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Médecine à travers les siècles

Collection dirigée par le Docteur Xavier Riaud


 
L’objectif de cette collection est de constituer « une histoire grand public »
de la médecine ainsi que de ses acteurs plus ou moins connus, de
l’Antiquité à nos jours.
Si elle se veut un hommage à ceux qui ont contribué au progrès de
l’humanité, elle ne néglige pas pour autant les zones d’ombre ou les dérives
de la science médicale.
C’est en ce sens que – conformément à ce que devrait être l’enseignement
de l’histoire –, elle ambitionne une «  vision globale  » et non partielle ou
partiale comme cela est trop souvent le cas.
 
Dernières parutions
 
Xavier RIAUD, Napoléon Ier et ses dentistes, 2016.
Philippe SCHERPEREEL, Albert Calmette. « Jusqu’à ce que mes yeux se
ferment », 2016.
Philippe SCHERPEREEL, Pietro d’Abano. Médecin et philosophe de
Padoue à l’aube de la Renaissance, 2016.
Bernard DE MARSANGY, La Psychiatrie vécue au XIXe siècle. Lettres à
Louisa, 2016.
Isabelle CAVÉ, Etat, santé publique et médecine à la fin du XIXe siècle
français, 2016.
Julien MARMONT, L’Odontechnie ou l’art du dentiste. Poème didactique
et descriptif en quatre chants, dédié aux dames, 2016.
Patrick POGNANT, La Folle Clinique sexuelle du professeur P***. De la
Belle Époque aux Années folles, 2016.
Michel CHAUVIN, Le Geste qui sauve. L’étonnante histoire du
défibrillateur cardiaque externe, 2016.
Henri LAMENDIN, Docteur Albert Calmette (1863-1933). Pasteurien et
co-inventeur du BCG, 2016.
Xavier RIAUD (dir.), Médecine à travers les siècles. Entre rencontres et
découverte, 2015.
Xavier RIAUD, Et si la Seconde Guerre mondiale nous était racontée
autrement…, 2015.
Mathieu RAYSSAC, Les médecins de l’assistance médicale en Indochine
(1905-1939), 2015.
Thomas FERRANTE, Petit lexique bucco-dentaire de proverbes et autres
expressions, 2015.
Jean-Claude PONS, Jumeaux et jumelles. Représentations dans l’art et les
sciences de l’Europe moderne (1492-1789), 2015.
Michel A. GERMAIN, Musiciens célèbres malades. Pourrait-on les sauver
aujourd’hui ?, 2015.
Isabelle CAVÉ, Les médecins-législateurs et le mouvement hygiéniste sous
la Troisième République (1870-1914), 2015.
Jean-Pierre MARTIN, Ocularistes et yeux artificiels. De l’Antiquité au XXe
siècle, 2015.
Hubert BIESER, Les soldats aliénés à l’asile de Ville-Evrard. Mars 1915 -
décembre 1918, 2014.
Henri LAMENDIN, François-Joseph Talma (1763-1826), dentiste et acteur
favori de Napoléon Ier, 2014.
Elsa COMBES FRUITET, Caractéristiques dento-crânio-faciales des
Homininés, 2014.
Vincent BOUTON, De nez à nez. Histoire du nez, 2014.
Xavier RIAUD & Philippe BROUSSEAU, Odontologie médico-légale et
serial killers. La dent qui en savait trop, 2014.
Serge KERNBAUM, Alastrim. L’homme et la variole, 2014.
André Julien FABRE, Les médecins de Venise, 2014.
Régis-Nessim SACHS, De médecins juifs du Xe au XVIIe siècle, 2014.
Roland BRUNNER, La folie à Rome, 2014.
Apolline TRIOULAIRE, Sainte Apolline, sainte patronne des dentistes et
de ceux qui ont mal aux dents, 2014.
Pauline LEDENT, L’art dentaire en Égypte antique, 2014.
Frédéric DUBRANA, L’expérience chirurgicale. De la vivisection... à
l’expérimentation, 2013.
Henri LAMENDIN, Les de Jussieu, une famille de botanistes aux XVIIIe et
XIXe siècles, 2013.
François Resche
 
 
 
 
 
 
 
 
Le papyrus médical Edwin Smith
 
Chirurgie et magie en Égypte antique
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
© L’HARMATTAN, 2016
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
 
www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
 
EAN Epub : 978-2-336-76772-7
 
À Lucienne et René Perrin
À Marie-Antoinette et Gabriel Resche
in memoriam
 
À Isabelle
 
À nos enfants et petits-enfants
 
Véronique
Lou-Anne et Célia
 
François-Xavier et Marie Emmanuel,
Clémence, Constance et Martin
 
À nos proches
La Chaîne de l’Espoir
Injustice, misère, détresse… partout dans le monde, ces mots s’incarnent à
travers le destin de milliers d’enfants en souffrance.
 
Présidée par le docteur Eric Cheysson et fondée en 1994 par le Pr Alain
Deloche,
La Chaîne de l’Espoir est devenue au fil des années un réseau d’excellence
et d’expertise médico-chirurgicales, un acteur de santé engagé dans l’accès
aux soins et à l’éducation des enfants qui en sont privés aux quatre coins du
monde.
 
Chaque année, 100 000 enfants bénéficient de ses programmes de soins et 5
000 d’entre eux sont opérés. 11 000 enfants bénéficient de ses programmes
d’aide à la scolarisation.
 
Opérations d’enfants en France ou lors de missions lorsque cela est
réalisable, projets hospitaliers et transfert de compétences pour donner à
chaque pays les moyens de soigner ses enfants, son combat pour sauver des
vies et son engagement ne sont possibles que par une chaîne de vie aux
multiples maillons faite de générosité, énergie et compétences.
 
Sauver des enfants aujourd’hui pour construire le monde de demain, tous
ensemble, nous pouvons relever le défi.
 
www.chainedelespoir.org
 
Les droits d’auteur et une somme forfaitaire de 5 € par exemplaire vendu
seront versés par L’Harmattan à La Chaîne de l’Espoir.
François Resche
Préface

Le poids d’une civilisation comme celle de l’Égypte pharaonique dans


l’histoire de l’Homme tient à l’envergure des progrès des connaissances
qu’elle sut concevoir et à son ancienneté. Il n’existe aucun doute sur la dette
contractée par l’Europe à son égard, déjà reconnue par Hérodote et Diodore,
ce qui conduit à faire de la civilisation égyptienne un objet d’investigation
sur le processus de connaissance qu’elle représente. Comme les anciens
Égyptiens se sont intéressés avec compétence au corps humain, il n’est pas
étrange qu’un clinicien contemporain se mette à apprendre la langue de
l’Égypte pharaonique pour avoir accès par la suite à ce type de documents,
pour lesquels il possède une préparation directe. Ainsi, l’élaboration d’une
histoire de la connaissance devient-elle un essai sur l’Homme comme
artisan des mêmes formes de connaissance, et par la suite sur ces formes de
connaissance auxquelles conduit la documentation que nous ont léguée les
Égyptiens, et qui a par chance été récupérée par les hasards de l’archéologie
moderne.
Même si les manuels de médecine les plus complets qui ont été retrouvés
remontent au milieu du deuxième millénaire av. J.-C., il n’y a aucun doute
sur le fait qu’ils sont l’héritage, au moins en substance, d’une science
transmise par voie orale et peut-être déjà inscrite sous une forme
schématique, qui aurait germé dans les mêmes siècles qui virent ériger les
pyramides jusqu’à toucher le ciel. Si le pharaon avait une existence pérenne
parmi les dieux, il est extrêmement probable que ses sujets pouvaient
recevoir des soins pour soulager leurs souffrances. Théologie, Science et
Éthique posèrent les bases d’un savoir impérissable, oublié seulement en
apparence par l’obsolescence de ses outils de communication. Ce n’est pas
pour rien qu’un unique architecte, Imhotep, fut révélé par la tradition
comme le maître de l’architecture et de la médecine.
L’étude du corps humain ne se limita pas à considérer seulement l’aspect
sanitaire, mais tenta d’explorer la physiologie des organes, de comprendre
leurs connexions, comme l’explique la théorie de la respiration et de la
circulation sanguine, sans négliger les implications métaphysiques. La
doctrine de la création au moyen de la parole dans la très ancienne théologie
memphite se fonde sur le lien entre la langue et le cœur dans lequel était
placé l’esprit du démiurge. On entrevoit donc une structuration systématisée
de la connaissance que l’on peut à bon droit qualifier de scientifique. Le
manuel que constitue le papyrus Smith lui-même se présente sous la forme
d’une étude de cas ordonnée et exhaustive et d’une méthode d’examen,
preuve d’un long processus de réflexion et de catalogage non seulement
dans son domaine, mais aussi dans l’enregistrement des espèces vivantes.
En dehors de l’étude anatomique, l’architecture du corps humain
constitua la base pour les mesures et le calcul, tout d’abord au moyen d’une
relation de proportionnalité entre ses différents composants (tête, tronc,
membres), et d’un rapport numérique de leur cohérence. Le corps humain,
compris comme la réunion de différentes parties, chacune avec des
caractéristiques propres requérant une expertise spécialisée
(ophtalmologues, dentistes, proctologues ...), détenait une valeur spéciale
"active", qui influa directement sur les évolutions de la construction
linguistique. Non seulement il existait un pluriel distinct pour les parties
"paires" (yeux, oreilles, bras, mains, etc.), mais la présence de termes se
référant à la personne humaine pouvait introduire des changements dans la
structure grammaticale de la phrase.
La vision de l’art figuratif n’était donc pas séparable de la physiologie
des parties représentées, et sa manifestation avec le début du style artistique
rend vraisemblable une datation pour les différentes expérimentations sur le
corps humain, le début du troisième millénaire av. J.-C., quelques siècles
avant l’époque des pyramides, une tradition encore conservée par
Manéthon. Le lien entre art et science médicale est patent dans le cas des
mutilations (nez, oreilles) conçues pour priver de vie les figures humaines
elles-mêmes restituées en haut et bas-relief. Si l’unité de l’ensemble
échappait encore, comme le suggèrent les momies, pour la plupart vidées
des organes internes, la pathologie se concentrait sur les parties
douloureuses (yeux, dents ...), sans pour autant négliger de possibles agents
pathogènes internes.
La médecine égyptienne fut en effet une science curative, de nature avant
tout pratique. Le support théorique servait à connaître le fonctionnement du
corps humain pour, surtout, en affronter les pathologies, et s’appuyait sur
une description précise des symptômes, de cas manifestement vécus, à
laquelle succédait la recherche de remèdes, elle aussi en syntonie avec la
compréhension que l’on avait de la nature. La pharmacopée provenait non
seulement des résultats d’expériences qui puisaient parfois aux sources
d’une tradition complexe, mais cherchait aussi à établir des liens pour
expliquer les propriétés thérapeutiques. Ils apparaissent parfois similaires
aux mécanismes de la magie égyptienne, mais souvent la ressemblance est
due seulement aux mécanismes du raisonnement. Par exemple, pour les
Égyptiens, substance et dénomination ne faisaient qu’un, de sorte que les
relations établies au niveau lexical devaient être également valables pour
l’efficacité des remèdes. Il ne fait en revanche aucun doute que la science
ou l’art médical des Égyptiens fut beaucoup plus profond et élaboré, et qu’il
ne suffit pas de le confronter aux progrès de la médecine contemporaine
pour en comprendre toutes les ressources et les potentialités.
Alors que dans le cas des pyramides nous pouvons affirmer posséder les
produits les plus achevés de la technologie de l’époque, les écrits médicaux
qui nous sont parvenus, quoique soignés et précieux comme il sied à un art
supérieur, ne sont probablement pas dans l’absolu les meilleurs
exemplaires, mais ils nous font seulement imaginer la qualité extraordinaire
des ouvrages médicaux présumés qui n’ont pas été conservés. Ce n’est pas
un hasard si les temples étaient les lieux où se pratiquait l’art de la
médecine, placé sous protection divine. Les médecins égyptiens constituent
la seule catégorie de savants dont l’action fut expressément requise dans
d’autres pays, éloignés de l’Égypte, où était parvenue leur renommée,
retentissante dès Homère (Odyssée IV 229-32), et qui perdura du deuxième
millénaire av. J.-C. jusqu’à l’Empire romain. Le fait d’avoir fixé leur savoir
dans des manuels de référence ne représente pas seulement le passage d’une
science empirique à des préceptes vérifiables, mais en ennoblit la substance
à l’instar d’un texte sacré et en avalise sûrement le pouvoir, tout en
préfigurant la formation d’une caste. Dans la structure sociale, il n’existait
pas de catégorisation des adeptes de la science médicale, mais ils étaient
classés parmi les scribes et surtout parmi les meilleurs spécialistes de l’art
de l’écriture, parrainé par le dieu Thot.
Les écrits médicaux qui nous sont parvenus ont pour la plupart l’aspect
de précis ou d’anthologies, partageant en cela le caractère de la littérature
écrite pendant tout le deuxième millénaire av. J.-C., depuis les Textes des
Sarcophages jusqu’aux Livres magiques ramessides. On discute encore de
la catégorie d’opérateurs à laquelle on peut attribuer ces écrits, par exemple
«  médecins  », «  magiciens  », «  exorcistes  ». La conception du papyrus
médical Smith, en dépit de son inachèvement, pour la rigueur théorique
avec laquelle il apparaît construit, à partir de l’analyse encyclopédique des
composants du corps humain, en procédant dans l’ordre du crâne vers le
bas, révèle principalement la base rationnelle de l’organisation organique et
peut apparaître comme l’un des fruits les plus matures de la pensée
scientifique.
La tâche exigeante à laquelle s’est voué l’Auteur n’a pas la prétention
d’être un travail philologique, qui reste du domaine d’égyptologues
chevronnés, mais comme les antiques papyrus elle vise à la compréhension
non seulement grammaticale du texte, mais aussi à l’acquisition clinique de
données que seule la compétence avérée d’un médecin peut identifier ou
suggérer. Il applique ainsi une connexion qui n’est pas commune dans les
sciences humaines. La comparaison ne s’établit pas entre deux rédactions
linguistiques différentes du même texte, mais entre la substance fruit de
l’expérience d’une haute civilisation d’il y a près de quatre millénaires, et la
vision contemporaine qui met l’accent sur le même sujet. Naturellement,
l’interdisciplinarité doit éviter la scission (suivant laquelle «  les médecins
croient plus aux médecins qu’aux égyptologues » H. Grapow), et permettre
d’élargir la base documentaire, en tenant compte du caractère provisoire de
la connaissance à tout moment.
La dimension de l’intérêt que suscite cette recherche se mesure à
l’expérience professionnelle dont est doté celui qui s’est astreint à
l’affronter. Il est inévitable que demeurent des zones d’ombre, aussi
longtemps que la connaissance de la terminologie antique ne sera pas mieux
appréhendée, ce qui n’est pas seulement une question lexicale, mais touche
à l’un des plus grands mystères qui ont depuis toujours questionné
l’Homme, à savoir le corps que chaque individu possède. Parmi ceux-ci
l’aspect éthique, déjà fortement soulevé par les opérateurs égyptiens de tout
niveau, n’a certainement pas été dépassé. Et même, la comparaison conduit
sûrement à relativiser également les récents et considérables progrès de la
médecine.
Mais il existe encore un aspect, qui n’a rien d’insignifiant, qui unit les
médecins d’aujourd’hui à ceux qui nous apparaissent au travers des écrits
médicaux antiques, c’est l’intérêt pour la culture humaniste, l’inclination
pour la littérature et les belles-lettres. Grâce au travail de l’Auteur, pour
nous limiter au papyrus Smith, dans la précision terminologique rigoureuse,
comme dans la richesse du lexique et l’appropriation du langage, on perçoit
un goût pour la langue, une clarté dans la description, associés à une
concision qui évite toute redondance, qui font accéder ces écrits à la haute
littérature. Une telle efficacité s’observe aussi bien dans le traité de
traumatologie du recto, que dans les écrits à la saveur ‘‘magique’’ rapportés
au verso. L’admirable capacité d’observation et de synthèse rappelle
indubitablement l’aptitude des artistes à documenter la nature, mais reflète
également l’importance conférée à l’acte linguistique par les civilisations de
l’Antiquité comme instrument d’abstraction et de codification.
Il s’agit sans aucun doute d’un vocabulaire spécialisé, y compris dans les
formules répétitives, et cela en dit long sur l’élaboration d’une authentique
science déjà en Égypte pharaonique, et explique également le prestige des
médecins égyptiens à l’extérieur de leur Pays. Le savoir des médecins
égyptiens s’étendait naturellement de l’étude du corps humain et de ses
maladies aux systèmes de soins, avec une attention toute particulière portée
à la pharmacopée, à la recherche de remèdes et à leur mise en œuvre. On
remarquera de manière générale l’absence du surnaturel, quoiqu’il y eut de
longues listes anatomiques qui plaçaient chaque composante du corps
humain sous la protection d’une divinité particulière, pas toujours la même.
De surcroît les divinités sont invoquées, soit pour disposer elles-mêmes
d’un corps comme celui de l’homme, tels le dieu Ptah (qui créa le monde
avec la langue) ou le dieu Amon (qui écoute avec les oreilles), soit pour leur
parrainage de la science médicale (Thot, Sekhmet, Imhotep), sans compter
les reliques divines, objet d’un culte qui se propagea à travers toute
l’Égypte spécialement pendant le premier millénaire av. J.-C., mais en
général le surnaturel ne pollue pas la scène humaine. Bien qu’il ait été un
homme de foi, la vision du médecin égyptien fut une vision laïque. Et cela y
compris dans les cas extrêmes ou désespérés où l’on avait recours à la
divinité. D’ailleurs, la mort elle-même n’était pas pour les Égyptiens un sort
définitif, bien que la préparation du corps fût devenue à ce point matière
pour embaumeurs.
Notre apologie de la médecine égyptienne ne résulte donc pas d’une
intention de propagande, elle fait appel tout au plus à l’idéologie antique
pour expliquer ce qui peut sembler une défaillance dans la pratique de la
connaissance. Il en résulte que son étude est non seulement méritoire en tant
que telle, mais rend justice à l’éclat de la civilisation qui sut nourrir et
comprendre ces études.
 
Prof. Alessandro Roccati
 
Professeur émérite d’Égyptologie des Universités de Rome La Sapienza et
de Turin
Membre correspondant de l’Académie des Sciences de Turin
 
mai 2016
Avant-propos

Au décours de la Seconde Guerre mondiale, et jusqu’à un passé récent,


l’histoire de la discipline demeura en France totalement absente du
programme des études médicales. Certes, en fonction du siège de sa faculté,
l’étudiant pouvait acquérir quelques notions fragmentaires  : l’étudiant
nantais ne pouvait ainsi manquer de savoir qui étaient les Laennec, le
Quimpérois René Théophile Hyacinthe, futur inventeur de l’auscultation
médiate, qui commença ses études à Nantes en 1797, et son mentor, son
oncle Guillaume François, professeur à la faculté, et ce d’autant moins que
l’amphithéâtre ‘‘provisoire’’ qui’il fréquentait au début des années 1960,
construit pour pallier une partie des destructions de l’ancienne école de
médecine lors des bombardements de la ville en septembre 1943, portait le
nom et arborait un grand médaillon de René Laennec. Ce dernier est
toujours présent à l’entrée de la faculté de médecine et de pharmacie
achevée en 1967. Lors des cours, de nombreux noms étaient cités, attachés
à une zone anatomique (aqueduc de Sylvius, veine de Galien, valvule de
Vieussens …), ou à une maladie (chorée de Sydenham, cirrhose de
Laennec, maladies de Dupuytren, de Basedow, de Charcot …) ; se rendre en
salle de travaux pratiques d’anatomie c’était (c’est toujours ...) ‘‘aller chez
Morgagni’’ ; l’enseignement de la physiologie cardio-vasculaire n’omettait
pas d’évoquer William Harvey  ; enfin, personne n’ignorait le nom
d’Hippocrate, le ‘‘Père de la médecine’’ (occidentale), auquel demeure
attaché le fameux Serment de déontologie. Mais tout ceci ne constituait
qu’une approche superficielle, parcellaire, sans la moindre perspective
d’ensemble, et représentait une lacune grossière et dommageable dans la
formation des futurs médecins, sachant qu’« on ne connaît bien une science
que lorsqu’on en connaît l’histoire » (Auguste Comte).
L’enseignement de l’histoire de la médecine ne réapparut officiellement
qu’en 1992 à l’occasion d’une énième réforme, programmé en 1re année,
année du concours, comme partie intégrante de l’enseignement
nouvellement introduit, dit de culture générale, qui changea de nom dès
l’année suivante pour devenir enseignement de sciences humaines. Le
doyen Jean-Yves Grolleau me confia sa mise en place, en ma qualité de
vice-doyen chargé de la pédagogie.
Anatomiste et neurochirurgien, j’avais personnellement découvert un pan
de la médecine égyptienne et le papyrus Smith au début des années 1980,
en préparant une communication sur les complications neurologiques des
traumatismes du rachis cervical. Plusieurs travaux d’un mimétisme certain
faisaient état de l’existence de ce papyrus et évoquaient notamment la
description d’un cas de tétraplégie traumatique, d’une surprenante précision
clinique. Les sources de langue anglaise et les publications francophones se
référaient toutes à la publication de James Henry Breasted, parue en 1930,
déjà vieille de plus de cinquante ans. Ces publications, simples
compilations du travail de Breasted, par ce qu’elles sous-entendaient en
termes de connaissances, d’allure très moderne, laissaient planer un doute
sur l’authenticité, du moins dans ce cas précis, de l’interprétation donnée au
texte primaire. Ceci m’incita assez naturellement à tenter d’apprendre la
langue égyptienne antique dans le but de pouvoir peut-être un jour avoir les
bases suffisantes pour traduire le papyrus et apprécier par moi-même son
contenu.
Ayant eu l’honneur de participer à une étude anthropologique sous la
direction du Professeur Jacques Ruffié (1921-2004), titulaire de la chaire
d’anthropologie physique du Collège de France, je pus, grâce à lui, entrer
en contact avec son collègue le Professeur Jean Yoyotte (1927-2009),
titulaire de la chaire d’Égyptologie. Je reçus de la part de ce dernier un
accueil remarquablement chaleureux. Il ne sembla pas le moins du monde
étonné qu’un chirurgien veuille apprendre l’égyptien – il connaissait
d’autres exemples – et m’encouragea vivement dans ma démarche. Tout en
m’ouvrant très largement les portes de la Bibliothèque Champollion, il
m’orienta vers le Professeur Pascal Vernus, Directeur d’études à l’École
Pratique des Hautes Études qui, après entretien, m’accepta dans son cours.
Parallèlement, je fis la connaissance de Patrice Le Guilloux, diplômé de
l’EPHE, membre de l’équipe des fouilles de Tanis, fondateur de
l’Association Isis et actuel directeur de l’Association Imhotep, et pus
travailler à Nantes avec lui.
Bien des années plus tard, en 2007, à l’issue de mon mandat de président
d’université, je fus en mesure d’appliquer les connaissances acquises lors
des enseignements antérieurs et dans le cadre d’un autoapprentissage
régulier, mais d’une grande variabilité d’intensité. Je proposai à mon
collègue Georges Fargeas, directeur de l’Université Permanente de Nantes,
l’ouverture d’un cours d’initiation à l’égyptien hiéroglyphique, d’une durée
de trois ans, à l’usage de parfaits débutants, à l’instar de ce que j’avais été
moi-même, plus de deux décennies plus tôt, en gardant toujours à l’esprit
mon projet initial, la traduction du papyrus Smith.
À l’issue du troisième cycle de cours, à la fin de l’année académique
2012-2013, j’ai proposé aux auditeurs intéressés de mettre en pratique leurs
acquis en travaillant sur le papyrus Smith. Je souhaitais en effet que ce
projet puisse avoir des retombées pédagogiques, en assurant aux étudiants
un approfondissement des connaissances acquises. Lors de chaque début de
cycle d’initiation, le cours accueillait un nombre d’auditeurs volontairement
limité à vingt-cinq. En fin de troisième année, seuls restaient douze à
quatorze étudiants. Issus des trois premières promotions du cycle
d’initiation, seize étudiants se déclarèrent intéressés. Le travail de
transcription du hiératique en écriture hiéroglyphique, de translittération, et
de traduction dura deux ans à partir de juin 2013  ; la mise au point du
présent document a demandé une année supplémentaire. Certains
participants ont eu un intérêt particulier pour le hiératique, d’autres ont
apporté leurs connaissances propres en botanique, en médecine, en
pharmacie, en langues française et étrangères, en langues anciennes, en
sciences exactes. Le présent ouvrage est donc le résultat d’un travail
participatif, effectué au sein de l’Université Permanente, et de discussions
parfois animées et souvent éclairantes.
Je tiens à remercier Mmes Michèle Bessaud, Michèle Cébula, Gilberte
Chayard, Anne Ducreux, Josette Le Téno, Sylvie Lefèvre, Colette Remaud et
Nicole Robinet, MM. Hubert Carnec, Jean Pennaneac’h, Yves Priou, Bruno
Ramstein et Daniel Taraud pour leur participation à cet ouvrage et le travail
rigoureux de relecture qu’ils ont réalisé tout au cours de l’année écoulée.
Bien qu’ils n’aient pu être, pour des raisons diverses, parties prenantes du
travail de révision final, je tiens également à remercier Mmes Myriam
Monget et Marie-France Vovard et M. Christian Brasseur qui participèrent
au travail préliminaire des deux premières années.
Cet ouvrage est publié aux Éditions L’Harmattan au sein de la collection
d’histoire de la médecine ‘‘Médecine à travers les siècles’’ dirigée par le
docteur Xavier Riaud. Le directeur de la collection et l’éditeur ont accepté
d’accueillir ce travail, bien qu’il sorte des normes des ouvrages de la
collection (plus de 70 publiés à ce jour), à la fois par son format, son
volume et son contenu, et je les en remercie.
Le premier objectif que je m’étais fixé était de reprendre, à partir des fac-
similés du papyrus, actuellement conservé à la Bibliothèque de la New York
Academy of Medicine, la transcription du hiératique en écriture
hiéroglyphique, d’effectuer la translittération de l’ensemble du texte, suivie
d’une traduction originale en français. Nous reviendrons sur ces différents
termes et la conduite de ce travail, plus loin, dans le chapitre dédié à la
méthodologie.
Après une vue générale et une présentation des vingt-deux colonnes du
papyrus à partir de photographies numérisées, et transcription en regard du
hiératique en écriture hiéroglyphique de droite à gauche, la transcription
hiéroglyphique de gauche à droite, la translittération et la traduction sont
exposées ligne à ligne, suivant l’ordonnancement du papyrus. Cette partie
s’accompagne de commentaires en tête de chaque observation du recto ou
de chaque incantation, prescription ou recette du verso. De nombreuses
annotations sont présentées, d’ordre sémantique, syntaxique ou
grammatical, assorties chaque fois que nécessaire d’une analyse critique des
travaux antérieurs. En complément figurent un lexique-répertoire égyptien
français de la totalité des termes présents dans le papyrus et un index
thématique français-égyptien.
À l’usage du lecteur souhaitant en priorité se faire dans un premier temps
une idée personnelle des connaissances médicales de l’époque, figure une
traduction suivie, reprenant la traduction ligne à ligne, qui permet de les
apprécier au mieux et de la manière la plus objective possible, excluant
enthousiasme déplacé aussi bien que dénigrement mal venu.
L’objectif avoué de cet ouvrage est toutefois que, curiosité aidant, ce
lecteur pressé ait envie de dépasser ce premier stade et puisse s’immerger
dans la traduction ligne à ligne, et progressivement peut-être, se sentir
motivé par un apprentissage de l’égyptien.
L’ouvrage comporte donc une initiation à l’égyptien hiéroglyphique, sous
forme d’un supplément construit en deux parties. La première explique le
système d’écriture des Égyptiens de l’Antiquité, parfaitement compris et
analysé par Jean-François Champollion il y a un peu moins de deux siècles.
La seconde est un abrégé de grammaire du moyen égyptien qui constitue
une approche, abordable sans connaissance prérequise, devant permettre à
celles et ceux qui le souhaiteront de s’engager dans un autoapprentissage de
l’égyptien classique.
Comme n’a pas manqué de le rappeler opportunément le Professeur
Alessandro Roccati qui nous fait l’honneur et auquel je sais gré de préfacer
cet ouvrage, il ne s’agit aucunement d’un travail de philologie qui reste
affaire de spécialistes, même si ce travail réalisé suivant les standards
universitaires devrait être susceptible de les intéresser, mais d’une œuvre
originale à visée avant tout didactique qui a essayé d’allier au mieux
connaissances médicales et linguistiques.
Son objectif final est de contribuer à la découverte d’un document
unique, vieux de plus de trente-cinq siècles, en le rendant accessible à tous,
et ce faisant, d’intéresser non seulement les professionnels de santé
concernés par l’histoire de la médecine, mais aussi toute personne
passionnée par la civilisation égyptienne antique, son histoire, ses pratiques
et ses mythes.
J’espère de plus qu’il sera apte à susciter, auprès du plus grand nombre,
l’envie d’apprendre à lire et à comprendre cette langue imagée remarquable
à bien des égards, en usage sous ses différentes formes pendant plus de trois
mille ans, qui survit encore en Égypte et ailleurs dans la langue liturgique
copte.
 
François Resche
 
Professeur émérite des Universités (Neurochirurgie)
Président honoraire de l’université de Nantes
 
mai 2016
Sommaire

L’ouvrage comporte deux grandes parties.


 
La première est consacrée au papyrus Smith lui-même.
Après une introduction situant le document dans son contexte historique et au sein des textes
médicaux de l’ancienne Égypte, puis retraçant les pérégrinations du document depuis son acquisition
par Edwin Smith en 1862 jusqu’à son dépôt en 1948 à la Bibliothèque de la New York Academy of
Medicine, la présentation liminaire se poursuit par l’exposé des caractéristiques physiques du
papyrus, la nature des textes et leurs particularités.
Puis suivent la transcription, la translittération et la traduction du document.
Est présentée tout d’abord la méthodologie suivie avec une illustration de l’état actuel du papyrus.
La section suivante comprend les fac-similés photographiques en couleur des vingt-deux colonnes du
papyrus et la transcription du hiératique en écriture hiéroglyphique de droite à gauche. La section
suivante comporte la transcription en hiératique de gauche à droite, la translittération et la traduction
effectuées ligne à ligne des deux faces du document : le recto d’abord, copie d’un traité incomplet de
pathologie externe comptant 48 observations, puis le verso, assemblage disparate d’incantations
magiques, d’observations médicales, et de recettes à visée cosmétique. La traduction est reprise
ensuite en continu, cas par cas.
Suit un lexique de l’ensemble des mots présents dans le papyrus Smith, comportant un répertoire,
donnant pour chacun sa nature grammaticale, les variantes graphiques constatées et pour les verbes
leurs modifications éventuelles suivant leur forme. Un index thématique français-égyptien précède la
conclusion de cette première partie.
 
La suite du volume présente, comme annoncée plus haut, une initiation à l’égyptien
hiéroglyphique  : il s’agit d’un supplément en deux parties, la première consacrée au système
d’écriture des anciens Égyptiens, la seconde étant un abrégé de la grammaire du moyen égyptien.
 
L’ouvrage se termine par la liste des références bibliographiques avec les clefs en facilitant
l’usage.
 
Le plan est le suivant :
 
Couverture
4e de couverture
Médecine à travers les siècles
Titre
Copyright
Dédicace
La Chaîne de l’Espoir
Préface
Avant-propos
Sommaire
Le papyrus Edwin Smith
Introduction
Caractéristiques physiques
Nature des textes
Méthodologie
Fac-similé du papyrus Edwin Smith & Transcription hiéroglyphique du texte hiératique
(écriture lue de droite à gauche)
Traumatismes de la tête (1re partie)
Traumatismes de la tête (2e partie)
Traumatismes du cou
Pathologie externe de la ceinture scapulaire, du bras et du tronc
Textes du verso
Traduction suivie
Lexique égyptien hiéroglyphique - français
Index thématique français – égyptien (translittéré)
Conclusion
Supplément : Initiation à l’égyptien hiéroglyphique
Initiation à l’égyptien hiéroglyphique
2e partie : Abrégé de grammaire de l’égyptien classique (moyen égyptien)
Bibliographie
REMERCIEMENTS
Adresse
___________________
Le papyrus Edwin Smith
Nature des textes

Le papyrus Edwin Smith, est rédigé sur ses deux faces.


La nature des textes est totalement différente d’une face à l’autre du
document. Comme nous le verrons, ceci suggère que ce papyrus est le
résultat (imparfait) d’un exercice d’entraînement pour scribes en formation.
Face antérieure (recto) du papyrus
Le recto comprend dix-sept colonnes d’écriture et un total de 377 lignes
écrites de la même main. Y figurent 48 observations médicales qui ont la
particularité d’être présentées suivant un ordre bien défini, correspondant
très certainement à une exigence didactique de l’auteur primitif.
On reconnaît aisément l’existence d’un canevas précis. L’observation
type comprend successivement
- Un intitulé qui précise d’emblée le mal auquel le médecin se trouve
confronté ; la locution qui lui correspond apparaît derrière le terme égyptien
inaugural ŠZȜW, mentionné plus haut, correspondant à «  instructions
pour », « conduite à tenir en présence de ».
- L’examen clinique est présenté aussitôt après l’intitulé et commence
également toujours de la même manière par les termes égyptiens jr XAi.k
que l’on traduit par «  si tu examines  », «  lorsque tu examines  ». Le
tutoiement utilisé n’est pas une marque de familiarité d’un maître vis-à-vis
d’élèves  ; il correspond au mode direct d’expression qu’avaient les
Égyptiens pour communiquer entre eux ; ainsi, s’adressait-on au roi suivant
la forme « ta Majesté » (cf. Suppl. 2 : Abrégé de grammaire, Digression 2 :
Anthroponymie et titulature royale).
- Au terme de cet examen vient une conclusion, qui reprend plus ou
moins de manière tautologique les données de l’examen, en ajoutant parfois
un élément nouveau.
- Puis apparaît l’énoncé du verdict, temps marquant de l’observation,
avec trois éventualités que l’on traduit par  : ‘‘un mal sur lequel je vais
agir’’, ‘‘un mal avec lequel je vais me battre’’, ‘‘un mal pour lequel rien
n’est à entreprendre’’.
Le premier verdict correspond, dans l’expérience du maître-médecin, aux
circonstances dans lesquelles le pronostic est dans tous les cas favorable,
sous réserve de traiter le patient suivant les préconisations qui vont être
précisées immédiatement après.
Le second verdict indique que le pronostic est incertain, que l’évolution
peut mener le patient à la guérison, mais aussi que, malgré le traitement
préconisé, son état est susceptible de se dégrader  : le maître-médecin
conseille de surveiller le patient jusqu’à ce qu’il ait atteint le ‘‘point
décisif’’, c’est-à-dire jusqu’à ce que l’on sache ‘‘s’il vivra ou s’il mourra’’.
Enfin, le dernier verdict correspond à un mal au-delà de toute possibilité
thérapeutique, sans le moindre espoir d’amélioration, qui va aboutir
inexorablement à la mort. L’énoncé de ce verdict défavorable met le plus
souvent fin à l’observation ; dans quelques cas cependant le maître-médecin
prodigue des conseils, relatifs à l’installation du patient, visant à soulager sa
fin de vie.
- Faisant suite aux deux premiers verdicts, un traitement est proposé, dont
les modalités sont clairement définies.
- De nombreuses observations comportent des gloses qui sont d’un grand
intérêt, venant éclairer un terme ou une expression nécessitant une
explication  : il peut s’agir d’une explication à caractère proprement
médical, mais parfois on est manifestement en présence d’un commentaire
devenu obligatoire à propos d’un terme ancien, recopié par des générations
de scribes, mais qui, tombé en désuétude, est devenu incompréhensible à
l’époque de l’une des copies récentes révisée du texte par un nouveau
maître-médecin. Dans le cas du papyrus Smith - on le constatera dans de
nombreux exemples - le rédacteur était très certainement un apprenti scribe,
qui ne faisait que copier, parfois sous la dictée, le document qui lui avait été
confié, mais qui était inapte à comprendre ce qu’il écrivait, du moins dans
le domaine médical, et également certainement peu apte à saisir les
subtilités de la langue et à repérer et expliquer des archaïsmes.
- Quelques observations comportent des formes cliniques donnant lieu à
un nouvel examen, à des conclusions nouvelles et à une révision du verdict.
 
Au-delà du paradigme de présentation des observations, le caractère
didactique du document est confirmé par l’ordonnancement de la séquence
d’observations. Elles sont en effet présentées dans un ordre qui tient compte
de deux éléments, la topographie lésionnelle et la sévérité de la lésion. Les
observations sont présentées par régions. Ce n’est nullement précisé dans le
document, mais il n’y a aucun mystère  : la description des lésions,
traumatiques en l’occurrence, intéresse successivement le crâne, la partie
supérieure de la face, la région temporale, la partie inférieure de la face  ;
sont ensuite traitées la région cervicale (face antérieure du cou puis rachis
cervical), la ceinture scapulaire et la partie proximale du membre supérieur,
et enfin les lésions du tronc où sont décrites cette fois de manière moins
ordonnée des lésions traumatiques et des tumeurs. On reconnaît donc là,
sans ambiguïté, un mode logique de présentation suivant une progression
anatomique, de la tête aux pieds. Le recto se termine de manière abrupte au
milieu d’une observation de traumatisme du rachis dorsal.
La progression se fait en fonction également du degré de gravité du mal
exprimé par le type de verdict  : pour une région donnée sont décrites
d’abord les atteintes curables de niveau 1, sachant qu’elles sont elles-
mêmes présentées suivant un degré croissant de complexité  ; puis sont
exposées les atteintes donnant lieu au verdict intermédiaire de niveau 2, qui
précèdent les cas de pronostic fatal (verdict de type 3).
Ceci représente l’observation type qui connaît toutefois quelques
entorses, liées très probablement, comme on l’expliquera, à des ajouts
d’observations nouvelles et parfois à des erreurs de scribe qui se sont
pérennisées, ayant été reprises dans les copies ultérieures.
Les observations présentes à la face antérieure du papyrus Smith sont les
suivantes1- 2 :
Traumatismes de la tête
Traumatismes crâniens et cranio-cérébraux
Observation 1 [I-1 – I-12] – [Instructions pour une lésion traumatique de
la tête] 3– (verdict 1 - 3 gloses)
Observation 2 [I-12 – I-18] – Instructions pour une lésion traumatique
constituée d’une [plaie béante à la tête] arrivant au contact de l’os –
(verdict 1 - 3 gloses)
Observation 3 [I-18 – II-2] – [Instructions pour une lésion traumatique
constituée] d’une plaie béante à la tête pénétrant jusqu’à l’os avec
perforation [du crâne] – (verdict 1 - 4 gloses)
Observation 4 [II-2 – II-11] – Instructions pour une lésion traumatique
constituée d’une plaie béante à la tête pénétrant jusqu’à l’os avec
fracture du crâne – (verdict 2 - 3 gloses)
Observation 5 [II-11 – II-17] – Instructions pour une lésion traumatique
constituée d’une plaie béante à la tête avec fracas crânien – (verdict 3 -
1 glose)
Observation 6 [II-17 – III-1] – Instructions pour une lésion traumatique
constituée d’une plaie béante à la tête pénétrant jusqu’à l’os, d’un
fracas crânien et d’une rupture du cerveau (à l’intérieur) du crâne –
(verdict 3 - 2 gloses)
Observation 7 [III-2 – IV-4] – Instructions pour une lésion traumatique
constituée d’une plaie béante à la tête pénétrant jusqu’à l’os avec
perforation des tepaou (‘‘sinus frontaux’’) du crâne – (deux verdicts 2&3
- 10 gloses)
Observation 8 [IV-5 – IV-18] – Instructions pour un fracas du crâne sous la
peau de la tête – (observation polluée avec deux verdicts 3 douteux - 5
gloses)
Observation 9 [IV-19 – V-5] – Instructions pour une lésion traumatique à
l’avant du visage avec fracas de l’écaille du crâne – (observation polluée
à caractère magique dominant, sans verdict - 1 glose)
Traumatismes faciaux supérieurs
Observation 10 [V-5 – V-9] – Instructions pour une plaie du sommet du
sourcil – (verdict 1 - 1 glose)
Observation 11 [V-10 – V-15] – Instructions pour une fracture avec
déplacement du pilier nasal – (verdict 1 - 2 gloses)
Observation 12 [V-16 – VI-3] – Instructions pour une fracture avec
déplacement de la chambre du nez – (verdict 1 - 3 gloses)
Observation 13 [VI-3 – VI-7] – Instructions pour un fracas du nez –
(verdict 3 - aucune glose)
Observation 14 [VI-7 – VI-14] – Instructions pour une plaie (transfixiante)
de la narine – (verdict 1 - 1 glose)
Observation 15 [VI-14 – VI-17] – Instructions pour une perforation de la
joue – (verdict 1 - aucune glose)
Observation 16 [VI-17 – VI-21] – Instructions pour une fracture de la
pommette – (verdict 1 - aucune glose)
Observation 17 [VII-1 – VII-7] – Instructions pour un fracas de la
pommette – (verdict 3 - aucune glose - observation polluée par une
erreur de scribe)
Traumatismes de la région temporale
Observation 18 [VII-7 – VII-14] – Instructions pour une lésion traumatique
de la tempe – (verdict 1 - 2 gloses)
Observation 19 [VII-14 – VII-22] – Instructions pour une perforation de la
tempe – (verdict 1 - 1 glose)
Observation 20 [VII-22 – VIII-5] – Instructions pour une lésion traumatique
de la tempe atteignant et perforant l’os temporal – (verdict 3 – aucune
glose)
Observation 21 [VIII-6 – VIII-9] – Instructions pour une fracture de l’os
temporal – (verdict 2 – aucune glose)
Observation 22 [VIII-9 – VIII-17] – Instructions pour un fracas de l’os
temporal – (verdict 3 – 3 gloses)
Observation 23 [VIII-18 – VIII-22] – Instructions pour une plaie de l’oreille
– (verdict 1 – aucune glose)
Traumatismes faciaux inférieurs
Observation 24 [VIII-22 – IX-2] – Instructions pour une fracture avec
déplacement de la mandibule – (verdict 3 – aucune glose)
Observation 25 [IX-2 – IX-6] – Instructions pour une luxation de la
mandibule – (verdict 1 – aucune glose)
Observation 26 [IX-6 – IX-13] – Instructions pour une plaie de la lèvre
(supérieure) – (verdict 1 – 1 glose)
Observation 27 [IX-13 – IX-18] – Instructions pour une lésion traumatique
constituée d’une plaie béante du menton – (verdict 1 – aucune glose)
Lésions traumatiques du cou
Observation 28 [IX-18 – X-3] – Instructions pour une lésion traumatique
constituée d’une plaie béante de la gorge – (verdict 2 – aucune glose)
Observation 29 [X-3 – X-8] – Instructions pour une lésion traumatique
constituée d’une plaie béante dans une vertèbre du cou – (verdict 2 –
aucune glose)
Observation 30 [X-8 – X-12] – Instructions pour une entorse d’une
vertèbre du cou – (verdict 1 – 1 glose)
Observation 31 [X-12 – X-22] – Instructions pour une luxation d’une
vertèbre du cou – (verdict 3 – 3 gloses)
Observation 32 [XI-1 – XI-9] – Instructions pour un tassement d’une
vertèbre du cou – (verdict 1 – 1 glose)
Observation 33 [XI-9 – XI-17] – Instructions pour un écrasement d’une
vertèbre du cou – (verdict 3 – 2 gloses)
Pathologie externe de la ceinture scapulaire, du membre supérieur et
du tronc
Lésions traumatiques de la région claviculaire et du bras
Observation 34 [XI-17 – XII-2] – Instructions pour une luxation de la
clavicule – (observation polluée avec introduction d’un second type
lésionnel - verdict 1, répété deux fois, la seconde fois de manière erronée
– 2 gloses)
Observation 35 [XII-3 – XII-8] – Instructions pour une fracture de la
clavicule – (verdict 1 – aucune glose)
Observation 36 [XII-8 – XII-14] – Instructions pour une fracture du bras –
(verdict 1 – aucune glose)
Observation 37 [XII-14 – XII-21] – Instructions pour une fracture du bras
avec un fracas (osseux) et une plaie en regard – (présence de deux
formes cliniques, l’une conduisant au verdict 2, la seconde au verdict 3 –
aucune glose)
Observation 38 [XII-21 – XIII-2] – Instructions pour une fissure du bras –
(verdict 1 – aucune glose)
Lésions traumatiques et non traumatiques du tronc
Observation 39 [XIII-3 – XIII-12] – Instructions pour des abcès (développés)
sur un traumatisme de la poitrine – (verdict 1 avec traitement – 1 glose)
Observation 40 [XIII-12 – XIII-17] – Instructions pour une blessure de la
poitrine – (verdict 1 – 1 glose)
Observation 41 [XIII-18 – XIV-16] – Instructions pour une complication
insolite d’une plaie de poitrine – (verdict 1 – 5 gloses)
Observation 42 [XIV-16 – XIV-22] – Instructions pour une entorse des côtes
thoraciques – (verdict 1 – 1 glose)
Observation 43 [XIV-22 – XV-6] – Instructions pour une luxation des côtes
thoraciques – (verdict 1 – 3 gloses)
Observation 44 [XV-6 – XV-9] – Instructions pour une fracture (ouverte)
des côtes thoraciques avec un délabrement de la plaie en regard} –
(verdict 3 – aucune glose)
Observation 45 [XV-9 – XV-19] – Instructions pour des tumeurs sphériques
au niveau de la poitrine – (verdict 2 modifié – 1 glose)
Observation 46 [XV-20 – XVI-16] – Instructions pour une tumeur
(développée) sur une atteinte (traumatique) du thorax – (verdict 1 avec
traitement – 3 gloses)
Observation 47 [XVI-9 – XVII-15] – Instructions (pour) une lésion
traumatique constituée d’une plaie béante de la région scapulaire –
(description de deux formes cliniques, l’une conduisant au verdict 1, la
seconde au verdict 2 – aucune glose)
Observation 48 [XVII-15 – XVII-19] – Instructions pour une entorse d’une
vertèbre dorsale – (verdict 1 – observation inachevée)
 
Au total, vingt-neuf des quarante-huit observations présentent une ou
plusieurs gloses (jusqu’à dix pour la septième observation) avec un total de
soixante-dix gloses.
Ces gloses apparaissent dans quelques cas comme un témoignage
supplémentaire de la volonté de l’auteur primitif de se faire parfaitement
comprendre de ses élèves.
Dans les autres cas, les gloses relèvent d’interventions ultérieures
d’autres maîtres-médecins qui ont souhaité, sans intervenir sur le texte
initial, adapter les observations aux évolutions, notamment linguistiques, de
leur époque.
Face postérieure (verso) du papyrus
Par son caractère disparate, le verso du papyrus correspond sans nul
doute au résultat d’un exercice d’apprentissage et d’entraînement pour
scribes en formation. Le texte ne relève d’aucune thématique précise
comparable à celle qui est présente au recto où sont exposés des cas de
pathologie externe, d’origine traumatique pour le plus grand nombre.
Deux (apprentis) scribes y ont travaillé successivement.
On trouve d’abord l’écriture du scribe qui a rédigé les quarante-huit
observations médicales du recto et a interrompu inopinément sa copie au
milieu d’une observation. Au verso, il a copié huit incantations à visée
apotropaïque, une prescription médicale pour aménorrhée douloureuse, et
deux recettes à visée cosmétique similaires à deux recettes présentes à la
fois dans le papyrus Ebers et dans le papyrus Hearst.
Un autre scribe est intervenu à sa suite pour rédiger une troisième recette
à visée cosmétique, puis une prescription pour des douleurs anales, cette
dernière mettant un terme au texte du verso, alors qu’il restait de l’espace
disponible sur le support.
La recette à visée cosmétique est celle déjà évoquée ‘‘pour transformer
un vieillard en jeune homme’’, qui fut révélée précocement dès 1925, cinq
ans avant la parution du travail de Breasted (cf. supra). On verra qu’au-delà
de son aspect spectaculaire apte à aiguiser la curiosité des journalistes et
échauffer l’imagination du grand public, cette recette est intéressante par
son caractère très structuré et la complexité de sa confection.
Les cas médicaux du verso se démarquent quant à eux des observations
du recto : il s’agit dans les deux cas de simples prescriptions, présentées de
manière similaire à la majorité des prescriptions figurant dans les autres
textes médicaux de l’ancienne Égypte.
 
La liste ci-dessous présente les intitulés des huit incantations magiques à
visée apotropaïque et des trois recettes de nature cosmétique du verso, qui
en possèdent toutes un.
En revanche, contrairement aux observations du recto, les deux
prescriptions médicales n’en possèdent pas ; l’intitulé indiqué est un ajout
personnel qui découle du contenu de la prescription.
Incantations magiques à visée apotropaïque
Incantation 1 [XVIII-1 – XVIII-11] – Formule pour repousser le souffle de la
rosée mortifère de l’année
Incantation 2 [XVIII-11 – XVIII-16] – Une autre (formule) pour repousser le
souffle de la maladie, les démons de la maladie, et les esprits du mal
messagers de Sekhmet.
Incantation 3 [XVIII-17 – XVIII-19] – Une autre protection contre la rosée
mortifère de l’année.
Incantation 4 [XVIII-19 – XIX-2] – Une autre.
Incantation 5 [XIX-2 – XIX-14] – Copie d’une autre.
Incantation 6 [XIX-14 – XIX-18] – Formule pour éliminer une mouche (de)
la bouche de l’homme qui est sous mes doigts.
Incantation 7 [XIX-18 – XX-8] – Formule pour nettoyer toutes choses
provenant de la rosée mortifère.
Incantation 8 [XX-8 – XX-12] – Une autre.
Prescriptions médicales et recettes à visée cosmétique
Prescription pour des troubles menstruels (aménorrhée douloureuse)
– (pas d’intitulé sur le modèle des observations du recto – pas
[XX-13 – XXI-3]

de glose)
Première recette à visée cosmétique [XXI-3 – XXI-6] – Médication (pour)
restaurer la peau.
Deuxième recette à visée cosmétique [XXI-6 – XXI-8] – Une autre
(médication pour) embellir le visage.
Troisième recette à visée cosmétique [XXI-9 – XXII-10] – Début du texte
(donnant la recette) pour transformer un vieillard en jeune homme.
Prescription pour des douleurs de la région anale [XXII-11 – XXII-14] – (pas
d’intitulé sur le modèle des observations du recto – pas de glose)

1  Les têtes de chapitre (ex. Traumatismes crâniens), les subdivisions (ex. Traumatismes de la région
temporale) et les mentions des observations successives avec leur numéro d’ordre (ex. Observation
19) n’existent pas dans le texte égyptien, écrit en continu, sans la moindre séparation.
2   Le verdict et l’existence de gloses et leur nombre sont précisés pour chaque observation à titre
informatif préalable et seront naturellement détaillés lors de la traduction ligne à ligne et de la
traduction suivie.
3   Les parties entre crochets correspondent à la traduction de parties manquantes de la colonne,
reconstituées de manière assurée.
Méthodologie

L’objet de ce chapitre est de décrire la méthodologie appliquée pour


passer des reproductions photographiques du texte hiératique du papyrus
Smith à la traduction française.
Plusieurs opérations successives sont nécessaires  : la transcription du
texte hiératique en caractères hiéroglyphiques, strictement conforme à la
présentation du document primaire, en lignes orientées de droite à gauche ;
puis la transcription hiéroglyphique de gauche à droite, sens typographique
adopté dans les ouvrages contemporains, permettant l’étape suivante de
translittération hiéroglyphique, indispensable avant la traduction.
Rappels
Le papyrus Edwin Smith, dont on a précisé antérieurement les
dimensions, est rédigé dans son intégralité en écriture hiératique, forme
cursive de l’écriture hiéroglyphique avec des lignes écrites de droite à
gauche, se succédant de haut en bas, pour former des colonnes disposées
elles-mêmes de droite à gauche. Il comprend un total de vingt-deux
colonnes d’écriture, dix-sept rédigées à la face antérieure du papyrus (recto)
et cinq à sa face postérieure (verso). Il est écrit comme il était d’usage, en
deux couleurs, noire et rouge. Il ne comporte aucune illustration.
Deux scribes sont intervenus dans sa rédaction, dans des proportions très
inégales : un premier scribe a rédigé les dix-sept colonnes du recto ; ayant
interrompu son travail de manière inopinée près de la fin de la dix-septième
colonne, il a repris le même support, après un délai indéterminé, pour copier
au verso trois colonnes et les huit premières lignes d’une quatrième, d’un
texte sans lien avec le texte principal occupant le recto. Un second scribe
est intervenu à sa suite pour copier treize lignes supplémentaires sur cette
même colonne, puis quatorze lignes formant au verso une cinquième et
dernière colonne de quatorze lignes, n’occupant que la moitié de la hauteur
du feuillet-support.
Le rouleau de papyrus ayant été découpé par Edwin Smith lui-même pour
faciliter son transport à plat au fond d’une malle lorsqu’il quitta Louqsor en
1876 pour rentrer aux États-Unis, le document d’origine ne peut plus être
déroulé comme d’autres papyrus mieux préservés pour en permettre une
vue d’ensemble4.
Les fac-similés dont on dispose sont des photographies des différents
fragments du papyrus dans son état actuel, correspondant à ce découpage
initial.
Les premières photographies connues figurent dans le second volume de
la publication de James Henry Breasted [13b, pl.I-XXII]  : il s’agit de
clichés de teinte bistre où la différenciation des couleurs de caractère est
parfois malaisée. Le volume 2 de Breasted offre en revanche l’avantage de
présenter les colonnes à l’échelle 1/1. De plus, il s’agit de la reproduction
de photographies prises dans le laboratoire de l’Oriental Institute de
Chicago, sans doute très peu de temps après son dépôt, et avant le début des
travaux de restauration et des tentatives de décollement des cartonnages mis
en place à titre de support plus de quatre décennies auparavant par Smith :
ces travaux allaient provoquer sur le papyrus quelques dommages
supplémentaires irréversibles, mentionnés par Breasted, intéressant
notamment la colonne II [13b, p.IX-XII].
L’examen comparatif de ces premiers clichés et des dernières
reproductions en couleur du papyrus effectuées à la Bibliothèque de la New
York Academy of Medicine où il est conservé depuis décembre 1948
montre parfaitement les différences liées à ces interventions hasardeuses.
Des clichés numérisés aux fac-similés
Les clichés numérisés du papyrus dont nous avons pu disposer pour ce
travail sont ceux réalisés le 15 novembre 2004 en vue de l’exposition du
papyrus, l’année suivante, au Metropolitan Museum of Art à New York5.
À partir des clichés numérisés au format .jpg transmis par la New York
Academy of Medicine Library6, nous avons réalisé un travail de séparation-
reconstruction numérique à l’aide du logiciel éditeur d’images GIMP 27
afin de présenter séparément chaque colonne à échelle réduite pour pouvoir
figurer sur un format A4 portrait  : échelle voisine de 0,5 pour les quatre
colonnes les plus larges (colonnes II à V) et échelle proche de 0,7 pour
toutes les autres colonnes du recto et les cinq colonnes du verso. Ces
échelles seront précisées sous chacun des vingt-quatre fac-similés présentés
dans le chapitre suivant sur les pages paires.

4  Hormis après reconstruction numérique.


5  Du 13 septembre 2005 au 15 janvier 2006.
6  Clichés soumis à copyright.
7  GIMP 2 - 2.8.4 copyright © 1995-2013 Spencer Kinball, Peter Mattis & al.
Fac-similé du papyrus Edwin Smith

&

Transcription hiéroglyphique du texte hiératique

(écriture lue de droite à gauche)

Les fac-similés des vingt-deux colonnes du papyrus Smith sont présentés


sur les pages paires ; sur les pages impaires en regard, figure la transcription
hiéroglyphique ligne à ligne du hiératique, orientée de droite à gauche,
respectant au mieux l’ordonnancement et la disposition des caractères
hiératiques d’origine.
Traduction suivie

Mode de présentation
 
La traduction suivie comporte la reprise dans leur intégralité des
traductions précédentes, observation par observation, à l’intention des
lecteurs qui souhaiteraient, dans un premier temps, ne s’attacher qu’aux
seuls aspects historiques et médicaux du papyrus, sans s’attarder sur la
partie linguistique. Pour permettre un retour aisé vers le texte bilingue et ses
annotations, sont indiqués entre crochets, au sein du texte, les débuts de
colonne et de ligne.
Les différentes parties de chaque observation sont présentées dans des
paragraphes distincts qui correspondent au plan type (non écrit) suivi par le
praticien de l’Antiquité, présenté précédemment (cf. Présentation
liminaire  : nature des textes)  : intitulé <I>, examen clinique <E>,
conclusion de l’examen <C>, verdict <V>, traitement <T>, suite du
traitement le cas échéant <Ts> et glose(s) explicative(s) <G>. Certaines
observations décrivent une ou deux formes cliniques et évolutives
supplémentaires <F> pouvant comportter elles-mêmes un complément
d’examen <E1> aboutissant à de nouvelles conclusions <C1>, à un nouveau
verdict <V1> et à une prise en charge thérapeutique différente <T1>. Les
formules magiques sont repérables par l’index <M>.et les parties de texte
polluées par des apports externes intempestifs, survenus dans des délais
inconnus après la rédaction du traité d’origine, sont signalées par <Tpol.
début> et <Tpol. fin>.
Afin de faciliter la lecture, les parties restaurées et les parties
reconstituées pour pallier des lacunes dues à des erreurs de scribe, sont
présentées dans cette traduction suivie sans les marques particulières de
ponctuation qui les individualisent dans la traduction ligne à ligne.
Pour des raisons éditoriales, la couleur rouge du texte hiératique, de la
transcription, de la translittérarion et de la traduction ligne à ligne n’a pas
été reprise ici  ; les parties correspondantes sont indiquées par un
soulignement simple.
 
Recto
Colonnes I à XVII
 
Traumatismes de la tête
 
Traumatismes crâniens et crânio-cérébraux
[Colonnes I (ligne 1) à V (ligne 5)]
 
Première observation [I-1 – I-12]
<I> [I-1] Instructions pour une lésion traumatique de la tête.
<E> Si tu es conduit à examiner un blessé de la tête, tu palperas sa lésion de
la tête où en vérité n’existent pas les deux lèvres d’une plaie :
<C> [2] alors tu diras de lui, qui présente une lésion traumatique à la tête où
il n’existe pas d’ouverture, bien qu’en réalité elle ait atteint l’os du crâne :
<V> ‘‘un mal sur lequel je vais agir’’.
<T> Tu le panseras au moyen de viande [3] fraîche le premier jour  ; tu le
traiteras ensuite au moyen de graisse, de miel et de charpie,   chaque jour,
jusqu’à guérison.
<G1> Quant à‘‘tu examines un homme’’, c’est faire l’‘examen d’un individu
[4]
qui a été victime d’un traumatisme. C’est comme compter quelque chose
au moyen d’un instrument de mesure, c’est évaluer un état comme on
compte une chose quelconque avec un instrument de mesure ou compter
quelque chose avec les doigts, jusqu’à ce que [5] l’on connaisse la marche de
cette chose. Ainsi en vérité, évaluer une chose au moyen d’un instrument de
mesure ou avec les doigts, c’est comme évaluer un mal de cette manière, ce
qui équivaut à évaluer le mal d’un homme jusqu’à ce que [6] l’on connaisse
la marche du cœur. Il existe des conduits-met à partir de lui (le cœur) vers
chaque partie du corps. Lorsque l’un des prêtres-ouab de Sekhmet ou tout
médecin place les mains et les doigts [7] sur la tête, sur la nuque, sur les deux
mains, sur le siège du cœur, sur les deux pieds, ce faisant il évalue le cœur
et ses conduits-met dans la nuque et à l’emplacement du cœur, ce qui
signifie [8] qu’il (le cœur) parle en regard de chaque conduit-met de chaque
partie du corps. Il (le maître) dit d’évaluer au contact de la lésion sur les
conduits-met pour la tête, pour la nuque, pour les pieds, [9] pour les mains,
en provenance du cœur, afin de connaître les instructions en découlant. On
dit ‘examiner un homme’ afin de savoir ce qu’il adviendra de lui à cause de
cela [son mal].
<G2> Quant à‘‘en vérité c’est un mal [10] où les lèvres d’une plaie n’existent
pas’’,  cela signifie que petite est la lésion, qu’il n’y a pas de largeur, qu’il
n’y a pas de béance par conséquent d’une lèvre par rapport à l’autre.
<G3> Quant à‘‘atteignant l’os du [11] crâne sans qu’il y ait de plaie béante’’,
cela signifie que la béance se fait par les chairs et qu’en vérité ce
traumatisme est arrivé au contact de l’os du crâne, sans qu’il y ait de béance
[12]
d’une lèvre par rapport à l’autre, qu’elle [la lésion] est peu importante et
qu’elle n’est pas étendue en largeur.
Deuxième observation [I-12 – I-18]
<I> [I-12 fin] Instructions pour une lésion traumatique constituée
d’une plaie béante à la tête arrivant au contact de l’os.
<E> Si tu es conduit à examiner un homme présentant une lésion
traumatique constituée d’une plaie béante [13] à la tête arrivant au contact de
l’os, tu poseras ta main sur lui, tu palperas sa blessure et si tu trouves que
son crâne est indemne et qu’il ne présente ni [14] fente ni perforation,
<C> alors tu diras de lui, qui présente une lésion traumatique constituée
d’une plaie béante à la tête :
<V> ‘‘un mal sur lequel je vais agir’’.
<T> Tu le panseras au moyen de viande fraîche le premier jour et [15] tu lui
poseras une paire de bandes de toile. Tu le traiteras ensuite [au moyen de]
graisse, de miel et de charpie, chaque jour, jusqu’à guérison.
<G1> Quant à‘‘une lésion constituée d’une plaie béante à la tête [16]
arrivant au contact de l’os’’, il s’agit d’une petite blessure atteignant l’os
qu’exposent les lèvres de la plaie.
<G2> Quant à‘‘une paire de bandes de toile’’, il s’agit de la paire de bandes
de tissu [17] que l’on a l’habitude de placer sur les deux lèvres d’une blessure
formée d’une plaie béante, pour faire en sorte de joindre une lèvre de la
plaie au contact de l’autre.
<G3> Quant à‘‘il n’y a pas de fente ou de perforation du crâne’’,   [18] cela
signifie qu’il s’agit d’un traumatisme qui n’a pas généré de fente ou de
perforation du crâne.
Troisième observation [I-18 – II-2]
<I> [I-18 fin] Instructions pour une lésion traumatique constituée
d’une plaie béante à la tête pénétrant jusqu’à l’os avec perforation du
crâne.
<E> [19] Si tu es conduit à examiner un blessé présentant une lésion
traumatique constituée d’une plaie béante à la tête atteignant l’os avec
perforation du crâne, tu palperas sa blessure ; si tu le trouves en permanence
[20]
dans l’incapacité de regarder ses coudes et sa poitrine parce qu’il souffre
d’une raideur de son cou,
<C> alors tu diras de lui, qui présente [21] une lésion traumatique constituée
d’une plaie béante à la tête atteignant l’os avec perforation du crâne, tandis
qu’il affecté d’une raideur cervicale :
<V> ‘‘un mal sur lequel je vais agir‘‘.
<T> Puis, [22] une fois que tu l’auras suturé, tu placeras de la viande fraîche
le premier jour sur sa blessure ; tu ne le panseras pas ; tu le déposeras au
contact du sol [23] sur son poteau d’amarrage jusqu’à ce que la phase de
nocivité de son mal soit passée ; tu le traiteras en suite au moyen de graisse,
de miel, et de charpie, chaque jour, jusqu’à guérison.
<G1> [24] Quant à‘‘perforation de son crâne’’, cela sign ifie q u’il s’agit
d’une blessure de la tête atteignant le crâne, un petit fracas qu’il a contracté,
une cassure comparable à l’ébréchure d’un vase-Henou, [25] ce qui veut dire
que de peu d’importance est la blessure, et qu’étroite est la perforation du
crâne qu’elle a atteint.
<G2> Quant à‘‘il est dans l’incapacité de regarder ses coudes et [26] sa
poitrine’‘, il faut comprendre qu’il lui est difficile de regarder ses coudes et
qu’il lui est difficile de regarder sa poitrine.
<G3> Quant à‘‘il souffre d’une raideur [II-1] de son cou’’,   cela signifie
qu’il existe un enraidissement provenant de son mal, celui-ci ayant dévié
dans son cou, et que le cou aura souffert à cause de cela.
<G4> Quant à‘‘tu le déposeras au contact du sol [2] sur son poteau
d’amarrage’’, cela sign ifie qu’il au ra été p lacé sur sa co u ch e habituelle
et qu’aucune médication ne sera préparée à son intention.
Quatrième observation [II-2 – II-11]
<I> [II-2 fin] Instructions pour une lésion traumatique constituée d’une
plaie béante à la tête pénétrant jusqu’à l’os avec fracture du crâne.
<E> [3] Si tu es conduit à examiner un blessé présentant une plaie béante à la
tête pénétrant jusqu’à l’os avec fracture du crâne, tu palperas sa blessure ; si
tu y trouves en permanence quelque chose, une irrégularité [4] sous tes
doigts, alors qu’il tremble violemment, que la tuméfaction qui est au-dessus
d’elle est proéminente, qu’il perd du sang de ses deux narines et de ses deux
oreilles, et qu’il souffre de raideur cervicale de sorte qu’il est dans
l’incapacité [5] de regarder ses coudes et sa poitrine,
<C> alors tu diras de lui, qui présente une blessure constituée d’une plaie
béante à la tête pénétrant jusqu’à l’os avec fracture du crâne, qui
perddusang [6] de ses deux narines et de ses deux oreilles, et qui souffre
d’une raideur de son cou :
<V> ‘‘un mal que je vais combattre’‘.
<T> En vérité, chaque fois que tu trouveras un tel homme dont le crâne est
fendu, tu ne le panseras pas. [7] Tu le placeras au contact du sol sur son
couchage (habituel) jusqu’à ce que la phase de nocivité de son mal soit
passée. Le traitement est la position assise. Tu prépareras pour lui deux
supports de brique jusqu’à ce que tu saches qu’il est parvenu [8] à quelque
chose. Tu placeras un onguent au niveau de sa tête, et tu détendras son cou
ainsi que ses épaules avec cela. Tu devras agir constamment de la sorte pour
tout homme que tu trouveras avec le crâne fendu.
<G1> Par ‘‘fracture [9] du crâne’‘, il faut comprendre qu’il existe une
solution de continuité au niveau de l’écaille du crâne et que les parties d’os
fixées aux chairs de la tête ne sont pas tombées au sol.
<G2> [10] Par ‘‘la tuméfaction qui est au-dessus d’elle est proéminente’’, il
faut comprendre qu’important est le gonflement qui est au-dessus de cette
fente et qui monte vers le sommet (de la tête).
<G3> Quant à‘‘[jusqu’à ce que] tu saches qu’il est parvenu à quelque
chose’‘,   [11] cela signifie que tu sauras qu’il est mort ou qu’il est vivant,
dans la mesure où il s’agit d’‘‘un mal que je vais combattre’’.
Cinquième observation [II-11 – II-17]
<I> [II-11 fin] Instructions pour une lésion traumatique constituée
d’une plaie béante à la tête avec fracas crânien.
<E> [12] Si tu es conduit à examiner un blessé présentant une plaie béante à
la tête atteignant l’os avec un fracas crânien, tu palperas sa blessure ; si tu
trouves en permanence ce fracas [13] qui est dans son crâne, alors que
profonde est la dépression sous tes doigts et proéminente la tuméfaction qui
est au-dessus de lui, tandis qu’il perd du sang de ses deux narines et de ses
deux oreilles et qu’il souffre d’une raideur du [14] cou, de sorte qu’il est dans
l’incapacité de regarder ses coudes et sa poitrine,
<C> alors tu diras de lui, qui présente une blessure constituée d’une plaie
béante à la tête pénétrant jusqu’à [15]  l’os avec fracas crânien et qui souffre
de raideur cervicale :
<V> ‘‘un mal pour lequel rien n’est à entreprendre’’.
<T> Tu ne le panseras pas. Tu le placeras au contact du sol sur sa couche
habituelle jusqu’à ce que soit passée [16] la phase de nocivité de son mal.
<G1> Par ‘‘fracas crânien’’, il faut comprendre que c’est un fracas du crâne
et que les fragments osseux qui résultent de ce fracas sont enfoncés vers
l’intérieur du crâne. De fait, [17] le Livre des blessures stipule qu’‘‘un crâne
qui est fracassé se présente en de nombreux fragments enfoncés à
l’intérieur du crâne’’.
Sixième observation [II-17 – III-1]
<I> [II-17 fin] Instructions [18] pour une lésion traumatique constituée
d’une plaie béante à la tête pénétrant jusqu’à l’os, d’un fracas crânien
et d’une rupture du cerveau (à l’intérieur) du crâne.
<E> Si tu es conduit à examiner un blessé [19] présentant une plaie béante à
la tête pénétrant jusqu’à l’os, un fracas crânien et une rupture du cerveau à
l’intérieur du crâne, tu palperas sa blessure. Si tu trouves en permanence [20]
ce fracas qui est dans son crâne et ces ondulations qui se produisent dans le
métal en fusion, et quelque chose à cet endroit-là qui tremblote et qui
palpite [21] sous tes doigts comme la fontanelle d’un nourrisson non encore
fermée, d’où résultent ces tremblotements et palpitations sous tes doigts
depuis que [22] le cerveau [à l’intérieur] du crâne est rompu ; il perd du sang
de ses deux narines et souffre de raideur du cou :
<C> alors tu diras de lui, qui présente une lésion traumatique constituée
d’une plaie béante à la tête pénétrant jusqu’à l’os, d’un fracas crânien et
d’une rupture du cerveau à l’intérieur du crâne, qui perd du sang de ses
narines et qui souffre de raideur du cou :
<V> ‘‘un mal pour lequel rien n’est à entreprendre’’
<T> Tu oindras sa blessure [23] avec de l’huile, tu ne la panseras pas, tu ne
placeras pas une paire de bandes sur elle, jusqu’à ce que tu saches qu’il est
parvenu au stade critique.
<G1> Par‘‘fracas du crâne et rupture du cerveau [ 24] à l’intérieur du
crâne’‘, il faut comprendre que le grand fracas a ouvert à l’intérieur du
crâne la membrane qui enveloppe le cerveau qu’il aura rompue et aura créé
un écoulement [25] depuis l’intérieur de la tête.
<G2> Par‘‘ces ondulations qui se produisent dans le métal en fusion’‘, il
faut comprendre que c’est ce que le métallier rejette, [III-1] ce qu’il ne
presse pas dans le moule parce qu’il y a quelque chose dessus, une
irrégularité de surface comme des scories, dont il est dit : ‘‘c’est comme des
ondulations de pus’’.
Septième observation [III-2 – IV-4]
<I> [III-2] Instructions pour une lésion traumatique constituée d’une
plaie béante à la tête, pénétrant jusqu’à l’os et perforant les ‘‘tepaou’’
(‘‘sinus frontaux’’) du crâne.
<E> Si tu es conduit à examiner un blessé présentant une plaie béante à la
tête, pénétrant jusqu’à l’os et perforant les ‘‘tepaou’’ du crâne, tu palperas
sa blessure [3] tandis qu’il tremble fortement. Puis tu feras en sorte qu’il
soulève son visage, alors même qu’ouvrir la bouche est douloureux et qu’il
a du mal à parler. Si tu l’examines et constates en permanence que sa salive
[4]
est en train de tomber vers ses lèvres et qu’elle ne tombe pas au sol, qu’il
perd du sang de ses deux narines et de ses deux oreilles, qu’il souffre de
raideur du cou et est dans l’incapacité de [5] regarder ses coudes et sa
poitrine,
<C> alors tu diras de lui, qui présente une blessure constituée d’une plaie
béante à la tête pénétrant jusqu’à l’os avec perforation des tepaou [6] du
crâne, dont la corde du maxillaire est contractée, qui perd du sang de ses
narines et de ses oreilles, et qui souffre de raideur du cou :
<V> ‘‘un mal que je vais combattre’‘.
<T> [7] En vérité, chaque fois que tu trouves un tel homme dont la corde du
maxillaire – de la mandibule – est contractée, tu feras en sorte que l’on
prépare pour lui quelque chose de chaud pour son confort afin qu’il puisse
ouvrir [8] la bouche. Tu le panseras au moyen d’un onguent, de miel et de
charpie, jusqu’à ce que tu saches qu’il est parvenu au stade critique.
<F1> Quand en revanche tu trouves un tel homme dont les chairs ont
installé [9] de la chaleur à cause de cette blessure qui est dans les tepaou de
son crâne, tandis que dans le même temps cet homme a développé un
trismus à cause de cette blessure : alors tu poseras [10] ta main sur lui et si tu
constates que son visage est mouillé de sueur, que les conduits-met de son
cou sont tendus, que sa face est rouge, [11] que ses dents et son dos {sont
… ?}, que l’odeur de sa boîte crânienne est comme celle de déjections de
mouton, que sa bouche est bloquée, que ses deux sourcils sont déformés,
tandis que [12] son visage est comme lorsqu’il pleure,
<C1> alors tu diras de lui, qui présente une blessure constituée d’une plaie
béante à la tête pénétrant jusqu’à l’os avec perforation des tepaou de [13] son
crâne, qui a développé un trismus, dont la bouche est bloquée, et qui souffre
de raideur cervicale :
<V1> ‘‘un mal pour lequel rien n’est à entreprendre’’.
<F2> Quand en revanche tu trouves un tel homme qui a pâli et a commencé
à [14] montrer de la faiblesse,
<T2> tu feras en sorte qu’on lui confectionne un rouleau de bois garni
d’étoffe qui sera placé sur sa bouche ; tu feras en sorte [également] qu’on
lui prépare une potion [15] à base de rhizome de souchet comestible. Son
traitement sera la position assise  : il sera placé entre deux supports de
briques jusqu’à ce que tu saches qu’il est parvenu au stade critique.
<G1> Par ‘‘une perforation des ‘‘ tepaou’’ [16] du crâne’‘, il faut comprendre
qu’entre une écaille et l’autre écaille du crâne existent les sinus [frontaux]
‘‘tepaou’’ [faits] de cuir.
<G2> Quant à ‘‘la corde de son maxillaire est contractée’’,  [17] cela signifie
que rigides sont les conduits-met des deux extrémités de la pince qui est
fixée à la tempe  : ce sont les deux extrémités de la mandibule qui ne
peuvent aller et venir, de telle sorte qu’il lui est difficile d’ouvrir [18] la
bouche à cause de son mal.
<G3> Par‘‘la corde de son maxillaire’’, il faut comprendre les conduits-met
qui lient les deux extrémités de la mandibule, comme on dit ‘‘une corde de
fixation dans une attelle’’.
<G4> Par [19] ‘‘son visage mouillé de sueur’‘, il faut comprendre que sa tête
sue légèrement comme on dit que quelque chose est humide.
<G5> Par‘‘les conduits-metde son cou sont tendus’’,   [20] il faut comprendre
que les conduits-met de son cou sont tendus fortement à cause de son mal.
<G6> Par‘‘sa face est rouge’‘, il faut comprendre que rouge est la
coloration de [21] son visage à l’instar de la couleur des fruits rouges.
<G7> Quant à‘‘l’odeur de sa boîte crânienne est comme celle des
déjections de mouton’‘,   cela signifie que [IV-1] l’odeur de son front est
analogue à celle de l’urine de mouton.
<G8> Quant à‘‘sa boîte crânienne’‘, il s’agit de ce qui est dans la
profondeur du front au contact du cerveau [2] et qui est semblable à une
boîte.
<G9> Quant à‘‘sa bouche est bloquée, ses deux sourcils sont déformés et
son visage est comme lorsqu’il pleure’‘,  cela signifie qu’il ne peut ouvrir [3]
la bouche, qu’il est privé de la parole, que ses deux sourcils sont déplacés,
l’un par traction vers le haut, l’autre par incurvation vers le bas, comme
quelqu’un en train de cligner [des paupières], le visage [4] en pleurs.
<G10> Quant à‘‘il a pâli et a commencé à montrer de la faiblesse’‘, du fait
de la pâleur qu’il présente, cela veut dire pour toi : ‘‘bats-toi contre lui [le
mal], ne le néglige pas [le blessé] en dépit de sa faiblesse’’.
Huitième observation [IV 5 – IV 18]
<I> [IV-5] Instructions pour un fracas du crâne sous la peau de la tête.
<E> Si tu es conduit à examiner un homme présentant un fracas crânien
sous la peau de la tête, alors qu’il n’y a rien sur elle (la peau), [6] tu palperas
sa blessure. Si tu trouves de manière constante une tuméfaction, que son
visage est gonflé à la suite de ce fracas qui est dans son crâne, que son œil
est dévié vers le bas du côté qui présente [7] cet impact crânien, qu’il marche
en boitant du pied du côté qui présente cet impact crânien, tu devras
toujours distinguer celui [8] qu’a frappé ce qui est entré depuis l’extérieur,
qui ne délie pas le sommet de la pince de son coude et dont le pouce tombe
au milieu de la main, de celui qui perd du sang [9] de ses deux narines et de
ses deux oreilles et qui souffre de raideur du cou :
<V> ‘‘un mal pour lequel rien n’est à entreprendre’’.
<T> Son traitemen t est la position assi se pour son sou lagemen t jusqu’à
ce que tu saches qu’il est parvenu au stade critique. <Tpol. début> [10] En
vérité, chaque fois que tu trouves ce fracas qui est dans son crâne comme
ces ondulations qui se produisent au niveau du métalen fusion [et] quelque
chose à cet endroit-là qui tremblote et qui palpite [11] sous tes doigts comme
la fontanelle d’un nourrisson non encore fermée, d’où résultent ces
tremblotements et palpitations sous tes doigts depuis qu’est rompu [12] le
cerveau de son crâne ; il
perd du sang de ses narines et de ses oreilles et souffre de raideur du
cou :‘‘un mal pour lequel rien n’est à entreprendre’’.  <Tpol. fin>
<G1> Par‘‘un fracas dans le crâne sous la peau [13] de la tête alors qu’il n’y
a pas de plaie sur elle’’, cela sign ifie qu’il y a un fracas de l’écaille du
crâne [alors que] les chairs qui sont sur le crâne sont indemnes.
<G2> Par‘‘[quand] il marche, il boite de [14] son pied’’, il (le maître) déclare
à propos du fait qu’il [le blessé] marche son pied étant faible
qu’‘‘il (le pied) ne lui facilite pas la marche, étant faible et retourné’’, (dit)
des extrémités de ses orteils [15] fléchies vers la plante de son pied : ‘‘ils (les
orteils) marchent en cherchant le sol’’ et il conclut : ‘‘il boite à cause de lui
(le pied)‘‘.
<G3> Concernant‘‘celui qu’a frappé ce qui s’est produit depuis l’extérieur
dans son côté qui est affecté de [16] ce mal’‘,  cela signifie que
ce qui s’est produit depuis l’extérieur a agi avec force dans le côté qui est
affecté de ce mal.
<G4> Quant à‘‘ce qui s’est produit depuis l’extérieur’‘,  cela veut dire qu’il
s’agit du souffle d’une force surnaturelle de l’extérieur ou [du souffle] d’un
mort : [17] en vérité ce qui entre n’est pas ce que créent les chairs.
<G5> Concernant ‘‘celui qui ne délie pas le sommet de la pince de son
coude et dont [18] le pouce tombe au milieu de la main’‘,   il [le maître]
déclare : ‘‘il a cessé de déplacer l’extrémité de la pince de son coude et son
pouce est tombé au milieu de sa main’’.
Neuvième observation [IV-19 – V-5]
<I> [IV-19] Instructions pour une lésion traumatique à l’avant du
visage avec fracas de l’écaille du crâne.
<E> Si tu es conduit à examiner un homme présentant une blessure à
l’avant du visage avec fracas de l’écaille [20] de la tête,
<M> tu lui prépareras un œuf d’autruche mélangé à un onguent que tu
placeras dans l’orifice de sa blessure ; puis ensuite tu lui prépareras [21] une
coquille d’œuf d’autruche broyée, mise en poudre et étalée sur cette
blessure  ; tu placeras pour lui [le blessé], sur elle [la blessure], un
pansement de recouvrement de médecin. [V-1] Tu la découvriras le
troisième jour, et tu constateras de manière constante que sa fixation
d’écaille a une texture analogue à celle d’une coquille d’œuf d’autruche. Ce
qui aura été prononcé en tant que formule magique [2] au-dessus de cette
médication (est)  : ‘‘chasse l’ennemi qui est dans la blessure, fais trembler
les démons-Ouat qui sont dans le sang, les agresseurs d’Herou (de) chaque
côté de la bouche de la Glorieuse. [3] Cette tempe ne courra aucun danger ;
aucun conduit-met n’y sera agressé  : je suis sous la protection de la
Glorieuse et le fait est que tu protèges en permanence le fils divin d’Ousir‘‘.
<T> Puis ensuite [4] tu lui prépareras un cataplasme de figues, onguent et
miel, à chauffer puis refroidir, que tu mettras en place pour lui.
<G> Quant à ‘‘un pansement de recouvrement de médecin’‘,  [5] cela signifie
qu’il s’agit du bandage qui est de la responsabilité de
l’embaumeur, q u’il [lemédecin] place sur la médication qui est sur la
blessure qui est à l’avant du visage.
Dixième observation [V-5 – V-9]
<I> [V-5 fin] Instructions pour une plaie du sommet du [6] sourcil.
Traumatismes faciaux supérieurs
[Colonnes V (ligne 5) à VII (ligne 7)]
<E> Si tu es conduit à examiner un homme présentant une plaie du sommet
du sourcil pénétrant jusqu’à l’os, tu palperas sa blessure,
<T> puis tu joindras pour lui les lèvres de la plaie au moyen d’une suture.
<C> [7] Alors tu diras de lui, qui présente une plaie du sommet du sourcil :
<V> ‘‘un mal sur lequel je vais agir‘‘.
<Ts> Puis une fois que tu l’auras suturée tu placeras sur elle de la viande
fraîche le premier jour.
<F1> Si tu trouves [8] que cette plaie présente un lâchage de suture,
<T1> tu joindras pour lui les berges de la plaie au moyen d’une paire de
bandes de toile et tu le traiteras avec de la graisse et du miel chaque jour,
jusqu’à guérison.
<G> [9] Quant à‘‘une paire de bandes de toile’’, il s’agit de la paire de
bandes de tissu que l’on a l’habitude de placer sur les lèvres d’une blessure
formée d’une plaie béante, pour faire en sorte de joindre l’une au contact de
l’autre.
Onzième observation [V-10 – V-15]
<I> [V-10] Instructions pour une fracture avec déplacement du pilier
nasal.
<E> Si tu es conduit à examiner un homme présentant une fracture avec
déplacement du pilier nasal, ayant constaté que son nez est écrasé et aplati
sur lui-même, que la tuméfaction qui est au-dessus de lui est proéminente
[11]
et qu’il a perdu du sang de ses deux narines,
<C> alors tu diras de lui, qui présente une fracture avec déplacement du
pilier nasal :
<V> ‘‘un mal sur lequel je vais agir‘‘.
<T> Tu lui nettoieras les narines au moyen de deux tampons d’étoffe, [12]
puis tu placeras une paire de tampons d’étoffe imprégnés de graisse à
l’intérieur de ses narines et tu l’installeras sur sa couche habituelle jusqu’à
disparition de son gonflement ; [13] tu placeras pour lui des rouleaux de tissu
attachés entre eux au contact de son nez et tu le traiteras ensuite au moyen
de graisse, de miel et de charpie, chaque jour [14] jusqu’à guérison.
<G1> Par ‘‘le pilier de son nez’‘, il faut comprendre l’extrémité qui est à la
partie supérieure de son nez jusqu’à son côté sur la partie supérieure du nez,
et à l’intérieur de son nez entre ses narines.
<G2> [15] Quant à‘‘ses narines’’, il s’agit des deux côtés du nez arrivant à la
joue, jusqu’aux deux extrémités du nez, et qui se perdent au niveau de la
partie supérieure du nez.
Douzième observation [V 16 – VI 3]
<I> [V-16] Instructions pour une fracture avec déplacement de la
chambre du nez.
<E> Si tu es conduit à examiner un homme présentant une fracture avec
déplacement de la chambre du nez et trouves de manière constante que son
nez est plié [17] et écrasé sur lui-même tandis que le gonflement qui est au-
dessus de lui est proéminent,
<C> alors tu diras de lui, qui présente une fracture avec déplacement de la
chambre du nez :
<V> ‘‘un mal sur lequel je vais agir‘‘.
<T> [18] Alors tu l’abaisseras (le nez) afin de le remettre à sa place ; puis tu
lui nettoieras ce qui est à l’intérieur de ses narines au moyen d’une paire de
bandes de tissu jusqu’à ce que soit sorti tout le caillot (anaret) de sang [19]
qui s’est fixé à l’intérieur des narines. Puis ensuite, tu déposeras une paire
de tampons de tissu imprégnés de graisse que tu placeras dans ses narines
[20]
et tu mettras en place pour lui deux rouleaux de tissu que tu fixeras sur
elle (la chambre du nez) avec un bandage. Tu le traiteras ensuite au moyen
de graisse, de miel, et de charpie, chaque jour, jusqu’à guérison.
<G1> Quant à ‘‘la fracture avec déplacement [21] de la chambre de son nez’’,
elle se situe dans la profondeur de son nez jusqu’aux extrémités arrivant
entre ses sourcils.
<G2>Quant à‘‘son nez est plié et écrasé [22] sur lui-même’’,   cela signifie
que son nez est incurvé et qu’il est fortement gonflé jusqu’à son extrémité,
de même que ses joues, si bien que son visage est écrasé à cause de cela et
qu’il n’a pas sa forme normale du fait que [VI-1] chaque méplat du visage
est comblé par le gonflement, de sorte que l’on voit que sa face est écrasée
à cause de cela.
<G3> Par [2] ‘‘tout caillot (anaret) de sang qui s’est fixé à l’intérieur des
narines‘‘, il faut comprendre que le sang a cuit [3] à l’intérieur des narines,
ressemblant au ver-anaret qui est présent au sein de l’eau.
Treizième observation [VI-3 – VI-7]
<I> [VI-3 fin] Instructions pourun fracas du nez.
<E> [4] Si tu es conduit à examiner un homme présentant un fracas du nez,
tu poseras ta main sur son nez au contact de ce fracas. {Si tu trouves en
permanence} [5] qu’il est béant sous tes doigts, tandis qu’assurément il perd
du sang du nez, de l’oreille et de la bouche à cause de ce fracas, [6] qu’il lui
est difficile d’ouvrir la bouche à cause de cela et qu’il est inconscient,
<C> alors tu diras de lui, qui présente un fracas du nez :
<V> ‘‘un mal [ 7] pour lequel rien n’est à entreprendre’’.
Quatorzième observation [VI-7 – VI-14]
<I> [VI-7 fin] Instructions pour une plaie (transfixiante) de la narine.
<E> Si tu es conduit à examiner un blessé présentant une plaie de la narine
[8]
qui est transpercée, et trouves de manière constante que les deux lèvres
de cette plaie sont déplacées l’une par rapport à l’autre,
<T> tu joindras d’abord pour lui les lèvres de cette plaie [9] au moyen d’une
suture.
<C> Alors tu diras de lui, qui présente une plaie de la narine qui est
transpercée :
<V> ‘‘un mal sur lequel je vais agir’‘.
<Ts> Tu prépareras [10] pour lui une paire de bandes de tissu et tu nettoieras
tout caillot de sang présent, fixé [11] à l’intérieur de la narine ; tu le banderas
avec de la viande fraîche le premier jour.
<F1> Si la suture lâche,
<T1> alors [12] tu lui retireras la viande fraîche et tu le panseras avec de la
graisse, du miel et de la charpie, chaque jour, jusqu’à guérison.
<G> Concernant [13] ‘‘une plaie de la narine qui est transpercée’‘, cela
signifie que les deux lèvres de la blessure sont molles et qu’elles sont
ouvertes vers l’intérieur [14] du nez comme on dit  : ‘‘passer à travers
quelque chose de mou’’.
Quinzième observation [VI-14 – VI-17]
<I> [VI-14 fin] Instructions pour une perforation de la joue.
<E> [15] Si tu es conduit à examiner un homme présentant une perforation de
la joue et trouves en permanence un gonflement qui est saillant, de teinte
noire, et d’aspect insolite [16] sur la joue,
<C> alors tu diras de lui, qui présente une perforation de la joue :
<V> ‘‘un mal sur lequel je vais agir’‘.
<T> [17] Tu le panseras au moyen du minéral-imirou et tu le traiteras ensuite
[au moyen de] graisse et de miel, chaque jour, jusqu’à guérison.
Seizième observation [VI-17 – VI-21]
<I> [VI-17 fin] Instructions pour [18] une fracture de la pommette.
<E> Si tu es conduit à examiner un homme présentant une fracture de la
pommette et trouves de manière constante un gonflement [19] saillant et de
couleur rouge à la partie externe de cette fracture,
<C> alors tu diras de lui, qui présente une fracture de la pommette :
<V> [20] ‘‘un mal sur lequel je vais agir’‘.
<T> Tu le panseras au moyen de viande fraîche le premier jour. Le
traitement est la position assise jusqu’à disparition du [21] gonflement. Tu le
traiteras ensuite au moyen d’un onguent, de miel et de charpie, chaque jour,
jusqu’à guérison.
Dix-septième observation [VII-1 – VII-7]
<I> [VII-1] Instructions pour un fracas de la pommette.
<E>Si tu es conduit à examiner un homme présentant un fracas de la
pommette, tu placeras ta main [2] sur sa joue au contact de ce fracas et si tu
trouves de manière constante qu’il est béant sous tes doigts, tandis qu’il
perd du sang [3] de la narine et de l’oreille du côté qui présente cet impact,
tandis que lui, en vérité, il perd du sang par la bouche et que [4] l’ouverture
de la bouche est difficile à cause de cela [le fracas],
<C> alors tu diras de lui, qui présente un fracas de la pommette, qui perd du
sang de la narine,[5] de l’oreille et de l’abouche, et qui est inconscient :
<V> ‘‘un mal pour lequel rien n’est à entreprendre’’.
<Tpol. début> Tu le panseras au moyen de viande fraîche le premier jour ;
[6]
son traitement est la position assise jusqu’à disparition de son
gonflement. Tu le traiteras ensuite [au moyen de] graisse, de miel [7] et de
charpie, chaque jour, jusqu’à guérison <Tpol. fin>.
 
Traumatismes de la région temporale
[Colonnes VII (ligne 7) à VIII (ligne 22)]
 
Dix-huitième observation [VII-7 – VII-14]
<I> [VII-7 fin] Instructions pour une lésion traumatique de la tempe.
<E> Si tu es conduit à examiner un homme présentant une lésion
traumatique de la tempe [8] sans ouverture, alors qu’en vérité cette lésion
atteint l’os, tu palperas sa lésion : [9] si tu trouves de manière constante que
sa tempe est indemne et qu’il n’existe pas en elle de fracture, perforation,
ou fracas,
<C> alors tu diras [10] de lui, qui présente une lésion traumatique de la
tempe :
<V> ‘‘un mal sur lequel je vais agir’‘.
<T> Tu le panseras avec de la viande fraîche [11] le premier jour  ; tu le
traiteras ensuite au moyen d’un onguent et de miel chaque jour jusqu’à
guérison.
<G1> Quant àune‘‘lésion traumatique [12] où il n’y a pas d’ouverture mais
qui en vérité atteint l’os’‘, il s’agit d’une lésion traumatique légère
atteignant l’os sans provoquer d’ouverture [13] en lui ; il (le maître) déclare, à
propos de l’étroitesse, que la blessure n’a pas de lèvres.
<G2> Quant à‘‘la tempe’’,  c’est ce qui est situé entre [14] la fente palpébrale
et la partie antérieure de l’oreille au niveau de l’extrémité de la mandibule.
Dix-neuvième observation [VII-14 – VII-22]
<I> [VII-14 fin] Instructions pour une perforation [15] de la tempe.
<E> Si tu es conduit à examiner un homme présentant une perforation de la
tempe et une lésion traumatique de la face, tu inspecteras la lésion [16] puis
tu lui diras : ‘‘regarde tes coudes’’ [et] il [lui] sera difficile de le faire car il
ne tourne que faiblement son cou. [17] Son œil est rouge du côté qui présente
cet impact.
<C> Alors tu diras de lui, qui présente une perforation de la tempe qu’il
s’est faite, [18] et q ui est affect é d’une raideur du cou :
<V> ‘‘un mal sur lequel je vais agir’‘.
<T> Tu le déposeras sur son couchage [habituel] jusqu’à ce que soit passée
la phase [de nocivité] [19] de son mal ; tu le traiteras au moyen d’un onguent,
de miel et de charpie chaque jour, jusqu’à guérison.
<G> Quant à‘‘ses deux yeux sont rouges’‘,  [20] cela signifie que rouge est la
couleur de ses deux yeux à l’instar de la couleur de la plante-shames. En
vérité le Traité [21] de l’embaumeur stipule en effet que ‘‘ses deux yeux se
présentent rouges et atteints comme un œil à la limite de [22] sa faiblesse’’.
Vingtième observation [VII-22 – VIII-5]
<I> [VII-22 fin] Instructions pour une lésion traumatique de la tempe
atteignant et perforant l’os temporal.
<E> Si tu es conduit à examiner un homme [23] présentant une blessure de la
tempe atteignant et perforant l’os temporal, et constates que ses deux yeux
sont rouges [24] et qu’il perd du sang de ses deux narines qui tombe goutte à
goutte ; si tu places tes doigts sur l’orifice de
[VIII-1] cette blessure, il frissonne alors fortement et si tu [lui] demandes
s’il en souffre, il ne te répond pas et un pleurer abondant [2] s’écoule de ses
yeux ; il porte souvent la main vers son visage et il frotte ses yeux avec le
dos de la main comme agirait un enfant qui [3] ne sait pas ce qu’il fait.
<C> Alors tu diras de lui, qui présente une blessure de la tempe atteignant
et perforant l’os temporal, qui perd du sang [4] de ses deux  narines, souffre
d’une raideur du cou et est hébété :
<V> ‘‘un mal pour lequel rien n’est à entreprendre’’.
<T> En vérité, chaque fois que tu trouves un tel homme [5] hébété, son
traitement est la position assise et la détente de son visage au moyen d’un
onguent versé avec du liquide -mehouy au contact de ses deux oreilles.
Vingt-et-unième observation [VIII-6 – VIII-9]
<I> [VIII-6] Instructions pour une fracture de l’os temporal.
<E> Si tu es conduit à examiner un homme présentant une fracture de l’os
temporal et trouves de manière constante une tuméfaction proéminente en
regard [7] de cette fracture, alors qu’il perd uniquement du sang de sa narine
et de son oreille à cause de cette fracture ; il lui est difficile d’entendre [8] et
de parler à cause de cela :
<C> alors tu diras de lui, qui présente une fracture de l’os temporal et qui
perd du sang de sa narine et de son oreille à cause de ce traumatisme :
<V> ‘‘un mal [9] avec lequel je vais me battre’‘.
<T> Tu le déposeras sur son couchage habituel jusqu’à ce que tu saches
qu’il est parvenu au stade critique.
Vingt-deuxième observation [VIII-9 – VIII-17]
<I> [VIII-9 fin] Instructions pour un fracas de l’os temporal.
<E> [10] Si tu es conduit à examiner un homme présentant un fracas de l’os
temporal, tu poseras un doigt sur son menton et un doigt sur les deux
extrémités de sa mandibule : [11] du sang descendra de ses deux narines et de
l’intérieur de ses deux oreilles à cause de ce fracas  ; tu lui nettoieras
l’intérieur des oreilles au moyen d’un tampon d’[12] étoffe jusqu’à ce que tu
vois des esquilles osseuses à l’intérieur de ses deux oreilles  ; quand tu
l’appelles, il est inconscient : il ne répond pas.
<C> [13] Alors tu diras de lui, qui présente un fracas de l’os temporal, qui
perd du sang de ses deux narines et de ses deux oreilles, qui est inconscient,
et qui souffre d’une raideur du [14] cou :
<V> ‘‘un mal pour lequel rien n’est à entreprendre’’.
<G1> Concernant les ‘‘extrémités de sa pince’’, il s’agit des extrémités de
sa mandibule  : ses extrémités sont au contact de [15] la tempe comme les
deux griffes d’un oiseau-amâ saisissant quelque chose.
<G2> Quant à‘‘jusqu’à ce que tu vois des esquilles osseuses à l’intérieur de
ses deux oreilles’’ cela signifie qu’il y a quelques [16] fragments d’os en train
de se fixer au tampon confectionné de manière à descendre pour nettoyer
l’intérieur des oreilles.
<G3> > Quant à ‘‘il est [17] inconscient’‘,  cela signifie qu’il est silencieux
dans la prostration  ; il n’existe aucune parole comme chez quelqu’un qui
présente une perte de conscience à cause de quelque chose qui a pénétré en
lui, en provenance de l’extérieur.
Vingt-troisième observation [VIII-18 – VIII-22]
<I> [VIII-18] Instructions pour une plaie de l’oreille.
<E> Si tu es conduit à examiner un homme présentant une plaie de l’oreille
sectionnant l’orifice des chairs et en vérité quelque chose au-dessous [19] de
l’oreille fixé aux chairs,
<T> tu joindras pour lui les lèvres de cette plaie au moyen d’une suture
derrière le méat auditif.
<C> Alors tu diras de lui, qui présente une plaie [20] de l’oreille sectionnant
l’orifice des chairs :
<V> ‘‘un mal sur lequel je vais agir’’.
<F1> Si tu trouves que cette blessure présente un lâchage de la suture qui
est fixée [21] aux lèvres de la plaie,
<T1> tu prépareras pour lui des rouleaux de tissu et l’arrière de son oreille
sera garnie avec cela ; tu le traiteras ensuite [22] au moyen d’un onguent, de
miel et de charpie chaque jour, jusqu’à guérison.
 
Traumatismes faciaux inférieurs
[Colonnes VIII (ligne 22) à IX (ligne 18)]
Vingt-quatrième observation [VIII-22 – IX-2]
<I> [VIII-22 fin] Instructions pour une fracture avec déplacement de
la mandibule.
<E> Si tu es conduit à examiner un homme présentant une fracture [23]
avec déplacement de la mandibule, tu placeras ta main sur elle, et
si tu trouves de manière constante que cette fracture est béante sous tes
doigts,
<C> alors tu diras de lui [IX-1] qui présente une fracture de la
mandibule, un déchiquetage de la blessure au-dessus d’elle et un
écoulement qui a cessé de suinter, alors qu’il est fébrile en permanence [2] à
cause de cela :
<V> ‘‘un mal pour lequel rien n’est à entreprendre’’.
Vingt-cinquième observation [IX-2 – IX-6]
<I> [IX-2 fin] Instructions pour une luxation de la mandibule.
<E> Si tu es conduit à examiner un homme présentant une luxation de la
mandibule [3] et trouves de manière constante que sa bouche est ouverte et
que sa bouche ne se ferme pas,
<T> tu placeras ton pouce sur les extrémités des pinces [4] des branches
montantes de sa mandibule à l’intérieur de sa bouche et tes deux griffes
sous son menton : tu les abaisseras [5] et tu les remettras en place.
<C> Alors tu diras de lui, qui présente une luxation des deux branches
montantes de la mandibule :
<V> ‘‘un mal sur lequel je vais agir’’.
<Ts> Tu le panseras [6] au moyen du minéral-imirou et de miel chaque jour
jusqu’à guérison.
Vingt-sixième observation [IX-6 – IX-13]
<I> [IX-6 fin] Instructions pour une plaie de la lèvre (supérieure).
<E> Si tu es conduit à examiner un homme présentant [7] une plaie de la
lèvre [supérieure] qui est transpercée vers l’intérieur de la bouche, tu
évalueras sa blessure [8] jusqu’à la colonne du nez,
<T> et tu joindras les lèvres de cette plaie au moyen d’une suture.
<C> Alors tu diras de lui, qui présente [9] une plaie de la lèvre supérieure qui
est transpercée vers l’intérieur de sa bouche :
<V> ‘‘un mal sur lequel je vais agir’‘.
<Ts> Puis, une fois que [10] tu l’auras suturée, tu le panseras avec de la
viande fraîche le premier jour et tu le traiteras ensuite au moyen d’un
onguent [11] et de miel chaque jour jusqu’à guérison.
<G> Quant à‘‘une blessure de la lèvre qui est transpercée vers l’intérieur de
[12]
la bouche‘‘, cela signifie que les deux lèvres de la blessure sont molles et
qu’elles sont ouvertes à l’intérieur de la bouche, comme il (le maître) dit
‘‘passer [13] à travers quelque chose de mou‘‘.
Vingt-septième observation [IX-13 – IX-18]
<I> [IX-13 fin] Instructions pour une lésion traumatique constituée
d’une plaie béante du menton.
<E> Si tu es conduit à examiner un blessé [14] présentant une plaie béante du
menton atteignant l’os, tu palperas sa blessure. Si tu constates que son os [15]
est indemne et qu’il n’existe en lui ni fracture ni perforation,
<C> alors tu diras de lui, qui présente une lésion traumatique constituée
d’une plaie béante [16] du menton atteignant l’os :
<V> ‘‘un mal sur lequel je vais agir’‘.
<T> Tu lui poseras une paire de bandes (adhésives) sur cette plaie [17] puis
tu le panseras avec de la viande fraîche le premier jour et tu le traiteras
ensuite au moyen d’un onguent, de miel, [18] et de charpie, chaque jour
jusqu’à guérison.
 
Lésions traumatiques du cou
[Colonnes IX (ligne 18) à XI (ligne 17)]
Vingt-huitième observation [IX-18 – X-3]
<I> [IX-18 fin] Instructions pour une lésion traumatique constituée
d’une plaie béante de la gorge.
<E> Si tu es conduit à examiner un homme présentant une lésion
traumatique [19] constituée d’une plaie béante de la gorge qui est ouverte
jusqu’au larynx  ; s’il boit de l’eau, il suffoque [20] immédiatement car elle
sort de l’orifice de la plaie qui est inflammatoire et il présente en
permanence [21] de la fièvre à cause de cela :
<T> tu joindras les lèvres de cette plaie au moyen d’une suture.
<C> Alors tu diras de lui, qui présente une plaie [22] de la gorge qui est
ouverte jusqu’au larynx :
<V> ‘‘un mal avec lequel je vais me battre’‘.
<Ts> [X-1] Tu le panseras avec de la viande fraîche le premier jour ; tu le
traiteras ensuite [au moyen d’]un onguent, de miel, et de charpie, chaque
jour, [2] jusqu’à guérison.
<F1> Si en revanche tu trouves qu’il est brûlant à cause de cette blessure,
<T1> tu mettras pour lui de la charpie sèche dans l’orifice de [3] sa plaie et
tu le placeras au contact du sol sur sa couche habituelle jusqu’à guérison.
Vingt-neuvième observation [X-3 – X-8]
<I> [X-3 fin] Instructions pour une lésion traumatique constituée d’une
plaie béante dans une vertèbre du cou.
<E> Si tu es conduit à examiner un homme [4] présentant une lésion
traumatique constituée d’une plaie béante dans une vertèbre du cou
atteignant l’os et perforant cette vertèbre cervicale, et si tu explores [5] cette
lésion, alors qu’il tremble violemment et qu’il est dans l’incapacité de
regarder ses coudes et [6] sa poitrine,
<C> alors tu diras de lui, qui présente une blessure constituée d’une plaie
béante du couatteignant l’os et perforant une vertèbre cervicale, tandis qu’il
est affecté [7] d’une raideur du cou :
<V> ‘‘un mal avec lequel je vais me battre’‘.
<T> Tu le panseras avec de la viande fraîche le premier jour  ; puis [8]
ensuite tu le placeras au contact du sol sur sa couche habituelle, jusqu’à ce
que la phase de nocivité de son mal soit passée.
Trentième observation [X-8 – X-12]
<I> [X-8 fin] Instructions pour une entorse d’une vertèbre du cou.
<E> [9] Si tu es conduit à examiner un homme présentant une entorse d’une
vertèbre du cou, alors tu lui diras ‘‘regarde tes coudes ainsi que ta
poitrine’’  ; [10] si à chaque fois qu’il agit ainsi il est visible que ce qu’il
exécute par lui-même est difficile,
<C> alors tu diras de lui, qui présente une entorse d’une vertèbre du cou :
<V> ‘‘un mal sur lequel je vais agir’’.
<T> [11] Tu le panseras avec de la viande fraîche le premier jour  ; puis
ensuite tu le traiteras au moyen du minéral-imirou et de miel chaque jour,
[12]
jusqu’à guérison.
<G> Quant à‘‘entorse’’, il (le maître) explique  : ‘‘il s’agit en vérité de la
séparation de deux parties du corps lorsque les deux sont à leur place’’.
Trente-et-unième observation [X-12 – X-22]
<I> [X-12 fin] Instructions pour une luxation d’une vertèbre du cou.
<E> [13] Si tu es conduit à examiner un homme présentant une luxation
d’une vertèbre du cou et le trouves en permanence dans la méconnaissance
de ses deux bras et de ses deux jambes à cause d’elle (la luxation), tandis
que [14] son phallus est en érection à cause d’elle  ; de l’urine s’écoule en
permanence de son gland sans qu’il s’en rende compte  ; de plus sa chair
s’est dilatée, [15] ses yeux sont rouges  : cela est dû à la luxation d’une
vertèbre cervicale atteignant sa colonne vertébrale et a pour conséquence
permanente qu’il ignore ses deux bras [16] et ses deux jambes.
<F> Quand par contre la luxation de la vertèbre est à la partie moyenne du
cou, c’est une émission de liquide séminal qui se produit au niveau du
gland.
<C> Alors tu diras [17] de lui, qui présente une luxation d’une vertèbre du
cou, ignore ses deux jambes et ses deux bras et perd ses urines :
<V> ‘‘un mal pour lequel rien n’est à entreprendre’’.
<G1> Concernant [18] ‘‘une luxation dans une vertèbre du cou’’, il (le
maître) enseigne qu’il s’agit d’une ‘séparation d’une vertèbre du cou de la
suivante alors que les chairs qui s’y trouvent sont indemnes’, [19] comme
(on) dit ‘c’est un déplacement à propos de choses existantes et jointives
quand il y a séparation de l’une par rapport à l’autre’.
<G2> Quant à‘‘une émission de liquide séminal’‘   [20] c’est ce qui apparaî t
au niveau de son gland quand son phallus est en érection du fait d’un
écoulement à l’extrémité de son phallus, ce qui signifie qu’il [21] reste stable
et se maintient, il ne penche pas vers le bas, et ne se dresse pas non plus
vers le haut.
<G3> Quant à [22] ‘‘il perd ses urines’’ cela signifie que l’urine s’écoule en
permanence de son gland, car elle n’est pas retenue à cause d’elle (la
luxation).
Trente-deuxième observation [XI-1 – XI-9]
<I> [XI-1] Instructions pour un tassement d’ une vertèbre du cou.
<E> Si tu es conduit à examiner un homme présentant un tassement d’une
vertèbre du cou, [2] sa face demeure immobile car il ne peut tourner le cou ;
quand tu lui ordonnes : ‘regarde ta poitrine et [3] tes coudes !’, tu constates
qu’il lui est impossible de tourner son visage et de regarder sa poitrine et
ses coudes.
<C> Alors tu diras de lui, [4] qui présente un tassement d’une vertèbre de
son cou :
<V> ‘ ‘un mal sur lequel je vais agir’’.
<T> Tu le panseras avec de la viande fraîche le premier jour, [5] puis tu
retireras son pansement et tu placeras un onguent au niveau de sa tête afin
qu’il s’écoule vers son cou  ; tu le panseras alors [6] avec le minéral-
im(i)rou  ; tu le traiteras ensuite au moyen de miel chaque jour  ; son
traitement est de plus la position assise [7] jusqu’à guérison.
<G> Quant à ‘‘un tassement d’une vertèbre du cou’’, il (le maître) explique
à propos de l’enfoncement d’une vertèbre du [8] cou vers l’intérieur de son
cou ‘‘c’est comme enfoncer le pied dans un champ irrigué, c’est (pénétrer)
dans [9] un sol meuble’‘.
Trente-troisième observation [XI-9 – XI-17]
<I> [XI-9 fin] Instructions pour un écrasement d’une vertèbre du cou.
<E> Si tu es conduit à examiner un homme présentant un écrasement d’une
vertèbre du [10] cou, que tu le trouves en permanence avec une vertèbre
tombée dans la suivante, tandis qu’il est inconscient et qu’il ne parle pas [11]
à cause de sa chute la tête en bas qui a créé l’écrasement d’une vertèbre
dans la suivante, et que tu constates également [12] qu’il ignore en
permanence ses deux bras et ses deux jambes à cause de cela,
<C> alors tu diras de lui, qui présente un écrasement d’une vertèbre du cou,
[13]
qui ignore en permanence ses deux bras et ses deux jambes et qui est
inconscient :
<V> ‘‘un mal pour lequel rien n’est à entreprendre’’.
<G1> Concernant‘‘un écrasement d’une vertèbre du [14] cou’’, il (le maître)
enseigne à propos d’une vertèbre du cou qui est tombée dans la suivante
que l’une a pénétré dans l’autre [15] et ne peut plus bouger.
<G2> Quant à ‘‘à cause de sa chute la tête en bas qui a créé l’écrasement
d’une vertèbre [16] dans la suivante’‘,   cela signifie qu’il est tombé à la
renverse sur sa tête en enfonçant une vertèbre de son cou dans [17] la
suivante.
 
Pathologie externe de la ceinture scapulaire, du membre supérieur et
du tronc
 
Lésions traumatiques de la région claviculaire et du bras
[Colonnes XI (ligne 17) à XIII (ligne 2)]
Trente-quatrième observation [XI-17 – XII-2]
<I> [XI-17 fin)] Instructions pour une luxation de la clavicule.
<E> Si tu es conduit à examiner un homme présentant une luxation de la
clavicule [18] et si tu trouves en permanence que son épaule est déformée et
que la tête de sa clavicule est repoussée vers son visage,
<C> alors tu diras de lui [19] qui présente une luxation de la clavicule :
<V> ‘‘un mal sur lequel je vais agir’’.
<T> Al o rs tu l’abaisseras afin de la remettre à sa plac e. Tu le panseras [20]
au moyen de rouleaux de tissu et tu le traiteras ensuite au moyen d’un
onguent et de miel chaque jour, [21] jusqu’à guérison.
<F1> Quand par contre tu trouves que sa clavicule est brisée à cause de cela
et q u’il existe une plaie qui a pénétré à l’intérieur
<C1> alors tu diras de lui qui présente une fracture de sa clavicule avec une
plaie pénétrante vers l’intérieur :
<V1> [22] ‘‘un mal pour lequel rien n’est à entreprendre’’.
<G1> Quant à ‘‘une luxation de sa clavicule’’, il s’agit d’un détachement
des têtes de son os falciforme [23] dont les extrémités sont maintenues dans
l’os qui est à la partie supérieure de sa poitrine arrivant au contact de sa
gorge.
<G2> [XII-1] Quant à ‘une blessure qui a pénétré à l’intérieur’ cela
signifie qu’existent des chairs au niveau de sa région claviculaire à la partie
supérieure de la poitrine, donc des chairs à la partie antérieure de son cou
ainsi que deux conduits-met en profondeur, l’un [2] du côté droit et l’autre du
côté gauche de sa gorge à la partie antérieure de son cou, qui se destinent à
son poumon.
Trente-cinquième observation [XII-3 – XII-8]
<I> [XII-3] Instructions pour une fracture de la clavicule.
<E> Si tu es conduit à examiner un homme présentant une fracture de la
clavicule et si tu trouves en permanence que les deux parties de sa clavicule
[4]
présentent un raccourcissement et un déplacement (de l’une) par rapport à
l’autre,
<C> alors tu diras de lui qui présente une fracture de la clavicule :
<V> ‘‘un mal sur lequel je vais agir’‘.
<T> Tu le placeras [5] en position allongée un rouleau entre ses deux
omoplates  ; tu tireras par l’intermédiaire de son coude [6] pour allonger sa
clavicule et pour réduire cette fracture. Tu lui confectionneras une double
attelle [7] de toile et tu placeras pour lui l’une des deux à la face interne du
bras, l’autre au-dessous de l’avant-bras. [8] Tu le panseras au moyen du
minéral-im(i)rou et tu le traiteras en suite avec du miel chaque jour jusqu’à
guérison.
Trente-sixième observation [XII-8 – XII-14]
<I> [XII-8 fin] Instructions [9] pour une fracture du bras.
<E> Si tu es conduit à examiner un homme présentant une fracture du bras
et si tu trouves en permanence son bras pendant à cause d’elle
[10]
avec un déplacement vers son homologue
<C> alors tu diras de lui qui présente une fracture du bras :
<V> ‘‘un mal sur lequel je vais agir’’.
<T> Tu le placeras [11] en position allongée un rouleau entre les deux
omoplates ; tu tireras par l’intermédiaire de son coude [12] pour allonger son
bras et pour réduire cette fracture. Tu lui confectionneras une double attelle
de toile ; tu placeras [13] pour lui l’une des deux à la face interne de son bras,
et l’autre au-dessous de son avant-bras  ; tu le panseras [14] au moyen du
minéral-im(i)rou et tu le traiteras ensuite avec du miel chaque jour, jusqu’à
guérison.
Trente-septième observation [XII-14 – XII-21]
<I> [XII-14 fin] Instructions pour une fracture [15] du bras avec un
fracas osseux et une plaie en regard.
<E> Si tu es conduit à examiner un homme présentant une fracture du bras
avec un fracas osseux et une plaie en regard [16] et (si) tu trouves en
permanence que cette fracture est béante sous tes doigts,
<C> alors tu diras de lui qui présente une fracture du bras avec un fracas
osseux [17] et une plaie en regard :
<V> ‘‘un mal avec lequel je vais me battre’’.
<T> Tu lui confectionneras une double attelle de toile ; tu le panseras avec
[18]
le minéral-im(i)rou et tu le traiteras ensuite au moyen d’un onguent, de
miel et de charpie chaque jour jusqu’à ce que tu saches [19] qu’il est parvenu
au stade critique.
<F> Quand en revanche tu trouves en permanence cette plaie, qui est en
regard de la fracture, d’où sourd du sang, [20] et qui a été pénétrante jusqu’à
l’intérieur de sa blessure,
<C1> alors tu diras de lui qui présente une fracture de son bras [21] avec un
fracas osseux et une plaie en regard qui a été pénétrante :
<V1> ‘‘un mal pour lequel rien n’est à entreprendre’’.
Trente-huitième observation [XII-21 – XIII-2]
<I> [XII-21 fin] Instructions pour une fissure du bras.
<E> [22] Si tu es conduit à examiner un homme présentant une fissure du
bras et (si) tu trouves en permanence un gonflement saillant au dos de
[XIII-1] cette fisssure qui est dans le bras,
<C> alors tu diras de lui qui présente une fissure du bras :
<V> ‘‘un mal sur lequel je vais agir’‘.
<T> [2] Tu le panseras au moyen du minéral-im(i)rou et tu le traiteras ensuite
avec du miel chaque jour, jusqu’à guérison.
 
Lésions traumatiques et non traumatiques du tronc
[Colonnes XIII (ligne 3) à XVII (ligne 19)]
Trente-neuvième observation [XIII-3 – XIII-12]
<I> [XIII-3] Instructions pour des abcès (développés) sur un
traumatisme de la poitrine.
<E> Si tu es conduit à examiner un homme présentant des abcès
(développés) sur un traumatisme [4] de la poitrine et (si) tu trouves de
manière constante que des tuméfactions se sont propagées sous forme de
pus sur sa poitrine, [5] qu’elles y ont créé des rougeurs et qu’il existe là une
forte chaleur comme le constate ta main,
<C> alors tu diras de lui qui présente des abcès développés [6] sur un
traumatisme de sa poitrine qui a généré des collections depus :
<V&T> ‘‘un mal que je vais traiter au moyen du bâton à feu’‘.
<Ts> Tu pratiqueras [7] pour lui au niveau de sa poitrine une cautérisation de
ces abcès qui sont sur sa poitrine ; tu le traiteras (ensuite) comme [8] on traite
une blessure ; tu ne te soucieras pas là de son ouverture spontanée en raison
de son caractère bénéfique [9] au niveau de la lésion : (en effet) toute lésion
développée au niveau de la poitrine s’assèche une fois qu’elle s’est ouverte
spontanément.
<G> Quant à [10] ‘‘des abcès sur traumatisme de la poitrine’’, cela signifie
qu’il y a des éléments qui ont gonflé et se sont étalés sur sa poitrine [11] du
fait de son mal  : ils ont formé du pus et quelque chose de rouge sur la
poitrine ce qui veut dire que c’est comme quelque chose de griffé [12] sur
lequel ils ont généré du pus.
Quarantième observation [XIII-12 – XIII-17]
<I> [XIII-12 fin] Instructions pour une blessure de la poitrine.
<E> Si tu es conduit à examiner un homme présentant une blessure [13] de la
poitrine pénétrant jusqu’à l’os et perforant l’os-henta de la poitrine, tu
maintiendras l’os-henta [14] de sa poitrine avec tes doigts tandis qu’il (le
blessé) tremble considérablement à cause d’elle (la blessure).
<C> Alors tu diras de lui qui présente une blessure de la poitrine [15]
pénétrant jusqu’à l’os et perforant l’os -henta de la poitrine :
<V> ‘‘un mal sur lequel je vais agir’‘.
<T> Tu le panseras au moyen de [16] viande fraîche le premier jour et tu le
traiteras ensuite au moyen d’un onguent, de miel et de charpie, chaque jour
jusqu’à guérison.
<G> [17] Par‘‘os-henta de la poitrine’’, il faut entendre l’extrémité supérieure
de ce qui est au-dessus de la poitrine  : c’est comme quelque chose qui
provient de l’animal-henta.
Quarante-et-unième observation [XIII-18 – XIV-16]
<I> [XIII-18] Instructions pour une complication insolite d’une plaie de
poitrine.
<E> Si tu es conduit à examiner un homme présentant une co plication
insolite d’une plaie de poitrine [19] et constates en vérité que cette blessure
est inflammatoire avec une concentration de chaleur qui s’échappe de
l’orifice de cette plaie au contact de [20] ta main  ; les lèvres de cette plaie
sont rouges et en réalité cet homme est brûlant à cause de cela ; [21] sa chair
n’a pas été pansée  ; cette plaie n’a pas cicatrisé  ; [22] les tissus
granulomateux qui sont dans l’orifice de cette plaie suintent constamment ;
leur texture est brûlante  ; les sécrétions [XIV-1] qui s’en échappent en
permanence sont claires :
<C> alors tu diras de lui qui présente une complication insolite d’une plaie
de [2] poitrine comportant un état inflammatoire et qui est fébrile à cause de
cela :
<V> ‘‘un mal sur lequel je vais agir’‘.
<T> Tu réaliseras pour lui des préparations froides [3] pour éliminer la
chaleur provenant de l’orifice de la plaie, constituées de feuilles de saule et
de jujubier, et de minéral-qezenty  : dépose le tout au contact de cela  ;
également des feuilles [4] de l’arbre-ima, bile (de taureau), jonc de terre (?),
minéral-qezenty, dépose le tout au contact de cela. Tu feras également pour
lui des préparations pour assécher [5] la plaie constituées de minéral-shezayt,
fard vert, minéral-oushebet, poudre de faience, graisse, mala x e (l’ensemb
le) et p an se av ec cela ; ainsi que sel [6] du Nord et graisse d’ibex, mala xe
l’ense mb le et panse avec cela. Tu prépareras (aussi) pour lui de la poudre
de graines de pavot (?) rouge [7] mélangée à de la substance-nezesh, de la
coloquinte (?), et des feuilles de sycomore  : panse avec cela. Si la même
chose advient dans n’importe quelle partie du corps d’un homme, tu le
prendras en charge [8] conformément à ces instructions.
<G1> Quant à‘‘une complication insolite d’une plaie de la poitrine qui
présente un état inflammatoire’‘  cela signifie qu’il existe une plaie
[9]
située au niveau de la poitrine qui stagne, qui n’est pas recouverte, tandis
qu’une chaleur élevée est en train d’en sortir, [10] que ses lèvres sont rouges
et que son orifice demeure ouvert. En vérité le Traité des blessures stipule
en effet qu’en un tel cas ‘‘il existe [11] un gonflement tout à fait considérable
et on parle d’une inflammation très forte’’.
<G2> Concernant‘‘une concentration de chaleur [12] dans sa blessure’’, cela
signifie qu’il y a une accumulation de chaleur qui circule à l’intérieur de sa
plaie jusqu’à son extrémité.
<G3> Quant à‘‘rouges [13] sont ses deux lèvres’‘   cela veut dire que les
lèvres de la plaie sont rouges comme la couleur de l’arbre-temeset.
<G4> Concernant [14] ‘‘sa chair n’a pas été pansée’’ cela veut dire que sa
chair ne peut recevoir de traitement à cause de la chaleur qui est
[15]
au niveau de sa chair.
<G5> Quant à ‘‘en vérité la chaleur s’échappe de l’orifice de sa plaie au
contact de ta main’‘  [16] cela signifie que de la chaleur sort de l’orifice de sa
plaie au contact de ta main comme on parle d’une pousse à propos de
quelque chose qui est sorti du sol.
Quarante-deuxième observation [XIV-16 – XIV-22]
<I> [XIV-16 fin] Instructions [17] pour une entorse des côtes
thoraciques.
<E> Si tu es conduit à examiner un homme qui souffre d’une entorse des
côtes thoraciques [18] sans luxation ni fracture, alors que cet homme qui en
est atteint tremble fortement en permanence :
<C> [19] alors tu diras de lui qui présente une en torse des côtes thoraciques :
<V> ‘‘un mal sur lequel je vais agir’‘.
<T> Tu le panseras [20] au moyen du minéral-im(i)rou et tu le traiteras
ensuite avec du miel chaque jour, jusqu’à guérison.
<G> Par‘‘côtes [21] thoraciques’’, il faut entendre les os du thorax où existe
une épine (dorsale) commece qui résulte (de la cuisson) d’une  pièce d’ [22]
épine (train de côtes).
Quarante-troisième observation [XIV-22 – XV-6]
<I> [XIV-22 fin] Instructions pour une luxation des côtes
thoraciques.
<E> Si tu es conduit à examiner un homme présentant une luxation des
côtes [23] thoraciques et si tu trouves de manière constante que les côtes de
son thorax sont déplacées vers l’avant et présentent une rougeur [XV-1] au-
dessus d’elles alors qu’en vérité cet homme est affecté d’un épanchement
dans ses deux côtés,
<C> alors tu diras de lui [2] qui présente une luxation des côtes thoraciques :
<V> ‘‘un mal sur lequel je vais agir’‘.
<T> Tu le panseras au moyen du minéral-im(i)rou [3] et tu le traiteras ensuite
(avec du) miel chaque jour jusqu’à guérison.
<G1> Par‘‘luxation des côtes de son thorax’‘   [4] il faut comprendre le
détachement des extrémités des côtes thoraciques qui sont (à l’état normal)
fixes dans son thorax.
<G2> Quant à‘‘il est affecté [5] d’un épanchement dans ses deux côtés’‘, cela
signifie qu’il est atteint dans une partie constitutive de son thorax et qu’il
présente un épanchement dans ses deux côtés.
<G3> Par [6] ‘‘ses deux côtés’’, il faut entendre ses deux régions thoraco-
lombaires.
Quarante-quatrième observation [XV-6 – XV-9]
<I> [XV-6 fin] Instructions pour une fracture (ouverte) des côtes
thoraciques avec un délabrement de la plaie en regard.
<E> Si tu es conduit à examiner un homme présentant une fracture des
côtes [7] thoraciques avec un délabrement de la plaie en regard et si tu
trouves de manière constante que les côtes de son thorax s’exposent [8] sous
tes doigts,
<C> alors tu diras de lui qui présente une fracture des côtes thoraciques
(avec) un délabrement de la plaie [9] enregard :
<V> ‘‘un mal pour lequel rien n’est à entreprendre’’.
Quarante-cinquième observation [XV-9 – XV-19]
<I> [XV-9 fin] Instructions pour des tumeurs sphériques au niveau du
thorax.
<E> Si tu es conduit à examiner un homme présentant [10] des tumeurs
sphériques au niveau du thorax et trouves en permanence qu’elles se sont
propagées sur [11] son thorax ; si tu poses ta main sur son thorax au niveau
de ces tumeurs, tu le trouves constamment très froid ;
[12]
il n’y a pas la moindre chaleur en lui comme ta main le constate en
permanence ; elles (les tumeurs) ne forment pas de granulations ;
[13]
elles ne créent pas de liquide  ; elles ne génèrent pas de sécrétion de
liquide ; en fait elles forment des boules [14] au contact de ta main :
<C> alors tu diras de lui qui présente des tumeurs sphériques au niveau du
thorax :
<V> ‘‘un mal [15] que je vais combattre en m’abstenant de tout
traitement’‘.
<T>Si tu constates des tumeurs sphériques dans toute partie du corps d’ [16]
un homme, tu le prendras en charge conformément à ces instructions.
<G>Quant à ‘‘des tumeurs sphériques au niveau du thorax’’, [17] cela
signifie que des grosseurs sont présentes au niveau du thorax en grand
nombre, avec une grande dispersion et une consistance dure ; quand on les
touche, c’est comme [18] quand on touche une boule de pansement
ressemblant à un fruit-hemayt vert qui est dur et froid [19] au contact et sous
ta main : il en est ainsi quand on touche ces grosseurs qui sont au niveau du
thorax.
Quarante-sixième observation [XV-20 – XVI-16]
<I> [XV-20] Instructions pour une tumeur (développée) sur une
atteinte traumatique du thorax.
<E> Si tu es conduit à examiner un homme présentant une tumeur
développée sur une atteinte traumatique [21] du thorax et trouves en
permanence une très grosse boursouflure faisant saillie au niveau de la
poitrine et de teinte claire [XVI-1] comme de l’eau, sous ta main, qui a
formé des choses dont la texture ne brille pas [2] et dont les faces ne sont pas
rouges,
<C> alors tu diras de lui qui présente une tumeur développée sur une
atteinte traumatique du thorax :
<V> [3] ‘‘un mal sur lequel je vais agir
<T>au moyen de préparations froides contre cette tumeur qui est au
niveau de [4] son thorax’’ constituées de substance végétale-sekhet, de
minéral-netjert(y), et de minéral-qezenty : mala xe (l’ense mb le) et p an se
au moyen de cela ; également poudre d’albâtre, [5] minéral-qezenty, argile, et
eau : mal axe l’ensemble et panse au moyen de cela.
<F> Si ces préparations froides vont à l’encontre du but recherché,
<T1> [6) tu lui maintiendras une médication jusqu’à ce que se résorbe [7] tout
le liquide qui est dans la tumeur développée sur l’atteinte traumatique du
thorax : tu le traiteras au moyen du traitement d’une blessure, à l’aide de la
préparatio n [8] qui élimine la chaleur de l’ouverture d’une plaie de la
poitrine faite de feuilles d’acacia, feuilles de sycomore, eau, [9] feuilles de
l’arbre-ima, bile de taureau, et jonc de terre (?) : panse au moyen de cela.
<T1s> Puis tu réaliseras pour lui un assèchement [10] de sa poitrine au
moyen de minéral-shezayt, fard vert, coloquinthe, huile de pin, [11] graisse,
sel du Nord, graisse d’ibex : panse au moyen de cela ; puis tu lui prépareras
[12]
de la poudre de graines de pavot rouge et de feuilles de sycomore  :
mélange et dépose à son contact.
<G1> Quant à‘‘une tumeur développée sur [13] un traumatisme thoracique’‘
  cela signifie qu’il existe en permanence quelque chose qui a gonflé
fortement au-dessus du mal qui est au niveau de [14] la poitrine et qui est de
consistance molle comme de l’eau sous ta main.
<G2> Par‘‘elle a formé des choses dont la texture ne brille pas’‘   [15] il faut
comprendre que la peau en regard n’est pas chaude.
<G3> Quant à‘‘il n’y a pas de rougeur sur cela’‘   cela signifie [16] qu’il
n’existe rien de rouge en regard de cela.
Quarante-septième observation [XVI-16 – XVII-15]
<I> [XVI-16 fin] Instructions pour une lésion traumatique constituée
d’une plaie béante de la région scapulaire.
<E> Si tu es conduit à examiner [17] un homme présentant une lésion
traumatique constituée d’une plaie béante de la région scapulaire, dont les
chairs sont enfoncées, dont les berges sont écartées, [18] et qui est affecté
d’un écoulement en provenance de l’omoplate, tu palperas sa blessure. Si tu
trouves en permanence que sa très large plaie s’est déplacée [19] au niveau de
ses berges, que les berges de la blessure sont éversées, qu’il lui est difficile
de soulever [20) le bras à cause de cela,
<T> tu joindras pour lui (les berges de) sa large plaie béante au moyen
d’une suture.
<C> Alors tu diras de lui [XVII-1] qui présente une lésion traumatique
constituée d’une très large plaie de la région scapulaire, dont les chairs sont
en foncées, dont les berges sont écartées, et il est affecté [2] d’un écoulement
en provenance de l’omoplate :
<V> ‘‘un mal sur lequel je vais agir
<Ts> Tu le panseras au moyen de viande fraîche le premier jour.
<F1> [3] Si tu constates que cette blessure s’est réouverte, que sa suture a
lâché,
<T1>alors tu joindras à nouveau [4] pour lui les berges de sa très large plaie
au moyen d’une paire de bandes de toile placées au-dessus de cette très
large plaie ; tu le traiteras ensuite (au moyen d’)un onguent, [5] de miel et de
charpie, chaque jour jusqu’à guérison. Si tu trouves une blessure (dont) les
chairs sont en foncées [6] et dont les berges sont écartées et ce dans toute
partie du corps d’un homme, tu le prendras en charge conformément à ces
instructions.
<F2> Quand en revanche [7] tu constates pour cette lésion que les chairs ont
contracté de la chaleur du fait de cette plaie qui est dans la région scapulaire
[8]
et qu’en vérité cette blessure présente un état inflammatoire et s’est ré-
ouverte parce que sa suture a lâché, alors tu placeras ta main [9] sur elle et si
tu constates en permanence que la chaleur s’échappe de l’orifice de sa plaie
au contact de ta main et que des sécrétions s’en écoulent continuellement,
[10]
froides comme les liquides extraits du fruit-ouneshy,
<C2> alors tu diras de lui qui présente une lésion traumatique constituée
d’une plaie béante [11] de sa régions capulaire, qui présente un état
inflammatoire, et qui est brûlant à cause de cela :
<V2> ‘‘un mal que je vais combattre’‘.
<T2> [12] Si par conséquent tu constates que cet homme est brûlant tandis
que cette plaie présente un état inflammatoire, tu ne le panseras pas ; [13] tu
le placeras au contact du sol sur son couchage habituel jusqu’à ce que la
phase de nocivité de son mal soit passée.
<F3> Quand par contre la fièvre sera tombée [14] et que la chaleur se sera
échappée de l’orifice de sa blessure vers le sol,
<T3> tu le traiteras par la suite au moyen d’un onguent, [15] de miel et de
charpie, chaque jour jusqu’à guérison.
Quarante-huitième observation [XVII-15 – XVII-19]
<I> [XVII-15 fin] Instructions pour une entorse d’une vertèbre dorsale.
<E> Si [16] tu es conduit à examiner un homme présentant une entorse d’une
vertèbre dorsale, alors tu lui diras ‘allonge les jambes !’ puis ‘fléchis-les !’ :
[17]
il les allongera et il les fléchira sur le champ malgré la difficulté qui se
produit en permanence dans la vertèbre du dos [18] dont il souffre.
<C> Alors tu diras de lui qui présente une entorse d’une vertèbre dorsale  :
<V> ‘‘un mal sur lequel je vais agir’‘.
<T> Tu le placeras [19] en position allongée puis tu feras pour lui …
 
FIN DU TEXTE DU RECTO
 
Verso
Colonnes XVIII à XXII
 
Incantations, prescriptions médicales et recettes à visée cosmétique
 
Incantations magiques à visée apotropaïque
[Colonnes XVIII (ligne 1) à XX (ligne 12)]
Première incantation [XVIII-1 – XVIII-12]
[XVIII-1] Formule pour repousser le souffle de la rosée mortifère de
l’année.
« Ô Nebiemheref, toi qui présides à l’Horizon, [2] je parle contre toi au Chef
de la Maison d’Hemousout qui fait prospérer Ousir qui préside à la Terre
(des défunts).
[3]
Ô Nekhbet (toi) qui élèves la Terre vers le Ciel pour son Père divin, viens
quant à toi et fixe deux plumes [4] derrière moi avec application (afin que) je
vive et prospère car elle est à moi cette Couronne Blanche qui est au-dessus
de Our qui est dans [5] Iounou. La deuxième est Aset   ; la troisième est
Nebet-Hout. Puissé-je être comme un soutien pour toi. Ouret saisit le [6] le
Très-Puissant Fils de Sekhmet, et Dened Fils de Khayty, et le Fils de Hout-
Herou, Maîtresse de la Couronne Rouge, [7] Celle qui fait déborder le
Fleuve. Quand tu navigueras dans le Nouou et quand tu vogueras dans la
Barque de l’Aube, [8] tu m’auras préservé de toute maladie  !  ». Formule
magique pertinente de cette année pendant laquelle s’est exhalé tout souffle
[9]
démoniaque  : «  Herou, Herou, (toi) qui es florissant malgré Sekhmet,
puisse ma chair demeurer entière pour la vie ! ».
Prononcer les paroles au-dessus des [10] deux plumes de vautour dont
l’homme aura été couvert et qu’il aura placées co mme protection contre
quiconque viendrait [11] là.
C’est la protection de l’année. C’est repousser la maladie tel le la rosée
mortifère de l’année.
Deuxième incantation [XVIII-11 – XVIII-16]
[XVIII-11 fin] Une autre (formule) pour repousser [12] le souffle de la
maladie, les démons de la maladie, et les esprits du mal messagers de
Sekhmet.
[13]
«  Ô retirez-vous, Démons de la maladie  ! Les souffles malsains qui
passeront ne m’atteindront pas. Ceux qui passent pour m’apporter la
désolation s’éloigneront. [14] Voici Herou, celui qui surpasse les Démons
mortifères de Sekhmet. Herou, Herou, qui est florissant malgré [15] Sekhmet,
l’Unique, Fils de Bastet, est à moi  : je ne mourrai pas à cause de toi
(Sekhmet) ».
Les paroles sont à prononcer par l’homme tenant du bois-dez dans la main
pendant qu’il sort [16] à l’extérieur et fait le tour de sa maison. Ainsi il ne
mourra pas de la rosée mortifère de l’année.
Troisième incantation [XVIII-17 – XVIII-19]
[XVIII-17] Une autre protection contre la rosée mortifère de l’année.
«  Je suis L’Abominable qui sort de Depou. [18] Ô Meskhenet qui sors de
Iounou, humains, dieux, esprits, défunts, tenez-vous éloignés [19] de moi : je
suis L’Abominable  ! »
Quatrième incantation [XVIII-19 – XIX-2]
[XVIII-19 fin] Une autre.
«  Je suis celui qui prospère sur la route de ceux qui sont passés. Serai-je
donc frappé en étant indemne ? [XIX-1] Le fait est  : j’ai été témoin d’un
grand désastre. Ô Flamme démoniaque ne t’allume pas [2] en moi ! Je suis
celui qui échappe au désastre. Tiens-toi éloignée de moi ! »
Cinquième incantation [XIX-2 – XIX-14]
[XIX-2 fin] Copie d’ une autre.
«  (Ô) Hehenou, [3] Hehenou, puisses-tu ne pas prendre possession de ce
mien cœur et de cette mienne poitrine pour Sekhmet ! Puisses-tu ne pas [4]
prendre possession de mon foie pour Ousir ! Puissent donc ne pas être au
complet les entités cachées [5] qui se trouvent à l’intérieur de Pé le matin de
la mesure de l’œil d’Herou, à l’intérieur vers mon siège : [6] chaque Esprit
mâle, chaque Esprit femelle, chaque Défunt, chaque Défunte, la Forme de
chaque petit animal [7] que le crocodile a emporté ou que le serpent a
mordu, Celui qui périt par le glaive, Celui qui meurt [8] dans son lit, les
Démons de la maladie, les Affidés de l’année [9] et leurs possessions  !  ».
Dire en vérité  : «  Herou, Herou, toi qui es florissant malgré Sekhmet,
puisse ma chair demeurer entière pour la vie ».
Prononcer les paroles [10] au-dessus des représentations de Sekhmet, Bastet,
Ousir, Nehebkaou, et les écrire avec de la myrrhe [11 sur une bande de toile
de lin fin que l’homme aura placée au contact de sa gorge afin de faire en
sorte que [12] ne pénètrent pas les ânes maléfiques, ceux de Neferi, le canard-
besbes, et contre moi l’oiseau-ouadjhat.
[13]
La protection de la vie, la Couronne Rouge, veille sur moi, elle qui est à
la tête de celui qui échappe à la maladie de l’année et à la tête du semeur.
Bastet n’ ira pas [14] vers la maison de l’homme. L’homme parlera en qualité
de vivant de l’année.
Sixième incantation [XIX-14 – XIX-18]
[XIX-14 fin] Formule pour éliminer une mouche de la bouche de
l’homme [15] qui est sous mes doigts.
Formule magique pertinente pour la bouche d’un veau-khabou quand il sort
du ventre de [16] sa mère : « cette mouche qui a pénétré dans ce sien corps,
une fois qu’elle sera entrée et sortie vivante, [17] qu’elle s’en aille vers la
terre à l’état solide ou à l’état liquide ! Que son corps ne soit pas lésé après
qu’elle sera sortie dans [18] ses propres déjections destinées à Akeri  ! ».
Septième incantation [XIX-18 – XX-8]
[XIX-18 fin] Formule pour nettoyer toutes choses [19] provenant de la
rosée mortifère.
«  Tes messagers sont brûlés, Ô Sekhmet ; [20] tes démons de la maladie se
sont retirés, Ô Bastet ; l’Année ne m’apportera pas la désolation ; [XX-1]
tes souffles ne m’atteindront pas. Voici Herou qui surpasse les démons
mortifères de [2] Sekhmet, voici ton Herou Ô Sekhmet, je suis ton Unique Ô
Ouadjyt. Je ne meurs pas à cause de toi ! Je ne meurs pas à cause de toi ! »
[3]
« Voici Heny, voici Ihehy. Ô Fils de Bastet ne descends pas [4] sur moi. Ô
Toi qui es dans Sepsepou, ne descends pas sur moi, ne t’approche pas de
moi. Je suis le Roi [5] à l’intérieur de son observatoire ! ».
L’homme prononcera cette incantation devant une plante-neferet nouée à
une pièce de [6] bois-dez et fixée au mo yen d’une bande de toile de lin fin et
il fera en sorte qu’ils soient p assés au -dessus [7] des choses, et que la rosée
mortifère soit tenue à distance.
C’est la formule pour repousser et faire passer sans s’arrêter les démons de
la maladie [8] au-dessus de tous les aliments ainsi qu’au-dessus deslits.
Huitième incantation [XX-8 – XX-12]
[XX-8 fin] Une autre.
« Puisse une plante-shames [9] à mon contact me protéger de} l’abomination
de tes Affidés, me protéger de tes Démons de la maladie, me protéger [10] de
la fermeture de ton filet ! Je suis celui qui évite tes oiseaux maléfiques ! (Ô)
Herou, Herou, [11] toi qui es florissant malgré Sekhmet, puisse ma chair
demeurer entière pour la vie ! ».
L’homme prononcera cette incantation après [12] avoir placé une plante-
shames danssamain.
 
Prescriptions médicales et recettes à visée cosmétique
[Colonnes XX (ligne 13) à XXII (ligne 14)]
 
Prescription pour des troubles menstruels (aménorrhée douloureuse)
[XX-13 – XXI-3]
[XX-13] Si tu examines une femme en train de souffrir de son ventre (parce
qu’) elle n’a pas eu de règles [14] et que tu trouves en permanence quelque
chose à hauteur de son ombilic, alors tu diras d’elle  : c’est un blocage du
sang [15] au n iveau de l’utérus.
Tu lui prépareras  : plante-ouam  : ½-heqat, graisse  : ⅛, bière douce  : ⅛-
heqat, [16] de sorte que cela soit chauffé et bu pendant quatre jours. Dans le
même temps lui préparer le remède appelé ‘‘évacuation du sang’’ composé
de résine de pin, cumin, [17] fard noir, myrrhe douce, à former en une masse
homogène.
Oindre le lieu affecté (le bas-ventre) avec cela très souvent. [18] Tu placeras
une ‘‘oreille de Hedjeret‘ sur l’onguent. Quand elle se sera décomposée,
[XXI-1] tu la nettoieras énergiquement. Puis tu oindras ses grandes lèvres
avec cela très souvent.
Tu placeras [2] de la myrrhe et de l’encens entre ses deux cuisses [3] et tu
feras en sorte que leur fumée pénètre dans son vagin.
Première recette à visée cosmétique ‘‘pour restaurer la peau’’ [XXI-3 –
XXI-6]
[XXI-3 fin] Médication pour [4] restaurer la peau : miel 1mesure, natron
[5]
rouge 1mesure, sel du Nord 1mesure ; broyer en une masse homogène [6]
et oindre la peau avec cela.
Deuxième recette à visée cosmétique ‘‘pour embellir le visage’’ [XXI-6 –
XXI-8]
[XXI-6 fin] Une autre pour embellir le visage : poudre d’albâtre 1mesure,
poudre [7] de natron 1mesure, sel du Nord 1mesure, miel 1 mesure  ; [8]
mélanger en une masse homogène et oindre le visage avec cela.
Troisième recette à visée cosmétique ‘‘pour transformer un vieillard en
jeune homme’’ [XXI-9 – XXII-10]
[XXI-9] Début du texte pour transformer un vieillard en jeune homme
 : on apportera des fruits-hemayt [10] en très grande quantité, l’équivalent de
deux khar, que l’on broiera et que l’on placera au soleil. [11] Puis une fois
qu’ils seront entièrement secs, d’après la recette, on les battra comme on bat
l’orge et [12] on vannera jusqu’à ce que ne reste plus que ce qui appartient en
propre au fruit. Quant à tout ce qui en sera résulté, d’après la recette, [13 ]
on (le) mesurera. Puis comme pour ce qui aura été obtenu par l’opération
précédente, on tamisera la chute de l’aire de battage au moyen d’un crible et
on mesurera [14] comme on l’a fait pour tout ce qui est résulté de ces fruits.
On séparera en deux parties, l’une constituée des graines [15] l’autre
constituée de ce qui provient de la chute. On préparera l’une comme l’autre.
On formera ce qui a été recueilli (les graines) en une masse homogène [16]
dans de l’eau, on en fera une pâte molle que l’on placera dans un pot-sebekh
neuf sur le feu [17] et que l’on cuira entièrement à la perfection : tu sauras
cela grâce à leurs cendres une fois que leur eau se sera évaporée [18] et
qu’elles se seront desséchées jusqu’à apparaître comme un résidu sec dont
toute humidité aura disparu
[19]
car on l’aura éliminée. Et quand cela sera froid on le placera dans un pot-
andjou pour aller le laver [20] dans le fleuve. On lavera à la perfection et l’on
saura qu’ils ont été parfaitement lavés [21] en goûtant la saveur des liquides
qui sont dans ce pot-andjou [XXII-1] et en y constatant l’absence de toute
amertume.
Quant aux cosses, on les placera au soleil, on les étendra sur une toile de
foulonnier et quand cela sera sec, [2] on les broiera au moyen d’une meule de
grès dur, on mettra dans de l’eau et on en fera une pâte [3] molle que l’on
placera dans un pot-sebekh sur le feu et que l’on cuira à la perfection : on
saura cela grâce à la cendre [4] tandis qu’une écume huileuse en sortira.
L’homme puisera l’huile qui en sortira [5] au moyen d’un godet-badet et la
versera dans une jarre-henou une fois qu’il l’aura enduite d’argile lissée [6]
et qu’il aura épaissi son enduit : il puisera ces huiles qu’il versera sur une
toile de lin fin (placée) au-dessus de [7] cette jarre-henou. Puis ensuite on
mettra le filtrat dans un vase-Henou en pierre semi-précieuse.
Oindre l’homme avec cela. [8] C’est le moyen pour repousser l’affection -
khenet (qui siège) dans la tête.
Quand on nettoie le corps avec cela, cela entraîne constamment un
embellissement de la peau. [9] C’est (le mo yen d e) repo u sser les premiers
signes de vieillesse, toute dégradatio n (liée à l’âge), tout vieillissement,
toute décrépitude [10] présente dans le corps  : c’est efficace un million de
fois !
Prescription pour des douleurs de la région anale [XXII-11 – XXII-14]
[XXII-11] Si tu es amené à voir un homme en train de souffrir de ses fesses
quand il se tient debout ou qu’il s’assied et qui est affecté d’accès
douloureux dans les deux jambes, [12] très violents, tu lui donneras un
remède huileux de grande protection à base de feuilles d’acacia [13] broyées,
homogénéisées, et cuites en une masse homogène. Tu en imprégneras une
bande de toile de lin fin, que tu placeras au contact de l’anus [14] afin qu’il
recouvre la santé immédiatement.
 
FIN DU TEXTE DU VERSO

__________________________
Conclusion

Au terme de cette étude du papyrus Edwin Smith, il est possible de tirer


un certain nombre de conclusions et d’enseignements, et d’émettre quelques
hypothèses ouvrant à discussion.
Concernant le document lui-même
Le papyrus Smith rédigé pendant la Deuxième Période intermédiaire vers
1550 av. J.-C. est l’unique copie d’un traité médical original dont la genèse
se situe dans un passé beaucoup plus lointain - un millénaire plus tôt - et qui
fut au fil du temps et de copies successives, enrichi de quelques ajouts, mais
aussi, et la balance est plutôt négative, pollué par des erreurs de scribe,
certaines aisément compensables et d’autres qui ont laissé des lacunes
irrémédiables, sans recours.
Il s’agit en l’occurrence d’une copie peu soignée qui se présente sans nul
doute comme le résultat d’un exercice d’apprentissage pour scribes en
formation.
On peut penser que l’exemplaire qui fut confié aux deux scribes qui sont
intervenus successivement dans la rédaction du papyrus Smith n’était pas le
plus abouti. La bibliothèque de chaque Maison de Vie disposait selon toute
vraisemblance de plusieurs documents de qualité supérieure appelés à servir
d’exemplaires de référence et de transmission, mais ces derniers ne devaient
pas être confiés aux scribes inexpérimentés. Si cette réflexion demeure
conjecturale, elle n’en demeure pas moins crédible si l’on compare la forme
(pas le fond) du papyrus Smith avec d’autres documents de qualité bien
meilleure comme l’est par exemple le papyrus Ebers, pour n’évoquer que
les textes médicaux.
Le(s) document(s) de référence auquel(s) il vient d’être fait allusion
devai(en)t être complet(s), contrairement à l’exemplaire de travail proposé à
un scribe en formation. Compte tenu de l’organisation générale qui
transparaît à la lecture du papyrus Smith et que nous avons détaillée
précédemment, le traité original et ses copies ultérieures de référence ne
sauraient avoir, en aucune manière, passé sous silence dans la progression
anatomique du descriptif pathologique de la tête aux pieds, les traumatismes
de la partie distale du membre supérieur, coude, avant-bras, poignet et main,
qui font défaut.
 
Le papyrus Smith nous confirme l’existence d’une médecine structurée,
avec un corpus d’ouvrages dont sans doute seul un nombre infime a été
retrouvé. Il y est fait notamment allusion à deux traités différents, un ‘‘Livre
des blessures’’, et un ‘‘Livre de l’embaumeur’’. Ce dernier devait être un
traité sur le bon emploi des bandages, non seulement pour les morts, mais
aussi pour les vivants.
L’organisation de la médecine égyptienne, et la qualité des médecins
égyptiens, reconnues l’une et l’autre par Hérodote et Diodore de Sicile,
témoignaient d’un long passé, d’une longue expérience, et les Égyptiens lui
attribuaient sans doute, comme pour l’écriture, un caractère mythique, et un
fondement de nature divine. Sans aller jusqu’à suggérer, comme a pu le
sous-entendre Breasted lui-même, que la première version du traité fut
l’œuvre d’Imhotep en personne, médecin et architecte constructeur de la
pyramide à degrés de Saqqarah, il est possible d’affirmer que la source du
papyrus Smith se trouve dans l’Ancien Empire, un millénaire avant que
notre scribe besogneux ne se mette à la tâche pour nous léguer un document
qui demeure sans équivalent dans la littérature médicale égyptienne antique,
un document certes imparfait, mais unique.
Que nous apprend le papyrus Smith ?
Dans le domaine de l’anatomie, de la physiologie et de la
physiopathologie humaines, le texte est suffisamment clair pour qu’il soit
possible d’affirmer que les Égyptiens considéraient le cœur comme le
centre d’un système vital aboutissant aux différentes parties du corps. Il
n’est pas question en revanche de circulation du sang, pas même de
vaisseaux sanguins, le terme de ‘‘conduits-met‘‘ autrement dit plus
prosaïquement de ‘‘tuyaux’’, s’appliquant aussi bien aux vaisseaux, artères
et veines, qu’aux nerfs et aux tendons. Les Égyptiens connaissaient les
battements du cœur et le pouls. Ils associaient la formation des caillots
sanguins à la chaleur. Sans qu’ils aient forgé un terme spécifique
correspondant à ‘‘fièvre’’, ils n’en connaissaient pas moins l’hyperthermie,
ses variations, ses marques extérieures et dans certains cas, sa signification.
 
Sur le plan didactique, le papyrus témoigne d’un enseignement médical
parfaitement structuré avec une progression logique de l’exposé suivant la
région anatomique, une échelle de gravité du plus bénin au plus sévère et,
dans le déroulé du discours, un recours constant à la répétition, excellent
moyen d’apprentissage.
 
Dans les observations de traumatologie qui représentent l’essentiel des
cas relatés au recto du papyrus - à une exception près où il est question
d’une chute à la renverse d’une grande hauteur sur le sommet de la tête
ayant entraîné à la fois un traumatisme crânien et une fracture-tassement
du rachis cervical - ne figure aucun détail sur les causes du traumatisme à
l’origine des cas exemplaires décrits par l’auteur du traité. Beaucoup de ces
traumatismes, en particulier les divers fracas crâniens, relèvent d’impacts à
énergie cinétique élevée, dont une simple chute d’une hauteur d’homme ne
peut rendre compte. Sans doute, un certain nombre de ces traumatismes
proviennent-ils de rixes ou de faits de guerre, d’autres de possibles
‘‘accidents du travail’’ lors de l’érection de pyramides ou de temples (?),
mais ceci n’est nullement indiqué par l’auteur. Des combats ont pu être
générateurs d’un certain nombre de ces traumatismes, l’usage de la masse
étant attesté dès la période pré-dynastique ; une masse d’armes royale, qui
n’avait pas qu’un caractère symbolique, figure sur la palette de Narmer. Par
contre le char de combat tiré par un attelage de chevaux fut d’introduction
tardive, contemporaine pense-t-on de l’arrivée des Hyksos. La lésion
d’enfoncement du frontal avec éclatement des sinus frontaux décrite dans la
7e observation peut être, par expérience, le résultat d’une ruade de cheval
(plutôt que de bovidé qui, contrairement au cheval, s’il lui arrive de ruer, ne
peut élever ses sabots jusqu’à hauteur de tête humaine). On ne peut en
définitive que considérer comme une lacune dommageable l’absence de
toute information sur les circonstances des traumatismes décrits, et la
déplorer.
 
Concernant les traitements ‘‘chirurgicaux’’ mis en œuvre, certains n’ont
rien à envier aux méthodes contemporaines. La réduction et la contention
d’une luxation acromio-claviculaire en sont un parfait exemple. Les
Égyptiens connaissaient la suture des plaies, mais dans la mesure où il est
noté comme une éventualité courante le lâchage de suture, on peut imaginer
que leurs sutures étaient de qualité médiocre ou, à tout le moins, qu’en
l’absence de mesures empiriques d’asepsie, elles avaient les plus grands
risques d’être vouées à l’échec. À titre anecdotique, rappelons à ce propos
que le déterminatif du mot suture, une oreille, préfigure étrangement le
qualificatif actuel des sutures mal faites, formant un bourrelet saillant à
leurs extrémités, dites ‘‘sutures à oreilles’’.
Les Égyptiens connaissaient un autre mode de rapprochement des berges
d’une plaie  : deux bandes parallèles croisant cette dernière, et ainsi, bien
que ce ne fût pas explicitement noté, ils apparaissent comme les lointains
inventeurs des bandes chirurgicales adhésives contemporaines.
 
Concernant les traitements médicamenteux, on peut retenir l’usage du
miel dont on connaît les vertus cicatrisantes, et l’usage empirique des
feuilles de saule, dont on a extrait à la fin du XIXe siècle le principe actif à
effet anti-inflammatoire et analgésique, l’acide acétyl-salicylique.
On reste dans l’incertitude vis-à-vis de la majorité des autres médications
d’origine végétale, l’identification des termes égyptiens n’étant pas faite ou
les hypothèses soulevées à leur propos étant parfois contradictoires et
toujours incertaines.
 
Pour rester dans le domaine des mesures thérapeutiques, on peut affirmer
en revanche avec certitude que la cautérisation était connue des Égyptiens.
Son usage qui est explicitement décrit sous le terme de ‘‘bâton à feu’’
remontait sans doute à l’époque très lointaine où le langage écrit n’était pas
encore apparu, le langage oral peut-être encore balbutiant, et où un homme,
au sein de sa petite communauté, était chargé de soigner ses congénères, à
ses risques et périls...
 
Le papyrus Smith a le grand mérite de nous mettre en relation, à travers
les siècles, avec une petite corporation, celle des scribes, avec leurs
insuffisances, leurs distractions, leurs faiblesses, et leurs niveaux inégaux
d’aptitude, mais aussi avec les humains, tous les humains, victimes de
maladies, de faits de violence, confrontés à la mort de leurs semblables et à
la perspective de leur propre mort.
 
Il est assez exaltant et réconfortant de voir que parfois, pas toujours, le
médecin de l’Antiquité avait une pensée et peut-être un sentiment de
compassion pour ceux dont l’examen lui démontrait l’inanité de tout
traitement, et qu’il était capable de prodiguer des conseils judicieux pour
adoucir leurs derniers instants. Ce médecin agissait avec humanité et avait
inventé il y a quarante-cinq siècles ce que l’on n’a redécouvert que dans un
passé très récent, les soins palliatifs de fin de vie.

__________________________
Supplément :

Initiation à l’égyptien hiéroglyphique


REMERCIEMENTS

Au Professeur Pascal Vernus,


Ancien Directeur d’études en linguistique égyptienne et philologie à
l’École pratique des hautes études (EPHE - Sciences historiques et
philologiques),
À M. Patrice Le Guilloux,
Membre associé de l’EA 4519 de l’École pratique des hautes études
(EPHE - Sciences religieuses - Centre Wladimir Golenischeff),
Membre de la Mission française des fouilles de Tanis, Fondateur de
l’Association Isis et actuel Directeur de l’Association d’Égyptologie
Imhotep (Président : M. Jean Lelu),
pour la qualité de leurs enseignements,
points de départ d’une longue aventure
 
À Mme Gwenaelle Le Dreff et à M. Georges Fargeas,
Directrice et ancien Directeur de l’Université Permanente de Nantes,
pour leur accueil au sein de l’UPN et leur soutien
 
À Mrs Arlene Shaner,
Historical Collections Librarian - The New York Academy of Medicine
Library
À Mr Michael North
Curator at National Institute of Health – National Library of Medicine
– New York,
À Mme Valérie Théphaut, et à MM. Gilles Bournigal et Daniel Lefort,
Bibliothécaires à la Bibliothèque Universitaire de Nantes – section
médecine,
pour leur aide et leur remarquable efficacité
 
À M. Stéphane Resche,
Docteur en Langue et Civilisation italiennes,
Merci Stéphane pour tes conseils et tes suggestions
 
Au Docteur Xavier Riaud,
Directeur de la Collection ‘‘Médecine à travers les siècles’’,
À M. Xavier Pryen,
Directeur des Éditions L’Harmattan,
pour avoir accepté d’assurer la publication de cet ouvrage,
bien éloigné des normes de la Collection
 
Je tiens à exprimer à nouveau ma gratitude
 
Au Professeur Alessandro Roccati,
Professseur émérite d’Égyptologie des Universités de Rome La
Sapienza et de Turin,
pour nous avoir fait l’honneuré de préfacer cet ouvrage
et pour ses très précieux conseils
 
À Mmes Michèle Bessaud, Michèle Cébula, Gilberte Chayard, Anne
Ducreux, Josette Le Téno, Sylvie Lefèvre, Colette Remaud et Nicole
Robinet,
À MM. Hubert Carnec, Jean Pennaneac’h, Yves Priou, Bruno Ramstein et
Daniel Taraud
Auditeurs à l’Université Permanente de Nantes
pour leur active et amicale participation à cet ouvrage

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