devenu Deux, je suis Deux devenu
Quatre, je suis Quatre devenu Huit, mais je suis Un », nous enseigne
l'Egypte. (Inscription relevée sur un sarcophage de la XXIIe dynastie).
« Les dieux sont les membres du Seigneur, ce sont les iEloïm de la
Genèse ».
Dieu, le Seul, l'Un, l'Atoum de l'Egypte, l'Aoum du Thibet, l'Aïn-
Soph de la Cabbale, est en dehors du monde. « Personne n'a jamais vu

(i) Sous le règne d'Amenophis IV qui prit le nom Ikhou-n-aton (le plaisir d'Aton),
le culte du dieu Amon Ra, reflet du mystérieux Atoum, fut remplacé par celui d'Aton.
Les noms du dieu Amon furent effacés dans les temples et ses fidèles furent persécutés.
Il paraît extraordinaire qu'un simple changement de nom puisse provoquer une crise religieuse
d'une telle importance.
Mais, du point de vue des prêtres égyptiens, cette modification constituait, non seulement
une trahison, mais surtout un sacrilège.
Le dieu Amon-Ra représentait le Soleil, fécondateur de la terre. Il avait été créé, comme
nous l'avons dit, par le mystérieux et suprême Atoum celui dont le nom ne devait pas être proféré
par la bouche de l'homme. C'était le Ièvé des Hébreux...
Et voici qu'un non-initié dévoile ce mystère des mystères et met le comble au sacrilège
en déformant ce nom sacré...
L'hymne d'Aton montre à quelle hauteur s'élevait la religion des Egyptiens (Davies,
E l A.?narna, IV, pp. 32-33) ainsi que l'enseignement occulte des sanctuaires égyptiens relatif à
cette Divinité — Atoum le Dieu-Un — créateur de l'Univers.
Les Egyptiens attachaient,au nom une importance primordiale. Nous avons vu comment
était composé le nom d'Atoum. Celui d'Aton était regardé comme une hérésie et plus encore
comme un blasphème. Car, dans ce dernier nom, Dieu, source de vie, s'unissait, non à la mère
Nature pour régner sur le monde vivant, mais bien au néant, à la négation, à la mort.
On comprend très bien que les prêtres, après la mort de Ikhou-n-aton, aient rénové le culte
d'Amon-Ra et détruit férocement tout ce qui pouvait rappeler le sacrilège. C'est pourquoi
ils violèrent le tombeau du Pharaon hérétique pour y détruire toutes les traces de son œuvre
néfaste.
D i e u n u l l e p a r t », d i t S a i n t P a u l . Ce s o n t « ses m e m b r e s » ( i ) q u e n o u s
v o y o n s o u p l u t ô t q u e n o u s sentons p a r t o u t et dans tout.
L e c h i f f r e e x p r i m a n t le d é v e l o p p e m e n t d é f i n i t i f d e la C r é a t i o n e s t : n e u f .
C a r , a y a n t t e r m i n é l ' a c t e d e la c r é a t i o n a p r è s a v o i r d é v e l o p p é ses h u i t
m e m b r e s , D i e u r e v i n t a u r e p o s ( G e n è s e , I), à l ' U n i t é , q u i e s t le d i x ( i + o ) .
Les m e m b r e s d u Créateur c o n t i n u e n t s o n œ u v r e éternellement, mais « Lui »
s ' e s t r e t i r é « d e h o r s le m o n d e ». C ' e s t p o u r c e t t e r a i s o n q u e la b a s e d e
n o t r e n u m é r a t i o n d é c i m a l e r é p o n d à la l o g i q u e . C ' e s t a u s s i p o u r cela q u e
le n o m d o n n é à l ' h o m m e — p o i n t c u l m i n a n t d e la C r é a t i o n — e s t A d a m ,
ce q u i r é p o n d e n h é b r e u a u c h i f f r e n e u f (2). A p r è s l ' h o m m e , il n e f u t r i e n
c r é é s u r l a t e r r e , a u - d e s s u s d e lui il y a D i e u , l ' U n i t é s u p r ê m e .
R e v e n o n s a u x t h è s e s q u i c o n s t i t u e n t les b a s e s d e s r e l i g i o n s e t q u i
o n t é t é a d o p t é e s p a r le C h r i s t i a n i s m e .
N o u s s a v o n s q u e D i e u — E t r e i n c o n n u et s u p r ê m e — source de V i e
d e l ' U n i v e r s , e s t Un. N o u s s a v o n s é g a l e m e n t q u e s o n p r e m i e r a c t e c r é a t e u r
f u t la d i v i s i o n d e l ' U n i t é , l ' o p p o s i t i o n d e s p ô l e s , le b i n a i r e . C e b i n a i r e
r é a l i s é , le + e t le — , le O u i e t le N o n , d e v a i e n t s ' é q u i l i b r e r e t p a r s u i t e
d o n n e r n a i s s a n c e a u t e r n a i r e (la T r i n i t é c h r é t i e n n e ) . N o u s r e t r o u v o n s
c e t t e i d é e d e la T r i n i t é d a n s t o u t e s les r e l i g i o n s a n c i e n n e s . « J e s u i s D i e u
U n , m a i s t r o i s d i e u x s o n t e n m o i » (3).
C e q u i e x p r i m e la T r i n i t é : O s i r i s , I s i s e t H o r u s , d e s s a n c t u a i r e s
égyptiens.
« Il l e v a les y e u x e t r e g a r d a e t t r o i s h o m m e s se t e n a i e n t d e v a n t l u i » (4)
e s t - i l d i t d a n s la d e s c r i p t i o n d e la v i s i o n d e D i e u p a r A b r a h a m d a n s le
d é s e r t d e M a m r a . C h e z les H i n d o u s , c ' e s t B r a h m a , V i s c h n o u e t S c h i v a .
C h e z les O r p h i q u e s , Z e u s , D e m e t e r e t D i o n i s o s . C ' e s t l ' u n i o n d e s d e u x
p r i n c i p e s o p p o s é s d ' H é r a c l i t e (5) se m a n i f e s t a n t d a n s la m a t i è r e p a r l ' é q u i -
l i b r e d e l ' a t t r a c t i o n e t d e la r é p u l s i o n . E n f i n , ce s o n t les t r o i s d i m e n s i o n s
d a n s l ' e s p a c e ( l o n g u e u r , h a u t e u r e t l a r g e u r ) e t les t r o i s t e r m e s d a n s le t e m p s
(présent, passé, futur).
« T r o i s l e t t r e s m è r e s , l e u r t r a i t e s t la c o u p e d e j u s t i c e , la c o u p e d e c u l p a -
b i l i t é e t la loi q u i p o s e l ' é q u i l i b r e e n t r e elles », e n s e i g n e a u s s i la C a b b a l e (6).
L a trinité p a ï e n n e s'écartait des c o n c e p t s chrétiens et h é b r a ï q u e s .
E l l e se c o m p o s a i t t o u j o u r s d u p r i n c i p e m a s c u l i n et f é m i n i n , d o n t la r é u n i o n
d o n n a i t n a i s s a n c e à l ' e n f a n t , a u fils — p a s s a g e a u q u a t e r n a i r e m a t é r i e l .
L a T r i n i t é d e s C h r é t i e n s est c o n s t i t u é e p a r D i e u le P è r e , le F i l s e t le
S a i n t - E s p r i t . C ' e s t le P è r e q u i c r é a le m o n d e e n t i e r , v i s i b l e e t i n v i s i b l e .
L e F i l s e t le S a i n t - E s p r i t n e s o n t p a s c r é é s , m a i s d e s c e n d e n t d u P è r e s e l o n
l ' e n s e i g n e m e n t p r i m i t i f de l'Eglise chrétienne.
L e s C a t h o l i q u e s , e n i n t r o d u i s a n t le « F i l i o q u e » d a n s le C r e d o , c ' e s t -
à - d i r e , e n a f f i r m a n t q u e le S a i n t - E s p r i t d e s c e n d d u F i l s a u s s i b i e n q u e d u
P è r e , s ' é l o i g n e n t d u t e x t e d e l ' E v a n g i l e d a n s l e q u e l le C h r i s t d i t à ses
d i s c i p l e s : « J e v o u s e n v e r r a i le C o n s o l a t e u r , l ' E s p r i t d e la V é r i t é qui descend
du Père » (7).
O r , l ' E g l i s e d e R o m e a m i s le F i l s à la p l a c e d e l ' E t r e f é m i n i n d e la

(1) Texte de Shabaka : « L'Ennéade c'est aussi les dents et les lèvres de cette bouche
qui proclame le nom de toute chose ».
(2) A.D.M. = 40 + 4 + 1 = 9.
(3) Livre d'Apophis.
(4) Genèse XVIII.
(5) Héraclite, De Natura.
(6) Sepher Ietzirah.
(7) Evangile de Saint Jean, XV, 26.
trinité païenne. Ainsi, de l'union des deux premières hypostases de la
Sainte-Trinité, naquit la troisième.
L'Eglise Orthodoxe protesta contre cette altération au Concile de
Nicée et conserva à l'enseignement du Christ son caractère originel.
D'après la Cabbale, la Trinité est représentée par les trois premiers
Sephiroth : Kether, Bina et Hochma.
Enfin, ainsi que nous l'avons dit plus haut, la Trinité ou ternaire,,
est la loi fondamentale de la Création, celle de l'équilibre universel. Tout
est basé sur cet équilibre sans lequel l'Univers ne saurait exister.
Cette loi, qu'on ne l'oublie pas, se retrouve dans tous les enseignements
de l'Antiquité. Héraclite en formula le principe — Anantia, « le contraire »,
— l'opposé, qui doit s'équilibrer. Son éclair, qui « jaillit entre deux pôles
opposés et qui guide tout », est représenté chez les Egyptiens par l'union
des sexes opposés. C'est le Vau (union) qui réunit Iod (principe actif à
He principe passif) d'où naît le nom sacré des Hébreux 1 E V.
Mais, comme dans le monde matériel, toute union doit donner un
fruit, le IEV se transforme en Ieve. Le Ternaire divin se développe en
quaternaire matériel. « Trois en Dieu — Quatre dans le monde », dit
Schelling (i).
Comme trois est un chiffre divin et inconnu, quatre est celui de la
réalisation, c'est le développement du ternaire suprême dans le monde
matériel, le fruit né de l'union primitive. Il représente les quatre bouts
du monde, les limites de l'univers visible.
Les combinaisons du chiffre divin avec le chiffre matériel donnent
naissance aux deux chiffres de base suivants pour le monde matériel :
3 + 4 = 7 et 3 X 4 = i2.
Sept, c'est le chiffre de la gamme universelle (7 notes, 7 couleurs du
spectre, 7 jours de la semaine, 7 planètes,etc.).
D'après la Cabbale, il s'est formé par deux trinités équilibrées sur
l'unité : « Trois contre trois et une qui tient l'équilibre entre elles » (2).
Enfin, douze se décompose en quatre ternaires disposés aux quatre
coins de la croix astronomique.
Les Babyloniens construisent des tours Ziggurat à sept étages pour
rappeler au peuple la gamme universelle.
Les Pyramides des Egyptiens, qui renferment tant de secrets, repré-
sentent entre autres, par leurs formes, quatre triangles réunis en un seul
point au-dessus du sol. Ainsi, nous retrouvons dans ces monuments
admirables tous les chiffres basiques écrits depuis des milliers d'années
pour que l'humanité ne les oublie pas. Un, est le sommet ; trois, constitue
le triangle latéral ; quatre, est le carré de fondation matérielle ; sept,
est la somme de trois et de quatre, et douze, leur multiplication.
Enfin, en additionnant 3 + 7 + 12, nous obtenons le nombre 22
qui est celui des lettres de la langue sacrée, ayant pour base les Lois Uni-
verselles. D'autre part, ce nombre est contenu dans Un — l'Unité « Mais,
je suis un ».
Le nom même des Pyramides, ces édifices grandioses qui à travers les
millénaires ont gardé les secrets de la Sagesse, signifie : « Sortie de la terre,
ressuscité », Pir-m-us (3).

(1) Schelling, Phyl. des Offentarung.


(2) Sepher Ietzirah.
(3) Pir-m-har-u, libre des morts, sorti vers la lumière des ténèbres de la mort.
A u c o u r s d e ce t r a v a i l , n o u s a u r o n s l ' o c c a s i o n d ' é t u d i e r ces l o i s p l u s
p r o f o n d é m e n t . R e v e n o n s m a i n t e n a n t à la c r é a t i o n d u m o n d e , p o i n t d e
d é p a r t d e la V i e d e l ' U n i v e r s . C o m m e n t s ' e s t p r o d u i t c e t a c t e i n i t i a l ?
C o m m e n t la p e n s é e c r é a t r i c e s ' e s t - e l l e m a n i f e s t é e p o u r r é a l i s e r l ' h o m m e
e t t o u t ce q u i n o u s e n t o u r e ?
S a i n t J e a n c o m m e n c e s o n E v a n g i l e p a r ces m o t s : « A u c o m m e n c e m e n t
f u t le V e r b e ». « L a P a r o l e D i v i n e é b r a n l a le m o n d e e t à m e s u r e q u ' i l
s ' é b r a n l a i t , la L u m i è r e p a r u t » ( i ) d i t H e r m è s T r i s m é g i s t e . « J ' a i c r é é
t o u t e s les f o r m e s a v e c ce q u i e s t s o r t i d e m a b o u c h e a l o r s q u ' i l n ' y a v a i t n i
c i e l n i t e r r e » d i t A t o u m ( P a p y r u s d e N e s m i a ) . O n r e t r o u v e la m ê m e p e n s é e
s u r u n e s t è l e d u M u s é e d u L o u v r e : « L e s f o r m e s d i v i n e s s o r t i e s d e la
b o u c h e d e R a ».
A i n s i , la P e n s é e D i v i n e se f o r m u l a , se m a n i f e s t a d a n s s o n v e r b e , a c t e
v o l i t i f e t d y n a m i q u e . E n h é b r e u , le v e r b e dire e s t s y n o n y m e d e créer.
D a n s la G e n è s e , o n p e u t d i r e é g a l e m e n t : D i e u créa c o m m e D i e u dit.
« N u l l e c h o s e n ' e x i s t e a v a n t d ' ê t r e n o m m é e », n o u s e n s e i g n e l ' E g y p t e .
« D i e u d i t q u e la l u m i è r e s o i t e t la l u m i è r e f u t ». C e f u t le p r e m i e r
d é d o u b l e m e n t d u C r é a t e u r : la P e n s é e se m a n i f e s t a d a n s le V e r b e . L a
P e n s é e d e D i e u e s t le p r i n c i p e d e t o u t , c ' e s t D i e u le P è r e d e la T r i n i t é
c h r é t i e n n e . L e V e r b e , q u i é m a n e d e la P e n s é e , c ' e s t le L o g o s d e S a i n t J e a n ,
la s e c o n d e h y p o s t a s e d e la S a i n t e T r i n i t é , le Fils.
D i e u c r é e p a r le V e r b e , m a i s l ' ê t r e c r é é , q u i n a î t d e l ' a c t e v o l i t i f d e
s o n c r é a t e u r , d o i t v i v r e e t c e t t e v i e i n d i v i d u e l l e , i n d é p e n d a n t e , c ' e s t le S a i n t -
E s p r i t d e la T r i n i t é c h r é t i e n n e , c ' e s t la « V i e » d ' H e r m è s T o t (2).
D i e u créa l ' h o m m e « d ' a p r è s s o n i m a g e » ; c'est dire q u e l ' h o m m e est
le r e f l e t d e la T r i n i t é D i v i n e . S a r a i s o n e s t le r e f l e t d e D i e u le P è r e ; sa
p a r o l e , celle d u L o g o s , V e r b e D i v i n . E n f i n , sa v i e i n d i v i d u e l l e , m a n i f e s t é e
p a r ses a c t e s , e s t le r e f l e t d u S a i n t - E s p r i t .
C e t t e m a n i f e s t a t i o n d e la T r i n i t é d a n s l ' h o m m e e s t la m ê m e d a n s t o u t
l ' U n i v e r s v i v a n t , c ' e s t la V i e p r o p r e m e n t d i t e , l ' o p p o s é d e la m o r t , c ' e s t
« l ' â m e v i v a n t e » d e la G e n è s e q u i , p é n é t r a n t t o u t e la c r é a t i o n e t a n i m a n t
t o u t e chose, p r é p a r e l ' e n v e l o p p e d i g n e de r e c e v o i r l'étincelle D i v i n e ,
r a i s o n se m a n i f e s t a n t d a n s le V e r b e c r é a t e u r .
L a p a r o l e différencie l ' h o m m e des a n i m a u x . L ' a n i m a l , p a r des sons,
p a r d e s g e s t e s , t r a n s m e t à s o n s e m b l a b l e ses i m p r e s s i o n s é m o t i v e s : p e u r ,
j o i e , c o l è r e , e t c . . . C e l a n g a g e n e c r é e p a s ; il e s t s t r i c t e m e n t p h y s i o l o g i q u e .
D a n s l ' h o m m e , le v e r b e e s t d i f f é r e n t , il e s t c r é a t e u r . U n e i d é e a b s t r a i t e
f o r m u l é e p a r la p a r o l e p r e n d u n e f o r m e d é t e r m i n é e e t c o n c r è t e .
C ' e s t p o u r c e t t e r a i s o n q u e le n o m a u n e i m p o r t a n c e p r i m o r d i a l e .
P r o f é r e r u n n o m , c'est dessiner u n e i m a g e matérielle. D i e u ayant créé
l ' h o m m e d ' a p r è s s o n i m a g e fit d é f i l e r d e v a n t l u i les a n i m a u x e t lui o r d o n n a
d e l e u r d o n n e r d e s n o m s e t ces n o m s d é t e r m i n è r e n t l e u r v i e r e s p e c t i v e
( G e n è s e I).
O n c o n ç o i t l ' i m p o r t a n c e q u e les A n c i e n s a t t r i b u a i e n t a u n o m .
L e s m a g i c i e n s u t i l i s a i e n t c e t t e loi p o u r d é t r u i r e le s u j e t e n p r o f i t a n t
d e la c o n n a i s s a n c e d e s o n n o m . D é n o m m e r u n h o m m e o u u n e c h o s e c o r -
r e c t e m e n t constituait u n e science d o n t n o u s reparlerons plus tard.
L e V e r b e e s t u n a c t e d e v o l o n t é q u i se m a n i f e s t e p a r d e s s o n s e t d o n t
le r é s u l t a t e s t la c r é a t i o n d e la f o r m e c o r r é l a t i v e à l ' i d é e .

(1) Poimandres, Hermès Trismegistos.


(2) La Pensée et la Parole de Dieu sont indissolublement unies dans l'Eternité et leur
union, c'est la Vie. Hermès Tot.
La langue primitive, dite adamique ou Wattan, dont se servit Adam,
selon la tradition orale, pour objectiver l'Œuvre du Créateur, possédait
au maximum ces qualités du Verbe.
Dans cette langue, dire et créer étaient synonymes, comme elles le
sont dans la Bible en ce qui a trait à la création mystérieuse du monde en
six jours. Il (Dieu) dit : Il créa.
Le Verbe Créateur, acte volitif, émanait de l'esprit, de la pensée
créatrice, du principe.
La pensée donnait naissance au principe, à l'idée, le Verbe-volonté
donnait la forme à cette dernière qui s'objectivait par la Vie. Ces trois
derniers éléments chez l'homme sont les reflets de la Trinité Divine, Père,
Fils (Logos) et Saint Esprit. Ou encore, selon Hermès Tôt : la Pensée
Divine, son Verbe et la Vie émanée de cet acte volitif.
La langue créatrice a été oubliée par l'homme et définitivement perdue
quand il se plongea dans la matière. Mais le souvenir du principe dominant
la Création traversa toutes les religions antiques et nous parvint sous la
forme de la Sainte Trinité.
De ce qui précède, le lecteur comprendra l'importance primordiale
que les Anciens attribuaient au « nom », à la dénomination des choses.
Nous avons vu dans la formation du nom d 'Atoum, avec quel soin les
Egyptiens composaient un nom. Les Hébreux et les Chaldéens suivirent
cet exemple (i). Nous aurons l'occasion de donner plusieurs exemples
de ces constitutions de noms dans les langues sacrées.
Le Verbe était une action volitive ébranlant les éléments par des
vibrations sonores. L'usage de ce Verbe créateur, les combinaisons des
ondes pour donner le jour à la forme inhérente à l'idée, se transmettaient
par la tradition orale dans les sanctuaires.
A ce Verbe était adapté le geste approprié qui, réalisé par l'Initié,
donnait un résultat immédiat.
C'est ainsi que fut créé le rituel religieux dont les particularités se
conservèrent dans les divers cultes (chants, paroles scandées avec un rythme
spécial, geste du signe de Croix, de la Bénédiction, etc...).
Dans la Magie, cette conservation des rites est encore plus marquée
et une grande importance s'y trouve attachée.
Un moment vint où l'homme, livré à ses instincts, perdit le Verbe
créateur et la faculté de comprendre la Nature. Sa parole devint un son vide
et discordant dans le concert de l'Harmonie Universelle. Il ne pouvait
plus créer, mais il devait modeler de ses mains avec « peine et sueur » des
formes du limon, matière morte, privée « d'âme vivante ». — La Nature
à laquelle il appartenait par sa partie inférieure se détourna de lui, implacable
et redoutable. Il dut lutter contre les dangers qui l'environnaient et tombait
souvent à bout de forces.
L'idée, cette Etincelle Divine, sans l'acte volitif du Verbe créateur,
restait en germe, en principe et ne revêtait aucune forme. C'est alors que
furent imaginés les hiéroglyphes. Puisque l'idée ne s'incarnait plus au son
de sa voix, l'homme dut la formuler à l'aide de ses organes physiques.
De ce point de vue, il est compréhensible que les premières inscriptions
furent des images reproduisant avec plus ou moins d'exactitude les objets

(i) Le nom d'un pharaon était composé du nom de Dieu dont il exprimait une qualité
quelconque, par exemple Ikhou-n-Aton — plaisir d'Aton ; Amenhetep — Amon est satisfait.
Les noms mystérieux des Hébreux se composaient de plusieurs lettres auxquelles on ajoutait
comme terminaison El ou iach qui sont des noms divins, par exemple Nanad-El, Alad-iach, etc.
du monde visible. Toutes les langues primitives ont connu ce genre
d'écriture. Nous retrouvons ces inscriptions non seulement en Egypte,
mais au Mexique (civilisation Maya), chez les Peaux-Rouges, et dans
différentes tribus noires. Enfin, la langue chinoise n'est pas autre chose
qu'une langue hiéroglyphique dont les éléments furent stylisés.
Il est clair que toutes ces langues ne se composaient pas de mots
dans le sens où nous l'entendons, mais d'images et de figures qui par leurs
diverses combinaisons traduisaient une idée. Il était donc impossible
d'écrire une pensée abstraite, mais seulement ce qui pouvait être dessiné.
Plus tard, au moyen de diverses conventions, on parvint à exprimer des
abstractions. Ainsi, par exemple, le mot pensée, pour les Egyptiens,
s'écrivait comme le mot « cœur ». Car ils croyaient que la raison avait sa
résidence dans cet organe, centre de l'être humain.
La parole était figurée par la langue, etc... (i).
Mais, l'homme ayant évolué ne pouvait plus se contenter de cette
écriture manifestement insuffisante au point de vue psychologique, il fut
donc amené à inventer l'écriture dite hiératique où les mots se composaient
de lettres — hiéroglyphes simplifiés et stylisés.
L'écriture hiératique sortit des temples égyptiens. Son alphabet fut
strictement composé d'après les lois fondamentales de l'Univers. Il présen-
tait une structure en harmonie avec la nature et présentait ainsi une force
qui l'approchait en quelque sorte du Verbe créateur primitif.
Nous retrouvons dans cet alphabet toutes les lois mentionnées plus
haut, savoir : l'Unité, le binaire, le ternaire, le quaternaire, le septenaire,
le duodénaire, et, enfin, la somme totale, le nombre vingt-deux.
De plus, comme on n'avait pas imaginé de chiffres permettant
d'effectuer des opérations arithmétiques, les mêmes lettres étaient utilisées
comme nombres et nous retrouvons dans cet alphabet la numération
décimale : les Sephiroth de la Cabbale.
Les dix nombres envisagés indépendamment des lettres donnent en
somme, avec les 22 lettres, le nombre 32, qu'on désigne en Cabbale sous
le nom des « 32 voies de la Sagesse ».
L'alphabet hiératique ou sacré des temples égyptiens servit de base
à tous nos alphabets occidentaux et à quelques-uns de l'Orient.
Moïse, disciple des sanctuaires égyptiens, l'adopta avec la doctrine
dont il fit la base de son enseignement.
Son alphabet de 22 lettres fut identique à celui des Initiés dont il
faisait partie.
Les guerres et les malheurs que subit au cours de son existence le
peuple israélite ne furent pas sans altérer son alphabet. Ils avaient perdu
ce dernier ainsi que leur tradition orale pendant la captivité de Babylone.
Cependant, grâce aux prophètes Daniel et Ezdras, une partie de cette tradi-
tion put être reconstituée, mais l'alphabet hiéroglyphique fut déformé.
L'idée première, le nombre de lettres, les chiffres, furent conservés ;
mais le geste exprimé par l'hiéroglyphe primitif disparut pendant cette
époque troublée.
Il en fut de même pour les autres dialectes hébraïques, tel que le
Samaritain. (Ce dernier a gardé toutefois en partie son caractère primitif).
La sagesse occulte enseignée dans les sanctuaires et de laquelle le
prophète dit avec amertume : « Où est cette Sagesse suprême, où peut-elle

(x) « La langue qui exprime les pensées du cœur », texte égyptien.


avoir disparu ? », avait été également égarée. Quelques bribes ont survécu
sous la forme des « Clavicules de Salomon ».
Jadis cette « Sagesse », ou le sens ésotérique du Verbe-geste, était
dissimulée sous le voile occulte des 22 images allégoriques appelé Tarot
ou Rota.
Chacune de ces images était reliée à un nombre, à une lettre, à un
phénomène du monde visible et à son reflet dans l'homme.
Le tout synthétisait l'Univers avec ses lois fondamentales et l'homme,
image exacte de cet Univers.
L'alphabet, œuvre des Sages de l'Egypte, fut apporté en Europe par
les Phéniciens qui avaient simplifié la transcription des lettres tout en
conservant leur valeur numérique et phonétique (voir la table des alphabets
comparés). Les Grecs ajoutèrent quelques lettres indispensables à cet
alphabet pour exprimer des sons particuliers à leur langue. La valeur
numérique des lettres était respectée, mais l'ordre de quelques-unes de
ces dernières avait subi des modifications. Enfin, les Romains calquèrent
sur les Grecs en modifiant encore quelques lettres. Ils changèrent l'ordre
initial et créèrent une numération séparée, en enlevant ainsi à la lettre
une de ses qualités primitives et importantes : la valeur numérique.
De même, l'appellation des lettres conservée à peu près intacte par les
Grecs fut oubliée ou volontairement modifiée dans la langue latine.
D'ailleurs, la dénomination seule de l' alphabet renseigne sur les origines
de l'écriture latine (alpha-beta ; aleph-beth).
Les chapitres qui suivent ont pour but l'étude des lois fondamentales
de l'Univers et leurs manifestations dans le monde (Macrocosme) ainsi
que leurs reflets dans l'homme (Microcosme). Nous nous efforcerons de
reconstituer la chaîne qui relie le verbe et le geste de l'homme avec les
phénomènes de la Nature.
CHAPITRE I I

LE PRINCIPE

Ainsi qu'on le sait, l'alphabet sacré se compose de 22 lettres.


Ces 22 lettres expriment toutes les idées. Elles formulent également
tous les noms de l'Œuvre Créatrice. Et, comme le nom est la création même,
les 22 lettres ne sont autre chose que des symboles créateurs.
Elles renferment toutes les lois constructives de l'Univers ainsi que
les nombres qui représentent l'ossature de ces lois.
A la base de l'alphabet sont placées les trois lettres mères : aleph
(voyelle), mem (muette), shin (sifflante). L'alphabet est partagé en trois
groupes gouvernés chacun par une des lettres qui précèdent. Le lecteur
se rappelle qu'il a été dit plus haut que ces trois lettres représentent le
principe fondamental du ternaire constitué comme suit :
Shin, le feu qui monte ; Mem, l'eau qui retombe en bas ; et Aleph, l'air
qui tient l'équilibre entre elles. (Sepher Ietzirah).
L'hiéroglyphe égyptien ci-contre matérialise cette
idée par la terre, Geb qui est couchée, le ciel Nout qui se
retrouve au-dessus et soutenu par l'air Schou. Dans ce
dernier cas, la terre est le synonyme de l'eau puisqu'elle
a été faite de l'eau et le ciel du feu (S. I.).
La racine mem-shin forme l'idée du mouvement de
construction, mouvement formateur de chose palpable,
matérielle. C'est la création de la forme, de la matière proprement dite.
Par l'introduction de l' Aieph, qui produit l'équilibre entre mem et
shin, cette forme matérielle reçoit l'esprit animateur, le principe spirituel.
D'autre part, la racine shin-mem est celle qui désigne le nom de tout être,
le signe qui l'identifie : un lieu, un temps, l'Univers, les cieux, Dieu lui-
même, la gloire, l'éclat, la splendeur. Tout ce qui s'élève et brille dans
l'espace.
Ainsi, nous voyons que les deux lettres mères équilibrées sur l' Aleph
donnent l'idée du nom animé par la raison de son Créateur qui sera Dieu
pour l'Univers, et l'homme dans la création reflétée.
Le Verbe Créateur, le Logos rayonne sa première manifestation dans
le ternaire de l'alphabet sacré.
Mais, comme la Trinité n'est que la première division de l'Unité
équilibrée, la première lettre de l'alphabet, Aleph, contient en potentiel
les deux autres lettres mères et par ces dernières l'alphabet tout entier.
De même, l'Unité contient en elle tous les chiffres jusqu'à l'infini.
Dieu l'Unique, l'Ancien des jours, l'Aïn-Soph, l'Atoum dit : « Je
suis huit, mais je suis Un ».
Un, c'est le commencement, le Principe, l'Arché. Toute chose
commencée contient en elle sa fin. Alpha contient Oméga en potentiel.
Avant le commencement fut le chaos, le néant, l'abîme. Le commen-
cement fut le premier mouvement de la création, le premier dynamique
de la Pensée-Principe, c'est le dynamisme qui était en sommeil et se révéla
par le mouvement, développement logique du Principe créateur, le Verbe.
La lettre Aleph le représente intégralement. Le reste de l'alphabet jusqu'au
Tau constitue une suite de développements logiques de l'Aleph, comme
toute la création n'est que le déroulement progressif du Verbe Créateur.
On peut juger ainsi l'édifice harmonique et grandiose que représente
l'alphabet sacré, schéma de la création, à nul autre comparable parmi nos
pauvres langues stricte Tient phonétiques.
Comme il a été dit au premier Chapitre, la première manifestation de
l'Ancien des jours fut son dédoublement. C'est l'acte qui dans le Zohar
est symbolisé par la Balance (i). Il faut entendre par là l'état da premier
couple dans son union harmonique et équilibrée. C'est l'équilibre idéal du
Binaire, première manifestation de l'Unité, que confirme le verset suivant
du livre précité : « La Balance consiste dans le corps de l'Ancien des jours ».
Le son « A » figuré par la première lettre a été conservé comme tel
et sans altération dans tous les alphabets postérieurs et purement phoné-
tiques, car ce son est le plus ample, contenant en lui tous les autres sons,
comme la lumière blanche contient en elle toutes les couleurs du spectre.
L'importance que les peuples attribuaient à ce son s'est manifestée
dans les noms divins donnés au Dieu Unique, origine de toute chose, qui
commençaient par la lettre A : Aïn-Soph, Atoum, Atou, Amon, Anou des
Babyloniens. De même pour les mots sacrés et mystérieux auxquels était
attachée une signification occulte et profonde, Aoum, Azoth, etc... Ces
raisons nous déterminent à porter notre attention sur cette lettre mère
de préférence à toutes les autres des alphabets connus, qui ne sont que
ses développements logiques, comme les dieux de la Mythologie n'étaient
que « des membres » du Dieu-Un.
La lettre Aleph, première de l'alphabet sacré, a pour chiffre un. Il
ne peut en être autrement, car elle est non seulement la, première, mais
l'Unique, l'Un se dédoublant dans les autres lettres pour créer une infinité
de mots tout en demeurant un.
« Je suis Dieu ton Seigneur », dit le Créateur au premier commande-
ment, et ce Dieu Unique contient en lui, non seulement la Trinité, mais
aussi les Elohim, ses membres, dont nous admirons le travail suprême
en nous et autour de nous.
De là, la nécessité impérieuse d'étudier cette lettre, la mère de toutes,
qui contient le principe de l'alphabet entier.

(i) « Avant que la Balance ne fût, la Face ne regardait pas la Face » (Zohar).
D a n s c e t t e l e t t r e , a i n s i q u e d a n s s o n h i é r o g l y p h e a l t é r é i s s u d e la
langue hébraïque, nous retrouvons l'expression d u Ternaire, du premier
d é d o u b l e m e n t é q u i l i b r é , d e la B a l a n c e d u Z o h a r .
J ' a v a i s d o n n é u n e i d é e d e ce q u i p r é c è d e d a n s m o n r é c e n t o u v r a g e ( i ) .
P o u r b i e n c o m p r e n d r e la s t r u c t u r e h i é r o g l y p h i q u e d e c e t t e l e t t r e , il
f a u t r e m o n t e r à s o n o r i g i n e . E n la j u g e a n t à la l u m i è r e d e s S e p h i r o t h ,
n o u s v o y o n s q u ' e l l e c o r r e s p o n d à la S e p h i r e K e t h e r la p l u s é l e v é e d e c e t t e
h i é r a r c h i e , le p r i n c i p e d ' é q u i l i b r e , d e la p r e m i è r e d i v i s i o n d e D i e u se
m a n i f e s t a n t dans s o n acte créateur.
C ' e s t le p o i n t c e n t r a l d e la T r i n i t é D i v i n e , m y s t è r e e n t r e t o u s les
m y s t è r e s . C ' e s t la R a i s o n d e v i e d e l ' U n i v e r s s a n s l a q u e l l e r i e n n e p o u r r a i t
s u b s i s t e r , c a r t o u t e s c h o s e s s ' e f f o n d r e r a i e n t s o u s le c h o c d e s é l é m e n t s
déchaînés.
A i n s i , le p o i n t d e d é p a r t (2) d u p r e m i e r d é d o u b l e m e n t f u t s o n é q u i l i b r e ,
ce q u i le d i f f é r e n c i e d e t o u s les t e r n a i r e s u l t é r i e u r s q u i s ' é q u i l i b r è r e n t d a n s
le c h o c d e l e u r r e n c o n t r e , c o n s é q u e n c e d u p r i n c i p e p o s é p a r la B a l a n c e
d e la T r i n i t é s u p r ê m e .
A p r è s a v o i r d é v e l o p p é ses s i x m e m b r e s (3) s y m b o l i q u e s q u i d e v a i e n t
a c c o m p a g n e r e t d é v e l o p p e r l ' œ u v r e d u C r é a t e u r , l ' A n c i e n d e s j o u r s se
m i t a u r e p o s le s e p t i è m e j o u r .
C es six m e m b r e s s y m b o l i q u e s s o n t r e p r é s e n t é s p a r les six S e p h i r o t h
d i t s d e c o n s t r u c t i o n . E n les a d d i t i o n n a n t a u x t r o i s S e p h i r o t h d e b a s e , o n
a t t e i n t le n o m b r e n e u f , p o i n t c u l m i n a n t d e la C r é a t i o n , n o m b r e p a r l e q u e l
l ' h o m m e , A d a m , est défini n u m é r i q u e m e n t .
L e s e p t i è m e j o u r , j o u r d e r e p o s d e l ' A n c i e n d e s j o u r s , est f i g u r é p a r
le n o m b r e d i x , la s é p h i r e M a l c u t , q u i r e p r é s e n t e l ' é p o u s e d e D i e u f é c o n d é e ,
d a n s l a q u e l l e le p r i n c i p e v i t a l d e s c e n d a u sein d e la m a t i è r e p o u r r e m o n t e r
p a r e l l e v e r s sa s o u r c e o r i g i n e l l e .
C'est l'Osiris des E g y p t i e n s , m o r t p u i s ressuscité ; c'est l'éclosion de
la g r a i n e p r i v é e d e v i e e n a p p a r e n c e e t e n f o u i e d a n s le s o l ; e n f i n , c ' e s t la
r é s u r r e c t i o n d u C h r i s t S a u v e u r , p i e r r e a n g u l a i r e d e la r e l i g i o n c h r é t i e n n e .
Ce s y m b o l i s m e e s t c o m m u n à t o u s les c u l t e s a n t i q u e s : la v i e n a î t d e l a m o r t .
L e n o m b r e d i x q u i c o r r e s p o n d à la l e t t r e i o d r e p r é s e n t e n e t t e m e n t c e
qui p r é c è d e ( Y n - Y a n g ) ; c'est l'unité d u s e c o n d o r d r e et n o n l ' u n i t é -
p r i n c i p e d e s c h o s e s , m a i s le r e t o u r à l ' u n i t é a p r è s les l a b e u r s d e s c r é a t i o n s .
« J e s u i s u n » — c ' e s t A l e p h . « J e s u i s h u i t , m a i s j e suis Un » — c ' e s t
i o d . C ' e s t le r e p o s b i e n m é r i t é a p r è s le c y c l e d e l ' œ u v r e , l a n u i t a p r è s le
c y c l e d u j o u r , la m o r t a p r è s le c y c l e d e la v i e , c ' e s t le r e p o s d e la n a t u r e
a p r è s le t r a v a i l v é g é t a t i f . M a i s , ce r e p o s , c e t t e m o r t a p p a r e n t e c o n t i e n t l e
p r i n c i p e v i t a l e n s o n p l u s f o r t d e g r é , q u i se r e n o u v e l l e e n l u i e t p a r l u i ,
la r é s u r r e c t i o n q u i s ' é p a n o u i t d a n s t o u t e s a g l o i r e .
D e ce p o i n t d e v u e , il e s t f a c i l e d e c o n c e v o i r q u e le i o d se r e p r é s e n t a i t
p a r u n e e l l i p s o ï d e à d e u x f o y e r s c o m m e l e g e r m e d a n s la m a t r i c e . L e s
Chinois l'appelaient Y n - Y a n g . Cette figure constitue une courbe fermée
r e n f e r m a n t le m o u v e m e n t f i g u r a t i f d e la v i e a n a l o g u e à c e l u i d e la t e r r e

(1) Voir Essai d'Astrologie Cabbalistique.


(2) Qui est en même temps le point culminant, car après le départ vient la descente
progressive dans la matière.
(3) « Dieu créa six membres », enseigne le Zohar (Siphra Dzéniouthû, V, 16) qui sont
représentés par les six Sephiroths de construction, les six jours de la Création. Quoiqu'à première
vue ce chiffre semble être en contradiction avec l'enseignement égyptien, il ne l'est pas en réalité,
car cette création de 6 suivit le dédoublement — la Balance — ce qui donne somme toute le
même chiffre huit des Egyptiens.
q u i b o u c l e l'ellipsoïde d e sa c o u r s e a u t o u r d u soleil p o u r r e c o m m e n c e r
u n n o u v e a u l a c e t s u r la s p i r a l e i n d é f i n i e .
D ' a p r è s les h é b r a ï s a n t s , la l e t t r e i o d e s t le s y m b o l e d e t o u t e p u i s s a n c e
m a n i f e s t é e en m ê m e t e m p s q u e c e l u i d e l ' é t e r n i t é , c ' e s t - à - d i r e d u r e n o u -
vellement éternel.
C ' e s t le s i g n e d e la v i e s a n s fin d e s c h o s e s c r é é e s .
« D i e u n ' e s t p a s le D i e u d e s m o r t s , m a i s le D i e u d e s v i v a n t s » ( i ) .
C ' e s t l ' U n i t é m a n i f e s t é e d a n s le m o n d e , u n i t é e n m o u v e m e n t . C e c i
n o u s e x p l i q u e u n a u t r e g e n r e d e r e p r é s e n t a t i o n d u i o d - d i x , telle u n e s p h è r e
et s o n centre.
C ' e s t la r a i s o n p o u r l a q u e l l e c e t t e l e t t r e a v a i t é t é p r i s e p o u r la c o n s t r u c -
t i o n d e t o u t e s les l e t t r e s d e l ' a l p h a b e t s a c r é e t m ê m e d ' A l e p h q u i est,
c o m m e n o u s l ' a v o n s vu, u n e lettre s y n t h é t i q u e et abstraite.
Le principe de l'unité, c'est Aleph, mais l'unité en m o u v e m e n t , l'unité
c r é a t r i c e , l ' u n i t é c o n c r è t e e t m a t é r i e l l e , c ' e s t le i o d . A l e p h c o n t i e n t t o u t e s
les l e t t r e s en p o t e n t i e l , m a i s i o d les b â t i t t o u t e s . N o u s a v o n s v u q u e t o u t e s
les l e t t r e s n e s o n t q u e d e s d é v e l o p p e m e n t s d ' A l e p h , m a i s n o u s r e t r o u v o n s
d a n s la c h a r p e n t e d e t o u t e s les l e t t r e s l ' u n i t é i o d , d a n s les m ê m e s c o n d i t i o n s
q u ' e n d é c o m p o s a n t un n o m b r e , o n t r o u v e une s o m m e déterminée d'unités.
C e c i d i t , le l e c t e u r c o m p r e n d r a p o u r q u o i la l e t t r e A l e p h - n o m b r e u n ,
p o u r sa r e p r é s e n t a t i o n g r a p h i q u e m a t é r i e l l e , a d û n a î t r e d e la l e t t r e i o d -
unité d u second ordre. Cette explication n o u s servira également plus loin
p o u r c o m p r e n d r e le m o t s a c r é I e v e o ù la l e t t r e i o d e s t e m p l o y é e d a n s
le m ê m e s e n s e t p o u r l a m ê m e r a i s o n c o m m e u n i t é a c t i v e e t m a n i f e s t é e .
L ' o p i n i o n de certains auteurs, affirmant q u e l ' e m p l o i d ' A l e p h est plus
j u d i c i e u x d a n s le n o m s a c r é , n e p e u t se s o u t e n i r .
O n sait q u e l ' A l e p h r e p r é s e n t e l ' A ï n - S o p h h é b r e u , l ' A t o u m des
E g y p t i e n s , le D i e u U n i q u e q u e l ' h o m m e n e p o u v a i t n i v o i r n i c o m p r e n d r e ,
d o n t le n o m n e d e v a i t p a s ê t r e p r o n o n c é , q u ' i l n e p o u v a i t m ê m e p a s a d o r e r
t a n t ce D i e u é t a i t m y s t é r i e u x e t a b s t r a i t .
L ' i o d r e p r é s e n t e le D i e u d e M o ï s e , le J e h o v a h , c e l u i q u i l u i a p p a r u t
d a n s le b u i s s o n a r d e n t , l ' A m o n - R a d e s t e m p l e s é g y p t i e n s d o n t la m a n i -
f e s t a t i o n v i s i b l e se l e v a i t c h a q u e j o u r d a n s le d i s q u e d u S o l e i l p o u r d i s t r i b u e r
ses b i e n f a i t s à la t e r r e e t à ses h a b i t a n t s .
S o n s y m b o l e e s t le s c a r a b é e « K h e p e r » r o u l a n t sa b o u l e d ' o r d u r e ,
q u i v e u t d i r e : « ê t r e , d e v e n i r ».
D a n s l'ancienne écriture h i é r o g l y p h i q u e , c o m m e n o u s l ' a v o n s déjà
dit, u n e idée abstraite était t r a d u i t e p a r u n e matérialisation de cette m ê m e
i d é e . A i n s i , p o u r e x p r i m e r la m a r c h e , o n d e s s i n a i t u n p i e d , l ' a c t i o n é t a i t
f i g u r é e p a r u n b r a s , etc... D a n s la l a n g u e h i é r a t i q u e , il f a l l u t p r e n d r e c o m m e
p o i n t d e d é p a r t l ' u n i t é m a n i f e s t é e e t n o n le p r i n c i p e d e l ' u n i t é c o m p r e n a n t
t o u t jusqu'à l'Infini même.
A i n s i , d a n s la c o n s t r u c t i o n d ' A l e p h , n o u s r e t r o u v o n s le s c h é m a d e
la c r é a t i o n d u m o n d e r e n d u i n t e l l i g i b l e p a r d e s s i g n e s q u i s ' a p p a r e n t e n t
à l ' u n i t é r e f l é t é e , le i o d .
J ' a i e m p l o y é le m o t s c h é m a q u i r e n d t r è s b i e n c e t t e i d é e p r i m o r d i a l e :
s c h é m a o u s c h - m - a , t r o i s l e t t r e s m è r e s d e la l a n g u e s a c r é e , la B a l a n c e d u
Z o h a r , la T r i n i t é d u C h r i s t i a n i s m e . C ' e s t l ' a c t e p r e m i e r d u C r é a t e u r , sa
d i v i s i o n p r e m i è r e , q u i m i t e n m o u v e m e n t la C r é a t i o n . E t c ' e s t b i e n c e t
a c t e q u i e s t m i s e n r e l i e f d a n s la p r e m i è r e l e t t r e d e l ' a l p h a b e t , d a n s l ' U n i t é -
infinie.

(i) Nouveau Testament.


J ' a i d i t q u e l ' A l e p h r e p r é s e n t e s c h é m a t i q u e m e n t la C r é a t i o n d u m o n d e ,
e n effet : a v a n t ce q u e l ' o n a p p e l l e le t e m p s ( i ) il y a v a i t l ' a b î m e , le c h a o s ,
la masse inerte et l'Esprit de D i e u planait au-dessus de cet a b î m e (2).
La masse inerte, passive et froide est représentée par la ligne horizontale,
qui figure aussi l'eau (bleu). L'Esprit de Dieu, cette unité vivifiante,
créatrice, est représentée par le iod (jaune). L'acte créateur, initial, fut
d'ébranler la masse inerte, de la sortir de son état passif, ce qui est indiqué
dans la lettre Aleph par le premier choc du principe vivifiant (iod) dans
la matière inerte (—) qui la sort de l'état passif et la met
en mouvement.
De ce premier iod sort un germe vital qui donne
naissance à la première manifestation de la vie, au mouve-
ment. Le choc premier de ce principe vivifiant dans la
matière inerte l'anime et fait jaillir le feu, le second iod
(rouge, chaleur de vie). A son tour, ce dernier porte un
germe qui doit donner naissance à la vie éternellement
renouvelable (Yn-Yang).
Ainsi, cet hiéroglyphe contient en lui les trois
éléments de la matière (air, eau et feu) ou le principe du ternaire primitif,
autrement dit du premier dédoublement idéal et équilibré.
Mais dans son ensemble, cette lettre représente le dynamisme créateur
éternel, le Verbe et, comme telle, elle contient en elle tout ce qui fut créé
par Dieu, tout ce qui peut être exprimé par l'homme.
« Je suis Alpha et Oméga, le commencement et la fin ».
Ainsi, l'Alpha ou Aleph, c'est le commencement de toutes choses,
l'Arché, le principe. Oméga ou Tau, c'est la fin, le retour à l'origine,
symbolisé par le serpent avalant sa queue. Alpha contient Oméga en
potentiel et Oméga ou Tau n'est que le développement complet de la
manifestation d'Alpha, la pénétration du principe au plus profond de la
création, le dédoublement terminal de l'Unité, l'atome idéal qui est indivisi-
blement un. Comme nous ne pouvons pas concevoir Alpha, le principe de
vie, de même il nous est impossible de comprendre Oméga, qui est son
développement définitif, la mort.
Mais qu'est la mort, si ce n'est la résurrection, la vie éternelle ? Ce
dogme suprême qui nous est révélé dans la religion chrétienne était la
pierre angulaire de l'enseignement antique. Cette idée, sous forme de
mythe, varie d'une religion à l'autre, mais se retrouve toujours dans les
anciens cultes. Ceci égara l'opinion des chercheurs et les incita à croire
que la légende chrétienne n'était également qu'une légende.
Pourtant, il est hors de doute que le Christ a existé. Des documents
historiques nous renseignent sur ce point et recoupent l'enseignement
religieux.
La résurrection, l'Oméga, qui ramène à Alpha, le cycle de la spirale qui
revient vers son origine, le Yang qui se mettait en mouvement par le Yn
pour créer un nouveau Yn, germe de la vie éternelle, était révélé à l'homme
dès son apparition et fut à la base de ses croyances. Tout ce qui nous
entoure est une preuve de ce mouvement éternel de vie : la graine qui est
enfouie pour donner naissance à la plante dont elle porte le principe de vie,
le germe en elle-même.
En Egypte, le dieu Osiris, dont le reflet matériel était le Soleil, accom-

(x) « Il n'y avait plus de temps » (Apocalypse).


(2) Genèse I.
plissant chaque jour cet acte de mort et de résurrection, se nommait aussi
quelquefois « Bata », blé. Semer le blé équivalait à enterrer Osiris (i).
Et ceci correspond aux paroles de Saint Paul : « Le corps est semé
coupable et ressuscitera spirituel » (I. Corinth, XV, 36, 44).
Selon Hérodote, les Egyptiens ont été les premiers à enseigner l'immor-
talité de l'âme. Pourtant, cette croyance n'est pas née en Egypte. Ce pays
n'a été qu'un précieux intermédiaire pour conserver à travers les millénaires
cette croyance de l'homme primitif, cette consolation dans son malheureux
sort. Par sa mort et sa résurrection, le Christ confirma et raffermit ce dogme
dans la mémoire humaine prête à sombrer dans la matière.
En poussant plus loin nos investigations, nous trouvons même dans
les mythes et les prières antiques les prototypes des nôtres (2).
Le plus important sacrement chrétien a son correspondant dans les
religions antiques. « Les hommes mangent Bata — le corps d'Osiris » (3).
Ailleurs : « Que ce vin soit le sang d'Osiris » (4). Osiris est très souvent
nommé le veau sacrifié, comme le Christ se disait l'agneau de sacrifice.
Mais, ce qui vient d'être dit ne doit ni troubler ni ébranler notre foi.
Bien au contraire, ces quelques lueurs doivent nous faire admirer le temple
grandiose de l'Antique Sagesse qui nous a conservé à travers les âges la
révélation primitive que Notre-Seigneur J.-C. consacra et couronna par
la croix.
Loin de présenter des contradictions avec notre religion, l'ancienne
Sagesse, au contraire, lui donne un fondement solide qui a gardé sa robus-
tesse depuis les premiers âges de l'humanité. C'est pour cette raison que
l'Egypte, cette source d'eau vive, qui nous transmit les principes de la
Sagesse Eternelle et Divine, a joué un rôle si important dans l'histoire
de la religion chrétienne.
Tout l'Ancien Testament, l'essence des livres de Moïse, nous viennent
des temples égyptiens. Et, dans le Nouveau Testament, le lien avec l'Egypte,
avec la Sagesse antique, est précieusement conservé, car : « J'ai appelé
mon fils hors de l'Egypte » (Math. II, 15), dit Dieu le Père.
En somme, il n'y a qu'une seule religion universelle dont l'idée domi-
nante est la résurrection, le cycle éternel de la vie par la mort, du sacrifice
suprême pour donner l'existence ; l'Alpha, qui, par ses multiples manifes-
tations, pénètre sans cesse jusqu'au plus profond de l'Oméga pour donner
naissance au iod, indéfini, cycle éternel de l'Yn-Yang.
Et cette idée d'éternité, du cycle éternel de vie-mort-vie est figurée
graphiquement par la première lettre de l'alphabet afin de nous enseigner
d'emblée ce principe primordial de l'Univers, sur lequel est basée et
équilibrée toute la création.
Ce même principe est contenu dans l'iod, l'unité reflétée dans la
représentation de l'Yn-Yang. Ce dernier constitue une ellipsoïde formée
par le germe vital animateur s'enroulant dans une manifestation matérielle,
qui donne naissance à un nouveau germe appelé lui-même à créer une
nouvelle manifestation — chaînon d'une chaîne infinie. C'est la représen-

(1) En grec (soma) veut dire cercueil et (séma) semence. Dans le premier mot, l'Oméga
représente la fin de la manifestation (le sixième jour de la création), tandis que dans le second
l'« état » qui le remplace représente la résurrection, le septième jour (éta septième lettre), le
Malcut des Sephiroth.
(2) Par exemple, voir le Livre des Morts et les hymnes d'Ikh-n-Aton.
(3) Texte relevé sur les murs d'Edfou.
(4) Papyrus magique.
t a t i o n g r a p h i q u e d u lacet dans la m a r c h e e n spirale de n o t r e planète dans
l'espace. Ce lacet, b i e n q u e t e r m i n é et a c c o m p l i , reste n é a n m o i n s étroite-
m e n t lié a u m o u v e m e n t q u i l ' e n g e n d r a t o u t e n p o r t a n t e n l u i - m ê m e l ' i n e r t i e
d u m o u v e m e n t q u i v a s u i v r e (à l ' é t a t l a t e n t , le m o u v e m e n t c o n s é c u t i f a u
p r é c é d e n t ) . C ' e s t le s y m b o l e d e la g r a i n e , d e t o u t g e r m e r e n f e r m a n t e n l u i
le p o t e n t i e l d e la r e p r o d u c t i o n « s e l o n s o n e s p è c e ». E n f i n , r e m a r q u o n s
q u e le n o m d u C h r i s t , d a n s la l a n g u e s a c r é e , c o m m e n c e p a r le i o d ( J e c h u )
s i g n e d u v e r b e i n c a r n é , c h i f f r e 10, la r é s u r r e c t i o n d a n s l a m o r t , le M a l c u t ,
le r e t o u r a p r è s les s o u f f r a n c e s c o r p o r e l l e s d a n s le 9, v e r s le r e p o s d e l ' U n i t é
absolue.
Cette idée dépeint bien N o t r e - S e i g n e u r Jésus-Christ à qui s'appliquent
les p a r o l e s d e S a i n t - M a r t i n : « L e t e r m e d e la p e r f e c t i o n e s t c e l u i d e
l ' o r i g i n e ». M a i s p o u v o n s - n o u s a f f i r m e r q u e les d i f f é r e n t e s m a n i f e s t a t i o n s
créatrices f u r e n t limitées p a r u n n o m b r e d é t e r m i n é , o b s e r v é sur cette terre ?
P o u v o n s - n o u s , d a n s n o t r e o r g u e i l , d i r e q u e la P e n s é e d u C r é a t e u r se fixa
sur u n n o m b r e défini p o u r t o u t l ' U n i v e r s ? Certes, n o n . Misérables p y g -
mées, r a m p a n t sur l ' u n des plus petits foyers de vie d u Cosmos, n o s
p e r c e p t i o n s se b o r n e n t à u n n o m b r e r é d u i t d e m a n i f e s t a t i o n s r e f l é t é e s à
t r a v e r s le p r i s m e d e s t r o i s d i m e n s i o n s . T o u t e f o i s , n o u s s e n t o n s q u ' a u - d e l à
d e n o t r e ' c o n n a i s s a n c e , il e x i s t e u n m o n d e i m m e n s e e t i n c o n n u ; d e m ê m e
q u ' e n a u g m e n t a n t la p u i s s a n c e d u t é l e s c o p e n o u s d é c o u v r o n s d e s a s t r e s
i n n o m b r a b l e s d o n t n o u s ne s o u p ç o n n i o n s pas l'existence.
L ' a t o m e lui-même réputé indivisible, v u au microscope, nous révèle
des é l é m e n t s n o u v e a u x , i n f i n i m e n t petits, susceptibles de s ' é t e n d r e et de
se d é c o m p o s e r j u s q u ' à l ' i n f i n i .
L ' i n f i n i m e n t g r a n d et l ' i n f i n i m e n t petit n ' a p p a r t i e n n e n t pas a u d o m a i n e
m a t h é m a t i q u e , m a i s b i e n à l ' U n i v e r s , à la v i e d e ce d e r n i e r d a n s ses i n n o m -
brables manifestations.
L a sphère de n o t r e science n'est q u ' u n p o i n t insignifiant !
C e q u i p r é c è d e e s t e n c o r e s y m b o l i s é p a r la l e t t r e A l e p h , p r i n c i p e d e
l'unité absolue qui p e u t être représentée p a r quatre iod, unités nées, p o r t a n t
le g e r m e d e la v i e q u i se r e n o u v e l l e p e r p é t u e l l e m e n t . C es q u a t r e i o d
f o r m e n t u n e c r o i x , q u i c h e z les A n c i e n s e x p r i m a i t le s y m b o l e d e l ' é t e r n i t é ,
d e l ' i n f i n i . M a i s , c o m m e le i o d r e p r é s e n t e , n o n la m o r t , m a i s le m o u v e m e n t
i n c e s s a n t d e la v i e , d u r e n o u v e l l e m e n t , l ' A l e p h , o u les q u a t r e i o d , se
p r é s e n t e c o m m e u n e c r o i x a n i m é e d ' u n m o u v e m e n t é t e r n e l . C ' e s t ce q u e les
I n d o u s o n t a p p e l é le S w a s t i k a , e t les E g y p t i e n s e t les H é b r e u x la R o t a
o u r o u e c é l e s t e . L e m o u v e m e n t s a n s fin d e c e t t e R o t a c o n s t i t u e la v i e
cosmique et d o n n e naissance à d'innombrables renouvellements, qui
é c h a p p e n t p o u r la p l u p a r t à n o s o b s e r v a t i o n s .
D e ce p o i n t d e v u e , il s e r a i t p u é r i l d e j u g e r si s u r t e l o u t e l a s t r e , la
v i e e s t p o s s i b l e . T o u t ce q u e n o u s p o u v o n s d i r e , c ' e s t q u e l ' e x i s t e n c e d ' ê t r e s
constitués c o m m e nous, r e s p i r a n t de l'oxygène, s u p p o r t a n t u n e certaine
p r e s s i o n a t m o s p h é r i q u e , etc., est p o s s i b l e o u i m p o s s i b l e s u r tel o u tel
astre et c'est tout.
Il s e r a i t a u c o n t r a i r e p l u s l o g i q u e d ' a d m e t t r e l ' e x i s t e n c e d ' ê t r e s p r o b a -
b l e m e n t s u p é r i e u r s à n o u s , n e p o u v a n t s u b s i s t e r q u e s u r d e s soleils o ù ils
p r e n n e n t p a r t à la f o r m a t i o n d e n o u v e a u x m o n d e s , o u d e c e u x q u i s o n t
c o m m e e n c h a î n é s s u r d e s p l a n è t e s g l a c i a l e s d o n t ils a t t e n d e n t la d e s t r u c t i o n
en e x p i a n t leurs fautes...
N o t r e i m a g i n a t i o n p e u t a l l e r t r è s l o i n , m a i s elle r e s t e l ' i m a g i n a t i o n c a r ,
i n c a r n é s q u e n o u s s o m m e s e t p l a c é s d a n s le c a d r e d e s t r o i s d i m e n s i o n s ,
n o u s n e p o u v o n s v o i r a u - d e l à d e ces l i m i t a t i o n s . T o u t e s n o s o b s e r v a t i o n s
les p l u s m é t i c u l e u s e s n e f r a n c h i r o n t p a s le d o m a i n e d e la m a t i è r e . P l u s
l ' h o m m e sait, p l u s il c o m p r e n d q u e s o n s a v o i r n ' e s t r i e n e n f a c e d e la
Sagesse s u p r ê m e . U n de n o s plus g r a n d s p h i l o s o p h e s l'a b i e n senti, q u a n d
il s ' e s t é c r i é : « J e sais u n e s e u l e c h o s e , c ' e s t q u e je n e sais r i e n ».
C ' e s t c o m m e si o n f a i s a i t l ' a s c e n s i o n d ' u n e m o n t a g n e d ' u n e h a u t e u r
infinie. P l u s o n s'élève, plus l ' h o r i z o n s'élargit et l'œil é t o n n é d é c o u v r e à
c h a q u e pas des t a b l e a u x q u ' i l n e s o u p ç o n n a i t pas u n i n s t a n t auparavant.
L e s a v o i r h u m a i n se t r o u v e e n c a d r é d a n s les t r o i s d i m e n s i o n s . Il p e u t
p r é s e n t e r u n n i v e a u é l e v é , p r o g r e s s e r , m a i s il r e s t e r a t o u j o u r s e x t r ê m e m e n t
r é d u i t , m i s é r a b l e , c o m m e s'il o b s e r v a i t les c h o s e s à t r a v e r s u n p r i s m e .
Il é t u d i e r a u n o b j e t , é n u m è r e r a ses d é t a i l s , d é c r i r a sa c o u l e u r , m a i s il n e le
j u g e r a q u e d u p o i n t d e v u e a l t é r é d e s o n p r i s m e . Il s e r a i t c e r t a i n e m e n t
t r è s s u r p r i s s ' i l le v o y a i t d i r e c t e m e n t , a u p o i n t d e n e p a s le r e c o n n a î t r e
e t t o u t e s ses t h é o r i e s s ' e f f o n d r e r a i e n t d e v a n t ce s p e c t a c l e i n s o u p ç o n n é .
L e s a v o i r d e l ' h o m m e e s t b o r n é e t f a u s s é . C ' e s t la F o i q u i s e u l e p e u t
le s o r t i r d e la p r i s o n o ù il e s t e n c h a î n é , c ' e s t s o n e s p o i r d e p o s s é d e r u n
j o u r l a V é r i t é q u i l ' a c h e m i n e v e r s le P r o g r è s s p i r i t u e l , le s e u l q u i p u i s s e
c o m p t e r . « N ' a c c u m u l e z p a s d e r i c h e s s e s s u r la t e r r e , m a i s d a n s les c i e u x »,
n o u s e n s e i g n e l ' E v a n g i l e q u i a s s i m i l e le s a v o i r a u x b i e n s t e r r e s t r e s , q u i
se b o r n e à r a t t a c h e r l ' E s p r i t à la m a t i è r e e n l ' e n l i s a n t a u p l u s p r o f o n d d u
Na-hasch.
E s s a y o n s d e c o n c e v o i r d e s ê t r e s q u i n ' o n t la n o t i o n q u e d e d e u x
d i m e n s i o n s , d e s ê t r e s p l a t s h a b i t a n t s u r la s u r f a c e d ' u n lac p a r e x e m p l e .
Ils b â t i r o n t u n e m a i s o n , l ' e n t o u r e r o n t d ' u n e e n c e i n t e sans i s s u e , r e s t a n t
t o u j o u r s d a n s les d e u x d i m e n s i o n s . Ils s ' i m a g i n e r o n t q u ' i l s s o n t e n s é c u r i t é .
V i e n n e u n être d ' u n e dimension supérieure p o u r lequel l'enceinte en
q u e s t i o n n ' e s t p l u s u n o b s t a c l e , c a r il e n t r e r a d a n s la m a i s o n p a r e n h a u t ,
p o s s i b i l i t é i n s o u p ç o n n é e d e s h a b i t a n t s d e c e t t e d e m e u r e ; ce s e r a p o u r
ces d e r n i e r s u n e c h o s e i n c o m p r é h e n s i b l e , u n p h é n o m è n e d e l ' a u - d e l à .
Q u e de c h o s e s n o u s s e m b l e n t stables et b i e n o r d o n n é e s , qui s o n t boule-
v e r s é e s p a r d e s f o r c e s d o n t n o u s n ' a v i o n s a u c u n e i d é e e t d o n t la m a n i -
festation n o u s s e m b l e i n c o m p r é h e n s i b l e et mystérieuse. P a u v r e s êtres q u e
n o u s s o m m e s , l i m i t é s p a r les t r o i s d i m e n s i o n s , e t p r o c h e s d e c e u x q u i s o n t
e n c h a î n é s d a n s les d e u x d i m e n s i o n s !
C e l a p e u t s e m b l e r r i d i c u l e e t i n v r a i s e m b l a b l e e t p o u r t a n t cela e s t a i n s i
d e v a n t la S a g e s s e i n f i n i e .
M a i s , r e v e n o n s à la l e t t r e - m è r e d e t o u t e s les l e t t r e s q u i r e n f e r m e e n
e l l e s e u l e , e n t a n t q u e l e t t r e , le p r i n c i p e d e l ' a l p h a b e t et, c o m m e n o m b r e ,
le p r i n c i p e d e la n u m é r a t i o n .
E l l e e s t le p r i n c i p e d e l ' é q u i l i b r e q u i r é g i t t o u t e la c r é a t i o n , la
« B a l a n c e » q u i est d a n s l ' A n c i e n des jours. E n f i n , elle r e n f e r m e l'essence
d e v i e e t d e m o r t , le c y c l e i n f i n i , l ' u n i t é d u d é p a r t e t celle d u r e t o u r , l ' A l p h a
et l ' O m é g a de l'Apocalypse.
J ' a i r é c a p i t u l é t o u t e s ces l o i s q u e n o u s r e t r o u v e r o n s d é v e l o p p é e s , m a i s
t o u j o u r s les m ê m e s d a n s l a c o n s t r u c t i o n d e s a u t r e s l e t t r e s e t d a n s l ' a l p h a b e t
e n t i e r , a i n s i q u e d a n s la n u m é r a t i o n o u S e p h i r o t h .
Ce n ' e s t p a s t o u t , c a r c e t t e l e t t r e i n o u ï e e s t a u s s i u n e l e t t r e p r o p h é t i q u e .
N o u s p o u v o n s j u g e r p a r elle, n o n s e u l e m e n t d e s l o i s c o n s t r u c t i v e s d e la
C r é a t i o n , m a i s a u s s i e n t i r e r d e s p r é s a g e s s u r la v i e d e n o t r e m o n d e e t
s a fin. J e s u i s A l p h a e t O m é g a , le « c o m m e n c e m e n t e t la fin » e t c e t t e fin
n o u s p o u v o n s la l i r e d a n s l ' h i é r o g l y p h e m ê m e d e la l e t t r e .
R a p p e l o n s - n o u s sa c o n s t r u c t i o n : l ' i o d , a i r ( j a u n e ) , p r i n c i p e d e v i e ,
s o r t d e l ' é q u i l i b r e , la m a s s e i n e r t e , l ' e a u ( b l e u ) d ' o ù jaillit le f e u , i o d - r o u g e .
E s s a y o n s d e d é c h i f f r e r ce q u i p r é c è d e .
Le p r e m i e r règne fut celui d u principe q u i d e s c e n d i t e t a n i m a la
' m a t i è r e i n e r t e , p u i s ce f u t le r è g n e d e l ' e a u , q u i s e t e r m i n a p a r le d é l u g e .
Q u e ce d é l u g e f u t u n f a i t h i s t o r i q u e , c ' e s t h o r s d e d o u t e . C e t é v é n e m e n t
t r a f i q u e f i g u r e d ' a i l l e u r s d a n s les é c r i t u r e s d ' a u t r e s p e u p l e s . P r e n o n s , p a r
e x e m p l e , la l é g e n d e d e G i l g a m è s ( i ) . L ' A t l a n t i d e f u t p r o b a b l e m e n t la
source des civilisations é g y p t i e n n e et assyrienne et cette l é g e n d e r e p r é s e n t e
c e r t a i n e m e n t la d i s p a r i t i o n d e ce g r a n d c o n t i n e n t s o u s les v a g u e s d e
l ' O c é a n . C ' e s t a i n s i q u e f u t p e r d u e p o u r l ' h u m a n i t é f u t u r e la S a g e s s e , d o n t
q u e l q u e s v e s t i g e s s e u l e m e n t o n t p u ê t r e t r a n s m i s p a r les I n i t i é s d e l ' E g y p t e
e t d e l ' A s s y r i e , e t p a r ces d e r n i e r s a u x H é b r e u x . M a i s , D i e u p r o m i t q u e
ce d é s a s t r e n e se r e p r o d u i r a i t p l u s (2) e t a p r è s le r è g n e d e l ' e a u v i n t c e l u i
d u f e u d a n s l e q u e l n o u s v i v o n s p r é s e n t e m e n t . C ' e s t le f e u q u i n a q u i t d e
l ' e a u e t c ' e s t le f e u q u i r e p r é s e n t e le s e c o n d i o d ( r o u g e ) .
E t le s e c o n d e t le d e r n i e r d é s a s t r e p r o v i e n d r a d u f e u : « L e m o n d e s e r a
c o n s u m é p a r le f e u », d i t H e r m è s T r i s m é g i s t o s (3) e t S a i n t P i e r r e le c o n f i r m e
a i n s i en ces t e r m e s : « A l o r s les c i e u x s ' é c r o u l e r o n t a v e c f r a c a s , les é l é m e n t s
e n f l a m m é s s e r o n t d é t r u i t s , l a t e r r e e t t o u t e s c h o s e s q u i s o n t s u r elle se
c o n s u m e r o n t p a r le f e u » (4).
Quel terrible avenir nous attend !
M a i s r a s s u r o n s - n o u s car ce f e u r o u g e q u i jaillit d e l ' e a u est u n i o d , u n
Y n - Y a n g , q u i p o r t e e n lui le g e r m e d e r é s u r r e c t i o n , ce n ' e s t q u ' u n c h a î n o n
d e la c h a î n e i n f i n i e q u i n o u s r e l i e à u n e a u t r e m a n i f e s t a t i o n s u p é r i e u r e e t
n o u s r a p p r o c h e d e l ' i n f i n i A ï n - S o p h . P l a t o n a v a i t b i e n c o m p r i s ces c h o s e s ;
il n e c r o y a i t p a s à la fin, m a i s a u r e n o u v e l l e m e n t . V o i c i ce q u ' i l d i t à ce
s u j e t : « Il a r r i v e q u ' à d ' i n f i n i m e n t l o n g s i n t e r v a l l e s , les a s t r e s s ' é c a r t e n t
d e l e u r r o u t e , t o u t ce q u i se t r o u v e s u r la t e r r e e s t d é t r u i t p a r le f e u . C ' e s t
a l o r s q u e se p r o d u i t l ' A p o c a t a s t a s a (5) : les é t o i l e s r e p r e n a n t d a n s le c i e l
l e u r s p o s i t i o n s p r i m i t i v e s , le m o n d e r e c o m m e n c e (6). D a n t e d i t a u s s i :
« L a rotation des grandes roues
Q u i porte chaque grain vers son but
S e l o n les é t o i l e s q u i les a c c o m p a g n e n t . »
C ' e s t le r e n o u v e l l e m e n t é t e r n e l d e la n a t u r e , la v i e - m o r t - v i e .
C o m m e u n i t é p r i n c i p e , A l e p h r e p r é s e n t e l ' A ï n - S o p h l u i - m ê m e , le
P r i n c i p e p r i m o r d i a l d e t o u t e la C r é a t i o n , l ' i n c o n n u , l ' i n d é f i n i s s a b l e , le
m y s t è r e des m y s t è r e s q u e l ' h o m m e n e p e u t c o n n a î t r e et e n c o r e m o i n s e n
p r o n o n c e r le n o m . I l r è g n e d a n s le d o m a i n e d e la f o i e t l ' h o m m e n ' e n s e n t
la p r é s e n c e q u e p a r q u e l q u e s r a r e s r e f l e t s .

(1) Extrait de Gilgamès concernant le déluge : « Tout le jour, le vent du Midi ne cessa
de souffler, hurlant, grondant, chassant les eaux sur les montagnes. Les vagues sur les hommes
croulent comme des bataillons, les hommes ne se voient plus dans les ténèbres, le ciel ne voit
plus la terre périssante... La tempête diluvienne dura six jours et le septième elle se calma. Je
regardai le ciel (raconte plus loin Atrachaüs, le prototype du Noé biblique, qui selon l'ordre de
Dieu, s'était construit une arche) calme et silencieux. Mais la race humaine était retournée à
la terre et la surface de l'eau était nue et plate comme un toit ».
Ce récit a de nombreux points communs avec celui de la Genèse, il se développe ainsi
que ce dernier, mais avec plus de précisions.
(2) Genèse.
(3) Asclepios, Hermès Trismegistos.
(4) Saint Pierre, Epître III, 10.
(5) L'apocatastasa de l'enseignement des Orphiques correspondait au « Nemanch »
des Egyptiens. C'est toujours la même idée de l'Yn-Yang des Chinois, le renouvellement éternel
de l'Univers.
(6) Platon, Timée,
De ce point de vue, l'Unité dans l'Aleph s'exprime par la Croix primor-
diale de l'équilibre universel, le Sephiroth Kether qui signifie littéralement :
la Couronne.
Comme il est rationnel pour l'homme de se représenter des choses
abstraites par des images d'ordre physique (i), le Zohar donne la repré-
sentation figurative de cette couronne comme le crâne ou le cerveau de
l'Ancien des jours du Macroprosope. Ce cerveau qui contient sa pensée
est assimilé à la rosée cristalline pour symboliser sa pureté absolue. La
couronne est incolore, les couleurs ne se manifestant qu'à travers le prisme
de la vie manifestée, mais elle les contient toutes en principe. Cette couronne
suprême, qui équilibre et régit toute la Création, est le point de départ
et de stabilisation des deux sephires suivantes : Hochma et Bina ou, d'après
Kunrath, Sapientia et Intelligentia.
C'est le ternaire originel, base de toute chose.
La Trinité chrétienne indivisible représente la première manifestation
de Dieu Un: les deux dernières sephires Chochma et Bina correspondant
aux lettres Beth et Ghimel.
Il ne faut pas confondre les deux systèmes réunis dans l'alphabet sacré.
Le ternaire Aleph-irxm-schin, lettres-mères sont en quelque sorte les
mères physiques des trois éléments : air, eau et feu dans le macrocosme.
D'autre part, elles correspondent dans le microcosme à la tête, à la poitrine
et à l'abdomen.
Au contraire, les trois premières lettres de l'alphabet représentent le
ternaire de Numération Divine selon lequel fut accompli le développe-
ment architectural ultérieur de la Création. Ce ternaire se développe consé-
cutivement en six, en neuf et finalement, par dix, il accomplit le cycle et
retourne au principe émanateur. C'est pour cette raison qu'il a fallu prendre
les chiffres correpondants et l'on verra plus loin comment l'hiéroglyphe
de la lettre a pu représenter l'idée qu'il symbolise.
Il est à remarquer que l'Aleph dans ces deux systèmes, totalement
différents, reste toujours à sa place dominante comme centre d'équilibre.
J'ai jugé indispensable d'insister aussi longtemps sur la première
lettre de l'alphabet, car elle est non seulement la première lettre et le premier
nombre, mais aussi la base et le prototype de tout l'alphabet et de toute
la numération. Les lettres qui suivent ne sont que des développements
naturels et logiques.
Dans les chapitres suivants, je démontrerai comment les lois créatrices
de l'Univers, en potentiel, en germe dans l'Aleph, vont se développer,
croître, fleurir et porter fruit pour aboutir à la mort, autrement dit au
renouvellement, au retour vers le point de départ.
Enfin, nous verrons le développement des présages prophétiques
existant en potentiel dans l'Aleph, se développer par la Rota dans les lettres
qui suivent pour accomplir leur cycle dans les 2 l manifestations et retourner
enfin à leur source par le Tau. Mais, comme « l'homme est la norme de
toutes choses » (2), les présages de la Rota qui sont prophétiques pour
l'Univers, le sont aussi pour l'homme, son image.

(r) Par exemple, dans la religion chrétienne, les images saintes, les statues ne sont nulle-
ment des êtres divins par eux-mêmes, mais constituent des moyens pour pouvoir absorber la
pensée dans la prière.
(2) Protagoras.
CHAPITRE III

LE T E R N A I R E

Les chapitres qui précèdent ont montré au lecteur qu'à la base de la


création, prototype de l'alphabet sacré, se trouve placé le ternaire qui n'est
autre chose que le dédoublement équilibré de l'Unité principe. Ce ternaire,
en potentiel dans l'unité-arché, se dédouble et se développe pour donner
naissance à toutes les manifestations qui vont suivre.
C'est également pour cette raison que toutes les religions antiques le
considéraient comme un élément capital de fondation et que la religion
chrétienne en couronna son dogme sous l'appellation de Sainte Trinité.
Comprendre le ternaire, c'est comprendre les lois créatrices de l'Univers ;
c'est pénétrer dans l'essence même de la Création.
Il est donc indispensable de s'étendre assez longuement sur cette loi
fondamentale, que je vais exposer aussi clairement que possible et dans
le cadre de ce qu'il m'est permis de dire.
En lisant attentivement cet exposé, le lecteur averti pourra sans peine
pousser plus loin ses investigations et soulever le Voile du Mystère dans
la mesure de son développement spirituel.
Il est des choses qu'on sent, mais qu'on n'exprime pas, car la parole
humaine serait une véritable profanation. On sent se dégager « l'arôme
de la Sagesse Eternelle » de tout ce qui entoure le mystère des trois, mais
les mots de notre pauvre langue, qui a perdu le Verbe, ne peuvent pas
traduire cette émanation supérieure. Nous n'avons que la possibilité de
juger cette dernière par ses reflets qui frappent notre intelligence dans une
sorte de grandiose révélation.
On sait que le premier ternaire qui arrête notre attention dans l'al-
phabet sacré est celui des trois lettres-mères (aleph, mem, schin). Ces
lettres sont nommées mères, et non pères, car elles représentent ici le
ternaire matériel, celui qui fut tiré de l'Unité pour créer toutes les mani-
festations physiques. Ce ternaire est créé passif et il se développe progressi-
vement dans l'acte du Créateur.
Ici, la lettre Aleph représente le Monde Divin où s'est déroulée
l'œuvre créatrice, en principe, en potentiel. Dans le monde manifesté,
c'est le symbole de l'air, la respiration, la Vie.
La lettre Mem représente le monde instinctif, astral. C'est la matière
passive, mère de toute chose, constamment fécondée par le principe actif
pour donner la nourriture, la vie physique à toute la création. Dans le
monde manifesté, c'est l'eau, élément de fond de tout ce qui a été créé.
Enfin, la lettre Schin représente le monde physique où s'est plongée
l'étincelle divine. Dans Schin, elle est descendue au tréfond du Cosmos
pour le pénétrer totalement, puis en sortir pour remonter vers sa source
primitive.
Schin termine le cycle et ses langues de « feu qui remontent en haut » (i)
nous montrent dans l'hiéroglyphe même de la lettre ce retour prédestiné.
Les places respectives que ces lettres occupent dans l'alphabet ne sont
pas dues au hasard. Une fois de plus, elles démontrent ce qui vient d'être
énoncé. Aleph, le principe de Vie, est la première lettre, correspondant à
la première manifestation. Mem, au milieu de l'alphabet, montre qu'après
le développement des lois créatrices de la construction en principe du
monde, énoncée par les dix Séphiroth, commença l'application de ces
mêmes lois dans la nature. Les forces se réalisèrent dans les manifestations,
la mère fut fécondée et donna son fruit.
Enfin, Schin est également à sa place comme dernière lettre de l'al-
phabet. Elle est le développement définitif de la manifestation divine,
sa pénétration au plus profond de la création, d'où remonte le feu vers
son principe primordial pour boucler le cycle de Vie.
Dans l'homme, la lettre Schin symbolise l'intelligence ensevelie dans
le cerveau matériel qui la forcera tôt ou tard à sortir de la matière pour
se hausser vers l'Etre supérieur.
Je dis que Schin est la dernière des lettres de l'alphabet ; c'est la
vingt et unième dans laquelle se termine la manifestation du ternaire dans
la gamme universelle. La lettre Tau, la vingt-deuxième, n'est qu'une lettre
synthétique qui contient en elle tout l'alphabet. C'est le zéro, le non-être,
la fin, l'oméga, le retour au commencement pour un nouveau départ,
un nouveau cycle. Dans l'homme, le Tau représente la bouche d'où sort
le verbe qui donne la vie ou qui tue.
« Je suis alpha et oméga, commencement et fin ». Et le commence-
ment c'est la fin, et la fin c'est le commencement. Le commencement est
la fin, car toute chose commencée contient en elle sa fin ; d'autre part toute
fin n'est que le développement du commencement et contient en potentiel
le commencement de la manifestation suivante.
De ce point de vue on comprend qu'Aleph est le principe du Tau et
le Tau, la manifestation définitive de l'Aleph.
Mathématiquement, les trois premières lettres totalisées donnent la
somme 8 (Aleph i, Mem 40, Schin 3°°; 1 + 4 + 3). Ce sont les huit
dédoublements d'Atoum dans son acte créateur du monde physique.
(Je suis un, mais je suis huit). C'est la création complète jusqu'à celle de
l'homme recevant l'insufflation divine qui, de ce fait, devint l'image de
Dieu, réunissant en lui le principe, l'action et la manifestation, autrement
dit, l'esprit, l'âme et le corps.
De ce point de vue, le ternaire humain (Aleph, Daleth, Mem) est
*1

(1) Sepher Ietzirah.


s u p é r i e u r a u t e r n a i r e d e s t r o i s l e t t r e s - m è r e s c a r , e n l u i , le C r é a t e u r d é v e -
l o p p e s o n a c t e j u s q u ' à l ' a p o g é e . L ' é t i n c e l l e d i v i n e p é n è t r e la m a t i è r e p o u r
la t r a n s f o r m e r c o n s c i e m m e n t . N o u s e n a v o n s la d é m o n s t r a t i o n p a r l ' a d d i t i o n
d e s l e t t r e s c o m p o s a n t l e n o m d e l ' h o m m e , t o t a l q u i d o n n e le c h i f f r e
s u p r ê m e , le d é v e l o p p e m e n t d é f i n i t i f d e la c r é a t i o n s u i v i e d u r e t o u r à
l ' U n i t é . ( L e n o m d ' A d a m c o r r e s p o n d a u c h i f f r e 9). D ' a u t r e p a r t , ce m ê m e
chiffre est o b t e n u p a r l ' a d d i t i o n d u chiffre h u i t ( d é d o u b l e m e n t c o m p l e t d u
C r é a t e u r dans s o n acte) et de l ' U n i t é - P r i n c i p e (étincelle divine). Cette
constatation d é p e i n t u n e fois d e plus l ' h o m m e , cet « esprit incarné » dans
lequel l'Un-Principe-Divin s'unit à huit, manifestation physique p o u r
revenir ensuite à l'Unité manifestée, au Yn-Yang.
L e t e r n a i r e p h y s i q u e se r e p r é s e n t e h i é r o g l y p h i q u e m e n t p a r d e u x
c a r r é s e n t r e l a c é s q u i f o r m e n t u n e é t o i l e à h u i t p o i n t e s . C ' e s t le q u a t e r n a i r e
de réalisation m i s e n m o u v e m e n t .
L e t e r n a i r e de l ' h o m m e , p a r c o n t r e , est r e p r é s e n t é p a r l'étoile à n e u f
p o i n t e s q u i se m e u t d a n s le c e r c l e p o u r t e r m i n e r le c y c l e c r é a t e u r .
L a l e t t r e q u i r e p r é s e n t e le h u i t i è m e d é d o u b l e m e n t d e l ' u n i t é e s t h e t h
q u i , d ' u n c ô t é e s t le s i g n e d ' e x i s t e n c e é l é m e n t a i r e , l ' â m e v i v a n t e d e la
G e n è s e , d a n s l a q u e l l e œ u v r e r a le s o u f f l e d i v i n p o u r c r é e r l ' h o m m e d a n s la
m a n i f e s t a t i o n s u i v a n t e e t d é f i n i t i v e . D ' u n a u t r e c ô t é , h e t h r e p r é s e n t e le
c h a m p d ' a c t i o n d e l ' h o m m e , c e q u ' i l d o i t t r a v a i l l e r , o ù il d o i t a p p l i q u e r
s o n effort.
Ce q u i p r é c è d e c o n f i r m e d e r e c h e f c e q u e n o u s a v o n s d i t , c a r h u i t e s t
le c h i f f r e d é f i n i t i f d u d o m a i n e d a n s l e q u e l d e v r a se d é r o u l e r l ' e x i s t e n c e d e
l ' h o m m e o ù il d e v r a a p p l i q u e r ses f o r c e s e n v u e d u r e t o u r à l ' U n i t é -
S o u r c e P r i m i t i v e p a r le i o d - d i x .
L a l e t t r e q u i r e p r é s e n t e le c h i f f r e d e l ' h o m m e e s t t e t h . E l l e se r a p p o r t e
d i r e c t e m e n t à l ' a i n c a r n é » c a r e l l e r e p r é s e n t e s o n r e f u g e , le b o u c l i e r q u ' i l
o p p o s e a u x a t t a q u e s d e s é l é m e n t s e t d e s e n n e m i s (1).
N o u s p o u s s e r o n s p l u s l o i n n o s r e c h e r c h e s s u r le t e r n a i r e h u m a i n .
A b a n d o n n o n s - l e m o m e n t a n é m e n t p o u r é t u d i e r le t e r n a i r e n u m é r i q u e ,
s c h é m a c o n s t r u c t i f d e l ' a l p h a b e t e t q u i n o u s m o n t r e ce d e r n i e r s o u s u n
autre angle.
Ce t e r n a i r e e s t c o m p o s é d e s l e t t r e s A l e p h , B e t h e t G h i m e l a u x q u e l l e s
c o r r e s p o n d e n t r e s p e c t i v e m e n t les S é p h i r o t h K e t h e r , C h o c h m a e t B i n a h
e t les 1, 2, 3.
D a n s le c h a p i t r e p r é c é d e n t , n o u s a v o n s é t u d i é a s s e z l o n g u e m e n t
A l e p h , u n e , d a n s ses m u l t i p l e s f a c e s q u e n o u s r é v è l e n t d ' i n n o m b r a b l e s
points de vue, gardant, m a l g r é t o u t s o n essence, principe équilibrant de
toute chose.
D a n s les c h i f f r e s 1, 2, 3, u n e s t c e l u i q u i é q u i l i b r e les d e u x a u t r e s
(2 + 1 = 3 c o m m e 3 — 1 = 2) e n se p l a ç a n t e n t r e e u x . M a i s , c o m m e
n o u s le s a v o n s d é j à , le 1 les c o n t i e n t e n l u i p u i s q u e le 2 n ' e s t q u e la p r e m i è r e
d i v i s i o n d e l ' U n i t é - P r i n c i p e e n p o s i t i f e t n é g a t i f (la B a l a n c e q u i e s t d a n s
l ' U n i t é ) et le 3 s y m b o l i s e ce d é d o u b l e m e n t é q u i l i b r é . A i n s i , il s ' a j o u t e
a u 2 p o u r é q u i v a l o i r le 3, o u il se s o u s t r a i t d u 3 p o u r s ' é q u i l i b r e r a v e c le 2.
Cette règle, en principe, passe c o m m e u n trait r o u g e p a r t o u t l'alphabet,
p a r t o u t e la C r é a t i o n . S u r e l l e s o n t b â t i s t o u s les c a l c u l s c a b b a l i s t i q u e s ,
c o m m e t o u s les n o m s .
L a d i v i s i o n d e s 21 l e t t r e s d e l ' a l p h a b e t s a c r é e n t r o i s g r o u p e s s e l o n

(1) Il est curieux de remarquer ici que la racine hébraïque Tha, teth-aleph, représente
la réfraction lumineuse. C'est l'Aleph principe divin qui vient se refléter dans Adam.
les t r o i s l e t t r e s d u t e r n a i r e m a t h é m a t i q u e n o u s d o n n e la c l e f p e r m e t t a n t
l'application de cette règle.
L a S é p h i r e K e t h e r , q u i c o r r e s p o n d à la l e t t r e A l e p h , v e u t d i r e : la
c o u r o n n e s u p r ê m e o u , c o m m e n o u s l ' a v o n s d é j à d i t ( s e l o n le Z o h a r ) , le
F r o n t d e l ' A ï n - S o p h o ù h a b i t e n t e n p o t e n t i e l t o u t e s ses p e n s é e s - p r i n c i p e s
d e t o u t e c h o s e . L a l e t t r e B e t h (chiffre 2) r e p r é s e n t e le p r i n c i p e a c t i f et
m a s c u l i n . C ' e s t le s i g n e p a t e r n e l , c e l u i d e l ' a c t i o n . D a n s sa c o m b i n a i s o n
a v e c l ' A l e p h , p r i n c i p e d e s c h o s e s , il c r é e la r a c i n e A b , q u i s i g n i f i e p è r e .
C ' e s t l ' i d é e d e c a u s e p r o d u c t i v e , d e v o l o n t é efficiente, d e m o u v e m e n t
d é t e r m i n a n t , d e f o r c e g é n é r a t r i c e , ce q u i e x p l i q u e s o n a u t r e s i g n i f i c a t i o n :
f r u i t (1).
Ces d e u x significations qui, à p r e m i è r e v u e , paraissent disparates, ne
le s o n t p a s , c a r l ' i d é e d ' a c t i v i t é p a t e r n e l l e fixe e n elles le d é s i r d e l ' e n f a n t e -
m e n t d o n t le r é s u l t a t e s t le f r u i t . C o m m e la r a c i n e M a e s t celle d e la M a t e r n i t é
u n i v e r s e l l e , d e la p a s s i v i t é , d e l ' a b a n d o n , la r a c i n e A b e s t celle d e la p a t e r -
nité, d e l'activité fécondante p r o d u i s a n t u n être n o u v e a u .
L ' u n i o n d e s l e t t r e s B e t h e t M e m c r é e u n e r a c i n e p e u u s i t é e e t d o n t la
c o m p r é h e n s i o n p r é s e n t e q u e l q u e o b s c u r i t é . D a n s le style h i é r o g l y p h i q u e
c ' e s t l ' u n i v e r s a l i t é d e s c h o s e s ; d a n s le style f i g u r é , c ' e s t t o u t l i e u é l e v é ,
s a c r é ; u n t e m p l e , u n a u t e l (2). C ' e s t le s a n c t u a i r e d e l ' U n i v e r s o ù se p r o d u i t
é t e r n e l l e m e n t le m y s t è r e d e s m y s t è r e s , la f é c o n d a t i o n c o n t i n u è l l e d e la
N a t u r e - m è r e p a r le p r i n c i p e a c t i f p a t e r n e l p o u r c r é e r t o u t e s les m a n i f e s -
tations vitales.
« D e tes f l a n c s , il fit u n T r ô n e e t t o n v e n t r e il le fit p l u s v a s t e q u e
les c i e u x », c h a n t e à la V i e r g e , l ' E g l i s e c h r é t i e n n e . E t c e t t e u n i o n p u r e
d e s p r i n c i p e s c r é a t e u r s d e la v i e d o n n a n a i s s a n c e à d e n o m b r e u x c u l t e s
d a n s les r e l i g i o n s a n c i e n n e s (3).
D a n s n o t r e siècle, a s s e r v i à la m a t i è r e , n o u s a v o n s p e r d u le sens d e
ce m y s t è r e d e la v i e . L e T a u s a c r é , le s i g n e d u f r u i t d é f i n i t i f e n g e n d r é p a r
l ' A l e p h à t r a v e r s t o u t e s ses m a n i f e s t a t i o n s , se t r a n s f o r m a p o u r n o u s e n
l ' i g n o b l e p h a l l u s . L e s p ô l e s o p p o s é s d e la B a l a n c e , les sexes d a n s l ' ê t r e
h u m a i n , q u i , d a n s l e u r u n i o n b é n i e p a r le C r é a t e u r (4), d o n n a i e n t n a i s s a n c e
a u m y s t è r e s u p r ê m e d e la v i e . d e v i n r e n t p o u r n o u s u n e s o u r ç e d e h o n t e s
et de maladies abjectes.
L e s a c r i l è g e d u sexe se m a n i f e s t e p a r la p r o s t i t u t i o n , la m è r e e u t h o n t e
d e sa m a t e r n i t é , v i t a v e c h o r r e u r s o n f r u i t et, p a r d e s m o y e n s c o u p a b l e s ,
essaya de s'en libérer p o u r j o u i r u n i q u e m e n t des plaisirs corporels.
L ' h o m m e , a u l i e u d e s ' i n c l i n e r a v e c r e s p e c t d e v a n t le m y s t è r e d e l ' e n f a n t e -
m e n t , le f u i t a v e c d é g o û t p o u r r e c h e r c h e r la c o m p a g n i e d e s filles d e j o i e
p o u r é t a n c h e r la s o i f d e sa v o l u p t é .
L a s a i n t e u n i o n b é n i e p a r l e C r é a t e u r e s t s o u i l l é e , la f a m i l l e , la n a t i o n ,
la race, en u n m o t t o u t e l ' h u m a n i t é s'écroule dans l ' a b î m e des ténèbres
d e la m o r t .
M a i s , r e p r e n o n s l ' é t u d e d e la l e t t r e B e t h . L e n o m d e la S é p h i r e q u i l u i
e s t a t t a c h é e e s t B i n a h q u i r é p o n d , s u i v a n t K i r c h e r , à « i n t e l l e c t u s », l ' i n t e l l i -
g e n c e . C e l l e - c i e s t m a n i f e s t é e d a n s la p r e m i è r e S é p h i r e p a r la r a i s o n ( m e n s )
e t n ' e s t q u ' u n e d e s f a c e s d u p r i n c i p e a t t a c h é à la p r e m i è r e l e t t r e , c o m m e
l ' e s t u n e a u t r e f a c e q u i c o r r e s p o n d à « c o g n i t i o » o u « r a t i o », c o m p r é -

(1) Fabre d'Olivet.


(2) Fabre d'Olivet.
(3) Le culte d'Isis-mère en Egypte comme celui d'Istar en Babylone.
(4) « Croissez et multipliez » (Genèse).
h e n s i o n , d e la t r o i s i è m e S é p h i r e - C h o c h m a . Ce s d e u x S é p h i r e s n e s o n t , c o m -
m e o n le v o i t , q u e les p r e m i e r s d é v e l o p p e m e n t s d u p r i n c i p e a u q u e l elles
s o n t é t r o i t e m e n t l i é e s p o u r f o r m e r le p r e m i e r t e r n a i r e s é p h i r o t i q u e ,
p r o t o t y p e d e t o u s les s u i v a n t s .
L a l e t t r e G h i m e l , q u i c o r r e s p o n d a u c h i f f r e t r o i s e t q u i t e r m i n e ce
p r e m i e r t e r n a i r e , e s t celle q u i d é m o n t r e l ' a m b i a n c e o r g a n i q u e . P r i s e d a n s
u n s e n s i n f é r i e u r , elle i n d i q u e a u s s i la f o n c t i o n d e s o r g a n e s c o r p o r e l s .
A i n s i , l ' i d é e d e ce p r e m i e r t e r n a i r e e s t celle d e l ' a c t i o n v o l i t i v e d i r i g é e
p a r la R a i s o n s u p r ê m e d a n s ses m a n i f e s t a t i o n s p h y s i q u e s , ce q u i d é p e i n t
l ' h o m m e a i n s i q u e s o n p r o t o t y p e le C r é a t e u r .
D e ce p o i n t d e v u e , l ' A l e p h c o r r e s p o n d à D i e u le P è r e , B e t h à D i e u le
F i l s e t G h i m e l a u S a i n t - E s p r i t . D a n s le m i c r o c o s m e , A l e p h c ' e s t A d a m ,
l ' h o m m e u n i v e r s e l , B e t h c ' e s t A ï s c h - l ' I n t e l l i g e n c e , le p r i n c i p e m a s c u l i n e t
G h i m e l - A ï s h a , la f a c u l t é v o l i t i v e , la c o m p a g n e d e l ' h o m m e q u i r é a l i s e les
conceptions d'Aïsh, mais qui, de son côté, l'influence en l'attirant dans
la m a t i è r e .
L a f o r c e é v o l u t i v e , q u i e s t A ï s h , s ' é q u i l i b r e d a n s A d a m a v e c les f o r c e s
involitives r e p r é s e n t é e s p a r Aïsha. Ce d o u b l e m o u v e m e n t est s y m b o l i s é
p a r l ' U n i t é q u i a m è n e à l ' é q u i l i b r e , le 2 e t le 3.
L a s o m m e t o t a l e d e c e t e r n a i r e d e n u m é r a t i o n e s t 6 (1 + 2 + 3),
s o m m e q u i n o u s i n d i q u e , d ' u n e p a r t le n o m b r e d e s six m a n i f e s t a t i o n s ,
s y m b o l i s é p a r les six j o u r s d e la c r é a t i o n (six s é p h i r o t h d e c o n s t r u c t i o n ) ,
les six A e l o h i m d e l ' A ï n - S o p h ; d ' u n a u t r e c ô t é , c ' e s t l ' E q u i l i b r e U n i v e r s e l
f o r m é p a r le t r i a n g l e s p i r i t u e l q u i e s t le p r e m i e r t e r n a i r e a u q u e l s ' o p p o s e
d a n s sa m a n i f e s t a t i o n p h y s i q u e le t e r n a i r e m a t é r i e l ( t r i a n g l e r e n v e r s é ) p o u r
c r é e r la c l e f d i t e « s c e a u d e S a l o m o n », d a n s l e q u e l l ' é v o l u t i o n e s t o p p o s é e
à l'involution :
« Q u o d s u p e r i u s t o t u s q u e i n f e r i u s ». A u M a c r o p r o s o p e — le M i c r o -
p r o s o p e , ce q u i e s t e x p r i m é d a n s le Z e n d A v e s t a p a r l ' o p p o s i t i o n d ' O r m u z
et d ' A r i m a n .
M a i s la r e l i g i o n d e s M a g e s P e r s a n s n e v o y a i t p a s d a n s A r i m a n l ' é q u i -
v a l e n t d ' O r m u z . A u c o n t r a i r e , la l u t t é c o n t i n u e l l e d u B i e n e t d u M a l
n ' a v a i t sa r a i s o n d ' ê t r e q u e p o u r p r o v o q u e r la S p l e n d e u r , le s u c c è s d u
B i e n a p p e l é à r é g n e r é t e r n e l l e m e n t s u r le m o n d e é v o l u é . C ' e s t l ' E p r e u v e
f i g u r é e p a r la v i n g t e t u n i è m e c l e f d u T a r o t q u i c o n d u i t i n f a i l l i b l e m e n t à
la c o u r o n n e d u M a g e , r é c o m p e n s e s u p r ê m e , t e r m e d u C y c l e , r e t o u r v e r s
la s o u r c e a b s o l u e , le T a u q u i a s s u r e u n n o u v e a u d é p a r t s u r la s p i r a l e
i n d é f i n i e d e la V i e é t e r n e l l e .
S e l o n le S. I., les t r o i s p r e m i e r s S e p h i r o t h s o n t :
A l e p h : « le p r e m i e r , l ' E s p r i t d e D i e u v i v a n t , d o n t la V o i x , l ' E s p r i t
e t le V e r b e c o m p o s e n t le S a i n t - E s p r i t » (1). C e c i f a i t a l l u s i o n a u p a s s a g e
d u Ternaire D i v i n au quaternaire de réalisation, d u Iod-hé-vau au Iod-
hé-vau-hé, d o n t n o u s parlerons plus loin.
Beth : « le s e c o n d , le s o u f f l e d e l ' E s p r i t » ( l ' E t h e r ) . Ce s o u f f l e d e
l ' E s p r i t e s t A l e p h se m a n i f e s t a n t d a n s le s e c o n d S e p h i r o t h p o u r c r é e r les
22 m a n i f e s t a t i o n s e t e n e l l e s les l o i s d e 3, 7, 12, a i n s i q u e les q u a t r e p o i n t s
c a r d i n a u x N . S. E . O . , « m a i s l ' e s p r i t e n e l l e s ( t o u t e s ) e s t U n i q u e ».
C e t e s p r i t u n i q u e , q u i e s t l ' e s s e n c e m ê m e d ' A l e p h , se r é a l i s e d a n s l ' i o d
u n i t é c r é a t r i c e , g e r m e d e v i e d e t o u t e c h o s e . E t p a r ce i o d , s o n t r e p r é -
sentées graphiquement les 21 lettres pour aboutir, au retour, à la lettre
synthétique Tau.

(1) Voir Essai d'Astrologie Cabbalistique III.


Ghimel : « le troisième, c'est l'eau de l'éther », chose symbolisée par
la lettre Mem dans le monde physique, principe passif, mère de toute chose.
Ainsi, la lettre Ghimel contient en elle le principe féminin maternel qui se
réalise dans le monde par la lettre Mem.
La racine G M n'en donne pas une idée assez claire dans la langue
hébraïque, mais, en arabe, elle a bien conservé son sens primitif d'abon-
dance et de multiplication. Dans un sens plus restreint, elle donne naissance
à l'idée de la pierre précieuse, d'où : gemma en latin.
En Astrologie, le ternaire est figuré par le Soleil, la Lune et Vénus.
Le Soleil est le principe actif fécondateur, lumineux et chaud. Par contre,
la Lune symbolise le principe passif, fécondé, sombre et humide. L'union
de ces deux principes, l'un masculin, l'autre féminin, est réalisée par Vénus ;
l'attraction des sexes dans le sens matériel, l'amour dans le sens élevé.
Les couleurs affectées à ces astres nous donnent l'image exacte de leur
association. La couleur jaune dorée du soleil se mariant au bleu de l'eau,
symbole de la lune, donne naissance à la couleur verte, celle de Vénus.
Dans l'homme physique, le ternaire est représenté par la tête, domaine
du Schin ; la poitrine, domaine de l'Aleph, et le ventre, domaine du Mem.
L'homme primitif Aïsch fut créé à l'image de Dieu, c'est dire qu'il
renfermait en lui, en potentiel, des qualités à développer, notamment le
principe de toutes choses Aleph, le germe de vie éternellement renouve-
lable (iod-unité de retour), et la raison (le feu sacré), Schin. Mais il était
privé du libre arbitre et développait son action selon la volonté du Créateur.
Dieu jugea que « cela n'était pas bon pour l'homme de rester seul » (i)
et Il décida de lui donner une compagne. Ici, la Vulgate commet une erreur
de traduction en considérant comme compagne de l'homme, sa femme.
Cette erreur est facilement mise en relief, car quelques strophes auparavant
il est dit nettement que Dieu créa le genre humain : hommes et femmes.
La compagne indispensable à l'homme universel était son libre arbitre
qui le sépara de la Volonté Divine, l'individualisa et lui fit évoluer la
matière adamique vers son progrès prédestiné. La goutte d'eau tombe du
nuage pour accomplir son œuvre et, son cycle terminé, revenir en vapeur
à la source émanatrice.
Cette création de la faculté volitive de l'homme, Aïscha, non seule-
ment le définit personnellement, mais le fit descendre dans la matière pour
épouser le « mem », y travailler et en sortir victorieux. C'est ainsi que
l'homme put continuer l'œuvre créatrice, selon son libre arbitre. Il devint
l'être complet dans lequel le ternaire passe au quaternaire comme le
démontre le nom sacré Ieve. Nous reviendrons plus loin sur ce nom,
clef universelle par laquelle on déchiffre le principe du ternaire spirituel et
de son passage au quaternaire de réalisation.
Revenons au ternaire humain.
Dans le nom Aïsch, se réunirent deux principes, celui de la puissance
uni à sa réalisation Aï, et celui du feu Asch. Cette dernière racine dans son
sens abstrait exprime tout mouvement relatif. Hiéroglyphiquement, le nom
Aïsch se symbolise par une circonférence entourant une croix. Mathémati-
quement, ce nom donne 1 + 10 + 3 = 14, le double septenaire ou
i + 4 = 5 qui correspond à la lettre Hé et qui exprime la moitié de
l'évolution de l'unité, dont la valeur totale, le cycle complet, est 10 — Mal-
cut.
De ces déductions mathématiques, on voit que le nom Aïsch n'est
pas un nom accompli. Il s'arrête à mi-chemin, car le cycle entier comprend

(i) Genèse. Ch. I.


3 gammes, soit 2 l manifestations pour aboutir à l'unité d'un autre degré
9 à 10, 90 à. 100 et ainsi de suite.
La faculté volitive de l'homme, Aïscha, se compose de quatre lettres
dont les trois premières forment le nom Aïsch et la quatrième, celle qui
complète ce nom Hé (5 + 5 = 10). C'est le passage du ternaire au quater-
naire : la réalisation. Cette lettre nous donne, d'après ce qui précède, tout
ce que nous attendions d'elle. D'abord, elle est le symbole de la vie uni-
verselle et représente l'haleine de l'homme. C'est sa vie physique propre-
ment dite, son âme dans un sens plus élevé, intermédiaire et lien entre
l'esprit et le corps.
A ce moment de son existence, l'homme ne possédait pas encore de
corps, mais sa partie instinctive et subconsciente, représentée par Hé, fit
descendre l'esprit Aïsch dans la matière — Mem, et l'être humain fut
complet : esprit, âme et corps (Aleph, Mem, Schin, ternaire physique).
La valeur numérale du Hé est 5, ce qui, nous le savons, ferme le cycle
parcouru à moitié par Aïsch — terme 10, le iod, l'Yn-Yang, chaînon de
la spirale indéfinie portant en lui le germe de l'évolution ultérieure.
L'union des deux principes dans l'homme universel, la raison Aïsch
et la volonté Aïscha donne la somme :
Aïch = l + 10 + 3 = 14
Aïcha = l + 10 + 3 + 5 = 19

33 = 6
ou
Aïch = l + 1 + 3 = 5
Aïcha = l + 1 + 3 + 5 = 1 0

1 = 6
De toute façon, nous obtenons le même nombre 6, somme du ternaire
de numération, chiffre des six jours mystérieux de la création nécessaires
pour aboutir à l'acte définitif : la création de l'homme.
Enfin, ce sont les six membres de Dieu, qui par son dédoublement
provoque l'apparition de l'homme Universel Adam, dont le chiffre étant 9,
lui donne la qualité suprême de terme ultime de la création après quoi
c'est le retour à l'Unité.
Si l'on juge ces Ternaires à la lumière du Tarot nous avons deux
solutions également exactes dont les aspects varient avec l'angle sous lequel
la question a été envisagée.
Pour le ternaire séphirotique, on obtient :
Aleph — 1° Le Mage ou Maître des arcanes
Beth — 20 Le Sanctuaire.
Ghimel — 30 Isis Uranie.
C'est-à-dire le principe actif fécondateur, le principe passif fécondé
et le principe équilibrant leur union. Le sens est le même que celui des
trois premières séphires dont nous avons déjà donné une idée.
Pour le ternaire dit matériel, celui qui régit la vie de l'Univers, nous
avons :
Aleph — 10 Le Mage qui symbolise le principe actif-Vie.
Mem — 20 La Faux qui symbolise le principe passif-Mort.
Schin — 30 Le crocodile ou l'épreuve qui est le point équilibrant
aussi bien dans l'existence humaine que dans celle du Cosmos.
Celui qui succombe à l'épreuve devient la proie de la mort et -celui
qui triomphe reçoit la Vie comme récompense.
Ce qui précède ne doit pas être entendu seulement dans le sens littéral,
mais dans un sens très large. Et c'est en ceci que réside le secret de toute
existence.
Après ce bref aperçu du ternaire dans ses différentes phases, nous
allons aborder le ternaire spirituel, qui contient en lui seul toutes les
différentes manifestations, qui semblent parfois contradictoires.
Le nom sacré qui renferme tous ces principes est bien connu et,
néanmoins, reste toujours incompréhensible. Ce qui est connu, c'est sa
forme extérieure, son cadre hiéroglyphique, mais son essence et tout ce
qu'elle exprime jusqu'à l'infini reste inaccessible à l'homme au cours des
siècles. Nombreux furent les ouvrages traitant du nom suprême ainsi que
les judicieuses déductions qui en furent tirées. Cette énigme reste toujours
enveloppée du voile du mystère et il n'est pas donné à l'incarné de résoudre
le problème de l'Infini dont il possède cependant la clef. Je n'aurai certes
pas la prétention d'éclairer le lecteur sur ce problème insoluble après les
efforts de tous les penseurs des siècles passés. J'essaierai seulement de
jeter quelques lueurs nouvelles sur ce nom en me plaçant à un point de vue
différent de celui de ceux qui m'ont précédé.
Composé de quatre lettres, dont une répétée deux fois, le nom sacré
était nommé Tetragrammaton, afin qu'il ne soit jamais proféré en vain.
Nous voyons immédiatement la réunion de deux principes : le ternaire,
qui se développe en quaternaire. Le premier est de nature spirituelle,
tandis que le second est la réalisation cosmique du premier. En le jugeant
mathématiquement, nous retrouvons les principaux nombres ayant présidé
à la création : 3, 7 (3 + 4), 12 (3 X 4) et enfin la somme totale 22.
Etudions séparément ces deux principes. Nous voyons qu'ici le
ternaire spirituel est composé des lettres Iod-Hé-Vau. Ainsi que nous le
savons déjà, le Iod représente l'unité créatrice de toute chose, la graine
issue de la source primitive et contenant le germe de Vie reproduite.
Son action est active et masculine.
Le Hé, qui est la seconde lettre du nom, symbolise la vie de l'être.
Dans sa signification concrète, c'est l'haleine de l'homme qui lui donne
l'air indispensable à sa vie physique. Dans le sens abstrait, cette lettre ne
représente pas la cause vitale, mais bien le moyen de la vi2. Considérée
seule, elle est passive et inanimée ; le choc lui est donné par le principe
de vie, le Iod ; mais elle fournit à ce dernier les éléments nécessaires à
ses manifestations vitales. Analogie avec l'air, qui de lui-même ne peut
vivifier un être mort, mais sans lequel un être vivant ne saurait vivre.
Il est compréhensible que la réunion de ces deux lettres Io -i-hé forme
une racine qui signifie : la vie absolue manifestée, l'être éternellement
vivant : Dieu.
Enfin, la troisième lettre, Vau, est l'image du nœud qui réunit ou le
point qui « sépare le néant de l'être » (1).
Ainsi donc se trouvent réunis dans ce nom incomparable, l'idée
complète de Dieu Créateur et son lien indissoluble avec la création, lien
dans lequel sont contenus en potentiel tous les principes du monde mani-
festé. Ce lien Vau, dont le chiffre est 6, représente les iElohim, les membres
de Dieu qui se développèrent pendant les six jours mystérieux de la création.
Le Vau contient donc en lui les principes des six Sephiroth de construction. ;
La Séphire qui lui correspond est Tifèreth qui veut dire: l'éclat, le Soleil. ?

(1) Fabre d'Olivet, Langue hébraïque restituée.


C ' e s t le S o l e i l - D i e u v i s i b l e d e s a n c i e n n e s r e l i g i o n s , le R a d e s E g y p t i e n s ,
l ' A p o l l o n d e s G r e c s . C ' e s t l ' i d é e d e D i e u r e f l é t é e d a n s la m a t i è r e .
L a s o m m e t o t a l e d u n o m s a c r é e s t 10 + 5 + 6 = 21, le n o m b r e d e
m a n i f e s t a t i o n s c o m p l e t q u i t e r m i n e le c y c l e p h é n o m é n a l . L ' a c t e q u i se
d é r o u l e e n t r e A l p h a e t O m é g a , e n t r e le c o m m e n c e m e n t e t la fin : l ' I n f i n i .
E n c o n s i d é r a n t le i o d c o m m e u n i t é , la s o m m e c i - d e s s u s se c h i f f r e p a r
12, n o m b r e d e s r é g i o n s d e l ' e s p a c e d a n s l e s q u e l l e s se d é r o u l a la c r é a t i o n
p h y s i q u e , les d o u z e s i g n e s d u Z o d i a q u e , les d o u z e h e u r e s d e t r a v a i l d u
C r é a t e u r q u i se r e f l è t e d a n s les d o u z e h e u r e s d e s t r a v a u x d ' H e r c u l e .
C o m m e o n l ' a d i t p l u s h a u t , le n o m I e v e s t le t e r n a i r e s u p r ê m e e t p r o t o -
t y p e p a r l e q u e l o n p e u t r é s o u d r e t o u s les t e r n a i r e s m a n i f e s t é s .
E n p r e m i e r l i e u , d u p o i n t d e v u e c h r é t i e n , e n ce q u i c o n c e r n e la S a i n t e
T r i n i t é , le I o d c ' e s t D i e u le P è r e - P r i n c i p e d e t o u t e c h o s e ; le H é , c ' e s t le F i l s -
V e r b e c r é a t e u r , e t le V a u , c ' e s t le S a i n t - E s p r i t , V i e d e la c r é a t i o n m a n i f e s t é e .
C e s y m b o l e e s t s o u v e n t r e p r é s e n t é d a n s les o r n e m e n t s d u c u l t e c h r é t i e n
p a r u n t r i a n g l e r e n f e r m a n t u n œil, « cet œil q u i v o i t t o u t » n ' e s t a u t r e c h o s e
q u e le I o d , Y n - Y a n g , s e m e n c e p o r t a n t e n e l l e s o n g e r m e .
D a n s l ' h o m m e , c ' e s t l ' A ï s c h o ù A e s t le p r i n c i p e d e s c h o s e s ( N e c h a m a ) ;
I o d e s t s a r é a l i s a t i o n , le g e r m e d e v i e q u i d ' u n e p a r t e s t r é u n i à la s o u r c e ,
d e l ' a u t r e d e s c e n d v e r s la m a n i f e s t a t i o n ( R o u a c h ) e t e n f i n le S c h i n , m a n i -
f e s t a t i o n d a n s le m o n d e i n f é r i e u r ( N e p h e s h ) .
L ' a d d i t i o n d u s e c o n d H é d a n s le n o m s a c r é t r a n s f o r m e ce t e r n a i r e
s p i r i t u e l e n q u a t e r n a i r e d e r é a l i s a t i o n , la n a t u r e d a n s l a q u e l l e p é n è t r e le
P r i n c i p e D i v i n , I o d , m a n i f e s t é d a n s s o n v e r b e le H é e t p a r l ' E l o ï m V a u .
D a n s le m a c r o c o s m e , c ' e s t l ' u n i o n d e D i e u a v e c la n a t u r e q u i p r o d u i t
t o u t e s les m a n i f e s t a t i o n s d e la v i e u n i v e r s e l l e .
D a n s le m i c r o c o s m e , c ' e s t l ' A ï s c h a q u i fit d e s c e n d r e l ' h o m m e u n i v e r s e l
A d a m d a n s la m a t i è r e p o u r q u ' i l p u i s s e p a r s o n œ u v r e f a i r e r e s p l e n d i r
l ' E s p r i t D i v i n q u i v i t en lui.
C e t t e i d é e f o n d a m e n t a l e d e la C r é a t i o n f u t i n c o r p o r é e p a r les E g y p t i e n s
d a n s le S p h i n x m y s t é r i e u x q u i r é u n i t e n lui les q u a t r e é l é m e n t s d é v o i l é s
p a r la r e l i g i o n c h r é t i e n n e , à s a v o i r : l ' h o m m e , le l i o n , le t a u r e a u e t l ' a i g l e ,
q u i p a r l e n t , r u g i s s e n t , b e u g l e n t e t c h a n t e n t la g l o i r e d u S e i g n e u r .
E n f i n , c e s o n t les q u a t r e é l é m e n t s m a n i f e s t é s q u a n d A l e p h , M e m ,
S c h i n se d é v e l o p p è r e n t e n A l e p h - m e m - s c h i n - m e m , q u a n d la t e r r e s u r g i t
d e l ' e a u . L e S c h m a ( S c h é m a ) d e v i e n t r é a l i s a t i o n , c a r la r a c i n e M e m - S c h i n
d é m o n t r e toute chose palpable, compacte, ayant une f o r m e déterminée
e t p e r c e p t i b l e p a r le t o u c h e r .
L a s o m m e d e ce n o m e s t 10 + 5 + 6 + 5 = 26 = 8.
C e chiffre e s t c e l u i d u d é d o u b l e m e n t d é f i n i t i f d u C r é a t e u r A t o u m d a n s
s o n a c t e d e C r é a t i o n . « J e s u i s u n d e v e n u h u i t ». C ' e s t la s o m m e d e la
B a l a n c e e t d e s / E l o h ï m , c ' e s t la v i e d e l ' U n i v e r s , r é g i e p a r les l o i s d i v i n e s e t
p é n é t r é e d a n s s o n t r é f o n d s p a r les m e m b r e s d e D i e u . C ' e s t la p o s s i b i l i t é
d u septième jour mystérieux q u a n d l ' A ï n - S o p h figuré par l'Aleph indéfini
se r e t i r a , e n l a i s s a n t ses m e m b r e s d é v e l o p p e r s o n œ u v r e c r é a t r i c e . A i n s i
q u ' o n l ' a v u , les t r o i s p r e m i e r s S e p h i r o t h f o r m e n t le p r i n c i p e f o n d a m e n t a l
d e la C r é a t i o n , l ' E q u i l i b r e , la B a l a n c e q u i e s t e n p o t e n t i e l d a n s l ' U n . Ils
s o n t r e p r é s e n t é s n u m é r i q u e m e n t p a r les t r o i s p r e m i è r e s l e t t r e s A l e p h ,
B e t h e t G h i m e l e t s y m b o l i q u e m e n t p a r les t r o i s l e t t r e s m è r e s A l e p h , M e m ,
S c h i n . C o m m e n o u s l ' a v o n s d i t , l ' é q u i l i b r e e s t ici le p o i n t d e d é p a r t e t
n o n le r é s u l t a t d e la r e n c o n t r e d e s f o r c e s . L ' e s p r i t d e c e t t e l o i e s t é n o n c é
d a n s les t r o i s l e t t r e s d u n o m s a c r é , I o d , H é e t V a u , o ù I o d e s t le p r i n c i p e
actif, H é le p r i n c i p e p a s s i f e t V a u le n œ u d q u i les r é u n i t , o u le p o i n t q u i
les s é p a r e , p r i n c i p e é q u i l i b r a n t .
A n o t e r q u e d a n s la c o n s t r u c t i o n d u m o t , le p r i n c i p e é q u i l i b r a n t e s t
p l a c é a p r è s les m a n i f e s t a t i o n s d e s p r i n c i p e s a c t i f e t p a s s i f , p o u r d é m o n t r e r
la d i f f é r e n c e e n t r e le p r i n c i p e m ê m e é n o n c é p a r le t e r n a i r e s u p r ê m e ( T r i n i t é )
e t sa r é a l i s a t i o n d a n s le m o n d e e n T e r n a i r e m a n i f e s t é , p a s s a g e a u q u a t e r -
n a i r e p h y s i q u e é n o n c é p a r le s e c o n d H é d u n o m sacré.
L a q u a t r i è m e S é p h i r e q u i c o r r e s p o n d n u m é r i q u e m e n t à la l e t t r e
D a l e t h ( i ) e t d o n t l ' a t t r i b u t , C h e z e d , e s t r e p r é s e n t é d a n s le q u a t e r n a i r e d e
r é a l i s a t i o n p a r le s e c o n d H é p o u r f o r m e r d é f i n i t i v e m e n t la C l e f u n i v e r s e l l e
d e la S a g e s s e , le n o m I é v e .
L e s S e p h i r o t h q u i s u i v e n t d é m o n t r e n t les d i f f é r e n t e s a p p l i c a t i o n s d e
ces lois d ' é q u i l i b r e p o u r c r é e r les m a n i f e s t a t i o n s m u l t i p l e s d e la N a t u r e .
Ces r é s u l t a t s s o n t o b t e n u s p a r la t r a n s p o s i t i o n c o n s é c u t i v e d e s t r o i s l e t t r e s
d u n o m s a c r é . ( L a c i n q u i è m e , la h a u t e u r d i r i g é e v e r s le h a u t , e s t scellée
d u n o m : I v e . E s s a i d ' A s t r o l o g i e Cabbalistique.
E n a t t r i b u a n t a u x p r i n c i p e s é q u i l i b r a n t s , l ' a c t i f e t le p a s s i f , d i f f é r e n t s
s e n s s e l o n le b u t q u e l ' o n se p r o p o s e , o n d é g a g e les l o i s q u i g o u v e r n e n t
la v i e d e l ' h o m m e a i n s i q u e les m a n i f e s t a t i o n s d ' o r d r e c o s m i q u e .
U n exemple : l'équilibre p e u t être e x p r i m é c o m m e l ' u n i o n du masculin
et d u f é m i n i n o u , e n r e n c o n t r e d u p o s i t i f et d u négatif, de l'attraction et
d e la r é p u l s i o n d e la f o r c e c e n t r i f u g e e t c e n t r i p è t e , etc...
A i n s i , la c i n q u i è m e S e p h i r e d o n t la s i g n i f i c a t i o n e s t : f o y e r d e l u m i è r e ,
s o l e i l ( p o u r n o t r e s y s t è m e ) , j o u r , r e p r é s e n t e le g e r m e d u Y a n g d e s c e n d a n t , *
s ' i n v o l u a n t d a n s le m o n d e p h y s i q u e p o u r se m a n i f e s t e r d a n s les m u l t i p l e s
p h é n o m è n e s d e la n a t u r e . S o n t e r n a i r e s e r a : p o s i t i f , é q u i l i b r a n t , n é g a t i f
( I o d , V a u , H é ) . L a l e t t r e q u i d é t e r m i n e sa n u m é r a t i o n e s t H é , q u i , n o u s
le s a v o n s , r e p r é s e n t e la V i e u n i v e r s e l l e .
L e chiffre d e n u m é r a t i o n d e c e t t e s é p h i r e e s t c i n q , m a i s le chiffre
c a b b a l i s t i q u e q u i s o r t d u n o m I v e s e r a 10 (2). A i n s i , la l e t t r e q u i d o n n e r a

(1) Daleth, selon Fabre d'Olivet, est l'emblème du quaternaire universel, c'est-à-dire de
la source de toute existence physique. C'est le signe de la nature divisible et divisée.
(2) Le chiffre cabbalistique d'un mot est obtenu par l'addition des chiffres-lettres qui
le composent. Mais il est évident qu'une simple addition n'est pas suffisante. Comme on le
voit dans l'exemple ci-dessous, nous avons six noms différents exprimés par les transpositions
des trois lettres lod, Hé et Vau. Si on ne faisait que l'addition des valeurs numériques de ces
trois lettres on obtiendrait la même somme pour tous les noms. Or, cette façon de faire ne
rendrait pas le sens exprimé par chacun de ces noms.
Pour dégager ce sens, il faut prendre en considération les places respectives occupées par
les lettres en les énonçant d'après leur rang.
1 10 X 1 = l a E 5X1= 5 V 6 X I = 6
V .... 6 X 2 = 12 I 10 X 2 = 20 I Io X 2 = 20
E 5 X 3 = 15 V 6 X 3 = 18 E 5 >< 3 = 15

37 ■*3 41
V .... 6 x i= 6 I 10 X 1 = 10 E ; X i = 5
E .... 5 X 2 = 10 E 5 X 2 =c 10 V ..... 6 X 2 = 12
1 ..... 10 X 3 = 30 V ..... 6 >< 3 =c- T g 1 ..... 10 X 3 = 30

46 38 47
En réduisant ces chiffres à leur base numérique, nous obtenons respectivement 10, 7, 5,
10, 2 et 2.
Nous voyons ici deux nombres se répéter, ce qui ne rend pas l'idée complète du développe-
ment du nom.
Afin de bien marquer le degré de pénétration du nom sacré dans la matière, nous devons
prendre dans les répétitions les chiffres correspondant, mais dans l'ordre de pénétration plus
profonde. Ainsi pour 10, unité du second ordre, le 100, unité du troisième ordre. Pour le
deuxième 2, le 20.
Nous obtenons ainsi les chiffres 10, 7, 5, 100, 2, 20, dont la somme est 144 qui, réduction
faite, donne 9, manifestation définitive de la Création d'Adam, Homme universel.
c a b b a l i s t i q u e m e n t c e t t e m a n i f e s t a t i o n s e r a I o d d o n t la s i g n i f i c a t i o n a é t é
expliquée.
L a s i x i è m e S e p h i r e e s t g o u v e r n é e n u m é r i q u e m e n t p a r la l e t t r e V a u ,
p o i n t é q u i l i b r a n t d u s e c o n d t e r n a i r e m a n i f e s t é . S o n a t t r i b u t Tiferet t i e n t
l ' é q u i l i b r e e n t r e C h e z e d e t G e b u r a h . C a b b a l i s t i q u e m e n t , elle e s t g o u v e r n é e
p a r la l e t t r e Z a ï n (7) q u i , p r i s e c o m m e f o r m a t r i c e d e r a c i n e a v e c les l e t t r e s
c o m p o s a n t le n o m I e v , d o n n e l ' i d é e d e c h o s e r é f l é c h i e Z a ï n H é . C e q u i
r é f l é c h i t la l u m i è r e .
Z a ï n I o d . C h o s e d e l a q u e l l e la l u m i è r e e s t r é f l é c h i e (la L u n e d a n s
notre monde).
Z a ï n V a u . E t r e q u i r é f l é c h i t la l u m i è r e d e la V i e ( a n i m a l , l ' â m e v i v a n t e ) .
L e t e r n a i r e r e p r é s e n t é p a r ce n o m se c o m p o s e a i n s i : n é g a t i f , p o s i t i f ,
équilibre.
L a s e p t i è m e S é p h i r e e s t g o u v e r n é e n u m é r i q u e m e n t p a r la l e t t r e Z a ï n
d o n t l ' a t t r i b u t est N e z a c h . L e chiffre c a b b a l i s t i q u e q u i r e s s o r t d u n o m
V i e e s t 5 ( l e t t r e H é ) . C ' e s t p r é c i s é m e n t le s e c o n d H é d u n o m s a c r é d u
T é t r a g r a m m a t o n d o n t la s i g n i f i c a t i o n e s t V i e U n i v e r s e l l e . C e t t e l e t t r e s e
t r o u v e b i e n à s a p l a c e ici, à l ' O r i e n t . E l l e d é t e r m i n e le p o i n t d e d é p a r t d u
q u a t e r n a i r e r e p r é s e n t é p a r la C r o i x a s t r o n o m i q u e .
L e t e r n a i r e f i g u r é p a r le n o m V i e e s t a i n s i c o m p o s é : é q u i l i b r e , p o s i t i f ,
négatif.
L a h u i t i è m e S e p h i r e e s t g o u v e r n é e n u m é r i q u e m e n t p a r la l e t t r e H e t h
et s o n a t t r i b u t est H o d . L e chiffre c a b b a l i s t i q u e q u i r e s s o r t d u n o m V i e
e s t 10. M a i s , c o m m e o n l ' a v u , la p é n é t r a t i o n d a n s la m a t i è r e e s t p l u s p r o -
f o n d e q u e d a n s la c i n q u i è m e S e p h i r e et, p o u r l ' a n a l y s e r , n o u s d e v o n s
p r e n d r e le m ê m e c h i f f r e , m a i s d e l ' o r d r e s u i v a n t , c ' e s t - à - d i r e 100, l e t t r e
Coph. L a s i g n i f i c a t i o n d e c e t t e l e t t r e c o r r e s p o n d e x a c t e m e n t à la m a n i f e s t a -
t i o n d e la h u i t i è m e S e p h i r e , q u i f u t celle d u c i n q u i è m e j o u r d e la C r é a t i o n ,
c ' e s t - à - d i r e c e l u i o ù les c h o s e s p r i r e n t d e s f o r m e s c o n c r è t e s , m a i s n ' é t a i e n t
pas e n c o r e i n d i v i d u a l i s é e s p a r l ' E s p r i t D i v i n . Cette lettre signifie précisé-
m e n t l ' e x i s t e n c e m é c a n i q u e p r é s i d a n t a u x f o r m e s . D e ses c o m b i n a i s o n s
a v e c les l e t t r e s f o r m a n t le n o m V e i r e s s o r t l ' i d é e d u m o u v e m e n t m é c a n i q u e
a g i s s a n t s u r la m a t i è r e d e f o r c e a v e u g l e m a i s i r r é s i s t i b l e q u i la m è n e , d e la
nécessité.
L e t e r n a i r e r e p r é s e n t é p a r le n o m V e i e s t c o m p o s é a i n s i : é q u i l i b r e -
négatif-positif.
L e c h i f f r e d e la n e u v i è m e S e p h i r e e s t 9, p o i n t c u l m i n a n t d e la C r é a t i o n
d é v e l o p p é e à s o n m a x i m u m , chiffre de l ' h o m m e universel. L a d é n o m i -
n a t i o n d e l ' a t t r i b u t est I e z o d , p i e r r e f o n d a m e n t a l e s u r laquelle r e p o s e t o u t e
la c r é a t i o n , c o r r e s p o n d a u n o m I e v q u i e s t c e l u i d e la n e u v i è m e S e p h i r e (1).
Si K e t h e r e s t le p o i n t d e d é p a r t , l ' U n , I e z o d e s t le d é v e l o p p e m e n t
c o m p l e t , le n e u f , a p r è s l e q u e l se p r o d u i t le r e t o u r à l ' u n i t é , c o m m e n c e m e n t
d ' u n e n o u v e l l e m a n i f e s t a t i o n , le U n d e l ' o r d r e s u i v a n t .
Le chiffre cabbalistique du nom Iev est 2. Il ne pouvait en être autre-
ment car ce chiffre est celui du dédoublement de l'Unité, qui, à ce point,
a atteint son développement définitif. La lettre Beth, qui représente ce
nombre, signifie un moule qui détermine la forme de l'être en vue d'une
vie passagère et réfléchie.
Les racines formées par cette lettre avec celles du nom Iev confirment
cette idée en la précisant et en la développant, ainsi :

(1) Iev, la Trinité, le premier dédoublement de Dieu-Un brille en haut au commencement


et nous retrouvons ce même Iev en bas dans le développement définitif de la Création. Quod
superius, Tot inferius.
Beth-Iod, force assimilante et comprimante ;
Beth-Hé, existence, qui se condense pour prendre forme ;
Beth-Vau, faculté naturelle, qui enchaîne le développement du corps.
Le Ternaire représenté par le nom Iev est composé ainsi : positif-
négatif-équilibre.
Enfin, la dixième Sephire, dont l'attribut est Malcut, femme de Dieu,
est celle où se produit l'Union du Principe avec la manifestation du
Créateur, avec la Nature. C'est le retour à l'Unité, la mère fécondée, l'Yn-
Yang. On sait que le chiffre qui lui correspond est 10, chiffre de la lettre Iod.
Le chiffre cabbalistique tiré du nom Evi est 20, binaire du second
ordre dont la lettre est Coph. Les combinaisons de cette lettre avec celles
du nom donnent l'idée d'un gouffre, d'un abîme. C'est précisément la
signification qui convient dans ce cas, car, ici, s'arrête le défini et nous
nous trouvons devant l'abîme de l'infini. C'est le point terminal de l'exis-
tence après lequel commence une existence supérieure.
Le ternaire représenté par ce nom est le suivant : négatif-équilibre-
positif.
Ces différentes variations du ternaire donnent naissance aux diverses
applications des forces manifestées. Chacun peut en tirer parti dans le
domaine qui lui convient. Les révélations inattendues qu'il en obtiendra
lui permettront de comprendre les applications des dites forces. (Par
exemple en électricité).
Prenons un exemple extrait de la Cabbale (1).
Dans la différenciation de la création du corps de l'homme et de la
femme, il est dit que la poitrine, domaine de l'Aleph — point équilibrant
du corps humain — était créé chez l'homme par la combinaison Aleph-
mem-schin, ou équilibre négatif-positif ; et chez la femme, par la combi-
naison Aleph-schin-mem, ou équilibre positif-négatif. De même, le ventre,
domaine du Mem chez l'homme, se traduit par Mem-aleph-schin : négatif-
équilibre-positif ; chez la femme, on a Mem-schin-aleph : négatif-positif-
équilibre.
Enfin, la tête, domaine du Schin chez l'homme, est figurée par Schin-
mem-aleph : positif-négatif-équilibre. Chez la femme, par Schin-aleph-
mem : positif-équilibre-négatif.
Une discussion approfondie sur ce sujet dépasserait le cadre de ce
travail. Il faut seulement retenir les différentes combinaisons des forces
d'expansion et d'attraction équilibrées d'une façon inverse chez l'homme
et la femme en vue de répondre aux diverses manifestations afférentes à
chaque sexe.
Suivent encore quelques applications du ternaire pour clore ce chapitre
important. Les 22 lettres de l'alphabet sacré se divisent en trois septénaires
ou gammes, plus la lettre synthétique, Tau. Chacune de ces gammes est
réglée par une des lettres du Tetragrammaton, de sorte que les lettres de
l'alphabet se divisent en trois groupes : 1° Groupe du Iod ; 2° Groupe du
Hé et 30 Groupe du Vau. Chaque lettre d'un groupe représente le dévelop-
pement de sa lettre gouvernante dans les six manifestations symbolisées
par les Sephiroth de construction (2).
En ajoutant aux 22 lettres les 5 lettres dites terminales, nous obtenons
le chiffre 27 ou cabbalistiquement 9, développement définitif du monde

(1) Voir Sepher Ietzirah, III, 6, 7, 8.


(2.) Voir « Rota secondaire », Essai d'Astrologie Cabbalistique.
c r é é , r é p é t é t r o i s fois . D ' a p r è s ce n o m b r e , o n p e u t j u g e r d e s l o i s q u i g o u -
v e r n e n t l ' h o m m e d a n s sa triple n a t u r e , s a v o i r : N e p h e s h , R o u a c h et
N e c h a m a , a i n s i q u e d u m a c r o c o s m e d o n t il e s t l ' i m a g e d a n s les m o n d e s :
OL".m-Ietzirah, O l a m - A s s i a et O l a m - B r i a .
E n f i n , e n e x t r a y a n t d e ce n o m b r e 27 les 3 l e t t r e s - m è r e s q u i r e p r é s e n t e n t
ici le t e r n a i r e s u p r ê m e , n o u s o b t e n o n s le c h i f f r e 24 q u i e s t c e l u i d u d o u b l e
d u o d é n a i r e , chiffre des p e r m u t a t i o n s d u T e t r a g r a m m a t o n e n c a d r a n t t o u t e s
les m a n i f e s t a t i o n s d u m o n d e p h y s i q u e .
O n p o u r r a i t d i s c u t e r l o n g u e m e n t s u r ce s u j e t , m a i s j ' e n ai a s s e z d i t
p o u r d o n n e r u n e i d é e s u f f i s a n t e d e la g r a n d e u r d u t e r n a i r e .
CHAPITRE I V

LE SEPTENAIRE

Nous avons montré précédemment comment le ternaire spirituel se


développe en quaternaire de réalisation, ce qui nous conduit naturellement
au septenaire, développement logique de ce qui était exposé au Chapitre III.
Dans l'alphabet sacré, le septenaire est représenté par les sept lettres
doubles, ainsi appelées parce qu'elles offrent deux significations, l'une de
qualité, l'autre de défaut (i), le plus et le moins ( + - ).
Rappelons-nous que le binaire évoque le ternaire, car un point d'équi-
libre doit se former entre les forces opposées de ce même binaire. Ainsi,
chaque lettre double peut être considérée comme un ternaire qui a son
Nechamah + , son Nephesch - , et Rouach équilibrant ces derniers.
Si le Nechamah est égal au Nephesch, l'équilibre ( + = — ) entre
ces deux éléments devient stable.
Si le Nechamah prédomine sur le Nephesch, il y aura mouvement
évolutif, spirituel et salutaire.
Si, au contraire, c'est le Nephesch qui prend le dessus sur le Nechamah,
le mouvement se trouve inversé, et c'est l'enlisement dans la matière,
l'involution.
Les lettres doubles représentent donc dans l'Univers Cosmique les
forces créatrices toujours en mouvement, se stabilisant, s'équilibrant dans
leurs rencontres, dans leurs chocs.

(i) Beth — Sagesse — Bêtise.


Ghimel — Richesse — Pauvreté.
Daleth — Fécondité — Stérilité.
Coph — Vie — Mort.
Phé — Domination — Esclavage.
Resch — Paix — Guerre.
Tau — Beauté — Laideur, (Sepher Ietzirah).
C e s o n t les six S e p h i r o t h d i t s d e c o n s t r u c t i o n , les m e m b r e s s y m b o -
l i q u e s d e D i e u , les / E l o h i m . L a s e p t i è m e d e s l e t t r e s d o u b l e s e s t s y n t h é t i q u e ,
t e r m i n a l e . T o u t le t r a v a i l d e s f o r c e s r é s u l t a n t d e ces d i v e r s m o u v e m e n t s ,
c o n t a c t s , a s c e n s i o n s , d e s c e n t e s , a p o u r a b o u t i s s e m e n t la b e a u t é . C ' e s t le
M a l c u t des S e p h i r o t h , c ' e s t le T a u o u l ' O m é g a d e l ' a l p h a b e t .
D a n s l ' h o m m e , les s e p t d o u b l e s r e p r é s e n t e n t les q u a l i t é s o u les d é f a u t s
q u ' i l d o i t d é v e l o p p e r o u c o m b a t t r e p o u r a t t e i n d r e la b e a u t é p r é d e s t i n é e
de l'Image de Dieu.
L a c a r a c t é r i s t i q u e d e ces l e t t r e s e s t d ' ê t r e d o u b l e s , c ' e s t - à - d i r e e n t r a v a i l
i n c e s s a n t t a n t d a n s le m o n d e q u e d a n s l ' h o m m e . C e t t e m a n i è r e d ' ê t r e les
d i f f é r e n c i e d e s d o u z e s i m p l e s q u i c o n s t i t u e n t le c a d r e d a n s l e q u e l se d é v e -
l o p p e la v i e . L e m o u v e m e n t d e s s e p t d o u b l e s d a n s le c a d r e d e s d o u z e s i m p l e s
c r é e t o u t e s les m a n i f e s t a t i o n s v i t a l e s d e l ' U n i v e r s e t d e l ' h o m m e . D a n s
n o t r e s y s t è m e , c ' e s t le S o l e i l q u i c o r r e s p o n d à la l e t t r e T a u ( s e l o n le S e p h e r
I e t z i r a h ) , celle q u i s y n t h é t i s e les six a u t r e s d a n s l ' é q u i l i b r e d é f i n i t i f ,
Malcut-la beauté.
C e r t a i n s a u t e u r s f a i s a i e n t c o r r e s p o n d r e le S o l e i l à l ' A l e p h , c o n s i d é r a n t
q u e s o n c e n t r e v i v i f i a n t d o i t o c c u p e r la p l a c e d o m i n a n t e .
J ' a i e x p o s é le p o i n t d e v u e c a b b a l i s t i q u e s u r c e t t e q u e s t i o n , je n ' y
r e v i e n d r a i d o n c pas.
L e s t r o i s l e t t r e s - m è r e s , o n le sait, s o n t c o n s i d é r é e s c o m m e e n d e h o r s
e t a u - d e s s u s d u m o n d e m a n i f e s t é . E l l e s p o s e n t le p r i n c i p e f o n d a m e n t a l
d u t e r n a i r e q u i se d é v e l o p p e r a d a n s les d i v e r s e s m a n i f e s t a t i o n s d e la v i e ,
d a n s les r é a c t i o n s d e s f o r c e s e n t r e elles, d a n s les m o u v e m e n t s d e p e s a n t e u r
et de dilatation p o u r aboutir finalement à l'harmonieuse beauté de l'Univers
r é a l i s é p a r la l e t t r e T a u .
Ces d e u x p o i n t s d e v u e n e s u s c i t e n t a u c u n e c o n t r a d i c t i o n , m a i s c e u x
q u i s y m b o l i s e n t le S o l e i l p a r A l e p h n ' o n t p a s o b s e r v é u n e n u a n c e q u i a
u n c a r a c t è r e e x t r ê m e m e n t i m p o r t a n t . O n se r a p p e l l e , e n effet, q u ' A l e p h
e s t le p r i n c i p e e t T a u sa r é a l i s a t i o n d é f i n i t i v e o u u l t i m e . D a n s la v i e
c o s m i q u e , c o m m e d a n s celle d e l ' h o m m e , les p r i n c i p e s s o n t r e m p l a c é s
p a r des réalisations.
C ' e s t p o u r q u o i le t e r n a i r e ( p r i n c i p e ) d u I e v p a s s a a u q u a t e r n a i r e
(réalisation) d u Ieve p o u r d o n n e r naissance au septenaire ( g a m m e uni-
v e r s e l l e ) (3 + 4 = 7).
L e s six S e p h i r o t h d e c o n s t r u c t i o n e x p r i m e n t la p é n é t r a t i o n d a n s la
m a t i è r e , la c h u t e . L e s e p t i è m e , la S e p h i r e M a l c u t , le j o u r d e r e p o s , m a r q u e
le r e t o u r à la s o u r c e D i v i n e , d u p o i n t le p l u s b a s d e l ' i n v o l u t i o n v e r s le
p o i n t le p l u s é l e v é d e l ' é v o l u t i o n . C ' e s t l ' u n i o n d a n s l ' é t e r n i t é d e l ' i n f i n i -
m e n t petit avec l'infiniment grand.
L e Z o h a r r e p r é s e n t e s y m b o l i q u e m e n t le s e p t e n a i r e c o m m e « les s e p t
f o r m e s d u c r â n e d e l ' A n c i e n d e s j o u r s ». C e q u i se t r a d u i t d a n s l ' h o m m e
p a r les s e p t o u v e r t u r e s d e la t ê t e c o r r e s p o n d a n t a u x s e p t l e t t r e s d o u b l e s (1).
L e s s e p t f o r m e s d u c r â n e d e l ' A n c i e n d e s j o u r s d é t e r m i n e n t le g r a n d
v i s a g e d e la C a b b a l e ; m a i s c o m m e l ' A n c i e n d e s j o u r s l u i - m ê m e e s t le
P r i n c i p e U n i v e r s e l , ces s e p t f o r m e s n e s o n t q u e ses p e n s é e s - p r i n c i p e s d o n t
le s i è g e se t r o u v e d a n s le f r o n t e t les y e u x . L e u r é m a n a t i o n se p r o d u i t
p a r ses c h e v e u x e n f o r c e m a g n é t i q u e s u p é r i e u r e . P o u r s u i v a n t la m é t a -
p h o r e , le Z o h a r d é c r i t la b a r b e d e l ' A n c i e n d e s j o u r s q u ' i l d é n o m m e
« D i g n i t é d e s d i g n i t é s ». C e t t e b a r b e q u i e n t o u r e la b o u c h e d u G r a n d

(1) Voir mon article dans le Voile d'Isis (mai 1929).


visage, l'organe d'où sort le Logos Créateur, représente la force volitive
émanée du même Logos qui donna naissance au monde et le gouverne
jusqu'à sa fin.
Ces données éclairent les mythes anciens qui attribuaient une force
considérable aux cheveux (Samson, Absalon, etc.). Couper la barbe de
quelqu'un était considéré comme l'insulte la plus grave, car on privait
ainsi l'homme de sa dignité. De même, on coupait les cheveux aux femmes
de mauvaise vie pour marquer en public leur honte.
De nos jours, cette signification mystérieuse des cheveux est oubliée
et on ne pense qu'au confort. Les hommes qui se rasent la face, les femmes
qui se coupent les cheveux ne savent pas qu'ils perdent ainsi leur force
magnétique. Voyez les bouches de ces hommes privées de leur ornement
naturel ! Elles donnent pour la plupart une impression de sensualité
animale. La femme tondue à la garçonne perd également tout son charme...
Mais revenons aux sept lettres que nous allons étudier séparément
avec leurs correspondances dans le monde spirituel, physique, et dans leur
reflet, l'homme.
La lettre Beth, dont le chiffre est deux, Sephire Chochma-Sagesse,
correspond dans le monde physique à la lune. L'hiéroglyphe araméen rend
assez bien cette idée. Dans la figure humaine, c'est l'œil droit. L'hiéro-
glyphe le plus rapproché du Beth est celui du Caph dont le chiffre est
vingt (20) gouverné par la même Sephire (le 20 correspond au 2 dans un
ordre supérieur, il correspond dans le monde physique à Mars et gouverne
l'œil gauche).
Les yeux qui, au dire d'un philosophe, sont «le miroir de l'âme », sont
bien représentés par ces deux lettres dont la première est le signe de l'action
intérieure-pensée, et la seconde celui de la vie réfléchie. Elle est, comme
nous l'avons dit, une sorte de moule qui reçoit et reproduit indifféremment
toutes les formes. C'est bien la vue qui répond à ces significations Le
regard qui reçoit et assimile les impressions extérieures et dans lequel on
peut, jusqu'à un certain point, lire le travail intérieur de la pensée.
Les deux yeux, quoique organes parallèles et pairs, ne sont jamais
identiques et peut-être que leur rôle est également différent.
La racine hébraïque Beth-Caph, qui représente les deux yeux, rend
très bien cette idée, car elle donne l'impression de la couleur et des pleurs.
D'autre part, le travail symbolisé par Beth se déroule entre la Sagesse
et la Bêtise et il est évidemment possible de juger par les yeux d'un
homme, de son degré d'intelligence.
De son côté, la lettre Caph symbolise la vie et son antipode, la mort.
Et c'est encore par le regard qu'on peut juger vers lequel de ces pôles
opposés penche la balance du Caph. Le regard est une force dont nombre
de gens ne se rendent pas compte. Non seulement il peut, par sa vivacité,
refléter la vie intérieure de l'individu, mais il peut aussi rayonner la vie
autour de lui. Il peut également avoir l'aspect mort ou, tout en étant vi-
vant, émettre néanmoins un rayonnement mortel.
Ces doubles particularités sont bien représentées par les planètes liées
à ces lettres. La Lune passive, réceptrice, reflétant les impressions et
Mars actif, rayonnant, dangereux.
Enfin, le champ dans lequel se déroule l'action de ces deux lettres
est celui de la lettre Beth qui, selon le S. I., gouverne la vue et dont nous
parlerons plus loin.
Toutefois, il est curieux de remarquer que dans les interprétations
des positions des planètes dans les diverses maisons d'horoscopes, les
astrologues avaient constaté le danger de cécité dans les combinaisons de
la Lune, Mars et Cancer, qui est le signe attaché à Beth.
Les deux autres organes parallèles du visage sont les narines rendues
par deux lettres dont les hiéroglyphes sont très ressemblants. C'est Daleth
pour la narine droite et Resch pour la narine gauche.
Ainsi que je l'ai dit dans un article sur l'odorat (i), ces deux narines,
quoique appartenant au même organe, exercent des fonctions différentes.
A l'origine, l'une devait inhaler et l'autre exhaler l'air.
En dehors de la respiration, le nez sert à percevoir et à classer les
aromes ou odeurs. Le parfum n'est-il pas l'hymne de la fleur épanouie
que nous respirons avec délices, l'extériorisation de son âme au point
culminant de sa vie ! Par contre, la puanteur, l'odeur cadavérique offensent
notre odorat.
Le sens de ce dernier, qui appartient au même organe que celui de
la respiration, semble être un point de contrôle qui nous renseigne sur
la pureté ou la nocivité de l'air. De même, un autre sens, le goût, placé
dans la bouche où passent les aliments nécessaires à sa vie physique,
contrôle les substances bonnes ou mauvaises.
Dans le monde de l'Univers, ces deux lettres correspondent respective-
ment à Jupiter et Saturne, et leurs nombres sont 4 et 200.
N'oublions pas quelle importance les anciens attachaient aux aromates.
Dès l'origine des cultes, l'homme se servait de parfums pendant ses
sacrifices.
« L'arôme du sacrifice qui monte vers les Cieux » (2).
« Les dieux sentant la douce odeur du sacrifice s'assemblèrent comme
des mouches » (3).
La préparation des aromates appropriés à un événement déterminé
ou à un moment précis faisait partie de l'enseignement occulte dans les
temples antiques. On savait que pour provoquer tel phénomène, il fallait
se servir de tel parfum. On avait élaboré toute une gamme de fumigations
adaptée à des moments déterminés. Dans de récentes fouilles faites à
Ninive, on trouva dans les sarcophages royaux sept vases contenant sept
aromates différents. Les Rois mages offrirent comme présent au Roi
Céleste incarné, des aromates...
Actuellement, cette science est perdue, bien que la magie se serve
d'une gamme de sept fumigations appropriées aux sept planètes, mais
ces fumigations n'ont rien des véritables aromates et leur composition
date seulement du Moyen-Age. Le seul qui ait été, du reste, conservé par
l'Eglise chrétienne, est l'encens qui, n'évoquant aucune force nuisible,
semble donner les meilleurs résultats. Les autres parfums composés appar-
tiennent plus ou moins à la magie noire et sont employés dans des opéra-
tions provoquant des mouvements désordonnés des forces naturelles.
Ces dernières sont mues harmonieusement par les aromates, tandis que
les odeurs désagréables les déchaînent et les remettent dans un état
chaotique nuisible à l'homme.
Il en est de même en musique, en architecture et en général dans toute
manifestation esthétique en accord avec l'harmonie de la nature et émanant
du domaine suprême de l'âme. N'oublions pas que le mal, envisagé
comme tel, n'existe pas. Il ne résulte que de l'action violente des éléments

(1) Voir mon article dans Psyché (février 1930) « Sagesse de l'arôme ».
(2) Texte égyptien.
(3) Gilgamès, XI, 161-162.
livrés à eux-mêmes et privés du principe synthétique qui est l'harmonie, le
Bien.
Ainsi, l'homme, pour réaliser le bien, doit s'efforcer de créer une
ambiance harmonieuse dans le domaine sensoriel. De cette façon, il
accomplit sa mission ici-bas et organise les forces vers l'évolution, vers
le but divin.
C'est dans ce sens qu'il faut comprendre la Balance de la lettre Resch.
L'aromate qui doit organiser la paix peut également provoquer la
guerre des éléments déchaînés. L'arcane majeur correspondant à cette
lettre est celui de la mort ou du renouvellement. C'est la mort pour l'im-
prudent qui ne saura pas comprendre l'harmonie universelle, et c'est en
même temps la loi fondamentale et immuable du renouvellement éternel
de la nature, la Vie-Mort-Vie.
L'Osiris enterré, mais qui revit ; la graine (sema-soma), enfin, c'est
Jésus-Christ ressuscité.
L'air qui entre par les narines donne la vie physique à l'être et cette vie
physique est bien traduite par l'arcane du Daleth, pierre cubique ; qui est
celui de la réalisation dans le monde physique, le second Hé du Tetra-
gramme, le quaternaire.
Mais, comme l'homme n'est pas seulement un être physique, mais
un composé de trois éléments qui nécessitent une alimentation pour assurer.
leur vie propre, l'aromate ne serait-il pas un des éléments nécessaires à
l'existence de l'âme ? C'est possible.
Quoi qu'il en soit, c'est chez l'être le plus évolué, l'âme vivante de la
Genèse, que le sens de l'odorat est aussi développé. Chez l'oiseau, chez
les reptiles, ce sens fait presque défaut.
Si le corps physique du végétal sert à l'alimentation du corps de
l'animal, ne serait-il pas logique de supposer que « l'âme » de celui-là qui
se dégage dans son aromate jouerait un rôle analogue vis-à-vis de l'âme
vivante ?
C'est dans le domaine de la lettre Noun et le signe du Scorpion que
se déroule l'action des lettres Resch et Daleth. Remarquons en passant
que la lettre Noun, dans presque toutes les langues, dépeint le nez et ses
différentes fonctions (i).
Enfin, les deux derniers organes pairs de la tête sont les oreilles,
représentées par les lettres Ghimel et Phé dont les correspondances numé-
rales sont 3 et 80 et, dans l'Univers, Vénus et Mercure.
L'hiéroglyphe de la lettre Ghimel que j'emploie ici est d'origine
moderne. Plutarque raconte qu'il avait été inventé par un certain Carvilius
pour traduire le son G. Jadis, on se servait pour rendre ce son de la lettre
C qui avait un double sens.
Celui-ci était bien connu des initiés, mais le vulgaire ne pouvait se
servir d'un même hiéroglyphe pour deux pensées dont les significations
étaient entièrement différentes.
Le caractère Phé n'est qu'un développement de Beth et dans un de
ses sons, le P, il approche de près le son B. Nous avons des preuves que
les Egyptiens confondaient très souvent ces deux sons.
Constatons une remarque très curieuse et qui mérite réflexion. Les
deux lettres qui représentent les oreilles de la tête symbolique dérivent
des deux autres qui symbolisent les yeux. Chose qui semble démontrer

(1) Nez, nose, naze, nos, été.


l ' e x i s t e n c e d ' u n l i e n e n t r e les f o n c t i o n s d e ces d e u x p a i r e s d ' o r g a n e s si
différents e n apparence.
E n r é f l é c h i s s a n t , o n p e u t m e t t r e ce l i e n e n é v i d e n c e . L a f o n c t i o n d e s
o r g a n e s d e la v u e , c o m m e celle d e l ' o u ï e , s o n t f a i t e s p o u r c a p t e r d e s v i b r a -
tions, d ' o r d r e différent, c'est vrai, mais peut-être plus rapprochées que
n o u s n e le s o u p ç o n n o n s . L a v a g u e s o n o r e q u i , à u n c e r t a i n t a u x d e f r é -
q u e n c e , é c h a p p e à n o t r e o r e i l l e , n e p e u t - e l l e se t r a n s f o r m e r e n v a g u e
l u m i n e u s e ? C'est à savoir ! L a science c o n t e m p o r a i n e semble p e n c h e r
vers cette h y p o t h è s e . L ' a r t aussi. U n g r a n d c o m p o s i t e u r russe, Scriabine,
é m u l e e t c o n t i n u a t e u r d e W a g n e r , e s t a l l é p l u s l o i n q u e ce d e r n i e r d a n s
s o n œ u v r e finale, Prométhée. Il é t a i t p a r v e n u à u n p o i n t o ù les s o n s é t a i e n t
d e v e n u s i m p u i s s a n t s à r e n d r e sa p e n s é e d a n s t o u t e s o n a m p l e u r . Il a v a i t
a l o r s i m a g i n é u n a p p a r e i l q u i , a u m o m e n t o ù la v a g u e s o n o r e é t a i t p a r -
v e n u e à s a p l u s h a u t e t e n s i o n , d e v a i t r e m p l a c e r celle-ci p a r u n e v a g u e
l u m i n e u s e s u s c e p t i b l e d e d o n n e r l'effet c o m p l e t . I l e s t m o r t a u c o u r s d e
la m i s e a u p o i n t d e c e t a p p a r e i l . C e l u i q u i v o u d r a r e p r e n d r e l ' œ u v r e e t la
r é a l i s a t i o n d e la p e n s é e d e c e t a r t i s t e s e n t i r a c e r t a i n e m e n t q u ' i l e s t i m p o s -
s i b l e d e r e n d r e u n i q u e m e n t p a r le s o n c e t t e œ u v r e g é n i a l e .
O n m ' o b j e c t e r a q u e les o n d e s s o n o r e s e t l u m i n e u s e s o n t d e s c a r a c t é -
r i s t i q u e s d i f f é r e n t e s , les u n e s p r o v e n a n t d e s v i b r a t i o n s d e l ' a i r , e t les a u t r e s
d e l ' é t h e r d o n t la f r é q u e n c e e s t p l u s é l e v é e . . . M a i s s a v o n s - n o u s ce q u ' e s t
l ' é t h e r t o u t d ' a b o r d ? E t la r é c e n t e d é c o u v e r t e d e la « m u s i q u e d e s
s p h è r e s », m u s i q u e o b t e n u e p a r d e s v a g u e s d ' o n d e s m a g n é t i q u e s q u i a
e u t a n t d e s u c c è s à P a r i s e t d a n s le m o n d e e n t i e r . C e n ' e s t p a s l ' a i r q u i
v i b r a i t , c e t t e f o i s !...
L a q u e s t i o n , q u o i q u ' o n d i s e , e s t h é r i s s é e d e d i f f i c u l t é s , m a i s il s e m b l e
q u e la s c i e n c e officielle s o i t a u s e u i l d e d é c o u v e r t e s q u i v i e n n e n t a f f i r m e r
les h y p o t h è s e s s u r l e s q u e l l e s s ' a p p u y a i e n t ses t h é o r i e s .
E n f i n , la d e r n i è r e d e s o u v e r t u r e s d u v i s a g e , e t celle q u i e s t la p l u s
i m p o r t a n t e , e s t la b o u c h e s y m b o l i s é e p a r la l e t t r e T a u . D a n s le m o n d e ,
c'est le Soleil qui lui correspond et, dans la numération, le n o m b r e 400.
Elle est l'ouverture principale, car c'est par elle que s'alimente la vie
animale ; elle renferme aussi l'organe du contrôle, le goût. De ce point
de vue physique, la bouche appartient à la région de la lettre Tzadé et
au signe du Verseau. Cette correspondance marque le combustible
nécessaire à la vie physiologique et par celle-ci la manifestation de l'âme
dans l'être incarné. Cette nourriture matérielle est indirectement indispen-
sable à l'esprit pour assurer sa liaison avec l'être physique. Sans alimen-
tation physique la désagrégation des éléments de l'incarné se produit et
la mort survient qui libère l'Ego (1). Les éléments de l'homme désincarné
continuent leurs vies, mais séparés l'un de l'autre.
Mais la bouche, outre cela, présente un autre intérêt supérieur à celui
qu'elle offre en tant qu'organe par lequel l'homme s'alimente, car, par elle,
il profère le Verbe. Par la bouche, l'animal émet des sons qui expriment
l'émotion consécutive à la joie, à la haine ou à la douleur. C'est tout, car
l'animal est privé de la raison du principe d'Aleph. Il n'est que l'âme
vivante individualisée, l'avant-dernière étape du développement de la
Création, le vase prêt à recevoir le Souffle Divin.
Le Verbe de l'homme, c'est le Logos créateur, la force volitive
gouvernée par la raison répondant aux intentions de la pensée créatrice.

(1) Voir mon « Post Mortem ».


« Il dit et ce fut ». Malheureusement l'homme asservi à la matière a perdu
cette force. Son Verbe est devenu un mot vide, presqu'un cri traduisant
une émotion animale. Il n'est resté à l'homme que la pensée qui crée, mais
cette création n'existe qu'en principe, car la puissance de transformation
du principe, en réalité, a cessé d'être. De ce point de vue, la bouche appar-
tient au domaine de la lettre Hé et la racine qui dérive de l'union du Hé
au Tau donne une idée de détermination, de définition, de désignation.
Elle exprime aussi l'existence profonde et occulte.
Les ternaires qui sont formés par les sens de l'homme sont conçus
comme suit :

Comme on le voit le point équilibrant de ces trois ternaires est celui


du départ. C'est-à-dire que les organes accomplissent les fonctions selon
un ordre déterminé. Les impressions qu'ils reçoivent se transmettent au
centre correspondant du cerveau et la raison, les équilibrant suivant leur
importance, en dégage une synthèse qui se traduit en acte.
Le dernier ternaire, celui de la bouche, est totalement différent. En
effet, la bouche est un organe par lequel passent les aliments nécessaires
à la vie et duquel sort le verbe, force réalisée du ternaire. Esprit — Principe
— Pensée.
L'homme peut être subjugué par l'instinct animal, il peut être la proie
de la larve de la gourmandise ou de l'ivresse, etc. Dans ce cas, la balance
penchera vers sa partie physique. De même, il peut être porté vers l'absti-
nence, et si cette abstinence est le produit de sa spiritualité, la balance
se redressera vers l'évolution.
Mais là n'est pas le point capital, car il est dit : « Ce n'est pas ce qui
entre par la bouche de l'homme qui le souille, mais bien ce qui en sort ».
Il s'agit là du Verbe, glorification du Créateur et marque de la dignité
humaine, ou bien blasphème qui avilit l'homme et l'accuse devant le
Tribunal Divin.
Le point d'équilibre de ce dernier ternaire se réalise dans le Tau,
accomplissement définitif.

Ce ternaire se rapporte à laquatrième Sephire dans sa réalisation défi-


nitive du troisième ordre de manifestation (400) et il correspond aux trois
lettres-mères qui sont à la base de la création : Aleph — Mem — Schin.
En jugeant le visage symbolique d'un autre point de vue, comme un
ternaire, nous voyons que le côté droit est positif et le côté gauche
négatif (i) et que leur point d'équilibre est encore dans le Tau.
Il en est de même dans l'Univers où les six planètes s'équilibrent
sur le Soleil, formant trois groupes parallèles, à savoir :
Ternaire Vénus Mercure ternaire
Ternaire Lune Mars ternaire
Ternaire Jupiter Saturne ternaire
Soleil ternaire-quaternaire
S o m m e totale 21 o u 22

Et le nom de cette manifestation ultime de beauté, sur laquelle repose


la vie du Cosmos comme son prototype l'homme, est le n o m sacré, le
Tetragramme : IEVE.

(1) Ceci confirme ce qui avait été constaté par Reichenbach et le Colonel de Rochas dans
leurs recherches sur l'extériorisation de la force magnétique humaine.
CHAPITRE V

LE D U O D É N A I R E

Les douze mois de l'année, les douze signes du Zodiaque, les douze
heures du jour, les douze gemmes de l'éphod du Grand-Prêtre, les
douze heures symboliques du Nuctameron, les douze tribus d'Israël,
les douze apôtres du Nouveau Testament... Ces quelques exemples mon-
trent l'importance attribuée à ce nombre, depuis les temps les plus reculés
jusqu'à nos jours. Les religions antiques en faisaient le plus grand cas et
Moïse l'observa strictement dans ses institutions et l'organisation du
peuple juif. Ce même chiffre fut conservé par le Christ lorsqu'il choisit
ses disciples.
Qu'est ce chiffre mystérieux et pourquoi l'Ancienne Sagesse l'avait-
elle gardé avec tant de soin à travers des millénaires ?
Douze, nous l'avons vu, dérive du ternaire et du quaternaire.
L'union du ternaire spirituel du Iev au quaternaire de réalisation
lève donne naissance au Septenaire qui est le chiffre de la gamme univer-
selle, gamme qui classe toutes les manifestations du monde physique
d'après un système unique et harmonieux.
Le mouvement du ternaire spirituel dans le quaternaire physique
donne naissance au chiffre douze, car chaque sommet du triangle du Iev,
animé d'un mouvement circulaire, produit une manifestation déterminée
et différente dans chaque angle du carré Ieve, ce qui au total donne le
chiffre douze (3 X 4).
Cette rotation produit une série de neuf racines différentes, car trois
sont répétées une seconde fois pour donner les douze manifestations qui
deviennent les quatre trigones du Zodiaque.
La Cabbale enseigne qu'il n'existe que trois éléments : l'air, l'eau et
le feu. La terre n'est apparue que plus tard et n'est que l'élément dérivé
de l'eau. Dans le nom sacré, elle est représentée par le second Hé qui
n'entre en jeu que dans la manifestation physique. Ceci nous indique qu'il
ne pouvait exister que neuf racines différentes, la terre employant les
mêmes racines que l'eau, mais dans un autre plan, quand la force coagulante
entra en action.
Voici ces racines et leurs significations :
II, représente la manifestation de puissance spirituelle. En chaldaïque :
Esprit, Eternité.
IE, racine inusitée en hébreu, représente l'union du symbole spirituel
et de celui de la Vie Universelle (Esprit-Ame).
IV, manifestation lumineuse, chose intelligible. En arabe, cette racine
se retrouve dans le mot ioh, qui signifie le Soleil, le jour ; tandis que,
chose curieuse, la même racine en copte veut dire la Lune.
E7, racine analogue à la racine vitale EE. Dans les langues dérivées,
elle signifie, en outre, méthode, ordre. C'est le signe de l'harmonie uni-
verselle.
EE, double raison de vie, destinée à développer l'idée de l'être absolu.
EV, exprime la vie en potentiel, la puissance d'être. C'est l'état incom-
préhensible d'une chose qui n'existe pas encore, mais se trouve néanmoins
en voie d'être.
T/I) dans son sens vulgaire, c'est le sentiment du dégoût, de dédain.
Pris dans le sens abstrait, c'est le sentiment qu'éprouve l'esprit, étant
plongé dans la matière.
VE, exprime un état violent de l'âme. C'est le cri de détresse, le son
produit par le déchirement d'un tissu. C'est le rugissement du lion.
VI,,', exprime toute conversion, toute conjonction.
Les trois premières racines appartiennent au domaine spirituel et
déterminent le Néchamah dans l'homme, son esprit divin.
Les trois racines du second groupe appartiennent au domaine astral
et déterminent le Rouach dans l'homme. C'est son âme, la partie équili-
brante entre l'esprit et le physique.
Les trois racines du troisième groupe appartiennent au domaine
inférieur, celui du Nephesch, domaine instinctif de l'homme, qui gouverne
sa vie matérielle.
En prenant pour le second Hé la lettre qui lui correspond dans l'ordre
séphirotique suivant, qui est Noun, nous obtenons les trois racines propres
aux manifestations physiques, la terre.
Ces racines présentent à la fois un intérêt très grand et une précision.
IN. Cette racine exprime le sentiment de l'existence individuelle, tout
ce qui est relatif à un centre déterminé, à un point défini ; tout ce qui
enveloppe, entraîne dans son tourbillon.
EN. Cette racine détermine l'existence dans l'espace dans un lieu,
et dans le temps.
UN. Cette racine exprime la mollesse corporelle. Celle qui lui corres-
pond en éthiopien précise encore mieux cette idée, car elle signifie se laisser
corrompre par les plaisirs. Tout commentaire sur ces dernières racines est
superflu, car leur sens est si net et il exprime si bien la vie terrestre, indi-
viduelle, limitée par le temps et l'espace et asservie aux demandes du corps.
On sait que la Pyramide, ce monument impérissable qui a gardé à
travers les temps l'enseignement antique, représentait le chiffre douze par
ses quatre triangles latéraux, dont l'orientation correspond aux quatre
points cardinaux. Moïse a conservé ce chiffre fondamental dans l'institution
des douze tribus d'Israël représentées symboliquement par les douze
gemmes de l'Ephod du Grand-Prêtre dont la description est donnée dans
le livre de l'Exode, § 28.
Ce même chiffre réapparaît dans le mythe des travaux d'Hercule dont .
4
le Zohar garde le reflet : « Et il fut désolé pendant douze heures » (i).
Ces douze heures symboliques sont celles de la Création faisant surgir et
ordonner la vie du chaos, jusque là « vaine et vide ».
Mais, comme on l'a vu plus haut, « le positif se stabilise contre le
négatif en équilibre ». Après les six jours de labeur symbolisés par les six
séphiroth de construction vient le septième, celui du repos symbolisé
par la Sephire Malcut — beauté — synthèse des six. Les douze sont synthé-
tisés en treize. « Le treizième relèvera les deux sanctuaires par la miséri-
corde et ils seront renouvelés comme à l'origine » (2). C'est la promesse
du salut après les épreuves, c'est l'année qui synthétise le passage du
Soleil dans les douze signes du Zodiaque.
Enfin, c'est Notre-Seigneur Jésus-Christ avec ses douze apôtres qui
forme le chiffre mystérieux de treize et qui, dit le Zohar, sauvera le monde
par sa miséricorde.
Jésus-Christ, le treizième, contient en lui l'enseignement des douze
apôtres. Il est leur point de départ et de retour, comme le sommet de la
Pyramide réunit en un point le plus élevé les sommets des quatre triangles
qui la forment.
Les sept planètes se meuvent dans les douze signes comme les sept
jours de la semaine dans les douze mois de l'année.
Les Tarots nous donnent une explication de ce qui précède. Le dou-
zième arcane, le Sacrifice, cette épreuve suprême de l'incarné, est suivi
de l'arcane treize, la Mort, qui n'est autre chose que la transformation,
comme nous le savons déjà. C'est la fin du cycle terrestre qui rassemble
la somme de toute la vie. Le bilan des douze est réalisé dans le treize.
Cette idée était représentée en Egypte par la Balance qui pèse le cœur
de l'homme après sa mort.
Dans l'Univers, les douze lettres simples sont les « douze frontières
du monde », le cadre dans lequel se déroule son existence physique. Elles
sont symbolisées par les douze signes du Zodiaque qui forment un cercle
d'influences dans lequel se meuvent les planètes.
Dans l'homme, ces mêmes lettres symbolisent ses organes intérieurs
qui accomplissent le travail d'entretien de la vie végétative, ainsi que les
membres par lesquels il prend contact avec le monde physique. De ce fait,
ces lettres appartiennent au domaine de la lettre Mem, la treizième lettre de
l'alphabet, qui les synthétise toutes.
Voici dans ces deux mondes leurs correspondances d'après le S.I. (3).
Comme le montre cette table, les six premières lettres forment dans
l'Univers l'hémisphère positif et sont gouvernés directement par les six
Sephiroth. Les six lettres qui suivent ne sont que les reflets des précédentes
et sont gouvernées par les mêmes Sephiroth dans leurs reflets d'un degré
d'ordre inférieur.
Au centre est placée la Balance, « le Schéma » (Schma) dont la Sephire
est le ternaire manifesté. Ainsi, encore une fois, la loi fondamentale de
l'équilibre universel nous est confirmée par ce système remarquable.
Les quatre groupes de trois lettres affirment une fois de plus ce que
nous avons exposé au début de ce chapitre, c'est-à-dire l'action du Iev
spirituel dans le Ieve de réalisation.

(1) Siphra D^enioutha, XXII.


(2) Idem, XXIII.
(3) Voir mon Essai d'Astrologie Cabbalistique, IIIe partie, chapitre IV.
CORRESPONDANCES SÉPHIROTIQUES DANS
A première vue, dans l'homme, la correspondance d'un organe
physique avec une qualité abstraite peut sembler étrange. Par exemple : le
rein droit et la pensée ; mais à la réflexion, on comprend l'idée dominante.
Les correspondances ne sont pas prises seulement pour le monde physique.
L'homme appartenant à la fois au règne physique (minéral, végétal,
animal) et au monde spirituel, il est logique, de ce point de vue, que les
correspondances soient formulées pour les autres plans aussi bien que
pour le plan physique.
D'autre part, les douze glandes et leurs fonctions connues de la
Médecine antique sont presque totalement ignorées dans leur rôle physio-
logique par les médecins actuels.
Je dois citer ici une expérience assez curieuse de nature à illustrer
ce que je viens d'exposer.
Une personne atteinte de paralysie des jambes s'était adressée à divers
médecins qui lui avaient prescrit une foule de traitements sans résultat.
Le malade avait perdu confiance et se voyait finir misérablement cloué sur
un lit de souffrance.
L'horoscope du patient établi, on trouva que le siège du mal se tenait
à la partie inférieure du cou dans la glande thyroïde. Après trois semaines
de traitement avec l'extrait de cette glande, on constata un heureux change-
ment et au bout de deux mois la personne avait recouvré l'usage de ses
jambes.
Il convient d'ajouter que les affections du nerf sciatique cèdent à
l'action de l'extrait précité. En particulier au Turkestan, où la sciatique est
fréquente, il est étrange de constater que chez les indigènes de cette contrée,
la glande thyroïde est presque atrophiée.
Cet intéressant exemple nous montre que très souvent le foyer d'un
mal n'est pas dans l'endroit où ce mal s'objective. Ce dernier n'est qu'un
fanion rouge, signal de danger et le centre de l'affection peut être dans
un lieu très éloigné de celui où a lieu la manifestation.
Il n'y a pas longtemps que les médecins employaient toutes sortes de
moyens pour abaisser la température chez un malade sans s'occuper de
la cause de cette élévation. Or, la température n'est aussi qu'un signal
d'alarme. Elle peut être provoquée aussi bien par une affection pulmonaire
que par une gastrite ou une maladie infectieuse quelconque.
Le bon médecin, en voyant monter la température, doit s'attacher à
en trouver la cause et cette dernière éliminée, le thermomètre revient à
la normale.
La Médecine antique connaissait les fonctions des centres vitaux du
corps et savait où il fallait s'attaquer pour combattre une maladie révélée
extérieurement (i).
Mais revenons à notre étude.
En étudiant le Zodiaque d'après les douze lettres, nous voyons que
le point d'équilibre universel est la Balance, signe qui exprime très bien
cet état cosmique. Les signes du Lion et de la Vierge dans l'hémisphère
positif sont opposés à leurs reflets — Verseau et Poissons, dont les
Sephiroth correspondent dans un ordre inférieur. Mais, comme on le
voit, les autres signes, par rapport à leurs Sephires respectives sont décalés
d'un point (à 6 correspond 5°, à 7, 60 et à 8, 70). Ce décalage volontaire
démontre l'irrégularité des maisons zodiacales par rapport à l'inclinaison
de l' écliptique, chose bien connue des Astrologues.

(1) Voir mon livre Cures magiques au X X e siècle.


Il e s t difficile d e r e c o n s t i t u e r d ' a p r è s la l e t t r e a n c i e n n e q u i a s u b i
t a n t d ' a l t é r a t i o n s l ' h i é r o g l y p h e v é r i t a b l e , la l e t t r e q u i é t a i t « é c r i t e d a n s
les c i e u x » e t q u i d e v a i t a i n s i t r a d u i r e la f o r m e d e s c o n s t e l l a t i o n s z o d i a c a l e s .
N é a n m o i n s , q u e l q u e s - u n e s p r é s e n t e n t e n c o r e ce s i g n e stylisé.
O n p e u t r e t r o u v e r le L i o n m a r c h a n t s u r u n s e r p e n t c o m m e il e s t
représenté dans u n Zodiaque égyptien p o u r l'hiéroglyphe du Teth, c o m m e
c e l u i d e la B a l a n c e d a n s le L a m e d . L e S a m e c h d o n n e assez c o r r e c t e m e n t l'i-
m a g e d e l ' a r c d u S a g i t t a i r e e t les d e u x c o r n e s d e l ' A ï n r e p r é s e n t e n t l ' i d é e
d u C a p r i c o r n e . L e T z a d é r e p r o d u i t a v e c u n e c e r t a i n e a p p r o x i m a t i o n les
d e u x vases d u V e r s e a u d ' o ù s'écoule l'eau.
Q u e l q u e s c a r a c t è r e s d e la l a n g u e s a m a r i t a i n e o n t p e u t - ê t r e m i e u x
c o n s e r v é l ' i d é e p r e m i è r e d u S i g n e . M a i s les a l t é r a t i o n s o n t été, à t r a v e r s
les t e m p s , si n o m b r e u s e s q u e les t r a c é s i n i t i a u x n e p e u v e n t ê t r e u t i l i s é s
q u ' a v e c u n e faible a p p r o x i m a t i o n .
V o y o n s m a i n t e n a n t si, d a n s la l e t t r e , o n p e u t r e t r o u v e r l ' o r g a n e d e
l ' h o m m e a u q u e l elle c o r r e s p o n d .
N o u s a v o n s v u d a n s le c h a p i t r e q u i p r é c è d e q u e la f i g u r e h u m a i n e
se d e s s i n e a v e c u n e c e r t a i n e p r é c i s i o n p a r les l e t t r e s d o u b l e s .
L a f i g u r e c i - d e s s o u s s c h é m a t i s e le c o r p s d ' a p r è s le S e p h e r I e t z i r a h .

Comme on le voit il est assez difficile de reconstituer les organes


anatomiques par les lettres qui leur correspondent. Un autre système basé
sur des correspondances tirées des auteurs talmudiques aussi bien que des
Occultistes présente la lettre comme hiéroglyphe stylisé de l'organe
corporel.
Je donne ce système à titre documentaire, car, personnellement, je
me rallie à la classification du S. I. qui me paraît la plus correcte (i).

(i) Voir mon article « Commentaires de Symboles cabbalistiques », Voile d'Isis mai 1929.
Ce système part du même principe, des trois éléments, eau, feu,
équilibrés dans l'air, Aleph, Mem. Le Schin (rouge) constitue la partie
supérieure du corps dont le centre est dans le cœur (le soleil dans le monde-
univers). Le Mem (bleu) se rapporte à la partie inférieure, ce sont les
genoux correspondant à Saturne et dans l'Univers c'est le centre noir de la
Nature d'où sort la force matérielle (centre de la force magnétique).
L'action qui se développe entre ces deux centres (action électro-magnétique)
produit un mouvement ellipsoïdal qui répond à l'ellipsoïde parcouru par
la terre. Dans l'homme, le centre de cet équilibre idéal se trouve dans le
plexus solaire, région d'Aleph (i).
Cet ellipsoïde est considéré comme l'aura du Cosmos, divisée en
douze sphères d'influences des douze signes du Zodiaque figurés par les
douze lettres simples.

Dans l'homme cosmique, ces douze lettres correspondent aux régions


anatomiques ci-après :
Hé — Bélier se rapporte à la tête.
Vau — Taureau se rapporte au cou.
Zaïn — Gémeaux se rapporte aux bras, systèmes nerveux et respiratoire.
Heth — Cancer se rapporte à la poitrine, gorge.
Teth — Lion se rapporte au plexus solaire, aorte.
Iod — Vierge se rapporte au grand sympathique, nombril et rate.
Lamed — Balance se rapporte aux hanches et reins.
Noun — Scorpion se rapporte aux parties génitales, bile et vessie.
Samech — Sagittaire se rapporte aux fesses, os des jambes.
Aïn — Capricorne se rapporte aux genoux.
Tzadé — Verseau se rapporte aux tendons, partie inférieure du pied.
On voit dans ce système que l'hiéroglyphe de la lettre araméenne
reproduit l'organe du corps humain avec une ressemblance approchée.

Les lettres doubles se disposent comme suit dans ce système :


Beth — Lune ■— Œil gauche.
Caph — Soleil — Œil droit.
Daleth — Mars — Narine droite.
Ghimel — Vénus — Narine gauche.
Resch — Jupiter — Oreille gauche.
Tau — Saturne — Oreille droite.
Phé — Mercure — Bouche.

Un commentaire talmudique dit que dans le mot Bereschit (au


commencement) qui commence le livre de la Genèse de Moïse, la lettre
Resch qui représente la tête du chef « le Bélier et le principe actif (Mars) »
réunie à Beth d'un côté et à Tau de l'autre, donne l'impression d'une
force en potentiel de principe « avant tout ». On en conclut que la lettre
Resch répond à Mars dans le monde des planètes. Certains auteurs occultes,
tels qu'Eliphas Lévi et Fabre d'Olivet, semblent pencher vers cette doctrine
et faussent les correspondances données par le S. I.
La figure qui suit schématise complètement ce système.
Voici à titre d'exemple comment ce même système représente la
main de l'homme :

(i) Comparer avec « la Synthèse Astrologique » IIIe part., Essai d'Astrologie Cabbalistique.
TABLEAU COMPARATIF DES ALPHABETS ANTIQUES.

Le pouce correspond à la Vierge, Ghimel.


L'index correspond à Jupiter, Daleth.
Le médius correspond à Saturne, Tau.
L'annulaire correspond au Soleil, Caph.

(1) Dans la langue égyptienne il n'y avait pas de son correspondant à celui exprimé par
la lettre L. Le plus proche était celui de W, comme par exemple dans le nom Ptolémée, qui
s'écrivait Ptowmis. L'hiéroglyphe qui exprime la lettre W (du son L) est celui du « Noeud cou-
lant » et il correspond parfaitement à l'arcane du Pendu, qui est celui de la lettre L.
(2) La lettre Tau n'existait pas en fait comme lettre de l'alphabet. C'était le signe de
vie 'nh qui réunissait en lui l'idée du cycle de vie complet : l'alpha réalisé dans l'oméga, le dé-
veloppement définitif de l'unité-principe avant son retour à l'absolu.
L'auriculaire correspond à Mercure, Phé.
La partie extérieure du petit doigt correspond à Mars, Resch.
La partie extérieure de la main correspond à la Lune, Beth.
Ce qui précède est mentionné à titre purement documentaire car, je
le répète, il est plus rationnel de s'en tenir au S. I. sans lui apporter aucune
modification. Ce dernier est suffisamment clair et ses déductions appar-
tiennent au domaine de la Sagesse antique.
L'hiéroglyphe araméen de la lettre a subi tant de déformations qu'il
est difficile, comme je l'avais déjà dit, d'en reconstituer le trait primitif.
C'est pourquoi, en voulant donner aux hiéroglyphes existants une signi-
fication nouvelle d'après leur ressemblance avec tel ou tel organe, on ne
peut que fausser tout le système déjà compliqué par lui-même.

C'est pour cette raison que tous les ouvrages d'occultisme qui s'ap-
puient sur les auteurs du Moyen-Age, tels que Cornélius Agrippa, par
exemple, ne peuvent se mettre d'accord sur les correspondances qu'ils
énoncent.
L'étude approfondie de ces questions m'a conduit à la doctrine que
j'ai développée plus haut.
Il faut rejeter les tâtonnements des occultistes du Moyen-Age et
remonter à la source — autant que nos moyens le permettent — afin de
rétablir si possible l'harmonie de cette science perdue.
CHAPITRE V I

LES V I N G T - D E U X

Après avoir étudié l'Unité-Principe de tout l'alphabet et celui de


toute manifestation : le Ternaire — loi de l'équilibre universel ; le Septe-
naire — la gamme de l'harmonie de la Création entière et les douze limites
dans lesquelles se déroule l'existence de l'homme, comme celle de toute
vie individuelle manifestée, nous pourrons commenter les vingt-deux
lettres de l'alphabet sacré, symboles des forces créatrices de l'Univers.
Ce qui suit est emprunté à divers auteurs et, en narticulier,à Fabre d'Oli-
vet, mais j'ai donné à ces éléments documentaires extraits de divers ouvrages
un certain ordre et ajouté quelques remarques inédites. Les correspondances
dans le Macrocosme et le Microcosme sont prises d'après le Sepher Ietzirah.
ALEPH - A ou E
Première lettre-mère, correspondant au Monde Divin et au principe
de la vie dans l'homme.
D'après d'autres auteurs,elle est l'aspiration légère. C'est la première let-
tre de presque toutes les langues connues. Cette lettre symbolise l'homme
universel, le genre humain, Adam, l'être dominateur de la terre. Hiérogly-
phiquement, elle représente le principe abstrait des choses, l'Unité. C'est
l'Ancien des jours, l'Aïn Soph, qui contient en lui le principe et le développe-
ment définitif et potentiel de l'Alpha à l'Oméga, du commencement à la fin.
Le nom Divin qui lui correspond est Ehiech — l'essence de Dieu.
« Celui que nul œil humain n'a jamais vu », d'après la Cabbale. C'est l'unité-
principe de la numération, unité qui contient en potentiel tous les nombres
jusqu'à l'infini. La Sephire qui lui correspond est Kether, la Couronne
suprême. C'est le symbole de la raison (mens) et la qualité qui lui correspond
est la chasteté. Le domaine dans lequel se déroule son action est celui de la
Foi (Fides). L'arcane majeur approprié à cette première lettre est le Mage.
Les anges qui descendent de ce nom sont les Séraphins, Haïoch-
Hacodesch, « animaux de sainteté », symbolisés par le Sphinx en Egypte
et dans le christianisme par les quatre animaux accompagnant les Evan-
gélistes.

BETH - B, BH
Deuxième lettre de l'alphabet, double, correspondant à la Lune, dans
le monde, et à l'œil droit dans l'homme. Elle règne sur la sagesse de
l'homme. C'est le signe paternel et viril (AB — père). C'est le moment
du premier dédoublement de l'Unité en forces expansive et coagulante,
toutes deux en germes dans l'Unité-principe.
Le nom divin qui lui correspond est Bachour — jeunesse, clarté.
C'est la seconde'^ Sephire qui est attachée à cette lettre dont le nom est
Chochma, qui signifie intelligence (intellectus), sa qualité est bienveillance
(benignitas) et le domaine dans lequel se déroule son action est celui de
la pensée (meditatio). Les anges qui exécutent les ordres de cette intelligence
se nomment les Ophanim ou « roues célestes ». Ce sont les Chérubins
des Chrétiens. C'est par ces roues célestes que le Créateur transforma le
chaos en mouvement harmonieux. C'est le moment où la machine uni-
verselle se mit en marche, ce qui est nettement indiqué par la lettre Beth,
première lettre de la Genèse, livre de la Création. (Bereschit — au commen-
cement, en principe) (i).
Comme nous l'avons démontré, le premier acte du Créateur dont
parle la Genèse et les documents égyptiens fut celui du dédoublement.
Ainsi, une fois de plus, nous voyons que la lettre Beth, qui représente le
chiffre deux, est bien à sa place au début du livre de la Création, démon-
trant le premier acte de celle-ci, acte de dédoublement.
L'arcane majeur qui correspond à cette lettre est celui de la Porte du
Temple — le Temple symbolisant ici la Sagesse Universelle. Celui qui se
trouve au seuil de la porte du Temple est prêt à contempler la Sagesse
Suprême.

GHIMEL - C, GH
C'est la troisième lettre de l'alphabet — double — dont le chiffre est
trois et qui correspond à Vénus dans le monde des astres et à l'oreille
droite dans l'homme. Cette lettre exprime l'enveloppement organique d'où
dérivent toutes les idées se rapportant aux organes corporels et à leur rôle
physiologique. Comme on le sait, l'hiéroglyphe de cette lettre est moderne
et fut imaginé pour différencier les sons G et C. Jadis, ces deux sons se
représentaient par la même lettre.
Le nom Divin qui lui correspond est celui de Gadol, qui agit, par
les forces Aralim, répondant aux Trônes chez les chrétiens. Ces forces
permettent à Dieu — Tetr agrammaton — de conserver la forme matérielle
de la Nature créée.
Le nom de la Sephire de laquelle dépend cette lettre est Binah, qui
signifie la compréhension (ratio). Sa qualité est la prudence et son action
se développe dans le domaine de la connaissance (cognitio). C'est le troi-
sÍème angle du triangle supérieur Sephirotique, du Iev, équilibré dans sa
naissance par Kether, ce qui le distingue de tous les ternaires ultérieurs

(i) Autrement ce même mot veut dire « créa en six », définissant ainsi la Création qui

fut accomplie en six jours mystérieux. 1


qui s'équilibrent après les manifestations résultant de leurs rencontres
réciproques. L'arcane majeur qui lui correspond est celui d'Isis-Uranie
— la mère Universelle.
DALETH - D
C'est la quatrième lettre de l'alphabet, double, dont le chiffre est
quatre et qui correspond dans le monde des astres à Jupiter (i) et dans
l'homme universel à la narine droite. Cette lettre est l'emblème du quater-
naire universel, c'est-à-dire de la source de toute existence physique.
Il exprime de ce fait l'abandon né de la division. « Je suis deux, je suis
quatre ». C'est le signe de la nature divisée et divisible. Ainsi que je l'ai
exposé dans les chapitres précédents, la vie de l'univers créé résultait de
la division progressive de l'Unité-principe.
Le nom Divin qui lui correspond est Dagul, le plus élevé, le glorieux.
Les forces par lesquelles se produit la pénétration de ce nom sont nommées
Chochmalim, Dominations du Christianisme. Elles ont pour fonction de
former les images des corps dans les diverses manifestations de la matière.
La Sephire correspondante se nomme Chezed, bonté. Son attribut est
Guédula, la qualité judiciaire supérieure (judico superius). C'est dans la
région d'amour que se déroule son action. Amour idéal, dérivé de l'union
sacrée des sexes. La manifestation Divine est celle de la miséricorde.
L'arcane qui lui correspond est celui de la Pierre cubique, la réalisation
des principes par les formes dans le monde physique. Elle appartient au
domaine du second Hé du nom Tetragrammaton. C'est le fruit que porta
Isis-Uranie engendré par le principe vital. C'est le fils de l'homme, idéale-
ment représenté par Notre-Seigneur Jésus-Christ.
HE - E - HÉ
La cinquième lettre de l'alphabet, simple et dont le chiffre est cinq,
correspond dans l'Univers au Bélier et dans l'homme universel à la jambe
droite. Elle gouverne la parole. Elle symbolise la vie universelle et repré-
sente l'haleine de l'homme, l'air, l'âme, tout ce qui est animateur et vivifiant.
Elle exprime l'idée de la vie abstraite de l'être. Dans le nom Tetragram-
maton, les deux Hé ont deux significations différentes : le premier est le
signe de la vie abstraite, l'esprit, tandis que le second représente la vie
manifestée par la respiration, l'haleine. Le nom Divin qui lui correspond
est Hadom, beau, grandiose. Les forces par lesquelles se manifeste ce nom,
les Séraphins, correspondent aux Puissances du Christianisme.
C'est par eux que sont créés les éléments de la Nature. La Sephire
qui correspond à cette lettre est Gheburah, force, puissance. Sa qualité
est la judiciaire inférieure (judicio inferius), et son action se déroule dans
le domaine de l'espérance (spes). L'arcane qui lui est attaché est celui du
Maître des Arcanes.

VAU - 0 , OU, V, W
C'est la sixième lettre de l'alphabet, simple, dont la correspondance
dans le Macrocosme est le Taureau et dans le Microcosme le rein droit.
Elle gouverne la pensée. Ce caractère réunit en lui deux significations

(2) Remarquons en que le signe astronomique de Jupiter est identique au chiffre


arabe quatre. passant
o p p o s é e s ; d ' u n e p a r t le n œ u d q u i r é u n i t , d e l ' a u t r e le p o i n t q u i s é p a r e
le n é a n t d e l ' ê t r e . O n la c o n s i d è r e c o m m e le l i e n d e t o u t e c h o s e . D a n s le
n o m T e t r a g r a m m a t o n , la l e t t r e V a u s e r t d e s o u d u r e e t d e c e n t r e d ' é q u i -
l i b r e e n t r e le I o d - P r i n c i p e s u p r ê m e e t le H é — V i e . D ' a u t r e p a r t , d a n s ce
m ê m e n o m , le V a u c r é e a u s s i u n e a t t a c h e e n t r e le t e r n a i r e S p i r i t u e l q u i e s t
I e v e t sa m a n i f e s t a t i o n d u q u a t e r n a i r e I e v e . D e ce c h e f , il a p p a r t i e n t t o u t
à la f o i s a u t e r n a i r e e n é t a b l i s s a n t s o n é q u i l i b r e e t a u q u a t e r n a i r e q u ' i l
v i v i f i e p a r l ' e s s e n c e m ê m e d u t e r n a i r e s p i r i t u e l q u ' i l s y n t h é t i s e . D a n s ce
n o m , sa d o u b l e q u a l i t é d e l i e n e t d e p o i n t d e s é p a r a t i o n se m a n i f e s t e a v e c
u n e c e r t a i n e c l a r t é : d ' u n e p a r t , il r é u n i t les é l é m e n t s d u t e r n a i r e s p i r i t u e l
e t e n m ê m e t e m p s il d é t a c h e ce t e r n a i r e d u q u a t e r n a i r e . M a i s il y a p l u s .
E n e n v i s a g e a n t le q u a t e r n a i r e c o m m e u n d é r i v é d u t e r n a i r e , le V a u d e v i e n t
le l i e n d e ces d e u x é l é m e n t s , le p a s s a g e d e l ' u n à l ' a u t r e , le p o n t q u i les u n i t .
L e n o m D i v i n q u i lui c o r r e s p o n d est celui de V e z i o q u i v e u t dire :
« a v e c é c l a t ». C ' e s t p a r les f o r c e s n o m m é e s , M a l a c h i m , P u i s s a n c e s d e s
C h r é t i e n s , q u e se m a n i f e s t e ce n o m d u C r é a t e u r d a n s la v i e u n i v e r s e l l e
e t q u e s o n t p r o d u i t s les m i n é r a u x e t les m é t a u x . L a S e p h i r e d e c e t t e l e t t r e
se n o m m e T i p h e r e t h : é c l a t , S o l e i l . C e t t e s i x i è m e s e p h i r e e s t le p o i n t
d'équilibre d u second ternaire sephirotique (savoir : Chezed, G e b u r a h et
T i p h e r e t h ) . E l l e e s t e n m ê m e t e m p s le l i e n d e ce s e c o n d t e r n a i r e m a n i f e s t é
a v e c le p r e m i e r , c e l u i d e s P r i n c i p e s ( s a v o i r : K e t h e r , C h o c h m a e t B i n a h ) .
E n o u t r e , c e t t e m ê m e s e p h i r e e s t le t r a i t d ' u n i o n a v e c le t e r n a i r e s u i v a n t ,
de p é n é t r a t i o n plus p r o f o n d e , q u i est celui des trois Sephires inférieures :
Netzah, H o d , Iezod.
Ces d e u x t e r n a i r e s s e p h i r o t i q u e s f o r m e n t , c o m m e n o u s le s a v o n s ,
les s i x s e p h i r o t h d i t s d e c o n s t r u c t i o n e t l e u r l i en , le n œ u d q u i les r e l i e
e n s e m b l e , e s t c e l u i q u i c o r r e s p o n d à la l e t t r e V a u .
L a m a n i f e s t a t i o n d e c e t t e S e p h i r e ( T i p h e r e t h ) e s t la p a r o l e ( o r a t i o )
e t sa q u a l i t é e s t la p a t i e n c e . L ' a r c a n e q u i l u i c o r r e s p o n d e s t c e l u i d e s d e u x
R o u t e s . C e d e r n i e r e x p r i m e t r è s b i e n les q u a l i t é s o p p o s é e s d e la l e t t r e
q u i p e u t é l e v e r le s u j e t a u s s i b i e n v e r s le t e r n a i r e s u p r ê m e , c o m m e elle
p e u t l ' a b a i s s e r d a n s u n e p é n é t r a t i o n p l u s p r o f o n d e d e la m a t i è r e ( é v o l u t i o n
ou involution).

ZAIN - Z

L a s e p t i è m e l e t t r e d e l ' a l p h a b e t , s i m p l e ; s e p t e s t s o n chiffre. E l l e
c o r r e s p o n d a u s i g n e d e s G é m e a u x d a n s le M a c r o c o s m e e t à la j a m b e g a u c h e
d a n s le M i c r o c o s m e . E l l e g o u v e r n e la m a r c h e d e l ' h o m m e . C o m m e c a r a c -
t è r e , e l l e r e p r é s e n t e l ' i m a g e a b s t r a i t e d u l i e n q u i u n i t les c h o s e s , c o m m e le
V a u , m a i s s a n s p o s s é d e r la d o u b l e s i g n i f i c a t i o n a b s t r a i t e d e celui-ci.
L e n o m q u i lui c o r r e s p o n d e s t Z a k a ï , « p u r e ». Sa m a n i f e s t a t i o n d a n s
l a n a t u r e s e p r o d u i t p a r les / E l o ï m o u les « c o m m e n c e m e n t s » d u C h r i s t i a -
n i s m e . C ' e s t l a v i e v é g é t a l e e t les p l a n t e s q u ' i l s g o u v e r n e n t . L a S e p h i r e
d e c e t t e l e t t r e e s t : N e z a t h , v i c t o i r e ; sa q u a l i t é e s t la j u s t i c e q u i se m a n i f e s t e
p a r le s e n s i n t é r i e u r ( s e n s u s i n t e r i o r ) .
L ' a r c a n e m a j e u r a t t a c h é à c e t t e l e t t r e e s t le « C h a r d ' O s i r i s » q u i
s y m b o l i s e la v i c t o i r e d e la J u s t i c e .

HETH - E , H , CH

L a huitième lettre de l'alphabet, simple, a p o u r valeur numérale : huit.


E l l e c o r r e s p o n d a u C a n c e r d a n s le M a c r o c o s m e e t a u b r a s d r o i t d a n s le
M i c r o c o s m e . E l l e g o u v e r n e la v u e . L e c a r a c t è r e d e c e t t e l e t t r e a le m ê m e
sens que celui de Hé, mais dans un plan inférieur. De ce point de vue,
elle représente le signe de l'aspiration vitale, de l'existence élémentaire.
D'autre part, cette même lettre exprime le travail de l'homme, ce qui
demande un effort de sa part. Elle symbolise la vie physiologique avec ses
manifestations et son dynamisme.
Le nom Divin qui lui correspond est Chezed, miséricorde. Ce nom
se manifeste dans la vie par les forces Ben- Æhloïm, ce qui veut dire les
« Fils de Dieu », Archanges des Chrétiens. C'est par eux que sont créés
les animaux. La Sephire qui lui correspond est Hod, louange. Sa qualité
est l'humilité (humilitas) et son action se développe dans la multiplication
(frequentia). Dans l'homme ces forces provoquent les sens extérieurs
(sensus externus). L'arcane qui correspond à Heth est Thémis, Justice.
TETH - T
Neuvième lettre de l'alphabet, simple, avec comme chiffre, neuf.
Elle correspond au Lion dans le Macrocosme et au rein gauche dans le
Microcosme. Elle gouverne l'ouïe. Elle symbolise tout ce qui sert de
protection à l'homme (un toit par exemple). Elle sert de lien entre les
lettres Daleth et Tau dont elle partage les propriétés, mais à un degré
inférieur. Le nom Divin qui lui est attaché est Tehor (mundus pur us)
qui se manifeste par les Anges du neuvième rang. Ces Anges président à
la naissance des humains (Anges Gardiens des Chrétiens).
La Sephire de cette lettre est Iezod, le fondement. La qualité de cette
sephire est la tempérance (temperentia). C'est la stabilisation en équilibre
de toute la Création manifestée en six jours et exprimée par les six sephiroth
de construction. C'est le terme de la pénétration, la fin créatrice et numérale,
leur développement maximum exprimé par le chiffre neuf. L'arcane de
cette lettre est celui de « la Lampe voilée ».
IOD - 1
C'est la dixième lettre, simple, dont le nombre est dix. Elle correspond
dans le Macrocosme à la Vierge et dans le Microcosme au bras gauche.
Elle gouverne l'action de l'homme. Nous nous sommes suffisamment
étendus sur cette lettre dans les chapitres qui précèdent pour savoir qu'elle
symbolise l'éternité, la vie renouvelable enclose dans la graine morte en
apparence, mais portant en elle l'élément vital de la plante future. Il y a là,
nous l'avons dit, analogie avec l'Yn-Yang des Chinois, ce double germe
entrelacé. Le nom qui lui correspond est celui de Iach. C'est par des demi-
dieux mythiques, par des héros que les hommes reçoivent la compré-
hension, l'industrie et la science sacrée. Le nom de la Sephire est Malcut
— règne, temple de Dieu, femme de Dieu. C'est par la similitude des choses
(similitudo) « quod inferius, tot superius » que l'homme possède la faculté
de comprendre le monde qui l'entoure, qualité exprimée par le mot
« objectum ». C'est ainsi également qu'il perçoit le doigt du Créateur et
apprend le « Timor Dei ». L'arcane du Iod est le Sphinx, ou roue de
Fortune, qui peut élever l'homme vers les cieux comme il peut le précipiter
dans l'abîme.

CAPH - C, CH, KH
C'est la onzième lettre, double, dont le nombre est vingt. Elle corres-
pond dans le Macrocosme à Mars et à l'œil gauche dans le Microcosme.
C'est le signe de la vie réfléchie et passagère. C'est une sorte de moule qui
reçoit et reproduit indifféremment toutes les formes. D'autre part, ce
caractère dérive de Heth qui lui-même, comme nous le savons, est dérivé
du principe vital Hé. En tant qu'hiéroglyphe, il peut provenir du Ka
égyptien dont l'hiéroglyphe représente les deux bras, déployés, graphisme
se rapprochant sensiblement du Caph. La signification du Ka, le double
mystérieux de l'être vivant, répond bien à cette hypothèse. Ce double
n'est nullement l'âme ou l'esprit de l'homme, mais tout en étant d'un
ordre astral, il réfléchit les qualités et les défauts de l'homme. De ce fait,
il est comme un miroir où apparaît l'image exacte de l'homme. Ce dernier
mort, son Ka, lui survit et continue à exister en conservant l'apparence
exacte du défunt. Souvent le Ka était représenté par un oiseau qui se
trouvait auprès de la momie. La présence de deux oiseaux explique et
complète ce que nous venons de dire : l'un représente le Ka et l'autre
l'Esprit-âme, l'identité spirituelle de l'être.
Le nom qui est attaché à la lettre Caph est Kabir-potens. Ce nom
exprime le premier moteur et dans ce sens correspond au Iod, cause pre-
mière du mouvement créateur et vivifiant. C'est le premier ciel des Hébreux.
D'après leurs croyances, la Divinité qui gouverne ce premier ciel se nomme
Mettatron. Selon les Cabbalistes, Dieu emprunta cette forme pour parler à
Moïse, car c'est par ce nom que le Principe Divin se communique aux
forces qui régissent le monde dans ses manifestations physiques. Il a sous
ses ordres l'ange Orjphiel.
Dans le monde, l'intelligence de la lettre Caph gouverne les douze
signes du Zodiaque par les deux noms de Dieu, El et Jach. Les êtres qui
accomplissent ces fonctions se nomment en hébreu, Galghal Hammazeloth,
et leur région est celle du second ciel qui représente le « sourire de Dieu ».
Cette lettre se rapporte à la seconde Sephire, mais dans un ordre de
pénétration plus profond.
L'arcane correspondant est celui du Lion dompté.
LAMED - L
La douzième lettre de l'alphabet, simple, dont le nombre est trente.
Elle correspond dans le Macrocosme au signe de la Balance et dans le
Microcosme à la bile. C'est le signe du bras qui se déploie, de l'aile de
l'oiseau. Elle exprime en outre l'idée d'extension, de possession (i).
Le nom qui lui est affecté est celui de Lumined, sage qui correspond
au nom Divin Schaday.
Il réside dans le troisième ciel et gouverne les êtres de la sphère de
Saturne dont l'ange a le nom Kassiel.
La Sephire qui lui correspond est la troisième, mais dans sa pénétration
du second ordre.
L'arcane qui se rapporte à cette lettre est celui du Pendu dont la
signification est sacrifice, épreuve suprême.
MEM - M
La treizième lettre de l'alphabet, mère, dont le nombre est quarante.
Elle correspond dans le Macrocosme au monde astral, à l'eau dans la
Nature physique et à l'abdomen de l'homme universel. Elle représente
symboliquement la femme, compagne de l'homme, la mère (Ma), tout

(i) Pour l'étude de cette lettre, voir ma brochure Le Sacrifce, édit. Schiks à Bruxelles.
ce q u i e s t f é c o n d e t f o r m a t e u r . C ' e s t le s i g n e d e l ' a c t i o n e x t é r i e u r e e t
p a s s i v e . C e t t e l e t t r e e x p r i m e a u s s i b i e n la m è r e q u e l a m e r ( i ) .
M e m r é p o n d à M e b o r a c h q u i v e u t dire « b é n i » et a p p a r t i e n t a u q u a -
t r i è m e ciel, e t a u q u a t r i è m e n o m D i v i n , c e l u i d e J e h o v a h .
L a s p h è r e o ù se d é r o u l e s o n a c t i o n e s t celle d e J u p i t e r , d o n t l ' i n t e l l i -
gence est Zadkiel.
L a l e t t r e M e m t e r m i n a l e r è g n e d a n s le c i n q u i è m e c i e l e t la s p h è r e d e
M a r s d o n t le n o m D i v i n e s t c e l u i d ' E l o h a e t l ' i n t e l l i g e n c e — S a m a ë l .
C e d e r n i e r r e ç o i t d e s d i r e c t i v e s p a r Z a d k i e l p o u r les t r a n s m e t t r e a u x ê t r e s
du sixième ordre.
L ' a r c a n e c o r r e s p o n d a n t e s t c e l u i d e la F a u x : m o r t , r e n o u v e l l e m e n t .
N o u s n o u s s o m m e s d'ailleurs é t e n d u l o n g u e m e n t sur cette lettre dans
les c h a p i t r e s p r é c é d e n t s (2).

NOUN - N

Q u a t o r z i è m e l e t t r e , s i m p l e ; n o m b r e c i n q u a n t e . E l l e c o r r e s p o n d d a n s le
M a c r o c o s m e a u S c o r p i o n e t d a n s le M i c r o c o s m e a u x i n t e s t i n s . E l l e r é g i t
l ' o d o r a t c h e z l ' h o m m e (3). E l l e e s t le s i g n e d e l ' e x i s t e n c e i n d i v i d u e l l e e t
p r o d u i t e , q u i p e u t s ' é t e n d r e o u se r e s t r e i n d r e s e l o n la p l a c e q u ' e l l e o c c u p e .
N o r a e s t le n o m q u i l u i c o r r e s p o n d e t il e s t r é g i p a r le n o m D i v i n
d ' E m m a n u e l « D i e u e s t a v e c n o u s ». S o n a c t i o n se d é r o u l e d a n s la r é g i o n
d u sixième ciel d o n t l ' a n g e est M i c h a ë l .
Le N o u n terminal c o r r e s p o n d a u n o m des sept lettres : Ararita,
« D i e u i m m o b i l e ». Sa r é g i o n e s t c e l l e d u s e p t i è m e c i e l a i n s i q u e la s p h è r e
d e V é n u s d o n t l ' a n g e se n o m m e H a n a ë l , « l ' a m o u r d e D i e u , sa j u s t i c e ».
C e t t e l e t t r e a p p a r t i e n t à la c i n q u i è m e S e p h i r e d a n s s o n s e c o n d o r d r e d e
pénétration. L'arcane de N o u n est celui d u G é n i e de l ' h o m m e .

SAMECH - S

Q u i n z i è m e l e t t r e d e l ' a l p h a b e t , s i m p l e , d o n t le n o m b r e e s t s o i x a n t e .
E l l e c o r r e s p o n d d a n s le M a c r o c o s m e a u S a g i t t a i r e , à l ' e s t o m a c : K e v a .
E l l e r é g i t le s o m m e i l . E l l e e s t le s i g n e d u m o u v e m e n t c i r c u l a i r e . C ' e s t
a u s s i le s y m b o l e d u m o u v e m e n t d u f e u a s t r a l d o n t e l l e r e n d l ' i m p r e s s i o n
s o n o r e , le s i f f l e m e n t . C ' e s t le m ê m e s i f f l e m e n t q u e p r o d u i t le s e r p e n t e t
c ' e s t p o u r q u o i les E g y p t i e n s la r e p r é s e n t a i e n t p a r u n r e p t i l e s ' e n r o u l a n t
s u r l u i - m ê m e . E l l e s y m b o l i s e le s e r p e n t d e la G e n è s e , le N a h a s c h , a u t r e -
m e n t d i t les f o r c e s i n s t i n c t i v e s d e l ' h o m m e q u i l ' a t t i r e n t d a n s la m a t i è r e .
L e n o m q u i lui c o r r e s p o n d est S a m e k , celui q u i s o u t i e n t , fortifie
( f a l c i e n s , f i r m a n s ) . L a s p h è r e o ù se d é r o u l e s o n a c t i o n e s t celle d e M e r c u r e
d o n t l ' i n t e l l i g e n c e e s t R a p h a ë l . E l l e se r a p p o r t e à la s i x i è m e S e p h i r e d a n s
son ordre secondaire.
L ' a r c a n e q u i l u i e s t a t t a c h é e s t c e l u i d e T y p h o n , le D i a b l e , le s e r p e n t
d e la G e n è s e .

A I N - U, H W H

C ' e s t la s e i z i è m e l e t t r e d e l ' a l p h a b e t , s i m p l e , d o n t le n o m b r e e s t
s o i x a n t e - d i x . E l l e c o r r e s p o n d d a n s le M a c r o c o s m e a u C a p r i c o r n e e t d a n s le

(1) Ma-ter et Ma-re.


(2) V o i r m o n article « L a L e t t r e - M è r e », Astrologie, n o v . 1929.
(3) V o i r m o n article « Sagesse de l'arôme » dans Psyché, février 1930.
Microcosme au foie. Elle régit la colère chez l'homme. Elle est le signe
du sens matériel et l'image du vide ou du néant. Dans le domaine des
défauts, elle signifie tout ce qui est faux, pervers et mauvais.
Le nom qui lui est attribué est Azaz, fort. Ce nom régit le neuvième
ciel et la sphère de la Lune dont l'intelligence est Gabriel. La Sephire
d'Aïn est la septième dans son second ordre de manifestation.
L'arcane correspondant est « la Tour foudroyée », symbolisant les
traîtrises du destin d'un homme, qui se croit supérieur et qui a une confiance
aveugle dans ses propres forces.
P H E - F, PH, P
Dix-septième lettre, double, dont le nombre est quatre-vingts. Elle
correspond dans le Macrocosme à Mercure et dans le Microcosme à l'oreille
gauche de l'homme universel. Son règne est celui de la domination.
Comme son ayant la caractéristique du P, cette lettre est dérivée de Beth,
mais d'un autre côté, comme sonorité analogue à F, elle provient du Vau.
Aussi elle tient de ces deux lettres leurs traits fondamentaux. Certains
auteurs assimilent son hiéroglyphe à la bouche dont elle dépeint assez
bien l'image.
Dans le chapitre qui suit nous allons donner une théorie de la for-
mation des lettres et le lecteur se rendra compte comment cette lettre peut
être confondue avec le Tau dans la représentation de la bouche.
Le nom qui lui correspond est Phodé, rédempteur, « l'âme sage » de
Kircher. La région dans laquelle se développe son action est celle de l'air
qui est gouvernée par les Sylphes (i).
La Sephire qui lui est affectée est la huitième dans son second ordre.
L'arcane correspondant à cette lettre est l'Etoile des Mages.
T Z A D E - Tz
Dix-huitième lettre, simple, nombre : quatre-vingt-dix. Correspond au
Verseau dans le Macrocosme et dans le Microcosme à l'estomac Kerkovak.
Elle régit la nutrition de l'homme. Elle dépeint le terme, la solution, le
but et exprime le mouvement qui mène vers ce but.
Le nom qui lui est affecté est Tzadek, « juste ». Ce nom régit l'eau,
domaine des Nymphes. Kircher dit que cette lettre gouverne la matière
universelle. Le Tzadé terminal, d'après le même auteur, régit les éléments
(air-feu, eau, terre). La Sephire qui lui est attribuée est neuf du second
ordre et l'Arcane, « le Crépuscule ».
KOPH - K
Dix-neuvième lettre, simple ; nombre : cent. Elle correspond aux
Poissons dans le Macrocosme et à la rate dans le Microcosme. Elle régit
le rire de l'homme. D'après Fabre d'Olivet, elle représente symboliquement
un outil tranchant, une hache par exemple ; tout ce qui sert de protection
à l'homme, ce qui fait un effort pour lui, son instrument (2). Les mots
qui tiennent à cette consonne dans la plupart des idiomes désignent la
force et la contrainte.

(1) Papus, dans sa Kabbale approprie le Phé au feu. Il semble avoir été frappé par la
consonance de « Phé » et de « feu » et c'est pour cette raison qu'il fit cette adaptation qui nous
semble inexacte.
(2) L'hiéroglyphe du Koph est considérée par certains auteurs comme représentant une
hache.
N o m affecté, K o d e s c h — s a i n t . C ' e s t le s i g n e d e la c r é a t i o n d e la t e r r e ,
d o m a i n e des g n o m e s . L ' i n t e l l i g e n c e , Ariel, q u i , selon K i r c h e r « r è g n e
e n h i v e r d a n s le n o r d e t f o r m e les m i n é r a u x e t les c h o s e s i n a n i m é e s ».
L a S e p h i r e a t t a c h é e à la l e t t r e e s t M a l c u t d a n s s a p é n é t r a t i o n la p l u s
p r o f o n d e . L ' a r c a n e c o r r e s p o n d a n t e s t c e l u i d e la l u m i è r e .

RESCH - R

V i n g t i è m e lettre, d o u b l e ; n o m b r e : d e u x cents. Elle c o r r e s p o n d à


S a t u r n e d a n s le M a c r o c o s m e e t à la n a r i n e g a u c h e d a n s le M i c r o c o s m e .
C e t t e l e t t r e r è g n e d a n s le m o n d e ( m o n d e m a n i f e s t é , c e l u i d e S a t u r n e a u q u e l
nous appartenons par notre nature inférieure en tant qu'êtres physiques).
E l l e s y m b o l i s e la t ê t e d e l ' h o m m e , s o n m o u v e m e n t d é t e r m i n a n t , sa m a r c h e .
S e l o n B œ h m e , R e s c h t i r e s o n o r i g i n e d e la f a c u l t é i g n é e d e la n a t u r e e t
p a r là elle e s t l ' e m b l è m e d u f e u .
C ' e s t le s i g n e d ' u n m o u v e m e n t b o n o u m a u v a i s , l ' i m a g e d u r e n o u -
v e l l e m e n t des choses. L e n o m q u i lui c o r r e s p o n d est R o d e c h q u i signifie
« o r d o n n a n t », q u i s e l o n K i r c h e r e s t le « f o r m a t e u r d e s p l a n t e s ».
C e n o m a p p a r t i e n t a u p r e m i e r p r i n c i p e d e D i e u q u i é m a n e la v i e
v é g é t a l e et animale.
L a S e p h i r e q u i l u i c o r r e s p o n d e s t celle d e d e u x q u i p a s s a p a r v i n g t e t
d e s c e n d i t f i n a l e m e n t à d e u x c e n t s . C ' e s t le d é d o u b l e m e n t m a x i m u m d e la
n a t u r e p o u r c r é e r t o u s ses p h é n o m è n e s .
L ' a r c a n e est celui d u R e n o u v e l l e m e n t .

S C H I N - SCH

V i n g t - e t - u n i è m e l e t t r e , m è r e ; n o m b r e , t r o i s c e n t s . C o r r e s p o n d d a n s le
M a c r o c o s m e a u f e u e t d a n s le M i c r o c o s m e à la t ê t e d e l ' h o m m e u n i v e r s e l .
S o n d o m a i n e e s t c e l u i d u m o n d e p h y s i q u e , la p é n é t r a t i o n d u P r i n c i p e
a u p l u s p r o f o n d d e la m a t i è r e d ' o ù il d o i t r e s p l e n d i r d é f i n i t i v e m e n t .
C o m m e i m a g e s y m b o l i q u e , elle r e p r é s e n t e l ' a r c d u q u e l la f l è c h e s ' é l a n c e
e n sifflant. N o u s a v o n s d ' a i l l e u r s é t u d i é c e t t e l e t t r e d a n s le c h a p i t r e p r é c é -
dent, n o u s n'insisterons d o n c pas.
L e n o m q u i l u i c o r r e s p o n d e s t S c h a d a ï , « T o u t P u i s s a n t ». C ' e s t le
s e c o n d p r i n c i p e d e D i e u , q u i s e l o n K i r c h e r r é g i t la « v i e a n i m a l e », l ' â m e
v i v a n t e d e la G e n è s e . C ' e s t ce p r i n c i p e q u i d o n n e n a i s s a n c e a u g e r m e d e
la v i e a n i m a l e .
L a S e p h i r e g o u v e r n a n t e e s t la t r o i s i è m e d a n s s a p é n é t r a t i o n d u t r o i -
s i è m e o r d r e q u i d o n n e le c h i f f r e d é f i n i t i f e t a c c o m p l i d e n e u f (3 X 3).
L ' a r c a n e c o r r e s p o n d a n t e s t le C r o c o d i l e o u l ' A v e u g l e . Il r e p r é s e n t e
l ' h o m m e i n c o n s c i e n t m a r c h a n t s a n s se p r é o c c u p e r d e s d a n g e r s q u i
l'attendent.

TAU - T

V i n g t - d e u x i è m e et d e r n i è r e lettre, d o u b l e ; n o m b r e : q u a t r e cents o u
z é r o . D a n s le M a c r o c o s m e e l l e c o r r e s p o n d a u S o l e i l et d a n s le M i c r o c o s m e
à la b o u c h e d e l ' h o m m e , à s o n v e r b e . E l l e r è g n e s u r la b e a u t é , q u i e s t
l ' h a r m o n i e u n i v e r s e l l e e t d e ce f a i t e s t l i é e à la S e p h i r e M a l c u t , « f o n d a t i o n ».
T a u e s t le f o n d e m e n t s u r l e q u e l e s t b â t i t o u t l ' U n i v e r s c o m m e l ' a l p h a b e t
s a c r é q u i le s y m b o l i s e .
L e s E g y p t i e n s l ' a v a i e n t c o n s a c r é à T h o t e t le c o n s i d é r a i e n t c o m m e
le s y m b o l e d e l ' â m e u n i v e r s e l l e .
N o u s a v o n s parlé suffisamment de cette lettre, et n o u s ne revien-
d r o n s p a s s u r ce q u i a é t é d i t .
L e n o m D i v i n q u i lui c o r r e s p o n d e s t c e l u i d e T e c h i n a h , b e a u . D ' a p r è s
K i r c h e r , il r e p r é s e n t e le « M i c r o c o s m e e n s o n e n t i e r ». A i n s i c e t t e l e t t r e
e s t le s y m b o l e d e l ' h o m m e , d e r n i e r d é v e l o p p e m e n t d e la C r é a t i o n s u r la
t e r r e c o m m e T a u e s t la d e r n i è r e d e l ' a l p h a b e t . L a S e p h i r e q u i la g o u v e r n e
e s t la q u a t r i è m e d a n s s a p é n é t r a t i o n a u p l u s p r o f o n d d u t r o i s i è m e o r d r e
( 3 X 4 = Il-)( (1).
L ' a r c a n e e s t la C o u r o n n e d u M a g e , r e f l e t d e la C o u r o n n e s u p r ê m e d e
Kether.
J ' a i r é s u m é d a n s l ' a p e r ç u q u i p r é c è d e les d o n n é e s p r o v e n a n t d e
d i v e r s a u t e u r s e n les a d a p t a n t à celles d e la C a b b a l e . C o m m e o n le v o i t ,
n o m b r e d'opinions sont contradictoires.
D a n s le c h a p i t r e s u i v a n t , je v a i s e s s a y e r d e p r é s e n t e r la c o n s t r u c t i o n
d e l ' h i é r o g l y p h e . J ' a u r a i l ' o c c a s i o n d e r e v e n i r s u r les c o n t r a d i c t i o n s p r é -
citées d o n t q u e l q u e s - u n e s s ' e x p l i q u e r o n t , alors q u e d ' a u t r e s n o u s a i d e r o n t
à c o m p r e n d r e la p h y s i o n o m i e d e la l e t t r e v u e s o u s ses d i f f é r e n t s a s p e c t s .

(1) Douze est le symbole du cycle accompli, comme les douze signes du Zodiaque ter-
minent le cercle de 360°. La fin du douzième signe est le 0 — Tau, fin-commencement.
CHAPITRE VII

ARCHITECTURE D E LA L E T T R E

Dans le chapitre précédent, nous avons étudié successivement les


22 lettres dans l'ordre alphabétique avec leurs différentes significations.
Nous allons maintenant exposer les autres systèmes de groupement de
ces mêmes lettres et soulever, dans la mesure du possible, le voile sur leur
origine. Ce travail, indispensable, nous permettra de juger d'après l'hiéro-
glyphe même de la lettre, les applications des forces créatrices dont elle
est le symbole.
Comme on l'a vu plus haut, le premier système de division est celui
qui est mentionné par le S. I. : les trois mères, les sept doubles et les douze
simples. Rappelons que dans ce système, les trois mères représentent le
principe fondamental de la Création, celui de l'équilibre universel. Les
sept doubles représentent les forces de la nature qui peuvent être, par le
libre arbitre, orientées vers le bien ou vers le mal ou, autrement dit, vers
l'évolution ou vers l'involution. Elles figurent deux ternaires opposés et
équilibrés sur un point qui sera le soleil pour notre système et l'homme
pour son reflet, le Microcosme. Enfin, les douze simples constituent le
cadre dans lequel se déroule la vie de l'Univers ainsi que celle de l'homme.
Les influences émanées de ces lettres se croisent, s'opposent, se concertent,
mais elles échappent au contrôle et à l'autorité de l'homme. Il les constate,
mais il ne peut ni les éviter, ni les modifier à son gré.
Un exemple rendra cette idée plus claire. Supposons un passager à
bord d'un paquebot faisant route vers l'Amérique. Au moment où il prend
place sur le bateau, il se soumet à la force qui le conduira à destination.
Il est libre de faire ce qu'il veut pendant la traversée. Circuler dans tout
le navire, manger, dormir, s'amuser, etc... Mais s'il voulait changer d'avis
en pleine mer et décidait d'arrêter son voyage ou de changer le port
d'arrivée, cela lui serait impossible. Il est entraîné par une force supérieure
à laquelle il s'est soumis au début du voyage et il doit céder au destin.
La vie de l'homme est analogue à celle de ce passager. Il ne peut ni
franchir le cadre qui la limite, ni rien changer de la trame de ses influences.
Cette théorie n'a rien de commun avec le fatalisme, car dans la sphère
où se déroule son existence, l'homme est libre de développer ses aptitudes
spirituelles ou de les enliser dans la matière en devenant une brute.
Le second système, celui des Sephiroth, nous révèle les neuf nombres
dans lesquels naît et se déroule jusqu'à sa fin la mathématique de la création.
Le nombre suprême, neuf, étant celui de la manifestation terminale, la
création de l'homme, esprit Divin, individualisé et incarné dans la matière.
Le nombre dix n'est révélé que pour démontrer le retour vers l'unité
après le labeur de la Création.
D'après ce système, les 22 lettres de base auxquelles s'ajoutent les
cinq lettres dites terminales sont divisées en trois groupes comprenant
neuf éléments chacun. Le premier de ces groupes est celui du prototype.
Il représente Dieu dans ses manifestations créatrices — les /Elohïm. Chaque
lettre de ce groupe symbolise un des Sephiroth ou attributs du Créateur.
La clef de ce groupe est la lettre Aleph, dont les huit suivantes ne sont
que les dédoublements. (« Je suis un devenu huit »).

Le second groupe est celui de la pénétration des yïlohïm en création


dans le monde des forces. Toutes les lettres de ce groupe, sauf la première
(iod) ne sont que des reflets des lettres correspondantes du groupe type
et sont gouvernées par les mêmes Sephiroth, mais dans un ordre de
pénétration plus profonde. La lettre Iod, qui est la clef de ce groupe,
démontre d'emblée l'orientation des lettres qui le suivent, travail abou-
tissant au retour à l'unité, évolution vers l'absolu.
Enfin le troisième groupe est comme le second, un reflet du groupe
type, la pénétration desTElohïm au plus profond de la création qui s'ob-
jective dans le monde des forces manifestées, monde physique. Comme
dans le second groupe, les lettres du troisième sont commandées par les
Sephiroth du premier groupe dans leur ordre respectif, mais dans un état
de pénétration définitive.
La lettre-clef de ce groupe est ta. dernière de l'alphabet (1), le Tau,
l'Oméga, la fin du cycle de manifestation, le retour définitif à la source
Principe. Nous voyons dans ce système la dernière lettre terminale signifier
le nombre 900. Pour continuer la numération, il faut donc revenir à Aleph
qui représente en même temps i et 1000.
Une autre division, dont nous avons parlé, est celle qui dérive des
lettres du nom sacré, chacune de ces lettres gouverne un groupe de six

(1) Les lettres dites terminales ne sont ajoutées que pour compléter la numération et
ne sont pas prises en considération dans l'alphabet sacré des 22 lettres.
lettres auxquelles elle donne une direction caractéristique. Cette division
trouve son application en Astrologie cabbalistique ainsi que dans le Tarot.
Plus loin, nous discuterons ce système.

Le système ci-après qui nous est enseigné par le Sepher Ietzirah (i)
est celui de l'emplacement des différentes lettres dans la bouche de l'homme.
Ce système comporte cinq groupes de lettres dont deux de cinq et trois
de quatre. Aucune lettre, dit le S. I., ne peut être prononcée sans la
langue, et c'est en appliquant cette dernière, soit à la gorge, au palais,
aux dents ou aux lèvres, que sont obtenus les différents sons correspondant
aux lettres de l'alphabet. Ainsi, les lettres dites gutturales, obtenues par
l'extrémité de la langue et la gorge sont : Aleph, Ghimel, Hé et Aïn.
Celles dites du palais, obtenues de la même façon avec l'aide de la
langue, sont : Heth, lod, Beth et Koph. Les linguales prononcées par
le bout de la langue sont : Daleth, Teth, Lamed, Vau et Tau. Les dentales :
Zaïn, Samech, Schin, Resch, Tzadé. Enfin les labiales : Phé, Mem, Noun,
Caph.
Ce système donne u ne idée des vagues sonores produites par chacune
des 22 lettres, vagues dont l'évocation correcte produit un effet réel sur
les forces naturelles. Une idée de cette vibration nous est donnée par le
scandement rythmique de certains mots sacrés qui évoquent des phéno-
mènes surnaturels. Nous avons perdu la sagesse du son, mais chez les
Orientaux, les Lamas thibétains, les Fakirs et parmi certaines tribus de
l'Afrique, des prières proférées d'une certaine façon et accompagnées de
gestes appropriés produisent des effets extraordinaires. J'ai eu l'occasion
de voir des animaux sauvages, des serpents très dangereux charmés par
des mots scandés d'une certaine façon. Aussi, j'ai vu la pluie et la grêle
provoquées par des pratiques de ce genre.
Il est curieux de noter qu'en Europe orientale, il existe des sorciers
de campagne produisant des phénomènes extraordinaires par des moyens
de même ordre. Pour la plupart, ce sont des vieillards qui possèdent ces
secrets qu'ils ne révèlent qu'à une seule personne la veille de leur mort
en lui faisant jurer de garder le secret.
J'ai eu en ma possession un vieux carnet manuscrit contenant des
recettes pouvant être utilisées dans diverses circonstances. Et, chose
extraordinaire, les mots des soi-disant prières qu'il renfermait n'étaient
intelligibles dans aucune langue connue. Ce n'était qu'une mosaïque de
sons. Toutefois, en les scrutant attentivement j'ai pu, dans certains cas,
reconstituer leur sens en langue sanscrite. Bien que les sons fussent très
altérés, on pouvait néanmoins retrouver quelques mots qui permettaient
la construction de la phrase en entier.

(i) Voir mon Astrologie Cabbalistique, Ille partie, chap. II, § 3.

Licence eden-19-7-6224024-7-105602476-24953654 accordée le 28


janvier 2023 à 6224024@7.com
Ces mots, bien que déformés, produisaient des résultats stupéfiants.
Ainsi, le sang cessait de couler d'une artère coupée au son de quelques
mots proférés. Un homme tombait comme foudroyé et restait plongé dans
le coma. Enfin, une maladie incurable comme la rage était jugulée par le
son accompagné d'un geste approprié. Je cite ces quelques cas parmi
tant d'autres dont j'ai été témoin et dont j'ai pu vérifier les effets certains.
Ce qui précède sert de preuve à l'enseignement du S. I. : « Il les
traça par la voix, les façonna par l'Esprit... » (i).
La vraie magie connaît l'application de ces forces oubliées des hommes,
qui ne savent plus que tout ce qui est créé et tous les mots « sont créés
de la même façon » (2).
Après ce court aperçu des différents systèmes de combinaison des
lettres de l'alphabet sacré, nous abordons le sujet de ce chapitre qui a trait
au groupement des lettres d'après leur ordre architectural (3). Sujet difficile,
car cet exposé ne peut être complet malheureusement, faute de données
précises. Toutefois, je tâcherai, dans la mesure du possible, de donner au
lecteur une idée de la construction hiéroglyphique des lettres. A la base
de cette construction de l'hiéroglyphe se trouve le Iod, unité du second
ordre, unité manifestée. Cette lettre représente, nous le savons, la même
idée que le Yn-Yang des Chinois, c'est-à-dire la graine issue de la plante-
mère et portant en elle le germe d'un être de même espèce à reproduire.
Son hiéroglyphe araméen rend très bien cette double signification. La
première virgule qui le compose est le lien spirituel avec l'unité principe de
laquelle elle émane.
La seconde virgule représente le germe vital de la manifestation sui-
vante qu'elle contient en potentiel. La circonférence réalisée par les deux
virgules objective la sphère où se déroule la manifestation vitale, évoquée
par l'Esprit s'involuant dans la matière, mais qui, ayant achevé son œuvre,
doit en sortir pour retrouver la source d'où il émane. Ainsi, pour le
Macrocosme, c'est le cycle cosmique de vie, et pour le Microcosme c'est la
naissance-vie-mort de l'homme. En d'autres termes, c'est le renouvelle-
ment incessant qui n'est autre que la Vie Eternelle, point de départ et
d'arrivée de la Création.
Cette lettre porte en elle le ternaire spirituel, ou la vie et la mort
s'équilibrant dans l'incarné. Autrement dit, le Principe vital, l'étincelle
divine, évoque la vie de l'Etre qui se déroule d'après son libre arbitre, mais
c'est ce dernier qui crée l'ambiance où va se plonger le germe une fois le
cycle accompli. Ce germe, issu de la manifestation de Vie, peut évoluer
vers la source spirituelle comme il peut s'enliser dans la matière.
L'origine de cet hiéroglyphe est très ancienne, ce
qui nous est confirmé par sa présence dans les langues
orientales telles que le chinois, le devanagary, etc...
On ne peut en dire autant de la plupart des
autres lettres de l'alphabet araméen, dit carré, d'une
date beaucoup plus rapprochée de nous. Cet alphabet
est construit sur la ligne verticale, signe actif et la
ligne horizontale, signe passif. Les différentes combi-

(1) Sepher Ietzirah.


(2) Id. II, 6. , .
(3) Chaque lettre a une origine au centre de la nature. Cette origine est merveilleuse et
les sens ne peuvent la saisir qu'à la clarté de l intelligence (Bœhme).
n a i s o n s d e ces l i g n e s e n t r e elles e t a v e c le I o d t r a d u i s e n t l ' e x p r e s s i o n
d e s m a n i f e s t a t i o n s d e s f o r c e s d e la n a t u r e . Il e s t p a r f o i s difficile d e d é -
g a g e r le s e n s p r i m i t i f d e ces h i é r o g l y p h e s e t i l f a u t r e c o u r i r à d e s l a n g u e s
p l u s a n c i e n n e s telles q u e l ' é g y p t i e n , le s a n s c r i t o u à d e s l a n g u e s s œ u r s
d e P a n a m é e n c o m m e le s a m a r i t a i n , le c o p t e , l ' a r a b e , e t c . . .
M a l g r é ces r e c h e r c h e s , n o u s s o m m e s e n c o r e t r è s l o i n d e la v r a i e l a n g u e
s a c r é e d i t e a d a m i q u e o u w a t t a n . D a n s c e t o r d r e d ' i d é e s , je n e p u i s m e
ranger aux conclusions de Saint-Yves d'Alveydre qui, dans son intéressant
o u v r a g e , l'Archéomètre, p r é t e n d a v o i r r e t r o u v é cette l a n g u e c o n s t r u c t i v e
p e r d u e p a r l ' h o m m e e n l i s é d a n s la m a t i è r e .
D a n s u n d e s c h a p i t r e s p r é c é d e n t s , j ' a i e x p l i q u é c o m m e n t la l e t t r e
A l e p h a é t é c o n s t r u i t e p a r u n I o d , p r i n c i p e s p i r i t u e l f r a p p a n t la m a t i è r e
i n e r t e — l i g n e h o r i z o n t a l e — e t la s o r t a n t d e s o n é t a t p a s s i f — l i g n e d i a g o -
n a l e . D e ce c h o c , n a î t u n s e c o n d I o d r e p r é s e n t a n t le f e u . J e n e f e r a i q u ' e f -
fleurer cette q u e s t i o n e x p o s é e p a r ailleurs. R a p p e l o n s s e u l e m e n t q u e cette
l e t t r e m è r e e t p r i n c i p e d e t o u t l ' a l p h a b e t , r e p r é s e n t a n t le t e r n a i r e d a n s
ses t r o i s m a n i f e s t a t i o n s : l ' a i r ( p r e m i e r l o d ) , P e a u ( l i g n e h o r i z o n t a l e ) e t
le feu (second Iod), est au total le signe de 1 air.
La lettre Mem, qui symbolise le second élément,
l'eau, exprime par son hiéroglyphe l'idée de la création
de cet élément quand Dieu sépara les eaux d'en haut des
eaux d'en bas (i), acte par lequel fut créée la circulation
perpétuelle de l'eau, sa montée en vapeur et sa descente en
pluie, phénomène constituant la vie de notre planète. Cet
hiéroglyphe s'interprète clairement comme suit : la ligne
horizontale inférieure figurant la surface de l'eau est
continuée par la ligne remontante qui se termine par une
courbe, le firmament. Puis, un arrêt qui représente la
condensation de la vapeur et la ligne qui descend, la chute
de l'eau en pluie. On peut admettre que cet hiéroglyphe
ait été inspiré de l'hiéroglyphe égyptien du couple Nout
(ciel) et Geb (terre) séparé par l'air Schou. La stylisation de
cet hiéroglyphe donne le Mem araméen dont le sens er
presque identique (2).
Enfin la lettre Schin, symbole du feu, représente avec
une certaine précision les langues de feu « qui remontent
en haut » (3) de la surface troublée de l'eau. Ces langues
sont formées par trois Iod, qui s'élèvent vers le ciel pour
démontrer encore une fois par la 2 le lettre de l'alphabet,
terminant le troisième et dernier cycle des manifestations,
que le feu s'élevant, le cycle de la vie une fois accompli,
l'évolution définitive est imminente.
L'hiéroglyphe samaritain, comme celui de l'arabe,
donne la même impression. A noter que la langue slave a
conservé l'idée de ce même caractère pour exprimer le son
« Sch ». Cette constatation est d'autant plus curieuse que
cette langue est d'origine arienne et que son alphabet, issu
du grec, a été créé au IXe siècle. On peut d'ailleurs supposer

(1) Genèse.
(2) S. I. « Le ciel est créé du feu, la terre de l'eau et l'air occupe le milieu entre elles », III, 3.
(3) S. I.
que la langue grecque ne possédant pas le son « Sch »
on avait été conduit à emprunter l'hiéroglyphe de ce
dernier chez les Arabes.

GROUPE DU VAU
La lettre Vau, exprimant comme voyelle les sons o,
ou, u et comme consonne v, w, possède un double hiéro-
glyphe. On sait qu'elle exprime le lien des choses ou le
point qui les sépare. Son premier hiéroglyphe, celui qui
traduit surtout ce sens mystérieux, est celui du son voyelle.
Il est formé par un Iod dont le germe primaire l'unit à la
région supérieure d'où il descend et le germe dérivé se
prolonge en ligne verticale pour démontrer sa pénétration
active. Comme nous le savons, du point de vue chrétien,
la troisième lettre du nom sacré représente le Saint Esprit
ou, d'après l'enseignement égyptien, la vie émanée de la
Trinité Suprême qui pénètre jusqu'à l'extrême limite infé-
rieure de la manifestation créatrice en lui servant de lien
avec la source spirituelle.
Mais cette ligne tracée de haut en bas démontre, indé-
pendamment de la liaison qu'elle réalise, la différence
entre la Source émanatrice, le Iod et ce qui est pénétré
par sa force descendante. La même lettre en tant que
consonne perd presque totalement ce sens mystérieux
pour ne garder que l'idée extérieure du lieu, sorte de clou
réunissant deux objets.
Cette même idée est encore plus matérialisée dans la
lettre Zaïn dont le tracé hiéroglyphique se rapproche
encore plus de la forme du clou vulgaire.
Mais, comme pour enfoncer un clou, il faut produire
un effort actif, l'hiéroglyphe de cette lettre exprime cette
idée par une ligne horizontale (matière passive) d'où
descend une verticale ondulée pour exprimer le mou-
vement.
Enfin, la lettre Noun dont l'hiéroglyphe se rapproche
également de celui du Vau, signifie « le fils de l'homme »,
fruit issu de son union, mais séparé de lui dans son exis-
tence individuelle.
Comme son, le Noun est dérivé du Mem dont il
représente hiéroglyphiquement la partie gauche. La partie
ascendante qui représente la lettre Beth est supprimée, seul
le trait de retour est conservé pour indiquer le fruit de
l'union de la mère et du père.
L'hiéroglyphe de la lettre Ghimel est également dérivé
du Vau. Il représente un canal corporel, par exemple la
gorge de l'homme ou tout autre organe servant de canal.
Il dépeint la pénétration du principe du Vau dans la
sphère matérielle pour l'animer. Mais la différence entre
ce caractère et celui du Noun consiste dans cette idée que
le Vau, tout en pénétrant la matière par sa force vivifiante,
ne s'arrête pas à cette manifestation, mais poursuit sa
course de pénétration plus profonde.
Le point matériel représenté par la ligne noire en biais
touchant la verticale n'est pas un but définitif, mais une
manifestation qui se produit au cours du processus du
principe actif pénétrant. Ce hiéroglyphe est, comme nous
l'avons déjà dit, d'origine plus moderne ; il est né de la
nécessité de différencier les sons exprimés par le C (son k)
du son G. Le son du Ghimel s'apparente à celui du K dont
nous parlerons plus loin.
GROUPE DU DALETH
L'hiéroglyphe de cette lettre est l'emblème du quater-
naire universel et, comme tel, il se rapporte au second Hé
du nom sacré.
Il est le signe de toute existence physique manifestée
sur notre planète et, de ce point de vue, il détermine la vie
dans les trois dimensions.
Son tracé réalise cette idée avec beaucoup de précision
en donnant la perspective des trois arètes d'un cube.
Rappelons que l'arcane majeur qui lui correspond est
celui de la Pierre cubique dont nous retrouvons le schéma
dans la représentation de la lettre.
Le Delta grec, tout en conservant les trois lignes
principales qui forment le Daleth, les dispose en forme de
triangle, altérant l'idée qui se dégage de l'hiéroglyphe
araméen.
Les sons du Teth et du Tau sont ceux qui se rap-
prochent de celui de Daleth. Teth est un signe de protec-
tion, le toit, que l'homme élève pour s'abriter, son
bouclier.
L'hiéroglyphe araméen de cette lettre n'a rien de
commun avec celui de Daleth. Il est une stylisation du
signe zodiacal du Lion auquel il correspond. Dans l'idée
développée par ces trois lettres, nous voyons un lien et
un développement consécutif : Daleth, existence physique
qui, pour se développer, a besoin de se protéger (Teth)
pour aboutir à sa perfection définitive (Tau).
Les hiéroglyphes syriaques de ces trois lettres pré-
sentent avec plus de clarté l'idée qui les réunit et se
développe en elles.
Les chiffres qui leur correspondent renforcent cette
idée.
Daleth = 4, quaternaire manifesté, second Hé du nom
sacré.
Teth = 9, développement complet de l'acte créateur.
Tau = 400, pénétration du quaternaire réalisé au
plus profond du troisième ordre de manifestation défini-
tive. Fin du cycle ou retour à l'unité principe.
GROUPE DU BETH
Nous savons que Beth traduit le signe paternel et viril.
Son hiéroglyphe est dérivé de celui de Daleth, comme
signe d'existence physique. Le trait horizontal sur lequel
il agit, le détermine et le précise : c'est l'homme, être indi-
viduel qui existe dans la matière. Il ne bouleverse pas
cette dernière à l'état inerte, car il n'y a pas de choc la
sortant de son équilibre, ce qui donnerait une ligne re-
courbée ou inclinée, mais il reste plongé dans la matière,
subit son influence et réagit à son tour sur elle.
Symboliquement, Beth représente la bouche de
l'homme, son habitation. Ici, il ne faut pas donner au mot
bouche son sens propre, mais envisager l'organe qui le
différencie de tout autre être (âme vivante), car par cette
bouche doit sortir le « Logos ».
Comme l'habitation, que cette lettre symbolise aussi,
mais pas du point de vue de refuge ou abri contre les
intempéries (symbolisée par Teth), mais l'intérieur que
l'homme se crée d'après son goût et qui le différencie de celui
d'un autre individu.
La lettre dérivant directement du Beth est le Phé.
Le son P n'est qu'un renforcement du son B et les Egyp-
tiens confondaient très souvent les deux sons. Cette lettre
symbolise la bouche de l'homme, organe proférant le
Verbe, harmonie sonore. Il est compréhensible que le
Sepher Ietzirah lui donne l'oreille comme attribution
puisque cet organe capte le son.
L'hiéroglyphe représente avec une certaine précision
la bouche contenant la langue. Il est formé du Beth et du
Iod pour démontrer que la parole de l'homme exprime sa
pensée.

G R O U P E DU KA

Les Egyptiens croyaient que le Ka de l'homme repré-


sentait son double et qu'à ce titre il contenait la vie de
l'homme extériorisé. Il reflétait en lui les qualités et les
défauts de l'homme dans un état plus abstrait et plus
épuré. De ce point de vue, le Ka se composait comme son
original d'un Nechamah, d'un Rouach et d'un Nephesch
plus affinés. Le Ka était figuré soit par un épervier qui se
tenait derrière l'homme en l'entourant de ses ailes, soit
par la position des deux bras dans la pose hiératique (voir
dessin). Cette représentation avait donné naissance à
l'hiéroglyphe araméen de la lettre Caph qui signifie
l'existence en tant que forme. Mais comme cette dernière
était née de l'existence en potentiel, exprimée également
par le Ka double, les lettres qui expriment cette idée ont
des traits communs, mais peuvent être représentées à partir
de leur source même et dans leurs développements suc-
cessifs.
Hé, vie absolue dont l'hiéroglyphe est formé par le
Daleth, existence physique, et le Iod, principe de vie.
Heth, existence élémentaire, où le principe de vie,
Iod, s'est uni au signe de l'existence pour créer la mani-
festation de la vie élémentaire.
Caph, existence en forme, le mouvement de la vie, s'est
manifesté et a pris forme, ce qui est mis en lumière par la
lettre précédente, qui exécute un quart de tour sur elle-
même.
Koph, existence matérielle mécanique. La lettre précé-
dente qui entre en contact avec les forces actives de la
nature (ligne veiticale) pour en subir les influences et pour
les adapter à ses besoins (hache, arme protectrice et tra-
vaillant la nature).
Il semble inutile de développer davantage ce qui
précède et qui définit assez clairement le portrait de Ka,
double de l'homme.
Pour le compléter, on aurait pu ajouter à ce groupe le
Tau, dont l'hiéroglyphe est apparemment de même ordre
et dont la signification est la fin de la manifestation, le
déploiement complet et définitif de la force créatrice,
l'homme idéal prêt à rejoindre son créateur. Cette idée est
exprimée dans l'hiéroglyphe araméen par l'addition ait signe
du Ka de la lettre lod, retour à l'unité.
L'hiéroglyphe égyptien qui correspondait au Tau
était la croix ansée, signe de l'éternité. Ce signe avait été
conservé dans l'alphabet phénicien, mais ici la croix ansée
avait été réduite à une croix simple, qui, dans l'alphabet
grec et latin, se transforme en T.

SAMECH

C'est le signe qui peint tous les bruits sifflants. Symbo-


liquement, chez les Hébreux, il exprimait l'arc, duquel
la flèche est décochée en sifflant, d'où correspondance avec
le Sagittaire. En outre, elle exprime tout mouvement cir-
culaire et peut, de ce point de vue, dériver de l'hiéroglyphe
égyptien représentant un serpent qui s'enroule sur lui-
même. Ce dernier marquait le signe du feu dans un mouve-
ment constant de rotation, qu'on nommait le feu astral.
L'S latin donne également l'impression du serpent en
mouvement dont il commence le nom.

RESCH et LAMED
Ces deux lettres expriment le mouvement et leur
hiéroglyphe donne assez bien cette impression. La pre-
mière dans son sens vulgaire exprime la marche de
l'homme et dans son sens le plus abstrait tout mouvement
de renouvellement (bon ou mauvais). La seconde, par
contre, indique un mouvement qui tend à s'élever ; l'aile
de l'oiseau, le bras de l'homme en élévation. Son sens
abstrait peut se dégager de l'arcane qui lui correspond,
le Sacrifice, épreuve qui, subie par l'homme, l'élève au-
dessus de son état préalable.

AIN et T Z A D E
Comme son, Aïn se rapproche du Vau mais dans le
sens vulgaire et déformé. L'hiéroglyphe de cette lettre est
composé de deux Vau s'appliquant en un point et la mani-
festation qui en résulte est fausse (ligne en biais penchant
hors de l'axe des influences des deux forces). D'où la
signification de cette lettre imprimant un son anti-musical
qui crée le vide, le néant. Ainsi, Aïn est le signe de tout
ce qui est faux, fourbe, pervers. Les Vau qui entrent dans
la composition de cette lettre sont des Vau purement
matériels, privés de leur lien avec le plan supérieur et, ainsi,
agissent d'une manière désordonnée en tant que lien des
choses. Ils expriment plutôt la rupture, la séparation.
Leur influence est discordante. Le point sur lequel ils sont
appliqués se trouve soumis à deux forces de directions
différentes, d'où son mouvement faussé.
Le Tzadé, qui, en apparence, ressemble à l'hiéroglyphe
du Aïn, est en réalité constitué d'une toute autre façon.
Comme son, elle se rapproche du Samech, car elle peint
un son sifflant. Aussi son origine hiéroglyphique est celle
du serpent. En samaritain, cette lettre est représentée
comme le serpent rampant, le S latin.
L'hiéroglyphe araméen représente le serpent dressé
sur sa queue pour mordre, mais arrêté dans son mouve-
ment par la flèche Vau décochée par l'homme. Aussi, cette
lettre représente un mouvement nuisible prêt à se dé-
clancher, mais enrayé par l'homme prudent et averti.
L'arcane correspondant est celui du Crépuscule, plein de
dangers, mais qu'un homme prévenu peut éviter et écarter. La lettre
Tzadé peut aussi de ce point de vue être considérée comme la stylisation
de l'écrevisse, figure centrale de l'arcane correspondant.
Voici, brièvement, l'exposé de la construction architecturale des
lettres hébraïques. Cet exposé forcément incomplet peut néanmoins servir
de jalons pour guider le chercheur vers la compréhension de l'âme de
l'alphabet sacré.
CHAPITRE V I I I

LES ARCANES

Dans les chapitres qui précèdent, nous avons étudié les lois qui
régissent les lettres de l'alphabet sacré ainsi que leur construction architec-
turale. Nous avons parlé également des arcanes ou lames du Tarot. Ces
lames ou cartes représentent des images symboliques qui correspondent
à chacune des lettres hébraïques, à des nombres, aux signes du Zodiaque,
ou aux planètes.
Les arcanes, dits majeurs, sont au nombre de 22 et le but des figures
, qui les caractérisent est de donner une signification symbolique et occulte
des lettres.
Les opinions sur les origines du Tarot varient avec les auteurs. La
plupart des écrivains contemporains le font remonter au Moyen-Age et
le considèrent comme un jeu de cartes contenant certains symboles anciens
et servant à tirer la bonne aventure (1). D'autres auteurs, parmi lesquels

(1) Par exemple O. Wirth, dans son beau livre, Le Tarot des Imagiers du Moyen-Age soutient
cette thèse et semble dire que les lames du Tarot ne furent inventées que pour servir de cartes
de jeu ou d'instruction pour les enfants (p. 30). Mais plus loin il abandonne cette idée et avoue
son admiration et son étonnement devant ce monument de Sagesse humaine qui put réunir
dans les 22 images toute la sagesse universelle. Mais quand même il ne veut pas reconnaître
l'origine ancienne du Tarot.
Par contre, des maîtres comme Court de Gébelin, Eliphas Lévi, Christian et autres, considè-
rent le Tarot comme étant très ancien. Les uns lui donnent comme auteur Hermès Trismégiste,
fondateur légendaire de la Science égyptienne, d'autres vont encore plus loin et le font remonter
à l'Atlantide, d'où, selon eux, il fut apporté en Egypte avec d'autres éléments basiques de
l'enseignement secret.
Il me semble impossible de préciser la date de la création de ce monument universel ainsi
que son auteur.
Je crois plus raisonnable de ne pas l'attribuer à tel ou tel maître, mais à le considérer de
création collective. L'ancienne tradition, pour ne pas être perdue et en même temps pour ne
pas courir le risque d'être divulguée aux profanes, était renfermée par les initiés dans une série
d'images. Série dont le nombre était strictement en concordance avec les lois de la Création
C o u r t d e G é b e l i n , e s t i m e n t q u e la c o m p o s i t i o n d e s a r c a n e s est l ' œ u v r e
d e s s a n c t u a i r e s é g y p t i e n s , h é r i t a g e laissé p a r H e r m è s T r i s m é g i s t e . L e s
o c c u l t i s t e s d u M o y e n - A g e a u r a i e n t a d a p t é les i m a g e s a u g e n r e e t a u x
c o s t u m e s d e l e u r é p o q u e . Ce s m o d i f i c a t i o n s a u r a i e n t e n t r a î n é la s u p p r e s s i o n
d e c e r t a i n s d é t a i l s q u i ô t e n t a u x a r c a n e s la m a j e u r e p a r t i e d e l e u r v a l e u r .
J e m e r a n g e d u c ô t é d e c e t t e d e r n i è r e t h è s e e t j ' a f f i r m e m ê m e q u e la
c o m p o s i t i o n d e s i m a g e s s y m b o l i q u e s s o u s l e s q u e l l e s les i n i t i é s a n t i q u e s
v o u l a i e n t c a c h e r les clefs d e l a s a g e s s e r e m o n t e à u n e é p o q u e a n t é r i e u r e
à celle q u i v i e n t d ' ê t r e m e n t i o n n é e .
J e n e p u i s d i r e q u e j ' a i p u r e c o n s t i t u e r les 22 l e t t r e s d e l ' a n c i e n T a r o t ,
m a i s u n c e r t a i n n o m b r e d e ces d e r n i è r e s p e u t ê t r e o b s e r v é s u r les m o n u -
m e n t s d e l ' a n c i e n n e E g y p t e , a u x I n d e s et m ê m e en Chine, peut-être sous
u n e a u t r e f o r m e (1).
L e s y m b o l i s m e d e ces a n c i e n n e s l a m e s diffère d e c e l u i d u T a r o t
c o u r a n t , t o u t e f o i s il e s t p o s s i b l e d ' e n r e c o n s t i t u e r l ' i d é e m a î t r e s s e . P a r
e x e m p l e , la J u s t i c e e s t r e p r é s e n t é e e n E g y p t e p a r la d é e s s e M a a t . L e
J u g e m e n t d e r n i e r (la r é s u r r e c t i o n ) p a r la d é e s s e H e k e t q u i , s o u s la f o r m e
d ' u n e g r e n o u i l l e , d a n s le t e m p l e d e D e n d e r a h , s y m b o l i s a i t l ' a c c o u c h e u s e
q u i a i d e à la s e c o n d e n a i s s a n c e , r é s u r r e c t i o n d ' U s - i r i (2).
L e P e n d u e s t r e p r é s e n t é p a r l ' h i é r o g l y p h e é g y p t i e n d e la « V i c t i m e »,
f i g u r é p a r u n h o m m e d a n s l a p o s e t r a d i t i o n n e l l e d u p e n d u a v e c les m a i n s
l i é e s d e r r i è r e le d o s e t u n c o u t e a u p l a n t é d a n s la g o r g e .
L e d i a b l e d u M o y e n - A g e e s t le T y p h o n — Set d e s E g y p t i e n s , c e l u i
q u i t u a O s i r i s et m i t s o n c o r p s e n pièces... et ainsi d e suite.
A u c o u r s d e ce c h a p i t r e , je d o n n e r a i c e r t a i n e s p r é c i s i o n s s u r les l a m e s
d e l ' a n c i e n T a r o t q u i d i s p o s é e s e t d é c h i f f r é e s c o r r e c t e m e n t c o n s t i t u e n t la
R o t a o u R o u e céleste d u m é c a n i s m e universel.
D a n s les c h a p i t r e s p r é c é d e n t s , n o u s a v o n s m o n t r é le l i e n q u i e x i s t e
e n t r e l ' a l p h a b e t s a c r é e t les f o r c e s c o n s t r u c t i v e s d e la n a t u r e . D e ce p o i n t
d e v u e , le l e c t e u r c o m p r e n d r a q u e les a r c a n e s q u i r e n f e r m e n t , s o u s u n e
f o r m e s y m b o l i q u e , la s i g n i f i c a t i o n é s o t é r i q u e d e la l e t t r e , s o n t é g a l e m e n t
d e s s y m b o l e s d e f o r c e s p o u r c e l u i q u i s a u r a les d é c h i f f r e r .

et dont les images ne représentent rien pour le profane mais renferment dans chaque trait
un enseignement profond pour l'initié.
Au cours de ce chapitre je donnerai quelques idées de ressemblance de ces images avec
la lettre primitive, mais cela seulement à titre documentaire.
La classification et les correspondances données sont basées sur le Septrr Ietzirah et la
Bible et de ce fait diffèrent sensiblement de celles adoptées par beaucoup d'autres, qui se basent
sur les documents du Moyen-Age.
(1) Il est très difficile de reconstituer, par les symboles du Tarot connu, l'hiéroglyphe
primitif et toute spéculation de ce genre peut être considérée comme un jeu plus ou moins
adroit. Ceci est difficile parce que d'abord, il n'a pas été retrouvé de Tarot ancien complet.
Sur certains monuments égyptiens on peut trouver quelques indications à ce sujet et même quel-
ques images sont éparpillées dans différents temples, mais ne forment jamais un cycle complet
de 22 comme l'affirme Christian dans son Histoire de la Magie.
Ceux qui tâchent de trouver dans les lames du Tarot une stylisation des lettres hébraïqnes
de l'alphabet connu, dit carré, commettent une erreur, car cet alphabet est d'une origine récente,
n'ayant été créé qu'à l'époque où parut l'art typographique.
L'ancienne écriture hébraïque dérivait de l'hiéroglyphe égyptien dont elle simplifiait le
dessin, et plus tard elle a été influencée par l'écriture cunéiforme des Babyloniens.
L'alphabet phénicien de Palestine (différent du Phénicien dit Punique du nord de l'Afrique)
fut emprunté par ce peuple, chez les Hébreux, et ainsi présente un vestige de cet alphabet perdu.
On retrouve des inscriptions phéniciennes datant de 600 ans avant notre ère et une des plus
anciennes est celle d'une stèle du IXe siècle avant Jésus-Christ, qui se trouve au Louvre.
(2) On a trouvé en Egypte une lampe en forme de grenouille qui remonte aux premiers
siècles du Christianisme et sur laquelle on lit cette inscription : « Je suis la résurrection ».
Indépendamment des 22 lames ou arcanes dits « majeurs », il existe
56 arcanes mineurs, divisés en quatre groupes ou couleurs et comprenant
quatorze lames chacun. Ses arcanes sont très connus, car ils ont servi à
composer nos jeux de cartes actuels. La quatorzième lame s'est perdue (1)
et il n'en reste que 13 par couleur.
Ces arcanes mineurs sont des symboles des forces secondaires de la
nature, c'est pourquoi ils sont affectés aux quatre éléments ou aux quatre
points cardinaux de la croix astronomique.
Ces cartes représentaient symboliquement le corps d'Osiris déchiré
en quatorze morceaux par Typhon Set et jetés aux quatre coins du monde.
Isis cherchait ces morceaux épars pour les rassembler et reconstituer le
corps d'Osiris afin de le ressusciter (2).
L'ancien jeu de « l'ombre de l'homme » avait conservé cette idée de
reconstitution. D'ailleurs, le jeu actuel consiste à partager les treize cartes
entre les quatre partenaires, puis les cartes sont de nouveau rassemblées.
Il convient d'ajouter que chaque lame de ces clefs se rapporte à l'un
des arcanes majeurs, de sorte qu'elle est régie par la lettre et le nombre
de ce dernier et elle correspond à un signe.
Le premier des arcanes majeurs, celui qui correspond à la lettre
Aleph, met en relief cette dépendance. Le Mage tient dans la main une
baguette et, devant lui, sur l'autel, se trouvent une coupe, un glaive et
un denier, démontrant ainsi qu'il a le pouvoir de combiner ces quatre
symboles, base des clefs mineures.
Suivent quelques données sur les arcanes majeurs et leurs corres-
pondances dans les différents plans auxquels ils se rapportent.

ARCANE I — LE MAGE

Correspond à la lettre Aleph et au nombre 1 (3).


Il représente dans le monde divin le Principe de toute Vie, l'Etre
absolu, Dieu le Père, le Iod du nom sacré. Dans le monde des forces, c'est
l'homme universel Adam-Eve, étincelle divine individualisée pour conti-
nuer l'acte du Créateur. Dans le monde physique, c'est l'homme, terme
de la création, descendu dans la matière pour la travailler et, par ses propres
épreuves, se libérer des attaches de cette matière tout en la purifiant pour
retrouver le Paradis perdu, redevenir l'Adam-Eve et par lui se joindre
au Principe.
La qualité de cet arcane est la Volonté, force active pénétrant toute la
création jusque dans ses abîmes les plus profonds pour donner naissance
au mouvement, à la vie.
L'image symbolique du Mage est celle de l'homme qui développe
sa force volitive et qui, par elle, gouverne les quatre éléments, symbolisés
par les quatre couleurs des arcanes mineurs (4). Sa main droite tenant le

(1) Cette quatorzième carte était celle du cavalier. On trouve encore en Espagne et en
Italie des jeux de 56 cartes, comprenant le cavalier dans chaque couleur.
(2) Plutarque, Légende sur la vie d'Osiris.
(3) Il est à remarquer que la position du mage tel qu'il était représenté sur l ancienne
lame du Tarot rappelle la lettre Aleph.
(4) Le sceptre qu'il tient en main en signe de commandement, le glaive, signe de lutte
contre les épreuves, la coupe qui contient un mélange de passions favorisant notre évolution
ou notre chute, le denier, signe de valeur acquise — au sens spirituel — ou de valeur terrestre
et passagère. Le Mage sait équilibrer ces divers objets en vue de son progrès comme l indi-
que son geste.
s c e p t r e o u b a g u e t t e m a g i q u e e s t é l e v é e v e r s le ciel, s i g n e d u b u t u l t i m e d e
s o n t r a v a i l , s o u r c e s u p r ê m e o ù i l p u i s e d e la f o r c e . L a m a i n g a u c h e a v e c
l ' i n d e x d i r i g é v e r s la t e r r e s i g n i f i e q u e , p a r s o n t r a v a i l , l ' h o m m e d o i t
p é n é t r e r a u p l u s p r o f o n d d e la m a t i è r e afin d e l ' é c l a i r e r p a r la l u m i è r e
spirituelle.
D a n s le T a r o t d u M o y e n - A g e , c ' e s t le B a t e l e u r , s o r t e d e p r e s t i d i -
g i t a t e u r . L a f i g u r e a p e r d u la p r o f o n d e u r e t la s i g n i f i c a t i o n d e s o n s e n s
primitif.

A R C A N E II. — LA PORTE DU TEMPLE

C o r r e s p o n d à la l e t t r e B e t h e t a u n o m b r e 2.
D a n s le m o n d e d i v i n , il r e p r é s e n t e la s a g e s s e a b s o l u e p o u r l a q u e l l e
il n ' e x i s t e n i p r é s e n t , n i p a s s é , n i f u t u r , m a i s l ' E t e r n i t é seule. C ' e s t le
p r e m i e r H é d u n o m sacré. D a n s le m o n d e d e s f o r c e s , c ' e s t le b i n a i r e , p r e m i e r
d é d o u b l e m e n t d e l ' U n i t é - P r i n c i p e . C ' e s t la s c i e n c e p a r l a q u e l l e l ' h o m m e
c o m p r e n d la n a t u r e d e s c h o s e s . D a n s le m o n d e p h y s i q u e , c ' e s t la f e m m e ,
m o u l e d e l ' h o m m e , e x t r a i t e d e c e d e r n i e r (la c ô t e d ' A d a m ) e t q u i s ' u n i t
à l u i p o u r a c c o m p l i r le p r e m i e r a c t e d e s y n t h è s e d a n s s o n t r a v a i l .
C e t a r c a n e e s t r e p r é s e n t é p a r u n e f e m m e assise a u s e u i l d u s a n c t u a i r e .
E l l e t i e n t s u r ses g e n o u x u n l i v r e o u v e r t , m a i s q u ' e l l e r e c o u v r e à m o i t i é
d e s o n v o i l e . E l l e s y m b o l i s e la v r a i e s c i e n c e , q u i , f e r m é e p o u r le p r o f a n e ,
a t t e n d l ' i n i t i é p o u r l u i f a i r e c o n n a î t r e les s e c r e t s les p l u s p r o f o n d s d e
la n a t u r e .
S u r s a p o i t r i n e , elle p o r t e le s i g n e d e la c r o i x — L i n g a m , s y m b o l e d e
l ' u n i o n d e s sexes. Il t r a d u i t ici le m o u v e m e n t d e s y n t h è s e q u i c a r a c t é r i s e
c e t a r c a n e e t le d i f f é r e n c i e d u p r e m i e r d o n t le m o u v e m e n t e s t a n a l y t i q u e .
C ' e s t la s c i e n c e q u i , u n i e à l a v o l o n t é , p e r m e t à l ' h o m m e d ' a c c o m p l i r le
t r a v a i l a u q u e l il e s t p r é d e s t i n é .
D a n s le T a r o t d u M o y e n - A g e , c ' e s t la P a p e s s e q u i r é p o n d t r è s i m p a r -
faitement à l'idée de l'enseignement ancien.

A R C A N E I I I . — ISIS-URANIE

C o r r e s p o n d à la l e t t r e G h i m e l e t a u n o m b r e 3.
Il r e p r é s e n t e d a n s le m o n d e d i v i n l ' u n i o n d e l ' i n t e l l i g e n c e s u p r ê m e à
la s a g e s s e d i v i n e e t d o n t le f r u i t e s t la P u i s s a n c e . C ' e s t le V a u d u n o m
s a c r é , le p r e m i e r t e r n a i r e t y p e é q u i l i b r é , la T r i n i t é c h r é t i e n l e . D a n s le
m o n d e d e s f o r c e s , c ' e s t la f é c o n d i t é u n i v e r s e l l e , l ' e n s e m b l e d e l ' Y n - Y a n g ,
f r u i t i s s u d e la p l a n t e m è r e e t c o n t e n a n t le g e r m e d ' u n e n o u v e l l e p l a n t e
d e la m ê m e e s p è c e .
D a n s le m o n d e p h y s i q u e c ' e s t la n a t u r e e n t r a v a i l p e r p é t u e l p o u r le
M a c r o c o s m e . C ' e s t le r é s u l t a t d e s a c t e s d e l ' h o m m e a r m é d e v o l o n t é e t
d e s c i e n c e p o u r le M i c r o c o s m e .
C e t a r c a n e r e p r é s e n t e la d é e s s e I s i s a v e c ses s y m b o l e s : la L u n e e t le
d i s q u e solaire. O n c o m p t e d o u z e étoiles q u i l'auréolent, e m b l è m e s des
d o u z e s i g n e s d u Z o d i a q u e . C o m m e o n le sait, I s i s é t a i t la d é e s s e q u i
p e r s o n n i f i a i t la f é c o n d i t é u n i v e r s e l l e .
C e t t e r e p r é s e n t a t i o n p e u t ê t r e r a p p r o c h é e d e celle d e la V i e r g e q u i ,
t r è s s o u v e n t , e s t f i g u r é e la l u n e s o u s les p i e d s e t la t ê t e e n t o u r é e d e r a y o n s
l u m i n e u x et d'étoiles.
C e t a r c a n e s i g n i f i e l ' a c t i o n , f r u i t d e l ' a c c o r d d e la V o l o n t é e t d e la
Sagesse. A u M o y e n - A g e , l ' I m p é r a t r i c e o u la R e i n e r e m p l a c e n t I s i s - U r a n i e
e n p e r d a n t p r e s q u e t o u t le s e n s é s o t é r i q u e d e la l a m e .

ARCANE I V . — PIERRE CUBIQUE

C o r r e s p o n d à la l e t t r e D a l e t h e t a u n o m b r e 4.
Il r e p r é s e n t e d a n s le m o n d e d i v i n la r é a l i s a t i o n d e s p r i n c i p e s d u
p r e m i e r t e r n a i r e . C ' e s t le s e c o n d H é d u n o m s a c r é , le p a s s a g e d u T e r n a i r e
d e P r i n c i p e a u Q u a t e r n a i r e d e R é a l i s a t i o n . D a n s le m o n d e d e s f o r c e s ,
c ' e s t le t r a v a i l p e r p é t u e l d u C o s m o s r é a l i s é . D a n s le m o n d e p h y s i q u e ,
c ' e s t le t r a v a i l c o n s t r u c t i f d e la n a t u r e , t r a v a i l i n t e l l i g e n t e t o r d o n n é p a r
la v o l o n t é s u p r ê m e .
Cet a r c a n e r e p r é s e n t e u n e p i e r r e c u b i q u e s u r laquelle est assis u n
h o m m e ; c ' e s t le s y m b o l e d u t r a v a i l a c c o m p l i p a r l ' h o m m e a v e c , c o m m e
r é s u l t a t s , la s t a b i l i t é e t la s o l i d i t é .
L e s y m b o l i s m e d u M o y e n - A g e r e p r é s e n t e c e t a r c a n e s o u s la f i g u r e
de l ' E m p e r e u r . Il a p e r d u u n e g r a n d e p a r t i e d u sens é s o t é r i q u e et n ' a
conservé q u e celui d u p o u v o i r .

A R C A N E V . — MAÎTRE DES ARCANES

C o r r e s p o n d à la l e t t r e H é e t a u n o m b r e 5.
Il r e p r é s e n t e d a n s le m o n d e d i v i n la s a g e s s e d e la l o i u n i v e r s e l l e q u i
g o u v e r n e le m o n d e e t d i r i g e t o u t e s ses m a n i f e s t a t i o n s s e l o n u n e i d é e
U n i q u e . D a n s le m o n d e d e s f o r c e s , c e t a r c a n e c r é e les r e l a t i o n s d e l ' â m e
d u m o n d e A d a m - E v e a v e c la s o u r c e S u p r ê m e . C ' e s t la R é v é l a t i o n , d ' u n
c ô t é , e t la f o i i n t e l l i g e n t e , d e l ' a u t r e . D a n s le m o n d e p h y s i q u e , c e s o n t les
v i b r a t i o n s f l u i d i q u e s q u i g o u v e r n e n t les m a n i f e s t a t i o n s d e la n a t u r e .
D a n s le M i c r o c o s m e , c ' e s t la r e l i g i o n d e l ' h o m m e q u i le m è n e s u r l e
chemin du progrès prédestiné.
C e t a r c a n e r e p r é s e n t e le G r a n d - P r ê t r e assis à la p o r t e d u S a n c t u a i r e .
A ses p i e d s , s o n t d e u x f i g u r e s : l ' u n e s y m b o l i s a n t le g é n i e d u B i e n , l ' a u t r e
le g é n i e d u M a l . C e c i d é m o n t r e q u ' i l p o s s è d e le p o u v o i r d e les f a i r e o b é i r .
L e s e m b l è m e s q u i l ' e n t o u r e n t e x p r i m e n t l ' o r i g i n e d e ce p o u v o i r q u i e s t
la c o n s é q u e n c e d e s a f o i , d e s o n s a v o i r e t d e sa v o l o n t é .
L e s y m b o l i s m e d u M o y e n - A g e n o m m e c e t a r c a n e le P a p e e t , d e c e
p o i n t d e v u e , l u i a c o n s e r v é u n e p a r t i e d e sa s i g n i f i c a t i o n é s o t é r i q u e t o u t
en d o n n a n t u n e n s e i g n e m e n t différent.

A R C A N E V I . — LES DEUX ROUTES

C o r r e s p o n d à la l e t t r e V a u d a n s le s e n s m y s t é r i e u x d e l i e n d e s c h o s e s
e t c e l u i d ' u n p o i n t d e s é p a r a t i o n . S o n n o m b r e e s t 6.
Il r e p r é s e n t e d a n s le m o n d e d i v i n la c o n n a i s s a n c e d u B i e n e t d u M a l .
D a n s le m o n d e d e s f o r c e s , la r e n c o n t r e e t l ' é q u i l i b r e d u D e s t i n e t d u L i b r e -
A r b i t r e ; d a n s le m o n d e p h y s i q u e , les l o i s é q u i l i b r a n t e s d e la n a t u r e , la
c a u s e e t l'effet.
U n h o m m e d e b o u t se v o i t p l a c é a u c e n t r e d ' u n c a r r e f o u r . U n e f e m m e
s y m b o l i s a n t le B i e n l ' e n g a g e à s ' o r i e n t e r s u r u n c h e m i n , t a n d i s q u ' u n e
a u t r e f e m m e s y m b o l i s a n t le M a l l ' i n v i t e à e m p r u n t e r la r o u t e o p p o s é e .
Le T a r o t d u M o y e n - A g e a r e p r o d u i t cette idée d ' u n e f a ç o n assez
correcte.
ARCANE VII. — LE CHAR D'OSIRIS OU LA VICTOIRE

Correspond à la lettre Zaïn et au nombre 7.


Il représente dans le monde divin le développement constructif et
harmonieux de la création qui contenait en elle les lois propres à diriger
la vie de l'Univers.
Dans le monde des forces, c'est la gamme universelle équilibrée
harmonieusement sur le septième élément, l'homme universel Adam-Eve.
Dans le monde physique, c'est le travail de l'homme qui, dirigé par
son intelligence et sa connaissance du Bien, lui assure la Victoire sur
les éléments qu'il régit d'une manière ordonnée et harmonieuse.
Cet arcane est représenté par un char de combat attelé de deux sphinx
et dirigé par un guerrier. Les symboles gravés sur le véhicule et ceux
que porte le guerrier représentent les idées qui viennent d'être énoncées.
L'arcane du Moyen-Age se rapproche nettement de son original
ancien.

ARCANE VIII. — THÉMIS

Correspond à la lettre Heth et au nombre 8 (1).


Il représente dans le monde divin la Justice absolue, la récompense
et le châtiment mérités.
Dans le monde des forces, c'est la loi d'attraction et de répulsion
qui s'équilibrent dans le mécanisme de l'univers.
Dans le monde physique, c'est la justice et l'injustice humaines.
C'est la déesse Maat qui est représentée avec un glaive dans une main
et une balance dans l'autre.
La représentation du Tarot du Moyen-Age est assez correcte sauf
que la déesse Maat est aveugle, tandis que la justice médiévale voit. Elle
est pour cette raison humaine et partiale.

ARCANE IX. — LA LAMPE VOILÉE

Correspond à la lettre Teth et au nombre 9.


Il représente dans le monde divin la sagesse absolue, incapable d'un
faux-pas, d'une erreur. Dans le monde des forces, c'est la Prudence qui
garde la volonté pour qu'elle n'ébranle pas l'édifice de la création par
quelque acte imprudent et contraire à l'harmonie. Dans le monde physique,
c'est la circonspection qui dirige les actions de l'homme raisonnable.
L'Ermite du Tarot du Moyen-Age est à peu près conforme au symbole
antique.

ARCANE X. — LE SPHINX

Correspond à la lettre Iod et au nombre 10.


Il représente dans le monde divin le principe de vie manifesté (l'Aleph
se manifestant dans le Iod), l'unité active.
Dans le monde des forces, c'est la loi vitale qui gouverne toute mani-

(1) Cette lettre présente une ressemblance avec la balance que la déesse Maat tient dans
sa main.
f e s t a t i o n . D a n s le m o n d e p h y s i q u e , c ' e s t la r o u e d e f o r t u n e b o n n e o u
m a u v a i s e s e l o n le c h e m i n c h o i s i p a r le l i b r e a r b i t r e .
L e G é n i e d u b i e n est r e p r é s e n t é p a r H e r m a n u b i s et celui d u m a l p a r
Tiphon-Set.
La roue de Fortune d u Tarot d u Moyen-Age, malgré quelque ressem-
blance avec l'arcane ancien, a n é a n m o i n s perdu b e a u c o u p de l'expression
de son type original.

A R C A N E XI. — LE LION DOMPTÉ

Correspond à la lettre Caph et au nombre 20.


Cet arcane exprime dans le monde divin le principe de Force. Dans
le monde des forces, c'est la force morale, la bravoure active qui domine
l'épreuve. Dans le monde physique, c'est l'effort que produit l'homme
pour transformer la matière et dompter les forces de la nature.
L'image antique est presque identique à celle du Moyen-Age.

A R C A N E XII. — LA VICTIME

Correspond à la lettre Lamed et au nombre 30.


Cet arcane exprime dans le monde divin le principe de Force. Dans
le monde, l'évolution de l'homme. Dans le monde des forces, c'est la loi
équilibrante entre l'épreuve et l'ascension. Dans le monde physique, c'est
le sacrifice, base du progrès spirituel symbolisé dans l'ancienne religion
par la mort d'Osiris, et dans le Christianisme, par le crucifiement de
Notre-Seigneur Jésus-Christ.
La représentation antique est la même que celle du Moyen-Age avec
cette différence que, dans la première, un glaive pointe vers la gorge de la
victime.

A R C A N E XIII. — LA FAULX

Correspond à la lettre Mem et au nombre 40.


Cet arcane exprime dans le monde divin le mouvement perpétuel de
renouvellement qui est à la base de la vie universelle. Dans le monde
des forces, c'est la création-destruction-création, ou autrement dit, le
changement incessant de formes d'existences. Dans le monde physique,
c'est la mort physique qui est la naissance spirituelle.
L'arcane du Tarot du Moyen-Age a conservé la même représentation
symbolique.

A R C A N E XIV. — GÉNIE DU SOLEIL

Correspond à la lettre Noun et au nombre 5°.


Il exprime dans le monde divin l'involution continuelle de l'Esprit.
Dans le monde des forces, c'est le mélange perpétuel des idées qui crée
la vie morale des êtres. Dans le monde physique, c'est le mélange des
forces qui créent la vie individuelle.
Cet arcane représente le Génie du Soleil qui tient deux vases dont il
verse dans l'un le contenu de l'autre, image de l'initiative de l'homme
combinant les forces qui constituent ses actes.
Le Tarot médiéval a conservé en grande partie le symbolisme de
l'ancien arcane.

A R C A N E XV. — TYPHON

Correspond à la lettre Samech et au nombre 60.


Il exprime dans le monde divin la Prédestination. Dans le monde
des forces, c'est la combinaison des forces de la nature au milieu de laquelle
se déroule l'existence de l'homme. C'est le Na-hasch, serpent de la Genèse
qui, s'enroulant autour du corps de l'homme, forme le cercle fatidique.
Dans le monde physique, c'est le fatum qui frappe l'incarné de ses coups
imprévus.

A R C A N E XVI. — LA TOUR FOUDROYÉE

Correspond à la l e t t r e Aïn et a u nombre 70.


Il exprime dans le monde divin la destruction des êtres qui s'écartent
de la voie prédestinée. Dans le monde des forces, c'est le châtiment consé-
cutif au péché originel, l'écroulement de l'homme universel dans les maux
provenant de la matière. Dans le monde physique, c'est la ruine, l'écroule-
ment de l'édifice bâti par l'homme et qu'il croit indestructible.
Le Tarot médiéval représente assez bien cette idée. Je n'ai pu retrouver
son correspondant de l'ancien enseignement.

A R C A N E XVII. — L ' E T O I L E DU M A G E

Correspond à la lettre Phé et au nombre 80.


Il exprime dans le monde divin l'immortalité. Dans le monde des
forces, la lumière suprême éclairant l'esprit de l'incarné et dirigeant son
libre arbitre. Son influence se déroule dans la région des sept, celle du
libre arbitre. Dans le monde physique, c'est l'espérance qui éclaire l'homme
et le soutient dans ses infortunes.
Le symbole du Tarot médiéval est analogue à celui de l'ancien arcane.

A R C A N E XVIII. — LE CRÉPUSCULE

Correspond à la lettre Tzadé et au nombre 90.


Il exprime dans le monde divin le Chaos. Dans le monde des forces
l'enlisement de l'esprit dans la matière, obstacle enrayant son évolution.
Dans le monde physique, les ennemis cachés de l'homme et ses espérances
déçues.
Le symbolisme est à peu près le même que celui du Tarot médiéval.

A R C A N E XIX. — LA LUMIÈRE

Correspond à la lettre Coph et au nombre 100.


Il exprime dans le monde divin le troisième Ciel, la troisième mani-
festation du principe Aleph. Dans le monde des forces, c'est la vérité,
base de la nature en pleine harmonie. Dans le monde physique, c'est le
bonheur de celui qui sait être en parfait accord avec la nature.
Le Soleil, qui est l'arcane médiéval correspondant, rend assez bien
l'idée de l'original antique, mais les deux enfants qu'on y voit doivent être
entourés d'un cercle de fleurs, symbole qui a son importance.

A R C A N E XX. — LA RÉSURRECTION

Correspond à la lettre Resch et au nombre 200.


Il exprime dans le monde divin le mouvement évolutif comme but
ultime de la vie. Dans le monde des forces, l'élévation continuelle du feu
astral, mouvement en spirale ascendante. Dans le monde physique, c'est
l'éclosion de la graine ; le germe du Yang qui remonte sur la surface de
la terre de la tombe du Yn pour créer une nouvelle vie, de la plante fille
dans la forme précise de celle de sa mère.
Il convient de remarquer ici que les Egyptiens croyaient à la résur-
rection de la forme corporelle et c'est pour cette raison qu'ils s'efforçaient
de conserver le corps du défunt.
L'image de l'arcane représente un homme et une femme portant un
enfant dans ses bras. Tous trois sortent de la tombe au son de la trompette
de l'ange.

A R C A N E XXI. — LE CROCODILE

Correspond à la lettre Schin et au nombre 300.


Il exprime dans le monde divin la loi suprême du Châtiment, en tant
qu'expiation des fautes commises. Dans le monde des forces, la force
centrifuge qui projette dans les ténèbres l'étincelle issue du foyer émanateur.
Dans le monde physique, il représente l'homme aveuglé par son orgueil
et sa cupidité, marchant sans se douter que le malheur le guette sur sa
route.
Le Fou, qui est l'arcane correspondant du Tarot médiéval, représente
la même idée, mais sous une autre forme beaucoup moins claire.

A R C A N E XXII ou O. — L A C O U R O N N E DU M A G E

Correspond à la lettre Tau et au nombre 400 (1).


Il exprime dans le monde divin la fin du cycle, le retour à l'absolu.

(1) Les auteurs du Moyen-Age attribuaient le nombre 21 à Tau et le o à Schin, ce qui est
incorrect. La lettre Schin est, comme on le sait, la troisième lettre-mère, qui termine et régit
le troisième septenaire (21). Dans cette lettre la pénétration de la force créatrice arrive au plus
profond de la matière et ainsi le dédoublement atteint son apogée définitif.
La lettre Tau (la 22e), comme nous l'avons dit plus haut, est une lettre synthétique, c'est le
« mais je suis un » de l'enseignement égyptien, le retour à l'Unité après les divisions de la Création,
la force centripète opposée à la force centrifuge qui ramène les parcelles au foyer émanateur.
Comme la lettre Aleph est l'Unité absolue contenant en principe tout l'alphabet, le Tau
est le néant, la fin qui ramène nécessairement au commencement, le 360e degré du cercle qui se
confond avec le premier.
Or, cette dernière lettre, la vingt-deuxième d'après son ordre, ne peut représenter un autre
nombre que le o, car en elle l'Unité synthétique se confond avec l'Unité principe.
On comprend que la dénomination médiévale du 2Ie arcane, le Fou, est ainsi erronée et
perd le sens profond que cet arcane avait dans le Tarot antique.
C'est bien l'Epreuve représentée par l'arcane 21, qui, étant subie par l'incarné, lui permet
de s'élever vers la récompense suprême — La Couronne du Mage.
D a n s l e m o n d e d e s f o r c e s , la f o r c e s y n t h é t i q u e r a m e n a n t les p a r c e l l e s
d e l ' U n i t é d i v i s é e à l ' U n i t é m è r e . D a n s le m o n d e p h y s i q u e , c ' e s t la r é c o m -
p e n s e s u p r ê m e q u ' o b t i e n t l ' h o m m e q u i a d é v e l o p p é t o u t e s ses f a c u l t é s
e t q u i les a s o u m i s e s a u x é p r e u v e s d e la v i e .
L ' i m a g e d e c e t a r c a n e se c o m p o s e d ' u n c e r c l e i n s c r i t d a n s u n c a r r é
a u x q u a t r e angles d u q u e l s o n t placés : u n h o m m e , u n aigle, u n lion et u n
t a u r e a u : les é l é m e n t s d u S p h i n x m y s t é r i e u x e t les e m b l è m e s d e s q u a t r e
E v a n g é l i s t e s . A u m i l i e u d u cercle, u n e clef de lettres s y m b o l i q u e s , r e m -
p l a c é e d a n s la l a m e m é d i é v a l e p a r u n e f e m m e n u e , d o n t la p l a c e e s t ici
inopportune.

L ' e x p o s é q u i p r é c è d e est f o r c é m e n t très court. J'aurais p u m ' é t e n d r e


d a v a n t a g e s u r ce s u j e t , m a i s s a n s u t i l i t é . L ' u s a g e r a t i o n n e l d u T a r o t e x i g e
u n e c o m p r é h e n s i o n p a r f a i t e d e la v a l e u r d e la l e t t r e e t d u n o m b r e d o n t
l'arcane n'est q u ' u n développement symbolique.
L a c l e f d u j e u d e ces l a m e s m y s t é r i e u s e s e s t le n o m s a c r é d a n s s o n
e x p r e s s i o n s u p é r i e u r e — le t e r n a i r e ( I E V ) e t d a n s sa r é a l i s a t i o n — le
q u a t e r n a i r e ( I E V E ) . O n j u g e , d ' a p r è s c e t t e clef, les 21 l a m e s , c a r la 22e
n ' e s t q u e la réalisation définitive d u principe, d u r e t o u r à l'unité avec
l a q u e l l e elle se c o n f o n d .
P l u s l o i n , a u c o u r s d u c h a p i t r e c o n s a c r é à la R o t a , je m ' e f f o r c e r a i d e
d o n n e r q u e l q u e s lueurs s u r cette q u e s t i o n q u i p e u t s e m b l e r assez o b s c u r e .
CHAPITRE I X

LE MYSTÈRE DES NOMBRES

On sait qu'une des caractéristiques de la lettre hébraïque est sa qualité


numérale dont la base est le système décimal, le même que celui des
Sephiroth de la Cabbale. La numération peut s'élever jusqu'à l'infini,
mais chaque nombre peut être réduit à sa base composée des neuf premiers
nombres. Il faut entendre neuf et non dix, car dix est le retour à l'unité,
ainsi qu'il est dit dans le Sepher letzirah : « Dix Sephiroth immatériels,
leur fin est en puissance d'être dans leur commencement, comme la flamme
est en puissance d'être dans le charbon » (i).
La numération est indispensable à l'homme (placé dans les limites
du temps et de l'espace) aussi bien que le verbe. Ce dernier énonce sa pensée,
tandis que le nombre est la mesure des choses, la mesure de l'espace et
du temps.
Sans la connaissance du nombre, l'homme ne pourrait effectuer aucun
calcul et les phénomènes qui l'environnent ne pourraient pas être inter-
prétés par lui dans leur valeur réelle. J'entends réelle du point de vue de
l'incarné, c'est-à-dire de l'angle sous lequel il peut les juger. La vérité
intégrale ne lui est pas révélée et il ne peut discuter que du point de vue
terrestre. Toutefois, dans cette sphère limitée, il lui est possible d'envisager
l'importance du nombre dans la mathématique universelle comme dans
toutes les manifestations de la vie qui l'entourent.
Rappelons-nous l'importance que les sages de l'Antiquité donnaient
au nom — somme de lettres-nombres.
La mathématique universelle et la connaissance de la mesure des
choses constituaient des enseignements occultes cachés aux profanes. La
lettre antique représentait le Verbe, force active et créatrice, et la mesure,
force de création matérielle.

(i) Sepher Ietzirah, I, 7.


L ' h o m m e p o s s é d a n t ces d e u x o r d r e s d e c o n n a i s s a n c e é t a i t le v é r i t a b l e
m a î t r e d e la n a t u r e , d o n t il c o m p r e n a i t les lois. A u s s i , p a r d e s m u t a t i o n s
d e f o r c e s , il p o u v a i t a g i r s u r les p h é n o m è n e s e n d é t r u i s a n t d e s c o m b i -
n a i s o n s nuisibles o u en en créant d'autres qui lui étaient favorables. P o u r
c e t h o m m e , la n a t u r e n ' a v a i t p l u s d e s e c r e t s e t les l i m i t e s d u t e m p s e t d e
l ' e s p a c e s ' é l a r g i s s a i e n t d e v a n t sa v o l o n t é e n t r a î n é e . P l u s t a r d , l ' h o m m e
p e r d i t le v e r b e c r é a t e u r , c o m m e a u s s i le n o m b r e s é p a r é d e sa l e t t r e d e v i n t
u n c h i f f r e v i d e u n i q u e m e n t u t i l i s é p o u r d e s c a l c u l s a b s t r a i t s . L a f o r c e et
l ' e s p r i t d e la l e t t r e r é s i d a i e n t d a n s l ' u n i o n e n elle d u V e r b e e t d u N o m b r e .
Il e s t e n c o r e d e s h o m m e s q u i p o s s è d e n t c e t t e s a g e s s e e t q u i , p a r d e s m o y e n s
é t r a n g e r s à la s c i e n c e officielle, p e u v e n t r e p r o d u i r e d e s p h é n o m è n e s p a r
l e s o n d e l e u r v o i x e t d e b i z a r r e s c o m b i n a i s o n s d e chiffres. N o u s p a r l e r o n s
d e s p r o c é d é s d e ces i n i t i é s , r a r e s d e n o s j o u r s , e t q u i o n t p u r e c o n s t i t u e r
c e r t a i n s e n s e i g n e m e n t s d e la t r a d i t i o n a n t i q u e . C es p r o c é d é s se r e t r o u v e n t
d a n s la M a g i e , s c i e n c e m a u d i t e , d a n s l ' A s t r o l o g i e , d a n s l ' A l c h i m i e , etc...
P o u r le m o m e n t p r é s e n t , e x a m i n o n s c e r t a i n e s d é c o u v e r t e s d e la
S c i e n c e officielle a m i e d e s « r é a l i t é s » e t n o n d e la « f a n t a i s i e », q u i , a y a n t
d é t a c h é le n o m b r e d e sa s o u c h e , le c o n s i d è r e s e u l e m e n t c o m m e u n m o y e n
d e c a l c u l a b s t r a i t e t se t r o u v e p l a c é e d e v a n t d e s faits b o u l e v e r s a n t ses
h y p o t h è s e s et d o n n a n t raison aux principes de l'ancienne sagesse
hermétique.
I l e s t d i t d a n s la G e n è s e q u e l ' h o m m e a v a i t é t é c r é é à l ' i m a g e d e
D i e u . L ' a n c i e n e n s e i g n e m e n t n o u s a p p r e n d q u e le M a c r o c o s m e e s t le
p r o t o t y p e d u M i c r o c o s m e . D ' o ù le « C o n n a i s - t o i t o i - m ê m e e t t u c o m -
p r e n d r a s l ' u n i v e r s ». U n a u t r e d i t : « L ' h o m m e e s t la m e s u r e d e s c h o s e s »,
e n c o m p r e n a n t p a r « c h o s e s » t o u t ce q u i p e u t ê t r e v u o u j u g é p a r ce
dernier.
S u i v e n t q u e l q u e s a p e r ç u s s u r les r é c e n t e s d é c o u v e r t e s d e la S c i e n c e
q u i p a r a i s s e n t c o n f i r m e r les d o c t r i n e s d e l ' a n t i q u e s a g e s s e .
L e s D o c t e u r s I. W e g m a n n , K o l i s c o e t R . S c h u b e r t , d o n t les t r a v a u x
o n t é t é p u b l i é s p a r la r e v u e N a t t i r a ( i ) , c o n s t a t e n t q u e les p h é n o m è n e s
v i t a u x d e l ' h o m m e , v u s s o u s l ' a n g l e m a t h é m a t i q u e , d o n n e n t les m ê m e s
c h i f f r e s d e b a s e q u e c e u x q u i g o u v e r n e n t les p h é n o m è n e s c o s m i q u e s .
C e u x q u i o n t l u m o n l i v r e , E s s a i d ' A s t r o l o g i e cab balistique (2), se
r a p p e l l e n t q u e l l e i m p o r t a n c e les I n i t é s é g y p t i e n s d o n n a i e n t a u x calculs
a s t r o n o m i q u e s e t n o t a m m e n t à l ' a n n é e z o d i a c a l e c r é é e p a r la p r é c e s s i o n
des é q u i n o x e s . D ' a p r è s eux, cette a n n é e c o r r e s p o n d a i t à 25.920 ans ter-
r e s t r e s , n o m b r e q u i r é s u l t e d u p h é n o m è n e c o n n u . O n sait q u e l ' a x e d e la
terre est perpendiculaire au plan de l'équateur qui coupe l'écliptique en
d e u x p o i n t s , d o n t u n , le p o i n t v e r n a l o u p o i n t g a m m a . Ce d e r n i e r , c h a q u e
a n n é e , p r é c è d e d ' u n a n g l e t r è s f a i b l e sa p o s i t i o n d e l ' a n n é e p r é c é d e n t e
p o u r b o u c l e r le c e r c l e c o m p l e t e n 2 5 . 9 2 0 a n n é e s o u p o u r c h a c u n d e s s i g n e s
d u Z o d i a q u e 2 . 1 6 0 a n s et, p o u r c h a q u e d e g r é , 72 a n s .
C o n n a i s s a n t l ' h o m m e , n o u s d e v r i o n s r e t r o u v e r ces m ê m e s chiffres
d a n s ses f o n c t i o n s p h y s i o l o g i q u e s . O r le n o m b r e n o r m a l d e s p u l s a t i o n s
e s t d e 72 p a r m i n u t e .
E n d e h o r s d u m o u v e m e n t d u p o i n t g a m m a , il e x i s t e u n a u t r e m o u v e -
m e n t d e la t e r r e q u ' o n a p p e l l e « ijpiutation ». O n le s u p p o s e d û à l ' i n f l u e n c e
d e la L u n e . D a n s c e m o u v e m e n t , l ' a x e d e la t e r r e d é c r i t u n p e t i t c ô n e
a u t o u r d e c e l u i d u S o l e i l . L a d u r é e d e c e t t e r é v o l u t i o n e s t d e 18 a n n é e s .

(1) Natura, cahiers 1, 3, 6.


(2) IIe partie, chap. I.
La respiration n o r m a l e se chiffre p a r 18 inspirations à la minute.
72 4
Voici l ' é q u a t i o n qui r é s u m e les observations précédentes : — =
18 1
La respiration p a r 24 heures n o u s d o n n e les mêmes chiffres que l'année
zodiacale (18 X 60 X 24 = 25.920). D ' a u t r e s éléments, révélés par l'étude
des fonctions d u corps h u m a i n , sont é g a l e m e n t en c o n c o r d a n c e avec les
chiffres qui s o n t à la base de la m é c a n i q u e universelle. N o u s r e t r o u v o n s
n o t a m m e n t le chiffre 28, mois lunaire (28 pulsations d u c œ u r p o u r que les
globules rouges effectuent le circuit artériel et veineux complet ; 7, n o m b r e
caractéristique de la respiration q u a n d t o u t l'air inspiré se renouvelle dans
les p o u m o n s , etc... J e r e n v o i e le lecteur au très intéressant article du
D r Lavezzari sur les rythmes h u m a i n s p a r u dans l'Homéopathie Française (1)
et où, j'ai e m p r u n t é ce qui précède. Les chiffres précités semblent d é m o n t r e r
q u e la vie physique de l ' h o m m e est g o u v e r n é e par les mêmes lois que celles
de l'Univers. D a n s ces conditions, l'être h u m a i n p o u r r a i t être considéré
c o m m e l'image de ce dernier. Toutefois, a v a n t de f o r m u l e r des conclusions,
v o y o n s ce que disent la Chimie et l ' A s t r o n o m i e .
L'ancienne théorie des atomes, où l'architecture de la cellule était
constituée d'éléments analogues à des petites briques primaires d o n t
l ' a g e n c e m e n t variait avec les différents corps, a été formulée par D e m o c r i t e
et détruite p a r Aristote. Cette théorie avait été reprise au XVIIIe siècle et
resta en h o n n e u r j u s q u ' a u d é b u t du xixe siècle, grâce aux travaux de
Lavoisier, Richter et D a l t o n . Cette t h é o r i e était basée sur l'hypothèse
d u poids a t o m i q u e d o n t l'unité était l ' a t o m e d ' h y d r o g è n e . Le physicien
belge Stace r e m a r q u a le p r e m i e r que le q u o t i e n t d u r a p p o r t d ' u n poids
a t o m i q u e q u e l c o n q u e à celui de l ' h y d r o g è n e n'était pas t o u j o u r s exprimé
par u n n o m b r e entier. Il p o r t a ainsi u n c o u p sérieux à la théorie atomique.
Après la découverte des p h é n o m è n e s radio-actifs, ce fut la défaite complète
de cette théorie. O n constata que les particules matérielles émanées p a r
le r a d i u m se propageaient avec une vitesse d ' e n v i r o n 20.000 k m p a r
seconde, p é n é t r a n t une plaque de métal de 1 /100 de millimètre o u u n e
couche de gaz de quelques centimètres d'épaisseur. D a n s leur trajectoire,
ils ne p e u v e n t pas u n i q u e m e n t passer à travers les espaces interatomiques
et d o i v e n t traverser l'atome lui-même. D ' o ù cette conclusion q u e l'atome
n'est pas une quantité primaire, mais q u ' i l est lui-même bâti d ' u n e certaine
façon.
La nouvelle théorie, qui p o r t e le n o m d u physicien allemand Bohr,
et fut l'aboutissement des travaux de R u t h e r f o r d , Plaux, Z o m m e r f e l d ,
L a n g m u i r , Pétain, s'énonce c o m m e suit : l ' a t o m e est organisé d ' u n e façon
analogue à celle d u système solaire ; au centre, u n n o y a u a u t o u r duquel
se m e u v e n t sur les orbites ellipsoïdales des corps infiniment petits, sortes
de planètes, n o m m é e s électrons. Le n o y a u central est chargé d'électricité
positive, et les électrons d'électricité négative. Telles o u telles qualités
physiques o u chimiques d ' u n corps d é t e r m i n é d é p e n d e n t de la quantité
d'électrons, de leur vitesse de translation a u t o u r d u noyau, et de la f o r m e
des orbites qu'ils parcourent.
P a r des procédés très ingénieux, o n a p u établir le n o m b r e d'électrons
ainsi que leur vitesse p o u r quelques systèmes déterminés. Par exemple,
le calcium a 20 « planètes » qui sont éloignées de leur « soleil » et les

(1) Homéopathie Française, n° de juin 1922.


u n e s d e s a u t r e s p a r d e s d i s t a n c e s c o m p a r a t i v e m e n t très s u p é r i e u r e s à celle

d u s y s t è m e s o l a i r e . A l o r s q u e l ' o r b i t e d e N e p t u n e est 7 . 0 0 0 fois p l u s g r a n d e

q u e le d i a m è t r e d u Soleil, l ' o r b i t e d e l ' é l e c t r o n d u c a l c i u m est é g a l e à


1 0 0 . 0 0 0 f o i s le d i a m è t r e d u n o y a u c e n t r a l .

Il est d e t o u t e é v i d e n c e q u ' a v e c les m i c r o s c o p e s les p l u s p u i s s a n t s ,

o n n e p e u t s o n g e r à e x a m i n e r le m o n d e i n f i n i m e n t p e t i t et p o u r j u g e r d e s

p h é n o m è n e s q u i s ' y p a s s e n t , il f a u t r e c o u r i r à d ' a u t r e s m o y e n s d o n t

l ' é n u m é r a t i o n est h o r s d u c a d r e d e c e t o u v r a g e .

C e c i se r a p p o r t e à l ' i n f i n i m e n t p e t i t v o y o n s m a i n t e n a n t ce q u i p e u t

n o u s ê t r e r é v é l é p a r l ' i n f i n i m e n t g r a n d , e t s'il est p o s s i b l e d ' a p p o r t e r

q u e l q u e s l u m i è r e s s u r les q u e s t i o n s q u i se p o s e n t .
L e s r e c h e r c h e s r é c e n t e s d e s A s t r o n o m e s d e l ' O b s e r v a t o i r e d e H a r w a r d

n o u s p e r m e t t e n t d e r é s o u d r e q u e l q u e s c o n t r o v e r s e s r e l a t i v e s a u x t h é o r i e s

c o s m o g o n i q u e s . C o m m e o n le sait, n o t r e s y s t è m e s o l a i r e est u n é l é m e n t

i n f i n i m e n t p e t i t d e la v o i e l a c t é e d o n t la l o n g u e u r e s t é v a l u é e à 2 0 0 . 0 0 0
a n n é e s l u m i è r e !

M a i s t o u t e s les é t o i l e s v i s i b l e s o u i n v i s i b l e s n ' a p p a r t i e n n e n t p a s à u n e
s e u l e v o i e l a c t é e et il f a u t a d m e t t r e l ' e x i s t e n c e d ' a u t r e s v o i e s l a c t é e s o u

a g g l o m é r a t s d e s y s t è m e s solaires.

P a r e x e m p l e : la n é b u l e u s e d ' A n d r o m è d e est d i s t a n t e d e n o t r e s y s t è m e

d ' u n m i l l i o n d ' a n n é e s l u m i è r e . L a s c i e n c e c o m p t e p r è s d e d e u x c e n t s

a g g l o m é r a t i o n s d e c e g e n r e d i s p o s é e s d a n s le v i d e d e l ' U n i v e r s et les

d é n o m m e d e s « g a l a x i e s ». O n a v a i t é m i s l ' h y p o t h è s e q u e t o u t e s ces

v o i e s l a c t é e s c o n s t i t u e n t les p a r t i e s d ' u n c o r p s u n i q u e q u i est c e l u i d e


l ' U n i v e r s .

L e s r e c h e r c h e s r é c e n t e s d e s s a v a n t s d e H a r w a r d s e m b l e n t c o n f i r m e r

c e t t e d o c t r i n e .

D ' a p r è s e u x , t o u t e s ces « g a l a x i e s » p e u v e n t ê t r e c o n s i d é r é e s c o m m e

a p p a r t e n a n t à 5 0 a g g l o m é r a t i o n s c o m p o r t a n t c h a c u n e 2 0 0 v o i e s l a c t é e s

c o m p o s é e s d e p l u s i e u r s m i l l i o n s d e s y s t è m e s solaires. C e t e n s e m b l e est
n o m m é « C o s m o n e ».

A i n s i , le s y s t è m e s e m b l e ê t r e b â t i d a n s l ' o r d r e s u i v a n t : n o t r e t e r r e

a p p a r t i e n t a u m o n d e s o l a i r e , s i m p l e a t o m e d ' u n e v o i e lactée. Celle-ci fait

p a r t i e d ' u n e g a l a x i e q u i e l l e - m ê m e n ' e s t q u ' u n e p a r c e l l e d u « C o s m o n e ».

D e s é p r e u v e s p h o t o g r a p h i q u e s o b t e n u e s p a r les s a v a n t s d e H a r w a r d

n o u s p e r m e t t e n t d e s u p p o s e r q u e les d i f f é r e n t s « C o s m o n e s » s o n t s é p a r é s

l ' u n d e l ' a u t r e p a r d e s e s p a c e s m e s u r a n t d e s c e n t a i n e s d e m i l l i o n s d ' a n n é e s


l u m i è r e . . .

N o u s v o i c i d e v a n t l ' i n f i n i m e n t g r a n d .

L e s d é d u c t i o n s se p o s e n t d ' e l l e s - m ê m e s . N o u s , « les r o i s d e l ' U n i v e r s »

q u i h a b i t o n s u n d e s é l e c t r o n s d e l ' a t o m e d u c o r p s u n i v e r s e l , q u e s o m m e s -

n o u s et c o m m e n t p o u v o n s - n o u s p r é t e n d r e q u e t o u t e c e t t e i m m e n s i t é

v i v a n t e n ' a é t é c r é é e q u e p o u r n o u s ? Il e n serait d e m ê m e p o u r d e s ê t r e s

h a b i t a n t les é l e c t r o n s q u i c o m p o s e n t les a t o m e s d e n o t r e c o r p s p h y s i q u e

( h y p o t h è s e a d m i s s i b l e ) s'ils s ' i m a g i n a i e n t o r g u e i l l e u s e m e n t q u e n o u s

v i v o n s p o u r e u x et q u ' a u - d e l à d e l e u r é l e c t r o n , il n e s a u r a i t e x i s t e r d e v i e

s p i r i t u e l l e et i n t e l l i g e n t e .

L e s chiffres q u i r é g i s s e n t les p h é n o m è n e s d e n o t r e s y s t è m e s o n t les

m ê m e s q u e c e u x q u i d é t e r m i n e n t la v i e p h y s i q u e d e l ' h o m m e .

L e v o i l e d u m y s t è r e e s t s o u l e v é e t n o u s r e s t o n s é b l o u i s d e v a n t la

g r a n d e u r e t la l o g i q u e d e l ' u n i q u e loi q u i s e d . é r o u l e d e l ' i n f i n i m e n t g r a n d

à l ' i n f i n i m e n t p e t i t . E t les m o t s m y s t é r i e u x d e l ' e n s e i g n e m e n t h e r m é t i q u e :

« C e q u i est e n b a s est c o m m e c e q u i e s t e n h a u t » s ' é c l a i r e n t à la l u e u r


d e la c o m p r é h e n s i o n p o u r se t r a n s f o r m e r e n u n e f o r m u l e é l é g a n t e e t

p l e i n e d e s a g e s s e .
T o u t e s t c o m p a r a b l e d a n s c e m o n d e . L ' h o m m e , c e t ê t r e s u p r ê m e d e

n o t r e p l a n è t e , n ' e s t q u ' u n m i c r o b e i n s i g n i f i a n t h a b i t a n t u n é l e c t r o n d u

c o r p s d e l ' U n i v e r s . D ' a u t r e p a r t , c e m ê m e h o m m e e s t l u i - m ê m e u n u n i v e r s

p o u r u n m i c r o b e h a b i t a n t u n é l e c t r o n d e s o n c o r p s , p o u r l e q u e l les d i s t a n c e s
e n t r e d e u x é l e c t r o n s v o i s i n s d u m ê m e a t o m e s o n t d e l ' o r d r e a s t r o n o -

m i q u e ( i ) . L e s n e r f s , les m u s c l e s d e n o t r e c o r p s s o n t p o u r c e m i c r o b e d e s

a g g l o m é r a t i o n s d ' a s t r e s , d e s v o i e s l a c t é e s , d e s g a l a x i e s , d e s c o s m o n e s , etc...

N o u s n ' a v o n s e n t r e v u q u e les d e u x l i m i t e s p r o c h e s d e l ' ê t r e h u m a i n , m a i s

la v i e est i n f i n i e et a u - d e l à d e c e m o n d e q u i n o u s s e m b l e f o r m i d a b l e m e n t

g r a n d , il y e n a d ' a u t r e s et d ' a u t r e s e n c o r e q u i p e u p l e n t l ' e s p a c e s a n s fin.


E t il d o i t e n ê t r e d e m ê m e d a n s le m o n d e d e l ' a t o m e . . .

T o u s c e s m o n d e s , d e l ' i n f i n i m e n t g r a n d à l ' i n f i n i m e n t p e t i t , s o n t

p é n é t r é s p a r le C r é a t e u r q u i est l'infini l u i - m ê m e , l ' E t e r n e l . D e c e p o i n t

d e v u e , o n c o m p r e n d l ' e n s e i g n e m e n t d e s E g y p t i e n s d i s a n t : « L e m o n d e

est le r e f l e t d e D i e u , s o n K a , q u i l u i p a r u t à la l u e u r d e la l u m i è r e ».

D i e u é t a n t é t e r n e l , le m o n d e n e p e u t ê t r e q u ' i n f i n i et p é n é t r é d e s o n

e s p r i t q u i e s t sa vie.

V o y o n s m a i n t e n a n t c e q u e c e s c h i f f r e s n o u s d o n n e n t , é t u d i é s c a b b a l i s -

t i q u e m e n t .

C o m m e n ç o n s p a r 2 5 . 9 2 0 q u i s e m b l e ê t r e le n o m b r e d u c y c l e d e

m a n i f e s t a t i o n c o m p l è t e d e la m a t i è r e . R é d u i t , il p r é s e n t e les l e t t r e s : B e t h ,

H é , T e t h e t C a p h q u i f o r m e r o n t d e u x r a c i n e s : B e t h - H é e t T e t h - C o p h .

L a p r e m i è r e signifie u n e c h o s e b é a n t e e t o f f r e l ' i m a g e d ' u n g o u f f r e o u

d ' u n a b î m e . E n lui a j o u t a n t la l e t t r e V a u c o m m e lien, n o u s o b t e n o n s le

m o t B o h u , C a h o s : a g g l o m é r a t i o n d e m a t i è r e d é s o r d o n n é e .

L a r a c i n e T e t h - C a p h s i g n i f i e m e t t r e e n r a n g , e n o r d r e .

O r , c e n o m b r e v u c a b b a l i s t i q u e m e n t n e v e u t p a s d i r e p u i s s a n c e

d ' e x i s t e n c e d e la m a t i è r e r e p r é s e n t é e c o m m e T o h u e t B o h u , m a i s la loi

d ' o r d r e d o n n a n t la p o s s i b i l i t é d ' e x i s t e n c e à la m a t i è r e . A i n s i , n o u s s o m m e s

d e v a n t u n n o m b r e d e b a s e , n o m b r e , q u i d o i t p é n é t r e r t o u t e la c r é a t i o n

m a t é r i e l l e , c a r c ' e s t la loi d u c y c l e o u , a u t r e m e n t dit, d e la v i b r a t i o n

r y t h m i q u e d e la m a t i è r e .

L a C a b b a l e d i t : « Il c r é a et f a ç o n n a d ' e l l e ( d e l ' e a u ) le B o h u e t le

T o h u », l ' h u m i d i t é e t la t e r r e g l a i s e , les t r a ç a e n f o r m e d ' u n e p l a t e - b a n d e ,

les f a ç o n n a e n u n e s o r t e d e m u r , les e n t o u r a d ' u n e e s p è c e d e c a n i v e a u

e t v e r s a s u r e u x la n e i g e , et elle d e v i n t la t e r r e , c a r il e s t d i t : Il d i t à la

n e i g e : « S o i s d e la t e r r e » ( J o b , 36, 6) (2).

C e t é n o n c é , é t r a n g e a p r i o r i , d e v i e n t l u c i d e a p r è s u n e x a m e n p l u s

a t t e n t i f e t d a n s c e t t e m é t a p h o r e n o u s r e t r o u v o n s la c r é a t i o n e n p u i s s a n c e

d e l ' e n c e i n t e m a t é r i e l l e a v e c ses t r o i s d i m e n s i o n s : la p l a t e - b a n d e , le m u r ,

e t le c a n i v e a u o ù se p l o n g e r a l ' e s p r i t d e l ' h o m m e , é m a n a t i o n d i v i n e .
D ' u n a u t r e c ô t é , le m o t B e t h - H é - T e t h , v e u t d i r e albâtre, p l â t r e ,

m a t i è r e p l a s t i q u e d e l a q u e l l e o n f a ç o n n e d i v e r s e s c h o s e s . L a l e t t r e K a p h

q u i l u i est j o i n t e , c o m m e n o u s le s a v o n s d é j à , e x p r i m e u n moule. A i n s i ,

n o u s o b t e n o n s la s i g n i f i c a t i o n d e m a t i è r e à f a ç o n n e r e t d u m o u l e n é c e s s a i r e

p o u r lui d o n n e r la f o r m e . C e c i e x p r i m e n e t t e m e n t et c l a i r e m e n t la c r é a t i o n

(1) Pascal a bien senti cela et l'a exprimé ainsi : « Qu'est-ce que l'homme dans la Natu-
re ? Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant. » Pensées II, 72.
(2) Sepher Ietzirah, I.
de la matière en potentiel ou, en d'autres termes, des forces o u lois indis-
pensables p o u r réaliser son existence.
N o u s voyons ainsi que ce n o m b r e , qui pénètre la nature de l'infini-
m e n t g r a n d jusqu'à l ' h o m m e et p r o b a b l e m e n t jusqu'à l'infiniment petit,
étudié cabbalistiquement, nous révèle d'emblée la loi de la Création
matérielle.
Celui qui vient après, 72, représente la racine Aïn-Beth qui, dans le
style hiéroglyphique, caractérise le centre matériel, ce qui se condense,
s'épaissit, devient lourd et ténébreux. Dans son sens banal, c'est un nuage,
une épaisse vapeur, un madrier.
Ces deux significations sont claires car, par ce chiffre, la matière du
chaos mise en mouvement ordonné s'épaissit et devient dense. D'un autre
côté, ce nombre « du jour zodiacal » est comme une sorte de madrier
dont se compose la bâtisse terminée de l'année complète qui compte
360 de ces jours-madriers.
Ce dernier nombre représente la racine Schin-Samech, inusitée en
hébreu, mais dont la signification est à la fois mystérieuse et révélatrice.
C'est le « serpens ignis » des Mages, le feu en mouvement de rotation, le
feu astral éternellement mobile qui ranime la matière condensée et sert
de lien entre elle et l'Esprit. C'est l'Olam Ietzirah (1), le Rouach du
Microcosme.
Cette idée était symbolisée par l'hiéroglyphe d'un serpent s'enroulant
en anneaux sur un bûcher enflammé.
Enfin, en réduisant tous ces chiffres à la base sephirotique, on obtient
le chiffre 9, chiffre suprême de la création parvenue à son terme ultime.
Comme on le voit, les données obtenues par la Science officielle, vues
à la lumière de la Cabbale, se trouvent vérifiées et affermies. La Science
poussant ses recherches dans les profondeurs de la matière constate tel
ou tel phénomène qu'elle enregistre ; mais, la Cabbale confirmant les déduc-
tions de la Science, les commente en faisant entrevoir la loi créatrice qui
est la cause du phénomène en question.
La Science actuelle procède expérimentalement et constate telle ou
telle manifestation, tandis que la sagesse antique part de la connaissance
de la cause, connaissance révélée aux premiers hommes et voilée ultérieu-
rement dans les mystères de la langue sacrée.
La tradition peut donc servir de contrôle à la Science. Plus cette der-
nière progresse dans le domaine des lois de la nature, plus la Cabbale
peut l'aider utilement.
Je reviendrai sur certaines branches de la Science contemporaine qui
peuvent être commentées à la lumière des vestiges de l'Ancienne Sagesse
parvenus jusqu'à nous.

(1) Olam Ietzirah, monde des formations où se meut constamment le feu astral dans son
mouvement circulaire. L'âme de l'Univers. (Voir mon Essai d'Astrologie Cabbalistique).
CHAPITRE X

COMBINAISONS DES LETTRES-NOMBRES

Les chapitres qui précèdent nous ont fait connaître les diverses qualités
de la lettre comme son et comme nombre. Dans les temps antiques, l'initié
devait comprendre la signification complète de chaque lettre, sa structure
qui symbolise les diverses applications des forces créatrices de la nature.
Il devait savoir combiner ces forces en ordonnant les lettres. Cet enseigne-
ment entouré de mystères nous est parvenu par la Cabbale appliquée.
Le Sepher Ietzirah montre la possibilité de ces combinaisons « d'une
lettre avec toutes et de toutes avec une » (i), mais les données plus com-
plètes nous sont révélées par la Temurah et la Gematria.
Le premier livre nous apprend les transpositions des lettres d'un
mot au moyen desquelles on obtient de nouveaux mots expliquant le sens
caché d u m o t dont il dérive (2).
Dans un chapitre précédent, nous avons indiqué les diverses trans-
positions du nom sacré Tetragrammaton avec leurs significations.
Il existe plusieurs systèmes de transposition qui nous sont présentés
par la Temurah.
I. Le Schemamphorach, ou table des 72 noms, est constitué par des
transpositions de lettres dans les trois versets d'un psaume (indiqué dans
mon Essai d'A strologie Cabbalistique).
II. La table de Tzirouf (3) est constituée comme suit : on écrit l'al-
phabet des 22 lettres sur une seule ligne de droite à gauche et sous cette
ligne les mêmes lettres, mais de gauche à droite. Puis les lettres se trans-

(1) Voir mon Essai d'Astrologie, III part., chap. II, III, V et chapitre IV, XV.
(2) Par exemple, le mot Bereschit qui commence le livre de la Genèse peut être transposé
ainsi : Beret-ich, ce qui veut dire : « En principe, il créa (de rien), ich — la substance pure et
claire de laquelle tout fut créé ».
(3) Du mot Tziroufim, transposition, permutation.
posent d ' u n e ligne à l'autre, dans un ordre n o u v e a u qui constitue u n
s y s t è m e . L a p r e m i è r e m u t a t i o n e s t n o m m é e A l b a c h , la s e c o n d e A l b a m ,
O n p e u t d e la s o r t e o b t e n i r d e n o m b r e u s e s c o m b i n a i s o n s .
L a table de T z i r o u f p e u t être régulière, inverse o u irrégulière.
La première est constituée par 484 carrés (22X22) dans lesquels on
écrit de droite à gauche le premier rang, commençant par Aleph, le second
par Beth, ainsi de suite...
La table inverse est obtenue de la même façon, mais la notation
rangée part de gauche à droite.
La table dite irrégulière est obtenue par une transposition dont les
rangs ne se suivent pas dans l'ordre alphabétique (1).
III. Un autre système du même genre est connu sous le nom de
table de neuf carrés : Aïn Bekar.

Exemple : la forme de la case avec un point indiquant la lettre à prendre


pour reconstituer le mot.

Cette table a servi pour la construction des sceaux d es anges plané-


taires. Je prends comme exemple les transpositions subies par le nom de
l'ange Michaël pour constituer son sceau d'après les règles de la table
Aïn Bekar.

La connaissance approfondie de ces règles permet à l'adepte de


pouvoir déchiffrer et comprendre les textes de la magie du Moyen-Age
où l'enseignement antique est associé à des superstitions, ou contient des
erreurs souvent volontaires commises par les auteurs. Parmi ces derniers,

(1) On peut trouver la table Tzirouf dans la Philosophie occulte d'Agrippa.


il f a u t n o m m e r C o r n é l i u s A g r i p p a q u i s e r v i t d e m o d è l e à d e n o m b r e u x
occultistes ultérieurs (i).
Enfin, de n o m b r e u s e s formules m a g i q u e s f u r e n t d é f o r m é e s par des
c o p i s t e s i l l e t t r é s . C e s d e r n i è r e s , s c r u t é e s e t r e c t i f i é e s d ' a p r è s les r è g l e s d e la
C a b b a l e , se t r a n s f o r m e n t e n s y m b o l e s p l e i n s d e s a g e s s e a u l i e u d e r e s t e r
u n e m o s a ï q u e de m o t s i n c o h é r e n t s . D a n s le m ê m e o r d r e d'idées, n o u s
v o y o n s les f a m e u x c a r r é s m a g i q u e s d o n n é s p a r C. A g r i p p a (2) e t r e p r o d u i t s
d a n s m a i n t s o u v r a g e s d ' o c c u l t i s m e . Ils n e s o n t a c c o m p a g n é s d ' a u c u n e
e x p l i c a t i o n s o u s le p r é t e x t e q u ' i l s s o n t c o m p o s é s p o u r l e s s a g e s e t n o n
p o u r les p r o f a n e s . L a v é r i t é e s t q u e c e u x q u i les a v a i e n t r e c o p i é s n e
connaissaient ni leur f o r m a t i o n ni leur usage.
J e vais d o n n e r q u e l q u e lumière sur cette question d o n t l ' i m p o r t a n c e
e s t a n a l o g u e à celle d e la t a b l e d e T z i r o u f o u d e c e l l e d e l ' A ï n B e k a r .
U n c a r r é e s t d i t m a g i q u e q u a n d il e s t f o r m é d e n o m b r e s d o n t la
s o m m e p o u r c h a q u e r a n g é e e s t la m ê m e .
M a t h é m a t i q u e m e n t il e s t f a c i l e d e c o n s t i t u e r u n e t e l l e f i g u r e . P r e n o n s
p a r exemple u n carré f o r m é des 5 p r e m i e r s n o m b r e s :

C e c a r r é n ' e s t p a s u n c a r r é m a g i q u e p u i s q u e les n o m b r e s e m p l o y é s
n e s o n t p a s d i s t i n c t s , m a i s il p o s s è d e les a u t r e s p r o p r i é t é s d e s c a r r é s
m a g i q u e s , c a r la s o m m e d e c h a q u e r a n g e s t t o u j o u r s la m ê m e .
P o u r le r e n d r e c o n f o r m e a u x c a r r é s d o n t il s ' a g i t , il suffit d ' a j o u t e r
u n m ê m e n o m b r e à c h a c u n d e s n o m b r e s m a r q u é s d a n s les g r i l l e s q u i
suivent.

(1) Cornélius Agrippa fit lui-même de larges emprunts à l'Ane d'or d'Apulée dans l'ouvrage
intitulé le Démon de Socrate.
(2) Agrippa, Philosophie occulte.
Ajoutons aux chiffres de la première grille 5, à ceux de la seconde 10 ;
à ceux de la troisième 15 et à ceux de la quatrième 20. Nous obtiendrons
ainsi le carré magique des 25 premiers chiffres et répondant à toutes les
conditions énoncées plus haut.

Il est facile de voir qu'on peut composer ce carré de 50 manières


différentes. Et c'est précisément ici que se trouve le poin"- sensible de la
Science sacrée. En effet, il ne suffit pas d'écrire un carré quelconque répon-
dant à toutes les particularités d'un carré magique, mais bien de le construire
d'une façon conforme à l'usage auquel il est destiné.
C'est pour cette raison que la figure nommée « intelligence » est indis-
pensable, car elle montre la transposition à observer pour réaliser le seul
carré qui contient en lui la combinaison des forces envisagées.

CARRÉ D E JUPITER
CARRÉ DU SOLEIL (i)

J'ai pris comme exemple les carrés de Jupiter et du Soleil. Tout autre
carré planétaire peut être construit de la même façon en se servant de
l'intelligence correspondante pour obtenir les mutations nécessaires.
Rappelons que le nombre et la lettre dans la langue sacrée sont choses
identiques. Ainsi, la figure qui représente le Daïmon montre la succession
des nombres-lettres pour créer un nom ou une phrase déterminés suscep-
tibles d'un certain effet (2).
Voici en quelques mots le schéma de ces fameux carrés magiques
qui avaient été copiés dans tant de livres, mais sans donner aucune
explication.
Ce qui précède permettra au lecteur curieux de trouver la phrase
magique qui présente la force de chaque carré ; quant à savoir s'en servir
avec succès, cela n'est pas donné à tout le monde.
Mais, je le répète, pour pouvoir se faire une idée exacte de la valeur
de ces figures, il faut tout d'abord avoir une connaissance approfondie
de la langue sacrée.

(1) Ces figures présentent le schéma des transpositions à effectuer pour obtenir le carré
possédant une force magique.
(2) Voir Agrippa, Philosophie occulte livre II, p. 304. Chacornac Ed.

Licence eden-19-7-6224024-7-105602476-24953654 accordée le 28


janvier 2023 à 6224024@7.com
ROTA
CHAPITRE X I

LA ROTA

Nous avons développé le système de l'alphabet sacré, schéma de la


création qui, en partant du Principe, se dédouble en ternaire, se réalise
en quaternaire puis se déroule en sept dans les douze limites pour créer
les vingt-deux manifestations et revient au zéro par ce dernier nombre.
Après avoir étudié chacune des lettres de cet alphabet séparément et
indiqué leurs combinaisons, nous pouvons enfin aborder le système qui
synthétise tout ce qui précède, système unique que j'ai nommé dans un
autre ouvrage, la Clef Universelle et dont je n'ai donné que les rudiments.
Je vais en exposer les règles constructives et par quelques exemples
essayer de mettre en lumière son universalité. On verra qu'il permet de
résoudre les problèmes concernant la nature et l'existence humaine.
Au centre du système, se trouve le ternaire spirituel formé par le
Principe actif-Iod, le principe passif-Hé et leur point d'équilibre, leur
union-séparation Vau.
Ce ternaire spirituel, comme on le sait, se transforme en quaternaire
de réalisation par l'addition du second Hé.
Ainsi nous obtenons les premiers chiffres de base : 3, 4 et leur somme 7.
Le mouvement du ternaire spirituel dans le quaternaire de réalisation
nous donne le nombre 12, comme nous l'avons déjà vu.
Le lecteur se rappellera également que d'après l'enseignement ancien,
nulle chose n'existe avant de recevoir son nom.
Ce nom est formé de sons qui se traduisent en lettres-nombres. Ainsi
la Rota, qui met en mouvement les lettres-nombres, les combine en noms
et se comporte comme une machine créatrice. Elle représente la fameuse
Roue céleste, roue qui fut mise en mouvement par le Créateur pour réaliser
sa pensée d'après les lois prédestinées.
De ce point de vue, on comprendra que, connaissant le nom d'un
homme ou d'un événement, on peut le soumettre au mécanisme de la
Rota, qui, en le disséquant, démontrera sa composition en tant que combi-
naisons de forces déterminées.
La création par le nom échappe à l'homme qui perdit le verbe créateur,
mais, par contre, il peut étudier les forces de la nature qui se combinent
pour constituer tel ou tel individu. Cette méthode était employée par les
Astrologues anciens qui se servaient de la Rota.
Je vais d'abord exposer cette question en ce qui concerne l'Astrologie,
puis j'indiquerai d'autres applications de cette clef universelle dans le
domaine des connaissances humaines.
Comme la figure de la Rota l'indique, la partie centrale représente le
nom sacré du Tetragramme répété trois fois pour lui donner le mouvement
du ternaire spirituel dans le quaternaire de réalisation.
Ce mouvement centrifuge projette les lettres de ce nom sur des rayons
spirales comme les étincelles d'une pièce d'artifice.
Celles-ci, dans leur mouvement, traversent quatre cercles concentriques
pour aboutir au cercle extérieur qui est immobile. Ce cercle est formé par
les douze signes du Zodiaque pour les recherches astrologiques et par les
douze lettres simples (affectées aux signes) pour les recherches d'ordre
quelconque.
Dans leur mouvement centrifuge, les lettres du nom sacré subissent
des changements (permutations). Aussi, leur disposition dans le cercle
extérieur diffère de celle qu'elles présentent au départ du centre.
D'autre part, les points où aboutissent les lettres du nom sacré ne
sont pas gouvernés par un seul signe du Zodiaque ou une seule lettre,
mais bien par trois forces émanées de trois signes ou lettres dont ils sont
en définitive les résultats.
Cet équilibre peut présenter trois nuances :
Si la lettre tombe au centre des influences, l'équilibre se stabilisera
sur le signe (lettre) central et les deux autres forces se neutraliseront.
Au contraire, si le faisceau portant la lettre du nom sacré penche vers le
signe de droite, l'influence de celui-ci sera prépondérante. Si l'orientation
s'accuse vers la gauche, le signe (lettre) de ce côté prédominera.

Ier CAS 2e CAS 3 e CAS


Influence du C a p r i c o r n e Influences du Sagittaire et Influences du Verseau et
p r é d o m i n e . Influences du du Capricorne sont égales. d u C a p r i c o r n e s o n t égales.
V e r s e a u et d u Sagittaire Influence du Verseau faible. Influence du Sagittaire,
se neutralisent. faible.

Il est facile de voir que pour le cercle extérieur il existe 36 combi-


naisons différentes formées par les douze ternaires de la table ci-après.
Ces douze combinaisons-types se développent donc en 36 par l'action
d'une influence au détriment d'une autre ainsi qu'il est dit plus haut.
Si on veut juger un horoscope d'après la Rota, il faut, avant tout,
construire le thème d'après les données astronomiques avec toute la
précision désirable.
Cette opération effectuée, on étudie les douze centres d'influences
dites Zodiacales ; chaque centre, du point de vue de la maison solaire dans
laquelle il se trouve. On aura ainsi le cadre dans lequel va se dérouler
l'existence du sujet déterminé. Ce premier travail terminé, on fait intervenir
les planètes qui se placent sur l'Ecliptique suivant leur longitude calculée
astronomiquement.
On les jugera d'après la table des lettres correspondant aux planètes
(p. 230).

TABLE DES D O U Z E TERNAIRES TYPES F O R M A N T LA SPHÈRE


DANS LAQUELLE SONT P R O J E T É E S LES LETTRES
DU N O M T E T R A G R A M M A T O N

Chaque combinaison de cette table est considérée comme un ternaire


dont le type est donné par le ternaire des lettres-mères Aleph, Mem, Schin
où Aleph est le point d'équilibre. Par exemple, dans le ternaire, Hé, Vau,
Coph, Hé est le point d'équilibre de Vau et de Coph. L'interprétation
se fera par Hé, mais on prendra en considération les influences émises par
Vau et par Coph. Mais, comme nous l'avons dit plus haut, le point d'équi-
libre du même ternaire peut être le Vau ou le Coph selon le point d'abou-
tissement ou l'orientation du rayon faisceau de la Rota, d'où déploiement
de ces douze ternaires en trente-six.
TABLE DES SEPT LETTRES DOUBLES ET LEURS INFLUENCES
PLANÉTAIRES

BETH. Lune. Cette lettre a une grande influence sur la naissance.


C'est le principe vital de la vie végétative et animale chez
l'homme. Elle agit sur l'habitation de l'homme (corps :
habitation de l'âme).
GHIMEL. Mars. Cette lettre exprime l'action de l'homme, de ses
organes. Croissance, développement (toujours dans le
monde physique). Elle exprime aussi l'énergie, la force
active qui peut agir pour le bien comme pour le mal de
l'incarné.
DALETH. Jupiter. Emblème du quaternaire universel, source de
l'existence physique, nature divisible et divisée, abondance
de la division (la division de la cellule qui construit le corps).
CAPH. Vénus. Signe de vie réfléchie et passagère. C'est une sorte
de moule qui reçoit et communique l'impression reçue.
Il reçoit l'influence active de Ghimel qu'il assimile et lui
donne une forme, la femme.
PHE. Mercure. Symbolise la parole qui peut être l'expression de
la pensée de l'homme comme aussi du mensonge (langue en
fourche). C'est la face des choses telle que nous la voyons
(mais l'extérieur peut nous tromper).
RESCH. Saturne. Signe du mouvement (bon ou mauvais), le renou-
vellement des choses. C'est le plus grand secret de la nature :
la vie née de la mort (la graine).
TAU. Le Soleil. Symbole de l'âme universelle, idée de nécessité
et de perfection (car la perfection est une nécessité). Signe
de sympathie et de réciprocité. C'est le signe de vie, qui
pénètre et donne la vie à toutes les lettres précédentes
(comme le Soleil qu'il symbolise donne la vie à toutes les
planètes de son système). Il descend au plus profond de
Beth passant par toutes les manifestations du Ghimel,
Daleth, Caph, Phé et revenant par le renouvellement éternel
du Resch, vers l'Aleph principe.
Remarque. — J'ai condensé dans ce tableau les données que j'avais précédemment exposées
pour que le lecteur se fasse une idée nette et claire du mécanisme des sept.

Il faudra les lier ensuite avec les combinaisons des trois lettres obtenues
déjà pour chaque maison. Ceci donnera l'idée complète des influences subies
par le sujet au cours de sa vie. On pourra juger de ses maladies, de sa fin,
des succès ou des épreuves que lui réserve le destin. Cette partie du travail
ne fait que compléter et contrôler les données fournies par le calcul astro-
nomique. Elle ne permet pas encore d'individualiser le sujet, de dévoiler
ses aptitudes spirituelles, cachées sous toutes ses actions et qui constituent
l'essence même de son « Ego ».
Pour pouvoir juger de ces forces mystérieuses, il faut recourir à la
roue tourbillonnante de la Rota qui, comme dans la création, projette
un esprit déterminé à un moment précis pour qu'il subisse la combinaison
des influences qu'il doit combattre ou renforcer.
Comme nous le savons déjà, le nom sacré, qui n'est autre chose que
le principe du Ternaire Divin, pénètre au plus profond de la création pour
l'animer. Et ceci est clairement démontré dans la Rota-type.
On sait aussi que toutes les lettres de l'alphabet se divisent en trois
groupes de sept lettres, chaque groupe étant gouverné par une des lettres
du nom sacré. La vingt-deuxième lettre, synthèse de tout l'alphabet et
de la numération n'entre pas dans les groupes et se place au centre de la
figure, comme le soleil, auquel elle correspond, occupe le centre de notre
système.
Les Rotas dites secondaires donnent le groupement des lettres de
l'alphabet.

D'après ce schéma, les lettres composant un nom quelconque peuvent


être réduites aux lettres du nom sacré. Par exemple le nom Platon qui,
étant transcrit en hébreu, contiendra les lettres Phé, Lamed, Aleph, Teth,
Vau et Noun, se réduira dans les lettres du nom sacré Hé-Vau-Iod-Vau-
Vau-Hé.
Ainsi, pour l'inscrire dans le cercle de la Rota, il faudra placer les
lettres de ce nom dans les rayons occupés par les lettres correspondantes
du nom sacré en partant de l'ascendant et en suivant l'ordre des maisons
solaires.
Mais, se demandera-t-on, dans quel cercle faut-il placer ce nom, car
il y a 4 cercles dans lesquels se déroulent les manifestations du nom sacré ?
Voici la réponse de l'enseignement ancien à cette question.
Qu'est-ce qui différencie un homme de son pareil ? — C'est son nom.
Mais le nom, qui l'individualise, peut être personnel (prénom), ou familial
(nom patronymique), ou encore celui qui le définit socialement (situation
ou profession).
Ainsi, prenons par exemple Jean-Jacques Rousseau, philosophe, qui
à un moment précis était le seul de son genre et aucun autre homme ne
pouvait être confondu avec lui. Si nous disons philosophe, cela n'est pas
suffisant, car on n'indique là que son niveau intellectuel, comme Duc ou
Général définissent le rang du sujet parmi ses semblables. Si nous disons
Rousseau, c'est également insuffisant, car on trouve des Rousseau épiciers
ou charretiers. De même pour les prénoms, qui envisagés seuls, ne peuvent
identifier l'homme. Mais si nous réunissons nom, prénoms, profession
ou rang, nous aurons précisé l'individu entre tous ses pareils.
C'est pourquoi les quatre cercles où se manifeste la force centrifuge
de la Rota pour aboutir au cadre extérieur des influences de forces de la
nature doivent être occupés par les prénoms, noms et rang de la personne
envisagée.
Comme la situation est le facteur d'ordre le plus matériel, puisqu'il
fixe le plan de l'homme dans la vie terrestre, il s'inscrit naturellement
dans le cercle extérieur ; son nom qui l'apparente à une certaine famille, dans
le cercle suivant ; enfin, les prénoms caractérisant l'individualité s'inscrivent
dans les deux cercles les plus rapprochés du centre (le prénom usuel dans
le premier et l'autre dans le second). Ayant ainsi disposé les lettres dans
ces cercles concentriques, nous obtiendrons dans chaque rayon une série
de lettres-nombres-forces, qui se renforceront, s'équilibreront ou s'annule-
ront et dont la résultante sera projetée par la force centrifuge vers le centre
zodiacal et planétaire déterminé.
Les conséquences du choc des forces du nom et de celles de la nature
pour chacune des maisons doivent être jugées séparément et elles nous
indiqueront avec précision si la force spirituelle du sujet se pliera devant
les forces naturelles, ou si elles les dominera pour s'en servir convena-
blement. Nous venons de dérouler devant nous les probabilités de dangers,
de maladies, de succès, etc... Mais connaissant la force spirituelle innée
du sujet, nous pouvons augurer de ses victoires ou de ses défaites dont la
cause est dans l'essence même de son âme.
D'autre part, si l'on veut juger de l'état physique du sujet, on trouvera
une réponse d'ordre analogue en prenant pour les lettres leur signification
dans le monde matériel.
Le calcul cabbalistique basé sur les mêmes lettres-forces comme
nombres donnera les dates de l'événement ou de la maladie qui menacent
le même sujet.
Ainsi, la longévité, dont le terme est l'heure de la mort, peut être
trouvée par le calcul cabbalistique des lettres de la maison de la mort
(VIIIe) et ainsi de suite...
L'exemple qui suit éclairera le procédé.
Mais avant de commencer, je dois noter une remarque importante.
Des adeptes de l'Astrologie dite scientifique, après avoir lu mon livre,
Essai d'Astrologie cabbalistique, m'ont reproché de négliger les calculs
astronomiques dans le thème à étudier. Cette opinion n'est pas fondée.
Au cours du travail précité, j'ai affirmé la nécessité du calcul qui seul per-
met d'aborder les discussions cabbalistiques. Il constitue l'armature de la
méthode sans laquelle cette dernière n'est qu'une masse sans consistance.
D'un autre côté, cette armature ne peut constituer ce qu'on appelle un
corps, un tout. Ce qui forme les chairs, c'est le calcul cabbalistique. Les
deux éléments sont donc indispensables et doivent se confondre d'une
façon harmonieuse, car, employés seuls, ils ne donneraient qu'une précision
illusoire.
Je répète, encore une fois, pour ceux qui ont mal interprété mon livre,
que je considère comme insuffisant le calcul astronomique seul pour
résoudre le problème de la vie. D'autre part, je puis tranquilliser les adeptes
de la nouvelle Astrologie en leur affirmant que les opérations cabbalistiques
prises seules, sans base astronomique, sont également insuffisantes et ne
peuvent donner les résultats attendus. Elles ne produiront que des discus-
sions d'ordre psychologique, nuageuses, qui ne pourront se rattacher
ni à l'espace, ni au temps.

Licence eden-19-7-6224024-7-105602476-24953654 accordée le 28


janvier 2023 à 6224024@7.com
CHAPITRE X I I

APPLICATION DE LA ROTA
A DIVERSES BRANCHES DU SAVOIR

Cet ouvrage n'est en aucune façon un traité d'Astrologie. Les lecteurs


qui s'intéressent à cette Science se reporteront à mon Essai d'Astrologie
Cabbalistique. L'exemple qui suit est purement documentaire et constitue
une des nombreuses applications des règles de la Rota, dans tous les
domaines intéressant l'esprit.
L'emploi de la Roue Créatrice dans un horoscope impose au préalable
le calcul du thème genethliaque à l'aide de données astronomiques aussi
précises que possible. Cela fait, on remplace les signes du Zodiaque par
les lettres hébraïques correspondantes qui, comme je l'ai exposé plus haut,
constitueront douze points formés chacun par le ternaire des trois influences
de lettres. Ces points dessineront le cadre dans lequel agira le « né » au
moment exact de l'établissement de l'horoscope. Ces influences, extérieures,
formeront le lit dans lequel s'écoulera l'existence du sujet. Dans ce même
cadre viendront ensuite s'inscrire les lettres correspondant aux planètes
qui préciseront les potentialités radicales, aggravant les dangers et les
épreuves ou les diminuant par leurs configurations bénéfiques, interprétées
dans les maisons solaires où elles sont groupées. Ces premières opérations
effectuées, nous avons devant nous le tableau complet des possibilités qui
se groupent pour l'être naissant. Mais, comme nous le savons, le libre
arbitre intervient pour modifier en bien ou en mal telle ou telle situation.
L'effort évolutif peut permettre au sujet de surmonter toutes les
épreuves ; par contre, s'il est trop faible il cèdera sous leur poids. Pour
nous éclairer sur un cas concret, nous faisons intervenir l'individualité
qui est figurée, comme on le sait, par les nom et prénoms et par son rang,
ce qui la différencie nettement.
Les lettres composant ces noms se disposeront dans les cercles concen-
triques dans l'ordre mentionné au chapitre précédent, savoir : Situation
sociale dans le cercle extérieur ; nom dans le cercle suivant ; prénom le moins
usuel dans le 3e cercle et enfin prénom courant dans le 4e cercle, c'est-à-dire
celui près du centre.
Le départ dans chaque cercle se fera à partir de l'Ascendant.
Ainsi, dans chaque faisceau issu du centre et venant aboutir au point
où sont équilibrées les influences zodiacales et planétaires, se disposeront
plusieurs lettres qui formeront une racine syllabique du nom complet du
sujet. L'interprétation de cette racine se fera dans le domaine social de la
maison où son rayon vient aboutir, et elle fournira la réponse à la question
posée dans cette même maison par la combinaison des lettres zodiacales
et planétaires. On sera ainsi renseigné sur la façon de réagir de l'être quant
aux épreuves qui lui sont imposées à l'instant de sa naissance.
L'exemple suivant donne la méthode opératoire. Nous n'envisageons
que le domaine psychologique, le mécanisme est le même pour les contin-
gences d'ordre physique.
Nous allons donner, à titre d'exemple, l'horoscope cabbalistique de
Proudhon Pierre Joseph, socialiste, publiciste français, né le janvier 1809 à
Besançon.

THÈME HOROSCOPIQUE DE PROUDHON


ÉTUDIÉ D'APRÈS LA M É T H O D E CABBALISTIQUE
L a « f i g u r e » p r é s e n t e à la fois la c a r t e a s t r a l e d e P r o u d h o n ( i ) e t la
Rota m o b i l e telle q u ' e l l e a été décrite.
L ' é t u d e d e ce t h è m e d o i t être c o n d u i t e c o m m e suit :
1. — Définir les l e t t r e s ( s i g n e s z o d i a c a u x ) r é g n a n t d a n s les m a i s o n s ,
c'est-à-dire celles q u i s o n t à la b a s e d e l ' é q u i l i b r e d u t e r n a i r e z o d i a c a l p o u r
c h a q u e m a i s o n e n v i s a g é e . C e s l e t t r e s d o n n e r o n t la n u a n c e a u x m a i s o n s
qu'elles g o u v e r n e n t ( p a r e x e m p l e : si l a l e t t r e L a m e d g o u v e r n e la VIIIe,
il f a u t c r a i n d r e u n e m o r t violente).
2. — Former les r a c i n e s q u i r é s u l t e n t d u r a p p r o c h e m e n t d e la l e t t r e
dominante zodiacale d e s l e t t r e s p l a n é t a i r e s q u i p e u v e n t se r e n c o n t r e r d a n s
une maison. Ceci éclairera le p r é s a g e obtenu par la lettre zodiacale. Ce
travail préliminaire d o n n e r a u n e idée de l'existence a n t é r i e u r e d u sujet,
d e s d a n g e r s q u i le m e n a c e n t e t d e s p o s s i b i l i t é s q u i l u i s o n t o f f e r t e s .
3. — L e s l e t t r e s d e s n o m e t p r é n o m s r e p r é s e n t e n t l ' i n d i v i d u a l i t é d u
sujet p a r leur r e n c o n t r e a v e c celles d u Z o d i a q u e et des p l a n è t e s d u faisceau
a u q u e l elles a p p a r t i e n n e n t . E l l e s i n d i q u e n t c o m m e n t r é a g i r a le s u j e t v i s - à - v i s
d e s i n f l u e n c e s s o u s l e s q u e l l e s il e s t n é .
Exemple : la r a c i n e — Resch-Aïn — représente un m o u v e m e n t b o n
à l ' o r i g i n e m a i s q u i , d a n s la suite, d e v i e n t i r r é g u l i e r et m a u v a i s . L a r a c i n e
— a ï n - a ï n — d é f i n i t t o u t ce q u i se p l i e et se replie.
a) En maison :
1 le Iod domine, influencée faiblement par le Teth (Lion).
II influences égales d u Lamed et d u Iod (la V i e r g e ) .
III influence d o m i n a n t e , L a m e d ; puis faible action d u N o u n (Balance).
IV dominante. Noun influencée par Samech (Scorpion).
V influences égales de Aïn et Samech (Sagittaire).
VI dominante Tzadé influencée par Aïn et Coph (Capricorne).
VII dominante Coph influencée par Tzadé (Verseau).
VIII i n f l u e n c e s é g a l e s ( h o r s d e la m a i s o n ) d e C o p h e t d e H é (Poissons).
IX d o m i n a n t e H é r e c e v a n t u n reflet d e V a u (Bélier).
X dominante Vau affectée p a r Zaïn (Taureau).
XI influences égales de Zaïn et de Heth (Gémeaux).
XII dominante Teth influencée par Heth et Zaïn (Cancer).
Se r e p o r t e r a u x définitions données p l u s h a u t e n ce q u i c o n c e r n e la
v a l e u r des lettres.
b) M a r s e n m a i s o n I I I se c o m b i n e d ' a b o r d a v e c L a m e d e t e n s u i t e a v e c N o u n .
S a t u r n e (Resch) en V se c o m b i n e a v e c S a m e c h d ' a b o r d , puis f a i b l e m e n t
avec Aïn.

L a L u n e ( B e t h ) , M e r c u r e ( P h é ) et le Soleil ( T a u ) e n V I se c o m b i n e n t
s é p a r é m e n t avec c h a c u n e des lettres T z a d é , A ï n et C o p h .
Vénus (Caph) en VIII influencée par Coph.
Jupiter (Daleth) en VIII influencée également par chacune des deux
lettres C o p h et H é o u leur résultante.
E t u d i e r ces d i v e r s e s racines c o m m e celles du § I.
c) L e t a b l e a u c i - d e s s o u s renseigne sur l'individualité du sujet p a r la
r e n c o n t r e des lettres des n o m et p r é n o m s d u sujet a v e c celles d u Z o d i a q u e
et d e s p l a n è t e s d u f a i s c e a u a u q u e l elles se r é f è r e n t . R é a c t i o n d u sujet v i s - à -
vis d e ses p o t e n t i a l i t é s n a t i v e s .
Les racines obtenues dans chaque colonne verticale et par maison

(1) Configurations planétaires et. maisons déterminées par l'Astrologie scientifique. La


présente étude de l'horoscope de Proudhon a été faite par M. le Colonel H. Chardon.
s ' o p p o s e n t a u x résultantes définies plus h a u t (influences extérieures) et
m a r q u e n t la r é a c t i o n d e l ' i n d i v i d u e n f a c e d e s o n d e s t i n .
Ceci posé, n o u s allons p r o c é d e r à l ' i n t e r p r é t a t i o n des éléments m e n -
t i o n n é s d a n s les p a r a g r a p h e s a, b, c.
a ) M a i s o n I. — M a n i f e s t a t i o n p o t e n t i e l l e s o c i a l e d u r a b l e d e v a n t p r o v o q u e r
les e f f o r t s d e l ' h o m m e p o u r a s s u r e r s o n e x i s t e n c e i n d é p e n d a n t e .
M a i s o n I I . — P r o u d h o n c h e r c h e à i m p o s e r u n e d i r e c t i o n à la v i e a v e c
certains avantages.
M a i s o n I I I . — I n s t a u r e r la v i e d e c h a q u e i n d i v i d u d ' a p r è s c e r t a i n e s r è g l e s
en a p p a r t e n a n t à u n e collectivité.
Maison I V . — L i m i t a t i o n des possibilités q u i p r é c è d e n t en faisant appel
en m ê m e temps aux passions humaines p o u r organiser l'Etat.
M a i s o n V . — Il i n c i t e les m a s s e s à p r o g r e s s e r s a n s d e s s e i n e n é v e i l l a n t
leur enthousiasme.
Maison V I . — Cette t h é o r i e c o n d u i t à des actions mauvaises entachées de
f o u r b e r i e e n se s e r v a n t d e t o u s les m o y e n s i n t e l l e c t u e l s e t m a t é r i e l s
p o u r r é a l i s e r les p r o m e s s e s .
M a i s o n V I I . — L ' h o m m e e s t a i n s i c o n t r a i n t à se g r o u p e r p a r la f o r c e
d ' u n e f a ç o n p o u r a i n s i d i r e m a c h i n a l e , t e r m e d e ses a s p i r a t i o n s .
Maison V I I I . — P r o u d h o n agit sous l ' e m p i r e d ' u n e force aveugle destinée
à se d é t r u i r e e l l e - m ê m e .
M a i s o n I X . — Il se c r u t u n a n i m a t e u r e t se l a n ç a t ê t e b a i s s é e d a n s ses
rêves philosophiques.
M a i s o n X . — D e b o n n e f o i o u n o n il s ' i m a g i n a r e l i e r t o u t e s les a s p i r a t i o n s
h u m a i n e s a u r i s q u e d ' u n e f f o n d r e m e n t social.
M a i s o n X I . — M a l g r é d e s s y m p a t h i e s p l u s o u m o i n s s i n c è r e s le m o u v e -
m e n t d é c l a n c h é p a r P r o u d h o n , esprit p r é s o m p t u e u x , agit avec des
h e u r t s et des rudesses.
M a i s o n X I I . — C e s e f f o r t s v e r s l ' i m p o s s i b l e s o n t i l l u s o i r e s e t le b u t q u e
P r o u d h o n s'est p r o p o s é ne sera jamais atteint.- Les h o m m e s mar-
c h a n t d a n s le s i l l o n t r a c é p a r c e t u t o p i s t e s u b i r o n t d e s r é a c t i o n s
pénibles et douloureuses.
C o n t i n u o n s c e t t e é t u d e p h i l o s o p h i c o - s o c i a l e r e p r é s e n t a t i v e d e la
m e n t a l i t é - p e r s o n n a l i t é d u sujet en question.
b) Mars, en M a i s o n III, c o m b i n é e à L a m e d puis avec N o u n .
L a lettre G h i m e l r é p o n d à M a r s . N o u s a v o n s d e ce f a i t d e u x r a c i n e s .
L a p r e m i è r e G h i m e l - L a m e d q u i e x p r i m e le d é v e l o p p e m e n t d ' u n e
c h o s e o u d ' u n e idée p a r des m o y e n s matériels de diffusion.
La seconde racine G h i m e l - N o u n indique par contre u n relâchement,
e x c è s p r o v o q u é s p a r la d o c t r i n e a u s e i n d e s m a s s e s .
Saturne, e n M a i s o n V , d o n n e les r a c i n e s R e s c h - S a m e c h et R e s c h - A ï n .
L a p r e m i è r e d e ces r a c i n e s d é f i n i t u n m o u v e m e n t d é s o r d o n n é e t
généralisé, u n e expansion universelle, i m a g e des doctrines communistes
g r i s a n t les p e u p l e s .
L a s e c o n d e e s t r e p r é s e n t a t i v e d e la p e r v e r s i t é et d u d é s o r d r e d a n s
l'action enthousiaste qu'elle symbolise.
L a L u n e , Mercure et le Soleil, e n V I , se c o m b i n a n t s é p a r é m e n t a v e c
Tzadé, A ï n et Coph.
i. - B e t h - T z a d é (Lune) r é p o n d à t o u t e idée de m o u v e m e n t d é s o r d o n n é ,
m o u t o n n i e r , maladif.
B e t h - A ï n i n d i q u e u n lien f o u g u e u x , i m a g e d ' u n e société qui vit sur
les d o c t r i n e s s o c i a l i s t e s .
B e t h - C o p h signifie épuisement, raréfaction, vitalité condamnée à
disparaître.
TABLEAU D E LA DISPOSITION DES LETTRES D
2. - Phé-Tzadé (Mercure) affirme toute idée de diffusion, de liberté.
Phé-Aïn, clameurs des foules.
Phé-Coph, idée de va-et-vient, action et réaction des idées de Prou-
dhon, intermittence de l'état de choses créé.
3. - Tau-Tzadé (Soleil), action de s'étendre outre mesure, hypertrophie
Tau-Aïn.
Ce qui précède conduit logiquement à des résultats illusoires, vains.
Vénus Caph forme racine avec Coph, en VIII, maison fatale. Cette
racine est inusitée en hébreu. Toutefois, on peut retenir l'association des
significations de Caph et Coph. Vie passagère résultant d'une contrainte
exercée sur l'homme, dictature populaire.
Jupiter (Daleth) en VIII formant racine avec Coph et Hé.
1. - Daleth-Coph, idée de division par brisure, fin violente d'un état social
conforme à la doctrine proud'honnesque.
2. - Daleth-Hé, divisibilité élémentaire, essentielle d'une humanité ainsi
conçue.
Passons à présent à la dernière partie du travail, la plus délicate puis-
qu'elle doit nous montrer quelle sera l'attitude de l'individu en face de
ses potentialités natives.
Le thème horoscopique fait connaître les projections dans les diverses
maisons des lettres du nom et prénoms du sujet ainsi que les lettres zodia-
cales et planétaires ayant déterminé la formation des racines présentées
plus haut.
Il faut opposer à ces dernières données les racines résultant des élé-
ments de transcription du nom et prénoms pour être renseigné sur les
réactions de Proudhon vis-à-vis de ses potentialités natives (voir § 3 ci-
dessus).
Ces rapprochements nous font voir surabondamment que Proudhon,
loin de mettre un frein ou de canaliser dans un sens convenable les forces
qui le sollicitaient, en a tiré le parti le plus mauvais en entraînant les masses
inconscientes à l'assaut de vaines utopies.
De ces racines, on dégagera aisément l'habileté oratoire de Proudhon
s'employant d'une manière hypocrite à allumer des convoitises, coupables
et irréalisables dans l'esprit de ses semblables. Le néant de ces théories
est également mis en relief dans les commentaires qui précèdent.
On peut compléter l'étude qui vient d'être développée sommaire-
ment en faisant intervenir les Tarots dont les arcanes majeures correspondent
aux différentes sphères zodiacales de la Rota. Les renseignements qui seront
recueillis par ce travail accessoire viendront confirmer et contrôler les
résultats obtenus par ailleurs.
Ainsi, par exemple, l'Arcane 5 complètera la signification de la racine
dégagée de la sphère zodiacale Lion, Vierge, Cancer.
Nous avons examiné à grands traits tout ce qui se rapporte au portrait
psychologique de Proudhon, personnalité, individualité.
L'étude relative au plan physique du personnage doit être entreprise
par des procédés analogues à ceux qui font l'objet de ce qui vient d'être lu.
Se reporter au tableau des influences physiques dans le cadre zodiacal
en faisant intervenir l'action des planètes dans les diverses maisons.
Enfin, on peut se proposer une vérification synthétique par la réduction
numérale des lettres des nom et prénoms dont la somme ultime cabbalis-
tique correspondra à un arcane majeur projetant une vive lumière sur la
personnalité du sujet.
Une autre utilisation de la Rota consiste dans un tirage des cartes du
Tarot.
Ce tirage dérive directement de la méthode qui vient d'être exposée
et, de ce point de vue, peut être considéré comme un tirage horoscopique.
Il importe de connaître les nom, prénoms du sujet, l'année, le mois
et le jour de la naissance.
On tire du jeu les cartes qui, par leurs lettres, composent le nom et
les prénoms du consultant. On les dispose sur trois lignes les unes au-
dessous des autres. Elles représentent ainsi les trois cercles de la Rota.
On sort enfin trois cartes dont les nombres correspondent aux réductions
cabbalistiques des dates de naissance, savoir : une carte pour l'année,
une pour le mois et la dernière pour le jour.
Ces cartes sont disposées en triangle, le sommet en bas, sous la
dernière ligne des noms (i).
On étudie ensuite, d'après ces lames, la nature du sujet et le cadre
d'influences qui formera son existence. Ce premier tirage, analysé correcte-
ment, donnera le portrait du consultant et les repères cardinaux de sa vie
et de son caractère. La première ligne (nom) a trait à la position sociale,
aux épreuves d'ordre physique, aux dangers et aux questions d'argent.
La seconde ligne, second prénom, renseignera sur ses rapports fami-
liaux, son mariage, ses proches parents, ascendants ou enfants.
Enfin, la troisième ligne (prénom usuel) donnera une idée de ses
aptitudes spirituelles et intellectuelles, de son effort volitif orienté vers
l'évolution ou l'involution.
Toutefois, pour obtenir des réponses prophétiques, il faut opérer
suivant les règles de la Rota qui consistent, comme on l'a déjà dit, à former
des racines nouvelles à l'aide des noms suivant leur disposition dans les
faisceaux.
Prenons comme exemple Jean-Jacques Rousseau et transcrivons ces
noms en lettres hébraïques qu'il est possible de remplacer par des lames
du Tarot.
u a e s s u o R
s euq c a T
n a eJ
Pour résoudre la première ligne (influences extérieures de la vie), on
étudie les lettres composant le nom et successivement en allant de droite
à gauche.
Pour la seconde ligne, on étudie chaque lettre avec celle qui lui
correspond dans la première ligne, dans le même ordre de droite à gauche.
Dans le cas présent on obtiendra, pour la deuxième ligne, sept racines,
savoir :
JR, AO, CU, QS, US, EE, SA.
On opèrera de même pour la troisième ligne que ci-dessus en formant
des racines de trois lettres. Nous aurons ainsi quatre racines : JJR, EAO,
ACU, NQS.
Ces racines combinées donneront les réponses aux questions posées
par la première ligne (influences extérieures) et montreront comment
l'être intérieur réagira devant les épreuves de la vie.
Enfin, les trois dernières cartes, formant une racine à leur tour,
serviront de clef pour résoudre les questions posées par l'étude initiale et

(i) Remarque importante. - Si une lettre se répète une ou plusieurs fois dans les noms ou
dates, on remplace l'arcane majeur par un arcane mineur correspondant. Ce dernier sera considéré
comme la répétition de l'arcane majeur dans un degré secondaire.
indiqueront si, après toutes les luttes et les épreuves, l'issue de la vie sera
fatale, néfaste ou couronnée de succès.
Si, après cette première opération, on voulait poser une question sur
un cas particulier de l'existence du même sujet, on procèderait comme suit :
Mélanger les cartes ayant servi au premier tirage, douze fois, et, après
avoir coupé, les disposer sur trois lignes comportant le même nombre
de cartes dans chacune qu'au tirage du début.
Les trois dernières cartes seront retournées.
On interprètera comme la première fois, avec cette seule différence
que chacune des cartes retournées servira de clef pour chacune des trois
lignes. Cette carte répondra définitivement si la combinaison donnée par
la ligne se réalisera infailliblement ou s'il y a possibilité d'une autre issue.
Par ce tirage, on obtient souvent des résultats stupéfiants, mais, pour
cela, il faut posséder la connaissance parfaite du caractère des lettres et
des lames du Tarot.
Pour mettre fin à ce travail, je vais donner encore une application de
cette merveilleuse machine dans un domaine différent du savoir humain.
Dans mon Essai d'Astrologie Cabbalistique, je me suis étendu sur la
question du Schemamphorash ou table des 72 noms mystérieux composés
d'après les règles de la Rota et qui se disposent autour du cercle zodiacal
pour y exercer leur influence.
J'emprunte la figure ci-contre à l'ouvrage précité qui montre comment
ces influences réagissent dans le monde.
Mais pour animer ces noms mystérieux, pour leur donner la vie et la
possibilité d'émaner leur puissance respective, il faut qu'ils soient excités
par le nom vivifiant, cause de toute vie dans l'Univers, le IEVE.
C'est ce nom sacré qui appelle à la vie et anime les noms qui rayonnent
chacun d'une manière particulière en formant une sphère d'influence
comparable à un champ magnétique.
Ainsi, dans le domaine de l'électricité, on verra qu'une dynamo n'est
autre chose que l'application de la même Rota reproduite avec précision.
Or, l'ancre formé par les deux pôles positifs et les deux pôles négatifs
représente la croix du nom sacré(+ 1 — E + V — E). Et les cordes
composant le champ d'influences des noms mystérieux qui passent d'un
trigone à un autre seront figurées dans la dynamo par l'induit où se forme
le champ électrique par suite de la rotation de l'ancre.
Quand, un jour, j'ai vu dans un traité de physique le schéma d'une
dynamo, j'ai été frappé de sa ressemblance parfaite avec l'antique dessin
de la Rota (1).
Les applications de cette merveilleuse machine dans tous les domaines
du savoir sont nombreuses, ce que j'en ai dit suffit pour les lecteurs qui
m'ont compris.
Celui qui voudra étudier à fond cette figure vraiment extraordinaire
constatera son utilité dans toutes les circonstances de la vie, car elle repré-
sente la véritable Roue Céleste.

(1) Voir par exemple Cours d'Electrotechnique par M. A. Iliovici. L. II, p. 66.
LE CHAMP DE FORCES C R É É PAR LA ROTATION DU T E T R A G R A M M A T O N DANS L'INDUIT

DU SCHEMANFORASH
III

MANUEL
DE CABBALE PRATIQUE
CLEF DE LA CABBALE

Licence eden-19-7-6224024-7-105602476-24953654 accordée le 28


janvier 2023 à 6224024@7.com
N
ITRODUCTO
IN

R o a
t D
, n
iamnsem
i
t m esenptréacpépdaernentstésouavveracglees,pE r é ssseanitdliA
' restro,loja'giieexC
v p o asébblaasilqtthuéeoreiet
dm ealatièreCpabeubatelcoavm ecpleortem r . axm i umdeconcisionetdeclartéquu'netele
ddeansvC uol'ebsetesqcupuehraiilol'tébsooanpudhlieaienuccoedm d epsocretoum nem teleenatpriersofroisqnudeeudreetpulonengteelreledilvecetersuitér
eulé'tecldaiisrseerr.taIltioanbeosoiseinusdeedtoeunteatsuorneaàtennutioirenaeut
dsyosètimtéveitule-irmréêsom ulm e n t to
eire. queceuxquiontsuivimapenséedanslestravaux
m Ja 'i
m e à c ro
enecnoC oitnnsntiuéseplalussuhitaeuetptolaucroonnctluasbioonrdloegr,iaqvuee.rtis,laCabbaelpratiquequi
detoT uteoesuluileteqsfousiisc,aieancvcoaem sntopdcrsie'cnluatlrteeR
sr.odataanbsolerdevraifadsiéumsuenjett,lejeprdéséesniretém crit,clef
a'erêrsetesr
s(euxr.le:lem o t « C a b
turertedeexSpalicinattioY b ae
l » q u
veessdtA i a s u s c i
t
é
'dolvnecyinddreisàpP ta n t d e d i
s c
apsuabssleu.rC u ss i
o n s e t d
lo' erigrtaininsehdéubm e c o n t
r
o
ontCtsam vbbo'anel)t.
U n e c o n e n ra ï
s a
lrdeé'apm rocniheéntdéé'ccrivriraeinleam
nsLleedm om a nie d eu l
o
'q outaevlnecouusndC
c c u l
te . eeotndesunxobm
v ,ebnretredo'auuvtrerasgM e s .C
r
e m h.L a rqaunacbeellins,
dvaenustdceirecaaloso,trsilCtrasaidgbbintoaeilfniep.C cehueasntîdesée';ucxoriureexapvarveecessciounnunsC Co pahph(C(C o ahp-hb-ebhte-htalm
p -alm e de)de)teilt,
qduisuc'nipeletr— adeitiotdno,nsintlo'orniguinneecsehapnîeerdqduainliselalu'snnounàittsydla'neusotnerteym m — esl,i'cnairtiqéueà'sts-ocne
pnss.A inrsai,idaeucsesi
p o i
n
bteielsnqquuA t d e v u e, ce u x
e' ceguripxpqau,iSoapnite-tY q u i é c ri
ntvpeosudrAv e n t C
u'nlvK ab b a
odurem e
l a vême c u n
ehuansQ C s o
.éD n t
ui,Pda l
e
reaspteu,sd,epsom v anîetr'ens,
e y , E l
i
p L v u r
vciateierntquceeqm ueolqttaunestô-utnas,vneoc'nutnpeulesterem ,taentretôdta'cavcoecrdla'suutrrec.epointetécri-
l«aK preE m t,èicrheolesetréetr,anna'gcceo,crdesaieensptariutscuénm
abbb.ael»avecunb,tandisquelesautrespersistaientàlé'crireavec e ainteenntstio,dniscauutaBnethtà.Lpeesrutensdéecvriuveaiesunrt
deuxA
àCcapehsoupujeriotu,nrci,aiC lrselemm beloqthuéi'lbnraeïqdueev,rdaaitnysavseosirdaeuucxuntreadnviscerrgipetinocnesdoa'vpeinciounn
orptahin,nseaupotesuèrds,eetqjeuu'snuisseduelB enhto.mbre,écriventCabbael
P o u r t
a n t
, c e
avecJedevuxaisbd.onnerlesraisonsquiserventdebaseàceteopinion. ce
rceonncsooEnnnatrnéécteuddepuiahxnotnm unostanqcuieinm doia'nletctferapm p é
ésqiteurveagdei.férentes.CesontlesmostKabbaal,science
onpgaoerllpeurorvesnigannitficdautioPnam e tri,leja'uir
secrèIltee,settdK ab aa
l ,
ificpilerundteàdla'ireulatrqeu,eclaerdleeusrdeourxiglainnegruem es,honébetraaqïuusesiolouinmdoannsgoleel,
apafsaséit.cIleteem stt,ptrèarsCpaophssibetleexqpurem laan«tlachfailnîiaetio»n,isdsueseindiutiésmjuostqhuéà'brnaqïouues,
cseo'nm m e n ç a n i
esen'sctethncaodînnées.eIelrnveém setceounnriefgruaoexnldçqua'unise.elaE«sxigc.h:na«ifnîicC
eati»onligodtuanm
abeaelàduenT
tuontC caapbatifel— , assseigrvniessedm useenrft,
huéâptreep»o,uqrucirvéeoruinl'lasuitdccireès:
im p o s i
t
o n d e la v o l
o n t
é d
du'neRpésièocule.àgarderàcemotsonsensvéritableetànepasaltérerli'dée u' n e p e rs o n n g ro
ladC
jcid'neetrom u iasbisbaselcei,m tradm itoenntusnupseécrioenudre,bvédhaicnusleladetrasnagscersipsetioentdferanpuçaissisaencdee,
oe.tciposé,jedésireatirerla'tentionsurlesenshiéroglyphique
extraL C
oradC inaairbebadeluevsotclaabselcieqnuciensouupsrêm occeuqpeu.iexpliquetouteslesloisde
lu' nivA erisn,sqi,laue'ralecintreaddueitcepam rleos,tC 22aphhié2ro0gelytpB heehts2de,relapralénsegnuteesleactorétea.l22.
aD pepepO élluàsr,,lreeccesm evdooeutirxC lacavobnaiealsodvnu'nitneepsanvreoA coelensstaiunesnlatqquuue'lneirlerfelestte(lum
y
l'aulesepd,he,lteoturetecrehporéses.enEtatnctelteA
neo,rtm e tvatridicee).
pelripnhcipeest,
lreépU ézètiém n , l e c o m
troeisdefoal'islp— m en ce m e n te t l
a c
troeistsdaacnrés,uinnd,qiquuieneqfounetcqe'usu'tnd.aL aslleatrlimefiinteadleesLdam eed,
d o u
édtaepul'esniqvueersdcooitm h a b
sepdrééhroenuslebirellaàm anseifenssta.tioD n
na'vuitrtaelepdaerht,'locm mm eêm o
aineslieqtrueeu z
se s e t
e
preaprrélA usein,ihn'tleosm él'pm
i,ecetlem
reuevpeesuutpsreêm
oeftom yresétm t
r a ne,sleforsm
reiuexnstedxepsrm
acreifirc,emauoum
iciveilcsoam mri oyoenurdreusqsuuesl,ceitetrs,euévelm
p
e,nltaàsatragvesesresS leuspnrêm om o l
u eenr.t
beretulax
m i
l
é n a ir
rinévstérulaitrioenlesDe s s n d
viagnieesdoentotupsulesêtetremcposn.L ti
o n s
seervsésecsienectestrahnusm e
maisnieessséin'vtaacnteosuispsoeunrt
lD S
esviunineesvaivprarèsételernsealeum trese,ndtudarannstlaàC peanibebuaeln.Em ocsioznotdieniacteanl,m asilelaPSrinagceipsee,
le ele
dqouuizesD eterD m iveisse,,fesE 'mqeuillebrec,ysceeldoéùcom
r
a'silecuitérss,cpeluqsuhiapurétceèdteapapéatértensuafsinam la pinosesedacnosnlfaonG
f m d am
a v m
ec e,lseecdom érom
eenttdriléovgeoliep.pJéa'bdoanrdselesm
ulaenncetm enen.t
deuanix-
o uv ra g e
tenantlo' bjetdecetravail. t à c e t
d e r n L i
earcCoanbtbieanelteenstplaostceienntiecel.«duAuVcoem rbe,m forecnecem acetivntefudtulePV rinecrbipee»q,udeitclae
p traludsuccotiornecotdfeictriealdeudireucopm rem m eiersucihtcaeppitreassdageeSim ainptJoertaannt.:M « E ansi,pilrinsceipraeit
fduantlselV e erbrinec»ip,ece'm
p st-àêm -diree.Aquinesil,alafoC rceababcateilveen,cserégiantreiceco,m exm istaenittelanpCoréteantiotienl
fduétmacocnortm e n pleeilspdaifrérecnetteesfaoprcpelicaptiorim
t n s o.rdiale,dontles 22hiéroglyphes
lpauV D e
i ,atrnosisicèem s2e2hcoym p o batniseasidoenlsa,cT
s eterinfoitérc,emseoetruéradliseetoenutem c haonsiefesetaxtioisntasndtee,
issaEnnce'étum d ianntifelsatéeC
a . abbael,lechercheurcommenceàcomprendreles
dlaivperuseisssacnocm e buniasV
d ionesrbdeem hl'iéraongifelystép.hPeenetsécee,tevocolom n t
ép,réahcetionsnoin;luteileenseesgitnlae
cT e rteinittérinreitéfléntéo'ef,frgirraâcdeeàpluaqissuanecleelqi'nueitis'éilpaobuiernacoorm ienptersirlasoT nrtrinaivtéasuil.pM r
ê m aesi,
sdauvPoLrinloacnipC téeaim,dupoV t
e nerbteeeettsdoenlaacV t
i
o n ei.nAuulerte.men,tsapenséeseradéroutée,
secsietnlacesoouurcbebliédbeea,elm péraptiqrsiéueeetprideuictuélisgéaeelm
toerbuetepsrolepsrem scieennctedsiet.tT p a erhn'lotm
sa'pm peelearve«uM g e
l agteiig»n.oC
e
deoutoetustelessleasutrreesligsiociennsc,ecsaroeclceueltesst, r a entet,
ltaeleSsceiqnuceeA d u V
l'msetrole'lostgdiea',iA l'eulcrhsim iete,em tc.,anneifesstaotionntqduuesdaevsobirrahnucm hesanid.ela
MaL geia,cM om l to u
àiln' cLaernM éalaeggeeim renofeyrm en d ee'tonutreterselensrleolaistiodneslaanveactuleres.D p l
a enpslussu,peléerieeunrsse.gine
gqruain,pda-prrsêatrev,oce— llounitM q u ahpdm
i iéné— t
ra i sdigannsiflieaitSnaoncnutm
t seueS lm an eotnrutm
c sagdee,m la asiaautusresi,
N
naisoL nesM desagefoérctaeistéd,eoptnarcerm lapounrtaeittévdeerssleesP inrtiennciptioenssu,pm rêm odeif.aitlescomb-i
ferméLaaucxlefydeuexladuSavgueslgeéaeluirest.elàtpdréevdaenstintnéoeuts,cpeaqrtouiulut,idéantasittoouutv,deratnéstalait
lm aso'm irom niqdureem n o uansiferesstaptioirnonvsi,tadlea,ndsanchsalaqugerabinaetem
esseesnntoauturérseldees.m iraoculessceotm depm
queinotm t
yoinsètsrelesqbuuetenotluesm d be,ndoetrelacpœ
e coéncasnidsim
lanuter.,N
éroensdecotm
daonuss
m e
d
cLeespm e s c h o aèlm S i n r
e n
nifeestadtioenlas,vnoieussepraoiturréiosonlusreetrtoleuvcyecrellafefrom rceé,A cl'rélpahtricaeedtO u'lV o u te
eérbgae.s
sL eescoetm r
o b
nfopnsdnraeiensotnentpuanserém êm eseenthtli'téu,m learennitoéusveeeldm etnetnsevraaiintacdcaonm m ps.il
anneaC v o l
u
uxeuldiuquSicehrpeercnhteNuanheasiscshuequnieel'lanstroeruevedepapslu,csarenilnpeluscoém é b a tropiterem s le
epnast.
edetnceavrteesutavpeacsadcecsehpyteprocehtèqseusilucom iem steoffofenrdt.aIltiopnrséfèerteqéudiisféie'crrounulechraâetdaèus n d
queL soeuM fleraagelesam it ; ocniadrresavceonntndeasisdanocuete.estbaséesurlarévélationtrans-
Ilim e sientrjuespqriutàs'onlupiépnaibrlelalabcheaunîreavdeecleladtroadutieto,pnouqséuip'laarclceepdtaéseirtdecosam v o pirri,t.
avlyacsaehnetdrdcehopanuneértcddreiussttagtrlaagdveeessrtsidneeérsdàaevrseacélepeuvreruom vesordaele,ipllupsréepnaraplusosndâm
ir,gouteàgoute,laSagesse.Son
ifficeicleom s.m Eneufinn,
doute se mua en foi, puis en certitude ; sa parole retrouva l'accord du
Verbe, et son geste la réalisation de la forme animée.
Ces quelques lignes font comprendre que ce n'est pas dans les Univer-
sités, ni dans les cours « par correspondance » qu'on peut apprendre la
Magie. Son étude est strictement personnelle et individuelle et demande
un long entraînement qui rebute le plus grand nombre des néophytes,
tant il leur paraît difficile et inutile.
Sans ce travail, le chercheur reste aveugle et sourd et ne pourra
acquérir aucune parcelle de la Sagesse.
Ce n'est pas en copiant aveuglément quelques signes qu'on peut
confectionner un talisman actif, ni en traçant un cercle quelconque qu'on
se mettra à l'abri d'une attaque de l'au-delà.
Aussi, tous les grimoires et « secrets magiques » publiés par de soi-
disant initiés ne sont en somme que des manœuvres propres à duper les
crédules et à enrichir les « mages » dénués de tout scrupule.
En publiant ce livre, je n'ai point pour objectif de divulguer ce qui
doit rester sous le voile, ni de donner des recettes pour les curieux. Je
désire seulement guider les pas du chercheur convaincu et vertueux.
Si celui-ci veut s'appliquer à gravir les degrés de l'échelle de Jacob, il
trouvera ici des éléments propres à le soutenir.
S'il persévère dans la montée avec constance dans ses intentions, il
rencontrera alors le MAITRE qui le jugera digne de subir les épreuves et
l'assistera.
Cet écrit, muet et fermé pour le vulgaire indigne, parlera et rayonnera
pour celui qui est mûr.
CHAPITRE PREMIER

LE BUT ET LES MOYENS

Celui qui, après avoir pesé sa détermination, veut entreprendre avec


succès l'étude des sciences occultes, doit s'imposer un but.
Je ne ferai pas état des curieux dont le seul objectif consiste à découvrir
dans les sciences mystérieuses quelques secrets dont la réalisation facile
est susceptible d'étonner la foule toujours avide de manifestations sur-
naturelles. Malheureusement, la majorité des gens qui tentent une incursion
dans le domaine de l'occulte versent dans ce travers. C'est ainsi que se
justifie la vogue de toutes les « magies noires et blanches », des « secrets »
et autres grimoires dont les titres contiennent des promesses alléchantes
pour le naïf qui veut, sans effort, faire servir le mystère à ses distractions.
Les charlatans qui vivent de cette littérature stupide connaissent bien
leur public et savent que le phénomène de production facile seul l'intéresse.
Les ouvrages que je présente ne sont pas destinés à cette catégorie
de lecteurs. Si vous avez quelque parenté avec ces derniers, fermez ce livre,
car vous n'y trouverez rien de nature à satisfaire votre curiosité, non plus
qu'à épater ceux qui vous entourent.
Aborder l'étude de la Sagesse antique implique un dur labeur qu'il
faut mener avec persévérance. Celui-là seul qui s'est imposé un but pourra
accomplir la tâche entreprise. Le processus employé est analogue à celui
qu'impose l'étude des sciences positives. L'élève veut-il faire un ingénieur,
un médecin, ou simplement un homme instruit ? Veut-il obtenir un diplôme
en vue d'occuper un emploi qui assure son existence dans le domaine qu'il
a choisi ? Les cours, les devoirs, les examens constitueront les épreuves
qu'il doit subir pour prouver qu'il a bien assimilé l'enseignement donné.
Il devra, par l'analyse patiente, développer en lui l'esprit de synthèse.
Mais, dans les universités officielles, le vrai savant est rare et la plupart
des étudiants se contentent de connaissances superficielles, suffisantes
pour l'obtention d'un diplôme quelconque. En général, le savoir intégral
n'est pas recherché, mais seulement l'étiquette de ce savoir : le diplôme
enlevé avec le minimum d'efforts et appelé à assurer le maximum de bien-
être.
Souvent, la vocation du prêtre est malheureusement de même ordre
avec les mêmes tendances matérielles.
Le jeune homme qui choisit le service de Dieu regarde ce service
comme une carrière, un gagne-pain. Il ne sent pas qu'il commet un sacri-
lège chaque fois qu'il se présente devant l'autel avec une âme qui n'est
pas purifiée et dont le manque de préparation lui interdit de communiquer
avec le plan supérieur. Sa prière sera de valeur nulle et il est condamné
à un avenir lamentable.
Toute autre est la situation du prêtre par vocation, mû par une foi
profonde et qui comprend son rôle de véhicule destiné à assurer l'échange
des courants entre les différents plans. Rôle noble et pur entre tous. Ceci
exige une grande domination de soi-même pour s'élever spirituellement,
devenir le vase d'élection du sacerdoce. Pour arriver, il lui faudra dompter
ses instincts inférieurs, accepter le mal être et mépriser toute récompense
ici-bas. Il engage avec son corps une lutte où la lumière de l'esprit doit
avoir raison des ténèbres de la matière. La bataille a lieu au milieu des
tempêtes de la vie qui risquent d'éteindre à tout moment le flambeau
du spiritualisme.
Nombreux sont ceux qui succombent et sont engloutis dans les
ténèbres des passions. Ils deviennent des professionnels et non des serviteurs
de Dieu. Quelques-uns, très rares, parviennent à faire rayonner autour
d'eux la clarté de l'état supérieur qu'ils réfléchissent. Ce sont des saints.
Leur foi est éprouvée et aboutit au savoir ; leur pouvoir est superhumain,
car il est absolument désintéressé, puisqu'ils possèdent la Sagesse.
En vue de faciliter la lutte contre les passions, aussi bien dans la
religion chrétienne que dans d'autres, des monastères se sont constitués ;
des ermites recherchent l'isolement. Cela ne veut pas dire que tous les
moines soient des saints, pas du tout ; mais que le but du monastère est
de créer une ambiance favorable à la concentration spirituelle en échappant
aux tentations du monde.
J'ai donné ailleurs (i) quelque idée de la vie des moines du mont
Athos et du Thibet où les novices sont astreints à des besognes manuelles
très dures. Ils se révoltent d'abord, car ils n'ont pas quitté leur milieu
pour éplucher des pommes de terre ou pour fendre du bois. Leur volonté
finit par se plier sous celle du Maître qui, par une stricte disciplin e et
des pratiques qui ne paraissent avoir aucune relation avec le spiritualisme,
façonne l'âme du néophyte. D'une matière brute, on obtient ainsi un
vase de pur cristal, prêt à recevoir la Lumière et à l'irradier à son tour.
Mais tous ceux qui entreprennent cette initiation, ne parviennent pas
au but. Un grand nombre lâche pied et revient au point de départ/esclaves
de leurs besoins. D'autres épluchent docilement les pommes de terre
jusqu'à la fin de leurs jours. Quelques-uns, seulement, des' élus, dont
l'âme s'est purifiée, reçoivent un jour l'ordre de leur Maître de devenir
ermites à leur tour, car ils sont armés et prêts pour la lutte. Les pratiques
qui ne semblaient présenter rien de commun avec le spiritualisme discipli-
nèrent l'âme du néophyte et la préparèrent au labeur mystique. Lutte
différente de l'autre, mais infiniment plus sévère qu'on ne peut se l'imaginer.
Celui qui sort victorieux de cette lutte devient un saint homme, sage par
sa foi, puissant par sa sagesse.

(i) Foyer de lumière, Psyché, février 1929.


J ' a i p r i s ces d e u x e x e m p l e s d u s a v a n t e t d u r e l i g i e u x , c a r , a i n s i q u e
je l'ai d i t , la m a g i e e s t la s o u r c e d e l a q u e l l e s o r t e n t d e u x f l e u v e s : la s c i e n c e
e t la r e l i g i o n .
L e s f o n d a t e u r s d e s g r a n d e s r e l i g i o n s ( M o ï s e , B o u d d h a , e t c . ) , les
g r a n d s p h i l o s o p h e s d o n t s ' h o n o r e l a S c i e n c e h u m a i n e à s o n d e g r é le p l u s
é l e v é ( P y t h a g o r e , P l a t o n , e t c . ) a v a i e n t r e ç u l ' i n i t i a t i o n d a n s les t e m p l e s .
Ils s ' o r i e n t è r e n t v e r s les b r a n c h e s d u s a v o i r e n h a r m o n i e a v e c l e u r s
aptitudes.
L e M a g e , l ' i n i t i a t e u r s u p r ê m e , é t a i t à la f o i s u n s a g e e t u n g r a n d
p r ê t r e . S o n é l é v a t i o n d é f i n i t i v e e x i g e a i t le d é v e l o p p e m e n t c o m p l e t d e la
s a g e s s e e t d e la p u r e t é , d o u b l e e f f o r t e t l u t t e c o n s t a n t e p o u r p o u v o i r
a v a n c e r s u r la s p i r a l e d ' é v o l u t i o n . C e q u i le d i f f é r e n c i a i t d u s a v a n t , c ' é t a i t
s o n p o u v o i r i s s u d e la S a g e s s e e t g u i d é p a r la p u r e t é . C e q u i le d i f f é r e n c i a i t
d u p r ê t r e , c ' é t a i t s o n s a v o i r q u i r e m p l a ç a i t la f o i , c a r il s a v a i t d i r i g e r les
f o r c e s c r é a t r i c e s d e la n a t u r e e n s ' é l e v a n t v e r s les p l a n s é l e v é s d e s c a u s e s
e t d e s effets. O n c o n ç o i t q u e ce n ' e s t p a s d a n s n o s U n i v e r s i t é s , n i p a r d e s
c o u r s q u e l c o n q u e s , q u ' o n p e u t é t u d i e r la M a g i e . C e n ' e s t p a s , n o n p l u s ,
d a n s les m o n a s t è r e s e t u n i q u e m e n t p a r la p r a t i q u e d e l a p r i è r e , q u ' o n p e u t
d é v e l o p p e r e n s o i les f a c u l t é s q u i c a r a c t é r i s e n t le m a g e . Il n ' e x i s t e p a s d e
c o u r s d e m a g i e , c a r , t o u s ces « t r a i t é s », « m a n u e l s », « g r i m o i r e s », e t c . ,
s o n t aussi loin de l ' e n s e i g n e m e n t m a g i q u e q u e n ' i m p o r t e q u e l a u t r e livre.
L e seul livre, t o u j o u r s o u v e r t d e v a n t n o s yeux, mais q u e n o u s n e s a v o n s
p a s lire, c ' e s t la n a t u r e ; c a r la m a g i e e s t e s s e n t i e l l e m e n t la S c i e n c e d e la v i e .
O r , le m y s t é r i e u x é c r i t q u e n o u s c o n t e m p l o n s t o u s les j o u r s e s t t r a c é
a v e c d e s m a n i f e s t a t i o n s v i t a l e s d o n t le s e n s s e c r e t e t s a c r é é c h a p p e a u x
yeux du profane.
L e s e c o n d l i v r e q u i t r a i t e d e s m ê m e s q u e s t i o n s , m a i s o ù les l o i s d e
la v i e s o n t c o o r d o n n é e s e t t r a d u i t e s p a r u n s y m b o l i s m e c o n v e n t i o n n e l , e s t
le T a r o o u R o t a . O n n e p e u t é t u d i e r l ' u n s a n s c o m p r e n d r e l ' a u t r e ; c o m m e
les h i é r o g l y p h e s d ' u n e l a n g u e i n c o n n u e r e s t e r o n t m u e t s p o u r c e l u i q u i
n ' e n p o s s è d e r a p a s la clef.
D e ce q u i p r é c è d e , o n c o m p r e n d q u e , p o u r a b o r d e r l ' é t u d e d e la
m a g i e , il f a u t p o s s é d e r d e s c o n n a i s s a n c e s a s s e z a p p r o f o n d i e s d e s S c i e n c e s
matérielles. C'est que, c o m m e dit R e u c h l i n : « P o u r c o m m e n c e r l'étude
d e la m a g i e , il f a u t a v o i r é t u d i é d ' a b o r d t o u t e s les s c i e n c e s ». D a n s l ' A n t i -
q u i t é , t o u t e s les s c i e n c e s é t a i e n t e n s e i g n é e s d a n s les t e m p l e s , s e u l s f o y e r s
de culture et de civilisation d ' o ù s o r t a i e n t aussi b i e n des architectes, des
m é d e c i n s , d e s a r t i s t e s q u e d e s h o m m e s d ' E t a t o u d e s p h i l o s o p h e s . Il n e
f a u t p a s c r o i r e q u e t o u s ces s a v a n t s é t a i e n t d e s i n i t i é s . D u t o u t . U n j e u n e
h o m m e d é s i r e u x d ' é t u d i e r u n e b r a n c h e q u e l c o n q u e se p r é s e n t a i t d a n s u n
t e m p l e , o ù , c o m m e d a n s n o s F a c u l t é s , il s u i v a i t les c o u r s q u i l ' i n t é r e s s a i e n t .
Il p o u v a i t s ' e n t e n i r là e t m e t t r e e n p r a t i q u e le s a v o i r a c q u i s . T o u t e f o i s ,
c e l u i q u i se s e n t a i t d e s a p t i t u d e s p o u r les S c i e n c e s s a c r é e s r e s t a i t d a n s le
t e m p l e e t se c o n s a c r a i t à l ' é t u d e d e la h a u t e S a g e s s e . Il d e v a i t ê t r e p r é -
destiné, puis, p a r u n travail c o n s i d é r a b l e , p a r des é p r e u v e s de p l u s en
p l u s difficiles, il p u r i f i a i t s o n â m e e t d é v e l o p p a i t ses f a c u l t é s s p i r i t u e l l e s .
L ' i n i t i a t i o n é t a i t i n d i v i d u e l l e ; c a r , ce q u e l ' u n p e u t o b t e n i r a v e c a s s e z
d e f a c i l i t é , u n a u t r e m e t t o u t e s a v i e p o u r le r é a l i s e r . L ' e n s e i g n e m e n t é t a i t
s t r i c t e m e n t p e r s o n n e l e t o r a l . L e M a î t r e s e u l p o u v a i t j u g e r si le d i s c i p l e
é t a i t p r ê t à f r a n c h i r u n e n o u v e l l e é t a p e s u r la r o u t e r o c a i l l e u s e e t e s c a r p é e
q u i m è n e à la l u m i è r e . L a C a b b a l e é t a i t t r a n s m i s e c h a î n o n a p r è s c h a î n o n
à celui qui e n était j u g é d i g n e et p r ê t à p o u v o i r l'accepter. C ' e s t u n e chaîne
d ' o r q u ' a u c u n e m a i n i m p u r e n e d o i t s o u i l l e r . L e d i s c i p l e , g u i d é p a r le
Maître, travaille, résout des questions et subit des épreuves. S'il reste
au-dessous de ce qu'on attend de lui, il s'éloigne de lui-même du but à
atteindre, car le maître n'explique pas. La compréhension ne vient qu'à
celui qui est mûr. Celui qui ne l'est pas cherchera en vain et ne trouvera
jamais. C'est par une discipline sévère, par des épreuves qui, dans les
débuts, semblent n'avoir aucun rapport avec le but envisagé, que le maître
assouplit et soumet à la sienne la volonté du disciple et c'est cette même
discipline constante qui lui facilitera l'accès des plans supérieurs.
Il ne suffit pas de comprendre les lois de la nature ; il faut savoir les
appliquer. C'est exactement comme un théoricien qui, dans le domaine
électrique, serait incapable de manier un appareil. Son savoir serait de
nulle valeur s'il ne se manifestait pas en acte.
Or, la formule exprimée par Eliphas Lévi dans Dogme et Rituel de Haute
Magie rend assez bien ce que l'on doit exiger du Mage : « Savoir pour oser,
oser pour vouloir, vouloir pour posséder l'empire, et se taire ». Cette
dernière condition est indispensable, car celui qui divulgue la Sagesse
suprême commet un mal impardonnable. C'est de lui qu'il est dit dans les
Ecritures : « Il vaut mieux qu'il s'attache une pierre au cou et se jette à
l'eau que de tenter un de ses semblables ». De plus, il perd le rang qu'il
avait acquis dans son évolution et rompt la chaîne de la tradition qui
l'unit à ses maîtres.
De nos jours, où la vie trépidante est uniquement orientée vers le
bien-être en vue de réaliser une sorte de paradis terrestre avec le minimum
de peine, l'étude des sciences occultes devient plus ardue encore.
Il n'existe plus d'écoles initiatiques (du moins en Occident). Le
chercheur doit se débattre dans le réseau machiné de la vie moderne et
lutter pour ne pas être englouti dans cette mer houleuse qu'est l'existence
actuelle.
Dans le monde antique, l'initiation dans une école où le disciple était
séparé du monde et de ses attraits, soumis à une discipline, était chose
difficile et inaccessible pour la plupart des humains. Que dire alors de
celui qui, de nos jours, au milieu des difficultés qui l'environnent, veut
parvenir à la source du savoir ? Ces difficultés peuvent sembler insur-
montables et on peut supposer que la Sagesse est fermée à l'homme du
xxe siècle. Ce n'est pas tout à fait exact. L'effort demandé est, il est vrai,
plus grand ; et le désir sincère doit être plus ardent, la tâche n'en est que
plus méritoire.
L'étudiant débute par la curiosité, continue par la lecture. Il se rend
compte au bout de peu de temps que les recettes des différents grimoires
ne donnent pas les résultats attendus. Il ne suffit pas, en effet, de copier
scrupuleusement des signes qu'on ne comprend pas ou de réciter une
formule privée de sens. Mais si son âme est prête à recevoir l'enseignement,
il ne se découragera pas, il persévèrera, sentant intuitivement que sous
ces conjurations bizarres, sous ces signes étranges ou incompréhensibles,
il y a quelque chose qui lui échappe et que ce quelque chose est l'essentiel.
Il médite, travaille à se perfectionner et un jour vient, qui lui apporte
la lumière et dissipe les nuages derrière lesquels il pressentait la vérité.
Ses horizons s'élargissent, il ne se sent plus le même tant ses conceptions
se trouvent modifiées. S'il persévère avec les mêmes intentions louables
exemptes de tout intérêt matériel, adaptant son existence aux règles de la
sagesse, le Maître entendra son appel et apparaîtra un jour venant pour
le conduire sur les chemins de l'Initiation.
Or, même dans la vie actuelle, au milieu de l'incohérence qui nous
entoure, il est possible, pour celui qui le veut sincèrement, d'approcher
des sources de la Sagesse.
Celui qui atteint cet ultime but a gagné le point le plus élevé qu'il
soit donné d'atteindre à un incarné.
Le but de ce livre est précisément de faciliter une telle ascension et
préparer le chercheur à recevoir le guide attendu. Ce but est exprimé par
le nombre du symbole 22 qui le ramènera à la conception du principe.
Les moyens sont exprimés par les trois gammes septenaires consécutives
formant les vingt et un degrés de l'Echelle de Jacob.
Les symboles qui figurent dans le chapitre qui suit ne divulguant
rien au profane aideront le penseur sincère à découvrir la direction qu'il
doit suivre dans son travail. Je me suis efforcé d'éliminer toutes les erreurs
imputables à des copistes illettrés ou à des charlatans ignares. J'ai respecté,
dans ma trilogie, la vraie tradition dans son initiale pureté.
Que le lecteur scrute et médite sur les pages qui viennent et les
résultats obtenus répondront à sa persévérance et à son potentiel moral.
CHAPITRE II

LES SYMBOLES

Comme on le sait, la Sagesse antique est contenue tout entière dans


les 22 symboles qui sont les 22 lettres de la langue sacrée, les 22 arcanes
majeurs et leurs correspondants les 22 nombres, expression de leur signi-
fication numérale. Ces symboles représentent aussi bien le Macrocosme
que le Microcosme (Univers créé). Or, les douze signes du Zodiaque et
les sept planètes leur sont rattachés ainsi que les diverses parties du corps
humain et des facultés de l'homme. De plus, à chaque symbole correspond
un nom divin qui définit son principe, une catégorie d'anges ou d'entités
supérieures exprimant sa puissance ou son âme, et une qualité humaine
qui réalise sa manifestation.
La connaissance de ces noms donne à l'étudiant la valeur de chaque
symbole.
Les planches ci-jointes ne sauraient être considérées comme des cartes,
elles ne sont que des expressions schématiques et sommaires du Tarot
ancien.
J'ai figuré, sur chacune de ces planches, les différentes interprétations
symboliques des figures en diverses langues conventionnelles pour faciliter
à l'étudiant le déchiffrement des pantacles, des talismans ou autres écritures
magiques.
Enfin, on trouvera au bas de chaque planche le sens abstrait de chaque
symbole afférant à l'arcane.
J'aime à croire que cette présentation facilitera l'étude des documents
pantaculaires dispersés dans mes deux ouvrages précédents.
I

L'homme, comme son prototype, Dieu, doit travailler sans cesse.


Ne rien vouloir ou ne rien faire mène à la chute aussi bien que faire le mal.
Une volonté ferme et la confiance en soi, appuyées sur la raison et la
justice, conduiront l'homme au but suprême et le garderont sur sa route
de tout danger.
II

L'esprit de l'homme régi par la volonté progresse dans la recherche


de Dieu. Le Créateur dit : « Que la lumière soit ! », et l'obscurité fut
dissipée. L'homme doit dire : « Que la vérité et le bien soient avec moi ».
Et, si sa volonté est orientée vers la vérité, il en verra le rayonnement.
Guidé par cette clarté, il atteindra le but idéal vers lequel il tend. Au
cours de son évolution, l'homme doit frapper à la porte du savoir, celle-ci
s'ouvrira, mais, au préalable, il lui faut étudier le chemin à prendre pour
ne pas s'égarer dans le labyrinthe. Il se retournera vers le soleil de la vérité
et il comprendra. Il devra garder le silence pour ne pas prêter le flanc à
la critique des profanes.
III

Désirer ardemment le vrai et le beau détermine leur reflet dans


l'homme. Désirer le contraire, c'est courir à l'abîme. L'homme peut
espérer le succès dans ses entreprises à condition de joindre l'acte à la
pensée équilibrée. Le résultat donnera le bien.
IV

Rien" ne résiste à une volonté tenace appuyée sur le levier de la sagesse,


du bien et de la justice. Le travail de l'homme, ainsi orienté, constitue
son droit, mais surtout son devoir. Le vainqueur de cette lutte accomplit
sa mission ; s'il tombe avec abnégation, il gagne l'immortalité. L'accom-
plissement de ses désirs appartient à un être plus puissant que lui. Il doit
chercher à le comprendre ; s'il réussit il peut compter sur son appui.
V

Chacun oriente sa vie selon sa volonté. Le génie du bien se tient à


droite de l'homme, le génie du mal à sa gauche. Sa conscience entend
leurs voix. Or, pour pouvoir guider ses actes sur le chemin du salut il
faut écouter sa propre conscience.
VI

Pour la plupart des incarnés, le vice exerce une séduction supérieure


à celle de la vertu. De nombreux obstacles se dressent sur la route de
l'homme, des possibilités contraires se présentent et font chanceler sa
volonté entre des décisions contradictoires.
L'incertitude est pire qu'un choix défectueux. Il faut savoir prendre
une décision en se disant que très souvent il est plus facile de briser une
chaîne qu'une couronne de fleurs.
VII

L'empire du monde appartient à ceux qu'éclaire la lumière mysté-


rieuse de la vie. L'homme guidé par cette lumière renversera tous les
obstacles pourvu qu'il s'arme de courage et respecte la vérité.
VIII

Vaincre les difficultés n'est qu'une partie du devoir incombant à


l'homme. Pour l'accomplir, il faut savoir établir l'équilibre entre les forces
qu'il a déclanchées. Chaque action évoque une réaction. La volonté
raisonnée doit prévoir l'attaque des forces hostiles qui peuvent anéantir
ou affaiblir l'être. Toute action oscille entre le bien et le mal et toute raison
ne sachant pas équilibrer ses actes ressemble à un soleil éteint.
IX

La prudence est la cuirasse du Sage ; la perspicacité lui évite la chute


dans l'abîme et le danger des pièges. La prudence dans les actes les plus
insignifiants est recommandée à l'homme. Rien n'est à négliger. Un petit
caillou peut faire verser le char du conquérant du monde. Savoir se taire
est plus indiqué que jeter des paroles dans le vent.
X

Pour pouvoir, il faut vouloir. Pour vouloir activement, il faut oser.


Pour oser avec succès, il faut savoir garder le silence. Pour acquérir le
droit du pouvoir et du savoir, il faut vouloir patiemment et avec persé-
vérance. Et, pour maintenir le point culminant de la vie, si l homme
l'atteint, il faut qu'il puisse regarder d'un œil tranquille le fond de l'abîme.
XI

Pour pouvoir, il faut avoir la foi dans son pouvoir. L'homme qui
croit marche en avant et les obstacles disparaissent devant lui comme des
fantômes. Pour devenir fort, il faut éteindre en soi les faiblesses du cœur
et faire son devoir, guidé par la justice.
XII

Le sacrifice est une loi divine qui règne sans exception sur toute la
Création. L'homme ne doit en attendre aucune récompense. Il doit au
contraire se résigner à l'ingratitude humaine. Son âme doit être prête à
tout instant à rendre ses comptes au Créateur.
Si la mort violente survient, l'homme doit l'accepter et pardonner à
ses semblables qui attentèrent à sa vie ici-bas. Car il est dit que celui qui
ne pratiquera pas le pardon sur cette terre sera condamné à la solitude
dans l'au-delà.
XIII

Ce qui est sur la terre est passager et court. Les plus forts sont fauchés
comme l'herbe des prairies. La décomposition du corps physique
commence avant même que l'homme s'en aperçoive. Il ne doit en éprouver
aucune crainte, car la mort n'est que la naissance dans une autre vie.
L'univers absorbe continuellement tout ce qui sort de son sein et n'est pas
spiritualisé. Or, celui qui dompte ses instincts, l'âme, en accord parfait
avec les lois universelles, crée en lui-même un homme nouveau, l'homme
céleste destiné à l'immortalité.
XIV

Il faut rassembler ses forces pour ne reculer devant aucun effort et


franchir tous les obstacles avec persévérance, telle la goutte d'eau qui use
le marbre le plus dur.
XV

Un chêne séculaire et robuste affrontant orages et tempêtes fut un jour


brûlé par un éclair. Que l'homme médite cet exemple et ne tire aucune
vanité de sa sagesse et de sa puissance, car il ne possède pas la clef du
Destin,
XVI

Toute épreuve de malheur acceptée avec résignation est un progrès


accompli, dont l'homme est récompensé. Souffrir, c'est travailler à se
libérer de la matière, c'est construire son immortalité.
XVII

L'espérance est sœur de la foi. Celui qui s'affranchit de ses passions


et de ses erreurs obtiendra la clef de la vraie sagesse. Il verra un rayon
s'échapper du sanctuaire, disperser les ténèbres qui voilent l'avenir afin
de le guider sur le chemin du salut. Même dans les épreuves capitales
de la vie, l'homme ne doit jamais détruire les fleurs de l'espoir. Ce faisant,
il récoltera les fruits de sa foi.

Licence eden-19-7-6224024-7-105602476-24953654 accordée le 28


janvier 2023 à 6224024@7.com
XVIII

Celui qui, sans être qualifié, tente l'inconnu prépare lui-même sa chute.
Les esprits nocifs figurés par le loup lui tendent des pièges ; les esprits
bienveillants symbolisés par le chien lui cachent leur perfidie sous le
masque de la flatterie et les esprits paresseux représentés par l'écrevisse
guettent le moment de sa chute. L'homme averti doit observer, écouter
et se taire.
XIX

La lumière du mystérieux est un fluide dangereux mis par la nature


au service de la volonté. Elle éclaire celui qui saura la diriger et elle foudroie
celui qui méconnaît sa puissance ou qui en abuse.
XX

Tout bonheur terrestre est éphémère alors qu'il semble stable. L'élé-
vation de l'esprit est un fruit que l'homme doit s'attacher à faire croître
au cours de ses épreuves consécutives. Qu'il ne perde jamais l'espoir
dans la douleur et qu'il s'attende à une épreuve au sein du bien-être.
L'insouciant ou le paresseux, au moment où ils le soupçonnent le moins,
verront tourner la roue de la Fortune et le Sphinx les précipiter dans
le gouffre.
XXI

Pour élever son esprit, l'homme doit racheter les fautes qu'il a
commises au cours de ses pérégrinations terrestres.
XXII

La domination — pouvoir de lumière — est un trône préparé par le


Créateur pour une volonté purifiée. Le bonheur du Mage réside dans
le fruit de la connaissance du bien et du mal. Toutefois, celui qui saura
se maîtriser pour échapper à la séduction pourra cueillir ce fruit.
CHAPITRE III

LES SYSTÈMES

Les 22 symboles du chapitre précédent contiennent tous les éléments


de la création représentés hiéroglyphiquement. Chaque hiéroglyphe
exprime schématiquement une combinaison déterminée de forces ; mais,
pour utiliser ces forces, il faut savoir les conjuguer judicieusement. On
se rappelle qu'il est dit dans le S. I. :
« Comment les a-t-il tracées et effectuées ? (Combinaisons et trans-
positions). Une lettre avec toutes et toutes les lettres avec une ; deux avec
toutes et toutes avec deux, et ainsi de suite ; et il se trouve 231 rangs.
Ainsi, tout ce qui a été créé et tout le Verbe a la même origine » (S.I. ch. II.
Voir Essai d Astrologie Cabbalistique).
De ce fait, naquirent différents systèmes de combinaisons dont j'ai
dit quelques mots dans la Rota. Les plus usités sont les suivants : Tziruph,
Aïn Becar, les carrés magiques, le Schemamphorasch ou table des
72 noms (1), la table des arcanes mineurs, et, enfin, la Rota qui réunit en
elle tous les systèmes.
Afin de faciliter au lecteur qui ne possède pas la langue hébraïque
la compréhension des règles de la transposition, les lettres sont présentées
dans leur valeur numérique ; mais, il ne faut pas croire que la table ainsi
constituée se rapporte strictement à la valeur numérale. Ces opérations
répondent, au contraire, à tous les aspects sous lesquels on peut considérer
la lettre ; étude que le chercheur peut entreprendre dès qu'il a compris
les règles mathématiques qui servent de base à la méthode.
Avant d'exposer les systèmes précités, il est bon de rappeler les
principes sur lesquels s'appuient ces systèmes et qui sont le Notarikon,
la Temurah et la Guematria.

(1) Cette dernière a été décrite dans l'Essai d'Astrologie Cabbalistiqud, z6 partie.
Toutes ces méthodes appartiennent au domaine de la cryptographie.
Le N o t a r i k o n est basé sur cette considération que chaque lettre d ' u n
m o t peut être prise c o m m e la lettre initiale d ' u n nouveau mot. Ainsi, un
m o t quelconque peut d o n n e r naissance à plusieurs qui contribueront à
l'explication plus détaillée d u m o t générateur. D ' a u t r e part, chaque lettre
de l'alphabet ayant sa d é n o m i n a t i o n propre, on peut développer celle-ci
d'après les lettres qui c o m p o s e n t son n o m (i).
Le système de la T e m u r a h c o m p o r t e la transposition de lettres d ' u n
mot, p r o d u i s a n t de n o u v e a u x m o t s d o n t la signification précisera le sens
mystérieux d u m o t de départ. Ces transpositions ou T z i r u p h i m servirent
de base p o u r établir la table de Tziruph.
Enfin, le système de la G u e m a t r i a est p u r e m e n t mathématique. O n
applique les m é t h o d e s de calcul ordinaire sur les lettres c o m p o s a n t un mot.
Les règles qui servent de base à la table d ' A ï n Becar et à l'Astrologie
o n o m a n t i q u e découlent de ces mêmes principes.
T o u t e s ces combinaisons sont loin d'être u n passe-temps enfantin,
c o m m e o n serait tenté de le croire. La Sagesse universelle se t r o u v e cachée
dans 22 symboles qui, pour le vulgaire, se présentent sous l'aspect d'un
simple jeu de cartes ; mais les procédés adoptés par les cabbalistes sont,
comme l'a dit Eliphas Lévi, « simples comme un jeu d'enfant et complexes
comme le problème le plus compliqué », les résultats qu'on en obtient
sont stupéfiants.
J'ai donné la table du Schemamphorasch dans mon Essai d'Astrologie
Cabbalistique, je m'y arrêterai un instant pour compléter ce que j'ai dit
à ce sujet.
Schemamphorasch signifie « le nom de 72 lettres », ou, autrement,
« le nom révélé ». Il est composé, d'après les règles du Notarikon et de la
Temurah, de trois des versets de l'Exode contenant chacun 72 lettres.
Un de ces versets commence par le mot Vayisa, un autre par Vaiaba, et
le dernier par 1Vaiet. On écrit les lettres composant le premier et le dernier
de ces versets de gauche à droite et celles du verset médian de droite à
gauche, dans leur ordre respectif. Chaque groupe de trois lettres ainsi
obtenu représente la racine d'un nom auquel on ajoute la terminaison
El ou Iah qui représente elle-même un nom divin.
Ces mêmes lettres peuvent subir des mutations selon les règles du
Tziruph ou être travaillées par le système de la Guematria. Ces opérations
donneront toujours des révélations inattendues au chercheur consciencieux
qui veut devenir un « baalschem », c'est-à-dire celui qui possède « le nom ».
Il n'est pas nécessaire de donner d'autres explications sur ces sujets
qui- font l'objet d'un travail strictement personnel, travail qui seul a de
la valeur et oriente sur la voie rationnelle. C'est pourquoi je limite ici
mes commentaires ; on trouvera plus loin les tables dont il est question,
et l'étudiant désireux de progresser pourra les scruter à loisir.
Ainsi que le lecteur peut s'en rendre compte par l'examen des tables
ci-jointes, il est facile de composer de nombreux dispositifs analogues
qui permettront de réaliser les combinaisons de lettres les plus variées.
Ces tables sont toutes basées sur le verset du Sepher Ietzirah relatif à ces
mêmes combinaisons : « Une avec toutes et toutes avec une ; deux avec
toutes et toutes avec deux » (S.I.) et ainsi de suite.
J'ai donné ici, à titre d'exemple, la table droite rationnelle, prototype

(1) Pour les exemples, voir Essai d'Astrologie Cabbalistique, 2e partie, ch. III, p. 70-
d e t o u t e s les a u t r e s t a b l e s , p u i s u n e t a b l e i r r é g u l i è r e e t e n f i n d e u x t a b l e s
d e c o m b i n a i s o n s p a r d e u x lettres.

TABLE T Z I R U P H DROITE RATIONNELLE


- T A B L E S DES C O M B I N A I S O N S T Z I R U P H

Comme on le voit, dans les tables tant rationnelle qu'irrégulière


contenant une lettre par carré, il est indispensable que dans chaque sens,
c'est-à-dire de haut en bas et de droite à gauche, on retrouve toujours,
dans la figure, les 22 lettres ou les nombres qui leur correspondent de
i à 400.
Les tables avec deux lettres par carré permettent d'établir des dia-
grammes de vibrations dont les graphiques s'apparentent à ceux qui
définissent les noms angéliques obtenus par les carrés magiques. En
examinant attentivement l'ordre et la distribution des chiffres dans chacune
des lignes horizontales,il est facile de construire les diagrammes en question.
Table AIn Becar
i

Décomposition de l'Aïn Becar


LES T E R N A I R E S TIRÉS D ' A Ï N BECAR
S U I T E DU CHAPITRE I V

LES CARRÉS MAGIQUES

Dans la Rota, j'ai donné une idée de la formation des carrés magiques
que l'on trouve également dans la Philosophie Occulte d'Agrippa ainsi que
dans différents ouvrages sur la Magie. Comme je l'ai déjà dit, pour qu'un
carré soit réellement magique, c'est-à-dire pour qu'on puisse en tirer des
combinaisons déterminées, il ne suffit pas qu'il réponde seulement aux
conditions mathématiques exigées de ce genre de figures. De tels carrés
sont nombreux pour chaque planète et ces combinaisons augmentent
avec la quantité de chiffres qui les composent. L'appellation « magique »
ne saurait s'appliquer à ces carrés. Il serait plus correct de les nommer
autrement. Ils sont curieux, mais c'est tout. Le seul « carré magique »
qui, d'ailleurs, présente les mêmes particularités mathématiques que les
autres, est formé d'après une loi précise dont le schéma est indiqué par
Agrippa et reproduit par les occultistes qui ont suivi cet auteur, mais
sans y rien comprendre.
Ce carré « magique » construit, on en dégage les nombres nécessaires
formant une somme et constituant des racines qui réalisent un nom ou
une phrase générateurs d'une force précise et déterminée. Il ne faut pas
oublier que, dans la langue sacrée, le nombre et la lettre sont une seule
et même chose.
Les lettres-nombres à retenir dans le carré magique pour donner
naissance au nom voulu sont représentées schématiquement par les signes
du Génie ou du Daïmon, selon le but que l'on se propose.
Je laisse à la sagacité de l'étudiant le soin de trouver ces noms, car
il ne m'est pas permis de donner la solution de ce problème d'ordre occulte.
Je me borne ici à faire comprendre la construction des carrés en faisant
observer que le procédé qui permet de dégager le nom d'un carré est
analogue à celui qui sert à l'établir.
Dans les carrés ci-après, j'ai employé des chiffres et non des lettres
hébraïques pour faciliter l'application de la loi et les transpositions qu'elle
comporte. Mais il faut toujours se rappeler que le nombre n'est qu'une
expression de la lettre hébraïque et que pour pouvoir sortir le nom
(combinaisons des forces particulières à ces carrés) il faut remplacer les
chiffres par les lettres qui leur correspondent.

CARRÉ DE SATURNE

L'axe AB (4, 5, 6) n'est pas modifié et les transpositions se font


. symétriquement dans le sens des flèches de la figure.

Carré Magique Schéma Sa composition

CARRÉ D E JUPITER

Les transpositions consécutives s'accomplissent sur les lignes AB et


CD indiquées sur le schéma. La circonférence passe par tous les chiffres
qui ne changent pas de place, sauf ceux qui se trouvent sur les deux axes
de la figure.

Carré Magique Schéma Sa composition


CARRÉ D E MARS

L e s c h i f f r e s p l a c é s s u r les a x e s A B e t C D n e b o u g e n t p a s (13, n o m b r e
à l ' i n t e r s e c t i o n de A B et C D est i n s c r i t dans u n p e t i t cercle). Les d e m i -
c i r c o n f é r e n c e s E F G H i n d i q u e n t les t r o i s n o m b r e s q u i se t r a n s p o s e n t
. s y m é t r i q u e m e n t . L e u r m o d e d e p l a c e m e n t e s t i n d i q u é p a r la d e m i -
circonférence E.

Carré Magique Schéma Sa composition

CARRÉ DU SOLEIL

Les transpositions s'effectuent le long des diagonales AB et CD et


sur les courbes E, F, G,' H. Les nombres 3, 33, 13 et 18 sont déplacés
comme l'indique le schéma.

Carré Magique Schéma Sa composition


CARRÉ D E VÉNUS

Les transpositions sont effectuées d'après le schéma de Vénus. Les


axes AB et CD ne subissent aucune modification (le nombre 25 qui ne
bouge pas est marqué dans le schéma par un petit cercle).
Quatre groupes de six chiffres débordent le carré et se placent ensuite
suivant les lignes E, F, G, H, en se transposant deux à deux conformément
à la figure E du schéma.

Carré Magique Schéma Sa c o m p o s i t i o n

CARRÉ D E MERCURE

Les nombres qui se trouvent sur les diagonales AB et CD se trans-


posent le long de la ligne en commençant par les extrémités, ceux qui se
lisent sur EF et H G se remplacent mutuellement, de même pour les
éléments appartenant aux lignes IK et LM. Enfin, les quatre nombres qui
appartiennent aux quatre petits cercles restent à leur place.

t a r r é Magique Schéma Sa composition

Licence eden-19-7-6224024-7-105602476-24953654 accordée le 28


janvier 2023 à 6224024@7.com
CARRÉ D E LA L U N E

Les n o m b r e s placés s u r les d i a g o n a l e s r e s t e n t e n place ainsi q u e le


n o m bre central, e n t o u r é d ' u n petit cercle.
Les arcs triples m o n t r e n t q u e les t r o i s r a n g é e s de chiffres d é b o r d a n t
chaque côté d u carré c h a n g e n t respectivement de place en gardant entre
e u x l e u r o r d r e relatif.

Carré Magique Schéma Sa composition

De ce qui précède, le lecteur se rendra compte que les figures nommées


« intelligence du carré » n'ont aucune force symbolique. Elles ne repré-
sentent que des schémas de transposition et seraient sans valeur aucune
si on les adaptait à des pantacles ou des talismans. Elles se rapportent
uniquement au mécanisme de la construction des carrés.
Ainsi que je l'ai dit ailleurs, le carré magique étant constitué d'après
son schéma, on en tire une force bonne ou mauvaise susceptible d'être
utilisée dans une opération magique.
La succession des opérations qui précèdent est basée sur l'ordre des
planètes tel que l'indique le S.I. et non sur celui adopté par Ptolémée et
le Talmud (voir Essai d'Astrologie Cabbalistique, IIIe partie, chap. IV, 6).
C'est pourquoi la première planète envisagée est Saturne dont le
nombre est 3, radical du carré représentant le nombre de cases d'une ligne.
La planète qui suit, Jupiter, a pour nombre 4 et ainsi de suite jusqu'à la
Lune dont le nombre est 9.
SCHÉMA D E LA R O T A ( 1 )

(1) Pour les explications du système de la Rota, voir Essai d'Astrologie Cabbalisttque et
Rota.
ROTA DU S C H E M A M P H O R A C H
R O T A DES A R C A N E S MINEURS

TABLE DE N U M É R A T I O N DITE MAGIQUE

REMARQUE. — La vingt-deuxième lettre de l'alphabet, le Tau, est représentée en numé-


ration magique par une croix, c'est-à dire par l'hiéroglyphe exact du Tau sacré.
CHAPITRE V

LES CINQUANTE PORTES DE LA RAISON ET


LES TRENTE-DEUX VOIES DE LA SAGESSE

Le lecteur a conservé de la notion développée de la trilogie que


toutes les lois qui régissent l'Univers sont exprimées dans la structure
même de l'alphabet sacré. Savoir : l'Unité, sa division primordiale ; le
oui et le non équilibrés qui représentent le ternaire ; la gamme universelle,
loi des sept ; le cadre dans lequel se déroule la vie de toute la création,
loi des douze ; et enfin la loi décimale, les Sephiroth.
Tout ceci est contenu dans les 22 lettres de l'alphabet ; mais si l'on
prend la numération comme élément séparé, nous obtenons le nombre 32
(22 + 10) qui représente les 32 voies de la sagesse (1) que nous allons
étudier plus loin.
Dès à présent, pour comprendre comment elles sont obtenues, rappe-
lons ce qui est dit dans le S.I. : « Deux pierres bâtissent deux maisons ;
trois pierres bâtissent six maisons ; quatre pierres bâtissent vingt-quatre
maisons » (S.I., IV, 15). Ce texte définit la règle des transpositions de
lettres d'après le système Tziruph.
Ainsi, deux lettres donnent deux transpositions, trois en donnent six,
quatre en donnent vingt-quatre et ainsi de suite. Les 231 rangs dont fait
m e n t i o n le S.I. (chap. II, 5) sont obtenus, selon Guillaume Postel, de
la m a n i è r e s u i v a n t e : Si l ' o n m u l t i p l i e les 22 l e t t r e s p a r o n z e (les 10 S e p h i r o t h s
et l'indéfini Aïn-Soph) o n obtient 242 dont o n soustrait le m ê m e n o m b r e
1 l p o u r obtenir finalement 231.
O r le système analytique d u S.I. qui part de l'idée de D i e u qu'il
développe dans la création en se servant des combinaisons des lettres-
f o r c e s , est a p p e l é p a r les Cabbalistes « les t r e n t e - d e u x v o i e s d e la S a g e s s e ».

(1) Notons de plus que les cabbalistes qui tirent leurs déductions des livres de Moïse
ont remarqué que, dans le premier chapitre de la Genèse, le nom d'/Elohim est répété trente-
deux fois.
A ce système s'oppose un autre système déductif qui part de l'étude
des phénomènes naturels pour arriver, par l'analogie, à la compréhension
de Dieu. Il s'appelle les « Cinquante Portes de la Raison ».
Le premier système, basé sur la foi, développe l'évolution religieuse,
tandis que le second s'appuie sur l'observation par l'homme des phéno-
mènes de la nature et représente une évolution qui s'appuie sur la science.
Ces deux voies se complètent l'une l'autre. Aussi définissent-elles le
point de vue des Anciens qui confondaient le Sage et le Prêtre. D'après
la Cabbale, ces deux systèmes se rapportent aux deux Séphires du triangle
supérieur : les trente-deux voies émanant de la Séphire Chochma et les
cinquante portes de Binah. Selon Kircher, nul ne peut s'engager dans les
« voies de la Sagesse » sans avoir franchi les « portes de la raison ».
Avant d'aborder l'étude des 32 voies, nous exposerons le système
des « Cinquante Portes de la Raison ». Ces cinquante portes sont divisées
en six groupes cojiespondant aux six Séphiroth de construction, aux
six jours de la création, aux six dédoublements de l'unité selon l'enseigne-
ment traditionnel. (Voir Rota, chap. II ).

LES CINQUANTE PORTES DE L A RAISON

PREMIER GROUPE

LES PRINCIPES DES ÉLÉMENTS

1. Matière première, le chaos, le Iesch (mot obtenu par la transpo-


sition des lettres du mot Bereshit et signifiant matière première ayant donné
naissance à toute la Création).
2. Le vide, ce qui n'a ni vie, ni forme, le froid.
3. L'attraction, l'abîme au-dessus duquel planait l'esprit de Dieu
(Genèse). *

4. Première division, principe des éléments. « Viens vers moi », dit
Atoum à lui-même (Voir Rota, chap. II). La Balance qui était dans l'ancien
des jours (Zohar). Premier jour de la création Iod-yn-Yang.
5. Principe de l'eau (hiéroglyphe Mem, mère), deuxième jour de la
création.
6. Principe de l'air, évaporation de l'eau, Hé, principe passif.
7. Principe du feu, régi par Schin, maître du troisième septenaire
(chaud, vivifiant), action du principe actif Iod sur le principe passif Hé,
exprimé hiéroglyphiquement dans la lettre Aleph.
8. Principe de la terre « aride et sans vie », le Geb égyptien, commen-
cement du troisième jour. Séparation du sec et de l'humide.
9. Principe des qualités de différenciation de ces éléments.
10. Principe de leurs mutations (mélange).
IIE G R O U P E

LES DIX MUTATIONS (MÉLANGES)

11. Différenciations des minéraux par la division du principe de la


terre, régi par la lettre Coph.
12. Les couleurs et les éléments nécessaires à la production des
métaux, régi par la lettre Vau.
13. Les sources et les veines qui se trouvent dans les cellules de la
terre.
14. Naissance de la vie végétative. Fin du troisième jour. Régi par
Zaïn.
15. Les forces vivifiantes et reproductives de la vie végétale dont
les signes sont écrits dans le Firmament. Quatrième jour. G cation du
Nephesh du Cosmos.
16. Première individualisation du principe vital dans les différentes
espèces dont chacune possède ses qualités définies et différenciées « selon
son espèce » (Genèse).
17. Les reptiles et les insectes. Cinquième jour régi par le Heth.
18. Les poissons. Cinquième jour régi par le Heth.
19. Les oiseaux. Cinquième jour régi par le Heth.
20. Création de la vie animale, « âme vivante » de la Genèse. Le
Rouach du Cosmos, régi par la lettre Schin. Commencement du sixième
jour. Individualisation et mutation des éléments poussés à leur développe-
ment maximum.

IIIE GROUPE

LA DÉCADE DE L'HOMME

L'indéfini Aïn-Soph, le Un reflété dans Adam, le « neuf » qui réunit


dans sa personne tous les éléments de la création préalable.
21. Création de l'homme Adam, sixième jour, symbole de l'homme,
lettre Tau. Son développement consécutif.
22. Substance adamique, matière qui l'apparente à toute la création
des éléments dont il vient d'être question. Cette substance doit être
considérée comme un extrait.
23. Le souffle divin. Neshamah.
24. Adam-Eve. Aïsh-Aïsha. Raison, libre arbitre.
25. L'homme universel représentant le Microcosmos, reflet du
Macrocosmos dont il est l'image.
26. Les cinq puissances extérieures qui, étant réunies à la raison et
au libre arbitre, représentent dans l'homme la gamme des sept lettres
doubles.
27. Les cinq forces intérieures, les cinq sens de l'homme.
28. L'homme, reflet du ciel (correspondances astrologiques).
29. L'homme idéal, reflet des qualités angéliques.
30. L'homme accompli ; image de Dieu, fin du sixième jour.
Fin de la manifestation créatrice exprimée par la lettre Tau.
IVe GROUPE

L'ORDRE DU DÉVELOPPEMENT DU CIEL PAR RAPPORT


A LA TERRE

Les Sphères. - Ce groupe se rapporte à la création du quatrième jour.


31. La lune, Beth et sa sphère régie par la lettre Aïn (1).
32. Mercure, Phé et sa sphère régie par la lettre Samech.
33. Vénus, Ghimel et sa sphère régie par la lettre Noun (terminale).
34. Le Soleil, Tau et sa sphère régie par la lettre Noun.
35. Mars, Caph et sa sphère régie par la lettre Mem (terminale).
36. Jupiter, Daleth et sa sphère régie par la lettre Mem.
37. Saturne, Resh et sa sphère régie par la lettre Lamed.
38. L'ensemble du Firmament, synthèse des 12 signes et des 7 planètes.
39. Le premier moteur se rapportant à la lettre Caph. Le mouvement
des sept dans le cadre des douze.
40. Le monde empirique régi par la lettre lod et qui représente le
« Temple de Dieu ».

VE GROUPE

LE MONDE DES FORCES SUPÉRIEURES DIT :


MONDE DES NEUF DIGNITÉS D'ANGES

41. Chérubin se rapportant à la lettre Teth et présidant à la


naissance de l'homme.
42. Ben /Elohim ou les fils de Dieu se rapportant à la lettre Heth
et produisant la vie animale.
43. Helohim se rapportant à la lettre Zaïn et créant la vie végétale.
44. Malachim se rapportant à la lettre Vau et présidant à la
formation des métaux.
45. Séraphin se rapportant à la lettre Hé et gouvernant les quatre
éléments.
46. Chochmalim régi par la lettre Daleth présidant à la différen-
ciation des formes de la matière.
47. Aralim ou anges puissants et grands régis par la lettre Ghimel.
Ils gouvernent le principe de la forme matérielle.
48. Ophanim ou les « roues célestes » régis par la lettre Beth.
49. Chaïot Chacodesh ou les « Saints animaux », régis par la lettre
Aleph.

(1) REMARQUE. — Comme tout le système des cinquante portes représente la création
vue du bas et allant vers le haut, l'ordre des planètes est nécessairement renversé par rapport a
celui donné par le S. I.
VIE GROUPE

AIN-SOPH — L'INDÉFINI

50. Il n'est donné à aucun homme de voir ni de comprendre Dieu.


L'homme ne peut s'en faire une idée que par les manifestations de l'Etre
dans la nature. Plus l'homme est élevé et plus profondément il scrute
ces reflets. L'homme primitif déifie les éléments dont il voit les effets :
le feu, l'eau, le vent, etc. Selon la tradition, Moïse, ce grand Initié, reçut
des révélations qui servirent de base à la religion qu'il institua : religion
de Mettatron, reflet de Dieu dans la lettre Caph. Le chrétien, à la base
de la religion duquel se trouve la Sainte Trinité, exprimée dans l'enseigne-
ment sacré par les trois premiers Sephiroth, croit, mais ne comprend pas.
Ce qui précède définit les cinquante portes par lesquelles le Sage doit
passer pour entreprendre la route passant par les « Trente-deux Voies de
la Sagesse ». L'étude de ces voies, comme l'exprime Kircher, demande
un effort considérable et de longues années de méditations. Seuls, alors,
les hommes réputés saints, marqués par Dieu, sont éclairés par la Lumière
émanée du Centre.

LES TRENTE DEUX VOIES DE LA SAGESSE

1. LA RAISON MERVEILLEUSE OU LA COURONNE SUPRÊME. C'est la clarté


qui rayonne du « Principe indéfini ». C'est la première gloire. Aucun être
ne peut s'en approcher.
2. LA RAISON QUI ÉCLAIRE. C'est la couronne de toute la création
et le rayonnement maximum de l'Unité. Les Cabbalistes la nomment :
« La Seconde Gloire ».
3. LA RAISON RAYONNANTE. Elle est à la base de la Sagesse première
qu'on appelle : « le Créateur de la Foi ».
4. LA RAISON DE DÉCISION OU D'ACCEPTATION. C'est une émanation
de la couronne suprême pouvant être acceptée par la foi et la sagesse.
5. LA RAISON RADICALE, qui est émanée des profondeurs de l'Unité
du Principe.
6. LA RAISON DE L'INFLUENCE, qui agit sur des hommes bénis et dont
l'élévation spirituelle permet de recevoir ses émanations.
7. LA RAISON OCCULTE, qui rayonne sur toutes les vertus de l'esprit.
Ce rayonnement peut être senti par la foi de celui que la prière mène
à l'extase.
8. LA RAISON ABSOLUE, dont émanent les principes des choses.
9. LA RAISON PURIFIÉE, qui purifie les nombres et préserve les débris
de la décomposition et de la destruction.
10. LA RAISON BRILLANTE, qui se rapporte à Binah, d'où elle allume
le feu des Astres et émane le principe de la forme des choses.
11. LA RAISON DU FEU. Principe de la fécondation, de la distribution
des graines suivant leur ordre de développement. Celui qui peut atteindre
cette voie contemple les causes premières de la vie manifestée.
12. LA RAISON DE LA LUMIÈRE. Selon la Cabb ale, c'est l'endroit d'où
sortent les apparitions lumineuses des fantômes.
13. LA RAISON INDUCTIVE DE L'UNITÉ donne la compréhension de la
vérité aux esprits.
14. LA RAISON QUI ÉCLAIRE est considérée comme le grand maître
des mystères et le fondateur de la sainteté.
15. LA RAISON ÉQUILIBRANTE est le principe de chaleur, producteur
de la vie. C'est la chaleur-vie opposée au froid-mort.
1 6 . L A RAISON D E B É A T I T U D E D A N S LA C O N T E M P L A T I O N É T E R N E L L E D E
LA GLOIRE. C'est le Paradis selon l'enseignement de toutes les religions.
17. LA RAISON PRÉPARATOIRE, qui guide vers la foi et ainsi prépare
la réception par la ferveur du Saint-Esprit.
18. LA RAISON OU LA MAISON DE L'ABONDANCE, qui donne l'explication
des mystères et du sens caché des choses.
19. LA RAISON DU MYSTÈRE. C'est la révélation des secrets de la
nature.
20. LA RAISON DU LIBRE ARBITRE, qui enseigne à tous les êtres le
sentiment de l'existence de la Sagesse suprême.
21. LA RAISON PROVOCATRICE DU CHERCHEUR, qui reçoit des directives
du Principe qui rayonne sur les chercheurs jugés dignes.
22. LA RAISON DE FIDÉLITÉ, qui concentre des qualités spirituelles,
augmentant en lui au fur et à mesure qu'elles sont acceptées par l'homme.
23. LA RAISON STABLE est la cause de la constance des Sephiroth.
24. LA"RAisoN DE L'IMAGINATION, qui donne la similitude des choses
accomplies d'après ses modèles.
25. LA RAISON DE L'ÉPREUVE, c'est la première tentation par laquelle
l'homme est éprouvé.
26. LA RAISON DU RENOUVELLEMENT, c'est par lui que sont renouvelées
toutes les choses de la création.
27. LA RAISON EXCITANTE, qui crée les principes des divers mouve-
ments de toutes les formes créées (rythme, vibration).
28. LA RAISON NATURELLE, qui termina et améliora la création du
système solaire.
29. LA RAISON CORPORELLE, qui compose tout corps dans les diverses
orbites et gouverne leur croissance.
30. LA RAISON COLLECTIVE, d'où l'Astrologie puise son jugement des
astres et de leurs influences.
31. LA RAISON INTERROMPUE, qui gouverne le mouvement des deux
luminaires avec leurs forces gravitantes respectives.
32. LA RAISON AUXILIAIRE, qui gouverne les mouvements des sept
planètes avec leurs qualités respectives.

Ce qui précède est une brève exposition des deux parties essentielles
de la Cabbale pratique. En travaillant ces questions, les Cabbalistes par-
viennent à des divinations inattendues et d'une haute valeur spirituelle.
CHAPITRE V I

CHOIX E T E N C H A I N E M E N T DES SYMBOLES


POUR UN BUT D É T E R M I N É

Le lecteur a compris que pour atteindre un but déterminé par des


moyens appartenant à la Cabbale Pratique, il est essentiellement important
de savoir choisir les symboles nécessaires et les combiner pour qu'ils
représentent une force déterminée. Il est puéril de croire que n'importe
quel symbole pris au hasard devient efficace dans une opération magique
quelconque. Or, si on copie une figure d'un grimoire, même en observant
toutes les indications données, si on s'amuse à recueillir de la corde de
pendu, des os de taupe, des cheveux de singe, de la peau de crocodile,
en y joignant des herbes en poudre cueillies à certains moments, il ne faut
pas espérer obtenir un résultat positif. L'observation de toutes ces indi-
cations prouve seulement la persévérance et la crédulité. L'essentiel manque,
car cet essentiel est la compréhension, la portée exacte de tous ces actes
aussi ridicules qu'étranges. Ces opérations ainsi effectuées sont absurdes.
Il vaudrait infiniment mieux remplacer ces gestes inutiles par des prières
adaptées au rituel de la religion de l'opérateur. Ce dernier pourrait ainsi
développer en lui la puissance de la foi véritable qui soulève les montagnes.
Mais celui qui veut suivre le chemin de la Sagesse ne doit rien accepter
sans contrôle, ne doit rien entreprendre sans s'être bien rendu compte
de la cause et de l'effet ; de la cause qu'il veut combattre par l'effet qu'il crée.
Cet effet doit être étroitement lié à la cause en question en lui servant
d'antipode.
Les chapitres qui précèdent contiennent l'analyse du symbolisme
antique. On peut dire que toute opération présente la synthèse, en vue d'un
but déterminé, des éléments obtenus par l'analyse. Et cette synthèse sera
strictement personnelle, individuelle, pour le but à atteindre, pour l'opéra-
teur, le moment opportun et les particularités du cas envisagé. Seule une
combinaison ainsi comprise aura une valeur et produira un effet rationnel
et certain.
Etudions en premier lieu la question quant au but visé. Si c'est un
talisman ou un pantacle qu'on veut préparer, le travail est différent ; de
même que si l'on se propose le soulagement d'un malade, d'entrer en
relation avec une entité du plan supérieur, de paralyser une attaque de
forces nocives ou pour développer en soi des pouvoirs déterminés.
Pour me faire mieux comprendre, je vais examiner séparément chacun
des cas qui précèdent.
Le talisman et le pantacle, qu'il ne faut pas confondre, contiennent
certaines forces. Un talisman est un objet préparé pour une personne
nettement définie, et étroitement lié par sa nature à cette dernière. D'autre
part, il représente une association de forces propres à aider la personne
à qui il est destiné dans des circonstances spécifiées. Il peut, par exemple,
augmenter sa puissance vitale en vue de combattre une maladie, renforcer
son action pour réussir dans une entreprise quelconque ou parer à une
déficience quelconque de la constitution du sujet. De toutes façons, le
talisman préparé pour un individu est de valeur absolument nulle pour
toute autre personne.
Le pantacle peut être considéré comme un générateur secondaire,
une sorte de pile électrique représentant une résultante de forces déter-
minées, dont le rayonnement se fait sentir dans l'astral en vue de créer
un foyer d'émanations d'un ordre défini.
Alors que le talisman n'a d'action qu'entre les mains de celui pour
lequel il est fait en lui servant de complément indispensable, le pantacle
agit par lui-même en dehors de l'être qui le porte et s'en sert. De ce qui
précède, on comprend que le talisman ne peut être prêté ni donné à qui
que ce soit, tandis que le pantacle, une fois confectionné et consacré, peut
changer de possesseur en gardant ses vertus, sous la réserve que ce dernier
en comprenne la valeur et l'efficacité.
Ceci posé, pour composer un pantacle, on peut utiliser les données
figurant dans les grimoires, en copier les images, toujours à condition de
comprendre leur composition, leur symbolisme et de contrôler l'efficacité
des combinaisons ainsi réalisées. En procédant de la sorte, on se mettra
en harmonie avec le pantacle, ce qui en augmentera la force. D'autre part,
on pourra, par une connaissance exacte des choses, éliminer les erreurs
et corriger une combinaison qui, dans la plupart des grimoires, est faussée
sciemment ou non.
Au nombre des pantacles courants utilisés par les initiés, on peut
citer le pentagramme, signe du microcosmos et le sceau de Salomon,
signe du macrocosmos. La croix constitue également un pantacle d'une
grande efficacité dans les mains d'un croyant ainsi que certains objets ayant
un caractère religieux (exernple: reliques, hosties, icônes, statuettes, etc.).
Celui qui veut se préparer la composition des pantacles doit
commencer par étudier ceux qu'il trouve dans les grimoires. Il les décom-
posera, les analysera pour définir l'agencement de forces qu'ils repré-
sentent. Ayant défini le but d'un pantacle et sa synthèse, l'analyse en
devient facile. Toutefois, il faut être versé dans le symbolisme employé
et déterminer l'alphabet avec lequel il est écrit, le plus souvent un des
alphabets dits magiques dont j'ai donné des exemples courants dans le
chapitre des symboles. Ayant transcrit cet alphabet en lettres hébraïques,
on procède au déchiffrement des idées exprimées par l'inscription. Un
tel travail est purement analytique et de nature à familiariser l'étudiant
avec les divers procédés employés pour la composition des pantacles
et des talismans.
La préparation d'un talisman constitue un travail synthétique^ dont
les éléments sont : le sujet, le but et le moment. Pour bien connaître le
sujet, il faut étudier son horoscope, afin de pouvoir juger des influences
et des potentialités qui entourent sa naissance. On voit ainsi ce qu'il a en
excès ou ce qui lui fait défaut ; on est renseigné sur les forces protectrices
latentes ainsi que sur les forces nocives qui maléficient sa vie spirituelle
et physique. Pour pouvoir lui venir en aide avec efficacité, il faut se rendre
compte de son état et de sa substance. Toutes les composantes qui l'in-
fluencent différemment s'équilibrent en lui d'une certaine façon et le font
tel qu'il est. Chez lui, un malheur ou une maladie résultent d'une combi-
naison de forces planétaires qu'il ignore ou n'a pas la force de combattre.
En augmentant sa résistance par une intervention magique, c'est-à-dire
en lui donnant ce qui manque dans sa constitution natale, on peut corriger
le déséquilibre constaté et le sauver de l'affliction dont il est victime.
Ceci n'est pas absolu, car une maladie ou un coup du sort peuvent très
bien ne pas dépendre exclusivement des configurations astrologiques.
Nous parlerons plus loin de ces cas particuliers. Occupons-nous des cas
justiciables du talisman. Ayant défini la nature du sujet et trouvé la combi-
naison propre à rétablir l'équilibre faussé et détruire le mal, on confec-
tionnera un disque avec une matière en correspondance avec la nature du
sujet. D'un côté, on figure l'essence de la combinaison personnelle traduite
dans une langue symbolique ou avec des signes particuliers à l'opérateur ;
de l'autre côté, on trace la combinaison établie en vue de remédier au mal
en paralysant les forces nocives et en augmentant la résistance du sujet.
On peut même ajouter les forces qui lui font défaut.
Ceci fait, on consacre le talisman à une heure et un jour déterminés
en harmonie avec les forces combinées mises en jeu et la nature du sujet.
Dans certains cas, cette consécration se fait pendant plusieurs jours à des
heures différentes pour bien répondre à l'effet désiré.
Cette consécration se fait par le ou les éléments répondant à la question
et avec les formules ordinairement employées qui doivent être scrupuleuse-
ment observées, mais adaptées au sujet et au but envisagés.
L'opération terminée et faite correctement, l'objet est étroitement lié
au sujet répondant à son identité. Il ne doit pas s'en séparer afin d'éviter
que l'objet tombe entre les mains d'un tiers hostile qui pourrait s'en servir
à des fins d'envoûtement. Un talisman personnel est comme une goutte
de sang ou une partie du corps avec lesquelles un malintentionné peut
abuser de son influence sur le possesseur.
Pour soulager ou guérir un malade, on établit tout d'abord son
identité, comme il a été dit plus haut pour un talisman. On trouve par
suite la combinaison nocive de laquelle résulte le mal qui doit être combattu
par des correspondances appartenant au monde physique (plantes, miné-
raux, etc.) que l'on agence à l'aide d;3 deux procédés différents — similia
siinilibus ou contraria contrarihus — c'est-à-dire que l'on puise les éléments
curatifs, soit dans la nature mène des éléments générateurs du mal, soit
dans leurs opposés. Une étude fort intéressante de ce sujet a été faite par le
Docteur Duz dans sa Zodiologie mL1.1c.1!e. Toutefois, on ne peut tabler sur
des résultats certains que si la maladie appartient au plan matériel, car
de nombreux maux ont leur foyer dins un monde supérieur, l'astral, ou,
quelquefois même, dans certaines parties inférieures du plan spirituel.
Les méthodes à suivre seront, .dans chacun des cas, différentes. On usera
alors, soit du magnétisme, soit de la suggestion ou de l'hypnotisme.
Enfin, on devra quelquefois recourir à des procédés de transport de la
maladie sur une plante ou un animal (en tenant compte des correspon-

Licence eden-19-7-6224024-7-105602476-24953654 accordée le 28


janvier 2023 à 6224024@7.com
dances). Ces divers traitements ont été exposés ailleurs (i) ; il n'y a pas
lieu de s'étendre ici sur ces questions. Ce qu'il faut surtout retenir, c'est
la difficulté de formuler un diagnostic exact, c'est-à-dire, déterminer le
foyer de la maladie. L'Astrologie et la voyance viennent en aide à l'opé-
rateur et l'orientent dans ses recherches.
Enfin, si c'est une opération magique qu'on prépare pour pénétrer
dans le monde astral et entrer en rapport avec une entité définie, le choix
des symboles et leur combinaison correcte forment la base du travail,
assurent le succès et procurent la sécurité de l'officiant et des assistants
éventuels.
Il faut bien se pénétrer de ce fait : que toute opération sort de l'équi-
libre des forces naturelles et que la puissance humaine ne peut les
maîtriser.
L'équilibre de ces forces étant détruit, il faut le remplacer par un
équivalent réalisé par l'opérateur pour éviter que ces forces ne deviennent
nocives et ne s'abattent sur lui. Un tel équilibre, figuré par des symboles
appropriés dans le monde physique, se trace dans le monde astral par la
combinaison des forces émanées des dits symboles. Or, le choix judicieux
et l'enchaînement de ces symboles sont d'une importance capitale. La
moindre erreur peut mettre en danger la vie humaine. Le danger peut être
aggravé, car une existence détruite de cette façon met l'âme de l'homme
à la merci des forces qu'il a déchaînées sans savoir les maîtriser.
Pour s'engager dans cette voie, il faut être sûr de soi et de son savoir
et développer en soi une volonté d'acier et agir à des fins pures et louables.
Il ne faut faire usage de tels moyens que pour recevoir une révélation de
nature à faciliter le travail de l'évolution du sujet ou pour venir en aide
à une personne qui a besoin de secours. C'est avec ferveur et pureté qu'on
se prépare à une opération de ce genre.
Encore une remarque indispensable : il est de toute nécessité que le
novice soit initié par un maître dans ces pratiques terribles, le maître étant
seul qualifié pour juger si l'adepte est en mesure de recevoir l'initiation.
De plus, le maître qui effectuera la première opération devant lui, le mettra
à l'abri du danger dont nous avons fait mention, danger plus grand qu'on
ne saurait le décrire. Je ne donne pas d'autres détails sur ce sujet qui
nécessite la conduite d'un guide initié.
Voyons à présent la manière de combattre les forces nocives. Pour
repousser une attaque de ce genre, il faut en connaître la nature. Est-ce
une vague d'envoûtement, de vampirisme ou l'action d'une entité du
monde supérieur qui pour une raison ou une autre se trouve en rapport
avec le sujet ? Quelquefois l'horoscope du sujet peut préciser la situation,
mais ordinairement, dans ces cas, en a recours à la voyance. Si on définit
la nature de l'offensive, on peut lutter, soit en augmentant ses forces
défensives, en s'entourant en quelque sorte d'un mur, dont le rayonne-
ment dans l'astral annihilera l'attaque, soit en refoulant la force nocive
pour la rejeter vers le foyer dont elle émane. Dans ces deux cas, c'est encore
par des combinaisons de symboles appropriées qu'on obtient le résultat
cherché, ces symboles irradiant dans l'astral les forces qu'ils expriment.
En résumé, la compréhension et l'intelligence des symboles, leur enchaîne-
ment correct sont des facteurs précieux et indispensables en magie.
La science humaine ne saurait être en mesure de les remplacer. Elle
n'agit que dans le monde matériel et ne produit que des effets chaotiques
dans les plans supérieurs.

(i) Cure Magique au X X e siècle.


CHAPITRE V I I

EXEMPLES

Afin d'illustrer les procédés exposés dans ce chapitre, j'ai jugé utile
de donner un exemple pris dans ma pratique.
On nous a présenté une fillette de 12 ans atteinte d'une affection
étrange échappant au diagnostic des médecins. Les divers traitements
employés ne donnèrent aucun résultat ; on peut même dire qu'ils aggra-
vèrent le mal.
Cette affection se manifestait par une sorte de paralysie dont les
attaques duraient de quelques secondes à une trentaine de minutes et plus.
Elles se produisaient brusquement et sans cause apparente. L'enfant
présentait alors l'aspect d'une somnambule : les yeux grand ouverts et
fixes, ne voyant et n'entendant rien. Quand on la questionnait, la crise
passée, sur ce qu'elle avait ressenti, elle disait qu'elle était dans la « lune ».
Elle reprenait ensuite ses occupations comme si de rien n'était. Les
symptômes caractéristiques de l'épilepsie qu'on aurait pu supposer être
à la base de cet état (morsure de la langue, écume, chute) faisaient défaut.
Le sujet était frappé d'immobilité avec perte de sensibilité. Détail caracté-
ristique : clignements des paupières et contraction du cou, la tête tournée
à gauche.
Pour déterminer la c ause du mal, comme celui-ci se manifestait
physiquement, nous commençâmes par étudier l'horoscope de la petite
malade.
HOROSCOPE (thème I).
En même temps, il fut
procédé aux calculs cab ba-
listiques qui donnèrent les
éléments ci-après :
Lettres dominant la
naissance : Hé, Heth, Caph,
dont les correspondances pla-
nétaires sont : Bélier, Cancer,
Mars.
Comme on le voit, la
planète Mars est accompa-
gnée de deux signes, l'un,
sa maison et l'autre indi-
quant sa position dans le
thème en question. Lettres
présentant la réducti on des noms et prénoms, dites « clef de l'identité »
avec leurs corres pondances sont : Daleth (Jupiter) ; Teth (Lion) ; Ghimel
(Vénus).
La lettre Ghimel agissant sur la gorge (cou) tandis que Daleth agit
sur la respiration (inhalation).
La lettre Tcth et son signe le Lion où se trouve la conjonction de
Mercure et de Saturne qui est elle-même opposée à Uranus dominant
la nativité (X).
Lettres composant le nom cabbalistique complet (procédé de la
Rota) : Ghimel, Caph, Noun, Beth, Hé, Caph, Resh, Hé, Aïn, Copli.
Comme on le voit, les lettres Hé et Caph sont répétées trois fois
dans la nativité et le nom.
La racine qu'elles forment, interprétée du point de vue santé, veut
dire : respiration oppressée, frayeur, faiblesse, contraction, clignement
des paupières, obscurcissement de la pensée, c'est-à-dire les symptômes
exacts observés pendant les crises.
Ces lettres présentent l'union de Mars et du Bélier, le concert des
autres influences ne tendant qu'à orienter cette combinaison vers le mal.
Discutant ces lettres par l'Aïn-Becar, nous obte-
nons la figure dans laquelle se produit l'échange suivant :
mouvement du Caph ; involution par Noun vers Phé,
évolution de Resh vers Beth ; mouvement du Hé ;
involution vers Noun, évolution de Heth vers Beth ; ou
autrement : le Caph est spirituel pour Phé et Noun, astral
pour Beth et Resh ; le Hé est spirituel pour Noun, astral
pour Beth et Heth (fig. 25).
Or le Beth étant le point culminant de la spiritualité
par rapport à Caph et Hé, le courant évolutif tendant
vers lui (racine formée par les deux lettres) sera défini Fig. 25.
par la figure 26.
Et le courant opposé (involutif) se dirigera
de Caph vers Phé (Mercure) par le Noun
(Scorpion) et vers Resh (Saturne) ; le courant
de Hé se dirigera vers Noun. Leur point de
rencontre sera le Noun (fig. 27).
Il est à remarquer que dans le thème, la
Lune (Beth) se trouve dans le signe du Scorpion
(Noun).
Afin de pouvoir combattre le mal (qui est
de nature astrale ainsi que le démontre ce qui
précéder par des correspondances prises dans Fig. 26.
le p l a n m a t é r i e l , il fallait c h e r c h e r d a n s les l e t t r e s se r a p p o r t a n t à ce p l a n .
A i n s i p o u r C a p h , ce s e r a i t P h é e t p o u r H é
R e s h o u M e r c u r e et Saturne.
O r , la c a u s e d e l ' a f f e c t i o n d o i t ê t r e r e c h e r -
c h é e d a n s la c o n j o n c t i o n d e S a t u r n e e t d e
M e r c u r e , conjonction influencée par l'opposi-
t i o n d ' U r a n u s q u i la m a l é f i c i e s é v è r e m e n t p u i s -
qu'il est l'octave supérieure de Mercure.
D ' a u t r e p a r t , la p r a t i q u e m a g i q u e r e c o m -
m a n d e p o u r les a f f e c t i o n s d e ce g e n r e le p o r t
d ' u n t a l i s m a n f o r m é d ' u n a m a l g a m e de plomb
( S a t u r n e ) e t d e mercure. C e c i r e c o u p e n e t t e m e n t
FIG. 27
n o s recherches cabbalistiques.
Ceci posé, le traitement doit être conçu sur les similitudes en oppo-
sant à l'astral néfaste d'Uranus, les forces matérielles bienfaisantes de
Saturne et de Mercure.
Enfin, de patientes observations des attaques nous amènent à constater
que celles-ci se produisent aux heures (magiques) gouvernées par la
Lune) Saturne et Mercure (ce dernier prépondérant).
Indépendamment de la confection du talisman, fut entrepris un traite-
ment basé sur des correspondances prises dans le règne végétal. Une
amélioration considérable fut obtenue ; elle s'accentua de plus en plus.
Il est intéressant de noter ici un autre cas du même genre que nous
avons traité il y a une quinzaine d'années. La patiente était complètement
paralysée et ne pouvait faire un mouvement. Cette fâcheuse situation
était la conséquence de fréquentes sorties en astral qui avaient affaibli
les attaches entre le corps astral et le corps physique. Cette personne,
dans son enfance, avait eu des attaques analogues à celles dont nous
venons de parler (Ex. i) et qui avaient fait d'elle une hypersensible.
Tous les traitements avaient échoué et quand elle se présenta à nous, son
état était pitoyable. La liaison de l'astral au corps fut obtenue et depuis
elle se porte à merveille.
Ce qui m'a fait citer ce cas, c'est le fait de deux êtres quelconques
présentant des horoscopes très ressemblants, et même des points
communs au physique. Quand, pour la première fois, je vis l'enfant de
l'exemple i, je fus frappé de la similitude de ses traits avec ceux de la
personne dont il vient d'être question.
Ces deux sujets appartiennent au même groupe.
L'examen comparatif des deux thèmes indique de nombreux points
communs.

(Exemple 2, fig. 28).


Le calcul cabbalistique
précise et accentue ces
similitudes.
Lettres d o m i n a n t la nati-
v i t é : Beth, Vau, Hé. O n
se rappelle que Beth est le
plan supérieur de la lettre
C a p h (2 et 20).
« Clefs de l'identi té » :
Zaïn, T e t h , Daleth. C o m m e
o n le voit, dans c h a c u n de
ces deux g r o u p e s de trois
lettres u n seul élément
Fig. 28.
différencie les p e r s o n n e s .
Lettres du nom complet dites « renforcées » : Heth, Resh, Aleph.
A première vue, les lettres de la nativité et celles dites « renforcées » ne
semblent présenter rien de commun, mais il n'en est pas ainsi.
En les jugeant par l'Aïn-Becal, nous voyons :
Beth, Vau, Hé, lettres de nativité.
Heth, Resh, Aleph, lettres renforcées qui se disposent ainsi :
Fig. 29.
On voit que les trois lettres Heth, Hé, Resh ne sont que le dévelop-
pement du principe exprimé par Beth dans sa pénétration dans les mondes
inférieurs. Elles sont contenues en
principe dans cette lettre (Beth).
O n peut d o n c les remplacer par
elle en tenant c o m p t e de leurs influences
particulières. O n o b t i e n t ainsi la figure 30.
Redressement par les correspon-
dances matérielles :
A l e p h p a r C o p h ou par Zaïn.
V a u p a r T e t h o u par Samech.
Beth p a r H e t h o u par Resh.
Mouvements :
Beth i n v o l u t i f p o u r H e t h passant
p a r H é ; V a u i n v o l u t i f p o u r Teth, et
FIG. 29
Samech é v o l u t i f p o u r G h i m e l ; A l e p h
i n v o l u t i f p o u r Zaïn par D a l e t h et p o u r
Coph.
J e n'insisterai pas davantage sur ce
cas q u e j'ai cité à cause de son analogie
avec le précédent. Ce qu'il faut n o t e r
c'est l'élévation m a r q u é e d u second thè-
m e p a r r a p p o r t au premier. Les combi-
naisons des influences créatrices et noci-
ves se t r o u v e n t placées dans u n plan
supérieur. Par suite, les procédés à
employer devaient différer de ceux usités FIG. 30
p o u r l'enfant.
Dans ces deux exemples, j'ai pris l'Aïn-Becar à cause de la simplicité
de ce système, mais on peut faire appel à d'autres méthodes qui donne-
raient les mêmes résultats, ce que je mettrai en lumière plus loin, dans
un autre exemple.
CHAPITRE V I I I

LE N O M

« Chaque chose a un nom qui lui est propre et lui


convient par sa nature. Ce nom n'est pas un signe conven-
tionnel formé de sons articulés, mais présente une propriété
de terme naturelle identifiant l'être ou l'objet nommé ».
PLATON (De la propriété des noms - Cratyle).

Connaître le nom d'une chose, c'est connaître la chose elle-même (i).


Cette affirmation n'est pas nouvelle pour le lecteur des ouvrages de cette
trilogie où j'ai montré comment les Anciens composaient le nom et quelle
importance ils lui attribuaient. Il va sans dire que dans nos langues
purement phonétiques la plupart des dénominations des choses ont perdu
toute signification constructive et ne présentent qu'un assemblage de sons
conventionnels. Les mots composés dérivant de racines grecques ou latines,
tels que : automobile (mouvement par soi-même), aéroplane (se soutenant
sur l'air), hydrothérapie, psychologie, etc., présentent une tentative de
composition d'un nom d'après ses éléments constructifs.
Mais les sages de l'Antiquité, qui possédaient la langue sacrée formée
des 22 lettres correspondant aux 22 forces de la création, composaient
les noms des choses d'une façon qui correspondait exactement à une
combinaison déterminée de forces pour créer la manifestation en question.
On voit d'ici l'importance qu'ils attribuaient à l'étude du nom. Il
fallait naturellement comprendre en premier lieu la composition du nom
de Dieu, principe de toute manifestation dans le monde créé et dont le
reflet se retrouve en toutes choses. On comprend qu'il s'agit là du nom
sacré et mystérieux du Tétragrammaton. Je me suis suffisamment étendu

(1) Quiconque sait les noms, sait aussi les choses. PLATON, Cratyle.
sur l'étude de ce 110111 dans mes précédents ouvrages ; je n'y reviendrai pas.
L'on a vu dans la Rota que les 22 lettres de l'alphabet, dont se compose
l'infinité des noms exprimant toutes les pensées humaines, ne sont au
fond que les développements des trois lettres qui représentent la Divine
Trinité.
On sait que chacune des 22 lettres est couronnée par un nom Divin,
nom qui exprime une faculté particulière caractéristique d'une mani-
festation déterminée. Afin de donner une idée de la composition d'un nom
en général, je vais exposer brièvement comment est constitué chaque nom
Divin afférent à chacune des 22 lettres.
Pour commencer, prenons les noms les plus simples qui servent de
terminaison aux 72 noms développés par le Schemamphorach. Je veux
parler de Iah et El. Le premier est composé de deux lettres : le Iod, principe
actif, source mystérieuse de vie ; et de Hé, principe passif, manifestation
vitale, la respiration. L'union de ces deux lettres présente la première
division du Principe et de l'Unité absolue ; c'est la « Balance qui se trouve
dans l'Ancien des jours », d'après le Zohar ; c'est le « non » opposé au
« oui ». Leur équilibre se réalisera dans la naissance du ternaire par leur
élément d'union, séparation exprimée mystérieusement par la lettre Vau ;
et ceci nous ramènera au Nom Sacré. Dans le nom qui nous occupe pour
le moment, l'acte ne s'est pas encore accompli. Le nom Iah représente
le commencement de la manifestation créatrice, la première division du
Principe, le « viens vers moi », d'Atoum exprimé hiéroglyphiquement
par les éléments de la lettre Aleph : c'est le premier Iod qui plane au-dessus
de la matière inerte représentée par la ligne horizontale (eau) prêt à lui
porter un choc qui va la sortir de l'état passif et dont le résultat sera le
second Iod (le feu) (1). Enfin, c'est le moment qui précéda la création et
où, selon la Genèse, « l'esprit de Dieu planait au-dessus de l'abîme ».
Le nom El exprime une idée très différente. Ici, Aleph, le Principe
ternaire en soi, Dieu autrement dit, s'unit à Lamed qui exprime le sacrifice.
Ce nom représente Notre-Seigneur Jésus-Christ qui mourut pour le salut
de l'humanité. C'est le but de l'homme, image de Dieu, qui est exprimé
par ce nom ; car ce n'est que par le sacrifice de lui-même, de ses passions,
que l'incarné peut rayonner de sa personne l'étincelle divine et qu'il
accomplira son évolution prédestinée. Ainsi, dans ce seul nom composé
de deux lettres est contenue toute la religion chrétienne. Celui qui voudrait
aborder l'étude des 72 noms du Schemamphorach doit avant tout com-
prendre ces deux noms servant de terminaisons aux 72 noms du « Nom
révélé » et qui les élèvent au plus haut niveau et les sanctifient.
Voyons à présent la filiation du Tétragramme dans les noms se
rapportant aux 22 lettres de l'alphabet sacré, au moyen desquels ce nom,
comme un diamant taillé sur 22 facettes, lance des feux particuliers à
chacune des lettres correspondantes. Il convient d'observer que chacun
de ces noms commence par la lettre à laquelle il se rapporte et qui le lie
à cette manifestation déterminée.
Premier nom se rapportant à /F-hieh : En supprimant Aleph,
lettre d'ordre dont il a été question ailleurs, nous obtenons sa clef qui est
hé-iod-hé. Cette racine exprime l'idée du principe vital et signifie « être
existant sans commencement ni fin ». Ce nom, comme on le voit, est
étroitement lié au Tétragramme. Il est inutile de donner à ce sujet de plus
longs développements.

(1) Voir Rota.


Second nom se r a p p o r t a n t à B e t h : B a c h o u r . E n p r o c é d a n t d e la m ê m e
f a ç o n , c ' e s t - à - d i r e e n l a i s s a n t la l e t t r e B e t h , n o u s o b t e n o n s l a clé h é v a u
e t la t e r m i n a i s o n r e s h . C e t t e r a c i n e r e p r é s e n t e l ' i d é e d ' u n e c h o s e q u i ,
n ' e x i s t a n t p a s e n c o r e , s e t r o u v e e n « p u i s s a n c e d ' ê t r e ». L ' a d d i t i o n à
c e t t e r a c i n e d e la l e t t r e R e s h la p r é c i s e e t c e t t e p u i s s a n c e s e m a n i f e s t e
p a r la c h a l e u r d e la v i e . P o u r l ' h o m m e , ce s e r a le f e u s a c r é d a n s u n s e n s
p l u s a b s t r a i t e x p r i m é p a r la S é p h i r e q u i se r a p p o r t e à la l e t t r e B e t h ,
l'intelligence.
Troisième nom se r a p p o r t a n t à G h i m e l : G h e d u l , q u i , e n p r o c é d a n t
c o m m e p l u s h a u t , d o n n e r a c o m m e c l e f la l e t t r e V a u , p l a c é e e n t r e D a l e t h ,
manifestation en quaternaire, vie physique, et Lamed, épreuve suprême,
sacrifice, p a r l e q u e l l ' h o m m e p e u t se l i b é r e r d e la m a t i è r e . D ' a u t r e p a r t ,
V a u , p l a c é e d a n s le n o m se r a p p o r t a n t à la t r o i s i è m e l e t t r e e t à c ô t é d e la
q u a t r i è m e ( D a l e t h ) c o n s t i t u e l ' u n i o n - s é p a r a t i o n d u ternaire et d u q u a t e r -
n a i r e , le p a s s a g e d u I E V a u I E V E . E n f i n , e n p r e n a n t la r a c i n e D u l , c o m m e
t e l l e , o n o b t i e n t la s i g n i f i c a t i o n d e d o u l e u r , d ' a n g o i s s e , q u ' é p r o u v e u n
ê t r e p a r f a i t d u t e r n a i r e se p l o n g e a n t d a n s le q u a t e r n a i r e e n v u e d u sacrifice.
O n se r a p p e l l e la d o u l e u r q u ' é p r o u v a i t N o t r e - S e i g n e u r J é s u s - C h r i s t à
l ' a p p r o c h e d e la m o r t e n d i s a n t : « S e i g n e u r , é l o i g n e z d e m o i ce calice
d ' a m e r t u m e ». C e s e n s d e d o u l e u r e t d e t r i s t e s s e a f f é r e n t à la r a c i n e s ' e s t
c o n s e r v é d a n s d i v e r s e s l a n g u e s a c t u e l l e s : « d u l l », t r i s t e , e n a n g l a i s ;
« d o l o r », d o u l e u r , etc. C ' e s t l ' a n g o i s s e d e l ' ê t r e a v a n t s o n i n c a r n a t i o n
q u a n d i l s a i t q u ' i l v a se p l o n g e r d a n s les s o u f f r a n c e s e t les s é d u c t i o n s d e
la m a t i è r e e t q u ' i l i g n o r e s ' i l e n s o r t i r a e n v a i n q u e u r .
Q u a t r i è m e nom se r a p p o r t a n t à D a l e t h : D a g u l , d o n t la c l e f e s t la
m ê m e l e t t r e V a u p l a c é e e n t r e G h i m e l , la t r o i s i è m e , e t L a m e d . C o m m e
n o u s l ' a v o n s v u d a n s le t r o i s i è m e n o m , c e l u i - c i , p a r a n a l o g i e , e s t b â t i
d e la m ê m e f a ç o n e t lie a i n s i le q u a t e r n a i r e - m a n i f e s t a t i o n a u t e r n a i r e , le
I E V E a u I E V . L a r a c i n e G u i e x p r i m e l ' é v o l u t i o n , la l i b é r a t i o n d u q u a t e r -
n a i r e , la p r o m e s s e à l ' ê t r e p l o n g é d a n s l ' a n g o i s s e d u q u a t e r n a i r e d e p o u v o i r
r e t o u r n e r v e r s la p a i x e t le b o n h e u r d u t e r n a i r e .
Cinquième nom : H a d o m , p r é s e n t e - la c l e f V a u p l a c é e e n t r e la m a n i -
f e s t a t i o n e x p r i m é e p a r D a l e t h e t la m a t i è r e p r o p r e m e n t d i t e , la m è r e n a t u r e ,
M e m . O r , le V a u a i n s i p l a c é lie d ' u n c ô t é a u n o m I E V E e t d e l ' a u t r e s é p a r e
d e la m a t i è r e M e m . L e s e n s d e c e t t e r a c i n e p r é c i s e la s o u f f r a n c e r a t t a c h é e
à la m a t i è r e . E n h é b r e u , le m o t D o m a v e u t d i r e « t o m b e », ce q u i d é p e i n t
e x a c t e m e n t l ' é t a t d e l ' e s p r i t e n c h a î n é a u c o r p s . C ' e s t la n a i s s a n c e m a t é r i e l l e ,
m o r t de l'esprit.
Sixième nom : V e z i o , d o n t la c l e f e s t l o d - V a u , à l a q u e l l e e s t r a t t a c h é e
la l e t t r e Z a ï n p o u r d é m o n t r e r la c o n t i n u i t é d u d é v e l o p p e m e n t d e la m a n i -
f e s t a t i o n car, p a r c e t t e l e t t r e , e l l e se l i e à la l e t t r e s u i v a n t e . C o m m e r a c i n e ,
Zaïn, Iod, Vau, d o n n e une idée d u corps qui revit de vie animale, d'être
r é f l é c h i s s a n t la l u m i è r e d e la v i e .
Septième nom : Z a k a ï , d o n t la c l e f e s t I o d se r e f l é t a n t d a n s le C a p h .
C ' e s t le p r i n c i p e d ' A t o u m « q u i v i t s o n K a a u j o u r d e la l u m i è r e ». C e t t e
r a c i n e r e p r é s e n t e d a n s le m a c r o c o s m e le r e f l e t d u C r é a t e u r , la n a t u r e et,
d a n s le m i c r o c o s m e , l ' h o m m e c o m m e i m a g e d e D i e u .
Huitième nom : H é s i d , d o n t la c l e f e s t é g a l e m e n t le I o d p l a c é e n t r e
S a m e c h , le m a l q u i se d é v e l o p p e d a n s la m a n i f e s t a t i o n d u q u a t e r n a i r e
D a l e t h p a r l ' h o m m e e t q u i le p l o n g e a u p l u s p r o f o n d d e la m a t i è r e . L a -
racine Sid e x p r i m e u n e c o u r b u r e q u e l ' i n c a r n é d o i t s u i v r e d a n s s o n i n v o -
l u t i o n , m a i s l ' a y a n t c o n d u i t a u p l u s p r o f o n d d e s t é n è b r e s , p o r t e e n elle
l ' e s p é r a n c e d ' u n r e t o u r é v o l u t i f v e r s la l u m i è r e . C ' e s t la p r o m e s s e f a i t e
à l ' h o m m e , a p r è s le p é c h é o r i g i n e l : « L e f r u i t ( n o u n ) d e la f e m m e ( m e m )
é c r a s e r a la t ê t e d u s e r p e n t ( s a m e c h ) » ( G e n è s e ) .
Neuvième nom : T e c h o r a c o m m e c l e f la l e t t r e H é e t c o m m e t e r m i -
n a i s o n R e s h d o n t n o u s a v o n s d o n n é l ' e x p l i c a t i o n d a n s le d e u x i è m e n o m .
L a r a c i n e H é - R e s c h e x p r i m e t o u t e s s o r t e s d ' a c c r o i s s e m e n t s . D a n s le s e n s
a b s t r a i t , c ' e s t le d é v e l o p p e m e n t d e la r a c i n e p r é c é d e n t e : l ' h o m m e s u i v a n t
la c o u r b e d e l ' i n v o l u t i o n a c c r o î t le m a l , m a i s p o u r r é t a b l i r l ' é q u i l i b r e il
d e v r a a c c r o î t r e d e m ê m e le b i e n a u c o u r s d e s o n é v o l u t i o n .
D i x i è m e nom : I a h , d o n t la c l e f e s t é g a l e m e n t le H é . N o u s a v o n s
p l u s h a u t d o n n é la s i g n i f i c a t i o n d e ce n o m q u i r a m è n e la d e r n i è r e l e t t r e
des d i x principes à l'Unité.
I c i se t e r m i n e le p r e m i e r g r o u p e d e s l e t t r e s d i t e s s é p h i r o t h i q u e s o u
du Principe.
N o u s v o y o n s q u e d a n s les clefs d e ce g r o u p e , c h a c u n e d e s l e t t r e s
d u n o m I E V e s t r é p é t é e q u a t r e f o i s . O r , il y a q u a t r e I o d , q u a t r e H é e t
q u a t r e V a u , ce q u i d o n n e le m o u v e m e n t d e la R o t a , c ' e s t - à - d i r e la
m a n i f e s t a t i o n d u T e r n a i r e d a n s le Q u a t e r n a i r e .
L e s e c o n d g r o u p e e s t c e l u i d e s six f o r c e s c o n s t r u c t i v e s d e la n a t u r e ,
d i t « m o n d e d e s A n g e s ». L e s clefs d e s n o m s se r a p p o r t e r o n t i n d i r e c t e -
m e n t a u x l e t t r e s d u n o m s a c r é , d e m ê m e q u e la n u m é r a t i o n e s t s é p h i r o -
thique du deuxième ordre de pénétration.
Onzième nom : K é b i r , d o n t la c l e f e s t n é c e s s a i r e m e n t la l e t t r e B e t h
q u i e s t la m a n i f e s t a t i o n s u p é r i e u r e d u C a p h . E l l e e s t é c l a i r é e p a r le p r i n c i p e
d u I o d e t m a n i f e s t é e d a n s la v i e p a r R e s h . L a r a c i n e B i r e x p r i m e le m o u v e -
m e n t q u e p r e n d l ' i n c a r n é e n s u i v a n t la c o u r b e d e la v i e . C ' e s t le r a y o n
q u i v a t r a c e r c e t t e c o u r b e . C ' e s t la p o t e n t i a l i t é d e l ' i n v o l u t i o n - é v o l u t i o n
de l ' h o m m e .
Douzième nom : L a m e d d o n t la c l e f e s t la l e t t r e D a l e t h , m a n i f e s t a t i o n
d a n s la m a t i è r e : m e n s . L a r a c i n e M D e x p r i m e le d é p l o i e m e n t d e s p o t e n -
t i a l i t é s e x p r i m é e s d a n s le n o m p r é c é d e n t , les m œ u r s d e l ' h o m m e , la m e s u r e
d e sa vie.
Treizième nom : M e b o r a k , d o n t la c l e f e s t la l e t t r e R e s h d a n s le sens
d e v i e - f e u q u i r é s u l t e d e l ' u n i o n d u p è r e e t d e la m è r e M e m - B e t h e t se
m a n i f e s t e d a n s le m o n d e m a t é r i e l p a r le C a p h , f o r m e , d o u b l e . L a r a c i n e
B R C e x p r i m e la m a n i f e s t a t i o n d e la f o r c e c r é a t r i c e a u d e h o r s , la p r o d u c t i o n
a c t i v e b é n i e . E l l e se r a p p o r t e p r é c i s é m e n t a u x m o t s d e la G e n è s e :
« C r o i s s e z e t m u l t i p l i e z ».
Q u a t o r z i è m e nom : N o r a , d o n t la c l e f e s t la m ê m e q u e p r é c é d e m m e n t
e t q u i p r é c i s e ce q u i a é t é d i t p o u r la l e t t r e M e m : c ' e s t le f r u i t d e l ' u n i o n
d o n t le s i g n e e s t V a u q u i r e ç o i t la b é n é d i c t i o n d u p r i n c i p e A l e p h . C ' e s t
la v i e s é p a r é e d e ce fils d e l ' h o m m e i s s u d e l ' U n i o n , o u , a u t r e m e n t d i t ,
c ' e s t le r é s u l t a t d u t r a v a i l d e l ' h o m m e , r é s u l t a t j u g é p a r lui o b j e c t i v e m e n t .
Q u i n z i è m e nom : S o m e k , d o n t la c l e f e s t la l e t t r e M e m d a n s le s e n s
d e m a t i è r e - p r i n c i p e i n d i s p e n s a b l e à la m a n i f e s t a t i o n p h y s i q u e . C e t t e
m a t i è r e p o r t e en e l l e le g e r m e d u m a l a u q u e l elle est l i é e p a r le V a u .
D ' a u t r e p a r t , e l l e p e u t a u s s i ê t r e f a ç o n n é e d a n s le m o u l e C a p h . L a r a c i n e
q u i e n e s t i s s u e e x p r i m e d ' u n e p a r t l ' a s s e r v i s s e m e n t à la m a t i è r e ; d e
l ' a u t r e , sa p l a s t i c i t é , sa s o u m i s s i o n e t le c h o i x d é p e n d d u l i b r e a r b i t r e d e
l'homme.
Seizième nom : A z a z , d o n t la c l e f e s t la l e t t r e Z a ï n q u i e x p r i m e u n
m o u v e m e n t o r i e n t é vers u n but. L a r é p é t i t i o n de la m ê m e lettre c o m m e
terminaison f o r m e u n e racine e x p r i m a n t u n e vibration, u n e réfraction.
C'est le dernier nom du groupe où se réfracte le nom Sacré dans le deu-
xième ordre de pénétration.
Le groupe qui suit est celui des cinq manifestations dans le quaternaire.
Comme on le verra plus loin, tous ces noms se rapportent à la lettre Daleth,
! manifestation du quaternaire.
Dix-septième nom : Phode, dont la clef est la lettre Daleth. La double
racine qui en sort est d'une part l'amour, l'amitié ; d'autre part c'est la
satisfaction, la suffisance, qui font suite à la première signification.
Dix-huitième nom : Tzadek, dont la clef est la même (D). La racine
DK est très curieuse, car elle exprime l'état temporel de la matière, l'insta-
bilité du bonheur terrestre, la brisure, la rupture, la perte, etc.
Dix-neuvième nom : Kodesh, dont la clef est la même (D) ; la racine
DSH exprime l'idée de végétation, de propagation élémentaire.
Vingtième nom : Rodeh (la même clef D). La racine DH exprime la
nécessité, ]a contrainte, le lit par lequel s'écoule la vie, ou les événements
qui semblent forcer l'homme d'agir d'une certaine façon.
Vingt et unième nom : Schaday (clef D). La racine DI donne une idée
de force émanée du principe qui, pénétrant dans le quaternaire, l'oriente
vers l'évolution prédestinée, d'où la joie de la libération prochaine.
Ici se termine le groupe des cinq manifestations du quaternaire.
Le groupe suivant ne comporte qu'une seule lettre qui est, comme on le
sait, synthétique, c'est pourquoi on peut nommer ce groupe la synthèse.
Vingt-deuxième nom : Téchinah, dont la clef est la lettre Noun, fruit
du travail de l'homme sur le champ de la vie, Heth éclairé par le souffle
divin Hé. Remarquons que les deux derniers noms se terminent, le premier
par un Iod et le second par un Hé, ce qui nous donne encore une fois
le nom Iah qui est lié au dixième nom, celui du retour à l'Unité-Principe.
La racine Chenh a une double signification. D'un côté, c'est l'existence
individuelle et particulière de l'homme dont la lettre Tau est le symbole ;
d'un autre côté, c'est la grâce promise et accordée à l'homme après les
tentations du péché et le labeur avec « peine et sueur » dans la matière
pour retrouver le paradis perdu, que le Tau (fin de cycle) exprime de même
par un nombre qui ne peut être que le zéro.
On conçoit qu'on peut écrire toute une dissertation sur chaque nom.
Ici, je n'ai voulu donner qu'une idée générale de la chose, voulant seule-
ment montrer que la composition d'un nom et son adaptation à une lettre
ne se bornait pas strictement à ce qu'il commence par la lettre à laquell e
il se rapporte. Bien plus, en étudiant la composition de chacun de ces
noms, on obtient des lumières qui éclairent le sens ésotérique des lettres
de l'alphabet en tant que forces créatrices de la nature.
Les 72 noms du Schemhamphorach peuvent être étudiés de la même
façon pour en tirer des enseignements sur la nature des forces régnant
sur chaque quinaire du cercle zodiacal.
Cette étude est recommandée surtout à ceux qui s'intéressent à
l'Astrologie et qui veulent pratiquer la médecine hermétique. Celui qui
comprend la composition des noms du Schemhamphorach s'appelle Baal-
Schem ; celui qui possède le nom révélé, car il est dit dans l'Ecriture :
« 110n ange marchera devant toi ; regarde-le, car il porte sur lui mon
grand Nom ».
Le même procédé est utilisé pour « posséder » un nom d'ange ou de
daïmon se rapportant à une planète ou régnant sur les heures, etc.
Enfin, pour définir l'individualité d'un incarné, il est indispensable
de « posséder » son nom. Ceci se rapporte à l'Astrologie onomantique ;
mais, comme je l'ai dit ailleurs, pour pouvoir comprendre la nature d'un
homme et connaître les événements de sa vie, il faut combiner les données
obtenues par l'étude du thème natal avec celles issues des calculs cabba-
listiques tirées du nom. Cette combinaison s'obtient par la « Rota ».
L'individualité de l'être, toute sa vie passée et future, sont mises au jour
avec des précisions aussi grandes que possible. Autant les calculs de
l'Astrologie scientifique résultent d'un travail purement mathématique,
autant le travail du nom est personnel et dépend de la valeur de l'étudiant
s'approchant du Baal-Schem.
Enfin, celui qui sait le nom des choses peut les former en réalisant
la combinaison qui est l'essence d'une chose. Ceci ne veut pas dire qu'un
Mage même puisse créer. Non, car le mot créer veut dire : « faire quelque
chose de rien », et cet acte suprême n'appartient pas à l'incarné. C'est
l'arbre de la connaissance du bien et du mal dont il est défendu à l'homme
de manger les fruits. Ce que peut faire l'homme, c'est transformer les
combinaisons des forces représentant une forme de la matière en une
autre combinaison exprimant une forme différente. On pourrait croire
qu'on vise là une production de phénomènes chimiques, physiques,
électriques, caloriques, etc., dont s'occupe la science officielle. Il n'en est
pas ainsi. Tous ces phénomènes entrent dans le domaine de la connaissance
du nom des choses, mais ce savoir ne se borne pas à leur seule étude.
En se servant des combinaisons des forces créatrices, l'initié ne prend
pas seulement ces dernières dans le monde physique, mais aussi dans le
monde astral, le monde des forces par excellence. Il puise là des forces
qui ne se sont pas encore manifestées dans le monde physique. Il les
combine et leur donne la forme voulue, ce qui fait croire au profane qu'il
a à son service des moyens surnaturels et possède un pouvoir de création.
Mais, je le répète, l'homme, si élevé qu'il soit, ne « peut créer » et tous
ces phénomènes surnaturels en apparence ne sont que des conséquences
de la « connaissance du nom des choses ».
CHAPITRE IX

LA SIGNATURE DES CHOSES

Toute manifestation du plan physique possède une « âme » dans le


plan astral. En d'autres termes une combinaison déterminée des forces
de l'astral se manifeste par une forme dans le monde matériel. En opérant
sur la partie physique, en lui faisant subir certaines modifications, on peut
changer l'équilibre des forces constructives combinées et devenues
créatrices. Or, pour prévoir la combinaison seconde il faut avoir une
notion très nette des forces initiales et de leur équilibre. Prenons un
exemple dans le domaine chimique qui montrera l'importance de cet
équilibre. On peut mélanger l'hydrogène à l'oxygène en vue d'obtenir
l'eau inoffensive, alors que le mélange effectué dans une proportion diffé-
rente donnera un explosif violent.
La différence entre les procédés de la science officielle et de la science
hermétique consiste en ce que la première procède par expériences,
analyses, tâtonnements, exclusivement sur le plan physique avec la mécon-
naissance totale d'un plan supérieur. Elle réunit divers éléments qui
l'amènent à constater un effet, toujours le même, produit par une combi-
naison déterminée sur le même plan physique. Le départ et l'arrivée ont
lieu dans le même domaine.
L'hermétisme fait jouer les forces constructives des éléments en
opérant par symboles. « Telles sont les 22 lettres par lesquelles le Seigneur
a créé, fait tout ce qui a été créé et tout ce qui sera créé » (1) enseigne la
Cabbale. Ainsi l'initié en agissant sur les forces créatrices sait d'avance
quel effet il va obtenir dans le plan matériel, reflet du plan astral. En
résumé, la science actuelle opère sur les corps, tandis que l'occultisme agit
directement sur « l'âme » revêtue d'une enveloppe déterminée.
Mais pour obtenir le résultat espéré il faut être fixé tout d'abord sur

(1) Sepher letzirah, VI, 6.


la nature de la combinaison objectivée physiquement. C'est ce qu'enseigne
l'hermétisme en apprenant à lire « la signature des choses ». Ainsi qu'on
peut le prévoir, cette « signature » montre que les combinaisons sont
soumises aux lois du ternaire : l'équilibre ; du septenaire : la gamme ;
du quaternaire : manifestation physique et du duodénaire : cadre où se
développe toute manifestation terrestre. De plus, ces combinaisons se
résolvent par les neuf nombres séphirotiques formant la substance de la
numération.
De ces considérations découlent les lois ci-après :
1. Pour créer un phénomène il faut d'abord établir son équilibre,
faute de quoi tout sombre dans le chaos.
2. Cet équilibre doit être établi entre les forces dites planétaires
symbolisées par les sept doubles et les forces dites zodiacales, symbolisées
par les douze simples.
3. Pour fixer la combinaison obtenue et lui donner une forme tangible,
il faut la faire passer du ternaire au quaternaire.
4. Enfin, le symbolisme réalisé doit être éprouvé et contrôlé mathé-
matiquement.
Etudions ces quatre lois :
Pour produire un équilibre, il faut se rendre compte de la nature du
phénomène qu'on veut provoquer. Le prototype des diverses manifes-
tations de l'équilibre a été donné par les transpositions des trois lettres
du nom sacré. Or, l'équilibre peut s'apparenter aux six genres ci-après :
Equilibre-positif-négatif ; Equilibre-négatif-positif ; Positif-équilibre-
négatif ; Négatif-équilibre-positif ; Positif-négatif-équilibre ; Négatif-
positif-équilibre. Ces six genres se subdivisent en trois groupes distincts
de deux, dont le premier part de l'équilibre, groupe du principe ; le second
s'équilibre après choc, groupe des forces, et enfin le troisième se termine
par l'équilibre, groupe des manifestations.
J'ai adopté la dénomination « Positif et Négatif » à titre d'exemple
mais la loi ne se borne pas seulement à ces manifestations. Elle régit toute
la nature, résultante de forces qui s'opposent. On pourrait aussi bien dire
par exemple, pour le premier groupe : équilibre-évolution-involution,
ou équilibre-involution-évolution qui exprime la loi qui régit l'incarné
puisque sa prédestination est de descendre au fond de la matière pour
remonter dans les plans supérieurs. De même l'étincelle divine qui rayonne
du centre le plus élevé doit se plonger au tréfonds de la matière. L'équilibre
des forces constructives se crée en astral et ne descend sur le plan physique
qu'après avoir formé une combinaison précise seule susceptible, ultérieure-
ment, de produire une forme déterminée. De même, dans l'aimant, l'équi-
libre entre le pôle positif et le pôle négatif a lieu au point central, si bien
que nous pouvons le sectionner en plusieurs morceaux, chaque fragment
présentera les mêmes caractéristiques. Cet exemple n'est donné que pour
rendre plus intelligible l'exposé de la doctrine.
Enfin, l'équilibre ou la stabilité de la matière n'est, je le répète, qu'une
sorte de résultante qui fait l'objet des investigations de la science mathé-
matique.
J'ai suffisamment insisté sur ces trois règles, dans les ouvrages précé-
dents de la trilogie cabbalistique, puisque la première de ces règles se
rapporte à l'Astrologie, la deuxième à l'étude du nom Tétragrammat on
et la troisième à la mathématique hermétique dont les applications font
l'objet du chapitre « des Systèmes » de ce livre. Nous pouvons, main-
tenant passer directement à l'étude des symboles groupés spécialement
pour mettre plus clairement en relief l'idée des signatures des choses.

Licence eden-19-7-6224024-7-105602476-24953654 accordée le 28


janvier 2023 à 6224024@7.com
- Je rappelle encore une fois que chaque lettre de l'alphabet sacré est
un symbole précis de combinaison. Une racine formée de deux ou trois
lettres déterminera naturellement une combinaison complexe dont les
éléments, combinaisons, devront s'équilibrer d'une façon particulière
pour produire le phénomène qui doit répondre à cette racine.
Résumons. Les lettres de l'alphabet se divisent en trois groupes :
celui des PrinciPes, celui des Forces et celui des Manifestations.
Ces divers groupes sont équilibrés en eux-mêmes et chaque élément
d'un groupe supérieur est équilibré avec ceux du groupe inférieur, mais
ces équilibres sont nécessairement de nature différente.
PREMIER GROUPE — LE PRINCIPE
Le PRINCIPE infini et indéfinissable qui règne sur tout et dont toutes
les manifestations ne sont que des facettes. L'un = Tout, Dieu (lettre
Aleph), il se manifeste par :
a) Temple de Dieu. Pour le macrocosmos, c'est le monde entier, la
Nature ; pour le microcosmos, c'est la religion, la compréhension des
choses données à l'homme. Lettre Iod, nombre 10, unité manifestée, ou
retour à l'unité.
b) Nature visible ou famille humaine dont l'union est bénie et qui
travaille la matière pour la construction du Temple de Dieu sur cette
terre. Lettre Coph, nombre 100. Pénétration de l'unité au plus profond
de la matière, éloignement de l'étincelle divine du centre vers la densité
pour le retour définitif.
On voit donc que pour ce ternaire, l'équilibre résidera dans le principe
même et la formule sera : équilibre-positif-négatif, ou équilibre-négatif-
positif selon l'état des courants envisagés.
DEUXIÈME GROUPE — LES FORCES CONSTRUCTIVES
Développement du Principe.
1. DÉDOUBLEMENT DU PRINCIPE. - Sagesse suprême. Les forces mises
en mouvement pour créer toute manifestation vitale. Les roues primaires
ou la possibilité des formes. Lettre Beth, chiffre 2 = 1 + 1, première
division, éléments opposés : Positif-négatif, Actif-passif, lumière-
ténèbres, etc. Lune.
Il se développe en :
r a) Premier moteur appelé autrement premier ciel. C'est l'action de
l'actif sur le passif dont ce dernier devient un reflet. Lettre Caph, nombre 20,
pénétration du principe de la division dans l'astral créant les éléments
nécessaires dans la division des forces. Mars.
b) Possibilité de la vie végétative, la division des cellules vivantes
aussi bien dans la plante que dans l'animal. Lettre Resh, nombre 200.
Saturne.
2. DÉDOUBLEMENT ÉQUILIBRÉ. L'intelligence. Les forces opposées
doivent s'équilibrer pour pouvoir créer une forme dans la nature. Lettre
Ghimel, 3 = I + 2. Vénus.
Ce principe se développe en :
a) Ternaire qui règle les forces primaires des manifestations dites
du 3E ciel ou sphère de Saturne. Lettre Lamed, sacrifice, seule possi-
bilité d'équilibrer l'évolution et l'involution.
b) Ternaire donnant la possibilité de la vie animale (âme vivante)
en gouvernant le principe actif de reproduction (sperme), lettre Schin,
principe igné, « la flamme de la vie », nombre 300.
3. STABILISATION DE LA FORME. - Quaternaire. Les trois dimensions
nécessaires à la forme exprimée par la lettre Daleth, nombre 4 = 1 + 3 .
Jupiter.
Il se développe en :
a) La substance. L'eau qui est la substance d'où sortent toutes les
manifestations de la matière. La mère, principe passif de la reproduction,
qui étant engendrée par le principe actif, donnera comme résultat la vie
au fruit. « L'eau, sous l'action du feu, bout, s'évapore et crée la division
des eaux d'en bas, des eaux d'en haut » (ancien manuscrit). La Mère
Nature fécondable. Lettre Mem, nombre 40.
b) L'homme universel. Le microcosme contenant en lui tous les
principes énumérés : celui de l'équilibre des éléments (Aleph, Mem,
Schin) de la vie végétative, de la vie animale et, de ce point de vue présen-
tant l'image complète de la Nature. Mais — en outre et au-dessus de tout
être supérieur, porteur du souffle divin — le principe Aleph. Lettre Tau,
nombre 400.
Le triple ternaire de ce groupe renferme toutes les forces indispen-
sables au développement du phénomène de la vie, tant pour le macro-
cosme que pour le microcosme. C'est la création en potentiel quand le
principe développe en lui les forces nécessaires servant aux multiples
manifestations vitales de la création.
L'équilibre de ce groupe est dans le centre. Il sera représenté ainsi :
Positif-équilibre-négatif pour le mouvement involutif, et Négatif-équilibre-
positif pour le mouvement évolutif. En outre l'équilibre s'établit dans
chacun des ternaires secondaires.

TROISIÈME GROUPE — LES MANIFESTATIONS


1. FORCES CRÉATRICES DES ÉLÉMENTS. - Leur puissance. Lettre Hé,
5 = 1 + 4 = 2 + 3. Qui se développe en :
a) Celles qui règnent sur la forme des manifestations dites celles du
6e ciel ou sphère du Soleil. C'est le fruit du travail, ou fils de l'homme
émané du principe actif N° 2 et fixé dans la matière par le principe pas-
sif N° 3 du groupe précédent. Lettre Noun, nombre 50.
b) Celles qui conservent la stabilité de la loi qui régit toute la création
dans le septième ciel et la sphère de Vénus (Noun terminal 500).
2. FORCES CRÉATRICES DES MINÉRAUX ET DES MÉTAUX déterminant
leurs différentes natures. Lettre Vau, 6 = I + 5 = 3 + 3 = 2 + 4
qui se développent en :
a) La stabilisation du genre exprimée par le huitième ciel se rapporte
au principe N° 2 du groupe précédent en tant que stabilité des formes.
C'est aussi la sphère de Mercure, ce qui avait incité les alchimistes à placer
Mercure à la base des transmutations. Lettres Samech 60.
3. FORCES DÉTERMINANT LA VIE DES PLANTES. - Or, elles se rapportent
et dépendent directement du premier principe du second groupe dans la
seconde pénétration la plus profonde. D'où découle la racine Resh-Zaïn
qui veut dire « un mouvement mystérieux dont le centre est en lui-même ».
C'est-à-dire que cette racine détermine le mouvement spécifique des
atomes composant un corps déterminé et différencié. Lettre Zaïn,
7 1 + 6 = 3 + 4 = 3 + 1 + 3.
Ces forces se développent en :
a) La force de liaison des choses, autrement dit la cohésion, l'attraction
interne des atomes, la sympathie. Elle se rapporte au neuvième ciel et à
la sphère de la Lune. Lettre Aïn = 70.
4. FORCES CRÉATRICES DU RÈGNE ANIMAL qui découlent du principe
N° 2 du deuxième groupe dans sa pénétration maxima. D'où la racine
Schin-Heth exprimant la force reproductrice animale en puissance d'être
dans le genre et l'espèce. L'attraction des sexes dans l'espèce, ayant comme
but la reproduction de la même espèce. Lettre Heth = 8 = 1 + 7 =
4 + 4 = 2X2X2.
Cette force se développe en :
a) Forces tendant vers la transformation de « l'âme vivante » en
« âme raisonnable » autrement dit la préparation de l'enveloppe astrale
pour la réception du Souffle Divin — Esprit — Feu sacré. Lettre Phé
= 80.
5. FORCES qui, s'étant développées dans l'équilibre et ayant développé
à l'apogée la vie végétative et animale, aboutissent effectivement au
couronnement de la création, à l'homme — Adam. Or, ces forces sont
étroitement liées et découlent du principe N° 3 du deuxième groupe dans
sa pénétration maxima exprimée par la lettre Tau. La racine formée par
Tau-Teth représente la force centrifuge par laquelle la monade est projetée
du centre émanateur le plus loin possible dans la matière, à laquelle elle
est soumise, mais de laquelle, par son effort personnel, elle devra se libérer.
Lettre Teth, 9 = 1 + 8 = 3 + 3 + 3 = 3 X 3 X 3.
Développement :
a) Forces de la matière primaire du monde, le passif — l'eau ; et
pour les manifestations de la vie individualisée, la femelle — la mère
de laquelle est issue la partie matérielle appelée à constituer le corps
de l'enfant. De ce point de vue elle se rapporte à la lettre Mem. Lettre
Tzadé == 9°.
b) Forces des quatre éléments agissant de concert pour forger cette
matière primaire. Se rapporte à la lettre Daleth. Lettre Tzadé terminal
9°0.
Comme on le voit, ce dernier groupe est celui de la matière propre-
ment dite. On pourrait nommer le premier groupe le Nechamah, le second
le Rouach et le troisième le Nephesh. Il ne représente pas la matière elle-
même mais les conditions de l'existence des différentes formes de la matière.
De même que le Nephesh ne représente pas le corps de l'homme, mais le
subconscient prêt à gouverner les fonctions de ce corps duquel il est le
plus proche.
Or, celui qui cherchera à comprendre la signature des choses créées
devra étudier scrupuleusement et attentivement ce qui vient d'être dit.
Le travail personnel est indispensable car tout n'est pas dit et ne peut
être dit sur ce sujet. Les principaux jalons sont placés pour guider le
chercheur sur la voie à suivre. Le travail de celui-ci consistera à établir
l'équilibre de la chose déterminée, à la classer dans la mélodie qui se
développe par sept notes principales et cinq demi-tons appartenant aux
diverses gammes chromatiques... Ceci fait, il devra vérifier le résultat au
moyen des Sephiroth et si toutes ces opérations sont effectuées avec
précision et intelligence, la lumière jaillira et illuminera sa raison.
La connaissance des signatures est indispensable non seulement pour
un travail strictement hermétique, mais elle permet de résoudre les pro-
blèmes les plus difficiles des sciences dites naturelles telles que la physique,
la chimie, la médecine, l'électricité, le magnétisme, etc...
Cette étude, comme celle qui va suivre, s'apparente aux cinquante portes
de l'intelligence.
En étudiant le reflet on s'approche du Foyer émanateur, mais pour
réussir il ne faut pas imiter les adeptes de la science officielle qui prennent
le reflet pour un phénomène isolé, rejetant toute relation avec le Foyer
supérieur.
Tout est dans tout et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas.
Si nous ne sommes pas assez évolués pour étudier ce qui est en haut,
apprenons à comprendre ce qui est sous nos yeux et qui nous permettra
d'acquérir la notion du principe. Suivent deux exemples donnant une
idée du travail analytique qu'il faut entreprendre pour se rendre compte
des forces constructives d'un élément physique.

EXEMPLE 1

MÉTAL. — Or, Zahab, racine Zaïn-Hé, briller, refléter la lumière.


1. Composition du nom.
Numérique : 2 — 5 — 7.
Equilibrant: 2 (5 + 2 = 7 ; 7 — 2 = 5).
Total 14 = 5 figure ouverte : départ-manifestation (matière dite morte).
2. Carré magique du Soleil, planète gouvernant l'or.

Les 3 chiffres sont disposés c o m m e


l'indique la figure ci-contre.
Ils occupent la 2e case des rangées
A et B et la 5e case de la rangée B.
Le n o m b r e de cases dans chaque côté du
carré est de six, n o m b r e qui correspond à
la lettre Vau, lettre g o u v e r n a n t la création
des métaux.

SIGNE A DÉDUIRE

3. Correspondances planétaires :
Lune, Bélier (exalt. du Soleil), Gémeaux (Maison de Mercure).
Métaux correspondants : Argent, Or, Mercure.
4. P a r la R o t a :
Zaïn du groupe Iod.
- Hé et Beth du groupe Hé,
d'où le nom Iah, Sepher Malcut, monde manifesté.
Lettre Iod. Unité manifestée.
Nom type EVI, son équilibre :
Négatif — Equilibre — Positif.

Ce qui veut dire : le principe de la matière (eau, mère symbolique de


toute manifestation physique) ayant été travaillée par le feu, se manifestera
en substance solide.
Alchimiquement : comment obtenir la substance voulue, c'est-à-dire
dans le cas présent : l'or ?
C'est par la maison de Mercure (positif-actif) agissant sur la substance
de l'eau (argent) dans la demeure de Vénus (le Taureau, correspondant à
Vau).
Formule générale pour tout métal :
Mem (négatif), Vau (équilibre), Schin
(positif).
Par ce procédé la promatière (M-A),
sous l'influence du feu (Aesch), devient
tangible, malléable.
5. Par b Ai>î-Becar :
Zaïn matériel par rapport à Aleph.
Zaïn spirituel par rapport à Aïn.
Hé astral par rapport à Beth et Heth.
Hé spirituel par rapport à Noun.
Beth spirituel par rapport à Daleth.
Beth spirituel par rapport à Heth.
Ci-contre la figure qui s'en dégage.

REMARQUE. — Le creuset destiné à fondre les métaux se nomme en hébreu " c o u r " Caph-
Vau-Rech où le Vau donne l'idée du but (métal), Caph est le moule creux dans lequel se fait
l'opération et le Resh représente l'idée du feu nécessaire à l'opération, car le Resh renferme en
lui le principe igné indispensable à toute manifestation. Dans la matière dite inanimée, le principe
igné a servi à la création de la forme déterminée, car sans lui la promatière resterait morte et
informe. Dans la vie végétale et animale le Resh représente la combustion, continuelle mani-
festation vitale.

EXEMPLE II

PLANTE. — E p i n a r d . T e r e d - T a u - R e s h - D a l e t h o ù T a u r é p o n d à s a
s i g n i f i c a t i o n la p l u s b a s s e , v i e v é g é t a t i v e . R e s h p r é c i s e l ' i d é e d e v i e p a r la
d i v i s i o n d e s c e l l u l e s d e la p l a n t e . D a l e t h fixe la m a n i f e s t a t i o n d a n s le c a d r e
des trois d i m e n s i o n s .
i . Composition du nom.
N u m é r i q u e : 4 — 200 — 400.
Equilibre : 4 — 2 — 4 ( 4 + 2 = 4 + 2). T o t a l 10.
C y c l e f e r m é : d é p a r t , m a n i f e s t a t i o n , retour d a n s les d e u x p l a n s ( a s t r a l
e t p h y s i q u e ) ce q u i e s t d é m o n t r é p a r la f i g u r e t i r é e d e l ' A ï n - B e c a r .
2. Carré magique de Vénus (selon la nature de la plante).

Le nombre de cases séparant


les deux chiffres est 4 (4 aller, 4
retour -{- 2 chiffres —- 10, cycle).

3. Correspondances planétaires :
Jupiter (Manifestation au quaternaire), Saturne (Matière), Soleil
(Vie).
4. Par la Rota :
Tau. Centre de vie, manifestation dépendant du Soleil, centre. Forme
de vie caractéristique pour une planète du système solaire.
Resh, groupe du Iod.
Daleth, groupe du Hé.
Nom IAH, Sepher Malcut, monde manifesté, retour à l'unité, monde
« dit périssable » (vie-mort).
Equilibre : Positif (Feu, principe de vie. Lumière. Lion). — Equilibre
(Air. Promatière purifiée. Eau d'en haut. Verseau). — Négatif (Feu.
Chaleur vitale. Sagittaire).
Ou autrement :
Feu (Principe de vie). — Terre (Manifestation en forme). — Eau
(Promatière).
5. P a r VAïn-Becar :
T a u matériel par r a p p o r t à Daleth.
T a u astral par r a p p o r t à Coph.
Resh matériel par r a p p o r t à Beth.
Resh spirituel par r a p p o r t à Phé.
D a l e t h astral par r a p p o r t à Aleph.
D a l e t h spirituel par r a p p o r t à Tau.

Les deux exemples précédents o n t été


pris au hasard p a r m i les n o m s simples
p o u r illustrer ma démonstration. D'ailleurs
si u n n o m est c o m p o s é de plusieurs sylla-
bes, le travail est le m ê m e mais, il faut
d ' a b o r d l'équilibrer en lui-même, c'est-à-dire
le décomposer. Ainsi, le fruit T e n o u b a se
d é c o m p o s e r a e n T a u - N o u n et Beth-Hé et
leur p o i n t d'union-séparation Vau.
La première syllabe veut dire : corporéité de plus en plus croissante,
extension de soi-même, en arabe « mettre en deux ».
La seconde syllabe exprime « le bruit que fait une chose en s'ou-
vrant ». On voit que ces deux racines rendent clairement l'idée mysté-
rieuse de la vie du fruit se détachant de sa mère et porteur en lui-même
du germe vital. Le Vau est le lien physique et invisible de l'union du fruit
avec l'arbre et en même temps c'est la force qui l'en détache quand il est
mûr pour une existence individuelle.
La décomposition du mot effectuée, on discute chaque partie séparé-
ment, puis on établit l'équilibre entre elles.
J'espère que l'étudiant attentif saura tirer parti de ces exemples et
comblera les lacunes qu'il rencontrera. Il ne m'est pas possible d'en dire
davantage et ce que j'ai dit n'a jamais été publié jusqu'à ce jour dans
aucun ouvrage de Cabbale.
CHAPITRE X

LE MOMENT PROPICE

Ce chapitre, comme le précédent, se rapporte aux sciences dites


naturelles. C'étaient dans les temps anciens : l'Alchimie, la Médecine
hermétique, l'Astrologie et leurs adaptations. Toutes ces sciences peuvent
être considérées comme les mères de nos sciences contemporaines telles
que la Chimie, la Physique, la Médecine, l'Astronomie, les Mathéma-
tiques, etc. La différence entre ces deux ordres de connaissances consiste
en ce que, jadis, on attribuait aux sciences une origine sacrée qui les faisais
découler de l'enseignement religieux qui les enveloppait du voile du
mystère pour en faire profiter une élite seule. Par là on écartait d'elles les
profanes mal intentionnés qui par une connaissance du jeu des manifes-
tations naturelles auraient pu faire servir au mal des forces supérieures
dont ils se seraient emparé. Actuellement c'est le contraire, la science
matérialiste est en lutte ouverte contre la religion, elle est d'essence démo-
cratique et accessible à tous. Les méthodes d'enseignement sont simpli-
fiées, les principes à la portée de tous ; on bourre la tête des élèves de
formules souvent basées sur des hypothèses et sur des expériences parfois
douteuses. Or, à la base de l'enseignement ancien se trouvait la révélation
et aujourd'hui l'expérience sert de point d'appui. Jadis, on enseignait les
causes de la manifestation, à présent les apparences physiques seules.
Jadis, on agissait sur l'âme, c'est-à-dire directement sur les forces créatrices
en les combinant judicieusement en vue de telle manifestation physique ;
maintenant on ne connaît plus que le corps. L'action entière basée sur
l'expérience et la statistique se concentre sur le phénomène, autrement
dit sur le résultat et non sur la cause.
Quoi qu'il en soit, les principes des sciences contemporaines expéri-
mentales sont empruntés à leurs aïeules de la Sagesse antique. On a beau
le nier, c'est ainsi. L'Astronomie est née de l'Astrologie, n'ayant conservé
de cette dernière que son ossature ; l'âme a disparu. La Chimie est incontes-
tablement la fille de l'Alchimie ; la Médecine d'aujourd'hui est plutôt
inférieure à sa mère la thérapeutique hermétique ; enfin les lois précises
des mathématiques se r e t r o u v e n t dans le calcul cabbalistique. Mais ce
dernier en i n c o r p o r a n t le verbe au nombre est vivant, tandis que les mathé-
matiques modernes se présentent c o m m e des spéculations sans vie.
Je cite ces quelques exemples qui m a r q u e n t la filiation des sciences
c o n t e m p o r a i n e s par r a p p o r t à la Sagesse antique.
N o s sciences actuelles ayant p e r d u l'esprit de l'enseignement antique
se sont fourvoyées dans la matière et o n t d o n n é naissance à des théories
qui causent les malheurs actuels de l'humanité.
R e v e n o n s au thème de ce chapitre qui se rapporte aux sciences natu-
relles. Ces dernières doivent être jugées du p o i n t de vue du système des
cinquante portes de l'intelligence. D a n s toutes ces cogitations, l ' h o m m e
part d ' e n bas p o u r arriver vers le h a u t (Sagesse antique), tandis qu'actuelle-
m e n t il part d ' e n bas p o u r s'enfoncer plus bas encore. Dans le domaine
inférieur, il étudie les lois créatrices émanées d ' u n centre inconnu et
inconcevable mais tangible dans la plus infime manifestation. Ailleurs,
nous avons cherché à m o n t r e r c o m m e n t les Sages se représentaient les
forces constructives qui se c o m b i n e n t p o u r réaliser la vie. Cette connais-
sance de la signature des choses est indispensable n o n seulement p o u r
t o u t e o p é r a t i o n magique, mais aussi p o u r c o m p r e n d r e la vie universelle
dans ses diverses modalités. Elle permet de saisir symboliquement une
manifestation quelconque que le Sage d é c o m p o s e c o m m e le chirurgien
dissèque u n corps, c'est l'analyse. Le m ê m e Sage édifie une combinaison
génératrice de p h é n o m è n e s vitaux, c'est la synthèse. Ceci peut sembler
u n miracle d u p o i n t de vue de la science officielle, mais c'est une simple
conséquence de la connaissance des signatures enseignée dans les écoles
initiatiques de l'Antiquité.
N ' o u b l i o n s pas que la Bible q u ' o n lit plus o u moins sans l'appro-
fondir, considérée par les uns c o m m e u n écrit religieux et m é c o n n u e o u
dédaignée par la majorité, est un livre scientifique contenant, p o u r qui sait
les découvrir, les principes de t o u t e science et mieux les lois de la création.
T o u s les systèmes cabbalistiques sont extraits de la Bible et en sont des
applications. Or, l'étudiant consciencieux a compris, p o u r en tirer parti,
les symboles des divers systèmes. Il sait les relier aux forces créatrices de
la nature et c o m p r e n d le processus vital de celle-ci, enfin, il peut agencer
les éléments et constituer de nouvelles combinaisons de forces à son gré.
T o u t e f o i s son travail ne sera pas suffisant p o u r d o n n e r u n e forme à la
manifestation préparée en astral. E n vue de créer u n effet v o u l u en synthé-
tisant les forces nécessaires, il faut que l'action ait lieu à u n m o m e n t oppor-
tun, m o m e n t qui par lui-même crée les combinaisons o p t i m a productrices
de la manifestation. Ce m o m e n t est appelé le moment propice et il est calculé :
1° au moyen de l'Astrologie ; 2° par des procédés cabbalistiques.
N o u s n o u s sommes suffisamment étendus sur les diverses influences
qui se g r o u p e n t d ' u n e façon précise, influences planétaires et zodiacales
constatées à la naissance d ' u n individu ou lors d ' u n événement, les colorant
d ' u n e certaine façon caractéristique et définissant les grandes lignes du
destin. C'est ce q u ' o n appelle établir u n horoscope ou révolution. Or,
les mêmes éléments se g r o u p e n t p o u r les recherches qui n o u s occupent
présentement. Elles p e u v e n t être favorables ou n o n et celui qui v o u d r a
opérer avec certitude dans le travail m a g i q u e devra p r e n d r e en considé-
ration ces influences astrales faute de quoi ses pratiques p o u r r o n t échouer
p a r suite d u choc de combinaisons contraires, échouer o u même conduire
à u n résultat différent de celui q u ' o n espère.
Prenons u n exemple. S u p p o s o n s q u ' o n veuille traiter un malade
atteint d ' u n e certaine affection. P o u r j u g e r de cette maladie, il faut a v a n t
t o u t ériger l ' h o r o s c o p e du sujet car, n ' o u b l i o n s pas q u ' o n traite le malade
et n o n la maladie. A g i r a u t r e m e n t c'est verser dans l'erreur et faire c o m m e
le médecin qui étudie l'effet et n o n la cause. U n m é d i c a m e n t peut soulager
u n i n d i v i d u et nuire à u n autre. D e ce p o i n t de v u e l ' h o m é o p a t h i e semble
plus rationnelle que l'allopathie.
L ' h o r o s c o p e d u sujet établi, o n étudie la c o m b i n a i s o n des forces
d é t e r m i n a n t le mal. O n aura ainsi les éléments indispensables p r o p r e s à
établir un traitement qui, paralysant les forces nocives, rétablira l'équilibre
détruit. P o u r synthétiser les éléments de ce traitement on agit, soit par
les contraires, soit p a r les semblables (contraria o u similia). P o u r les affections
d u plan physique o n p r e n d r a des éléments tirés du plan physique, mais
c o r r e s p o n d a n t aux forces à m e t t r e en jeu. O n les associe et on les équilibre
de manière qu'ils r é p o n d e n t bien à l ' a g e n c e m e n t de ces forces. Puis, o n
les fait agir, en choisissant des m o m e n t s astrologiques favorables, ou
p o u r le moins neutres q u a n t à la c o m b i n a i s o n envisagée. La L u n e ici
joue u n rôle i m p o r t a n t .
S'il s'agit d ' u n e affection d ' o r d r e astral, le p r o c é d é est plus délicat.
Si, par exemple, il est nécessaire d'effectuer le transfert de la maladie sur
une plante, il faut en o u t r e des éléments précédents : io choisir une plante
en h a r m o n i e avec le malade ; 20 la faire croître dans des conditions les
plus en h a r m o n i e avec le t h è m e d u natif. E t a n t d o n n é e la difficulté de
t r o u v e r u n m o m e n t r é p o n d a n t exactement aux données du thème, l'opé-
ration est très délicate, o n p r e n d la L u n e au lieu de la nativité et les autres
planètes sont remplacées par leurs correspondances prises dans le m o n d e
physique et disposées selon leurs positions respectives sur l'horoscope.
Je renvoie p o u r le p r o c é d é détaillé à m o n livre Cure magique au X X e siècle.
Ce n'est pas seulement p o u r u n e cure qu'il faut observer ces règles,
mais dans t o u t e o p é r a t i o n m a g i q u e qui, p o u r réussir, doit être en h a r m o n i e
parfaite avec le but, avec l'opérateur et avec le moment. Ceci est o b t e n u par
u n choix convenable des éléments c o r r e s p o n d a n t aux forces q u ' o n v e u t
sortir de leur équilibre, et par l ' o p é r a t e u r choisissant le m o m e n t propice.
Ce dernier se d é c o m p o s e en trois éléments essentiels : i. Configuration
astrologique a p p r o p r i é e ; 2. H e u r e m a g i q u e convenable ; 3. Symbolisme
des temps.
E t u d i o n s ces trois éléments :
1. CONFIGURATION ASTROLOGIQUE appropriée aux fins de l'opération.
Ceci consiste à trouver, au moyen d'observations astrologiques, un moment
où la configuration des astres soit en concordance avec le but à atteindre.
La Lune ici joue un rôle prépondérant défini par la table suivante qu'utilisera
l'étudiant. Cette table est empruntée à un manuscrit du XIIIe siècle intitulé :
la Clef des clavicules. Les noms attribués à chaque jour de la Lune repré-
sentent les clefs cabbalistiques du jour qui définissent les symboles dont
les combinaisons doivent créer l'effet cherché.
TABLE DES POSITIONS DE LA LUNE

Jour NOM FAVORABLE A

1 Alnach Pantacles pour voyages, envoûtements de toutes


sortes.
2 Albothaïm Pantacles pour trouver des trésors, envoûte-
ments de haine.
3 Ascoriya Pantacles pour voyages sur eau, envoûtement
d'amour. Alchimie.
4 Aldebaran Envoûtement de haine.
5 Aluxer ou Pantacles de voyage et pour développer un
Abnicoiz ou talent, envoûtement d'amitié.
Alinger
6 Athïa ou Alkaïa Pantacles pour donner la victoire.
7 Addyvat ou Pantacles pour le commerce, les voyages sur
Aldyaras ou eau et la chance.
Aldryahe
8 Amathura ou Pantacles pour l'amour et l'amitié et voyages sur
Alamiathra terre, envoûtement d'amour ou de haine.
9 Atars ou Ataris Pantacles maléficiants, envoûtements de haine.
10 Alzezal ou
Algelhab ou Pantacles d'amour, envoûtements de protection.
Algelba
11 Azobre Pantacles de commerce.
12 A torsiama ou Pantacles pour les récoltes, envoûtements
Discorsa d'amitié.
13 Alalma ou
Asalame ou Pantacle de commerce.
Athahuhe
14 Achmech ou Pantacles pour guérir une maladie, envoûte-
Azimech ou ments pour augmenter la puissance des chefs.
Azimel
15 Alyaphia ou Pantacles pour trouver des trésors et pour
Algalia sourciers, envoûtements identiques.
16 Alcibene ou Envoûtement de haine.
Arabene
17 Alchil Pantacles de chance, envoûtements d'amitié.
18 Arcalo ou Pantacles de protection contre les ennemis.
Achalb
19 Exarala ou Pantacles de chance et en particulier pour la
Exaulla guerre.
20 Nahaïm Pantacles contre les maladies, envoûtements de
haine.
21 Albeïda Pantacles pour protéger contre la perte des biens.
22 Caaldalbala ou Pantacles pour guérir les maladies, envoûte-
Caalbela ments d'amitié ou de discorde.
23 Caaldebotach ou Pantacles pour guérir les maladies, et amitié,
Caaldebolad ou envoûtements pour rompre les liens d'amour.
Caaldebda
Jour NOM FAVORABLE A

24 Zaadodotoh ou Pantacles pour le commerce ou l'amour.


Caadachoth
25 Caaldabachia ou Pantacles de protection à la guerre et d'encoura-
Caalda gement de toutes sortes, envoûtements de
haine ou d'amour.
26 Algafarmouth ou
Algafalbuchor ou Pantacles pour protéger de toutes sortes de
Algasaldi ou dangers.
Alm
27 Algafermutr ou Pantacles pour le commerce, contre les maladies,
Algafalbuhor ou envoûtements d'amitié ou de haine.
Algarfelmucar
28 Anaxhe Pantacles pour le commerce, pour la paix
conjugale.

2. LES HEURES MAGIQUES. L'heure magique répond à la division des


24 heures d'une journée par série de 7 selon le nombre des planètes de
la gamme dans l'ordre respectif du S. I. Or, chaque jour de la semaine
commence par l'heure de la planète affectée au jour en question. Pour
obtenir ces heures, il faut diviser le temps compris entre le lever et le
coucher du soleil en 12 parties égales, ce qui donnera les douze heures
de jour. Diviser ensuite en 12 parties le temps qui s'écoule entre le coucher
et le lever du soleil pour avoir les 12 heures de nuit. On comprend aisé-
ment que les heures nocturnes et diurnes ne seront égales qu'au moment
des équinoxes. En été les heures de jour seront supérieures en durée aux
heures de nuit ; le contraire aura lieu en hiver. Les noms des heures repré-
sentent également des clefs cabbalistiques. Ces noms pris avec ceux des
anges planétaires gouvernant l'heure donneront une combinaison symbo-
lique précise et caractéristique s'appliquant à l'heure de chaque jour de
la semaine. On peut résoudre ce problème à l'aide du carré magique
approprié à la planète envisagée.
La table des heures magiques qui suit est composée d'après le livre de
Pierre d'Aban, Heptameron.
REMARQUE IMPORTANTE. — Les sept anges planétaires passent successi-
vement dans les dou^e heures du jour et dans les dou^e heures de la nuit
dans le cycle de la semaine. Toutefois, le nom d'un ange ne se lie au nom
d'une heure qu'une seule fois au cours de ce cycle.
3. SYMBOLISME DES TEMPS. Ce symbolisme ne sert que dans les opéra-
tions magiques où il faut créer une combinaison très précise et puissante
car, par sa volonté, l'opérateur sort de l'équilibre des forces qu'on ne
peut modifier sans encourir un danger.
Or, ces noms composés cabbalistiquement contiennent des symboles
qui, compris par l'initié, lui procurent un appui solide dans le domaine
dangereux où il décide d'entrer. Il augmente, ce faisant, ses forces de
sécurité contre les attaques de certaines forces libérées de l'au-delà qui
se retournent inévitablement contre celui ayant osé sans savoir.
TABLE DES HEURES MAGIQU
SYMBOLISME DES TEMPS

REMARQUE. — Cette table est empruntée au même ouvrage que la


un emploi dans toutes les opérations magiques, car les noms qui y f
schémas de forces qui agissent durant les périodes auxquelles ils co
CHAPITRE X I

LE RITE

De même que les deux chapitres précédents traitent des sciences


physiques régies par les cinquante portes de la Raison, celui-ci se rapporte
aux trente-deux voies de la Sagesse. Alors que les sciences partent d'en bas,
étudiant le Reflet du Foyer émanateur de la Lumière présent dans la matière,
la religion prescrit de croire à l'existence de ce Foyer et s'adresse directe-
ment à lui.
Séphirotiquement, les sciences partent du Jezod-base, fondation,
équilibre manifesté de toute la création et, suivant la spirale des Séphires,
remontent vers un point Supérieur. Là, prennent naissance le sentiment
et la certitude de l'existence de la force suprême, du principe primordial
pénétrant toute la création et représenté par la Séphire Kether-Couronne.
La science athée contemporaine partant du même point, au lieu de remonter
la spirale séphirotique, descend dans Malcut et se perd dans un cercle
vicieux, le dix, ne trouvant pas d'autre issue. C'est l'enlisement dans la
matière, la vaine poursuite du problème de la vie, conséquence de la mé-
connaissance de l'Idée qui seule anime la Création — l'idée du Principe,
l'idée de Dieu.
Les religions enseignent la croyance à ce Principe supérieur et leur
point de départ est le principe équilibrant, point culminant du Principe
créateur symbolisant l'essence de la Couronne (Kéther). Partant de ce
point, elles descendent la spirale séphirotique jusqu'à Malcut, terme ultime
d'involution, origine de l'évolution qui les ramène derechef à l'Unité
primordiale. Or, en un point quelconque de la spirale, le mouvement
religieux est recoupé par celui de la science ; l'involution et l'évolution se
rencontrent donc et le cercle de Malcut, lod, qui n'est autre chose que
l'unité manifestée, se forme sur chaque point de la spirale séphirotique
dont toutes les expressions numérales ne sont qu'une réunion déterminée
d'unités.
Graphiquement, la religion peut être représentée par un triangle ayant
son sommet en haut (principe d'équilibre) ou par un lacet de la spirale
vivante. Par contre, la science s'inscrit par un triangle dont le sommet
est dirigé vers le bas (équilibre manifesté) et la science matérialiste, frappée
d'erreur, par un cercle sans issue — lacet de la spirale fermé, mort. Ces
symboles indiquent une similitude dans les deux cas et, graphiquement,
il faut faire tourner de 180° le triangle de la science (involution) pour le
faire coïncider avec celui de la foi (évolution). De même, il suffit de réunir
les extrémités du lacet de la spirale évolutive (vraie religion) pour s'égarer
dans le cercle sans issue de la superstition ou du matérialisme.
Par ailleurs, la religion reconnaît le principe de l'Unité, l'Aleph-
Alpha, qui contient en lui toutes les manifestations jusqu'à l'infini, alors
que la science part du Tau-Oméga du nombre qu'elle analyse en vue de
décomposer les unités qu'elle contient, et la science matérialiste du zéro
dans lequel elle s'enferme.
Dans les chapitres afférents à la science, nous avons parlé de la compré-
hension des symboles, de l'analyse des forces créatrices, ainsi que de leur
synthèse pour produire des phénomènes et de la concordance de cette
œuvre avec le moment propice. Sans ces études, la science est impuissante
à sortir du cercle vicieux du zéro. La religion, par contre, échappe à cette
obligation ; son unique force, sa seule voie, est la foi et non la compré-
hension des forces naturelles. Par la prière, elle rayonne un courant spirituel
vers les régions supérieures jusqu'à l'Etre Suprême, duquel elle attend la
réponse. Pour faciliter cet échange de courants et fortifier la puissance de
l'oraison, la religion a créé des rites spéciaux. Ces derniers consistent en
formules de prières, en gestes appropriés, en fumigations en harmonie
avec les buts de la prière et le caractère de l'officiant, en vibrations sonores
et lumineuses, etc...
Quelques religions y ajoutaient des danses sacrées, dont on trouve
encore des traces de nos jours chez certaines tribus noires, et dans le culte
brahmanique. La Bible en fait mention (David dansant devant l'Arche).
Chez divers peuples, ces rites se transformèrent en des manifestations
bizarres ayant pour but l'extase. Autrefois, les Galles ; de nos jours les
Derviches qui se taillent les chairs pendant la transe religieuse. Ces pratiques
se rencontrent également chez certaines sectes chrétiennes de Russie, par
exemple les « tourneurs », les « sauteurs », les « fouets ». Le fameux
Raspoutine appartenait à cette dernière confrérie dont les adeptes tournent
en rond dans une chambre, se fouettant mutuellement jusqu'au moment
où l'un d'eux épuisé tombe en transe et commence à prophétiser. Ils
prétendaient que le Christ s'incarnait dans le visionnaire. Ces pratiques,
dans lesquelles Raspoutine avait acquis une certaine notoriété, le faisaient
regarder par les siens comme le Sauveur. De nombreux paysans des régioris
Est du Volga, de l'Oural et de Sibérie étaient affiliés à ces sociétés ignobles.
Bien entendu, les réunions de ce genre étaient secrètes, car elles étaient
justement interdites et ceux qui faisaient du racolage pour les sectes
étaient sévèrement punis.
Laissons ces coutumes détestables et revenons aux rites communs à
toutes les religions.
En les étudiant on découvre leur commune unité, la filiation des
principes fondamentaux jusqu'à la religion des Hébreux dont le Christia-
nisme fut l'aboutissement définitif. Considérons par exemple le Chérub
chaldéen qui était figuré par un taureau ailé à tête d'homme, qui repré-
sentait les trois éléments du ternaire, feu, air et eau, correspondant aux
trois lettres-mères de l'alphabet sacré. Ce Chérub devient plus tard les
Chérubins des Hébreux, dont l'image ornait l'Arche d'Alliance et se
transforme finalement en Chérubins à trois paires d'ailes des Chrétiens.
Le Sphinx synthétisant le quaternaire en un unique symbole fut
démembré, analysé, dans la vision de Saint Jean en quatre animaux sacrés
qui chantaient devant l'autel de l'Eternel. Le sacrifice sanglant commun
à toutes les religions anciennes y compris celle d'Israël, où la victime
était immolée sur l'autel, se transforma dans le Christianisme en sacrifice
propitiatoire qui est le sacrement de la Communion. Enfin, l'encens, la
musique ou les chants, les objets consacrés dont la puissance s'appuie sur
la prière et la foi sont communs à tous les cultes antiques et modernes.
Il est évident que celui qui sait, dont la foi et le savoir sont au même
niveau, n'a pas besoin du rite pour s'élever vers Dieu, pas plus qu'il ne
lui est indispensable de concentrer sa pensée au moyen d'un symbole
religieux. Sa prière émanant directement du cœur peut se passer d'une
formule appropriée. Mais, pour atteindre un tel état d'âme il faut avoir
atteint un degré élevé d'évolution. Les hommes de ce genre sont rares.
La majorité doit user des moyens propres à la concentration de la pensée
et de certains textes d'oraisons. Le rite est donc indispensable. En pro-
férant avec les mêmes modulations des mots qui ont été prononcés dans
des circonstances identiques au cours des siècles et par des millions d'êtres
répétant les mêmes gestes et les mêmes pratiques consacrées, l'homme
entre, par la prière, dans la chaîne spirituelle. Il joint à la force de sa
supplique les forces réunies de tous ceux qui l'ont imité dans le passé
et l'imitent encore dans le présent. Il renforce l'égrégore de son culte et
en même temps reçoit lui-même, grâce à sa foi, un rayonnement de force
de ce même égrégore qui donne, même à une faible prière, dite avec foi
et selon le rite, la force d'élévation qu'elle n'aurait jamais atteint si elle
avait été isolée. De ce point de vue, on comprend qu'il est absolument
indispensable de respecter le rituel de sa religion, dont les moindres détails
ont été institués et consacrés de tout temps par les pratiquants.
Les religions antiques fondées par des initiés reposaient sur des
principes communs avec ceux du Christianisme, mais elles étaient pour
ainsi dire aristocratiques, c'est-à-dire à l'usage de certains élus, les Mages,
dont la foi s'était changée en certitude et la Sagesse équilibrée dans le
Principe.
La foule dont le développement mental appartenait à un niveau infé-
rieur ne pouvait se dégager des ténèbres et, pour pouvoir comprendre,
devait adorer des choses concrètes qui seules étaient compréhensibles
pour elle. Ses dieux devaient être tangibles et matériels tels que le Soleil,
la Lune, le tonnerre, etc., et la représentation conventionnelle de ceux-ci,
sous forme d'idoles, ne symbolisait pas une idée abstraite, mais bien une
incarnation du dieu lui-même. La différence entre l'idole et l'image
chrétienne consiste en ce que cette dernière n'est qu'un mode de concen-
tration de la pensée pour faciliter la prière, mais ne représente par elle-
même aucune force. Ce moyen permet à la foi de s'extérioriser au point
de faire des miracles. Un païen en adorant une idole, et en lui offrant des
sacrifices, croit qu'il s'adresse directement au dieu qui exaucera sa prière.
J'ai vu souvent de petites idoles domestiques qui meublent les huttes des
peuplades asiatiques ou ',africaines, jetées sur le fumier ou dans la neige
pour les punir de ne pas avoir accordé la grâce qui leur avait été demandée,
et cela surtout après de nombreuses offrandes. Parfois aussi, ces primitifs
fouettent leurs dieux sourds aux prières (i). On conçoit que pour des
(i) Moïse avait défendu l'usage des statues à son peuple, sachant que celles-ci se trans-
formeraient en idoles.
ê t r e s p a r v e n u s à u n s t a d e d ' é v o l u t i o n a u s s i p e u é l e v é , ce s e r a i t p e i n e p e r d u e
q u e d ' e x p l i q u e r d e v a n t e u x d e s a b s t r a c t i o n s . A u s s i le c h r i s t i a n i s m e p r ê c h é
p a r les m i s s i o n n a i r e s e s t l o i n d ' ê t r e c o m p r i s p a r t o u s e t il e s t f r é q u e m m e n t
c o n f o n d u a v e c les r i t e s a n c i e n s d u p a g a n i s m e a u p o i n t d e p r é s e n t e r u n e
r e l i g i o n s o u v e n t e n d é s a c c o r d a v e c l ' i d é e c h r é t i e n n e . D a n s les r e l i g i o n s
a n c i e n n e s ; les p r i n c i p e s q u i se r a p p r o c h a i e n t s e n s i b l e m e n t d u c h r i s t i a n i s m e
r ï ' é t a i e n t c o n n u s q u e d e s i n i t i é s , seuls a p p e l é s à p r o g r e s s e r . L e s r i t e s q u ' i l s
a v a i e n t é t a b l i s p o u r le p e u p l e s e r v a i e n t à c o n s t i t u e r u n e c h a î n e s p i r i t u e l l e
a u m o y e n de laquelle c o n t i n u a i t s o n évolution. C'est p o u r q u o i j'ai été
a m e n é à d i r e q u e les a n c i e n n e s r e l i g i o n s é t a i e n t a r i s t o c r a t i q u e s .
L e C h r i s t i a n i s m e , a u contraire, est u n e religion d é m o c r a t i q u e o ù
lé m y s t è r e e s t p a r t i e l l e m e n t d é v o i l é e t o ù c h a q u e c r o y a n t p e u t p r é t e n d r e
a t t e i n d r e le b u t s u p r ê m e . E n d i s a n t q u e l ' a m o u r d e D i e u , c ' e s t - à - d i r e la
f o i e t l ' a m o u r d u p r o c h a i n , s u f f i s a i e n t p o u r o b t e n i r la v i e é t e r n e l l e , J é s u s -
C h r i s t a o u v e r t l a r g e m e n t la p o r t e d u s a l u t à t o u s c e u x q u i a c c e p t è r e n t
s o n e n s e i g n e m e n t e t le p r a t i q u è r e n t . A u c u n e é r u d i t i o n , a u c u n s a v o i r
p a r t i c u l i e r n e s o n t n é c e s s a i r e s . L a loi m y s t é r i e u s e d e l ' é q u i l i b r e f u t e x p r i m é e
p a r la S a i n t e T r i n i t é à l a q u e l l e o n d o i t c r o i r e , m a i s d o n t la c o m p r é h e n s i o n
e s t i n u t i l e e t m ê m e n u i s i b l e , c a r elle p e u t t r o u b l e r les e s p r i t s s i m p l e s .
Il n e f a u t p a s t o u t e f o i s o u b l i e r q u e ce m ê m e p r i n c i p e f o n d a m e n t a l f u t ,
s o u s d i v e r s e s f o r m e s , à la b a s e d e t o u t e s les r e l i g i o n s d é v e l o p p é e s d e
l'Antiquité. Les « trois dans u n » unis i n d i s s o l u b l e m e n t étaient exprimés
p a r la B a l a n c e d a n s l ' A n c i e n d e s J o u r s d u Z o h a r , l ' o p p o s i t i o n d ' O r m u z
e t d ' A r r i m a n , les f a m i l l e s d i v i n e s d e s r e l i g i o n s p a ï e n n e s : O s i r i s - I s i s -
H o r u s ; B r a h m a - V i s c h n o u - S i v a ; Z e u s - H e r a - A p o l l o n , etc... T o u t e s ces
d i v i n i t é s n e s o n t q u e d i v e r s e s f o r m e s e x p r i m a n t la m ê m e i d é e d u p r i n c i p e
d e d é d o u b l e m e n t e n é l é m e n t s q u i s ' é q u i l i b r e n t , a u t r e m e n t d i t le p r i n c i p e
d e la v i e . E n f i n , le sacrifice d e s r e l i g i o n s a n t i q u e s n ' é t a i t p a s u n e o f f r a n d e
à la d i v i n i t é c o m m e le c o m p r e n a i t la f o u l e « d o u t d e s », m a i s u n a c t e
p u r e m e n t s y m b o l i q u e . C e l u i - c i f u t d é v o i l é p a r le C h r i s t i a n i s m e d a n s s o n
a s p e c t r é e l c o m m e la s e c o n d e loi f o n d a m e n t a l e d e l ' é v o l u t i o n , le sacrifice
p e r s o n n e l p o u r u n e i d é e , le sacrifice p o u r le p r o c h a i n s a n s l e q u e l a u c u n e
é v o l u t i o n n'est possible.
O r , t o u t e s les r e l i g i o n s d é v e l o p p é e s d e l ' A n t i q u i t é , q u o i q u e b a s é e s
s u r la r é v é l a t i o n , n e f u r e n t p a s c o m p r i s e s p a r l ' h o m m e q u i n ' a y a n t v u
q u e l e u r c ô t é e x t é r i e u r les fit s o m b r e r d a n s la m a t i è r e . L ' i d o l e r e m p l a ç a
l ' i d é e c h e z les p a ï e n s e t les P h a r i s i e n s c h e z les H é b r e u x e n s e v e l i r e n t c e t t e
m ê m e idée sous u n m o n c e a u de c o m m e n t a i r e s p u r e m e n t scolastiques.
Jésus-Çhrist dit qu'il était v e n u « n o n p o u r contredire mais p o u r
r a p p e l e r la loi » é g a r é e d a n s les d i s c u s s i o n s i n u t i l e s e t c o n f u s e s . Il n ' a p a s '
n i é l ' e n s e i g n e m e n t d e la r é v é l a t i o n a n c i e n n e m a i s l ' a c o n f i r m é e t c o n s a c r é .
S u r le s o m m e t d e s r e l i g i o n s s é c u l a i r e s il p l a n t a la C r o i x d e la R é d e m p t i o n
e t p a r s o n p r o p r e sacrifice il se d o n n a e n e x e m p l e à l ' h o m m e d é s i r e u x .
d ' a t t e i n d r e la r é s u r r e c t i o n p a r le r e n o u v e l l e m e n t p r é d e s t i n é .
L e s y m b o l e d u C h r i s t i a n i s m e , la C r o i x , e s t t r è s a n c i e n . Il r e p r é s e n t a i t
P é t e r n i t é , c a r les d e u x l i g n e s p r o l o n g é e s à l ' i n f i n i n e p o u v a i e n t se r e n -
c o n t r e r . C'était l ' h i é r o g l y p h e d u T a u sacré, lettre s y n t h é t i q u e c o n t e n a n t
e h e l l e t o u t e s les l o i s d e l ' U n i v e r s e t c o r r e s p o n d a n t à l ' O m é g a d e s E c r i t u r e s ,
t e r m e d é f i n i t i f , fin d e c y c l e , r e t o u r a u c o m m e n c e m e n t - p r i n c i p e . O r , ce
symbole suprême de l'enseignement antique dans l e Christianisme devient
c e l u i d u Sacrifice, s a n s l e q u e l l ' é v o l u t i o n d e l ' i n c a r n é e s t i m p o s s i b l e .
A i n s i , le m ê m e s y m b o l e r é u n i t la s y n t h è s e h e r m é t i q u e a n c i e n n e e t
l ' i d é e d e r é s u r r e c t i o n p a r le S a c r i f i c e d u C h r i s t i a n i s m e ; ce q u i l u i d o n n e
e n p o t e n t i e l u n e p u i s s a n c e d é p a s s a n t celle d e t o u s les a u t r e s s y m b o l e s
c o n n u s d e s h u m a i n s . A u j o u r d ' h u i le p r ê t r e i g n o r a n t n e c o m p r e n d p a s
la v a l e u r d e ce s i g n e . P o u r l u i , la C r o i x e s t u n e r e p r é s e n t a t i o n d ' o r d r e
p u r e m e n t c h r é t i e n e t o p p o s é à l ' e n s e i g n e m e n t a n t i q u e . Il v o i t d a n s l e
T a u u n e n n e m i , c a r il n e le c o n ç o i t q u e d a n s sa p o s i t i o n r e n v e r s é e ,
manifestation phallique.

Le vrai Sage seul p e u t r é u n i r d a n s ce s y m b o l e d e u x éléments qu'il


é t a b l i t e n é q u i l i b r e p a r f a i t e t q u i d o n n e n t u n e r é s u l t a n t e d o n t la p u i s s a n c e
est réelle et inépuisable.
L e s é l é m e n t s d e la C r o i x - T a u é q u i l i b r é s c o r r e c t e m e n t p a r le S a g e
d o n n e n t a u s y m b o l e sa d o u b l e v a l e u r e t sa f o r c e c o m p l è t e . ,
N o u s r e v i e n d r o n s à c e t t e q u e s t i o n d a n s le c h a p i t r e s u i v a n t q u i se
r a p p o r t e p r é c i s é m e n t à l ' é q u i l i b r e e n t r e la r e l i g i o n e t la s c i e n c e .
CHAPITRE X I I

LA C O U R O N N E DU MAGE

Le vrai savant, en étudiant les diverses manifestations de la nature,


constate des lois qui dépassent son raisonnement et ses possibilités d'investi-
gation. Il se trouve en face de la vie sans pouvoir la définir et, s'il est
consciencieux, il est obligé d'admettre l'existence d'une force appartenant
à un plan supérieur et échappant à toute analyse. Toutes les hypothèses
qui furent imaginées pour expliquer le phénomène vital furent infirmées
les unes après les autres et la question reste ouverte devant notre im-
puissance. La seule hypothèse admissible est celle qui sert de base aux
religions, celle de l'existence de Dieu, d'un être suprême qui, par un acte
de pure volonté, créa l'Univers avec ses lois harmonieuses qui en font
un mécanisme parfait suscitant notre admiration depuis le monde des astres
jusqu'à l'insecte le plus infime. Ces lois divines régissent l'Univers infini.
La science orgueilleuse de notre époque rejette cette unique hypo-
thèse, cherche sans cesse à en édifier d'autres avec l'homme créateur
suprême... Hélas ! c'est toujours le désir de cueillir le fruit défendu de
l'arbre de la connaissance du bien et du mal qui, selon l'affirmation du
serpent tentateur, ferait de l'homme un dieu.
D'autre part la religion prescrit de croire à un Etre supérieur, de
l'adorer suivant certaines formes rituelles. Elle interdit à l'homme la
recherche des causes premières, recherches susceptibles de faire germer
en lui le doute qui ébranlerait sa foi et le détournerait de pratiques dont
il ne connaît ni le sens ni la valeur. D'ailleurs le prêtre- lui-même ne peut
remonter aux lois créatrices.
Voilà donc l'homme entre deux courants qui semblent s'opposer
comme inconciliables. Pourtant il n'en était pas ainsi autrefois. La religion
et la science marchaient de pair, l'une complétant l'autre. On pouvait dire
que la religion était scientifique et la Science sactée. Elles formaient toutes
d e u x u n seul c o r p s i n d i v i s i b l e et ce c o r p s se n o m m a i t la HAUTE MAGIE.
Mais alors que la religion enseigne à croire aveuglément, la Magie apprend
à savoir. Celle-ci part du doute et arrive à la certitude après une série
d'investigations où elle est guidée par la lumière supérieure.
La différence entre la magie et la science contemporaine consiste
en ce que cette dernière étudie les formes apparentes des choses en
s'efforçant de trouver leur raison d'être dans le plan physique, éludant à
l'origine des choses l'hypothèse d'un plan supérieur. Par contre, la magie
étudie les causes des phénomènes, les combinaisons de forces qui détermi-
nèrent telle ou telle manifestation, telle ou telle forme. Son action la place
dans le plan des forces, le plan astral, et pour résoudre ses problèmes elle
reçoit des directives du plan supérieur.
Mais, comme la magie est la mère de toute science et de toute religion,
ces dernières durent forcément lui emprunter certains de ses principes et
de ses méthodes.
Ainsi le rituel religieux, les prières, les fumigations, les chants sont
imités de la magie. Mais il est très rare qu'un représentant d'un culte
quelconque ait conscience des forces qu'il met en mouvement par ces
pratiques.
D:autre part, le calcul, base et départ de toutes les sciences matérielles
telles que l'Astronomie, la Physique, la Chimie, la Médecine, etc... appar-
tient également à la magie.
J'entends la Haute Magie, science sacrée inconnue de l'homme d'une
manière générale. Pour lui, la magie est une superstition, héritée des
primitifs. C'est le vulgaire sorcier, le jeteur de sorts, l'envoûteur, les
prestidigitateurs... faiseurs de dupes, qui sont les adeptes de cette hérésie
nuisible et méprisable.
Cette opinion partagée par la majorité des gens s'appuie sur de
sérieuses raisons. En effet, dans toutes les religions il existe des hérétiques
et parmi les savants on trouve presque toujours des charlatans. La magie
ne saurait faire exception à cette règle.
L'étude de la magie n'est pas à la portée de tout le monde. Loin de là.
Elle exige non seulement un travail assidu et pénible, des études appro-
fondies mais surtout un effort sur soi-même, une concentration, un
entraînement de la volonté appelée à subir de dures épreuves à chaque
degré de l'échelle évolutive. Seul celui qui en est digne devient mûr et
peut prétendre à un certain degré d'élévation. La plupart abandonnent
dès les débuts car, .nombreux sont ceux qui cherchent à comprendre avec
le minimum d'efforts et le plus rapidement possible afin de faire servir
la science à des fins égoïstes.
Rien de tout cela dans la vraie magie. Elle ne donne ni gloire ni
bien-être matériel et sa seule récompense consiste à œuvrer sur un plan
supérieur où l'horizon s'élargit devant l'initié. Il commence alors à perce-
voir le but de la vie et comprend enfin que la route qu'il avait péniblement
suivie n'a rien de comparable avec celle qu'il doit parcourir dans l'Infini,
Méditez ces paroles de l'Evangile : « Beaucoup d'appelés et peu
d'élus ».
Et il y eut ceux qui, ayant quitté le chemin rocailleux de l'évolution,
après avoir au cours de leurs études arraché à la nature quelques secrets,
mirent en pratique leurs connaissances occultes — ainsi prit naissance la
MAGIE NOIRE.
Comme le vrai Mage ne tend qu'à s'approcher de la Source Lumi-
neuse pour accomplir son évolution, le sorcier, faux mage, ne vise qu'à
battre monnaie avec ses maigres connaissances. Il asservit les forces
naturelles et même certaines entités dont il possède les noms pour nuire
à son prochain sans redouter les liens terribles qu'il crée pour son âme
dans les existences à venir.
L'être vil qui s'appelle le sorcier, en se servant des forces supra-
naturelles contre des êtres sans protection, est générateur de dangers.
L'envoûtement, le vampirisme, les possessions de toutes sortes existent
réellement dans notre siècle de progrès, quoiqu'on en dise, et nombreux
sont les cas de maladies incurables ou de mort sans cause apparente qui
sont les conséquences du travail occulte d'un misérable. Il existe dans
le monde des associations pour le mal, qui, par des pratiques ignobles,
comme la messe noire, les sacrifices humains, etc., attirent des entités
nocives de l'au-delà et s'en servent pour nuire à autrui.
Je ne m'étendrai pas plus longuement sur ce sujet qui n'entre pas
dans le cadre de cet ouvrage. Cette digression était nécessaire pour faire
comprendre au lecteur les raisons pour lesquelles, de tout temps, la Sagesse
s'est dissimulée derrière un voile épais. Aujourd'hui, plus que jamais, les
progrès de l'humanité sont orientés vers des inventions meurtrières, c'est
pourquoi ce voile ne saurait être soulevé car la connaissance des lois
naturelles conduirait à la destruction du genre humain.
La Haute Magie c'est la Sagesse-Religion.
Le vrai Mage doit être pur dans toutes ses intentions, son but est
l'évolution prédestinée, mais cette évolution ne doit pas se concevoir à
des fins personnelles. Tout en gardant le secret il peut et doit venir en
aide à son frère égaré dans les ténèbres. Il peut et il doit le guider pour
sortir du labyrinthe dans lequel il s'est engagé. Toutefois il dépendra de
l'homme assisté de suivre cette lumière ou de continuer la descente dans
le gouffre. L'effort est imposé et il doit provenir de l'homme lui-même.
Il n'aurait aucun mérite si on le prenait par les cheveux et si on le menait
de force sur le chemin de l'évolution. Il possède la raison et le libre arbitre.
On peut faire appel à cette raison, mais c'est à lui de réaliser en acte ce
qu'il a compris, il est libre.
Celui qui s'adonne à l'étude de la magie harmonise en lui les deux
voies de la science et de la religion. Ainsi il emprunte les 32 voies de la
Sagesse en passant par les 50 portes de la raison.
Arrêtons-nous sur cette question qui présente quelque obscurité.
Le travail des 5° portes constitue une ascension vers les régions
supérieures ; elle part du doute, des phénomènes de la Nature vers la
certitude et la foi. C'est le labeur du Sage qui devient croyant. C'est le
mouvement d'évolution.
Par contre, la descente le long des 32 voies est un travail de haut
en bas. Le départ est basé sur la foi et l'arrivée est le savoir. C'est le travail
du prêtre qui devient Sage, c'est le mouvement d'involution.
Ces deux mouvements sont coordonnés et forment le cycle de vie
qui présente un continuel échange entre le principe et la réalisation ou,
symboliquement, entre l'Alpha et l'Oméga, l'Aleph et le Tau à travers
les vingt et une manifestations exprimées par les lettres de la langue Sacrée.
C'est cette polarisation incessante dont la science humaine perçoit le
reflet dans toute sa manifestation de la, vie de la nature. L'évolution-
involution, l'analyse-synthèse forment une spirale infinie dont les spires
se suivent en se répétant indéfiniment. Le mouvement de la terre sur son
orbite, qui n'est pas une ellipsoïde fermée, mais bien un des lacets d'une
spirale infinie, peut servir d'exemple.
Les incarnations successives de l'homme suivent la même loi et la
mort succède à la vie tout en devenant une autre forme de vie. Ainsi
une naissance ici-bas est une m o r t dans le plan supérieur et ceux qui
assistent à cette fin gémissent sur leur perte avec plus de raison que ceux
de la Terre qui pleurent u n mort. E n effet, ils savent que l'esprit va s'in-
carner dans la matière p o u r subir de nouvelles épreuves ; sera-t-il assez
fort p o u r résister aux tentations et ne pas succomber sous les coups du
destin ? C'est la question angoissante qui se pose p o u r ceux qui accom-
p a g n e n t la descente d ' u n esprit dans la matière. A u contraire, la m o r t
sur cette Terre est une naissance dans le m o n d e supérieur o ù l'esprit libéré
revient après l'épreuve se reposer p o u r méditer sur ses actions passées
et en subir les conséquences.
Mais revenons au travail du
Mage. Comme nous l'avons vu,
il doit réunir l'homme qui a
franchi les 50 portes avec celui
qui a suivi les 32 voies et il doit
équilibrer ces deux personnalités.
Les 50 portes s'ouvrent par
la clef (Rota) de la Sagesse ; elles
sont scellées par la lettre Noun.
Les 32 voies s'éclairent par la
compréhension de la lettre Beth, donc par le binaire et, en potentiel, par
le quaternaire et le ternaire : 32 = 4 X 8 = 2 X 2 X 2 X 2 X 2.
Or, nous voyons qu'à la base de ce nombre se trouve le deux (son
radical). Le quaternaire-réalisation est représenté par le chiffre 4 et le
8 représente les huit dédoublements d'Atoum ou autrement dit les huit
dédoublements de l'Unité qui, avec cette dernière, forment le chiffre
culminant, neuf (voir Rota).
Les lois dérivées de la nature, celle de la gamme universelle et celle
des douze frontières découlent du même nombre par addition ou multi-
plication : 3 + 4 = 7 - 3 X 4 = 12.
En étudiant cabbalistiquement les deux nombres 32 et 50, nous
voyons que 5° = 5 ou autrement la lettre Hé : 32 = 5 ou autrement
la même lettre (1).
Le Sage qui a su ouvrir les 5° portes et qui a suivi les 32 voies accomplit
l'équilibre parfait entre la Religion et la Sagesse, entre l'évolution et
l'involution.
Cabbalistiquement, il synthétise ces deux nombres :
5° + 32 = 82 = 10 ou la lettre Iod.
Voyons où nous conduisent les données concernant le nombre
synthétique qui représente le travail équilibré du Mage :
32 + 50 = 82.
Union de 8 et de 2 = 10, Iod.
Séparation (2) de 8 et de 2 = 6, Vau.
Eléments composant ce nombre 32 et 50 valent 5 chacun, Hé Hé,
d'où le nom du Tetragrammaton Iod-Hé- Vatl-Hé.
A première vue, il peut sembler étrange d'opposer le nombre 50
au nombre 32 pour obtenir un équilibre mais, il ne faut pas oublier que
ces deux nombres expriment deux voies différentes, l'un est celui de la
loi révélée, 32 et l'autre celui de la recherche de cette loi par l'homme
dans les reflets qu'elle présente dans la nature, 50.

(1) Il est dit dans le S. I. : Dix nombres séphiroth immatériels d'après le nombre des
dix doigts : « cinq contre cinq mais l'alliance de l'unité entre eux » (Essai d'Astrologie Cabba-
listiqae).
(2) Je rappelle que l'essence de la lettre Vau est l'union-séparation mystérieuse des choses.
V o y o n s la c o m p o s i t i o n d e ces n o m b r e s : 32 — 22 + 10, la r é v é l a t i o n
d e s lois : 5 0 = 2 2 + 28 (2 + 8 = 10), l ' e f f o r t d e l ' h o m m e à la p o u r -
s u i t e d e la l o i .
D u p o i n t d e v u e c a b b a l i s t i q u e , le r é s u l t a t e s t le m ê m e e t les d e u x
v a l e u r s r e p r é s e n t e n t le C a p h - b e t h r e c e v a n t la v i e p a r le Iod. A i n s i ces d e u x
n o m b r e s mis e n équilibre c o r r e s p o n d e n t exactement a u x dix doigts des
d e u x m a i n s d o n t p a r l e le S e p h e r .
E n les é q u i l i b r a n t c o m m e il f a u t , le M a g e p a r v i e n t à p o s e r « le
C r é a t e u r à s a p l a c e » (1) d o n t la p r e u v e é c l a t a n t e e s t le n o m s a c r é q u i e n
e s t le r é s u l t a t .
D a n s s o n t r a v a i l , le S a g e c h e r c h e à é t a b l i r c e t é q u i l i b r e q u i v a r i e
s e l o n ses a p t i t u d e s e t les p r o g r è s q u ' i l r é a l i s e . L ' u n p a r t i r a d u d o u t e e t
p a r la c o n v i c t i o n a t t e i n d r a la c e r t i t u d e , t a n d i s q u e l ' a u t r e p a r t a n t d e la
f o i p a r v i e n d r a à la S a g e s s e . D ' a i l l e u r s d a n s le l a b e u r d ' u n m ê m e i n d i v i d u
le p o i n t é q u i l i b r a n t c h a n g e s e l o n l ' e n d r o i t d e s o n a s c e n s i o n le l o n g d e la
spirale d ' é v o l u t i o n .
C e s c h a n g e m e n t s o u o s c i l l a t i o n s s o n t e x p r i m é s d a n s le S e p h e r p a r
les t r a n s p o s i t i o n s d e s l e t t r e s d u n o m s a c r é (2).
P o u r é t a b l i r d é f i n i t i v e m e n t c e t é q u i l i b r e , le S a g e d o i t c o m p r e n d r e
q u e Sepher, Sephor e t S i p o u r (3) n e s o n t q u e les d i f f é r e n t e s f a c e s d ' u n e
s e u l e U n i t é e t q u e l e u r e x p r e s s i o n h i é r o g l y p h i q u e p a r les m ê m e s l e t t r e s
d a n s la l a n g u e s a c r é e é t a i t v o u l u e e t p r é s e n t a i t p a r e l l e - m ê m e u n e i d é e
rayonnante de lumière.
L ' é q u i l i b r e d u Sage h é b r e u qui m i t en jeu d e u x forces : l ' é v o l u t i o n
e t l ' i n v o l u t i o n , r e p r é s e n t é e s p a r les s i x S e p h i r o t h d e c o n s t r u c t i o n , d o n n a
n a i s s a n c e a u s y m b o l e d i t le s c e a u d e S a l o m o n o ù le t r i a n g l e é v o l u t i f
s ' e n t r e l a c e a v e c le t r i a n g l e i n v o l u t i f . M a i s ce s y m b o l e e s t i n c o m p l e t c a r
il n e r e n f e r m e q u ' u n e p a r t i e d e l ' e n s e i g n e m e n t é s o t é r i q u e , c ' e s t u n e h a l t e
s u r le c h e m i n d e l ' a s c e n s i o n .
L e s y m b o l e d e l ' é q u i l i b r e p a r f a i t , o ù la r e l i g i o n se c o n f o n d a v e c la
s a g e s s e e t la f o i d i v i n e d e v e n u e u n e c e r t i t u d e , e s t c e l u i d e la C r o i x , s i g n e
a n t i q u e d e l ' E t e r n i t é c o n s a c r é p a r le Sacrifice d u S a u v e u r . C e s y m b o l e
r é u n i t e n lui s e u l t o u t l ' e n s e i g n e m e n t r e l i g i e u x e t s c i e n t i f i q u e d e t o u s
les t e m p s .
C ' e s t l ' é q u i l i b r e p a r f a i t d e s 50 p o r t e s e t d e s 32 v o i e s , c ' e s t le T au ,
s y n t h è s e d e l ' e n s e i g n e m e n t a n t i q u e d e v e n u le C r u c i f i x .

E t la d e v i s e d e ce s y m b o l e
est :

JE CROIS — JE SAIS
JE VEUX — J E PUIS
qui sont toutes contenues
dans l'unique idée de vie :
JE SUIS.

(1) S. I., I, 4.
(2) Rota, chap. III.
(3) L'écriture, la pensée et la parole divines ne sont pas comme chez l'homme des choses
différentes, mais une seule et même chose p p u r Dieu. (Commentaire du Sepher).
TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES

ESSAI D ' A S T R O L O G I E CABBALIS-TIQUE

Avant-Propos 9.
PREMI È R E PARTIE
ASTROLOGIE ASTRONOMIQUE
CHAPITRE I. — Exposé préliminaire 13
II. — Maisons solaires 21
III. — Signes du Zodiaque 27
IV. — Planètes 33
V. — Les Aspects 39
VI. — Des Influences Planétaires 43
VII. — La Lune 47

DEUXIÈME PARTIE
ASTROLOGIE CABBALISTIQUE
CHAPITRE I. — L'Antique Sagesse 51
II. — Théorie de la Cabbale 59
III. — La Cabbale Pratique 65
IV. — La Mathématique Cabbalistique 77
V. — La Magie 81
VI. — Les Grands Arcanes 85
VII. — La Clef Universelle 91
TROISIÈME PARTIE
Traduction littérale du Sepher 'letzirah 101
Synthèse astrologique du S. 1 121
Bibliographie 125

ROTA OU « LA R O U E CÉLESTE »

Introduction 129
CHAPITRE I. — Exposé général 133
II. — Le Principe 143
III. — Le Ternaire 153
IV. — Le Septénaire 167
V. — Le Duodénaire 175
VI. — Les Vingt-Deux 185
VII. — Architecture de la lettre 195
VIII. — Les Arcanes 2°5
IX. — Le Mystère des Nombres 215
X. — Combinaisons des lettres-nombres 221
XI. La Rota 227
XII. — Application de la Rota à diverses branches du
^ tJSa.voir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235
MANUEL DE CABBALE PRATIQUE
Introduction 249
CHAPITRE 1 — Le But et les Moyens 253
II. — Les Symboles 259
III. — Les Systèmes 281
IV. — Les carrés magiques 291
V. — Les cinquante Portes de la Raison et les trente
deux Voies de la Sagesse 299
VI. — Choix et enchaînement des Symboles p o u r u n
But déterminé 305
VII. — Exemples 309
VIII. — Le N o m 313
IX. — La Signature des Choses 319
X. — Le M o m e n t propice 329
XI. — Le Rite 337
XII. — La C o u r o n n e du Mage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 343
Achevé d ' i m p r i m e r p a r les p r e s s e s
du Consortium d'Impressions
E, r u e Mozart - V i l l e u r b a n n e
l e 23 D é c e m b r e 1960.
Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès
par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement
sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012
relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.

Cette édition numérique a été réalisée à partir d’un support physique parfois ancien conservé au
sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.
Elle peut donc reproduire, au-delà du texte lui-même, des éléments propres à l’exemplaire
qui a servi à la numérisation.

Cette édition numérique a été fabriquée par la société FeniXX au format PDF.

La couverture reproduit celle du livre original conservé au sein des collections


de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.

*
La société FeniXX diffuse cette édition numérique en vertu d’une licence confiée par la Sofia
‒ Société Française des Intérêts des Auteurs de l’Écrit ‒
dans le cadre de la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012.

Licence eden-19-7-6224024-7-105602476-24953654 accordée le 28


janvier 2023 à 6224024@7.com

Vous aimerez peut-être aussi