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Bestiaire Médiéval
Bestiaire Médiéval
2 Nathalie Bouloux, « Les îles dans les descriptions géographiques et les cartes du
Moyen Âge » dans Médiévales 47 (automne 2004), p.4762.
Cicontre : griffons de
Bactriane (BNF, man.
fr. 2810, Jean de
Mandeville, fol.211v).
L'auteur affirme que
l'Asie centrale regorge
de griffons plus gros
que huit lions, pouvant
soulever deux bœufs
attelés et munis d'ailes
immenses.
Cidessus et cidessous : Blemmye et Cidessus et cidessous : peuple des Cynocéphales négociant des
Sciapode, puis hybrides à visages épices (Marco Polo, fol.76v ; Odoric de Pordedone, fol.106). Si
humains dans un couvent bouddhiste Marco Polo ne fait qu'évoquer une ressemblance canine dans les
(Marco Polo, fol.29v ; Odoric de traits du visage des habitants de l'île d'Andaman, l'illustrateur le
Pordenone, fol.109v). Les Sciapodes sont prend au pied de la lettre en dessinant des hommes à têtes de
des êtres pourvus d'une seule jambe chien ; Odoric de Pordenone reprend cette description pour ses
ponctuée d'un pied énorme utilisé pour Cynocéphales de Nicobar, illustrés presque à l'identique par les
se protéger du soleil. artistes de l'atelier du Maître de la Mazarine.
Le bestiaire médiéval est avant tout symbolique, les animaux figurés
étant des « signifiant[s] allégorique[s] d'un sens spirituel ou moral » (3).
Les créatures communes ou fantastiques ont pour but d’impressionner et
d’éduquer les nonlettrés, le symbolisme mettant en exergue des signes
divins dérivés de l’exégèse biblique. Les animaux sont affublés de traits de
personnalité humains et censés illustrer les sermons des prédicateurs. Le
phénix symbolise la résurrection du Christ, le griffon sa double nature
terrestre et céleste, et la licorne se veut l'incarnation du Verbe de Dieu. Le
caractère ouvertement moralisant des bestiaires apparaît dès les premiers
ouvrages du genre, au sein de l’aristocratie britannique du XIIe siècle. En
latin d’abord, ils gagnent par la suite la Normandie et le Nord de la France
puis donnent lieu à des versions en langues vernaculaires destinées aux
laïcs.
Cidessous : une serre suivant un bateau (BNF, man. latin 2495 B, fol.38, bestiaire français, début XIIIe
siècle). Ce monstre marin étend ses ailes pour couper le vent des navires avant de plonger dans les flots.
Cidessous : leucrocote (BNF, manuscrit latin 3630, fol.79v, bestiaire anglais de la seconde moitié du XIIIe
siècle) et denttirant (BNF, manuscrit fr. 20125, Histoire ancienne jusqu’à César, fol.239, Acre, fin XIIIe
siècle). Le premier est le croisement d’un crocote (chienloup d’Inde) et d’une lionne qui attire les gens de sa
voix humaine pour les tuer ; le second, très dangereux, apparaît dans les légendes d’Alexandre le Grand.
Bien d'autres animaux mythiques auraient pu être cités : le javelot,
serpent volant qui aime à se cacher dans les arbres, le mermecolion,
hybride carnivore du lion et de la fourmi qui ne peut digérer la viande et
finit par mourir de faim, le monocéros, agressive licorne à corne noire, la
cockatrice micoq miserpent au regard mortel, l’amphisbène, reptile ayant
une seconde tête à la place de la queue, ou encore le bonnacon, cheval à
tête de taureau qui émet un gaz irritant à la manière de la moufette.