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Les Grands
Classiques du
piano
Les Grands Classiques du piano pour les Nuls
« Pour les Nuls » est une marque déposée de John Wiley & Sons, Inc.
« For Dummies » est une marque déposée de John Wiley & Sons, Inc.
ISBN : 9782412084847
Dépôt légal : août 2022
Carte d’identité
Avant tout, il faut connaître les informations essentielles de
chaque pièce, que j’ai regroupées ici :
• L’année de composition et/ou de publication et le courant
artistique auquel elle appartient.
Le tempo
Attardons-nous sur les indications de tempo : elles sont le plus
souvent en italien. Pour résumer, nous avons, du plus lent au
plus rapide :
Largo (très lent) > Lento (lent) > Adagio (à l’aise, mais on
l’entend souvent comme lent également) > Andante (assez
lent mais dans un sentiment allant) > Moderato (modéré) >
Allegretto (assez allègre) > Allegro (allègre) > Vivace (vif) >
Presto (rapide) > Prestissimo (très rapide).
Il y a autant de subtilités de tempo que d’œuvres musicales. Je
suppose que votre battement de cœur est régulier ? La pulsation
des morceaux composant ce recueil l’est aussi, malgré le fait que
certaines pièces se jouent avec rubato. De l’italien rubare
(dérober), on peut dire qu’on vole du temps à un endroit… pour
mieux le restituer ailleurs ! Voici comme Liszt décrit le rubato
chopinien : « Regardez ces arbres : le vent joue dans les feuilles,
les fait ondoyer ; mais l’arbre ne bouge pas. » On l’utilise dans
la plupart des pièces romantiques mais aussi dans certaines
pièces baroques.
Si vous n’en possédez pas, investissez dans un métronome
mécanique ou électronique. Celui-ci vous procurera le repère
d’une pulsation stable donnée à titre indicatif pour chaque pièce,
en BPM (battements par minute). Dans la plupart des cas, un
tempo moyen s’entend dans une fourchette : de même que le
tempo du battement de cœur est variable d’un individu à l’autre,
la pulsation musicale est subjective, en témoignent les
interprétations divergentes d’une même pièce. Dans certains cas
en revanche, le compositeur donne une indication très précise :
régler votre métronome sur la valeur indiquée vous donnera une
idée du tempo à atteindre, après un travail lent, naturellement.
Repères
Voici quelques informations toujours utiles pour briller en
société – et, accessoirement, pour mieux comprendre la musique
qui coule sous vos doigts : connaître le contexte historique et
artistique d’une œuvre n’est pas vain, bien au contraire ! Je ne
saurais que vous engager à consulter plusieurs éditions d’une
même œuvre, notamment celles portant la mention Urtext
(éditions tirant ses sources de l’original), voire les manuscrits
originaux si vous pouvez mettre la main dessus. Plongez-vous, si
vous en avez le temps et l’envie, dans les ouvrages sur la
musique et le piano ou plus spécialisés encore : monographies
de compositeurs, essai sur tel ou tel courant artistique…
Le pianiste chilien Claudio Arrau confirme cette nécessité dans
le livre de Juergen Meyer-Josten, Conservations : « Il m’a
toujours paru primordial de tenter une approche des œuvres et
des compositeurs en étudiant l’atmosphère intellectuelle de leur
temps, l’ambiance dans laquelle avait baigné leur destin
personnel. Aussi me suis-je efforcé de m’imprégner de la
sensibilité de chaque époque, de l’assimiler afin que mes
interprétations la reflètent un peu. »
Vous trouverez des informations parfois moins sérieuses – mais
au fond, qui a parlé de sérieux ? Une anecdote croustillante ?
Une réutilisation étonnante de la pièce musicale, un souvenir du
compositeur ? Cela aussi fait partie de la vie d’une œuvre, bien
après sa composition !
Conseils de travail
Comment aborder une œuvre ?
L’ornementation
Particulièrement abondante dans la musique baroque, où on
l’appelle aussi « agrémentation », on ornemente les notes dans
toutes les musiques, sans exception. Trilles, gruppettos,
tremblements, pincés, broderies… autant de mots énigmatiques
et excitants ! En parlant de broderie : quelles formes peut-on
faire avec une aiguille et du fil ! Des courbes, des arêtes, des
volutes, des points… L’ornementation en musique, c’est un peu
la même chose : prenons une aiguille et du fil et enjolivons une
ou plusieurs notes de notre choix :
Quelques considérations
techniques
« Horowitz pense […] qu’il faut essayer d’obtenir ce que l’on
entend au fond de soi-même. […] Il s’est vu un jour à la
télévision et s’est aperçu qu’il jouait avec les doigts plats, alors
qu’il avait toujours cru avoir les doigts ronds. Cette constatation
l’étonna beaucoup, tout comme de s’apercevoir qu’il était très
raide au piano. » Ce témoignage de Murray Perahia sur un
pianiste légendaire est très intéressant ! La technique est au
service de la musique, pas l’inverse : on connaît bien l’histoire
de Schumann qui s’est paralysé un doigt en voulant le renforcer
à l’aide d’une poulie…
Nous ne nous étendrons pas longtemps sur la position juste au
piano. Votre dos doit être allongé, les épaules et les bras
relâchés, les coudes et les poignets à la hauteur des touches
blanches. La main doit avoir la même forme bombée que lorsque
qu’elle est au repos. Attention donc à ce qu’elle ne s’affaisse pas
sur le cinquième doigt et ne se creuse au niveau de la première
phalange.
Vous êtes détendu, tel un jeune arbre dont les branches ploient
souplement dans le vent. Pensez à ce vent, et respirez ! Un
défaut que l’on voit beaucoup est le jeu en apnée : attention !
Vous ne pourriez pas projeter le poids de votre corps dans le
clavier – certains pianistes sautent littéralement de leur
tabouret ! Connaissez-vous les nombreuses caricatures de Liszt
au piano ? Observez-les, elles vous amuseront !
Du doigté
Comment choisir ses doigtés ? Vaste débat… Naturellement, il
faudra lire la musique avant de penser à ses doigts ! Je me
souviens d’une élève qui avait écrit les notes de son morceau en
autant de chiffres sur un Post-it : 5 1 2 3 4 5… mais elle ne
savait plus où se placer sur le clavier !
Je sais d’expérience que les doigtés seront différents selon que
vos mains soient toutes petites ou qu’au contraire vous en ayez
d’imposantes ; que vous n’ayez pas dépassé votre première
décennie ou que votre expérience vous honore… C’est du cousu
main – c’est le cas de le dire ! Ravel, dit-on, avait de très longs
pouces, ce qui ne l’a pas empêché de composer pour le piano, et
pas n’importe quoi !
Dans les partitions, chaque doigté écrit au-dessus d’une note
concerne la MD (main droite), l’inverse est vrai pour la MG
(main gauche, au-dessous). Les doigtés de substitution sont
notés grâce à une petite liaison, comme ceci :
Vous remarquerez que dans les passages répétés, réexpositions
ou transpositions, je ne les réinscris pas : faites fonctionner votre
mémoire ! Mes doigtés seront à remettre en question si la
morphologie de votre main s’éloigne de la mienne, et/ou si votre
goût personnel vous indique un autre chemin. Par exemple,
certaines mains jouent facilement les octaves sur les touches
noires avec le pouce et le quatrième doigt, d’autres préfèrent
utiliser le cinquième.
Pour choisir vos doigtés, vous devrez :
La pédale
Savez-vous conduire ? Si oui, c’est parfait. Les pédales au piano,
c’est un peu comme dans une voiture :
Attention
Ce symbole parle de lui-même. Une attention à porter à un
détail, une erreur souvent commise… Ce triangle de
signalisation vous permettra d’éviter de drôles de sonorités !
Lexique
Dans ce recueil, j’utiliserai les abréviations suivantes :
• MD = main droite
• MG = main gauche
• ME = ensemble
• MS = séparées
• m. = mesure
Quelques mots italiens et abréviations à connaître :
• accelerando = en accélérant
• agitato = agité
• animato = animé
• assai = très
• cantabile = chantant
• e = et !
• grazioso = gracieux
• martellato = martelé
• meno = moins
• molto = beaucoup
• piú = plus
• sempre = toujours
• senza = sans
• staccato = piqué
Écoutez !
La musique est l’art des sons. Jouez une tierce majeure, dans le
registre médium. Pianissimo, c’est une harmonie céleste, une
fusion chatoyante. Fortissimo, tapé contre le clavier avec
brusquerie, c’est un klaxon, rien de plus ! Pourtant, il n’y a pas
de mauvais piano, seulement des mauvais pianistes… Le chant
est un des moyens d’expression primitif de l’homme : le piano
doit toujours chanter ! Parfois, il chante à plusieurs, en choeur :
c’est la polyphonie.
Au cinéma, il y a plusieurs plans : le premier (un personnage
important), le second (des personnages secondaires), le troisième
(le décor). En musique, nous avons les plans sonores : la
mélodie doit ressortir, ainsi que la basse, les harmonies les
soutenant de manière équilibrée. Heinrich Neuhaus, professeur,
entre autres, de Sviatoslav Richter, écrit ceci dans son livre L’Art
du piano : « Le jeu d’un grand maître vous fait souvent penser à
un tableau aux multiples niveaux : les silhouettes au premier
plan semblent sortir du cadre, alors qu’au fond les montagnes ou
les nuages font tout juste une tâche bleue. »
Voici, en guise de vœux de bonheur pour votre parcours dans ces
pages, les mots d’Alfred Brendel, dans L’Abécédaire d’un
pianiste : « Le piano est un lieu de métamorphose. Il évoque, si
le pianiste le veut, le chant de la voix humaine, le timbre
d’autres instruments, de l’orchestre, de l’arc-en-ciel, de
l’harmonie des sphères. Cette capacité de métamorphose, cette
alchimie est notre richesse. » Bon voyage sur les sentiers de la
musique !
Menuet
BWV Anh. 114, extrait du Petit Livre d’Anna Magdalena Bach
J. S. Bach (1685-1750) / C. Petzold (1677-1733)
Carte d’identité
• Composition : autour de 1725 (époque baroque)
Repères
Peu d’entre nous savent que ce menuet n’a été attribué que
récemment à Christian Petzold, compositeur et organiste
allemand contemporain de Bach. Il aurait simplement été
recopié dans le Petit Livre d’Anna Magdalena Bach, l’épouse du
compositeur. Ces cahiers, cadeau de Bach à sa femme,
comportent un certain nombre des œuvres du maître, mais aussi
de son fils Carl Philipp Emanuel, dont vous retrouverez le
Solfeggietto, et d’autres compositeurs tels que François
Couperin, compositeur des Baricades mistérieuses.
Conseils de travail
C’est une danse : elle doit donner envie de se dandiner ! Pensez
qu’avant d’être joué par des musiciens en herbe sur des pianos
électriques, ce menuet a été imaginé pour le clavecin. Dépourvu
de nuances, le claveciniste trouve son expression dans d’autres
ressources, notamment la ponctuation. Pour trouver de la
légèreté, je vous propose mon « millefeuille » de la ponctuation :
Attention
Observez l’appogiature de la m. 8 : la petite note si n’est pas
barrée, ce n’est donc pas une acciacatura, c’est-à-dire une note
très courte qui « agrippe » la note qu’elle précède. Ici, cette note
diminue de sa valeur la note suivante, en l’occurrence ici la
blanche pointée. On pourra la jouer ainsi :
Menuet
J. S. Bach (1685-1750) / C. Petzold (1677-1733)
Präludium
E. Tetzel (1870-1936)
Carte d’identité
• Tonalité : do majeur, aucune altération à l’armure. De
même qu’il y a des œuvres écrites pour les touches noires
(Chopin, Étude op. 10 no 5, entre autres), il existe des
pièces entières qui n’utilisent que les touches blanches :
c’est le cas ici !
Repères
Vous ne connaissez peut-être pas Eugen Tetzel, compositeur,
musicologue et pédagogue allemand. À dire vrai, peu d’entre
nous le connaissent, si ce n’est à travers cette pièce que l’on
retrouve dans plusieurs ouvrages. Déchiffrez ce Prélude et dites-
moi…
Cela ne vous rappelle-t-il pas quelque chose ? Si c’est le cas,
c’est bien naturel : il s’agit de la même marche harmonique
descendante que celle du Canon de Pachelbel en ré majeur !
Seules les deux dernières mesures de l’enchaînement diffèrent.
Conseils de travail
C’est une pièce d’une relative simplicité… en apparence
seulement ! On peut l’aborder à différents niveaux.
Präludium
E. Tetzel (1870-1936)
Vieille Chanson française
Extrait de L’Album pour enfants op. 39, no 16
P. I. Tchaïkovski (1840-1893)
Carte d’identité
• Composition : 1878 (époque romantique)
• Tempo moyen : ♩ = 84
Repères
Tchaïkovski a écrit son Album pour Enfants op. 39 en 1878, et
l’a dédié à son neveu de six ans. Il y fait référence à un
imaginaire enfantin (Le Petit Cavalier, La Poupée malade, La
Sorcière…), tout comme Schumann dans son propre Album pour
la jeunesse op. 68. Il est intéressant de savoir que les deux
compositeurs ont écrit leurs « enfantines » lors de périodes de
repos, dans un geste spontané. Le voyage ou le fantasme de
contrées lointaines font également leur apparition chez
Tchaïkovski, à travers ces pièces : Chanson russe, Chanson
italienne, Chanson allemande, Chanson napolitaine…
Conseils de travail
Cette pièce, en apparence facile, présente quelques difficultés
dans la réalisation :
• La MG elle aussi doit être liée, et qui plus est, tenir les
sons afin de créer une harmonie : travaillez-la
indépendamment et lentement, et écoutez la résonance des
sons entre eux.
Attention
Les deux déplacements successifs m. 30 et 31 sont
impitoyables : là encore, pensez au chat tombant de haut, et
dites-vous qu’au regard de ce grand clavier et de l’univers tout
entier, ce n’est pas si loin ! Éventuellement, accompagnez la
dernière croche de chacune de ces deux mesures d’un petit coup
de pédale, qui vous aidera à passer le cap voluptueusement.
Carte d’identité
• Publication : 1852 (époque romantique)
Repères
Cette étude fait partie d’un ensemble fort réjouissant : 25 Études
faciles et progressives op. 100 de Friedrich Bürgmuller,
compositeur allemand du XIXe siècle. Les jeunes pianistes se les
arrachent, tant L’Adieu, L’Harmonie des anges, la Tarentelle ou
la Chevaleresque leur racontent une histoire tout en leur offrant
un challenge technique certain. L’Arabesque est peut-être
l’extrait le plus célèbre du recueil, et je n’oserai pas vous faire
l’affront de vous demander si vous avez déjà entendu sa
ritournelle.
Le titre est tout-à-fait suggestif : pensez aux courbes, aux
ornements que vous avez peut-être déjà admirés dans l’art
oriental, qu’il s’agisse de peinture ou d’architecture. En
musique, Schumann, Debussy et bien d’autres ont écrit des
Arabesques : écoutez-les et délectez-vous de ces volutes
évocatrices.
Le titre fait peut-être également référence à la courbe du motif
conjoint qui irrigue toute l’étude, successivement à chaque main.
Observez la rotation de votre poignet, lorsque les doigts de
déroulent l’un après l’autre : n’est-ce pas là une belle
arabesque ?
Conseils de travail
• Veillez à bien équilibrer les mains, ne jouez pas les
accords de la MG trop fort : restez près du clavier, sur
lequel vous rebondissez avec un poignet souple. La MD
est plus volubile, ses doubles croches frétillantes prennent
tout leur sens dans un jeu articulé, perlé. Répétez le mot
« ballabile » plusieurs fois en pensant que le spectateur du
dernier poulailler doit comprendre distinctement chaque
syllabe. Vous voyez ?
Attention
Soyez vigilant quant à la structure de la pièce. Si vous n’êtes pas
familier des reprises, c’est l’exemple idéal : sachez qu’on saute
la mesure de 1ère fois à la reprise pour aller directement à la
mesure de 2e fois : on ne les joue qu’une fois chacune.
Arabesque
J. F. F. Burgmüller (1806-1874)
Arietta
Extrait des Pièces lyriques op. 12, no 1
E. Grieg (1843-1907)
Carte d’identité
• Composition : 1867 (époque romantique)
Repères
Avec le Concerto en la mineur op. 16, les Pièces lyriques sont la
gloire pianistique d’Edvard Grieg, compositeur norvégien. Le
succès de ces pièces de petit format, réparties en plusieurs
recueils composés tout au long de sa vie (de 1867 à 1901) était
tel que ses éditeurs lui en demandaient toujours de nouvelles !
D’une dimension propice à leur exécution dans les salons
mondains, à l’instar des Romances sans paroles de
Mendelssohn, elles recèlent de purs joyaux tels que Papillon
op. 43 ou la Marche des trolls op. 54 que je vous invite à
découvrir… sous vos doigts ? Les thèmes chers au compositeur
y sont présents : le folklore norvégien bien sûr, ainsi que la
nature. Grieg éprouvera des sentiments mitigés sur ces pièces,
comme en témoigne Guy Sacre dans La musique de piano : « Il
alla jusqu’à s’écrier que ces morceaux étaient “les poux et les
mouches” de sa vie d’artiste. […] Et cependant, tout son art se
reflète dans ces miniatures, avec son âme et sa pensée. »
L’Arietta est la toute première pièce ouvrant le premier opus.
Elle semble lever le voile sur un univers poétique, telle une
invitation au voyage. Son thème sera réemployé dans la toute
dernière pièce Souvenirs op. 71 : écoutez-les tour-à-tour, trente-
cinq années les séparent et pourtant, la même émotion en surgit.
Conseils de travail
• J’ajouterais volontiers le qualificatif cantabile (chantant),
à ce feuillet. Ici, la mélodie et la basse sont principalement
jouées par le cinquième et le quatrième doigts de la MD :
Neuhaus aurait dit fort-à-propos : « Rappelons qu’Anton
Rubinstein appelait les deux cinquièmes doigts les
« conducteurs de la musique ». Par exemple, m. 1 à 4, des
blanches trop faiblement timbrées par la MG ne
parviendraient pas à soutenir les soufflets dans la mélodie.
Arietta
E. Grieg (1843-1907)
Prélude no 1
BWV 846, extrait du Clavier bien tempéré
J. S. Bach (1685-1750)
Carte d’identité
• Composition : 1722 (époque baroque)
• Tempo moyen : ♩ = 72
Repères
En guise de préface à son Album pour la jeunesse op. 68,
Schumann offre ses Conseils aux jeunes musiciens, que Franz
Liszt traduira en français. « Faites votre pain quotidien du
Clavier bien tempéré [de Bach] : il fera de vous à lui seul un bon
musicien. »
Et en effet, chaque cahier du Clavier bien tempéré
comporte 24 préludes et fugues : vous avez le temps de voir
venir ! Pourquoi ce titre ? Parce que si vous entendiez votre
instrument accordé comme à l’époque, il vous paraîtrait très
faux ! Bach explore les possibilités qu’offrent le tempérament
égal, c’est-à-dire la division du clavier en douze demi-tons
égaux. Ce premier Prélude parcourt l’harmonie, par des dessins
d’accords brisés, véritables formules d’accompagnement, en
témoignent les nombreuses utilisations de ce prélude, de Gounod
à Maurane !
N’en déplaise à quelques-uns, on joue beaucoup aujourd’hui ce
monument au piano ! Glenn Gould, pianiste canadien, dit : « Il
n’y a rien en vérité qui empêche le piano contemporain de
représenter fidèlement les implications architecturales du style
baroque en général, de ce celui de Bach en particulier. » C’est
une œuvre intemporelle, à laquelle le piano peut offrir sa
sonorité et ses nuances, notamment pour donner à comprendre
les différentes voix superposées des fugues et faire danser les
préludes.
Conseils de travail
• Le mot prélude est issu du verbe latin praeludo : préluder,
s’essayer à. Le musicien joue quelques notes pour accorder
son instrument et s’échauffer. C’est une sorte de
préambule, on dit bonjour : votre prélude ne devra pas être
trop « amidonné » dans une pulsation stricte. Fiez-vous à
votre oreille : quels sont les accords de tension ?
(septièmes de dominante, septièmes diminuées, septièmes
tout court…!), où sont les accords de repos ? À quel
moment vous sentez-vous en voyage et quand avez-vous le
sentiment de clore un cycle ?
Prélude no 1
J. S. Bach (1685-1750)
Le Cavalier sauvage & Le Gai
Laboureur
Extraits de L’Album pour la jeunesse op. 68, no 8
R. Schumann (1810-1856)
Carte d’identité
• Composition : 1848 (époque romantique)
Le Cavalier sauvage
• Tonalité : la mineur, avec une partie centrale en fa majeur
Le Gai Laboureur
• Tonalité : fa majeur, un si - à l’armure
Repères
« On n’a jamais fini d’apprendre ». Tels sont les mots des
Conseils aux jeunes musiciens qui accompagnent L’Album pour
la jeunesse de Schumann. Composé en 1848 pour sa fille Marie,
c’est un ensemble de 43 pièces en deux parties qui mêlent des
pièces anciennes et nouvelles, faisant appel à l’imaginaire
enfantin. On connaît notamment la Mélodie, le Pauvre Orphelin
ou la Sicilienne. Le Cavalier sauvage et Le Gai Laboureur font
partie des pièces les plus célèbres, tant elles sont entraînantes et
parce qu’on en retient l’air du premier coup !
Conseils de travail
• On veillera, dans le Cavalier sauvage, à distinguer
nettement la ponctuation : staccato et legato se côtoient,
avec une nette prédominance du premier. On peut
accompagner d’un bref coup de pédale les sforzandi.
Attention
Le Gai laboureur : m. 3 et similaires, observez le glissement de
pouce, qui peut s’avérer salutaire pour certaines formes de
mains. C’est un geste que vous retrouverez dans le Tango
d’Albéniz. Il ne faudra ni s’affaler de tout son poids dans le
clavier lors du glissement, ni craindre de jouer le la, ce qui le
ferait paraître trop terne.
M. 9 et 15 : afin de faciliter le legato de la mélodie de la MD et
sans mettre à mal celui de la MG, je prends les deux si - des
troisième et quatrième temps avec le pouce de la MG : les
pouces se saluent et reviennent à leurs moutons.
Le Cavalier sauvage
R. Schumann (1810-1856)
Le Gai Laboureur
R. Schumann (1810-1856)
La Tartine de beurre
K. Anh. 284n
W. A. Mozart (1756-1791), ou L. Mozart (1719-1787), ou…
Carte d’identité
• Composition : difficile à dire (époque classique ?)
Repères
Qu’est-ce alors que ce drôle d’objet ? On connaît le caractère
espiègle de Mozart, ou les velléités pédagogiques de son père
Léopold. Certains éditeurs ont pu faire passer des pièces de leur
composition pour des œuvres de grands maîtres… Dans le cas
qui nous occupe, difficile d’avoir une réflexion sérieuse sur une
pièce apocryphe (dont l’authenticité n’est pas établie), tant elle
est amusante !
Conseils de travail
• Commençons par la MG, voulez-vous ? Puisqu’il s’agit
de toute évidence d’une valse, voici la manière dont vous
en pouvez ponctuer l’accompagnement :
La Tartine de beurre
W. A. Mozart (1756-1791), ou L. Mozart (1719-1787), ou…
Préludes
Op. 28, no 4 & 7
F. Chopin (1810-1849)
Carte d’identité
• Composition : 1836-1839 (époque romantique)
Prélude no 4
• Tonalité : mi mineur, un fa # à l’armure
Prélude no 7
• Tonalité : la majeur, fa do et sol sont # à l’armure
Repères
Chopin a terminé son recueil de 24 Préludes à Majorque. Ceux-
ci parcourent l’ensemble des tonalités, à l’image des Préludes du
Clavier bien tempéré de J. S. Bach. Ce sont des pièces courtes,
que l’on peut jouer à la suite ou en choisir une sélection. Pour
Liszt, ils sont « admirables par leur diversité, le travail et le
savoir qui s’y trouvent… Ils ont la libre et grande allure qui
caractérise les œuvres de génie ».
Le Prélude no 4, de tonalité sombre, est particulièrement
poignant. On l’a joué à l’orgue lors des funérailles du
compositeur. Si c’est une des premières pièces de Chopin que
l’on aborde, sa célébrité a dépassé les frontières du piano,
comme en témoigne la chanson Jane B de Serge Gainsbourg,
entre autres.
Le Prélude no 7 est quant à lui beaucoup plus lumineux, naïf.
C’est une sorte de mazurka, danse du pays natal du compositeur,
lente et qui ne comptabilise pas plus de seize mesures.
Conseils de travail
Prélude no 4
• Les accords de la MG doivent s’enchaîner de manière
absolument fluide dans la nuance p, sans à-coup, comme
s’ils étaient tous joués dans le même archet. C’est une
gageure, et là encore, travaillez avec les boucles :
enchaînez les deux premiers accords en aller-retours afin
d’éprouver le déplacement dans les deux sens, et ainsi de
suite. Attention à ne pas confondre souplesse et mollesse :
par souci d’égalité des sons dans chaque accord, la main
doit, sans dureté excessive, « tenir » l’empreinte.
Prélude no 7
Dans ce prélude, des harmonies de tension (accords de
dominante ou de sixième degré « majorisé ») et de détente
(accord de tonique) se succèdent, comme un jeu de question /
réponse : au début par deux mesures, puis dans la seconde
phrase, la réponse se fait désirer par une pirouette harmonique,
ce qui allonge la période de tension, et fait désirer la résolution.
Des nuances sont écrites : à vous de jouer ! Et si vous en avez
l’occasion, voyez le ballet The Concert de Jerome Robbins, où
cette pièce est traitée avec humour et poésie.
Attention
• Ne prenez pas la mauvaise habitude répandue de décaler
systématiquement les deux mains. On le fait parfois pour
révéler une harmonie inattendue, un passage-clef... mais
c’est tout !
Carte d’identité
• Composition : 1766 (époque baroque – préclassique)
Repères
Originellement baptisée Solfeggio, cette pièce du fils de J. S.
Bach est petit à petit devenue Solfeggietto : sont-ce les
nombreuses anthologies et méthodes de piano qui en ont travesti
le titre, ou une sorte de mode « à l’italienne » en musique qui a
inspiré ce diminutif ? Toujours est-il que cette petite toccata
plaît, et impressionne d’autant plus qu’elle est aisée
d’interprétation puisque, la plupart du temps, une seule note est
jouée à la fois !
Conseils de travail
• Il faudra donner l’illusion, sauf dans les passages où les
deux mains jouent ensemble, qu’une seule main est à
l’œuvre, par un relais impeccable de l’une à l’autre, une
régularité et une égalité des doigts à toute épreuve dans les
gammes et les arpèges. L’habileté à se déplacer sur le
clavier pourra se travailler, une fois la pièce sue par cœur,
lentement et les yeux fermés.
Attention
M. 21 à la distribution des mains : on peut prendre, par
commodité, la première double croche de chaque temps à la
main gauche.
M. 22 et suivantes : c’est une demi-pause, qui vaut une blanche
de silence. Ne la raccourcissez pas, cela ne doit pas sonner
précipité.
M. 25 : voici comment on peut réaliser l’ornement :
Solfeggietto
C. P. E. Bach (1714-1788)
Une larme
M. Moussorgski (1839-1881)
Carte d’identité
• Composition : 1880 (époque romantique)
Repères
Cette pièce est l’une des dernières de Moussorgski. Elle est
particulièrement dépouillée, comparativement aux autres œuvres
de son auteur : les harmonies y sont rudimentaires et se posent la
plupart du temps sur une pédale de tonique (sol) ; le rythme est
fait de noires et de croches, et la mélodie ne se prive pas de
répétitions – d’ailleurs, on ne s’en lasse pas. Remarquez
toutefois les carrures irrégulières, avec ces allongements pleins
de charme (m. 12, 23).
Au cœur du mouvement, un ange passe : ce chant en mode
majeur est comme un murmure d’espoir, une caresse, dans un
écrin de velours… avant de céder la place à la nostalgie qui s’en
revient. Écoutez-la dans sa version orchestrale, cela vous
inspirera !
Conseils de travail
• Là encore, un juste dosage entre les mains sera nécessaire.
La MD doit chanter sa mélancolie slave avec émotion : les
doigts se relèvent légèrement pour bien timbrer et déporter
le poids naturel du bras d’une touche à l’autre. La MG,
elle, caresse le clavier.
Attention
M. 4, temps 4 : jouez le do et le ré avec le pouce, afin de
simplifier l’empreinte et le déplacement qui précède.
Une larme
M. Moussorgski (1839-1881)
Gymnopédie no 1
E. Satie (1866-1925)
Carte d’identité
• Composition : 1888 (musique moderne)
• Tempo moyen : ♩ = 80
Repères
Satie était-il un peu fou, ou incroyablement fantasque ?
Inclassable, rien n’est plus sûr ! On le considère comme
précurseur du surréalisme ou de la musique minimaliste et
répétitive. Connaissez-vous ses Vexations ? « Pour se
jouer 840 fois de suite ce motif, il sera bon de se préparer au
préalable, et dans le plus grand silence, par des immobilités
sérieuses. » Telle est la note d’intention du compositeur… Satie,
qui possédait sept fois le même costume de velours moutarde, a
fondé sa propre église, l’« Église métropolitaine d’Art et de
Jésus conducteur » ! Mais l’aventure finit par cesser, puisqu’il en
était l’unique membre…
Dans l’Antiquité grecque, une gymnopédie était une danse
pratiquée par des éphèbes nus lors de fêtes à Sparte, et c’est
après la lecture de Salammbô de Flaubert qu'est venue à Satie
l'idée de composer cette œuvre.
Conseils de travail
• Voici les éléments qui composent cette pièce : une
mélodie en noires et blanches pointées, jouée
exclusivement par la MD ; des basses jouées uniquement
par la MG et un accord récurrent sur le second temps, joué
la plupart du temps par la MG, excepté dans les cas
suivants :
• Lorsqu’il s’agit d’un accord de quatre sons que la
MG ne peut pas plaquer : on joue la note supérieure
avec le pouce de la MD aux mesures 24 et
semblables.
• Lorsque l’accord comporte une note appartenant à
la mélodie : plutôt que de la jouer à gauche et de la
perdre au changement de pédale de la mesure
suivante, je suggère qu’on la répète à nouveau par
la MD, en veillant à lui imprimer la même sonorité
que la MG dans son accord (m. 9 et similaires).
• On peut même jouer deux notes de l’accord, par
confort : m. 37 et 76, troisième temps.
Gymnopédie no 1
E. Satie (1866-1925)
Gnossienne no 3
E. Satie (1866-1925)
Carte d’identité
• Composition : 1890, publiée en 1893 (vers une musique
moderne)
Repères
L’origine du mot Gnossienne a fait couler beaucoup d’encre : ce
n’est pas aujourd’hui que vous saurez ce que Satie a voulu
signifier par là ! Peut-être ces pièces tirent-elles leur nom de la
Gnose, ou de Gnosse (Knossos), ville légendaire de Crète...
Depuis les Quatre Ogives pour piano composées en 1887, il est
fréquent que les œuvres du compositeur ne comportent pas de
barre de mesure : on pourra croire que l’éditeur a terminé sa
gravure après une soirée bien arrosée ! Je ne puis m’empêcher
de penser au recueil Alcools d’Apollinaire, où la ponctuation
brille par son absence – les deux artistes se connaissaient et
s’admiraient mutuellement.
Ce n’est donc pas par oisiveté que je n’ai indiqué ici ni doigtés,
ni pédale ! Cela serait, à mon sens, contradictoire avec les
indications du compositeur, sortes de didascalies saugrenues…
Cela vaut le coup d’aller découvrir les indications des autres
Gnossiennes : « très luisant », « ne sortez pas », ou encore « sur
la langue »… Faites-en votre miel, je ne veux pas le savoir !
Conseils de travail
• Ici, contrairement à la Gymnopédie no 1, on pourra jouer
l’accord en rythme de syncope uniquement avec la MG.
Attention
• Puisque nous n’avons pas de barre de mesure, quid des
altérations ? Nous partirons du principe que les règles
habituelles s’appliquent ici pour chaque motif mélodique,
même si des altérations de précaution ont été ajoutées.
Gnossienne no 3
E. Satie (1866-1925)
Hémiones
Extrait du Carnaval des animaux
C. Saint-Saëns (1835-1921)
Carte d’identité
• Composition : 1886 (fin du romantisme)
Repères
Les Hémiones sont un extrait du Carnaval des animaux,
« Grande Fantaisie zoologique » composée par Camille Saint-
Saëns en 1886 pour un concert de Mardi gras. Il ne voulait pas
que son œuvre soit jouée en public, mais elle a été interprétée
lors de soirées privées avant d’être publiée à titre posthume.
Réputé pour être un compositeur sérieux, il se pourrait qu’il vise
d’un peu trop près des confrères dans ses pastiches… Cela ne
semble pas le cas dans cette pièce : un hémione est un âne
sauvage d’Asie. Lisez le texte de Francis Blanche !
Conseils de travail
• Important : les arrangements possibles sont multiples et
appartiennent à chacun : pas un pianiste sur cette planète
ne met le même doigté de bout en bout. Joué à deux
pianos, si les deux musiciens souffrent du même défaut de
doigté au même endroit, l’édifice vacille quelque peu.
Mais vous êtes seul et bien seul. Prenez cette pièce pour
étude technique et mise en doigt post réveil-matin et pré-
brossage de dents, un peu comme le Solfeggietto.
Attention
• La mise en page précise la distribution des mains :
hampes (queues) vers le haut ? MD. Vers le bas ? MG. Et
c’est tout !
Hémiones
C. Saint-Saëns (1835-1921)
Le Petit Nègre
C. Debussy (1862-1918)
Carte d’identité
• Publication : 1909 (musique moderne)
Repères
Quelle jubilation que cette pièce ! Debussy se déguise en Scott
Joplin, comme il l’a fait peu avant dans Children’s corner et son
Golliwog’s cake-walk. La pièce tire son déhanchement de la
syncopette, figure rythmique caractéristique de cette musique
d’origine afro-américaine et précurseuse du jazz. C’est une pièce
facile d’accès qui fait le bonheur des pianistes en herbe, malgré
son titre quelque peu racorni. Publiée dans la Méthode
élémentaire de piano de Théodore Lack, on en reconnaît le
thème musical dans la Boîte à joujoux : c’est le soldat anglais !
Conseils de travail
• Qui a travaillé Le Petit Nègre a forcément cauchemardé à
cause de la fameuse gamme en tierce descendante : il faut
la travailler MS, en marquant du bout du pied la blanche
pour s’imprimer des repères à chaque mesure. Travaillez
ces tierces le plus legato possible, puis piquez-les.
Carte d’identité
• Publication : 1955 (date de composition inconnue)
Repères
On ignore presque tout de la composition de cette Valse en la
mineur, publiée à titre posthume en 1955 dans la Revue
musicale. Pourtant, la pièce n’est pas loin d’être victime de son
succès, tant on l’entend dès qu’un piano se trouve à proximité –
ce qui ne lui enlève rien !
Conseils de travail
• Lisez ces quelques mots de Stefan Askenase, pianiste
polonais, dans le livre Conversations de Juergen Meyer-
Josten : « Les œuvres de Chopin doivent être jouées avec
naturel. Il ne faut pas se comporter en virtuose, ni exagérer
le caractère mélancolique, ni jouer avec emphase, ni
surtout faire du sentiment : il faut simplement faire de la
musique. […] Il faut jouer librement, mais ce rythme doit
toujours être perceptible. » C’est limpide ! Vous pouvez
utiliser le rubato, mais sans perdre de vue que la valse est
une danse ! D’ailleurs, l’avez-vous déjà dansée ? Avez-
vous expérimenté le temps fort, l’appui sur le premier
temps, puis la légèreté, la suspension à 2, 3 ? Cette valse
de Chopin, toute romantique qu’elle soit, ne doit pas
sonner excessivement expressive, ampoulée ou pesante :
c’est une page fraîche, pleine d’élégance et de retenue.
Valse en la mineur
F. Chopin (1810-1849)
Le Coucou
Extrait du Premier livre de Pièces de clavecin, Troisième Suite
L.-C. Daquin (1694-1772)
Carte d’identité
• Publication : 1735 (époque baroque)
Repères
Nous avons tantôt découvert un extrait du Carnaval des
Animaux : écoutez-le en entier ! Saint-Saëns choisit, pour imiter
le Coucou au fond des bois, une tierce majeure. Daquin, lui,
utilise la tierce mineure tout au long de la pièce : « sol – mi » est
« coucou » ! « L’appel du coucou, à la main gauche, se détache
clairement sous les guirlandes légères de doubles croches tissées
par la main droite », écrit Adélaïde De Place dans le Guide de la
musique de piano et de clavecin. Voici une pièce descriptive fort
amusante !
Conseils de travail
• Par souci de style, mais aussi pour être au plus près du
son du coucou, nous détacherons toutes les noires, ainsi
que les croches, excepté celles qui s’inscrivent dans un
mouvement conjoint des deux mains et que nous lierons :
m. 4, 10, 15, 28, 32 et 65. Les doubles croches seront liées,
mais avec un jeu articulé, perlé, qui fuira comme la peste
toute bavure et note « collée » à mauvais escient.
Attention
• Observez de près la MG dans la mesure 41. L’écriture en
est complexe du fait de la polyphonie. Deux voix
cohabitent dans cette MG : les hampes vont vers le haut ?
C’est la voix du haut, qui comporte un demi-soupir et une
noire pointée. On joue les deux sol en même temps, et on
tient la touche jusqu’à la fin de la mesure. Vous voyez
deux notes, mais n’en jouez qu’une seule : vous
retrouverez ce type d’écriture dans de nombreuses
partitions.
Le Coucou
L.-C. Daquin (1694-1772)
Sarabande
Extrait de la Suite no 4 en ré mineur HWV 437 pour clavecin
G. F. Haendel (1685-1759)
Carte d’identité
• Publication : 1733 (époque baroque)
• Mesure binaire : =3
• Tempo moyen : = 63
Repères
La sarabande est une danse de cour lente, à trois temps, dont on
allonge le deuxième temps, souvent une mesure sur deux, pour
glisser le pied au sol, ce qui en fait sa spécificité. Vous pouvez
découvrir les sarabandes des suites instrumentales de Bach –
mais les compositeurs modernes tels que Debussy, s’en sont
également emparées.
Dans la Suite no 4 du Deuxième volume de pièces pour le
clavecin de Haendel, la Sarabande, à qui on trouve un lien de
parenté avec la Folia, est le quatrième mouvement d’une suite
de danses à la française : elle est entourée d’une Courante et
d’une Gigue ; les deux premiers mouvements de la suite sont un
Prélude et une Allemande.
Elle fait partie des pièces que l’on connaît par cœur sans en
connaître le nom, pour l’avoir entendu chez Kubrick ou pour
Levi’s !
Conseils de travail
• Avant que vous ne vous ruiez sur la pédale, étudiez cette
Sarabande sans son secours. Pensez au clavecin, ou à
l’orchestre, et sentez la solennité de cette danse. Les
accords comportent quatre ou cinq sons : ce sont autant
d’instruments à cordes ou à vent qui doivent émettre leur
son de manière synchronisée – mais aussi les couper avec
la même précision. La pédale ne favorisant pas ce travail,
je vous suggère de la mettre en sourdine – sans mettre la
sourdine, vous me comprenez.
Sarabande
G. F. Haendel (1685-1759)
Chant de gondolier vénitien
Extrait des Romances sans paroles op. 30, no 6
F. Mendelssohn (1809-1847)
Carte d’identité
• Composition : 1833-34 (époque romantique)
• Mesure ternaire : = 6 ♪ ou 2 ♩.
• Tempo moyen : ♩. = 63
Repères
Mendelssohn a composé ses Romances sans paroles (Lieder
ohne Worte) entre 1830 et la fin de sa vie. Huit cahiers de six
pièces rassemblent quarante-huit pièces courtes, parmi lesquelles
on trouve de véritables bijoux : La Fileuse, La Chasse, Chanson
de printemps… Le piano romantique y chante en petit format,
s’inspirant du lied. Le public reçoit chaque feuillet au compte-
gouttes et s’y plaît, s’y complaît ! Si je puis vous donner un
conseil : courez vous offrir le recueil complet, et déchiffrez une
ou deux romances chaque dimanche, afin de vous mettre un peu
de baume au cœur !
La Romance sans parole op. 30, no 6 est le deuxième chant de
gondolier vénitien, l’opus 19 offrant lui-même un Venetianisches
Gondellied. Ce sont deux souvenirs d’un voyage du compositeur
à Venise en 1830.
Conseils de travail
• Point de pathos dans cette barcarolle, mais la simple
évocation en forme de carte postale des oscillations d’une
gondole dans un canal de Venise : pas trop de fluctuations,
de la simplicité avant tout ! La beauté naîtra du timbre que
vous réussirez à donner à la mélodie et à son
accompagnement. L’indépendance de vos deux mains est
nécessaire : le chant de la MD doit avoir une sonorité
pleine et généreuse, tel un gondolier chantant de tout cœur,
et la MG l’accompagne de ses arpèges effleurant le clavier
de manière délicate.
Attention
Ne vous bloquez pas dans les trilles, mais travaillez-les
lentement, en étant attentif à la légère rotation du poignet, puis
en accélérant progressivement. On ne mesure pas les battements
d’un trille romantique : « Ils [les trilles] peuvent être gracieux ou
inquiétants, mystérieux ou démoniaques, souriants ou
menaçants, innocents ou tentateurs. », écrit Brendel dans
L’Abécédaire d’un pianiste.
Carte d’identité
• Composition : 1823 (période charnière entre la musique
classique et romantique)
• Tempo moyen : ♩ = 88
Repères
Les Six Moments musicals (ils furent publiés sous ce nom !)
constituent un recueil de pièces éparses, de dimensions
disparates, réunies en 1827. Le troisième d’entre eux est le plus
célèbre de tous et la pièce la plus ancienne : il fut publié
en 1823 sous le titre Air russe, bien qu’il comporte plutôt des
inflexions hongroises et rappelle sa sœur la Mélodie hongroise,
composée un an plus tard. Sorte de danse légère comme une
polka, ce Moment musical alterne mode mineur et mode majeur :
« Il […] ne résiste pas, quand il a trouvé une belle phrase dans
un mode déterminé, à l’essayer dans un autre mode ; ce
balancement perpétuel entre majeur et mineur est une de ses
marques les plus saillantes. » écrit Guy Sacre à propos de
Schubert.
Conseils de travail
• Les syncopes ont une place particulière dans la musique
de Schubert, que décrit Brendel : « Les syncopes ne sont
pas des notes ordinaires. Il faut rendre audible le fait
qu’elles se prolongent jusque dans l’unité rythmique
suivante et faire entendre leur caractère spécial. […] Il
existe pour la syncope un geste spécifique qui, appuyé sur
les doigts, pousse un peu le poignet à l’aide du bras en
direction du couvercle du clavier. »
Attention
M. 3 : la petite note doit être très courte, comme si elle était
barrée, telle un clin d’œil complice.
M. 4 : faites attention à ne pas garder la note centrale de
l’ornement (si -), seule la tierce la - - do doit subsister.
M. 9 : ne jouez pas le fa entre parenthèse dans la MD, puisque
vous le jouez à gauche !
M. 20 : vous pouvez glisser le cinquième doigt à la MD du
la - au sol, c’est plus commode si l’on veut tenir la tierce avec
les doigts.
Carte d’identité
• Composition : 1838 (époque romantique)
• Tonalité : fa majeur
• Mesure binaire :
Repères
L’Album pour la jeunesse, dont vous avez découvert deux
pièces, s’adressait spécifiquement aux petites et moyennes
mains. Ce n’est pas le cas des Scènes d’enfants op. 15, où le
compositeur s’attache pourtant à l’univers enfantin. Ce sont des
pièces d’une autre veine, plus introspectives. Schumann a vingt-
huit ans, il n’est plus un enfant – n’est pas Peter Pan qui veut. Il
est alors aux prises avec le père de Clara, qui lui refuse sa main.
Le temps d’un bref regard en arrière, il nous livre treize
miniatures dont la Rêverie est un des emblèmes.
Conseils de travail
Voilà l’archétype de la pièce qui doit sonner facile, pure et
spontanée, mais qui n’est pas aussi simple à réaliser que ce que
l’on croit !
Attention
• M. 6 et 22 : pour jouer la seconde à la MD, le pouce se
placera entre les deux touches.
Rêverie
R. Schumann (1810-1856)
Valse en la bémol
Extrait des Valses op. 39, no 15
J. Brahms (1833-1897), adapté par l’auteur
Carte d’identité
• Composition : 1865 (époque romantique)
• Tonalité : la - majeur
• Mesure binaire :
Repères
Les seize Valses op. 39 ont été écrites pour piano à quatre mains,
et créées en novembre 1866 par Albert Dietrich et Clara
Schumann, épouse de Robert.
Aimez-vous Brahms ? nous demande Françoise Sagan. Il fallut
bien qu’on aimât ses valses pour que le compositeur lui-même
les arrange pour piano solo dans une version simple et une
version plus difficile. Cette avant-dernière Valse no 15, où les
triolets de sixtes typiquement brahmsiens finissent par fleurir,
est transposée de la à la -, ce qui ajoute encore, si possible, une
certaine douceur. Pour l’anecdote, écoutez donc la Valse des
regrets de Georges Guéthary, car Gainsbourg n’est pas le seul à
s’être emparé des grands thèmes du répertoire ! Attention
toutefois, ne soyez pas aussi démonstratif dans vos phrasés…
Conseils de travail
• Votre bout du pied peut être plus fin que la traditionnelle
pédale « à la mesure », notamment lorsque deux harmonies
s’y succèdent : ouvrez grandes vos écoutilles !
Attention
• M. 7, temps 3 : lorsqu’un accord étendu est difficile à
attraper, on peut passer le pouce à l’intérieur afin de
fluidifier l’arpège. Tout dépend de la morphologie de votre
main.
Valse en la bémol
J. Brahms (1833-1897), adapté par l’auteur
Les Sauvages
Extrait des Nouvelles Suites de Pièces de Clavecin, Suite en sol
J.-P. Rameau (1683-1764)
Carte d’identité
• Publication : vers 1728 (époque baroque)
• Mesure binaire : =2
Repères
On connaît bien cette pièce de Rameau dans la version de son
opéra-ballet de 1735, Les Indes galantes, où la danse du Grand
Calumet de la Paix fête le retour à la paix entre les troupes
franco-espagnoles et les Indiens. Cette pièce tire son inspiration
d’une danse des Indiens de Louisiane que Rameau avait vue à la
Comédie-Italienne, et du mythe rousseauiste du bon sauvage.
Page d’un caractère jubilatoire, elle est tirée de la Suite en sol,
elle-même extraite du Troisième livre de pièces de clavecin
publié autour de 1728 à Paris. Je ne puis que vous suggérer
d’écouter Les Sauvages au piano (Grigory Sokolov en livre une
version épatante), au clavecin (par Blandine Rannou) ou encore
à l’orchestre : écoutez les percussions !
Conseils de travail
• Nous l’avons évoqué précédemment, pensez au
millefeuille de l’articulation : les noires et les blanches
seront détachées, les croches liées, d’autant que celles-ci
sont la plupart du temps conjointes ou constituent les notes
d’un accord brisé. Les doigtés indiqués sont pensés en ce
sens, ne cherchez pas à tout lier ! Bien sûr, en cas de notes
répétées (m. 6-7 et similaires), on ne pourra techniquement
jouer legato : articulez plutôt que de lier les croches par
deux, ce qui pourrait s’avérer pesant.
Attention
Vous savez peut-être que le tremblement peut commencer sur la
note réelle, ou sur la note supérieure : cela est induit par
plusieurs règles, et doit se décider en regard de la note
précédente. Ici, les doigtés vous mettront sur la voie, bien que
vos choix puissent différer des miens. Notez simplement ces
réalisations :
1) m. 7, 4ème temps
2) m. 23, 4ème temps
3) m. 48, MG (roulement de tambour !)
Les Sauvages
J.-P. Rameau (1683-1764)
Tango
Extrait de España op. 165, no 2
I. Albéniz (1860-1909)
Carte d’identité
• Composition : 1890 (fin du romantisme)
• Tonalité : ré majeur
Repères
On ne connaît pas tant d’œuvres du compositeur catalan, sauf
peut-être Asturias, extrait de la Suite espagnole (1886), et ce
Tango, extrait de la suite España op. 165 (1890) – nuance ! Cette
dernière est un ensemble de six « feuilles d’album pour le
piano », empreintes du souvenir de son pays natal. On perçoit en
effet une forme de nostalgie dans ce tango, qui a connu la gloire
dans de nombreux arrangements, tant son propos semble
universel : « C’était bien, avant… »
Conseils de travail
Vous avez rêvé d’une pièce alternant puis juxtaposant le binaire
et le ternaire ? Albéniz l’a fait dans son Tango, modèle du
genre ! La principale difficulté est rythmique : il est
indispensable de procéder par étapes, et de dissocier ce qui est :
Attention
Voici m. 3 et analogues un exemple de glissé de pouce au
panthéon de la pédagogie pianistique ! Dans ce type de pièce,
nous jouerons petites notes et ornements avant le temps.
Tango
I. Albéniz (1860-1909)
Aria
Extrait des Variations Goldberg BWV 988
J. S. Bach (1685-1750)
Carte d’identité
• Publication : 1742 (époque baroque)
• Mesure binaire :
• Tempo moyen : ♩ = 50
Repères
Publiées en 1741, les Variations Goldberg sont la quatrième
partie du Clavier-Übung (pratique du clavier) de J. S. Bach.
Elles ont été composées dans le but de faire dormir le comte
Hermann von Keyserling, qui n’y parvenait pas ! On comprend
que cette Aria ornementée, reprise du Petit Livre d’Anna
Magdalena Bach, ait pu bercer son commanditaire, lorsqu’un
élève de Bach, Johann Gottlieb Goldberg (vous me suivez ?) le
lui jouait. Quelle intériorité lumineuse, et quelle intelligence
dans ces pages en forme de sarabande !
Conseils de travail
Voici une proposition de réalisation - qui n’est qu’une
proposition ! C’est une manière de vous mettre sur la voie, car
les ornements devront sonner libres, presque improvisés.
Inspirez-vous des grands maîtres, et écoutez des personnalités
aussi variées que Gustav Leonhardt ou Scott Ross pour le
clavecin, Glenn Gould ou Zhu Xiao Mei pour le piano… entre
autres !
Attention
• M. 11 : on entend souvent l’arpège joué à l’envers.
Pourquoi pas ! Mais puisqu’il y a une reprise, profitez-en
pour varier vos effets !
• M. 14 et 15 : la voix intermédiaire se partage entre les
deux mains, soyez bien attentifs aux crochets.
Aria
J. S. Bach (1685-1750)
Romance sans paroles
Op. 17, no 3
G. Fauré (1845-1924)
Carte d’identité
• Publication : 1880 (fin du romantisme), composition
antérieure
• Tonalité : la - majeur
• Mesure binaire :
Repères
Les Romances sans paroles de Fauré sont une œuvre de la
première période du compositeur, située entre 1881 et 1886 –
nous sommes à peine une vingtaine d’années après la
publication posthume des dernières Romances sans paroles de
Mendelssohn. Œuvres de jeunesse, à qui l’on a pu reprocher
d’être « salonnardes » à défaut d’être solennelles, elles ne sont
pas dénuées d’attrait, notamment pour leur technique
relativement accessible et leur simplicité d’écoute, qui évoque
l’univers de Verlaine et son Clair de lune, mis en musique par le
même Fauré :
« Au calme clair de lune triste et beau,
Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres
Et sangloter d’extase les jets d’eau,
Les grands jets d’eau sveltes parmi les marbres. »
Fêtes Galantes, Paul VERLAINE, 1869
Conseils de travail
• Cette musique du jeune Fauré est écrite dans un langage
purement romantique : respectez les nuances écrites,
notamment les soufflets, chantez la mélodie. Le public doit
sentir la forme globale, l’ascension vers le point culminant
de la m. 53 puis l’apaisement consécutif.
Carte d’identité
• Composition : 1830 (époque romantique)
• Tempo moyen : ♩ = 54
Repères
Composée en 1830, l’œuvre est dédiée à sa sœur, en ces mots :
« À ma sœur Ludwika comme un exercice avant de commencer
l’étude de mon second Concerto ». En effet, on reconnaît dans
ces pages des citations du Concerto no 2 en fa mineur du
compositeur.
On sait que le nocturne a été joué par la pianiste Natalia Karp,
sur l’ordre du commandant du camp de concentration de
Kraków-Płaszów. Celui-ci, bouleversé, épargnera Natalia et sa
sœur, qui survivront à l’holocauste.
On entend également ce nocturne dans le film Le Pianiste de
Roman Polanski. S’il ne fut publié qu’en 1875, vingt-six ans
après la mort du compositeur, ce nocturne a fait couler de
l’encre ! La partition a été réalisée à partir de fragments
incomplets, ce qui laisse planer le doute sur certains éléments :
nuances, tempi, ponctuation précise… Il figure pourtant
aujourd’hui parmi ses œuvres les plus célèbres.
Conseils de travail
• Les quatre premières mesures me font penser à un quatuor
à cordes, d’ailleurs il y a quatre voix ! Attention à ce que
l’émission et la fin des sons soient aussi synchronisées que
s’il s’agissait d’un groupe d’instrumentistes.
Nocturne no 20
F. Chopin (1810-1849)
« L’Empereur »
Concerto no 5, op. 73, 2e mouvement
L. van Beethoven (1770-1827), adapté par M. Moszkowski
(1854-1925)
Carte d’identité
• Composition : 1809 (époque classique), transcription :
1921
• Tonalité : si majeur
• Mesure binaire : C =
• Tempo moyen : ♩ = 44
Repères
Beethoven… vous connaissez la Lettre à Élise, la Cinquième
symphonie op. 67 : « Tatatataaa » ! Celle-ci est contemporaine
du Cinquième concerto op. 73, dont voici un arrangement du
deuxième mouvement par le pianiste et compositeur Moritz
Moszkowski, pour The Etude Magazine. En voici la note
d’intention :
« Le splendide 5e Concerto de Beethoven est trop difficile, sauf
peut-être pour les artistes accomplis, mais ce fragment exquis du
mouvement lent, transcrit par Moszkowski, offre un charmant
numéro pour piano seul. »
Évidemment ça ne sera pas comme jouer le concerto avec
orchestre, mais si n’êtes pas Florence Foster Jenkins, vous
n’aurez pas forcément les moyens de payer cinquante musiciens
pour vous faire répéter…
Conseils de travail
• Pour choisir le bon tempo, les professeurs ont coutume de
conseiller le passage le plus difficile dans le mouvement :
où se trouve-t-il à votre avis ?
Attention
M. 30, temps 3 et 4 : attention à bien observer le retour du
binaire (croches MG, doubles croches MD). N’accélérez pas !
« L’Empereur »
L. van Beethoven (1770-1827), adapté par M. Moszkowski
(1854-1925)
Le Vieux Château
Extrait des Tableaux d’une exposition
M. Moussorgski (1839-1881)
Carte d’identité
• Composition : 1874 (fin du romantisme, éveil des nations)
• Mesure binaire : = 6 ♪ ou 2 ♩.
• Tempo moyen : ♩. = 50
Repères
Les Tableaux d’une exposition sont un ensemble de dix pièces
pour piano, composées en très peu de temps par Modest
Moussorgski en 1874 et publiées en 1886. Les « tableaux » font
référence à ceux de son défunt ami Victor Hartmann : ses
œuvres, paysages ou personnages fantasmagoriques, furent
exposées aux Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg. Moussorgski les
dépeint dans une musique intense, pleine de contrastes, et
compose une sorte de leitmotiv : la « Promenade » assure la
transition entre les tableaux et se transforme au contact de
chaque toile, allégorie des pas du flâneur aux prises avec ses
émotions.
Maurice Ravel a transcrit les Tableaux pour orchestre en 1922 :
écoutez comme il confie le thème au saxophone ! D’ailleurs,
cette pédale obstinée de sol # pourrait bien rappeler sa pièce Le
Gibet…
Quoi qu’il en soit, laissez ce Vecchio Castello transporter votre
imaginaire : la pierre, les grincements, les contes et les peurs de
l’enfance…
Conseils de travail
• C’est un poncif de dire que nous sommes dans la société
de la vitesse, du zapping à tout poil. Néanmoins, cette
pièce requiert du temps : pour l’écouter, l’apprivoiser,
l’interpréter et l’apprendre. Acceptons cet état de fait, et
immergeons-nous dans cet univers imaginaire sans
regarder notre montre.
Attention
• M. 7, 29 et similaires : attention à la polyphonie, nous
avons détaillé cette question dans la notice du Coucou de
Daquin (p. 56). Certaines notes semblent successives,
observez les hampes, qui vous indiquent… qu’on les joue
ensemble.
Le Vieux Château
M. Moussorgski (1839-1881)
« Lettre à Élise »
Bagatelle en la mineur, WoO 59
L. van Beethoven (1770-1827)
Carte d’identité
• Composition : 1810 (période classique, prémices du
romantisme)
• Tonalité : la mineur
• Mesure binaire : = 3 ♪ ou 1 ♩.
• Tempo moyen : ♩. = 46
Repères
Cette Bagatelle en la mineur, surnommée Für Élise, était en fait
destinée à une certaine… Thérèse ! Parfois, une méprise de
l’éditeur peut sceller le destin d’une œuvre intemporelle. Cette
Thérèse était une élève de Beethoven, pour laquelle il semblait
avoir des sentiments profonds : la Bagatelle est donc plus qu’un
caprice. Hélas, la demande en mariage restera lettre morte :
Beethoven était-il au mieux de sa lucidité ce soir-là pour confier
la pureté de ses sentiments en musique ?
Conseils de travail
Nous nous réfèrerons à cette analyse de la structure :
« Lettre à Élise »
L. van Beethoven (1770-1827)
Notturno
Extrait des Pièces lyriques op. 54, no 4
E. Grieg (1843-1907)
Carte d’identité
• Composition : 1891 (fin du romantisme, éveil des nations)
• Tonalité : do majeur
• Mesure ternaire : = 9 ♪ ou 3 ♩.
• Tempo moyen : ♩. = 54
Repères
Voici une nouvelle pièce lyrique de Grieg. Cette pièce est plus
tardive que l’Arietta, et fait partie du cinquième recueil op. 54,
après la très célèbre Marche des trolls. Le Notturno recèle des
trésors de beauté. Ne trouvez-vous pas un air de famille entre la
partie centrale (m. 21) et celle du Clair de lune de Debussy, qui
lui est tout à fait contemporain ?
Conseils de travail
C’est la pièce par excellence pour travailler les trois pour deux !
On les trouve dès la m. 5 : observez comme la MD joue des
duolets (croches binaires) alors que la MG continue son
accompagnement ternaire. Notre leçon pourrait porter le titre
rien moins mensonger que « Ta tatie t’a quitté » :
Attention
• Vous voyez dès cette m. 5 que la troisième croche de la
MG est liée à la suivante, ce qui ne nous simplifie pas la
tâche ! Dans un premier temps, ignorez la liaison et jouez
cette valeur, vous la tiendrez dans les touches ensuite.
Notturno
E. Grieg (1843-1907)
Prélude no 1
G. Gershwin (1898-1937)
Carte d’identité
• Composition : 1926 (musique moderne)
• Tonalité : si - majeur
• Mesure binaire :
Repères
Il semble que Gershwin joua plus de trois Préludes à la toute fin
de l’année 1926 dans un hôtel de New York. Le compositeur de
la Rhapsody in Blue voulait peut-être se mesurer à ses illustres
prédécesseurs (Bach, Chopin, Debussy…) en en composant
vingt-quatre, mais ce projet ne vit le jour que par six préludes,
dont ne furent retenus et publiés que ces trois-là, en 1927. Le
succès de ces pièces est tel qu’on les entend aujourd’hui dans
des transcriptions variées : duo à deux pianos, clarinette et
piano, quatuor de saxophones… Ils ont même été adaptés pour
orchestre par Arnold Schönberg.
Le premier Prélude comporte de nombreux éléments empruntés
au jazz, tel qu’on l’imagine dans les années 1920 : motif blues,
rythmes syncopés, accords de septièmes… tout cela dans une
pièce endiablée qui passe en un coup de vent : take it easy !
Conseils de travail
• De bons rythmes et appuis sont essentiels. S’ils ne sont
pas si complexes, on peut les comprendre et les apprendre
de plusieurs manières :
• En comptant la subdivision : on décompose à la
double croche, et on compte ainsi la m. 3 :
1 2 3 4 5 6 7 8 1…
• En travaillant les MS avec un métronome dans un
tempo modéré, puis en mettant les ME sur de
courtes sections.
• En écoutant la pièce dans des interprétations
fidèles, le nez dans la partition, pour s’immerger
dans cet univers !
Prélude no 1
G. Gershwin (1898-1937)
Les Baricades mistérieuses
Extrait du Second Livre de Pièces de Clavecin, 6e ordre
F. Couperin (1668-1733)
Carte d’identité
• Composition : 1716 (époque baroque)
• Tonalité : si - majeur
• Mesure binaire : =2
• Tempo moyen : = 80
Repères
Les Baricades mistérieuses (sic)… qu’est-ce que cela veut dire ?
S’agit-il plutôt des retards et appogiatures formant comme des
barricades à une harmonie parfaite ? Ou bien peut-être, comme
certains le pensent, Couperin évoque-t-il les cils ou pis encore,
les jupons des dames virevoltant lors des danses et des parties de
« trouve-moi si tu peux »…
Ce bijou énigmatique est emblématique d’une écriture issue du
luth, chère à Couperin et aux clavecinistes français du XVIIIe
siècle. En cela, elle rappelle le Premier Prélude de L’Art de
toucher le clavecin, mais aussi, d’une certaine façon, un prélude
de J. S. Bach déjà effleuré par vos doigts…
Conseils de travail
Bien que la pièce se ressemble de bout en bout, elle n’est facile
qu’en apparence ! Je la vois comme une excellente étude pour :
Carte d’identité
• Composition : 1801 (époque classique, prémices du
romantisme)
• Mesure binaire : a = =2
• Tempo moyen : ♩ = 54
Repères
La Sonate no 14, op. 27 no 2, a été composée en 1801 et dédiée à
la comtesse Giulietta Guicciardi, pour laquelle Beethoven
semble avoir eu un amour passionné – décidément ! Le fait de
commencer une sonate par un mouvement lent n’est pas sans
audace, et Beethoven a avoué l’avoir improvisé près du cadavre
d’un ami, d’où l’intitulé exact de l’œuvre : Sonata quasi una
Fantasia per il Clavicembalo o Piano-Forte, l’expression
« quasi una Fantasia » faisant référence à ce caractère
improvisé. Le titre sous lequel nous connaissons l’œuvre serait
un contresens dû au poète allemand Ludwig Rellstab, qui la
baptisa « Clair de lune » quelques années après le décès du
compositeur. L’atmosphère nous rapproche plus de la marche
funèbre que de l’évocation poétique, mais il faut dire qu’en
musique il n’y a pas une vérité : à chacun de recevoir et ressentir
l’œuvre à sa façon…
Conseils de travail
• Sans être inflexible, la pulsation sera immuable, tel un
rouet nocturne : le temps s’arrête !
« Clair de Lune »
L. van Beethoven (1770-1827)
« Alla Turca »
Sonate no 11, K. 331, 3e mouvement
W. A. Mozart (1756-1791)
Carte d’identité
• Composition : 1778 (époque classique)
• Mesure binaire :
Repères
On oublie souvent que la « Marche turque » est le final « Alla
turca » de la Sonate K. 331 en trois mouvements, dont vous
reconnaîtrez certainement le premier en forme de thème et
variations, si vous y jetez une oreille. Cette sonate semble un
hommage de Mozart à la France, et ce rondo, dont la coda a été
ajoutée quelques années plus tard, sonne en bien des endroits
plus français que turc !
Le mouvement imite le style d’une compagnie de janissaires
(soldats d’élite de l’armée ottomane). Mozart s’amuse d’un
certain exotisme, c’est pourquoi interpréter cette marche avec un
excès de précautions serait de mauvais aloi ! De là à lui ajouter
des myriades d’éléments pyrotechniques, comme le fait Fazil
Say, pourquoi pas, mais on peut tout à fait jouer la pièce sans
artifice, dans un esprit proche de l’opera buffa !
Conseils de travail
• Je ne vous insulterai pas en vous expliquant comment se
joue la première levée en doubles croches et les suivantes,
vous les avez certainement entendues autant que moi !
Attention à ne pas faire de faux accent sur la première ou
la dernière note du motif, ce qui arrive trop souvent.
« Alla Turca »
W. A. Mozart (1756-1791)
Doctor Gradus ad Parnassum
Extrait des Children’s Corner
C. Debussy (1862-1918)
Carte d’identité
• Composition : 1908 (musique moderne,
« impressionnisme »)
• Tonalité : do majeur
• Mesure binaire :
Repères
Dans le recueil Children’s corner, Debussy exprime son intimité
avec le répertoire enfantin. L’œuvre est dédiée à sa fille, « avec
les tendres excuses de son père pour ce qui va suivre ». Le
compositeur voulait une éducation anglaise pour Chouchou, ce
dont le titre de l’œuvre témoigne, en quelque sorte. Les pièces
sont pleines d’un humour pince-sans-rire, mais aussi de poésie,
d’une émotion distinguée… Drôle de titre que ce Doctor Gradus
ad Parnassum. Il fait référence, non sans une pointe de
sarcasme, aux études pianistiques Gradus ad Parnassum de
Muzio Clementi, de qui on se moquait déjà en son temps pour
savoir jouer les tierces, les octaves… . et rien d’autre !
Debussy semble perplexe sur ces méthodes d’un autre temps…
Il commence sur les touches blanches, comme les ouvrages
pédagogiques tels que le Pianiste virtuose de Hanon et autre
Déliateur de Van de Velde, puis il s’évade, divague : des bémols,
des dièses, des croisements de mains, de l’expressivité, de la
pédale, des surprises… Mais l’enfant s’ennuie de son jeu, et la
partie centrale est une rêverie dans laquelle il se laisse aller
avant de reprendre son activité de plus belle : la pièce se termine
comme une sorte de toccata en modèle réduit.
Conseils de travail
• Profitez des premières mesures pour travailler votre jeu
perlé à la française !
Attention
• M. 13 : il est fort probable que ce passage soit plus aisé à
réaliser avec la MG constamment au-dessus.
Carte d’identité
• Composition : 1850 (époque romantique)
• Tonalité : ré - majeur
• Mesure binaire : C =
Repères
Les Six Consolations de Franz Liszt voient le jour dans les
années 1850, pendant la période weimarienne du compositeur.
C’est aussi le titre d’un recueil de poèmes de Sainte-Beuve
de 1830, dont Liszt avait eu connaissance et qu’il avait apprécié.
Les pièces sont des sortes de nocturnes, emplis de mélancolie et
d’intimité. En 1849, Chopin disparaît, or on sait que les
compositeurs se sont largement côtoyés ! Connaissez-vous cette
anecdote rapportée par Charles Rollinat, proche de George
Sand ?
Liszt jouait souvent les pièces de Chopin dans les salons de
Nohant, en y ajoutant fioritures et envolées de son cru. Cela
exaspéra Chopin, qui se mit un jour au piano et en joua un heure
durant, dans le noir, car les lampes s’étaient éteintes. Le public
était ému aux larmes, Liszt y compris : « Tu es un vrai poète et
je ne suis qu’un saltimbanque. » Quelques jours plus tard, même
heure et même public, Franz demanda qu’on éteigne la lumière
et pria Frédéric de se mettre au piano. À nouveau, des torrents
d’émotion, dans la plus pure pudeur et élégance chopinienne.
Mais lorsqu’on alluma les lampes… Liszt était au piano ! « Liszt
peut être Chopin quand il veut, mais Chopin pourrait-il être
Liszt ? »
Quelle que soit la morale de cette histoire, consolez-vous avec
cette pièce, c’est une des plus accessibles du compositeur !
Conseils de travail
• M. 1 : voyez ces grandes liaisons qui lient les rondes de
mesure en mesure. Il me semble qu’elles ne doivent pas
être prises au premier degré, et que certaines basses
devront être répétées, sans quoi, à cause des changements
de pédale successifs, nous les perdrions complètement.
Certains pianistes, tels que Daniel Barenboïm, prennent les
toutes premières basses avec la MD, en croisant les mains,
afin de limiter les déplacements de la MG.
Consolation no 3
F. Liszt (1811-1886)
Mélodie hongroise
D. 817
F. Schubert (1797-1828)
Carte d’identité
• Composition : 1824 (prémices du romantisme)
• Tonalité : si mineur
• Mesure binaire :
• Tempo moyen : ♩ = 84
Repères
Cette Mélodie hongroise fut notée au vol par Schubert
en 1824 alors qu’elle était chantée par une servante du comte
Esterházy lors d’un séjour à Zselíz en 1824, mais ne sera publiée
qu’une centaine d’années plus tard. C’est la mélodie du
Divertissement à la hongroise D. 818, composé l’année d’après.
C’est un thème obsédant, qui se répète tout au long de la pièce :
en anglais on l’appellerait earworm (vers d’oreille), tant il ne
nous quitte plus une fois ouï ! J’aime le côté haletant de ce
rythme sur les contretemps : rien n’est posé jusqu’à la fin de la
pièce.
Conseils de travail
• Cette pièce devra se jouer dans un tempo stable, pas trop
rapide, qui ne fasse pas entrevoir d’enjeu technique
particulier : cela ne doit pas sonner « difficile ».
Attention
• M. 49 et suivantes : le pouce de la MD doit être
extrêmement agile pour laisser la place à son homologue
de la MG !
Mélodie hongroise
F. Schubert (1797-1828)
Sicilienne
Op. 78
G. Fauré (1845-1924), adapté par l’auteur
Carte d’identité
• Publication : 1898 (fin du romantisme)
• Mesure binaire : = 6 ♪ ou 2 ♩.
• Tempo moyen : ♩. = 56
Repères
La Sicilienne de Fauré est ce qu’on peut appeler sans complexe
un « tube » de la musique française. Maintes et maintes fois
chorégraphiée, utilisée dans pléthore de films, elle fut d’abord
destinée à la scène pour Le Bourgeois gentilhomme de Molière,
puis Fauré l’intégra comme musique de scène au deuxième acte
du Pelléas et Mélisande de Maeterlinck. La bague de Mélisande
glisse dans le puits : nous sommes dans le monde du mystère, du
désir, de l’imaginaire…
On connaît de nombreuses versions à la pièce, notamment
l’original pour violoncelle et piano, mais aussi harpe et flûte par
exemple. Pour vous approcher du style de la sicilienne, écoutez
celle du Concert op. 21 de Chausson ou celle de la Sonate pour
flûte BWV 1031 de Bach, transcrite au piano par Wilhelm
Kempff. Et sachez que l’on retrouve le rythme de sicilienne dans
la chanson traditionnelle anglaise Greensleeves, le premier
mouvement de la Sonate K. 331 de Mozart ou le second
mouvement de son Concerto op. 488.
Conseils de travail
Cette transcription d’un compositeur pianiste sonne
admirablement au piano, pourvu qu’on soit attentif aux éléments
suivants :
Attention
• M. 9, temps 2 : parfois, on privilégie l’empreinte des
accords, même si l’ordre des notes change. Ne vous
emmêlez pas les pinceaux !
Sicilienne
G. Fauré (1845-1924), adapté par l’auteur
« Valse minute »
Op. 64, no 1
F. Chopin (1810-1849)
Carte d’identité
• Composition : 1847 (époque romantique)
• Tonalité : ré - majeur
• Mesure binaire :
Repères
Pour les uns, c’est la Valse minute, qui se jouerait, selon la
légende, en moins d’une minute – il y a fort à parier que ceux
qui vous assureront pouvoir le faire… soient de fieffés fripons !
Pour les autres, c’est la Valse du petit chien : alors que celui de
George Sand tournait sur lui-même pour attraper sa queue,
Chopin aurait improvisé quelques notes de ce qui deviendra une
œuvre célébrissime. Le compositeur employait une autre image,
en disant que les premières mesures « sont à dévider comme une
pelote ». Pas de panique, cette œuvre est plus impressionnante
qu’elle n’est difficile ! Je propose d’ailleurs qu’on la rebaptise
ainsi : Valse facile en deux ou trois minutes, pour un vieux petit
chien qui ne courait pas si vite. Ça va mieux ?
Conseils de travail
• Ici plus qu’ailleurs, en vue de la vitesse espérée, il sera
nécessaire d’avoir des repères précis quant à la
synchronisation des deux mains en début de mesure. Je
vous proposerai un exercice simple, afin de vous assurer
que vous êtes « dans les clous ». Allez-y mollo, et placez
comme un petit point d’orgue sur la première croche de
chaque mesure, ou rythmez-la de cette façon :
« Valse minute »
F. Chopin (1810-1849)
Clair de Lune
Extrait de la Suite bergamasque
C. Debussy (1862-1918)
Carte d’identité
• Composition : 1890 (fin du romantisme,
« impressionnisme ») ; publication : 1905
• Tonalité : ré - majeur
• Mesure binaire : = 9 ♪ ou 3 ♩.
• Tempo moyen : ♩. = 48
Repères
La Suite bergamasque est une œuvre du premier Debussy, dont
le titre semble s’inspirer des Masques et bergamasques de
Verlaine. Les pièces sont teintées d’angélisme, et trois d’entre
elles font référence à des formes passées (Prélude, Menuet,
Passepied). Au centre, le Clair de lune, pièce à part dans la
littérature pour piano, est pleine d’onirisme et de tendresse…
L’auditeur a l’impression d’être dans une autre temporalité, au
contact d’un univers sonore nouveau, d’une écriture pianistique
qui laisse présager des beautés à venir. Je ne saurais que vous
conseiller, une fois de plus, d’en écouter l’orchestration, et peut-
être de visionner la belle création de Walt Disney (1996).
Conseils de travail
• Bien jouer la première partie n’est pas si facile :
Clair de Lune
C. Debussy (1862-1918)
Six Danses populaires
roumaines
Sz. 56, BB 68
B. Bartók (1881-1945)
Carte d’identité
• Composition : 1915 (musique moderne)
• Mesures binaires :
• I, II et III :
• IV :
• V :
• VI :
Repères
On croit souvent que les Danses roumaines ont été écrites pour
violon et piano, ou pour l’orchestre. Originellement, elles ont été
composées pour le piano, instrument joué par Bartók, même si
elles s’inspirent du violon tzigane, instrument de prédilection de
ces thèmes transylvaniens. Certains caractères d’articulation lui
sont propres, et on entend beaucoup de quintes, que l’on imagine
« frottées à vide » sur un instrument à cordes. Bartók a beaucoup
voyagé afin de collecter des airs de son pays et d’ailleurs :
roumains, slovaques… Les chanteurs et musiciens traditionnels
les lui transmettaient de manière orale, et d’autres ont collecté de
la même façon des airs bretons, basques, corses…
Bartók disait que l’ensemble des six pièces devait durer quatre
minutes et trois secondes : y avait-il une symbolique là-dedans ?
Les indications de tempo sont de la main du compositeur, qui
donnait un minutage minutieux, à la demi-seconde près !
Néanmoins, la plupart des musiciens « débordent » un peu, de
cinq à sept minutes selon leurs tempi successifs…
C’est un ensemble bigarré, excitant, passionnant que Bartók
nous offre. Si cette musique vous plaît, écoutez aussi les Six
Danses en rythmes bulgares issues de ses Mikrokosmos pour
piano… et jouez-les !
Conseils de travail
• Il s’agit de musique traditionnelle : les tempi devront être
stables, avec souvent des temps forts appuyés, sauf
contrordre ! Travaillez avec le métronome, votre allié, et
caractérisez les rythmes !
• Soyez attentifs aux modes : entendez-vous, notamment
dans les danses no 3 et 4, ces intervalles serrés ou écartés
(secondes mineures ou augmentées), inhabituels à l’oreille,
issus de plusieurs traditions modales ? Écoutez les
harmonisations différentes des thèmes, comme si Bartók
proposait un catalogue de possibilités, tel un exercice de
style.
Carte d’identité
• Composition : 1850 (époque romantique)
• Tonalité : la - majeur
Repères
Les Trois Nocturnes (Liebesträume) ont été composés en 1850,
et sont contemporains des Consolations. Le Rêve d’amour
no 3 avait d’abord été conçu pour la voix et le piano sur un
poème de Ferdinand Freiligrath, avant que naisse une version
pour piano seul. Cette pièce, parangon du romantisme, montre
une science de l’écriture pianistique virtuose, notamment dans
des cadences en petites notes, telles des rivières de perles, qui
ponctuent de vibrants chants d’amour joués de part et d’autre du
clavier, accompagnés d’harmonies riches, modulantes et
enchanteresses. C’est, peut-être, une musique de salon, mais on
y reconnaît l’empreinte du génie ! Et n’oublions pas les mots de
Liszt, dans ses Lettres d’un bachelier ès musique : « Mon piano,
jusqu’ici, c’est moi, c’est ma parole, c’est ma vie ; c’est le
dépositaire intime de tout ce qui s’est agité dans mon cerveau
aux jours les plus brûlants de ma jeunesse ; c’est là qu’ont été
tous mes désirs, tous mes rêves, toutes mes joies et toutes mes
douleurs. »
Conseils de travail
• Les pouces et les deuxièmes doigts se partagent la
mélodie centrale, rien de neuf sous le soleil. Tout autour,
les mains ont beaucoup à faire : basses longues et
profondes, accompagnement en arpèges veloutés. C’est
paradoxal, au piano, ce sont le plus souvent les doigts
faibles qui timbrent, et les doigts forts qui accompagnent.
Là, Liszt rend aux pouces ce qui leur appartient.
Carte d’identité
• Composition : années 1900 (prémices du jazz)
• Tonalité :
• Maple Leaf Rag : la majeur
• The Entertainer : do majeur
• Mesure binaire :
• Tempo moyen :
• Maple Leaf Rag : ♩ = 104
• The Entertainer : ♩ = 84
Repères
« Puis il commença à jouer. Mais ce n’est pas jouer le mot. Un
jongleur. Un acrobate. Tout ce qu’il est possible de faire avec un
clavier de quatre-vingt-huit notes, il le fit. À une vitesse
hallucinante. » Voici comment Alessandro Barrico évoque Jelly
Roll Morton, « l’inventeur du jazz », dans Novecento : pianiste.
Et voici ce que j’attends de vous ! Trêve de plaisanterie, à la
naissance de celui-ci, Scott Joplin était déjà un pianiste virtuose
et devenait un compositeur prolifique de « rags ».
Le ragtime, qui tire son origine de la communauté afro-
américaine, a émergé aux États-Unis dans les années 1890. Il
tient son étymologie du mot anglais rag (lambeau, chiffon) ou
bien de ragged (rugueux, haché). C’est une musique syncopée,
écrite pour le piano principalement, avec un accompagnement en
« stride », c’est-à-dire en pompe : « oumpah, oumpah »… On
trouve tous ces ingrédients dans la musique de Joplin, dont
Maple Leaf Rag (1899) et The Entertainer (1902) sont d’illustres
et populaires représentants. On entend ce dernier dans le film
L’Arnaque (1973) : c’est bien là où vous l’aviez entendu !
Conseils de travail
• Je ne m’étendrai pas sur la MD, qui comporte pourtant un
certain nombre d’éléments techniques à étudier : octaves à
jouer tel un chat, doubles ou triples notes, etc.
Attention
• The Entertainer, m. 61 : Le pouce MG peut vous servir à
jouer deux notes, c’est plus facile ainsi !
Carte d’identité
• Composition : 1876 (romantisme)
• Mesure binaire : C =
Repères
Les Saisons de Tchaïkovski sont en fait des « Mois », selon le
titre russe exact. Elles furent composées en 1875 et 1876 pour la
revue musicale Le Nouvelliste, qui publiait une pièce tous les
mois. Tchaïkovski composait de bonne grâce (sous l’œil vigilant
de son domestique), bien qu’il ne fût intéressé, semble-t-il, que
par ses honoraires… Chaque mois est accompagné d’une
épigraphe proposée par Nikolaï Bernard, l’éditeur du magazine.
Voici celle du mois de Juin, d’Alexeï Pletcheiev :
Nous rejoignons la côte
Où les ondes câlineront nos pieds.
Les étoiles, par une tristesse secrète,
Brillent sur nous.
Conseils de travail
• Dans cette pièce, il faudra chanter, chanter, chanter ! Nous
connaissons le Tchaïkovski des ballets, et nous nous
sommes pâmés devant ses pas de deux d’un lyrisme à
couper le souffle. L’équilibre entre les deux mains est très
important : basses amples, accords profonds, chant
envoûtant et contrechants tels des échos…
Puis « déroulez le fil » tel qu’il est écrit, vous verrez, c’est
magique !
Attention
• M. 7 : ce doigté à la MD vous paraîtra un peu baroque…
mais il a l’immense avantage d’éviter un passage de pouce
hâtif que l’on pourrait difficilement ne pas entendre.
Essayez-le !
Juin – Barcarolle
P. I. Tchaïkovski (1840-1893)
Danse slave
Op. 72, no 2
A. Dvořák (1841-1904), adapté par R. Keller (1828-1891)
Carte d’identité
• Composition : 1886 (fin du romantisme)
• Tonalité : mi mineur
• Mesure binaire : = 3 ♪ ou 1 ♩.
Repères
Les Danses slaves d’Antonín Dvořák sont presque aussi célèbres
que sa Symphonie no 9 « Du Nouveau Monde » : deux séries
comportent chacune huit pièces hautes en couleurs, composées
pour le piano à quatre mains, avant que le monde entier ne
pousse Dvořák à les orchestrer. Ces pièces s’inspirent du
folklore slave, et quelques-unes revêtent un caractère lyrique.
C’est le cas de cette Danse slave op. 72 no 2, une dumka, c’est-
à-dire une complainte d’origine ukrainienne (étymologiquement,
une « pensée »), que l’on retrouve dans la musique du
compositeur tchèque : Trio no 4 « Dumky », Dumka du Quintette
avec piano no 2…
Goûtez à cette transcription pour piano seul de Robert Keller,
éditeur allemand du XIXe siècle, avant d’associer vos forces avec
un partenaire…
Conseils de travail
• C’est une danse : donnez-lui du mouvement grâce aux à
l’accompagnement staccato, à la ponctuation portato qui
entraîne la mélodie vers un appui sur la deuxième mesure
de chaque groupe de quatre mesures. Pensez au flux et au
reflux des vagues, qui dansent, à leur manière.
Attention
• M. 33 et semblables : lisez bien, le cas échéant,
l’altération accompagnant l’ornement. Si elle est au-
dessus, elle concerne la note supérieure. L’ornement sera
joué avant le temps, et attrapera au vol la tierce sur la
dernière note.
Danse slave
A. Dvořák (1841-1904), adapté par R. Keller (1828-1891)
Prélude en ut dièse mineur
Extrait des Morceaux de fantaisie op. 3, no 2
S. Rachmaninov (1873-1943)
Carte d’identité
• Composition : 1892 (fin du romantisme)
• Mesure binaire :
Repères
Sergei Rachmaninov est particulièrement connu pour ses
Concertos pour piano et ce Prélude en ut dièse mineur. Il a
composé cette pièce dans sa jeunesse, à la sortie du
conservatoire, alors qu’il commençait tout juste sa carrière. Le
Prélude faisait d’abord partie des Morceaux de fantaisie op. 3,
puis il l’intégra à ses 24 Préludes. On le surnomme les
« Cloches de Moscou », car le début rappellerait celles du
Kremlin, dans un lointain hiver… J’imagine Rachmaninov
écumer ces cloches tout au long de ses tournées aux États-Unis
sur ses pianos Steinway, le public hurlant « le prélude ! » ou
« C-sharp ! » (Do dièse), pour un bis : lui l’avait déjà pris en
grippe ! Il n’en fit qu’un bénéfice ridicule, quarante roubles à
peine, malgré son succès ! Quel cynisme...
Le Prélude fut beaucoup réutilisé dans la culture populaire :
avez-vous vu le sketch du piano transformé en harpe dans le film
A Day at the Races des Marx Brothers ? Ou le numéro
Rachmaninov had big hands d’Igudesman and Joo ? L’un
comme l’autre, à visionner à tout prix !
Conseils de travail
• Le spectre des nuances devra être géré de manière
progressive : il s’agit d’une forme ABA en arche, qui
évolue de manière lancinante et culmine sur une troisième
partie en éruption ! Écoutez l’interprétation du
compositeur lui-même, facilement trouvable sur Internet.
C’est limpide, notamment les plans sonores, le tempo et le
rubato. Soyez sensible à ces chromatismes expressifs et
pessimistes, dans des mouvements descendants que vous
retrouverez partout chez Rachmaninov, personnalité
tourmentée !
Attention
Nous sommes dans une partition dont l’armure comporte
beaucoup de dièses, et les nombreux chromatismes ne nous
facilitent pas la tâche. Soyez très attentifs aux doubles dièses et
respectez scrupuleusement la règle d’or selon laquelle une note
altérée, sauf contre-indication, le reste tout au long de la mesure.
Carte d’identité
• Composition : 1900, transcription : 1929
• Tonalité : la mineur
Repères
Si cette pièce très courte de Rimski-Korsakov est un interlude
pour son opéra Le Conte du tsar Saltan, il semble qu’il ait
sacrément éclipsé l’œuvre complète ! Aujourd’hui, on joue la
pièce isolée à l’orchestre, souvent comme bis, tant et si bien
qu’une foule de transcriptions existent, dont plusieurs pour
piano : celle de Rachmaninov est très fidèle au texte original.
Cette pièce figurative est divertissante, quoiqu’un peu agaçante !
On dirait que le musicien se moque du bourdon, de lui-même, du
public, et ce rythme effréné et ininterrompu de doubles croches
chromatiques nous donne envie de nous munir d’une tapette à
mouches. Plus c’est rapide, plus ça énerve ! Un peu par jalousie,
évidemment… heureusement que c’est court !
Écoutez-la jouée dans le film Shine de Scott Hicks, qui relate la
vie de Daniel Helfgott, pianiste un peu fou (mais génial) !
Conseils de travail
• Croyez-moi, tous ceux qui jouent cette pièce dans un
tempo délirant sont passés par la case : travail
extrêmement lent. Tous ! « On ne peut jouer vite que si
l’on pense vite. […] C’est dans la lenteur analysée
parfaitement que s’élabore la vitesse. » explique Jean
Fassina, éminent pédagogue, dans son livre Lettre à un
jeune pianiste. Laissez-vous le temps de monter la vitesse,
comme les blancs en neige !
Attention
M. 46, dernière double croche : une note entre parenthèses
correspond le plus souvent à la même note jouée par l’autre
main. Respirez à la MD, ça en fait toujours une de moins…
Le Vol du bourdon
N. Rimski-Korsakov (1844-1908), adapté par S. Rachmaninov
(1873-1943)
Concerto no 23
K. 488, 2e mouvement
W. A. Mozart (1756-1791), transcrit par C. Reinecke (1824-
1910)
Carte d’identité
• Composition : 1786 (époque classique)
• Mesure binaire : = 6 ♪ ou 2 ♩.
• Tempo moyen : ♪ = 84
Repères
Je tenais à ce que ce deuxième mouvement du Concerto no 23 K.
488 termine notre recueil, tant il est d’une profonde beauté : on
ne l’oublie jamais une fois découvert. Composé en 1786, il est
contemporain des Noces de Figaro. Deux mouvements
lumineux, optimistes, entourent ce mouvement unique. Mozart a
atteint l’âge « mûr » de trente ans – il mourra à trente-cinq ans.
Il se livre, en toute intimité, avec expressivité, semblant ouvrir la
voie à un romantisme naissant. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard
si les compositeurs romantiques auront une grande affection
pour ce concerto, en témoigne cette magnifique transcription
pour piano seul de l’artiste allemand Carl Reinecke.
Saviez-vous que ce mouvement est la seule œuvre du
compositeur écrite en fa # mineur ? La mélancolie figure
rarement sur la scène à cette époque-là, et c’est une véritable
confession que nous offre Mozart, qui met son âme à nu. On
raconte que le mouvement émouvait Joseph Staline à en pleurer,
notamment lorsqu’il était joué par la pianiste Maria Yudina, et
que c’est la dernière musique qu’il aurait écoutée avant sa mort.
Si vous aimez la danse, hâtez-vous de voir le ballet Le Parc
d’Angelin Preljocaj, et la scène de l’abandon, accompagnée par
cette œuvre divine.
Conseils de travail
• Je crois qu’il ne faut pas jouer ce mouvement trop
lentement. Les éditions oscillent entre l’indication
andante, que propose Reinecke, et adagio – qui n’est ni
lento, ni largo. Ayez à l’esprit une recherche d’unité dans
le tempo : dans la partie centrale (m. 35), avec les tierces
parallèles et les triples croches, on a tendance à trop
ralentir.
Attention
• M. 11-12 et 36 : les crochets vous indiquent des
arrangements de confort.
Couverture
Les Grands Classiques du piano pour les Nuls, 2e éd
Copyright
Remerciements
Introduction
Carte d’identité
Le tempo
Repères
Conseils de travail
L’ornementation
Quelques considérations techniques
Du doigté
La pédale
Attention
Lexique
Écoutez !
Menuet
Carte d’identité
Repères
Conseils de travail
Attention
Menuet
Präludium
Carte d’identité
Repères
Conseils de travail
Attention
Präludium
Arabesque
Carte d’identité
Repères
Conseils de travail
Attention
Arabesque
Arietta
Carte d’identité
Repères
Conseils de travail
Arietta
Prélude n° 1
Carte d’identité
Repères
Conseils de travail
Prélude n° 1
La Tartine de beurre
Carte d’identité
Repères
Conseils de travail
La Tartine de beurre
Préludes
Carte d’identité
Repères
Conseils de travail
Attention
Prélude n° 4
Prélude n° 7
Solfeggietto
Carte d’identité
Repères
Conseils de travail
Attention
Solfeggietto
Une larme
Carte d’identité
Repères
Conseils de travail
Attention
Une larme
Gymnopédie n° 1
Carte d’identité
Repères
Conseils de travail
Gymnopédie n° 1
Gnossienne n° 3
Carte d’identité
Repères
Conseils de travail
Attention
Gnossienne n° 3
Hémiones
Carte d’identité
Repères
Conseils de travail
Attention
Hémiones
Le Petit Nègre
Carte d’identité
Repères
Conseils de travail
Le Petit Nègre
Valse en la mineur
Carte d’identité
Repères
Conseils de travail
Valse en la mineur
Le Coucou
Carte d’identité
Repères
Conseils de travail
Attention
Le Coucou
Sarabande
Carte d’identité
Repères
Conseils de travail
Sarabande
Moment musical n° 3
Carte d’identité
Repères
Conseils de travail
Attention
Moment musical n° 3
Rêverie
Carte d’identité
Repères
Conseils de travail
Attention
Rêverie
Valse en la bémol
Carte d’identité
Repères
Conseils de travail
Attention
Valse en la bémol
Les Sauvages
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Repères
Conseils de travail
Attention
Les Sauvages
Tango
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Conseils de travail
Attention
Tango
Aria
Carte d’identité
Repères
Conseils de travail
Attention
Aria
Nocturne n° 20
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Repères
Conseils de travail
Nocturne n° 20
« L’Empereur »
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Repères
Conseils de travail
Attention
« L’Empereur »
Le Vieux Château
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Repères
Conseils de travail
Attention
Le Vieux Château
« Lettre à Élise »
Carte d’identité
Repères
Conseils de travail
« Lettre à Élise »
Notturno
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Repères
Conseils de travail
Attention
Notturno
Prélude n° 1
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Repères
Conseils de travail
Attention
Prélude n° 1
« Clair de Lune »
Carte d’identité
Repères
Conseils de travail
« Clair de Lune »
« Alla Turca »
Carte d’identité
Repères
Conseils de travail
« Alla Turca »
Consolation n° 3
Carte d’identité
Repères
Conseils de travail
Consolation n° 3
Mélodie hongroise
Carte d’identité
Repères
Conseils de travail
Attention
Mélodie hongroise
Sicilienne
Carte d’identité
Repères
Conseils de travail
Attention
Sicilienne
« Valse minute »
Carte d’identité
Repères
Conseils de travail
« Valse minute »
Clair de Lune
Carte d’identité
Repères
Conseils de travail
Clair de Lune
Rêve d’amour n° 3
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Repères
Conseils de travail
Attention
Rêve d’amour n° 3
Maple Leaf Rag & The Entertainer
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Repères
Conseils de travail
Attention
Maple Leaf Rag
The Entertainer
Juin – Barcarolle
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Attention
Juin – Barcarolle
Danse slave
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Attention
Danse slave
Le Vol du bourdon
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Attention
Le Vol du bourdon
Concerto n° 23
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Conseils de travail
Attention
Concerto n° 23