MATRICES

ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE CASABLANCA

LEM S3

Séance du mardi 03/11/2020

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 Généralités Définitions et exemples

Définition
On appelle matrice à n lignes et m colonnes (ou matrice de taille n, m) à coefficients dans K
toute famille à nm éléments de K, notée M = (aij ) 1≤i≤n et présentée sous la forme :
1≤j≤m

 
a11 a12 ... a1m
 a21 a22 ... a2m
 

 . .. ..
 . .. 
 . . . .


an1 an2 . . . anm

où aij ∈ K pour tout (i, j) ∈ K2 .

Le scalaire aij est appelé
 le coefficient de M de position (i, j).
a1j
 a2j 
 
Si j ∈ ‚1 ; mƒ,  ème colonne de la matrice M.
 ..  est appelé la j

 . 
anj
Si i ∈ ‚1 ; nƒ, (ai1 , ai2 , . . . , aim ) est appelé la ième ligne de la matrice M.
L’ensemble des matrices à n lignes et m colonnes à coefficients dans K est noté Mn,m (K).
Si n = m, on dit que M est une matrice carrée de taille n.
L’ensemble des matrices carrées de taille n à coefficients dans K est noté Mn (K).
Deux matrices A = (aij ) 1≤i≤n et B = (bij ) 1≤i≤n sont égales si ∀(i, j) ∈ ‚1 ; nƒ × ‚1 ; mƒ, aij = bij .
1≤j≤m 1≤j≤m
Si n = m, la famille (a11 , a22 , . . . , ann ) est appelée la diagonale de la matrice M.
Si ∀(i, j) ∈ ‚1 ; nƒ × ‚1 ; mƒ, aij = 0, M est la matrice nulle.

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 Généralités Définitions et exemples

Exemple
µ ¶
1 −2 5
A=
0 3 7
est une matrice 2 × 3 avec, par exemple, a1,1 = 1 et a2,3 = 7.

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 Généralités Opérations sur les matrices

Définition
Soient A = (aij ) 1≤i≤n , B = (bij ) 1≤i≤n ∈ Mn,m (K).
1≤j≤m 1≤j≤m
1 On appelle somme de A et B, notée A + B la matrice
(aij + bij ) 1≤i≤n .
1≤j≤m
2 Si α ∈ K, on appelle multiplication de A par α, notée αAla
matrice (αaij ) 1≤i≤n .
1≤j≤m

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 Généralités Opérations sur les matrices

Exemples

µ ¶ µ ¶ µ ¶
3 −2 0 5 3 3
Si A= et B= alors A+B = .
1 7 2 −1 3 6
µ ¶
−2
Par contre si B0 = alors A + B0 n’est pas définie.
8
µ ¶ µ ¶
1 2 3 2 4 6
Si A= et α=2 alors αA = .
0 1 0 0 2 0

µ ¶ µ ¶ µ ¶
2 −1 0 −1 4 2 3 −5 −2
Si A= et B= alors A−B = .
4 −5 2 7 −5 3 −3 0 −1

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 Généralités Opérations sur les matrices

Propriété
Soient A, B et C trois matrices appartenant à Mn,p (K). Soient α ∈ K
et β ∈ K deux scalaires.
1 A + B = B + A : la somme est commutative,
2 A + (B + C) = (A + B) + C : la somme est associative,
3 A + 0 = A : la matrice nulle est l’élément neutre de l’addition,
4 (α + β)A = αA + βA,
5 α(A + B) = αA + αB.

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 Généralités Opérations sur les matrices

Définition
Soient A = (aij ) 1≤i≤n ∈ Mn,p (K) , B = (bij ) 1≤i≤p ∈ Mp,m (K).
1≤j≤p 1≤j≤m
Le produit de A par B, noté A × B ou AB est la matrice
C = (cij ) 1≤i≤n où:
1≤j≤m

p
P
cij = aik bkj .
k=1

Remarque
Le produit AB de deux matrices A et B est défini si et seulement si
le nombre de colonnes de A est égal au nombre de lignes de B.

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 Généralités Opérations sur les matrices

Exemples
1 2
 
µ ¶
1 2 3
A= B = −1 1
2 3 4
1 1
la matrice AB est de taille 2 × 2. On calcule chacun des
coefficients,en commençant par le premier coefficient
c11 = 1 × 1 + 2 × (−1) + 3 × 1 = 2 (au milieu),puis les autres (à droite).

1 2 1 2 1 2
     
−1 1 −1 1 −1 1
1 1 1 1 1 1
µ ¶ µ ¶ µ ¶ µ ¶ µ ¶ µ ¶
1 2 3 c11 c12 1 2 3 2 c12 1 2 3 2 7
2 3 4 c21 c22 2 3 4 c21 c22 2 3 4 3 11

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 Généralités Opérations sur les matrices

Remarques
Pièges à éviter!
Premier piège. Le produit de matrices n’est pas commutatif en
général.
En effet, il se peut que AB soit défini mais pas BA,Mais même dans
le cas où AB et BA sont définis, on a en général AB 6= BA.

Exemple
µ ¶µ ¶ µ ¶ µ ¶µ ¶ µ ¶
5 1 2 0 14 3 2 0 5 1 10 2
= mais = .
3 −2 4 3 −2 −6 4 3 3 −2 29 −2

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 Généralités Opérations sur les matrices

Remarques
Deuxième piège. AB = 0 n’implique pas A = 0 ou B = 0.
Il peut arriver que le produit de deux matrices non nulles soit nul.
En d’autres termes, on peut avoir A 6= 0 et B 6= 0 mais AB = 0.

Exemple
µ ¶ µ ¶ µ ¶
0 −1 2 −3 0 0
A= B= et AB = .
0 5 0 0 0 0

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 Généralités Opérations sur les matrices

Remarques
Troisième piège. AB = AC n’implique pas B = C.
On peut avoir AB = AC et B 6= C.

Exemple
µ ¶ µ ¶ µ ¶ µ ¶
0 −1 4 −1 2 5 −5 −4
A= B= C= et AB = AC = .
0 3 5 4 5 4 15 12

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 Généralités Opérations sur les matrices

Propriété
1 A(BC) = (AB)C : associativité du produit,
2 A(B + C) = AB + AC et (B + C)A = BA + CA : distributivité
du produit par rapport à la somme,
3 A·0 = 0 et 0 · A = 0.

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 Généralités Opérations sur les matrices

Démonstration
Posons A = (aij ) ∈ Mn,p (K), B = (bij ) ∈ Mp,q (K) et C = (cij ) ∈ Mq,r (K).Prouvons que
A(BC) = (AB)C en montrant que les matrices A(BC) et (AB)C ont les mêmes
coefficients.
p
X
Le terme d’indice (i, k) de la matrice AB est xik = ai` b`k .Le terme d’indice (i, j)
`=1
de la matrice (AB)C est donc
à !
q
X q X
X p
xik ckj = ai` b`k ckj .
k=1 k=1 `=1

q
Le terme d’indice (`, j) de la matrice BC est y`j =
X
b`k ckj .Le terme d’indice
k=1
(i, j) de la matrice A(BC) est donc
à !
p
X q
X
ai` b`k ckj .
`=1 k=1

Comme dans K la multiplication est distributive et associative, les coefficients

de (AB)C et A(BC) coı̈ncident.Les autres démonstrations se font comme celle
de l’associativité.
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 Généralités La matrice identité

Définition
La matrice carrée suivante s’appelle la matrice identité :
 
1 0 ... 0

 0 1 ... 0  
In =  .. .. . . .. 

 . . . . 

0 0 ... 1

Ses éléments diagonaux sont égaux à 1 et tous ses autres éléments

sont égaux à 0. Elle se note In ou simplement I.Dans le calcul
matriciel, la matrice identité joue un rôle analogue à celui du
nombre 1 pour les réels.C’est l’élément neutre pour la
multiplication.En d’autres termes :

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 Généralités La matrice identité

Propriété
Si A est une matrice n × p, alors

In · A = A et A · Ip = A.

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 Généralités La matrice identité

Définition :Puissance d’une matrice

Pour tout A ∈ Mn (K),on définit les puissances successives de A par
A0 = In et Ap+1 = Ap × A pour tout p ∈ N. Autrement dit :

Ap = A
| ×A×
{z· · · × A}.
p facteurs

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 Généralités La matrice identité

Remarque
Comme la multiplication n’est pas commutative, les identités
binomiales usuelles sont fausses. En particulier, (A + B)2 ne vaut en
général pas A2 + 2AB + B2 , mais on sait seulement que

(A + B)2 = A2 + AB + BA + B2 .

Propriété : formule du binôme de Newton : Calcul de (A + B)p

lorsque AB = BA
Soient A et B deux éléments de Mn (K) qui commutent, c’est-à-dire
tels que AB = BA. Alors, pour tout entier p ≥ 0, on a la formule :
Pp ¡p¢ p−k k
(A + B)p = k=0 k
A B .

où pk désigne le coefficient du binôme.

¡ ¢

La démonstration est similaire à celle de la formule du binôme pour

(a + b)p , avec a, b ∈ R. (se démontre par récurrence )
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 Généralités La matrice identité

Exemple
   
1 1 1 1 0 1 1 1
0 1 2 1 0 0 2 1
Soit A =  .On pose N = A − I =  . La matrice N est nilpotente
   
0 0 1 3 0 0 0 3
0 0 0 1 0 0 0 0
(c’est-à-dire il existe k ∈ N tel que Nk = 0) comme le montrent les calculs suivants :
   
0 0 2 4 0 0 0 6
2 0 0 0 6 3 0 0 0 0
 
N = N = et N4 = 0.
 
0 0 0 0 0 0 0 0
 
0 0 0 0 0 0 0 0

Comme on a A = I + N et les matrices N et I commutent (la matrice identité commute avec

toutes les matrices), on peut appliquer la formule du binôme de Newton.On utilise que
Ik = I pour tout k et surtout que Nk = 0 si k ≥ 4. On obtient pour tout p ≥ 3
à ! à !
p 3 p
p k p−k X p(p−1) p(p−1)(p−2) 3
Ap = Nk = I + pN + 2! N2 +
X
N I = 3! N .
k=0 k k=0 k

D’où
1 p p2 p(p2 − p + 1)
 

0 1 2p p(3p − 2) 

Ap =  .

0 0 1 3p 
0 0 0 1

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