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Récif

Un récif de pierres frangeantes. Ces récifs ne sont pas d'origine biologique.

Récifs coralliens à Eilat.

Le récif, mot venant du portugais arracefe, arrecife puis recife (« récif ») lui-même
tirant ses racines de l'arabe ‫ الرصيف‬ar-raṣīf (« chaussée, digue »), est le nom donné
soit à une chaîne de rochers à fleur d'eau ou submergée, soit à une structure (calcaire
ou autre) créée par l'accumulation de certains organismes vivants marins dont les plus
connus sont les récifs de coraux des mers tropicales. Dans les deux cas, les récifs
sont très dangereux pour les navigateurs.
En géomorphologie, « le terme de récif s’emploie rarement pour désigner
des écueils formés de roches du substrat, et on le limite généralement à des
constructions récentes, telles que les grès de plage ou les constructions
biologiques» (récifs coralliens, hermelles).

Récif corallien

Les organismes marins constructeurs de récifs les plus répandus et les plus connus
sont les coraux, animaux cnidaires madréporiques qui sont constitués de petits
animaux vivant en colonie : les polypes, qui vivent en symbiose avec une algue,
la zooxanthelle. Cette algue fournit la presque totalité de la nourriture au corail.
Le reste étant comblé par la consommation d'organismes planctoniques et en
échange, le corail lui fournit un endroit sûr pour se développer. Les coraux sont
sensibles à la température, à la luminosité et à l'acidité du milieu où ils habitent : le
moindre dérangement peut faire expulser les algues zooxanthelles, et aboutir au
dépérissement et à la mort du corail par blanchissement, incapable de se nourrir assez
pour garder la colonie en forme. Ce phénomène est appelé blanchissement des
coraux.
Les coraux, au fil de leur existence, croissent et créent petit à petit un
squelette calcaire, fait de carbonate de calcium : le récif s'agrandit. Lorsque le corail
meurt, d'autres larves de coraux se déposeront sur les anciennes structures calcaires,
s'accumulant alors pendant des milliers d'années pour créer avec le temps des récifs
géants millénaires, comme on peut le voir à la grande barrière de corail en Australie.
Les récifs peuvent aussi être complétés par les coquilles de mollusques et
d'échinodermes morts, par les restes calcaires transformés en sable par les animaux
broutant et perforant les coraux comme les poissons-perroquets, ainsi que par les
algues et les animaux encroutant (autres cnidaires, spongiaires, tuniciers, vers
tubicoles, etc.) qui comblent les cavités des récifs. Les tempêtes violentes, courantes
dans les mers tropicales détruisent souvent des pans de récifs. Ils finissent par se
régénérer rapidement, suivant la croissance du récif.
Il existe deux types de coraux : les mous et les durs. Les durs sont les principaux
créateurs de récifs coralliens tropicaux ; les mous participent aussi, bien qu'en moindre
proportion, à l'élaboration du récif de corail.
Les coraux, en plus de se multiplier par bourgeonnement, lâchent du sperme et des
ovules dans l'eau, qui une fois fécondés, donnent des larves planctoniques. Si elles se
déposent sur un bon substrat et s'y développent, elles pourront créer une nouvelle
colonie.

Autres constructeurs de récifs

Un récif de coraux d'eau froide de Lophelia pertusa.

Récif de stromatolites à Shark Bay.


Un récif d'huîtres en Bretagne.

Les coraux des mers tropicales ne sont pas les seuls organismes à pouvoir créer des
récifs. En milieu marin, des bioconstructions de type récifal peuvent être élaborées par
plusieurs sortes d'animaux marins invertébrés.

• Récifs coquilliers : regroupement cohésif de coquilles (huîtres, moules)


formant un relief supérieur à 50 cm. Ces formations récifales se distinguent
des bancs coquilliers, regroupement moins cohésif formant un relief
inférieur à 50 cm2.

• Récifs de vers tubicoles : il existe par exemple, dans


certains abers écossaises, des récifs de vers tubicoles de l'espèce Serpula
vermicularis. Ailleurs, dans le monde, on peut trouver des biorécifs
d'hermelles.

• Récifs d'éponges créés par des éponges marines, notamment celles du


genre Vacelatia, abondantes avant l'essor des coraux et aujourd'hui
cantonnées à certaines zones de l'Océan Pacifique ; et celles du
genre Heterochone, éponges siliceuses pouvant créer des récifs de plus de
vingt mètres de haut et s'étalant sur plusieurs kilomètres, dans les eaux
froides du Pacifique Nord entre 100 et 250 mètres de profondeur. Ces récifs
étaient immenses et nombreux durant le Permien, et il en reste quelques-
uns, relictuels, considérés comme fossiles vivant dans le Nord-Est du
Pacifique.'

• Récifs de bryozoaires.

• Récifs de coraux mous et durs d'eau froide :

Ce sont pour la plupart des coraux du


genre Lophelia, Goniocorella, Solenosmilia, Madrepora, Antipathes et Prim
noa, qui créent des larges récifs dans les eaux profondes et froides (bien
que l'on ait trouvé des récifs de Lophelia dans des fjords norvégiens à des
faibles profondeurs) de certaines zones localisées un peu partout dans le
monde. Ces coraux ne dépendent pas de la zooxanthelle, et peuvent donc
se développer jusqu'à plus de 1 000 mètres de profondeur. Sur certains
monts sous-marins, des espèces endémiques du genre Primnoa ont été
découvertes. Plusieurs espèces animales vivent en association avec ces
coraux, notamment les galathées.
• Récifs de végétaux : certains végétaux peuvent aussi créer des récifs. Les
algues coralligènes par exemple, mais aussi les
plantes monocotylédones aquatiques, comme les zostères,
les posidonies et les Cymodocées, peuvent créer, en s'accumulant dans les
eaux peu profondes, des "récifs barrières" protégeant les côtes des
tempêtes.

• Récifs de cyanobactéries : les cyanobactéries construisent des


formations appelées stromatolites, répandues très largement sur la terre il y
a 3,5 milliards d'années. On peut encore en voir à Shark Bay en Australie,
et dans certaines autres parties du monde.

Notes et références
1. ↑ Encyclopaedia universalis, vol. 13, édition Encyclopædia Universalis, 1972, p. 1034.
2. ↑ (en) Kade Mills, « Resurrecting reefs », Park Watch, no 269, 2017, p. 20

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