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Emmanuel Hebey

TD N0 5
Année 2021-2022
Algèbre linéaire 3
Correction de la feuille d’exercices 5

Exercice: Soit A la matrice 3 × 3 donnée par


 
1 2 3
A = 2 3 4
3 4 5

Calculer le rang de A.

Corrigé: Les rangs possibles sont 0,1,2 ou 3. La seule sous matrice


3 × 3 de A est la matrice A elle-même. On a
 
1 2 3
det 2 3 4 = 15 + 24 + 24 − 27 − 16 − 20 = 0
3 4 5

et donc A n’est pas de rang 3. Par contre


 
1 2
A11 =
2 3

est une sous matrice 2 × 2 de A (obtenue en supprimant les premières


lignes et colonnes dans A), et
 
1 2
det = 3 − 4 = −1 6= 0 .
2 3

Donc Rg(A) = 2.

Exercice 2: Soient α, β ∈ R deux paramètres réels. On considère la


matrice Aα,β réelle 3 × 3 donnée par
 
1 α β
Aα,β = β α 1 
α α 1

Pour quelles valeurs de α et β cette matrice est-elle inversible ? Si


α = β = 2, que vaut le rang de Aα,β ?
1
2

Corrigé: On calcule
detAαβ = α + αβ 2 + α2 − α2 β − α − αβ
= α2 − αβ + αβ 2 − α2 β
= α(α − β) + αβ(β − α)
= (α − β)(α − αβ)
= α(α − β)(1 − β)
Sachant que Aαβ est inversible si et seulement si detAαβ 6= 0, on trouve
que Aαβ est inversible si et seulement si α 6= 0, α 6= β et β 6= 1.
Si α = β = 2 alors A22 n’est pas inversible (cf. ci-dessus). Donc
Rg(A22 ) 6= 3. Par contre, la matrice
 
1 2
B=
2 2
est une sous matrice de A22 , obtenue en supprimant les 3ème lignes et
colonnes dans A22 . On a detB = −2 6= 0. Donc Rg(A22 ) ≥ 2. On en
déduit que Rg(A22 ) = 2.

Exercice 3: Soient a, b ∈ R. On considère la matrice


 
a 2 −1 b
A = 3 0 1 −4
5 4 −1 2
Montrer que Rg(A) ≥ 2. Pour quelles valeurs de a et b va-t-on avoir
que Rg(A) = 2 ?
Corrigé: Pour montrer que Rg(A) ≥ 2 il suffit de trouver une sous
matrice 2 × 2 dont le déterminant est non nul. Par exemple
 
1 −4
B=
−1 2
est une sous matrice 2 × 2 de A. Son déterminant vaut 6 6= 0. Donc
Rg(A) ≥ 2. Pour avoir que Rg(A) = 2 il faut que tous les sous
déterminants 3×3 soient nuls. On a 4 sous déterminants 3×3 possibles
que l’on calcule. Les sous matrices 3 × 3 s’obtiennent par suppression
d’une colonne de A. On calcule donc
 
2 −1 b
∆1 = det 0 1 −4 = 4(3 − b) ,
4 −1 2
3

puis  
a −1 b
∆2 = det 3 1 −4 = −2a − 8b + 26 ,
5 −1 2
puis  
a 2 b
∆3 = det 3 0 −4 = 16a + 12b − 52 ,
5 4 2
puis enfin  
a 2 −1
∆4 = det 3 0 1  = 4(1 − a) .
5 4 −1
On veut ∆1 = ∆2 = ∆3 = ∆4 = 0. On a ∆1 = 0 ⇒ b = 3 et
∆4 = 0 ⇒ a = 1. On vérifie ensuite que les équations ∆2 = 0 et
∆3 = 0 sont bien réalisées pour ces valeurs de a et b. On trouve donc
a = 1 et b = 3.

Exercice 4: Une matrice A est dite échelonnée (en lignes) si les deux
points suivants sont vérifiés: (i) toute ligne non nulle de A commence
avec strictement plus de zéros que la ligne précédente, (ii) en-dessous
d’une ligne nulle, toutes les lignes sont nulles.
(1) On considère les matrices échelonnées
     
1 2 1 1 −1 3 2 1 −2 1
A = 0 5 3  , B = 0 1 −4 1 , C = 0 1 −1 .
0 0 −1 0 0 0 3 0 0 0
Quel est le rang de ces matrices ?
(2) Dans le cas général montrer que le rang d’une matrice échelonnée
est égal au nombre de ses lignes non nulles.
Corrigé: (1) Le déterminant de A vaut −5 6= 0. Le rang de A est
donc 3. La matrice  
1 3 2
0 −4 1
0 0 3
est une sous matrice de B (obtenue en supprimant la 2nde colonne de
B). Son déterminant vaut −12 6= 0. Le rang de B vaut donc 3. Le
déterminant de C vaut zéro. Donc le rang de C est au plus 2. La
matrice  
1 −2
0 1
4

est une sous matrice 2 × 2 de C (obtenue en supprimant la 3ème ligne


et la 3ème colonne de C). Son déterminant vaut 1 6= 0. Le rang de C
vaut donc 2.
(2) Notons A = (aij ). Soit k le nombre de lignes non nulles de A.
Alors
(i) ∀i ≥ k + 1, ∀j, aij = 0.
Clairement on en déduit que Rg(A) ≤ k puisqu’une sous matrice carrée
qui contiendrait plus de k + 1 lignes aurait forcément une ligne nulle et
serait donc de déterminant nul. Supposons que l’on trouve k colonnes
de A formant une famille de k vecteurs linéairement indépendants.
Alors, en regardant A comme la matrice de représentation d’une appli-
cation linéaire entre espaces Rp et Rq (matrice de représentation que
l’on prendra par exemple dans les bases canoniques de ses espaces),
alors Im(f ) contiendrait une famille libre de k vecteurs. On aurait
donc Rg(f ) ≥ k, et donc en particulier Rg(A) ≥ k. Soit en conclusion
Rg(A) = k, et pour résumer il suffit de trouver k colonnes de A formant
une famille de vecteurs libres. Pour 1 ≤ i ≤ k, on note ji l’ordre du
premier élément non nul sur la ième ligne:
(ii) aiji 6= 0 et aij = 0 pour tout j < ji .
On a alors aussi que
(iii) amji = 0 pour tout m > i.
On montre que les colonnes j1 , j2 , . . . , jk sont les colonnes que nous
recherchons. En considérant que la matrice A était à p lignes et q
colonnes, on considère donc les vecteurs Um , m = 1, . . . , k, formés par
les colonnes
a1jm
 

Uj =  ...  .
apjm
Supposons que
k
X
λm Um = 0 .
m=1

Alors
k
X
λm aijm = 0
m=1
5

pour tout i = 1, . . . , p, et en fait pour tout i = 1, . . . , k. D’un point de


vue matriciel on a alors écrit que
a1j1 . . . a1jk λ1 0
    
 .. . .
..   ..  =  ...  .
.
akj1 . . . akjk λk 0
La matrice carrée qui intervient dans cette équation est diagonale
supérieure en raison de (iii) et sa diagonale est constituée des aiji 6= 0
par (ii). Le déterminant d’une telle matrice est égal au produit des
termes diagonaux (on le voit en développant suivant colonnes) et donc
non nul. La matrice est ainsi inversible ce qui implique que tous les λm
sont nuls. On a bien trouvé nos k colonnes formant une famille libre
de vecteurs.

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